ABSTRACT
This work is based on the hypothesis that the participative
management process should contribute to the wildlife increase in the Benoue
national park and hunting zones 1 and 4 of North Cameroon. Actually, the
reduction or even disappearance of many species keeps on despite the start of
the joint management process. The question is raised whether management is
really an appropriate tool for conservation and if participative management has
impact on maintaining or increasing animal densities.
The impact of participative management of ZIC 1 and 4 on the
densities of animal populations in the Benoue operational technical unit was
assessed by comparing data from inventories carried out in February 2008 by the
World Wide Fund for Nature (WWF) according to the line transect method and data
from previous years. The densities for 8 species only were assessed according
to the «Distance» program. The species richness of the area is
estimated at around 26 species of large and medium mammals, the Cob Buffon
(Kobus kob kob) representing 36% of wildlife in the park and in ZIC 1
and 4. Despite the participative management, the disappearance of flagship
species from games hunting and tourism still remains worrisome.
To achieve its objectives, the joint management requires to
identify alternatives to the development of poaching -which is the major cause
of the disappearance of wildlife species. Thus, the development of the
grasscutter breeding is likely to yield substantial complementary revenues to
people. Moreover, forest administration might transform hunting zones in game
ranching, allowing to reintroduce species already extincted like rhinoceros.
Keywords: Joint management, Hunting, Benoue
National Park, Wildlife, Cameroon
CHAPITRE PREMIER : INTRODUCTION
1.1. Contexte
L'homme, a toujours tiré les ressources dont il a
besoin pour sa subsistance - bois de chauffage, gibier, produits pour la
pharmacopée traditionnelle, ... - du milieu naturel (Barrère,
1992). Leur exploitation était jadis sans danger notoire pour la
conservation de la biodiversité car le taux de prélèvement
était compatible avec leur caractère renouvelable (Faucheux,
1990).
Le taux d'accroissement annuel moyen de la population humaine,
estimé à 1,9% en 1950, a été évalué
à 2,3% entre 2000-2005 (UNDP, 2008). Avec une telle démographie,
la diminution des ressources naturelles, notamment les ressources fauniques,
s'accentue (Deraime, 1993).
Ainsi, au Cameroun, la population de Rhinocéros noir
(Diceros bicornis longipes) était estimée à 2000
dans les années 1960 et à environ 18 individus en 1998 (Brett,
1998) ; aujourd'hui, cette espèce a déjà disparu dans la
région (WWF, 2007).
En outre, la population d'éléphants
(Loxodonta africana africana) a fortement chuté au cours de la
deuxième moitié du XXième siècle bien
qu'elle connaisse une certaine stabilité depuis 1998 (UICN, 2007). En
1979, le nombre d'éléphants en Afrique était estimé
à 1,3 millions d'individus ; en 1995, l'effectif total n'était
compris qu'entre 300.000 et 600.000 individus (Robinet, 1998). L'effectif
actuel se situe entre 470.000 et 690.000 (UICN, 2007).
Selon Depierre et Vivien (1992), les parcs nationaux (PN) et
autres aires protégées constituent la solution idéale pour
la sauvegarde de la biodiversité. Autour des trois parcs nationaux que
compte la Région du Nord Cameroun à savoir les PN de la
Bénoué, de Bouba Ndjida et du Faro, près de 27 zones
d'intérêt cynégétique (ZIC) y ont été
créées.
Une ZIC, telle que définie par la loi N° 94 / 01 /
du 20 Janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la
pêche, est « une aire protégée, réservée
à la chasse, gérée par l'administration chargée de
la faune, une personne physique ou morale, une collectivité publique ou
locale et dans laquelle toute chasse est subordonnée au payement d'un
taux fixé par la loi de finance ». Trois ZIC (1, 4 et 6)
créées par Arrêté N°0580/A/MINEF/DFAP/SDF/SRC
du 27 août 1998, ont été identifiées comme zones
pilotes où pourront être conduits des essais de gestion
participative ou cogestion de la faune entre les populations locales et
l'administration forestière (Koulagna et al., 1996). Ce n'est
que depuis 2004 que les ZIC 1 et 4 sont en cogestion tandis que la ZIC 6 a
été déclassée du fait de son anthropisation par
décision du MINFOF en 2007.
1.2. Problématique
Des questionnements du genre « pourquoi, pour qui et
comment protéger? » reviennent très souvent dans le milieu
paysan et inhibent tout élan en faveur de la conservation et de la
gestion durable des ressources naturelles.
L'essentiel des problèmes de gestion des ZIC
réside dans leur maîtrise foncière par une population qui
considère le classement des ZIC comme une forme d'expropriation les
mettant écologiquement en danger (De la Mettrie, 1990).
L'unité technique opérationnelle (UTO) de la
Bénoué se caractérise par un écosystème
fragile, une forte densité des populations et une forte pression
foncière. Elle est soumise aux effets néfastes de la
sécheresse, exacerbée notamment par la déforestation et
l'érosion des sols. Sous l'effet des changements climatiques, de
l'augmentation de la pression humaine et des pratiques culturales et
d'élevage extensif, les ressources en eau sont menacées par la
dégradation des berges, la pollution, l'envasement, l'eutrophisation et
les perturbations du régime hydrauliques (MINEP et PNUD, 2006).
Les pratiques de pêche inadaptées, dont notamment
la construction de canaux de pêche et l'utilisation des produits toxiques
(Tsakem, 2006), menacent le potentiel de la faune aquatique et contribuent
à l'assèchement rapide de la plaine inondable avec pour
conséquences des dysfonctionnements hydrologiques, qui influent
directement sur certaines activités socio-économiques qui en
dépendent, à l'instar de la pêche dont la baisse des
rendements est estimée à plus de 90% (Noordji, 1988 ; MINEP et
PNUD, 2006).
Le passage répété des feux de brousse et
la persistance de la pratique des feux de brousse tardifs ont également
un effet néfaste sur la végétation dont la croissance est
fortement affectée avec pour conséquence l'appauvrissement de la
composition floristique et la disparition du couvert végétal et
donc de la faune.
La prise de conscience de l'importance de l'implication des
communautés locales à la gestion de leur patrimoine a conduit
l'administration forestière camerounaise à tester depuis 1998 des
méthodes de cogestion dans les ZIC 1 et 4. C'est l'objet de la
présente étude.
Malgré les efforts fournis par le Gouvernement
camerounais en matière de conservation des ressources naturelles,
à travers la signature des Conventions, des Accords et Traités,
et l'élaboration d'un certain nombre de textes législatifs et
réglementaires, la diminution voire la disparition de nombreuses
espèces continue. N'est-il donc pas temps d'évaluer les effets de
la participation des populations à la gestion des aires
protégées ? La gestion participative est-elle réellement
un outil de conservation approprié ? En somme, la gestion participative
a-t-elle un impact sur le maintien ou l'augmentation des densités
animales ? Les réponses à ces questions doivent être
trouvées de toute urgence afin de décider dans un délai
très proche de la meilleure approche de gestion qui garantit la
sauvegarde de la biodiversité par les populations.
1.3. Objectifs de l'étude 1.3.1. Objectif
global
+ Evaluer l'impact de la gestion participative sur les
densités et effectifs des populations animales dans le parc national de
la Bénoué et les ZIC 1 et 4.
|