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MINISTÈRE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE, BURKINA FASO
SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
(MESSRS) Unité - Progrès - Justice
UNIVERSITÉ DE OUAGADOUGOU
UNITÉ DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES
HUMAINES (UFR/SH)
DÉPARTEMENT DE GÉOGRAPHIE
OPTION : GEOGRAPHIE RURALE
MEMOIRE DE MAtTRISE THEME
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LES EXPÉRIENCES DE
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE DANS LES COMMUNES
DE OUAHIGOUYA, ZINIARÉ ET TANGHIN-DASSOURI
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Présenté par Sous la direction
du
SODORE Abdoul Azise Pr Tanga Pierre ZOUNGRANA
Maître de Conférences
Année académique 2007-2008
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SOMMAIRE
SOMMAIRE 2
DEDICACE 4
REMERCIEMENTS 5
RESUME 6
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS 7
INTRODUCTION GÉNÉRALE 9
PREMIERE PARTIE : LE CADRE DE L'ÉTUDE
15
CHAPITRE I : LES DONNÉES HUMAINES, LES CONTRAINTES
ET 17
POTENTIALITES DU MILIEU 17
I- LA PRESENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE
17
II. LES CARACTERISTIQUES DU MILIEU HUMAIN 20
III. LES ACTEURS DU DEVELOPPEMENT LOCAL 26
IV. LES CONTRAINTES ET POTENTIALITES 31
CHAPITRE II : LES CONCEPTS ET LES ENJEUX DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
34
I. L'HISTORIQUE ET L'ÉVOLUTION DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISEE 34
II. LES CONCEPTS DE LA COOPÉRATION
DÉCENTRALISÉE 36
III. LES ENJEUX ET LES INSUFFISANCES DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE 41
IV- LES DOMAINES D'INTERVENTION DE LA COOPÉRATION
DÉCENTRALISÉE 45
DEUXIEME PARTIE : LES EXPÉRIENCES DE
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE 48
CHAPITRE III : DES APPROCHES DIFFÉRENTES DE
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE 49
I -LES HISTORIQUES, LES OBJECTIFS 49
II LES DEMARCHES D'INTERVENTION 52
III- LE FINANCEMENT, LES REALISATIONS ET LE POINT DE VUE
DES ACTEURS 55
IV LES POINTS DE VUE DES ACTEURS 68
CHAPITRE IV : LES ENSEIGNEMENTS ET LES PERSPECTIVES DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE 75
I- LES POTENTIALITÉS DES TROIS EXPÉRIENCES
DE COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE 75
II. LA COOPÉRATION SUD/SUD ET LES ACTIONS DES
COLLECTIVITES DU NORD 79
III. LES DEMARCHES D'INTERVENTION ET LES
RÉALISATIONS 81
IV. LES RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES 85
CONCLUSION GÉNÉRALE 88
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 90
LISTE DES TABLEAUX 96
LISTE DES CARTES 96
LISTE DES GRAPHIQUES 96
LISTE DES PHOTOS 96
ANNEXES 97
TABLE DES MATIERES 104
DEDICACE
A la mémoire de mon cher père, feu SODORE Moustapha
A ma mère BARRY Awa
A mon grand frère SODORE Mahamadou A tous mes
frères et soeurs
A tous ceux qui m'ont soutenu
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, j'ai une pensée pour tous ceux
qui m'ont accompagné et soutenu.
Mes remerciements vont d'abord à l'endroit de
l'ensemble du corps professoral du Département de Géographie pour
la formation que j'ai reçue. Je rends un hommage particulier au
Professeur Tanga Pierre ZOUNGRANA pour son encadrement.
Je suis reconnaissant à l'endroit de monsieur BAZIE
Mathias de la maison de la coopération décentralisée pour
ses multiples conseils.
Mes remerciements vont également à l'endroit du
Docteur Lassane YAMEOGO pour ses conseils et suggestions.
A l'ensemble de mes partenaires du laboratoire GEO-CFID,
à tous les acteurs de coopération décentralisée des
communes de Ouahigouya, Tanghin-Dassouri et Ziniaré, aux camarades
étudiants, je dis merci.
Mes sincères reconnaissances vont à l'endroit de
mon grand frère SODORE Mahamadou qui a toujours cru en moi et mon ami
KOUSSOUBE Alain pour sa constante disponibilité.
A mes parents, je souhaite qu'ils trouvent en ce document le
fruit de leur sacrifice. Puisse l'Eternel, récompenser tous ceux qui
m'ont apporté réconfort et soutien.
RESUMÉ
Le processus de décentralisation en cours au Burkina
Faso a donné un nouvel élan aux relations entre les
collectivités, les ONG, les associations du Nord et du Sud. Les
jumelages qui sont antérieurs à ce processus doivent s'adapter
à ce nouveau contexte institutionnel.
La coopération décentralisée est
aujourd'hui la forme de partenariat qui caractérise les relations entre
collectivités territoriales burkinabé et
étrangères. A la faveur du processus de décentralisation,
les communes de Ouahigouya, Tanghin Dassouri et Ziniaré ont vu
s'opérer des mutations à travers le partenariat qui les lie
à des collectivités françaises que sont respectivement
Chambéry, le Territoire de Belfort et la Région du Limousin.
De nos jours, la coopération
décentralisée entre ces communes et leurs partenaires du Nord est
devenue l'un des moteurs du développement local. Bien qu'elles soient
différentes dans les stratégies d'intervention, ces
expériences de coopération contribuent à
l'épanouissement socio-économique des citoyens. De nombreuses
réalisations sanitaires, éducatives, hydrauliques et
économiques existent sur le terrain.
De nos investigations dans ces trois communes, il ressort que
les populations et leurs organisations sont impliquées dans les actions
de coopération décentralisée; les fonds mobilisés
s'inscrivent dans des dispositifs de financement efficace du
développement local. Cependant, le renforcement des capacités des
élus présente des disparités d'une commune à
l'autre.
La coopération décentralisée est
aujourd'hui une pratique qui attire de nombreuses communes ; c'est pourquoi,
les structures qui ont sa gestion en charge doivent avoir les moyens de jouer
un rôle véritable pour atténuer au mieux les
difficultés.
Mots clés : décentralisation,
coopération décentralisée, collectivités
territoriales, développement local.
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
ABLCER: Association Burkinabé de Lutte
contre l'Exode Rural
ACDIL: Association de Coopération pour le
Développement des Initiatives Locales
AFBO: Association des Femmes Burkinabé de
Ouahigouya
AFVP: Association Française des
Volontaires du Progrès
AF: Agence de Financement
AMMIE: Appui Moral Matériel et
Intellectuel à l'Enfant
APIL: Action pour la Promotion des Initiatives
Locales
ASED: Association de Soutien aux Enfants
Déshérités
BERD: Bureau d'Etude et de Recherche en
Développement
CA: Conseil d'Administration
CAT: Cellule d'Appui Technique
CD: Comité de Décision
CDS: Comité de Développement de
Secteur
CFD: Caisse Française de
Développement
CGTB: Conseil Général du
Territoire de Belfort
CJBD: Comité de Jumelage
Belfort-Dassouri
CJTD: Comité de Jumelage de
Tanghin-Dassouri
CLJ: Comité Local de Jumelage
CNBJ: Comité National Burkinabé de
Jumelage
CNJ: Comité National de Jumelage
CONACOD: Commission Nationale de la
Coopération Décentralisée
CPCC: Cadre Provincial de Concertation et de
Coordination
CPGS: Centre de Promotion et de Gestion de
Secteur
CVD: Conseil Villageois de
Développement
EAC: Equipe d'Appui Conseil
ECLA: Etre Comme Les Autres
ECOLOC: Economie Locale
EPCD: Etablissement Public Communal de
Développement
FIL: Fonds d'Investissement Local
INSD: Institut National de la Statistique et de
la Démographie
MBDHP: Mouvement Burkinabé des Droits de
l'Homme et des Peuples
MFC: Ministère Français de la
Coopération
PNGT: Programme National de Gestion des
Terroirs
PPOKK: Programme Pluri sectoriel Oubritenga,
Kadiogo, Kourwéogo.
UE: Union Européenne
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Aux lendemains des indépendances, le Burkina Faso,
à l'instar des autres pays africains, est confronté à un
crucial problème de développement. La gestion centralisée
des affaires publiques héritée de l'état colonial a vite
montré ses limites. En effet, ni les aides, ni les subventions, ni les
prêts reçus par les gouvernants n'avaient permis
d'améliorer sensiblement les conditions socio-économiques des
populations. De même, les différentes coopérations
bilatérales et multilatérales avaient produit peu de
résultats. C'est pourquoi depuis l'application des Programmes
d'Ajustement Structurel (PAS), il est de plus en plus question du
désengagement de l'Etat. Le retrait de l'Etat offre donc
l'opportunité d'une nouvelle forme de gouvernance qui met les acteurs
locaux au coeur de la gestion des affaires publiques au niveau local. C'est
l'amorce du processus de décentralisation (Ouangré J. V. T.,
2006).
La décentralisation est un concept à divers
faciès encore insuffisamment maîtrisé par la plupart des
pays qui s'y aventurent. Elle est présentée comme la formule
idoine à même d'apporter une réponse institutionnelle
à cette revendication de démocratie de proximité et du
développement local. Les collectivités territoriales qui ont vu
le jour sont également confrontées à des
difficultés de développement. Beaucoup d'entre elles ont
perçu les partenariats avec des collectivités des pays du Nord
comme salutaires, en ce qu'ils constituent une source potentielle de
mobilisation de moyens matériels et financiers, nécessaires
à la réalisation d'infrastructures sociales et
économiques.
De ce fait, la décentralisation qui est en cours dans
le pays a donné un nouveau souffle, un nouveau cadre et de nouvelles
perspectives aux relations qui existaient entre les comités de jumelage,
les ONG, les collectivités du Nord et du Sud (CONACOD, 2002). Elle a
ouvert la voie au renforcement de l'action internationale des
collectivités territoriales, en leur permettant de renforcer leur
identité et d'assumer leur mission d'animation du développement
local.
La coopération décentralisée
caractérise désormais les relations entre les
collectivités territoriales burkinabé et leurs homologues du Nord
et du Sud, et se déroule dans un environnement favorable à la
promotion des dynamiques de développement local. Ce concept a plusieurs
définitions. Au Burkina Faso, il est selon la CONACOD (2000), l'ensemble
des relations non gouvernementales qui unissent les collectivités
locales, les communautés, les ONG, les associations, et les institutions
non gouvernementales du Nord et du Sud dans des actions
Nord/Sud ou Sud/Sud. Ainsi, de nombreuses collectivités
territoriales du Burkina Faso ont fait appel à leurs jumelles ou
cherchent à ficeler des jumelages pour aider au financement de plans ou
projets de développement. Elles y voient des possibilités de
pallier la faiblesse de mobilisation et l'insuffisance de transfert de
ressources par l'Etat. On est ainsi en train de passer du simple jumelage au
jumelage coopération grâce à la coopération
décentralisée, ce qui amplifie les pratiques partenariales
empreintes de réciprocité, même si elle n'est pas de
même nature (Gilles G., 2005).
Et pourtant, les mutations sur les anciennes formes de
jumelage et les acteurs s'effectuent encore péniblement. Avec les
réformes institutionnelles en cours, il y a nécessité pour
les collectivités d'institutionnaliser leur relation par la signature de
conventions (Code Général des Collectivités Territoriales,
article 9). Les Comités Locaux de Jumelage (CLJ) sont chargés de
l'animation des jumelages au niveau local. Ils opèrent sous la
supervision du Comité National de Jumelage (CNJ) qui joue un rôle
d'appui conseil.
De nos jours, de nombreux acteurs reconnaissent les
mérites de jumelage dans l'appui au développement local. Ainsi
selon Tulard M. (2006), les contributions des collectivités
françaises au développement de celles du Sud sont énormes.
Les partenariats doivent être perçus et bâtis sur la base
d'échanges d'expériences; et à cet effet José A.
(1997) parle de s'appuyer sur les compétences locales pour aider les
collectivités du Sud. Selon Quenum J. P. (2000), la coopération
décentralisée est le moteur du développement local. Elle
offre une réelle possibilité aux populations de prendre en main
leur destin.
Pourtant les partenariats de coopération
décentralisée ne sont pas exempts de toutes difficultés. A
ce sujet, Sembène M. (2002) évoque les limites des jumelages et
s'exprime sur les principaux enjeux auxquels doit faire face la
coopération décentralisée franco-burkinabé. Ces
insuffisances rendent les partenariats peu efficaces. Quant à Platteau
J. P. cité par Gilles G. (1999), il met en garde contre une pratique
dont les arguments semblent évidents, l'enthousiasme primant sur la
critique. Les aides sont le plus souvent détournées par des
élites locales. C'est pourquoi Danon J. (1999) parle de la
nécessité de remettre en cause les méthodes
employées jusque-là pour aider les collectivités; et
Kaboré M. (1998) d'évoquer la nécessité de
renforcer les capacités organisationnelles des populations avant
d'entamer des actions de développement.
Des insuffisances aux mérites, de nombreuses
études ont été menées sur la coopération
décentralisée mais ont peu abordé l'expérience des
collectivités locales, notamment celles du Burkinabé.
C'est pourquoi l'étude que nous entreprenons sur
les expériences de coopération
décentralisée dans 3 communes se veut une
appréciation du phénomène au Burkina Faso, dans des
contextes urbain, semi-urbain et rural en vue de mettre à la disposition
des acteurs des ressources dont ils peuvent s'inspirer.
1. La problématique
Les difficultés qui entravent les pratiques de
coopération décentralisée sont nombreuses : la faiblesse
organisationnelle de certains comités de jumelage et de pilotage, la
persistance du caractère personnel et affectif de certaines relations de
partenariat, les problèmes de coordination et de mise en
cohérence des actions à l'échelle locale, l'absence
d'évidence aux yeux des citoyens sur les motifs de coopérer et
les difficultés pour certains acteurs de s'adapter au contexte
institutionnel actuel. A cela s'ajoutent des indélicatesses dans la
gestion des fonds mobilisés à cet effet, l'instrumentalisation
des actions de coopération décentralisée par certains
leaders politiques locaux et des tentatives de récupération
politique des actions de coopération décentralisée.
Malgré tout, de nombreuses collectivités en
proie aux problèmes de développement continuent de s'engager dans
le jumelage-coopération.
Quelles sont les raisons qui les amènent à s'y
engager? Sous quelles stratégies et démarches ces relations
s'opèrent-elles? Comment des apports exogènes peuvent-ils
s'associer à des démarches endogènes dans le processus du
développement d'un territoire? C'est pour chercher des réponses
à ces préoccupations que nous avons initié cette
étude.
2. Les hypothèses de recherche
Au regard de la problématique posée, nous
formulons l'hypothèse que les pratiques de jumelage coopération
ne contribuent pas efficacement au processus de développement local des
communes.
De cette hypothèse principale, découlent trois
hypothèses spécifiques:
- les populations et leurs organisations ne sont pas suffisamment
impliquées dans les actions de jumelage coopération;
- la gestion des fonds mobilisés pour des actions de
jumelage coopération manque de transparence du fait qu'ils ne sont pas
inscrits dans des dispositifs adaptés au financement local;
- les jumelages coopération entretenus par les communes
n'apportent pas de soutiens aux élus locaux dans le sens du renforcement
des capacités de gestion communale.
3. Les objectifs de la recherche
Cette étude a pour principal objectif d'analyser les
expériences de coopération décentralisée dans le
processus du développement local. Spécifiquement, elle
s'attellera à:
- appréhender le degré d'implication des
populations et de leurs organisations dans les actions de jumelage
coopération;
- étudier l'efficacité des systèmes de
mobilisation et de gestion des ressources de jumelage coopération;
- analyser l'apport du jumelage coopération au
renforcement des capacités des élus locaux dans la gestion
communale.
4. La méthodologie
Pour atteindre ces objectifs, la méthodologie a
consisté à identifier trois communes et à y administrer un
guide d'entretien à quatre « focus groups ». Un « focus
group » est constitué de 6 à 12 personnes réunies
pour échanger sur un thème précis. Des guides d'entretien
ont également été administrés aux présidents
des Comités Locaux de Jumelage, aux maires, ainsi qu'au
Secrétaire Permanent du Comité National de Jumelage. Les
données collectées ont ensuite été traitées
et analysées.
4.1. L'échantillonnage spatial
Pour apprécier les expériences de
coopération décentralisée dans le contexte ci-dessus
présenté, nous avons mis l'accent sur une analyse multiscalaire
selon les critères suivants:
- être une commune urbaine ou rurale,
- avoir un lien de jumelage coopération Nord/Sud,
- entretenir une relation de jumelage coopération
Sud/Sud.
Au vu de la diversité des situations, il a
été nécessaire de considérer une commune rurale et
deux communes urbaines. Selon le CGCT (2005), la commune urbaine compte au
moins 25 000 habitants et peut mobiliser 25 millions de recettes propres dans
l'année; par contre, la commune est dite rurale si elle compte au moins
5000 habitants et est capable de mobiliser 5 millions de recettes propres par
an. En outre, les chefs lieux de province ou de département sont
respectivement considérés comme des communes urbaines et
rurales.
Ouahigouya, Ziniaré et Tanghin-Dassouri ont
été choisis pour les raisons suivantes : - Ouahigouya entretient
un jumelage avec Chambéry en France et Banfora au Burkina Faso ; -
Ziniaré est en relation avec la Région du Limousin ;
- Tanghin-Dassouri entretient un jumelage avec le Territoire de
Belfort.
Ces jumelages ont permis aux communes de capitaliser des
expériences intéressantes à étudier. En outre, des
besoins d'appréciations d'expériences de coopération
décentralisée dans des collectivités territoriales aux
réalités sociales, économiques et potentialités
différentes ont guidé notre choix.
4.2. L'échantillonnage
démographique
L'échantillon démographique comprend l'ensemble
des personnes et des structures impliquées dans des actions de
coopération décentralisée. Afin de mener à bien nos
enquêtes, un état des lieux a permis d'identifier la population
cible. A cet effet, le répertoire des acteurs de la coopération
décentralisée franco-burkinabé établi par la
CONACOD a guidé le choix des personnes ressources. Au total 50 acteurs
par commune ont été interrogés. Ils se composent des
membres d'associations et d'ONG, de conseillers municipaux, d'agents des
services techniques (santé, éducation), des maires et
d'opérateurs (bureau d'étude et cellule d'appui technique). En
outre, le séjour sur ces sites a offert
l'opportunité d'apprécier le niveau d'information en
coopération décentralisée de la population cible.
4.3. Le traitement et l'analyse des
données
Le traitement des données s'est effectué
à partir du dépouillement des questionnaires et des guides
d'entretien administrés.
L'analyse des données s'est basée sur une grille
d'appréciation des expériences de coopération
décentralisée. Cette grille est inspirée de la toile
d'araignée (outil d'animation, de collecte et d'analyse). Elle a permis
d'évaluer la durabilité des actions en mettant la commune dans
une position centrale par rapport à quatre variables: le niveau
d'implication des populations, la gestion des ressources financières, la
planification et la maîtrise d'ouvrage et le renforcement des
capacités des élus locaux. Chaque variable
considérée comme un axe est notée sur 4 sur la base d'une
série d'indicateurs.
A la fin, il s'agit de positionner sur un diagramme
étoilé à quatre branches représentant les scores
moyens obtenus par chaque axe. En joignant les points, on obtient une forme
équilibrée ou pas qui traduit un potentiel orienté ou
pondéré des expériences de coopération
décentralisée.
4.4. Les difficultés
rencontrées
Les difficultés rencontrées sont relatives
à l'éloignement des sites, le refus de certains acteurs de se
prononcer sur la gestion des fonds. A cela s'ajoute la difficulté pour
rencontrer certains responsables (maire, président du CLJ,
président du comité de pilotage) et des mutations continuelles
dont certains partenariats sont l'objet.
Néanmoins, les données collectées ont
permis de produire un document composé de 4 chapitres regroupés
en 2 parties. La première partie présente un aperçu du
milieu humain et des contraintes et potentialités au
développement des communes de Ouahigouya, Ziniaré et Tanghin
Dassouri. Elle aborde également les différents concepts et enjeux
relatifs à la coopération décentralisée. La
deuxième partie traite des expériences de coopération
décentralisée.
PREMIERE PARTIE : LE CADRE DE
L'ÉTUDE
Les communes de Ouahigouya, de Ziniaré et de Tanghin
Dassouri sont situées respectivement dans les Régions du Nord, du
Plateau central et du Centre. Ouahigouya fait partie de la province du Yatenga,
Ziniaré et Tanghin Dassouri font respectivement partie de celle de
l'Oubritenga et du Kadiogo.
Carte n°1 : Situation des sites
d'étude
Source BNDT et BDOT 2002
CHAPITRE I : LES DONNÉES HUMAINES, LES CONTRAINTES
ET POTENTIALITÉS DU MILIEU
Ce chapitre présente les données
sociodémographiques, l'organisation sociale et administrative et les
activités socioéconomiques. Ensuite, il décrit le contexte
dans lequel s'inscrit la coopération décentralisée.
I- La présentation de la zone d'étude
Cette section présente les situations géographiques
des communes de Ouahigouya, Ziniaré et Tanghin Dassouri.
I-1- La commune de Ouahigouya
Ouahigouya correspond aux coordonnées
géographiques 2°30 de longitude Ouest et 13°35 de latitude
Nord et est située à environ 180km de Ouagadougou. La commune de
Ouahigouya est reliée à l'armature urbaine nationale par les
routes nationales la reliant à Ouagadougou, Bobo Dioulasso et la
frontière du Mali, les routes départementales la reliant à
Kaya et Dori.
Ouahigouya a été érigée en
commune en 1958, puis commune de plein exercice en 1984. Elle est à la
fois le chef lieu de la province du Yatenga et de la région du Nord
depuis 2001. (cf. carte n°1).
I-2- La commune de Ziniaré
Commune urbaine à la faveur des élections de
1995, Ziniaré est aujourd'hui à la fois le chef lieu de la
province de Oubritenga et de la région du Plateau central. Elle est
située à 35km de Ouagadougou sur la route nationale N°3
reliant Ouagadougou à Kaya.
La commune de Ziniaré est limitée par :
- la commune de Zitenga et la province du Sanmentenga au nord
;
- la province du Bazéga au sud;
- la commune de Absouya et la province du Ganzourgou à
l'est;
- les communes de Dapélogo et de Loumbila à
l'ouest. (cf. carte n°2).
Carte n°2 : Situation géographique de la
commune de Ouahigouya
Source BDOT et BNDT 2002
I-3. La commune de Tanghin-Dassouri
Commune rurale depuis 2006, Tanghin-Dassouri fait partie de la
région du Centre et de la province du Kadiogo. Elle est située
sur la route nationale N°1, reliant Ouagadougou à Bobo Dioulasso,
à 25 km de Ouagadougou. Elle est limitée par :
- la commune rurale de Sourgoubila au nord et au nord-ouest;
- Komki Ipala au sud ;
- Kokologo au sud-est et Komsilga au sud-est;
- Bingo à l'ouest;
- Ouagadougou à l'est.
- La commune rurale de Tanghin-Dassouri compte 6 secteurs et 28
villages. (cf. carte n°3)
Carte n°3 : Situation géographique de la
commune de Ziniaré
Source BDOT et BNDT 2002
Carte n°4 : Situation géographique de la
commune de Tanghin-Dassouri
Source BDOT et BNDT 2002
II. Les caractéristiques du milieu humain
Cette section présente l'historique du peuplement, les
caractéristiques démographiques, les activités
socio-économiques et l'organisation politique des communes de
Ouahigouya, Ziniaré et Tanghin Dassouri.
II-1. L'organisation sociale
Les communes de Ouahigouya, Ziniaré et Tanghin Dassouri
ont toutes appartenu à l'empire mossi et leur histoire est intimement
liée au royaume mossi de Ouagadougou. Leur organisation sociale est de
type moaga.
II-1.1. L'historique du peuplement
L'histoire de Ziniaré a un lien avec celle du royaume
de Ouagadougou. Naba Oubri, fondateur de ce royaume, en serait venu.
Ziniaré en langue mooré signifie «du jamais vu». Ce nom
fait référence à un évènement inhabituel qui
se serait produit vers 1750. Selon la légende, la mère de Naba
Zombré faisait le commerce de galettes qui attirait beaucoup de
personnes. Ce fait nouveau amena Naba Zombré à dire un jour que
c'est «du jamais vu». Ce serait à partir de ce moment que
Ziniaré serait devenu le premier marché du royaume mossi de
Ouagadougou où s'échangeaient les produits agricoles et
artisanaux.
La communauté de vie actuelle est faite de la rencontre
de populations de divers groupes ethniques: Mossi, Peulh, Bissa, Dioula,
Gourounsi, etc., et certaines populations étrangères venant du
Togo, du Ghana, du Bénin.
Concernant Ouahigouya, son fondateur Yadéga serait venu
de Ouagadougou à la suite d'un conflit de succession au trône. Il
soumit les populations autochtones et fonda le royaume mossi du Yatenga. La
fondation de la ville et la structuration de son hinterland se sont
opérées par un pacte pacifique du 26e souverain Naba
Kango vers 1870.
Le premier mouvement de peuplement a été
constitué de captifs d'origine et d'ethnies diverses ramenées des
conquêtes auxquels sont venus s'ajouter différents groupes
ethniques voisins. Les groupes ethniques que l'on retrouve dans la commune de
Ouahigouya sont les Mossi, les Fulsé, les Yarsé, les
Kalamsé, les Kibsé, les Kambousé, les Silmissé, les
Silmi-mossé, les Maransé, les Samo (Ouédraogo A.,
2006).
Tanghin-Dassouri, peuplé essentiellement de Mossi, fait
partie intégrante du royaume mossi de Ouagadougou. On y retrouve
quelques familles peulh. Un seul village est constitué uniquement de
Silmi-mossé.
II-1.2. Les caractéristiques
démographiques
Erigée en commune en 1958 et en commune de plein
exercice en 1984, Ouahigouya comptait en 1996, 53 715 habitants; en 2002 elle
en comptait 65 000. Selon les résultats préliminaires du
Recensement Général de la Population et de l'Habitation de 2006,
la population de la commune de Ouahigouya est estimée à 122 667
habitants dont 59 458 hommes et 63 219
femmes; la population urbaine est de 70 957 soit 57,85% du
total. Le nombre de ménages est estimé à 22 091. Cette
population se caractérise par son extrême jeunesse : en 1996,
49,5% de la population avaient moins de 15 ans tandis que les adultes de 15
à 64 ans représentaient 45,4%. Ouahigouya et son hinterland
constituent l'un des principaux pôles d'émigration du pays.
Concernant la commune de Ziniaré, sa population est de
62 026 habitants dont 29 518 hommes et 32 508 femmes. Le nombre de
ménages est de 10 207 et le rapport de masculinité est de 99.
Quant à la commune de Tanghin-Dassouri, elle compte 8
640 ménages pour une population estimée à 55 094
comprenant 25 136 hommes et 29 958 femmes. Le taux de masculinité est de
84%. (INSD, résultats préliminaires RGPH, 2007).
II-1.3. Les activités socio-économiques
Les principales activités socio-économiques
s'organisent autour du secteur primaire (agriculture et élevage) et du
secteur informel à travers le commerce. L'agriculture et
l'élevage mobilisent la quasi-totalité des populations et sont
très tributaires des facteurs climatiques.
II-1.3.1. L'agriculture
Elle constitue la principale activité sur ces trois
sites en mobilisant environ plus de 80% de la population active (PDM/APREL,
2006). Cette activité se subdivise en agriculture vivrière, de
rente et maraîchère.
L'agriculture vivrière concerne surtout les
céréales: mil, maïs, sorgho et riz. Elle reste du domaine de
la subsistance car parvenant rarement à couvrir les besoins des
populations. L'agriculture de rente est orientée vers la production de
niébé, d'arachide, de sésame et du voandzou. Quant
à l'horticulture, elle constitue une activité fortement
rémunératrice pour les agriculteurs qui s'y adonnent en saison
sèche. Les principales cultures maraîchères portent sur la
laitue, le chou, la carotte, l'oignon, la tomate, les aubergines, le piment,
l'ail, le concombre, le poivron et les courgettes. Selon le PDM/APREL (2006),
lors de la campagne agricole 2005-2006,
Ouahigouya et son hinterland ont produit près de la
moitié de la production nationale de pommes de terre.
Ces produits maraîchers ravitaillent les principaux centres
urbains du pays et les pays voisins. Une partie est même
transformée et vendue en Europe.
Les sols sur ces sites sont peu fertiles et cela s'explique par
leur surexploitation et l'insuffisance de la restauration. Il en découle
une faiblesse des rendements.
II-1.3.2. L'élevage
Il constitue la deuxième activité principale.
Dans la commune de Ouahigouya, il est pratiqué sous forme de
pastoralisme et d'agro pastoralisme. L'élevage semi extensif est le mode
dominant. Il est pratiqué par 76% des éleveurs de bovins, 82,7%
et 91,9% respectivement par ceux des ovins et caprins. Le second mode
d'élevage est la transhumance pour les bovins et les caprins tandis que
pour l'élevage des ovins, c'est le type semi intensif qui vient en
seconde position. D'après Ouédraogo A. (2006) la province du
Yatenga occupe le 1er rang dans l'élevage de bovins, d'ovins,
de caprins et d'équins dans la région du Nord.
Concernant Ziniaré, on y retrouve essentiellement les
bovins, les ovins, les caprins, de la volaille et des porcs. La province de
l'Oubritenga occupe le second rang en matière d'élevage dans la
région du Plateau central.
S'agissant de Tanghin-Dassouri, le système
d'élevage est extensif et porte par ordre d'importance sur la volaille,
les caprins, les ovins, les porcins, les bovins, les asins et les
équins.
Pour l'ensemble de ces sites, l'alimentation des animaux est
basée pour l'essentiel sur les pâturages naturels.
L'élevage intensif est encore marginal et est basé sur l'embouche
et l'élevage de case. Les produits d'élevage sont exportés
vers Ouagadougou et Bobo Dioulasso et vers les pays voisins côtiers
(Côte d'Ivoire, Ghana, Togo, Bénin). Ce commerce procure des
revenus assez substantiels pour de nombreux éleveurs. (PDM/APREL,
2006).
II-1.3.3. Le secteur informel
Il s'organise autour du commerce, de la restauration, de
l'artisanat et des activités de services (télécentre et
secrétariat public). Outre cela, il y a des activités de
transformation des produits locaux telles les petites unités de
séchage de fruits et légumes. Ouahigouya en a été
le précurseur au Burkina Faso. Les activités de ce secteur
occupent une frange importante de la population dans ces communes.
Malheureusement, c'est un secteur encore mal organisé et qui a besoin
d'appui des partenaires techniques.
II-2. L'organisation politique
Dans les communes de Ouahigouya, Ziniaré et Tanghin
Dassouri, on a la présence de plusieurs acteurs locaux qui structurent
la vie politique. Ces acteurs sont constitués des pouvoirs politiques,
d'intervenants locaux, de la société civile et des partis
politiques.
II-2.1. L'organisation politique traditionnelle
Ouahigouya fait partie de l'ancien royaume du Yatenga
caractérisé par un système politique et administratif
très hiérarchisé. A la tête du royaume se trouve le
Yatenga Naba. Chef suprême, il détient les pouvoirs politiques,
administratifs, militaires et judiciaires. Il est entouré de ministres
qui l'aident à régner sur l'ensemble des composantes de la
société. Les affaires publiques, les problèmes en instance
du royaume sont jugés chaque vendredi au palais. Cependant le pouvoir
détenu par le Yatenga Naba et ses ministres est limité à
l'administration des hommes. Celui de la terre et des ressources naturelles est
détenu par les chefs de terre issus des autochtones.
Concernant Ziniaré, la chefferie de Guiloungou et de
Zinaré-natenga constitue le pouvoir coutumier. Les chefs de ces
localités sont les garantes de la tradition et de la gestion des
affaires. Ils ont un rôle consultatif qui s'avère capital et
déterminant sur les questions relatives au foncier.
A Tanghin-Dassouri, le pouvoir est détenu par les chefs de
village qui jouent souvent le rôle de chef de terre. Ils sont
assistés de notables pour les décisions importantes.
La société traditionnelle moaga très
hiérarchisée repose sur un espace coutumier bien structuré
en cantons, villages, quartiers et concessions. Selon Ouédraogo M.
(2006) à chaque niveau d'organisation, on a un chef qui est
chargé de la gestion de la vie sociale, politique et économique
du groupe social dont il est le garant. A cet effet, il demeure important de
les associer à la mise en oeuvre des diverses interventions locales. De
nos investigations sur les trois sites, ces autorités traditionnelles
sont impliquées dans le choix et la mise en oeuvre des projets de
coopération décentralisée. Elles fournissent très
souvent des sites pour les constructions d'écoles, de centres de
santé et de promotion sociale et de réalisation de points d'eau
(puits et forages).
II-2.2. L'organisation politique moderne
Les pouvoirs politiques locaux modernes sont constitués
de l'administration: gouvernorat, haut-commissariat, préfecture et
municipalité. Au plan politique et administratif, la commune de
Ouahigouya s'inscrit dans le nouvel espace territorial de la région du
Nord comme Ziniaré dans celui de la région du Plateau central.
Dans ces deux espaces, le pouvoir politique s'exerce à deux niveaux:
régional et communal. Les régions du Plateau Central et du Nord
ont été créées en 2001.
Ouahigouya et Ziniaré sont à la fois aujourd'hui
des chefs lieux de province et de région. Elles abritent les
gouvernorats et les sièges des conseils régionaux. S'y trouve
aussi la résidence des gouverneurs; ces derniers ont en charge
l'aménagement, la planification et la coordination du
développement. Toutes les directions des différents
départements ministériels y sont présentes. Les hauts
commissaires sont également sur ces sites. Ils sont dépositaires
de pouvoir politique et veillent à l'exécution des lois, des
règlements et des décisions du gouvernement au niveau de la
province.
Au plan communal, le pouvoir politique s'exerce à
travers le conseil municipal qui a à sa tête un maire
(Président du conseil municipal).
Concernant Tanghin-Dassouri, le préfet constitue le
représentant de l'Etat. Commune rurale depuis 2006, un conseil municipal
y assure la coordination et la planification du développement.
Dans ces trois communes, les élus locaux
définissent les grandes orientations en matière de
développement, notamment l'adoption du Plan Communal de
Développement (PCD).
Ces représentants de l'Etat sont impliqués
souvent dans des actions de coopération décentralisée. Ils
constituent quelquefois un frein à la bonne exécution des projets
par le biais des lourdeurs administratives et des tentatives de
récupération politique.
III. Les acteurs du développement
local
Outre les services déconcentrés de l'Etat,
plusieurs acteurs interviennent dans le développement
socio-économique des collectivités territoriales
burkinabé.
III-1. Les acteurs de la commune de Ouahigouya
A Ouahigouya, on retrouve non seulement de nombreuses ONG, des
associations et groupements, mais aussi des projets et programmes.
D'après Ouédraogo A. (2006), les ONG dont l'intervention remonte
aux années 1970, grâce au travail qu'elles ont
réalisé au profit des populations par le biais des organisations
locales ont fait de certaines d'entre elles des leaders en matière
d'actions de développement local. Des organisations locales ayant
bénéficié de ces appuis sont devenues de nos jours des
pôles de compétences et d'excellence. On y dénombre 12 ONG
(cf. tableau n 1).
Dans la commune, on compte également 345 associations
dont 44 féminines. Selon le projet PDM/APREL (2006), les associations et
ONG, les plus reconnues et positivement appréciées par les
populations sont la Fédération Nationale des Groupements Naam,
l'association Etre Comme Les Autres (ECLA), l'association Appui Moral
Matériel et Intellectuel à l'Enfant (AMMIE) et l'association
Développement Sans Frontière (DSF). Deux agences de banques
jouent le rôle d'institutions financières : la BICIA-B et la BIB.
A cela s'ajoutent des projets et programmes étatiques de
micro-finances.
Ces institutions participent au renforcement des
capacités de nombreuses femmes et jeunes. Les ONG et associations sont
des acteurs importants de la coopération décentralisée
entre Chambéry et Ouahigouya. Elles ont pu par le bais de ce partenariat
réaliser des projets au profit de leurs membres et des citoyens de la
commune. C'est peut être aussi grâce au dynamisme de
ces organisations que la coopération
décentralisée entre les communes de Chambéry et Ouahigouya
est présenté comme un modèle par certains acteurs du
domaine.
III-2. Les acteurs de la commune de Ziniaré
On y trouve aussi bien des associations, des ONG, des
projets/programmes et des institutions financières que des
privés.
Les associations interviennent dans l'appui à la
formation, l'organisation et l'accès au financement. A ce titre on peut
citer l'association Nabonswendé des artisans d'Oubritenga, l'association
Ratamanégré des femmes de Ziniaré, l'association des
femmes 2000, l'association amitié Ziniaré-Chelles, l'association
Manegdbzanga de Loumbila, l'association Ka-bella de Guiloungou.
Concernant les ONG, elles apportent un appui institutionnel,
technique et financier à différents groupements et associations
en vue d'accroître leur capacité de production. L'appui technique
s'effectue à travers le renforcement des capacités des membres
des associations et des groupements par le biais des formations en techniques
spécifiques (gestion comptable, montage de projet). L'appui financier
consiste en l'octroi de micro-crédits. Ces ONG sont principalement le
Comité Nongtaaba, la Fédération Wend Yam,
Générations Montantes, Hunger Projet, APIL, GASCODE.
Dans la commune de Ziniaré, il existe des projets et
programmes qui participent à travers différentes actions
communautaires au développement économique. Ce sont entre autres
le PNGT2, le PPOKK, le PATECORE, le Projet Petite Irrigation Villageoise. Ils
mènent des actions multiformes et complémentaires dirigées
très souvent vers les mêmes populations
bénéficiaires.
En l'absence de banques, les institutions financières
qui participent au financement de l'économie locale sont principalement
la caisse populaire de Ziniaré, la caisse communautaire de
Nagréongo et le FAARF.
En plus de ces acteurs, il y a des privés
établis sous forme d'entreprises individuelles, familiales ou de
coopératives. Ces privés sont des commerçants, des
artisans, des restaurateurs, des agriculteurs ou des éleveurs, des
entrepreneurs, des fermiers, etc. D'après Ouédraogo M. (2006),
ils participent à la production de biens et de services au niveau
local.
De nombreux acteurs interviennent dans le développement
local de la commune de Ziniaré. En plus de ces acteurs, des relations
ont été établies avec des partenaires étrangers
notamment avec des collectivités et des associations. Ces partenariats
de coopération décentralisée apportent un appui financier,
matériel et technique considérable. C'est le cas de Poitiers5, de
Chelles et de la région du Limousin. Des entretiens, il ressort que tous
les acteurs sont invités à participer au forum
départemental qui est le cadre de la sélection des projets. Ils
participent de ce fait par leur connaissance du terrain à mieux orienter
les besoins des populations. Cet avis est partagé par des
représentants d'association même si ces derniers souhaitent que
cette implication se prolonge au niveau de la gestion des fonds et du
renforcement de leur capacité organisationnelle.
III-3. Les acteurs de la commune de Tanghin-Dassouri
La commune de Tanghin Dassouri de par sa situation
géographique rassemble sur son territoire les principaux services
administratifs et des ONG. On y trouve des agents de l'administration
générale dont le préfet, des agents des services
techniques notamment ceux de l'agriculture et de l'élevage, de
l'environnement et du tourisme. A cela s'ajoutent ceux de la santé, de
l'éducation, de l'action sociale, etc.
La proximité avec la capitale Ouagadougou où
presque toutes les ONG ont leur siège, fait que nombre d'entre elles
interviennent dans la commune.
La principale structure associative de la zone est
l'Association Burkinabé de Lutte contre l'Exode Rural (ABLCER).
Créée en 1993, et regroupant des volontaires individuels, des
groupements, des associations villageoises, l'ABLCER oeuvre à limiter
l'exode rural des jeunes vers Ouagadougou et la Côte d' Ivoire en
soutenant les initiatives villageoises. De 1993 à 1995, cette
association a subventionné pour 38 millions de FCFA les activités
de constructions d'infrastructures socioéducatives, de reboisement et la
mise en oeuvre d'activités rémunératrices. Depuis 1996,
elle a recentré ses activités sur la sédentarisation des
jeunes par l'appui à la création d'activités
économiques. Outre cette association, il y a l'ONG Caritas
International. Son bureau paroissial est chargé avec les populations de
monter des projets qui sont envoyés au bureau national à
Ouagadougou pour financement. Cette ONG a permis la mise en place d'un
centre
artisanal, de réaliser de nombreux puits, un centre de
formation féminine et une pharmacie villageoise depuis 1984.
Des institutions bancaires et financières existent. Il
s'agit de la caisse populaire ouverte en 1994 et des banques communautaires.
Des associations et groupements s'investissent également dans le
développement de la commune. En plus de cela, on note le partenariat qui
lie TanghinDassouri au Conseil Général du Territoire de Belfort.
Ce partenariat est devenu au fil du temps l'un des moteurs de
développement de la commune de Tanghin Dassouri. Selon nos entretiens,
les structures organisées des populations sont associées aux
actions de coopération décentralisée. Elles ont même
été les partenaires privilégiés du Programme de
Développement Local mis en oeuvre entre 1996 et 2001. A cet effet, leurs
représentants pouvaient faire partie des différentes instances
institutionnelles. Des discussions avec ces associations prouvent qu'elles sont
consultées et leurs projets sont souvent retenus et financés dans
le cadre de ce partenariat.
Tableau n° 1 : Les ONG intervenant dans la commune
de Ouahigouya
STRUCTURE
|
DOMAINES
|
Zone d'intervention
|
Fédération Nationale des Groupements Naam
(FNGN)
|
CES, hydrauliques rurales, agro foresterie, centres nutritionnels
communautaires,
Education sanitaire, promotion féminine, promotion
culture, secours d'urgence, formation, agriculture, élevage,
crédit/épargne, AGR
|
Toute la zone de Ouahigouya et son hinterland
|
ECLA
|
Environnement, social, santé, artisanat, promotion
culturelle,
agriculture, élevage, épargne/crédit, AGR
|
Toute la zone de Ouahigouya et son hinterland
|
AMMIE
|
Education, santé, droits humains, bien être familial
et social
|
Yatenga/Lorum
|
ANAR
|
Alphabétisation, CES, AGR, agriculture, reboisement
|
Yatenga
|
ABRAAD
|
Formation adulte, agriculture, environnement,
commercialisation de bétail
|
Yatenga
|
SOS Sahel International
|
Hydraulique, environnement, agriculture, santé,
promo/femme
|
Yatenga/Lorun,
|
Pharmacie sans frontière
|
Santé, pharmacie
|
Yatenga/Lorum
|
JEREMI
|
Appareillage et rééducation des enfants,
éducation, santé et action sociale
|
Yatenga
|
CISV
|
Agriculture, éducation, artisanat, hydraulique,
santé, pistes
secondaires
|
Yatenga
|
REMAR
|
Santé, action sociale, environnement, formation
|
Yatenga
|
OCADES
|
Hydraulique, micro finance
|
|
DSF
|
Education, alphabétisation
|
Yatenga
|
MBDHP
|
Droits humains, éducation
|
Yatenga, Lorum, Zondoma
|
|
|
|
Source ECOLOC, Ouahigouya, 2006
IV. Les contraintes et potentialités
Les communes de Ouahigouya, Tanghin Dassouri et Ziniaré
présentent des contraintes à leur développement mais
possèdent aussi des potentialités. La plupart des actions de
coopération décentralisée s'orientent dans le sens de
l'allègement des difficultés auxquelles les populations font
face.
IV-1. La pluviométrie
Deux saisons se distinguent nettement de par leurs
caractères : la saison humide ou hivernage et la saison sèche.
Ouahigouya, Ziniaré et Tanghin-Dassouri appartiennent au domaine
climatique nord-soudanien.
Sur ces sites, la saison pluvieuse s'étend sur 4
à 5 mois. Les pluies commencent au mois de juin et s'arrêtent en
septembre ou octobre. Quant à la saison sèche, elle connaît
tout comme la saison pluvieuse, une relative variabilité dans le temps.
Elle se subdivise en deux périodes: une froide de novembre à
février et une chaude de mars à mai.
La moyenne pluviométrique enregistrée de 1996
à 2005 donne 700,5 mm pour les sites de Tanghin-Dassouri et
Ziniaré et 651 mm pour Ouahigouya. (DMN, 2006).
Les précipitations sont irrégulières dans
le temps et dans l'espace. Cette variabilité pluviométrique agit
énormément sur la production agricole et sur l'élevage. Il
réduit également la disponibilité en eau.
IV-2. Les sols et la
végétation
Les sols dans la commune de Ouahigouya sont identiques
à ceux de la province du Yatenga. Ils sont dans l'ensemble
squelettiques, à très faibles potentialités agronomiques
et sont sujets à l'érosion. Près des 2/3 des sols de cette
zone sont constitués de sols peu évolués sur
matériau gravillonnaire, inaptes à la mise en culture.
D'une manière générale, la
végétation de la région de Ouahigouya est pauvre en raison
de la rudesse du climat, de la mauvaise qualité des sols et de
l'action anthropique. Cette végétation est constituée
de savanes et de steppes. Selon Kaboré O. (2006) en tout sept classes
de
végétation sont identifiées: la formation
mixte, la savane arborée, la savane arbustive, la steppe arbustive et
fourré, la steppe arborée et la steppe herbeuse.
Selon la classification de Guinko S (1984), le Plateau central
fait partie du domaine phytogéographique soudanien et appartient au
secteur nord soudanien. Les sols sont généralement peu profonds
et peu fertiles. On y trouve des sols hydromorphes, les sols minéraux,
les sols bruns eutrophes, les sols ferrugineux et des vertisols. Ce sont des
sols majoritairement pauvres à l'exception des sols bruns eutrophes.
Le couvert végétal est le reflet des types de
sol. Il est essentiellement composé de savane arbustive. Cette
végétation déjà pauvre subit les effets des
facteurs climatiques (sécheresse due aux faibles précipitations)
et anthropiques. Des tentatives de restauration et de conservation sont
entreprises.
Dans la commune rurale de Tanghin-Dassouri, les sols sont en
général ferrugineux tropicaux de type latéritico-argileux,
reposant sur une grande masse de granite fissuré. On y trouve surtout
les sols minéraux bruts, les sols peu évolués de couleur
brune, des sols ferrugineux tropicaux lessivés et des sols hydromorphes.
Ce sont des sols en majorité pauvres et fragiles.
Le couvert végétal le plus dominant est la
savane arbustive claire, parsemée de quelques grands arbres. Elle se
compose essentiellement d'arbres de taille moyenne (Vitellaria paradoxa,
Parkia biglobosa et Adansonia digitata), d'arbustes, notamment des
épineux. Il y a aussi des espèces herbacées dont une bonne
partie est très utilisée dans la confection des toitures de
cases, de greniers ou de hangar.
Dans les communes étudiées, les sols n'offrent
pas de bonnes aptitudes agronomiques. Le tapis végétal qui en
découle reste peu abondant et est sujet à une dégradation
continue due aux facteurs anthropiques. C'est pourquoi, certains projets de
coopération décentralisée s'investissent dans des actions
de conservation et de restauration des sols et des végétaux.
IV-3. L'hydrographie
Au plan hydrographique, les plans d'eau et mares de la commune
de Ouahigouya et son hinterland occupent environ 63,58 km2
(Ouédraogo A., 2006).
Le barrage de Goinré est le plus vaste et la plus
importante retenue d'eau de surface avec un régime de moins en moins
permanent. La plupart des barrages sont en voie de comblement et
régression de capacité en raison de la dynamique
érosive.
La commune de Ziniaré ne dispose que d'un seul cours
d'eau pérenne: le Nakambé. On note la présence du barrage
de Tamissi dont l'eau est temporaire et ceux de Loumbila et de Ziga qui
alimentent la capitale en eau. Le potentiel en eau souterraine de la commune
n'est pas connu.
La commune de Tanguin-Dassouri est peu fournie dans le domaine
hydrographique. Les seuls cours d'eau sont des bras du Nakambé et la
mare de Bazoulé. A cela s'ajoute le barrage de Tinsouka.
Dans l'ensemble de ces localités, le niveau
d'alimentation des populations en eau potable reste encore peu
élevé. De même, en fonction de la pluviométrie,
l'abreuvement du bétail devient difficile suite à
l'assèchement de certaines mares. Cependant, il y a des
possibilités d'aménagement de bas-fonds et de
périmètres irrigués pour des cultures de contresaison.
Face à ces contraintes, les divers acteurs de
coopération décentralisée s'efforcent de mettre à
la disposition des populations des puits, des forages pour aider à
l'alimentation des hommes et des animaux.
Le milieu physique de ces sites comporte des contraintes au
développement. Précipitations peu abondantes, sols en
majorité à potentialités faibles sont autant de
difficultés auxquelles le monde agricole est confronté. Cette
situation participe à la paupérisation croissante des populations
aux revenus essentiellement agricoles. Elle explique aussi la migration des
populations à la recherche d'emplois.
Des efforts sont consentis par les autorités
gouvernementales, des institutions internationales et de nombreuses ONG pour le
renforcement des capacités des populations dans la lutte contre la
pauvreté. Malgré ces efforts, la situation se caractérise
par une augmentation du nombre de pauvres. Ainsi, selon le MEDEV (2005),
l'indice de pauvreté de la région du Nord s'est accru de 8 points
entre 1998 et 2003. Le taux de pauvreté est passé de 60,9
à 68,6. De ce fait pour prendre en main leur destin, les populations
s'organisent en associations et groupements. Quand aux collectivités,
elles ont tissé des relations de partenariat avec des
collectivités étrangères, espérant
bénéficier de leur savoir-faire. De nombreuses expériences
de coopération décentralisée ont été
menées et concernent principalement les jumelages.
CHAPITRE II : LES CONCEPTS ET LES ENJEUX DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
Ce chapitre présente l'évolution de la
coopération décentralisée, définit ses
différents concepts et évoque les enjeux actuels auxquels elle
fait face. Il aborde également ses domaines d'intervention et ses
insuffisances.
I. L'historique et l'évolution de la
coopération décentralisée
Depuis la première relation de partenariat scellée
en 1967, la coopération décentralisée a subi d'importantes
évolutions au Burkina Faso.
I-1. De 1967 à la fin des années 1980
Les actions de coopération décentralisée
ne sont pas des pratiques nouvelles au Burkina Faso. Les premières
relations de partenariat de coopération remontent à la fin des
années soixante, avec notamment le jumelage entre Ouagadougou et Loudun
(1967). Elles étaient le fait d'associations ou comités de
jumelage, parfois modestement soutenus par leur commune. Ces relations avaient
généralement pour point de départ l'amitié entre
deux personnes et qui s'élargissaient à l'ensemble de la
communauté dans laquelle elles vivaient.
Les actions menées avaient un caractère affectif
et humanitaire, assez semblable à celles de nombreuses ONG: envoi de
médicaments et de fournitures, réalisations d'infrastructures
scolaires et sanitaires parfois décidées au Nord sans l'avis des
bénéficiaires et des autorités locales (Sembène M.,
2002).
Mais la fin des années 1980 a été
marquée par un tournant décisif. La nouvelle approche est
désormais orientée vers le développement de relations de
territoire à territoire. Cela a favorisé la création au
sein de l'association Cités Unies France (CUF) des « groupes pays
» afin de faciliter la coordination et la concertation entre les jumelages
oeuvrant dans un même pays et de mieux cibler les actions. Le «
groupe pays » Burkina Faso était constitué de l'ensemble des
collectivités françaises ayant des partenariats avec des pairs
burkinabé.
Grâce aux relations durables d'amitié, d'estime
et de compréhension mutuelle qui se sont tissées au fil des
années, de nombreux jumelages ont réussi à amorcer le
changement de philosophie de l'aide dans un climat de confiance et de franchise
(Sembène M., 2002). Il a été
ainsi possible d'éviter que des discussions techniques et
financières qu'exige la mise en oeuvre de programmes de
développement local n'occultent la dimension des jumelages.
I-2. Les années 1990
Les années 1990 ont vu s'opérer des
réflexions collectives sur la coopération
décentralisée franco-burkinabé. Ainsi, en février
1990 a eu lieu la première rencontre francoburkinabé
organisée par le Comité National Burkinabé de Jumelage
(CNBJ) et l'association Cités Unies France. Cette rencontre mettra en
évidence la nécessité d'abandonner les anciennes pratiques
devant les résultats médiocres voire décevants de l'aide
ponctuelle par projet. Les collectivités françaises
évoquent le besoin de faire de leurs jumelles des acteurs de leur propre
développement.
Les années qui suivront, voient quelques jumelages
décidés en accord avec leurs partenaires et avec l'appui
d'opérateurs de dépasser le stade des actions ponctuelles et de
mettre en oeuvre des programmes pluriannuels d'appui au développement
local. Ces programmes privilégient désormais la structuration, la
participation et la responsabilisation des populations locales. L'accent est
mis sur la formation et l'organisation des partenaires.
L'action internationale des collectivités verra par la
suite son cadre juridique défini en France avec la loi de 1992. Ce fut
l'occasion pour de nombreuses collectivités françaises de
s'engager en coopération décentralisée de ville à
ville ou de territoire à territoire.
Au Burkina Faso, le processus de décentralisation a
permis la création d'un cadre de mise en cohérence et de
coordination de la coopération décentralisée et la
réorganisation des comités de jumelage. Ainsi, la Commission
Nationale de la Coopération Décentralisée (CONACOD) voit
le jour en 2000. De même, un décret portant sur l'organisation du
Comité National de Jumelage et des Comités Locaux de Jumelage est
promulgué.
Dorénavant les relations de coopération
décentralisée sont scellées entre les autorités
communales. Cela permet de donner un caractère institutionnel au
partenariat. Pour les jumelages antérieurs, les partenaires se tournent
depuis la communalisation intégrale vers les conseils municipaux, ce qui
n'est pas sans conséquence car les comités locaux de jumelage se
sentent abandonnés. Dans certains cas, c'est un véritable
amalgame car les autorités municipales sont tout simplement les premiers
responsables de ces comités.
C'est dans ce contexte institutionnel qui devrait permettre
une meilleure cohérence et une plus grande efficacité des
actions, que doit désormais s'inscrire la coopération
décentralisée au Burkina Faso.
II. Les concepts de la coopération
décentralisée
Le concept de coopération décentralisée
diffère d'un pays à un autre et selon les organisations qui la
pratiquent. Il est cependant nécessaire de rappeler les
différentes approches qui ont permis au Burkina Faso de proposer en
juillet 2001, sa définition de la coopération
décentralisée.
II-1. La conception française
La France définit la coopération
décentralisée dans le cadre de sa loi d'orientation N°92-125
du 06 février 1992, relative à l'administration territoriale de
la République. Au sens français, il y a coopération
décentralisée lorsqu'une ou plusieurs collectivités
locales françaises développent des relations avec une ou
plusieurs collectivités locales étrangères (CONACOD,
2003).
Ces actions de coopération peuvent être:
- l'établissement de lien d'amitié ou de
jumelage;
- des actions de promotion de la France à
l'étranger;
- l'aide au développement de collectivités dans
certains pays.
Cette capacité reconnue officiellement aux
collectivités locales françaises inscrit désormais leurs
actions en matière de coopération dans un cadre juridique,
administratif et budgétaire précis. Cette définition
française réduit le champ d'action des acteurs. Néanmoins
en privilégiant le partenariat de territoire à territoire, la
chance est donnée aux autorités municipales d'avoir la
maîtrise d'ouvrage du développement de leur localité.
Aujourd'hui plus de 180 collectivités territoriales françaises
sont en jumelage avec des collectivités burkinabé.
II-2. La conception européenne
L'approche de l'Union Européenne (UE) en matière
de coopération décentralisée est sensiblement
différente de la française. Par coopération
décentralisée, l'Union Européenne entend tout programme
conçu et mis en oeuvre dans les pays du Sud ou de l'Est par un acteur de
la société civile : les ONG, les coopératives agricoles,
les groupements féminins, les syndicats, ou toutes les autres formes
organisées de la société civile (CONACOD, 2003).
A la différence de la conception française, l'UE
n'implique pas forcement la participation d'un partenaire européen dans
un programme de coopération décentralisée. C'est une
nouvelle approche de la politique de coopération qui est
prônée avec dorénavant un appel à une participation
active de la société civile dans la définition et la mise
en oeuvre des programmes de coopération.
Les objectifs visés par l'UE à travers cette
approche sont les suivants:
associer la société civile à la
définition et au choix des priorités de développement de
leur pays;
permettre l'appropriation par les populations locales des
programmes de développement en favorisant leur participation à
leur définition et à leur mise en oeuvre;
être à l'écoute des acteurs locaux et
encourager des initiatives d'acteurs décentralisés;
favoriser le processus de décentralisation et de
démocratisation engagé dans certains pays; en Europe,
sensibiliser les citoyens aux questions de développement.
A cet effet, l'UE a mis en place, en plus de ses instruments
d'aide, une ligne de cofinancement des projets et d'ONG concernant les projets
de développement dans les pays du Sud et de l'Est. Il existe
également une ligne budgétaire spécifique
«coopération décentralisée» créée
en vue de financer des actions d'information et de mobilisation. Cette ligne
budgétaire appuie aussi des partenariats ou des réseaux d'acteurs
de coopération décentralisée du Nord et du Sud. Cette
vision européenne du concept élargit le champ d'action des
acteurs européens. Malheureusement ces types de coopération du
genre ONG/collectivités territoriales burkinabé sont peu
nombreux. Ils auraient permis de mieux organiser les interventions en se basant
sur les Plans Communaux de Développement. Un effort d'information doit
être fait dans ce sens pour montrer les possibilités de soutiens
directs qu'offre l'UE aux actions de développement des
collectivités territoriales.
II-3. La définition burkinabé
La conception burkinabé de la coopération
décentralisée est une synthèse de celles de la France et
de l'Union européenne. Ce sont les écrits du Comité
National de Jumelage (CNJ) et la loi N°041/98/AN du 6 août portant
organisation de l'administration du territoire du Burkina Faso qui ont permis
d'inférer sur la conception de la coopération
décentralisée.
Aussi, la CONACOD (2001) la définit-elle comme :
«l'ensemble des relations non gouvernementales qui unissent les
collectivités, les communautés, les associations, les
institutions et les structures non gouvernementales du Nord et du Sud dans des
actions Nord/Sud ou Sud/Sud».
Cette coopération décentralisée met
l'accent sur la participation consciente et responsable des populations dans le
processus de développement économique et social local, faisant
ainsi des bénéficiaires, les acteurs de projets. Cette vision
burkinabé offre également aux collectivités en proie
à des difficultés de développement de nouer des relations
avec de multiples partenaires. De plus, elle revêt un caractère
important vu l'implication des premières autorités dans
l'organisation des assises nationales sur la coopération
francoburkinabé. Elle constitue même selon QUENUM J. P. (2000) un
des moteurs du développement dans les zones rurales.
Les principales caractéristiques de la
coopération décentralisée burkinabé se retrouvent
dans le Code Général des Collectivités Territoriales
(CGCT), loi au terme de laquelle les collectivités territoriales
burkinabé peuvent instituer entre elles ou entre elles et des
collectivités territoriales étrangères des relations de
coopération. Cette coopération peut se faire au moyen de
l'entente et du jumelage (Article 122). En outre, elle peut se faire par le
biais des communautés de communes, des structures de concertation et de
coopération et des groupements d'intérêt public.
II-3.1. Le jumelage
Exemple de coopération décentralisée, le
jumelage a pris aujourd'hui la terminologie de jumelage coopération.
Cela témoigne de son caractère plus institutionnel et
administratif qui le différencie des premiers jumelages presque
entièrement basés sur des liens affectifs individuels ou
groupusculaires.
Au Burkina Faso, le jumelage est l'acte solennel par lequel
des collectivités territoriales burkinabé instituent entre elles
ou entre elles et des collectivités locales étrangères des
relations de coopération en vue de la réalisation d'un
idéal commun, notamment dans les domaines économique, culturel et
social (CGCT, Article 127). C'est la forme de coopération
décentralisée la plus connue et la plus pratiquée. Il ne
peut s'effectuer que par l'intermédiaire d'un comité de jumelage.
Son organisation et son fonctionnement sont fixés par décret pris
en conseil des ministres, sur proposition du ministre chargé des
collectivités territoriales (CGCT, Article 128). Depuis la
communalisation intégrale, le jumelage est l'objet d'enjeux majeurs
entre les Comités Locaux de Jumelage et les conseils municipaux. Les
premiers accusent les derniers de les écarter des actions de
coopération décentralisée, les partenaires du Nord ayant
choisi de travailler directement avec les exécutifs élus. Les
textes burkinabé ne précisant rien sur le sort de ces
comités, ce sont des tensions qui naissent par endroits entre acteurs
d'une même commune. Ces querelles sont surtout dues à l'importance
des ressources financières générées par la
coopération décentralisée et qui constitue l'une des
principales ressources de certaines communes, les conseillers municipaux
cherchant à les intégrer dans les budgets communaux.
II-3.2. L'entente
L'entente est l'acte par lequel des collectivités
territoriales burkinabé instituent entre elles des relations de
coopération sur des objets d'utilité publique locale compris dans
leur attribution et les intéressant conjointement. Les mêmes
relations peuvent être instituées entre une ou plusieurs
collectivités territoriales étrangères. Ces
collectivités peuvent passer des conventions à l'effet
d'entreprendre ou de conserver à frais communs, des ouvrages et des
institutions d'utilité publique (CGCT, article 123).
Le cadre de la coopération instituée par
l'entente est la conférence. Assimilable à une assemblée
générale, la conférence permet de décider des
actions à mener. Cependant, les décisions qui y sont prises ne
sont exécutoires qu'après délibération des conseils
des collectivités et approbation de l'autorité de tutelle.
II-3.3. Les groupements d'intérêt public
Des groupements d'intérêt public peuvent
être constitués par accord entre des collectivités
territoriales, l'Etat, des établissements publics ou privés ou
toute personne physique ou morale de droit public ou privé, en vue de la
réalisation d'une oeuvre ou d'un service présentant une
utilité pour chacune des parties (CGCT, article 126). Les
modalités de participation financière à des
réalisations sont fixées par actes constitutifs. Ce type de
coopération permet la mise en place d'infrastructures dont les services
couvrent un grand rayon.
II-3.4. La communauté des communes
C'est un établissement public chargé de la
gestion d'affaires d'intérêt intercommunal. Les lois et
règlements relatifs à l'administration communale lui sont
applicables en l'absence de dispositions expresses, contraires (CGCT, article
131). La communauté de communes est installée sur la base d'une
convention approuvée par délibération de chacun des
conseils municipaux concernés. Les adhésions, les retraits ainsi
que l'organisation et le fonctionnement de cet établissement sont
précisés par décret pris en conseil des ministres. Une
commune ne peut appartenir à plus d'une communauté de
communes.
II-3.5. Les structures de concertation et de
coopération
Les collectivités territoriales burkinabé
peuvent instituer entre elles et des personnes morales de droit public ou
privé, nationales ou internationales des structures de concertation et
de coopération sur des questions d'intérêt commun (CGCT,
article 135).
Les structures de concertation et de coopération font
l'objet d'une convention entre les parties prenantes. Les décisions qui
y sont prises ne sont exécutoires qu'après ratification des
instances délibérantes et approbation de l'autorité de
tutelle.
Les communes étudiées sont concernées par
le jumelage. L'entente, les groupements d'intérêt public, la
communauté de communes et les structures de concertation et de
coopération sont des formes de coopération
décentralisée qui ne sont pas encore développées au
Burkina Faso. Pourtant, vue la faiblesse des ressources dont disposent
certaines
collectivités, il serait intéressant de penser
à instituer ce genre de relation pour réduire les coûts de
réalisations qui seront peut être à frais communs. Ce sont
des types de coopération qui font appel à la mise en oeuvre
d'actions endogènes de développement. A cet effet, un accent doit
être porté sur cette vision pour inculquer aux exécutifs
communaux les mérites du partenariat Sud/Sud.
III. Les enjeux et les insuffisances de la
coopération décentralisée
Depuis la première rencontre franco-burkinabé en
1990 sur la coopération décentralisée, les jumelages sont
l'objet d'enjeux majeurs. Vu l'importance des ressources qu'elle
génère et les espoirs d'appui au développement qu'elle
suscite, la coopération décentralisée doit relever
aujourd'hui de nombreux défis.
III-1 Les enjeux
Ils concernent l'appui à la décentralisation, les
mesures d'orientation, le développement local et la lutte contre la
pauvreté.
III-1.1 L'appui à la décentralisation
La recherche d'une meilleure gestion de l'administration
locale et le souci de mieux répondre aux besoins des populations sont
des axes fondamentaux qui ont conduit le Burkina Faso à engager un
processus de décentralisation. Les jumelages qui, pour la plupart, sont
antérieurs à ce processus doivent s'y adapter et
l'intégrer dans leurs actions. En effet, plusieurs préoccupations
subsistent avec l'apparition des communes.
Quels seront les rôles des acteurs (communes, CLJ) dans
un contexte où les communes ont en charge la maîtrise d'ouvrage du
développement de leur territoire?
Avec la création des communes rurales en 2006, comment
articuler les actions de jumelage à l'échelle
départementale et l'action des communes rurales lorsque le
découpage divise certains départements en deux communes ? C'est
le cas de Tanghin Dassouri où Komki Ipala est devenu une commune
à part entière.
Quelles mutations faut-il opérer pour aider les communes
dans le cadre de la division de la province en collectivités
territoriales?
Une autre préoccupation est le problème de
gestion des infrastructures: qui des communes ou des CLJ assureront la gestion
des infrastructures?
Ce sont autant de défis qui attendent les acteurs de la
coopération décentralisée dans le contexte institutionnel
actuel. De nos investigations sur le terrain, l'appui des différents
partenariats aux instruments de la décentralisation est réel.
Partout des efforts sont faits pour aider les conseils municipaux à
assurer leur rôle de maîtrise d'ouvrage du développement de
leur territoire. Cela s'effectue par l'aide au renforcement des
capacités des élus locaux et des agents travaillant dans les
mairies, le soutien à l'élaboration des Plans Communaux de
Développement. A certains niveaux, il s'établit des relations
entre les techniciens des collectivités pour la gestion de
l'assainissement et du cadastre.
III-1.2. Les mesures d'orientation
Les pratiques de jumelage coopération doivent
obéir aux stratégies adoptées par la CONACOD, visant
à améliorer l'organisation et le fonctionnement des CLJ et mieux
associer les conseils municipaux. Ainsi, il faut non seulement assurer
l'efficacité des actions sur le terrain, mais également asseoir
les relations de jumelage sur des bases plus formalisées et les inscrire
dans une optique de développement local. Il s'agit aussi d'oeuvrer
à établir un équilibre régional en matière
de coopération décentralisée.
Afin de mieux appuyer les actions de jumelage, un
secrétariat permanent a été mis en place par les
autorités. De même des structures faîtières telles la
Maison de la Coopération Décentralisée (MCD) et
l'Association des Municipalités du Burkina Faso (AMBF) accompagnent les
jumelages. Il apparaît aujourd'hui que ces mesures sont insuffisantes et
sont toutes antérieures au processus de communalisation
intégrale. La CONACOD peine à jouer son véritable
rôle de régulateur de coopération
décentralisée vu la faiblesse de ses moyens. Cette structure se
doit également de proposer des textes clairs concernant le rôle
des conseils municipaux et des CLJ dans la conduite des partenariats de
jumelage. C'est sûrement à l'issue de cela que chaque acteur saura
sa place dans le processus de développement harmonieux de sa commune.
III-1-3. Le développement local
Les collectivités locales doivent exercer les
compétences qui leur sont dévolues par le biais de la
décentralisation. Elles sont appelées à jouer un
rôle central en termes d'organisation, de gestion et de
développement de leur territoire. D'après Sembène M.
(2002), leurs moyens humains et financiers sont insuffisants. C'est à ce
niveau qu'est fortement attendu l'apport des jumelages. En effet, les
collectivités territoriales du Nord qui sont créditées de
plusieurs décennies d'expertise dans le domaine du développement
local, peuvent par un partage d'expérience, de compétences et de
moyens matériels et financiers, aider aux efforts de
développement.
Spécifiquement, il s'agira pour les jumelages de
s'investir dans :
- l'accompagnement des collectivités à assumer
pleinement leur nouveau rôle de maîtrise d'ouvrage du
développement de leur territoire;
- l'aide à la réponse aux préoccupations
quotidiennes des citoyens et à l'élaboration des Plans Locaux de
Développement ou Plans Communaux de Développement.
Cette aide qui vise à donner aux populations les moyens
de subvenir à leurs besoins doit s'effectuer néanmoins dans les
règles de l'art. En effet, les aides tous azimuts qui viennent des
partenaires du Nord ne sont pas souvent conformes aux objectifs de
développement des collectivités burkinabé. Malheureusement
par défaut de moyens, ces dernières acceptent certains projets
qui finalement n'ont pas d'impacts sur les communautés
bénéficiaires. De nos entretiens, il ressort que ces genres
d'acte ont eu lieu lorsque les partenariats n'étaient pas
institutionnalisés mais depuis, des efforts sont consentis par
l'ensemble des acteurs pour associer les populations au choix et la mise en
oeuvre des actions afin de pérenniser les investissements.
III-1-4 La lutte contre la pauvreté
Les domaines d'intervention de la coopération
décentralisée s'inscrivent pour la plupart dans les
priorités du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté
(CSLP). Ces domaines concernent l'accès des populations aux services
sociaux de base, la promotion de l'emploi et des activités
économiques génératrices de revenus.
La prise en compte de la problématique de la
pauvreté suppose que les acteurs de la coopération
décentralisée comprennent que la pauvreté n'est pas une
réalité uniforme. De
même, les acteurs doivent savoir que la pauvreté
ne se manifeste pas de la même façon aux différentes
échelles du territoire et ne touche pas les catégories sociales
de la même manière. Selon Sembène M. (2002), leur
engagement dans l'appui à l'élaboration de politiques ou
programmes de lutte contre la pauvreté à l'échelle des
collectivités territoriales doit prendre en compte quatre facteurs
importants : les formes de pauvreté auxquelles le territoire est
confronté, les rapports entre les différents acteurs, les groupes
d'acteurs susceptibles de remplir les fonctions d'intérêt
collectif, le rôle des pouvoirs publics et leur articulation avec les
acteurs de la société civile.
Dans le contexte actuel, les acteurs de la coopération
doivent répondre à certaines interrogations majeures :
- quelle peut être la contribution de la
coopération décentralisée dans l'accompagnement des
stratégies et des initiatives de lutte contre la pauvreté
à l'échelle des collectivités locales?
- comment la coopération décentralisée
peut-elle s'engager de façon plus forte et volontariste dans les
stratégies de réduction de la pauvreté à
l'échelle des collectivités locales?
- quels démarches, méthodes et outils faut-il
pour accompagner les collectivités burkinabé dans
l'élaboration de programmes ou de plans d'action pour lutter
efficacement contre la pauvreté?
En général, l'évolution des partenariats
de coopération décentralisée est plus perceptible dans les
discours. Il s'avère donc important que se mette en place une dynamique
d'ensemble en lien avec les pouvoirs et partenaires au développement
pour appuyer efficacement les partenariats de coopération
décentralisée. C'est par ce biais que pourra se mener une lutte
efficace contre la pauvreté.
III-2 Les insuffisances
La volonté affichée par les acteurs de
coopération décentralisée de subvenir aux besoins des
populations est réelle. Nonobstant cela, les diverses pratiques qui en
découlent sont affectées souvent de faiblesses.
La faible implication des populations, des organisations de la
société civile et la collaboration assez limitée avec les
services déconcentrés de l'Etat sont une véritable
insuffisance dans certains jumelages. Cela découle de l'absence de
réelle stratégie d'information, de communication et de
sensibilisation sur les enjeux de la coopération
décentralisée et ses contributions en termes d'appui au
développement.
De même, de nombreuses actions ne sont pas inscrites
dans des programmes cohérents et de ce fait leurs impacts demeurent
limités. C'est pourquoi, il est nécessaire de créer une
synergie entre les interventions sur un même territoire.
Une autre limite réside dans la faible capacité
de suivi des actions sur le terrain aussi bien par les Comités Locaux de
Jumelage que les collectivités territoriales burkinabé. Quant aux
partenaires du Nord, seuls quelques partenariats emploient de gros moyens pour
des suivi-évaluations à cause des programmes dans lesquels ils se
sont engagés. Ce défaut de contrôle est souvent à la
base de l'échec de certains projets. Pour y remédier toutes les
activités entreprises doivent comporter un volet
suivi-évaluation. Ceci permettra d'éviter des blocages, voire des
détournements de fonds pendant l'exécution.
Il existe également des contraintes dans l'organisation
des échanges. Les flux de voyages sont le plus souvent dirigés
vers le Sud, les financements venant en quasi-totalité du Nord. Souvent
les coûts très élevés de ces déplacements
pouvaient être utilisés à des fins de réalisations
d'infrastructures ou de points d'eau.
Le financement des projets est également sujet à
des difficultés. La recherche de fonds étant effectuée
essentiellement par les acteurs du Nord ; ce faisant, elle met ces derniers en
position de force lors des négociations. C'est pourquoi il est important
pour les collectivités territoriales burkinabé de ne pas laisser
la recherche des ressources à la seule charge de leurs jumelles. C'est
ainsi que la réciprocité et la complémentarité
pourront être une réalité dans les échanges.
IV- Les domaines d'intervention de la coopération
décentralisée
Dans le but d'améliorer les conditions de vie des
populations du Sud et de faire de l'éducation au développement au
Nord, la coopération décentralisée s'investit dans
plusieurs domaines. A cet effet, la santé et l'éducation sont des
domaines privilégiés des jumelages. En outre, l'hydraulique et le
soutien aux activités économiques constituent des domaines pour
lesquels un appui conséquent est accordé. D'autres volets non
moins importants tels l'environnement, l'agriculture et l'élevage, la
formation, l'assainissement et le cadastre sont financés dans le cadre
de certains partenariats.
De l'avis des services administratifs sur nos sites
d'études, ces interventions permettent de pallier les insuffisances de
l'Etat. Quant aux populations, elles trouvent que
celles-ci sont en phase avec leurs besoins en ce qu'elles
permettent un tant soit peu de réduire quelques-uns de leurs
problèmes.
Il faut cependant souligner que l'exécution de
l'ensemble de ces actions dans les collectivités territoriales doit se
baser sur les outils de planification que sont le Plan Communal de
Développement et le Schéma Régional d'Aménagement
du Territoire. C'est en cela que l'on pourrait pérenniser les
investissements.
A cet effet, on retrouve de nombreux acteurs dans le domaine
de la coopération décentralisée, aussi bien dans les pays
du Nord que dans ceux du Sud. Ainsi au Nord il y a les collectivités,
les associations, des institutions, les ONG, etc.
Au Burkina Faso, il y a d'après la CONACOD (2003) :
- le Comité National de Jumelage (CNJ) qui est un organe
de conseil et d'appui technique et les comités locaux de jumelage;
- la Direction de la coopération
décentralisée du Ministère de l'Administration
Territoriale et de la Décentralisation;
- la Commission Nationale de la Coopération
Décentralisée (CONACOD), chargée de la tenue à jour
de l'état de la coopération décentralisée, de
l'élaboration des programmes de formation des acteurs locaux, de
l'harmonisation des méthodes d'intervention;
- des collectivités à travers des élus
locaux qui ont en charge la maîtrise d'ouvrage du développement
des communes;
- les agents de collectivités territoriales et des
services déconcentrés;
- la société civile (associations, groupements,
Organisations Non Gouvernementales).
Si pendant longtemps les CLJ sont restés les
instruments privilégiés par lesquels les acteurs mettaient en
oeuvre les actions de coopération décentralisée,
aujourd'hui avec la décentralisation et l'approche développement
local, les conseillers municipaux et des opérateurs de mise en oeuvre
ont pris une part prépondérante. Ces derniers sont des bureaux
d'étude et des Cellules d'Appui Technique (CAT). A cela il faut ajouter
des comités de pilotage municipaux ou provinciaux en fonction de
l'échelle d'exécution des partenariats.
Les concepts de la coopération
décentralisée offrent de belles perspectives à des
partenariats qui se fixent pour ambition de faire des
bénéficiaires de projets ou de programmes des acteurs de leur
développement. Aujourd'hui la coopération
décentralisée, basée sur des échanges de territoire
à territoire implique aussi bien des collectivités
territoriales que des acteurs de la société civile.
De nombreuses expériences de coopération existent de nos jours au
Burkina Faso.
DEUXIEME PARTIE :
LES EXPERIENCES DE
COOPERATION
DECENTRALISEE
L'examen des partenariats de coopération
décentralisée entre collectivités burkinabé et
celles du Nord révèle des pratiques diversifiées et
multiformes se différenciant par leur approche, leur vision, leur
philosophie de coopération, leurs modalités de mise en place.
Cette partie comporte deux chapitres : le premier traite des expériences
de coopération décentralisée dans trois communes
échantillon et le second en fait une synthèse analytique.
CHAPITRE III : DES APPROCHES DIFFERENTES
DE COOPERATION
DECENTRALISEE
La présentation des trois expériences de
coopération décentralisée met l'accent sur les
stratégies d'intervention, les réalisations et le point de vue
des acteurs rencontrés.
I -Les historiques, les objectifs
Cette partie évoque la manière dont les
différents partenariats ont démarré et présente
leurs objectifs.
I-1 Les historiques
La coopération entre la ville de Chambéry et de
Ouahigouya a démarré en 1991. Elle a été
suscitée par la ville de Chambéry. Cette relation connut ensuite
de fortes évolutions articulées principalement autour de quatre
grandes phases.
La première phase du programme 1991-1996 a
démarré par la mise en oeuvre d'un plan de développement
et la création d'un comité de développement sur un
quartier test de Ouahigouya. Se sont en-suivis un appui à la mise en
oeuvre de projets d'amélioration du cadre de vie et un travail de
mobilisation des partenaires à Ouahigouya et Chambéry.
La deuxième phase 1996-2001 est marquée à
Ouahigouya, par l'émergence d'un exécutif local élu (en
1995) et renouvelé en fin 2000, l'extension du programme de
développement des quartiers à quatre autres secteurs de la ville.
De nouveaux axes de coopération sont abordés : l'appui aux
services municipaux via un système de financement de façon
dégressive de postes de travail au profit des services techniques
municipaux, l'appui à la société civile par le biais du
renforcement des capacités des structures associatives et la
coopération hospitalière.
La troisième phase (2002-2004) correspond à
l'engagement du programme triennal de coopération articulé autour
de 4 programmes :
- l'appui à la structuration de la mairie de
Ouahigouya;
- le développement social urbain;
- la coopération hospitalière;
- l'appui à la société civile.
La quatrième phase à partir de 2005: il a
été décidé entre partenaires, avant tout
démarrage d'un nouveau programme pluriannuel, d'engager une
évaluation des actions. Le partenariat de coopération s'est
poursuivi au cours de la dite année avec des activités du
programme 2002-2004. Cette évaluation avait pour objectif de faire le
point des actions déjà réalisées et de faire des
recommandations en vue de donner un nouvel élan au partenariat. Celle-ci
fut effectuée par l'Association pour la Coopération et le
Développement des Initiatives Locales (ACDIL).
Les conclusions et les recommandations de l'évaluation
ont été validées en janvier 2006 par les communes de
Chambéry et Ouahigouya ainsi que l'ensemble des partenaires de cette
coopération.
Concernant la province de l'Oubritenga, son partenariat avec
la Région du Limousin remonte aux années 1980. Les premiers
contacts ont été établis suite à l'accueil à
Limoges (France) d'une troupe burkinabé participant au festival des
francophonies. La formalisation de cette relation est intervenue le 6
février 1999. Elle a abouti en 2005 à l'élaboration d'un
programme triennal de coopération 2005-2008.
S'agissant de la commune de Tanghin-Dassouri, son jumelage
d'amitié et de solidarité avec le Conseil Général
du Territoire de Belfort est né en 1982, suite à la grave
sécheresse qui a sévi pendant ces années. Le prêtre
Juramie Michel qui y était en service en fut le principal artisan. Face
aux difficultés des populations, il sollicita l'aide du Territoire de
Belfort dont il était un ressortissant. Les grands sentiers de ce
partenariat ont été réalisés lors du Programme de
Développement Local (PDL) entre 1996 et 2001. La coopération
décentralisée entre ces deux territoires se poursuit avec la
signature en juin 2007 d'une convention de partenariat.
I-2 Les objectifs
D'une manière générale, ces trois
expériences se fixent pour objectifs d'engager une coopération de
territoire à territoire inscrivant les échanges dans une
perspective de développement local durable.
Spécifiquement, il s'agit dans la coopération
Chambéry-Ouahigouya de :
· favoriser le dialogue des cultures, associer les
élus, les services et les citoyens des deux villes à une
démarche commune de développement économique et social
basée sur une véritable participation;
· accompagner le processus de décentralisation mis
en oeuvre au Burkina Faso et conforter l'organisation de la commune de
Ouahigouya;
· participer à la lutte contre les
inégalités et la pauvreté.
Des informations recueillies sur place, l'enjeu central est
d'accompagner le développement local de la commune de Ouahigouya en
s'appuyant sur le Plan Communal de Développement.
Quant au partenariat entre la Région du Limousin et la
province de l'Oubritenga, il se donne pour objectifs :
- dans le Limousin, de favoriser une mobilisation plus large
des populations et des acteurs locaux par la mise en place d'un programme de
sensibilisation et d'éducation au développement;
- dans l'Oubritenga d'accompagner le renforcement des
capacités de maîtrise d'ouvrage des acteurs locaux et
d'améliorer la fourniture en infrastructures, en équipements
socioéconomiques et de services mais aussi d'organiser l'information, la
communication et les échanges d'expériences.
Concernant le jumelage Belfort-Tanghin-Dassouri, il s'agit de
promouvoir auprès de la population de Belfort la notion de
solidarité et d'amitié.
A Tanghin Dassouri, l'objectif est de :
- aider les habitants à exprimer leurs besoins à
partir de leurs propres expériences et élargir leurs
connaissances et leurs possibilités d'analyse;
- faire émerger des structures locales
représentatives de la population à même de gérer les
ressources locales;
- responsabiliser les porteurs de projets dans leur montage, leur
exécution et leur suiviévaluation.
Des entretiens réalisés sur ces sites, ces
objectifs sont globalement en phase avec les besoins des populations, des
organisations de la société civile, des services administratifs
et des collectivités territoriales. Du point de vue développement
local, ils répondent à la stratégie visant à donner
la maîtrise d'ouvrage aux populations.
II Les démarches d'intervention
Pour l'ensemble des trois expériences, la
démarche d'intervention est basée sur une approche participative
visant à associer toutes les couches socio-économiques à
la conception, à l'exécution et au suivi des activités.
Néanmoins quelques difficultés émanent de ces
partenariats.
II-1 La coopération Chambéry-Ouahigouya
Elle peut se décrire en deux phases : la période
avant et celle après évaluation du partenariat. Celle-ci a eu
lieu en 2005 et les résultats ont été validés en
janvier 2006. De 1991 à 2005, la mairie de Ouahigouya a
été au centre de la mise en oeuvre des actions. Son service de
coopération s'est chargé de la maîtrise d'oeuvre et
d'ouvrage. Il diffusait les informations auprès des populations
organisées autour des Comités de Développement des
Secteurs (CDS). Ces derniers ont assuré jusqu'en 2000 la fonction de
maîtrise d'ouvrage du développement de leur secteur. Des avis
recueillis sur le site, leur mode de structuration et de fonctionnement
résultait d'un choix libre des populations responsabilisées
à cet effet pour la mise en place de leur équipe dirigeante lors
d'une assemblée générale de quartier.
Ce schéma de fonctionnement a été
bouleversé à l'avènement du second exécutif local
élu à Ouahigouya en 2000 qui a opéré une
centralisation de la dynamique de développement des quartiers. Les CDS
ont été vidés de leur rôle central de maîtrise
d'ouvrage du développement de leurs quartiers et les élus
municipaux de secteur ont été nommés par
arrêté municipal comme les premiers responsables et occupaient les
postes de président, secrétaire et trésorier. Cette
volonté de la mairie à vouloir piloter toutes les actions a
constitué un frein à une véritable implication des
citoyens. Elle a de ce fait porté au coût à un mode
d'organisation légitime des citoyens.
La sélection et le financement des projets
étaient effectués par le même service de coopération
qui se chargeait aussi de fournir leurs rapports techniques et financiers.
De nos entretiens, il s'est avéré que de
nombreuses insuffisances ont été constatées. Il s'agit
notamment des retards dans le versement des subventions destinées aux
associations. Par ailleurs, il ressort que ce service a souffert de pesanteurs
politiques qui ont freiné ses initiatives. C'est face à toutes
ces difficultés que l'évaluation du partenariat a
été décidée par les différents acteurs en
2005. Après la validation des résultats de celle-ci en janvier
2006,
l'ensemble des partenaires ont décidé de la mise
en place d'un nouveau dispositif articulé autour d'un comité de
pilotage et d'un opérateur chargé de la maîtrise d'oeuvre
de la coopération.
Dans la période post-évaluation, le choix des
projets est fait par le comité de pilotage. Il est constitué de
15 membres dont 8 représentants de la mairie, 6 de la
société civile (associations, groupements, acteurs
économiques) et 1 du centre hospitalier régional. Le
comité de pilotage bénéficie de l'appui de
l'opérateur qui est l'Association de Coopération pour le
Développement des Initiatives Locales. Cette manière de
procéder a aujourd'hui l'assentiment des acteurs rencontrés dans
la commune de Ouahigouya. Le fait que toutes les couches
socio-économiques soient impliquées dans la sélection des
actions à mener pourrait faciliter leur réalisation et leur
gestion
II-2 La coopération décentralisée
Limousin-Oubritenga
La démarche globale d'intervention de ce partenariat
est basée sur l'organisation des fora départementaux. Un forum
regroupe toutes les sensibilités d'un département : le
préfet comme autorité locale, le Président du conseil
municipal (le maire), les représentants des villages, des associations
et groupements, les chefs coutumiers et religieux, les services techniques, les
ONG, les projets et programmes.
Le forum départemental se tient deux à trois
fois dans l'année avec l'appui de la Cellule d'Appui Technique (CAT)
mise en place par l'opérateur en charge de la coopération qu'est
le Bureau d'Etude et de Recherche en Développement (BERD). Il est le
cadre de discussion et d'approbation des dossiers de projets portés par
les acteurs locaux avant leur transmission au Comité Provincial de
Coordination et de Concertation (CPCC). Ce dernier se compose du Haut
Commissaire, des membres du Comité Local de Jumelage et des
représentants de l'ensemble des partenaires de la coopération.
C'est ce comité qui est chargé de l'examen et de la validation
des résultats des fora. Cette procédure rend le choix des
différents projets acceptable du point de vue des populations.
L'ensemble des projets retenus est examiné par le comité de
pilotage pour la validation définitive du programme annuel. Celui-ci se
compose de 14 membres dont 7 de la Région du Limousin et 7 de
l'Oubritenga. Il ressort des entretiens que ces choix s'effectuent en fonction
de l'enveloppe financière disponible et la pertinence du montage du
dossier.
II-3 La coopération Territoire de
Belfort-Tanghin-Dassouri
Dans le cadre de ce partenariat, nous aborderons la
stratégie d'intervention qui a été adopté lors de
son Programme Local de Développement entre 1996 et 2001.
Des informations recueillies sur le site, il apparaît
que les interventions se sont effectuées autour d'une mobilisation forte
des populations à travers leur représentation à toutes les
instances de décision. Le contexte de famine dans lequel le jumelage a
démarré et l'existence d'une d'Equipe d'Appui Conseil (EAC)
pourraient expliquer cela. Aussi, avait-on dans chaque village des
Comités Villageois de Développement (CVD) et des Comités
de Développement des Secteurs (CDS) dans les secteurs. Ils ont
été les cadres de discussions et d'approbation des projets et
bénéficiaient de l'appui de l'Equipe d'Appui Conseil (EAC).
Ensuite, l'ensemble des actions retenues était acheminé vers le
Comité de Décision (CD). Ce dernier s'est chargé de la
sélection et des décisions de financement. En son sein, il y
avait tous les représentants des CVD et des CDS.
Les séances de sélection se font en public et
tous les porteurs ont l'opportunité de présenter et de
défendre leur dossier. A l'issue de cela, le CD se retire pour
délibérer et les résultats sont portés à la
connaissance des différents promoteurs.
L'ensemble de la maîtrise d'oeuvre du programme a
été assuré par l'Association Française des
Volontaires du Progrès (AFVP). Celle-ci avait été choisie
par les partenaires de Belfort pour appuyer l'EAC. A la fin du programme de
développement local (1996-2001), elle a participé à la
production du rapport définitif
Des avis recueillis lors des débats en « focus
groups », il ressort que cette manière de procéder avait
l'assentiment de la quasi-totalité des acteurs. Un des techniciens de
l'EAC affirment même que les autorités en charge de la
décentralisation se sont inspirées de cette expérience de
coopération décentralisée pour asseoir les Conseils
Villageois de Développement. Cette gestion décentralisée
impliquant les populations à toutes les étapes du processus
constitue la principale force de ce partenariat.
III- Le financement, les réalisations et le point de
vue des acteurs
Cette partie aborde les stratégies de financement et
l'état des réalisations.
III-1. Le financement et le suivi des actions
Le financement et le suivi des actions de coopération
décentralisée ont été très souvent le point
de discordance dans de nombreux partenariats. Dans ces trois
expériences, tous les projets sont cofinancés et leur
réalisation bénéficie de l'appui d'un opérateur. A
cet effet, un code de financement fixe le montant de la contribution des
promoteurs de projets en fonction de la somme demandée.
III-1-1- Dans la commune de Ouahigouya
Dans la coopération Chambéry-Ouahigouya, les
projets retenus entre les différents acteurs faisaient tous l'objet de
la signature d'une convention de financement. Avant l'évaluation, les
subventions transitaient par le compte du Comité Local de Jumelage et
étaient mises à la disposition des promoteurs par le service de
coopération de la mairie. De même l'appui et le suivi des actions
portées par les divers groupements et associations étaient
réalisés par ce même service avec d'énormes
difficultés. Des investigations effectuées sur le site ont
révélé qu'il y avait beaucoup de retard dans le versement
de ces subventions aux organisations de la société civile. Ces
mêmes difficultés affectaient la transmission de leur compte rendu
technique et financier aux partenaires chambériens.
Depuis l'évaluation du partenariat et le recrutement
d'un opérateur chargé de la maîtrise d'oeuvre technique et
financière de la coopération, un code de financement a
été mis en place avec une fiche d'engagement. A cet effet, les
subventions sont directement versées sur le compte des promoteurs.
Néanmoins, le versement de la totalité du montant prévu
est conditionné par l'avis de la coordination de la coopération
(opérateur et comité de pilotage) après
vérification des pièces qui lui sont transmises. Depuis cette
pratique, aucune subvention n'a été suspendue.
Pour l'ensemble des programmes exécutés, les
ressources de la coopération ne font pas partie du budget communal.
L'exécution financière du programme de 2001 à 2005 se
présente comme suit d'après les informations obtenues des
différents acteurs : 97% en 2002, 85% en
2003, 12% en 2004 et 50% en 2005. La baisse brutale du taux
d'exécution en 2004 s'explique par la crise qu'il y a eu au sein de
l'exécutif municipal qui a entraîné la destitution du maire
en octobre 2005. De nombreux engagements financiers ont eu lieu dans plusieurs
domaines (cf. tableau n°2). Au regard des données de ce tableau, il
ressort que ce sont des projets portés par la municipalité qui
ont été privilégiés par rapport à ceux
portés par les organisations de la société civile. Ces
efforts d'investissement s'avèrent pertinents et cohérents avec
les missions assignées à la commune dans le cadre de la mise en
oeuvre de la décentralisation.
En termes de contribution au financement des actions,
Chambéry est le principal partenaire, suivi des acteurs de la
société civile qui bénéficient d'un appui. La
mairie a rarement pu honorer ses engagements. Cela peut fragiliser le
partenariat car l'apport financier de Chambéry peut le mettre en
position de force par rapport à Ouahigouya lorsqu'il s'agira de prendre
des décisions.
Tableau n°2 : Synthèse des engagements
financiers par domaines d'intervention
Domaines
|
|
2001
|
|
2002
|
|
2003
|
|
2004
|
|
2005
|
|
TOTAL
|
Appui services municipaux
|
15 063
|
431
|
8 723
|
980
|
23 931
|
311
|
18 364
|
577
|
|
|
66
|
083
|
497
|
Appui institutionnel
|
10 903
|
232
|
3 779
|
983
|
12 982
|
145
|
2 328
|
015
|
852
|
215
|
27
|
430
|
480
|
Développement Social Urbain
|
8 907
|
370
|
37 606
|
654
|
24 734
|
635
|
28 532
|
289
|
|
|
99
|
780
|
950
|
Santé
|
38 218
|
722
|
20 450
|
944
|
14 908
|
668
|
12 987
|
487
|
10 488
|
800
|
97
|
054
|
623
|
Economie
|
|
|
77
|
053
|
1 056
|
746
|
39 721
|
826
|
|
|
50
|
366
|
542
|
Education
|
9 994
|
888
|
8 373
|
163
|
4 363
|
235
|
5 287
|
600
|
10 488
|
800
|
38
|
507
|
688
|
Culture/jeunesse artisanat, sensibilisation
|
27 530
|
405
|
20 828
|
396
|
806
|
444
|
357
|
641
|
79 649
|
325
|
132
|
390
|
990
|
TOTAL
|
110 618
|
051
|
96 438
|
176
|
92 294
|
104
|
110 798
|
412
|
101 479
|
140
|
511
|
627
|
884
|
Source: enquête, 2008
III-1-2- Dans la commune de Ziniaré
Dans la coopération décentralisée
Région du Limousin-Province de l'Oubritenga, le financement des actions
se fait à travers un Fonds d'Investissement Local (FIL). Le Haut
commissaire de la province est l'ordonnateur du budget. Des travaux sur le site
ont révélé des insuffisances dans cette gestion. La
Cellule d'Appui Technique sensée y être impliquée n'y est
pas. Selon les termes du contrat qui ont permis sa mise en place, elle doit
assurer la maîtrise d'oeuvre technique et financière du
partenariat. Il lui est donc difficile d'effectuer le contrôle et le
bilan financier des actions réalisées. Dans le souci de concilier
les points de vue, une médiation a été faite par la Maison
de la Coopération Décentralisée. Celle-ci a abouti
à un engagement de recrutement d'un agent comptable. Ce dernier devrait
avoir en charge le suivi financier des différentes actions entreprises.
Malheureusement cela n'a pas encore eu lieu. Il apparaît que les enjeux
financiers sont au coeur des difficultés de la coopération
LimousinOubritenga.
Le principal partenaire financier de cette coopération
reste la Région du Limousin. Il ressort de ce fait un
déséquilibre dans la contribution aux efforts d'investissement.
Seules les contributions des promoteurs de projet constituent un petit apport
financier (cf. tableau n°3).
III-1-3- Dans la commune de Tanghin-Dassouri
Cette expérience de coopération
décentralisée a eu d'abord pour partenaires financiers le
Territoire de Belfort, la Caisse Française de Développement
(actuel Agence Française de Développement) et le Ministère
Français de la Coopération. Ensuite, il y a eu l'apport financier
des promoteurs de projets.
Pour l'exécution des actions du Programme de
Développement Local, une Agence de Financement (AF) est mise en place.
Elle est l'organe d'exécution financière des décisions
prises par les Comités de Décision (CD). Elle est
gérée par un agent comptable. Ce dernier assure le suivi
financier des dossiers approuvés par les CD. Il apporte aussi un appui
aux porteurs de projets dans la gestion de leurs budgets et aux CD dans la
gestion des fonds d'investissement. L'agent comptable dresse le bilan de sa
gestion au Comité de Suivi (CS) et fait l'objet d'un contrôle.
Pour le suivi des actions, les investigations ont
montré que les bénéficiaires ont en charge cette
tâche. Concernant les constructions d'écoles, de CSPS, de
logements d'enseignants, etc., ces derniers ont assuré la surveillance
journalière de l'utilisation des agrégats et des
matériaux. Ils établissent des rapports journaliers et un rapport
final lorsque la construction prend fin. Ces représentants cosignent
avec le maître d'oeuvre pour la réception provisoire et
définitive des ouvrages. La gestion des infrastructures incombe aux
bénéficiaires qui doivent mettre en place un comité de
gestion.
Le suivi global du programme a été
exécuté par un Comité de Suivi (CS). Il se compose du
préfet, des membres des comités de jumelage, des
représentants du CGTB, de la CFD et de la mission française de
coopération. Il y a également des membres de l'AFVP et à
titre consultatif des représentants des CD, des services techniques et
administratifs.
Le Comité de Suivi définit la stratégie
globale du programme, ses objectifs, ses finalités, ses axes
prioritaires d'intervention et la grille de financement; il arbitre aussi la
répartition des fonds de développement entre les CD.
Cette maîtrise d'ouvrage des actions confiées aux
populations permet une pérennisation des investissements. En
procédant ainsi, cette expérience leur offre la
possibilité de réaliser les projets qu'elles même ont
conçus et défendus devant le CD.
A l'examen des trois partenariats de coopération
décentralisée, il apparaît que les ressources
financières sont majoritairement mobilisées au Nord. Ceci
représente un danger. En effet, ces communes comptent beaucoup sur ces
fonds dans le cadre du développement de leur territoire. C'est pourquoi,
il faut qu'elles s'efforcent de mobiliser des ressources endogènes car
tout assèchement financier au Nord peut être un sérieux
frein à leur effort de développement.
III-2- Les réalisations
Les réalisations de ces trois expériences de
coopération décentralisée sont assez nombreuses. Il ne
serait pas possible de faire un décryptage complet de l'ensemble des
actions exécutées vu les nombreux changements dont les
partenariats sont l'objet et l'absence de bases de données qui en fait
le point. Néanmoins, les domaines d'intervention sont quasisimilaires
à quelques exceptions près.
Ces réalisations au regard des données
collectées se scindent en réalisations physiques et en
renforcement de capacités (appui institutionnel et soutien aux
organisations de la société civile).
III-2-1- Les réalisations physiques et leur
gestion
Les réalisations physiques ont couvert les domaines de
l'éducation, de la santé, de l'hydraulique, de l'environnement et
de l'économie.
En termes de réalisations éducatives, il y a des
écoles, des logements d'enseignants (cf. photo n°1), les
constructions de salles de classe et de centres d'alphabétisation. Elles
sont assez nombreuses pour l'ensemble de ces expériences (cf. tableau
n°4).
Concernant le volet sanitaire, il s'apprécie à
travers la construction de centres de santé et de promotion sociale, des
salles d'hospitalisation, de dispensaires et maternités, de morgues et
de dons en matériel roulant (ambulances), etc. Ces investissements
sanitaires se sont révélés assez conséquents
à Ouahigouya où il existe des échanges directs entre le
Centre Hospitalier Régional (CHR) et l'hôpital de Chambéry.
A cela, il faut ajouter la construction du centre de santé de
l'association pour l'Appui Moral Matériel et Intellectuel à
l'Enfant (cf. photo n°2). Il en est de même à
Tanghin-Dassouri avec la réalisation de salles d'hospitalisation, d'une
morgue au Centre Médical (CM), d'un Centre de Soins Maternel et
Infantile, d'un dispensaire et d'un dépôt pharmaceutique. Dans la
commune de Ziniaré, il n'y a que quelques investissements sanitaires.
S'agissant des volets environnement et économie, il y a
eu de nombreux reboisements et la construction d'infrastructures marchandes.
Concernant les réalisations hydrauliques, leur nombre
est aussi élevé. En effet, les difficultés d'accès
à l'eau potable en milieu urbain comme rural, a engendré le
financement de nombreux projets de forages, de bornes fontaine et de puits. A
Tanghin-Dassouri par exemple, à la fin du Programme de
Développement Local, tous les secteurs et villages avaient
bénéficié soit d'un forage ou d'un puits. A Ziniaré
rien que pour l'année 2007, trois forages ont été mis en
place et un réhabilité. (cf. tableau n°3). A Ouahigouya des
infrastructures similaires existent dans les différents secteurs.
De nos entretiens, il ressort que les populations
apprécient la coopération décentralisée à
travers les réalisations qui en découlent. Ces
réalisations physiques sont pour elles le
baromètre de ces partenariats. Quoiqu'on puisse dire,
elles participent à l'amélioration des conditions de vie des
bénéficiaires
Dans chacune de ces expériences, pour tous les
investissements (éducatifs, sanitaires, hydrauliques, etc.), des
comités de gestion ont été mis en place. Pour les grandes
infrastructures comme les écoles et les dispensaires, très
souvent ce sont les autorités administratives qui assurent leur
maîtrise d'ouvrage. Par contre pour les forages, ce sont des personnes
choisies au sein des bénéficiaires et organisées en
comité qui en assurent la gestion. Elles sont formées à
cet effet et perçoivent des cotisations en vue de pallier les futures
pannes.
Photo n°1 : Logement d'enseignant à
Ziniaré
Source CAT Ziniaré 2007
Photo n°2 : Vue du centre médical de
l'association AMMIE à Ouahigouya
Cliché de l'auteur, (01/2008)
Photo 01 : Matériel d'embouche ovine de
l'association Nabonswendé
Cliché CAT Ziniaré 2007
Tableau n°3: La liste exhaustive des projets
validés par le CPCC
Désignation du microprojet
|
Demandeur
|
Contribution du
promoteur
|
Pourcentage de
contribution en %
|
Subvention
|
Pourcentage de la
subvention
en %
|
Total
|
|
|
Réalisation de forage
|
Association Namangzanga Gandogo Tandaaga
|
125
|
000
|
2
|
6
|
175
|
000
|
98
|
6
|
300
|
000
|
Réhabilitation de forage
|
Groupement Wend Manegda Basbédo
|
50
|
000
|
5
|
|
950
|
700
|
95
|
1
|
000
|
700
|
Construction et équipement en moulin
|
CVGT Koassenga
|
119
|
243
|
5,30
|
2
|
146
|
379
|
94,70
|
2
|
265
|
622
|
Acquisition de matériels pour production de soumbala
|
Groupement Féminin Passy Néma
|
46
|
000
|
10
|
|
414
|
000
|
90
|
|
460
|
000
|
Réalisation de Forage
|
CVGT Tampouitenga
|
50
|
000
|
5,20
|
|
920
|
100
|
94,80
|
|
970
|
100
|
Réalisation de forage
|
CVGT Gombgo
|
50
|
000
|
5,60
|
|
843
|
600
|
94,40
|
|
893
|
600
|
Réalisation de 10 fosses fumières
|
Foyer des Jeunes Ruraux
|
43
|
500
|
8,20
|
|
487
|
738
|
91,80
|
|
531
|
238
|
Réalisation de 10 fosses fumières
|
Groupement Rélwendé de Kouila
|
83
|
469
|
13,30
|
|
542
|
431
|
86,70
|
|
625
|
900
|
Réalisation d'embouche ovine
|
Groupement Féminin Nabonswendé du secteur 2
|
228
|
500
|
31,40
|
|
500
|
000
|
68,60
|
|
728
|
500
|
Acquisition d'équipement et manuel scolaire
|
Association pour la réhabilitation des sourds
|
10
|
410
|
5
|
|
200
|
000
|
95
|
|
210
|
410
|
Total
|
|
806
|
122
|
5,80
|
13
|
179
|
948
|
94,20
|
13
|
986
|
070
|
Source: CAT, 2
Tableau n° 4 : L'inventaire des réalisations
physiques
Domaine Communes
|
Éducations
|
Santé
|
Hydraulique
|
Economie
|
Ouahigouya
|
1 école
4 salles de classe
1 centre d'accueil pour enfants
|
1 centre médical PV/VIH
|
1 périmètre maraîchers
|
1 galerie marchande
5 CPGS
|
Ziniaré
|
4 logements d'enseignant
2 logements d'enseignants réfectionnés 1 inspection
primaire
1 centre socio-culturel
1 CPAF
Latrines scolaires
|
1 Logement d'infirmier 1 hall de vaccination
|
15 forages réalisées 32 forages
réhabilités
|
1 magasin de stockage d'aliment pour bétail 1
mini-laiterie
|
Tanghin-Dassouri
|
3 écoles
2 logements d'enseignant
2 CPAF
4 salles de classe
1 bibliothèque
|
3 salles d'hospitalisation
1 dépôt pharmaceutique
1 réfection de maternité
2 logements d'infirmier 1 morgue
1 CSMI
1 dispensaire
|
15 puits à grand diamètre 18 forages
|
1 marché
|
Source : enquête, 2007/20082
Le nombre de ces réalisations est en déça
de la réalité. En effet, pendant longtemps, il n'a pas
existé une véritable stratégie de suivi des
réalisations. De ce fait, il n'y a pas de base de données qui
fait un point complet des investissements physiques depuis le début des
partenariats. Néanmoins avec l'installation des opérateurs et des
cellules d'appui technique des efforts sont faits pour mettre en place des
systèmes de suivi. Ces réalisations permettent de pallier les
insuffisances des autorités administratives. Ces dernières
d'ailleurs reconnaissent l'importante de celles-ci dans l'accès des
populations aux services sociaux de base et l'alimentation en eau des hommes et
du bétail.
Pour les autorités communales, même si pour
l'instant les ressources de la coopération ne font pas partie du budget
communal, les fonds dont elles bénéficient permettent la mise en
oeuvre de certains projets (construction d'écoles, de CSPS, de forages,
de bornes fontaine, etc.) contenus dans le Plan Communal de
Développement (PCD). Au delà de leurs investissements propres
grâce aux appuis des partenariats, les élus locaux pensent que
toutes les aides apportés aux organisations de la société
civile contribuent à la mise en oeuvre du PCD car les
préoccupations et les projets de ces dernières y sont
contenus.
III-2-2- Le renforcement des capacités
Le renforcement des capacités s'appréhende
à travers l'appui institutionnel, les soutiens accordés aux
organisations de la société civile et à certaines
structures. L'appui institutionnel concerne l'aide apportée à la
municipalité, aux structures municipales et à d'autres
administrations.
III-2-2-1- L'appui institutionnel
Cet appui a été remarquable à Ouahigouya
où un programme a été consacré à la
structuration de la mairie. A cet effet, il y a eu des recrutements et le
financement de poste de travail grâce au fonds du partenariat. Ainsi
entre 1997 et 2000, la coopération a financé la prise en charge
d'un chargé du suivi des villes jumelées, d'un ingénieur
du génie civil, d'un comptable et d'un secrétaire de direction.
Cette prise en charge a été intégrée dans le budget
communal en 2001. Le processus fut reconduit en 2002 à travers le
financement de 6 postes de travail. Au cours de la même année, une
formation a été réalisée au profit des
conseillers
sur le rôle des élus municipaux, le
fonctionnement du conseil municipal et le rôle du conseiller dans son
secteur et dans son quartier. De plus, la mairie a
bénéficié d'un appui pour la mise à jour du
cadastre. Il y a eu aussi un apport matériel. Ainsi en 2002, la mairie a
acquis un ordinateur, un scanner, un fax et une imprimante couleur A3. Elle a
été également appuyée pour l'installation d'une
ligne internet et le paiement des frais de connexion. En 2003, la nouvelle
direction des services techniques a reçu deux ordinateurs et des
mobiliers de rangement; la salle du conseil municipal a été
sonorisée et la salle multimédia de la maison des jeunes a
été dotée de mobilier (tables, chaises, armoires).
Un appui fut apporté également à la
police municipale avec l'acquisition de mobilier de rangement, de
matériel informatique, de radiocommunication et la réparation du
véhicule de service.
Des avis recueillis à la mairie, il ressort que ces
actions répondent aux préoccupations de la commune en termes
d'organisation, de structuration, de renforcement des capacités
d'intervention et d'amélioration du fonctionnement de l'institution
municipale. Au regard du rôle de maîtrise d'ouvrage
conféré par les textes de la décentralisation notamment le
Code Général des Collectivités Territoriales aux communes,
ces investissements institutionnels s'avèrent pertinents.
Dans la commune de Ziniaré, il est apparu que la
coopération entre la Région du Limousin et la Province de
l'Oubritenga ne s'est pas investie dans l'appui institutionnel à la
mairie, la seule de la province jusqu'en 2006. Ce n'est qu'après la mise
en place des communes rurales qu'il est prévu un soutien pour la
réalisation des Plans Communaux de Développement et la mise en
place des Conseils Villageois de Développement (CVD). Il est aussi
prévu des formations aux conseillers municipaux parmi lesquels il y a de
nombreux analphabètes. Aucun argument n'a été donné
sur ce manque d'appui institutionnel. C'est peut être pour un souci
d'équilibre qu'un accent avait été mis sur l'aide au
département à travers la tenue des fora.
A Tanghin-Dassouri, le soutien à l'institution
municipale est pour l'instant faible. Cela s'explique par le fait qu'elle n'a
été une véritable commune qu'en 2006. Néanmoins, la
coopération avec le Territoire de Belfort a permis
l'électrification de la mairie et son équipement en
matériel informatique. De plus, elle a permis la formation des agents
dans la gestion de l'Etat civil. Dans la convention qui a été
signée en juin 2007, il est prévu une formation des conseillers,
un soutien au projet communal d'électrification et de distribution
d'eau. Les soutiens déjà accordés et vu le travail de fond
qui a été fait lors du Programme de
Développement Local augurent des lendemains meilleurs
quant aux appuis que pourrait apporter cette coopération au processus de
développement communal.
III-2-2-2- Le soutien aux organisations de la
société civile
Il s'articule autour des appuis techniques, financiers et des
formations réalisés par la coopération
décentralisée au profit des organisations de la
société civile (associations, groupements, etc.). Les
investigations sur ces sites ont montré que ces soutiens comprennent les
formations ainsi que l'appui aux activités génératrices de
revenus, la construction d'infrastructures éducatives et sanitaires.
Ainsi à Ouahigouya, dans le domaine sanitaire,
l'association Appui Moral Matériel Intellectuel à l'Enfant a
bénéficié de la mise en place d'une librairie-papeterie
communautaire en 1998 et de la construction d'un centre d'information
VIH-SIDA/IST. Concernant le volet économique, l'association Bang N'Tum a
vu la réalisation de sa galerie marchande. De plus, ses membres ont
reçu des formations en tissage, en teinture, en batik et en confection
de hamacs. Quant au centre Baasnéré, il a reçu un appui
pour l'amélioration de sa production de mangues séchées.
Un appui a été donné à l'Association des Femmes
Burkinabé de Ouahigouya pour l'exécution de son activité
d'octroi de micro-crédits. Des femmes ont aussi été
formées en maraîchage dans le cadre du projet de mise en valeur
des petits périmètres maraîchers.
S'agissant de l'aspect éducatif, un soutien a
été accordé à l'Association de Soutien aux Enfants
Déshérités dans la construction d'un centre d'accueil pour
l'insertion des enfants en difficultés. L'Association des Femmes
Burkinabé de Ouahigouya (AFBO) a bénéficié de la
mise en place de sa revue «Regards de Femmes» et de la
réalisation de son projet audiovisuel de prévention contre la
pratique de l'excision.
Les efforts de cette expérience de coopération
au profit des organisations de la société sont assez
remarquables. En effet, c'est aussi par ce biais que pourra s'effectuer une
mobilisation populaire autour des actions de coopération car les
activités de ces organisations touchent souvent de nombreuses
personnes.
Dans le partenariat entre Chambéry et Ouahigouya, il
est important de mentionner la coopération entre les hôpitaux des
deux villes. Cette relation a permis de renforcer le plateau technique du
Centre Hospitalier Régional de Ouahigouya. Des agents de santé
ont reçu des formations et effectué des voyages
d'échanges.
Dans la coopération décentralisée
Région du Limousin-Province de l'Oubritenga, des soutiens sont
accordés aux divers projets associatifs (cf. tableau n°3). Ces
appuis permettent aux organisations bénéficiaires de mener des
activités génératrices de revenus comme c'est le cas de
l'embouche bovine avec le groupement féminin Nabonswendé du
secteur 2 de Ziniaré (cf. photo n°3). C'est également le cas
de l'acquisition d'un moulin et du matériel de production de
«soumbala» respectivement au profit du Comité Villageois de
Gestion des Terroirs de Koassenga et du groupement féminin Passy
Nèma. La plupart des soutiens dans ce partenariat sont faits en faveur
des organisations de la société civile. Il s'avère alors
important de les mettre en adéquation avec les ambitions de
développement de la commune qui a en charge la maîtrise d'ouvrage
du développement du territoire communal.
Concernant le partenariat Territoire de
Belfort-Tanghin-Dassouri, la majeure partie des projets soutenus provenaient
des organisations de la société civile. Cela s'explique par le
fait que ceux-ci étaient souvent conçus à la base par les
structures organisées des villages ou des secteurs et des promoteurs
individuels. Les constructions d'écoles, de forages, de puits, de Centre
de Santé et de Promotion Sociale (CSPS), etc. étaient le
résultat de ces projets présentés par ces organisations de
la société civile. Le réflexe de donner la maîtrise
d'ouvrage de ces réalisations aux porteurs de projets et aux populations
bénéficiaires est à l'origine de la bonne gestion de
certaines infrastructures. L'exécutif communal peut se baser sur ces
compétences pour la mise en oeuvre du Plan Communal de
Développement.
IV Les points de vue des acteurs
Ils concernent ceux des conseillers municipaux, des services
administratifs (éducation et santé), des organisations de la
société civile, des Comités Locaux de Jumelage et des
opérateurs (bureaux d'étude en charge de la maîtrise
d'ouvrage des coopérations). En plus de ces avis s'ajoutent ceux des
Cellules d'Appui Techniques (CAT) et d'autres techniciens de la
coopération. Certains points de vue ont été recueillis
lors des assises nationales sur la coopération
décentralisée franco-burkinabé tenues en décembre
2007 à Ouagadougou.
L'ensemble des personnes rencontrées est unanime pour
dire que ces trois expériences de coopération
décentralisée contribuent à l'amélioration des
conditions de vie des populations. Cependant les avis divergent sur les
stratégies d'intervention adoptées par
chaque expérience, la pertinence de certains
investissements, la nature et le volume des appuis à apporter à
l'institution communale, aux organisations de la société civile
et aux structures administratives.
IV-1- Concernant les stratégies d'intervention
Les méthodes d'interventions adoptées par les
expériences de coopération s'apprécient en fonction des
acteurs rencontrés.
? L'expérience de Ouahigouya
Dans la commune de Ouahigouya, le Comité Local de
Jumelage (CLJ) ne sert que de relais dans la signature des conventions. Cette
situation est aggravée d'une confusion liée au fait que le maire
est également le président du CLJ ; de même des conseillers
municipaux siègent dans le bureau du CLJ. Quant aux agents des services
municipaux, ils affirment ne pas être tous dans la dynamique de la
coopération. Les informations circulent entre les personnes
concernées par les actions de coopération. Néanmoins, ils
sont au courant de certains soutiens accordés pour la structuration de
la mairie comme les recrutements des nouveaux agents, les appuis
matériels (ordinateurs, scanner, etc.) par le biais des
cérémonies de réception. S'agissant des organisations de
la société civile (associations, groupements), elles se sentent
mieux impliquées aux actions de partenariat depuis l'évaluation
de la coopération en 2005. Elles sont représentées dans le
comité de pilotage. Néanmoins, ils émettent le voeu que
des efforts soient faits pour que tous les acteurs soient au même niveau
d'information en matière de dynamique d'ensemble de la
coopération. Sur l'ensemble des personnes enquêtées, 70%
approuvent positivement la stratégie d'intervention du partenariat
Chambéry-Ouahigouya, 25% l'apprécient moyennement contre 5% qui
la trouvent mauvaise.
? L'expérience de
Ziniaré
Dans la commune de Ziniaré, des membres du CLJ
affirment qu'ils sont représentés dans le Cadre Provincial de
Concertation et de Coordination (CPCC). Cependant, ils craignent une
politisation des actions de coopération. La présidence du
comité est occupée
par un député. Les agents des services disent ne
pas avoir beaucoup d'informations concernant la coopération
Région du Limousin-Province de l'Oubritenga. Cette situation s'explique
par le fait que cette coopération ne s'investit pas directement dans le
renforcement des capacités de la mairie de Ziniaré. S'agissant
des organisations de la société civile, ils pensent que leur
véritable implication réside dans la tenue des fora et leur
représentation au sein du CPCC. Elles ne disposent donc pas de
suffisamment d'informations sur le fonctionnement d'ensemble du partenariat.
Dans cette commune, 60% des personnes enquêtés trouvent la
démarche d'intervention de la coopération LimousinOubritenga
satisfaisante ; 30% l'apprécient moyennement contre 10% qui atteste
qu'elle est mauvaise.
? L'expérience de
Tanghin-Dassouri
Concernant la commune de Tanghin Dassouri, les partenaires de
Belfort ont décidé de travailler directement avec le conseil
municipal. Les membres du CLJ rencontrés affirment n'avoir pas
été associés à la signature de la dernière
convention et n'avoir pas été impliqués au voyage
effectué par le maire à Belfort. Les agents des services
municipaux assurent être dans la dynamique de la coopération
depuis la construction de la mairie. Ils notent l'électrification des
locaux et l'équipement informatique grâce au partenariat avec le
Territoire de Belfort. De plus, ils ont reçu une formation dans la
gestion de l'Etat civil. Quant aux organisations de la société
civile, elles attestent avoir été impliquées à
toutes les étapes de la mise en oeuvre du Programme de
Développement Local de 1996 à 2001. Elles souhaitent que le
conseil municipal dans la nouvelle gestion de la coopération les associe
de la même façon. En effet, leur expérience peut être
prise en compte dans l'installation des Conseils Villageois de
Développement.
Dans les trois partenariats, les services administratifs
(santé, éducation) se sentent peu impliqués dans le choix
et la mise en oeuvre des réalisations. Très souvent, c'est
quasiment quand la décision de construire une école ou un centre
de santé est prise qu'on demande l'avis des autorités
administratives en la matière. Ces dernières bien que
reconnaissant la pertinence du choix de ces investissements souhaiteraient une
coopération entre les structures techniques des territoires en
partenariat. Cela permettrait de mieux évaluer les besoins en lien avec
les ambitions des différents programmes et projets communaux et
étatiques. Dans l'ensemble, 78% des personnes enquêtées
estiment que la
stratégie d'intervention du partenariat
Belfort-Tanghuin-Dassouri est bonne, 20% assez bonne et 2% mauvaise.
IV-2- Concernant la gestion des fonds
La gestion des fonds dans ces trois partenariats se fondent
sur un ensemble de stratégies impliquant des opérateurs
privés (bureaux d'étude, cellule d'appui technique), les CLJ, les
autorités municipales et les comités de pilotage.
? L'expérience de Ouahigouya
A Ouahigouya, l'ensemble des acteurs loue les efforts qui ont
été accomplis depuis l'installation d'un opérateur (ACDIL)
chargé de la maîtrise technique et financière de la
coopération. Avant cela, de nombreux retards ont été
observés dans le versement des subventions aux différents
promoteurs lorsque celles-ci transitaient par la mairie. De nos jours, chaque
acteur (municipalité, associations, groupements) reçoit et
gère ses fonds conformément à la convention. Ils affirment
que le contrôle des ressources financières effectué par une
structure indépendante rend la gestion plus transparente. En effet, des
fiches de suivi financier de tous les projets sont dressées par
l'opérateur et mises à la disposition du comité de
pilotage. Cela fait que les acteurs sont au même niveau d'information
concernant l'état de la gestion des fonds. La confiance entre les
partenaires s'en trouvent ainsi renforcer. Des avis recueillis, 75% des
personnes rencontrées trouvent la gestion des fonds bonne, 23% moyenne
et 2% mauvaise.
? L'expérience de
Ziniaré
Dans la commune de Ziniaré, la plupart des acteurs
trouvent la chaîne de gestion trop longue. Les subventions ne se sont pas
versées à temps. Cela devrait l'être dès que les
porteurs de projets réunissent leur contribution. Malheureusement des
retards interviennent assez souvent. Il s'agit de la non signature des
chèques par le président du CPCC ou du non positionnement du
virement par la caisse populaire. Ils ne jugent pas cette gestion suffisamment
transparente car le Haut commissaire, président du CPCC est à la
fois juge et partie. En effet, étant ordonnateur du budget, le Haut
commissariat présente aussi des projets
pour validation au compte de la province. Cette
ambiguïté de la gestion globale avait suscité les
réactions des différents partenaires de la coopération. A
l'issue des concertations, il a été retenu que c'est
l'opérateur qui doit assurer la maîtrise d'oeuvre
financière. Ce dernier a ainsi proposé le recrutement d'un agent
comptable. Cet avis n'a pas été suivi d'effet. Des promoteurs de
projets assurent n'être pas au courant de la dynamique d'ensemble de la
gestion des fonds. L'ensemble des enquêtés estiment à 50%
que la gestion des fonds est bonne, 27% moyenne et 23% mauvaise.
? L'expérience de
Tanghin-Dassouri
A Tanghin Dassouri, les personnes rencontrées disent
avoir apprécié la manière dont les fonds du Programme de
Développement ont été gérés. Elles disent
avoir été impliquées dans la gestion de ces ressources
financières conformément à la convention signée et
grâce à l'appui de l'Agence de Financement (AF). Par ailleurs,
étant représentés au sein du Comité de
Décision (CD), les acteurs y affirment que ce sont eux-mêmes qui
décident de la répartition des fonds et assurent le
contrôle de sa gestion, avec l'aide de l'AF.
Des trois stratégies, la gestion des fonds marche mieux
à Ouahigouya et Tanghin Dassouri qu'à Ziniaré. Cela est du
au fait que dans les deux premières localités les
différents acteurs ont décidé de la mise place d'un
système compréhensible par tous et impliquant toutes
catégories socio-économiques. De plus, les autorités
locales ont accepté le recrutement d'opérateurs privés
à qui ils ont cédés les fonctions qui étaient les
leurs. Par contre à Ziniaré, le refus des autorités
provinciales de confier la gestion financière à la Cellule
d'Appui Technique (CAT) empêche ce dernier de mettre tous les partenaires
dans la dynamique globale de l'utilisation et du contrôle des ressources
de la coopération. Les exemples de Ouahigouya et de Tanghin Dassouri
méritent d'être suivis par celle de Ziniaré. Des points de
vue recueillis, 77% des personnes enquêtées apprécient
positivement la gestion des fonds, 20% moyennement contre 3% qui la trouve
mauvaise.
IV-3 Concernant la pertinence des investissements
Sur l'ensemble des sites, les investigations indiquent une
diversité dans les investissements réalisés.
Certains acteurs affirment qu'il faut accorder un grand appui
à la municipalité en tant qu'institution en charge la
maîtrise d'ouvrage du développement du territoire communal. Elle
réunit de ce fait les préoccupations des citoyens par le biais du
Plan Communal de Développement. D'autres par contre pensent qu'un accent
doit être mis sur le soutien aux organisations de la
société civile car elles sont beaucoup plus proches des
citoyens.
Dans les deux cas, les personnes rencontrées mettent
souvent en doute la pertinence des investissements. En effet, elles
évoquent des problèmes de localisation des infrastructures comme
les écoles, les centres de santé, les points d'eau. Elles
expriment le souhait qu'un arbitrage soit opéré entre les
réalisations génératrices de revenus visant à
lutter contre la pauvreté et celles ayant pour but de mettre à la
disposition des populations des services sociaux de base.
Un certain nombre d'acteurs (associations, groupements)
affirme que quelque soit le type de réalisation, il participe à
l'amélioration des conditions de vie des bénéficiaires.
Des agents de services administratifs (éducation, santé,
hydraulique) évoquent que les constructions d'infrastructures scolaires,
sanitaires ou hydrauliques répondent à des normes (distance,
nombre de populations visé) et ne peuvent par conséquent
être implantées n'importe où.
Des conseillers municipaux pensent que pour une
pérennisation des investissements, les ressources financières qui
découlent des partenariats doivent être inscrites dans le budget
communal. Ils mettent en doute la capacité des structures associatives
et des comités de jumelages à pouvoir gérer certaines
infrastructures (écoles, dispensaire, maternité, fontaine). Ces
avis des membres des exécutifs municipaux se révèlent
parfois justifiés car les Comités Locaux de Jumelage peinent
parfois à réparer des salles de classes ou des forages en panne.
Ils recourent de ce fait au partenaire du Nord. Ces dépenses pourraient
être faites par la marie qui dispose de plus de moyen.
Au delà des difficultés qui entravent la
conception, la mise en oeuvre et la gestion des investissements, la
coopération décentralisée par ces nombreuses
réalisations contribuent à la résolution des nombreux
problèmes auxquels les populations font face. Cependant, elles doivent
obéir aux textes en vigueur et aux normes de la planification locale.
Sur l'ensemble des avis recueillis sur les trois sites, on rencontre 65% de
points de vue favorables sur le choix de la maitrise d'ouvrage accordée
aux municipalités contre 35% de défavorables.
IV-4- Concernant l'importance des appuis
Des informations recueillies sur les trois sites montrent que
les municipalités et les organisations de la société
civile comptent beaucoup sur les ressources de la coopération
décentralisée. Même si ces fonds ne sont pas inscrits dans
le budget communal à Ouahigouya, ils participent
énormément à la mise en oeuvre du Plan Communal de
Développement. Il en est de même à Ziniaré où
avec la mise en place des communes rurales, les conseils municipaux comptent
beaucoup sur les appuis de la Région du Limousin pour la
réalisation et la mise en oeuvre des Plans Communaux. Ils
espèrent aussi par ce biais bénéficier de formations pour
les aider à assumer efficacement leur fonction d'élus locaux. A
Tanghin-Dassouri, ces attentes ont été traduites lors de la
signature de convention entre les autorités municipales et le Conseil
Général du Territoire de Belfort.
L'ensemble des acteurs reconnaît que les efforts
d'investissement sont déséquilibrés. La plupart des
ressources viennent du Nord. Seule une petite contribution constituée du
cofinancement (en nature ou en espèces) des associations et groupements
constitue le plus souvent la participation des bénéficiaires. A
Ziniaré, elle a été de 806 122 francs CFA pour une
subvention de 13 179 948 francs CFA soit 6,11 % et à Tanghin-Dassouri de
45 405 760 pour un investissement total de 508 700 000 francs CFA soit environ
8,92%. Cette faible participation est souvent à l'origine des
difficultés dans le choix des actions à entreprendre. En effet,
la décision finale revient quoiqu'on dise le plus souvent aux
partenaires du Nord qui détiennent le cordon de la bourse.
Dans l'ensemble, les trois expériences dégagent des
acquis et de nombreuses leçons peuvent servir d'exemple à
d'autres partenariats au moment où trouver un jumelage est devenu
capital pour de nombreuses communes burkinabé.
CHAPITRE IV : LES ENSEIGNEMENTS ET LES PERSPECTIVES
DE LA COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
Ce chapitre évoque les potentialités des
différentes expériences de coopération
décentralisée et fait une synthèse croisée de leur
démarche d'interventions et de leurs réalisations. Il met
également en exergue les intérêts des collectivités
du Nord à soutenir celles du Sud, fait des recommandations et aborde des
perspectives.
I- Les potentialités des trois expériences de
coopération décentralisée
L'analyse des potentialités qui se dégagent des
expériences de coopération décentralisée dans les
communes de Ouahigouya, Ziniaré et Tanghin-Dassouri se fondent sur une
collecte orientée des données. A cet effet, les quatre variables
(axes) ayant servi pour cette collecte sont : l'implication des populations, la
planification et la maîtrise d'ouvrage, le renforcement des
capacités et la gestion des fonds. Chaque axe est noté sur 4 sur
la base d'un certain nombre d'indicateurs. Ainsi pour l'implication des
populations, le score de 1/4 est obtenu lorsque la coopération
décentralisée ne concerne que les membres du bureau du CLJ et les
conseillers municipaux. Le score est de 2/4 si les actions de la
coopération décentralisée impliquent en plus des
conseillers municipaux, le bureau du CLJ, quelques personnes et des
associations. Il est de 3/4 si le bureau du CLJ, les élus locaux, des
services administratifs, des associations et groupements et une grande partie
des citoyens se retrouvent dans des actions de coopération
décentralisée. Le score de 4/4 signifie que la coopération
décentralisée associe sans exclusion toutes les structures
intéressées; une grande partie des citoyens y est
impliquée et il y a toujours une concertation entre toutes les parties
prenantes.
Concernant le renforcement des capacités, la note de
1/4 est attribuée lorsque le partenariat ne contribue pas au
renforcement des capacités des élus locaux. Elle est de 2 s'il
permet des dons en matériels et des formations au profit de
l'exécutif communal. Lorsque la note est de 3, cela montre que le
partenariat aide à la gestion du patrimoine communal, apporte du soutien
aux organisations de la société civile et contribue directement
ou indirectement au budget de la commune. Enfin, elle est de 4/4 s'il contribue
à l'élaboration du Plan Communal de Développement,
à sa mise en oeuvre et son suivi-évaluation, les formations des
élus au bon fonctionnement du conseil municipal étant
régulières.
S'agissant de la gestion des fonds, la coopération
décentralisée obtient un score de 1/4 quand les cotisations
prévues dans le règlement intérieur ou les subventions
prévues dans le code de financement sont faiblement respectées,
les systèmes de gestion et de contrôle étant peu
transparents. Il est de 2 si les systèmes de mobilisation, de gestion et
de contrôle existent avec une fonctionnalité peu efficace. Le
score atteint 3 lorsque les systèmes de mobilisation, de gestion et de
contrôle sont fonctionnels et assez performants. Il est enfin de 4 si le
financement des actions de coopération décentralisée se
fait à travers un fonds d'investissement local et une partie de ces
fonds contribue au budget communal.
Quant à la planification et la maîtrise
d'ouvrage, la note de 1/4 signifie que les actions issues du partenariat ne
sont basées ni sur un programme ni sur un Plan Local de
Développement. Les activités du Programme Annuel ont un taux de
réalisation inférieur à 25%. Elle est de 2/4 si le
partenariat est basé sur un programme dont les activités se
réalisent à 50% au moins avec un suivi évaluation
effectué à la demande des partenaires. La note obtenue est de 3/4
s'il repose sur un programme dont les activités se réalisent au
moins à 75% avec un suivi-évaluation effectué par le biais
d'appui conseil. Elle est de 4/4 si le programme sur lequel la
coopération décentralisée est bâtie, est
réalisé à plus de 75%, le CLJ ou le comité de
pilotage effectuant son suivi-évaluation sans assistance.
Au regard des indicateurs fixés, divers scores ont
été obtenus dans chacune des trois expériences de
coopération (cf. tableau n°4).
Tableau n°5 : Les scores par axe et par
commune
Axe
Commune
|
Implication des
populations
|
Renforcement des capacités
|
Planification et
maîtrise
d'ouvrage
|
Gestion des
fonds
|
Total
|
Ouahigouya
|
3
|
3
|
3
|
3
|
12
|
Ziniaré
|
3
|
1
|
3
|
2
|
9
|
Tanghin- Dassouri
|
4
|
2
|
3
|
3
|
12
|
Moyenne
|
3,33
|
2
|
3
|
2,66
|
11
|
Source: enquête terrain, 2007/2008
Au regard des données du tableau 4, les
expériences de coopération les plus performantes sont celles de
Chambéry-Ouahigouya et Territoire de Belfort-TanghinDassouri avec des
scores de 12/16. Cela s'explique par le fait qu'un effort y est fait pour
impliquer les différents acteurs dans la conception, l'exécution
et le suivi technique et
financier des actions entreprises. La faible performance du
partenariat Limousin - Oubritenga s'explique d'après le schéma de
lecture par la mainmise de l'administration provinciale sur la gestion des
fonds. Cette situation est aggravée par l'absence d'un programme de
renforcement des capacités des élus locaux.
Graphique n°1 : Récapitulatif des
performances par axe des trois expériences
Planification et maîtrise d'ouvrage
Renforcement des capacités
Gestion des fonds
Implication des populations
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5
Ouahigouya Ziniaré
score
Tanghin Dassouri
Source : enquête terrain 2007/2008
Le graphique 1 résume les performances moyennes par axe
des différentes expériences de coopération
décentralisée. De l'appréciation d'ensemble, il ressort
que la grande faiblesse réside dans le renforcement des
capacités. Dans le contexte actuel de la communalisation
intégrale du territoire, il est important qu'un accent particulier soit
mis sur cet aspect dans les trois partenariats. Ouahigouya marque un point
important à ce niveau parce que le programme d'appui à la
structuration de la mairie permet le renforcement des capacités des
élus locaux dans la gestion communale.
Tableau n°6 : Performances moyennes des
expériences de coopération
décentralisée
Axe
|
Score sur 4
|
Réponses en pourcentage
|
Implication des populations
|
3,33
|
30,30
|
Gestion des fonds
|
2,66
|
24,20
|
Planification et maîtrise d'ouvrage
|
3
|
27,29
|
Renforcement des capacités
|
2
|
18,19
|
Total
|
10,99
|
99,98
|
Source: enquête terrain, 2007/2008
Au regard des données du tableau 6 et du Graphique 2,
il apparaît que la principale force de ces expériences de
coopération réside dans l'implication des populations au choix
des actions à entreprendre (3,33 points/4). Cela signifie que les
programmes et projets sont la manifestation des besoins des populations et de
leurs organisations. De même un effort est fait pour les associer
à la planification, à la mise en oeuvre et au suivi des
activités. Les plus faibles performances se retrouvent au niveau de la
gestion des fonds (2,66/4) et du renforcement des capacités des
élus locaux (2/4). Cela est essentiellement lié aux
difficultés de gestion des ressources financières dans le
partenariat Limousin-Oubritenga et l'absence d'une stratégie visant
à former et appuyer les conseils municipaux dans leurs tâches.
En se basant sur les performances moyennes, on note des acquis
pour la plupart des axes (cf. graphique 2). Néanmoins, des efforts
doivent être faits pour que la gestion des ressources financières
soit basée sur un système impliquant tous les acteurs et
compréhensible par tous. De même, un accent devra porter sur
l'appui à accorder aux municipalités en vue de les aider à
assurer leur rôle de maîtrise d'ouvrage du développement de
leur territoire.
Dans l'ensemble, les trois expériences de
coopération décentralisée dégagent des performances
suffisamment acceptables à même de servir d'exemple à
d'autres collectivités.
Graphique n°2 : Performances moyennes des
expériences de coopération
décentralisée
Implication des populations
Renforcement des capacités
Gestion des fonds
4
3
2
1
Planification et maitrise d'ouvrages
0
Source : enquête terrain, 2007/2008
II. La coopération Sud/Sud et les actions des
collectivités du Nord
La coopération Sud/Sud concerne celle menée
entre des collectivités territoriales burkinabé et celles des
pays voisins. Quand aux actions des collectivités du Nord, il s'agit de
tout ce qui fait par ces dernières au sein de leur territoire.
II-1 La coopération Sud/Sud
Dans les communes où cette étude a
été menée, seule celle de Ouahigouya entretient une
coopération Sud/Sud avec les communes de Banfora et de Pouytenga au
Burkina Faso et celle de Mopti en République du Mali. Ces partenariats
se résument en des échanges d'expériences comme c'est cas
avec la commune de Mopti qui a décidé de la mise en place des
Comités de Développement de Secteur après s'être
inspirée de l'exemple «ouahigouyalais». Il n'existe aucun
programme de coopération Sud/Sud. Cela s'explique par le fait de la
faiblesse des ressources des collectivités. Cependant, depuis la tenue
des assises nationales sur la coopération décentralisée
franco-burkinabé, il est de plus en plus question
avec la communalisation intégrale de ce type de
partenariat entre communes burkinabé. Il s'agit pour les anciennes
collectivités de partager leurs expériences de
développement local avec les nouvelles. Ici, il n'est pas
forcément question de moyens financiers mais de rechercher ensemble des
solutions à des problèmes communs de développement. Par
exemple, la commune de Gorom-Gorom dans la région du Sahel pourrait
offrir des produits d'élevage à la commune de Mangodara
(région des Cascades) et recevoir des céréales en retour.
Cela peut devenir un partenariat empreint de réciprocité et
porteur de développement endogène.
II-2. Les actions menées au Nord par
Chambéry, Limousin et Belfort
Les apports de ces collectivités à leurs
jumelles burkinabé sont importants. Etant donné qu'il s'agit de
partenariat de coopération décentralisée avec recherche de
partage de responsabilité, il importe de connaître les
réalisations des collectivités françaises
impliquées.
Dans le cadre de son jumelage avec la commune de Ouahigouya,
la mairie de Chambéry assure la maîtrise d'ouvrage de la
coopération tandis l'association ChambéryOuahigouya s'investit
dans la maîtrise d'oeuvre. Cette dernière est liée
contractuellement à la commune de Chambéry qui lui a
délégué la gestion financière des moyens du
partenariat. Il existe aussi un comité de pilotage composé de
huit membres dont quatre de la mairie et quatre de l'association
Chambéry-Ouahigouya chargé de piloter l'ensemble du
partenariat.
Ces mêmes comités de pilotage existent
également en Limousin et à Belfort. Les actions menées
visent à attirer l'attention des populations concernant les
problèmes que vivent les populations du Sud. Il s'agit
véritablement d'une éducation au développement.
Les personnes impliquées dans les actions de
coopération décentralisée sont très souvent des
bénévoles. A cet effet quelques difficultés existent quand
à la tenue régulière des rencontres.
Ces collectivités demeurent les principales
mobilisatrices des moyens matériels, techniques et financiers. Cette
mobilisation s'effectue grâce aux dons, aux cotisations, aux fonds
obtenus auprès de l'Union Européenne et au financement du
Ministère Français des Affaires étrangères.
Ces efforts des collectivités françaises au
profit de leurs partenaires burkinabé sont louables. Cependant la
question de la fiabilité et de la durabilité se pose. Les
communes burkinabé sont quasiment toutes soucieuses de trouver des
partenaires au Nord ; en témoignent les propos des maires aux
dernières assises sur la coopération décentralisée.
Il
est important cependant de noter que le véritable
développement est avant tout basé sur des efforts
endogènes et notamment sur la coopération Sud/Sud, à
défaut d'une coopération équilibrée Nord-Sud.
A travers nos investigations, il est apparu que les
coopérations décentralisées ChambéryOuahigouya,
Limousin-Oubritenga et Belfort-Tanghin Dassouri ont à leur actif de
très nombreuses réalisations. Au-delà de la
solidarité internationale dont se prévalent ces
collectivités du Nord, on se peut se demander ce qui se cache
derrière ces appuis qui se chiffrent en milliards de francs CFA.
Au terme de nos travaux, il ressort que les collectivités
françaises sont guidés par : - le souci d'un rayonnement
international de la France ;
- les ambitions de maîtriser la culture et les traditions
locales ;
- la recherche de marché commercial, culturel et
diplomatique.
C'est peut-être cela qui explique l'implication du
Ministère Français des Affaires Etrangères dans le
financement et le suivi de la coopération décentralisée
entretenue par les collectivités françaises.
III. Les démarches d'intervention et les
réalisations
Cette section fait une analyse croisée des
démarches d'intervention des différentes expériences de
coopération décentralisée et évoque les impacts des
réalisations qui en ont découlées sur la vie des
citoyens.
III-1. Les démarches d'intervention
La mobilisation sociale des acteurs locaux autour des actions
de coopération décentralisée a été assez
forte dans les trois communes. Sur la base de l'approche participative et du
développement local, les populations sont associées aux choix,
à l'exécution et à la gestion des réalisations.
Cette implication s'est effectuée à TanghinDassouri à
travers les CVD, les CDS et les CD. A Ouahigouya, ce sont les CDS et le
comité de pilotage qui constituent les cadres de mobilisation. Dans ces
deux communes, les projets individuels sont acceptés et financés.
Dans la commune de Ziniaré, c'est le forum départemental qui a
permis d'impliquer les différentes couches socio-économiques
aux
choix et à la mise en oeuvre des actions. Ces
démarches adoptées par ces expériences de
coopération décentralisée amènent les acteurs
locaux à établir eux-mêmes les contraintes à
l'évolution sociale et économique de leurs localités et
proposer des solutions. Elles font des citoyens d'une commune, les acteurs de
leur développement. De nombreuses capacités
d'auto-développement existent aujourd'hui dans chacune des trois
communes étudiées.
La volonté de transparence a conduit à associer
les populations à la mobilisation, à la gestion et au
contrôle des fonds. Partout, le principe de cofinancement a
été retenu et devrait être réuni par tous les
porteurs d'idées dont les projets étaient
sélectionnés avant le versement d'une quelconque contribution. De
plus, ceux-ci devraient avoir obligatoirement un compte pour recevoir les
subventions. A Tanghin-Dassouri, la gestion des fonds était
rigoureusement suivie par l'opérateur (l'AFVP), l'EAC et l'AF. Leur avis
était primordial pour le versement de la contribution totale promise
dans le cadre des conventions. L'AF qui était conduit par un agent
comptable suivait l'utilisation des fonds des bénéficiaires. Dans
la commune de Ziniaré, la gestion des ressources financières est
suivie par le CPCC et le forum départemental. La transparence est
entachée du fait que le CPCC est à la fois juge et partie.
L'opérateur n'a pas un droit de regard dans la gestion
financière. Néanmoins le principe de cofinancement permet une
meilleure responsabilisation des porteurs de projets. S'agissant de
l'expérience de coopération décentralisée entre les
communes de Chambéry et de Ouahigouya, la signature de convention, le
remplissage des fiches d'engagement et le contrôle technique et financier
d'un opérateur permet une gestion assez rigoureuse des fonds.
La gestion des ressources financières, au coeur de
nombreuses difficultés que traversent beaucoup de partenariats de
coopération décentralisée, apparaît assez
transparente à travers ces trois expériences. Cependant, des
efforts doivent être fais pour établir des
systèmes comptables fiables permettant à tous les acteurs de
mieux comprendre les procédures à suivre. Cela permettrait aux
bénéficiaires de capitaliser un savoir-faire en gestion
comptable. La contribution des trois expériences de
coopération décentralisée au renforcement des
capacités des acteurs locaux et au processus de développement
local s'apprécie différemment en fonction des
spécificités de chacune des trois communes. Ce faisant,
cette contribution est assez remarquable à Ouahigouya. Un projet
intitulé « structuration de la mairie de Ouahigouya» y a
été consacré. Il s'est traduit par le financement de
postes de travail, des formations au profit des conseillers municipaux et
des agents de la mairie, et l'équipement de la mairie en
matériels informatiques. Ce projet a profondément
amélioré la fonctionnalité de l'institution communale.
Le centre hospitalier régional de Ouahigouya a
bénéficié de dotations en
matériels et de formations au profit de ses agents et est
accompagné par l'hôpital de Chambéry. De même, des
associations reçoivent du soutien technique dans la mise en oeuvre de
leurs activités. Concernant Tanghin-Dassouri, la coopération
décentralisée avec le Conseil Général du Territoire
de Belfort soutient faiblement l'institution communale. Les agents de la mairie
ont reçu une formation en matière de gestion de l'état
civil. De plus, la mairie a été électrifiée et
équipée en ordinateurs. Ce faible appui découle du fait
que ce n'est qu'en 2006 que Tanghin Dassouri a été
érigée en commune rurale avec un exécutif élu.
S'agissant de la coopération décentralisée entre la
province de l'Oubritenga et le Conseil Régional du Limousin, il apporte
un soutien très faible aux renforcements des capacités du conseil
municipal. Et pourtant, la commune de Ziniaré a été la
seule de la province jusqu'en 2006. Cet appui aurait permis d'améliorer
sa fonctionnalité et cette expérience d'appui institutionnel
pourrait être un modèle pour les nouvelles communes rurales.
Dans le contexte institutionnel actuel, les conseils
municipaux sont les interlocuteurs privilégiés des partenaires de
coopération. Toutes les interventions doivent avoir la caution des
exécutifs élus avant d'être effectuées.
Néanmoins, il est souhaitable de s'appuyer sur les comités de
jumelage qui ont été pendant longtemps le fer de lance de la mise
en oeuvre de plusieurs initiatives et réalisations. C'est une grosse
interrogation de l'heure, dans la mesure où leur place dans le paysage
institutionnel actuel est progressivement mise en cause.
Il s'avère aussi important pour ces expériences
de coopération décentralisée de travailler en synergie
avec les autres partenaires au développement qui interviennent dans ces
communes (services déconcentrés, ONG, associations, groupements,
etc.). En effet, les interventions sont le plus souvent dirigées vers
les mêmes populations cibles; par conséquent, une concertation
rendrait les aides plus efficaces.
III-2. Les réalisations
Les trois expériences de coopération
décentralisée ont produit de nombreuses réalisations
d'ordre social et économique pour la plupart. De nombreuses
infrastructures éducatives, sanitaires et hydrauliques ont
été réalisées. Il y a eu également des
soutiens à des activités économiques locales (appui
à des activités agricoles et d'élevage, de commerce, de
transformation des produits locaux). A cela s'ajoutent des appuis
institutionnels par le biais de formations au profit des conseillers municipaux
et des agents des mairies, l'aide à
l'organisation des services communaux et le soutien en
équipements (informatiques et de bureau).
Ces réalisations répondent aux besoins des
populations et ont des impacts réels en termes d'amélioration des
conditions de vie et d'accès aux services sociaux de base.
Dans le domaine éducatif, les constructions
d'écoles, de salles de classes dans des lycées et des logements
pour enseignants ont permis une amélioration des conditions de travail
et de vie. De même, des correspondances scolaires ont favorisé un
renforcement des liens d'amitié entre des élèves
burkinabé et français et une ouverture sur la culture de l'autre.
A Tanghin-Dassouri, la construction de salle de classe a permis la
transformation du collège d'enseignement général en
lycée. Cette transformation a résolu en partie le problème
de déscolarisation des titulaires du Brevet d'Etude du Premier Cycle. En
effet, de nombreux abandons étaient observés fautes de ressources
et de logement à Ouagadougou.
Dans le volet sanitaire, l'impact des actions se
perçoit dans l'amélioration des conditions de soins et de travail
du personnel médical. Le soutien apporté aux structures de
santé a également permis l'accroissement de l'offre de soins et
de la fréquentation des structures sanitaires. Par exemple dans la
commune de Ouahigouya, la coopération hospitalière a permis un
relèvement du plateau technique médical permettant de ce fait une
meilleure prise en charge des malades. De plus, la construction d'un centre
médical au profit de l'association AMMIE permet un meilleur soutien des
personnes atteintes de SIDA. A Tanghin Dassouri, la construction d'une salle
d'hospitalisation de 8 chambres, d'une morgue, d'un centre de soin maternel et
infantile, d'un dépôt pharmaceutique ont permis aussi d'offrir des
soins de qualité aux patients.
Dans le volet hydraulique, la réalisation de nombreux
forages et puits a permis à des populations d'avoir accès
à l'eau potable en réduisant les distances entre les habitations
et les points d'eau; de plus, certaines de ces réalisations permettent
la pratique de la culture maraîchère. A Ouahigouya, le projet
«aménagement et mise en valeur de petits périmètres
maraîchers» a été à l'origine de la formation
de quelques femmes à la pratique du maraîchage (apprentissage au
repiquage de plants d'oignons).
Les actions de soutien à l'économie locale,
même si elles paraissent moins importantes ont occasionné via le
microcrédit ou des subventions, l'augmentation des revenus des
bénéficiaires. Dans la commune de Ziniaré, l'acquisition
de moulins à grain, de matériel pour la préparation de
«soumbala» et pour l'apiculture, le soutien accordé à
l'embouche ovine permettent aux promoteurs de subvenir mieux à leurs
besoins. A Ouahigouya, la construction d'une galerie marchande au profit de
l'association Bang N'Tum
a donné une meilleure visibilité aux
bénéficiaires, leur permettant de mieux vendre leurs produits. Il
y eut également l'appui au centre Baasnéré pour
améliorer sa production de mangues séchées dans le cadre
de son projet «les fruits de la solidarité». Cette
amélioration qualitative a permis l'exportation des produits vers
l'Europe. A cela, il faut ajouter le projet «petit commerce» de
l'association AFBO dont 15 femmes ont bénéficié de 25 000
FCFA chacune en 2007. Dans la commune de Tanghin-Dassouri, l'aide à la
construction du marché a permis de mieux valoriser le potentiel
économique de la dite localité.
L'appui institutionnel a un impact opérationnel par
l'accroissement de l'efficacité de la ressource humaine. Il permet aux
élus de mieux jouer leur rôle de coordination du
développement communal. Le recrutement de personnel par le biais d'un
financement dégressif à Ouahigouya a permis à la commune
de se doter de ressources humaines capables de l'aider dans la conception et
l'exécution des projets municipaux. La formation des agents de la mairie
dans la gestion de l'état civil et les nombreuses autres
réalisations (écoles, centre d'insertion pour des enfants en
difficulté etc.) permettent aux structures communales de répondre
à certaines préoccupations des citoyens.
Au-delà de ces réalisations, un accent
mérite d'être porté sur les possibilités
d'élargissement de l'assiette fiscale des communes. A cet effet, la
coopération décentralisée doit s'investir à la mise
en place de petites unités industrielles créatrices de valeur
ajoutée. Ce peut être le cas des laiteries, des unités de
conditionnement de miel et de transformation de produits maraîchers. Ces
petites unités industrielles, qu'elles soient sous la coupe de la
municipalité ou d'organisations de la société civile,
permettraient à la fois de lutter contre le chômage et de
valoriser les produits locaux par la création de richesses.
IV. Les recommandations et perspectives
Le nouvel environnement institutionnel au Burkina Faso
requiert de nouvelles dispositions en vue d'un développement harmonieux
des collectivités. A cet effet, il convient d'inscrire les
expériences de coopération décentralisée dans le
contexte du développement régional.
Aussi convient-il pour le cas de la commune de
Tanghin-Dassouri d'élargir son partenariat à l'ensemble de la
région du Centre en créant un partenariat entre cette
région et le Conseil Général du Territoire de Belfort. En
même temps, cette coopération doit être en synergie avec les
autres partenariats bâtis par les autres collectivités à
travers un Cadre
Régional de Coordination de la Coopération
Décentralisée (CRCCD). Ce cadre pourrait être un facteur
d'impulsion du développement régional et de partage harmonieux
des ressources générées par l'ensemble des
partenariats.
Pour la relation de coopération entre la Province de
l'Oubritenga et le Conseil Régional du Limousin, il serait
intéressant de penser à la mise en place d'une communauté
de communes ou de groupement d'intérêt public dans l'Oubritenga.
Cela devrait cependant se faire après que les nouvelles communes rurales
aient pu maîtriser le fonctionnement de base d'une collectivité
territoriale. La communauté des communes permettrait de mieux canaliser
les efforts de développement en évitant que chaque commune
veuille avoir toutes les infrastructures sur son territoire. Des communes
voisines pourraient réaliser des ouvrages d'utilité publique en
commun. Le Code Général des Collectivités Territorial
n'est pas encore précis sur la question. Pour les exemples
français, la communauté des communes est un établissement
public qui est régi par les règles de fonctionnement d'une
commune. Toutes les communes membres transfèrent une partie de leurs
compétences à la communauté de communes. Celles qui
doivent être obligatoirement transférées sont relatives
à l'éducation, au transport et à l'habitation. Celles dont
le transfert n'est pas obligatoire sont l'hygiène, la voirie
communautaire, la protection de l'environnement et la gestion des
équipements. Enfin celles dont le transfert est facultatif sont la
gestion de l'eau, le sport de haut niveau et la gestion des personnes
âgées. Toutes les communes ont des représentants au sein du
conseil de la communauté des communes. Le nombre de conseillers est
proportionnel au nombre d'habitants. Ce conseil est dirigé par un
président et possède des commissions qui fonctionnent par
thème. Il existe aussi des groupes de travail. Les objectifs de la
communauté des communes ne sont pas la somme des objectifs des communes
partenaires. Son intérêt prime sur celui des communes. (Tulard M.,
2006). La communauté des communes est donc un établissement
public qui dans le contexte burkinabé pourrait permettre une meilleure
répartition des ressources entre communes d'une même province ou
région.
Concernant la coopération décentralisée
entre les communes de Chambéry et Ouahigouya, il convient d'oeuvrer
à impliquer les nouveaux villages rattachés à la commune
de Ouahigouya dans la dynamique du partenariat. A cet effet, il faudra aider
les représentants villageois à postuler au financement de la
coopération en développant une stratégie de
communication.
Les conseils municipaux qui ont en charge désormais la
maîtrise d'ouvrage du développement des communes doivent
éviter de centraliser la dynamique de la coopération
décentralisée au sein de l'institution
communale. La coopération décentralisée doit rester
ouverte à tous les acteurs pour peu qu'ils respectent les
procédures définies par le partenariat. Elle doit
également se départir des luttes politiciennes qui mettent
souvent en mal les objectifs visés, les actions réalisées
étant présentées aux populations comme étant celles
d'un parti politique.
Pour l'ensemble des partenaires à la
coopération, il s'avère important de travailler à inscrire
désormais les budgets des partenariats dans les lignes
budgétaires des communes porteuses de ces dynamiques, pour favoriser une
meilleure visibilité et plus de transparence dans les gestion des fonds
de la coopération décentralisée.
Pour l'Etat burkinabé, il serait souhaitable de prendre
au plus tôt les directives qui s'imposent aujourd'hui, pour mieux cadrer
le champ de la coopération décentralisée car en dehors du
CGCT, il n'existe pas de texte clair en la matière. A cet effet, les
dispositions doivent être prises pour que la Commission Nationale de la
Coopération Décentralisée puisse jouer son rôle de
catalyseur de l'ensemble des dynamiques partenariales. Des textes clairs
doivent être adoptés pour préciser le rôle des
Comités Locaux de Jumelage dans le contexte de la communalisation
intégrale du territoire. Il serait nécessaire aussi de
créer un équilibre régional en termes de
coopération décentralisée. De ce fait, il faut
éviter qu'une région bénéficie de nombreux
jumelages par rapport aux autres quand on connaît l'importance des
ressources que ceux-ci peuvent générer.
Dans cet exercice, il est préférable que l'Etat
ne se mêle pas trop des actions de coopération
décentralisée. Il doit simplement baliser le terrain afin que ce
que certains acteurs considèrent comme la troisième source de
financement du développement local après celle de l'Etat et des
Organisations Non Gouvernementales, puisse servir à cela.
Les pratiques de coopération
décentralisée offre de réelles opportunités de
développement aux communes. Au moment où le Burkina Faso est
engagé dans un processus de communalisation intégrale, les bons
enseignements en la matière méritent d'être mis à la
disposition des différents acteurs du domaine.
Conclusion générale
L'analyse des expériences de coopération
décentralisée dans les communes de Ouahigouya, Tanghin-Dassouri
et Ziniaré a montré qu'elles contribuent au développement
de ces collectivités. Des réalisations socio-économiques
sont la preuve de la participation de ces partenariats à
l'amélioration des conditions de vie des populations.
Cependant, il ne faut pas oublier les efforts qui doivent
être faits en vue d'adapter toutes les interventions au contexte
institutionnel burkinabé. La mise en cohérence de toutes les
initiatives de développement à travers des cadres de concertation
serait plus efficace pour impulser le développement de ces communes.
En résumé, les trois hypothèses secondaires
émises se vérifient, à des degrés divers dans les
trois communes.
La première qui stipule que les populations et leurs
organisations ne sont pas impliquées dans les actions de jumelage
coopération s'est révélée fausse. Partout des
mécanismes permettent d'associer les citoyens aux actions de
coopération décentralisée. Néanmoins, il faut
reconnaître qu'à certain niveau, les points de vue des populations
influencent peu les prises de décisions.
La deuxième qui présume que la gestion des fonds
mobilisés pour des actions de jumelage coopération manque de
transparence du fait qu'ils ne sont pas inscrits dans des dispositifs
adaptés au financement du développement local s'est
avérée fausse. En effet, toutes ces expériences de
coopération possèdent des systèmes de mobilisation des
ressources basés sur le cofinancement et les subventions, une gestion et
un contrôle confiés aux comités de coordination
(opérateur, comité de pilotage).
Enfin la troisième qui soutient que les jumelages
coopération entretenus par les communes n'apportent pas d'aide aux
élus locaux en vue de renforcer leurs capacités de gestion
communale est confirmée à Ziniaré, partiellement
vérifiée à Tanghin Dassouri et infirmée à
Ouahigouya. Dans la commune de Ouahigouya, un projet est consacré
à la structuration de la mairie; à Tanghin Dassouri, l'appui
s'est résumé en dotation de matériels informatiques, en
électrification de la mairie et en formations des agents municipaux.
Dans la commune de Ziniaré, la coopération
décentralisée Limousin-Oubritenga n'a jusque-là pas
apporté d'aide spécifique à la mairie.
La coopération décentralisée peut
être un puissant moteur du développement local si les bonnes
expériences en la matière sont mises à la disposition des
différents acteurs. A cet
effet, toutes les interventions doivent se baser sur les
outils de planification locale que sont les Schémas Régionaux et
Provinciaux d'Aménagement du Territoire (SRAT et SPAT), les Plans
Communaux de Développement (PCD) et les Plans Villageois de
Développement (PVD). C'est en cela que la coopération
décentralisée sera un des moyens de rénovation de la
coopération internationale et un outil efficace pour soutenir le
processus de décentralisation des les pays où cette dynamique est
engagée.
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LISTE DES TABLEAUX
Tableau n° 1 : Les ONG intervenant dans la commune de
Ouahigouya 30
Tableau n°2 : Synthèse des engagements financiers par
domaines d'intervention 57
Tableau n°3: La liste exhaustive des projets validés
par le CPCC 63
Tableau n° 4 : L'inventaire des réalisations
physiques 64
Tableau n°5 : Les scores par axe et par commune 76
Tableau n°6 : Performances moyennes des expériences
de coopération décentralisée 78
LISTE DES CARTES
Carte n°1 : Situation des sites d'étude 16
Carte n°2 : Situation géographique de la commune de
Ouahigouya 18
Carte n°3 : Situation géographique de la commune de
Ziniaré 19
Carte n°4 : Situation géographique de la commune de
Tanghin Dassouri 20
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique n°1 : Récapitulatif des performances par
axe des trois expériences 77
Graphique n°2 : Performances moyennes des expériences
de coopération décentralisée 79
LISTE DES PHOTOS
Photo n°1 : Logement d'enseignant à Ziniaré
61
Photo n°2 : Vue du centre médical de l'association
AMMIE à Ouahigouya 62
Photo 01 : Matériel d'embouche ovine de l'association
Nabonswendé 62
Annexes
QUESTIONNAIRE ET GUIDE D'ENTRETIEN
Fiche d'enquête : population/membres CLJ/
associations
1-Connaissez-vous le CLJ ? OUI I NON
2-Avez-vous contribué à son installation ? OUI NON
3-Etes -vous au courant de ce qu'il fait ? OUI NON
4- Le CLJ mène t-elle des activités de
communication/information/animation? OUI NON
5-Contribuez-financièrement à son fonctionnement?
OUI NON
6-Etes -vous impliqué dans l'identification des
activités? OUI NON 7-participez-vous à la réalisation
d'infrastructures? OUI NON
8-Aviez-vous une idée des réalisations du CLJ? OUI
NON
9-Etes -vous associez à la gestion de ces
réalisations? OUI NON
10-Pensez-vous que les associations sont-elles impliquées
dans les actions du CLJ ? OUI
q NON
11-Les associations des jeunes et de femmes sont-elles
impliquées? OUI NON 12-Y a-t-il concertation entre toutes les couches
pour les prises de décision? OUI NON
13-Les réunions sont-elles tenues
régulièrement? OUI NON
14-les compte rendu des réunions sont- elles disponibles?
OUI NON 15-Quelles sont les modes de prise de décision du CLJ?
AG ? BE ?
16-Les contributions des membres sont-elles prises en compte par
le BE du CLJ? OUI NON
17- les contributions des associations de femmes/jeunes
sont-elles prises en compte ? OUI
q SV
18- Connaissez-vous le système de mobilisation
financière du CLJ?
OUI NON Si NON, pourquoi?
19-Connaissez-vous le système de gestion matériels
et financière du CLJ?
OUI NON Si NON, pourquoi?
20- Connaissez-vous le système de contrôle
financier?
OUI NON Si NON, pourquoi?
21-Existe-t-il un comité de gestion de matériel?
OUI NON
22-Existe-t-il un plan de financement local? OUI n NON n
23-Comment s'effectue l'établissement de ce plan?
24-Existe-t-il un plan local de développement?
Si OUI, comment a-t-il été
élaboré?
Si NON, pourquoi?
25-Existe-t-il un comité de pilotage municipal? OUI n NON
n
Si oui, quels sont ses rapports avec le CLJ?
26-Vous sentez-vous capable d'établir un Plan Communal de
Développement? OUI n NON n
27-Etes -vous en mesure d'être maître d'oeuvre
?/maître d'ouvrage? OUI n NON n 28-Y a-t-il de la compétence pour
gérer les infrastructures? OUI n NON n
29-Etes -vous satisfait de votre CLJ? BCP n PEU n PAS DU TOUT
n
30-Vos suggestions pour un fonctionnement efficace du CLJ.
GUIDE D'ENTRETIEN : conseillers municipaux
1-Avez -vous une connaissance du CLJ?
2-Recevez-vous des formations grâce au jumelage?
A- gestion financière
B- gestions administratives
C- gestion du patrimoine communal
D- établissement de PLD/PCD
3-Bénéficiez-vous d'échanges
d'expériences avec les élus des collectivités partenaires?
4-Existe-t-il des compagnonnages?
5-Bénéficiez-vous de dons en matériel
didactiques? 6-Avez des appuis dans la mise en oeuvre du PCD/PLD?
7-Les fonds mobilises par le jumelage font -ils parti du budget
communal?
8-Le jumelage contribue pour combien au budget communal?
9-Existe-t-il un comité de pilotage du jumelage?
10-Quelle perception aviez-vous du CLJ?
11-Etes-vous associé aux activités du CLJ?
12-Quelle place occupe le jumelage dans le développement
de votre commune?
13-Quels sont les rapports entre le conseil municipal et le
CLJ?
14-Avez-vous votre avis à donner concernant les
activités du CLJ?
15-Les ouvrages réalisés grâce au jumelage
aident-elles beaucoup la commune? 16-Pensez-vous que les citoyens de votre
commune sont impliqués dans des actions de jumelage?
OUI NON Si non, pourquoi?
Fiche d'enquête : services
administratifs
1-Quelle perception avez-vous du CLJ? BON ? ASSEZ BON ?
MAUVAIS
?
2-Quelle est votre perception du rôle du CLJ dans le
développement de la commune ? BON? ASSEZ BON ? MAUVAIS ?
3-Quels sont vos rapports avec le CLJ? BN? AB ? MV?
4-Le CLJ est-elle opérationnel selon-vous? OUI? NON ?
5-Quels sont ses atouts/ contraintes selon-vous?
6-Avez-vous une idée des réalisations faites
grâce au jumelage? OUI? NON?
7-Que pensez-vous de la gestion de ces ouvrages? BN? NON ?
8-Votre avis et suggestions pour une contribution efficace du
jumelage au développement de la commune.
GUIDE D'ENTRETIEN: Bureau CLJ
1- En quelle année a débuté le jumelage?
2- Quelles sont les personnes qui ont été à
l'origine de ce jumelage?
3- Comment il a été géré en ces
débuts?
4- Comment s'est opérée la mise en place d u
CLJ?
5- Toutes les couches de la société sont-elles
représentées?
6- Quelles sont les réalisations que le jumelage a
engendrées?
7- Quelles ont été les contributions du jumelage
au développement de votre localité?
8- Quelles sont vos relations avec les autres structures de
développement?
9- Aviez-vous aujourd'hui des acquis en matière de
planification et de maîtrise d'ouvrage?
10- Rencontrez-vous des difficultés dans la conduite de
votre jumelage?
11- Quels bilans faîtes-vous de ce jumelage?
12- Quelles sont vos perspectives?
GUIDE D'ENTRETIEN POUR L'ÉVALUATION DES ACTIONS DE
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
1- Le niveau d'implication des populations
Indicateurs/Score
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Implication des populations dans les prises de décisions
;
Représentativité des couches sociales ;
Formation/information/communication Nombres de membres.
|
Le jumelage ne concerne que le BE, les populations sont
très peu concernées.
|
Les actions de jumelage
concernent le BE, les élus locaux et quelques
populations
|
Le BE, les élus locaux, des services administratifs,
des associations et groupements et une partie de la population.
|
Le jumelage implique sans
exclusion toutes les structures intéressées ;
une grande partie des citoyens y est impliquée. Il y a toujours une
concertation entre le BE et la base
|
2-Le renforcement des capacités
Indicateurs/Score
|
|
|
1
|
|
|
2
|
3
|
4
|
Echanges d'expériences,
compagnonnage
|
Le jumelage
renforcement
|
ne des
|
participe capacités
|
pas des
|
au élus
|
Le jumelage permet des
dotations en matériels et des
|
Le jumelage participe à l'aide à la gestion du
patrimoine
|
Le jumelage contribue à
l'élaboration du PLD, sa mise
|
Formations
Aide à l'élaboration de PLD ou PCD ;
Réalisation d'infrastructures, dons de matériels.
|
locaux.
|
|
|
|
|
formations au profit des élus locaux.
|
communal ; il établit des
échanges entre élus du Nord et du Sud et
contribue au budget communal.
|
en oeuvre, et à son suivi et évaluation.
Les formations des élus sont régulières
en planification et maîtrise d'ouvrage.
|
3-La gestion des ressources
financières
Indicateurs/Score
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Fonds propres, cotisation
|
Les cotisations prévues dans
|
Les systèmes de
|
Les systèmes de mobilisation,
|
Il existe un plan local de
|
Subvention/convention
|
le RI sont peu respectées ;
|
mobilisation, de gestion et
|
de gestion et de contrôle sont
|
financement ; les fonds
|
Système mobilisation/gestion
|
Le système de gestion et de
|
de contrôle existent;
|
fonctionnels et assez efficace.
|
mobilisés contribuent au budget
|
Système de contrôle
|
contrôle manque de
|
seulement leur fonctionnalité
|
Le CLJ mobilise au moins 75%
|
communal.
|
Cofinancement, les montants
|
transparence.
|
n'est pas efficace.
|
du co-financement.
|
Les pièces justificatives des
|
mobilisés ces dernières années
|
Le CLJ mobilise moins de
|
Le CLJ mobilise moins de
|
Les trésoriers ont besoin
|
recettes et dépenses existent.
|
Transparence de la gestion financière et
matérielle
|
25% du co-financement.
|
50% du co-financement.
|
d'appui conseil.
|
|
4-La planification et la maîtrise
d'ouvrage
Indicateurs/Score
|
1
|
2
|
3
|
4
|
PLD ou PCD et de PA
|
Le CLJ n'a ni PLD ni
|
Le CLJ a un PLD grâce aux
|
Le CLJ a un PLD et des PA. Il a
|
Le PLD et les PA existent et
|
Compétence locale de conception
|
participé à l'élaboration
|
partenaires. Les activités du
|
besoin d'appui pour le
|
sont évalués. Les activités sont
|
d'exécution et suivi- évaluation ;
|
d'un PLD. Il n'a pas les
|
PA sont réalisées à 50%. Il
|
renouvellement du PLD. Les
|
réalisées à plus de 75%. Le CLJ
|
Nombres de réalisations ;
|
compétences pour le faire.
|
existe un suivi- évaluation à
|
activités sont réalisées à 75%.Le
|
fait son suivi évaluation sans
|
Situation des infrastructures des
|
Les activités du PA sont
|
la demande des partenaires.
|
CLJ fait son propre suivi -
|
assistance.
|
années après ; accès aux
infrastructures/conditions d'accès
|
exécutés à 25%
|
|
évaluation avec appui conseil.
|
|
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE 2
DEDICACE 4
REMERCIEMENT 5
RESUMÉ 6
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS 7
INTRODUCTION GÉNÉRALE 9
1. LA PROBLEMATIQUE 11
2. LES HYPOTHESES DE RECHERCHE 11
3. LES OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 12
4. LA METHODOLOGIE 12
4.1. L'ECHANTILLONNAGE SPATIAL 13
4.2. L'ECHANTILLONNAGE DEMOGRAPHIQUE 13
4.3. LE TRAITEMENT ET L'ANALYSE DES DONNEES 14
4.4. LES DIFFICULTES RENCONTREES 14
PREMIERE PARTIE : LE CADRE DE L'ETUDE 15
CHAPITRE I : LES DONNÉES HUMAINES, LES CONTRAINTES
ET 17
POTENTIALITÉS DU MILIEU 17
I- LA PRESENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE
17
I-1- LA COMMUNE DE OUAHIGOUYA 17
I-2- LA COMMUNE DE ZINIARE 17
I-3. LA COMMUNE DE TANGHIN DASSOURI 19
II. LES CARACTÉRISTIQUES DU MILIEU HUMAIN
20
II-1. L'ORGANISATION SOCIALE 20
II-1.1. L'historique du peuplement 21
II-1.2. Les caractéristiques démographiques 21
II-1.3. Les activités socio-économiques 22
II-1.3.1. L'agriculture 22
II-1.3.2. L'élevage 23
II-1.3.3. Le secteur informel 24
II-2. L'ORGANISATION POLITIQUE 24
II-2.1. L'organisation politique traditionnelle 24
II-2.2. L'organisation politique moderne 25
III. LES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT LOCAL
26
III-1. LES ACTEURS DE LA COMMUNE DE OUAHIGOUYA 26
III-2. Les acteurs de la commune de Ziniaré 27
III-3. LES ACTEURS DE LA COMMUNE DE TANGHIN DASSOURI 28
IV. LES CONTRAINTES ET POTENTIALITÉS
31
IV-1. LA PLUVIOMETRIE 31
IV-2. LES SOLS ET LA VEGETATION 31
IV-3. L'HYDROGRAPHIE 32
CHAPITRE II : LES CONCEPTS ET LES ENJEUX DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
34
I. L'HISTORIQUE ET L'ÉVOLUTION DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE 34
I-1. DE 1967 A LA FIN DES ANNEES 1980 34
I-2. LES ANNEES 1990 35
II. LES CONCEPTS DE LA COOPÉRATION
DÉCENTRALISÉE 36
II-1. LA CONCEPTION FRANÇAISE 36
II-2. LA CONCEPTION EUROPEENNE 37
II-3. LA DEFINITION BURKINABE 38
II-3.1. Le jumelage 38
II-3.2. L'entente 39
II-3.3. Les groupements d'intérêt public 40
II-3.4. La communauté des communes 40
II-3.5. Les structures de concertation et de coopération
40
III. LES ENJEUX ET LES INSUFFISANCES DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE 41
III-1 LES ENJEUX 41
III-1.1 L'appui à la décentralisation 41
III-1.2. Les mesures d'orientation 42
III-1-3. Le développement local 43
III-1-4 La lutte contre la pauvreté 43
III-2 LES INSUFFISANCES 44
IV- LES DOMAINES D'INTERVENTION DE LA COOPERATION
DECENTRALISEE 45
DEUXIEME PARTIE : LES EXPÉRIENCES DE
COOPÉRATION DÉCENTRALISEE 48
CHAPITRE III : DES APPROCHES DIFFÉRENTES DE
COOPÉRATION DECENTRALISÉE 49
I -LES HISTORIQUES, LES OBJECTIFS 49
I-1 LES HISTORIQUES 49
I-2 LES OBJECTIFS 50
II LES DEMARCHES D'INTERVENTION 52
II-1 LA COOPÉRATION CHAMBERY-OUAHIGOUYA 52
II-2 LA COOPÉRATION DECENTRALISEE LIMOUSIN-OUBRITENGA
53
II-3 LA COOPÉRATION TERRITOIRE DE BELFORT-TANGHIN DASSOURI
54
III- LE FINANCEMENT, LES RÉALISATIONS ET LE POINT
DE VUE DES ACTEURS 55
III-1. LE FINANCEMENT ET LE SUIVI DES ACTIONS 55
III-1-1- Dans la commune de Ouahigouya 55
III-1-2- Dans la commune de Ziniaré 58
III-1-3- Dans la commune de Tanghin Dassouri 58
III-2- LES RÉALISATIONS 59
III-2-1- Les réalisations physiques et leur gestion 60
III-2-2- Le renforcement des capacités 65
III-2-2-1- L'appui institutionnel 65
III-2-2-2- Le soutien aux organisations de la
société civile 67
IV LES POINTS DE VUE DES ACTEURS 68
IV-1- CONCERNANT LES STRATEGIES D'INTERVENTION 69
IV-2- CONCERNANT LA GESTION DES FONDS 71
IV-3 CONCERNANT LA PERTINENCE DES INVESTISSEMENTS 72
IV-4- CONCERNANT L'IMPORTANCE DES APPUIS 74
CHAPITRE IV : LES ENSEIGNEMENTS ET LES PERSPECTIVES DE LA
COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE 75
I- LES POTENTIALITÉS DES TROIS EXPÉRIENCES
DE COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE 75
II. LA COOPERATION SUD/SUD ET LES ACTIONS DES
COLLECTIVITES DU NORD 79
II-1 LA COOPÉRATION SUD/SUD 79
II-2. LES ACTIONS MENÉES AU NORD PAR CHAMBERY, LIMOUSIN
ET BELFORT 80
III. LES DEMARCHES D'INTERVENTION ET LES
RÉALISATIONS 81
III-1. LES DEMARCHES D'INTERVENTION 81
III-2. LES RÉALISATIONS 83
IV. LES RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES 85
CONCLUSION GÉNÉRALE 88
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 90
LISTE DES TABLEAUX 96
LISTE DES CARTES 96
LISTE DES GRAPHIQUES 96
LISTE DES PHOTOS 96
ANNEXES 97
QUESTIONNAIRE ET GUIDE D'ENTRETIEN 98
TABLE DES MATIERES 104
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