EPIGRAPHE
« L'Afrique ne se meurt pas. Elle se suicide dans
une sorte d'ivresse culturelle, pourvoyeuse de seules gratifications morales.
Les injections massives de capitaux n'y pourront rien. Il faudrait d'abord
désintoxiquer les mentalités, remettre les pendules à
l'heure, et surtout placer les individus face à leurs incontournables
responsabilités ». S. RUJEMISON.
DEDICACE
A mon feu Père KASEREKA JEAN et à ma feue Soeur
KAVUGHO KOMBI Anasthasie, qui nous ont quitté presque tôt sans
avoir participé à l'achèvement de nos études.
REMERCIEMENTS
Cette oeuvre n'est pas le fruit d'une seule personne mais
l'effort conjugué d'une multitude de personnes de bonne volonté.
Il nous serait ingrat de ne pas les remercier dans ce travail.
Nos premiers remerciements vont tout droit au directeur de ce
travail MAFIKIRI TSONGO Angélus, professeur Ordinaire et recteur de
l'Université Catholique du Graben et au chef de travaux KASWERA
MULYANGOTE Léonie pour avoir accepté la direction de ce
mémoire. Leurs informations et éclaircissements, leurs conseils
pratiques ont permis la faisabilité de ce travail.
Nous ne pouvons passer sans dire aussi merci au doyen de la
Faculté de Sciences Economiques et de Gestion, le professeur KAMBALE
MIREMBE Omer pour nous avoir édifié scientifiquement par ses
conseils et ses qualités.
Que tous les professeurs et assistants de la faculté
d'économie trouvent ici le fruit de leurs enseignements.
Que nos remerciements parviennent aussi à ma
mère KAHINDO STEPHANIE ainsi qu'à toutes mes soeurs pour le lien
de fraternité que nous partageons et à tous les membres de
famille.
Au couple Jean-Claude KALWENE et MOMBI BASAGA
Hélène, nous disons merci pour nous avoir soutenu
financièrement pour l'impression de ce mémoire.
A la famille, Abdon KALEWA, à Lubero, pour nous avoir
accueilli dans sa famille et avoir facilité ainsi la récolte des
données ainsi qu'à l'Administrateur du territoire de Lubero.
A maman IDESE et toute sa famille, nous exprimons notre
profonde gratitude pour les fournitures scolaires nous fournies mais aussi
à la nutritionniste MAGAZANI Antoinette pour son soutien financier lors
d'un moment difficile de nos études.
Aux membres du club « Les amis de l'UCG »,
pour leur parfaite collaboration et l'esprit associatif, qui ont
participé à l'achèvement de nos études.
Nos profondes reconnaissances vont à papa BERTIN, agent
à l'OCC-Butembo, pour nous avoir disponibilisé son ordinateur
portable ayant favorisé la saisie de ce travail.
A mes très chers SIFA MWENGE, SAFI KASOLENE, EMERY et
leur mère ELISABETH ; TANTINE, KASEREKA MUNDOLEKO, KAHINDO
KALIMWAVENE, PALUKU NDAGHUSWA pour leur esprit d'attachement.
Notre reconnaissance s'adresse également à la
famille LUSENGE pour différentes faveurs scolaires nous offertes :
LUSENGE KALWAHALI Gaudens, MUGHOLE ATOSHA, MUSONDOLYA, MUYISA LUSENGE, WASINGYA
LUSENGE, MUSANGANIA WA LUSENGE et WARIDI WA LUSENGE.
Nous n'oublions pas d'exprimer nos gratitudes à KAVIRA
MUTSAKA Adidja, KAVIRA KALUGWANA, DEVOTE KAVUNGA, MUMBERE SIVIRIHAUMA, SOYO, et
tous les autres compagnons.
Aux camarades avec qui nous venons de finir le deuxième
cycle notamment ISMAILI, BORA, KIVERWA, KALONDERO, KAHONGYA, KALUBENGE,
KIBENDO, KWARUSU, KITAHERUKA, MASUMBUKO, MAKELELE, TAVUGHA, MWERO, KATYA
NDOVYA, NZOVOLI, MUSANGA, MUHAVWAMBOKO, KAKUNDIKA, KAMABU, MUNYAMBALU, MUHINDO
BUNAMBO, et tous les autres.
A tous nos amis : AIMEDO, MUDOGO, SYLVIE MWANAMOLO,
Gisèle MBWEKI, Eugénie KAVATSAWA, MUHINDO NGIGHE, Rosine
WASINGYA,... qu'ils sentent à travers cette oeuvre notre attachement
amical.
De même, nos remerciements s'adressent aux demoiselles
MARRY et FAZILA pour avoir dactylographié ce travail avec promptitude et
clarté.
Enfin, que tout le monde n'ayant pas été
cité nommément dans cette oeuvre, se sente aussi gratifié
à travers cette dernière phrase.
INTRODUCTION GENERALE
En introduisant ce travail, notre intention est de faciliter
la lecture et situer le lecteur. Nous allons respectivement présenter
l'état de la question, la problématique qui a inspiré
notre recherche, les hypothèses aux questions qui ont orienté
notre réflexion, le choix et intérêt du sujet, les
objectifs poursuivis par ce travail et le cadre méthodologique qui a
permis d'y arriver. Nous allons en outre préciser la délimitation
spatiale et temporelle de cette étude et les orientations afin de la
lecture des chapitres de ce document.
1. ETAT DE LA QUESTION
L'état de la question est une étape qui consiste
à chercher les hypothèses de travail par l'examen des
résultats des recherches antérieures sur un
phénomène donné. Sous cet angle, l'état de la
question est un préalable pour l'élaboration d'un mémoire
car il va lui attribuer un cachet spécial conformément à
son aspect pour le domaine sous étude. Il s'agit de donner l'historique
ou les fondements théoriques de la recherche menée.
La question d'entreprenariat ou entrepreneuriat a
déjà fait l'objet de nombreuses études et analyses.
Ainsi KIYANI PALUKU1(*) se penchant sur l'entreprenariat en ville de Butembo
est arrivé à conclure que « la population de
Butembo a un esprit d'entreprise, une fois un petit revenu trouvé elle
songe à le fructifier soit par un petit commerce soit en investissant
dans l'amélioration de ses équipements pour ceux qui font
l'artisanat où la créativité bat le record pour cette
population, à part l'activité principale il y a aussi à
coté une ou plusieurs activités secondaires. Celles-ci sont
bénéfiques tant pour la personne que pour la
société. L'auteur poursuit en soulignant que les entrepreneurs de
Butembo, à partir de leurs initiatives créent des richesses en
produisant des biens et des services et redistribuent les revenus en payant les
facteurs qu'ils utilisent. Quand une personne veut entreprendre, elle imite les
autres au début en menant d'abord les investigations sur les avantages
et les difficultés de l'activité choisie ».
Cherchant à connaître pourquoi les femmes ont
choisi l'activité de tricotage en ville de Butembo, MASIKA MAYAO2(*) est arrivée à la
conclusion selon laquelle « l'activité de tricotage joue
un rôle dans la survie des responsables des ateliers et des
employés oeuvrant dans ces ateliers ainsi que de leurs familles
respectives... cette activité a réduit le nombre des
chômeurs surtout féminins ».
Paraphrasant le CNUCED3(*), qui en analysant l'importance de l'entreprenariat,
estime que « le développement du secteur privé et de
l'entreprenariat est un élément essentiel de la
réalisation de l'un des objectifs du millénaire pour le
développement : la réduction de la pauvreté....Dans
beaucoup de pays en développement, le développement du secteur
privé est un moteur puissant de la croissance économique et de la
création des richesses ».
2. PROBLEMATIQUE
2.1 Contexte
Le rôle de l'entreprenariat et de la culture
entrepreneuriale dans le développement économique et social est
sous estimé. Cependant, au fil des ans, il devient de plus en plus
évident que l'entrepreneuriat participe réellement au
développement économique.
Paraphrasant le professeur Gaspard BAGALWA MUHEME1(*) depuis les années
1980, en tout cas, eu égard à toute la littérature sur les
économies informelles dans le monde, l'entrepreneur est devenu un sujet
digne d'intérêt pour les économistes. Pour SCHUMPETER
cité par le même professeur, « l'entrepreneur
devient un joueur qui sait exploiter les possibilités que lui offre
l'économie du marché ».
L'entrepreneur est l'acteur central du développement
socio-économique. G. Henault et R. M'Robert2(*) estiment que
« sans entreprenariat, point de salut ».
L'entreprenariat est donc le socle, le soubassement de tout
développement. L'entrepreneur est ainsi le moteur de la croissance
économique et du progrès technologique.
L'histoire montre que le progrès économique est
surtout le fait des personnes pragmatiques animées par l'esprit
d'entreprise et d'innovation qui arrivant à tirer partie des occasions
qui se présentent et sont prêtes à prendre de risques.
Elles sont persuadées comme l'énonce la devise du centre de
recherche en développement Endogène : « on ne
développe pas, on se développe ».
« L'avenir de l'Afrique, c'est le combat
acharné des africains qui le construira »3(*)
L'homme a toujours imaginé, formulé et
définit la réalité future. Il cherche des moyens
nécessaires pour la concrétiser. Ainsi, naît un projet qui
procure des revenus ou autres avantages monétaires ou non
monétaires pour l'individu ou la collectivité
entière4(*).
En effet, l'entrepreneuriat ou l'entreprenariat est
caractérisé par l'esprit d'entreprise que Werner Sombart5(*) définit comme
« l'ensemble des qualités psychiques qu'exige l'heureuse
réalisation d'une entreprise. La passion de l'argent, l'amour des
aventures l'esprit d'invention, etc. constituant les traits de l'esprit
d'entreprise ».
Pour CAMILERI6(*) , « les entrepreneuriaux ne sont
pas en mesure d'exploiter les opportunités économiques par manque
de moyens financiers : ces pauvres ont l'esprit d'entreprise
c'est-à-dire des capacités de courage, de ténacité,
de flexibilité et de créativité ».
Donc un pauvre doit chercher des voies et moyens pour survivre
et cela en faisant de l'entreprenariat.
De tout temps, de nombreuses activités de taille
très réduite (qualifiées habituellement de
micro-entreprises) se sont développées dans les pays du Sud pour
permettre aux populations pauvres de subsister. Celles-ci regroupent des
activités diverses qui font intervenir des marchands ambulants, petits
artisans, taximen, vendeurs de rue, etc.
Dans ces pays du sud, la période coloniale a vu
l'implantation d'entreprises, commerciales d'abord, puis de production agricole
ou minière et enfin industrielles et de services, axées sur le
modèle des pays colonisateurs. L'Etat en est le seul entrepreneur
économique.
Cependant, le secteur public, après avoir assuré
tant soit peu la croissance dans la plupart des économies nationales au
cours de la décennie 60, semble aujourd'hui, avouer son échec.
L'Etat a failli à sa mission. Dans son rapport de 1994, la Banque
mondiale4(*)
déclarait : « L'économie formelle du pays
(Ex-zaïre et actuellement la RDC), s'est presque effondrée,
l'infrastructure et les équipements physiques ont subi de graves
dommages, l'intermédiation financière a cessé presque
d'exister. Le secteur public est en état de cessation de paiement et
dans l'incapacité d'assurer jusqu'aux plus essentiels des services
publics... La très grande majorité de la population vit dans
la pauvreté ». D'où l'économie privée
devrait désormais prendre le relais.
C'est ainsi que KAMBALE MIREMBE 5(*)affirme « qu'à
la suite de la défaillance des Etats africains en matière de
développement, de nouveaux acteurs non étatiques prennent le
relais. Parmi eux, on retrouve les commerçants et leurs associations. Ce
sont des acteurs de développement qui s'impliquent dans les initiatives
locales de développement. Et ces initiatives sont surtout informelles
mais permettent à ses acteurs de faire face au sous-développement
et à la pauvreté ».
Le retour de l'entrepreneur serait d'une part lié
à l'échec de la grande entreprise jugée trop lourde pour
exploiter les nouvelles possibilités technologiques :
microinformatique, micro électronique, nouveaux matériaux,
biotechnologie, etc. Ce retour de l'entrepreneur s'explique également
par le fait de vouloir être maître de son travail, pouvoir le
penser, l'organiser, ne pas être le jouet d'une organisation dont on
ignore les rouages6(*).
Plusieurs auteurs comme, GAUTHIER Bernard7(*), notent que
« à la suite des échecs des politiques de substitutions
sur les marchés qui ont freiné le développement des
entreprises en Afrique et des déséquilibres des finances
publiques, c'est sur l'initiative privée et l'entrepreneurship8(*) individuel que reposent
maintenant les espoirs de croissance dans les régions en
développement ».
Le territoire de Lubero et donc la RDC en
général n'est pas du reste de cette réalité.
D'ailleurs, actuellement le gouvernement congolais cherche à formaliser
l'informel, le reglémenter, établir une fiscalité propre.
Il faut donc appuyer le secteur informel. C'est qui est logique car en RDC (en
territoire de Lubero plus particulièrement), on observe une
multiplication des initiatives permettant aux populations de faire face aux
problèmes de pauvreté, de chômage, de maigre revenu, de
famine, etc. Bref, subvenir aux besoins urgents et élémentaires.
Pour accélérer la lutte contre la
pauvreté, la population mise donc en priorité sur le dynamisme de
micro et petites entreprises et sur leur potentiel entrepreneurial.
CAMILLERI9(*) (2007)
indique « qu'en effet, c'est par la dynamisation de micro et petites
entreprises à fort potentiel que l'on aura les résultats les plus
rapides et les impacts les plus élevés sur le milieu ambiant et,
par conséquent, sur le développement économique, la
croissance et, in fine, la lutte contre la pauvreté ». La
priorité est donc accordée à l'entrepreneuship pour lutter
contre la pauvreté.
Cependant dans le territoire de Lubero, l'entrepreneuriat est
l'oeuvre de plusieurs acteurs et les initiatives sont de plusieurs formes. De
ce fait MUSONGORA SYASAKA10(*) stigmatise qu'en territoire de Lubero,
« les initiatives revêtent plusieurs formes ; il peut
s'agir d'organisations non gouvernementales, de PME, de coopératives,
des sectes, des églises, d'institutions de formation et
d'éducation, organisation d'épargne et de prêt formel et
informel, des fédérations associatives, de réseaux
d'associations, d'associations caritatives, d'associations
confessionnelles ; ... Cette situation montre une véritable
diversité qui stimule la création des groupes spécifiques
s'organisant autour de leurs propres activités ou financées par
des bailleurs locaux ou étrangers ».
On constate donc que le dynamisme entrepreneurial de l'emploi
indépendant et la création d'entreprises en territoire de Lubero
est l'oeuvre des particuliers et certaines organisations qui ne peuvent rien
attendre du fait que le pouvoir central a presque tout abandonné.
Ce sont les initiatives entreprises en milieu rural dans le
territoire de Lubero qui nous intéressent dans cette recherche.
2.2. Questions de recherche
La préoccupation majeure dans ce mémoire peut
être résumée par les questions suivantes : Quels sont
les initiatives auxquelles s'a donne la population en milieu rural ? Quels
sont les facteurs explicatifs du dynamisme entrepreneurial en territoire de
Lubero ? Les banques interviennent-elles dans le financement des
activités entreprises en territoire de Lubero ?
Ces questions nous poussent à soulever quelques sous
questions :
- Les initiatives entreprises sont-elles privées,
publiques, des Organisations Non Gouvernementales ou des institutions
publiques ?
- Quelle est l'origine de financement ?
- Les entrepreneurs sont-ils des innovateurs au sens
schumpétérien ?
Telles sont les principales questions auxquelles cette
recherche va apporter des réponses et les mineures pourront suivre au
fur et à mesure que la recherche continue.
Pour y arriver, il nous faut maintenant émettre les
hypothèses qui seront infirmées, confirmées ou
nuancées selon les résultats de la recherche.
3. HYPOTHESES
L'hypothèse est une proposition anticipée de
réponse, une idée pressentie, le point de départ
nécessaire de toute recherche mais qui attend confirmation par la
vérification argumentative11(*).
A titre d'hypothèses, on pourrait affirmer que les
types d'initiatives auxquels se livrent la population des milieux ruraux en
territoire de Lubero seraient l'agriculture, l'artisanat, les petits
métiers et le commerce souvent itinérant. Les facteurs du
dynamisme entrepreneurial en milieu rural seraient le manque d'emploi et du
travail donc du revenu, le redressement du chômage,... Ces facteurs
seraient d'ordre économique, politique et socio-culturel. Les banques
seraient invisibles dans le financement des activités car en milieu
rural, les garanties sont inexistantes.
4. OBJECTIFS DE L'ETUDE
Les objectifs poursuivis dans ce mémoire nous
permettent de décrire et d'identifier le but à atteindre. Ainsi
distinguons-nous les objectifs généraux des objectifs
spécifiques.
1. Objectifs généraux :
trois objectifs généraux ont été retenus pour ce
mémoire. Il s'agit pour nous de déterminer les types d'initiative
entreprise en territoire de Lubero, précisément en milieu rural
mais aussi déterminer les facteurs explicatifs du dynamisme
entrepreneurial en territoire de Lubero. Et, in fine, voir si les banques
financent les activités dans ce territoire.
2. Objectifs spécifiques : Les
objectifs spécifiques permettent la réalisation des objectifs
généraux. Pour ce faire, nous identifions les raisons qui
poussent les entrepreneurs à oeuvrer en milieu rural. Aussi
décrirons-nous les caractéristiques des entrepreneurs à
partir de certaines variables. Nous déterminons l'origine de financement
des entreprises mais aussi celle des entrepreneurs pour voir s'ils proviennent
des milieux ruraux ou des milieux urbains. Nous essayons de voir si les
entrepreneurs font de l'innovation ou l'imitation. Nous analysons de même
le rôle de la famille dans l'entreprenariat en territoire de Lubero ainsi
que celui de l'Etat.
5. CHOIX ET INTERET DU
SUJET
Le choix d'un sujet serait inutile s'il n'y avait pas de
problème. En effet, toute recherche naît de l'existence d'un
problème qu'il faut élucider ou duquel il faut contribuer
à la résolution.
Les pays qui sont développés sont ceux qui
mettent plus l'accent sur l'entreprenariat et plus particulièrement sur
l'innovation. Les économistes constatent que les pays en voie de
développement manquent souvent de PME, syndrome connu sous le nom de
« maillon manquant ».
Le choix de ce sujet a été motivé par le
souci de connaître les types d'initiatives ou d'entreprises qu'on
retrouve en milieu rural et aussi évaluer leur importance dans le
développement de ce milieu. De même, il est utile de faire
connaître l'esprit entrepreneurial dans notre milieu afin de mieux
orienter les acteurs dans ce domaine. L'intérêt de cette
étude est triple.
1. Intérêt
théorique : la présente étude aura, d'une
part, le mérite de mettre à la disposition de tout intellectuel
désireux de cogiter sur l'entrepreneuriat en milieu rural un outil de
travail judicieux. Sûrement que ce travail va ouvrir les voies ou les
brèches à d'autres recherches ultérieures et proposera des
actions de soutien aux acteurs de développement en vue d'une
véritable promotion de l'entrepreneuriat en milieux ruraux.
2. Intérêt pratique :
d'autre part ce travail permettra aux acteurs entrepreneurs de comprendre les
mécanismes de fonctionnement de leurs entreprises pour un meilleur
résultat. De même, c'est un appel lancé aux
décideurs publics, afin qu'ils sachent que l'entreprenariat en milieu
rural ne peut pas être négligé. Au contraire, il doit
être protégé. C'est une issue de lutte contre le
chômage et par conséquent des mesures judicieuses doivent
être prises afin de permettre un développement durable de ces
initiatives.
3. Intérêt personnel : non
seulement ce travail est conditionnel pour achever notre cycle de licence, mais
aussi il nous aide à amorcer une réflexion permettant
d'apprécier le dynamisme entrepreneurial en milieu rural en vue de
soumettre aux entrepreneurs, aux ONG, aux autorités publiques,... des
propositions efficaces d'encadrement des initiatives conçues. C'est
aussi l'occasion pour nous de mettre en valeur l'entreprenariat en territoire
de Lubero.
La valeur pratique et scientifique de ce travail ne sera
atteinte que lorsque nous aurons fixé des objectifs.
6. DELIMITATION DU
SUJET
Le territoire de Lubero est vaste. Dans son organisation
administrative actuelle, le territoire compte 4 entités
coutumières (Bamate, Bapere, Baswagha, Batangi) ; 4
agglomérations semi-urbaines (Kanyabayonga, Kayna, Kirumba et Lubero et
une ville : la ville de Butembo). La présente étude porte
essentiellement sur les agglomérations semi-urbaines de ce
territoire.
Pour des raisons des moyens et du temps, nous l'avons
limité dans le temps et dans l'espace. Dans l'espace, l'étude n'a
pas la prétention d'analyser la dynamique de l'entrepreneuriat dans tout
le territoire, mais plutôt dans les agglomérations semi-urbaines,
plus particulièrement LUBERO.
Dans le temps, il s'agit d'une étude de la dynamique.
Ainsi nos données sont longitudinales. Nous considérons la
dynamique entrepreneuriale pendant la période coloniale et post
coloniale
7. METHODOLOGIE
Pour mener une recherche à bon port et avoir des
résultats fiables, la rigueur et la pertinente de la démarche
scientifique doivent reposer sur un choix judicieux et cohérent des
méthodes d'analyse et des techniques de collecte des données afin
d'éviter de tâtonnements du chercheur et réduire la
probabilité d'aboutir à des conclusions erronées.
7.1. Méthodes
Dans le cadre du présent mémoire, nous avons
estimé que l'usage de la méthode analytique, la méthode
historique, la méthode statistique et la méthode inductive
permettent la réalisation de nos objectifs.
1. La méthode
analytique : elle a servi à analyser les informations
collectées et l'interprétation des résultats.
2. La méthode
historique : elle a été utilisée pour
analyser les faits historiques qui sont à la base de la dynamique
entrepreneuriale en territoire de Lubero car une dynamique suppose un
mouvement.
3. La méthode
statistique : avec elle nous avons pu calculer les
fréquences simples pour différentes variables de ce travail.
4. La méthode
inductive : elle a été utile pour la
généralisation des résultats obtenus dans la seule
agglomération de LUBERO à toutes les agglomérations du
territoire.
7.2. Techniques
L'usage des méthodes susdites nous a obligé
à recourir à certaines techniques qui nous ont également
favorisé la récolte des données nécessaires
à la rédaction du présent mémoire.
Ainsi, le recours à la technique documentaire et
à celle d'interview ont été jugées plus
appropriées pour cette étude.
1. La technique documentaire :
consiste à puiser les données existantes dans les écrits
en rapport avec le sujet. Nous avons consulté divers documents portant
sur l'entreprenariat et le territoire de Lubero. Parmi les documents
consultés, on a des ouvrages, des revues, des textes légaux, des
annuaires, TFC, mémoires, des notes des cours ainsi que des sites
Internet, bref toute la documentation disponibles.
2. La technique d'interview :
consiste à puiser les données utiles à une enquête
suscitant des déclarations orales de quelques personnes susceptibles de
fournir ces données. Nous avons aménagé des entrevues avec
les entrepreneurs du territoire de Lubero pour obtenir les informations
nécessaires à la rédaction de ce travail.
8. ORIENTATIONS POUR LA
LECTURE DU TRAVAIL
Le travail est articulé sur trois chapitres
devancés par la présente introduction. Dans cette introduction,
nous décrivons l'état de la question, la problématique de
notre recherche, les hypothèses à vérifier, le choix et
l'intérêt de l'étude, les objectifs poursuivis ainsi que
les méthodes et techniques utilisées.
Le premier chapitre renferme le cadre théorique ou
définitionnel et la thématique autour des notions d'entreprise,
(section 1) d'entrepreneur (section 2) et d'entrepreneuriat (section 3).
Le deuxième chapitre quant à lui propose la
présentation de la zone d'étude : le territoire de Lubero
(section 1). Elle propose également l'approche méthodologique du
travail (section 2) ainsi que une approche historique qui va du salariat
à l'entrepreneuriabilité (section 3).
Le troisième chapitre est une étude des micros
et petites entreprises ou initiatives dans la perspective entrepreneuriale.
Ce travail se termine par une conclusion et des suggestions
émises en vue d'améliorer et d'amenuiser l'entrepreneuriat en
territoire de Lubero.
Chapitre Premier :
THEORISATION : ENTREPRISE, ENTREPRENEUR ET
ENTREPRENARIAT
Ce chapitre présente un cadre théorique sur les
concepts de base utiles pour la compréhension des informations
recueillies auprès des entrepreneurs du territoire de Lubero ;
informations traitées dans les deux derniers chapitres.
Nous aurons à définir les principaux concepts
à savoir l'entreprise, l'entrepreneur et l'entrepreneuriat12(*), l'esprit et la
capacité entrepreneuriale. Aussi, nous allons épingler les
différentes caractéristiques de l'entrepreneuriat, en analyser
les différents types selon certains critères retenus, en donner
les exigences, les moyens de financement, les contraintes. Bien d'autres
notions en rapport avec notre sujet de recherche seront
développées dans ce chapitre.
Il contient trois sections principales : les notions sur
l'entreprise, l'entrepreneur et l'entrepreneuriat.
I.1 NOTIONS SUR L'ENTREPRISE
Les entreprises font l'objet d'études complexes. En
effet, elles constituent une catégorie hétérogène
quant à la taille, à la nature de l'activité, à la
forme juridique, etc.
I.1.1 Définition
Il n'existe pas de définition précise de
l'entreprise qui fasse aujourd'hui l'objet d'un consensus entre les
différentes disciplines qui s'y intéressent. Parler de
l'entreprise comme d'une réalité unique et homogène
pourrait passer pour un abus de langage.
La difficulté à appréhender la notion
d'entreprise provient essentiellement de la multiplicité des regards
dont elle est l'objet. Le manager, le syndicaliste, le salarié et les
pouvoirs publics, ont chacun une représentation différente de la
même réalité, l'entreprise, à laquelle ils sont
associés. De même, la diversité de regards est encore plus
frappante dans la communauté scientifique. L'économiste, le
gestionnaire ou le sociologue analysent l'entreprise sous des hypothèses
et selon des points de vue souvent complémentaires, parfois
contradictoires, rarement convergents.
Pour DARBELET M. , et LAUGINIE J.-M.13(*), « l'entreprise
peut être appréhendée de plusieurs manières. Pour
l'économiste, elle résulte de l'agencement de facteurs
différents : travail, capital, nature ; pour le sociologue,
elle est une distribution de rôles et de statuts ; pour le
financier, elle est une source de profits et d'investissements ; pour le
juriste, elle est un contribuable, un instrument d'expansion économique
et le siège de divers conflits sociaux (grèves, revendications
diverses) ».
De toute cette multiplicité de regards et cette
diversité d'appréhensions, la définition unanime et unique
n'est pas facile à formuler. En l'absence d'une
représentation de l'Entreprise qui soit globale, synthétique et
admise par tous, le plus sage est de se contenter des définitions de
certains auteurs.
Plusieurs économistes considèrent l'entreprise
comme le lieu où se combinent les différents facteurs de
production (travail, nature et capital) en vue de produire des biens et
services. On comprend que l'entreprise est l'institution où se fait la
production des biens et /ou des services.
Et pour produire, l'entreprise doit utiliser des intrants
provenant de la nature (terre), le travail (le salaire) et le capital (le
profit).
Dans son dictionnaire de gestion, E. Cohen14(*) considère que
l'entreprise est « une organisation relativement autonome,
dotée des ressources humaines, matérielles et financières
en vue d'exercer une activité économique de façon stable
et structurée ». L'auteur insiste ici sur l'autonomie et
la pérennité de l'entreprise. Celle-ci exerce une activité
économique (recherche du profit) qui doit être effective avec les
moyens. Il faut des moyens pour exercer une activité économique.
Pour l'encyclopédie libre15(*), au sens large, le terme
entreprise s'utilise pour des projets uniques mais d'apparence risquée
ou difficile (par exemple, un grand voyage ou une recherche scientifique), car
il y a un effort entrepris dans l'activité.
Dans un sens économique, une entreprise est une
structure économique et sociale comprenant une ou plusieurs personnes et
travaillant de manière organisée pour fournir des biens ou des
services à des clients dans un environnement concurrentiel (le
marché) ou non concurrentiel (le monopole).
Pour le professeur BAGALWA MUHEME16(*) (1998), le mot
« entreprise vient du verbe entreprendre. Entreprendre, c'est se
lancer, tenter une affaire, etc. A l'origine d'une entreprise, une personne (ou
plusieurs) parie sur une opportunité, elle tente de réaliser son
propre profit en apportant à la communauté un bien ou un service
dont elle attend une rémunération ».
L'entreprise est le lieu où se créent les
emplois, où se redistribue la richesse, où se réalisent
les investissements et où naissent les conflits sociaux qui contribuent
à évoluer la société. L'entreprise, poursuit-il est
une communauté économique contribuant au bien-être humain.
Son utilité, c'est rendre l'être humain plus heureux dans la
vie17(*).
Avec ces quelques définitions, il y a lieu de conclure
que l'entreprise est le lieu de fabrication des biens ou services
répondant aux besoins de la population, un lieu de création
d'emplois, des richesses, des investissements, d'épanouissement des
hommes mais aussi un lieu où les conflits sociaux prennent de l'ampleur.
Bref, l'entreprise est le laboratoire où se réalise les grandes
opérations économiques : la production, la consommation, la
distribution, l'investissement.
Elle produit des biens ou services, consomme des facteurs de
production, distribue les biens produits et fait des investissements en
achetant des biens durables ou en innovant.
I.1.2 Catégories d'entreprises
Pour CHARPENTIER18(*), traditionnellement, on distingue trois grandes
catégories d'entreprises, selon qu'elles appartiennent au secteur
privé, au secteur public ou au secteur de l'économie sociale
(coopératives, mutuelles).
I.1.2.1 Les entreprises du secteur privé
Elles regroupent les entreprises individuelles, d'une part, et
les entreprises sociétaires, d'autre part.
Les entreprises individuelles, qu'elles
soient agricoles, artisanales ou commerciales se caractérisent par le
fait qu'une même personne fournit le capital, le travail et la direction,
et est responsable de ses biens.
Les entreprises sociétaires quant
à elles comprennent les sociétés de personnes
(sociétés en nom collectif, sociétés en commandite
simple, sociétés des personnes en responsabilité
limitée) et les sociétés de capitaux
(société par action en responsabilité limitée,
société anonyme).
I.1.2.2 Les entreprises du secteur public
Pour les entreprises du secteur public, P.CHARPENTIER
distingue19(*) :
- Les sociétés d'économie
mixte : ce sont des entreprises semi-publiques dont les capitaux
sont publics (l'Etat ou d'autres collectivités) et
privés ;
- Les entreprises nationalisées :
ce sont d'anciennes sociétés privées dont l'actionnaire
unique est l'Etat qui en nomme le Président Délégué
Général. Les vagues de privatisations ont considérablement
réduit le nombre de ces sociétés nationalisées
et ;
- Les établissements publics administratifs et
les établissements publics industriels et commerciaux :
sont dirigés par un conseil d'administration et un directeur
général nommé par l'Etat. Les établissements
publics disposent d'une autonomie financière et possèdent une
personnalité morale, ce qui les distingue des régies directes qui
n'ont ni l'une ni l'autre.
I.1.2.3 Le secteur de l'économie sociale
Les entreprises de ce secteur ont la forme de mutuelles,
nombreuses dans la branche des assurances ou des banques (crédit mutuel)
ou des coopératives. Ces dernières peuvent être de
distribution, de consommation ou de production.
Fondées sur des valeurs comme la solidarité, les
rapports sociaux et humains et non sur la recherche exclusive du profit, ces
entreprises cherchent à apporter à leurs membres un service au
meilleur prix ; elles sont administrées par des mandataires,
nommés administrateurs ou gérants, élus par
l'Assemblée Générale. Les associés disposent du
même pouvoir dans les assemblées générales (principe
un homme = une voix). Dans ce secteur de l'économie sociale, on classe
également les associations à but non lucratif20(*) (organisation non
gouvernementales, mouvements religieux).
I.1.3 Les Différentes dimensions de l'entreprise
L'entreprise apparaît à la fois comme une
unité économique de production et de répartition, une
organisation sociale et un système politique, le poids de ces
différentes définitions étant variable en fonction de la
nature, de l'activité, du statut juridique de l'entreprise et de la
taille21(*).
I.1.3.1 L' entreprise, unité de production et de
répartition
La mission de production de biens ou de services vendus sur un
marché est la dimension la plus évidente de l'entreprise. Cette
dernière réalise une combinaison productive à partir des
ressources en hommes et en moyens, matériels, technologiques,
financiers. Elle crée de la valeur par la transformation de ces inputs
en outputs (produits semi-finis ou finis, services).
En satisfaisant les besoins des consommateurs, l'entreprise
remplit également une fonction d'utilité sociale. De plus elle
est distributive de revenus. Elle joue ainsi un rôle de
répartiteur de la richesse qu'elle a créée, grâce au
partage de la valeur ajoutée.
Celle-ci a pour objectif principal de rémunérer
les différents facteurs de production :
- Rémunération du travail (les
salaires) ;
- Rémunération du capital (dividendes
versés aux actionnaires et intérêts versés aux
organismes prêteurs de capitaux) ;
- Paiement des impôts à l'Etat et des cotisations
aux organismes sociaux ;
- Autofinancement, correspondant à la part de la valeur
ajoutée que l'entreprise affecte à son propre
développement.
I.1.3.2 L'entreprise, organisation sociale
L'entreprise est un lieu où se rencontrent ce que les
sociologues appellent des « acteurs sociaux »,
c'est-à-dire des individus et des groupes plus ou moins
institutionnalisés. Les hommes et les femmes impliqués dans
l'entreprise sont porteurs de compétences diverses et de savoir-faire
mis à la disposition de l'organisation, au sein d'une structure qui les
met en relation. Ils sont donc insérés dans un réseau de
flux physiques et de flux d'informations. Assurer la cohérence
d'ensemble du système suppose une certaine communauté d'objectifs
entre les participants à l'organisation, la mise en place de
procédures de coordination, de coopération et de
communication.
Mais les individus sont aussi porteurs d'aspirations,
d'intérêts, d'exigences individuelles et collectives. Ainsi, par
exemple, le salaire est considéré comme un coût pour
l'entreprise alors que le travailleur le perçoit comme un revenu
A travers sa participation à l'organisation, chaque
individu cherche à satisfaire plusieurs catégories de besoins,
comme l'ont montré les travaux de l'école de relations humaines,
en particulier ceux de MASLOW : accès à un emploi et donc
à un revenu, besoin d'appartenance à un groupe, besoin de
reconnaissance, besoin d'accomplissement personnel.
Cependant, les débats sur la dimension sociale de
l'entreprise s'élargissent aujourd'hui à des
considérations plus « sociétales ».
Les difficultés croissantes du marché du travail tendent
à remettre en cause le rôle de l'entreprise comme lieu
privilégié d'insertion dans la société et vecteur
de développement social. Tel est le cas actuellement de nombreux
travailleurs qui sont en chômage (Entreprises minières de la RDC)
suite à la crise financière internationale avec toutes ses
conséquences.
L'entreprise étant un lieu d'insertion, toutefois une
proportion croissante de personnes n'y a pas accès tel qu'on le voit
dans plusieurs pays en développement. Ainsi, P. CHARPENTIER estime que
cela est à la base de l'émergence de nouveaux thèmes de
réflexion, notamment autour de l'idée d'une
« citoyenneté de l'entreprise », traduisant
l'idée que celle-ci a des droits et des devoirs envers la
société.
I.1.3.3 L'entreprise, système politique
L'entreprise est aussi un lieu d'affrontements,
d'antagonismes, de conflits, liés à des ambitions personnelles ou
à des oppositions d'intérêts collectifs.
Les jeux de pouvoir dans l'organisation sont nombreux et
difficiles à cerner, la notion de pouvoir étant elle-même
complexe. En effet, elle ne se limite pas à l'influence exercée
sur la structure. Plusieurs sources de pouvoir existent : celui, juridique
et financier, porté par les détenteurs du capital, celui issu de
la compétence, détenu par la technostructure et les managers,
celui des salariés représentés par leurs syndicats. A
cela, il faut ajouter les pouvoirs exercés de l'extérieur, les
mouvements de consommateurs en constituant une bonne illustration.
I.1.4 Finalités et buts de l'entreprise
Les finalités poursuivies dépendent d'une
entreprise à une autre selon son statut juridique, son caractère
dimensionnel. Ainsi, une entreprise du secteur public n'a pas les mêmes
ambitions q'une entreprise du secteur privé et moins encore une
entreprise du secteur de l'économie sociale.
L'entreprise du secteur privé vise la recherche du
profit alors que les deux autres visent l'intérêt collectif.
I.1.4.1 La recherche du profit
La recherche du profit maximum est une hypothèse
centrale des modélisations de la théorie classique où la
finalité des entreprises est réduite à la seule recherche
du profit.
Pour Peter Drucker22(*), il est seulement légitime de rechercher
« un profit suffisant pour couvrir les risques de
l'activité économique et éviter ainsi une
perte ». L'objectif de réalisation d'un profit est alors
indissociable de la volonté de pérenniser l'entreprise et d'en
assurer la survie.
La source de satisfaction unique du producteur est le profit,
et l'objectif de l'entreprise est la maximisation du profit. GENEREUX23(*) précise que le concept
économique de profit est différent du concept comptable de
bénéfice. Ce dernier sert en partie à
rémunérer le travail des entrepreneurs et les capitaux qu'ils ont
investis dans l'entreprise. Or, pour l'analyse économique, le travail et
les capitaux des propriétaires de la firme sont des facteurs de
production comme les autres ; leur rémunération est donc un
coût et non un profit. Le profit correspond au revenu résiduel de
l'entreprise. Ce qui reste quand elle a payé tous les facteurs de
production y compris la rémunération normale du temps que les
propriétaires consacrent à la gestion et à
l'administration, et celle des capitaux qu'ils ont investis.
Bien entendu, les critiques ne manquent pas de
considérer l'objectif de maximisation du profit d'irréalisme.
L'entreprise poursuit aussi d'autres objectifs que celui de maximisation du
profit.
I.1.4.2 Les autres objectifs de l'entreprise
En raison de leur caractère multidimensionnel on ne
peut réduire la finalité des entreprises à la seule
recherche du profit, même si cette dernière est essentielle.
Il existe des entités économiques qui ne visent
pas à titre principal la réalisation d'un profit. C'est le cas
des entreprises du secteur public, et, dans le privé, de celles du
secteur de l'économie sociale (coopératives, associations
à but non lucratif,...)
Il paraît alors raisonnable de penser que les
producteurs connaissent et recherchent d'autres satisfactions à travers
leur activité : le prestige, la reconnaissance du public, la
qualité de relation avec leur personnel, le pouvoir, etc24(*). Les managers peuvent
être incités à user de leur pouvoir de décision pour
atteindre leurs objectifs propres : prestige personnel (l'estime),
puissance, solutions de facilité, paix sociale dans l'entreprise, beaux
bureaux, jolies secrétaires, etc. La poursuite de ces fins personnelles
peut engendrer des coûts qui réduisent les profits des
propriétaires ou des entreprises.
D'autres objectifs peuvent alors être
énoncés, comme l'utilité sociale, ou plus
généralement, la pérennité et la survie de
l'entreprise25(*).
Mais ces objectifs ne conduisent pas à remettre en
cause l'hypothèse élémentaire de la maximisation du
profit.
Une entreprise capitaliste dont les profits sont très
faibles trop longtemps n'a pas de justification économique : elle
est en général fermée ou rachetée. Dans le cas
d'entreprise de l'économie sociale, elle perdura si elle apporte une
utilité sociale à la société et si elle trouve un
bailleur apte à en financer les pertes éventuelles. Parmi les
différents buts possibles pour une entreprise la recherche du profit
occupe une place importante.
I.1.5. Fonctions opérationnelles de l'entreprise
La fonction première d'une entreprise varie selon
l'entreprise ou même selon les points de vue au sein d'une même
entreprise (par exemple, point de vue de l'actionnaire, de l'employé, du
syndicat, de la direction, ...)
Parmi les fonctions opérationnelles habituellement
observées on trouve26(*) :
- Servir le marché, en produisant et distribuant des
biens et services correspondant à une demande solvable. C'est sa seule
justification économique, aucune entreprise ne pouvant survivre sans en
faire sa priorité, à moins d'être protégée,
et en dehors du champ de la concurrence (cas de certains services publics), ce
qui, d'un point de vue purement économique, peut la conduire à
consommer plus de ressources qu'elle ne présente
d'utilité ;
- Gagner de l'argent, c'est-à-dire extraire des
bénéfices financiers en « récoltant plus
d'argent que d'argent investi », notamment pour attirer les
investisseurs institutionnels et les petits actionnaires ;
- Produire un excédent de trésorerie, qui sera
investi avec un plus grand profit dans le développement des
activités ou une autre entreprise (dans le cadre d'un groupe) ;
- Maximiser, selon le statut, l'utilité sociale
(améliorer la situation de la société) ou le profit et
- Atteindre un but technique : réalisation d'un
ouvrage (tunnel, pont, route ...), fabrication d'un produit manufacturé,
la conception et réalisation d'un service donnant satisfaction à
un client. Ce but technique peut lui-même être extrêmement
varié. On citera notamment :
· Les activités qui ne sont pas, pour
l'entrepreneur, l'enjeu principal, mais un moyen au service d'une autre
activité : par exemple la possession d'un groupe de presse, de
production de ressources stratégiques ou d'entreprises vectrices
d'images ;
· Les coopératives agricoles qui sont des
entreprises qui visent à dégager un bénéfice non
pour elles-mêmes, mais pour les coopérateurs adhérents
et
· Les « entreprises
d'insertion » qui visent à rendre apte leurs
employés à occuper un travail
« normal », sans chercher dans certains cas
à générer du bénéfice.
Certaines sociétés peuvent détourner les
fonctions premières de l'entreprise, notamment pour : camoufler des
activités légales ou illégales (ex : certaines
activités comme le jeu, le change, le lavage de voitures, l'immobilier
... sont connues pour permettre le « recyclage »
ou « le blanchissement » de l'argent issu
d'activités illégales).
Après cette revue de littérature sur
l'entreprise, abordons en présent la deuxième section qui
présente quelques notions sur l'entrepreneur.
I.2 L'ENTREPRENEUR
I.2.1 Elucidation du concept
Une entreprise est initiée et dirigée par un
entrepreneur. Dans la littérature économique, l'entrepreneur est
présenté sous son meilleur jour : il innove, crée des
richesses.
A partir de 1970, trois économistes, Kirzner, Casson et
Shane, enrichissent fondamentalement les analyses de trois variables de
base : incertitude, risque et innovation27(*).
Kirzner cité par BOUTILLIER souligne que le propre de
l'entrepreneur est d'agir dans un environnement incertain, remettant du
même coup en cause l'idée de Schumpeter selon laquelle
l'administration par les grandes entreprises allaient entraîner la
disparition du marché, donc de l'incertitude.
Dans les années 1980, M.CASSON28(*) met l'accent sur le processus
de socialisation des individus (origine familiale, éducation,
réseaux de relation, accès à l'information, etc ...) mais
aussi replace l'action entrepreneuriale dans le contexte concurrentiel, par
conséquent d'incertitude et de prise de risque, qui est le sien.
Au début des années 2000, SHANE (2003)29(*), définit
l'environnement institutionnel polymorphe dans lequel s'inscrit
l'activité entrepreneuriale.
L'entrepreneur agit dans l'incertitude. Il appartient à
la catégorie « des gens à gages
incertains » car il prend des risques (Cantillon). Il contribue
à faire circuler la richesse, tel A. de Montchrétien qui
comparait les entrepreneurs au sang qui irrigue les organes du corps
humain30(*).
J.B.SAY dans un contexte d'industrialisation naissante, ajoute
à l'incertitude et au risque un troisième
élément : l'innovation. L'entrepreneur est alors une sorte
d'intermédiaire entre le savant qui produit la connaissance et l'ouvrier
qui l'applique à l'industrie31(*). Il est l'agent principal de la production. Mais
innover, c'est aussi prendre des risques car l'entrepreneur ne peut anticiper
avec certitude ce que sera le marché à venir.
Schumpeter s'attache ainsi à définir
l'entrepreneur comme étant non pas l'homme d'une institution (entreprise
ou exploitation), ni le bénéficiaire du profit, mais le
véritable agent de progrès économique, celui qui est
capable d'innover32(*).
Pour lui, l'entrepreneur est aussi l'agent économique qui réalise
de nouvelles combinaisons de facteurs de production33(*). Cinq combinaisons sont
possibles : création d'un nouveau produit, ouverture de nouveaux
marchés, présentation d'une nouvelle méthode de
production, découverte d'une nouvelle source des matières
premières ou de produits semi-oeuvrés, nouvelle organisation
productive (comme par exemple, le cartel entre différentes entreprises
d'un même secteur d'activité).
L'innovation est, grossièrement, ce qui permet à
l'entreprise d'accroître son chiffre d'affaires et sa position du
marché. Par le pouvoir de l'innovation, l'entrepreneur délimite
son propre marché, fixe ses propres règles, maîtrise
l'incertitude propre au fonctionnement du marché.
Pour KIRZNER (2005)34(*), entreprendre c'est donc tirer profit d'une
opportunité parce que l'on est en possession d'un certain nombre
d'informations.
Ce qui distingue l'entrepreneur Kirznérien de
l'entrepreneur schumpéterien ; est que pour Kirzner :
« l'entrepreneurialité n'est pour moi pas l'incertitude de
nouveaux produits ou de nouvelles techniques de production, inconnues des
autres, que la capacité à voir insoupçonnable,
appréciés par les consommateurs et l'endroit où les
nouvelles méthodes de production, ignorées des autres, sont
devenues praticables de façon imprévue »35(*). Kirzner met plus
l'accent sur l'information alors que Schumpeter focalise son raisonnement sur
l'innovation.
Keynes rejoint Schumpeter en soulignant que le
véritable moteur des affaires est notre désir inné
d'activités. En reconnaissant aux entrepreneurs un rôle moteur,
Keynes marque nettement sa préférence pour ces agents
investisseurs à qui il oppose les épargnants indécis,
fauteurs de déflation et les rentiers pour qui, il souhaite
l'euthanasie36(*).
L'entrepreneur redevient, dans un monde marqué par la grande entreprise,
le moteur de l'économie et du progrès technique.
L'entrepreneur est l'agent économique qui agit, qui
participe au développement du groupe qu'il dirige, qui va de l'avant et
qui pour ce faire rejette la routine37(*).
Pour le professeur Bagalwa Muheme,
« l'entrepreneur n'est pas un caritatif. Il agit par
intérêt, ce qui le différencie effectivement de mouvements
humanitaires. Sa visée, c'est le profit qui résulte de la
différence entre le coût de ses produits et services et le prix
auquel il les vendra (...). L'entrepreneur est propriétaire,
organisateur de l'entreprise : c'est un acteur économique. Il est
différent du manager qui est, lui, salarié, gestionnaire et
organisateur de l'entreprise : c'est un agent économique et il ne
supporte pas le risque qu'il prend. L'entrepreneur est excité par
l'idée de tout perdre ou de gagner davantage (...). Il mène une
guerre juste contre la pauvreté en créant des emplois et des
richesses. Il prend des risques car il dépend lui aussi des jeux de
forces du marché ».
C'est ainsi que F.KNIGHT38(*) a développé, au début du
20e siècle l'idée selon laquelle
« l'entrepreneur prend des risques qui ne peuvent être
couverts par une compagnie d'assurances, précisément parce que
trop aléatoires ».
I.2.2 Typologie des entrepreneurs
BOUTILLIER et FOURNIER (2006)39(*) ont recensé dans un tableau à travers
l'histoire, les classifications faites sur les entrepreneurs.
Tableau 1 : Typologies des entrepreneurs
selon BOUTILLIER et FOURNIER
Auteurs
|
Entrepreneur-artisan
|
Entrepreneur (autres typologies)
|
Collins et Moore (1964 et 1970)
|
Entrepreneur-innovateur : orientation technique
|
Entrepreneur-administrateur : orientation organisateur
|
Smith N. (1967) basées sur le niveau d'éducation et
la formation
|
Entrepreneur-artisan : éducation limitée,
peu instruit, formation et expérience essentiellement technique, homme
d'atelier, peu de compétences de gestion, peu habile pour composer avec
son environnement, peu sociable, paternaliste, se méfie des emprunts,
travailler à son propre compte, propriétaire, d'une petite
entreprise.
|
Entrepreneur opportuniste : plus instruits, plus actif
socialement, mieux intégré dans son environnement, meilleur
communicateur, capable de déléguer, cherche avant tout à
agrandir et à développer l'affaire qu'il a créée,
veut construire une véritable organisation
|
Laufer (1975)
|
Entrepreneur-artisan : professionnel-indépendant,
refus de la croissance au nom de valeurs traditionnelles, recherche en
priorité de positions protégées sur le marché, de
l'indépendance personnelle et d'un avantage financier, survie. Souvent
fils d'artisan, homme d'un seul produit, préfère la
sous-traitance à l'innovation, son entreprise doit s'adapter aux besoins
de la famille
|
Entrepreneur-propriétaire : favorable à une
croissance maîtrisée, conservation de l'autonomie
financière.
Entrepreneur-technicien : refus de la croissance,
conservation de l'autonomie.
|
Knight (1983)
|
Artisan-inventeur : motivé par l'innovation
|
Promoteur : coordinateur, organisateur.
|
Ettinger (1983)
|
Indépendant-entrepreneur : désir
d'autonomie, indépendance, délègue peu, faiblesse
organisationnelle (crée une
« pseudo-entreprise »)
|
Entrepreneur-créateur d'organisation :
volonté de pouvoir, ambitieux, délègue.
|
Marchesnay et Julien (1987 et 1996) :
- Pérennité-indépendance croissance (PIC)
- Croissance-autonomie pérennité (CAP)
|
PIC : logique patrimoniale : pérenniser son
affaire, indépendance financière, préférence de
l'autofinancement, croissance non prioritaire (artisan
« réactor »)
|
CAP : croissance, développement de son affaire,
mobile, individualiste. Fait travailler l'argent des autres conserve
l'autonomie de la décision. Ouvert sur son environnement.
|
Source : BOUTILLIER S. et FOURNIER C. ,
op.cit, p 26
De ce tableau, il ressort que l'entrepreneur a une histoire
(éducation, expériences techniques de management ou
entrepreneuriales, tissu rationnel, des aptitudes (confiance en soi,
ténacité, esprit d'initiative et de compétition,
capacité d'adaptation, attitude face à l'innovation et au risque,
engagement personnel) et des besoins (besoin de sécurité, de
statut, de réalisation de soi, de pouvoir, etc.).
De ces caractéristiques, les auteurs, adoptant chacun
ses critères ont donné les différentes typologies des
entrepreneurs, entrepreneur-administrateur, inventeur, innovateur, promoteur,
opportuniste, créateur ... , toutes ces qualités peuvent
être observées chez un seul entrepreneur. Il peut donc être
à la fois, artisan, créateur, inventeur, innovateur, promoteur,
coordinateur, propriétaire,...
MARCHESNAY40(*) distingue les typologies des entrepreneurs selon
quatre points de vue : l'entrepreneur vu comme un
« créateur » ; l'entrepreneur, vu comme un
« innovateur », l'entrepreneur vu comme un
« développeur » et l'entrepreneur vu comme un
compétiteur.
Selon COLE (1959), il y a 4 types d'entrepreneurs :
l'innovateur, l'inventeur qui calcule, le promoteur trop optimiste et le
constructeur d'organisation (Wikipedia. Org).
L'entrepreneur doit être un manager, un technicien, un
créateur (avoir un esprit d'entreprise), un innovateur (introduction des
nouvelles techniques et nouveaux procédés), un développeur
(contribuer aux problèmes qui rongent la société où
il vit), etc.
Après cette présentation des notions sur
l'entreprise mais aussi sur l'entrepreneur, la présente section nous
explicite le concept « entrepreneuriat »
I.3. L'ENTREPRENEURIAT
L'entrepreneuriat fait l'objet d'un engouement
médiatique et politique pouvant conduire à des amalgames. Il est
parfois utilisé dans des formes adjectives surprenantes :
création d'affaires, activité, ... En effet, l'entrepreneuriat
est étudié par des économistes, des sociologues,
anthropologues, des historiens et chercheurs d'autres disciplines ;
d'où l'entrepreneuriat peut correspondre à une ou plusieurs
terminologies selon la discipline du chercheur. Pour nous, nous le
considérons comme activité économique.
I.3.1. Définitions
Il y a beaucoup de chemins différents où
l'entrepreneuriat peut être défini. Une vue possible de la nature
d'un phénomène entrepreneurial est de le considérer comme
un phénomène d'organisation. Dans cette vision, l'analyse de
l'entrepreneuriat revient à étudier la naissance de nouvelles
organisations ou les activités permettant à un individu de
créer une nouvelle entité.
L'entrepreneuriat est l'action de constituer une nouvelle
organisation et en particulier la création d'entreprise.
L'entrepreneuriat peut être une activité qui crée de
nombreux emplois. Pour K.KNIGHT (1967) et Peter Drucker (1970),
l'entrepreneuriat consiste à prendre des risques. L'entrepreneur est
une personne qui est prête à mettre en jeu sa carrière et
sa sécurité financière pour mettre en oeuvre une
idée, à mettre son temps et son capital dans une entreprise
risquée. Une autre définition de l'entrepreneuriat décrit
le processus de découverte, d'évaluation et d'exploitation
d'occasions. Ainsi un entrepreneur peut être défini comme
« quelqu'un qui agit non en fonction des ressources qu'il
contrôle actuellement, mais qui poursuit inlassablement une
occasion » (Jeffry Timmons). Pour Howard Stevenson, de
l'université de Harvard, l'entrepreneuriat est « la poursuite
d'une occasion qu'elles que soient les ressources contrôlées
actuellement ».41(*)
Pinchot (1985)42(*) introduit le terme
d' « intrapreneuriat » où « corporate
entrepreneurship » pour décrire les activités
entrepreneuriales au sein même d'une grande organisation.
Selon Gasse43(*), l'entrepreneuriat s'entend comme
l' « appropriation et la gestion des ressources humaines et
matérielles, dans le but de créer, de développer et
d'implanter des solutions permettant de répondre aux besoins des
individus ». L'entrepreneur crée des activités pour
lutter contre la pauvreté, pour produire des biens et services,...
utiles à la société.
Pour BEN CHEIKH, l'entrepreneuriat est sans doute la suite
logique de l'empowerment. L'entrepreneuriat consiste à mettre
en relation avec d'autres afin de créer des échanges, des projets
et de la richesse.
Gatner (1990)44(*) s'est beaucoup intéressé à la
question de définition de l'entrepreneuriat. Il a interrogé des
experts avec la méthode Delphi en essayant de répondre à
la question suivante « What are we talking about when we talk about
entrepreneuship ? ». Il a déterminé à la
suite de cette étude 8 thèmes relatifs à
l'entrepreneuriat :
- L'entrepreneuriat touche à l'entrepreneur comme un
individu ayant des caractéristiques particulières.
- L'entrepreneuriat a trait à l'innovation en
général.
- L'entrepreneuriat c'est la création d'une
organisation ;
- L'entrepreneuriat c'est la création de
valeur ;
- Certains réservent l'entrepreneuriat au seul secteur
privé, d'autres estiment qu'il peut concerner le secteur public.
- L'entrepreneuriat intéresse les organisations
à forte croissance ;
- L'entrepreneuriat implique chose unique ;
- L'entrepreneuriat concerne les dirigeants
propriétaires.
Bruyat (1993)45(*) en s'inspirant des travaux de Gatner (1990), a
présenté ces propositions et ses contributions
épistémologiques dans le champ de l'entrepreneuriat. Pour ce
chercheur « l'objet scientifique étudié dans le champ
de l'entrepreneuriat est la dialogique individu/création de
valeur ». Cette dialogique s'inscrit dans une dynamique de changement
et peut être défini comme suit :
- L'individu est une condition nécessaire pour la
création de valeur, il en détermine les modalités de
production, l'ampleur... et il est l'acteur principal et le support de la
création de valeur.
- La création de valeur, par l'intermédiaire de
son support, investi l'individu qui se définit, pour une grande part,
par rapport à lui. Elle occupe une grande part dans sa vie (son
activité, ses buts, ses moyens, son statut social...), elle est
susceptible de modifier ses caractéristiques (savoir-faire, valeurs,
attitudes,...).
Il a montré que toutes les créations
d'entreprises ne conduisent pas à des situations ou l'intensité
du changement pour l'individu et l'importance de la création de valeur
se situent à un niveau élevé. Des entreprises peuvent
être créées par imitation, par reproduction ou encore par
transfert d'une activité existante (reprise).
Les différents paradigmes de l'entrepreneuriat
permettent aussi à donner des définitions supplémentaires
du concept entrepreneuriat.
I.3.2. La dynamique
entrepreneuriale
L'entrepreneuriat est un acte propre à l'entrepreneur
et la « dynamique entrepreneuriale » peut être
définie comme l'ensemble du processus qui tend à favoriser la
création et le développement des entreprises. Ainsi
présentée, la dynamique entrepreneuriale correspond à un
certain nombre de pratiques tactiques et stratégiques. Elle se rapproche
de ce que P. DRUCKER définit comme l'innovation et l'esprit
d'entreprise, à savoir une intention délibérée, une
tâche qui doit être organisée de façon
systématique et qui fait partie intégrante du travail du
dirigeant.
I.3.3. Paradigmes de l'entrepreneuriat
La théorisation de l'entrepreneuriat est au croisement
de divers paradigmes constituant les points de vue sur l'entrepreneuriat.
I.3.3.1. Le paradigme de l'opportunité
Il a été conceptualisé par l'école
autrichienne qui s'est véritablement inscrite dans le domaine de
l'entrepreneuriat avec Scott Shane et S. Venkataraman. Ce courant de
pensée s'est intéressé à la notion
d'opportunité comme une explication de l'entrepreneuriat qui peut
être défini comme une découverte et une exploitation des
opportunités d'affaires. Chez ces deux auteurs, le contexte permet
d'associer l'origine d'opportunité d'affaires, le processus de
découverte, d'évaluation et d'exploitation de ces
opportunités et les personnes qui ont permis d'y avoir accès. En
anglais, «The scholarly examination of how, by whom and with
that effects opportunities to create future goods and services are discovered,
evaluated and exploited. Consequently, the process of discovery, evaluation and
exploitation of opportunites; and the set of individuals who discover,
evaluate, and exploit them». (Shane, Venkataraman, 2000, p. 218)
46(*).
Dans cette conception, Shane et venkataraman (2000)
considèrent l'entrepreneuriat comme un champ d'étude subjectif
qui intègre deux phénomènes à la fois ; la
présence d'une opportunité d'affaires d'aspect lucratif et la
présence des individus entrepreneurs qui identifient, découvrent
et exploitent cette opportunité. Selon ces deux auteurs, les fondements
de l'entrepreneuriat résident dans l'identification d'une
opportunité d'affaires la capacité à la percevoir et
à engager les moyens de l'exploiter.
Et Arenius et De Clerq (2005)47(*), les opportunités entrepreneuriales
proviennent essentiellement dans les différentes structures du
réseau auquel appartiennent les individus. Ce réseau peut
dépendre du capital humain (éducation) ou du territoire
(environnement).
Ainsi, nous pouvons considérer que la création
de nouvelles entreprises est un phénomène entrepreneurial qui se
base essentiellement sur l'identification d'une opportunité.
I.3.3.2. Le paradigme de la création d'une
organisation
A. Processus de création d'organisation selon
Gartner
La création d'une nouvelle entreprise constitue le
coeur de la modélisation de Gatner (1985)48(*) qui a mis l'accent dans cette
étude sur la naissance des nouvelles activités (organisations)
permettant à un individu de créer une nouvelle entreprise.
Pour Gatner, l'apparition d'une nouvelle organisation est la
conséquence d'un processus d'émergence organisationnelle. Cet
événement est l'essence même de l'entrepreneuriat, et
l'objet sur lequel doivent se concentrer les études. Il signale
d'ailleurs qu'il n'y a pas un processus mais des processus d'émergence.
L'idée d'un processus unique, et par conséquent d'un
phénomène unique, a été abandonnée. L'accent
est mis sur l'extrême diversité des situations qui aboutissent
à des nouvelles entreprises. Les composants pertinents de la
création des nouvelles organisations dans son modèle sont :
l'environnement, l'individu, la firme et le processus entrepreneurial. Comme
variables caractérisant son modèle, Gartner a utilisé
trois variable psychologiques à savoir : la propensité
à la prise de risque, le lieu de contrôle (locus of control), le
besoin en accomplissement (need of achevement) et certaines variables
démographiques (éducation, âge, parents entrepreneurs,
etc...). La composante la plus importante autant que le nombre de variables
utilisées par plusieurs chercheurs qui définissent une nouvelle
entreprise par l'entrepreneur est la dimension environnementale.
L'environnement joue beaucoup dans la création des entreprises.
B. Processus de création d'organisation selon
Verstraete.
Pour Verstraete (2000)49(*), l'entrepreneuriat est « un
phénomène complexe et comme un type particulier d'organisation
impulsé par un entrepreneur qui agit pour tenter de concrétiser,
au sein de la structure dans laquelle il baigne, la vision qu'il se fait de
cette organisation. Il s'efforce de la rendre conforme à la
représentation qu'il en fait ».
L'entrepreneuriat est vu comme un phénomène
conduisant à la création d'une organisation impulsée par
un ou plusieurs individus s'étant associés pour
l'occasion50(*).
La définition de Verstracte est reformulée sous
la forme de l'équation ci-après : PhE = f [(CxSxP) inclus
dans (ExO)].
Si l'on souhaite appréhender le phénomène
entrepreneuriat (PhE) dans sa globalité, on est invité à
le concevoir comme la somme, mais aussi les interactions réciproques, de
trois dimensions ou niveaux (C,S,P) : cognitive (c) : (qui
renvoie à l'entrepreneur et à ses processus mentaux :
vision, réflexivité, apprentissage) ; Structural
(S) (qui évoquent les différents milieux où l'entrepreneur
et l'organisation qu'il impulse, crée prendront place) ;
praxéologique (P) (qui fait les lieux entre les deux
précédents, puisqu'il décrit les actions de l'entrepreneur
pour se positionner par rapport aux parties prenantes et configurer son
organisation de manière cohérente avec les choix
précédents). Mais ces dimensions ne sont constitutives du
phénomène que si elles sont mises en relation avec le couple
symbolique que forment l'entrepreneur (E) et l'organisation
impulsée (O), au sein duquel l'idée de mouvement, d'impulsion,
associée à une personne ou une équipe (dans le cas d'une
création d'entreprise à plusieurs personnes), fournit la
clé d'entrée permettant la délimitation par rapport
à des situations proches mais différentes sur le plan
conceptuel51(*).
La principale caractéristique du travail de cet auteur
est l'utilisation du terme impulsion au lieu de création d'organisation
car il suppose le déclenchement croissant et dynamique et le
développement d'une activité ou d'une entreprise. L'auteur
signale que cette impulsion peut se concrétiser dans une entité
préexistante (cas de certaines reprises d'entreprises ou le cas de
corporate entrepreneuship) et ne signifie pas uniquement l'apparition soudaine
et brève d'une nouvelle entité52(*).
I.3.3.3. Paradigme de la création de valeur.
La valeur est le résultat d'un processus de gestion
dont chaque fonction de l'entreprise possède une interprétation
généralement intimement lié à la partie prenante
à laquelle elle se consacre prioritairement53(*).
En effet Ronstadt (1984) (cité par Verstracte
(2003))54(*) a
définit l'entrepreneuriat comme étant « un processus
dynamique de création d'une valeur croissante, cette valeur est
créée par des individus qui assument, les risques majeurs en
terme d'équité, de temps, et/ ou de l'engagement de
carrière de fournir la valeur pour quelque produit ou service. Ce
produit ou ce service peut ou ne pas être nouveau ou unique mais la
valeur doit être infusée par l'entrepreneur en se procurant et
allouant les compétences et les ressources
nécessaires ». Quelle que soit la nature de bien ou de service
produit par l'entreprise (nouveau ou homogène), la création de la
valeur est la préoccupation de l'entrepreneur qui, grâce aux
divers risques pris, affecte des ressources et des compétences
nécessaires à la production.
I.3.3.4. Le paradigme de l'innovation
Ce paradigme trouve ses origines dans l'oeuvre de Joseph
Schumpeter et, plus récemment, dans les écrits de Peter Drucker.
La présentation d'une innovation par l'innovateur culturel
(l'entrepreneur) est considéré par Schumpeter comme le processus
clé dans la force économique de changement.
Au niveau de cette approche, l'innovation est
considérée comme beaucoup plus qu'une innovation. L'invention
dévient une innovation seulement quand elle est appliquée
à un processus industriel et génère une valeur
ajoutée à la fonction de
production suite à cette application. Egalement, tous
les directeurs ou propriétaires d'entreprises ne sont pas tous des
entrepreneurs, pas parce qu'on peut diriger une affaire sans essayer de
créer des nouvelles façons de « faire » des
affaires. C'est le fait d'essayer de nouvelles idées et nouvelles
méthodes de production qui séparent un groupe de pionniers connus
comme entrepreneurs et cet effort est connu sous le nom d'innovation.55(*)
Drucker (1985)56(*) a suivi Schumpeter en distinguant entre
l'administration et l'entrepreneuriat et en définissant l'innovation
comme un moyen par lequel les entrepreneurs peuvent exploiter le changement
pour créer un nouveau service ou une opportunité d'affaires.
Donc l'innovation, la créativité et la
découverte constituent les sujets de coeurs vitaux évoqués
par les auteurs adeptes de l'innovation comme un attribut de l'entrepreneur.
Et ces deux auteurs (Schumpeter et Drucker) consentent que
l'innovation constitue le coeur et la base de toute recherche ou paradigme en
entrepreneuriat. L'innovation devient, le moteur de développement qui
implique des créations d'entreprises dans ce monde de
« destruction créatrice ».
Cependant CASSON57(*) a critiqué l'alignement de l'innovation
technologique avec l'entrepreneuriat et il a considéré que c'est
une erreur, d'identifier l'entrepreneuriat exclusivement comme étant
l'innovation et l'innovation comme étant de la technologie. En effet,
peu d'entrepreneurs arrivent à s'engager dans une radicale innovation de
type Schumpetérienne pure car elle est bien connue d'un type
d'accroissement important d'activité.
I.3.4. La capacité et l'esprit entrepreneurial
L'entrepreneuriat s'incarne dans la capacité qu'a un
meneur de développer des connaissances reliées au
démarrage d'une entreprise, à sa gestion économique,
à la gestion des ressources humaines et à la capacité
à créer des partenariats afin de développer une vision
à long terme de ce projet ou de cette entreprise. L'entrepreneur est
lié à son environnement socio-économique. Son action
transforme la dynamique sociale économique existante parce que
l'entrepreneur construit de nouvelles relations ou partenariats. Ceux-ci ne lui
seront profitables (pas seulement économiques) que si ses nouveaux
partenaires socio-économiques y trouvent également un
intérêt et en tirent de la valeur58(*).
En plus, Hitt et al (2001)59(*) attribuent la capacité à repérer
les opportunités d'affaires à ce qu'ils appellent, la perspective
entrepreneuriale qui la définissent comme étant l'identification
et l'exploitation des opportunités précédemment
inexploitables. En effet, ils considèrent l'action entrepreneuriale
comme étant la création des nouvelles ressources ou la
combinaison des ressources existantes dans le but :
- De développer et commercialiser de nouveaux
produits ;
- De conquérir de nouveaux marchés
- Et/ou de satisfaire les besoins d'une nouvelle
clientèle.
Quant à Albert et Marion (1997)60(*), ils considèrent que
l'esprit entrepreneurial consiste à « identifier des
opportunités et à réunir des ressources suffisantes et de
natures différentes pour les transformer en entreprises ».
Werner Sombart définit l'esprit d'entreprise comme
l'ensemble des qualités psychiques qu'exige l'heureuse
réalisation d'une entreprise. La passion de l'argent, l'amour des
aventures, l'esprit d'invention, etc. constituent les traits d'esprit
d'entreprise. Pour dissocier l'entrepreneur du non-entrepreneur, il faut
ajouter à l'esprit d'entreprise l'esprit bourgeois lequel se
caractérise par la prudence, la circonspection, la raison, le calcul,
l'ordre et l'économie61(*). L'entrepreneur idéal se signale d'abord par
son esprit d'entreprise. La culture entrepreneuriale n'est pas une
création ex Nihilo62(*) mais peut être une reprise, entreprise
technologique, artisanale, etc.
I.3.5. Caractéristiques de l'entrepreneuriat
Dans la littérature, il y a plusieurs
caractéristiques de l'entrepreneuriat. Un article de wikipédia
(cfr. infra) en dénombre sept :
- Il y a un « leader », l'entrepreneur,
qui est la force motrice à l'origine des faits
économiques ;
- Dans l'esprit de cet entrepreneur il y a une vision de
l'avenir qui est préférable à celle de l'état
présent ;
- Tout au long d'un processus partiellement
conscientisé d'intuitions et de perspicacité qui trouvent leurs
racines dans l'expérience, l'entrepreneur développe une vision
ainsi qu'une stratégie afin de la mettre en pratique.
- Cette vision est mise en oeuvre rapidement et avec
enthousiasme par l'entrepreneur. Le travail réalisé peut procurer
le sentiment de vivre pleinement ou la satisfaction de rendre service à
la société.
- La stratégie est délibérée et la
vision d'ensemble est claire en revanche les détails sont
malléables, incomplets et émergents.
- Les stratégies entrepreneuriales s'accompagnent
souvent de structures simples et centralisées qui répondent
rapidement aux directions que donne l'entrepreneur.
- Les stratégies entrepreneuriales tendent à se
développer dans des marchés de niche qui ne sont pas pris en
compte par les acteurs dominants du marché.
Nous constatons que l'entrepreneur est un visionnaire, un
stratège. Etant visionnaire (il doit savoir où il faut aller, ses
vues étant plus vastes que la réussite) ; être capable
de susciter l'engagement d'autrui, avoir une évaluation lucide de
soi-même, connaître ses forces et ses limites.
I.3.6. Eléments de motivations et de compétences
entrepreneuriales.
Avant toute chose, il faut comprendre ce qui a conduit
à la décision d'entreprendre, c'est-à-dire repérer
les éléments et les contextes ayant
« socialisé » l'individu pour l'entrepreneuriat.
Les chercheurs s'interrogeront par exemple, sur les facteurs
ayant conduit le candidat à la création de l'entreprise à
passer à l'acte en explorant ses intentions, ses motivations et les
contextes par lesquels il est passé et recelant quelques explications de
la décision d'entreprendre.
Verstraete et Saporta63(*) ont cherché à mettre les
caractéristiques individuelles favorables à l'entrepreneuriat.
Ils ont écarté les facteurs tels que la chance ou la santé
pourtant déterminants dans certains projets. Ainsi, ils ont
présenté douze éléments constitutifs d'un bilan de
motivations et de compétences entrepreneuriales qui sont :
1. La vision : c'est un aspect crucial
de l'entrepreneuriat. Les véritables entrepreneurs ont cette
capacité à se forger une vision de leur affaire, vision qu'ils
vont tenter de concrétiser. L'un des pôles de cette vision,
réfère à la connaissance que l'entrepreneur a de ses
forces et faiblesses.
2. L'engagement, la persévérance et la
détermination : ces auteurs comparent dans leur ouvrage,
la création d'entreprise à un parcours du combattant. Comment
passer ces épreuves et résoudre ces problèmes sans
ténacité, sans persévérance et sans une forte
détermination ? Si le temps consacré au projet peut
être relatif au tout début du processus (créateur
salarié devant fournir 35 heures de son temps à son employeur,
étudiant ne devant pas négliger l'obtention de son
diplôme), il s'avère vite nécessaire de s'engager
totalement.
3. La capacité à conduire l'organisation
et l'équipe vers le futur souhaité : l'entrepreneur
doit présenter des qualités de leadership. Le leader est celui
sachant justement guider les autres, qu'il aura acquis à sa cause, vers
l'atteinte des buts et objectifs. Cette qualité est nécessaire
pour l'entrepreneur, la conduite de l'organisation doit être
orientée vers la croissance.
4. Une focalisation sur les opportunités
d'affaires : avant de se préoccuper des ressources, de la
stratégie et de la configuration organisationnelle nécessaire
à la réalisation de celle-ci, tout entrepreneur a
détecté ou construit une opportunité d'affaires, et ses
actions, ses buts et ses objectifs sont orientés vers l'exploitation de
cette opportunité. (Cfr. paradigme d'opportunités).
5. Le sens de l'initiative, la responsabilité
et l'intégrité : prendre l'initiative de
créer une entreprise responsabilise personnellement l'entrepreneur. Sa
responsabilité est engagée vis-à-vis de toutes les parties
prenantes qu'il aura convaincues, au premier chef desquels sa famille, puis les
salariés, les actionnaires, les prêteurs de capitaux, etc. Une
affaire en démarrage pose toujours une question d'éthique et
adopter le comportement afférent constitue une ligne de conduite pour
les salariés. Il en résulte un gage d'intégrité
apprécié par les partenaires. L'entité créée
n'ayant pas toujours une histoire accessible, ces partenaires parient sur un
entrepreneur en qui ils peuvent avoir confiance.
6. La tolérance à
l'ambiguïté, la confiance et l'optimiste :
l'ambiguïté est inhérente au phénomène
entrepreneurial. Rien n'est écrit par avance et les surprises sont
inévitables. L'avenir est par essence incertain, indéterminable
ou inconnu. La confiance, d'abord en soi et l'optimisme permettent de
tolérer l'ambiguïté, mais il subsiste toujours des espaces
incontrôlables ou inconnus. Donald Kuratko et Richard Hodgtts64(*) évoquent
également la « tolérance pour les erreurs »,
c'est-à-dire la capacité à apprendre à partir des
erreurs commises, lesquelles constituent de véritables
expériences sur lesquelles on peut capitaliser par la suite.
7. La promptitude à décider et la
capacité d'improvisation : l'incertitude place le
créateur face à des situations nécessitant une prise de
décision rapide. C'est surtout le cas dans les environnements de
haute-technologie où la compétition internationale exige une
innovation permanente. Les environnements turbulents sont mieux investis par
les entrepreneurs et les configurations organisationnelles où
l'improvisation est exploitée pour faire face à des circonstances
changeantes. Improviser, c'est maîtriser les rythmes temporels, c'est
chorégraphier l'organisation pour ne pas subir la cadence imposée
par les événements et pour donner le rythme voulu aux changements
souhaités. Mais pour improviser, il convient de posséder des
informations en quantité suffisante et de savoir en tirer des
connaissances utiles. La capacité d'improvisation est moins inaccessible
qu'il n'y paraît. Elle peut appeler le sens pratique autant que le sens
managérial. L'expérience y joue pour beaucoup. L'improvisation
n'est pas forcement opposée à la planification.
8. La perception et l'estimation des
risques : sans assimiler l'entrepreneur à un calculateur,
le rapport qu'il entretient avec le risque est à la base de
théories économiques aujourd'hui largement diffusées.
Malgré cela, les études sur l'attitude des individus, et en
particulier des entrepreneurs, face au risque fournissent des résultats
contradictoires. Pratiquement, il est en général reconnu qu'un
entrepreneur sait s'engager personnellement là où d'autres ne s'y
risqueraient pas. De plus, il semble capable plus que d'autres d'identifier les
opportunités à exploiter, mais ce constat est le plus souvent
fait a posteriori, lorsque l'observateur étudie un parcours
réussi. Les entrepreneurs se trompent aussi parfois, avec pour
conséquence une répartition du risque sur l'ensemble des parties
prenantes qui ont cru à leur projet...
9. Une forte capacité de travail et la
résistance au stress : le phénomène
entrepreneurial est consommateur d'énergie. L'observation du terrain
confirme ainsi la proposition théorique selon laquelle le processus
entrepreneurial démarre par une accumulation d'énergie, qui sera
ensuite dépensée pour attirer les différentes ressources
dont les créateurs ont besoin pour faire décoller leur
entreprise. La pratique du sport, des exercices de relaxation et, si possible,
une vie familiale équilibrée par une disponibilité
régulière à défaut d'être fréquente,
la rencontre avec des amis sortant du cadre professionnel, apportent une
énergie nouvelle. Ces dérivatifs au travail permettent
également de résister au stress, ou pire, au burn-out
(surmenage)...
10. La créativité : cette
capacité est essentielle dans le processus entrepreneurial,
c'est-à-dire dès l'idée d'exploiter une opportunité
ou de créer une entreprise (certains créateurs expriment leur
désir de créer avant même d'avoir l'idée). La
créativité se révèle et s'apprend par des
méthodes aujourd'hui éprouvées. Elle est à la base
de tout processus d'innovation.
11. La capacité à convaincre et
à communiquer : l'exercice de conviction est permanent. Il
faut convaincre les possesseurs de ressources d'adhérer au projet
d'entreprendre en apportant leur concours. Il faut aussi convaincre les
salariés de travailler, les financeurs de prêter, les fournisseurs
de livrer, les clients d'acheter, etc. L'échange de valeur place
l'entrepreneur en perpétuelle position de négociateur, et ses
qualités en termes de communication s'avèrent importantes.
12. Le souhait d'indépendance :
l'indépendance est très relative et ne correspond pas à la
liberté. Un salarié peut être moins dépendant de son
employeur qu'un créateur d'un client ....
Malgré ces qualités (atouts) l'entrepreneur
oeuvre dans un environnement turbulent où il est confronté
à certaines contraintes.
I.3.7.
L'entreprenariabilité et ses contraintes
L'entrepreneuriabilité est l'autre moyen de
réduire le chômage au niveau macroéconomique. Les
contraintes relatives à la formation des sociétés et
à la création d'entreprises de manière formelle sont des
freins à la promotion de l'esprit d'entreprise et d'initiative. La
création d'activités tout comme la création d'entreprises
ne sont pas évidentes, car l'esprit d'entreprise repose toujours sur la
conjonction d'un environnement institutionnel favorable, de programmes publics
bien conçus et de facteurs culturels propices.
Les contraintes peuvent être de plusieurs ordres dont
les principales s'expriment tel qu'il suit :
I.3.7.1. Les contraintes administratives
L'administration est un acteur important dans la
création formelle d'une société. On estime que si des
personnes se lancent dans l'activité d'auto emploi de façon
informelle, c'est parce que l'administration ne leur allège pas la
tâche.
Dans un ouvrage co-édité par la Banque Mondiale
et la « International Finance Corporation », on recense les
procédures, le temps et les coûts associés à la
création d'une société à responsabilité
limitée dans 181 pays du monde65(*).
Les indices examinent les coûts réglementaires
liés à l'activité d'entreprise et peuvent être
utilisés pour analyser des réglementations spécifiques,
favorables ou non à l'activité commerciale, à
l'investissement, à la productivité commerciale, à
l'investissement, à la productivité et à la croissance.
Ainsi, les pays sont classés selon qu'il est facile ou pas d'y
entreprendre une activité commerciale. Nous retiendrons comme indices
d'appréciation de la rigidité ou de la flexibilité
administrative : la procédure, le délai, le coût, le
versement obligatoire d'un montant minimum de capital.
1. Les procédures : Nous
entendons par procédures toute interaction entre le fondateur de la
société et les parties extérieures (organismes publics,
avocats, commissaires aux comptes, notaires). Les procédures officielles
requises avant et après la constitution pour un entrepreneur qui
souhaite exploiter officiellement une entreprise sont enregistrées.
Seules les procédures obligatoires pour toutes les entreprises sont
concernées. Les procédures spécifiques à certains
secteurs d'activité sont exclues.
2. Le délai : les délais
sont mesurés en jours calendaires. La mesure correspond à la
durée médiane nécessaire pour accomplir une
procédure. Selon les juristes spécialisés dans la
constitution de la société, on suppose que la durée
minimale requise pour chaque procédure est d'un jour. Les
procédures peuvent être accomplies simultanément, mais
elles ne peuvent pas être initiées, le même jour. Une
procédure est considérée accomplie une fois que
l'entreprise a reçu le document final.
3. Le coût : le coût est
exprimé en pourcentage du revenu par habitant du pays. Seuls les
coûts officiels sont recensés. Le calcul des coûts est
basé sur le droit des sociétés, le code de commerce ainsi
que des règlements et des barèmes tarifaires
spécifiques.
4. Versement obligatoire d'un montant minimum de
capital : L'obligation de verser un capital minimum correspond
à la somme que l'entrepreneur doit déposer dans une banque avant
d'entamer la procédure d'enregistrement de l'entreprise ; le
montant est enregistré sous forme de pourcentage du revenu par habitant
du pays. En général, ce montant est fixé par le code du
commerce ou le droit des sociétés.
Ces indices mis en place par la Banque Mondiale permettent
d'apprécier les pays selon la facilité à y entreprendre
une activité commerciale66(*)
Tableau n° 2 : Conditions de
création d'entreprise en R.D.C
Indicateurs, création d'entreprise
|
RDC : 154/181
|
Région OCDE
|
Procédures (nne )
|
13
|
5,8
|
Durée (jours)
|
155
|
13,4
|
Coût (% du Rév./hab.)
|
435,4
|
4,9
|
Cap. Min. versé (% du RNB /Hab.)
|
0,0
|
19,7
|
Source : banque mondiale, doing
Business 2009
De manière générale, la RDC occupe la
154ème place en terme de facilité de création
d'entreprises. En terme de nombre moyen de procédures, ils
représentent plus du double (13) de celui des pays de l'OCDE (avec
seulement 5,8). Par rapport au cas idéal qui est le Canada dont les
procédures ont été réduites à 2 en
2006 ; la création d'entreprises se caractérise par
l'inadéquation en termes de temps de réponse entre l'urgence des
besoins de l'entrepreneur et la longueur des délais d'obtention
d'exécution des formalités administratives. Des reformes sont
nécessaires dans ce sens afin de permettre un dynamisme
économique et la liberté d'entreprendre.
Les contraintes administratives ont pour effets
négatifs de forcer les entrepreneurs à agir dans l'informel,
c'est-à-dire, les conditions où les affaires ne paient aucune
taxe et où la protection sociale n'est pas garantie. Par
conséquent, les produits n'obéissent à aucune norme de
qualité, les affaires ne peuvent pas obtenir de crédit bancaire
ou recourir à la justice pour résoudre les contentieux.67(*)
Les chiffres du tableau précédent sont
établis, ceteris paribus, en supposant par exemple pour les
procédures administratives qu'il n' y a pas des mesures
spécifiques ou des avantages relatifs à la corruption. Selon
NJAYA et NGONGANG68(*), on
peut ajouter sur la liste des difficultés administratives, la
complexité des circuits administratifs, la lenteur, les tracasseries et
l'attitude bureaucratique.
Ces blocages administratifs allongent les délais de
démarrage des activités de l'entreprise, consomment
l'énergie de l'entrepreneur au détriment de ce qui
nécessite à la conduite du projet. En RDC, vu le tableau ci-haut,
il faut 155 jours pour créer une société. Cette
hostilité de l'environnement institutionnel engendre un double
risque69(*) :
l'abandon du projet et l'usure initiale de la volonté d'entreprendre.
I.3.7.2. Les contraintes financières
Les conditions des institutions financières ainsi que
le montant important du capital minimum pour commencer légalement une
activité sont des contraintes fortes. L'effort personnel du
créateur lui-même dépend de sa propension à
épargner.
Pour CASSON M. , « le capital pose toujours
problème. Il est difficile d'emprunter car les prêteurs potentiels
ne partagent pas forcement l'enthousiasme de l'entrepreneur. » Il
ressort que les fonds propres apparaissent comme une source de financement
largement insuffisante.
Les contraintes financières constituent ainsi un frein
à l'entreprenariat. La facilité d'accès au crédit
autorise le financement des activités.
Pour Aloys Mahwa, « si des gens ne choisissent pas
d'investir massivement, c'est en partie à cause des
conditionnalités des banques qui ne sont pas à leur
portée, mais aussi l'environnement macroéconomique qui entoure
les règles de crédit. Dans un environnement essentiellement
informel et où la densité des banques est insuffisante, le faible
taux de bancarisation constitue aussi un frein à l'accès au
crédit sans omettre la culture même du crédit [...] la
relation entre les institutions financières et les PME en besoin de
financement révèle une situation paradoxale : d'une part, il
existe un secteur privé qui a un besoin de financement pour se
développer et d'autre part le taux d'épargne est relativement
élevé, ce qui se traduit par un secteur bancaire
surliquide ».
I.3.7.3. Les contraintes fiscales
Les contraintes sont aussi d'ordre fiscal. La fiscalité
peut être incitative ou dissuasive de la promotion d'emploi
indépendant.
Laffer a établi une corrélation entre le taux
d'imposition et les recettes fiscales, une relation à optimiser pour
maximiser les recettes fiscales sans nuire à l'entreprise. Les analystes
du secteur informel pensent que la rigidité fiscale contribue à
la promotion du travail au noir.
La fiscalité, malgré le fait qu'il soit un outil
de souveraineté de l'Etat, de l'amélioration de ses revenus et de
la justice sociale, se conçoit comme source de pauvreté et limite
l'entreprenariat70(*).
Un conflit existe entre le pouvoir public et les redevables
(contribuables) : l'opinion voudrait, collectivement, plus de services
publics et moins de taxes, pourtant les premiers ne vont sans les secondes. Le
souci est de trouver une fiscalisation optimale répondant à la
fois aux aspirations de l'Etat, sans décourager les entrepreneurs, des
petits comme des grands.
Pour avoir une visibilité sur les conditions fiscales
en RDC, nous analysons l'indicateur de paiement des taxes et impôts
publié par la Banque Mondiale71(*).
Tableau n°3. : charges fiscales de la RDc
Rang : 153/181
|
Paiement des impôts
|
Payement (nombre)
|
32
|
Durée (heure)
|
308
|
Impôt sur les profits (% profits)
|
0,0
|
Impôt et charges sociales (% profit)
|
7,9
|
Autres taxes (% Profit)
|
221,9
|
Taux d'imposition totale (en pourcentage des
bénéfices)
|
229,8
|
Source : Doing business,
2009
D'après ce tableau, la RDC occupe le
153ème rang (sur un total de 181) en matière de
fiscalité. On constate donc qu'il y a une lourdeur fiscale en RDC. La
durée de paiement est 308 heures (soit environs 13 jours, pour
préparer, déclarer et payer l'impôt). Cette durée
est la traduction de la lenteur administrative que nous avons
déjà évoquée. Le nombre de taxes à payer et
le taux d'imposition total sont aussi excessifs, respectivement 32 impôts
et taxes et 229,8 % d'impôt sur les bénéfices.
Cette lourdeur fiscale peut contraindre les entrepreneurs
à oeuvrer ou se réfugier dans l'informel.
I.3.7.4. Les contraintes culturelles72(*)
La culture est un critère très
déterminant quant à l'encouragement ou découragement de
l'esprit d'entreprise. Aujourd'hui, on évoque l'idée d'une
certaine « culture d'entreprise » ou « la culture
entrepreneuriale ». Difficile à définir, la culture
d'entreprise moderne peut se résumer à travers le souci de
rechercher le bénéfice (maximisation de profit) l'accumulation du
capital dans une perspective d'un investissement productif, la culture
documentaire permettant la transparence et le compte rendu des états
financiers en vue d'un meilleur suivi. Cette manière de définir
la « culture d'entreprise » se heurte, en Afrique, aux
considérations et pressions sociales limitant l'achèvement des
objectifs de maximisation.
Les notions de « pluralité de
rationalité » et de « limite de
rationalité » sont encore objets de recherche, puisque le
domaine de rationalité des agents économiques possède des
limites. Les deux limites importantes sont la pluralité des
rationalités et la limite même de rationalité. Le fait que
la rationalité soit plurielle permet de valoriser la manière
d'agir des cultures autres qu'occidentales, réputées d'être
rationnelles. La limite de rationalité tient compte des limites
physiques et du caractère fini de la condition humaine qui
l'empêcherait d'avoir de l'emprise sur toute chose.
En invoquant un des freins à l'esprit d'entreprise en
Afrique, Alioune Sall parle de la prédominance des systèmes
lignagères comme mode de production ayant comme conséquences
« un caractère commun : la minimisation du risque y est
préférée à la maximisation du profit ou de la
productivité. La recherche de la minimisation du risque inspire les
décisions de migrer, elle conduit surtout à investir dans les
liens sociaux, à les diversifier et à les privilégier par
rapport à l'accumulation du capital... Ainsi l'investissement dans le
lien social amène-t-il à donner aux solidarités intra et
intergénérationnelles un rôle clés dans la
société ».73(*) La conséquence de ce choix est que ces deux
systèmes de production minimisent autant que faire l'investissement
physique et économique.
La culture documentaire quant à elle évoque les
notions de gestion où règne le souci de transparence et de
communication des états financiers pertinents, parfois une des
conditions pour bénéficier d'un crédit auprès des
établissements de crédit.
En entrepreneuriat, CASSON M74(*)., estime que , « le système
éducatif joue un rôle important. Pour trouver les capitaux
nécessaires au démarrage de l'entreprise, l'entrepreneur peut
avoir recours aux banques, mais ces dernières ne se montrent pas
toujours très favorables au financement du projet
entrepreneurial », pour les personnes n'ayant pas
étudié.
Nous venons de parcourir, un certain nombre de contraintes
auxquelles sont exposées les promoteurs d'entreprises dans notre
environnement. Ces contraintes justifient les limites d'entreprendre et de
promouvoir de manière générale l'esprit d'entreprise.
Elles peuvent justifier aussi le refuge du dynamisme entrepreneurial dans
l'informel et dans les micros entreprises. Qu'en est-il alors du financement de
l'entrepreneuriat ? Le point qui suit nous le révèle.
I.3.8. Moyens de financement de l'entrepreneuriat
Selon le professeur NSIMBA LUZOLO, 75(*)le financement correct d'un
projet est une des conditions de réussite de ce projet. Il distingue 3
sources des capitaux dont les capitaux propres, les capitaux empruntés
et les aides.
Les capitaux propres comprennent le capital social et
l'autofinancement (on le trouve dans les comptes réserves, reports
à nouveau, provisions, amortissement).
Les capitaux empruntés sont constitués des
dettes à long et moyen terme, ces fonds peuvent provenir des
institutions financières bancaires et non bancaires (banques
commerciales et de caisses d'épargne et de crédit). Mais aussi
des obligations.
Les aides, sont généralement distribuées
par l'Etat ou la collectivité locale. Elles sont de nature
financière (subventions, avances remboursables, garanties d'emprunt),
fiscale (exonération d'impôt, réductions et abattement
fiscaux) ou encore sociale (exonération des charges sociales).
Charles HOANG76(*)estime que pour démarrer son entreprise, le
créateur doit faire un choix optimal de ses ressources
financières. Il distingue ainsi deux ressources principales : les
fonds propres et les dettes.
- Les fonds propres représentent les apports
effectués par les associés et les subventions obtenues par les
organismes gouvernementaux. Pour lui, les subventions deviennent aussi
directement de fonds propres.
- Les dettes, l'endettement représente les montants
qu'il faudra emprunter (à court terme, moyen et long terme) pour
compenser l'insuffisance de fonds propres.
Nous avons essayer d'évoquer dans ce point les
principaux moyens de financement d'une entreprise. Il existe aussi d'autres qui
sont alternatifs. Ainsi Robert WANDA en cite des moyens de financement comme
l'épargne personnelle initiale, l'aide familiale, le dette commerciale
non tontinale, l'épargne personnelle postérieure contenue dans
les tontines, la dette tontinale, le capital de réputation sociale
(crédit de gré à gré)77(*).
I.3.9. Types d'entrepreneuriat
Nous avons déjà évoqué les
différents types d'entreprises et d'entrepreneurs dans les deux
premières sections. Nous inspirant de ces types d'entreprises, nous
pouvons dire qu'il existe autant des types d'entrepreneuriat qu'il y a de types
d'entreprises et/ou d'entrepreneurs. Ainsi, nous pouvons avoir
l'entrepreneuriat public, l'entrepreneuriat privé, l'entrepreneuriat
social, etc.
Si nous prenons les critères comme la
légalité, le nombre d'entrepreneurs, la durée de
l'activité, le sexe, le statut juridique de l'entrepreneur, nous pouvons
classifier l'entrepreneuriat en :
1. Entrepreneuriat formel et informel :
l'entrepreneuriat formel comprend les activités relatives à
l'économie formalisée c'est-à-dire les activités
autorisées et reconnues par l'Etat alors que l'entrepreneuriat informel
est relatif aux activités qui s'exercent dans le noir, non
enregistrées par l'Etat. On peut avoir aussi l'entrepreneuriat
souterrain, par analogie à l'économie souterraine qui concerne
les activités prohibées et illicites.
2. Entrepreneuriat individuel et entrepreneuriat
collectif : l'entrepreneuriat individuel, c'est la volonté
d'une personne de se démarquer, d'acquérir plus
d'indépendance et de liberté sans qu'intervienne une
autorité, explique Régis LABEAUME78(*). Les individus qui empruntent cette voie cherchent
à se réaliser sur les plans personnel, professionnel et
financier. L'entrepreneuriat individuel correspond en fait au travail
indépendant. L'entrepreneuriat collectif ou communautaire est
caractérisé par un groupe d'individus qui décèlent
un même besoin et qui choisissent d'unir leurs efforts afin de
répondre à ce besoin. Dans l'entrepreneuriat collectif, les
individus partagent les bénéfices et les risques. Ils ont envie
d'entreprendre ensemble et non d'être en concurrence.
3. Entrepreneuriat occasionnel et entrepreneuriat
durable : selon la durée de l'activité,
l'entrepreneuriat occasionnel reprenne les activités temporaires,
journalières,... alors que l'entrepreneuriat durable correspond aux
activités et surtout les sociétés dont l'exploitation dure
longtemps.
4. Entrepreneuriat féminin et entrepreneuriat
masculin : certaines activités peuvent être
exclusivement exercées par les femmes alors que d'autres peuvent
être spécifiques aux hommes.
5. Entrepreneuriat privé, entrepreneuriat
public et entrepreneuriat social : ici le critère est le
statut juridique de l'entreprise. Le privé concerne les entreprises du
secteur privé ; le public, les entreprises du secteur public et
l'entrepreneuriat social concerne les différentes entreprises du secteur
de l'économie sociale.
CONCLUSION DU CHAPITRE
De tout ce parcours de littérature, il y a lieu de
retenir qu'il n'existe pas de définition précise et unanime de
l'entreprise qui fasse aujourd'hui l'objet d'un consensus entre les
différentes disciplines qui s'y intéressent. Les entreprises
constituent une catégorie hétérogène quant à
la taille, à la nature de l'activité, à la forme
juridique, etc. Trois grandes catégories d'entreprises sont
distinguées selon qu'elles appartiennent au secteur privé, au
secteur public ou au secteur de l'économie sociale. L'entreprise
apparaît aussi comme une unité économique de production et
de répartition, une organisation sociale et un système
politique ; qui sont les 3 dimensions de l'entreprise. Les objectifs, les
finalités de l'entreprise dépendent de son statut juridique et
son caractère dimensionnel.
Une entreprise est initiée et dirigée par un
entrepreneur. Celui-ci est un preneur de risques, un innovateur, un
développeur, un organisateur, un créateur, un inventeur, un
promoteur, un opportuniste.
On peut aussi retenir que l'entrepreneuriat fait l'objet ou
peut correspondre à une ou plusieurs terminologies selon la discipline
du chercheur.
Quatre paradigmes constituent la base ou le coeur du
phénomène entrepreneurial. Les paradigmes d'innovation
(Schumpeter et P. Drucker), d'opportunité (Shane et VenKataraman), de
création d'organisation ou d'entreprise (Gartner et Verstraete) et celui
de la création de valeur (Ronstadt). Toute création
d'organisation provient d'un esprit ou d'une capacité
entrepreneurial.
Parmi les éléments des motivations et des
compétences entrepeneuriales, la vision et les relations sont
considérées comme d'indéniables facteurs clés du
succès de l'entrepreneur.
Les contraintes auxquelles sont exposées les promoteurs
d'entreprises dans l'environnement sont multiples. Ces contraintes justifient
des limites d'entreprendre et de promouvoir de manière
générale l'esprit d'entreprise. Les principales contraintes sont
de nature administrative, financière, fiscale et culturelle.
Chapitre Deuxième :
PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE ET APPROCHES METHODOLOGIQUE
ET HISTORIQUE
Ce deuxième chapitre est consacré à la
présentation de la zone d'étude (section I), à l'approche
méthodologique de ce travail (section II) et à l'approche
historique de l'entreprenariat (section III).
II.1 LE TERRITOIRE DE LUBERO : CADRE PHYSIQUE,
ADMINISTRATIF, DEMOGRAPHIQUE ET SOCIO-ECONOMIQUE79(*)
Le territoire de Lubero est d'une superficie de
18096km2. Il est traversé par l'Equateur. Il juxte ceux de
Rutsuru (au sud) et de Walikale (au sud-ouest), à l'est le lac
Ex-Edouard, à l'ouest le territoire de Bafwasende et au Nord, les
territoires de Beni et de Mambasa. Le chef lieu est situé à
Lubero, à près de 300km au Nord de Goma.
Le territoire connaît un climat tropical d'altitude. Son
relief est dominé par des collines d'une altitude variant entre 1500 et
2000m. A l'Est s'élèvent des montagnes de la chaîne des
Monts Mitumba et des plateaux de la Crète Congo-Nil. C'est la
région des cultures maraîchères. A l'ouest, commence la
cuvette centrale. La diversité de culture est liée à celle
du relief. La plupart des cultures sont vivrières, et une bonne partie
de récoltes sert à l'autoconsommation. Comme culture
industrielle, il faut citer le caféier, le quinquina, le
pyrèthre.
Le territoire sous examen est une entité
décentralisée située au Nord-Est de la R.D. Congo. Dans
son organisation administrative actuelle, le territoire compte :
- 4 entités coutumières : Bamate, Bapere,
Baswagha, Batangi
- 4 agglomérations semi-urbaines : Kanyabayonga
(5km2), Kayna (5km2), Kirumba (5km2) et Lubero
(8km)80(*). C'est sur
l'agglomération de Lubero que notre recherche porte essentiellement.
- une ville : Butembo.
Sur le plan démographique, le territoire est
occupé majoritairement par le nande. L'évolution de la population
du territoire de Lubero et plus spécifiquement de la population de
l'agglomération de Lubero est la suivante de 1999 à 2008.
Tableau N°4 : Evolution de la population de
la cité de Lubero de 1999 à 2008
ANNEE
POPULATION
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Hommes
Femmes
Garçons
Filles
|
4431
6445
4999
4010
|
4457
6495
5077
4095
|
5247
5665
5056
5227
|
6272
7209
6440
6772
|
7312
8118
7172
7740
|
8779
8831
7749
8485
|
8404
10029
8085
8814
|
8692
10317
8718
9396
|
10049
11551
10830
12750
|
10804
12034
11645
14287
|
TOTAL
|
19885
|
20125
|
21195
|
26693
|
30342
|
32844
|
34332
|
37123
|
45180
|
48770
|
Source : Service démographique, zone de
Lubero, 2008.
La population de Lubero comme l'indique ce tableau est en
perpétuelle croissance. Elle est plus constituée des femmes et
filles que des hommes et garçons. Et, on constate qu'actuellement cette
population est jeune soit à 2008, 25932 garçons et filles contre
22838 hommes et femmes.
Sur le plan économique, le territoire de Lubero est
axé sur l'agriculture actuellement1(*). On constate ainsi une certaine inversion sur le plan
économique. En effet, dans le rapport de 19372(*), le territoire de Lubero
était essentiellement minier. Son évolution économique
était principalement fonction du développement de l'industrie
minière qui y était représentée exclusivement par
la Compagnie Minière des Grands Lacs Africains (MGL).
Pour KASAY81(*), « après l'agriculture, le commerce
a servi d'élément catalyseur de toute l'économie locale,
érigeant la zone de Lubero en une sous-région économique
très dynamique à la croisée du Nord-Est du pays et de
l'Afrique orientale. Les projets d'industrialisation visant à
épauler le secteur commercial, à créer de nouveaux emplois
et à accroître la valeur ajoutée des produits agricoles,
ont été contrecarrés par la carence des sources
d'énergie, l'absence d'investissements publics et l'ignorance des
techniques de management par la majorité des opérateurs
économiques autochtones ».
Avant cela, il affirme aussi que le Bunande, dont fait partie
aussi le territoire de Lubero, n'est ni un pôle touristique remarquable
(comme les zones de Rutsuru et Goma), ni une riche région
minière, ni encore moins une zone de grande pêche individuelle.
II.2. APPROCHE METHODOLOGIQUE
Il s'agit ici d'exposer les démarches pratiques qui
nous ont permis la réalisation de ce travail. Elles comportent plusieurs
étapes à savoir : le choix des variables, la collecte des
données, leur traitement et la méthode d'analyse, le calendrier
de recherche et les difficultés rencontrées.
II.2.1 Choix et Justification des variables
La vérification des hypothèses repose sur
l'analyse des variables. Afin de mener à bien nos travaux de recherche
et de donner une meilleure approche de la dynamique entrepreneuriale, nous
avons utilisé plusieurs variables :
1. Le sexe
Nous avons retenu cette variable non seulement pour donner la
composition par sexe de la population enquêtée mais aussi et
surtout pour faire la part de choses en établissant la part de
responsabilité des femmes et des hommes dans l'entreprenariat. Cette
variable nous a permis de savoir quel est le ratio sexe qui entreprend plus en
Lubero. Ceci nous a indiqué au sein des acteurs, s'ils sont plus le sexe
masculin ou féminin.
2. L'âge
Il est aussi une variable indispensable de notre étude
puisqu'il permet de donner la structure par âge des agents
économiques ou entrepreneurs. Ainsi l'âge est une variable
déterminante dans le comportement de l'individu, face à ce
phénomène d'entreprenariat. L'esprit de créativité
peut dépendre de la structure d'âge. Aussi, on peut entreprendre
telle ou telle autre activité selon qu'on est jeune, adulte ou
vieillard.
3. Le niveau d'instruction
Le niveau d'instruction apparaît comme un facteur
déterminant dans le comportement, les actions et les pratiques des
individus à l'égard de l'entreprenariat.
Cette variable permet d'avoir une idée sur le niveau
d'étude des entrepreneurs. Aussi, nous permet-il d'avoir une idée
sur le niveau d'instruction de ceux qui créent différentes
activités (instruits ou analphabètes).
4. L'état matrimonial
Il est question ici de déterminer la situation
familiale des agents entrepreneurs. Ainsi, aurons-nous à distinguer
parmi ceux qui entreprennent en territoire de Lubero les célibataires,
les mariés (es), les divorcés (es) et les veufs ou veuves.
5. Origine des entrepreneurs
Il s'agit de voir si ce sont les autochtones du milieu qui
créent plus ou alors des individus provenant d'autres milieux que
l'agglomération de Lubero.
6. Profession des parents et le rôle de la famille
Les parents ou la famille peuvent influencer les membres de
famille pour créer une activité. Le fait que le parent oeuvre
dans telle ou telle autre profession peut être à la base de la
création ou non d'une activité. La famille peut encourager ou
décourager quelqu'un à entreprendre une activité.
7. Sources de financement
Cette variable sert à identifier l'origine de fonds de
démarrage des activités et dégager le mode de financement
le plus dominant.
8. Les facteurs ou motivations des entrepreneurs
Ici, nous cherchons à préciser ce qui a
été à la base de la création des activités
économiques en territoire de Lubero.
9. Les structures institutionnelles
Cette variable nous est utile dans l'analyse du rôle de
l'Etat dans l'entreprenariat en territoire de Lubero parce que celui-ci peut
être un facteur d'encouragement ou de découragement des
initiatives nouvelles ou existantes. De même, elle nous permet de voir si
les entrepreneurs appliquent et respectent les lois réglementant leurs
activités (législation, taxes).
10. Les difficultés liées
à l'entreprenariat
Les difficultés sont inhérentes à toute
activité. Nous voulons dégager les principales difficultés
auxquelles se confrontent les entrepreneurs en territoire de Lubero et voir
laquelle domine.
II.2.2 La population-cible
La population-cible ou population de référence
est l'ensemble des objets possédant les informations
désirées pour répondre aux objectifs d'une étude.
Elle est celle qui est supposée la mieux placée,
la plus apte à donner plus ou moins correctement les
éléments de réponse aux questions posées par le
chercheur avec le moins d'erreurs possibles. Sur ce, notre population de
référence est constituée des entrepreneurs ou agents
économiques c'est-à-dire des personnes exerçant toute
activité économique en territoire de Lubero. C'est auprès
d'elle que la collecte des informations (données) a été
effective.
II.2.3 Collecte des données
La collecte des données est une phase indispensable de
la recherche et s'inscrit de ce fait dans l'ensemble des objectifs et des
dispositifs méthodologiques du travail. C'est une opération qui
consiste à recueillir avec exactitude les informations indispensables
auprès des personnes ou des individus retenus dans
l'échantillon.
Nous distinguons deux types de données :
- Les données existantes ou secondaires : Elles
sont formées de la recherche documentaire (mémoires, ouvrages,
revues, publications,...)
- Les données non existantes ou primaires : Il
s'agit des données recueillies suite à l'enquête de
terrain, de l'interview.
1. Techniques de la collecte des données
Afin d'obtenir plus ou moins correctement les
éléments de réponses aux questions d'entreprenariat, nous
avons procédé à une combinaison progressive de quelques
méthodes de collecte dont les principales sont les suivantes :
- Données existantes ou secondaires
- Données inexistantes ou primaires.
A. Données secondaires : La
documentation
Pour cerner et identifier les éléments
constitutifs de la problématique de notre étude, nous avons
consulté les ouvrages, sur certains concepts d'entreprise, sur
l'entrepreneur, l'entreprenariat et la micro entreprise. Ce sont ces concepts
qui facilitent la compréhension de la partie pratique de ce travail.
Cette phase nous a conduit dans les structures
appropriées telles que le service de l'Industrie, Petites et Moyennes
Entreprises (IPME), le Service de l'Economie du Territoire de Lubero, la
Fédération des Entreprises du Congo (FEC), ainsi que dans la
Bibliothèque Centrale de l'Université Catholique du Graben
(U.C.G.) et différents Cybers cafés de la ville de Butembo. La
recherche documentaire nous a ainsi permis d'asseoir notre
problématique.
La collecte des données s'est ainsi
déroulée à travers la lecture de certains documents : les
mémoires de Sciences Economiques et Gestion, les rapports
économiques du territoire de Lubero et autres ouvrages à
caractères économiques spécialisés dans
l'entreprenariat ainsi que certaines notes des cours.
B. Données primaires
B.1 Méthode d'échantillonnage
Un échantillon est un groupe relativement petit et
choisi scientifiquement de manière la plus fidèlement possible
dans une population. Ainsi, au lieu d'étudier l'ensemble de la
population, on étudie une partie ou un sous-ensemble de cette population
qui est représentatif et à partir duquel on peut tirer des
conclusions pour l'ensemble de cette population. Son mode de désignation
constitue un problème fondamental dans une étude scientifique. En
effet, toute étude qui se veut scientifique est subordonnée par
la représentativité de l'échantillon pour qu'elle soit
fiable et crédible.
De même, toute la littérature consacrée
à la méthodologie d'une manière générale,
stipule que dans les enquêtes d'opinions, plus la population est grande,
plus la taille de l'échantillon en raison des moyens à utiliser
et du facteur temps devient petite et plus la population est petite, plus
grande doit être la taille de l'échantillon.
Dans l'impossibilité de couvrir tout l'ensemble de la
population des entrepreneurs de Lubero, nous allons construire un
échantillon. Dans l'élaboration de l'échantillon,
plusieurs méthodes d'échantillonnage sont connues
(échantillonnage aléatoire, échantillonnage empirique).
Pour cette étude, nous avons opté pour
l'échantillonnage aléatoire simple qui est basé sur le
tirage, sur le hasard pour différents éléments de la
population de référence. Mais vu la non disponibilité des
sources statistiques pour les petites activités de survie, nous avons
d'abord procédé au recensement de tous les acteurs oeuvrant au
marché (le samedi 11 avril 2009)
Selon ROGER, cité par Kouessan TOYO1(*) : « Dans la
plupart de cas d'enquêtes d'opinions, il faut construire un
échantillon, c'est-à-dire limiter l'enquête à un
petit nombre d'individus soit (1/10 ou1/20) qui formera l'échantillon
à l'intérieur de la population
d'enquête ».
C'est dans ce cadre que nous avons opté pour une taille
dans l'ordre de 25% soit le quart pour certaines activités afin de
recueillir plus d'informations.
Au niveau de l'IPME, 127 entrepreneurs enregistrés, au
niveau du service de l'économie 10 entrepreneurs et au niveau des
activités de survie 1576 entrepreneurs et 55 entrepreneurs au niveau de
la FEC. Ces derniers sont enregistrés au service de l'IPME ou de
l'Economie. Ils ne font donc pas partie de notre échantillon pour
éviter un double emploi. De même, pour ceux enregistrés au
service de l'Economie, les données ne sont pas complètes, nous ne
disposons que des chiffres de quelques années.
B.2 Echantillon
Certaines données comme l'âge, le sexe, le
niveau d'instruction, le montant du capital de démarrage, des taxes,
ainsi que les difficultés rencontrées étaient
déjà disponibles pour les commerçants enregistrés
au service de l'IPME. Le traitement concerne ici donc tous les 127
entrepreneurs enregistrés.
Pour l'échantillon, nous avons ainsi
déterminé les 25% des entrepreneurs de survie soit 394
entrepreneurs (1576x25%) alors que pour les entrepreneurs enregistrés
à l'IPME, nous avons 31 entrepreneurs (127x25%). Donc, c'est sur cet
échantillon de 425 entrepreneurs que repose notre recherche pour les
autres questions.
B.3 L'interview
Pendant l'étude, l'investigation s'est basée sur
la technique d'interview directe auprès des agents économiques
identifiés. Les interviews ont été réalisées
au moyen d'un questionnaire écrit, visant à collecter les
données sur les caractéristiques socioculturelles et
économiques, démographiques des acteurs entreprenariaux
privés, les difficultés auxquelles ils font face,...
Pour toutes les activités relevant du domaine couvert
par l'enquête, la personne cible qui a été
interrogée est l'initiatrice de l'activité concernée.
Les agents économiques ou les entrepreneurs ont
été interrogés, pour la plupart, dans leurs lieux
d'activité afin d'écarter ceux qui n'avaient que des intentions
et n'exerçaient encore aucune activité au moment de
l'enquête.
B.4. Le questionnaire d'enquête
Les différentes questions auxquelles ont
été soumis les entrepreneurs enquêtés sont reprises
dans le guide de l'interview (voir en annexe de ce travail).
2. Déroulement de l'enquête de
terrain
L'enquête a été menée au mois
d'avril 2009. Elle s'est déroulée par l'administration du
questionnaire aux entrepreneurs. En plus, des interviews ont été
faites afin de recueillir certaines informations discrètes aussi bien
chez les agents de l'administration locale, les amis ou l'entourage du
commerçant que chez les étudiants. L'enquête a
effectivement démarré après que nous ayons reçu une
autorisation spéciale au niveau de la Direction de l'administration du
Territoire de Lubero par l'administrateur. Cette autorisation nous a rendu la
tâche plus facile que ça soit au niveau des services
étatiques qu'au niveau des entrepreneurs eux-mêmes. Pour les
activités de survie, nous avons effectué nos enquêtes le
mercredi 09 avril 2009 ainsi que le samedi 11 avril 2009, qui sont les jours
ouvrables du marché. Les autres jours étaient consacrés
aux enquêtes dans des boutiques, des pharmacies, des boucheries, ... et
services étatiques.
II.2.4. Difficultés rencontrées
Nous ne pouvons en aucun cas dire que nous ne nous sommes pas
confrontés à des problèmes, tout au long de ce travail en
général et en particulier lors de l'enquête sur terrain.
Nous avons donc connu certaines difficultés.
Pour les services étatiques, le manque des
données chiffrées surtout pour certaines années choisies,
nous a été une principale contrainte pour dégager ou
étudier correctement la dynamique entrepreneuriale.
Au niveau des entrepreneurs, il n'y avait pas trop de
problèmes. Seulement certains d'entre eux voulaient se rassurer de notre
intention car ils nous considéraient comme leur futur concurrent et
surtout comme un agent de la direction générale des impôts.
A la justification de notre intention par nos pièces (carte
d'étudiant et attestation de recherche), certains étaient plus
rassurés de notre qualité d'étudiants mais d'autres
restaient méfiants.
Un autre aspect des difficultés réside dans le
fait que les activités ne se réalisent pas chaque jour et il n'y
a pas d'heures ou d'horaire fixe du travail. Il fallait donc prendre des
rendez-vous avec les enquêtés et cela pouvait prendre quelques
jours (1 à 3 jours) avant de les rencontrer. Au pire des cas, ils
reportaient le rendez-vous. Cela nous a bien retardé dans
l'enquête.
A ces nombreuses difficultés s'ajoutent les moyens
financiers qui nous ont fait défaut mais aussi le temps du fait qu'on
devrait reprendre les cours après les vacances de Pâques
desquelles nous avons profité pour faire nos enquêtes.. C'est ce
qui explique le temps peut être court de notre enquête.
II.2.5. Méthodologie de traitement et d'analyse des
données
Les méthodes utilisées pour le traitement et
l'analyse des données sont brièvement présentées
dans la partie introductive de ce travail. (Cfr. introduction
générale). Après cette présentation de l'approche
méthodologique, nous abordons en présent l'approche historique de
l'entrepreneuriat en territoire de Lubero.
II.3. APPROCHE HISTORIQUE : DU SALARIAT A
L'ENTREPRENEURIAT
Dans cette section, nous analysons la dynamique
entrepreneuriale du territoire de Lubero du point de vue historique. Partant du
salariat (ou de l'employabilité) à l'entrepreneuriabilité
(l'emploi indépendant ou l'emploi autonome).
En effet, le salariat ou l'employabilité consiste
à un travail rémunéré, un travail dépendant,
où on a un employé et un employeur alors que
l'entrepreneuriabilité ou l'emploi indépendant représente
les activités autonomes où parfois le propriétaire est
gestionnaire et employé. Il est l'homme orchestre ; c'est
lui-même qui fournit le capital et gère au quotidien son
activité. C'est un fruit de l'initiative individuelle. Pour l'OCDE
82(*)(2000),
« un emploi indépendant est un emploi dont la
rémunération est directement liée aux
bénéfices et dont le titulaire prend les décisions de
gestion affectant l'entreprise ou est tenu pour responsable de la bonne
santé de l'entreprise ». Il n'y a donc souvent pas de relation
employeur-employé. On crée pour son propre compte et on
gère soi-même.
Ainsi, en territoire de Lubero, on est passé de
l'employabilité à l'époque coloniale via l'agriculture
à l'entrepreneuriabilité vers les années 1990 et plus
précisément pendant la guerre.
Nous ne donnons pas les analyses de la période
précoloniale suite au manque des données chiffrées. Cela
ne signifie pas qu'il n'existait pas d'entrepreneuriat ou d'initiatives avant
cette période. Nos analyses commencent à partir de 1930, car
c'est à cette date que nous disposons des données.
En bref, la dynamique est passée de l'entrepreneuriat
formel à l'entrepreneuriat informel ou mieux du salariat à
l'entrepreneuriabilité ou la créativité.
II.3.1. L'entrepreneuriat colonial
Pendant la période coloniale, les initiatives
entreprises étaient plus l'oeuvre des étrangers ou des
colonisateurs en territoire de Lubero.
Les « indigènes »83(*)étaient presque
inexistants dans le domaine entrepreneurial. Ils étaient travailleurs
des colons et occupaient des postes des vendeurs dans des
établissements commerciaux des ces colons. Ils étaient
« boys », cantonniers, ouvriers de ces colons,...
Ainsi, les cadres étaient plus des blancs, les noirs
n'ayant pas pour un bon nombre de formation scolaire. Les entreprises
étaient plus créées par les belges, les grecs, les
anglais, les français,...
Le tableau ci-après permet de visualiser la dynamique
entrepreneuriale pendant cette période coloniale.
Nous avons eu seulement les données chiffrées
pour ces 6 années. Les archives du service de l'économie
territoire de Lubero ne contiennent pas les données de toute la
période coloniale.
Tableau n°5 : tableau numérique des
établissements exerçant leurs activités en territoire de
Lubero : 1930, 1935, 1936, 1937, 1943 et 1944.
NATIONALITE
|
INDUSTRIELS, COMMERCIAUX et AGRICOLES
|
INDUSTRIELS ET AGRICOLES
|
COMMERCIAUX et AGRICOLES
|
COMMERCIAUX et INDUSTRIELS
|
INDUSTRIELS
|
Années
|
1930
|
1935
|
1936
|
1937
|
1943
|
1944
|
1930
|
1935
|
1936
|
1937
|
1943
|
1944
|
1930
|
1935
|
1936
|
1937
|
1943
|
1944
|
1930
|
1935
|
1936
|
1937
|
1943
|
1944
|
1930
|
1935
|
1936
|
Belge
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
4
|
3
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
12
|
1
|
4
|
13
|
16
|
Britannique
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
-
|
-
|
-
|
1
|
1
|
Sud africaine
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
1
|
-
|
-
|
-
|
Grecque
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
1
|
-
|
8
|
17
|
-
|
-
|
-
|
Luxembourgeoise
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
2
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Portugaise
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Russe
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Asiatique
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Américaine
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Française
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Indigènes
|
|
Néant
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Néant
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Totaux
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
4
|
5
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2
|
2
|
-
|
1
|
1
|
1
|
23
|
19
|
4
|
14
|
17
|
|
COMMERCIAUX
|
AGRICOLES
|
TOTAL PAR NATIONALITE
|
1930
|
1935
|
1936
|
1937
|
1943
|
1944
|
1937
|
1943
|
1944
|
1930
|
1935
|
1936
|
1937
|
1943
|
1944
|
1930
|
1935
|
1936
|
1937
|
1943
|
1944
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
Nbre
|
%
|
17
|
14
|
16
|
2
|
2
|
3
|
4
|
-
|
12
|
1
|
-
|
-
|
-
|
5
|
11
|
7
|
100
|
15
|
60
|
19
|
48,72
|
21
|
49,66
|
36
|
50,7
|
44
|
53,01
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
4
|
3
|
1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
4
|
1
|
2,57
|
5
|
10,87
|
3
|
4,2
|
1
|
1,21
|
-
|
-
|
1
|
-
|
-
|
1
|
3
|
15
|
7
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2
|
2,8
|
3
|
3,63
|
-
|
1
|
-
|
-
|
6
|
14
|
14
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
3
|
-
|
-
|
7
|
28
|
15
|
38,47
|
14
|
30,43
|
24
|
33,9
|
27
|
32,49
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
3
|
3
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
1,4
|
2
|
2,41
|
-
|
1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
3
|
4,20
|
3
|
3,62
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
1,4
|
1
|
1,21
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2
|
3
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
|
-
|
-
|
-
|
2
|
8
|
3
|
7,67
|
3
|
6,92
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
2
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1,4
|
2
|
2,42
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
3
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
2,57
|
3
|
6,92
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
4
|
6
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
5
|
-
|
7
|
-
|
17
|
16
|
17
|
2
|
10
|
21
|
28
|
22
|
26
|
1
|
-
|
-
|
-
|
9
|
20
|
7
|
100
|
25
|
100
|
39
|
100
|
46
|
100
|
76
|
100
|
90
|
100
|
Source : Archives, service de l'économie, territoire
de Lubero.
Il ressort de ce tableau qu'en 1930, les entreprises
implantées en territoire de Lubero étaient uniquement belges (la
Belgique étant le pays colonisateur). Il y a eu au total 7
établissements exerçant leurs activités en territoire de
Lubero en 1930. Ainsi, de ces 7 établissements, 3 étaient des
établissements commerciaux qui s'occupaient de l'achat de
l'ivoire ; 1 seulement dans le domaine agricole (cultures vivrières
pour le ravitaillement du territoire) et 3 autres établissements
industriels (briqueterie et menuiserie, garage de la MGL). Ainsi, en 1930,
aucun indigène n'a figuré parmi les entrepreneurs de cette
époque. L'entrepreneuriat était totalement belge.
Après 5 ans, soit 1935 ; les établissements
indigènes sont restés inexistants. Mais, pour les non
indigènes, on a pu constater l'arrivée de certains autres
entrepreneurs autres que belges notamment les anglais, les grecs et les
asiatiques. Les belges ont augmenté leurs investissements dans les
établissements industriels passant de 3 en 1930 à 13
établissements en 1935. Dans les domaines commerciaux, les
établissements belges ont diminué passant ainsi de 3 à 2
dans l'espace de 5 ans. Ce commerce était surtout un commerce de
traite.
Ainsi, en 1935, on a eu 15 établissements belges
(industriels, commerciaux) soit 60 % des établissements
établis en territoire de Lubero ; 1 établissement industriel
anglais (4 %) ; 7 établissements grecs (28%) et 2
établissements asiatiques (2%) soit un total de 25 établissements
de non indigène contre aucun établissement indigène. Les
congolais ne sont pas encore visibles dans les activités
commerciales.
Une année après, soit en 1936, les
établissements belges sont passés de 15 à 19 (soit 48,72
%) ; les anglais avec 1 seul établissement. Les grecs ont
augmenté leurs établissements passant ainsi de 7 en 1935 à
15 établissements en 1936, soit une augmentation de plus du double dans
l'espace d'un an. Les asiatiques ont aussi augmenté leurs
établissements de 2 à 3 établissements. Les
français aussi ont été visibles pendant cette année
avec 1 établissement commercial. C'est au cours de cette année
que le commerce de traite s'est développé
considérablement.
Au cours de l'année 1937, la situation n'a pas
bougé par rapport à la précédente, les
établissements des noirs restent toujours invisibles. Est-ce parce
qu'ils manquaient d'esprit d'entreprise.
Les établissements belges sont passés ainsi de
19 à 21 établissements à l'espace d'un an, ceux des
britanniques de 1 à 5 établissements (avec 1 seulement
industriel), les établissements français de 1 à 3
établissements alors que les grecs n'ont eu toujours que 14
établissements. Tous ces établissements grecs étaient
commerciaux. Les grecs ont plus investis dans le commerce que dans l'industrie,
comme les asiatiques avec toujours 3 établissements en 1937. Ainsi, sur
39 établissements existants en territoire de Lubero en 193, 21
établissements étaient commerciaux, 17 industriels et 1 seulement
commercial et industriel84(*).
Vers les années 1943 et 1944, l'engouement a
été observé avec l'arrivée des sud-africains, des
russes, des portugais. Mais les belges et les grecs ont eu toujours le dessus
avec respectivement 36 et 24 établissements en 1943 et 44 et 27
établissements en 1944 sur un total de 73 et 74 établissements
pour les années respectives. En somme, on est passé de 7
établissements en 1930, 25 établissements en 1935, 39
établissements en 1936, 46 établissements en 1937, 76
établissements en 1943 et enfin 90 établissements non
indigènes en 1944.
Ainsi en 1944, les belges avaient 44 établissements
dont 1 dans le commerce et industrie, 3 dans le domaine agricole et
industriel, 12 dans le secteur commercial, 11 dans l'agricole et 16 dans
le domaine industriel. Les grecs quant à eux avec 27
établissements étaient plus dynamiques dans le secteur commercial
avec 24 établissements commerciaux et 3 établissements agricoles.
Les britanniques avaient 1 établissement commercial, les sud-africains 3
établissements industriels et commerciaux, les luxembourgeois 2
établissements : un commercial et un autre agricole. Les
portugais avaient 3 établissements commerciaux, les russes avec 1
établissement agricole et enfin les américains avec aussi deux
établissements agricoles.
Sur 83 établissements non indigènes existants en
1944, on avait un seul établissement industriel commercial et
agricole (belge), deux établissements commercial et
agricole, 19 établissements commercial et industriel, 5
établissements agricoles et industriels, 20 établissements
commerciaux, 19 établissements agricoles et 17 établissements
industriels. On remarque que les colons ont plus entrepris dans le commerce que
dans l'industrie. Or, le commerce est vulnérable à la conjoncture
économique nationale que mondiale.
Néanmoins, on constate que c'est vers les années
1943 que les indigènes commencèrent aussi à entreprendre.
En 1943, on a 4 indigènes congolais qui se lacent surtout dans le
commerce de traite85(*) et
dans le secteur agricole (1 établissement agricole d'un
indigène). Les établissements indigènes commerciaux sont
passés de 4 à 6 de 1943 à 1944 alors que
l'établissement agricole est resté le seul (plantation
café). Etant donné l'existence de ces établissements
agricoles, industriels et commerciaux en territoire de Lubero, les
indigènes ont été employés dans ces
établissements. Ils devraient donc occuper quelques postes dans ces
établissements ou devenir ouvriers des colons. De même, le
traçage des routes était une des préoccupations des colons
pour faciliter l'évacuation de leurs produits vers les centres de
commercialisation qui étaient à l'époque Butembo,
Bunia, Beni,... Ainsi plusieurs personnes devaient y travailler. Par rapport
à l'implantation d'établissement dans divers secteurs pendant
différentes années, nous avons le tableau ci-dessous :
Tableau n°6 : Nombre d'établissements
selon les secteurs d'activités.
ANNEE
ETS
|
1930
|
1935
|
1936
|
1937
|
1943
|
1944
|
Industriels, commerciaux et agricoles
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
Industriels et agricoles
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4
|
5
|
Commerciaux et agricoles
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
2
|
Commerciaux et industriels
|
0
|
1
|
1
|
1
|
23
|
19
|
Industriels
|
4
|
14
|
17
|
17
|
16
|
17
|
Commerciaux
|
2
|
10
|
21
|
28
|
22
|
26
|
Agricoles
|
1
|
0
|
0
|
0
|
9
|
20
|
Total
|
7
|
25
|
39
|
46
|
76
|
90
|
Source : nos calculs
Il ressort de ce tableau que ce sont les 4 derniers types
d'établissement ou d'activités qui étaient plus entrepris
par les colons c'est-à-dire les domaines commerciaux et industriels mais
aussi agricoles.
Ainsi on constate que de 1930 à 1937, les
établissements industriels, commerciaux et agricoles ; les
établissements industriels et agricoles ; les établissements
commerciaux et agricoles n'étaient pas visibles pendant toute cette
période et même jusque 1943 pour les premiers types
d'établissements.
Ce sont surtout les établissements commerciaux et les
établissements industriels qui ont été plus
créés pendant la période coloniale. Ainsi, on est
passé de 4 à 17 établissements industriels de 1930
à 1944 et pour les établissements commerciaux, on est
passé de 2 à 26 de 1930 et 1944. Aussi, ce sont ce deux types
d'établissements qui ont été visibles pendant toute la
période allant de 1930 à 1940. Pour les établissements
agricoles, on assiste aussi à une augmentation du nombre
d'établissements passant d'un seul en 1930 à 20
établissements en 1940.
II.3.2. Le salariat à l'époque coloniale
Comme déjà signalé, le salariat
correspond à l'employabilité c'est-à-dire à un
travail rémunéré. Ainsi, pendant l'époque
coloniale, plus d'un indigène était dans le salariat que dans
l'entrepreneuriabilité comme aujourd'hui.
En 1930, sur 34 765 hommes de couleur
(indigène) ; 6849 étaient des employés ou
travailleurs.
Tableau n°7 : tableau récapitulatif
de la population au 31/12/1930
POPULATION BLANCHE
|
POPULATION DE COULEUR
|
EMPLOYES OU TRAVAILLEURS DE COUL EUR
|
Homme
|
Femme
|
Enfant
|
TOTAL
|
Homme
|
Femme
|
Enfant
|
TOTAL
|
Homme
|
Femme
|
Enfant
|
TOTAL
|
69
|
17
|
16
|
102
|
34765
|
37983
|
54741
|
127489
|
6849
|
-
|
-
|
6849
|
Source : Rapport économique, territoire de Lubero,
1930.
Il ressort de ce tableau qu'en 1930 la population blanche est
très minime par rapport à la population de couleur86(*). De même, on constate
que les enfants représentent une grande part de la population
indigène soit 54741 enfants contre 34 765 hommes et 37 983
femmes. Ceci peut être dû au fait que les enfants étaient
considérés comme richesse en Afrique mais aussi par le fait qu'au
village, les gens se multiplient plus.
Ainsi, on constate que les femmes et les enfants
n'étaient pas employés ou travailleurs en1930. Seul les hommes
étaient employés par les blancs. Ceci du fait qu'à cette
époque, les colons investissaient plus dans les infrastructures
routières et donc ce sont les hommes qui étaient recrutés
pour cette fin.
De même, sur 37 765 hommes seulement 6849
étaient employés soit 19,7 % de la population de couleur. Plus
d'hommes étaient donc en chômage s'il faut le dire ainsi. Ceux qui
travaillaient étaient reparties dans les industries, le commerce
(capita-vendeurs au profit des colons), agriculture. Le tableau ci-dessous nous
montre l'affectation de ces employés aux différents postes de
travail ou secteurs d'activités.
Tableau n°8 : Personnel indigène
occupé dans les différents établissements au
31/12/1930.
TRAVAILLEURS : 6818
|
EMPLOYES
|
CAPITAS VENDEURS OU ACHETEURS
|
TOTAL
|
INDUSTRIES, ROUTES
|
COMMERCE
|
AGRICULTEURS
|
|
|
|
Homme
|
Femme
|
Enfant
|
Homme
|
Femme
|
Enfant
|
Homme
|
Femme
|
Enfant
|
|
|
|
6506
|
-
|
-
|
12
|
-
|
-
|
300
|
-
|
-
|
27
|
4
|
6849
|
Source : Rapport économique territoire de Lubero,
1930.
De ce tableau, on peut lire que les indigènes
étaient majoritairement travailleurs affectés dans les
industries, au traçage de route, dans le commerce, l'agriculture. Une
partie (minime) était utilisée comme des employés (27) et
des capitas vendeurs ou acheteurs (4).
Il ressort donc de ce tableau que plus de gens ont
été employés dans les routes et dans les industries par
les colons ou la population blanche. Dans le commerce, on a que 12 personnes
seulement alors que dans l'agriculture on a 300 personnes travaillant dans les
plantations des blancs. Le commerce exige généralement une
certaine capacité intellectuelle : compter par exemple. Ce fait a
été l'un de facteurs explicatifs du nombre très
réduit de travailleurs dans le commerce.
Le personnel indigène occupait surtout les fonctions
d'exécutant et non de direction. Le tableau suivant nous fournit des
renseignements sur la situation de 1930.
Tableau n°9 : Personnel non indigène
employé en 1930.
Entreprises commerciales
|
Personnel de direction
|
Personnel européen
|
Personnel ni indigène ni européen
|
Employés
|
Artisans
|
MGL
|
1+7 chefs de services
|
26
|
13
|
Néant
|
SHUN
|
-
|
1
|
-
|
-
|
Particuliers
|
-
|
-
|
7
|
-
|
TOTAL
|
8
|
27
|
20
|
-
|
Source : Rapport économique territoire de Lubero,
1930.
Ce tableau illustre que le personnel de Direction dans les
deux entreprises commerciales existantes en 1930 était au nombre de
8 personnes de la population blanche, 27 employés dont 26 dans la MGL et
1 seulement dans SHUN, 13 artisans européens à la MGL et 7
particuliers.
En 1937, soit 7 ans après, la situation n'a pas
beaucoup changée. Seuls les hommes sont restés travailleurs et
employés. Le tableau ci-dessous nous renseigne sur la situation du
personnel indigène employé dans les différents
établissements.
Tableau n°10 : Personnel indigène
employé dans les différents établissements en
1937.
TRAVAILLEURS
|
Travailleurs industriels
|
Travailleurs commerciaux
|
Travailleurs agricoles
|
Homme
|
Femme
|
Enfant
|
Homme
|
Femme
|
Enfant
|
Homme
|
Femme
|
Enfant
|
6663
|
-
|
-
|
70
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
|
TOTAL DES TRAVAILLEURS
|
Employés
|
Capitas acheteurs et vendeurs
|
Divers
|
(1) dont 1343 travailleurs routiers
|
Homme
|
Femme
|
Enfant
|
6733
|
-
|
-
|
70
|
71
|
1799 (1)
|
Source : Rapport économique territoire de Lubero,
1937.
Pour 6733 hommes travailleurs, 6663 sont des travailleurs
industriels et 70 sont des travailleurs commerciaux et aucun travailleur
agricole. Pour les employés, on a 70 hommes et les capitas vendeurs 71
personnes.
Dans les activités diverses (boys, ouvriers, ...), on a
1799 hommes dont 1343 travailleurs routiers.
Cependant en 1944, les hommes, les femmes comme les enfants
ont été des travailleurs et des employés des blancs. Le
tableau ci-après nous le montre.
Tableau n°11 : Recensement
du personnel indigène employé dans les différents
établissements en 1944
TRAVAILLEURS
|
Travailleurs industriels
|
Travailleurs commerciaux
|
Travailleurs agricoles
|
Homme
|
Femme
|
Enfant
|
Homme
|
Femme
|
Enfant
|
Homme
|
Femme
|
Enfant
|
4841
|
3562
|
2943
|
152
|
140
|
165
|
1708
|
1347
|
1529
|
TOTAL travailleurs
|
EMPLOYES
|
CAPITAS VENDEURS
|
DIVERS
|
Homme
|
Femme
|
Enfant
|
6701
|
5049
|
5437
|
92
|
90
|
2699
|
Auxiliaires : MGL cantonniers, SI : 290
Boys :246
Colonie : 370
CAC : 470
Auxiliaires : réfugiés Grecs : 61
|
Source : Rapport économique Territoire de Lubero,
1944.
On constate que la donne avait changé en 1944. Pour les
travailleurs industriels, commerciaux les colons ont fait recours aux hommes,
aux femmes comme aux enfants. Les hommes ont été majoritaires
dans l'industrie, les enfants dans le commerce et l'agriculture. Les hommes et
les enfants ont été plus employés que les femmes.
A part les activités des années
précédentes, les indigènes ont aussi occupé des
postes des cantonniers 290 personnes, de boys 246 personnes, et autres.
En sus, en période coloniale, l'entrepreneuriat a
été formel (sauf pour l'agriculture d'autoconsommation et autres
activités rurales des indigènes) et dominé par les
initiatives étrangères. Les étrangers ont plus investis
dans le commerce de traite, surtout les grecs et les belges. Les
indigènes étaient travailleurs ou employés par les
colons ; ce qui leur permettaient de gagner de revenu.
Pour ce qui est du salaire du personnel indigène
travaillant dans les établissements des colons, notons que ces salaires
étaient mensuels et hebdomadaires. Le salaire mensuel était
payé en numéraire alors que les salaires hebdomadaires
étaient en nature (farine, vivres frais, poisson, huile, sel,
habit)87(*).
Nous venons de passer en revue la dynamique entrepreneuriale
en territoire de Lubero pendant la période coloniale qui a
été caractérisée par deux faits : un
entrepreneuriat étranger et un salariat paysan. Il sied maintenant de
passer en revue, la dynamique entrepreneuriale post-colonial.
II.3.3 L'entrepreneuriat post-colonial : 1960- 1998
Pour cette section, nous n'avons pas eu des données
chiffrées. Il n'y a pas des archives reprenant les données de
1960 à 1998. Ainsi, nous avons effectué des entrevues avec
certaines anciennes personnes du territoire de Lubero. Nous considérons
ici la période 1960-1998 comme post-colonial car à partir de 1998
commence une autre ère dans le pays : les guerres de
Libération.
Selon les investigations, l'entrepreneuriat a tourné
pendant cette période autour de la meunerie mécanique ou le Grand
Moulin du Kivu : la meunerie mécanique de Kihemba ou encore la
MINOKI (Minoterie du Nord Kivu). La MINOKI installée à Lubero
produisait de la farine de froment.
Vue que les blancs étaient déjà partis,
nombreuses personnes indigènes ont perdu leur travail ou emploi. Tel est
le cas des cantonniers pour le traçage des routes, les boys, les
individus qui oeuvraient dans les boutiques ou les plantations des blancs.
D'où nombreuses personnes sont retournées dans
l'agriculture cultivant surtout du blé ou du maïs qu'ils devraient
vendre à la MINOKI.
Ainsi pendant cette période, on a quitté le
salariat vers l'entrepreneuriat agricole.
Cependant, ce grand moulin a dû arrêter ses
activités vers les années 1996 lors de la guerre en RDC dite de
Libération de Mzee Kabila. Selon le responsable du service de
l'économie zone de Lubero : « Le Grand moulin a
dû fermer ses portes suite à la guerre qui a survécu en RDC
et qui a eu comme conséquence, le non soutien des bailleurs de fonds de
cette entreprise » 88(*).
Pour SARATA89(*), cette entreprise a eu comme difficulté, le
fait que la population locale ne consomme pas souvent les produits
fabriqués localement. Selon son constat, « la farine
produite par la Minoki n'est pas achetée ou
préférée au même titre que la farine venant de
Dubaï ou d'ailleurs, ... ».
On constate que suite à l'arrêt du fonctionnement
de ce grand moulin, plusieurs personnes se sont encore une fois
retrouvées en chômage. Cette situation a conduit à
l'entrepreneuriabilité caractérisée par l'agriculture et
la création de petites et micro entreprises.
II.3.4 L'entrepreneuriabilité actuelle
Comme déjà souligné, actuellement on est
à l'auto-emploi ou entrepreneuriabilité ou encore au travail
indépendant sauf pour quelques fonctionnaires des services publics, qui
curieusement, ont aussi d'autres activités à part leur fonction
principale. Il en est de même des médecins et infirmiers.
A l'heure actuelle, l'entrepreneuriat est plus dominé
par l'agriculture et le petit commerce. La plupart d'individus exercent ces
deux activités à la fois.
L'agriculture est plus dominée par les cultures
vivrières : maïs, pommes de terre, oignons, poireaux, tomates,
...) et occupe la plupart des populations.
C'est la culture du quinquina qui est plus pratiquée
par la population de Lubero. La plupart des commerçants ont de champs de
quinquina et d'autres ont eu leur capital de démarrage du petit commerce
de cette culture. Presque tous les jeunes de Lubero aspirent à cette
culture du quinquina pour avoir un avenir meilleur.
Le commerce quant à lui est dominé par des micro
et petites entreprises rurales qui sont des entreprises informelles. C'est
l'analyse de ces micro et petites entreprises qui fera l'objet du chapitre
suivant qui est en même tant le dernier de ce travail. Toutefois, notons
que ces entreprises sont informelles et caractérisées par
l'artisanat et le commerce. L'industrie est quasi-absente car l'ancienne MINOKI
a fermé ses portes.
II.4. CONCLUSION DU
CHAPITRE
Le deuxième chapitre a comporté trois sections
dont la première a été consacrée à une
brève présentation de la zone d'étude : le territoire
de Lubero notamment dans le cadre physique, administratif,
socio-économique et démographique.
La deuxième section qui est celle de la
présentation de l'approche méthodologique a exposé les
démarches pratiques pour nous faciliter la récolte des
données, leur traitement et interprétation.
La troisième section a été
consacrée à l'analyse de la dynamique entrepreneuriale du
territoire de Lubero, du point de vue historique. Nous avons ainsi
subdivisé cette dynamique en trois phases : l'entrepreneuriat et
salariat à l'époque coloniale, l'entrepreneuriat post colonial et
l'entrepreneuriabilité actuelle dominée par l'agriculture et ce
petit commerce.
Après cette présentation du milieu
d'étude, de la méthodologie du travail et surtout du dynamisme
historique de l'entrepreneuriat, il sied maintenant d'aborder le dernier
chapitre consacré à l'analyse des micro et petites entreprises de
Lubero.
Chapitre Troisième :
LES MICRO ET PETITES ENTREPRISES EN TERRITOIRE DE
LUBERO
C'est dans ce chapitre que nous nous prononçons sur la
plupart des nos hypothèses. Nous décrivons d'abord les
différents types d'entreprises rencontrées, les facteurs
explicatifs de la dynamique entrepreneuriale en Lubero, les modes de
financement de cet entrepreneuriat, le rôle de la famille dans cette
dynamique mais aussi le rôle de l'Etat, les contraintes à cette
dynamique, etc. Mais avant tout, il convient d'abord de donner quelques
précisions d'une micro entreprise et une petite entreprise dans le
contexte de notre pays la RDC.
III.1. MICRO ET PETITES ENTREPRISES EN BREF, DANS LE CONTEXTE
CONGOLAIS.
Dans la charte90(*)de Petites et moyennes entreprises de la RDC, à
son article 2, une Petite et moyenne entreprise et artisanat (PMEA) est toute
unité économique dont la propriété revient à
une ou plusieurs personnes morales ou physiques et qui présente les
caractéristiques suivantes :
- Nombre d'employés permanents de 1 et 200
personnes ;
- Chiffre d'affaires hors taxes comprises entre 1 et
400 000 $ ;
- Tenue d'une comptabilité selon le système
comptable en vigueur en RDC ;
- Valeur des investissements nécessaires pour la mise
en place pour les activités de l'entreprise inférieure ou
égale à 350 000 $ ;
- Mode de gestion concentré ou ouvert à la
décentralisation.
Rentrent aussi dans cette catégorie la micro
entreprise, la très-petite entreprise (TPE), la petite entreprise (PE)
et la moyenne entreprise (ME).
La micro entreprise ou la TPE répond aux
caractéristiques et seuils suivants : (Art. 3)
- Effectif compris entre 1 et 5 employés ;
- Chiffre d'affaires annuel hors taxes variant entre 1 et
10 000 $ ;
- Tenue d'une comptabilité élémentaire
selon le système comptable en RDC ;
- Mode de gestion concentré (seul le patron
décide).
La PE quant à elle, répond aux
caractéristiques suivantes : (Art.4).
- Effectif compris entre 6 et 50 employés ;
- Chiffre d'affaires annuel hors taxe : 10 001 et
50 000 $ ;
- Tenue d'une comptabilité selon le système
comptable en RDC ;
- Mode de gestion ouvert à la
décentralisation.
La ME répond aussi aux caractéristiques
ci-après (Art. 5) :
- Effectif compris entre 51 et 200 employés ;
- Chiffre d'affaires annuel hors taxe variant entre 50 001 et
400 000 $ ;
- Tenue d'une comptabilité selon le système
comptable en vigueur en RDC ;
- Investissement net = à 350 000 $ ;
- Mode de gestion ouvert à la
décentralisation.
L'artisanat quant à lui correspond au secteur
d'activité de métier de l'artisan. A son tour, l'artisan est
toute personne physique exerçant une activité de production, de
service ou d'art à caractère manuel ou mécanique. (Art.
6).
Ainsi, nous aurons à situer les petites et micro
entreprises du territoire de Lubero selon ces différentes
catégories. De prime abord, il est difficile de rencontrer une
entreprise ou une activité qui satisfait à toutes les
caractéristiques d'une catégorie. D'où alors les
activités sont pour la plupart informelles surtout suite à la non
tenue de la comptabilité.
III.2. NATURE ET STRUCTURE DES ACTIVITES OU INITIATIVES
ECONOMIQUES DEVELOPPEES EN TERRITOIRE DE LUBERO.
Pour ce qui est des types d'activités, nous avons
obtenu certaines informations auprès du service d'IPME91(*), territoire de Lubero et
pour d'autres nous avons effectué des enquêtes au marché de
Lubero mais aussi dans des quartiers comme signalé dans le
deuxième chapitre. Comme souligné précédemment, les
activités économiques des entrepreneurs oeuvrant en territoire de
Lubero sont plus informelles que formelles.
Ainsi, nous distinguons deux types d'activités :
les micro et petites entreprises de croissance et les micro et petites
entreprises de survie. On peut considérer une menuiserie et une vente de
légumes par une maman comme des activités informelles car ne
tenant pas de comptabilité. Or leur potentiel n'est pas le même.
Il faut une certaine formation technique pour être menuisier alors que
pour vendre les légumes, on peut ne pas avoir une formation. La
menuiserie peut être facilement formalisée (paie aussi certaines
taxes) alors que la vente des légumes par une maman sera difficilement
formalisée.
C'est ainsi que nous segmentons les petites et micro
entreprises informelles en deux strates : les entreprises du
« Secteur informel supérieur » (de croissance) et
les micro entreprises plus proches de la survie.
Les premières peuvent payer les taxes, avoir des locaux
alors que les secondes sont de la débrouillardise. Celles-ci peuvent ne
pas payer des taxes et n'exigent pas des locaux (magasins, boutiques) pour les
exercer. Elles ne sont pas régulières et/ou permanentes.
III.2.1. Les micro et petites entreprises de croissance
Comme indiqué précédemment, ces
entreprises se caractérisent par ces faits :
- Leur enregistrement à un service
étatique (IMPE, Service de l'économie);
- Paiement des taxes ;
- Détention d'un local malgré que l'exercice du
métier est irrégulier ;
- Appartenance à un propriétaire-chef
d'entreprise.
Ces petites et micro entreprises sont présentes dans
tous les secteurs : commerce, production (artisanat), transport, services
(bars, restaurant), agriculture,... Elles peuvent détenir des patentes
ou registres de commerce.
Elles fournissent à la majorité de la population
des services et produits de base dont elle a besoin et surtout des biens
manufacturés que les commerçants achètent en ville de
Butembo et à Kasindi : produits alcooliques, produits
pharmaceutiques, boissons sucrés, produits de beauté,...
En 2008, les activités de croissance en territoire de
Lubero ont été les suivantes92(*) :
Tableau n°12 : Micro et
petites entreprises enregistrées en 2008.
N°
|
NATURE D'ACTIVITES
|
EFFECTIF
|
Fréquence %
|
SECTEUR
|
1
|
Usagers par numéro (friperie)
|
5
|
3,9
|
Commerce
|
2
|
Boutiques
|
20
|
15,7
|
Commerce
|
3
|
Dépôts quinquina
|
2
|
1,6
|
Commerce
|
4
|
Kiosques
|
17
|
13,4
|
Commerce
|
5
|
Pharmacies
|
8
|
6,3
|
Commerce
|
6
|
Dépôts ciments
|
1
|
0,8
|
Commerce
|
7
|
Vente carburant
|
6
|
4,7
|
Commerce
|
8
|
Atelier de couture
|
4
|
3,1
|
Artisanat
|
9
|
Boulangerie
|
1
|
0,8
|
Artisanat
|
10
|
Restaurants
|
1
|
0,8
|
Service
|
11
|
Vendeurs pagnes
|
14
|
11,0
|
Commerce
|
12
|
Dépôts vivres
|
18
|
14,2
|
Commerce
|
13
|
Moulins à maïs, farine de manioc
|
4
|
3,1
|
Artisanat
|
14
|
Acheteurs quinquina
|
18
|
14,2
|
Commerce
|
15
|
Transporteurs
|
3
|
2,4
|
Service
|
16
|
Taximens
|
5
|
3,9
|
Service
|
|
TOTAL
|
127
|
100
|
|
Source : Registre des
détenteurs des titres de commerce, service IPME-Territoire de Lubero,
2008.
De ce tableau, nous constatons que la population de Lubero se
livre à plusieurs initiatives. Celles-ci peuvent être
catégorisées à trois : le commerce (boutiques,
kiosques, ventes des pagnes, friperie, dépôts,
pharmacies...) ; artisanat (moulins, boulangerie-pâtisserie) et le
service (transport...)
Ainsi, on remarque que la population se donne plus au petit
commerce qu'à l'artisanat et le service. Selon ces statistiques de 2008
de l'IPME, la cité comptait 20 boutiques, 17 kiosques, 18
dépôts des vivres et 18 acheteurs de quinquina ; 14 vendeurs
de pagnes, 8 pharmacies... Les produits les plus prisés sont les
boissons alcooliques, la cigarette, le sel,...
Cependant plusieurs acteurs pratiquent une
pluriactivité. Ils peuvent être à la fois
commerçants, agriculteurs et artisans.
De même, en voyant l'ampleur d'activités qui se
réalisent en cité de Lubero on constate que la plupart
d'activités ne sont pas enregistrées. Ainsi, par exemple pour les
taximen-motos, la cité compte plus d'une soixantaine de motos93(*).
Or, on constate que trois seulement sont enregistrés au
service de l'IPME. Ceci est dû au fait que si quelqu'un s'enregistre, il
est passible de paiement de différentes taxes, chose que les
entrepreneurs ne veulent pas et considèrent comme une grande
difficulté. « Vaut mieux attendre que le service vous
découvre au lieu d'aller se faire enregistrer » nous a
déclaré un entrepreneur de ce milieu.
En comparant le nombre des commerçants
enregistrés à la FEC94(*)-Lubero avec ceux enregistrés au service de
l'IPME, il existe des écarts significatifs. Ce tableau nous le
révèle.
Tableau n°13 : Commerçants enregistrés
à la FEC-LUBERO, 2008.
N°
|
SECTEURS D'ACTIVITES
|
EFFECTIF
|
%
|
1
|
Agro-industriel
|
1
|
1,82
|
2
|
Finances
|
3
|
5,45
|
3
|
Transport
|
9
|
16,36
|
4
|
Hôtels
|
5
|
9,09
|
5
|
Boutiques
|
37
|
67,28
|
6
|
Acheteurs quinquina
|
-
|
-
|
|
TOTAL
|
55
|
100
|
Source : FEC-LUBERO, avril
2009
Les données de ce tableau montrent facilement que les
entrepreneurs de Lubero s'intéressent plus au petit-commerce (avec plus
de 67% des boutiques). Le domaine industriel est quasi inexploité. La
population du milieu se lance plus dans le commerce. Le secteur financier est
assuré aussi par deux coopératives d'épargne et de
crédit et une institution de micro finance.
En comparant ces deux tableaux, il ressort nettement que
plusieurs commerçants ou entrepreneurs ne font pas membres de la FEC.
Alors qu'à l'IMPE, 127 entrepreneurs ont souscrit leurs patentes,
à la FEC, 55 seulement y sont membres. Pouvons-nous alors dire que
l'esprit associatif n'existe pas ?
Aussi, plusieurs commerçants ne se font pas enregistrer
au service étatique. Rien qu'en considérant le nombre des
boutiques, on constate que 20 seulement n'ont souscrit la patente alors que 37
font membres de la FEC.
Ce décalage révèle déjà que
bon nombre de micro et petites entreprises oeuvrent dans l'informel
c'est-à-dire ne se font pas l'objet d'enregistrement.
Qu'en-est-il finalement des statistiques du service de
l'Economie ? Pour ce qui est des statistiques de l'économie, le
tableau suivant renseigne sur les effectifs enregistrés :
Tableau n°14 : Effectif des
commerçants immatriculés en territoire de Lubero
ANNEES
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Sexe
|
Homme
|
Femme
|
Homme
|
Femme
|
Homme
|
Femme
|
Homme
|
Femme
|
Effectif
|
4
|
0
|
5
|
0
|
9
|
0
|
9
|
1
|
TOTAL
|
4
|
5
|
9
|
10
|
Source : - service de
l'économie territoire de Lubero : Rapports économiques 2004,
2006, 2007, 2008.
On peut lire de ce tableau qu'en 2005 et 2006, 4
commerçants seulement ont été enregistrés
c'est-à-dire détiennent de registre de commerce, alors qu'en
2007, l'effectif des commerçants enregistrés est passé
à 9 contre 10 en 2008.. Seule une femme (vendeuse des pagnes) a
été enregistrée en 2008 ou détient un registre de
commerce..
Eu égard à tout ceci, il y a lieu de conclure
que la plupart des commerçants oeuvrent sous la patente et l'informel.
Quand l'activité devient florissante, on juge mieux se déplacer
vers le centre urbain de Butembo. Et ceux là qui ont leurs registres,
ils étaient déplacés jusqu'à Butembo.
Les activités plus porteuses de croissance sont
entreprises par des hommes dans le milieu rural plus examiné.
III.2.2. Les micro entreprises de survie
Ces types d'entreprises sont quant à elles
caractérisées par le non paiement des taxes (elles paient souvent
la redevance de 100 Fc95(*) pour ceux qui vendent au marché) ; le
non enregistrement au service de l'IPME (n'ont ni patente ni registre de
commerce) ; elles sont irrégulière, temporaires et n'ont pas
forcement besoin des locaux pour leurs activités.
La plupart d'activités se déroulent dans la
journée, au marché ou en plein air. Elles peuvent aussi se
dérouler à domicile, le long de la rue,...
Nous avons pu identifier ces activités lors des nos
enquêtes au marché de la cité de Lubero96(*) du samedi 11/04/2009. Il s'y
pratique ainsi la vente de bananes, de pomme de terre, des aliments cuits
(bouillie, pomme de terre, maïs, ...), vente des avocats, de fruits (prune
de cap), tomates, piments, citrons, gros michelin, oignons, poireaux, grains de
maïs, farine de maïs, choux, beignets, pains, arachide,
éleusine, farine de manioc, cannes à sucre, poissons,
légumes (sombé, amarantes),
l'huile de palme ; manches de houes, casseroles
traditionnelles, pagnes, friperie, pétrole lampant en détail,
sel, soja et autres condiments (en détail), riz, charbon de bois
... ; boucheries, de restaurants, d'ateliers de couture,...
On constate que ces initiatives sont plus orientées
vers la vente des produits de consommation alimentaire. Elles se
déroulent surtout le jour du marché local. Or, en milieu rural,
le marché est instable. Il ne se tient pas chaque jour.
Ainsi, lors de nos investigations, nous avons pu constater que
ce sont les femmes qui entreprennent plus les activités de survie.
Presque les ¾ du marché de Lubero est occupé par les femmes
alors que les hommes sont dans des boutiques le long du marché.
Nous avons essayé de compter les différents
entrepreneurs des activités de survie exerçant leur
activité au marché de Lubero. Le tableau suivant relate cette
situation.
Tableau n°15 : Recensement des
entrepreneurs du marché de Lubero le 11 avril 200997(*).
N°
|
ACTIVITES
|
EFFECTIF
|
SELON LE SEXE
|
En %
|
F
|
M
|
F
|
M
|
1
|
Ventes pomme de terre
|
906
|
905
|
1
|
99,9
|
0,1
|
2
|
Vente ananas
|
8
|
8
|
0
|
100
|
-
|
3
|
Ventes aliments cuits
|
9
|
9
|
0
|
100
|
-
|
4
|
Ventes avocats
|
30
|
30
|
0
|
100
|
-
|
5
|
Ventes bananes
|
26
|
26
|
0
|
100
|
0
|
6
|
Ventes légumes
|
47
|
45
|
2
|
95,7
|
4,3
|
7
|
Ventes fruits : prune de cap
|
11
|
8
|
3
|
72,7
|
27,3
|
8
|
Ventes tomates, citrons, piments
|
12
|
12
|
0
|
100
|
0
|
9
|
Ventes pains, beignets, arachides
|
18
|
18
|
0
|
100
|
0
|
10
|
Ventes oignons, poireaux
|
120
|
120
|
0
|
100
|
0
|
11
|
Ventes grains maïs et farine maïs
|
43
|
43
|
0
|
100
|
0
|
12
|
Ventes choux et carottes
|
64
|
63
|
1
|
98,4
|
1,6
|
13
|
Ventes Eleusine
|
35
|
35
|
0
|
100
|
0
|
14
|
Vente farine de manioc
|
97
|
97
|
0
|
100
|
0
|
15
|
Vente cannes à sucre
|
28
|
28
|
0
|
100
|
0
|
16
|
Vente poissons
|
16
|
15
|
1
|
93,75
|
6,25
|
17
|
Vente huile de palme
|
19
|
14
|
5
|
73,7
|
26,3
|
18
|
Moulins
|
5
|
-
|
5
|
0
|
100
|
19
|
Ateliers de couture
|
12
|
12
|
-
|
100
|
0
|
20
|
Vente casseroles traditionnelles
|
2
|
0
|
2
|
0
|
100
|
21
|
Vente houes et accessoires
|
2
|
0
|
2
|
0
|
100
|
22
|
Vente pagnes
|
9
|
9
|
0
|
100
|
0
|
23
|
Vente friperies
|
11
|
4
|
7
|
36,4
|
63,6
|
24
|
Vente pétrole lampant en détail
|
5
|
0
|
5
|
0
|
100
|
25
|
Vente sel, farine de soja et autres
|
15
|
15
|
0
|
100
|
0
|
26
|
Vente riz
|
6
|
5
|
1
|
83,3
|
16,7
|
27
|
Cordonniers
|
2
|
0
|
2
|
0
|
100
|
28
|
Tailleurs du marché
|
5
|
0
|
5
|
0
|
100
|
29
|
Restaurants
|
6
|
6
|
-
|
100
|
0
|
30
|
Discothèques
|
2
|
-
|
2
|
0
|
100
|
31
|
Vente braise et bois de chauffe
|
32
|
28
|
4
|
87,5
|
12,5
|
32
|
Boucherie
|
31
|
0
|
31
|
0
|
100
|
33
|
Vente à la crié-insecticide
|
1
|
0
|
1
|
0
|
100
|
34
|
Forge
|
1
|
0
|
1
|
0
|
100
|
|
TOTAL
|
1576
|
1495
|
81
|
94,9
|
5,1
|
Source : Notre recensement au
marché de Lubero le 11 avril 2009 de 11hoo à 14h 15 min.
Il ressort de ce tableau que les activités de survie
sont multiples. Nous avons pu identifier 34 activités. Ce sont les
femmes qui s'en donnent plus aux activités de survie que les hommes. Les
femmes sont donc plus nombreuses que les hommes. Soit 1425 femmes contre 81
hommes seulement (Cfr. profil des entrepreneurs).
Ainsi, on remarque un engouement dans la vente de pomme de
terre (906 individus dont 1 homme seulement), la vente des oignons, poireaux
(120 femmes), vente de farine de manioc (97 femmes), la vente de choux et
carottes (64 dont seulement un homme) ; etc.
Il faut souligner que ce petit commerce se fait toujours en
détail. Les seules activités masculines sont : les moulins
(meuniers), la vente des casseroles traditionnelles et des matériels de
forge (houes), la vente de pétrole lampant, la cordonnerie, la taillerie
du marché (des papas qui cousent des habits à moitié
déchirés leur apportés par ceux qui viennent au
marché au marché) et l'activité de boucherie, la vente
à la criée des insecticides. Les femmes s'en donnent plus
à la vente des produits agricoles. Ce cas est tout à fait normal
car dans ce milieu, ces femmes sont plus agricultrices. Elles vendent une
partie de leur récolte pour se procure en contre-partie certains
produits manufacturés.
Notons aussi que la vente de la boisson alcoolique, l'arac
(bière locale obtenue à partir du maïs), est plus
répandue en cité de Lubero. Dans plus d'une parcelle, on produit
et on commercialise l'arac. Ce qui entraîne une atomicité du
marché où on a difficile à vendre car tout le monde
produit le même bien. Cette culture est ancienne à Lubero. La
vente se fait à domicile et on ne paie aucune taxe. L'expansion de cette
pratique peut être due au fait que l'arac provient de la farine du
maïs qui est plus cultivé en territoire de Lubero.
Après cette présentation de la typologie des
activités entreprises en territoire de Lubero, analysons à
présent le profil des entrepreneurs.
III.3. PROFILS SOCIO-DEMOGRAPHIQUE ET CULTUREL DES
ENTREPRENEURS
Dans cette section, nous analysons le profil des entrepreneurs
selon certaines variables, comme le sexe, l'âge, le niveau d'instruction,
l'origine des entrepreneurs. Mais tout d'abord disons un mot sur les
différents entrepreneurs ou acteurs entrepreneuriaux qui font la
dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero.
III.3.1. Les acteurs entrepreneuriaux
La dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero est
l'oeuvre de plusieurs acteurs notamment des ONGS, des associations et
syndicats, les églises, les partis politiques et les entrepreneurs
privés. Notons que c'est sur cette dernière catégorie
d'acteurs que porte notre analyse.
Le dynamisme entrepreneurial et la création
d'entreprises en territoire de Lubero sont l'oeuvre des particuliers et
certaines organisations de développement. L'Etat en tant qu'entrepreneur
n'est pas visible en territoire de Lubero. Ce dernier ne s'occupe que des ses
fonctions traditionnelles : la sécurité, la justice,...
L'Etat est donc plus entrepreneur dans l'administration que dans
l'économie. Ceci pourra être complété dans la
section qui traite du rôle de l'Etat dans l'entrepreneuriat en territoire
de Lubero.
Les ONGS98(*) implantées en Lubero interviennent surtout
dans les infrastructures routières. Elles interviennent dans le
traçage des routes des dessertes agricoles. De même, ces ONG ont
incité la population locale à construire des maisons modernes,
durables. Leur construction est récente. La population locale construite
des maisons pour profiter du loyer car elle estime que les ONG payent plus et
sont solvables. Aussi, certaines personnes sont retenues par ces ONG surtout
internationales comme travailleurs : sentinelles, ouvriers,...
Les associations locales et syndicats interviennent aussi dans
l'entrepreneuriat. Ils sont surtout focalisés dans l'agriculture. Ils
peuvent distribuer des semences aux paysans, leur livre des informations ou
pour organiser de formations (ateliers, séminaires) une culture
donnée. Tel est le cas du Syndicat pour la Défense des
Intérêts Paysans (SYDIP) qui a vulgarisé certaines cultures
et surtout actuellement celle du quinquina.
Les associations ou mutuelles de certains paysans
interviennent pour l'entraide mutuelle, par exemple pour le déblayage
des champs : le regroupement des paysans se fait autour de centres
d'intérêts communs tels les crédits (tontines),
l'équipements en moyens de production (on peut céder sa houe
à son voisin qui n'en a pas). Les associations offrent toutes sortes de
services : crédit, activités sociales, achat en gros,
conseil, assistances diverses dans le cas des fêtes de mariage, de deuil
et en cas de contentieux. Elles ont néanmoins une influence relative.
Les partis politiques interviennent aussi surtout dans la distribution des
semences (spécialement pendant la période de campagne
électorale).
Les églises sont aussi actives dans les initiatives
locales. Ainsi par exemple, pour l'Eglise catholique et plus
particulièrement, chez les soeurs (religieuses) on assiste à la
vente du jus, des rats, etc.
Les entrepreneurs privés sont les plus nombreux et sont
très actifs dans l'entrepreneuriat en territoire de Lubero. Ils sont
plus visibles dans l'agriculture et le petit commerce. Rappelons que c'est
auprès de ces derniers que nous avons effectué nos
enquêtes.
III.3.2. Caractéristiques des agents
économiques (des entrepreneurs enquêtés)
1. Sexe des enquêtés.
Par rapport au genre, nous voulons faire la part des choses en
établissant la part de responsabilité des femmes et des hommes
dans la dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero.
Pour les activités de survie et de croissance, les
caractéristiques des entrepreneurs par rapport au sexe sont
synthétisés dans le tableau ci-après :
Tableau n°16 :
Caractéristiques selon le sexe.
TYPES D'ACTIVITES
SEXE
|
MICRO ET PETITES ENTREPRISE DE CROISSANCE
|
ACTIVITES DE SURVIE
|
TOTAL
|
|
EFFECTIF
|
%
|
EFFECTIF
|
%
|
EFFECTIF
|
%
|
Masculin
|
107
|
78,7
|
81
|
5,1
|
188
|
10,9
|
Féminin
|
29
|
21,3
|
1495
|
94,9
|
1524
|
89,1
|
TOTAL
|
136
|
100
|
1576
|
100
|
1712
|
100
|
Source : services de l'IPME et
de l'économie territoire de Lubero Source : Nos enquêtes
Par rapport au sexe, la dernière colonne montre que
les femmes créent des activités économiques plus que les
hommes soit 89,1 % contre 10,9 %. Toute fois, la création
féminine est encore faible dans « le
formel »99(*)
car pour les micro et petites entreprises de croissance on a seulement 29
femmes contre 107 hommes. Cependant dans l'informalité (activités
de survie) on retrouve plus des femmes que d'hommes soit 5,1% seulement
d'hommes.
Ceci est le fait que les femmes du monde rural sont
surchargées par le travail ménager et par l'agriculture. Elles
ont difficile à créer une activité permanente suite aux
activités champêtres qu'elles entreprennent. Elles s'occupent
ainsi de la vente de produits provenant de leurs champs. Le
développement des micro entreprises de survie est
particulièrement important pour les femmes car elles y trouvent des
revenus additionnels dont elles ont cruellement besoin pour assurer la survie
de leur famille et de leurs enfants. En dehors des travaux d'exploitation
agricole, les activités de survie des femmes correspondent à des
surcroîts de travail et donc de revenu.
Les hommes sont plus visibles dans les micro et petites
entreprises de croissance du fait que ces activités exigent un peu de
déplacement pour acquérir les biens ou pour s'approvisionner en
marchandises.
Bref, l'entrepreneuriat en territoire de Lubero est le fait
des hommes et des femmes. Celles-ci sont plus créatrices
d'activités de survie que les hommes qui eux s'en donnent plus à
des activités de croissance. La présence féminine est plus
manifeste dans le domaine commercial (de survie) où les femmes
s'activent le plus dans les activités de la restauration, dans la vente
des légumes et condiments et des produits maraîchers,...
2. Age des entrepreneurs
enquêtés
Les caractéristiques de nos enquêtés par
rapport à l'âge sont présentées dans le tableau
ci-dessous.
Tableau n°17 : Caractéristiques par
rapport à l'âge100(*)
AGE
|
EFFECTIF
|
%
|
Moins de 10 ans
|
0
|
0
|
De 10 à 20 ans
|
3
|
2
|
De 20 à 30 ans
|
36
|
28
|
De 30 à 40 ans
|
62
|
49
|
De 40 à 50 ans
|
20
|
16
|
Plus de 50 ans
|
6
|
5
|
TOTAL
|
127
|
100
|
Source : service IPME
Le groupe d'entrepreneurs se caractérise par une
prédominance des créateurs des micros et petites entreprises de
croissance, compris entre 30 et 40 ans, soit 49 % des effectifs. Ceux ayant
moins de 20 ans ne représentent que 2 % alors que ceux ayant
dépassé 50 ans ne sont que 5 soit 6 %. Donc, la plupart
d'entrepreneurs ont l'âge compris entre 20 et 50 ans soit 93 % des
effectifs.
C'est dans les activités de survie qu'on retrouve des
enfants de moins de 10 ans dans la vente de beignets, d'arachides
grillées... et des gens ayant dépassé l'âge de
retraite (60 ans) surtout dans l'artisanat (vente casseroles
traditionnelles)101(*).
Bref, l'entrepreneuriat en territoire de Lubero est l'oeuvre
des jeunes et des adultes dans les micro et petites entreprises de croissance
mais aussi des enfants, des jeunes, des adultes, et des vieillards dans les
activités des survie. Les adultes sont très biens
représentés.
3. Par rapport au niveau d'instruction
Le tableau ci-après, représente les
différentes modalités par rapport au niveau d'instruction.
MODALITES
|
EFFECTIF
|
%
|
Ecole primaire non achevée
|
9
|
7,1
|
Ecole primaire achevée
|
0
|
0
|
Ecole secondaire non achevée
|
9
|
7,1
|
Ecole secondaire achevée
|
3
|
2,3
|
Ecole post-secondaire
|
0
|
0
|
Aucune formation
|
106
|
83,5
|
TOTAL
|
127
|
100
|
Source : service IPME
En Lubero, le taux d'alphabétisation des entrepreneurs
est faible. Plus de 83,5 % de nos enquêtés n'ont aucun niveau
d'étude. Ils n'ont pas eu une quelconque formation technique ou
professionnelle. Ce qui est normal car l'exercice du petit commerce, du travail
indépendant n'exige pas un niveau d'instruction nécessairement
élevé. Il suffit de savoir compter. Mais, ces derniers
éprouvent des difficultés pour l'exercice de leurs métiers
quand il faut payer certaines taxes de l'Etat. Pour pallier à cette
lacune, on donne à son frère ou à son enfant tous les
documents écrits ou à écrire. Un commerçant nous a
confié : « bien que je n'ai pas étudié, je
ferai tout mon mieux pour que mon enfant aille poursuivre les études
universitaires »102(*). Ceci prouve que le fait de n'avoir pas
étudié n'est pas bon pour cet entrepreneur.
On remarque de même que 9 seulement soit 7,1 % ont
fréquenté l'école primaire et non pas eu la chance de
l'achevée suite au manque des frais scolaires et d'autres raisons. Un
boutiquier nous a dit : « si je n'ai pas étudié,
c'est parce que mon père voulait que j'aille garder toujours ses
chèvres au champ ». Aucun entrepreneur n'a achevée
l'école primaire alors que 3 seulement ont pu avoir leur diplôme
d'étude secondaire soit 7,1% des effectifs.
On constate que l'entrepreneuriat est le fait des
intellectuels comme de non intellectuels. Et en territoire de Lubero, il
ressort que ce sont les gens n'ayant pas étudié qui sont plus
entrepreneurs que les intellectuels.
Alors, pouvons-nous affirmer que les intellectuels manquent
d'esprit d'entreprise ! Peut-être non car les intellectuels ou les
gens ayant étudié peuvent aussi faire plus d'activités.
4. Situation matrimoniale
Pour les variables qui vont suivre, nous n'avons pas eu des
données au service de l'IPME. C'est pourquoi, nous avons tiré une
échantillon de 425 entrepreneurs dont 31 pour les activités de
croissance et 394 entrepreneurs pour les activités de survie103(*).
Ainsi, le tableau ci-dessous permet de visualiser la situation
familiale des entrepreneurs.
Tableau n°18 : Situation matrimoniale des
enquêtés.
SITUATION MATRIMONIALE
|
MICRO ET PETITES ENTREPRISE DE CROISSANCE
|
ACTIVITES DE SURVIE
|
TOTAL
|
EFFECTIF
|
%
|
EFFECTIF
|
%
|
EFFECTIF
|
%
|
Célibataire
|
3
|
10
|
87
|
22
|
90
|
21
|
Marié
|
26
|
84
|
303
|
77
|
329
|
78
|
Divorcé
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Veuf (veuve)
|
2
|
6
|
4
|
1
|
6
|
1
|
TOTAL
|
31
|
100
|
394
|
100
|
425
|
100
|
Source : Nos enquêtes auprès des
entrepreneurs
En général, les créateurs d'entreprises
en milieu rural sont mariés (78 % des effectifs). Que ça soit
pour les micro et petites entreprises de croissance ou les activités de
survie, les mariés représentent une forte proportion (soit
respectivement 84 % et 77 %). Ceci est dit au fait qu'en milieu rural, les gens
se marient avec un très jeune âge soit 15 ans ou 18 ans. De
même, on a vu par rapport à l'âge, que les entrepreneurs
étaient plus des adultes que d'enfants.
Les célibataires sont surtout des enfants et des jeunes
et représentent au total 21 % de nos enquêtés. Les veufs
quant à eux représentent 1 %. On constate que les divorcés
ne représentent aucun effectif.
Bref, en milieu rural et plus précisément en
territoire de Lubero, l'entrepreneuriat est l'oeuvre des mariés.
L'esprit entrepreneurial est prédominant chez les mariés du fait
qu'ils ont une charge familiale lourde : satisfaire les besoins familiaux
(besoins alimentaires, vestimentaires, scolarisation des enfants). Le mariage
est souvent assimilé à la prise de responsabilité de
l'individu dans la société. Cela s'expliquerait par le fait que
le mariage dépend entre autres causes de l'obtention d'un travail
rémunéré. Nous avons pu demander à nos
enquêtés, s'ils ont des enfants. La question concerne donc ici les
mariés et les veuves.
Nous avons constaté que 79 % de nos
enquêtés avaient des enfants alors que 21 % n'en ont pas. Ces
résultats sont présentés dans le tableau
ci-après :
Tableau n°19 : Nombre
d'enquêtés ayant d'enfants
AVEZ-VOUS D'ENFANTS ?
|
EFFECTIF
|
%
|
Oui
|
265
|
79
|
Non
|
70
|
21
|
TOTAL
|
335
|
100
|
Source : Nos enquêtes
On constate que trois créateurs sur quatre ont des
enfants. L'esprit entrepreneurial a devancé, souvent, la création
d'entreprise.
5. L'origine des entrepreneurs
Cette question est une question ouverte auprès des
créateurs d'entreprises :
Tableau n°20 : Par rapport à l'origine de
l'entrepreneur
AVEZ-VOUS CREE DANS VOTRE REGION
D'ORIGINE ?
|
EFFECTIF
|
%
|
Oui
|
276
|
65
|
Non
|
149
|
35
|
TOTAL
|
425
|
100
|
Source : nos enquêtes
Il ressort que plus de deux entrepreneurs sur trois ont
créé dans leur milieu d'origine qui est la cité de
Lubero. Malgré tout, un créateur sur trois n'hésite pas
à créer hors de son milieu d'origine. Dans cette dernière
catégorie, on retrouve les entrepreneurs provenant des villages
environnants la cité de Lubero comme KASUGHO, KANYABAYONGA. Ils
cherchent à sécuriser leur investissement du fait que leurs
milieux d'origine sont en perpétuelle insécurité suite
à des forces négatives (rebelles) qui restent dans la
forêt.
L'entrepreneuriat est donc majoritairement le fait des
originaires du milieu rural mais aussi de non originaires comme des nationaux
(les gens des villages environnants, les églises, associations et
syndicats...) ainsi que des étrangers surtout les ONG internationales
(Cfr. les acteurs entrepreneuriaux).
Les parents ou sa famille peuvent aussi influencer ou
être une opportunité pour un créateur d'entreprise. Ainsi,
nous avons cherché à connaître qu'elle était la
profession des parents des acteurs entrepreneuriaux en territoire de Lubero.
Tableau n°21 : Profession des parents des
entrepreneurs.
PROFESSION DES PARENTS
|
EFFECTIF
|
%
|
Agriculteurs
|
268
|
63
|
Artisans ou commerçants
|
81
|
19
|
Professions libéraux
|
0
|
0
|
Cadres supérieurs
|
0
|
0
|
Employés
|
38
|
9
|
Fonctionnaires
|
9
|
2
|
Autres
|
29
|
7
|
TOTAL
|
425
|
100
|
Source : nos enquêtes
On constate que l'appartenance à des couches de
population agricultrices et commerçantes ou artisanales
prédisposent à la création d'entreprise. Près d'un
créateur sur deux en est issu (82 % des effectifs).
Nombreux entrepreneurs sont de fils ou filles des agriculteurs
(63%) et des commerçants ou artisans 19 %. Ce qui est normal car ces
deux activités, et surtout l'agriculture, sont les plus actives en
territoire de Lubero. L'appartenance à des couches
privilégiées (profession libérales, cadres
supérieurs...), ne semble pas prédisposer à la
création d'entreprises. En milieu rural, ces types d'activités
sont moins pratiqués.
Après cet aperçu sur le profil des entrepreneurs
du territoire de Lubero, nous pouvons dès lors analyser les modes de
financement de l'entrepreneuriat en territoire de Lubero.
III.4. MODES DE FINANCEMENT DE L'ENTREPRENEURIAT ET GESTION
FINANCIERE
Comment finance-t-on le démarrage ou la création
des micro et petites entreprises rurales ? Les activités de survie
sont généralement financées par l'épargne
personnelle en 100 %, d'autres ne n'exigent pas un capital financier ou une
mise de fonds pour leur démarrage (vente des légumes pour un
agriculteur par exemple).
Ainsi, après enquêtes, nous pouvons
synthétiser le résultat dans le tableau ci-après :
Tableau n°22 : Modes de financement de
l'entrepreneuriat
SOURCES DE FINANCEMENT AU DEMARRAGE
|
EFFECTIF
|
%
|
Epargne personnelle
|
259
|
61
|
Aide la famille par un don
|
81
|
19
|
Prêts auprès de certaines personnes
|
4
|
1
|
Economie dans les tontines
|
13
|
3
|
Prêts auprès des banques
|
0
|
0
|
Aides et dons de l'époux
|
21
|
5
|
Héritage
|
38
|
9
|
Autres non spécifiées
|
9
|
2
|
TOTAL
|
425
|
100
|
Source : Nos enquêtes
Au vu de ce tableau, nous constatons que l'entourage du
créateur d'entreprises intervient ou s'engage financièrement
à aider le promoteur d'entreprise (famille, amis,...). 61 % des micro et
petites entreprises sont financées par l'épargne personnelle et
19% par l'épargne familiale. C'est donc ce mode de financement par
l'épargne personnelle qui prédomine.
Aide-toi, le ciel t'aidera ! Telle est la maxime du micro
entrepreneur qui doit dans les deux tiers des cas trouver seul le financement
de son entreprise avant d'espérer compléter sa mise par un apport
familial, éventuellement tontinier ou un don ou encore un
héritage. C'est ainsi que l'environnement familial joue un rôle
dans la décision de créer une entreprise (Cfr rôle de la
famille dans l'entrepreneuriat).
On constate aussi que l'héritage intervient comme
source de financement en troisième position soit 9 % des effectifs.
C'est surtout pour les champs de quinquina où pour récolter il
faut 7 à 8 ans. Ainsi, un père de famille qui aurait planter du
quinquina et rendre l'âme avant la récolte, ses enfants ou
sa famille pourront jouir de cet héritage.
Les aides et dons des époux représentent 5 %
des effectifs. Ici, un mari peut donner une certaine somme à sa femme
pour qu'elle fasse une activité entrepreneuriale en vue de subvenir aux
besoins ménagers et donc contribuer au budget ménage.
Les prêts auprès de certaines personnes (les
amis) et les tontines, sont aussi parmi les modes de financement des
activités entrepreneuriales en territoire de Lubero, soit respectivement
1 % et 3 % des effectifs. Notons que les prêts se font sans garantie,
tout est fondé sur la confiance.
On note cependant le rôle quasi-inexistant des banques
dans la création des micros entreprises (0%) et le rôle mineur de
la tontine (3 %). En Lubero, il n'existe aucune banque commerciale, on a que 2
coopératives d'épargne et de crédit et une institution de
micro finance. Ces dernières interviennent dans la plupart de cas pour
le transfert de fonds et moins dans l'octroi de crédit à des fins
commerciales ou de création d'entreprises.
Souvent le promoteur se prépare pendant plusieurs
années en accumulant l'épargne nécessaire au
démarrage d'une micro entreprise de croissance. On est d'abord
agriculteur, puis commerçant pour redevenir agriculteur-planteur du
quinquina. Il y a donc interaction entre le commerce et l'agriculture (mais on
sacrifie les cultures vivrières au profit des produits d'exportation).
Nous avons cherché à connaître entre le commerce et
l'agriculture, quelle est l'activité la plus
préférée. Le tableau ci-dessous permet de montrer cette
situation :
ACTIVITE PREFEREE
|
EFFECTIF
|
%
|
Commerce
|
416
|
98
|
Agriculture
|
2
|
2
|
Total
|
425
|
100
|
Source : Nos enquêtes
Nous constatons que la plupart de nos enquêtés
préfèrent exercer le commerce que l'agriculture. 9 entrepreneur
sur 10 veulent être commerçants et pas agriculteurs. Ces derniers
sont vus et considérés comme pauvres ; est riche celui qui
fait le commerce. Or cette conception n'est pas bonne car même les pays
développés ont démarré à partir de
l'agriculture pour arriver à l'industrialisation.
En cité de Lubero, le capital initial moyen de
démarrage d'une activité entrepreneuriale de survie peut
être nul comme dit précédemment mais pour les micro et
petites entreprises de croissance, ce capital se situe entre 150 $ et 2000 $,
soit entre 127 500 Fc et 1700 000 fc104(*). Le montant dépend de l'activité
entrepreneuriale exercée par l'entrepreneur.
Tableau n°23 : Fonds de démarrage
pour quelques micro et petites entreprises à Lubero
ENTREPRISE
|
MONTANT
|
Moulin
|
600 $- 1000 $
|
Pharmacie
|
500 $
|
. Kiosques
|
150 $- 850 $
|
Boutiques
|
300 $ - 2000 $
|
Secrétariat public
|
1000 $
|
|
|
Source : service de l'IPME, territoire de Lubero
Il ressort de ce tableau que pour les micro entreprises
rurales de Lubero, les moulins demandent un capital initial variant de 600 $
à 1000 $ ; les pharmacies peuvent démarrer avec 500 $, les
kiosques entre 150 $ et 850 $ alors que les boutiques peuvent démarrer
avec un capital qui se situe entre 300 $ et 2000 $. Un secrétariat
public démarre avec 1000 $.
Quant à la gestion financière, quelle soit
à court ou à la long-terme, n'est pas d'application dans les
micro entreprises du territoire de Lubero. D'ailleurs la structure organique
n'y existe pas. Les notions de fonds de roulement, des rations, de
solvabilité, rentabilité, liquidité,... sont inexistantes
dans ces micro entreprises. Il n' y a pas subdivision des fonctions
financières, le comptable, le caissier ne sont pas centré sur le
propriétaire de l'entreprise. Il est l'home orchestre et pour la plupart
de cas, ce propriétaire d'entreprise n'est pas un spécialiste de
la comptabilité, de même, il est rarement aidé d'un
spécialiste.
Les documents comptables comme le bilan, le tableau
d'exploitation, le tableau de formation du résultat et autres sont
étranges dans les micro-entreprises de Lubero.
En bref, la gestion financière n'est pas d'application
dans les micro et petites entreprises du territoire de Lubero. Tout se fait
sans document comptable. Le calcul du résultat est souvent confondu au
calcul des recettes. Les décisions d'investissement sont prises sans
étude financière de faisabilité et dépendent de la
volonté du seul propriétaire de l'activité. Il n'y a pas
de gestion des stocks, de trésorerie des créances...
Il sied maintenant d'analyser le marché de ces micro et
petites entreprises de Lubero.
III.5. LE MARCHE DES MICRO ET PETITES ENTRPRISES DE
LUBERO
Par rapport aux marchés urbains permanents, les
marchés villageois sont en effets atomisés, instables
enclavés et dépendent de paramètres non maîtrisables
par une bonne récolte (une grande récolte peut occasionner une
baisse des prix) ou le cours de cultures (comme le quinquina) fixé sur
le marché international.
Les micro et petites entreprises rurales sont
caractérisées par la saisonnalité de leur activité
et leur marché plus restreint.
1.
Atomicité du marché
La cité avec presque 40 000 d'habitants, est trop
petite pour justifier le fonctionnement permanent d'une entreprise. Or on
constate, que toutes les micros entreprises commercialisent les mêmes
produits. Ce qui est une de difficultés pour les entrepreneurs. Par
exemple, dans plus de 10 parcelles voisines, on produit de l'arac le même
jour. Ce qui pose un problème pour trouver la clientèle.
De plus, la dispersion de différents villages
multiplient le coût de transport, alors que les marchés de
villages environnants (Kipese, Kasugho,...) sont de lieux de rencontre pour les
paysans, qui s'y rendent chaque lundi et jeudi (Kipese) pour effectuer leurs
achats ou vendre leurs produits.
L'enclavement peut être aussi un handicap
supplémentaire. Non seulement certains villages sont
éloignés des grands axes de communication mais leurs voies
d'accès sont totalement délabrées. Aussi, les centres
d'approvisionnement sont éloignés notamment la ville de Butembo
et Kasindi.
2.
Instabilité du marché
Le marché rural est un marché instable. Ainsi,
en Lubero le marché se tient deux fois par semaine notamment le mercredi
et le samedi. Le lundi et le jeudi, les entrepreneurs de Lubero partent
à Kipese pour écouler leurs produits.
On constate cependant une certaine permanence des
activités se trouvant en domicile. La vente se fait principalement en
détail.
3.
Concurrence
La concurrence est virulente pour 85 % des entrepreneurs
interrogés. Selon les petits et micro entrepreneurs, la concurrence
provient surtout du fait que l'on produit et on vend presque les mêmes
biens. Les prix des biens sont fixés souvent par marchandage.
III.6. LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA DYNAMIQUE
ENTREPRENEURIALE EN TERRITOIRE DE LUBERO
A la question de savoir les causes ou les motifs ayant
poussé l'entrepreneur à entreprendre une activité, nous
avons pu dresser le tableau ci-dessous :
Tableau n°24 : Facteurs explicatifs de la
dynamique entrepreneuriale.
FACTEURS
|
EFFECTIF
|
%
|
Initiative privée et désir
|
51
|
12
|
Héritage, souhait des mes parents
|
21
|
5
|
A cause du chômage, emploi
|
234
|
55
|
Compléter mon revenu agricole
|
111
|
26
|
Autres
|
8
|
2
|
TOTAL
|
425
|
100
|
Source : Nos enquêtes
Nous constatons que les motivations de création
d'entreprises sont multiples : 55 % des entrepreneurs sont motivés
le manque d'emploi. Ainsi, ils créent de petites initiatives
entrepreneuriales pour se créer de l'auto emploi. Aussi, 26 % des
effectifs ont créé des entreprises par la simple raison de
compléter leurs revenus agricoles. Ils sont des agriculteurs mais
étant donné que tous les biens ne peuvent pas être produits
aux champs. Ils doivent créer des initiatives qui leur procurent de
revenu pour acheter certains biens manufacturés et bien d'autres comme
les outils pour leur agriculture. De même 12 % des entrepreneurs sont
poussés par le besoin d'indépendance. C'est donc le besoin
d'entreprendre qui a poussé les personnes à se lancer dans les
affaires et 5 % d'entre-eux ont hérité leur entreprise. On
constate donc que, l'esprit d'entreprise est répandu en territoire de
Lubero car seulement 5 % ont hérité et donc le reste 95 % ont
créé leurs activités. Les autres soit 2 % sont
surtout les facteurs tels que le goût du risque, le souci
d'entreprendre...
Ces motifs ne sont pas a prendre isolement car tous les motifs
ci-dessus peuvent être observés chez un seul entrepreneur. Ces
facteurs sont liés et ne peuvent être considérés
séparément.
Donc le manque d'emploi ou du travail , le besoin
d'indépendance, la recherche de l'argent, du revenu sont des facteurs
qui expliquent actuellement la dynamique entrepreneuriale en territoire de
Lubero.
D'un point de vue analytique, nous considérons que ces
facteurs sont d'ordre économique, politique, socio-culturel et
historique.
- Les facteurs économiques : le manque d'emploi ou
la non existence de grandes entreprises ou industries poussent les gens
à entreprendre de petites activités indépendantes, ou
personnelles. Le salariat a disparu mais aussi le déclin de la Minoterie
du Kivu a plongé plus de gens dans le chômage. Ainsi, les gens
font du travail autonome pour avoir de revenu.
- Les facteurs politiques : l'Etat n'interdit pas ces
initiatives personnelles. Ce qui pousse les gens à considérer que
créer sa propre activité n'est pas un problème. Aussi, on
observe une absence de prise en charge par l'Etat. L'Etat est plus visible
dans l'administration que dans les secteurs économiques.
- Les facteurs historiques : dans la section traitant du
salariat à l'entrepreneuriabilité, nous avons estimé que
le départ des colons, la guerre peuvent être des causes ayant
poussé les gens à s'auto prendre en charge en créant de
petites activités. De même, pendant la période coloniale,
on a remarqué qu'on n'a pas tellement implanté des industries
« lourdes » ou des entreprises en forte intensité de
main-d'oeuvre à Lubero. Cela a entraîné un manque
d'employabilité et donc laissé une place à
l'entrepreneuriabilité.
- Les facteurs socio-culturels : la dynamique
entrepreneuriale est aussi due aux facteurs socio-culturels. Nous avons
souligné que la famille et l'entourage aident plus un créateur
d'entreprise. Ces aides peuvent être matérielles,
financières ou morales. Les amis ou les membres de famille peuvent
prêter à l'entrepreneur sans exiger aucune garantie. Ce qui est
une opportunité pour un créateur d'entreprises car il ne paie pas
en contrepartie d'intérêt ni ne donne une garantie. Aussi, la
solidarité qui y règne encourage parfois l'entrepreneuriat.
Analysons à présent le rôle de la famille
dans l'entrepreneuriat.
III.7. ROLE DE LA FAMILLE DANS L'ENTREPRENEURIAT
Donner à la famille un rôle dans
l'entrepreneuriat a de quoi surprendre. Mais, cette dernière joue un
rôle très important dans la dynamique entrepreneuriale à
Lubero milieu d'étude de ce présent travail. Nous avons pu
demander à nos enquêtés, quel était le rôle de
famille pour leurs initiatives. Ainsi, nous avons obtenu les résultats
suivants :
Tableau n°25 : Rôle de la famille dans
l'entrepreneuriat.
VOTRE FAMILLE
|
EFFECTIF
|
%
|
Vous a encouragé
|
174
|
41
|
Vous a été indifférente
|
115
|
27
|
Vous a aidé
|
106
|
25
|
Vous a déconseillé
|
21
|
5
|
Sans réponse
|
9
|
2
|
TOTAL
|
425
|
100
|
Source : Nos enquêtes
Les encouragements des membres de la famille
représentent 41 % des effectifs et donc 41 % des entrepreneurs ont
été encouragés par leur famille à créer leur
activités. La proportion de l'indifférence représente 27 %
alors que les aides financières ou morales représentent 25 %.
Minimes sont les familiers qui ont déconseillé leurs membres
à ne pas entreprendre une activité personnelle (5 % des
effectifs).
L'environnement affectif du créateur est donc important
et l'écoute de ses préoccupations aussi. Le créateur
est de moins en moins seul face à son projet.
Les entrepreneurs mettent l'accent sur leur famille ou
espère à la réussite dans les affaires car ils ont
à côté d'eux des gens qui peuvent les aider les stimuler.
Cependant les transactions entre les entreprises s'effectuent très
fréquemment sans contrat ou dans des conditions juridiques
défectueuses en territoire de Lubero. Les entrepreneurs sont souvent
réticents vis-à-vis de formalités nuisibles à la
confiance, car demander un contrat précis, c'est montrer que l'on n'a
pas confiance à son voisin. Les relations sociales, basées sur la
confiance réciproque, s'avèrent plus importantes que les
relations (impersonnelles) institutionnelles.
Les relations sociales sont une source valorisable par les
entrepreneurs. Pour améliorer leur bien-être économique,
les entrepreneurs valorisent leurs relations sociales qui sont à la fois
considérées comme un bien individuel et collectif.
Dire « bonjour » à son voisin tous
les jours est un bon moyen d'enrichir son capital social car, en cas de
difficulté, il pourra apporter de l'aide. Faire goûter tout
passant à l'arac qui est vendu sans argent est une obligation sociale.
Toute personne qui veut déguster l'arac se trouve satisfait sans pour
autant en dépenser de fonds.
Les propriétés du capital social ou des
relations interindividuelles sont les mêmes que celles du capital
physique. L'entrepreneur fait tout son mieux pour concilier ces deux types de
capitaux.
De liens très subtils sont aussi tissés entre le
capital social et le capital humain. Etre dans un réseau de relations
sociales est donc primordial (association, mutuelles).
La famille apporte main-d'oeuvre, capitaux, marché et
conseils à l'entrepreneur. Or l'entrepreneur en milieu rural est
propriétaire de son entreprise, laquelle, se confond d'une
manière générale avec son patrimoine privé,
familial.
La division entre propriété et gestion du
capital n'est pas respectée dans les micro et petites entreprises.
L'entrepreneur cumule plusieurs fonctions, d'ouvrier, de technicien, de
commercial, de gestionnaire, de comptable, etc. fonctions qu'il partage
cependant avec son conjoint ou ses membres de famille (frères, soeurs,
fils, ...). Les objectifs de l'entreprise sont liés à des
problèmes personnels ou familiaux.
Si les membres de la famille ne sont pas salariés de
l'entreprise, ils lui apportent souvent des marchés par le biais de
relations informelles (relations de connaissance et d'interconnaissance), les
capitaux nécessaires au démarrage (la famille est le premier
bailleur de fonds à part l'épargne personnelle), un soutien
psychologique, des conseils, une aide pratique, par exemple pour
aménager les locaux de la future entreprise,...
Nous constatons que la famille joue un grand rôle dans
l'entrepreneuriat en milieu rural. Analysons maintenant le rôle de l'Etat
dans cette dynamique entrepreneuriale.
III.8. ROLE DE L'ETAT DANS L'ENTREPRENEURIAT EN TERRITOIRE DE
LUBERO
L'Etat est le garant du progrès économique. Pour
CAMILLERI105(*),
l'économie de marché fonctionne de manière plus efficiente
quand l'environnement institutionnel est favorable aux entreprises. Or nombreux
micro entrepreneurs considèrent l'Etat comme un élément
perturbateur et gênant dans leurs activités en Lubero.
1.
La législation
Les modalités d'immatriculation varient selon les pays.
En RD Congo, toute personne physique ou morale de nationalité congolaise
ou étrangère, exerçant une activité commerciale
doit nécessairement solliciter son immatriculation au registre du
commerce. Cette obligation comporte une dérogation en faveur des
personnes faisant au village un petit commerce de détail de peu
d'importance ou allant de porte à porte pour écouler leurs
légumes ou leurs fruits ainsi que les personnes venant vendre sur les
marchés des produits de leurs cultures vivrières, de leur chasse
ou de leur pêche. Et aussi, cette immatriculation au registre du commerce
doit nécessairement précéder l'exercice d'une
activité commerciale106(*).
On constate donc que les activités de survie ne doivent
pas demander une immatriculation au registre de commerce ou une patente. Mais
elles sont de l'émanation de l'autorité locale qui perçoit
des redevances.
Pourtant, 4 entreprises étaient immatriculées au
registre de commerce en 2005, 5 entreprises en 2006, 9 entreprises en 2007 et
10 entreprises en 2008. Les petites et micro entreprises de croissance
évitent de s'immatriculer. On a de commerçants qui oeuvrent sous
la patente alors qu'ils devraient se faire immatriculer. De même au lieu
que l'immatriculation précède l'exercice de l'activité,
elle la suit. C'est à l'administration de venir informer et contraindre
le commerçant à se faire immatriculer ou payer la patente.
Les codes de travail fixent non seulement les salaires mais
aussi les obligations de l'employeur vis-à-vis de la
sécurité sociale. En fait, les employeurs entrepreneuriaux de
Lubero déclarent rarement leur personnel salarié, ils ne se
préoccupent pas du code du travail. Ils appliquent leurs propres
règles avec leurs salariés qui sont souvent des familiers ou des
amis de l'entrepreneur. Le contrat est oral et se fait souvent au sein de la
famille.
En RDC, par exemple, le marché officiel du travail est
organisé : Salaire Minimum Inter Professionnel de Garanti
SMIG : 3 $/jour ; Impôt Professionnel sur Revenus : 2,5 $/
agent. Toutes ses réglementations sont biens entendues
évitées par les micro entreprises de croissance car elles
tomberaient en faillite si elles les appliquaient vu la faiblesse de leurs
marges bénéficiaires. Tout se fait par négociation entre
entrepreneur et agent de l'Etat.
En cas de contentieux dans le secteur de petites et micro
entreprises, on recherche un médiation traditionnelle, un arrangement
à l'amiable : on sollicite l'aide de la famille, des anciens
entrepreneurs, du voisinage ou des amis et même de la FEC pour beaucoup
de cas. Le système juridique (peu fiable) est utilisé comme
dernière alternative car la justice est complexe, coûteuse et
lente. Les résultats de la procédure légale peuvent
être influencés par des pressions sociales ou financières
de l'une des parties en conflit et l'on n'est jamais certain que la loi sera
interprétée équitablement. Un bon arrangement vaut mieux
qu'un bon procès dit-on.
2.
Taxes
Les activités de survie paient rarement des taxes mais
elles paient ce que les percepteurs appellent
« redevance ». Celle-ci est de 100 Fc par personne soit
0,12$. le jour du marché et donc 200 Fc par semaine. Ainsi, si au
marché on a 1000 vendeurs, le montant sera de 100 000 Fc soit 120
$par jour. Et donc deux fois par semaine on aura 240 $ ; Ce qui constitue
de recettes assez importante pour l'administration locale.
Les micro et entreprises de croissance paient quant à
elles des impôts et taxes. Nous pouvons citer le permis d'ouverture
(IPME), le permis d'exploitation (service de l'environnement), la fiche de
recensement (DGI), la patente (IPME), IPR, l'Impôt sur le revenu locatif
(IRL) et autres.
On constate souvent que les entrepreneurs ne savent pas le
nombre des taxes ou d'impôts qu'ils doivent payer ainsi que leurs
montants. Ces entrepreneurs confondent souvent le nom du service percepteur
et la taxe à payer. Ils disent par exemple, « nous payons
l'IPME au lieu de dire que nous payons la patente ou le permis d'ouverture au
service de l'IPME ».
Le montant des taxes, qui est fixé par les agents
percepteurs, est souvent négociable. Le montant varie selon qu'un
entrepreneur est non réticent ou réticent à payer. Pour un
entrepreneur non réticent le montant sera élevé alors que
pour un entrepreneur réticent, le montant sera moins
élevé. Les taux d'imposition sont inconnus et ne sont pas mis en
application.
Aussi, les percepteurs d'impôts ou taxes ont difficile
à appliquer le taux car la quasi-totalité des entrepreneurs ne
tient pas de documents comptables. Il n'y a même pas de facturier dans
plus d'une micro et petite entreprise. Un commerçant nous a
confié : « Nous n'avons même pas pour la plupart
des commerçants des facturiers. Il n'y a pas de grossistes, nous vendons
tous en détail. Mais, nous faisons tout pour avoir des factures en cas
de vente aux ONG et aux hôpitaux ». Ces organismes obligent
souvent les entrepreneurs à leur fournir des pièces
justificatives.
Les documents comptables étant le premier
élément sur lequel se base le percepteur des taxes ou
d'impôts, leur inexistence pose problème. Et on applique donc le
forfait pour les micro et petites entreprises oeuvrant à Lubero. Or ce
forfait peut être influencé par les relations de sentiment entre
l'agent percepteur des taxes et l'agent payeur.
A cet effet, nous avons dépouillé le document
reprenant les différents montants des taxes payées par les
entrepreneurs de Lubero à l'an 2008.
Tableau n°26 : Montant des taxes
payées.
ACTIVITES
|
MONTANT en Fc
|
Vente friperie
|
3000 Fc- 3130 Fc
|
Boutique
|
15800 Fc - 17000 Fc
|
Dépôt quinquina
|
20 000 Fc - 20620 Fc
|
Kiosque
|
13750 Fc - 14000 Fc
|
Pharmacie
|
10 000 Fc - 10310 Fc
|
Dépôt ciment
|
20630 Fc
|
Vente carburant
|
8400 Fc - 12650 Fc
|
Atelier de couture
|
5000 Fc - 5500 Fc
|
Boulangerie
|
5000Fc - 5670 Fc
|
Restaurant
|
3000 Fc - 5000 Fc
|
Vente pagnes
|
5500 Fc - 6880 Fc
|
Dépôts vivres
|
16000 Fc - 16800 Fc
|
Moulin
|
8250 Fc
|
Boucherie
|
10 000 Fc - 10870 Fc
|
Source : service IPME, notre présentation.
Il ressort de ce tableau que les montants à payer sont
variables. Tout se fait par négociation. On constate que les secteurs
qui paient plus les taxes sont les dépôts de ciment, de
quinquina, des vivres ainsi que les boutiques.
Nous constatons que les activités de survie comme celle
de croissance constituent une source des recettes pour l'administration et donc
pour l'Etat. Ansi, l'entrepreneuriat constitue une source de revenu pour le
pouvoir public. Après cette analyse du rôle de l'Etat, disons un
mot sur l'innovation et l'entrepreneuriat en territoire de Lubero.
III.9. L'INNOVATION ET L'ENTREPRENEURIAT EN TERRITOIRE DE
LUBERO
L'innovation constitue le fondement de l'entrepreneuriat,
puisque celle-ci suppose des idées nouvelles pour offrir ou produire de
nouveaux biens ou services, ou encore pour réorganiser l'entreprise.
Rappelons que Joseph A. Schumpeter (1939) a défini
l'innovation comme l'établissement d'une nouvelle fonction de
production. Cette définition a incluse cinq cas spécifiques qui
mènent à une nouvelle fonction de production qui inclut : la
présentation d'un nouveau produit, la présentation d'une nouvelle
méthode de production, l'ouverture d'un nouveau marché, la
conquête d'une nouvelle source d'approvisionnement de nouvelles
matières , la mise en oeuvre d'une nouvelle organisation de toute une
industrie.
Donc pour lui l'innovation correspond à une
nouveauté et est plus adaptée à l'industrie.
L'entrepreneur en territoire de Lubero n'est certainement pas
un innovateur au sens schumpétérien du terme. Nous avons
signalé que l'agriculture et le petit commerce sont les deux
activités les plus entreprises en territoire de Lubero. Or, on constate
que l'innovateur ou l'entrepreneur schumpétérien est surtout un
entrepreneur industriel. De même, les activités comme le commerce
ne nécessitent pas une transformation, on achète pour revendre.
Il n'y a pas moyen avec le commerce d'achat-revente de présenter une
nouvelle méthode de production par exemple, car on ne produit rien. Les
activités, en Lubero sont plus de l'imitation que de l'innovation. On
fait comme son voisin, comme son frère, ses amis, etc.
Cependant, malgré cette absence d'innovation
schumpétérienne, on assiste dans ce milieu à une
construction de « l'innovation sociale » et
à une « innovation entrepreneuriale ».
L'innovation sociale consiste à la création de
méthodes de solidarité, d'entraide, d'association. Le recours
à la famille ou aux amis est un domaine dominant en Lubero. Ces derniers
interviennent et apportent du soutien à l'entrepreneur, des capitaux
nécessaires, des aides financières, matérielles et
morales ; un soutien psychologique. Ces différentes pratiques bien
sûres informelles, sont considérées ici comme une
innovation sociale. Ce sont des pratiques qui n'existent pas dans les
entreprises capitalistes.
L'innovation entrepreneuriale quant à elle est
représentée par la création de nouvelles micros et petites
entreprises qui ne présentent pas les caractéristiques des
entreprises capitalistes qui elles sont formelles. Des entreprises qui
prolifèrent partout, qui n'oeuvrent parfois pas dans des locaux, des
unités à petite échelle où le salariat est
limité, le capital faible, une technologie obsolète (forge), une
gestion quasi-inexistante, une irrégularité du travail... telles
sont quelques innovations adaptées au milieu. Elles n'exigent pas
parfois une capacité intellectuelle ou mieux une formation quelconque
des chimistes, des mécaniciens, d'électriciens, des
gestionnaires, etc). Or il s'agit là des innovations différentes
de celles présentées par Joseph A. Schumpeter. Ce sont des
innovations de contingence. C'est-à-dire adaptées aux
problèmes de Lubero surtout celui de la pauvreté.
III.10. ENTREPRENEURIAT ET DIFFICULTES EN TERRITOIRE DE
LUBERO
Les difficultés sont inhérentes à toute
activité : contrainte technique, financière,... Les
résultats de l'enquête révèlent que 90 % des agents
interviewés ont des difficultés dans l'exercice de leurs
activités.
En les classant selon leur fréquence de citation, la
multiplicité des taxes figure au premier plan avec une fréquence
de citation de 36 %. Ensuite, on observe le problème
d'insécurité, de pillage et de vol des marchandises avec 19 % de
citation, les difficultés liées à l'insolvabilité
des clients et la concurrence avec chacune 9 % de citation, le problème
de clientèle (4 %), le manque de fonds (3 %), la hausse de prix du
carburant (2%), l'achat de produits périmés (2 %) et le
marchandage des prix (6%), l'achat des produits.
Tableau n° 27 : Difficultés
rencontrées par les entrepreneurs
DIFFICULTES
|
EFFECTIF
|
%
|
Multiplicité de taxes
|
46
|
36
|
Insuffisance de fonds
|
4
|
3
|
Insolvabilité des clients
|
11
|
9
|
Manque de clientèle
|
5
|
4
|
Concurrence
|
11
|
9
|
Insécurité, pillage, vol des marchandises
|
24
|
19
|
Achats marchandises périmées
|
3
|
2
|
Hausse de prix du carburant
|
3
|
2
|
Marchandage de prix
|
8
|
6
|
Sans réponse
|
12
|
10
|
TOTAL
|
127
|
100
|
Source : service IPME-territoire de Lubero
- Multiplicité des taxes : (36 %) ce sont surtout
les boutiquiers, les couturiers, les pharmaciens, (les agents qui oeuvrent dans
des locaux). Ils estiment que les taxes qu'ils paient sont nombreuses et ne
sont pas proportionnelles à leur activité. Ils estiment que cette
façon de prélever ces taxes constitue du vol par l'Etat.
- L'insuffisance de fonds (3 %) : est accusée par
les acheteurs de quinquina qui veulent avoir de fonds pour leur champ. Au
démarrage il faut avoir pour un champ de quinquina 150 $ pour 1 hectare
de lopin de terre, pour la main-d'oeuvre (pour débrousser et
déblayer) : 40 $ et pour la semence d'un hectare 150 tiges qui
coûtent 1 $. Or un hectare demande 10 000 tiges. Ce qui donne au
total 256,66 $ pour un hectare. Les agents économiques qui travaillent
souvent avec de fonds personnel estime que le montant est élevé.
Avec 10 hectares par exemple, le coût est de 2566,6 $. Ainsi, ils
éprouvent des difficultés à trouver des fonds pour
pouvoir rémunérer ces facteurs de production.
- Dettes impayées : les acteurs font des
crédits qui ne sont pas honorés dans les délais. Le
crédit découle de la relation de confiance et des rapports
sociaux qui s'établissent entre vendeurs et acheteurs. De même,
aucune garantie n'est remise à l'octroi du crédit. Le
remboursement tardif peu détériorer la confiance. Faute de
garantie, les clients remboursent tardivement ou ne remboursent même plus
ces dettes.
- Concurrence : ce sont plus les artisans qui ne veulent
pas accepter avec résignation la concurrence des produits
importés qui tuent, en réalité, à petit feu leurs
métiers. Cette concurrence est aussi liée au fait que tout le
monde du secteur fournit presque les mêmes produits. On a difficile
à trouver des clients, ce qui pose encore un problème de
clientèle (l' exemple de la vente de l'arac).
- L'insécurité, le pillage, le vol des produits
est aussi une des difficultés que les agents soulèvent. Au jour
le jour, les biens de ces agents sont pillés ou volés et d'un
coup l'entrepreneur se retrouve sans richesse et sans emploi.
- Achat des marchandises périmées : nous
avons constaté que plus d'agents n'ont pas étudié. Le taux
d'analphabétisme des entrepreneurs est élevé (83,5 %).
Ainsi, les commerçants partent s'approvisionner en ville en certains
produits sans consultation des dates d'expiration. L'autorité ravit ses
produits impropres à la consommation ce qui constitue ou une perte pour
l'agent économique.
- Hausse de prix du carburant : les transporteurs et le
meuniers soulignent que le carburant est très cher. La cherté du
baril de pétrole est sentie aussi bien par les transporteurs, les
meuniers qui en dépendent maladivement que par les populations qui
paient les frais de l'augmentation des tarifs de transport ou du kilogramme du
moulin.
- Marchandage en longue haleine : 6 % de
commerçants se disent fatigués de très longues
négociations des clients avant d'effectuer leur achat. Au fait, le
marchandage est inhérent aux activités du secteur informel. Les
tarifs ne sont pas fixes et doivent s'appliquer aux bourses des
différents clients. Le marché de nos entreprises
enquêtées repose sur le marchandage, un rite qui remplace le
système du monoprix régi, par une certaine fixité
tarifaire. C'est aussi un prétexte de repérage et
d'évaluation du client, d'entrer en communication mais aussi
d'établir une relation d'amitié, de fidélité ou
tout autre rapport social.
De ces difficultés, il ressort que l'Etat
étouffe l'entrepreneuriat en territoire de Lubero. Presque plus de la
moitié des problèmes, soit 52 % sont dus à l'Etat :
multiplicité des taxes et insécurité. L'Etat est le garant
de la sécurité ou de la paix qui sont des facteurs propices
à l'entrepreneuriat. Pour qu'il y ait développement, il faut
qu'il y ait une paix durable puisque sans celle-ci point d'entrepreneuriat. A
quoi bon, créer une activité aujourd'hui alors qu'on sait que les
biens seront pillés demain ?
III. 11. CONTRIBUTION DE L'ENTREPRENEURIABILITE AU
DEVELOPPEMENT LOCAL
L'entrepreneuriabilité contribue aussi au
développement bien que constituée des micro entreprises de
survie. Dans le domaine économique, la contribution des micros
entreprises est observable en matière de production des biens et
services, d'emploi, des revenus, des investissements. Cette
entrepreneuriabilité intervient aussi au niveau social.
III.11.1. Au niveau de
l'économie
Du point de vue économique, ces initiatives contribuent
à la vie économique en fournissant une gamme variée des
biens et services destinés à la satisfaction des besoins
réels à travers d'innombrables activités productives
telles que la restauration, le commerce, l'artisanat, la coordonnerie,
l'agriculture, etc. De plus, les biens sont vendus en détail ou en plus
petite quantité. Ce qui fait que ces initiatives offrent à la
population des quantités adaptées au pouvoir d'achat de la
population locale. Ces micro et petites entreprises témoignent d'une
adaptation de la production des biens et services de qualité
généralement modeste sur le marché. Elles permettent
à la population généralement démunie d'avoir
accès à des biens et services à bon marché. Les
biens et services vendus sont adaptés au pouvoir d'achat de la
population locale.
Au niveau du prix, nous assistons à une
prédominance du petit commerce de détail adapté à
la fonction de consommation de la plus grande majorité des
ménages, vu le niveau généralement bas des revenus. Ainsi,
on remarque une divisibilité des produits ou une vente à
l'unité de certains biens et services (le paquet de cigarette, l'huile
et le kérosène à la mesurette, etc.). Ces micro
entreprises permettent aux moins nantis d'avoir accès à certains
biens manufacturés, dont le coût est réparti
généralement à la hauteur de leurs avoirs.
Lomami Shomba107(*) estime que « ce petit commerce contribue,
cependant, à la multiplication des intermédiaires, laquelle
multiplication devient nécessairement inflationniste. De la sorte, on
peut attribuer au petit commerce du secteur informel la fonction d'accoutumance
à l'inflation par des agents économiques tels les
ménages »
Il est donc difficile d'avoir un « commerce
équitable » avec les micro entreprises oeuvrant dans
l'informel.
Aussi, nous avons constaté que cet entrepreneuriat
constitue une source de revenu pour le pouvoir public local. Il
génère des ressources minimes soient-elles à
l'administration locale à travers la perception des taxes et des
redevances.
Il se dégage de ce qui précède que les
micro et petites entreprises ont un impact au niveau de l'économie du
territoire de Lubero. Analysons donc leur apport au niveau de la
société.
III.11.2. Au niveau social
Dans ce point, nous démontrons la contribution offerte
par les micro entreprises dans la création d'emplois d'une part, et
d'autre part présentons son rôle du point de vue de
l'amélioration du pouvoir d'achat des consommateurs.
Les micros entreprises constituent aussi une importante source
d'emplois indépendants et de revenu pour de larges couches de la
population. Il s'agit parfois des activités refuges ou de survie ou
mieux de débrouille. De ce fait, l'entrepreneuriat est un
élément essentiel de la réduction de la pauvreté,
un des objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Cet
entrepreneuriat encadre des chômeurs n'ayant aucune autre alternative que
de créer d'activités pour leur propre compte mais aussi des
individus qui bien que disposant d'un emploi, sont obligés d'exercer une
activité ou créer une micro entreprise palliative à leur
modique traitement. L'entrepreneuriat constitue un gagne pain aussi bien pour
les chômeurs que les employés et les employeurs.
Quant au niveau du pouvoir d'achat, ces micro entreprises
occupent une main-d'oeuvre qui bénéficie de maigres revenus,
certes mais de revenus procurant la possibilité de pouvoir augmenter les
consommations individuelles et collectives. De tout ce qui
précède, l'entrepreneuriat occupe une place dans la vie sociale
et l'économie d'un milieu.
C'est ainsi que nous avons cherché aussi à
connaître lors de nos enquêtes si les agents économiques
acceptent de continuer l'activité exercée. Cette question a
été soumise uniquement aux 31 agents du secteur de
croissance.
Pour apprécier le degré d'adhésion des
agents économiques interrogées à propos de leur
activité exercée, la question « comptez-vous exercer
cette activité pendant longtemps ? » a été
posée. Les réponses obtenues, sur 31 cas, sont affirmatives dans
86,3 % de cas (contre 13,7 % de non).
Les raisons d'acceptabilité à continuer
l'activité exercée, ont prouvé que plus de la
moitié (55,6%) des agents économiques interrogés
justifient leur acceptabilité à continuer l'activité
exercée par le fait qu' elle procure des moyens de subsistance. Les
autres raisons renvoient à l'amour de l'activité exercée
(16,1%) et l'importance des revenus procurés par l'activité
(12,9%).
D'autres encore sont contraints d'exercer leurs
activités actuelles par manque d'alternative (12,9%).
Tableau n°28 : Nature des raisons de
l'acceptabilité à continuer l'activité.
RAISONS
|
EFFECTIF
|
%
|
L'activité procure des revenus
|
4
|
12,9
|
Amour de l'activité
|
5
|
16,1
|
Absence d'alternatives et de choix
|
4
|
12,9
|
Activité procure des moyens de subsistance
|
16
|
51,6
|
Non déclarés
|
2
|
6,5
|
TOTAL
|
31
|
100
|
Source : Nos enquêtes
Nous constatons que les activités entreprises par les
agents privés en territoire de Lubero sont un moyen de vivre de la
population et constitues une source de revenu.
Ces activités sont ainsi à prendre en
considération dans des politiques de développement. Elles
constituent un dynamisme porteur d'atouts pour le développement (KAMBALE
MIREMBE, juin 2006, p. 29).
III.12. CONCLUSION DU CHAPITRE
Dans ce chapitre nous avons distingué la dynamique
entrepreneuriale de Lubero en deux structures : les micro et petites
entreprises de croissance et les activités de survie. La population se
livre à l'artisanat, au commerce, au transport, à la production
des services ainsi qu'à l'agriculture. Les activités auxquelles
se livrent la population sont donc multiples en territoire de Lubero. Notre
première hypothèse se trouve ainsi confirmer.
La dynamique entrepreneuriale en Lubero fait appel à
plus d'un acteur : les ONGS, les associations et les syndicats, les
églises, les partis politiques ainsi que les agents économiques
privés. Ces derniers sont les plus nombreux et sont très actifs
dans l'entrepreneuriabilité. Ils sont plus visibles et créatifs
surtout dans le petit commerce mais aussi s'occupent de l'agriculture.
Quant aux profils sociodémographiques et culturels des
entrepreneurs, il est à noter que l'entrepreneuriat en territoire de
Lubero, pour le genre, est le fait de hommes et des femmes. La présence
féminine est plus manifeste dans le commerce de survie alors que celle
masculine est plus manifeste dans le commerce de croissance. Par rapport
à l'âge, les adultes et les jeunes sont très bien
représentés dans l'entrepreneuriat en territoire de Lubero. Les
enfants et les vieillards sont aussi visibles dans les activités de
survie. Aussi, ce sont les gens non instruits (analphabètes) et
mariés qui créent plus d'activités commerciales en Lubero.
Trois quart d'entre-eux ont des enfants. Cet entrepreneuriat est
majoritairement les faits des originaires de Lubero. Beaucoup d'entre-eux sont
des fils ou des filles des agriculteurs (leurs parents).
Le mode de financement qui prime est l'épargne
personnelle mais aussi l'aide financière ou matérielle de la
famille. L'entourage du créateur d'entreprise intervient
financièrement dans la création d'entreprises. Les banques sont
inexistantes et de ce fait n'interviennent pas dans le financement de
l'entrepreneuriat. D'où même hypothèse confirmée.
Par rapport aux marchés urbains permanents, le
marché de Lubero, un marché rural est en effet, atomisé,
instable, enclavé.
La recherche de l'emploi ou du travail, le besoin
d'indépendance (la recherche de l'argent ou du revenu) est les facteurs
à la base de la dynamique entrepreneuriale à Lubero. Ces facteurs
peuvent être catégorisés en facteurs économiques,
politiques, historiques et socioculturels. Ce fait permet à cas les gens
firmes la deuxième hypothèse.
Le rôle de la famille dans cette dynamique
entrepreneuriale est la famille soutient financièrement,
matériellement et moralement l'entrepreneur. La législation en
matière d'immatriculation n'est pas respectée par ces petites et
micro entreprises et elles paient souvent des taxes ou des redevances. De ce
fait, elles constituent une source de revenu pour l'administration locale.
L'innovation n'est pas schumpétérienne ou
technologique mais elle est une innovation sociale qui consiste à une
création des pratiques, des méthodes, des habitudes de
solidarité ou d'entraide ou encore d'association. Cette innovation
sociale est contingente c'est-à-dire adaptée aux besoins de la
population. Elle est peu ou pas capitalistique. Les initiatives entreprises ne
se font pas sans difficultés. Elles sont confrontées à
plusieurs difficultés dont la multiplicité des taxes et le
pillage, le vol qui sont les plus déterminantes.
Enfin, l'entrepreneuriabilité en territoire de Lubero
contribue aussi au développement local. Elle occupe une place dans la
vie sociale et économique : elle est source de revenu,
création d'emploi, ... bref de réduction de la pauvreté.
Toutes nos hypothèses s'en trouvent ainsi confirmer.
CONCLUSION GENERALE
La dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero a
constitué l'objet de notre recherche. L'objectif principal de cette
recherche était de déterminer les activités auxquelles se
livrent la population des zones non urbaines du territoire de Lubero, les
facteurs expliquant cette dynamique mais aussi voir si les banques
interviennent dans le financement des activités entreprises en zone non
urbaine.
Pour l'atteinte de ces objectifs, nous sommes partis des
questions suivantes constituant notre problématique : Quels sont
les initiatives auxquelles s'a donnent la population en milieu rural ?
Quels sont les facteurs explicatifs du dynamisme entrepreneurial en territoire
de Lubero ? Les banques interviennent-elles dans le financement des
activités entreprises en territoire de Lubero ?
La recherche des réponses à ces questions a
conduit à subdiviser ce travail à trois chapitres. Le premier
chapitre a été consacré à la théorisation
sur les concepts entreprise, entrepreneur et entrepreneuriat. Ainsi, dans cette
dernière section, nous avons défini l'entrepreneuriat, la
dynamique entrepreneuriale, analyser les paradigmes de l'entrepreneuriat, la
capacité et l'esprit entrepreneurial, les caractéristiques, les
éléments de motivations et de compétences
entrepreneuriales, les contraintes et les différents types
d'entrepreneuriat.
Le deuxième chapitre quant à lui,
présente le milieu d'étude ainsi que l'approche
méthodologie du travail et l'approche historique de l'entrepreneuriat en
territoire de Lubero.
Enfin, le troisième chapitre présente les micros
et petites entreprises ou initiatives du territoire de Lubero dans une
perspective entrepreneuriale.
Ainsi, après traitement des données, nous avons
constaté que la dynamique entrepreneuriale a été mouvante
au fil du temps ; passant de l'entrepreneuriat colonial (étranger)
caractérisé par le salariat à
l'entrepreneuriabilité caractérisée par une
créativité des micros activités pour assurer la survie de
la population locale.
La population de Lubero se livre à plusieurs types
d'activités de nature agricole, artisanale, commerciale ou de service.
Elle s'a donne plus au petit commerce et l'agriculture qu'à l'artisanat
ou le service. La plupart de commerçants oeuvrent dans l'informel et
sous la patente.
La dynamique entrepreneuriale en territoire de Lubero est
l'oeuvre de plusieurs acteurs. Les principaux acteurs entrepreneuriaux sont
les particuliers, les églises, les Organisations Non Gouvernementales,
les associations et syndicats, parfois des partis politiques. Ce sont les
particuliers ou les privés qui sont plus dynamiques dans
l'entrepreneuriat. L'Etat en tant qu'entrepreneur n'est pas tellement actif. Il
ne s'occupe que des ses fonctions traditionnelles.
Par rapport au genre, l'entrepreneuriat en territoire de
Lubero est le fait des hommes et des femmes. La présence féminine
est plus manifeste dans le domaine commercial de survie où les femmes
s'activent le plus dans les activités de la restauration, dans la vente
des légumes et condiments et des produits maraîchers,... Les
hommes s'activent plus dans les activités de croissance.
Cet entrepreneuriat fait intervenir toutes les tranches
d'âge : des jeunes, des adultes, des vieillards y sont
représentés. Et ce sont pour la plupart, des gens n'ayant aucun
niveau d'étude.
Aussi, cet entrepreneuriat est majoritairement (65 %) le fait
des originaires du milieu. Et la plupart, des entrepreneurs sont des fils et
filles des agriculteurs (63 %), et des artisans (19 %).
Le mode de financement le plus prédominant des
activités entreprises est l'épargne personnelle (61 %) mais aussi
l'épargne familiale (19 %). Les banques sont inexistantes à
Lubero et n'interviennent pas, de ce fait, dans le financement de
l'entrepreneuriat en territoire de Lubero.
Les facteurs explicatifs de la dynamique entrepreneuriale en
territoire de Lubero sont d'ordre économique (le manque d'emploi, du
revenu) ; d'ordre politique (rôle de l'Etat) ; d'ordre
historique (la colonisation) et d'ordre socioculturel (besoin
d'indépendance, aide familiale ou des amis).
Et la famille joue un rôle primordial dans cette
dynamique. Elle apporte main-d'oeuvre, capitaux, marché, conseils, aides
matérielle, financière, morale, etc. à l'entrepreneur.
Mais aussi, la famille constitue une contrainte pour l'entreprise car
l'entrepreneur prend en charge les membres de sa famille.
L'innovation n'est pas technologique comme celle
schumpétérienne mais une innovation sociale qui consiste à
la création et la pratique des méthodes de solidarité,
d'entraide, d'associations ... Des pratiques bien sûr informelles mais
qui peuvent aussi être un moyen de lutte contre la pauvreté. Ce
sont parfois des pratiques qui n'existent pas dans les grandes entreprises
capitalistes.
Les difficultés auxquelles se heurtent
l'entrepreneuriat en territoire de Lubero sont multiples : la
multiplicité des taxes, manque des capitaux, l'insolvabilité des
clients, la concurrence, l'insécurité,... On constate que plus
des difficultés relèvent du pouvoir public ou de l'Etat. Enfin,
cet entrepreneuriat contribue au développement local. L'entrepreneuriat
est bénéfique à l'entrepreneur ainsi qu'à la
société entière. Il est source de revenu, créateur
des richesses. Il permet aux entrepreneurs de faire face au
sous-développement et donc à la pauvreté.
RECOMMANDATIONS EN VUE DE LA PROMOTION DE
L'ENTREPRENEURIAT
Ainsi pour parachever ce travail, nous émettons les
recommandations et/ou les suggestions suivantes pour une bonne
continuité de l'entrepreneuriat à territoire de Lubero.
1. Encadrement des promoteurs ruraux et renforcement des
capacités : la pauvreté s'observe plus en milieu rural qu'en
milieu urbain. Il serait utile d'encadrer et renforcer les capacités des
micros activités entreprises en territoire de Lubero. Celle-ci, si elles
persistent, peuvent être un moyen de lutter contre le chômage, et
donc de la pauvreté. Le développement de ce secteur peut
être un facteur de croissance économique.
2. Adaptation du cadre juridique et institutionnel : il
faut mettre des lois et règlements adaptés aux micro
activités différents à ceux des entreprises
capitalistes.
3. Renforcement du service de formation : nous avons
constaté que la plupart d'entrepreneurs n'ont pas étudié.
Cela peut influer négativement sur les activités entreprises. Il
faut donc une formation professionnelle pour les entrepreneurs pour rendre plus
efficace ces micros entreprises.
4. Installation d'une banque commerciale adaptée aux
réalités des zones rurales pour permettre ou accroître le
financement des activités, en perte de vitesse et pour promouvoir plus
d'emplois.
5. Plaider pour des allégements fiscaux en faveur des
promoteurs débutants et existants : certaines raisons de fermeture
des activités ou de non pérennité relèvent de la
macroéconomie. La majorité des entrepreneurs (36 %) estime que la
plus grande difficulté qu'ils rencontrent est la pression fiscale ou la
multiplicité des taxes. Cette inquiétude vient de l'environnement
fiscal congolais en général. Il faut donc une adaptation de la
fiscalité pour aussi éviter « les faux
indépendants »108(*)
6. Création de mutuelles d'épargne et
crédit : qui pourront suppléer financièrement les
entrepreneurs membres. Mais aussi pour lutter contre l'exclusion
financière formelle.
7. Amélioration des infrastructures et des moyens de
télécommunication principalement les routes.
En somme, la dynamique entrepreneuriale ne peut provenir que
de chaque individu et de la culture qui lui est inculquée et en des
circonstances. La maîtrise de cette dynamique provient avant tout de
notre faculté à entreprendre.
L'intention de créer et / ou de développer une
entreprise ne peut être que l'effet d'une culture. Tout commence par la
famille qui est la première éducatrice. De l'instruction primaire
à l'enseignement supérieur doit apparaître un apprentissage
à l'esprit d'innovation et de gestion de risques. Cette dernière
est l'un des vecteurs qui font la dynamique entrepreneuriale. Il est surprenant
que jusqu'ici l'idée d'entrepreneuriat soit surtout associée
à l'enseignement supérieur, comme si les individus ne devaient
l'acquérir qu'à ce stade. Si l'entrepreneuriat est bien
encadré, il peut se métamorphoser et ainsi ouvrir des
brèches à la lutte contre la pauvreté et devenir un moteur
puissant de croissance et donc de développement.
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TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE
i
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
INTRODUCTION GENERALE
1
1. ETAT DE LA QUESTION
1
2. PROBLEMATIQUE
2
2.1 Contexte
2
2.2. Questions de recherche
6
3. HYPOTHESES
6
4. CHOIX ET INTERET DU SUJET
7
5. OBJECTIFS DE L'ETUDE
8
6. DELIMITATION DU SUJET
8
7. METHODOLOGIE
9
7.1. Méthodes
9
7.2. Techniques
9
8. ORIENTATIONS POUR LA LECTURE DU TRAVAIL
10
Chapitre Premier :
THEORISATION : ENTREPRISE, ENTREPRENEUR ET
ENTREPRENARIAT
11
I.1 NOTIONS SUR L'ENTREPRISE
11
I.1.1 Définition
11
I.1.2 Catégories d'entreprises
13
I.1.3 Les Différentes dimensions de
l'entreprise
15
I.1.4 Finalités et buts de l'entreprise
17
I.1.5. Fonctions opérationnelles de
l'entreprise
19
I.2 L'ENTREPRENEUR
20
I.2.1 Elucidation du concept
20
I.2.2 Typologie des entrepreneurs
22
I.3. L'ENTREPRENEURIAT
24
I.3.1. Définitions
25
I.3.2. La dynamique entrepreneuriale
27
I.3.3. Paradigmes de l'entrepreneuriat
27
I.3.4. La capacité et l'esprit
entrepreneurial
32
I.3.5. Caractéristiques de
l'entrepreneuriat
33
I.3.6. Eléments de motivations et de
compétences entrepeneuriales.
34
I.3.7. L'entreprenariabilité et ses
contraintes
38
I.3.8. Moyens de financement de
l'entrepreneuriat
44
I.3.9. Types d'entrepreneuriat
45
CONCLUSION DU CHAPITRE
47
Chapitre Deuxième :
PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE ET APPROCHES
METHODOLOGIQUE ET HISTORIQUE
48
II.1 LE TERRITOIRE DE LUBERO : CADRE PHYSIQUE,
ADMINISTRATIF, DEMOGRAPHIQUE ET SOCIO-ECONOMIQUE
48
II.2. APPROCHE METHODOLOGIQUE
50
II.2.1 Choix et Justification des variables
50
II.2.2 La population-cible
52
II.2.3 Collecte des données
52
II.2.4. Difficultés rencontrées
56
II.2.5. Méthodologie de traitement et
d'analyse des données
56
II.3. APPROCHE HISTORIQUE : DU SALARIAT A
L'ENTREPRENEURIAT
57
II.3.1. L'entrepreneuriat colonial
57
II.3.2. Le salariat à l'époque
coloniale
64
II.3.3 L'entrepreneuriat post-colonial : 1960-
1998
68
II.3.4 L'entrepreneuriabilité actuelle
69
II.4. CONCLUSION DU CHAPITRE
70
Chapitre Troisième :
LES MICRO ET PETITES ENTREPRISES EN TERRITOIRE DE
LUBERO
71
III.1. MICRO ET PETITES ENTREPRISES EN BREF, DANS
LE CONTEXTE CONGOLAIS.
71
III.2. NATURE ET STRUCTURE DES ACTIVITES AU
INITIATIVE ECONOMIQUES DEVELOPPEES EN TERRITOIRE DE LUBERO.
72
III.2.1. Les micro et petites entreprises de
croissance
73
III.2.2. Les micro entreprises de survie
77
III.3. PROFILS SOCIO-DEMOGRAPHIQUE ET CULTUREL
DES ENTREPRENEURS
80
III.3.1. Les acteurs entrepreneuriaux
80
III.3.2. Caractéristiques des agents
économiques (des entrepreneurs enquêtés)
81
III.4. MODES DE FINANCEMENT DE
L'ENTREPRENEURIAT ET GESTION FINANCIERE
88
III.5. LE MARCHE DES MICRO ET PETITES ENTRPRISES DE
LUBERO
92
1. Atomicité du marché
92
2. Instabilité du marché
93
3. Concurrence
93
III.6. LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA DYNAMIQUE
ENTREPRENEURIALE EN TERRITOIRE DE LUBERO
93
III.7. ROLE DE LA FAMILLE DANS
L'ENTREPRENEURIAT
95
III.8. ROLE DE L'ETAT DANS L'ENTREPRENEURIAT EN
TERRITOIRE DE LUBERO
98
1. La législation
98
2. Taxes
100
III.9. L'INNOVATION ET L'ENTREPRENEURIAT EN
TERRITOIRE DE LUBERO
102
III.10. ENTREPRENEURIAT ET DIFFICULTES EN
TERRITOIRE DE LUBERO
104
III. 11. CONTRIBUTION DE L'ENTREPRENEURIABILITE AU
DEVELOPPEMENT LOCAL
106
III.11.1. Au niveau de l'économie
106
III.11.2. Au niveau social
108
III.12. CONCLUSION DU CHAPITRE
110
BIBLIOGRAPHIE
112
I. OUVRAGES ET DICTIONNAIRES
112
III. TFC., MEMOIRES, THESE.
114
IV. NOTES DE COURS ET AUTRES RAPPORTS
114
V. SOURCES ELECTRONIQUES
115
CONCLUSION GENERALE
116
TABLE DES MATIERES
121
ANNEXE
125
ANNEXE
GUIDE DE L'INTERVIEW
1. Sexe :
2. Age :
3. Niveau d'instruction :
4. Origine sociale : paysanne ou urbaine
5. Type d'activité et année de
commencement :
6. Motivation ou causes de création de
l'activité :
7. Origine de financement :
8. Est-elle une initiative privée ? si non, de
quelle organisation ?
9. Ya-t-il une institution qui vous a soutenu au départ
ou qui vous soutient actuellement ? si oui, laquelle ?
Dépendez-vous de cette institution ?
10. Comment s'est constituée votre entreprise ?
Quelle est son évolution actuelle ? Et quels sont les
éléments déterminants de son expansion ?
11. Quels sont les facteurs qui bloquent l'esprit
entreprenarial dans votre milieu ? (jalousie, sorcellerie, facteurs
administratifs,...).
12. Votre famille vous a encouragé,
déconseillé, aidé,...
13. Quelles sont les opportunités pour votre
entreprise ?
14. Quel est le rôle de l'Etat dans votre
activité ?
15. Quel est le motif de votre installation en milieu
rural ?
16. Si vous trouver un emploi en milieu urbain,
continuerez-vous à travailler ici ? Pourquoi ?
17. Entre l'agriculture et le commerce, quelle activité
préférez-vous ?
18. Quelles sont les difficultés auxquelles vous vous
heurtez dans la réalisation de votre activité ?
19. Quelles sont vos réalisations et vos perspectives
d'avenir ?
* 1 KIYANI PALUKU S.
(2003-2004), Esprit d'entreprise et exigences économiques et
sociales cas de la l'entreprenariat en ville de Butembo, mémoire
inédit, faculté des Sciences Economiques,
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* 2 MASIKA MAYAO G. (2005-2006),
l'Esprit d'entreprenariat féminin en ville de Butembo cas des
tricoteuses, TFC inédit, faculté des Sciences Economiques et
Gestion UCG-BUTEMBO.
* 3 CNUCED (2003),
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* 1BAGALWA MUHEME G. (1998),
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* 2 HENAULT G., et M'ROBERT R.,
(1990), l'entrepreneuriat en Afrique francophone : culture,
financement et développement, AUPELF-UREF. John Libbey Eurotext, Paris,
p 1.
* 3 Gaston
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pauvreté au Congo Brazzaville : Prôner pour un
développement communautaire durable du bas vers le haut, (en ligne),
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* 4 cfr MAFIKIRI TSONGO A.
(2008-2009), Préparation et évaluation des projets,
cours inédit, Faculté des Sciences Economiques et de
Gestion, L2 Gestion Financière, UCG-Butembo, p 1
* 5 werner Sombart cité
par HENAULT G. et M'ROBERT, op.cit, p 8-9.
* 6 CAMILLERI.J-L, (2007),
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la croissance de cas Rwandais, l'Harmattan, Paris, p 139.
* 4 Banque Mondiale (1994),
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reconstruction économique », Washington DC, p. 53.
* 5 KAMBALE MIREMBE Omer (juin
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développement local. Une étude au Nord-est de la
République Démocratique du Congo, Thèse, Louvain-la-Neuve,
Faculté des Sciences économiques, sociales et politiques, UCL,
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* 6 BAGALWA MUHEME G. Op.
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enquête de la Banque Mondiale sur le développement de l'entreprise
en Afrique. Le cas du Cameroun, Ecole des HEC, Montréal in BODSON P., et
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* 8 Entrepreneuriat en
français.
* 9 CAMILLERI J.L., Op.
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* 10 MUSONGORA SYASAKA E.
[2007-2008], Mouvement associatif et dynamique de développement au
Nord-Kivu. Cas des associations de tendance religieuse en territoires de Beni
et Lubero, mémoire présenté en vue de l'obtention du
diplôme de Master complémentaire en développement,
environnement et société, UCL, p. 3.
* 11 BERE ZACHARIE, (2006),
Techniques et stratégies d'un travail scientifique. Etude,
mémoire, thèse, et autres recherches, Ed. UCAO, Abidjan
(Côte d'Ivoire), p. 142.
* 12 Les termes
entreprenariat et entrepreneuriat sont des synonymes. Dans ce mémoire,
,nous utilisons l'un ou l'autre.
* 13 DARBELET M. et LAUGINIE
JM, (1981), Economie de l'entreprise appliquée, fascicule 1,
Foucher, Paris, p11
* 14 COHEN. E (1994)
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* 15 Entreprise, un article de
wikipedia, Encyclopédie libre (www. Wikipedia.org) consulté le 30
décembre 2008.
* 16 BAGALWA MUHEME. G (1998),
op.cit., p 13.
* 17 Idem, p 13.
* 18 CHARPENTIER P. (2004),
organisation et gestion de l'entreprise, Armand Collin, p 7.
* 19 Idem, p 8.
* 20 CHARPENTIER P,
op.cit., p 8
* 21 Idem, pp 17-19.
* 22 Peter Dructker,
cité par P. CHARPENTIER. Op. cit., p 20
* 23 GENEREUX J. (1990),
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Paris, p 55.
* 24 GENEREUX J., op.
Cit,p.55
* 25 CHARPENTIER P., op.
Cit, p 20.
* 26 XXX (2008),
« entreprise », in Encyclopédie libre, (en
ligne), (référence du 28 décembre 2008), disponible sur
www. Wikipedia.org.
* 27 BOUTILLIER S. et FOURNIER
( 2006), Artisanat - La modernité réinventée, L'harmattan,
Pars, p. 26.
* 28 CASSON M., (1991),
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* 29 SHANE S. (2003),
cité par BOUTILLIER S. et FOURNIER C. op. cit, p 26.
* 30 BOUTILLIER S. et FOURNIER
C. op. cit, p 27.
* 31 Idem, p 27.
* 32 GREGORY C. (1974),
Encyclopédia Universalis, vol 18, thesaurus. Index. A.
GASSENDI, Paris, p 630.
* 33 BOUTILLIER S., op.
Cit. P 27.
* 34 KIRZNER (2005),
Concurrence et esprit d'entreprise, Economica, Paris, p 63
* 35 Idem
* 36 GREGORY Cl., op.
Cit., p 630
* 37xxx (janvier 2002),
«Quelle est l'utilité marginale de
l'entrepreneur ? » in problèmes économiques,
Col. Entreprises et marchés, n°2742, p 5
* 38 KNIGHT F. ci té par
BAGALWA MUHEME G., p 36
* 39 BOUTILLIER S. et FOURNIER
C., op.cit, p 86.
* 40 MARCHESNAY M.,
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2009 , disponible sur http : // www. Erfi-management. Net / acces _membre
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* 41 Xxx [2009],
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libre [en ligne] Réf. Du 20 février 2009], disponible sur
www.wikipedia.org.
* 42 Idem.
* 43 Gasse cité par
HENAULT G., Op. Cit., P. 121.
* 44 BEN CHEIKH,
L'intention de créer une Start-up en TIC: cas des ingénieurs
tunisiens, Institut supérieur de gestion de sousse-Tunisie, Master
de recherché en Entrepreneuriat disponible sur www.
Memoireonline.com.
* 45 GATNER W. (1990)
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entrepreneurship ? » Journal of Business venturing, vol 5,
p. 15-28 cité par Aymen BEN CHEIKH, Op.Cit.
* 46 Shane S ;
Venkataraman S. (2000) : « The promise of entrepreneurship
as a field of research », Academy of management. The Academy of
Management; jan 2000; 25, 1; p. 217 cité par BEN CHEIKH A; Op. Cit.
* 47 Arenuis et De Clerq,
cité par Idem.
* Le paradigme de l'entreprenauriat signifie ce qui est au coeur
ou à la base de l'entrepreneuriat.
* 48 GATNER. W., Op.
Cit.
* 49 VERSTRAETE T.
(2000) : « Les universités et
l'entrepreneuriat », document de travail, Editions de l'ADREG,
(www. adreg.net).
* 50 VERSTRAETE T.
(2003) : « Proposition d'un cadre théorique pour la
recherche en entrepreneuriat : PhE= f[(cxsxp) c(ExO)] ; Editions de
l'ADREG, (www. adreg. net).
* 51 Aloys Mahwa, L'impact
de l'auto emploi sur le chômage et la pauvreté au Cameroun,
Maîtrise, Université Catholique d'Afrique centrale, disponible sur
http : //www. memoireonline.com.
* 52 Verstraete T.
(2002) ; « Essai sur la singularité de
l'entrepreneuriat comme domaine de recherche » , Editions
de l'ADREG, (www. adreg. net).
* 53 BEN CHEIKH, Op.
Cit.
* 54 Verstraete T. (2003),
« Entrepreneuriat et management stratégique : des
domaines singuliers se recouvrant par le truchement des stratégies
entrepreneuriales », Management International, Spring 2002, vol.
6, n°2, p. 55.
* 55 BEN CHEIKH, Op.
Cit.
* 56 Drucker P.F (1985) :
« Innovation and Entrepreneurship : practice and
principles », éd. Heineman, London, cité par BEN
CHEIKH, Op. Cit..
* 57 CASSON M. Op. Cit.,
* 58 Voir office
québécois de la langue française : www. olf.
goux. qc. ca et chaire entrepreneuriat sociale : http :
//www. Essc-Entrep-social. com/fr/ recherche O1. html.
* 59 Hitt M. A. et al (2001)
cité par BEN CHEIK, Op. Cit.
* 60 Albert Ph., Marion S.,
(1997), « ouvrir l'enseignement à l'esprit
d'entreprendre », les Echos19 / 20, septembre 1997, p. 34.
* 61 Werner Sombart, Op.
Cit. ; p. 8-9.
* 62 La création ex
Nihilo correspond à des créations par un individu ou un groupe
(salarié, chômeur,...) d'une entreprise exerçant une
activité nouvelle. Cette logique souligne
« l'indépendance de la jeune entreprise, le fait que
l'initiative est celle de l'entrepreneur et qu'il y a bien quelque chose de
nouveau et non la simple continuation d'une activité
existante » (Bruyat, 1993 : 101)
* 63 Verstraete T, Saporta B.
(2006), création d'entreprise et entrepreneuriat, Editions de l'ADREG,
janvier, p 287-292 [en ligne], [ref- du 20 mars 2009 ] disponible sur www.
Adreg. Net.
* 64 Kuratko. D. , et Hodgetts
R. , cité par Verstraete T. et Saporta B. , Op. Cit, p. 290.
* 65 La banque Mondiale classe
les pays selon le niveau de facilités qu'ils offrent aux individus pour
créer une entreprise (doing business).
* 66 Le groupe de la Banque
mondiale [2009], Doing Business 2009. Données par
économie : RDC, (en ligne), [Réf. Du 26 mars 2009],
disponible sur http:// français. Doingbusiness.Org.
* 67 Aloys Mahwa, Op.
Cit.
* 68 NJAYA J.B.
et NGONGANG. D. , cité par Aloys Mahwa, Op. Cit.
* 69 Idem
* 70 Aloys Mahwa, Op.
Cit.
* 71 Doing Business, RDC,
2009.
* 72 Aloys Mahwa,
Op.Cit
* 73 FUTURS AFRICAINS, (2006),
Afrique 2025, quels futurs possibles pour l'Afrique au Sud du Sahara,
Paris, Karthala, p. 24.
* 74 CASSON M., Op.
Citp, p. 278.
* 75 NSIMBA LUZOLO P. ,
Entrepreneuriat, Petites et moyennes entreprises (PME), cours
inédit, G3 Economie UCG-Butembo, 2005-2006.
* 76 HOANG Abdelhamid. C. et
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[référence du 09 février 2009] disponible sur
http://www.bibliothèque.refer.org.
* 77 WANDA R. (2007) :
« Distance culturelle, modes de financement et
rationnalité économique », in création,
développement, gestion de la petite entreprise africaine (sous la
direction de Victor TSOPI), Yaoundé, Edition CLE, p. 319.
* 78 Régis LABEAUME
(2008), « Types d'entrepreneuriat » [en ligne]
[référence du 30 janvier 2009] disponible sur
http://www.defi.gouv.qc.ca.
* 79 KASAI L.L., cité
par KAMBALE MIREMBE (2005), op.cit, pp 100-101
* 80Archives Etat-civil,
territoire de Lubero, 2008
* 1 MUSONGORA S., Op.Cit.,
p30.
* 2 Rapport annuel, Affaires
Economiques, 1937, Province de Costermansville, District du Kivu, territoire de
Lubero.
* 81 KASAY KATSUVA Lenga Lenga,
(juillet 1988), Dynamisme Déno-géographique et mise en valeur
d l'espace en milieu équatorial d'altitude. Cas du pays Nande au Kivu
septentrional : Zaïre, thèse, Université de
Lubumbashi, p. 291.
* 1 TOYO K., Le marché
des cybercafés à Lomé, mémoire, Université
de Lomé, disponible sur http://www.mémoireonline.com
* 82 OCDE (2000), La
renaissance partielle du travail indépendant, Paris, p. 166.
* 83 Les gens de couleur noir,
les congolais
* 84 Rapport économique
du 31/12/1937, établissements exerçant leurs activités en
territoire de Lubero.
* 85 Les quatre
indigènes sont : Kabangu Joseph, Abdulahamar, peruzi et Kalumendo
qui font tous le commerce de traite.
* 86 Pour tout simplement dire
population noire
* 87 Archives,
1944
* 88 Entretien avec le
responsable du service de l'économie, territoire de Lubero, le
09/04/2009
* 89 PALUKU SARATA ,
« L'industrialisation de la ville de Butembo : un dynamisme
freiné par la guerre », in Parcours et initiatives,
CRG-UCG, n°1, Butembo, Août 2002, p 36.
* 90 Toutes ces
précisions sont tirées de la Charte de Petites et Moyennes
Entreprises de la RDC, Avril 2007.
* 91 Service de Industrie,
Petites et Moyennes Entreprises : IPME.
* 92 Le souhait était
de trouver les données d'au moins 5 ou 10 ans pour analyser la
dynamique. Compte tenu de l'absence des données nous analysons les
données de l'année 2008.
* 93 Entretien avec le
secrétaire du SYTAMOL : Syndicat des Taximen motards de Lubero.
* 94 Fédération
des Entreprises du Congo : Syndicat patronal.
* 95 A cette date du
11/04/2009, 100 Fc = 0,12 $ (1 $ vaut 850 Fc)
* 96 Le marché a lieu
deux fois par semaine : mercredi et samedi
* 97 Ce recensement ne
concerne que les hommes et femmes exerçant les petites activités
en part ceux ayant des boutiques et kiosques.
* 98 Les ONG retrouvées
lors de nos enquêtes en territoire de Lubero sont : Norvegian,
Oxfam, Handicap International, MSF, Save children, Lets Protect children, PSSP,
.
* 99 Nous empruntons ce terme
dans cette phrase pour considérer les micro et petites entreprises de
croissance et non dans le vrai sens d'une entreprise formelle.
* 100 Ici, nous ne prenons que
les micro et petites entreprises de croissance enregistrées à
l'IPME
* 101 Selon nos
investigations
* 102 Entretien avec un
commerçant de Lubero
* 103 Nous avons tiré
un échantillon de la population avec une base de sondage de 25 % (cfr.
chapitre deuxième).
* 104 1$ = 850 Fc, en
période de nos enquêtes.
* 105 CAMILLERI J. L (2007),
Op. Cit., P. 32.
* 106 DARTOIS P. (1971),
Manuel de droit commercial Zaïrois, nea, Paris, P 37.
* 107 Lomami Shomba,
économie informelle, université de Kinshasa, Licence en droit,
www. Memoireonline.kom
* 108 Les « faux
indépendants » ; les gens qui créent des
activités d'auto emploi informelles pour échapper à la
fiscalité.
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