RESUME
Les études faites sur l'usage du paracétamol et
de l'aspirine montrent que ces médicaments sont parmi les
médicaments les plus consommés surtout en automédication.
Le présent travail est descriptif et a comme objectif principal de
déterminer le niveau d'utilisation abusive du paracétamol et de
l'aspirine au Rwanda, en prenant la Ville de Butare comme site de
l'étude.
L'enquête menée utilisait deux sortes de
questionnaires, l'un destiné aux dispensateurs des médicaments,
l'autre aux consommateurs.
Dans notre travail, nous avons constaté que la Ville de
Butare ne dispose que deux pharmaciens travaillant dans des pharmacies ouvertes
au public. L'aspirine et le paracétamol sont plus demandés en
automédication (53% pour aspirine et 72,02% pour le paracétamol)
et c'est le paracétamol qui est plus demandé que l'aspirine. Sur
un taux de 85%, les enquêtés affirment qu'ils ont pratiqué
l'automédication du paracétamol ou de l'aspirine. Le niveau de
connaissance des dispensateurs et des consommateurs en matière de
médicaments est encore bas. Nous avons aussi constaté un nombre
élevé des personnes consommant ces médicaments d'une
façon régulière (31%) et un désordre dans la prise
de ces médicaments : le non respect de la posologie, de
l'intervalle de prise, de l'indication, des contre indications, des
précautions d'emploi etc.
Partant de ce résultats nous pouvons conclure que
l'aspirine et le paracétamol sont utilisés de façon
abusive dans la ville de Butare à niveau plus ou moins
élevé. Cet usage abusif concerne non seulement le non respect
des indications mais aussi la posologie recommandée pour ces deux
médicaments.
INTRODUCTION GENERALE
Au Rwanda comme ailleurs dans le monde, on observe une
augmentation excessive de la consommation d'aspirine et du paracétamol
comme antipyrétiques analgésiques. L'aspirine peut aussi
être utilisé pour ses effets anti-inflammatoires et / ou
anti-agrégats plaquettaires (Cohen, 1997). Au Royaume-uni, près
d'une quart des patients consultant leurs médecins
généralistes se plaignent de certaines formes de
« rhumatisme » et les anti-inflammatoires non
stéroïdiens sont fréquemment prescrits chez ces patients
(Neal, 2003).
Des millions de comprimés d'aspirine, de
paracétamol et d'ibuprofène sont achetés pour
l'automédication des maux de tête, de dents, de troubles
musculosquelettiques, etc (Neal, 2003). Pourtant ces médicaments ne sont
pas efficaces dans le traitement des douleurs viscérales (exemple :
infarctus du myocarde, colique rénale, abdomen aiguë) qui
nécessitent des analgésiques narcotiques (Neal, 2003). Par
contre, leur efficacité est remarquable dans certains types de douleurs
sévères comme le cancer des os (Neal, 2003).
Le recours à un médicament doit être
limité à des indications précises tout en respectant les
contres indications éventuelles. Pourtant, dans la plupart des cas, la
consommation de ces médicaments n'est pas justifiée et se fait
d'une façon désordonnée, ce qui peut nuire à la
santé des consommateurs (Tiller et Treasurer,1993).
Le paracétamol et l'aspirine sont des
médicaments en vente libre et sont beaucoup utilisés en
automédication. En soi, l'automédication n'est pas
négative devant un problème bénin. Il est important de
pouvoir se prendre en charge soi-même, « d'écouter
son propre corps » et de tenter d'abord de se soigner soi-même,
en respectant quelques règles de base. Mais que la prise de
médicament se fasse sur prescription médicale ou par
automédication, il faut toujours que ce soit pour une indication
précise, pour soigner une maladie particulière et pour soulager
un symptôme défini (Médocs, 1998).
Il faut éviter toute sorte d'usage abusif d'un
médicament car il n'est jamais inoffensif et peut faire à la fois
du bien et du tort (Neal, 2003). Nous sommes de plus en plus victimes de notre
automédication des analgésiques. Selon FDA, les autorités
sanitaires américaines, reçoivent plus de 56.000 hospitalisations
par an qui seraient dues à des surdosages de paracétamol
où près de 100 décès lui seraient attribuables. En
conséquence, les autorités américaines ont lancé
une campagne d'information sur les risques d'abus de ce type de
médicament (Neal, 2003).
La consommation très élevée du
paracétamol et de l'aspirine a permis de reconnaître rapidement
les principaux effets secondaires associés à leurs usages aux
doses usuelles, les contres indications et les intoxications possibles dues au
surdosage de ces médicaments. L'efficacité et la bonne
tolérance de ces deux médicaments leur ont permis de s'imposer
rapidement dans le traitement des douleurs légères et de la
fièvre (Le Garrec et al., 1994).
L'automédication liée à l'usage de ces
médicaments croît parallèlement avec l'apparition
d'intoxications liées à un surdosage accidentel ou
provoqué. C'est par l'exemple l'utilisation du paracétamol dans
le but de perdre le poids (Tiller et Treasurer, 1993).
La dispensation de l'aspirine et du paracétamol en
automédication devrait être faite avec attention de la part des
pharmaciens chargés de satisfaire au besoin de leurs clients. Ceci se
justifie par les effets secondaires, les intoxications et le mauvais pronostic
liés à l'usage de ces deux médicaments. Il convient de
noter qu'au Royaume-uni, on compte plus de 100 décès par an
dû à l'intoxication du paracétamol (Le Garrec et al.,
1994). Nul n'ignore aussi les dépenses des capitaux liées
à la consommation des produits médicamenteux.
Au Rwanda, le nombre des personnes informées en
matière de médicaments est très bas (MINECOFIN, 2002). On
compte un médecin sur 50.000 habitants, un infirmier sur 5.000 habitants
et un pharmacien sur 91.716 habitants (MINECOFIN, 2002). Selon le rapport de
l'Unité de Pharmacie, 95% des pharmacies se trouvent dans la ville de
Kigali, qui représente 10% de la population Rwandaise (MINECOFIN, 2002).
Ceci peut renforcer les marchés noirs des médicaments dits
« Magendu » en Kinyarwanda. La présence des
médicaments sur le marché informel constitue un problème
de santé publique. D'abord parce que les fraudeurs ne sont pas bien
informés en matière des médicaments et veulent gagner
seulement l'argent sans tenir compte de la santé du patient mais encore
ils ne savent pas comment conserver les médicaments dans des milieux
adéquats tout en surveillant la date de péremption.
Probablement que l'aspirine et le paracétamol sont
parmi les médicaments les plus consommés en
automédication au Rwanda. Comment est alors l'utilisation de l'aspirine
et du paracétamol dans un pays comme le Rwanda qui présente
encore un nombre insuffisant d'un personnel qualifié en matière
de médicaments ? Il serait alors important d'évaluation leur
usage abusif ce qui contribuera à la bonne utilisation de ces
médicaments par les agents de santé et à contrôler
leur distribution dans le but de diminuer les risques des intoxications
iatrogènes et les dépenses inutiles.
0.1. Questions de recherche
Partant des intoxications possibles et des conséquences
néfastes dues à l'utilisation abusive de ces médicaments
ci-haut cités, on peut se poser certaines questions qui font l'objet de
notre étude :
v Comment est la consommation du paracétamol et de
l'aspirine au Rwanda ?
v Quels sont les niveaux de connaissance des dispensateurs et
des consommateurs sur ces deux médicaments?
v Quel est le niveau d'abus du paracétamol et de
l'aspirine au Rwanda ?
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