Selon une étude publiée en 2001 par la
Délégation Interministérielle à
l'Aménagement et à la Compétitivité des Territoires
(DIACT), l'attractivité est entendue comme « la capacité
à attirer et à retenir les activités, les entreprises et
les populations ».
Par ailleurs, les différentes structures ou bureaux
d'études (World Economic Forum, Ernst & Young par exemple) qui se
sont lancés dans le calcul d'indicateurs plus spécifiquement
destinés à mesurer l'attractivité comparée des pays
du monde pour l'accueil des investissements étrangers reposent
pratiquement tous sur l'idée que l'attractivité n'existe pas en
soi, mais apparaît comme la combinaison de deux types
d'éléments : d'une part, la qualité intrinsèque de
l'offre territoriale. Et d'autre part, la hiérarchie des critères
de
choix de localisation retenus par les investisseurs, qui peut
évidemment varier en fonction du type de projet ou des
caractéristiques propres de l'investisseur10.
L'attractivité doit donc être
considérée dans sa dimension globale : envisagée dans ses
aspects économiques, démographiques, sociaux, culturels et
environnementaux, elle permet de poser la question des fonctions du
territoire.
Six séries de facteurs concourent à rendre des
territoires attractifs, sans pour autant pouvoir les hiérarchiser :
· L'environnement économique, technique et
financier : avec la taille du marché, la qualité de
l'environnement industriel général, la présence de
services aux entreprises, l'environnement de recherche et développement,
le soutien et accompagnement des entreprises.
· Les ressources humaines : la diversité et la
qualité de l'offre de formations, volume de l'emploi,
productivité et qualité de la main d'oeuvre, confiance et respect
des contrats passés.
· L'organisation et le jeu des acteurs : climat de
confiance, capacité à travailler ensemble, à s'organiser,
se concerter, dialoguer, rapidité de mise en oeuvre des projets,
capacités d'initiative et d'organisation des populations, d'innovation
sociale.
· La présence de réseaux
d'accessibilité diversifiés et organisés (réseaux
routier, autoroutiers, ferrés, aériens, collectifs, ...)
· La qualité de vie (l'environnement naturel et
urbain, l'accès aux services collectifs et individuels, le volume de
l'emploi et des services disponibles, l'équilibre du territoire, la
sécurité des biens et des personnes).
· L'image des régions représenté
par le regard porté sur leur métropole, les excellences
sectorielles, la notoriété des entreprises et des secteurs de
développement, la perception de la qualité des espaces naturels
et urbains, la valorisation de grands projets ou équipements
d'intérêt régional, le caractère maritime et
littoral de certaines régions.
Enfin, les nouveaux enjeux économiques, techniques et
sociaux tels que le système technologique et économique
(nouvelles technologies, l'externalisation de certaines
10 Source : Additiv, cabinet d'études et de
communication spécialisé dans le secteur emploi-formation.
fonctions des entreprises), le système social
(critères sociodémographiques) ou le mode de gouvernance
constituent par exemple des facteurs d'attractivités pour les
années et décennies à venir dans le système
économique actuel.
3. Un Développement économique
adapté au potentiel régional. Quel
développement
?11
pour la région Languedoc
Roussillon
Les ZAE s'adaptent aux potentialités du territoire.
Elles sont le reflet du développement économique local. Elles
sont avant tout créées pour développer l'emploi et se
cadrent donc en fonction des secteurs d'activités clefs du territoire.
Connaître les bases de l'activité de la région permet de
cadrer l'environnement dans lequel les ZAE se développent. Le
développement économique de la région Languedoc-Roussillon
repose sur une base démographique et sur des secteurs économiques
particuliers. Il paraît nécessaire de les aborder pour poser plus
tard le cadre d'études des ZAE.
· Des potentialités de développement des
ZAE liées à la forte croissance démographique (et à
un taux de chômage important).
Depuis le milieu des années soixante-dix, le
Languedoc-Roussillon bénéficie de la plus forte croissance
démographique des régions de la France métropolitaine. La
région accueille, en moyenne chaque année, plus de 23 000
habitants supplémentaires. Cet accroissement se répartit de
manière très inégale sur son territoire. Il est
particulièrement élevé sur le littoral et dans les zones
sous l'influence des principaux pôles urbains (Montpellier, Nîmes,
Béziers, Sète, Narbonne, Perpignan). Le marché du travail
est marqué par un taux de chômage élevé (environ
11%), même si l'écart se réduit avec le niveau national
(environ 9%).
· Des petites zones d'activités basées sur
le secteur primaire grâce à un puissant secteur primaire
dominé par la production viticole.
11 La source de toutes les données qui
apparaissent dans cette sous-partie est l'Institut National de la Statistique
et des Etudes Economiques (INSEE).
L'essentiel de l'activité primaire de la région
est composée à 90% par des cultures. La première de ces
cultures est la vigne. Elle est présente dans toute la région et
assure la production de 22 millions d'hectolitres de vins par an soit 40% de la
production nationale. Certaines caves coopératives, par exemple, sont
définies dans un périmètre de ZAE.
· Des ZAE peu orientées vers le secteur
secondaire.
Par contre, les ZAE liées au secteur secondaire sont
sous-représentées. Le secteur n'assure que 13,6% de l'emploi
régional alors qu'au niveau national il représente 22,8%. Les
activités traditionnelles que sont le textile en Lozère et
à Nîmes et l'exploitation des ressources du bassin houiller
d'Alès sont en crise. Les principaux pôles industriels de la
région sont Montpellier, Nîmes, Béziers, Narbonne et
Perpignan.
· Le secteur des services dominant et en
développement.
Les ZAE liées aux activités tertiaires occupent
incontestablement le premier plan en région Languedoc-Roussillon. Ces
activités sont principalement responsables du dynamisme
démographique de la région. Ce secteur s'appuie sur deux
activités particulièrement dynamiques : l'enseignement
supérieur et le tourisme.
B) Les facteurs de création d'une ZAE.
La logique de développement d'une ZAE n'a pas toujours
été semblable dans sur un plan historique. Il est
intéressant de cadrer l'évolution des ZAE dans le temps pour
cadrer plus précisément les logiques de développement
actuelles.
1. La compréhension du développement
économique sur un plan historique.
Le regroupement d'activités en un même lieu
géographique est très ancien car il répond toujours aux
mêmes besoins (la présence de matière première, de
main-d'oeuvre, de transports, de la clientèle, ou d'autres
activités connexes). Les études archéologiques
menées sur les villes de l'antiquité montrent fréquemment
un regroupement des activités de production de certains quartiers
concentrés sur des activités précises comme la poterie, le
travail du métal ou du textile, ou la production dérivée
de la production agricole comme les huileries ou les fabriques de savon.
Aujourd'hui, le zonage tente de concentrer les
activités sur un même périmètre. On ne trouve
presque plus une zone consacrée à une activité exclusive
mais certaines logiques de développement restent les mêmes. Les
voies de transports avaient une importance particulière autrefois comme
aujourd'hui aussi bien en termes d'alimentation en matières
premières qu'en moyens de commercialiser la production. Les voies
romaines, par exemple, permettaient à une ville située sur un
carrefour routier de prospérer en concentrant les activités de
production. Les ports maritimes ou fluviaux étaient aussi des facteurs
importants de concentration de l'activité. Schématiquement, la
région environnante fournit les matières premières, qui
sont canalisées par un réseau de transport routier ou fluvial
vers la cité, où a lieu la transformation des matières
premières en produits finis ou semi-finis qui sont consommés sur
place, transportés vers la région environnante ou exportés
plus loin.
La révolution industrielle marque un tournant majeur
dans le développement économique aux XIXe et
XXe siècles. Les grandes innovations industrielles, les
nouveaux modes de production, les progrès scientifiques ou encore
l'essor des nouvelles infrastructures de communication ont conduit les
activités industrielles à un regroupement sans
précédent. Les premières villes totalement tournées
vers une puissante et spécifique activité industrielle comme les
mines ou les usines de métallurgie émergent, créant un
bassin de vie important et en développement mais complètement
interdépendant à l'activité première.
Par la Loi d'Orientation Foncière (LOF) de
196712, les collectivités locales peuvent utiliser le Plan
d'Occupation des Sols13 (POS) pour réaliser un « zonage
». Ainsi les périmètres
12 La Loi d'Orientation Foncière (LOF) a
établi en France les principaux documents d'urbanisme qui ont servi
à
l'aménagement local : le plan d'occupation des sols (POS),
le schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme
destinés spécifiquement à la
création de ZAE connaissent la faveur des collectivités. Par la
taxe professionnelle et l'emploi qu'une ZAE génère, elle devient
un enjeu fondamental de l'aménagement du territoire local. Le
regroupement de terrains de grandes surfaces peu coûteux a donc
amené à réaliser des ZAE aux abords des villes en
grignotant peu à peu sur les surfaces agricoles, tout comme le
développement de la banlieue et de la périurbanisation par
ailleurs.
En 1972, l'habitude de s'implanter sur une ZAE semble prise
puisqu'elles accueillirent cette année là 60% des implantations
nouvelles.
Aujourd'hui, la politique de zonage et la
quasi-généralisation des documents d'urbanisme de planification
communal et intercommunal (Plans d' Occupation des Sols et Plans Locaux de
l'Urbanisme14 pour les communes, SCoT15 pour les
structures intercommunales) font que la grande majorité des
implantations se font sur des zones d'activités. Celles-ci avec le temps
se sont mieux adaptées aux exigences et aux moyens de chacun.
Cependant, Nous ne pouvons pas ignorer les grands sites de
production industrielle abandonnés à la suite d'un déclin
important de l'activité, ou délocalisés dans des pays plus
attractifs. Les économies postindustrielles prennent alors le relais
dans les ZAE, en se tournant davantage vers les activités de service ou
les hautes technologies. Néanmoins, l'évolution vers la
spécialisation dans les hautes technologies reprend en partie les
mêmes principes, conduisant à la création de grands
technopôles.
(remplacé ultérieurement par le Schéma
directeur), taxe locale d'équipement, le Coefficient d'Occupation des
Sols (COS) et Zone d'Aménagement Concerté (ZAC).
13 Les POS étaient des documents locaux,
généralement établis à l'échelle de la
commune, établis pour le moyen terme (10 à 15 ans), qui
« fixent les règles générales et les servitudes
d'utilisation des sols, qui peuvent notamment comporter l'interdiction de
construire ». (Source : Code de l'urbanisme)
14 Le Plan Local d'Urbanisme (PLU) est le
principal document d'urbanisme de planification de l'urbanisme communal ou
éventuellement intercommunal. Il remplace le plan d'occupation des sols
(POS) depuis la loi relative à la solidarité et au renouvellement
urbains (SRU) du 13 décembre 2000.
15 Le Schéma de Cohérence
Territoriale (SCoT) est un document d'urbanisme qui fixe, à
l'échelle de plusieurs communes ou groupements de communes, les
orientations fondamentales de l'organisation du territoire et de
l'évolution des zones urbaines, afin de préserver un
équilibre entre zones urbaines, industrielles, touristiques, agricoles
et naturelles. Instauré par la loi SRU de 2000, il fixe les objectifs
des diverses politiques publiques en matière d'habitat, de
développement économique et de déplacements.
Pour certaines ZAE, on parle actuellement de Parc
d'Activités Economiques (PAE). Bien qu'il n'existe pas de
définition précise d'un PAE, mais on peut supposer qu'à la
différence de la « zone » qui peut être diffuse dans
l'espace, le « parc » est bien plus clairement délimité
(ils bénéficient par exemple d'un aménagement global plus
cohérent et bien délimité par une clôture ou un
grand axe de communication et une signalétique). Les PAE qualifient
généralement les nouvelles ZAE. Ces parcs connotent
également une évolution au niveau du cadre environnemental. La
composante environnement joue à plusieurs niveaux : sur l'architecture
ou l'espace bâti, qui donne sa qualité au parc. Le « parc
» souligne donc les efforts entrepris pour mieux intégrer la ZAE
dans le tissu environnant en se souciant des aspects architecturaux et
paysagers et en offrant un espace mieux organisé. Le PAE peut ainsi
mieux séduire les «entreprises nobles» (qui travaillent leur
image et limitent leurs nuisances et pollutions).