2.1.3. Mesure du développement humain durable
L'une des méthodes de mesure du développement
humain durable les plus courantes consiste à recenser et
sélectionner un certain nombre d'indicateurs pour chacune des trois
dimensions : économique, environnementale et sociale. La Commission
Européenne (CE), entre autres organisations, ont compilé une
batterie d'indicateurs pour suivre les tendances du développement humain
durable.
En marge des organisations internationales, de nombreux pays
et groupes de pays ont élaboré des séries d'indicateurs
pour suivre le processus de développement humain durable. Une approche
assez voisine consiste à développer des séries
réduites d'indicateurs « fondamentaux » ou « phares
», plus accessibles et plus faciles à appréhender. L'OCDE
par
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
exemple a proposé une série limitée
d'indicateurs phares du développement humain permettant de
déterminer rapidement si l'on préserve son patrimoine et
satisfait ses besoins actuels de manière durable (voir encadré ci
dessous)
Encadré : Indicateurs fondamentaux du développement
humain durable de l'OCDE
Thème Indicateurs
Indicateurs des ressources : Préservons- nous
notre bas d'actifs ?
Actifs environnementaux
Qualité de l'air Indice d'émission de gaz à
effet de serre (GES) et émission de CO2
Emission de NOX
Ressources en eau Indice de l'utilisation de l'eau
Ressources énergétiques Consommation de ressources
énergétiques
Biodiversité Superficie des zones protégées
en proportion de la superficie totale
Actifs économiques
Actifs produits Volume du stock de capital net
Actifs de R-D Taux de croissance de la productivité
multifactorielle
Actifs financiers Actifs étrangers nets et balance des
opérations courantes
Capital humain
Stock de capital humain Proportion de la population
diplômée du second cycle du secondaire
de l'enseignement supérieur
Investissement dans le
capital humain Dépenses d'éducation
Dépréciation du capital
Humain Taux et niveau de chômage
Indicateurs de résultats : satisfaisons nous
nos besoins actuels ? Consommation Dépense de consommation
finale des ménages
Intensité de production des déchets urbains
Distribution de revenu Coefficient de Gini
Santé espérance de vie à la naissance
Qualité de l'air en ville
Statut professionnel/ emploi Rapport emploi/population
Education Taux de scolarisation
Sources : OCDE (2001), Développement
durable, les grandes questions
Ces séries réduites d'indicateurs du
développement humain durable ont à la fois des avantages et des
inconvénients. La combinaison d'indicateurs de différentes
disciplines permet de communiquer simplement sur les aspects essentiels du
développement humain durable. Cependant, ces séries d'indicateurs
sont conçues non pas pour tracer un tableau complet des relations socio
économico environnementales, mais pour rendre compte des principales
tendances et pour attirer l'attention sur certains problèmes.
A côté de ces séries réduites
d'indicateurs, on a également les indicateurs composites du
développement humain du PNUD :
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
+ L'indicateur de développement humain (IDH) : c'est un
outil synthétique de mesure du développement humain durable. Il
chiffre le niveau moyen atteint par un pays donné sous trois aspects
essentiels : l'aptitude à vivre longtemps et en bonne santé,
représenté par l'espérance de vie à la naissance,
l'instruction et l'accès au savoir, représentée par le
taux d'alphabétisation des adultes et par le taux brut de scolarisation,
tous niveaux confondus, et la possibilité de bénéficier
d'un niveau de vie décent, représenté par le PIB par
habitant (en parité de pouvoir d'achat).
+ L'indicateur de la pauvreté humaine pour les pays en
développement (IPH) : Alors que l'IDH mesure le niveau moyen atteint par
un pays donné, l'IPH s'attache aux carences ou manques observables dans
les trois dimensions fondamentales déjà pris en compte par l'IDH
: l'aptitude à Vivre longtemps et en bonne santé
représenté par le risque de décéder à un age
relativement précoce, et exprimé par la probabilité,
à la naissance, de ne pas atteindre 40 ans, l'instruction et
l'accès au savoir représenté par l'exclusion du monde de
la lecture et des communications, et exprimé par le taux
d'analphabétisation des adultes, et la possibilité de
bénéficier d'un niveau de vie décent
représenté par l'impossibilité d'accéder à
ce que procure l'économie dans son ensemble, et exprimée par le
pourcentage de la population privée d'accès à des points
d'eau aménagés et par le pourcentage d'enfants de moins de cinq
ans soufrant d'insuffisance pondérale
+ L'indicateur sexospécifique du développement
humain (ISDH) : Tout comme l'IDH, l'ISDH mesure le niveau moyen de
développement d'un pays en le corrigeant pour refléter les
inégalités sociologiques entre femmes et hommes sous les
même aspects pris en compte pour le calcul de l'IDH : l'aptitude à
vivre longtemps et en bonne santé, l'instruction et l'accès au
savoir et la possibilité de bénéficier d'un niveau de vie
décent
+ L'indicateur de la participation des femmes (IPF): C'est un
indicateur qui se concentre sur les opportunités qui s'offrent aux
femmes plutôt que sur les capacités qui sont les leurs. Il
s'attache aux inégalités femmes-hommes dans trois domaines
essentiels : la Participation et pouvoir décisionnaire dans la
sphère politique, exprimés par la
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
répartition des sièges de parlementaires entre
hommes et femmes, la Participation et pouvoir décisionnaire dans
l'économie, exprimées par deux éléments :
pourcentages respectifs d'hommes et de femmes occupant, d'une part, des
fonctions de représentation parlementaire, de direction et d'encadrement
et d'autre par des fonctions techniques, et la maîtrise des ressources
économiques, mesurée par la part masculine et féminine du
revenu estimé du travail (PPA).
Dans la suite de l'étude, nous allons nous
intéressé uniquement qu'aux indicateurs composites de
développement humain du PNUD dont une présentation
détaillée sera faite dans la section suivante.
2.2. Présentation des indicateurs de
développement humain.
Cette section présente d'abord les indicateurs composites
du développement humain tant sur le plan théorique que
méthodologique. Puis elle expose quelques limites de l'IDH.
2.2.1 Aperçu théorique et méthodologie
pratique de calcul des indicateurs composites de développement humain
2.2.1.1. Aperçu théorique : étapes de
construction d'un indicateur
Les différentes étapes
:
Les différentes étapes de la construction
d'indicateurs identifiées par Lazarsfeld10 sont
schématisées dans la figure suivante :
10 Paul falix LAZARFELD (1901-1976) Ph.D en
mathématique appliquée, particulièrement reconnu pour
l'importance de ses travaux sur l'utilisation des techniques d'enquêtes
pour la collecte d'informations
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
Figure 2 : Du concept aux indices
Concept
Analyse conceptuelle, modèle conceptuel
Dimensions
Identification et sélection des variables
Mesure (échelle, temporalité)
Indicateurs
Pondération
Agrégation
Indice
Sources : IDDRI
Du concept aux dimensions : La
première étape consiste à identifier les
différentes dimensions qui constituent le concept, sachant que ceux-ci
sont toujours multidimensionnels. La notion de pauvreté, par exemple,
recouvre une dimension matérielle, mais aussi une dimension sociale
(exclusion, marginalisation) et une dimension culturelle (niveau
d'éducation, moyens d'expression). La dimension matérielle
elle-même est multiple ; elle comporte des éléments
financiers (revenu, niveau d'endettement, charges) et non financiers
(santé, logement, droits). Chacune de ses dimensions matérielles
est elle-même plus ou moins composite. Le revenu, par exemple, peut
être monétaire ou non. Par ailleurs, outre le niveau de revenu
à un moment donné, ce qui importe parfois davantage est le
caractère régulier ou au contraire précaire de celui-ci
Des dimensions aux indicateurs : les
différentes dimensions sont ensuite décomposées en
variables dont certaines seront retenues eu titre d'indicateur, soit parce
qu'elles paraissent particulièrement pertinentes soit parce qu'elles se
prêtent plus aisément à la mesure. Si la sélection
des indicateurs s'appuie souvent sur une appréciation des contraintes
d'observations et de mesure, elle comporte néanmoins toujours des
éléments théoriques. Par exemple, toujours à propos
de la pauvreté, il s'agit d'une question théorique qui va
conditionner la nature de l'indicateur de revenu, à savoir : la
pauvreté est-elle une réalité absolue ou relative ?
Autrement dit, faut-il considérer comme pauvre celui qui ne dispose pas
du minimum de revenu nécessaire pour couvrir des besoins jugés
essentiels ou celui qui a significativement moins que les autres ? Dans le
premier cas, il faudra fixer un seuil de pauvreté en calculant les
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
sommes nécessaires pour couvrir les besoins
jugés essentiels, qui devront être définis au
préalable. Dans le second cas, il faudra fixer un niveau de
référence et un écart par rapport à celui-ci et
définir l'échelle appropriée pou mesurer le
phénomène.
Des indicateurs aux mesures : Une
fois définis les indicateurs, ceux-ci doivent faire l'objet de mesures.
Il reste alors à décider à quel niveau de
précision, d'exactitude, d'échelle spatiale et temporelle, ainsi
que dans quelles unités, les effectuer. Le plus souvent, les indicateurs
n'auront pas le même degré de précision et ne seront
même pas mesurés dans des unités semblables, ce qui
complique évidemment le processus d'agrégation des mesures en un
indice synthétique. Ainsi, le concept e statut social,
opérationnalisé par des indicateurs tels que le durée de
la solidarité, le niveau d'éducation, le revenu et la profession,
mêle des informations de type quantitatif pur (le revenu), semi
quantitatif (niveau éducatif) et qualitatif pur ( la profession). Il en
résulte qu'il v'avère souvent nécessaire de ramener les
unités et échelles de mesures au niveau le plus
élémentaire et le moins exigeant avec tout ce que cela implique
en termes de perte d'information.
Des mesures à l'indice : La
dernière opération, indispensable dans le contexte de
l'opérationnalisation en vue du test empirique d'un concept
scientifique, consiste à agréger les différents
indicateurs en un indice synthétique. Seul ce dernier est
considéré comme signifiant ; les indicateurs de base n'ayant pas
de sens individuellement et ne constituant que les pièces d'un puzzle,
dont seul le tout est significatif. Or, comme on déjà
évoqué, pour être agréger, les indicateurs doivent
pouvoir être exprimés dans une unité commune. C'est
évidemment le cas pour les indicateurs monétaires comme le PIB,
l'indice des prix, etc. Mais, en l'absence d'une unité commune naturelle
tell que la monnaie, les différents indicateurs doivent être
normalisés.
La normalisation
La normalisation peut se définir comme étant la
mise en application d'un ensemble de règles et de spécifications
(normes) ayant pour objet d'unifier les unités de mesure. Il existe
plusieurs méthodes de normalisation, dont aucune n'est pleinement
satisfaisante :
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
· La normalisation statistique : Elle consiste à
exprimer toutes les valeurs en écarts types, après avoir
transformé les variables de sorte que leur moyenne soit égale
à zéro. C'est le type de normalisation effectuée
préalablement à de nombreuses modélisations statistiques
mais qui s'avère malheureusement inapplicable dans le contexte des
indicateurs puisque chaque nouvelle observation implique un nouveau calcul de
la moyenne suivie d'une nouvelle normalisation
· La normalisation empirique : Pour être plus
précis, il faudrait parler ici des normalisations empiriques au pluriel
dans la mesure où différentes techniques peuvent être
utilisées. Une des plus courantes consiste à prendre comme base
de calcul une année de référence (par exemple
l'année de début de la chronique statistique) et à
exprimer toutes les valeurs subséquentes en pourcentage de variation par
rapport à cette valeur initiale. Cette approche se prête bien
à une analyse en termes de progrès ou de régression par
rapport à une situation initiale. Une autre méthode consiste
à donner la valeur 0 (min) à l'observation
considérée comme la plus mauvaise et 1 (ou 10 ou 100) à
celle qui correspond au meilleur score (max). Toutes les valeurs
intermédiaires sont alors calculées selon la formule suivante
:
Y=(X - Min) / (Max - Min)
Afin de rester dans les limites d'une échelle allant
de 0 à 1 (ou 10, 100...). Le problème principal de ce type de
normalisation est la variabilité des bornes minimale et maximale. Il
suffit qu'une nouvelle observation déborde, vers le bas ou vers le haut,
l'échelle des valeurs observées jusque là pour qu'une
renormalisation de l'ensemble des variables soit nécessaire sous peine
de voir les nouvelles observations sortir de l'intervalle fixé.
· La normalisation axiologique : la façon de
procéder est identique à la normalisation empirique avec bornes
min et max, à cette différence près que les bornes ne sont
pas dictées par la base de données (valeurs observées)
mais sont choisies en fonction du contexte d'action ou d'évaluation, la
situation dont on veut s'éloigner se voyant attribuer la valeur 0 et
celle que l'on considère comme l'idéal à atteindre (qui
peut ou non correspondre à un objectif stratégique) recevant la
valeur 1.
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
· La normalisation mathématique : cette
normalisation consiste à appliquer aux données une transformation
(fonction) mathématique qui fait en sorte qu'elles restent comprises
entre une borne inférieure et une borne supérieure (par exemple,
-1 et +1 ou 0 et 1). Les fonctions logistique et tangente hyperbolique sont les
plus fréquemment utilisées. Il reste que de telles manipulations
ne sont recommandées pour les indicateurs sociaux, parce qu'elles
déforment quelque peu la distribution originale.
Il est clair que le choix de la méthode ainsi que des
bornes maximale et minimale utilisées pour la normalisation ne sont pas
sans conséquence en termes d'interprétation ou d'utilisation des
indicateurs. Plusieurs exemples de distorsions résultant de
différences minimes dans les choix de l'une ou l'autre valeur de
référence illustre cela. Ainsi, par exemple, dans l'indice de
développement humain, l'une des trois composantes est l'espérance
de vie à la naissance dont les valeurs observées sont
normalisées avec une borne inférieure fixée à 25
ans et une limite supérieure à 85 ans. Que se passerait-il si, au
lieu de 85 ans, on prenait comme limite maximale 80 ans ? L'intervalle entre la
valeur maximale et la valeur minimale passerait de 60 à 55, soit une
diminution de 9%. Une espérance de vie de 55 ans, au lieu de valoir 0,5
vaudra 0,545, soit 9% de plus. Si les autres composantes de l'indice ne
changent pas, le résultat serait une majoration de 9% du poids de
l'espérance de vie dans le calcul total.
En conséquence, le caractère plus ou moins
arbitraire du choix des valeurs min et max même dans le cas de la
normalisation empirique plaide pour l'adoption d'une approche normative et donc
pour que les valeurs maximales retenues correspondent effectivement à
des objectifs à atteindre.
L'agrégation
L'agrégation est l'opération qui consiste
à condenser l'information contenue dans chacun des critères en
une seule information. Cela suppose de répondre aux questions suivantes.
Faut-il attribuer le même poids à tous les critères pour
constituer l'indice ou faut-il leur attribuer des poids différents, et
si oui, comment ? Quel est le rapport entre l'indice et les indicateurs ?
S'agit-il d'une somme, d'un produit, de quelque chose de plus compliqué
?
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
Dans la pratique, les deux questions se ramènent le
plus souvent au dilemme entre une moyenne simple et une moyenne
pondérée. La question de la pondération est cruciale et
éminemment délicate. Elle consiste à attribuer un poids et
donc une valeur spécifique aux différentes dimensions du concept.
Par exemple, dans le cas d'un indice de pauvreté, elle pourrait
consister à donner plus de poids à la dimension matérielle
qu'à la dimension sociale (isolement, exclusion) ou à la
dimension culturelle.
Les dimensions et les indicateurs constituant un indice
peuvent être représentés sous forme d'une arborescence, le
concept constituant le tronc de l'arbre et chaque branche figurant une de ses
dimensions, elle-même pouvant se décomposer en sous branches pour
finir par les feuilles représentant les indicateurs proprement dits. A
chaque embranchement, il est possible d'attacher une pondération aux
branches qui y prennent naissance, en terminant par les feuilles auxquelles est
attachée une pondération égale au produit des coefficients
des sous branches et des branches dont elles sont issues.
La figure 3 montre un tel exemple
d'arborescence : la notion de développement humain durable tel que
présenté dans la première partie du second chapitre est
décomposée en trois dimensions correspondant aux piliers
économique, social et environnemental. Seule la branche
économique est développée plus avant, avec deux dimensions
constitutives, la performance et la résilience. La performance est
appréciée à l'aide de deux indicateurs, le taux de
croissance du PIB et celui de la productivité. La sous branche
résilience est, quant à elle, décomposée en deux
dimensions : la diversité et l'innovation. Le processus de
pondération en cascade des dimensions est illustré par le poids
final de chaque indicateur, produit de toutes les pondérations en amont
et de la sienne propre. Ainsi, le taux de croissance du PIB se voit attribuer
un poids de 0,158, soit le produit de 0,8 (sa pondération
spécifique), de 0,6 (pondération de la branche <<
performance ») et de 0,33 (pondération de la branche <<
économique »).
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
Figure 3 : Arborescence des dimensions et des indicateurs
Développement humain durable
0 33
0 33
0,33
Social
Economique
Environnemental
0 6
0 4
Performance
Résilience
Taux de croissance de la
productivité 0,2 0,04
Diversité
Indice d'entroprie
1 0,0026
Innovation
0 2 0 8
Taux de croissance du PIB
0,8 0,158
Taux de croissance des dépenses de R&D
1 0,106
Sources : IDDRI
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
2.2.1.2. Méthodologie pratique de calcul des indicateurs
de développement humain
Indicateur de développement humain
(IDH)
L'indicateur de développement humain durable (IDH) est
un indicateur composite comportant trois éléments : la
durée de vie mesuré par l'espérance de vie à la
naissance, le niveau d'éducation, mesuré par un indicateur
combinant pour deux tiers le taux d'alphabétisation des adultes et pour
un tiers le taux brut de scolarisation (tous niveaux confondus), et le niveau
de vie, mesuré d'après le PIB réel par habitant
(mesuré en parités des pouvoirs d'achat).
Avant de calculer l'IDH lui-même, il faut établir
un indice pour chacune des trois composantes. Puis, avant d'être
agréger dans l'IDH, chaque indice doit être normalisé de
façon à prendre une valeur comprise entre zéro et un.
Aussi, les valeurs minimale t maximale que l'indice élémentaire
peut prendre doivent être définies au préalable.
Tous les indices à l'exception de celui du PIB et de celui
du niveau d'instruction qui entrent dans la composition de l'IDH se calculent
selon la formule générale suivante :
Indice dimensionnel =
Valeur constatée -Valeur minimale
Valeur maximale - Valeur minimale
L'indice du PIB se calcule à l'aide de la formule suivante
:
Indice du PIB =
|
log(Valeur constatée) -log(Valeur minimale)
|
|
|
.
|
log(Valeur maximale) - log(Valeur minimale)
Quant à celui du niveau d'instruction, il se calcule comme
suit :
Indice du niveau d'instruction = 2 (Indice dimensionnel du taux
d'alphabétisation ) 3
+ 1 (Indice dimensionnel du taux brut de
scolarisation) 3
L'IDH correspond à la moyenne arithmétique de ces
indices dimensionnels. Ainsi la formule s'écrit comme suit :
1 ( indice d espérance devie
' ) 1 (
+ indice de niveau d instruction
' )
3 3
IDH =
+ 1 ( indicede PIB ) 3
Le tableau ci-dessous donne les valeurs maximale et minimale des
différents critères pris en compte dans le calcul de l'IDH.
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
Tableau 1 : Valeurs minimales et maximales pour le calcul de
l'IDH
Critères
|
Valeur maximale
|
Valeur minimale
|
Espérance de vie à la naissance
(années)
|
85
|
25
|
Taux d'alphabétisation des adultes (%)
|
100
|
0
|
Taux brut de scolarisation combiné (%)
|
100
|
0
|
PIB par habitant (en PPA)
|
40000
|
100
|
Sources : rapport mondial sur le développement
humain 2001 (PNUD)
Indicateur de la pauvreté humaine
(IPH)
Alors que l'IDH mesure le niveau moyen atteint par un pays
donné, l'IPH s'attache aux carences ou manques observables dans les
trois dimensions fondamentales déjà pris en compte par l'IDH :
o Vivre longtemps et en bonne santé : risque de
décéder à un âge relativement précoce,
exprimé par la probabilité, à la naissance, de ne pas
atteindre 40 ans.
o Instruction et accès au savoir : exclusion du monde de
la lecture et des communications, exprimée par l taux
d'analphabétisation des adultes
o Possibilité de bénéficier d'un niveau
de vie décent : impossibilité d'accéder à ce que
procure l'économie dans son ensemble, exprimée par le pourcentage
de la population privée d'accès à des points d'eau
aménagés et par le pourcentage d'enfants de moins de cinq ans
souffrant d'insuffisance pondérale
La formule de calcul de l'IPH est la suivante :
IPH 1/3( P 1 P
2 P 3 ) á
1/
= ? + + ?
á á á
? ?
|
Où á = 3.
|
Et où :
P1 = Probabilité, à la
naissance, de décéder avant 40 ans (multiplié par 100)
P2 = Taux d'analphabétisation des
adultes
P3 = Moyenne non pondérée des
pourcentages de la population n'ayant pas accès à
des points d'eau aménagés, de la population
privée d'accès aux soins de santé et d'enfants de moins de
cinq ans soufrant d'insuffisance pondérale
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
La valeur deá a une incidence
considérable sur celle de l'IPH. Si á = 1, l'IPH
correspond à la moyenne de ses trois variables constitutives. En
revanche, lorsque ce coefficient augmente, il confère un poids plus
important à la composante dans laquelle le manque est plus
accentué. Ainsi, plus la valeur deá tend vers l'infini,
plus l'IPH se rapproche de la valeur de la variable la plus faible. En donnant
àá la valeur 3, celui-ci confère un poids
supplémentaire, mais pas écrasant aux composantes dans lesquelles
le dénuement est plus criard.
Indicateur sexospécifique du
développement humain (ISDH)
L'ISDH tout comme l'IDH, mesure le niveau moyen de
développement d'un pays en le corrigeant pour refléter les
inégalités sociologiques entre femmes et hommes sous les
mêmes aspects pris en compte pour le calcul de l'IDH.
Le calcul de l'ISDH est calculé s'effectue en quatre
étapes :
Etape 1 : Calcul de l'indice
d'égalité de la répartition pour l'espérance de vie
( IE0 c )
On a :
|
IE0 c p h (
IE 0 h ) p f ( IE 0 f
)
1 -
= ? +
- 1
?
|
- 1
? ?
|
Avec :
IE 0 h = Indice dimensionnel de
l'espérance de vie des hommes IE 0 f = Indice
dimensionnel de l'espérance de vie des femmes p h = Proportion
d'hommes dans la population totale
p f = Proportion de femmes dans la population totale
Etape 2 : Calcul de l'indice
d'égalité de la répartition pour le niveau d'instruction (
INIc )
On a :
|
INI c p h ( INI
h ) p f ( INI f )
- 1 - 1
= ? +
?
|
- 1
? ?
|
Avec :
IN I h = Indice dimensionnel du niveau d'instruction des
hommes
IN I f = Indice dimensionnel du niveau d'instruction des
femmes
Etape 3 : Calcul de l'indice
d'égalité de la répartition pour le PIB (
INRc )
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
On a :
|
INR c p h ( IPR
h ) p f ( IPR f )
- 1 - 1
= ? +
?
|
- 1
? ?
|
Avec :
IP R h = Indice dimensionnel du revenu du travail pour
les hommes
IP R f = Indice dimensionnel du revenu du travail pour
les femmes
Etape4 : Calcul de l'ISDH
On a :
|
IE c INI c INR
c
+ +
0
ISDH =
3
|
Tous les indices dimensionnels se calculent comme ceux de
l'IDH à la seule différence qu'on distingue entre hommes et
femmes. Quant aux valeurs maximale et minimale, elles sont tabulées dans
le tableau ci-dessous
Tableau 2 : Valeurs minimales et maximales pour le calcul de
l'ISDH
Critères
|
sexes
|
Valeur maximale
|
Valeur minimale
|
Espérance de vie à la
naissance (années)
|
Population féminine
|
87,5
|
27,5
|
Population masculine
|
82,5
|
22,5
|
Taux d'alphabétisation des adultes
(%)
|
_
|
100
|
0
|
Taux brut de scolarisation combiné
(%)
|
_
|
100
|
0
|
PIB par habitant (en PPA)
|
_
|
40000
|
100
|
Sources : rapport mondial sur le développement
humain 2001 (PNUD)
Indicateur de la participation des femmes
(IPF)
L'IPF se concentre sur les opportunités qui s'offrent
aux femmes plutôt que sur les capacités qui sont les leurs. Il
s'attache aux inégalités entre femmes et hommes dans trois
dimensions essentielles :
o Participation et pouvoir décisionnaire dans la
sphère politique, exprimés par la répartition des
sièges de parlementaires entre hommes et femmes
o Participation et pouvoir décisionnaire dans
l'économie, exprimée par deux éléments :
pourcentages respectifs d'hommes et de femmes occupant, d'une part, des
fonctions de représentation parlementaire, de direction et d'encadrement
et fonctions techniques.
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
o Maîtrise des ressources économiques,
mesurée par la part masculine et féminine du revenu estimé
du travail (PPA).
Pour chacune des trois dimensions définies ci-dessus,
on calcule un pourcentage équivalent d'égalité de la
répartition (PEER), qui prend la forme d'une moyenne
pondérée par la population, selon la formule
générale suivante :
PEER p h ( pih ) p
f ( pif ) å
1/(1 )
1 å 1 - å -
-
= ? + ?
? ?
Et où :
pih = part indicielle de la population masculine
pif = part indicielle de la population
féminine
å mesure l'aversion pour
l'inégalité. å = 2 assigne une
pénalité modérée à l'inégalité
Concernant la participation à la vie politique et économique,
ainsi qu'aux décisions, on indexe ensuite le PEER en le divisant par 50.
Parce que dans une société idéale, où la
participation de chacun des deux sexes serait la même, les variables
considérées par l'IPF sont égales à 50%.
Une fois le PEER calculé pour les trois dimensions
considérées, l'IPF est égale à la moyenne
arithmétique des trois PEER exprimée en indice.
2.2.2 Limites de l'indicateur de développement humain
durable (IDH)
L'indicateur de développement humain durable, bien que
comblant quelques-unes des lacunes dans l'utilisation du PIB par tête
comme un unique indicateur de niveau de bien être d'une population, n'est
pas la panacée. En effet, il ne met pas en relief les fondamentaux du
développement humain que sont l'équité, la
durabilité et la participation. Un taux de scolarisation, dans beaucoup
de pays est seulement représentatif du niveau d'instruction des hommes.
Il ne traduit pas le biais introduit dans le système éducatif au
détriment des filles. Dès lors et ne serait, ce qu'à ce
niveau, la lecture du principe d'équité et de participation est
faussée.
La discrimination entre les hommes et femmes est
corrigée par l'indicateur sexospécifique du développement
humain (ISDH) qui, utilisant les mêmes composantes que l'IDH, le
décompose cependant entre homme et femme. Plus l'inégalité
genre est prononcée plus l'ISDH se différencie de l'IDH.
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
L'IDH ne permet pas de mesurer la participation de la
population aux choix des stratégies de développement et de leur
mise en oeuvre. Dans bien de communautés, une frange importante de la
population est en marge de la vie socio-économique et politique. Il
s'agit des pauvres et des femmes. Tenant compte de ce besoin de participation,
il est également associé à l'IDH des indicateurs comme
celui de la pauvreté humaine (IPH) et de la participation de la femme
(IPF).
Thème : Proposition d'indicateurs
d'appréciation du développement humain régional en
côte d'ivoire
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