Université de Dschang
University of Dchang
******
Faculté des Sciences Juridiques
et politiques
Faculty of Law and Political Sciences
******
République du Cameroun
Republic of Cameroon
******
Paix - Travail - Patrie
Peace - Work - Fatherland
******
L'ATTITUDE DES ETATS DE LA CEMAC FACE
AU CONFLIT DE BAKASSI ET SES EFFETS SUR
L'INSTITUTION
Mémoire présenté et soutenu publiquement
en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) en Droit
Communautaire et Comparé CEMAC
Par :
ALIYOU SALI
Maîtrise en Droit et Carrières Administratives
Sous la direction du :
Docteur SIETCHOUA DJUITCHOKO
Célestin
Habilité à diriger les recherches
Chargé de Cours
Année académique : 2006/2007
Avertissement
La Faculté des Sciences Juridiques et politiques de
l'Université de Dschang n'entend donner aucune approbation ni
improbation aux opinions émises dans ce mémoire.
Celles-ci doivent être
considérées comme propres à leur auteur.
Dédicace
A
- Mon père SALI ADE ;
- Ma mère AMINA FATU.
REMERCIEMENTS
Nous remercions tous ceux qui, de près ou de loin, ont
contribué à la réalisation de ce travail :
- Toute ma gratitude va d'abord à l'endroit de tous les
enseignants de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de
l'Université de Dschang notamment;
- Au Docteur SIETCHOUA DJUITCHOKO
Célestin qui a accepté de conduire nos premiers pas sur
le sentier de la recherche, aussi pour sa patience, sa rigueur et sa
disponibilité ;
- Au professeur ANOUKAHA François,
Doyen de la Faculté pour son souci de toujours donner à notre
formation un label de qualité ;
- Aux Doctorants ASSONTSA Robert, KAGOU Patrice H.
pour leurs conseils et leur aide ;
- Au Docteur MANU IBRAHIM pour l'assistance
tant matérielle que morale dont il nous a toujours gratifié
depuis notre arrivée à l'Université de Dschang
jusqu'à nos jours ;
- A Monsieur LAMOU AHMADOU pour ses conseils
et son soutien ;
-A Monsieur DJIDERE Valère pour son
assistance matérielle ;
- A Monsieur KENHAGO Olivier pour
l'orientation du travail ;
- Aux familles MANU, NGUEPI pour leur
hospitalité et leur soutien ;
- A mon grand frère ADAMOU GAWAN pour
son soutien matériel et financier ;
- A toute ma famille, particulièrement, ADAMA
WAKILI, HABIBA GOÏNA, ainsi que tous mes frères et
soeurs ;
- A Mademoiselle MAGNE SANDRINE
Christelle pour son soutien.
Je voudrais aussi remercier tous mes amis pour
l'intérêt qu'ils ont toujours accordé à ce travail,
en particulier UMARU HASSAN B., ISSA
Sagari, OUAMBA Cyprien,
AGOUM T. Ghislain, SIAKE Eric
H. NDONG Elie Rodrigue, TOUKO
Gérard ;
Ma profonde gratitude à tous mes camarades de promotion
en particulier NGOULOURE NJOYA Bruno c,
GATSI TAZO Eric, DIE
KOUENEYE Hubert, TCHAMBA BAKAKEU
L.F, KENMOGNE Nadège,
KOUAM GUIADEME Michèle P.,
KOUAM FOTSO Alain Brice.
A Mademoiselle NGUEPI TEMATIO Reine
Laure pour son assistance morale et matérielle ainsi que sa
compagnie au quotidien qui m'ont toujours réconforté et
encouragé dans la réalisation de ce travail.
Et à bien d'autres personnes dont les noms n'ont pas pu
être cités ici.
LISTE DES PRINCIPALES ABREVIATIONS
CEDEAO : Communauté Economique
et Douanière de l'Afrique de l'Ouest
CEEAC : Communauté Economique
des Etats de l'Afrique Centrale
CEMAC : Communauté Economique
et Monétaire de l'Afrique Centrale
CEREMS : Centre d'Etudes et de
Recherche de l'Enseignement Supérieur
CIJ : Cour Internationale de
Justice
COPAX : Conseil de Paix et de
Sécurité en Afrique Centrale
DEA : Diplôme d'Etudes
Approfondies
DESS : Diplôme
D'études Supérieures Spécialisées
ECOMOG : Ecowas Ceasefire Monitoring
Group (Groupe de la CEDEAO chargé
du contrôle et de la mise en oeuvre
du cessez-le- feu).
FACA : Force Armée
Centrafricaine
FCFA : Franc de la
Coopération Financière en Afrique
FOMUC : Force Multinationale de la
CEMAC
FSJP/UDS : Faculté des Sciences
Juridiques et Politiques de l'Université de Dschang
IBID : Dans le même texte
IRIC : Institut des Relations
Internationales du Cameroun
LGDJ : Librairie
générale de Droit et de Jurisprudence
MAIB : Mouvement d'Auto
Détermination de l'Île de Bioko
MINCOPAX : Mission de Consolidation de
la Paix en Afrique Centrale
N° : numéro
ONU : Organisation des Nations Unies
Op.Cit : Opere citato
(dans l'oeuvre précitée)
P/pp : page / pages
RCA : République
Centrafricaine
RCSP : Revue Camerounaise
de Science Politique
RJPIC : Revue Juridique et
Politique Indépendant et Coopération
SADC = CDAA : Communauté de
Développement de l'Afrique Australe
UA : Union Africaine
UE : Union Européenne
UDEAC : Union douanière et
Economique de l'Afrique Centrale
UDs : Université de
Dschang
UEAC : Union Economique de l'Afrique
Centrale
UMAC : Union Monétaire de
l'Afrique Centrale
V : voir
SOMMAIRE
PREMIERE PARTIE : L'ATTITUDE DES ETATS DE LA
CEMAC PENDANT LE CONFLIT DE BAKASSI 13
Chapitre I : L'attitude collective des Etats de
la CEMAC dominée par le souci de prudence 15
Section I : Une prudence justifiée par les
objectifs prioritaires de la CEMAC 16
Section II : Une prudence liée à la
faiblesse des Etats de la CEMAC 23
Chapitre II : L'attitude individuelle des Etats
de la CEMAC dans le conflit de Bakassi entre
neutralité et engagement 32
Section I : La position de neutralité de la
majorité des Etats de la CEMAC 32
Section II : L'attitude participative de la Guinée
Equatoriale 36
Conclusion de la première partie 42
DEUXIEME PARTIE : L'ATTITUDE DES ETATS DE LA
CEMAC APRES LE CONFLIT DE BAKASSI 43
Chapitre I : L'éveil des Etats de la CEMAC
sur les questions de sécurité dans la sous région 45
Section I : La prise de conscience du problème de
sécurité interne des Etats 45
Section II : Le souci de la sécurité
transfrontalière 51
Chapitre II : La limitation des Etats de la CEMAC
en matière de politique sécuritaire 58
Section I : Une timidité des Etats de la
CEMAC quant à la mise en oeuvre des instruments de paix existants 59
Section II : Une passivité des Etats de la CEMAC
quant à la mise sur pied des nouveaux instruments de paix dans la CEMAC
62
Conclusion de la deuxième partie 66
Conclusion générale 67
INTRODUCTION GENERALE
Les relations de voisinage entre les personnes physiques ou
morales peuvent être harmonieuses ou conflictuelles. Il en est ainsi du
voisinage des Etats. Etant ainsi des voisins, les Etats peuvent entretenir de
bonnes relations. Sur le plan bilatéral, ils peuvent créer des
relations de coopération ou se regrouper sur le plan
multilatéral, dans le cadre des communautés régionales ou
sous-régionales d'intégration conformément au plan
d'action de Lagos de 1980 pour les Etats Africains ou selon la division
opérée par l'ONU après la deuxième Guerre
Mondiale1(*).
Toutefois, les Etats voisins peuvent aussi entretenir des
relations conflictuelles. Ces relations seront davantage tendues si ces Etats
sont situés dans une zone stratégique comme le Golfe de
Guinée, qui est l'une des arènes les plus décisives de la
compétition géopolitique mondiale et qui réalise une
synthèse de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique Centrale2(*). Le Golfe de Guinée est
une zone riche en pétrole et présente un intérêt
capital non seulement pour des Etats occidentaux3(*), orientaux4(*), du Sud5(*) et d'Afrique6(*) mais aussi et surtout pour les acteurs
privés7(*) de tout
bord. Le pétrole, s'il est bien géré, peut contribuer au
développement des pays producteurs .Mais ce n'est pas l'impression
qu'on a, car sa présence a été une source
d'instabilité dans le Golfe de Guinée.
C'est dans cette logique que s'inscrit le conflit qui a
opposé le Cameroun au Nigeria au sujet de la Péninsule de Bakassi
encore dénommée « Affaire Bakassi »8(*) ou « l'affaire dite de
la frontière terrestre et maritime entre le Cameroun et le
Nigeria ». Ce conflit présente un enjeu important. Les
ressources naturelles dont le pétrole justifient une telle importance
dans le Golfe de Guinée au fond duquel se trouve Bakassi, objet
essentiel de ce conflit9(*).
En effet le Golfe de Guinée est riche et les experts affirment qu'il
est le deuxième réservoir mondial brut après le Moyen
Orient10(*) .
D'après le Centre d'Etudes et de Recherches de l'Enseignement Militaire
Supérieur, (CEREMS) basé à Paris, sur les huit milliards
de barils de réserves découverts en Afrique en 2001, sept l'ont
été dans le Golfe de Guinée. Ce dernier est donc
présenté comme l'une des zones les plus prometteuses
présentant plus d'atouts11(*) et faisant l'objet de plusieurs convoitises. Bakassi,
situé dans le Golfe de Guinée présente des avantages
similaires .C'est sans doute ce qui pourrait justifier les contestations
nigérianes et la fermeté du Cameroun sur la défense de la
zone de Bakassi en tant que partie intégrante du territoire national. Ce
conflit dit de Bakassi12(*), envisagé du point de vue de la position des
Etats de la CEMAC, fournit la matière du présent sujet.
DEFINITION DES CONCEPTS
Notre sujet d'étude est constitué de plusieurs
termes. Il faut au préalable les définir.
Tout d'abord les Etats de la CEMAC ce sont les Etats qui
composent la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique
Centrale créée le 16 mars 1994 à N'djamena au Tchad en
remplacement de l'Union Douanière et Economique de l'Afrique Centrale.
Autrement dit, ce sont les 6 pays membres de la BEAC à savoir le
Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la
République Centrafricaine et le Tchad.
Ensuite le concept de conflit est assez complexe et difficile
à cerner dans la mesure où les relations entre les Etats ont
toujours comporté un aspect conflictuel. C'est ce que semble exprimer
Sventagil13(*) quand
il écrit: « The concept of conflict must be interpreted
relatively widely. It cannot be restricted solely to open conflict (in which
violence occurs in one form or another) but must be also included condition
which varying degree of tension ». C'est-à-dire que
« le concept de conflit doit être compris dans un sens large.
Il ne doit pas être limité uniquement au conflit ouvert (dans
lequel la violence se produit sous une forme ou une autre) mais doit inclure
aussi les situations où on trouve des tensions à des
degrés divers14(*) » .Mais il faut comprendre avec le
Professeur Reuter que tout conflit entre Etats est une opposition des
prétentions suffisamment extériorisées pour mettre en
danger la paix sociale15(*).
De manière générale on définit le
conflit comme une opposition entre deux ou plusieurs Etats dont la solution
peut être recherchée soit par des mesures de violences,
c'est-à-dire les représailles ou les guerres soit par des
négociations, au moyen de l'intervention d'une tierce puissance ou de
l'Organisation des Nations Unies (pour médiation ou arbitrage) soit
encore par le recours à la décision d'un tribunal
international16(*) sur le
conflit. Le conflit et la guerre se distinguent du point de vue sociologique,
contrairement au conflit, la guerre est considérée comme une
lutte armée et sanglante entre groupements organisés17(*). Cette dernière est
synonyme de conflit armé international surtout lorsqu'elle oppose les
entités étatiques18(*). La guerre est donc, une confrontation armée
entre deux ou plusieurs Etats, menée par leurs forces armées
respectives et réglée par le droit international19(*).
Enfin l'aire géographique appelée Bakassi est
une presqu'île, une portion de terre entourée d'eau, à
l'exception d'un seul endroit (une bande de terre), par lequel elle communique
avec le continent. Cette presqu'île couvre une superficie de 1000
km²20(*). Elle est
située entre le Cameroun et le Nigeria. Elle s'étend sur
près de 60 km de long sur la rivière AkwaYafè et la
bordure occidentale du Mont Cameroun au Sud-ouest du Cameroun et sur 30 km de
profondeur soit près de 1800 km². De forme grossièrement
trapézoïdale, la péninsule de Bakassi mesure 12km de petite
base et 35 km de hauteur21(*). Elle est limitée à l'Est par le Rio
del Rey et à l'Ouest par un autre fleuve, l'AkwaYafè. Bakassi qui
s'ouvre sur l'Océan Atlantique est une zone de Mangrove riche en
ressources énergétiques (gaz et pétrole) et halieutiques.
La population vit de la pêche, de l'agriculture, du petit élevage
et du petit commerce. Le milieu est hostile ; les conditions de vie y sont
dures. Cette situation pourrait expliquer la présence insignifiante des
camerounais et celle de la forte colonie des Nigérians, sous la
pression d'une démographie galopante dans leur pays22(*).
Le conflit de Bakassi est l'affaire de la frontière
terrestre et maritime ou affaire Bakassi23(*) marquée par l'opposition des
prétentions et des intérêts sur l'appartenance de la
péninsule de Bakassi, entre le Cameroun et le Nigeria,
déclenché le 21 décembre 1993 par l'envahissement des
troupes camerounaises par l'armée nigériane. Ce conflit a connu
son dénouement le 10 octobre 2002 par l'arrêt rendu par la Cour
Internationale de Justice.
Pour comprendre ce conflit et pouvoir apprécier
l'attitude qu'ont adoptée les Etats de la CEMAC, un recul historique est
nécessaire. Le conflit de Bakassi n'est pas une génération
spontanée, il a connu une phase relativement longue. En effet, le
conflit de Bakassi a connu une phase d'évolution. Le
réchauffement de la frontière remonte aux premières heures
de l'indépendance. En 1965, par exemple, on a noté les
affrontements entre les tribus Danaré du Nigeria et Boudan du Cameroun,
au sujet du tracé frontalier qui traverse leurs territoires respectifs.
En 1973, le Nigeria accuse l'armée camerounaise d'avoir saisi plusieurs
bateaux de pêches et occupé les villages des pêcheurs
nigérians sur la presqu'île de Bakassi. En 1981, c'est autour du
Cameroun d'accuser une patrouille militaire nigériane d'avoir
pénétré les eaux territoriales camerounaises jusqu'au Rio
del Rey. Ici les combats entre les soldats firent de nombreux morts, de
nombreux blessés de part et d'autre24(*). Ces incidents constituent des prémices au
conflit de Bakassi.
Mais les affrontements les plus meurtriers ont
débuté en 1993, point de départ du conflit de Bakassi. En
effet, le conflit est né de la contestation par le Nigeria de la
camerounité de Bakassi. Les thèses nigérianes sont
nombreuses et reposent sur divers arguments d'ordre historique,
démographique, conventionnel ou juridiques. Les arguments juridiques
consistent essentiellement au rejet de la déclaration de Maroua
signée le 1er juin 1975 entre les chefs d'Etat camerounais
Ahmadou Ahidjo et nigérian Yakubu Gowon par laquelle, ils conviennent de
prolonger la frontière maritime du point 12 au point G. Le Nigeria
estime en effet que cette déclaration n'a jamais été
ratifiée et n'aurait par conséquent aucune force obligatoire
vis-à-vis de ce pays.
Ainsi en 1993, plus précisément, le 21
décembre de cette année, les troupes camerounaises ont
été envahies par l'armée nigériane donnant lieu
à un affrontement sur le terrain opposant les unités
armées des deux pays. Ces opérations se raniment en
février 1994 et en février 1996 avec des violents combats faisant
des morts parmi les populations civiles et les militaires25(*).
Suite à l'occupation militaire de Bakassi en 1993, une
véritable rivalité diplomatico-stratégique reposant sur un
face à face militaire sur le terrain va s'instaurer entre Yaoundé
et Abuja26(*).
Le Cameroun qui ne pouvait compter de solides appuis au niveau
sous régional, convaincu de son bon droit au terme des accords
territoriaux passés entre les deux anciennes puissances coloniales
(Royaume Uni et Allemagne) et conscient de la puissance du Nigeria, va
s'orienter vers la mobilisation des ressources de la Justice internationale
pour faire reconnaître ses droits sur Bakassi. Yaoundé va donc
privilégier la voix diplomatique pour la résolution du conflit.
Abuja pour sa part va engager une vigoureuse opération de ralliement
à sa cause des Etats du Golfe de Guinée27(*).
Le Cameroun a saisi en mars 1994 la Cour Internationale de
Justice de la Haye. Cette juridiction devra donc, après s'être
prononcée sur sa propre compétence et après avoir entendu
les deux parties et la Guinée Equatoriale, rendre un verdict le 10
octobre 200228(*)
reconnaissant la camerounité de Bakassi.
A notre sens, cet arrêt marque la fin du conflit de
Bakassi. Mais après, il a été question de la mise en en
oeuvre dudit arrêt qui a abouti à la rétrocession de
Bakassi au Cameroun et au départ officiel du Nigeria de la
péninsule le 14 août 2008.
OBJECTIF D'ETUDE
Dans ce travail nous nous proposons de dégager,
à deux niveaux, l'attitude des Etats de la CEMAC pendant et après
le conflit de Bakassi. Il s'agit d'analyser les positions tant sur le plan
collectif que sur le plan individuel des Etats de la CEMAC et de
déterminer les facteurs qui expliquent leurs attitudes.
Cette étude couvre la période 1993 au 14
Août 2008 en passant par 2002. La raison est simple : puisque 1993
marque le début du conflit tandis que 2002 marque la fin du conflit
après l'arrêt de la Cour Internationale de Justice attribuant
Bakassi au Cameroun. Cette étude s'étend jusqu'au 14 Août
2008, date de la rétrocession officielle de la péninsule de
Bakassi au Cameroun.
Le choix de ce sujet était justifié par deux
raisons essentielles : d'une part l'état de la question, d'autre
part l'actualité du problème. En effet, la plupart des travaux
connus sur l'affaire Bakassi ne traitent pas de la position des Etats de la
CEMAC par rapport à ce conflit. Il s'agit pour la plupart des
études analytiques du conflit qui s'interrogent sur les origines et la
résolution du conflit, les enjeux et les perspectives. Le choix de ce
thème procède également de notre souci d'actualiser les
connaissances sur la position des Etats de la CEMAC dans un conflit qui a
été tranché mais qui revient constamment sur
l'arène en raison de son actualité et ses implications non
maîtrisées. Si telle est la situation, force est de s'interroger
sur l'intérêt du sujet de recherche.
INTERET DU SUJET
Le sujet présente un intérêt à
plus d'un titre. Sur le plan théorique, le sujet met en exergue à
côté de l'intégration économique et monétaire
une intégration politique qui parachèvera le processus
d'intégration réelle en cours au sein de la CEMAC. Car la
résolution des conflits incombe à la volonté politique et
que les communautés les plus avancées sont celles qui ont
ajouté à l'intégration économique et
monétaire, une intégration politique.
Sur le plan pratique, le sujet présente
d'intérêt car le développement économique ne peut se
réaliser effectivement que dans un environnement de
sécurité et de stabilité des Etats membres d'une part,
d'autre part l'engagement du Cameroun dans un conflit frontalier avec un Etat
voisin en l'occurrence le Nigeria peut compromettre le processus d'une
intégration effective dans la sous région.
Ce travail se présente aussi comme un guide, laissant
entrevoir quelques pistes pour les recherches futures, d'autant plus que ce
sujet a été (très) peu abordé.
REVUE DE LITTERATURE
Le conflit de Bakassi a eu deux principales phases dans son
déroulement. La phase non juridictionnelle et la phase juridictionnelle.
La première va de 1993 au 26 mars 1994. La seconde, de cette
dernière date au 10 octobre 2002. Les études menées sur
le conflit de Bakassi englobent donc les deux phases.
MGBALE MGBATOU (H)29(*), en expliquant le conflit de Bakassi, a mis en
exergue ses origines et ses enjeux. Il évoque aussi les tentatives de
résolution diplomatique du conflit. Il ne s'est pas soucié de
l'après conflit. Cette phase est étudiée par TAMBE EBOT
(D)30(*). Elle
s'intéresse à l'après conflit notamment aux effets du
conflit après l'arrêt du 10 octobre 2002, sur les relations entre
les belligérants. L'auteur conclut que malgré la multiplication
des rencontres et des échanges entre les deux Etats, le verdict du 10
octobre, a affecté les relations entre le Cameroun et le Nigeria.
Au-delà des craintes de représailles nées chez les
populations de chaque pays vivant dans l'autre, ce verdict a crée chez
les nigérians une certaine tension et un sentiment exacerbé de
haine vis-à-vis des camerounais. Chez ces derniers, il a aussi,
crée une intimidation des commerçants. Cette dernière est
due à la présence militaire sur la zone de Bakassi.
L'aspect juridictionnel du conflit de Bakassi est
étudié par Guy Roger EBA'A dans son ouvrage intitulé
Affaire Bakassi, Genèse, évolution de l'affaire de la
frontière terrestre et maritime Cameroun-Nigeria (1993-2002)31(*). L'auteur présente la
naissance, l'évolution, le dénouement et l'après verdict
(verdict du 10 octobre 2002). IL s'agit ici d'une vue panoramique du conflit.
L'auteur a mis l'accent sur la présence des Etats devant la Cour
Internationale de Justice (la Guinée Equatoriale intervenant) et sur
les débats au fond devant cette juridiction.
A l'exception de DE VILLEPIN (X), PENNE (G) et BRISEPIERRE (P)
32(*)qui traitent de
manière générale de l'isolement du Cameroun dans le
conflit de Bakassi, toutes les études jusqu'à lors menées,
sont des analyses du conflit.
A la différence de ces auteurs, nous nous proposons, dans
le cadre de ce travail, de traiter de l'attitude des Etats de la CEMAC à
l'égard du conflit de Bakassi sur un plan purement juridique.
PROBLEMATIQUE
Selon M. ROUVEYRAN, la problématique est l'ensemble des
problèmes principaux, en interférence les uns avec les autres et
qui s'organisent autour d'un problème scientifique central, épine
dorsale de la recherche33(*). Nous avons posé la problématique de
la position des Etats de la CEMAC vis-à-vis du conflit de Bakassi.
Etant donné que le Cameroun est un Etat partie au Traité CEMAC,
il s'agit de savoir s'il a pu compter sur le soutien de ses pairs au sein de
cette instance de coopération régionale. Les autres Etats de la
CEMAC sont-ils demeurés passifs ou actifs du début à la
fin du conflit ? Yaoundé était-il en droit d'attendre le
soutien de ses voisins de l'Afrique Centrale regroupés au sein de la
CEMAC ou fallait-il trouver des alliés ailleurs ?
HYPOTHESE DE RECHERCHE
L'hypothèse est la proposition de réponse
à la question posée. Plusieurs éléments permettent
de déterminer l'attitude des Etats de la CEMAC à l'égard
du conflit de Bakassi. D'abord l'intégration politique est très
peu développée Autrement dit, ces Etats n'avaient pas de
fondement juridique leur permettant d'intervenir dans le conflit, l'institution
communautaire n'ayant rien prévu dans son Traité en ce qui
concerne les conflits. Ensuite la majorité des Etats ne disposait pas
d'intérêt pour intervenir devant la CIJ, l'intervention devant la
Cour étant subordonnée à l'existence d'un
intérêt légal ou juridique34(*). De même le Cameroun ne pouvait compter sur ses
voisins : les relations bilatérales entre ces Etats (le Cameroun et
ses voisins) étant peu conciliantes. En se referant à ces
éléments, l'hypothèse à dégager est la
suivante : les Etats de la CEMAC ne pouvaient participer au conflit de
Bakassi et que la politique sécuritaire développée depuis
2002 nous laisse croire que les Etats de la CEMAC ont pris conscience du
défi sécuritaire dans la sous région.
APPROCHE METHODOLOGIQUE
Il convient prima facie d'opérer une distinction entre
la méthode et la technique. En effet, la technique représente les
étapes d'opérations limitées, liées à des
éléments pratiques, concrets adaptées à un but
défini, alors que la méthode est une conception intellectuelle
coordonnant un ensemble d'opérations, en général plusieurs
techniques35(*). En
d'autres termes, la méthode désigne l'ensemble des
opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontre, les vérifie36(*). Le propre de la méthode est donc d'aider
à comprendre au sens le plus large, non les résultats de la
recherche scientifique, mais le processus de recherche lui-même37(*). Dans toute recherche
scientifique, la méthode est indispensable pour bien mener son travail.
Comme l'a souligné le Professeur Maurice KAMTO « la
démarche méthodologique conditionne le travail scientifique, car
la méthode éclaire les hypothèses et détermine les
conclusions »38(*).
Nous avons fait principalement recours à deux approches
méthodologiques. L'approche analytique ou documentaire qui a permis
d'analyser les textes et actes communautaires nécessaires pour nos
démonstrations. En plus nous avons fait recours à l'approche
comparative, car comme le souligne le professeur Bipoun Woum, « le
chercheur africain est mu par une tension intellectuelle permanente
résultant du fait que la science appliquée à l'Afrique
porte elle-même le germe de la comparaison de sorte que toute
réflexion y afférente se resoud finalement en un incessant
pèlerinage de l'esprit entre la réalité nominale
observable localement et le répertoire substantiel d'où a
été puisé tel concept ou telle
notion ».39(*)
Ainsi nous avons fait une étude comparée de la CEMAC avec les
autres communautés ou organisations internationales (CEDEAO40(*), UA,). Cette comparaison nous
permet d'apprécier le degré de l'intégration politique
dont résulte la résolution des conflits et de comprendre mieux
l'attitude des Etats de la communauté économique et
monétaire d'Afrique Centrale par rapport au conflit qui opposait le
Cameroun au Nigeria.
Dans le cadre des organisations internationales dans
lesquelles les Etats de l'Afrique sont membres, ils ont pris position en faveur
de la résolution pacifique du conflit devant la CIJ.
Comme tout conflit, le conflit de Bakassi a un début,
une phase de déroulement et un dénouement. Etant né entre
deux Etats, les autres Etats ne peuvent prendre position que pendant le
conflit. Le conflit de Bakassi est l'exemple d'une menace contre la paix et la
stabilité sous régionale. Il pourrait donc servir de leçon
à la CEMAC dans la définition d'une nouvelle politique
sécuritaire, ce qui nous pousse à apprécier la politique
Sécuritaire de la communauté après ce conflit.
Nous adopterons donc un plan en deux parties consacré
à l'attitude des Etats de la CEMAC pendant le conflit de Bakassi
(première partie) et à l'attitude des Etats de la CEMAC
après le conflit de Bakassi (seconde partie).
PREMIERE PARTIE :
L'ATTITUDE DES ETATS DE LA CEMAC PENDANT LE CONFLIT DE
BAKASSI
Officiellement le conflit de Bakassi éclate le 21
décembre 1993 et connaît son dénouement le 10 octobre 2002
par l'arrêt de la Cour Internationale de Justice. Pendant cette
période, les Etats de la CEMAC ont adopté deux attitudes qui
n'ont pas varié tout au long du conflit. Dans le cadre
multilatéral, les Etats ont préféré une position de
réserve. Hors de ce cadre, chaque Etat a exprimé son point de vue
individuel. Telle est la position observée par la plupart des Etats
à l'exception de la Guinée Equatoriale. L'attitude de cette
dernière a été différente de celle des autres Etats
de la CEMAC dans toutes les phases du conflit.
Plusieurs facteurs expliquent dans tous les cas de figure,
les différentes positions et réactions des Etats de la CEMAC
pendant le conflit. On retiendra que de toutes ces positions aucune n'est
favorable au Cameroun ; autrement dit, les Etats de la CEMAC n'ont pas
apporté de soutien à leur voisin de la CEMAC (le Cameroun)
pendant le conflit de Bakassi. Sur le plan communautaire, les Etats de la CEMAC
n'ont pas réagi face au conflit. Ils ont préféré
une politique d'abstention. Il s'agit d'une attitude collective des Etats de la
CEMAC justifiée par un souci de prudence (chapitre I). Sur le plan
individuel par contre, deux sortes d'attitudes ont été
constatées ; une forte position de neutralité et une
position d'engagement. Il s'agit d'un positionnement individuel qui oscille
entre neutralité et engagement (chapitre II).
CHAPITRE I :
L'ATTITUDE COLLECTIVE DES ETATS DE LA CEMAC DOMINEE
PAR LE SOUCI DE PRUDENCE
Dans le cadre communautaire, une seule position a
été adoptée par les Etats pendant le conflit de Bakassi.
Les Etats ont opté soit pour le silence soit pour la réserve.
Cette attitude d'abstention se justifie par un souci de prudence. En effet, les
Etats de la CEMAC ont refusé de prendre parti dans le conflit de
Bakassi. La position de ces Etats s'expliquerait par un certain réalisme
de la CEMAC lors du déclenchement du conflit. L'intégration
politique en Afrique Centrale n'étant pas effective, les Etats de la
CEMAC se sont toujours gardés de prendre une position dans la politique
internationale. Les Etats se prononcent presque toujours individuellement sur
les questions brûlantes de l'actualité mondiale.
La CEMAC se soucie de l'intégration économique
et monétaire qui sont ses objectifs principaux. Elle a
préféré donc s'occuper en priorité des questions
liées à l'intégration communautaire.
Le souci de prudence qui a dicté l'abstention des
Etats à travers la CEMAC se justifierait par les objectifs prioritaires
de l'organisation (section 1). En plus, dans le conflit de Bakassi, le Cameroun
était opposé à un « géant » de
l'Afrique. Ainsi, même collectivement, les Etats de la communauté
économique et monétaire d'Afrique centrale ne pouvaient faire
contrepoids à la puissance de l'adversaire du Cameroun41(*). C'est sans doute la raison
pour la quelle ces Etats ont opté pour l'abstention. Cette attitude
prudente serait liée à la faiblesse des Etats de la sous
région (Section 2).
SECTION I : UNE PRUDENCE JUSTIFIEE PAR LES
OBJECTIFS PRIORITAIRES DE LA CEMAC
Le passage de l'UDEAC à la CEMAC en 1994 semblait
traduire de la part des dirigeants d'Afrique Centrale une volonté
d'expérimenter une nouvelle politique et de nouvelles stratégies
d'intégration. Les buts n'étaient pas fondamentalement
différents de ceux de l'UDEAC, mais c'est la nouvelle approche de
l'intégration qui était différente. Toutefois, la CEMAC
est restée à l'image des autres organisations africaines une
entité sous-régionale à vocation essentiellement
économique qui fonctionne avec plus ou moins de bonheur42(*). Les objectifs de la CEMAC
vont de la mise sur pied d'un marché commun (par l'élimination
des barrières douanières et autres mesures protectionnistes)
à l'harmonisation des politiques sectorielles, à la convergence
des politiques macro économiques, à la stabilité de la
monnaie commune et à la répartition équitable des projets
communautaires.
Le principal objectif de la CEMAC est l'intégration
économique et monétaire des Etats membres. Cet objectif est donc
prioritaire pour la CEMAC (Paragraphe1). En éludant la dimension
politique de la construction communautaire, la CEMAC contrairement à
certaines organisations d'intégration sous régionale, n'a pas
fait de la résolution des conflits une de ses priorités
(paragraphe 2).
Paragraphe I : Une priorité à
l'intégration économique et monétaire
Les autorités de la CEMAC, à sa création,
se proposent de passer d'une situation de coopération qui existait
déjà, à une situation d'union, susceptible de parachever
le processus d'intégration économique et
monétaire43(*). Le
Traité instituant la CEMAC est assez explicite. L'article 1 dispose
à cet effet que « la mission essentielle de la
communauté est de promouvoir un développement harmonieux des
Etats membres dans le cadre de l'institution de deux unions : une union
économique et une union monétaire... » De cette
disposition ressortent clairement les objectifs prioritaires de l'organisation
qui sont de deux ordres à savoir l'intégration économique
à travers l'union économique (A) et l'intégration
monétaire, à travers l'union monétaire (B).
A- L'intégration économique
L'intégration économique est l'un des objectifs
fondamentaux que la CEMAC s'est fixée. Elle est, selon M. Bela A.
Balassa, à la fois un processus et un état des affaires44(*). L'intégration
économique consiste au sein de la CEMAC à la création d'un
marché commun. Ce dernier est d'ordre économique avec un
soubassement idéologique néolibéral. Ce marché
commun vise le passage de la CEMAC d'une simple union douanière à
une union économique autour de laquelle s'articulent l'existence et les
projets de la CEMAC.
Le marché commun se déploie dans le cadre de
l'Union Economique de l'Afrique Centrale (UEAC) instituée par une
convention signée à Bangui le 26 mars 1996 par laquelle les Etats
affirment la nécessité de favoriser le développement
économique des Etats membres grâce notamment à
l'harmonisation de leurs législations, à l'unification de leurs
marchés intérieurs et à la mise en oeuvre de politiques
communes dans les secteurs essentiels de leur économie45(*). La finalité
assignée à l'intégration économique est la
disparition des entraves et favoriser la libre activité sur l'aire
géographique commune. Il s'agira donc à terme d'abolir les
différentes frontières intérieures, de manière
à ce que la CEMAC ne soit plus qu'un espace économique commun
fondé sur la libre circulation des biens, des services, des capitaux et
des personnes.
Pour atteindre ces objectifs, les chefs d'Etat de la CEMAC
lors de leur sommet tenu à Malabo en Guinée Equatoriale en juin
1999 ont décidé que l'intégration économique doit
être réalisée en 3 étapes de 5 ans chacune. Se
déployant à travers le marché commun, épine dorsale
de la CEMAC, cette intégration connaît encore de graves
distorsions. Celles-ci s'observent tant au niveau de l'application des
instruments douaniers et fiscaux, qu'en ce qui concerne les entraves tarifaires
et non tarifaires aux échanges intracommunautaires46(*).En effet au sein de la CEMAC
subsistent encore des tracasseries douanières, l'inexistence d'une
politique fiscale commune etc.
Les questions concernant l'intégration
économique occupent une place importante à l'ordre du jour des
sommets des chefs d'Etat et des conseils des ministres. En effet, lors des
conférences, les chefs d'Etat s'appesantissent particulièrement
sur le développement économique des Etats de la CEMAC et son
évolution, ainsi que l'évaluation de l'intégration
monétaire en Afrique Centrale, deuxième objectif prioritaire de
la CEMAC.
B- L'intégration monétaire
La CEMAC a doublé l'intégration
économique d'une intégration monétaire qui présente
une certaine originalité. En effet, l'intégration
monétaire a précédé l'intégration
économique dans la CEMAC. Ceci se justifie par le fait que tous les
Etats de la CEMAC appartiennent à la zone franc et utilisent le FCFA
(franc de la coopération financière en Afrique).
L'intégration monétaire est consacrée par
le Traité institutif de la CEMAC à l'article 1er et
mise en pratique par la création d'un organe chargé de cette
intégration : l'union monétaire de l' Afrique
Centrale47(*). Cette
dernière est régie par une convention signée le 26 mars
1996 à Bangui dénommée convention régissant l'union
monétaire de l'Afrique Centrale : UMAC. L'intégration
monétaire se caractérise par l'adoption d'une même
unité monétaire dont l'émission est confiée
à un institut d'émission commun, la banque des Etats de l'Afrique
Centrale, régie par des statuts propres48(*).
Par l'institution de l'UMAC, les Etats de la CEMAC visent la
consolidation des acquis de la coopération monétaire existant
entre les Etats membres de la BEAC d'après la convention de
197249(*) et celle
relative à l'adhésion de la Guinée Equatoriale d'une part
et entre ces pays et la France d'autre part, l'affirmation de leur
intérêt d'intégrer la coopération monétaire
au sein d'une union monétaire articulée autour d'un institut
d'émission commun , le respect des droits et obligations qui
incombent aux participants à une union monétaire pour permettre
un fonctionnement harmonieux dans l'intérêt commun comme dans
l'intérêt propre de chacun de ses membres, le renforcement de la
communauté de la monnaie et les dépendances qu'elle
entraîne par la mise en cohérence de leurs politiques
économiques et un développement harmonieux de leurs
économies nationales. Dans le but d'atteindre ces objectifs, la CEMAC a
créé la surveillance multilatérale en coordonnant les
politiques économiques et en oeuvrant à la mise en
cohérence des politiques budgétaires nationales avec la politique
monétaire commune50(*).
L'intégration monétaire est le complément
logique de l'union économique. S'inspirant de l'exemple
européen, les Etats membres de la CEMAC ont confié leur politique
monétaire à la Banque des Etats de l'Afrique Centrale,
responsable de la politique monétaire qu'elle met en exécution.
Le développement harmonieux de toute communauté
passe d'abord par l'intégration économique, ensuite par
l'intégration monétaire tendon d'Achille de toute
communauté. L'effectivité de ces deux institutions permet
à la communauté de passer d'une situation de coexistence à
une situation d'intégration favorisant ainsi le développement
économique des Etats membres. Ceci démontre que la CEMAC fait
de l'intégration économique et monétaire des objectifs
prioritaires mais non la résolution des conflits des Etats.
Paragraphe II: Une priorité non à la
résolution des conflits
La CEMAC comme son nom l'indique est une communauté
d'intégration économique et monétaire. Elle n'est qu'une
institution d'intégration économique qui, à défaut
de les exclure, renvoie au second plan les objectifs d'intégration
politique51(*). C'est ce
qui explique que la priorité de la CEMAC ne soit pas la
résolution des conflits contrairement par exemple à l'Union
Africaine ou à la Communauté Economique et Douanière de
l'Afrique de l'Ouest, qui ont intégré dans leurs objectifs
prioritaires la résolution des conflits. Nous ferons donc une
étude comparée de la CEMAC successivement avec l'Union Africaine
(A) et avec la CEDEAO (B) dans le but de mieux comprendre l'attitude des Etats
de la CEMAC.
A- La CEMAC et l'Union Africaine
L'Acte constitutif de l'Union Africaine fut adopté lors
du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement africains des 6 au 12 juillet
2000 au Togo. L'institution ainsi créée s'inscrit dans la
perspective du renforcement de la résolution des conflits en
Afrique52(*). Prenant
ainsi acte de l'incapacité de l'OUA à proposer des solutions
opérantes et crédibles pour sortir le continent de
l'insécurité et reconnaissant que « le fléau des
conflits en Afrique constitue un obstacle au développement
(...) »53(*),
les signataires du Traité instituant l'UA ont placé les questions
de la prévention, de la résolution et de la gestion des conflits
au coeur de leur projet de renaissance politique africaine54(*).
Le défi que l'UA s'est fixé démontre
clairement que l'objectif prioritaire de la nouvelle institution est la
résolution des conflits en Afrique. C'est d'ailleurs ce que relevait un
auteur. Ce dernier affirmait à cet effet que : « la
résolution de la problématique des conflits est un aspect
important sur lequel se joue la crédibilité de l'Union
Africaine »55(*).
Pour atteindre ses objectifs, l'UA s'est dotée d'un
conseil de paix et de sécurité (CPS)56(*) en remplacement du
mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des
conflits de l'OUA. Le passage de ce mécanisme au conseil57(*) permet d'observer
l'engagement politique nouveau de l'UA face à la problématique
des conflits.
L'Union Africaine, comme sa devancière (l'OUA) est
une institution à vocation régionale ou africaine contrairement
à la CEMAC qui à l'instar de la CEDEAO sont des organisations
plus restreintes et qui ont une vocation sous régionale.
B- La CEMAC et la CEDEAO
La CEDEAO et la CEMAC sont des organisations de même
nature et de niveau équivalent non seulement elles sont nées
presque au même moment, mais aussi et surtout elles ont les objectifs
similaires à savoir, l'intégration économique et
monétaire. La CEDEAO a été créée dans le but
de promouvoir la coopération économique et l'intégration
entre les Etats membres. Avec le déclenchement des conflits en Afrique
de l'Ouest, la CEDEAO va se fixer un nouvel objectif : celui de la
résolution des conflits dans la sous région car convaincu
qu'aucun développement économique ne pourra se réaliser
effectivement dans un environnement d'insécurité et
d'instabilité58(*).
Autrement dit la CEDEAO a pour objectif essentiel l'intégration
économique de ses quinze membres. Cependant, le climat
d'insécurité qui prévaut dans cette sous
région59(*)a
poussé les Etats membres, conscients de la
« corrélation étroite entre les objectifs de
développement économique et un environnement de
sécurité et de stabilité », à
réagir pour ne pas mettre en péril ces objectifs60(*). De même les
résultats obtenus dans la voie du développement économique
peuvent facilement être compromis par l'instabilité de la
sous-région. C'est la raison pour laquelle la CEDEAO a
élevé au rang de ses objectifs la résolution des
conflits.
Elle a mis sur pied à cet effet, à Banjul le 23
au 24 juillet 1998, un mécanisme de prévention, de gestion, de
règlement des conflits, de maintien de la paix et de la
sécurité. Ce mécanisme comme son nom l'indique, est
chargé de la sécurité et de la stabilité dans la
sous-région.
Ce mécanisme trouve une base juridique à travers
le traité constitutif de la CEDEAO, notamment son article 58 relatif
à la sécurité sous régionale, le protocole de non
agression (ANAD) signé le 22 avril 1978 à Lagos, le protocole
d'assistance mutuelle en matière de défense signé à
Freetown le 29 mai 1981. L'ensemble de ces textes qui lient les Etats membres
constituent le cadre juridique qui préside à la création
du mécanisme avec pour objectif principal de permettre le
développement du rôle politico-militaire de la CEDEAO61(*). C'est donc
conformément à ces instruments juridiques que le mécanisme
de la CEDEAO a été mis en oeuvre.
Les conflits pris en compte par la CEDEAO sont de deux
ordres : les conflits mineurs et les conflits majeurs. Pour les premiers,
il s'agit des différends d'ordre politique, frontalier ou de prise de
position par les leaders politiques, pour les seconds, il s'agit des conflits
ethniques ou des implosions sociales ou politiques62(*).
Pour atteindre leur objectif, les Etats de la CEDEAO ont
créé une force armée multinationale, l'ECOMOG dont
l'une des principales missions est le maintien de la paix. L'ECOMOG est une
force opérationnelle qui a joué un rôle fondamental dans la
résolution des nombreux conflits sous-régionaux.63(*) Instrument militaire de
l'institution, L'ECOMOG intervient aussi bien en cas de conflit armé
à l'intérieur d'un Etat membre orchestré et soutenu de
l'extérieur et susceptible de compromettre la paix et la
sécurité de l'ensemble de la communauté, qu'en cas de
conflit entre deux ou plusieurs Etats membres et après échec des
tentatives de règlement pacifique64(*).
L'ECOMOG peut-il intervenir dans les conflits frontaliers
à l'instar du conflit de Bakassi ? Nous pensons que la
réponse est positive, car à la lecture des dispositions du
mécanisme, on se rend compte que le critère
prépondérant retenu pour une intervention est la menace à
la paix et la sécurité sous-régionale. La force
multinationale de la CEDEAO est chargée de la gestion collective de la
sécurité sous régionale65(*).
La CEDEAO fait donc recours à l'ECOMOG pour la gestion
et le règlement des conflits dans la sous région, mais en cas de
conflits armés, la CEDEAO aura recours à d'autres instruments
notamment l'appel à des missions d'intervention politique et militaire
étrangères.
Par leur nature, la CEDEAO est comme la CEMAC, un organe
essentiellement économique, mais à la différence de la
deuxième, la première est complétée par un
dispositif politique concrétisé par la signature d'un pacte de
défense et de non agression66(*) et a élaboré un mécanisme de
prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de
la paix et de la sécurité.
Cette dimension politique lui permet de servir de lieu au
règlement des conflits dans la sous région. L'absence d'un
mécanisme similaire dans la CEMAC a pour corollaire la
prolifération par de nombreuses crises qui affaiblissent davantage la
communauté d'où la nécessité d'une prudence pendant
le conflit de Bakassi.
SECTION II : UNE PRUDENCE LIEE A LA FAIBLESSE DES
ETATS DE LA CEMAC
L'adoption d'une position d'abstention pendant le conflit de
Bakassi se justifierait aussi par la faiblesse des Etats de la CEMAC. En effet,
l'institution communautaire était caractérisée de
nombreuses crises. Il fallait donc être prudent, car il devenait
risqué de prendre position dans un conflit aux enjeux énormes.
Les Etats de la CEMAC étaient affaiblis non seulement par de nombreuses
crises (paragraphe I) mais aussi par le leadership naturel du Nigeria
(paragraphe II)
Paragraphe I: L'affaiblissement des Etats de la CEMAC
par de nombreuses crises
Les Etats de la CEMAC sont comme la plupart des Etats de
l'Afrique, déchirés par de nombreuses crises qui affaiblissent
la communauté.
La totalité des pays de la sous- région sont
victimes de ces crises qui peuvent faire échec à toute politique
d'intégration67(*).
L'insécurité, créée par ces crises, recouvre en
Afrique Centrale des contours multiformes selon les pays, avec pour point
commun, néanmoins, l'extrême préoccupation qu'elle
engendre partout68(*). Les
Etats de la CEMAC sont victimes de nombreuses crises tant politiques (A) que
sociales (B).
A- Les crises politiques69(*) dans les Etats de la CEMAC
A la crise économique que connaissent les Etats de la
CEMAC, s'est s'ajoutée la crise politique dans la totalité des
Etats. Cette crise a révélé les faiblesses de ces nations
sur une forte centralisation des pouvoirs qui aura contribué à
renforcer au sein des Etats, les déséquilibres sociaux et
politiques menaçant les Etats à l'intérieur de leurs
propres frontières. En effet, au plan politique, le paradoxe est
qu'aucun Etat en Afrique en général et dans la zone CEMAC en
particulier n'a encore réalisé son unité
intérieure.
Au Cameroun, le pouvoir fait face à une crise de
légitimité. Cette crise est née depuis la
réinstauration du multipartisme en 1990. Depuis lors, le
« théâtre politique » est confus et
accaparé non pas par les partis politiques mais par les élites.
Face à la persévérance de la crise, l'Etat s'avère
incapable de l'enrayer, c'est pourquoi il a préféré
abandonner des régions entières pour s'occuper de sa propre
survie. On est arrivé à ce qu'il convient d'appeler avec G.
Courade « l'archipélisation » du territoire70(*). Cette crise de
légitimité s'accompagne des revendications notamment celle des
anglophones qui prônent la sécession. Si la question anglophone
est formulée en termes de « question
fédérale »71(*), son acuité ne s'estompe pas pour autant. En
effet, les régions du sud-ouest et de nord-ouest revendiquent
solidairement leur indépendance. Ces revendications ne datent pas
d'aujourd'hui ; elles ont été exprimées pour la
première fois le 11 février 1992 à occasion de la
première manifestation de l'ère pluraliste pour exiger
l'instauration du fédéralisme. Cette manifestation fut
organisée par le Cameroun anglophone. Ce mouvement tint à
Buéa, le 4 Juillet 1992, la première convention nationale et
adopta une importante résolution72(*). Initiée par les anglophones, la question
fédérale se généralisa, et fut soutenue dans la
zone francophone particulièrement par les partis politiques73(*).
Les revendications vont s'accroître à une vitesse
exponentielle par la création du Southern Cameroon National Council
(SCNC). Ces dernières se firent à travers les manifestations lors
desquelles les manifestants rejetèrent explicitement l'ordre
républicain actuel qui ne reconnaît que la République du
Cameroun, en dressant le drapeau de l'ancien Cameroun
fédéral74(*). La question fédérale est
motivée par le sentiment de frustration par rapport à la gestion
politique où les anglophones estiment être marginalisés.
Cette question portant atteinte à la paix sociale, à
l'intégrité et à la forme républicaine de l'Etat, a
énormément préoccupé le pouvoir politique. C'est
pourquoi ce dernier a procédé à de nombreuses
arrestations75(*) et
condamnations76(*).
Au Gabon, la crise politique résulte de la lutte pour
le pouvoir qui met en présence, sur le mode de l'affrontement
permanemment imminent, des ennemis de 30 ans77(*). Il s'agit d'une crise marquée par une
violence politique depuis 1993. En effet, jusqu'à présent, la
violence politique s'est manifestée sous la forme de la contestation de
l'ordre politique dominant et sous la forme de la violence pré et post
électorale. C'est surtout le soulèvement violent de la
région de Port-Gentil qui ouvre souvent un cycle d'agitation politique
au Gabon78(*). Le contexte
politique gabonais n'est pas trop loin du contexte de la Guinée
Equatoriale.
En Guinée Equatoriale, le contexte politique est
marqué par la contestation de la gestion des revenus pétroliers.
En effet, la découverte du pétrole a créé
d'importantes tensions internes et des réactions très vives de la
part des communautés locales, de plus en plus inquiètes de leur
marginalisation et de leur exclusion des droits d'accès aux ressources
et à la richesse nationale79(*). Certains membres de l'opposition critiquent
ouvertement la gestion patrimoniale du pétrole par le pouvoir. On estime
en effet que les revenus pétroliers sont détenus par 5% de la
population du pays, essentiellement les membres de l'entourage du
président de la République Théodoro Obiang Nguema80(*). Ces contestations vont
entraîner la naissance des mouvements séparatistes en
l'occurrence, le MAIB81(*)qui prône l'indépendance de l'île
de Bioko. Ce mouvement créa la terreur dans le pays en organisant
à plusieurs reprises des attaques dans de nombreuses villes plus
précisément les 21 janvier et 3 février 199882(*), attaques qui ont
causé la mort de militaires équatoguinéens83(*). Ces violences furent
précédées du coup d'Etat manqué de 1997
entraînant le doublement du personnel de l'armée et des services
de surveillance de la part du pouvoir équatoguinéen pour faire
face aux soi-disant oppositions84(*).
Ces différents actes témoignent de la crise qui
résulte de la contestation de la gestion politique.
De même au Congo Brazzaville, le contexte politique est
marqué par un conflit ayant opposé pendant des années,
plusieurs factions armées agissant pour le compte de politiciens de haut
rang à la conquête du pouvoir. Depuis 1993, trois éruptions
majeures de violence politique ont eu lieu en 1993-1994, 1997 et 1998 et ont
causé des nombreuses pertes humaines, de destructions et de pertes de
biens matériels85(*).Les Combats ont pris la forme des luttes partisanes,
articulées à des rivalités personnelles entre les leaders
politiques. Cette violence a eu de lourdes conséquences néfastes
au Congo Brazzaville, notamment la dégradation de la situation
économique, sociale et la montée en puissance des
idéologies religieuses et des croyances à la sorcellerie86(*). Cette crise a
considérablement affaibli le pays à l'image des mutineries en
RCA.
En République Centrafricaine, les crises ne sont pas
moindres. Depuis 1993, la RCA est plongée dans une crise
caractérisée par des discordes au sein de l'armée. Trois
ans après l'élection du président Ange Félix
Patassé, le pays va sombrer dans une série de mutinerie, d'une
partie de forces armées centrafricaines depuis avril 1996, aux
périodes suivantes : du 18 avril au 21 avril 1996, 18 au 28 mai
1996, 15 novembre 199687(*). Le conflit opposait les forces loyales aux mutins.
La dégradation de la situation a nécessité en 1997, le
déploiement d'une mission de paix dénommée mission
interafricaine de surveillance des accords de Bangui88(*). L'intervention de la mission
ne parviendra pas à éradiquer la crise. Elle sera
remplacée par la MINURCA (mission des Nations Unies pour le maintien de
la paix en Centrafrique), qui partira et sera remplacée par la force
multinationale de la CEMAC en 200289(*). Cette situation, encore d'actualité, de nos
jours en RCA, créée comme au Tchad, un malaise
généralisé dans le pays.
Enfin, le Tchad connaît une crise de confiance du
pouvoir caractérisé par le recul de l'Etat. Ce dernier est
confronté aux rebellions qui embrassent aussi bien le nord que le sud du
pays. Cette rébellion, est selon le pouvoir tchadien,
encouragée et soutenue par le Soudan voisin. Ces mouvements armés
au Tchad sont devenus la règle, et la paix l'exception90(*). En effet, la scène
politique tchadienne est dominée par des violents combats. On peut par
exemple citer ceux qui ont opposé les forces gouvernementales et le
mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad91(*). En 2007, les mouvements
rebelles au Tchad, ont manifesté leur volonté de destituer le
président Tchadien. Ceci crée l'insécurité dans le
pays entraînant un grand flux des réfugiés vers le Cameroun
notamment. Ces crises politiques92(*) s'accompagnent de crises sociales dans certains Etats
de la CEMAC.
B- Les crises sociales dans les Etats de la CEMAC
Plusieurs Etats de la CEMAC sont victimes des crises sociales
qui préoccupent les pouvoirs politiques. Ces crises résultent
très souvent des conflits qui opposent les tribus qui composent les
Etats et portent atteinte à la paix et la tranquillité des
populations.
Au Cameroun, on note le développement du grand
banditisme dans tout le pays, le phénomène des coupeurs de
route93(*) dans la partie
septentrionale du pays, le brigandage qui prend des proportions exponentielles
dans les grandes villes. Ces actes sont des phénomènes qui
hypothèquent gravement la paix sociale, et partant le
développement du pays. A côté de ces fléaux, il faut
ajouter le bouillonnement du champ social caractérisé par la
multiplicité des lignes d'affrontement,
béti-bamiléké, peul-kirdi, anglophone-francophone,
nordiste-sudiste. Ces lignes d'affrontement sont susceptibles d'engendrer la
haine des uns envers les autres et créer des conflits ethniques comme
c'est le cas en Guinée Equatoriale.
En Guinée Equatoriale, la gestion patrimoniale du
pétrole a engendré des tensions ethniques dans le pays entre les
bubi94(*) de l'île
de Bioko qui sont marginalisés et les Fang. Les tensions sont
nées des protestations pour l'obtention de meilleurs droits à la
richesse pétrolière, lesquelles sont souvent analysées
comme l'expression de leur opposition envers les Fang. Ces tensions sont
accessoires à la crise politique qui comme en RCA créent un
malaise dans le tissu social.
En RCA, les crises sociales résultent de la
pauvreté et sont gangrenées par la crise économique. Le
chômage des jeunes, la déscolarisation,
l'insécurité, sont des réalités têtues qui
renforcent le diagnostic sur « la décomposition de l'imperium
étatique en RCA95(*).
Au Tchad, le tissu social est profondément
secoué dans ses fondements par des rivalités entre
nordistes-sudistes, musulmans-chrétiens et animistes, arabe
choa-Gourane. Le pays connaît une espèce de dérive
ethno-régionale avec des replis identitaires sur fond de
repositionnement politique96(*).
Au Gabon on peut noter les violentes manifestations des
populations de ndolou au sud-est du pays qui revendiquent une meilleure
répartition des ressources.
De ce qui précède, il ressort que les Etats de
la CEMAC sont confrontés, chacun, à des problèmes
internes qui portent considérablement atteinte à la
sécurité dans la sous région. Ainsi, chaque Etat donne la
priorité à sa sécurité nationale. Ces crises au
sein des Etats membres de la CEMAC les affaiblissent et ne leur permet pas de
faire le poids avec le grand voisin le Nigeria.
Paragraphe II: L'affaiblissement des Etats de la
CEMAC par le leadership naturel du Nigeria
Le Nigeria a toujours été perçu comme le
leader « naturel » du Golfe de Guinée. C'est ainsi
que Abuja a été désigné par Washington pour faire
office de gendarme de la sous région97(*). Membre du conseil de paix et de
sécurité de l'UA et l'un des moteurs du NEPAD, le Nigeria est un
pilier de la CEDEAO. Son leadership dans le Golfe de guinée par rapport
aux Etats de la CEMAC se traduit par son poids démographique (A) et son
poids économique (B).
A- Le poids démographique du Nigeria
Le Nigeria est le pays le plus peuplé d'Afrique. Sa
population est estimée à plus de 120 millions d'habitants. Cette
population très forte est densément diversifiée. Elle est
établie sur une superficie de 923768 km². Cette forte population
rend le pays très puissant. Cette population permet au pays d'être
dynamique et de jouer un rôle influent dans l'Afrique en
générale et dans le Golfe de Guinée en particulier. La
population étant une source importante de richesse, elle permet au
Nigeria d'être un gigantesque pays par rapport à ses voisins
notamment ceux de la CEMAC et suscite des craintes de ces derniers par le
potentiel, humain et militaire, énorme du grand voisin.
Cependant contrairement au Nigeria, la CEMAC est sous
peuplée. En effet, la CEMAC a une superficie de 3020
144km²98(*). Il
s'agit pour certains d'une communauté micro régionale99(*) qui a 29 millions d'habitants.
La population cumulée des Etats de la CEMAC est considérablement
très inférieure à celle du Nigeria. La CEMAC est
constituée des Etats dont la puissance démographique est
très faible et disproportionnelle. La puissance démographique
cumulée du Gabon et du Congo par exemple est de 5 millions environ avec
une très faible densité au km²100(*) . Le Cameroun et le Tchad
sont les deux pays les plus peuplés de la CEMAC. Ces deux pays ont
environ 25 millions d'habitants et ont la plus forte densité
(20hbt/km²)101(*).
La Guinée Equatoriale quant à elle compte environ 1.014.999
répartit sur une superficie de 28.057 km² ayant une densité
de 36 habitants au km². La RCA a 4 millions d'habitants pour une
superficie de 623.000km²102(*).
La population des Etats de la CEMAC qui constitue la
population communautaire est largement inférieure à la population
du Nigeria. Cette infériorité a sans doute conduit les Etats de
la CEMAC à être prudent dans le conflit de Bakassi. Cette
infériorité des Etats de la CEMAC sur le plan
démographique s'accompagne de l'infériorité sur le plan
économique.
B- Le poids économique du Nigeria
Le Nigeria a un potentiel économique très
important en Afrique. Ce pays est le premier producteur du pétrole du
continent. Ce pétrole se trouve en grande partie dans le Delta du Niger.
Il joue donc grâce à cette situation un rôle important dans
l'économie de la sous région Afrique de l'Ouest et est le moteur
de l'intégration communautaire dans la CEDEAO.
Le Nigeria dispose d'un grand débouché. De
même, il a des débouchés dans le pays voisins. Il exporte
des marchandises vers les pays de la CEMAC. Il domine le marché en
Afrique. Au niveau des frontières des Etats, il existe des
marchés parallèles de change dominés par les
nigérians.
De même, l'économie nigériane est
supérieure à l'économie de la CEMAC. En effet, le
marché commun de la zone CEMAC est trop faible. L'objectif de la CEMAC
sur le plan économique est la constitution d'un marché unique de
plus de 30 millions d'habitants, sur un territoire représentant
1/10ème de la superficie de l'Afrique. Cet objectif n'est pas
encore atteint de nos jours. De même, les Etats de la CEMAC produisent
tous les mêmes produits vivriers103(*) et d'exportations104(*) qui réduisent considérablement la
compétitivité du marché commun sur le plan
économique et maintiennent les Etats de la CEMAC dans une situation de
dépendance vis-à-vis des pays étrangers et notamment le
Nigeria.
La force d'un Etat se manifeste à travers sa puissance
économique et humaine. Le Nigeria remplit ces conditions dans le golfe
de Guinée. Ces Etats de la CEMAC même réunies ne pourront
pas faire face à ce géant ; c'est pourquoi ils ont
préféré le silence à défaut de prendre
parti en faveur du Nigeria. Cette attitude a-t-elle eu des conséquences
sur la position individuelle des Etats ?
CHAPITRE II :
L'ATTITUDE INDIVIDUELLE DES ETATS DE LA CEMAC DANS LE
CONFLIT DE BAKASSI ENTRE NEUTRALITE ET ENGAGEMENT
Si sur le plan communautaire, les Etats
de la CEMAC ont adopté la même attitude, tel n'a pas
été le cas sur le plan individuel. Ici, en effet, les Etats ont
adopté des positions variées. Les uns ont opté pour la
neutralité alors que d'autres plus précisément la
Guinée Equatoriale a opté pour l'engagement dans le conflit en
faveur du Nigeria. A cette attitude participative de nature individuelle
(Section 2) la majorité des Etats a opposé une position de
neutralité (Section 1).
SECTION I : LA POSITION DE NEUTRALITE105(*) DE LA MAJORITE DES
ETATS
Pendant le conflit de Bakassi, tous les Etats de la
CEMAC, à l'exception de la Guinée Equatoriale, sont restés
neutres. C'est-à-dire qu'ils n'ont pris parti ni en faveur du Cameroun,
ni en faveur du Nigeria. Cette position de neutralité qui a donc
été la position dominante (paragraphe 1) pourrait avoir plusieurs
explications (paragraphe 2).
Paragraphe I : La neutralité, position
dominante de la majorité des Etats
Le Gabon, le Congo Brazzaville, la République
Centrafricaine et le Tchad ont fait profil bas pendant le conflit de Bakassi en
observant un étrange mutisme.
Ce silence à notre sens pourrait être
qualifié de neutralité, c'est-à-dire que les Etats
n'étant pas directement concernés par le conflit ont
préféré prendre du recul vis-à-vis des parties en
conflit le Cameroun et le Nigeria.
Très souvent, face à un conflit
interétatique, les Etats voisins et les autres Etats adoptent des
positions de neutralité active. Cette dernière consiste à
condamner les actes des différentes parties en conflit, à
proposer des solutions pacifiques pour la résolution des
différends, ou encore demander aux parties de respecter les engagements
pris dans la résolution diplomatique du conflit. A notre connaissance,
les Etats ci-dessus énumérés n'ont ni condamné les
agressions camerounaises par les troupes nigérianes, ni proposer la
résolution juridictionnelle devant la CIJ, ni demander aux parties de
respecter les engagements pris par eux dans la résolution diplomatique
du conflit de Bakassi. On comprend dès lors que ces Etats aient
adopté une neutralité passive qui se justifie par plusieurs
facteurs.
Paragraphe II : L'explication de la position de
neutralité adoptée par les Etats
L'adoption de la position de neutralité par la
majorité des Etats de la CEMAC pendant le conflit de Bakassi s'explique
par les relations peu conciliantes ou peu harmonieuses entre ces Etats et le
Cameroun. Le chef d'Etat Camerounais ne compte pas que des amis au Tchad, au
Congo Brazzaville ou en RCA. En fait le chef d'Etat Camerounais est
cerné par des voisins qui ne le portent pas tout en estime106(*). En effet les relations
entre le Cameroun et certains Etats de la CEMAC ne sont pas toujours au beau
fixe. Elles ont été entachées par des litiges opposant les
dirigeants, parfois elles sont teintées par des fléaux sociaux
qui sévissent dans les Etats ou à leurs frontières
communes. Ainsi, les relations sont difficiles entre le chef d'Etat camerounais
et les Chefs d'Etats gabonais et centrafricain107(*) (A).A cela on peut ajouter
l'existence des liens d'insécurité entre le Cameroun et le
Tchad (B).
A- Les relations difficiles entre le chef d'Etat
camerounais et les chefs d'Etat gabonais et centrafricain
Les liens personnels108(*) entre les chefs d'Etat peuvent avoir des
conséquences sur des relations entre leurs différents Etats.
Ainsi lorsque les liens entre les dirigeants sont au beau fixe, les Etats
entretiennent des relations conviviales. Cependant lorsque ces liens sont
tendus, les relations sont aussi difficiles et par conséquent l'un des
Etats peut rester neutre ou indifférent vis-à-vis de l'autre
lorsque celui-ci est en difficulté : les relations entre les chefs
d'Etat camerounais et ses homologues gabonais et centrafricain constituent une
parfaite illustration de cette situation. Les relations du Cameroun avec la
République Centrafricaine et avec le Gabon ne présentent pas de
contentieux majeurs mais elles ne sont pas empreintes d'une grande chaleur du
fait, parfois, des relations difficiles entre les chefs d'Etats respectifs de
ces pays.109(*)
Les relations entre le chef d'Etat Camerounais et son
homologue gabonais ont toujours été difficiles à cause de
l'orgueil de l'un et de l'autre. A plusieurs reprises, le président
gabonais Omar Bongo Odimba s'est ému dans les colonnes des journaux
panafricains basés à Paris, de la condescendance affichée
à son égard par son homologue camerounais. Dans l'une de ses
interviews, il avait déclaré en substance : « Je
me suis déjà rendu à plusieurs reprises à
Yaoundé, Paul Biya ne vient jamais chez moi. Je ne pars plus chez
lui »110(*).
Le chef d'Etat gabonais a même failli ne pas venir au Cameroun lors du
sommet France-Afrique organisé au Cameroun en 2001 n'eut
été la pression du Chef d'Etat Français de
l'époque, M. Jacques Chirac111(*). Le bras de fer qui existe entre ces deux chefs
d'Etat qui comptent parmi les plus anciens d'Afrique à leur poste serait
dû à la recherche du leadership sous régional. En effet, le
Gabon a toujours affiché ses prétentions de leadership112(*). Sa tactique, ces
dernières années, a consisté à s'associer au Congo
en vue de s'imposer comme le moteur de la CEEAC et de la CEMAC et en s'opposant
souvent aux projets communautaires initiés par le Cameroun113(*). Le Gabon remet donc en
cause le « leadership naturel et légitime » du
Cameroun au sein de la CEMAC. Pourtant, le Cameroun dispose de tous les atouts
lui permettant de s'imposer comme le leader de la CEMAC par rapport au
Gabon114(*).
S'agissant des relations entre le président camerounais
et son homologue centrafricain, elles restent aussi difficiles. Mais
contrairement au Gabon, ces relations ne reposent pas sur la recherche du
leadership sous régional, mais sur la gestion de
l'insécurité aux frontières consécutive aux actes
des coupeurs de route qui selon le Cameroun proviendraient de la RCA.
.
B- Les liens d'insécurité entre le Tchad et
le Cameroun
Le Cameroun et le Tchad n'ont pas de problèmes
frontaliers. Mais l'insécurité au Tchad a des incidences sur le
Cameroun. D'où l'existence des problèmes
d'insécurité115(*). Cette insécurité est entretenue aux
frontières par des actes de banditisme souvent conduit par des
mouvements de rébellion hostiles au pouvoir en place à
N'djamena116(*).
Les liens d'insécurité entre le Cameroun et le
Tchad sont alimentés par le phénomène du grand banditisme
et des coupeurs de route qui sont le fait des éléments de forces
armées tchadiennes et des ex-combattants qui se sont constitués
en faction dissidents ou de brigands d'origine camerounaise et /ou tchadienne.
Les filières de vol de voitures alimentées par le banditisme
urbain au Cameroun, les conflits ethniques au Cameroun entre les Kotoko et les
arabes Choa, repartis de part et d'autre, ces derniers traversent souvent le
Logone, fleuve qui sépare le Cameroun et le Tchad, pour porter main
forte à leurs frères au Cameroun117(*).
En outre, il faut noter que l'insécurité
à la frontière entre le Cameroun, le Tchad et la RCA
(Mbaïboum) rend davantage les relations entre ces trois Etats peu
conviviales. Les populations de cette zone sont victimes des coupeurs de route
et face à cette situation, les Etats ont adopté la politique de
fermeture des frontières nationales et pire encore, les Etats s'accusent
réciproquement, ce qui envenime de plus en plus les relations entre ces
Etats. En effet, le Cameroun accuse les tchadiens et les centrafricains de
couper la route sur son sol. Cette accusation entraîne une certaine
zénophobie et contribue à ériger les barrières au
niveau des mentalités. Il résulte des problèmes de
perception et de représentation que les uns ont vis-à-vis des
autres. Le complexe de supériorité et l'image négative
qu'ont les camerounais vis-à-vis de leurs voisins tchadiens et
centrafricains118(*)
rendent difficile les relations entre le Cameroun et les autres Etats et
portent atteinte à la fraternité et la solidarité entre
ces Etats.
Dans ce contexte, l'intégration régionale, dans
le cadre de la CEMAC marque le pas en raison des troubles sociaux dont
plusieurs Etats de la région sont le théâtre mais aussi des
craintes suscitées chez les pays voisins par une éventuelle
hégémonie du Cameroun119(*) entraînant dans certains cas l'adoption d'une
attitude de rupture entre les Etats, à l'instar de la Guinée
Equatoriale dans le conflit de Bakassi.
SECTION II : L'ATTITUDE PARTICIPATIVE DE LA GUINEE
EQUATORIALE
La Guinée Equatoriale n'a ménagé aucun
effort pour choisir son camp pendant la crise bilatérale entre le
Cameroun et le Nigeria. Très tôt en 1994, elle s'est
engagée dans le conflit, à la différence des autres Etats
de la CEMAC, non en faveur de son voisin de la communauté mais au
côté du Nigeria (paragraphe 1). Il s'agit là d'une attitude
de rupture justifiée par des multiples raisons (Paragraphe 2).
Paragraphe I : L'engagement de la Guinée
Equatoriale en faveur du Nigeria
A la différence des autres Etats de la CEMAC qui ont
préféré la neutralité, la Guinée Equatoriale
a choisi son camp. Elle s'est montrée comme un allié du Nigeria
à plusieurs reprises pendant le conflit. La Guinée a non
seulement formé avec le Nigeria un deal diplomaticostratégique
(A) mais aussi et surtout, elle s'est ralliée à la cause
nigériane devant la Cour Internationale de justice (B).
A- Le deal diplomaticostratégique entre la
Guinée Equatoriale et le Nigeria.
Face aux Etats en compétition120(*) la Guinée
Equatoriale, contre toute attente, va s'allier au Nigeria au détriment
du Cameroun. Ce ralliement se manifeste par l'entretien des relations
diplomatiques entre les deux Etats (1) d'une part et d'autre part par le
renforcement des contacts militaires (2).
1-Les relations diplomatiques entre la Guinée
Equatoriale et le Nigeria
A partir de 1994, soit un an après l'occupation manu
militari de la presqu'île de Bakassi, un intense ballet diplomatique
s'instaure entre les deux capitales nigériane et
équato-guinéene. Ces relations diplomatiques sont variées
et se font à deux niveaux : entre les épouses des chefs
d'Etats des deux pays et entre ces derniers même.
En effet madame Constancia Mangue épouse du chef d'Etat
équato-guinéen se rendra en visite officielle à Abuja au
courant des années 1994 et 1997 sur invitation de Madame Abacha
épouse du président nigerian. Dans la même lancée,
le président Equato-guinéen Téodoro Obiang Nguema Mbasogo
se rendra à Abuja et sera reçu les 3 et 4 juin 1998 et les 18 et
19 septembre 1998, respectivement par le chef d'Etat nigerian, le
général Sani Abacha et son successeur le général
Abdu Salami Abubakar. Ce dernier sera reçu à son tour à
Malabo les 21 et 22 avril 1999121(*). Ces multiples rencontres entre les deux chefs
d'Etats s'accompagnent des contacts au plan militaire.
2- Le renforcement des contacts au plan militaire
entre la Guinée Equatoriale et le Nigeria.
Les contacts militaires entre la Guinée Equatoriale et
le Nigeria se sont également renforcés pendant le conflit de
Bakassi, on a noté l'audience accordée par le président
équato-Guinéen au chef d'Etat Major de la Marine
Nigériane122(*).
Il était question lors de cette rencontre d'octroyer des
facilités militaires au Nigeria lui permettant ainsi de poursuivre son
encerclement militaire du Cameroun123(*).
Ces facilités ont été perçues
comme une menace pour la sécurité civile et économique du
Cameroun dans son flanc sud.124(*)Il est nécessaire de rappeler que la partie
insulaire de la Guinée Equatoriale où se trouve Malabo est celle
qui intéresse le plus le Nigeria, Malabo se trouvant à 10 minutes
de vol d'avion du port et des installations pétrolières de
Limbé125(*) .
Le Cameroun devait fortement s'inquiéter de ce deal
diplomaticostratégique entre les deux Etats. Mais la Guinée
Equatoriale ne va pas s'arrêter là, elle va rallier la cause
nigériane devant la Cour Internationale de Justice.
B- Le ralliement de la Guinée Equatoriale
à la cause Nigériane devant la Cour Internationale de
Justice126(*).
La Guinée Equatoriale est intervenue
devant la CIJ en faveur du Nigeria. Ses intentions étaient
claires : elle voulait apporter son soutien au Nigeria. En effet
dès 1995, elle a porté plainte contre le Cameroun motif pris de
ce que dans leur requête de 1995 auprès de la Cour, les
autorités camerounaises revendiquaient un territoire
équato-guinéen, la zone pétrolifère de Zafiro en
l'occurrence. Elle introduisit une autre requête en juillet 1999
auprès de la Cour demandant que ses intérêts soient pris en
considération dans le verdict qu'elle viendrait à rendre dans
l'affaire Bakassi. Pour les uns127(*), ces requêtes permettent à la
Guinée Equatoriale de devenir directement un acteur du conflit de
Bakassi. Pour les autres, la Guinée Equatoriale cherchait à
entrer de plein pied dans le litige et ne voulait pas être prise pour un
simple témoin128(*).
La préoccupation de la Guinée Equatoriale voire
son inquiétude se situe à la frontière maritime. C'est au
nom de la protection de ses intérêts vitaux qu'elle est
intervenue. Pendant le procès129(*) en effet, l'agent de la Guinée Equatoriale,
Ricardo Mangue Obama N'Fabé, faisant valoir les arguments de la
Guinée Equatoriale, estimait d'une part que « la position du
Cameroun devant la Cour Internationale de Justice est radicalement
différente de celle adoptée dans le cadre des relations
diplomatiques entre les trois Etats voisins et d'autre part que la
revendication maritime du Cameroun, dans le cadre d'un litige avec le Nigeria
porte préjudice aux intérêts de la Guinée
Equatoriale »130(*).
La Guinée Equatoriale soutenait aussi que la
délimitation de la frontière proposée par le Cameroun
empiéterait sur ses intérêts et que la décision de
la Cour, si elle faisait droit à la demande du Cameroun lui causerait
« un préjudice irréparable » et
entraînerait la plus grande confusion ».131(*)
Ainsi, la Guinée Equatoriale a demandé à
la Cour, de n'accorder aucun crédit à la position camerounaise.
A l'observation, on se rend compte que la Guinée
Equatoriale a repris les arguments développés par le Nigeria
devant les juges de la Cour Internationale de justice. C'est ce qui fera
d'ailleurs dire au Professeur Alain Pellet132(*) co-agent du Cameroun que la
« Guinée Equatoriale intervient dans cette affaire aux
côtés du Nigeria ; elle fait avec lui cause
commune »133(*).
La Guinée Equatoriale est donc apparue devant la Cour
Internationale de Justice comme un allié stratégique objectif du
Nigeria au détriment du Cameroun et non comme un tiers au procès.
Comment faut-il donc comprendre cette attitude de la Guinée Equatoriale
qui porte atteinte au Cameroun, Etat membre de la CEMAC comme elle?
Paragraphe II : Les justifications de l'attitude
de la Guinée
Plusieurs raisons ont été avancées pour
essayer de justifier la coopération active de la Guinée
Equatoriale et du Nigeria dans l'affaire Bakassi. Tantôt on a
avancé le nouveau statut de la Guinée Equatoriale
considérée comme un nouvel Etat riche, tantôt la
Guinée Equatoriale voulait déclasser le Cameroun, tantôt
elle voulait sanctionner le comportement condescendant du Cameroun à son
égard134(*).
A notre sens, la position de la Guinée Equatoriale se
justifie par des raisons à la fois stratégiques (A) et Politiques
(B).
A- Les raisons stratégiques
Sur le plan stratégique, l'attitude de la Guinée
Equatoriale pourrait se comprendre de deux manières. D'une part, on
peut penser que son alliance avec le Nigeria constituait un comportement
préventif destiné à empêcher une action militaire
nigériane unilatérale à la frontière commune entre
les deux Etats. La Guinée Equatoriale tentait ainsi d'endiguer la
reproduction du syndrome de Bakassi sur son territoire135(*). D'où son appui
diplomaticostratégique au Nigeria.
D'autre part, la Guinée Equatoriale prédisait
une probable victoire juridique du Nigeria et semblait ainsi s'allier avec le
bon camp. En outre, nous pensons que l'alliance de la Guinée Equatoriale
au Nigeria était une stratégie qui permettait de résoudre
le conflit qui les opposait (conflit de Zafiro). Il fallait donc gagner la
confiance du Nigeria en l'aidant à récupérer Bakassi afin
d'abandonner Zafiro.
Stratégiquement, le choix de Malabo était
judicieux car il neutralisait en quelque sorte le géant Nigéria
quelque soit l'issue du conflit.136(*) La Guinée Equatoriale a donc
opéré un rapprochement calculé avec le Nigeria137(*) qui n'occulte pas cependant
les raisons politiques.
B- Les raisons politiques
L'intervention138(*) de la Guinée Equatoriale dans le conflit de
Bakassi en faveur du Nigéria trouve sa justification aussi sur le plan
politique. En effet, les relations entre la Guinée Equatoriale et ses
voisins francophones (le Cameroun et le Gabon) ont toujours été
tendues. La tension entre ces Etats avait entraîné l'interruption
de la coopération entre la Guinée Equatoriale et ses voisins de
1976 à 1979139(*).
De même la Guinée Equatoriale s'est toujours
montrée hostile aux intérêts de la franceafrique. De 1936
à 1988, elle s'est rapprochée du Nigeria qui était
très montée contre l'influence française et qui
était ravi de briser l'encerclement des pays francophones. Ce
rapprochement entre la Guinée Equatoriale et le Nigeria se manifestait
par la multiplication des offres de coopération en direction de Malabo
avec un personnel technique d'entraînement et la proposition d'un pacte
de non agression et de défense avec le Nigeria en février
1987.
En outre, la coopération politique entre le Cameroun et
la Guinée Equatoriale n'a pas toujours été au beau fixe.
Il a existé des divergences sur la gestion du dossier des
réfugiés politiques. La Guinée Equatoriale a
condamné le Cameroun d'avoir accueilli sous l'ère M. Macias
Nguema, premier président du pays, 60 000 réfugiés
politiques équato-guinéens, en redoutant
l'insécurité réelle ou supposée
générée par ces réfugiés140(*).
Les problèmes politiques entre la Guinée
Equatoriale et le Cameroun se manifestent aussi par l'attitude de plus en plus
empreinte de méfiance de la Guinée Equatoriale à
l'égard du Cameroun, qui se matérialise par son soupçon de
complot et de déstabilisation politique de la part du Cameroun. Ce qui
s'est accompagné par l'adoption de la part de Guinée Equatoriale,
d'une politique anticamerounaise marquée par une série
d'expulsions des camerounais résidents en Guinée
Equatoriale.141(*)
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Le conflit de Bakassi a duré neuf années.
Pendant cette période, les parties en conflit se sont retrouvées
dans une rivalité diplomaticostratégique reposant sur un face
à face militaire sur le terrain et sur une vaste négociation
diplomatique, et sur un long et houleux échange des arguments devant la
Cour Internationale de Justice. Durant cette difficile épreuve, mus par
un souci de prudence d'une part, se fondant sur l'état de relations et
parfois sur la défense des intérêts d'autre part, les Etats
de la CEMAC ont laissé le Cameroun seul face au grand voisin le
Nigeria.
Collectivement, les Etats de la CEMAC se sont abstenus,
individuellement la plupart a préféré la
neutralité. Seule la Guinée Equatoriale a participé au
conflit en faveur du Nigeria. Si l'attitude collective et celle adoptée
par la majorité ne sont pas bénéfiques au Cameroun, celle
de la Guinée Equatoriale lui est préjudiciable. Cette
dernière a d'ailleurs fait l'objet de nombreuses critiques142(*).
De manière panoramique, l'attitude des Etats de la
CEMAC pendant le conflit de Bakassi a remis en cause la solidarité sous
régionale qui sera heureusement renforcée après le
conflit.
DEUXIEME PARTIE : L'ATTITUDE DES ETATS DE LA CEMAC
APRES LE CONFLIT DE BAKASSI
Le conflit de Bakassi a pris officiellement fin en 2002 avec
l'arrêt rendu par la CIJ le 10 octobre 2002143(*). Depuis cette date se pose
la question de savoir si les Etats de la CEMAC ont tiré les
leçons de ce conflit qui vient de s'achever. La réponse
à cette question n'est pas évidente. Si les Etats n'ont pas
explicitement évoqué le conflit de Bakassi pour
l'amélioration de la politique sécuritaire dans la CEMAC, il est
permis de penser que le conflit de Bakassi est pour beaucoup dans le changement
de leur attitude en matière de politique sécuritaire tant dans
les Etats membres qu'au delà de leurs frontières144(*). En parlant de
l'insécurité aux frontières, le président
camerounais affirmait :
« Nous ne devons pas laisser se développer
le long du Littoral, du Golfe de Guinée des zones où des bandes
armées font la loi, comme on l'a vu récemment à
Bakassi »145(*). Il s'agit ici des actes de rebelles liés aux
conséquences du conflit de Bakassi.
Le conflit de Bakassi a-t-il influencé la politique
sécuritaire de la CEMAC ? De manière générale,
nous pensons que la réponse à cette question est positive, car
tôt en 2003, il y a eu un revirement de l'attitude des Etats de la
communauté en ce qui concerne la sécurité dans la sous
région146(*).
Désormais les Etats se préoccupent de la sécurité
non seulement dans les frontières nationales mais aussi et surtout
au-delà de ces frontières. Cette préoccupation traduit
l'éveil des Etats de la CEMAC sur les questions de
sécurité dans la sous région (chapitre 1). Mais les
politiques adoptées par les Etats de manière
générale ne concourent pas à éradiquer
définitivement l'insécurité dans la sous région.
L'attitude des Etats de la CEMAC en faveur de la sécurité et la
paix dans la zone CEMAC s'avère donc limitée (chapitre 2).
CHAPITRE I :
L'EVEIL DES ETATS DE LA CEMAC SUR LES QUESTIONS
DE SECURITE DANS LA SOUS REGION
A partir de 2002, les questions relatives à la paix et
à la sécurité dans la zone CEMAC feront l'objet d'une
grande attention. La question de sécurité va évoluer. Les
Etats vont désormais se prononcer sur les problèmes
sécuritaires non seulement dans la zone CEMAC mais aussi et surtout sur
des questions de paix et de sécurité internationales147(*). L'engagement des Etats de
la CEMAC en faveur du maintien de la paix et de la lutte contre
l'insécurité se traduit par une prise de conscience sur les
problèmes de la sécurité interne des Etats (section 1) et
un souci de la sécurité transfrontalière (section 2).
SECTION I : LA PRISE DE CONSCIENCE DE LA SECURITE
INTERNE DES ETATS
L'insécurité qui règne dans la zone CEMAC
est devenue une préoccupation majeure des Etats membres. Ils sont
résolus désormais à prendre des mesures collectives pour
pouvoir y faire face. Ils s'investissent pour ramener la paix dans les Etats en
situation de crise. Ainsi fut organisée par exemple, en 2003, une
conférence extraordinaire des Chefs d'Etat et de
délégation pour examiner l'évolution de la situation en
République Centrafricaine148(*), puis la conférence extraordinaire des chefs
d'Etat de la CEMAC du 1er juin 2004 dont le but était
l'examen de la situation qui prévalait dans la sous
région149(*). Il
s'agissait pour les Etats de la CEMAC d'apporter leur appui et leur
contribution à la résolution des crises internes dans certains
Etats.
Cette lutte contre l'insécurité dans les Etats
passe par l'adoption des politiques communes (paragraphe 1) et dans certains
pays par le déploiement de la force multinationale de la CEMAC
(paragraphe 2).
Paragraphe I: L'adoption des politiques communes par
les Etats de la CEMAC
Les Etats de la CEMAC ont adressé des
encouragements150(*),
des remerciements151(*)
et des félicitations152(*) à certains chefs d'Etat pour leurs efforts
inlassables en faveur de la paix, de la sécurité et de la
stabilité dans la sous région. A cela s'ajoutent l'examen et la
condamnation des actes compromettant la sécurité nationale (A)
d'une part, et d'autre part, le soutien aux pays en situation de crise (B).
A- L'examen des situations dans les Etats membres et
la condamnation des actes compromettant la sécurité
intérieure
La situation qui prévaut dans certains Etats membres de
la CEMAC notamment la RCA et le Tchad préoccupe fortement les Etats de
la CEMAC. Dans la recherche des solutions, les chefs d'Etats ont jugé
nécessaire d'examiner les situations dans les Etats membres de la
communauté (1) avant de condamner les actes qui compromettent la
sécurité intérieure (2) dans ces Etats.
1- L'examen des situations dans les Etats membres de
la CEMAC
L'examen de la situation qui prévalait dans la sous
région fut l'objet de la conférence extraordinaire des chefs
d'Etat de la CEMAC à Libreville le mardi 1er juin
2004153(*). Lors de
cette conférence, les Chefs d'Etat et de gouvernement ont examiné
les situations créées par les récentes tentatives de
renversement des régimes politiques en Guinée
Equatoriale154(*) et au
Tchad. Pareillement, ils ont procédé à un examen de la
situation qui prévalait dans la sous région. Ici, les chefs
d'Etat et les chefs de délégation ont réaffirmé
avec détermination leur engagement à poursuivre toutes les
actions nécessaires pour garantir la sécurité, la paix et
la stabilité en Afrique Centrale. En outre, ils ont exprimé leur
préoccupation au regard de la répercussion de la crise du
Darfour, en Afrique Centrale plus précisément dans les
Républiques du Tchad et de Centrafrique. L'examen de la situation qui
prévalait dans la sous région en général et dans
certains Etats membres en particulier traduit une prise de conscience de la
nécessité de la sécurité par les Etats de la CEMAC
qui s'accompagne de la condamnation des actes compromettant la
sécurité intérieure des Etats.
2- La condamnation des actes
compromettant la sécurité intérieure des
Etats
Les Etats de la CEMAC se fondant sur la solidarité sous
régionale ont procédé à la condamnation des actes
compromettant la sécurité nationale de certains Etats membres. En
2004, par exemple, lors de la conférence extraordinaire des Chefs d'Etat
précitée, les chefs d'Etat et de délégation ont
unanimement condamné la tentative d'élimination du chef de l'Etat
du Tchad et la déstabilisation des institutions démocratiques
dans ce pays.
Cette condamnation sera réitérée en 2008
notamment lors de la 9ème conférence des chefs d'Etat
de la CEMAC tenue à Yaoundé du 23 au 25 juin 2008. En effet lors
de cette conférence, les Etats participant ont condamné avec
fermeté les attaques et les tentatives de déstabilisation du
Tchad155(*).
Ces condamnations traduisent un changement d'attitude des
Etats de la CEMAC après le conflit de Bakassi. Car pendant le conflit,
ces Etats n'avaient pas condamné les actes d'agression du Cameroun par
les troupes nigérianes.
Ces condamnations s'accompagnent, dans certains cas, du
soutien aux pays en situation de crise.
B- Le soutien aux Etats en situation de crise
La CEMAC a rompu avec sa vieille tradition
d'indifférence face aux pays en situation de crise. Désormais,
elle leur vient en aide en leur apportant son soutien. Le soutien dont
bénéficient les Etats est collectif et individuel.
Sur le plan collectif ou communautaire, la CEMAC a
décidé d'apporter son aide au Tchad et à la RCA lesquels
depuis quelques années, sont victimes des troubles. Le soutien
apporté par la CEMAC était à la fois moral, financier et
matériel. Pour permettre au Tchad de faire face au conflit du Darfour au
Soudan, la CEMAC a décidé que le Cameroun, le Congo, le Gabon et
la Guinée Equatoriale apportent une aide ponctuelle de deux milliards de
FCFA. Cette aide est destinée à l'assistance aux populations
tchadiennes frontalières du Soudan, pour leur permettre de faire face
aux effets de l'afflux massif des réfugiés du Darfour156(*).
De même en 2008, face à la tentative de
déstabilisation du Tchad par les mouvements rebelles, le 11 juin, la
CEMAC a décidé de l'octroi d'une aide financière et
matérielle au Tchad et a exhorté les pays amis et les
organisations internationales de lui venir en aide157(*).
En RCA, le soutien apporté à ce pays est plus
considérable au regard de la situation déplorable dans
laquelle l'Etat était plongé. En 2003, la CEMAC a organisé
une conférence extraordinaire des Chefs d'Etat et de
délégation158(*) dont l'objet était d'examiner
l'évolution de la situation dans cet Etat. Lors de cette
conférence, la Guinée Equatoriale a fait l'offre de contribuer
financièrement à la restructuration des forces armées
centrafricaines.
Sur le plan individuel, certains chefs d'Etat ont
décidé de manière unilatérale d'apporter leur
soutien à leur homologue dont le pays était en situation de
crise. Il en est ainsi du président gabonais et du président
congolais lesquels suite à la tentative de coup d'Etat en Guinée
Equatoriale en mars 2004, s'y sont rendus pour apporter leur soutien au
président Equato-Guinéen. Le président gabonais affirmait
« Nous, nous sommes fait inviter pour (...) apporter notre soutien au
président Obiang »159(*). Ce soutien est fondé sur la
solidarité qui est la base sur laquelle les Etats de la CEMAC ont
déployé une force multinationale en RCA.
Paragraphe II : Le déploiement de la force
multinationale par les Etats de la CEMAC
Après le retrait des deux forces internationales
déployées au moment des troubles politico-militaires
déclenchés en 1996, à l'occurrence la MINSAB160(*) et la MINURCA161(*), la CEMAC a
déployé sa force multinationale (FOMUC) créée le 02
octobre 2002162(*) pour
assurer la paix et la sécurité en Centrafrique. Elle devint
opérationnelle le 21 décembre 2002. Déployée en
RCA, cette force est composée des Etats de la CEMAC (A) et poursuit
des missions précises. (B).
A- La composition de la FOMUC
La FOMUC (Force Multinationale de la CEMAC) est
composée essentiellement des hommes ressortissants des Etats membres de
la CEMAC. Elle comprend un ensemble de personnels civils et militaires
évalués à trois cent quatre vingt hommes.
Le personnel militaire est réparti entre le Congo qui
a un détachement de 120 militaires, le Gabon avec un détachement
de 139 militaires, le Tchad avec un détachement de 121 militaires.
Le personnel civil quant à lui est composé de 38
personnes en majorité des centrafricains et ainsi que d'autres
ressortissants de la CEMAC.
Le personnel civil et militaire sera renforcé par
l'envoi et l'intégration dans ladite force d'un contingent de
l'armée tchadienne et d'instructeurs camerounais163(*).
A cela il faut ajouter le contingent camerounais de 119
éléments déployé les 22 et 23 mai 2008. Ce
renforcement a pour but de faciliter davantage l'accomplissement des missions
assignées à la force multinationale.
B- Les missions de la FOMUC
La force multinationale de la CEMAC en RCA, agissant en appui
des forces de sécurité et de défense centrafricaines est
investie de la mission de contribuer à la sécurisation de la
République centrafricaine, de contribuer à la restructuration des
forces armées centrafricaines (FACA), d'accompagner le processus de
stabilisation en soutenant la normalisation des institutions et la relance
économique.164(*)
Dans le cadre de ses missions, le mandat de la FOMUC
initialement prévu jusqu'au 30 juin 2005, et cantonné à
la capitale, sera l'objet de plusieurs prorogations jusqu' au 12 juillet
2008165(*) .Ce mandat
sera élargi au reste du pays avec pour nouvel objectif la
sécurisation de la République Centrafricaine.
Sur le plan pratique, les missions de la FOMUC sont de deux
ordres. Les missions liées au processus électoral et les missions
permanentes :
Pour les premières, il faut noter que la FOMUC a
joué un rôle prépondérant dans la mise en place d'un
niveau approprié de sécurité pour le
référendum constitutionnel de novembre 2004 et les
élections législatives et présidentielles de 2005.
Les missions accomplies dans ce cadre sont les
suivantes :
- le convoyage et la sécurisation du matériel de
recensement de la population, de l'habitat et des agents recenseurs à
l'intérieur du pays du 12 au 17 octobre 2004 ;
- le gardiennage du matériel électoral depuis
le 06 octobre 2004 ;
- le Convoyage du matériel nécessaire au
recensement préélectoral dans les régions nord et nord
ouest entre le 12 et le 17 octobre.
Pour les secondes, la FOMUC en a aussi accompli
plusieurs :
- elle a tenu l'aéroport MPOKO et a participé
à son contrôle en liaison avec le détachement
français de Boali ;
- elle a procédé de jour comme de nuit à
des patrouilles sur la totalité de la ville, tout en maintenant un
élément susceptible d'intervenir rapidement sur Bangui ;
- La force a procédé à la
sécurisation des axes de Bangui à raison d'une mission de
présence mensuelle sur un détachement d'une quarantaine d'hommes
dans un rayon de 200 km autour de Bangui, le plus souvent, parfois
jusqu'à 1000km (Bangoussou)166(*).
Les nombreuses missions de la FOMUC traduisent sans nul doute
l'efficacité de cette force en RCA. De même, le déploiement
de cette force a été salutaire. Le 12 juillet 2008, la force est
devenue la mission de consolidation de la paix en Afrique centrale (MINCOPAX)
et est passée sous l'autorité de la Communauté Economique
de l'Afrique Centrale (CEEAC). Ce transfert d'autorité de la CEMAC
à la CEEAC, à notre sens, risquerait de porter un coup aux
efforts de la CEMAC dans son initiative en faveur de la sécurité
transfrontalière .Car la CEEAC, contrairement à la CEMAC, est
une organisation qui n'est pas encore pleinement fonctionnelle.
SECTION II : LE SOUCI DE LA SECURITE
TRANSFRONTALIERE
L'insécurité galopante aux frontières de
certains Etats167(*) en
Afrique Centrale est devenue une préoccupation majeure des Etats de la
CEMAC. Ces Etats ont d'ailleurs compris que la lutte contre
l'insécurité transfrontalière dépasse la
compétence d'un seul Etat et fait appel à une véritable
synergie des forces étatiques et une croisade commune contre un mal qui
gangrène l'unité de la CEMAC et charançonne l'élan
d'intégration168(*). Les Etats de la sous région ont entrepris
des actions communes pour, sinon éradiquer complètement
l'insécurité transfrontalière, du moins l'endiguer. Ces
actions communes constituent des tentatives (paragraphe 1) à
côté desquelles l'on envisagera des perspectives pour
améliorer la sécurité transnationale (paragraphe 2).
Paragraphe I : Les tentatives des Etats de la
CEMAC dans la lutte contre l'insécurité
transfrontalière
L'insuffisance des efforts individuels dans la lutte contre
l'insécurité transfrontalière est comblée par la
prise des mesures collectives par les Etats. Ces derniers ont, à cet
effet, renforcé la coopération en matière de la
sécurité transfrontalière (A). Dans un cadre plus
restreint, les Etats ont organisé des rencontres tripartites, sur le
sujet de la sécurité (B).
A- Le renforcement de la coopération en
matière de sécurité transnationale par les Etats de la
CEMAC
Conscient que la paix et la sécurité
conditionnent de manière primordiale la stabilité et le
développement des pays membres, les hautes instances de la
communauté ont adopté un certain nombre de mesures tendant
à restaurer un climat de confiance dans la sous région.
En matière de sécurité transnationale,
les Etats membres ont entrepris une coopération appropriée en vue
de combattre efficacement cette criminalité transfrontalière qui
s'exprime de la manière la plus brutale avec le phénomène
de coupeurs de route, autrement appelés « Zarguina169(*) ». Le renforcement
de la coopération s'effectue sur le plan multilatéral (1) et
sur le plan bilatéral (2).
1- Le renforcement de la coopération
multilatérale
Le renforcement de la coopération dans la lutte contre
la criminalité passe par la réaffirmation, des Etats membres de
la CEMAC, de leur engagement en faveur de la coopération
judiciaire170(*).
C'était au cours de la 5ème conférence des
Chefs d'Etat et de gouvernement tenue à Brazzaville au Congo le 24
janvier 2004. Lors de cette rencontre au sommet en effet, deux textes devant
régir la coopération judiciaire ont été
adoptés. Il s'agit d'abord de l'accord de la coopération
judiciaire entre les Etats membres de la CEMAC adopté sur le
modèle de traité type d'entraide des Nations Unies171(*). Les mécanismes de
coopération judiciaire ont été mis sur pied par les Etats
membres de la communauté économique et monétaire d'Afrique
centrale pour concilier la nécessité d'intégration et
l'exigence de justice et de sécurité172(*). Il s'agit ensuite de
l'accord d'extradition lui aussi adopté sur le modèle de
traité type d'extradition des Nations Unies173(*).
Ces deux accords participent de la volonté
exprimée au plus haut niveau des Etats membres de lutter contre
l'insécurité transfrontalière afin de favoriser la libre
circulation dans la sous région. . La coopération judiciaire a
été instituée dans le but de lutter contre la
criminalité non seulement dans les Etats mais aussi et surtout la
criminalité transnationale.
Cette coopération judiciaire est une avancée
significative vers l'intégration politique comme le souligne un
auteur « the Judiciary cooperation, favours the rapprochement of
people and works for a better political cooperation ».174(*)
En outre, les Etats de la CEMAC175(*) se sont rencontrés
à Yaoundé le 30 et 31 janvier 2006 avec le Nigeria et l'Allemagne
dans le cadre de la rencontre préparatoire à la consultation sur
le networking pour la paix dans la sous-région Afrique Centrale
(CEMAC/Golfe de Guinée). Cette rencontre avait pour objectif de
contribuer plus efficacement à la prévention des conflits dans la
sous région. Les participants ont fait allusion à plusieurs
conflits parmi lesquels le conflit de Bakassi176(*). Cette coopération de la
société civile par son objectif se rapproche du but visé
par les Etats dans le renforcement de la coopération bilatérale.
2- Le renforcement de la coopération
bilatérale
Pour lutter contre l'insécurité dans la sous
région, les Etats d'Afrique centrale ont organisé en partenariat
avec le comité consultatif permanent des Nations Unies pour les
questions de sécurité en Afrique Centrale, un exercice
interarmé dénommé « Biyongo 2003 ».
Ces exercices militaires regroupaient des troupes des Etats membres de la CEEAC
et visaient le raffermissement des liens entre les différentes
armées, le perfectionnement des différents pays à faire
face aux crises humanitaires nécessitant l'assistance à une
population déplacée conformément aux principes de l'ONU,
la préparation efficace des armées à la politique de
gestion des crises avant le retour à l'ordre constitutionnel et
l'entraînement de la FOMAC au rôle qui lui est
dévolu177(*).
Cette opération bien qu'intervenant dans le cadre de la
CEEAC, regroupait en réalité les six Etats de la CEMAC et le
Burundi178(*). Elle a vu
la participation effective de tous les Etats membres de la CEMAC, contrairement
aux rencontres tripartites qui ne regroupent que quelques Etats.
B- L'organisation des rencontres tripartites entre les
Etats de la CEMAC
Les Etats voisins les plus concernés par
l'insécurité transfrontalière se sont résolus
à se pencher sur cette question embarrassante. Ils ont pris l'initiative
d'organiser les croisades contre l'insécurité
transfrontalière.
Déjà le 25 août 2005, le Cameroun, le
Tchad et la RCA avaient organisé une rencontre au cours de laquelle les
ministres en charge de la sécurité des différents Etats
ont fait de nombreuses recommandations : il s'agit entre autres :
- Sur le plan national, du renforcement des capacités
des forces de défense et de sécurité au niveau des
frontières ;
- Au niveau bilatéral, de l'intensification des
échanges d'informations sécuritaires et de renseignements ;
- La reprise des travaux et la réactivation des
commissions mixtes bilatérales sur les questions de
sécurité179(*) .
Dans le même ordre d'idées, sera tenue toujours
à Yaoundé le 20 juin 2008, à l'initiative du Bureau des
Nations Unies en République Centrafricaine (BONUCA) et de la commission
de la CEMAC, une réunion ministérielle de l'initiative tripartite
sur l'insécurité transfrontalière, organisée
conjointement par les gouvernements du Cameroun, de la République
Centrafricaine et du Tchad180(*). Avaient pris part à cette réunion les
ministres en charge de la sécurité des trois pays
concernés ou leurs représentants, le président de la
commission de la CEMAC et le représentant spécial du
Secrétaire général des Nations Unies en RCA.
Lors de cette rencontre181(*), les représentants des Etats ont approfondi
leur réflexion sur les causes profondes de l'insécurité
transfrontalière, passé, en revue la situation sécuritaire
dans leurs pays respectifs et ont fait le point sur la mise en oeuvre des
recommandations de l'initiative tripartite d'août 2005182(*).
Les rencontres tripartites au sein de la CEMAC traduisent le
souci des Etats de la CEMAC de combattre l'insécurité
transfrontalière, notamment par l'adoption d'une politique commune de
coopération transfrontalière en matière de lutte contre le
grand banditisme. Celui-ci sévit de manière endémique de
part et d'autre des frontières entre les Etats à l'occurrence le
Cameroun et le Tchad et le Cameroun et la RCA183(*).
Les rencontres tripartites comme leur nom l'indique, sont des
rencontres entre trois Etats, il sera donc préférable afin
d'atteindre son objectif de lutte contre l'insécurité
transfrontalière, de les étendre aux autres Etats de la
CEMAC184(*). Dans ce
sens, les participants de la rencontre de Yaoundé ont discuté de
l'opportunité d'ouvrir, le mécanisme tripartite non seulement aux
autres Etats de la CEMAC mais aussi et surtout de l'élargir à
l'ensemble des pays de la CEEAC185(*).
Cette initiative d'élargir le mécanisme
tripartite aux autres Etats de la sous région est certes louable mais
elle est insuffisante. Il faut envisager de nouvelles perspectives dans le
but de rendre plus efficace la lutte contre l'insécurité
transfrontalière.
Paragraphe II : Les perspectives en faveur de
l'amélioration de la sécurité
transfrontalière
Le souci pour la sécurité
transfrontalière a poussé les Etats à prendre plusieurs
initiatives pour essayer d'endiguer les actes qui la compromettent. Il faut
ajouter à cela le renforcement de l'engagement politique des Etats
membres (A) et de créer une coopération multilatérale sous
régionale (B) pour davantage rendre plus efficace la lutte contre ce
mal.
A- Le renforcement de l'engagement politique en
matière de sécurité transfrontalière
La tiédeur de l'engagement politique des Etats membres
de la CEMAC est un handicap pour l'intégration communautaire en
général et de la lutte contre l'insécurité en
particulier. Il est donc nécessaire, pour lutter contre
l'insécurité transfrontalière, d'un engagement politique
réel et soutenu des autorités de la CEMAC.
La volonté politique demeure la pierre angulaire de
tout processus régional d'intégration et de coopération,
sans laquelle rien de solide ne peut être entrepris. Il est par
conséquent impérieux de maintenir un engagement politique ferme,
réel et soutenu à l'égard des actions entreprises pour la
lutte contre l'insécurité dans la zone CEMAC.
Cet engagement doit se traduire sur le terrain par la
détermination et la matérialisation des frontières, la
mise en oeuvre des recommandations arrêtées dans le cadre de la
coopération et des différentes rencontres tripartites.
Allant plus loin, les Etats doivent renforcer les contacts au
plus haut niveau entre les autorités politiques voire créer une
coopération avec d'autres organisations voisines.
B- L'institution de la coopération
multilatérale sous régionale
La lutte efficace contre l'insécurité
transfrontalière pourrait aussi passer par l'institution d'une
coopération multilatérale régionale entre la CEMAC et les
autres institutions d'intégration communautaire voisines. Il s'agira ici
de mettre en place une synergie permettant de combattre les actes de
criminalité perpétrés aux frontières des Etats de
la CEMAC avec les Etats tiers. En effet, la CEMAC étant située en
Afrique centrale, partage des frontières avec plusieurs Etats
appartenant aux organisations d'intégration régionale voisines.
L'insécurité qu'il est question de combattre provient aussi
souvent des actes perpétrés à ces frontières
communes, ou alors des agissements dans les pays voisins mais qui ont des
répercussions dans la CEMAC. Cependant, les décisions prises dans
le cadre de la CEMAC ne peuvent être opposables aux autres organisations
d'où la nécessité de coopérer afin de trouver des
solutions communes qui engageraient les différentes parties186(*). La coopération entre
la CEMAC et la CEDEAO permettait, par exemple, de combattre
l'insécurité qui sévit à Bakassi187(*), face à laquelle la
CEMAC en général et le Cameroun en particulier sont
restés impuissants.
La coopération multilatérale régionale
s'inscrirait en droite ligne avec les objectifs du plan de Lagos. Ce dernier
vise en effet la création d'une institution africaine
d'intégration à vocation régionale. Elle pourrait
être aussi un cadre de résolution des problèmes frontaliers
entre les Etats de la CEMAC et ceux des autres régions188(*) . Elle serait d'un grand
intérêt pour les Etats de la CEMAC dont l'attitude en
matière de politique sécuritaire est jusqu'ici très
limitée.
CHAPITRE II :
LA LIMITATION DES ETATS DE LA CEMAC EN MATIERE DE
POLITIQUE SECURITAIRE
La sécurité collective commande la mise sur pied
des instruments solides et efficaces qui permettent de faire face aux
différents conflits pouvant surgir non seulement entre les Etats membres
mais aussi les conflits entre un Etat membre et un Etat tiers. Dans ce
dernier cas, les Etats peuvent partir de la définition d'une politique
commune jusqu'au déploiement d'une force militaire commune. Pour lutter
contre les troubles graves dans le pays, les Etats peuvent mettre en place des
instruments leur permettant d'intervenir ensemble en soutien à l'Etat
victime. Les Etats de la CEMAC ont signé des instruments juridiques en
l'occurrence le pacte de non agression, de solidarité et d'assistance
mutuelle189(*). Ce pacte
est précédé de la création d'un conseil de paix et
de sécurité en Afrique Centrale (COPAX) dans le cadre de la
CEEAC. Le COPAX est l'organe de régulation de la paix en Afrique
Centrale. Seulement, les Etats de la CEMAC sont restés timides quant
à l'application (section 1) de ces mécanismes de paix et de
sécurité existants.
En outre, ces instruments s'accompagnent dans la plupart des
organisations d'intégration communautaire de la mise en oeuvre des
instruments politiques et militaires qui ont pour but de prévenir, de
gérer et de régler les conflits dans la sous-région. Ces
instruments restent encore attendus dans la CEMAC, les Etats de la CEMAC
étant restés passifs quant à leur mise sur pied (section
2).
SECTION I : UNE TIMIDITE DES ETATS DE LA CEMAC
QUANT A LA MISE EN OEUVRE DES INSTRUMENTS DE PAIX EXISTANTS
Dans le but de renforcer la lutte contre les problèmes
liés à l'insécurité dans la sous région, les
Etats de la CEMAC ont mis sur pied des instruments notamment le pacte de non
agression, de solidarité et d'assistance mutuelle. S'ajoutent au conseil
de paix ces instruments juridiques et constituent désormais des
mécanismes de paix et de sécurité de la CEMAC. Les
ministres lors de la réunion de juin 2008 tenue à Yaoundé
190(*) ne manquaient
d'ailleurs pas de rappeler leur existence. Mais malheureusement, ces
instruments juridiques comme le COPAX sont encore ineffectifs.
Paragraphe I : L'ineffectivité des
instruments juridiques
Dans le souci de restaurer un climat favorable au
développement économique et social des Etats membres de la
communauté par le renforcement des liens de solidarité qui
existent déjà dans le respect de leur souveraineté
nationale, les Etats membres de la CEMAC ont signé le 28 janvier 2004
à Brazzaville le pacte de non agression, de solidarité et
d'assistance mutuelle.
Cette initiative des Etats de la CEMAC est louable, mais comme
la plupart des textes signés, le pacte attend encore sa mise en oeuvre
effective. En effet, après sa signature, les Etats n'ont pas
définis les modalités de son application. L'article 9 du pacte
dispose en effet que « les modalités d'application du
présent pacte seront précisées par un règlement du
conseil des ministres sur proposition du secrétariat exécutif de
la CEMAC ».
Quatre ans après sa signature le pacte n'est pas encore
entré en vigueur. Les Etats de la CEMAC ont-ils voulu suivre par l'effet
de mode, leur voisin de la CEDEAO ? Les Etats de la CEMAC ont
subordonné l'entrée en vigueur du pacte de non agression à
trente jours après le dépôt du dernier instrument de
ratification auprès de la République du Tchad.191(*) Ils n'ont cependant pas
procédé à la fixation de l'échéance pour le
dépôt de ces instruments. On peut craindre que ce pacte soit
relégué aux oubliettes ou entre en vigueur tardivement à
cause du manque de volonté politique des Etats membres.192(*) Le pacte de non agression
est ineffectif comme d'ailleurs le COPAX.
Paragraphe II : L'ineffectivité du
COPAX
Sous l'initiative du Cameroun, le COPAX a été
créée le 25 février 1999 lors de la réunion des
chefs d'Etats réunis à Yaoundé dans le cadre du
Comité consultatif permanent des Nations Unies sur les questions de
sécurité en Afrique Centrale. Ensuite, lors de leur sommet tenu
à Malabo le 26 juin 1999, les Etats ont décidé
d'intégrer le COPAX à la CEEAC193(*). Le COPAX est donc l'organe de concertation
politique et militaire des Etats membres de la CEEAC, chargé de la
promotion, du maintien et de la consolidation de la paix et de la
sécurité194(*).
Le COPAX est devenu l'organe spécial de gestion des
problèmes de paix et de sécurité dans la CEMAC195(*). Il est prévu dans le
cadre de cet organe, la création d'une force multinationale en attente
en Afrique Centrale (FOMAC). Comme cette dernière force, le COPAX depuis
sa création, est resté ineffectif jusqu'à nos jours.
Cette ineffectivité résulte d'un manque de volonté
politique (A) et des difficultés opérationnelles (B).
A- Le manque de volonté politique dans la mise en
oeuvre du COPAX.
Depuis sa naissance, le COPAX est demeuré totalement
non fonctionnel. Ceci à cause de l'égoïsme des dirigeants de
la sous région qui préfèrent engager des médiations
solitaires au détriment du collectif196(*). A la création du COPAX, il existait
déjà des divergences profondes entre les Etats de l'Afrique
Centrale à propos de l'ordre sécuritaire et du leadership en
Afrique Centrale. Ces désaccords ont existé tout d'abord entre
Yaoundé et Libreville d'une part, et d'autre part entre Yaoundé,
Luanda, Kampala et Kigali ensuite197(*).
D'abord entre Yaoundé et Libreville, il y a une
opposition de stratégies. Le président gabonais ayant
déjà conforté sa prééminence sur le plan
sécuritaire régional à travers le mécanisme
d'alerte rapide basé à Libreville s'est montré
réticent au projet camerounais de création du COPAX. Il s'est
également opposé au projet du Cameroun qui militait pour un COPAX
autonome quoique coopératif avec la CEEAC. En outre, entre le Cameroun
et le Gabon existent de fortes divergences sur le pays d'accueil du
COPAX198(*).
Ensuite entre Yaoundé et les autres capitales, le
désaccord était profond et durable. En effet, certains Etats
étaient opposés à l'idée de l'indépendance
du COPAX. Pour eux, il n'est pas question de créer un autre organe sous
régional ayant une structure administrative différente mais il
faut faire du COPAX le secrétariat technique du mécanisme
d'alerte rapide qui existait déjà199(*) . Par ailleurs plusieurs
Etats n'avaient pas répondu présents aux assises des 25 et 26
février 1999200(*).
C'est dire que le COPAX a émergé dans un
contexte politique peu propice qui était à coup sûr le
premier obstacle à son opérationnalisation201(*).
B- Les difficultés opérationnelles de mise en
oeuvre effective du COPAX
Les schémas de mise en forme du COPAX semblent à
priori d'une faible opérationnalité. Les Etats membres ont voulu
créer le COPAX sous le modèle de l'ECOMOG. Mais seulement ils ont
tenu à ce qu'aucun Etat ne le domine. Les Etats militent pour un COPAX
indépendant. Or, l'efficacité de l'ECOMOG repose en grande partie
sur l'implication hégémonique nigériane. Il en est de
même de la crédibilité militaro-politique de
l'OTAN202(*) qui est la
conséquence de la trop forte et visible présence des Etats-Unis
d'Amérique au sein de cette organisation.
La politique équilibrée prônée au
sein du COPAX semble à bien des égards un leurre
stratégique203(*). Pour remédier à ces
difficultés et rendre la mise en oeuvre du COPAX effective, il faut que
les Etats forts comme le Cameroun, qui en Afrique Centrale a des atouts
naturels, politiques et économiques, le prédisposant au
leadership sous-régional, s'impliquent davantage pour servir
de point d'impulsion, de la prévention, de la gestion et du
règlement des conflits à l'intérieur de la sous
région Afrique Centrale.
Depuis 2002, les efforts ont été entrepris dans
le sens de mise en oeuvre du COPAX. En Juin 2002, des règlements ont
été adoptés lors de la 10eme conférence
des chefs d'Etats et de gouvernement de Malabo. Puis la 11eme
conférence qui s'est tenue à Brazzaville en janvier 2004, a
avalisé les ratifications suffisantes pour que le protocole relatif
à l'établissement du COPAX puisse entrer en vigueur. Sa mise en
application est sans doute imminente contrairement à certains
instruments pour lesquels les Etats de la CEMAC sont restés passifs.
SECTION II : UNE PASSIVITE DES ETATS DE LA CEMAC
QUANT A LA MISE SUR PIED DES NOUVEAUX INSTRUMENTS DE PAIX DANS LA
CEMAC
Dans le cadre de la politique sécuritaire de la
communauté, les Etats de la CEMAC ont signé des instruments
juridiques qui ne sont pas encore opérationnels.
En ce qui concerne les instruments politiques et miliaires,
ces Etats sont restés muets. Ceci peut s'expliquer par la faible
coopération politique de la CEMAC et du rôle qui lui a
été assigné par ses fondateurs. Ces derniers n'ont pas
conféré à l'institution l'objectif de résolution
des conflits. C'est sans doute pourquoi les Etats n'ont pas
élaboré des mécanismes de prévention, de gestion et
de règlement de conflit. Sur ce point, les Etats de la CEMAC
s'éloignent des autres institutions africaines qui ont compris que la
résolution des conflits est un défi et qu'il était
impérieux de mettre en place des mécanismes y afférent,
car aucun développement économique ne peut être possible
dans une situation d'instabilité.
Autrement dit, l'intégration ne fonctionne pas avec les
conflits en général204(*). Que les Etats de la CEMAC l'aient compris ou pas,
une chose est sûre : ils n'ont ni les instruments de
prévention et de gestion des conflits (paragraphe 1) ni les instruments
de règlement de ces conflits au cas où ils éclateraient
(paragraphe 2).
Paragraphe I : En matière de
prévention et de gestion des conflits
Les Etats de la CEMAC ne se sont pas dotés des
instruments de prévention et de gestion de conflit dans la sous
région alors que la situation sécuritaire dans presque tous ces
Etats est précaire205(*). La prévention des conflits consiste à
mettre en place des stratégies visant à empêcher qu'un
différend ne dégénère en conflit ou qu'un conflit
n'éclate à nouveau206(*).
La gestion des conflits quant à elle consiste à
empêcher qu'une situation ne dégénère en conflit
armé et permet de trouver les voies et moyens afin que cette situation
ne s'aggrave.
Il est donc impérieux que les Etats de la CEMAC
mettent en place un mécanisme de prévention de gestion et de
règlement des conflits dans la sous région. Ils peuvent pour cela
se référer au mécanisme en vigueur à la
CEDEAO207(*) ou au
mécanisme du Caire208(*). Comme dans le mécanisme de la CEDEAO, le
mécanisme à organiser par la CEMAC pourrait, dans la
prévention des conflits définir des indicateurs facteurs de
conflit209(*) et
instituer un système d'alerte, sorte de sonnette d'alarme210(*), qui serait chargé de
collecter des informations sur les différents indicateurs cités
plus haut.
Dans la gestion des conflits, les Etats de la CEMAC
pourraient aussi se servir de l'exemple de la CEDEAO pour créer une
force d'interposition entre les parties au conflit. La force ainsi
créée, serait en même temps, un instrument de
résolution des conflits.
Paragraphe II : En matière de
règlement des conflits
La résolution ou le règlement des conflits est
un aspect important voire indispensable pour la réussite de
l'intégration sous régionale. Mais comme la prévention et
la gestion des conflits, les Etats de la CEMAC n'ont pas élaboré
un mécanisme y afférent. Pourtant les conflits dans la sous
région ne manquent pas. On peut citer à titre d'exemple le
conflit de Mbanié qui oppose le Gabon à la Guinée
Equatoriale à propos de l'Île de Mbanié depuis 1972.
Les Etats de la sous région Afrique Centrale n'ont ni
des instruments de règlement de conflit à l'intérieur des
Etats, ni entre les Etats membres, ni encore entre un Etat membre et un Etat
tiers.
Cette situation n'est pas avantageuse pour le
développement d'une intégration efficace. Ces Etats doivent,
s'ils veulent atteindre le projet d'intégration économique et
monétaire, véritablement y songer. La mise en oeuvre d'un
mécanisme de règlement des conflits est indispensable. Comme dans
la CEDEAO, les Etats doivent créer un conseil de médiation et de
sécurité qui serait chargé de prendre des décisions
urgentes en rapport avec les situations de crise ; un conseil de sage
serait aussi le bien venu dans la CEMAC. Ce dernier est la traduction au niveau
communautaire du mode traditionnel par lequel les palabres sont résolus
en Afrique.
La création d'une force multinationale à l'image
de l'ECOMOG est aussi nécessaire. Dans la résolution des conflits
internes, cette force pourrait être déployée en opposition
entre les parties en conflit. La force multinationale serait également
la force militaire commune de la communauté, que les Etats membres
pourraient déployer en cas d'agression extérieure d'un ou de
plusieurs Etats, pour faire face à l'ennemi. Quoi qu'il en soit, les
Etats de la CEMAC n'ont plus de choix, l'avenir de la CEMAC en dépend.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Après le conflit de Bakassi, un constat s'impose :
celui de l'évolution des attitudes des Etats de la CEMAC en
matière de sécurité dans la sous région. Ces Etats
se sont engagés et ont apporté leur soutien aux Etats en
situation de trouble.
Ont-ils tiré des leçons du conflit de
Bakassi ? Il est permis de le penser car quelques mois seulement
après le conflit, ils se sont résolus à déployer
une force d'interposition en RCA. Cette réaction traduit en quelque
sorte la préoccupation des Etats membres en faveur de la
sécurité sous régionale.
La politique ainsi adoptée jusqu'à
présent est certes louable mais apparaît tout de même
insuffisante pour garantir une solidarité, une paix et une
stabilité fiables et durables.
Il est donc indispensable, pour les Etats de la CEMAC de
consentir davantage d'efforts en appliquant les instruments de paix existants
et en se dotant de nouveaux afin de prévenir d'autres conflits dans la
communauté.
CONCLUSION GENERALE
Le conflit de Bakassi a pris fin en 2002 par l'arrêt de
la CIJ en date du 10 octobre 2002. Face à ce conflit, les Etats de la
sous région ont eu des attitudes variées. De l'abstention
collective, à la neutralité211(*) ou à la participation212(*) pendant le conflit, ces
Etats ont opposé après le conflit une attitude collective
reposant sur la solidarité, et l'assistance mutuelle.
Cette nouvelle attitude traduit l'éveil des Etats de la
CEMAC en faveur de la sécurité sous-régionale. Cependant,
cette prise de conscience soudaine se trouve limitée sans doute par une
faible dotation politique de la CEMAC. De nos jours, l'intégration
politique s'impose comme une nécessité sans laquelle le
développement économique n'a pas d'avenir.
Les efforts fournis par les Etats de la CEMAC après le
conflit de Bakassi en matière de sécurité sont certes
louables, mais encore insuffisants. Nous suggérons aux Etats de la
CEMAC de mettre le plus rapidement possible le pacte de non agression, de
solidarité et d'assistance mutuelle signé à Brazzaville le
28 janvier 2004. Ce pacte renforcera davantage leur intervention pendant les
situations de troubles dans les Etats membres et serait également le
fondement de leur intervention en cas de conflit interne ou en cas de conflit
opposant un Etat membre à un Etat tiers213(*). Ils doivent accompagner ces
instruments juridiques d'un mécanisme de prévention, de gestion,
et de règlement des conflits et du maintien de la paix. Ce
mécanisme est plus que jamais indispensable dans la CEMAC surtout si
l'on ne perd pas de vue que les Etats se trouvent dans un environnement
incertain en proie à toute sorte de tension.
Pour y arriver, ils peuvent copier l'exemple de la CEDEAO ou
encore de la CDAA214(*).
En outre, le conflit de Bakassi était consécutif
à une contestation de frontières, il est donc impérieux
pour les Etats de la CEMAC, en attendant de doter la CEMAC d'un rôle
politique, de redoubler de vigilance et de prudence sur les frontières
avec les Etats voisins, car si les frontières et les zones
frontalières ne continuent pas de bénéficier d'une
attention particulière, il y a lieu de craindre pour demain, et pour les
Etats de la CEMAC d'autres conflits frontaliers du genre conflit de
Bakassi215(*).
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adopté le 24 janvier 2004 à Brazzaville
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Brazzaville
Pacte de non agression, de solidarité et d'assistance
mutuelle entre les Etats membres de la CEMAC signé le 28 janvier 2004
à Brazzaville
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ANNEXES
1- Extrait de l'arrêt de la CIJ du 10 octobre 2002 relatif
à l'intervention de la Guinée Equatoriale
2- Le dispositif complet de l'arrêt de la CIJ du 10
octobre 2002
3- Pacte de non agression, de solidarité et d'assistance
mutuelle entre les Etats membres
de la CEMAC du 28 janvier 2004 (Pacte CEMAC).
ANNEXE I : Extrait de l'arrêt de la CIJ du
10 octobre 2002 relatif à l'intervention de la Guinée
Equatoriale
284. Ayant déjà examiné la nature, le but
et les effets de l'intervention de la Guinée Equatoriale (voir
paragraphe 227 à 238 ci-dessus), la Cour va maintenant résumer
brièvement les arguments de cet Etat concernant le tracé de la
frontière maritime entre le Cameroun et le Nigéria. La
Guinée équatoriale prie en substance la Cour de
« s'abstenir de délimiter une frontière maritime entre
le Nigéria et le Cameroun dans une zone plus proche de la Guinée
équatoriale que des parties à l'instance », et de
s'abstenir également « d'émettre une quelconque
appréciation susceptible de porter préjudice à [ses]
intérêts dans le cadre de [ses] négociations relatives aux
frontières maritimes avec [ses] voisins ». La Guinée
équatoriale demande que la frontière qui sera fixée par la
Cour n'empiète en aucun cas sur la ligne d'équidistance entre ses
propres côtes et celles du Cameroun et du Nigéria, laquelle serait
selon elle, « une expression raisonnable de ses droits et
intérêts d'ordre juridique qui ne doit pas être
transgressée dans des procédures [auxquelles elle] n'est pas
partie ». La Guinée équatoriale souligne que si la
décision de la Cour dans la présente affaire devait impliquer un
tel empiètement, cela lui causerait « un préjudice
irréparable ».et « entraînerait la plus grande
confusion », malgré la protection offerte par l'article 59 du
Statut de la Cour.
La Guinée équatoriale formule un certain nombre
de critiques précises à l'encontre de la « la ligne
équitable » proposée par le Cameroun, dont elle
déclare par ailleurs n'avoir eu connaissance qu'en décembre 1998.
La Guinée équatoriale fait valoir que lors de négociations
antérieures, le Cameroun a toujours considéré la ligne
médiane comme constituant la frontière entre leurs zones
maritimes respectives et que cela est d'ailleurs confirmé par la
pratique pétrolière des deux Etats. Or, selon la Guinée
équatoriale, la ligne équitable du Cameroun empiète non
seulement sur la ligne d'équidistance entre les deux Etats, mais encore
sur la ligne d'équidistance entre la Guinée équatoriale et
le Nigéria ; en outre, cette ligne ne tient pas compte de la
pratique pétrolière considérable des trois pays. La
Guinée équatoriale affirme que si la Cour acceptait la ligne
proposée par le Cameroun, il n'y aurait même plus de
frontière maritime entre la Guinée équatoriale et le
Nigéria, ni, partant, de tripoint entre les trois pays, alors que le
Cameroun, lors de négociations antérieures avec la Guinée
équatoriale et dans sa propre législation, a toujours reconnu
l'existence de ce tripoint.
Pour la Guinée équatoriale, faire droit
à la ligne du Cameroun reviendrait à enclaver complètement
l'île de Bioko. Enfin, la Guinée équatoriale se
réfère au traité du 23 septembre 2000 portant
délimitation de sa frontière maritime avec le
Nigéria : tout en reconnaissant que le Cameroun ne peut être
lié par ce traité (res inter alios acta), elle affirme
que, de même il ne peut chercher à tirer bénéfice.
Par conséquent, le Cameroun n'est pas en droit de faire jouer comme
circonstance, à l'appui de ses revendications à l'encontre du
Nigéria, le fait que la zone maritime attribuée au Nigéria
en vertu de ce traité s'étende jusqu'à des eaux
situées du côté équato-guinéen de la ligne
médiane.
ANNEXE II : Le dispositif complet de l'arrêt
du 10 octobre 2002
Par ces motifs,
LA COUR,
I. A) Par quatorze voix contre deux,
Décide que la frontière entre la
République du Cameroun et la République fédérale du
Nigeria dans la région du lac Tchad est délimitée par la
déclaration Thomson-Marchand de 1929-1930, telle qu'incorporée
dans l'échange de notes Henderson-Fleuriau ;
POUR : M. Guillaume, président ; M. Shi,
vice-président ; MM. Oda, Ranjeva, Herczegh, Fleischhauer, Mme
Higgins, MM. Parra-Aranguren, Kooijmans, Rezek, Al-Khasawneh, Buergenthal,
Elaraby, juges ; M. Mbaye, juge ad koc ;
CONTRE : M. Koroma, juge ; ajibola,
juge ad hoc ;
B) Par quatorze voix contre deux,
Décide que le tracé de la frontière entre
la République du Cameroun et la République fédérale
du Nigeria dans la région du lac Tchad est le suivant :
A partir d'un tripoint situé dans le lac Tchad par
14°04' 59''9999 de la longitude est et 13° 05' de la latitude nord,
la frontière suit une ligne droite jusqu'à l'embouchure de la
rivière Ebedji, située par 14° 12' 12''de longitude est et
12° 32' 17'' de latitude nord, pour ensuite rejoindre en ligne droite la
bifurcation de la rivière Ebedji, en un point situé par 14°
12' 03'' de longitude est et 12° 30' 14'' de latitude nord ;
POUR : M. Guillaume, président ; M. Shi,
vice-président ; MM. Oda, Ranjeva, Herczegh, Fleischhauer, Mme
Higgins, MM. Parra-Aranguren, Kooijmans, Rezek, Al-Khasawneh, Buergental,
Elaraby, juges ; M. Mbaye, juge ad hoc ;
CONTRE : M. Koroma, juge ; ajibola,
juge ad hoc ;
II. A) Par quinze voix contre une,
Décide que la frontière terrestre entre la
République du Cameroun et la République fédérale du
Nigeria est délimitée, depuis le lac Tchad jusqu'à la
presqu'île de Bakassi, par instruments suivants :
i) de la bifurcation de la rivière
Ebedji jusqu'au mont Tamnyar, par les paragraphes 2 à 60 de la
déclaration Thomson-Marchand de 1929-1930, telle qu'incorporée
dans l'échange de notes Henderson-Fleuriau de 1931 ;
ii) du mont Tamnyar jusqu'à la borne
64 mentionnée à l'article XII de l'accord anglo-allemand du 12
avril 1913, par l'ordre en conseil britannique du 2 août 1946 ;
iii) de la borne 64 jusqu'à la
près qu'île de Bakassi, par les accords anglo-allemands des 11
mars et 12 avril 1913 ;
POUR : M. Guillaume,
président ; M. Shi, vice-président ; MM. Oda, Ranjeva,
Herczegh, Fleischhauer, Mme Higgins, MM. Parra-Aranguren, Kooijmans, Rezek,
Al-Khasawneh, Buergental, Elaraby, juges ; M. Mbaye, juge ad hoc ;
CONTRE : M. Koroma, juge ;
B) A l'unanimité,
Décide que ces instruments doivent être
interprétés de la manière exposée aux paragraphes
91, 96, 102, 114, 119, 124, 129, 134, 139, 146, 152, 155, 160, 168, 179, 184 et
189 du présent arrêt ;
III. A) Par treize voix contre trois,
Décide que la frontière entre la
République du Cameroun et la République fédérale du
Nigeria à Bakassi est délimitée par les articles XVIII
à XX de l'accord anglo-allemand du 11 mars 1913 ;
POUR : M. Guillaume,
président ; M. Shi, vice-président ; MM. Oda, Ranjeva,
Herczegh, Fleischhauer, Mme Higgins, MM. Parra-Aranguren, Kooijmans,
Al-Khasawneh, Buergental, Elaraby, juges ; M. Mbaye, juge ad hoc ;
CONTRE : M. Koroma, Rezek, juges ;
M. Ajibola, juge ad hoc ;
B) Par treize voix contre trois,
Décide que la souveraineté sur la
presqu'île de Bakassi est camerounaise ;
POUR : M. Guillaume,
président ; M. Shi, vice-président ; MM. Oda, Ranjeva,
Herczegh, Fleischhauer, Mme Higgins, MM. Parra-Aranguren, Kooijmans,
Al-Khasawneh, Buergental, Elaraby, juges ; M. Mbaye, juge ad hoc ;
CONTRE : M. Koroma, Rezek, juges ;
M. Ajibola, juge ad hoc ;
C) Par treize voix contre trois,
Décide que la frontière entre la
République du Cameroun et la République fédérale du
Nigeria suit le thalweg de la rivière Akpakorum (Akwayafè), en
séparant les îles Mangrove près d'Ikang de la
manière indiquée sur la carte TSGS 2240, jusqu'à une ligne
droite joignant Bakassi Point et King Point ;
POUR : M. Guillaume,
président ; M. Shi, vice-président ; MM. Oda, Ranjeva,
Herczegh, Fleischhauer, Mme Higgins, MM. Parra-Aranguren, Kooijmans,
Al-Khasawneh, Buergental, Elaraby, juges ; M. Mbaye, juge ad hoc ;
CONTRE : M. Koroma, Rezek, juges ;
M. Ajibola, juge ad hoc ;
IV. A) Par treize voix contre trois,
Dit, après examen de la huitième exception
préliminaire du Nigeria dont elle a déclarée, par son
arrêt du 11 juin 1998, qu'elle n'avait pas, dans les circonstances de
l'espèce, un caractère exclusivement préliminaire, que la
Cour est compétente pour connaître des demandes dont elle a
été saisie par la République du Cameroun en ce qui
concerne la délimitation des zones maritimes relevant respectivement de
la République du Cameroun et de la République
fédérale du Nigeria, et que ces demandes sont
recevables ;
POUR : M. Guillaume,
président ; M. Shi, vice-président ; MM. Ranjeva,
Herczegh, Fleischhauer, Mme Higgins, MM. Parra-Aranguren, Kooijmans, Rezek,
Al-Khasawneh, Buergental, Elaraby, juges ; M. Mbaye, juge ad hoc ;
CONTRE : MM. Oda, M. Koroma,
juges ; M. Ajibola, juge ad hoc ;
B) Par treize voix contre trois,
Décide que, jusqu'au G mentionné ci-dessous, la
limite des zones maritimes relevant respectivement de la République du
Cameroun et de la République fédérale du Nigeria suit le
tracé suivant ;
- partant du point d'intersection entre le milieu du chenal
navigable de la rivière Akwayafè et la ligne droite joignant
Bakassi point et King Point indiquée au point IIIC) ci-dessus, la limite
suit la « ligne de compromis » tracée conjointement
par les chefs d'Etat du Cameroun et du Nigeria à Yaoundé le 4
avril 1971 sur la carte n° 3433 de l'Amirauté britannique
(déclaration de Yaoundé II) et passant par douze points
numérotés, dont les coordonnées sont les
suivantes :
Longitude Latitude
Point1 : 8° 30' 44'' E, 4° 40' 28'' N
Point 2: 8° 30' 00'' E, 4° 40' 00'' N
Point 3 : 8° 28' 50''E, 4° 39' 00'' N
Point 4: 8° 27' 52'' E, 4° 38' 00'' N
Point 5: 8° 27' 09'' E, 4° 37' 00'' N
Point 6: 8° 26' 36'' E, 4° 36' 00'' N
Point 7: 8°26' 03'' E, 4° 35' 00'' N
Point 8: 8° 25' 42'' E, 4° 34' 18'' N
Point 9: 8° 25' 35' E,' 4° 34' 00'' N
Point 10: 8° 25' 08''E, 4° 33' 00'' N
Point 11: 8° 24' 47''E, 4° 32' 00'' N
Point 12: 8° 24' 38''E, 4° 31' 26'' N;
- à partir du point 12, la limite suit la ligne
adoptée dans la déclaration signée par les chefs d'Etat
du Cameroun et du Nigeria à Maroua le 1er juin 1975
(déclaration de Maroua), telle que modifiée par l'échange
de lettres entre lesdits chefs d'Etat des 12 juin et 17 juillet 1975 ;
cette ligne passe par les points A à G dont les coordonnées sont
les suivantes :
Longitude Latitude
Point A : 8° 24' 24'' E 4° 31' 30''
N
Point A1 : 8° 24' 24''E 4° 31' 20'' N
Point B : 8° 24' 10'' E 4° 26' 32''
N
Point C : 8° 23' 42''E 4° 23' 28''
N
Point D : 8° 22' 41''E 4° 20' 00''
N
Point E : 8° 22' 17''E 4° 19' 32'' N
Point F : 8° 22' 19''E 4° 18' 46''
N
Point G : 8° 22' 19''E 4° 17' 00''
N ;
POUR : M. Guillaume,
président ; M. Shi, vice-président ; MM. Oda, Ranjeva,
Herczegh, Fleischhauer, Mme Higgins, MM. Parra-Aranguren, Kooijmans,
Al-Khasawneh, Buergental, Elaraby, juges ; M. Mbaye, juge ad hoc ;
CONTRE : M. Koroma, Rezek, juges ;
M. Ajibola, juge ad hoc ;
C) A l'unanimité,
Décide que, à partir du point G, la limite des
zones maritimes relevant respectivement de la République du Cameroun et
de la République fédérale du Nigeria suit une ligne
loxodromique ayant un azimut de 270° jusqu'à la ligne
d'équidistance qui passe par le milieu de la ligne joignant West Point
et East Point ; la limite rejoint cette ligne d'équidistance en un
point X de coordonnées 8° 21' 20'' de longitude est et 4° 17'
00'' de latitude nord ;
D) A l'unanimité,
Décide que, à partir du point X, la limite des
zones maritimes relevant respectivement de la République du Cameroun et
de la République fédérale du Nigeria suit une ligne
loxodromique ayant un azimut de 187° 52' 27'' ;
V. A) Par quatorze voix contre deux,
Décide que la République fédérale
du Nigeria est tenue de retirer dans les plus brefs délais et sans
condition son administration et ses forces armées et de police des
territoires relevant se la souveraineté de la République du
Cameroun conformément aux points I et III du présent
dispositif ;
POUR : M. Guillaume,
président ; M. Shi, vice-président ; MM. Oda, Ranjeva,
Herczegh, Fleischhauer, Mme Higgins, MM. Parra-Aranguren, Kooijmans, Rezek,
Al-Khasawneh, Buergental, Elaraby, juges ; M. Mbaye, juge ad hoc ;
CONTRE : M. Koroma, juge ; M.
Ajibola, juge ad hoc ;
B) A l'unanimité,
Décide que la République du Cameroun est tenue
de retirer dans les plus brefs délais et sans condition toutes
administration ou forces armées ou de police qui pourraient se trouver
sur des territoires relevant de la souveraineté de la République
fédérale du Nigeria conformément au point II du
présent dispositif. La République fédérale du
Nigeria a la même obligation en ce qui concerne les territoires relevant
de la souveraineté de la République du Cameroun
conformément au point II du présent dispositif ;
C) Par quinze voix contre une,
Prend acte de l'engagement pris à l'audience par la
République du Cameroun, par lequel celle-ci affirme que,
« fidèle à sa politique traditionnellement accueillante
et tolérante », elle « continuera à assurer
sa protection aux nigérians habitant la péninsule
de [Bakassi] et [à ] ceux vivant dans la région du
lac Tchad » ;
POUR : M. Guillaume, président ; M. Shi,
vice-président ; MM. Oda, Ranjeva, Herczegh, Fleischhauer, Koroma,
Mme Higgins, Kooijmans, Rezek, Al-Khasawneh, Buergental, Elaraby,
juges ; M. Mbaye, M. Ajibola, juges ad hoc ;
CONTRE : MM. Parra-Aranguren ;
D) A l'unanimité,
Rejette le surplus des conclusions de la République du
Cameroun concernant la responsabilité internationale de la
République fédérale du Nigeria ;
E) A l'unanimité,
Rejette les demandes reconventionnelles de la
République fédérale du Nigeria.
Fait en français et en anglais, le texte
français faisant foi, au Palais de la Paix, à la Haye, le dix
octobre deux mille, en quatre exemplaires, dont l'un restera
déposé aux archives de la Cour et les autres seront transmis
respectivement au Gouvernement de la République du Cameroun, au
Gouvernement de la République fédérale du Nigeria et au
Gouvernement de la République de Guinée équatoriale.
Le président,
(Signé) Gilbert GUILLAUME.
Le greffier,
(Signé) Philippe COUVREUR.
M. le juge ODA joint une déclaration à
l'arrêt, M. le juge RANJEVA joint à l'arrêt l'exposé
de son opinion individuelle ; M. le juge HERCZEGH joint une
déclaration à l'arrêt ; M. le juge KOROMA joint
à l'arrêt l'exposé de son opinion dissidente ; M. le
juge PARRA-ARANGUREN joint à l'arrêt l'exposé de son
opinion individuelle ; M. le juge REZEK joint une déclaration
à l'arrêt ; M. le juge AL-KHASAWNEH et M. le juge ad hoc
MBAYE joignent à l'arrêt les exposés de leur opinion
individuelle ; M. le juge ad hoc AJIBOLA joint à l'arrêt
l'exposé de son opinion dissidente.
(Paraphé) G.G
(Paraphé) Ph. C.
_________________
ANNEXE III : Pacte de non agression, de
solidarité et d'assistance mutuelle entre les Etats membres de la CEMAC
du 28 janvier 2004(Pacte CEMAC).
Le Gouvernement de la République du Cameroun ;
Le Gouvernement de la République
Centrafricaine ;
Le Gouvernement de la République du Congo ;
Le Gouvernement de la République Gabonaise ;
Le Gouvernement de la République de Guinée
Equatoriale ;
Le Gouvernement de la République du Tchad ;
Considérant le Traité
instituant la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique
Centrale (CEMAC) et les textes subséquents ;
Convaincus que la Paix et la
Sécurité conditionnent de manière fondamentale la
stabilité et le développement économique des pays membres
pris individuellement et collectivement ;
Résolus à instaurer un climat
favorable au développement économique et social des pays membres
de la Communauté par le renforcement des liens de solidarité qui
existent déjà dans le respect de leur souveraineté
nationale ;
Conviennent de conclure entre leurs Etats le Pacte de
non Agression, de Solidarité et d'Assistance Mutuelle dont la teneur
suit :
Article 1er- Définitions
Au sens du présent Pacte, on entend par :
- Conférence des Chefs d'Etat, la
Conférence des Chefs d'Etat de la CEMAC ;
- Agression, l'emploi de la force
armée contre la souveraineté, l'intégrité
territoriale ou l'indépendance politique d'un autre Etat, ou de toute
autre manière incompatible avec la Charte des Nations Unies ou l'Acte
Constitutif de l'Union Africaine ;
- Agression Externe, toute agression contre
un Etat partie émanant d'un Etat tiers ;
-Trouble grave, toute menace ou fait de
nature à mettre en péril la paix et la sécurité
ainsi que les institutions légalement établies d'un Etat partie
ou à porter préjudice à la stabilité dans la
sous-région CEMAC ;
-Violation de la souveraineté, tout
acte ou tout fait portant atteinte à l'intégrité
territoriale ou à l'indépendance d'un Etat partie.
- Assistance, tout aide quelle soit
logistique, technique ou en personnel civil ou militaire
Article 2- Objet
Le présent Pacte a pour objet notamment :
. Maintenir et préserver un
climat de paix et de sécurité au sein de la
Communauté entre les Etat Membres et à l'intérieur de
chaque Etat.
· Garantir la solidarité et l'assistance mutuelle
entre les Etats en cas d'agression extérieure ou de troubles graves
à l'intérieur ;
· Définir les conditions et mécanismes de
solidarité et d'assistance entre les Etats Membres de la CEMAC en cas
d'agression ou de troubles graves.
Article 3- Relations entre le
présent Pacte et accords avec les pays tiers
Ce pacte ne remet pas en cause les engagements de même
nature pris individuellement ou collectivement par l'un ou plusieurs des Etats
membres de la Communauté dans le cadre des accords conclus avec les pays
tiers.
Article 4-Obligations des Etats
Parties
Les Etats Parties du présent Pacte
(a) S'abstiennent résolument de tout acte d'agression,
de violation de souveraineté contre l'un des Etats Parties.
(b) Admettent que toute agression extérieure à
l'égard d'un Etat Partie, est considérée comme une
agression à l'égard de tous les autres Etats Parties.
(c) S'engagent à apporter aide et assistance à
l'un des Etats membres se trouvant devant un cas de trouble grave de nature
à perturber la stabilité intérieure, à remettre en
cause la légalité républicaine et à porter
préjudice au bon fonctionnement de la Communauté dans son
ensemble. A cet effet, ils mettent en place les mécanismes
ci-après :
- La Conférence des Chefs d'Etat de la CEMAC, organe
suprême de décision ;
- Le Comité (des Ministres) de défense et de
sécurité, chargé du suivi et de l'exécution des
décisions de la Conférence des Chefs d'Etat ;
- Le Secrétariat Exécutif de la CEMAC, organe de
coordination ;
- L'Observatoire d'analyse et de prévention, organe de
collecte et d'analyse des données ;
- La Force Multinationale de la CEMAC, devant accomplir des
missions de paix, de sécurité et d'assistance humanitaire.
Article 5- Saisine de la Conférence des
Chefs d'Etat
En cas d'agression, l'Etat qui s'en plaint saisi le
Président en exercice de la Conférence des Chefs d'Eta, qui
convoque le Comité visé à l'article 8 ci-dessous pour
préparer la Conférence des Chefs d'Etat.
Dans le cas où cette présidence est
assurée par le pays mis en cause, la Conférence des Chefs d'Etat
est convoquée à l'initiative de deux Etats.
La présidence est assurée par l'un des deux
Etats initiateurs de la Conférence.
Dans tous les cas, le Secrétaire Exécutif est
informé.
Article 6- Agression
extérieure
Lorsqu'une menace d'agression armée ou une agression
armée est dirigée de l'extérieure contre un Etat Membre,
le Chef d'Etat concerné adresse une demande d'assistance écrite
au Président en exercice de la Conférence des Chefs d'Etat avec
copie aux autres Etats.
Cette demande qui vaut également saisine de la
Conférence des Chefs d'Etat entraine la mise en alerte de la Force
Multinationale de la CEMAC. La Conférence des Chefs d'Etat prend alors
une décision conformément à sa procédure d'urgence
absolue
Article 7- Conflit entre deux
Etats Membres
Lorsqu'il y a conflit entre deux Etats parties au
présent Pacte, la Conférence des Chefs d'Etat se réunie
d'urgence, décide de l'interposition de la Force Multinationale de la
CEMAC et entame les procédures appropriées de médiation
entre les belligérants.
Article 8- Le comité de défense
et de sécurité
Le Comité de défense et de
sécurité composé des Ministres en charge des Affaires
Etrangères, de la Défense et de la Sécurité et
présidé par le Pays assurant la présidence de la
Communauté est chargé du suivi de l'application du présent
Pacte.
Si le pays mis en cause est celui qui assure la
présidence de la Communauté, la présidence du
Comité est assurée par un autre Etat Membre non impliqué
dans le conflit.
Le Secrétariat du Comité est assuré par
le Secrétaire Exécutif qui en est le rapporteur.
Article 9- Règlement
d'application
Les modalités d'application du présent Pacte
seront précisées par un Règlement du Conseil des Ministres
sur proposition du Secrétaire Exécutif de la CEMAC.
Article 10- Modalités
de modification
Toutes les décisions relatives à la modification
du présent Pacte sont prises à l'unanimité des Etats
parties.
Article 11- Signature,
ratification et entrée en vigueur
Le présent Pacte est ouvert à la signature des
Etats membres de la CEMAC. Toutefois, l'adhésion de tout autre Etat
Africain au dit Accord est soumise à l'acceptation unanime des Etats
parties.
Le présent Pacte qui est annexé au Traité
de la CEMAC entrera en vigueur trente jours après le dépôt
du dernier instrument de ratification auprès de la République du
Tchad, désigné Etat dépositaire.
Fait
à , le
Pour la République du Cameroun
Paul BIYA
|
Pour la République Centrafricaine
François BOZIZE
|
Pour la République du Congo
Denis SASSOU NGUESSO
|
Pour la République Gabonaise
El Hadj OMAR BONGO
|
Pour la République de Guinée-Equatoriale
OBIANG NGUEMA MBASOGO
|
Pour la République du Tchad
Idriss DEBY
|
TABLE DES MATIERES
Avertissement ...........................................................................i
Dédicace ii
Remerciements iii
Principales abréviations v
Sommaire vi
Introduction générale 1
Première Partie : L'ATTITUDE DES ETATS DE LA
CEMAC PENDANT LE CONFLIT DE BAKASSI 13
Chapitre I : L'attitude collective des Etats de la
CEMAC dominée par le souci de prudence 15
Section I- Une prudence justifiée par les
objectifs prioritaires de la CEMAC 16
Para I - Une priorité à
l'intégration économique et monétaire 16
A- L'intégration économique
17
B- L'intégration monétaire 18
Para II - Une priorité non à la
résolution des conflits 19
A- La CEMAC et l'Union
Africaine.........................................................20
B- La CEMAC et la CEDEAO 21
Section II- Une prudence liée à
la faiblesse des Etats de la CEMAC 23
Para I - L'affaiblissement des Etats de la CEMAC
par des nombreuses crises 23
A- Les crises politiques dans les Etats de la
CEMAC 24
B - Les crises sociales dans les Etats de la
CEMAC 28
Para II- L'affaiblissement des Etats de la
CEMAC par le leadership naturel du Nigeria 29
A- Le poids démographique 29
B- Le poids économique 30
Chapitre II : L'attitude individuelle des Etats de
la CEMAC dans le conflit de Bakassi entre neutralité et engagement
32
Section I- La position de neutralité de
la majorité des Etats 32
Para I -La neutralité, position dominante
de la majorité des Etats 32
Para II- L'explication de la position de
neutralité 33
A- Les relations difficiles entre le chef
d'Etat camerounais et les chefs d'Etat gabonais et centrafricain 34
B- Les liens d'insécurité entre
le Cameroun et le Tchad 35
Section II- L'attitude participative de la
Guinée Equatoriale 36
Para I - L'engagement de la Guinée
Equatoriale en faveur du Nigeria 36
A- Le deal diplomaticostratégique 37
1- Les relations diplomatiques entre la
Guinée Equatoriale et le Nigeria 37
2- Le renforcement des contacts au plan
militaire entre la Guinée Equatoriale et le Nigeria 37
B - Le ralliement de la Guinée
Equatoriale à la cause nigériane devant la Cour Internationale
Justice 38
Para II- Les justifications de l'attitude de la
Guinée 39
A- Les raisons stratégiques 40
B- Les raisons politiques 40
Conclusion de la première partie 42
Deuxième Partie : L'ATTITUDE DES ETATS DE
LA CEMAC APRES LE CONFLIT DE BAKASSI 43
Chapitre I : L'éveil des Etats de la CEMAC
sur les questions de sécurité dans la sous région
45
Section I- La prise de conscience de la
sécurité interne des Etats 45
Para I - L'adoption des
politiques communes par les Etats de la CEMAC 46
A- L'examen des situations dans les Etats
membres et la condamnation des actes compromettant la sécurité
intérieure 46
1- L'examen des situations dans les Etats
membres de la CEMAC 46
2- La condamnation des actes compromettant la
sécurité intérieure des Etats 47
B- Le de soutien aux Etats en situation de
crise 48
Para II- Le déploiement de la force
multinationale par les Etats de la CEMAC 49
A- La composition de la force multinationale
49
B- Les missions de la force multinationale
50
Section II- Le souci de la
sécurité transfrontalière 51
Para I- Les tentatives des Etats de la CEMAC
dans la lutte contre l'insécurité transfrontalière 52
A- Le renforcement de la coopération en
matière de sécurité transfrontalière par les Etats
membres de la CEMAC 52
1- Le renforcement de la coopération
multilatérale 52
2- Le renforcement de la coopération
bilatérale 54
B- L'organisation des rencontres tripartites
entre les Etats de la CEMAC 54
Para II- Les perspectives en faveur de
l'amélioration de la sécurité transfrontalière
56
A- Le renforcement de l'engagement politique en matière de
sécurité 56
B- L'institution de la coopération multilatérale
sous régionale 57
Chapitre II : La limitation des Etats de la CEMAC en
matière de politique sécuritaire 58
Section I- Une timidité des Etats de la
CEMAC quant à la mise en oeuvre des instruments de paix existants 59
Para I - L'ineffectivité des instruments
juridiques des Etats de la CEMAC 59
Para II - L'ineffectivité du COPAX 60
A- Le manque de volonté politique dans la
mise en oeuvre du COPAX..........................60
B- Les difficultés opérationnelles
de mise en oeuvre effective du COPAX.......................61
Section II - Une passivité des Etats de la CEMAC
quant à la mise sur pied des nouveaux instruments de paix dans la CEMAC
62
Para I - En matière de prévention
et de gestion des conflits 63
Para II - En matière de règlement
des conflits 64
Conclusion de la deuxième partie 66
Conclusion générale 67
Bibliographie..............................................................................................70Annexes....................................................................................................77Table
des matières 91
* 1 Le monde a
été divisé en cinq parties, Europe, Amérique Latine
et Caraïbes, Asie et Pacifique, Afrique et l'Asie occidentale par l'ONU en
1947, créant une commission économique pour chaque
région.
* 2 Awoumou Côme (D.G),
« Le Golfe de Guinée face aux convoitises » p.2
http//www.google.fr
* 3 France, Grande Bretagne,
Belgique, Espagne, Etats Unis.
* 4 Chine, Japon, Inde,
Israël.
* 5 Brésil.
* 6 Afrique du Sud, Nigeria,
Libye, Maroc.
* 7 Multinationales,
Institutions Internationales, Idéologues, prédicateurs,
prédateurs, affairistes.
* 8 Eba'a (G.R), Affaire
Bakassi évolution et dénouement de l'affaire de la
frontière terrestre et maritime Cameroun-Nigéria (1993-2002),
Presses de l'UCAC, Yaoundé 2008.
* 9 Eba'a (G.R) Op.cit
p.25.
* 10 Ibid p. 26.
* 11 Ibid p.27.
* 12 Ngogang (T) quotidien
Mutations du 06/04/04 p.1.
* 13 M. Sventagil, African
Bomdary problems, Uppsala : scandinavian Institute of African studies,
1969 pp.22-23, cité par Nodjitoloum J. Yogang-NE, Le règlement
pacifique des conflits inter-Etatiques par les institutions africaines ;
Mémoire 3e cycle, IRIC, novembre 1980 p 12.
* 14 Traduction libre faite
par Nodjitoloum op.cit p ; 12.
* 15 Reuter (P), Droit
International Public Presses Universitaires de France collection Thémis,
Paris 1976, 5ème édition p.360 cité par
Nodjitoloum op.cit p.13.
* 16 Dictionnaire
Encyclopédique pour tous. Librairie Larousse, Paris 1978.
* 17 Ndodjitolum J.
Yogang-NE, Règlement pacifique des conflits interétatiques par
les institutions africaines, Mémoire 3ème cycle, IRIC,
novembre 1980 p. 13.
* 18 Pietro Verri in
Dictionnaire du droit international des conflits armés, comité
international de la Croix Rouge Genève 1988 pp 36-37.
* 19 Ibid. p. 59.
* 20 Eba'a (G.R) Op.Cit
p.28.
* 21 Mgbale Mgbatou (H), le
conflit frontalier Cameroun-Nigeria : explication socio-politique, enjeux
et déterminant d'une crise bilatérale, Mémoire DESS, IRIC
1997-1998 pp 61-62.
* 22 Eba'a (G.R) Op. Cit
p.28.
* 23 Affaire de Bakassi au
Cameroun et Bakassi case au Nigeria.
* 24 Cinq morts parmi les
militaires nigérians, voir Mgbalé Mgbatou (H), Op.Cit p.59.
* 25 Ibid. pp. 59-60.
* 26 Chouala (Y.A),
« La crise diplomatique de mars 2004 entre le Cameroun et la
Guinée Equatoriale : fondements, enjeux et
perspectives », in Polis/ RCSP Vol 12 n° spécial
2004-2005, p.4.
* 27 Ibidem.
* 28 Voir arrêt du 10
octobre 2002, affaire de la frontière terrestre et maritime entre le
Cameroun et le Nigeria (Cameroun c. Nigeria ; Guinée Equatoriale
(intervenant).
* 29 Op. Cit.
* 30 També Ebot (D), Les
relations diplomatiques ente le Cameroun et le Nigeria depuis l'arrêt du
10 octobre 2002, Rapport de stage, IRIC, Yaoundé, octobre 2004.
* 31 Op. Cit.
* 32 De Villepin (X), Penne
(G), et Brisepierre (P), V. infra.
* 33 Rouveyran (J-C),
Mémoires et thèses : l'art et les méthodes, Edition
Maisonneuve et Larose, 1990, P.39.
* 34 V. Article 62 du statut de
la CIJ qui dispose « Lorsqu'un Etat estime que, dans un
différend un intérêt d'ordre juridique est pour lui en
cause, il peut adresser à la Cour une requête à fin
d'intervention. La Cour décide »
* 35 Grawitz (M),
Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 6ème
éd, 1984, p.389.
* 36 Grawitz (M), Op. Cit,
p.384, citée par Zambo Mveng (J.C), La mise en oeuvre de l'arrêt
de la CIJ du 10 octobre 2002, Mémoire DEA en droit international,
FSJP/Université de Yaoundé II-SOA, 2005-2006, p.34.
* 37 Mohamadou Awal,
L'intervention du tiers à l'instance devant la Cour Internationale de
Justice : le cas de la Guinée Equatoriale dans le différend
frontalier terrestre et maritime entre le Cameroun et le Nigéria,
Mémoire DEA, FSJP/Université de Yaoundé II-SOA, 2005-2006,
p.14.
* 38 Kamto (M),
« Pouvoir et droit en Afrique : Essaie sur les fondements du
constitutionalisme dans les Etats d'Afrique Noire francophone »,
Paris LGDJ, 1987, p.47 cité par Zankia (Z), in le contentieux de la
fonction publique commentaire de la CEMAC, Mémoire DEA UDs 2005/2006
p.11.
* 39 Bipoun Woum (J.M), Les
origines constitutionnelles du Cameroun, in Revue juridique, politique et
économique du Maroc, n°22, 1989, p.8. Cité par Tsopbeing
(M.W), Les mécanismes de financement et de gestion budgétaire de
la CEMAC, Mémoire DEA, FSJP/UDs, novembre 2004, p.14.
* 40 Communauté
Economique et Douanière des Etats de l'Afrique de l'Ouest crée
à Lagos le 28 mai 1975. Ces pays membres sont : Bénin,
Burkina Faso, Cap Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée,
Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigeria,
Sénégal, Sierra Leone et Togo.
* 41 De villepin(X), Penne (G),
Brisepierre (P), « L'Afrique centrale : un nouveau
départ ? Les exemples du Cameroun et du Congo », Rapport
d'information n°376, p.1.
* 42 Atemengue
(J.N), « Le droit matériel de l'intégration dans
la communauté économique et monétaire de l'Afrique
centrale, une lecture des textes fondamentaux », in Juridis
périodique n° 45, avril-mai -juin 2001. p.106.
* 43 Avom (D),
« Le traité de la CEMAC : nouveau départ pour le
processus d'intégration économique en Afrique
Centrale ? » in R.J.P.I.C. n°2, mai-août 1999 p. 158.
* 44 Cité par Moye.
Bongyu (G) dans l'article « CEMAC : intégration or
coexistence ? » in annales de la PSJP/UDS, tome 8, 2004,
p.30.
* 45 Préambule de la
convention régissant l'UEAC paragraphe 5.
* 46 Mouangue Kobila (J),
dans une interview accordée à David Nouwou en avril 2005, non
publiée.
* 47 Article 2
Traité.
* 48 Article 1er
Traité.
* 49 Voir les accords du 22
et 23 novembre 1972 : la Banque des Etats de l'Afrique Centrale est
créée par les accords de coopération monétaire
signés à Brazzaville entre les pays d'Afrique Centrale, d'une
part, et entre ces pays et la France d'autre part. Ces accords mettent un terme
aux activités de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique Equatoriale
et du Cameroun (1960-30 mars 1973) et adoptent la BEAC.
* 50 Atemengue (J.N) Op.Cit
pp 111-112.
* 51 Mouangé Kobila
(J), Cours de droit institutionnel de la CEMAC, non publié,
1ère année de doctorat, FSJP, Université de
Douala et de Dschang 2006-2007 p.5.
* 52 Yero Ba (A),
« Fléau des conflits et défi sécuritaire en
Afrique » In RJPIC, n° 1, 55e année,
janvier-avril, 2001, p.24.
* 53 V. L'Acte constitutif
de l'Union Africaine.
* 54 Fogué Tedom (A),
« L'Union Africaine face au défi titanesque de la
prévention, du règlement et de la gestion des
conflits », In Juridis périodique, n° 75,
janvier-aout-septembre 2008, p.77.
* 55 Ibid. p.78.
* 56 Le protocole qui
crée le conseil de paix et de sécurité fut adopté
par la première session ordinaire de la conference de l'Union Africaine
du 9 juillet 2002 à Durban en Afrique du Sud. Il est devenu officiel le
26 décembre 2003.Le CPS a été inauguré finalement
le 25 mai 2004, lors de la « journée africaine »
organisée à Addis-Abeba en Ethiopie.
* 57 Pour les objectifs du
conseil de paix et de sécurité, voir l'article 3 du protocole du
9 juillet 2002.
* 58 Préambule
mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des
conflits, de maintien de la paix et de sécurité de Banjul du
23-24 juillet 1998.
* 59 Notamment au
Libéria, en Guinée-Bissau et en Sierra Leone.
* 60 Yéro Ba
(A), Op.Cit p.20.
* 61 Yéro Ba (A),
Op.cit, p.21.
* 62 Amonao Kataka (M-S),
Le nouveau mécanisme de prévention des conflits de la CEDEAO,
Rapport de stage IRIC, 1999p.1.
* 63 En Sierra Léone
en 1998, au Libéria en décembre 1989-avril 1991.
* 64 Confert
mécanisme de Banjul de 1998.
* 65 Amonao Kataka (M-S),
Op.Cit p.2.
* 66 Sako (F), La CEDEAO et le
règlement des conflits de la sous région : le cas du
Libéria, décembre 1989-avril 1991, Rapport de stage diplomatique
IRIC, Yaoundé, juin 1991pp. 20-21.
* 67 Mbarga Nyatte
(D), « La dynamique intégrative en Afrique
Centrale : perspectives et limites de la CEMAC » in dynamiques
d'intégration en Afrique Centrale, Tome 1, Presses Universitaires de
Yaoundé, novembre 2001, p. 363.
* 68 L'action n° 163
du 29 février 2000 P.3.
* 69 Cette expression a pour
synonyme « conflit politique ». Il faut entendre ici les
antagonistes ou les combats qui ont pour enjeu la conquête, l'exercice et
le contrôle du pouvoir politique par les partis, les clans, les groupes
ou les individus qui entendent imposer leur domination sur leurs adversaires.
V. Keutcha Tchapnga (C), « Droit constitutionnel et conflits
politiques en Afrique Noire francophone », In Revue française
de Droit constitutionnel, n° 63, juillet 2005, p.453.
* 70 Cité par Taguem
Fah (G.L) et Mamouda, « Relation transfrontalière,
échanges économiques et problématique de
l'intégration en Afrique Centrale », in Dynamiques de
l'intégration Op.Cit p.120.
* 71 Mbarga Ayatte (D)
Op.Cit p.363.
* 72 Dans cette convention,
la République du Cameroun est accusée de génocide
physique, culturel et économique contre les anglophones.
* 73 Le mouvement
progressiste, l'Union démocratique conservationiste républicain,
le Social démocratic front, le Front des alliés pour le
changement.
* 74 Les manifestations de
Buéa de mi janvier 2000, Voir sur cette question,
Lékéné Donfack « le renouveau de la question
fédérale au Cameroun » in Penant janvier-avril, 1998,
pp.30-61 et Mbarga Nyatte (D) Op.Cit p.363.
* 75 Arrestations de 23
membres de SCNC suite aux manifestations des 8 et 9 janvier 2000 dans la
province du Sud-Ouest.
* 76 Condamnation à
la prison à vie de 3 militants du SNCN et 6 autres à vingt ans de
détention par le tribunal militaire de Yaoundé le 05 octobre
1999.
* 77 Mutation n° 169
précité p.3.
* 78 Enjeux n°2,
janvier-mars 2000, cité par Mbarga Nyatte Op.Cit p.365.
* 79 Roitman (J) et Roso (G)
« Guinée Equatoriale : être
« off-store » pour rester
« nationale » ». In Politique africaine n°
81, mars 2001. pp.17.
* 80 I. Cembrero,
« Règne sans partage au pays de l'or noir »
el pais (Madrid reproduit en français in Courrier International n°
471, 10-17 novembre 1999), cité par Roitman (J) et Roso (G)
Op.Citp.17.
* 81 Mouvement d'auto
détermination de l'île de Bioko.
* 82 Luba, Moka, Lelobo,
Bako grande, et Malabo.
* 83 Koufan Menkene,
Tchudjin (C), « Un exemple de blocage du processus
d'intégration en Afrique Centrale : la persistance des facteurs
conflictuels entre la Guinée Equatoriale et ses voisins francophones
depuis 1971. Dynamiques de l'intégration Op.Citp.335.
* 84 Roitman (J) et Roso (G)
op.cit.p.1.
* 85 Mbarga Nyatte (D)
Op.cit p.364.
* 86 Mbarga Nyatte Op.Cit
p.365.
* 87CE MAC, ECHOS
d'aujourd'hui, n° 4 avril 1997, p.8.
* 88 Les accords de Bangui
furent signés le 25 janvier 1997 à Bangui.
* 89 Awounou Côme (DG)
« Le Golfe de Guinée face aux convoitises »
11ème assemblée générale du CODESRIA du
06 au 10 décembre 2005, Maputo, Mozambique p.10.
* 90 L'action Op.cit p.3.
* 91 Ce mouvement est
dirigé par l'ancien premier ministre Youssouf Togoïmi.
* 92 A ces crises politiques
internes aux Etats de la CEMAC, il faut ajouter d'une part, les crises
politiques provenant ou soutenues de l'extérieure par des Etats
voisins (par exemple la situation en RCA soutenue par la RDC), d'autre part, il
faut voir les conflits entre certains Etats membres de le CEMAC, en
l'occurrence le Gabon et la Guinée Equatoriale au sujet de l'Ile de
MBANIE. C'est dire que prendre fait et causes en faveur du Cameroun dans le
conflit de Bakassi par les Etats de la CEMAC serait marquer des buts dans
leur propre camp.
* 93 Ils sont appelés
communément zarguina.
* 94 Les bubi constituent la
population « indigène » en Guinée
Equatoriale.
* 95 L'expression est
utilisée par Sindjun (L) in « Le Cameroun dans l'entre
deux » politique africaine n°62 pp.65 cité par G.L.
Taguem Fah et Mamadou Op.Cit p .121.
* 96 Ibid p.120.
* 97 Awoumou Côme (D.G)
Op.Cit p.9.
* 98 L'action n°252 du
11 au 17 décembre 2001, p.7.
* 99 Zankia (Z) ,
Op.Cit p.7.
* 100 Environ 8
habitants/km².
* 101 Awoumou Côme
(D.G) Op.Cit p. 8-9.
* 102 Mutation n° 709 du
lundi 29 juillet 2002 p.4.
* 103 Maïs, riz, mil,
sorgho, manioc, plantain, arachide, macabo, taro, igname.
* 104 Cacao, café,
coton, caoutchouc, huile de palme, bois, sucre, pétrole brut.
* 105 La neutralité
est un classique du droit international et développé à
partir du XVIIe siècle. De manière prosaïque, la
neutralité peut être définie comme la politique
adoptée par un Etat qui reste à l'écart d'une guerre
affectant deux ou plusieurs Etats en s'abstenant d'y participer, directement en
prenant part aux hostilités, ou indirectement en assistant l'un ou
l'autre des belligérants. V. Smouts (M.C), Battistela (D), Venesson (P),
Dictionnaire des relations internationales, Paris, 2ed, Dalloz, 2006, p.376. La
neutralité impose aux Etats un devoir ou une obligation
générale d'abstention.
* 106 Ngogang (T.), Bongo
et Sassou lâchent Paul Biya, quotidiens Mutation du 06/04/2004 p.3.
* 107 Au sein de la CEMAC
ce sont les difficiles relations entre les chefs d'Etats centrafricain Ange
Felix Patassé et tchadien Idriss Déby qui ont été
les plus préoccupantes. En effet ces chefs d'Etats s'accusent
mutuellement d'abriter sur leur sol des rebels dont ils ont refusé
l'extradition. V. Moyé Bongyu (G), Op.Cit, p. 46.
* 108 En droit
international, on parle des relations impersonnelles c'est-à-dire des
relations entre les Etats. Mais ces relations sont souvent teintées de
subjectivité. Ainsi, elles peuvent prendre un bon coup voire même
se détériorer.
* 109 De Villepin (X.),
Penne (G.) et Brisepierre (P.), « L'Afrique Centrale : un
nouveau départ ? Les exemples du Cameroun et du Congo, Rapport
d'information n°376, 1997-1998, p.1, http :
//www.google.com.search.
* 110 Ngogang (T.)
Op.Cit.p.3.
* 111 Moye Bongyu (G.)
Op.Cit p.43.
* 112 Awoumou Côme
(D.G) Op.Cit p.6.
* 113 Le Gabon a voulu
diluer au sein de la CGG le projet camerounais de la création du COPAX
et son intégration au sein de la CEEAC au détriment de la
thèse camerounaise qui prônait l'autonomisation du COPAX.
* 114 Le Gabon a une
population et une densité au km² faibles d'une part et d'autre
part, il n'adhère pas au projet d'intégration régionale
mais plutôt la coopération.
* 115 Mahamat (A),
Ambassade du Cameroun au Tchad : les grands dossiers de la
coopération, Rapport de stage académique, IRIC, Yaoundé,
octobre 2002.
* 116 De Villepin (X.),
Penne (G), Brisepierre (P.) Op.Cit p.2.
* 117 Mahamat (A) Op.Cit
p.11.
* 118 Taguem Fah (G.L) et
Mamoudou Op.cit p.118.
* 119 De Villepin (X), Penne
(G), Brisepierre (P), Op.Cit.p.2.
* 120 Le Cameroun et le
Nigeria.
* 121 Chouala (Y.A) Op.Cit
p.5.
* 122 Ibidem.
* 123 Ibidem.
* 124 Ibidem.
* 125 Ibidem.
* 126 V.annexe I.
* 127 Koufan Menkene (J.),
Tchudjin (C) Op.Cit p.330.
* 128 Roitman (J.) et Roso
(G.) Op.Cit p.20.
* 129 Les débats au
fond devant la CIJ ont commencé le lundi 18 février 2002. La
Guinée Equatoriale est intervenue le 18 mars de la même
année.
* 130 Chouala (Y.A)
Op.Cit.p.5.
* 131 Arrêt du 10
octobre 2002, affaire de la frontière terrestre et maritime entre le
Cameroun et le Nigeria (Cameroun C. Nigeria ; Guinée Equatoriale
(intervenant), paragraphe 284, p. 133.
* 132 L'un des avocats du
Cameroun.
* 133 Cité par Chouala
(Y.A) Op.Cit p.6.
* 134 Le Cameroun s'est
toujours montré comme le supérieur de la Guinée
Equatoriale.
* 135 Chouala (Y.A) Op.Cit
p.6.
* 136 Ibidem.
* 137 Ewangue (J.L) in enjeux
n° 10, janvier-mars 2002 p.36.
* 138 L'intervention est
définie en droit international comme « un incident de
procédure par lequel une personne juridique souhaite prendre part
à une instance arbitrale ou judiciaire engagée entre deux
personnes juridiques parties à cette instance », V. Salmon
(J), Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruylant, 2001,
p.612, cité par Mohamadou Awal, Op. Cit, p.6.
* 139 Konfan Menkene, Tchudjin
(c) Op Cit pp. 333-334.
* 140 Ibid. p.341.
* 141 Chouala (Y.A) Op Cit
p.7.
* 142 Chouala (Y.A) et
Ngogang (T) Op.Cit p.3.
* 143 Nous utilisons
l'expression officiellement parce qu'en juin 2005, le Cameroun a
été victime d'une agression des troupes nigérianes qui a
fait un mort du côté des soldats camerounais.
* 144 En 2002, la paix et
la sécurité ont été érigées en
priorité par la Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale (CEMAC), une organisation sous-régionale en charge de
l'intégration dans cette partie du continent, V. Ngouyamsa Méfire
( M .B), La Force multinationale de la CEMAC dans le processus
d'intégration sous-régionale en Afrique Centrale, Mémoire
DEA, FSJP/Université de Yaoundé II-SOA, 2005-2006,p. 25.
* 145 V. discours du
président de la République du Cameroun Paul Biya à
l'ouverture du sommet des Chefs d'Etat du 23 au 25 juin 2008 à
Yaoundé.
* 146 V. communiqué
final de la 4ème session ordinaire de la conférence
des Chefs d'Etat du 23 janvier 2003 à Libreville.
* 147 Les Etats de la CEMAC
lors de la conférence extraordinaire des chefs d'Etat de la CEMAC du
1er juin 2004 à Libreville s'étant penchés sur
le conflit du Darfour, se sont prononcés en faveur du respect des
accords de Marcoussi en Côte d'Ivoire, ont souhaité le transfert
de pouvoir aux irakiens, et ont exprimé leur préoccupation face
au regain de violence enregistré dans la crise israélo
palestinienne.
* 148 V. communiqué
final de la conférence extraordinaire des chefs d'Etat et de
délégation de la CEMAC du 2 au 3 juin 2003 de Libreville.
* 149 V. communiqué
final de la conférence extraordinaire des chefs d'Etat de la CEMAC du
1er juin 2004.
* 150 Encouragements
adressés au président Idriss Deby pour qu'il poursuive sa
médiation jusqu'au règlement global et définitif du
problème du Darfour ; encouragements adressé au
président centrafricain pour la poursuite de la mise en oeuvre des
recommandations consensuelles issues du dialogue national d'octobre 2003
etc.
* 151 Remerciements au
président gabonais pour l'action sans cesse renouvelée qu'il
mène en faveur de la paix en RCA.
* 152 A Denis Sassou
Nguesso.
* 153 V. communiqué
final de la conférence du 1er juin 2004
précitée.
* 154 Les tentatives de coup
d'Etat de mars 2004.
* 155 Tentatives de
déstabilisation perpétrée par les rebelles en
février 2008.
* 156 Communiqué
final de la conférence des chefs d'Etat du 1er juin 2004
précitée.
* 157 V. communiqué
final de la 9ème conférence des chefs d'Etat du 23 au
25 juin 2008 précitée.
* 158 Du 02 au 03 janvier
2003.
* 159 Propos cité
par Ngogang (T) Op. Cit p. 1.
* 160 Mission interafricaine
de surveillance des accords de Bangui du 25 janvier 1997.
* 161 Mission des nations
unies en République centrafricaine.
* 162 Lors de la
conférence des Chefs d'Etats de Libreville.
* 163 V. communiqué
final de la conférence extraordinaire des chefs d'Etat et de la
délégation de la CEMAC du 02 au 03 juin 2003 à
Libreville.
* 164 Art 3 de l'Acte
additionnel n° 07 / 06-CEMAC-168-CCE-SE portant aménagement du
mandat de la force multinationale de la CEMAC.
* 165 Le mandat sera
prorogé d'abord le 25 juin 2005, puis 1er juillet 2006 au
30 juin 2007.
* 166 V. Rapport
d'activités de la première étape du processus
d'intégration économique de la CEMAC (1999-2004), p.21.
* 167 Tel le Cameroun, la
RCA et Tchad.
* 168 Taguem Fah (G.L) et
Mamoudou : Op.cit p.117.
* 169 Ce terme
désigne en Fufuldé, langue peul, le bleu de linge. Les bandits
appliquaient ce produit sur leurs visages avant de perpétrer leurs
forfaits afin de ne pas être identifiés. Aujourd'hui, ils
utilisent rarement le bleu et opèrent à visage découvert.
Ils gardent cependant ce nom de « zarguina ».
* 170 Le premier texte
spécifique régissant la coopération judiciaire entre la
majorité des Etats membres de la CEMAC fut la convention
multilatérale de justice de Tananarive adoptée le 21 septembre
1961.
* 171 Adopté au
cours de la 78ème séance plénière, lors
de la 45ème session de l'Assemblée
générale de l'organisation des Nations Unies du 14
décembre 1990 et modifié par la résolution n°53/112
de l'Assemblée générale en 1998.
* 172 Ngapa (T), La
coopération judiciaire pénale dans la zone CEMAC, Mémoire
DEA, 2005-2006, p.2.
* 173 Ces deux textes ne
sont pas encore entrés en vigueur faute de ratification par l'ensemble
des Etats membres.
* 174 Djeukou (J),
« La CEMAC rétrospective et perspective :
réflexion sur l'évolution récente du droit communautaire
de l'Afrique Centrale », in Juridis périodique n° 47,
2001.p.107, cité par Moye Bongyu (G) Op. Cit. p.36.
* 175 Le Cameroun, le Congo
Brazzaville et le Tchad.
* 176 V. peace news,
n°60, février 2006.
* 177 Ondoa Mbazoa, (T.D),
Construction d'un espace de sécurité en Afrique centrale
post-guerre froide entre actions des Nations Unies et interventions des
puissances étrangères, Mémoire 3ème
cycle, IRIC, juin 2005 pp 108-109.
* 178 Awoumou Côme
(DG) Op.Cit p.12.
* 179 V. Cameroun Tribune
du Lundi 23 juin, 2008 p.3.
* 180 La réunion a
été présidée par le ministre des relations
extérieures du Cameroun M. Henri Eyebe Ayissi.
* 181 Cette rencontre de
Yaoundé a reçu l'encouragement et l'appui du département
des affaires politiques des Nations Unies à New York.
* 182
Communiqué final de la rencontre tripartite Cameroun-Tchad - RCA du
20 juin 2008 à Yaoundé.
* 183 Taguem Fah (G.C) et
Mamadou Op.Cit p. 117.
* 184 Le Congo Brazzaville,
le Gabon et la Guinée Equatoriale.
* 185 CEEAC
Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale. Elle a
été créée le 18 octobre 1983 et comprend en dehors
des Etats de la CEMAC ceux de la Communauté Economique des Pays de
Grands Lacs (CEPGL) à savoir le Burundi, le Rwanda, et la RDC ainsi que
Sao Tomé et Principe.
* 186 Les Etats appartenant
à deux institutions différentes en cas de conflit sont
obligés de le porter auprès d'une institution
supérieure.
* 187 Attaques
répétées sur les soldats camerounais par des troupes
rebelles du delta du Niger ayant fait de nombreux morts ; on peut citer,
par exemple, les attaques de novembre 2007 ou celle du lundi 9 juin 2008. Ou
encore des enlèvements de dix otages par les rebelles
dénommés Bakassi Freedom Fighters du 31 octobre 2008, parmi ces
otages on trouvait six français, deux camerounais, un tunisien, et un
sénégalais.
* 188 L'Afrique centrale
semble être la région où les Etats ont plus de
problèmes frontaliers avec les autres régions. On peut citer ici
le problème frontalier et politique du Tchad avec la Libye et le
Soudan, le Cameroun avec le Nigéria, le Gabon avec le Bénin, la
RCA avec le Soudan. V. Nodjitoloum Yogang-Ne (J.), Op.Cit, pp.122-123.
* 189 La CEMAC est même
allée plus loin en institutionnalisant la solidarité entre les
Etats membres, V. Nguouyamsa Méfire ( M.B), Op.cit., P.66.
* 190 Réunion
ministérielle de l'initiative tripartite du 20 juin 2008 à
Yaoundé sur l'insécurité transfrontalière.
* 191 Art 11 alinéas
2 du pacte.
* 192 Le pacte de non
agression de la CEEAC du 16 juillet 1998 n'avait pas été
ratifié par tous les Etats membres à l'occurrence la
Guinée Equatoriale.
* 193 Le protocole
intégrant la COPAX à la CEEAC a été signé le
24 février 2000 lors du sommet extraordinaire de Malabo.
* 194 Le COPAX est
appuyé par le mécanisme d'Alerte Rapide de l'Afrique centrale
(MARAC) chargé du renseignement, la force multinationale (FOMAC), la
Commission de Défense et de sécurité (CDS), chargée
des questions administratives, techniques, logistiques et de
l'évaluation des besoins des opérations de maintien de la paix
et par le Pacte d'Assistance Mutuelle (PAM).
* 195 Cameroun Tribune du
22 mai 2008 p.3.
* 196 Moyé Bongyu
(G), Op.Cit, p. 46.
* 197 Il faut aussi noter
les désaccords entre Yaoundé et les autres capitales africaines
et occidentales.
* 198 Chouala (Y.A),
Désordre et ordre dans l'Afrique Centrale actuelle :
démocratisation, conflictualisation et transaction
géostratégiques régionales thèse, IRIC,
Yaoundé, octobre 1996 p. 386.
* 199 Mmwana (S),
« Peace and security in Central Africa », African journal
of political science » cité par Chouala (Y.A), Ibidem.
* 200 L'Angola, le Rwanda
et le président Congolais Denis Sassou Nguesso s'étant fait
représenter.
* 201 Ibid p.387.
* 202 Organisation de
Traité de l'Atlantique Nord.
* 203 Chouala (Y.A),
Op.Cit, p.387.
* 204 Folefack (E.),
Institutions régionales comparées, cours DEA non publié,
UDs, 2007-2008, p. 59.
* 205 Tentative de
déstabilisation du Tchad, la situation sécuritaire
centrafricaine, tentative du coup d'Etat en Guinée Equatoriale, etc.
* 206 En d'autres termes,
il s'agit de la mise en place d'une diplomatie préventive, du
déploiement préventif et du désarmement préventif.
Voir Ondoua Mbazoa, Op.Cit p. 106.
* 207 Mécanisme de
prévention, de gestion et de règlement des conflits, de maintien
de la paix et de la sécurité dans la sous région
adopté le 10 décembre 1999.
* 208 Mécanisme de
prévention, de gestion et règlement des conflits de l'OUA du 30
juin 1993.
* 209 Le mécanisme
de la CEDEAO a prévu cinq indicateurs : économiques,
environnementaux, politiques, sociaux et sécuritaires.
* 210 Voir protocole de
mécanisme de la CEDEAO p.12
* 211 De la majorité
d'Etats.
* 212 La participation de
la Guinée Equatoriale en faveur du Nigeria.
* 213 En cas d'agression
extérieure.
* 214 La CDAA (SADC)
signifie Communauté de Développement de l'Afrique Australe. Elle
est née le 17 août 1992 et est entrée en vigueur le 30
septembre. Elle est composée de 14 pays : Afrique du Sud, Angola,
Botswana, Lesotho, Malawi, île Maurice, Mozambique, Namibie,
République Démocratique du Congo, Seychelles, Swaziland,
Tanzanie, Zambie, Zimbabwe.
* 215 Formule
empruntée à M. Eba'a Guy Roger dans son ouvrage
précité, p.202.