3.3.1.1 Espérance de vie à la naissance
L'espérance de vie à la naissance est
l'indicateur le plus utilisé dans les comparaisons internationales en
général et dans le calcul des indicateurs de développement
humain en particulier. Il représente la dimension
longévité. L'estimation de cet indicateur est basée sur la
table de mortalité abrégée (voir la méthodologie en
annexe 2). Compte tenu de l'indisponibilité de statistiques sur les
tables de mortalité par départements et cela en raison du fait
que la mortalité est un phénomène rare et donc n'est pas
bien suivi par notre appareil statistique, l'utilisation de l'espérance
de vie à la naissance pour quantifier la dimension
longévité s'est avéré impossible : une variable
Proxy a été proposée en lieu et place de cet indicateur,
c'est la probabilité se survie durant l'intervalle d'âge [0, 1].
Le choix de cette variable est justifié comme suit :
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
La raison est relative à la relation qui existe entre
l'espérance de vie à la naissance et le taux de mortalité
infantile. En effet, Steve Hunt dans son étude
intitulé «espérance de vie et santé« a
montré que L'espérance de vie est peu élevée dans
les pays en développement en raison du haut taux de mortalité
infantile, qui constitue 40% de tous les décès. De plus, il
existe une relation entre la probabilité de survie durant l'intervalle
d'âge [0, 1] et le taux de mortalité infantile. En utilisant les
mêmes notations que l'annexe 2 on a la relation suivante entre la
probabilité de survivre durant l'intervalle [0, 1] et le taux de
mortalité :
nM i
p i 1 q i n
= - = -
1
n n 1 [ (1 ) ]
i i
+ -
n a M
n n
Ainsi en menant une politique visant à améliorer
la probabilité de survivre durant l'intervalle [0, 1], ou encore le taux
de mortalité infantile, l'espérance de vie à la naissance
va augmente. La source statistique utile pour le calcul de cet indicateur est
le RASS.
3.3.1.2. Taux d'alphabétisation des adultes (TAA)
Le taux d'alphabétisation des adultes se définit
comme étant le pourcentage des personnes âgées de 15 ans et
plus qui peuvent, en le comprenant, lire et écrire un texte simple et
court sur leur vie quotidienne dans une langue quelconque. Le problème
posé par l'estimation de cet indicateur est la mesure de l'aptitude
à lire et à écrire lors des collectes Le Taux
d'alphabétisation des adultes est évalué selon la formule
suivante :
TAA
Population de ans et plus qui ne sait ni lire ni
écrire
15
Population de ans et plus
15
L'analyse des données disponibles et utiles (à
partir du RGPH et de la carte de pauvreté non monétaire) pour le
calcul du taux d'alphabétisation des adultes permet d'affirmer qu'il est
désagrégeable au niveau départemental et même selon
les milieux urbains et ruraux.
3.3.1.3. Taux brut de scolarisation combiné (TBSC)
Le taux brut de scolarisation combiné calculé
par le PNUD se définie comme étant le nombre de personnes (y
compris adultes) scolarisées dans les trois cycles de l'enseignement
exprimé en pourcentage de la population totale des personnes de 6
à 24 ans compris. La désagrégation de Cet indicateur par
département soulève deux problèmes fondamentaux :
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
Le premier est relatif à la superposition entre les
directions régionales des ministères en charge de
l'éducation de base et de l'enseignement technique et le
découpage administratif de la côte d'ivoire. En effet les
directions régionales des ministères en charge de
l'éducation de base et de l'enseignement technique ne coïncident
pas avec les départements. Il faut donc réorganiser les
statistiques de ces ministères de sorte à les regrouper par
départements et non par directions régionales.
Le second problème se situe à l'enseignement
supérieur. En effet l'enseignement supérieur en côte
d'ivoire n'est pas organisé selon le découpage administratif. A
l'origine, il existait une seule université appelée
université nationale de côte d'ivoire (UNCI). Le
développement du secteur de l'éducation et de la formation a
amené l'Etat à décentraliser l'enseignement
supérieur. En 2000 - 2001, l'enseignement supérieur compte trois
universités, deux URES rattachées à ces trois
universités, quatre grandes écoles publiques quatre
universités privées et cent établissements privés
dont 83 préparent aux BTS et 17 délivrent des diplômes dits
école. Partant du fait que le système de l'enseignement
supérieur ne suit pas le découpage administratif, certains
départements risquent de se retrouver sans effectif dans le
supérieur alors qu'en raisonnant en terme de développement humain
certains étudiants ressortissants de ces départements pourraient
contribuer au développement (développement humain) de ces
départements. Face à cela, une clé de répartition
de l'effectif au supérieur a été définie : les
effectifs des admis au baccalauréat (taux de réussite). Etant
donné que l'effectif au supérieur est le fait de la population de
18 à 24 ans, on utilisera les effectifs des admis au baccalauréat
sur les six dernières années (24-18=6) comme clé de
répartition. Une correction par les effectifs des non admis au
baccalauréat et qui s'inscrivent dans les grandes écoles pourra
être envisagé au niveau de la répartition étant
donné que la population au supérieur n'est pas seulement le fait
des élèves ayant réussit au baccalauréat.
Les statistiques nécessaires pour calculer le TBSC sont
disponibles dans les ministères de l'éducation de base et de
l'enseignement supérieur.
3.3.1.4. Produit intérieur brut par habitant en
parité de pouvoir d'achat (PIB/habitant)
Répartition du FIB par département
Le PIB (produit intérieur brut) est un agrégat
macroéconomique calculé habituellement pour rendre compte de la
richesse d'un pays. Dans le cadre de l'étude, il y a lieu de
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
désagréger cet agrégat au niveau des
départements. La méthode de désagrégation consiste
à répartir le PIB national exprimé en parité de
pouvoir d'achat selon le revenu des ménages. Pour l'estimation de ce
revenu, on fait l'hypothèse que le revenu des ménages est
sensiblement égal aux dépenses de consommation des
ménages. Cette hypothèse est justifiée par deux
principales raisons :
o Lors de la collecte des données, les ménages ont
tendance à sous évaluer leurs revenus et à bien
déclarer leurs dépenses de consommation.
o Les revenus des ménages étant
généralement bas dans les pays en développement,
ceux-ci ont tendance à consommer tous leurs revenus sans
dégager d'épargne.
En un mot, on pourrait dire que le PIB est réparti selon
les dépenses de consommation des ménages.
Le choix des dépenses de consommation des
ménages comme clé de répartition du PIB est
justifiée par le fait qu'en se plaçant dans l'optique demande de
calcul du PIB, on se rend compte que sur la période de 1990 à
1999, les dépenses de consommation des ménages ont
contribué en moyenne à plus de 65% du PIB (voir tableau 5 en
annexe3).
L'utilisation des dépenses de consommation des
ménages comme clé de répartition du PIB
Cette méthode peut s'avérer inefficace pour
certains départements. En effet elle peut conduire soit à une
surestimation soit à une sous-estimation du niveau de richesse
généré par ces départements dans la mesure
où les ménages vivant dans ces départements peuvent
être soit de gros consommateurs sans produire beaucoup soit de grands
producteurs sans consommer une grande quantité de leurs productions. De
ce constat, le critère de désagrégation choisi à
savoir les dépenses de consommation sera corrigé par la
production agricole d'exportation pour prendre en compte ces
spécificités.
L'enquête niveau de vie (ENV) et le RNA ou l'annuaire
statistique agricole fournissent respectivement les dépenses de
consommations des ménages et les productions agricoles d'exportation.
Calcul des revenus estimés du travail des femmes et
des hommes.
Les revenus estimés du travail des hommes et des femmes
sont les indicateurs utilisés pour représenter la dimension
niveau de vie décent dans le calcul de l'ISDH.
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
La procédure de calcul se fait en deux étapes :
Etape 1 : Calcul de la part des femmes dans les revenus
salariaux (faute de données sur les autres revenus du travail)
Il s'agit à cette étape d'estimer quelle est la
part des femmes (et par complément celle des hommes) dans l'ensemble des
salaires versés dans l'économie. Comme ce chiffre est rarement
disponible directement, on l'estime indirectement en partant d'un chiffre plus
souvent disponible : le rapport Rs =Sf/Sh du salaire moyen non
agricole11 des femmes à celui des hommes. On doit tenir
compte de la proportion relative de femmes et d'hommes qui ont un emploi
salarié, ce que le PNUD estime, faute de mieux, sur la base du
pourcentage de femmes et d'hommes dans la population active (noté
respectivement Pf et Ph).
Au total, la part des femmes dans l'ensemble des revenus
salariaux est estimée par la formule suivante :
(Sf*Nf)/ (Sf*Nf+Sh*Nh) où Nf etNh désignent
respectivement le nombre de femmes et d'hommes en activité.
Cette formule est équivalente à la suivante :
(Rs*Pf) / [(Rs*Pf) +Ph].
En absence d'informations sur Rs on utilise 75%.
Etape 2 : Calcul de la valeur monétaire du revenu
du travail des femmes et des hommes
Cette étape consiste à calculer la valeur
monétaire du revenu moyen du travail des femmes et des hommes dans un
département. L'hypothèse qui fonde ce calcul est la suivante : on
convient que la part des femmes dans les revenus salariaux est égale
à leur part dans le PIB (étant attendu que le PIB est un
agrégat de revenu). Cela revient à admettre que les revenus non
salariaux qui figurent dans la richesse nationale (au sens du PIB) se
répartissent entre les sexes dans la même proportion que les
revenus salariaux, proportion estimée au cours de la première
étape.
Le principe de calcul est assez simple : le revenu
estimé par personne du travail des femmes est la part du PIB total qui
revient aux femmes (selon la convention précédente),
11 Dans le secteur non agricole, pour des raisons
pratiques
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
divisée par la population féminine. Et de
même pour les hommes. Ces deux revenus sont les équivalents
sexués du PIB par habitant, indicateur indifférent au genre. La
formule qui résume ce calcul est la suivante :
Revenu estimé du travail des femmes (Rf)=PIB*part des
femmes dans les salaires/population féminine.
3.3.2. Indicateur de la pauvreté humaine (IPH)
3.3.2.1. Probabilité, à la naissance de ne pas
atteindre 40 ans ( P? 40 )
Le calcul de cet indicateur nécessite les statistiques
de mortalité. Ces statistiques n'étant pas bien suivies par
l'appareil statistique Ivoirien, il apparaît quasiment impossible de
l'estimer. De ce fait, une variable Proxy est proposée en lieu et place
de cet indicateur : c'est la probabilité de décéder entre
0 et 5 ans.
Le choix de cet indicateur est justifié comme suit:
La mortalité des enfants de moins de 5 ans étant
élevée dans les pays en développement12, on
peut affirmer que le risque de décès de l'enfant est plus
élevé durant les 5 premières années de son
existence et que plus ce risque est élevé moins il a des chances
de vivre pendant 40 années. Ainsi le risque de ne pas atteindre 40 ans
à la naissance, est d'autant plus élevé que le risque de
ne pas atteindre 5 ans à la naissance est élevé. Le risque
de décès entre 5 et 40 ans étant toutes choses
égales par ailleurs faible.
Cet argument conduisent à utiliser la probabilité
à la naissance de ne pas atteindre 5 ans plutôt que la
probabilité à la naissance de ne pas atteindre 40 ans
L'indicateur « probabilité à la
naissance de ne pas atteindre 5 ans » peut être
estimé à partir du taux de mortalité de la classe
d'âge [0, 5] à l'aide de la formule de passage du taux de
mortalité au quotient de mortalité entre les âges 0 et 5
ans ou à la probabilité de décéder
12 Selon les Nations Unies (Cf. objectifs du millénaire
pour le développement rapport 2005 page 18) près de 11 millions
d'enfants meurent chaque année (c'est-à-dire 30 000 par jour)
avant d'atteindre l'âge de 5 ans. Ils vivent pour la plupart dans des
pays en développement et meurent d'une maladie ou d'un ensemble de
maladies qui auraient pu être prévenues ou guéries à
peu de frais avec les moyens dont on dispose déjà. Parfois, ces
décès sont dus simplement au manque d'antibiotiques pour soigner
une pneumonie, ou de sels de réhydratation pour mettre fin à une
diarrhée. La malnutrition est présente dans plus de la
moitié des cas.
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
entre 0 et 5 ans. Les statistiques concernant le taux de
mortalité de la classe [0, 5] sont disponibles dans le RASS.
|