Dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero( Télécharger le fichier original )par January KASEREKA KOMBI Université catholique du Graben - Licence 2008 |
III.2. NATURE ET STRUCTURE DES ACTIVITES OU INITIATIVES ECONOMIQUES DEVELOPPEES EN TERRITOIRE DE LUBERO.Pour ce qui est des types d'activités, nous avons obtenu certaines informations auprès du service d'IPME91(*), territoire de Lubero et pour d'autres nous avons effectué des enquêtes au marché de Lubero mais aussi dans des quartiers comme signalé dans le deuxième chapitre. Comme souligné précédemment, les activités économiques des entrepreneurs oeuvrant en territoire de Lubero sont plus informelles que formelles. Ainsi, nous distinguons deux types d'activités : les micro et petites entreprises de croissance et les micro et petites entreprises de survie. On peut considérer une menuiserie et une vente de légumes par une maman comme des activités informelles car ne tenant pas de comptabilité. Or leur potentiel n'est pas le même. Il faut une certaine formation technique pour être menuisier alors que pour vendre les légumes, on peut ne pas avoir une formation. La menuiserie peut être facilement formalisée (paie aussi certaines taxes) alors que la vente des légumes par une maman sera difficilement formalisée. C'est ainsi que nous segmentons les petites et micro entreprises informelles en deux strates : les entreprises du « Secteur informel supérieur » (de croissance) et les micro entreprises plus proches de la survie. Les premières peuvent payer les taxes, avoir des locaux alors que les secondes sont de la débrouillardise. Celles-ci peuvent ne pas payer des taxes et n'exigent pas des locaux (magasins, boutiques) pour les exercer. Elles ne sont pas régulières et/ou permanentes. III.2.1. Les micro et petites entreprises de croissanceComme indiqué précédemment, ces entreprises se caractérisent par ces faits : - Leur enregistrement à un service étatique (IMPE, Service de l'économie); - Paiement des taxes ; - Détention d'un local malgré que l'exercice du métier est irrégulier ; - Appartenance à un propriétaire-chef d'entreprise. Ces petites et micro entreprises sont présentes dans tous les secteurs : commerce, production (artisanat), transport, services (bars, restaurant), agriculture,... Elles peuvent détenir des patentes ou registres de commerce. Elles fournissent à la majorité de la population des services et produits de base dont elle a besoin et surtout des biens manufacturés que les commerçants achètent en ville de Butembo et à Kasindi : produits alcooliques, produits pharmaceutiques, boissons sucrés, produits de beauté,... En 2008, les activités de croissance en territoire de Lubero ont été les suivantes92(*) : Tableau n°12 : Micro et petites entreprises enregistrées en 2008.
Source : Registre des détenteurs des titres de commerce, service IPME-Territoire de Lubero, 2008. De ce tableau, nous constatons que la population de Lubero se livre à plusieurs initiatives. Celles-ci peuvent être catégorisées à trois : le commerce (boutiques, kiosques, ventes des pagnes, friperie, dépôts, pharmacies...) ; artisanat (moulins, boulangerie-pâtisserie) et le service (transport...) Ainsi, on remarque que la population se donne plus au petit commerce qu'à l'artisanat et le service. Selon ces statistiques de 2008 de l'IPME, la cité comptait 20 boutiques, 17 kiosques, 18 dépôts des vivres et 18 acheteurs de quinquina ; 14 vendeurs de pagnes, 8 pharmacies... Les produits les plus prisés sont les boissons alcooliques, la cigarette, le sel,... Cependant plusieurs acteurs pratiquent une pluriactivité. Ils peuvent être à la fois commerçants, agriculteurs et artisans. De même, en voyant l'ampleur d'activités qui se réalisent en cité de Lubero on constate que la plupart d'activités ne sont pas enregistrées. Ainsi, par exemple pour les taximen-motos, la cité compte plus d'une soixantaine de motos93(*). Or, on constate que trois seulement sont enregistrés au service de l'IPME. Ceci est dû au fait que si quelqu'un s'enregistre, il est passible de paiement de différentes taxes, chose que les entrepreneurs ne veulent pas et considèrent comme une grande difficulté. « Vaut mieux attendre que le service vous découvre au lieu d'aller se faire enregistrer » nous a déclaré un entrepreneur de ce milieu. En comparant le nombre des commerçants enregistrés à la FEC94(*)-Lubero avec ceux enregistrés au service de l'IPME, il existe des écarts significatifs. Ce tableau nous le révèle. Tableau n°13 : Commerçants enregistrés à la FEC-LUBERO, 2008.
Source : FEC-LUBERO, avril 2009 Les données de ce tableau montrent facilement que les entrepreneurs de Lubero s'intéressent plus au petit-commerce (avec plus de 67% des boutiques). Le domaine industriel est quasi inexploité. La population du milieu se lance plus dans le commerce. Le secteur financier est assuré aussi par deux coopératives d'épargne et de crédit et une institution de micro finance. En comparant ces deux tableaux, il ressort nettement que plusieurs commerçants ou entrepreneurs ne font pas membres de la FEC. Alors qu'à l'IMPE, 127 entrepreneurs ont souscrit leurs patentes, à la FEC, 55 seulement y sont membres. Pouvons-nous alors dire que l'esprit associatif n'existe pas ? Aussi, plusieurs commerçants ne se font pas enregistrer au service étatique. Rien qu'en considérant le nombre des boutiques, on constate que 20 seulement n'ont souscrit la patente alors que 37 font membres de la FEC. Ce décalage révèle déjà que bon nombre de micro et petites entreprises oeuvrent dans l'informel c'est-à-dire ne se font pas l'objet d'enregistrement. Qu'en-est-il finalement des statistiques du service de l'Economie ? Pour ce qui est des statistiques de l'économie, le tableau suivant renseigne sur les effectifs enregistrés : Tableau n°14 : Effectif des commerçants immatriculés en territoire de Lubero
Source : - service de l'économie territoire de Lubero : Rapports économiques 2004, 2006, 2007, 2008. On peut lire de ce tableau qu'en 2005 et 2006, 4 commerçants seulement ont été enregistrés c'est-à-dire détiennent de registre de commerce, alors qu'en 2007, l'effectif des commerçants enregistrés est passé à 9 contre 10 en 2008.. Seule une femme (vendeuse des pagnes) a été enregistrée en 2008 ou détient un registre de commerce.. Eu égard à tout ceci, il y a lieu de conclure que la plupart des commerçants oeuvrent sous la patente et l'informel. Quand l'activité devient florissante, on juge mieux se déplacer vers le centre urbain de Butembo. Et ceux là qui ont leurs registres, ils étaient déplacés jusqu'à Butembo. Les activités plus porteuses de croissance sont entreprises par des hommes dans le milieu rural plus examiné. * 91 Service de Industrie, Petites et Moyennes Entreprises : IPME. * 92 Le souhait était de trouver les données d'au moins 5 ou 10 ans pour analyser la dynamique. Compte tenu de l'absence des données nous analysons les données de l'année 2008. * 93 Entretien avec le secrétaire du SYTAMOL : Syndicat des Taximen motards de Lubero. * 94 Fédération des Entreprises du Congo : Syndicat patronal. |
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