La concertation comme outil
de construction d'un
développement durable en
Nouvelle Calédonie
Mémoire de recherche présenté par
Yannick MONLOUIS Sous la direction de Mme Marie-Gabrielle Suraud
La concertation comme outil
de construction d'un
développement durable en
Nouvelle Calédonie
Mémoire de recherche présenté par
Yannick MONLOUIS Sous la direction de Mme Marie-Gabrielle Suraud
Remerciements
Je tiens à remercier Madame Marie-Gabrielle Suraud mon
directeur de mémoire et Mme Sandra Vera Zambrano pour l'aide qu'elles
m'ont apportée pour cadrer et structurer mon travail de recherche.
Également un grand merci à toutes les personnes
qui ont donné de leurs temps pour les entretiens. Par ordre
chronologique, Mr Jean-François Gourmand, Mr François Leborgne,
Mr Sylvian Raffard-Artigue, Mr Jean-Michel N'Guyen, Mr Mike Hosken et enfin Mr
Raphael Mapou.
Merci également à tous ceux qui m'ont soutenu pour
la réalisation de ce mémoire, pour leur présence et leur
attention.
1
Sommaire
Introduction 2
Partie 1 : Elaboration du projet de recherche
6
Partie 2 : Genèse de projets non discutés
12
Concept de la concertation 12
Attribution du permis de recherche à Vale Inco 17
Projet d'inscription du Grand Lagon Sud(GLS) calédonien
28
Partie 3 : Les principaux acteurs concernés dans
le processus de décision 35
Les priorités des acteurs du projet 35
La protection de l'environnement en Nouvelle-Calédonie
46
Partie 4 : Le Comité d'Information, de
Concertation et de Surveillance 57
Le CICS 57
Analyse critique des trois premières réunions 59
Conséquence de la concertation 67
Conclusion générale 73
Annexes 77
Bibliographie 151
Table des matières 153
2
Introduction
La crise économique actuelle est une des plus
importantes que le monde n'ait jamais connue. Elle prend sa source aux
États-Unis et tend à se renforcer en se propageant mondialement.
Non seulement les frontières nationales ne limitent pas la crise, mais
celle-ci ne se manifeste pas seulement dans le domaine économique car
ses conséquences s'étendent sur bien d'autres secteurs de la
société. On a pu observer des crises alimentaires
(soulèvements en Egypte contre le prix élevé du pain,
émeute en Haïti...), des mouvements sociaux (grève nationale
en France métropolitaine et outre-mer...). Aujourd'hui les individus de
part le monde prennent conscience de leurs interconnections et des
conséquences qu'une mauvaise gestion économiques peut
entraîner, c'est-à-dire les conséquences d'un
système de surenchère qui, s'il se poursuit entraînera le
monde à sa perte comme le démontre le < <rapport
Meadows " publiait en 1972 par le club de Rome1. D'un
côté nous avons une augmentation de la population mondiale qui se
caractérise par l'accroissement des besoins, et de l'autre des
ressources en quantités limitées qui se divisent en une partie
renouvelable et une autre qui ne l'est pas. Le paradigme de l'infini est
révolu, les individus prennent conscience de la finitude du monde et des
ressources naturelles.
En 1987, la commission mondiale sur l'environnement et le
développement, publie le Rapport Brundtland. Ce rapport
définit la politique nécessaire pour parvenir à un <
développement durable ". Un développement qui vise à <
répondre aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux
leurs ". Pour y parvenir, il se fixe trois objectifs : satisfaire les besoins
humains dans un souci d'équité (pilier social) en
préservant l'environnement (pilier écologique) tout en maintenant
la croissance économique (pilier économique). Depuis la
publication de ce rapport, et plus encore après le Sommet de la Terre
organisé à Rio en 1992, l'expression < développement
durable " s'est répandue dans le monde entier et ce principe a permis de
susciter une prise de conscience de la nécessité de changer de
cap. Il a amené une diversité d'acteurs et notamment les
entreprises à prendre d'avantage en compte l'impact social et
environnemental de leurs activités économiques.
1http///
www.manicore.com/documentation/club-rome.html
3
Pour être efficace, le développement durable doit
être l'affaire de tous, pas seulement des gouvernements et des
organisations internationales mais aussi des élus locaux, des
responsables d'établissements publics, des chefs d'entreprises, des
salariés, des actionnaires, des ONG et des citoyens. La communication
est donc l'outil sine qua non pour poser les bases du principe de
développement durable. La conférence de Rio en 1992 affirmait
dans son principe 10 que « la meilleure façon de traiter les
questions d'environnement est d'assurer la participation de tous les citoyens
concernés, au niveau qui convient »2. La
communication doit permettre à un ensemble d'individu ayant des opinions
individuelles de converger vers une opinion commune ou publique. La
communication ou plus précisément la concertation est devenue
nécessaire. La concertation est l'action, pour plusieurs personnes, de
s'accorder en vue d'un projet commun.
La concertation se distingue de la consultation en ce qu'elle
ne se résume pas à une demande d'avis. La concertation suppose la
confrontation entre les parties, l'échange d'arguments, l'explicitation
des points de vue de chacun.
La concertation se distingue de la médiation en ce
qu'elle ne fait pas intervenir un tiers pour faciliter la recherche d'un accord
entre les parties. Les échanges sont animés par l'une des parties
prenantes ou, dans certains cas, par un facilitateur lié à l'une
d'entre elles.
La concertation se distingue de la négociation en ce
qu'elle n'aboutit pas nécessairement à une décision, mais
qu'elle vise à la préparer. C'est le cas par exemple lorsqu'une
collectivité territoriale engage un processus de concertation avec la
population locale dans la perspective d'un aménagement : la
décision finale appartient aux élus qui seuls en
détiennent formellement le pouvoir, mais qui devront intégrer les
résultats de la concertation.
La concertation induit un changement des mentalités et
des comportements. Ce changement de comportement découle
également d'une prise de conscience des pouvoirs publics et des
maîtres d'ouvrage. Elle doit permettre d'améliorer
significativement la participation du public à la conception des
projets. « L'avis des citoyens sur des questions très complexe
peut servir à éclairer les choix des représentants
»3.
Ce mémoire s'interrogera sur la nécessité
d'entreprendre une phase de concertation en matière de
développement durable. Pourquoi la concertation est elle
nécessaire ? Qu'elles sont ses effets ?... Pour cela nous allons nous
baser sur l'exemple Calédonien concernant le
2 « Déclaration de Rio », Nations Unies, [en
ligne]. [
http://www.un.org/french/events/rio92/rio-fp.htm].
3 BLONDIAUX, L., SINTOMER, Y., op.cit
4
développement industriel et la préservation du
patrimoine environnemental local. Cette situation est un bon exemple car elle
présente une palette importante des problèmes qui sont souvent
rencontrés lors de projet de cette envergure. Ces problèmes sont
à l'origine du principe de développement durable et de
gouvernance partagée. Le fait que l'analyse se porte sur une île
est également enrichissant pour notre étude.
Généralement les îles rencontrent les mêmes
problèmes que les grandes nations mais leurs tailles les amplifient, les
rends plus voyant et rend leurs analyses plus accessible. Les îles sont
souvent comme un miroir grossissant en ce qui concerne les problèmes
sociaux. Le local est souvent décrit comme « le terrain de la
démocratie », s'attachant à la base méme de la
société civile, lieu premier de la formation des opinions. Le
local est souvent le champ d'études et d'expérimentations
démocratiques.
La Nouvelle-Calédonie est un archipel d'Océanie
situé dans l'océan Pacifique à 1 500 km à l'est de
l'Australie et à 2 000 km au nord de la Nouvelle-Zélande,
à quelques degrés au nord du Tropique du Capricorne. Distante de
la métropole de près de 20 000 kilomètres et d'une
superficie d'environ 19 100 km2, cette collectivité
territoriale de Mélanésie rattachée à la France et
créée par l'accord de Nouméa, est dite sui
generis (ou « de son propre genre ») car possédant un
statut particulier, différent des autres collectivités
d'outre-mer. Néanmoins, un référendum local portant sur
son indépendance ou son maintien au sein de la République
Française est prévu entre 2014 et 2019.
La Nouvelle-Calédonie possède 1/4 des
réserves mondiales de nickel4 et son exploitation
représente la principale ressource financière du territoire. Le
dynamisme économique dû à l'activité du nickel se
justifie d'une part, par le fait que les sociétés minières
emploient des entreprises locales qui elles mêmes, vont augmenter leurs
effectifs salarial en employant de la main d'oeuvre locale, ainsi le taux de
chômage diminue, le pouvoir d'achat augmente... (Cercle vertueux de la
croissance économique). D'autre part, par la mise en place de programme
de formation en lien direct avec l'activité minière. Cela permet
de former des calédoniens et donc d'optimiser l'emploi local.
Toutefois, cette prospérité économique
qui se dessine, néglige le volet environnemental. En effet, la
Nouvelle-Calédonie se distingue par sa biodiversité d'une
étonnante richesse et originalité. Le taux
d'endémicité est le plus élevé au monde. Le
territoire est considéré
4
http://www.unctad.org/infocomm/français/nickel/marche.htm
comme un point sensible (hot spot) de la biodiversité.
Il doit donc être préservé. L'activité
minière ayant une incidence néfaste sur l'environnement, la
situation ne présente pas les conditions nécessaires d'un
développement durable. En effet, bien que le pilier économique,
avec la dynamique engendrée par l'activité du nickel ; et le
pilier social, avec l'incorporation des ouvriers et cadres locaux dans le
projet ; soient respectés. Il n y aura pas de développement
durable si le pilier écologique n'est pas satisfait.
en 1999, Vale Inco5 qui est un producteur mondial
de nickel, entreprend avec la construction de son usine, l'exploitation des
ressources minières du sud de la Nouvelle-Calédonie. Les tensions
créées par l'insatisfaction d'une partie des acteurs du projet
concernant le volet environnemental a engendré des conflits
d'intérêts. Pour relancer le processus, il a fallu mettre en place
un comité de concertation qui a pour rôle de mettre en relation
les partis concernés et qui leurs permet de confronter leurs
idées. Ainsi, les partis pourront tendre vers un consensus,
c'est-à-dire vers l'intérêt général ou
commun. Cette démarche doit permettre de poser les bases d'un
développement durable.
Dans ce contexte, on peut se demander si discussion il
y a, en quoi favorise-t-elle l'entente entre toutes les parties sur les
modalités du développement durable en Nouvelle Calédonie
?
Après une présentation du projet de
l'étude (Partie 1), nous allons dans un premier temps faire un rappel du
contexte, c'est-à-dire montrer les principaux éléments qui
ont mené à la création du comité de concertation
(Partie 2). Puis, nous allons définir les partis concernés et
leurs intéréts particuliers dans l'accomplissement de ce projet
commun. Cette étape nous permettra de mieux comprendre par la suite les
enjeux de la concertation. Étant donné l'étendu des
acteurs impliqués dans le projet, nous les regrouperons en trois groupes
principaux: Le système économique, le système politique et
la société civile (Partie 3). Pour finir nous analyserons les
conséquences de la mise en place du comité de concertation en
nous basant sur les trois premières réunions du comité.
Nous nous attacherons à analyser si la concertation a eu des effets sur
le conflit, sur les parties ?... (Partie 4)
Nous supposons que la concertation est la condition de base
pour envisager un développement durable et qu'elle permet
d'atténuer les rapports de force, ce qui se traduira
mécaniquement par une diminution des conflits.
5
5 Le 19 décembre 2008, Goro nickel change de nom pour
devenir Vale Inco Nouvelle-Calédonie
PARTIE 1 : Élaboration du projet de
recherche
Cette première partie nous permettra de comprendre la
recherche qui a été effectuée et son cadre
méthodologique. Nous allons décomposer les grandes parties du
processus de recherche en huit grandes étapes : I. Le choix du sujet et
de la bibliographie ; II. La formulation du problème ; III.
L'énonciation des hypothèses ; IV. La construction du cadre
opératoire : V. Le choix de la stratégie générale
de vérification : VI. Le choix des techniques de collecte de
l'information ; VII. Le choix de la technique d'analyse des données et
finalement ; VIII. Les limites du projet.
I. Le choix du sujet et de la bibliographie
Le thème de ma recherche est la concertation et le
développement durable. Ce sujet m'a intéressé car je me
questionnai sur l'utilité des procédures participatives. En
effet, mon idée première est que les méthodes de
concertation n'ont pas un impact significatif sur les projets, sauf
peut-être d'anesthésier l'espace public pour le rendre docile.
La concertation du public concerne directement mon pays
d'origine. L'implantation d'une usine étrangère d'exploitation de
nickel, a provoqué de vifs conflits qui ont donné naissance
à un comité de concertation. A titre personnel, ce sujet
m'intéresse à plusieurs niveaux :
Premièrement, il me permet de garder un lien avec la
Nouvelle-Calédonie, où je souhaite exercer mon futur
métier. Puis, la thématique du développement durable
m'intéresse énormément. Je pense que c'est l'enjeu majeur
de notre siècle et je souhaite poursuivre mes études pour
approfondir mes connaissances et mon expérience dans le
développement durable et la gouvernance partagée. Finalement, mes
origines et ma curiosité me sensibilisent naturellement à cette
thématique. Ce sujet me concerne personnellement, il concerne mon pays
et globalement le monde entier. Toutes ces raisons font que je porte un
intérêt particulier pour ce thème.
La bibliographie utilisée se compose de peu d'auteurs
(principalement Habermas). Elle repose néanmoins sur une multitude
d'article et une webographie importante. J'ai privilégié le
recours à des articles récents car ce thème est en
évolution constante. Il m'a semblé pertinent de m'appuyer sur des
articles contemporains.
L'Afrique pour ses similitudes concernant les rapports
qu'entretiennent les populations locales avec le développement
économique, et la France pour ses démarches de concertation
7
m'ont semblé des bases de recueil d'information
pertinentes pour l'étude de ce phénomène totalement
nouveau en Nouvelle-Calédonie. L'objet de l'étude étant
relativement éloigné, je ne dispose pas d'assez d'information
pour le traiter entièrement à partir de la France
métropolitaine. Il faudra que je me déplace sur place pour
disposer d'informations complètes.
II. La formulation du problème
On a coutume de déplorer le manque de participation
démocratique des citoyens dans la vie politique. Nos dirigeants prennent
toutes sortes de décisions collectives qui nous affectent directement
sans que nous soyons consultés ou que nous nous sentions
consultés. Ceci peut avoir des conséquences néfastes tant
sur le plan individuel que pour l'ensemble de la société.
Certaines décisions collectives peuvent, par manque de participation
démocratique, se révéler mauvaises ou injustes pour
certaines personnes. Le manque de participation démocratique risque
aussi d'entraîner une perte de légitimité des institutions
politiques et un affaiblissement de la confiance entre la population et les
dirigeants.
Dans ce contexte, le concept de démocratie
participative connaît aujourd'hui un vif succès. Cependant, il
subsiste beaucoup de méfiance vis-à-vis de ce concept qui ne
serait peut être qu'un échelon bureaucratique
supplémentaire. Une autre idée très « tendance »
est le développement durable qui dans ses principes fondateurs inclut le
principe de gouvernance partagée. La gouvernance partagée peut
être assimilée au concept de démocratie participative, car
comme elle, c'est un modèle politique alternatif. Il recouvre des
concepts permettant d'accroître l'implication et la participation des
citoyens dans le débat public et la prise de décisions politiques
qui s'en suit.
Suite à la création d'un comité de
concertation concernant l'usine du sud en NouvelleCalédonie, on a pu
constater l'aggravation du conflit entre les différents acteurs du
projet. On peut alors se questionner sur l'utilité des discussions en
amont de la prise de décision ?
Pour Habermas, la communication est un processus de discussion
libre, égalitaire et solidaire. La discussion est orientée vers
la formation d'un consensus, c'est-à-dire d'un accord
généralisé, accepté, qui est détaché
d'intérêts particuliers. Si la communication ne suit pas ces
règles (ouverts, égaux...), la société va se
charger de pathologies sociales qui pourront la faire revenir à
l'état de nature. L'exemple calédonien semble montrer que la
discussion n'a pas suivie les principes Habermassien puisque, alors qu'une
démarche fut entreprise pour créer une situation favorable
à la discussion, le conflit s'est aggravé. On peut alors se
demander si
discussion il y a, en quoi favorise-t-elle l'entente
entre toutes les parties sur les modalités du développement
durable en Nouvelle Calédonie ?
III. L'énonciation des hypothèses
A la suite de mes lectures préparatoires, une tendance
se dégage et affirme l'importance de la participation de tous les
acteurs pour traiter les enjeux environnementaux d'un projet. Ma
première hypothèse est donc que la concertation favorise
la prise en compte des problèmes liés à
l'environnement.
Ge travail de recherche doit également me permettre de
répondre à ma première impression. Je pense en effet que
ces procédures participatives relèvent plus souvent de la
manipulation du public que de leur réelle intégration au sein de
la conduite du projet. Ainsi, ma seconde hypothèse est que la
concertation permet d'atténuer les conflits.
IV. La construction du cadre opératoire
Pour répondre à la problématique, je
vais premièrement étudier les réunions du GIGS à
l'aide d'une grille d'analyse. Ce tableau me permettra de comparer un
échantillon de réunion pour évaluer le degré
d'ouverture du comité, le respect des conditions nécessaires pour
la mise en place d'une situation de discussion, etc...
Concernant l'apport des discussions sur les modalités
du développement durable, il sera nécessaire dans un premier
temps d'étudier l'ensemble du processus qui a mené à la
création du comité de concertation. Cette démarche nous
permettra d'évaluer l'importance des enjeux du comité et
globalement des discussions. Ensuite, nous nous appuierons sur l'étude
de l'impact des réunions sur la conduite du projet, et plus
particulièrement sur les efforts entrepris en matière de
protection environnementale.
Enfin, l'atténuation des conflits sera
évaluée en fonction des entretiens réalisés et des
articles de presse relatant d'éventuelles confrontations entre les
parties, à la suite de la tenue des réunions constituant notre
échantillon.
V. Le choix de la stratégie générale de
vérification
La nature du sujet étudié se prête
particulièrement à une étude de cas. Gette méthode
de recherche permet l'analyse approfondie d'un phénomène
donnée. Dans ce mémoire, je combinerai des variables
quantitatives et des variables qualitatives afin de gommer les limites
9
de notre échantillon qui est assez
réducteur6. Le choix du traitement de ces réunions
s'est fait naturellement en réponse à la problématique.
VI. Le choix des techniques de collecte de l'information
J'ai choisi d'utiliser deux techniques de collecte d'information
:
D'une part, je ferai une analyse documentaire. Je consulterai
des documents de différentes natures tels que des rapports de
réunions, des articles scientifiques, des articles de presse, des
graphiques, etc.... Je ne me fixe aucune limite de temps pour consulter ces
documents, je poursuivrai leurs analyses tant que cela sera utile pour mon
étude. Je compte principalement consulter les documents diffusés
sur le site de la Province sud et les différents articles de presse
disponible sur le site des « Nouvelles Calédoniennes ».
L'analyse de ces documents est avantageuse car la
réactivité de la mesure7est faible et souvent
totalement absente (parce que l'information est recueillie auprès de
sources qui n'anticipent pas qu'un chercheur viendra les consulter). Son
coüt est faible et son accès facile ; elle ne pose pas de
problème éthique. Par contre, il faut toujours garder en
tête que ces documents reflètent l'état d'esprit, l'opinion
d'une autre personne.
D'autre part, je mènerai des entretiens semi-directifs.
L'avantage des entretiens en général est le lien direct avec le
sujet d'étude et leurs validités élevées. Par
contre, la réactivité de la mesure par entrevue est maximale
parce que la collaboration du sujet est nécessaire. Le coût de
l'entrevue est en général plus élevé que celui des
autres instruments de collecte de l'information. Enfin, l'entrevue peut poser
des problèmes éthiques.
Ce type d'entretien me semble le plus approprié car il
a l'avantage d'offrir une souplesse dans la tenue de l'entretien, autant pour
le sujet d'étude que pour moi. Également, la trame permet tout de
méme de ne pas trop s'éloigner du sujet. Je compte
réaliser ces entretiens auprès des parties suivants :
+ Un représentant de Rhéébù
nùù (au mieux Mr Raphael Mapou, leader du
comitéautochtone Rhéébù
nùù) + Un représentant d'une association de protection de
l'environnement
+ Un représentant de la commission de l'environnement de
la Province sud (Au mieux Mme Isabelle Ohlen, présidente de la
commission de l'environnement)
6 Vous trouverez les explications approfondies du cadre de notre
analyse dans le chapitre 4
7 La réactivité de la mesure est la
possibilité que cette mesure soit faussée par la présence
de l'observateur. G Mace et F. Pétry, Guide d'élaboration d'un
projet en sciences sociales, De Boeck Université, 2000
10
+ Un représentant du service communication de Goro Nickel
(Au mieux Mme Catherine Guillaume, responsable du service communication de Goro
Nickel)
+ Un ouvrier, ou calédonien quelconque
Les grands thèmes abordés seront adaptés
à chaque interlocuteur, on peut tout de même dégager une
trame générale :
+ Présentation et fonction de l'organisation/personne
+ Enjeux de l'usine du sud
+ Comité d'Information, de Concertation et de Surveillance
sur les impacts environnementaux du projet Vale Inco
+ Perspective d'avenir
VII. Le choix de la technique d'analyse des données
Ce choix doit s'emboiter naturellement avec le choix de
collecte de l'information et le sujet de recherche. Ainsi, j'ai opté
pour une analyse de contenu. Cette technique nous permettra de mesurer le
degré d'ouverture des discussions pour montrer si effectivement elles
suivent les principes de concertation, et plus largement les principes
Habermassien. Ce choix est le plus approprié pour notre recherche et il
améliorera sans aucun doute notre analyse, réduisant ainsi les
risques de biais.
VIII. Les limites du projet
Au début de ce projet, j'éprouve des
difficultés à saisir les limites de cette étude. La
conclusion sera sans aucun doute bien plus précise et complète,
cependant je peux tout de même signaler quelques points.
Premièrement, je pense au temps. Cet
élément est à coupler avec l'éloignement
géographique de mon sujet d'étude. En effet, le
phénomène que j'étudie se situe en
NouvelleCalédonie, c'est-à-dire à 22 000 km de la France
métropolitaine et à 12h de décalage. Cette situation
engendre des difficultés à divers niveaux. D'abord,
l'accès à l'information est beaucoup plus complexe car les
documents doivent être principalement trouvés sur internet, s'ils
ne le sont pas, il faut envoyer un mail pour demander l'accès à
certaines informations et le décalage horaire contribue à
augmenter encore plus le temps de réponses... Puis, le fait de demander
des documents augmente la réactivité de la mesure et donc a un
impact significatif sur la neutralité de mes supports d'analyses.
Ensuite, la nature de mon sujet d'étude. Le
développement durable et la concertation sont des concepts nouveaux
à l'aune des thèmes classiques abordés en sciences
humaines et sociales. Vient s'ajouter à cela, l'aspect systémique
du concept de développement durable qui rend son analyse beaucoup plus
complexe. Même si notre intérêt se porte exclusivement sur
le processus de communication, il y a tout un travail de contextualisation
qu'il faut effectuer pour saisir toute l'importance des enjeux de la
discussion. Également, les documents qui traitent de la gouvernance, le
point qui nous intéresse le plus, sont tous récents et en
construction. Il faut donc avoir beaucoup de recul, lire
énormément d'articles, comparer les informations au niveau
mondial car cette thématique est abordée très
différemment suivant les pays. En effet, ce sujet nécessite un
esprit ouvert, polyvalent et de synthèse pour saisir la globalité
de la situation.
Finalement, je soulignerai un point un peu plus technique. Ma
bibliographie est assez pauvre. Je m'appui presque exclusivement sur la
théorie d'Habermas, délaissant les autres écrits qui ont
pu être effectué à ce sujet. C'est un choix comme un autre,
mais il pourra entamer la qualité de ce mémoire.
12
PARTIE 2 : Genèse de projets non
discutés
La contestation aboutit bien souvent à la concertation.
Cette première partie va mettre en relief les carences de projets non
concertés concernant le projet Vale Inco dans l'extrême sud
calédonien. À partir de cela, nous montrerons les
conséquences de l'absence de concertation dans un projet de
développement durable. Toutefois, pour mieux comprendre le manque de
concertation, nous devons dans un premier temps étudier la
théorie délibérative de Jürgen Habermas
I. Concept de la concertation
Pour être efficace, la concertation doit se faire en
fonction de certaines règles. Habermas dans le cadre de sa
théorie délibérative n'a pas pensé
concrètement la concertation. Cependant, sa théorie donne des
pistes intéressantes pour penser les relations entre la sphère du
pouvoir et la société civile.
A. Les concepts de « système " et de «
société civile "
A la suite de Luhmann, Habermas constate l'émergence au
sein de nos sociétés complexes, de sous-systèmes
spécialisés qui tendent à fonctionner en vase clos de
manière « autoréférentielle ». Il s'agit
principalement du système économique et du système
administratif, qui obéissent chacun à un mode de
régulation spécifique. Les échanges économiques
s'organisent dans le système du marché, qui coordonne l'offre et
la demande par le médium de l'argent. L'organisation des
mécanismes publics de solidarité est confiée à
l'administration, qui coordonne ses actions par le médium du pouvoir
hiérarchique, assurant la transmission et l'exécution des ordres
du sommet vers la base. Ces systèmes délestent ceux qui s'y
engagent, de la préoccupation d'autrui et du bien commun, et leurs
imposent au contraire d'adopter une attitude stratégique,
orientée vers le succès de leurs entreprises. C'est le
système lui-même qui se charge de coordonner les actions
individuelles et de veiller à l'intérêt
général. Ainsi, dans le système administratif, les
gouvernés sont censés se préoccuper uniquement de faire
valoir leurs droits d'usagers des différents services publics, tout en
abandonnant à l'administration le soin d'organiser un juste accès
aux différentes prestations, ainsi que la répartition
équitable des charges et des allocations publiques. De même,
chaque auteur engagé dans le marché se préoccupe
uniquement de maximiser ses profits et de minimiser ses coûts, en
laissant à la « main invisible " le soin de réaliser
spontanément
l'allocation optimale des ressources. Chacun d'entre nous se
trouve engagé dans ces deux systèmes, soit comme consommateur ou
agent économique, soit comme usager des services publics ou
fonctionnaire. Les relations que nous entretenons avec autrui dans ces cadres
sont médiatisées par l'argent ou le pouvoir.
La société civile est un espace qui
échappe à la régulation des systèmes. C'est un
espace oüse forme l'opinion publique c'est-à-dire une
opinion formée en public, résultant d'un débat
public, au cours duquel les différentes thèses
et les arguments qui les soutiennent ont été publiquement
exposés et discutés, en sorte que le public a pu se forger son
opinion sur la question. A la différence du marché et de
l'administration, la société civile ne forme ni un
système, ni une institution, mais un réseau permettant de
communiquer des contenus et donc des prises de position et donc, des opinions.
Elle se compose d'associations, d'organisations et de mouvements qui
institutionnalisent les problèmes sociaux trouvés dans les
sphères de la vie privée, à travers des discussions qui se
proposent de résoudre les problèmes apparus concernant les sujets
d'intérêt général. C'est donc un espace largement
ouvert, illimité quant aux thèmes dont il peut se saisir, en
théorie accessible à tous puisqu'il opère grace au
médium du langage ordinaire. La société civile est le seul
espace à garantir l'égalité et la solidarité entre
tous les participants. Elle répond à l'exigence
d'équilibrer les trois ressources que sont le pouvoir (état),
l'argent (le marché) et la solidarité (société
civile). Son rôle consiste exclusivement à légitimer
l'exercice du pouvoir politique. L'opinion publique ne peut pas dominer, mais
doit se contenter d'orienter l'usage du pouvoir administratif dans un certain
sens. En développant le concept de société civile,
Habermas propose que, puisqu'il y a eu une mondialisation de l'économie
et un retrait des états-nations, il faut qu'il y ait une mondialisation
de l'espace public c'est-à-dire une construction de forme de
solidarité mondiale.
Pour être efficaces et efficients les espaces de
concertation doivent être contraints par des procédures strictes
et des lois.
B. Les postulats de la démocratie
délibérative
Pour garantir le niveau des débats publics, il est
nécessaire d'améliorer les méthodes et les conditions de
débats, de discussions et de persuasions. Le poids de la
procédure est très important. Les formes de participations sont
donc régies par des procédures strictes qui se
référent aux postulats de la démocratie
délibérative qu'Habermas emprunte à Joshua Cohen.
14
Le premier postulat est que « les
délibérations s'effectuent sous formes argumentées et donc
par l'échange réglé d'informations et de raisons entre des
parties qui font des propositions et les soumettent à un examen critique
»8. Ce postulat montre qu'il est possible d'envisager la
décision politique non pas comme le résultat de
négociation entre intérêts particuliers mais comme le
résultat d'une discussion orientée vers le consensus,
c'est-à-dire que tous les participants sont convaincus que la solution
est juste socialement et valide moralement. La discussion est une situation de
communication dans laquelle les interlocuteurs cherchent à produire un
changement dans l'opinion de l'autre de façon rationnelle. On convainc
sur la base d'arguments valides. L'intérêt de l'échange
réside dans le fait que lorsqu'un individu entre en communication, il
accepte à priori de voir évoluer son point de vue et les
participants ne se limitent pas seulement à la seule défense de
leurs positions, ils doivent également réfuter les arguments des
propositions qu'ils désapprouvent.
Le deuxième postulat pose que « les
délibérations sont inclusives et publiques ». Les
termes « inclusives » et « publiques » sont cruciaux. Les
délibérations inclusives indiquent que nul ne peut être
exclu ; toutes les personnes susceptibles d'être concernées par
les décisions prises ont des chances d'y accéder et d'y
participer. L'enjeu est de dépasser les groupes
institutionnalisés. Le principe délibératif se focalise
sur les individus non organisés. Les délibérations
publiques poussent à la généralisation c'est-à-dire
au dépassement du particularisme et de l'égoïsme du point de
vue individuel. On peut observer que tout débat organisé dans un
espace public fait peser sur le discours des acteurs, des contraintes. En
effet, les discours doivent être compréhensibles par tous les
participants, ce qui présuppose qu'aucun discours ne doit être
trop spécialisé. Au contraire, les discours doivent monter en
généralité, sans tomber dans le sens commun ou une
vulgarisation trop poussée.
Le troisième postulat est que « les
délibérations sont exemptes de contraintes externes »,
ce qui veut dire qu'aucune pression extérieure n'agit sur les individus
participants au débat. Chaque individu se présente en son nom.
Les seules conditions auxquelles l'individu doit se soumettre sont les
conditions communicationnelles et les règles procédurales de
l'argumentation.
Enfin le quatrième postulat dit que « les
délibérations sont exemptes de toutes les contraintes
internes ». Ce postulat permet l'égalité des chances,
de paroles pour l'ensemble des individus participants au débat. «
Les participants sont fondamentalement égaux, dans la mesure
où la
8 Cohen, op.cit., p. 22.
répartition existante du pouvoir et des ressources
ne préfigure pas leurs chances à contribuer à la
délibération, ni ne joue aucun rôle autoritaire sur
celle-ci »9.
Les postulats de la démocratie
délibérative proposés par Habermas ont permis de mettre en
place des procédures sur le terrain afin de favoriser l'émergence
du consensus dans une situation idéale de parole. L'évolution des
formes de participations repose essentiellement sur les postulats
décrits précédemment.
C. Les différents niveaux de participation
Avec la multiplication des initiatives en matière de
développement durable, la question de la participation s'impose de plus
en plus aux porteurs de projets. Les formes d'association des publics sont
variées : depuis l'information, en passant par la consultation, la
concertation ou la codécision. Le terme général de «
participation » sera utilisé pour désigner l'une de ces
formes d'association du public et le terme de « concertation »
renverra, quant à lui, à un stade précis et
évolué de la participation où les publics sont
étroitement liés à l'élaboration du projet. La
participation peut s'appliquer indifféremment à chaque
étape du projet : élaboration, décision, mise en oeuvre et
gestion. Toutefois, il est préférable d'appliquer les formes de
participation bien en amont de la prise de décision.
1. L'information et la sensibilisation
Les acteurs publics informent la population du projet qui va
être réalisé sans attendre de retour de sa part.
L'information doit être complète, claire et compréhensible
par tous. Elle doit être sincère et objective vis-à-vis du
public informé. Donner une information, c'est donner du pouvoir, ainsi
informer quelqu'un c'est lui donner la possibilité d'agir. L'information
est portée à la connaissance de la population à travers
différents supports : bulletin d'information, brochure de
présentation du projet, site Internet, articles de presse,
réunions publiques, etc. La sensibilisation est une forme d'information
qui utilise « des arguments de bon sens, des données
chiffrées, des métaphores, mais qui joue aussi parfois sur la
fibre émotionnelle du public pour lui faire prendre conscience de
l'importance d'un phénomène ou d'une cause, et de sa
capacité propre à agir10 ». Si l'information
représente le niveau le plus faible de la participation, elle demeure
une composante indispensable dans les autres niveaux.
9 Ibid., p. 23.
10 Cf. définition du Guide du RARE, "Objectif
développement durable : comprendre, agir sur son territoire", 2005.
2.
16
La consultation
C'est le processus par lequel les décideurs demandent
l'avis de tout ou partie des concitoyens d'un territoire afin de
connaître leurs opinions, leurs attentes et leurs besoins. Ce processus
est totalement unidirectionnel, le politique est totalement libre ou pas de
prendre en compte les remarques et contributions pour statuer sur la
décision finale. La consultation peut relever d'une obligation
légale (enquêtes publiques) ou être volontaire
(référendum municipal, questionnaire d'enquete).
3. La concertation
Ce niveau de participation se caractérise par
l'implication fondée sur le travail en commun des élus, des
techniciens et des habitants du territoire sur un projet public, selon une
procédure collective préalable à la décision. Cette
démarche vise à organiser la confrontation entre
différents point de vue afin de prendre une décision. La
concertation peut être engagée très en amont de la
décision, dès les études préalables. Cependant, la
concertation ne veut pas dire partage de la décision. Elle participe au
processus de décision en l'alimentant, mais l'espace de la concertation
n'est pas le lieu de la décision. La concertation dans
les démarches de développement durable se concrétise, tout
spécialement, à travers la réalisation d'un Agenda 21,
document opérationnel en faveur de la réalisation d'actions de
développement.
4. La codécision
Ce niveau est le plus élevé de la participation.
Il s'agit d'un véritable partage du pouvoir de décision sur les
principales options du projet en question, voire sur son opportunité.
Cependant ce principe est antagoniste avec celui de démocratie
représentative, puisque les élus sont censés partager
leurs pouvoirs décisionnels, or les élus sont toujours les seuls
à trancher sur la décision finale. C'est pourquoi ce niveau est
difficilement atteignable.
On remarque une prise de conscience des politiques concernant
l'ouverture croissante des débats aux populations concernées dans
les projets de développement durable. On reconnaît aux habitants
« un pouvoir d'expertise » pour des questions qui les concernent, au
même titre que les professionnels, les techniciens ou les scientifiques.
Cette prise de conscience prend forme dans de nombreux textes, tels que le
principe 10 de la convention de Rio en 1992 stipulant que « la
meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer
la participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient.
Au niveau national, chaque individu doit avoir dûment accès aux
informations environnementales que détiennent
les autorités publiques et avoir également
la possibilité de participer aux processus de décision. Les
États doivent faciliter et encourager la sensibilisation et la
participation du public en mettant les informations à la disposition de
celui-ci»11
Au vu des différents niveaux de participation, nous
nous intéresserons plus particulièrement à la
concertation. Elle correspond à la forme la plus aboutie existant en
France d'association des populations dans les projets de développement
durable, et c'est la forme employée dans le cas précis du projet
de développement durable en Nouvelle-Calédonie. L'objectif des
parties suivantes est de montrer que l'absence de concertation dégrade
bien souvent le projet.
II. Attribution du permis de recherche à Vale Inco
Nous allons montrer les conséquences de l'absence de
concertation entre les acteurs du projet, concernant l'attribution du permis de
recherche du site de Prony à Vale Inco. Toutefois afin de mieux
comprendre la situation nous allons poser le contexte et les relations entre
les acteurs précédant le conflit.
A. Le boom du nickel (1966-1971)12
La Nouvelle-Calédonie a une longue histoire avec le
nickel. Vale Inco n'est pas la première société à
s'implanter sur le territoire. La Société Le Nickel (SLN) est
installée depuis 1880. La décennie 1960-1970 changea
fondamentalement le visage de la Calédonie. Dès 1960, la
production de nickel entre dans une phase d'expansion modifiant
profondément l'économie calédonienne, puis il y eut le
« boom du nickel » entre 1966 et 1971. Une forte croissance des pays
industrialisés et la guerre au Vietnam doublent la demande de nickel en
moins de dix ans. L'usine de Doniambo s'agrandit, la SLN ouvre de nouveaux
centres miniers, la main d'oeuvre métropolitaine et des îles
voisines afflue. La SLN emploie alors un tiers de la population salariée
de l'archipel.
Toute l'économie de l'île
bénéficiera du boom, le secteur du bâtiment explose. Il
faut pouvoir loger toute cette population de travailleurs qui arrivent sur le
territoire. Le commerce est florissant, la masse de revenu induit par
l'augmentation des emplois augmente considérablement la demande. Les
institutions publiques vont également faire face en embauchant de plus
en plus de personnel. Cette période fut prospère pour la
Nouvelle-
11 « Déclaration de Rio », Nations Unies, [en
ligne]. [
http://www.un.org/french/events/rio92/rio-fp.htm].
12 Economie assistée et changement social en
Nouvelle-Calédonie, Jean Freyss, Tiers Monde I.E.D.S, 1995
Le boom du nickel se situe, selon Jean Freyss, sur la
période 1966-1971 où le taux moyen de croissance de la production
de minerai s'établi à 22%
18
Calédonie et ses habitants. A cette époque les
revendications environnementales n'avaient pas énormément
d'échos.
En 1972, ce fut la « crise du nickel » en raison
d'une concurrence internationale accrue. Le premier choc pétrolier de
1973 plonge la Nouvelle-Calédonie dans la crise.
En 1999, Vale Inco débute la construction de son usine
pilote sur le site de Goro situé sur la commune de Yaté, dans le
sud de la Nouvelle-Calédonie. La construction entraîne alors une
nouvelle dynamique pour l'économie locale. En décembre 2002, Vale
Inco décide de suspendre la construction du projet après avoir
constaté un dérapage du coüt d'investissement
prévisionnel du projet. En 2004, la société annonce la
reprise du projet.
Ce projet est vu par une grande partie des calédoniens
comme le commencement d'une nouvelle ère de prospérité
économique pour le territoire.
B. Historique des relations entre acteurs du projet
Les conflits par rapport au projet d'attribution de Prony, ont
émergé du fait que les décideurs n'ont pas pris en compte
les divergences d'opinion. Et parfois, simplement du système de
démocratie représentative. Le premier conflit majeur qui a
opposé les acteurs du projet minier n'a pas été
provoqué par l'activité de la Société
minière, mais par la décision prise par le comité des
mines, le 14 mai 2002. Ce jour là, la Société Vale Inco,
détentrice de l'exploitation minière du site de Goro, se voit
attribuer par la Province sud, l'autorisation du permis de recherche sur le
domaine minier de Prony. Ce site est qualifié de « dernier plus
grand gisement de nickel au monde »13. Dans les faits,
l'attribution du permis de recherche débouche sur une concession. Cette
décision a engendré une forte protestation de la
société civile et de l'espace public en général.
Elle a fait ressurgir toutes les protestations concernant la gouvernance du
projet.
1. Désaccord au conseil des mines
La décision du conseil des mines a été
fortement contestée. Pour comprendre les raisons de ces protestations,
il faut tout d'abord distinguer le « conseil des mines » du «
comité consultatif des mines ».
Le conseil des mines représente l'organe où
l'État, la Nouvelle-Calédonie et les Provinces tentent de
concilier leurs approches. Placé sous la présidence du
Haut-commissaire14 (qui ne
13 « Prony accordé à Inco par la Province sud
», Les Nouvelles Calédoniennes, le 14/05/02 [en ligne], [
www.lnc.nc]
14 Représentant de l'État Français en
Nouvelle-Calédonie
vote pas), il comprend les présidents des autres
exécutifs (Gouvernement et Assemblées de Province). Il a pour
objet de vérifier que les décisions prises par les provinces,
compétentes en matière minière, soient cohérentes
au niveau du pays. Il est obligatoirement consulté sur tout projet de
loi du pays ou de délibération en matière minière.
« Le conseil des mines dispose [...], non d'un droit de veto, mais du
droit de faire évoquer et peut-être bloquer un projet de texte par
le gouvernement. En effet, si le Haut-commissaire n'intervient pas, le
projet de texte revient devant l'assemblée compétente, qui peut
l'adopter ou le rejeter, mais non l'amender. L'exercice habituel du droit
d'amendement aurait pu [...] dénaturer le projet initial et
vider de son sens le rôle pivot confié au conseil des mines
»15. En revanche, si l'avis du conseil des mines n'est pas
favorable ou si le représentant de l'État exprime un avis
défavorable, l'exécutif de la Nouvelle-Calédonie se
prononcera.
Le comité consultatif des mines est beaucoup plus
ouvert, il est composé de représentants de l'État, du
Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, du Congrès, du
Sénat coutumier, des organisations professionnelles et syndicales et des
associations de protection de l'environnement. Il est obligatoirement
consulté sur tous les textes miniers adoptés par le
Congrès ou une assemblée de province, à l'exception des
autorisations d'investissements étrangers. Ce dernier n'est pas
compétent pour prendre des décisions, mais il a pour principal
objectif de les orienter.
Ces dispositions ont été voulues par les
partenaires locaux et l'État pour que les grandes options
stratégiques en matière minière soient prises en
concertation. Elles sont inscrites dans l'Accord de
Nouméa16.
La proposition d'attribution du site de Prony à Vale
Inco a donc été soumise à l'avis du conseil consultatif
des mines. Cette instance fut présidée par Mr Pierre
Frogier17, président du Gouvernement de la
Nouvelle-Calédonie. Au terme de ce débat, le conseil consultatif
des mines émet un avis négatif sur la proposition de la Province
sud. À la suite de cette décision le conseil des mines s'est
réuni. Le représentant de la Province sud et le Président
du Gouvernement votent pour, le Président de la Province nord et un
représentant de celle des îles votent contre. En vertu de la voix
prépondérante de la province auteur du projet, le domaine de
Prony a été attribué à Inco. L'attribution du
permis n'a pas fait consensus auprès du comité consultatif et du
conseil des mines.
15 François Garde, Les institutions de la
Nouvelle-Calédonie, Harmattan, 2001
16 Art. 3.2.5 de l'Accord de Nouméa, 05/05/98 à
Nouméa, [en ligne] [
www.legifrance.gouv.fr]
17 Pierre Frogier appartient au groupe Rassemblement UMP,
anciennement RPCR (Rassemblement Pour la Calédonie dans la
République). Ce groupe fut créé par Mr Jacques Lafleur
autrefois député et président de la province sud.
20
Quant au vote final, à l'assemblée de la
Province sud, le RPCR qui représentait la majorité au sein de
l'assemblée, a voté pour, suivant l'avis du conseil des mines en
opposition à toutes les autres formations politiques (Front de
Libération National Kanak et Socialiste, l'Alliance et le Front
National) qui ont voté contre.
2. Le rééquilibrage du pays remis en question
Pour l'ensemble des opposants, ce n'est pas tant l'attribution
à Vale Inco qui pose problème, mais la menace qu'engendre cette
décision sur la viabilité du « Projet Koniambo ". Ce projet
est conduit conjointement par la Société Minière du Sud
Pacifique (SMSP) qui est une société mixte appartenant
majoritairement à la Sofinor, et Falconbridge entreprise minière
canadienne. Le groupe SMSP détient 51% du capital de la co-entreprise.
Il apporte le gisement du Koniambo, son expertise professionnelle et son
implantation locale. Son partenaire détient 49% du capital, amène
les études de faisabilité et se porte garant du financement
assumé par la future société commune. Ce projet consiste
à mettre en valeur le massif du Koniambo qui recèle 150 millions
de tonnes de minerai en réserve, pour le transformer sur place et
contribuer ainsi au développement économique attendu dans la
Province nord. Ce programme est vu comme la seule réponse à la
centralisation excessive de la Nouvelle-Calédonie autour de sa capitale
Nouméa (plus de la moitié de la population du pays habite dans le
Grand Nouméa)18. La construction de « l'Usine du Nord "
est également perçue par la mouvance indépendantiste comme
l'acte fondateur d'un rééquilibrage social, économique et
politique tangible entre le Nord et le Sud du Pays. En effet, l'extraction
minière seule reste insuffisante pour assurer un décollage
économique de la province et arrêter l'exode de la population vers
Nouméa. Avec ses centres dispersés, l'industrie minière
seule ne peut créer le pôle urbain qui permettrait d'instaurer une
dynamique économique propre à la Province nord. En créant
des emplois directs et indirects durant la phase opérationnelle, la
réalisation d'une usine métallurgique permet d'amorcer une
activité économique d'ampleur en Province nord tout en assurant
un débouché local aux activités de main d'oeuvre
existantes (agriculture, péche, élevage, hôtellerie,...).
La réalisation d'un tel projet justifie également les
infrastructures techniques et sociales propres à permettre un
développement harmonieux et durable. En ce sens, l'usine du Nord est
perçue comme un enjeu majeur pour l'avenir de la population
calédonienne en général.
18 Recensement Institut de la Statistique et des Études
économiques (ISEE), 2004, [en ligne], [
www.isee.nc]
21
« Si la Province sud entérine [...] l'attribution
d'un permis de recherche sur le site de Prony à Goro Nickel, le projet
d'usine du Nord risque de ne trouver aucun financier sur le
marchéinternational, et le rééquilibrage
économique inscrit à l'accord de Nouméa restera
lettre
morte »19.
L'argument avancé était que, si à l'issue
de la période de recherche, l'industriel canadien se voyait attribuer
les titres d'exploitation, il serait susceptible d'augmenter
considérablement la capacité de son usine. Or, d'autres
réalisations sont en cours à travers le monde. Par
conséquent, il risque de ne pas y avoir assez de place sur le
marché, car sinon ce serait la surcapacité. Dans ce contexte, le
projet Koniambo, n'ayant pas encore trouvé l'ensemble de ses partenaires
financiers, cette attribution risquait de court-circuiter l'Usine du Nord et
par la même occasion menace le rééquilibrage
économique et politique de l'île. La question est de savoir quel
investisseur achètera des actions à la SMSP-Falconbridge, si Vale
Inco est en mesure d'assurer une production de masse.
« Il n'y avait aucune urgence à prendre cette
décision. La logique et la sagesse auraient voulu qu'on attende la
finalisation du schéma minier, qui doit se faire en 2003 ou 2004 [...]
Ce projet n'a pas de sens au regard du développement durable et va
à l'encontre du rééquilibrage »20.
3. Revendications économiques
La Province sud estime que, Prony étant retombé
dans le domaine public, la situation juridique est telle que les règles
du code minier interdisent à la Province de monnayer une décision
d'attribution. La collectivité considère que les
véritables contreparties d'une activité industrielle s'expriment
en termes d'emplois, de salaires distribués (directs, indirects et
induits), de recettes fiscales, de contribution au PIB et d'équilibre de
la balance commerciale. Or, d'après la déclaration de Mr Rock
Wamytan21, signataire de l'Accord de Nouméa, « Le
gisement de Goro [...] avait été cédé par
l'État Français à Vale Inco pour un prix dérisoire
de 3,5 milliards de francs CFP » et le massif minier de Prony est
donné. Pour comparaison, au Canada, Vale Inco a acheté le
gisement de Voisey's Bay pour l'équivalent de 270 milliards CFP. Ces
conditions d'attributions s'additionnent à la multitude de
privilèges dont bénéficient la société
minière ; par exemple une défiscalisation très avantageuse
sur quinze ans, une
19 Phrase de Paul Néaoutyine, Président de la
Province nord, les Nouvelles Calédoniennes, le 05/07/02 [en
ligne], [
www.lnc.nc]
20 Phrase de Paul Néaoutyine, les Nouvelles
Calédoniennes, le 05/07/02 [en ligne] [
www.lnc.nc]
21 Déclaration de Rock Wamytan devant la 4ièmme
Commission de l'Organisation des Nations Unies, 63ième session, New York
le Jeudi 9 octobre 2008. Rock Wamytan fait partie du groupe FLNKS.
mobilisation des moyens de formation et maintenant des titres
miniers, alors qu'en contrepartie, 5% de Goro Nickel seulement iront à
la Nouvelle-Calédonie.
« 5% du capital, c'est une aumône et nous ne
voulons pas d'aumône », a déclaré Didier
Guénant pour l'USOENC22.
Au vu de l'ensemble de ces arguments, nous allons tenter
d'analyser en quoi cette situation ne respecte pas les postulats de base
décrits dans la théorie délibérative d'Habermas et
la cohérence des procédures participatives.
C. Analyse au vu des principes de participation
À travers différentes théories issues des
sciences humaines et sociales, nous allons apprécier les relations entre
les différents acteurs du projet et la procédure qui a
mené à l'attribution du site de Prony à la
société Vale Inco.
1. Comité consultatif des mines vs Conseil des mines
L'espace public est un réseau permettant de communiquer
des opinions au travers du langage ordinaire, qui est à la portée
de tous. Il n'a pas pour objet de prendre des décisions politiques. Il
met en relief des problèmes sociaux, les amplifient, les dramatisent de
tel façon à ce que le système politique, organe de
décision, traite ces maux de société. « Le
système politique [...] est lié à l'espace public et
à la société civile à travers l'activité des
partis politiques et le droit de vote des citoyens »23. Le
droit de vote, « garant » de la démocratie sous-entend que
l'espace public et la société civile ont une influence sur le
pouvoir politique. En effet, l'ensemble des informations et prises de positions
émis par l'espace public sont condensées en « opinions
publiques » regroupées en fonction d'un thème
spécifique. En fonction du processus de formation et du large
assentiment qui la soutienne, l'Opinion publique a une influence plus ou moins
importante sur le pouvoir politique. Pour autant, ce dernier ne peut pas se
permettre de nier ou de minimiser la force de cette opinion. Il devra donc
justifier clairement toutes décisions qu'il prend, en particulier si
elles vont à l'encontre des positions émises par l'espace public,
c'est-à-dire de l'Opinion publique. Si le pouvoir politique n'explicite
pas ses décisions il augmente la probabilité d'entrer en conflit
contre la société civile.
22 Phrase de Didier Guénant, secrétaire
général de L'Union des Syndicats des Ouvriers et des
Employés de Nouvelle-Calédonie, les Nouvelles
Calédoniennes, le 31/08/02 [en ligne] [
www.lnc.nc]
23 J.Habermas, droit et démocratie, p 395,
Gallimard, 1997
23
Le comité consultatif des mines représente une
structure spatiale de l'espace public, c'est-àdire un lieu de formation
des opinions. Celui-ci est chargé de donner un avis au conseil des
mines, qui sera en principe le dernier habilité à statuer sur les
questions concernant la mine. Dans le cas de l'attribution du permis de
recherche à la société Vale Inco, le comité
consultatif des mines a donné un avis défavorable au projet. Cet
avis n'a pas été suivi par le comité des mines. Cette
situation a été favorisée par le système de vote
qui a avantagé la province détenteur du projet. Au final,
l'exécutif a délibéré sur le projet. Le vote final
a confirmé la décision prise par le conseil des mines. On
constate que l'avis de la société civile, aussi contestataire
soit-il, n'a nullement influencé la décision politique. La
décision fut prise via le rapport de force entre les partis participants
au vote plus que par la concertation. Cet exemple augmente la réticence
de certains acteurs locaux qui considèrent souvent que leur
participation ne modifie en rien des projets qu'ils pensent, même si
c'est à tort, déjà déterminés. En
Nouvelle-Calédonie, de nombreux exemples illustrent ces « fausses
participations » constituant autant de contre-références
à l'origine des préjugés négatifs de l'Opinion
publique vis-à-vis de la participation.
2. Rôle du comité consultatif des mines ?
Pour que l'espace public ait un réel « pouvoir
social », il faut qu'il se dissocie du pouvoir politique. Il est important
pour le public que les structures représentants la société
civile se différencient des institutions politiques, ceci comme gage de
neutralité des décisions. Dans cette logique, le comité
consultatif des mines doit être autonome et il ne doit pas être en
prise directe avec la décision. Or, le comité fut
présidé par Mr Pierre Frogier, président du Gouvernement
de Nouvelle-Calédonie et élu RPCR. Ce dernier a prit part au vote
final. De ce fait, le comité ne se distinguait pas tout à fait du
conseil des mines, qui est l'organe décisionnel. Le conseil s'est
réuni directement à la suite du débat du comité.
Les élus ont donc voté immédiatement.
Le comité consultatif des mines n'a quasiment
joué aucun rôle dans la formation de l'Opinion publique. On
constate donc que le déroulement de la procédure a totalement
altéré le rôle du comité. En tant qu'espace public,
il doit être un lieu de formation des opinions, mais également
diffuser ces opinions au plus grand nombre avant une prise de décision
par les autorités compétentes. Dans l'exemple de l'attribution du
permis de recherche, le comité s'est réduit à un simple
échelon d'un système de bureaucratisation des décisions,
c'est-à-dire « des décisions sur les décisions
». Cela ne signifie pas que son existence est inutile, mais simplement que
l'usage qui en a été fait n'était pas adapté et
qu'il a rendu l'organe inerte.
3. Prise de décision
La théorie de la décision en économie est
liée à l'individualisme méthodologique. L'approche
néoclassique, dominante, est focalisée sur une hypothèse
d'anticipation rationnelle en situation d'information plus ou moins
parfaite24. Concrètement, l'individu collecte des
informations, les traite et fait un choix qui va lui permettre de maximiser son
intérêt compte tenu de son système de
préférences. Il s'agit là d'un monde certain dans lequel
toutes les informations sont accessibles et où les capacités de
traitement infinies de l'homme lui offrent la possibilité de comparer
les utilités dégagées par différents choix. Ainsi
est présenté l'homo oeconomicus, c'est-à-dire celui qui
prend les décisions les plus rationnelles. Or, Herbet SIMON dans son
ouvrage « administrative behaviour » nous dit que l'homme ne
maximise pas économiquement son utilité, il ne connaît pas
tous les paramètres indispensables à la prise de position
rationnelle, et il n'a pas une fonction de préférence stable et
durable. Le but de la théorie dite " de la rationalité
limitée " est donc de mettre en lumière les limites pratiques de
la rationalité humaine et de s'efforcer de trouver les moyens
(entraînement, formation, adhésion à de nouvelles valeurs)
de repousser ces limites. Ainsi, le décideur navigue souvent dans le
brouillard car les informations dont il dispose ne sont pas complètes,
ses capacités d'abstraction, de synthèse ou d'analyse sont
limitées ou encore il est influencé par des émotions et
des événements extérieurs (professionnels ou
privés), étrangers à la décision qu'il doit prendre
rationnellement. Ainsi SIMON oppose à la rationalité absolue, la
rationalité " procédurale " qui va consister en une succession de
décisions itératives, qui cherchent, en fonction des erreurs
passées, à s'approcher de la moins mauvaise solution possible.
L'importance de cette théorie est la notion de procédure
nécessaire à une prise de décision emplie de raison. On
peut dire que les modèles participatifs sont constitutifs d'une
décision rationnelle.
La décision d'attribution du permis de recherche a
été principalement motivée par l'estimation d'une
augmentation du marché du nickel dans les dix ans à venir. Cette
estimation fut effectuée lors du colloque international du nickel
organisé à Nouméa, en juin 2001. C'est pour anticiper
cette hausse de la demande que la Province sud a décidé
d'attribuer le permis de recherche sur le site de Prony. De nombreux opposants
ont cité les incohérences de cette décision hâtive
et ont souligné le manque flagrant d'informations. Au vu de la
théorie de H. SIMON, la procédure qui précède cette
décision est critiquable. En effet, une décision
24 Biencourt et al, 2001
25
d'une telle importance, qui engage un pays aussi
profondément dans son avenir (politique, économique, culturel,
environnemental...) et le futur du marché mondial du nickel,
mérite une procédure décisionnelle beaucoup plus
importante, étalée dans le temps, impliquant la participation du
plus grand nombre, reposant sur des informations les plus complètes et
surtout, les moins évasives possible. La véracité de
l'information est importante. La crise mondiale actuelle est l'exemple
démontrant qu'aussi méthodique que soit la science
économique, elle reste une science humaine et sociale et donc par
défaut, une science imprécise. Une décision de cette
ampleur prise aussi rapidement est automatiquement contestée. Pour que
les décisions soient efficaces, il faut laisser le temps aux
procédures participatives de se développer et de se
répandre. Si on étouffe ces procédures participatives
à quelques niveaux que ce soit (temporel, spatial,...), elles ne seront
pas efficaces. D'où l'idée de mettre en place des règles
strictes, claires et précises pour optimiser l'efficacité des
procédures et éviter les écueils possibles. Ces
règles sont indispensables pour garantir la qualité de la
décision.
L'analyse souligne quelques problèmes. D'une part, elle
remet en question le principe de démocratie représentative. En
effet, un parti élu démocratiquement et qui est majoritaire, a un
pouvoir total et absolu durant la durée de son mandat. Il
détermine l'intérêt de tous. Pourtant, cet exemple nous
montre que la société civile était majoritairement contre
cette décision. Donc, en quoi cette décision est-elle
légitime ? Ensuite, l'analyse souligne l'importance de la formalisation
des procédures. En effet, si les procédures participatives sont
dépourvues de règles ou ont des règles imprécises,
il risque d'y avoir des dérives qui atténuent la portée de
ces procédures.
Le manque de rigueur dans le processus de prise de
décision nous amène souvent à un mouvement de contestation
de l'espace public. Ce dernier pour faire entendre son opinion use de son
pouvoir social, c'est-à-dire qu'avec l'appui de l'espace
mobilisé, précisément grâce à la pression de
l'opinion publique, il obtient de force que le thème mis à
l'ordre du jour soit formellement discuté. Pour autant,
l'établissement d'un ordre du jour officiel ne signifie pas
nécessairement que la décision finale des autorités ou la
stratégie d'implémentation effective correspondront aux espoirs
initiaux de l'espace public. Ce pouvoir social se traduit bien souvent par des
manifestations publiques.
D. Conséquences directes
Nous allons voir comment le manque de concertation ou de rigueur
dans la procédure décisionnelle a alimenté la
vivacité de la société civile.
1. Manifestations
Une manifestation est un rassemblement destiné à
exprimer publiquement une opinion politique, une revendication sociale... La
manifestation est le principal outil que développe la
société civile pour engager un rapport de force avec le pouvoir
politique ou économique. « Il faut parfois l'appui d'actions
spectaculaires, de protestation de masse et de campagnes durables avant que les
thèmes pénètrent dans le centre du système
politique pour y être formellement traités
»25.
Suite à l'annonce du comité des mines, une
manifestation fut organisée à l'appel d'un parti politique
(FLNKS), de plusieurs syndicats (USTKE, UTINC et FPME) et du Conseil National
Des Peuples Autochtones (CNDPA). Cette manifestation a réuni des
milliers de manifestants devant le siège de la Province sud. Elle avait
pour objectif de faire pression sur le vote qui se déroulait en
assemblée. La pression n'ayant pas donné lieu à
l'abrogation du permis de recherche, une deuxième manifestation fut
organisée le 30 août 2002. Celle-ci a réuni entre 3200
manifestants selon la police et 5000 selon les organisateurs. Cette
manifestation fut beaucoup plus diversifiée de part son public. La
principale revendication était le retrait du permis de recherche sur le
massif de Prony. D'autres revendications furent également
soulevées telles que les garanties sur l'environnement et la
participation plus importante de la Nouvelle-Calédonie dans le capital
de Vale-Inco.
De la première à la deuxième
manifestation, le public s'est enrichi et élargi. En effet, au
départ, il comprenait plusieurs adhérents de différentes
organisations politiques, syndicales... Dans la deuxième manifestation
apparaissaient des associations de protection de l'environnement et des
profanes. Les revendications sont également devenues plus nombreuses car
elles ont intégré le volet environnemental et la participation du
pays dans le capital de la société Vale Inco. L'amplification du
mouvement prouve les négligences qu'il y a eues en amont du projet. La
société civile a manqué d'information et ceci se ressent
dans ces manifestations. Ainsi, on constate l'importance de la prise en compte
du temps dans les processus participatif. Le temps est nécessaire
à la diffusion et à la compréhension de l'information par
l'ensemble des catégories, dont fait partie la société
civile. Les processus de
25 J.Habermas, droit et démocratie, p 409,
Gallimard, 1997
27
décision doivent inclure l'espace temporel essentiel
pour la légitimité des délibérations finales.
L'amplification du mouvement s'est également traduit par la formation
d'associations contre cette décision. Une d'entre elles fut à
l'origine de la deuxième manifestation.
2. Création d'associations
La société civile se compose d'associations,
d'organisations et de mouvements qui à la fois accueillent, condensent
et répercutent en les amplifiant dans l'espace public politique, la
résonance des problèmes concernant les sujets
d'intérêt général. Ces acteurs émergent le
plus souvent de situations de crise qui ne sont pas traitées par la
sphère politique. En effet, « un espace public ne se
crée pas à volonté. Avant d'être investi par des
acteurs stratégiques, il faut que l'espace public et le public qui en
est la base se soient constitués en tant que structure autonome et se
reproduisent par leurs propres moyens »26.
Ainsi, à la suite de la décision de la Province
sud, plusieurs associations de protection de l'environnement calédonien
se sont formées. Leurs objectifs sont parfois différents, mais le
but est d'être suffisamment représentatif pour jouer un rôle
dans les décisions concernant l'usine du sud. Comme exemple, le
Collectif pour la Défense et la Maîtrise du Patrimoine de Prony
(CDMPP) a été créé suite à la
première manifestation qui a eu lieu lors du vote de l'assemblée.
Ce collectif se compose de coutumiers, de citoyens, de syndicats,
d'associations et de partis politiques. Il est à l'origine de la
manifestation du 30 aoüt 2002, qui avait pour but d'interpeller
l'État, les élus locaux et notamment M. Jacques Lafleur,
député, Président de l'Assemblée de la Province
sud, sur le problème que représentait l'attribution du permis de
recherche. On peut alors dire que les associations à travers les
questions qu'elles soulèvent mettent en exergue des problèmes qui
doivent être traités par la sphère politique. Nous
analyserons plus en détail le rôle des associations à
travers l'étude de la société civile dans le chapitre
suivant.
La société civile calédonienne a
réagi vivement à la décision du pouvoir politique. Cette
réaction témoigne de l'importance du projet et de ses enjeux qui
engagent le pays sur le long terme. Nous avons vu apparaître des
revendications environnementales qui n'étaient pas le souci premier des
acteurs liés aux conflits. Pourtant, au fil du mouvement ces
revendications vont prendre de plus en plus d'importance. Nous allons
étudier cela à travers l'inscription du Grand Lagon Sud au
patrimoine mondiale de l'Unesco
26 J.Habermas, droit et démocratie, p 392,
Gallimard, 1997
III. Projet d'inscription de Grand Lagon Sud (GLS)
calédonien
Le lagon calédonien est le plus grand lagon du monde.
Il représente un des écosystèmes coralliens le plus
varié et le plus riche du globe. Il est ainsi reconnu par la
communauté internationale comme étant un « hot spot »
de la biodiversité planétaire. En 2001, des associations locales
de protection de l'environnement ont engagé une démarche pour
inscrire le lagon calédonien au patrimoine mondial de l'Unesco. Bien que
cette démarche soit noble, elle fut soumise à des
contestations.
Après avoir étudié les points d'accroches
entre les différents partis, nous allons expliquer d'un point de vue
communicationnel les causes des contestations pour finalement montrer leurs
conséquences.
A. Historique des relations entre acteurs du projet
Généralement l'inscription d'un site au
patrimoine de l'humanité est vue comme une reconnaissance mondiale et un
label de prestige. Pourtant, l'inscription du lagon calédonien ne sait
pas fait sans accroche. Nous allons analyser les contestations qui ont suivi le
dépôt du dossier en janvier 2002.
1. Non respect de l'Accord de Nouméa
La Nouvelle-Calédonie est devenue une
collectivité sui generis, c'est-à-dire de son propre genre. Cela
signifie qu'elle possède un statut particulier relativement autonome vis
à vis de l'État français. L'archipel possède son
propre gouvernement. Depuis les Accords de Nouméa en 1998, des
compétences de l'État sont transférées
progressivement à la collectivité. Ce transfert de
compétences aboutira à un référendum entre 2014 et
2018 qui donnera la possibilité à la Nouvelle-Calédonie de
devenir indépendante ou de rester sous tutelle française.
L'organisation institutionnelle du pays a été définie le
16 février 1999 par la loi organique et la loi
ordinaire adoptées par le Parlement. Une des missions de la loi
organique est de répartir les compétences entre l'État, le
Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, les Provinces et les Communes.
Dès la signature de l'Accord de Nouméa certaines
compétences ont été immédiatement
transférées. Ainsi, d'après l'article 46 de la loi
organique du 19 mars 1999, les Provinces ont la compétence en
matière de protection de l'environnement. Elles «
réglementent et exercent les droits d'exploration, d'exploitation,
de gestion et de conservation des ressources naturelles biologiques et non
biologiques des eaux intérieures, dont celles des rades et lagons, de
leur sol et de leur sous-sol, et du sol, du sous-sol et des
29
eaux surjacentes de la mer territoriale. Les provinces
prennent, après avis du conseil coutumier concerné, les
dispositions particulières nécessaires pour tenir compte des
usages coutumiers. " 27. Donc, l'État n'a aucun
rôle en la matière.
En 2001, avec le soutien des coutumiers, l'association «
Corail vivant " présente un dossier d'inscription du lagon
calédonien à Yves Cochet, ministre de l'Aménagement du
Territoire et de l'Environnement de l'époque. Ce dernier dépose
le 31 janvier 2002, le dossier à l'Unesco pour l'inscrire sur la liste
du patrimoine mondial de l'humanité. Cette initiative du ministre, qui
représente l'État français, a provoqué une vive
contestation des parlementaires calédoniens. Jacques Lafleur,
Président de la Province sud ; Pierre Frogier, Président du
Gouvernement et Simon Loueckhote, Sénateur ; tous membres du RPCR, se
sont élevés contre l'ingérence de l'État dans le
domaine de l'environnement qui relève de la compétence
provinciale et territoriale. Cette initiative va à l'encontre de
l'Accord de Nouméa.
2. Société civile mondiale
Suite à l'élection présidentielle de
2002, Mme Roselyne Bachelot accède le 6 mai au poste de Ministre de
l'Environnement, de l'Écologie et du Développement Durable. A la
suite d'une visite de Mr Jacques Lafleur, Mme Bachelot annonce au mois
d'aoüt le retrait du dossier de classement du lagon calédonien au
patrimoine de l'UNESCO. Pour expliquer ce subit renversement de situation, Mme
la Ministre a déclaré que la demande de nomination
déposée par son prédécesseur en janvier est «
une mesure qui n'a aucun n'intérêt car elle n'a aucun impact
contraignant "28. Et Mme Bachelot rajoutait, qu'au lieu de
chercher la nomination de Patrimoine Mondiale, la France assurera la protection
des écosystèmes fragiles et uniques en travaillant conjointement
avec les sociétés minières internationales, en particulier
avec INCO Ltd Canada, cela pour assurer une « véritable
protection environnementale ". Cette annonce a provoqué la
stupéfaction de la société civile calédonienne et
plus globalement de la « société civile mondiale ".
J'entends par ce terme, la formation de mouvement, de groupes civiques qui
s'occupent des questions transfrontalières. Une solidarité qui ne
se limite pas dans l'espace. Comme il y a une mondialisation économique,
il existe également une mondialisation de la société
civile qui repose sur la solidarité.
27 Article de loi, [en ligne], [
www.droit.org]
28 Citation de Roselyne Bachelot, Communiqué de
diffusion du Dr Stéphanie Gorson Fried, scientifique de haut niveau,
membre de l'ONG Environmental Defense d'Hawaii, 13 septembre 2002, [en
ligne] [
www.edf.org]
30
À travers la description de ces conflits. On remarque
deux aspects du problème. Il y a un problème de communication
mais qui parfois est sous jacent à un problème de droit. Nous
allons voir le rôle du droit en préalable au processus de
décision, et donc au processus de communication.
B. Analyse au vu des principes participatifs
À travers différentes théories issues des
sciences humaines et sociales, nous allons tenter de repérer les causes
des conflits qui ont suivi le dépôt du premier dossier à
l'Unesco.
1. Le droit garant de la discussion
La controverse des parlementaires calédoniens
était due à un manque de concertation en amont du
dépôt du dossier, mais surtout au flou entourant les droits de
l'État et de la Province sud en matière d'environnement. La
Province est compétente en ce qui concerne la protection
environnementale. Or seul un état peut saisir l'Unesco pour une
proposition de classement. La Nouvelle-Calédonie n'étant ni un
état, ni membre de l'Unesco, elle ne pouvait pas prendre cette
initiative. Les contestataires de cette décision déclaraient que
« Le fait que la NouvelleCalédonie ne soit pas membre de
l'Unesco ne suffit pas à autoriser le ministère à prendre
cette initiative qui ne peut relever que d'une demande expresse des provinces
et accessoirement de la Nouvelle-Calédonie [...] Même si
l'État était seul habilité à saisir l'Unesco d'une
proposition de classement, il est évident que cette proposition devait,
au préalable, être discutée avec les collectivités
territoriales concernées, et même subordonnées à
leur accord... »29.
Ce cas est intéressant car les partis qui s'opposent
sont dans leurs droits. Le conflit intervient dans la zone imprécise du
droit. De ce fait, on note l'importance du droit et des règles pour
régir les relations entre individus ou dans ce cas, les relations entre
acteurs d'un projet. Le droit définit le statut des personnes
juridiques. Il répartit les rôles de chacun, leur permettant de se
situer dans leurs relations avec les autres. Le problème de concertation
en amont n'est pas le vrai problème, car la concertation
nécessite au préalable la définition du statut des
participants au débat. C'est le droit qui joue ce rôle. Il doit
donc être clair, précis et accepté de tous. Le droit est
donc nécessaire pour permettre une discussion saine et de
qualité.
29 Déclaration de Jacques Lafleur, Les Nouvelles
Calédoniennes, du 21/02/02. [en ligne] [
www.lnc.nc]
31
2. Intérêts particuliers
Le choix de Mme Bachelot fut principalement motivé par
la rencontre qu'elle a eue avec Mr Lafleur, Président de
l'assemblée de la Province sud. En Nouvelle-Calédonie, seuls les
élus RPCR étaient contre le dépôt du dossier
d'inscription. Les Provinces îles et nord, le sénat coutumiers,
diverses associations de protection de l'environnement, la majorité des
calédoniens, les scientifiques et les écologistes étaient
favorables au classement. Mme la ministre a pourtant choisi le retrait du
dossier, motivant sa décision par plusieurs arguments dont, le manque de
consensus local. Or, comment pouvait-il y avoir consensus sans confrontation
entre les partis ? Jacques Lafleur a réussi à faire entendre sa
voix pour le retrait du dossier. Le problème ne se résume pas
dans le choix qui a été effectué, mais dans les raisons
pour lesquelles ce choix a été fait. La nature du pouvoir
qu'avait Jacques Lafleur se résumait par son statut en tant que
président d'une majorité démocratiquement élue.
D'ailleurs, lui-même avait déclaré dans une lettre
adressée aux Verts qui accusaient Mme la ministre de
clientélisme, « Je souhaite rappeler qu'en tant que
député de l'UMP et président
de l'assemblée de la Province sud, je ne constitue
pas un lobby, je représente par la volontédu peuple
s'exprimant lors d'élections libres, la tr*s grande majorité des
Calédoniens [...]À
l'inverse, c'est le conglomérat constitué
par le Sénat coutumier, les indépendantistes, des associations et
un comité de parlementaires, sur lequel s'appuient les Verts, qui forme
à proprement parlé un lobby »30. Il
légitimise son action par le fait qu'il ait été élu
démocratiquement à l'élection de 1999. Le pouvoir qu'il
oppose à la société civile repose sur la démocratie
représentative, de ce fait « il est légitime ». Dans
toutes démocraties, les gouvernants une fois élus conservent une
totale indépendance vis-à-vis des électeurs.
La situation se résume donc par une partie
composée de diverses organisations politiques, associatives et de
profanes qui ont un intérêt écologique et d'une partie
composée du RPCR qui a un intérét économique. En
effet, l'annulation de la décision serait bénéfique pour
l'avancement du projet de l'Usine du sud. Le législateur a pris la
décision d'annuler le dépôt sans qu'aucune confrontation
entre les partis n'ait été organisée. Cette
décision s'est faite suite à une réunion
privée entre le Président de la Province sud et Mme
Bachelot. Les rapports de force ont occupé une place dominante dans la
prise de décision. Ainsi un intérêt particulier fut
privilégié au détriment d'un autre sans chercher à
atteindre un consensus qui aurait pu satisfaire la majorité «
numérique ». Aucune confrontation entre les partis n'ayant
était mise en place, le consensus, critère déterminant qui
conditionnait le dépôt du projet était
30 Extrait de la lettre de Jacques Lafleur adressée aux
Verts (parti écologiques de France), Les Nouvelles
Calédoniennes, du 20/02/03 [en ligne] [
www.lnc.nc]
impossible à atteindre. Cette procédure est
diamétralement opposée aux principes de développement
durable et de participation du public dans la prise de décision.
L'analyse fait ressortir plusieurs points importants. D'une
part, on peut noter l'importance du cadre juridique et méthodologique.
Ce cadre doit permettre de placer les partis sur un pied
d'égalité. Il doit créer un espace qui soit exempt de
contraintes externes telles que les pressions effectuées sur un parti,
qui biaisent les prises de décisions. D'autre part, ces exemples mettent
en exergue le problème de légitimité du pouvoir politique.
On ne lui reconnaît plus de pouvoir absolu. L'enjeu sera d'éviter
une distanciation trop importante entre la société civile et ses
représentants politiques. Pour éviter ce fossé, la
société civile va mettre en place des actions qui auront pour but
d'interpeller l'opinion publique en NouvelleCalédonie et au-delà
de ses frontières.
C. Conséquences directes
Nous allons voir comment la société civile s'adapte
au problème qu'elle rencontre à différents niveaux.
1. Manifestation locale
Le Collectif de Défense et de Maîtrise de
Patrimoine de Prony fut à l'origine de la manifestation du 30 août
2002. Ce jour là, plus de 3000 dirigeants Kanaks, écologistes,
militants pour les droits de l'homme et citoyens ordinaires ont
manifesté en exigeant que la Province sud retire le permis de recherche
accordé à Inco sur le massif latérique de Prony ouest, et
que les lois de protection environnementales soient votées. Les
manifestants ont exigé que le Gouvernement Français poursuive la
demande de classement du lagon calédonien au patrimoine mondiale de
l'humanité.
Cette manifestation a permis d'introduire officiellement sur
la place publique, le problème environnemental lié à
l'activité minière. Auparavant, seules les associations de
protection de l'environnement se préoccupaient du volet environnemental,
or cette manifestation a permis d'étendre cette thématique aux
citoyens lambda. C'est grace à l'assentiment et à l'appropriation
de la question par les profanes que la manifestation fut importante au niveau
social. Le classement du lagon étant un problème
écologique mondial à travers l'érosion des coraux de part
le globe, la contestation ne fut pas cantonnée à la
Nouvelle-Calédonie. Elle fut mondiale.
33
2. Solidarité mondiale
La liste du patrimoine mondial de l'humanité constitue
un héritage culturel et naturel que le comité du patrimoine
mondial considère comme ayant une valeur universelle exceptionnelle. Le
but est de cataloguer, nommer et conserver les sites dits culturels ou naturels
d'importance pour le patrimoine connu de l'humanité. Sa mission oeuvre
pour l'intérêt général car ces sites sont
considérés comme l'héritage, non pas d'un pays, mais de
tous les pays. Malgré cela, aussi exceptionnel que soit le site, si le
pays responsable n'entreprend aucune démarche pour l'inscrire, il est
impossible que celui-ci apparaisse sur la liste du patrimoine mondial. Pour des
raisons politiques un pays ne peut agir à la place d'un autre en
prétendant agir pour le bien commun ou l'intérêt
général. Il peut entreprendre des actions contraignantes à
l'encontre du pays « inactif » pour aller dans son sens, mais de
telles actions ne sont mises en place qu'en situation de crise. Bien que
représentant la crise de notre siècle, le volet environnemental
n'a jamais suscité d'action d'un pays vis-à-vis d'un autre pour
le contraindre à quoi que ce soit. La société civile
mondiale, dont les « membres » les plus médiatisés sont
les Organisations Non Gouvernementales (ONG), s'occupent des questions
transfrontalières dans les domaines que les États
constitués n'ont pas su s'occuper. D'ailleurs les ONG ont le droit
d'ingérence pour agir en cas de situation de crise exceptionnelle. En
matière environnementale, elles ont souvent permis de faire pression sur
les états en alertant l'opinion publique sur les risques
écologiques et en s'appuyant sur la solidarité mondiale. Les
Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) ont permis de
développer la solidarité mondiale en renforçant la
proximité entre les individus à travers le monde. Les
problèmes de ce siècle ont fait prendre conscience de
l'interconnectivité du monde et de sa finitude. De nombreux blogs, sites
internet, forums, etc.... informent et discutent des problèmes
environnementaux aux niveaux local, national et mondial.
Après l'annonce de Mme Bachelot, non seulement les
associations calédoniennes ont réagi mais un nombre important
d'articles, de blogs, de forums et autres manifestations sont apparus sur
internet, élargissant le conflit hors de ses frontières. Ainsi,
des ONG telles que WWF (littéralement, fonds mondial pour la vie
sauvage), des scientifiques, des écologistes, des associations, des
profanes à travers le monde ont appelé l'état
français à revenir sur sa décision. Un mouvement mondial
s'était mobilisé pour défendre l'inscription du lagon
calédonien au patrimoine de l'humanité. Ce mouvement a mis un
coup de projecteur sur les arguments qui ont motivé le retrait du
dossier et il a soulevé l'aspect favoritiste de ces arguments. Sous la
pression internationale effectuée par la société civile
mondiale, la France en 2003 relance le dossier lors de la visite en
Nouvelle-Calédonie du Président de la
République, Mr Jacques Chirac. Lors du discours qu'il
donna à Nouméa le 23 aoüt 2003, Mr Chirac affirma son
soutien au projet d'inscription du lagon calédonien sur la liste du
patrimoine mondiale de l'humanité.
Au cours de ce chapitre, nous avons pu observer
l'évolution de processus décisionnel d'une importance
considérable pour la Nouvelle-Calédonie. Ces procédures
ont fatalement manqué de concertation par manque de temps, de cadre
juridique et de cadre réglementaire. Les décisions qui ont
émané de ces processus ont de suite été
confrontées à une vive contestation de la société
civile locale et mondiale. La légitimité des représentants
politiques fut remise en question. L'unique pouvoir tangible qu'ont les
électeurs vis-à-vis des politiques est le vote électoral.
Suite à ces mouvements de contestations qui se sont organisés et
qui ont pris au fil des ans de plus en plus d'importance ; on constate
logiquement qu'après quinze ans (3 mandats) à la tête de
l'assemblée de la Province sud, Mr Jacques Lafleur, l'homme fort de la
Nouvelle-Calédonie, n'a pas été réélu aux
provinciales de 2004. Ces élections ont d'ailleurs marqué un
total renversement dans le paysage politique du territoire, à travers
l'apparition de nouveaux partis et l'éclatement des anciens.
Ces conflits ont donc eu des répercussions importantes
en Nouvelle-Calédonie. De ces conflits émergèrent de
nouvelles procédures pour traiter ces questions. La conduite des projets
sera différente, plus participative, une plus grande transparence sera
mise en place par l'intermédiaire d'instances créées
spécialement pour ouvrir ces questions aux publics et pour favoriser un
développement durable. Ainsi, en octobre 2004 sera créé le
Comité d'Information, de Concertation et de Surveillance (CICS) sur les
impacts environnementaux du site industriel de Goro. Toutefois avant d'analyser
ce comité, nous verrons dans le chapitre suivant, les objectifs du
développement durable déclinés par acteurs du projet avant
l'année 2004. Cette analyse nous permettra de mieux saisir les enjeux du
comité et la procédure participative qui en résulte.
35
PARTIE 3 : Les principaux acteurs
concernés dans le processus de décision
Dès le commencement du projet, les différents
partis on eu le souci de construire l'usine en suivant les principes du
développement durable. Toutefois, nous observerons dans cette partie le
déséquilibre entre les priorités des différents
acteurs participant au projet. Dans un premier temps nous nous attacherons
à développer les objectifs de chacun vis-à-vis du
développement durable, c'est-à-dire économique, social et
environnemental. Cette analyse nous permettra de comparer les priorités
des acteurs. Puis, nous verrons comment la préservation de
l'environnement est passée au premier plan du débat, en nous
appuyant sur les manques concernant le volet environnemental.
I. Les priorités des acteurs du projet
Chaque acteur du projet n'ayant pas les mêmes
intérêts, il m'a semblé nécessaire d'analyser leurs
intérêts particuliers. Cette analyse permettra une meilleure
compréhension des enjeux de la mise en place d'une politique de
concertation.
A. Système économique : Vale Inco
Depuis le début du projet, la société Vale
Inco a incorporé les piliers du développement durable. Nous
allons observer ses objectifs en fonction des trois piliers.
1. Objectif économique
Vale Inco Nouvelle-Calédonie S.A.S., est une entreprise
d'extraction du minerai et de production de nickel et cobalt. Par nature une
entreprise est un agent économique qui a pour finalité la
production de biens et de services destinée à la vente pour
réaliser du profit. Aucune entreprise ne peut survivre sans en faire sa
priorité, à moins d'être protégée et en
dehors du champ de la concurrence (ex : cas des services publics).
Le marché du nickel est un oligopole. Cela implique une
veille concurrentielle accrue de la part de Vale Inco et des stratégies
permanentes pour améliorer sa compétitivité. Les
marchés oligopolistiques sont marqués par une concentration
importante. Si la société Vale Inco veut garder sa
souveraineté, elle doit être autonome au niveau financier. De ce
fait, l'objectif de maximisation du profit est crucial, car il est le seul
garant de la survie de l'entreprise.
Maximiser ses profits consiste à extraire des
bénéfices financiers en récoltant plus d'argent à
l'arrivée que d'argent investi au départ ; notamment pour attirer
les investisseurs institutionnels et les actionnaires. En effet, l'augmentation
du profit conditionne les fonds que l'entreprise pourra lever pour permettre sa
survie sur le marché.
Pour résumer, la société Vale Inco a
comme objectif économique, la maximisation de son profit grâce
à la production de minerai servant à répondre à la
demande mondiale.
2. Objectifs sociaux
L'entreprise est un système ouvert,
c'est-à-dire que d'une part elle est influencée par son
environnement et d'autre part, elle influence son environnement. Son
activité est à l'origine d'externalité positive ou
négative. Elle est donc responsable des conséquences de son
activité sur la société, ses hommes, son patrimoine
culturel, historique...
En ce sens, Vale Inco accorde un effort particulier à
la création d'emplois locaux et à l'octroi de contrats à
des firmes locales. En plus des centaines d'emplois temporaires liés
à la construction, 800 postes permanents seront créés pour
le fonctionnement de l'usine en production constante, dont 90% seront
détenus par des calédoniens. On estime qu'environ 3000 autres
emplois, indirects et induits, seront créés localement
grâce à ce projet, et ce sur une trentaine d'années ou
davantage si d'autres gisements sont exploités après celui de
Goro. Pour remplir ses emplois, il faut des individus formés.
L'industriel doit être en mesure de trouver les compétences
nécessaires parmi les jeunes Calédoniens. C'est pourquoi la
société a mis en place un programme de formation adapté
à ses besoins. Ce qui offre aux jeunes Calédoniens
intéressés par ce grand projet industriel la possibilité
de se préparer à occuper les postes qui seront ouverts dans
divers métiers de haute technologie.
De plus, Vale Inco Nouvelle-Calédonie travaille
à l'élaboration d'initiatives communautaires en collaboration
avec ses voisins. La société a donc pour objectif
d'intégrer la population calédonienne au projet en participant
activement au développement économique local. Cet objectif se
raccorde au volet social et non au volet économique, car les
retombées financières ne profitent pas à la
société, mais au pays d'accueil. Cet objectif est volontaire de
la part de l'industriel.
3. Objectif environnemental
En matière environnementale, la société se
conformera aux règlements locaux en vigueur et aux normes reconnues
internationalement. Ces choix ne sont pas uniquement dictés par
un
37
sens de la responsabilité et une conscience
environnementale plus aiguë que par le passé de la part des
dirigeants. Ils représentent également une sage décision
d'affaires. Comme l'ensemble de la communauté internationale, les
investisseurs connaissent les risques d'un projet qui ne respecterait pas les
normes mondiales du développement durable et sont plus réticents
à y investir.31
La société souligne les retombées
économiques que son activité engendrera pour le territoire,
s'engage à travailler avec les communautés voisines, se conforme
à respecter les règles internationales en matière
environnementale... D'après ces informations nous pouvons dire que Vale
Inco s'inscrit dans un développement durable. Cependant, on notera que
le volet économique prend l'ascendant sur les deux autres, car il
conditionne l'existence méme de l'entreprise. Les autres volets sont
satisfaits en fonction de ce dernier.
La formation des locaux (volet social) permet l'embauche de
personnels qualifiés qui favorisera une meilleure productivité
pour Vale Inco. Puis, l'industriel communique sur le fait qu'il se conformera
aux règlements en vigueurs et aux normes internationales (volet
environnemental) pour « montrer patte blanche » devant les
investisseurs. La société sera attractive et pourra
bénéficier de fonds financiers pour assurer son
développement. Il est donc indéniable que pour cet acteur, le
volet économique prime sur les deux autres.
B. Système politique
Le projet du sud concerne particulièrement la Province
sud et les communes de Yaté, du Mont-Dore et de Nouméa. La
Province sud étant compétente en matière de
développement économique et social, de protection de
l'environnement et d'aménagement du territoire, nous focaliserons notre
analyse sur ses objectifs. Les décisions prisent par la Province ont une
forte incidence sur le projet, donc nous pouvons dire que cette entité
politique est la plus impliquée dans le projet et de ce fait, il semble
intéressant de focaliser notre analyse sur ses objectifs.
1. Objectifs économiques
D'une part, le projet Vale Inco va permettre une entrée
importante de fonds pour la collectivité via la fiscalité
applicable. En dépit, des nombreux avantages fiscaux attribués
par le Gouvernement calédonien et l'État français à
l'industriel tel que la défiscalisation dans le carde de la loi Girardin
ou encore l'exonération de taxes et de droit d'importations pour les
31 Extrait du paragraphe sur la protection de l'environnement [en
ligne] [
www.valeinco.nc]
38
équipements nécessaires à la construction
des biens d'équipements de nouvelles installations ; On estime que pour
les 15 premières années d'exploitation, la société
canadienne reversera au territoire 20 à 30 milliards CFP de taxes
diverses.
D'autre part, la société a cédé
10% du capital de Vale Inco Nouvelle-Calédonie au territoire dont 5%
iront directement dans les caisses de la Province sud. Cette participation
permet à la collectivité de disposer d'un siège au conseil
d'administration de Vale Inco et donc d'un droit de regard sur la gestion de
l'entreprise. Mais elle représente surtout une ressource
financière permettant à la Province d'augmenter son budget et de
subvenir aux dépenses publiques induites par le projet industriel tel
que l'entretien des réseaux routiers, des équipements publics,
l'emploi et la formation...
Au final, l'objectif économique de la Province sud est
d'augmenter et de diversifier ses ressources financières. Jacques
Lafleur le dit clairement à l'assemblée tenue le vendredi 5
juillet 2002, « Je rappelle simplement que, pour le moment, la
Nouvelle-Calédonie vit de la production de la SLN qui est de 58.000
tonnes. C'est tout ! Il n'y a rien d'autre ! ».
2. Objectif social
Le sud de la Nouvelle-Calédonie étant
historiquement plus peuplé, le plus divers ethniquement, le plus riche
économiquement, mais aussi en charge des problèmes sociaux les
plus aigus, la Province sud est une collectivité territoriale majeure.
Elle regroupe en 2004, 71,16% de la population du pays, soit presque 3/4 des
calédoniens vivent dans le sud. Lors du dernier recensement (2004), la
Province a vu sa population augmentée de 19,08% par rapport au
recensement de 1996 soit 2,38% d'augmentation par an.32 Cette
situation est dû à la fois à un accroissement naturel
plutôt fort mais aussi à un solde migratoire élevé.
La Province est ainsi non seulement bénéficiaire de l'essentiel
du solde migratoire positif de la NouvelleCalédonie mais
également, elle est un pôle d'attraction pour les actifs (surtout
au sein des jeunes générations) des deux autres provinces qui
elles, ont un solde migratoire négatif33. Pour éviter
l'apparition de problèmes sociaux, la Province sud doit gérer au
mieux cette forte augmentation démographique.
L'équilibre social dépend de la santé
économique du pays. Le projet Vale Inco est une aubaine pour la
Nouvelle-Calédonie est particulièrement pour la Province sud. Ce
projet lui permettra de répondre aux divers problèmes concernant
l'augmentation de la population, notamment en termes d'emploi. L'objectif est
d'atteindre une prospérité économique telle que
32 Statistiques issues de l'Institut de la Statistique et des
Études Économiques, [en ligne], [
www.isee.nc]
33 ISEE, « Situation démographique 2008
», [en ligne], [
www.isee.nc]
39
le pays l'a connue durant la période du « Boom du
Nickel ». Pour atteindre cet objectif, la collectivité devra
travailler sur différents axes.
Tout d'abord, l'emploi. L'activité engendrée par
le projet va générer des effets directs, indirects et induits sur
le marché de l'emploi calédonien. Ci-dessous, vous pouvez voir le
tableau approximatif des effets du projet Vale Inco, sur le marché de
l'emploi34.
Phase de construction
|
Phase d'exploitation
|
|
Effets directs
|
Effets Indirects
|
Effets Induits
|
Effectif inscrit chez l'opérateur
|
Effectif chez les sous- traitants
|
Emplois crées dans
l'ensemble de l'économie liés a l'effet du
revenu distribué par l'opérateur
et les sous-traitants à leurs salariés
|
3000
|
800
|
1500
|
2000
|
Ces nouveaux emplois permettront d'absorber l'augmentation
démographique de la Province en assurant des emplois aux jeunes. La
Province devra s'assurer de l'adéquation entre l'offre et la demande sur
le marché du travail. Elle prendra des mesures favorisant cette
adéquation. Ensuite, la formation. Les emplois devront être
assurés par des jeunes calédoniens formés. C'est dans ce
but que l'ensemble des institutions politiques calédoniennes et
françaises ont collaborées avec l'industriel pour la mise en
place de programmes de formation adaptés aux métiers de la
mine.
Enfin, la collectivité doit assurer le
développement équilibré de son territoire. Elle devra
accompagner le projet d'une réelle politique d'aménagement du
territoire permettant le développement économique et la
réduction des inégalités spatiales et terme
économique et sociales. Elle aura pour rôle d'assurer l'habitat
à travers les logements sociaux, d'entretenir les réseaux
routiers, de préserver et de permettre la mise en valeur de
l'environnement comme on la conçoit par exemple dans la Gestion
intégrée des zones côtières.
Au final, pour atteindre un équilibre social, la
Province devra gérer au mieux son développement économique
en assurant le partage des richesses. Précisément, son rôle
sera de capter la richesse issue du projet Vale Inco et de la répartir
équitablement sur son territoire.
34 Vale Inco, source BTH, base de référence projet
2002
En 2002, le Président de la Province sud, de part ses
décisions, avait facilités au maximum l'installation de
l'industriel, assurant ainsi une nouvelle ère économique et
sociale prospère pour la Province.
« Je crois que notre raison de faire de la politique,
c'est de créer une Calédonie prospère pour tous, assurer
des emplois aux jeunes et préparer le futur. »35
3. Objectif environnemental
En matière environnementale, la Province sud n'avait
pas pris de mesure particulière concernant le projet minier. «
Goro Nickel est un établissement classé et, à ce
titre, doit répondre à des normes de sécurité et de
propreté draconiennes. Si ce n'est pas le cas, la Province sud pourra
faire stopper l'exploitation »36. La Province s'est
élevée avec force contre l'État concernant le
dépôt du dossier de classement du lagon calédonien au
patrimoine mondial de l'Unesco. Le Président de la Province sud
invoquait une ingérence de l'État en matière
environnementale. Pour Pierre Bretegnier, premier vice président de
l'assemblée de la Province, le classement « n'apportera rien
à la protection du site classé »37. Le
Président de la Province s'inquiétait des impacts du classement
sur la gestion du lagon qui est de compétence provinciale et sur les
impacts culturels. Il écrivait dans une lettre adressée aux Verts
: « Que se passerait-il si des clans de la mer étaient
interdits de pêcher dans des zones qu'ils exploitent de tout temps ?
»38. En janvier 2002, Mme Bachelot, Ministre de
L'Écologie et du Développement Durable décide suite
à sa rencontre avec Mr Jacques Lafleur d'annuler la demande
d'inscription du lagon calédonien au patrimoine mondiale de l'Unesco.
Elle déclara qu'il valait mieux assurer la protection environnementale
en travaillant avec les sociétés minières
internationales.
On constate que la Province tient à gérer
elle-même son environnement, sans être contraint par des instances
extérieures.
La Province sud a un objectif social fort qui est d'assurer un
avenir prospère à ses habitants. Cette prospérité
sociale passera d'abord par une prospérité économique. Si
la Province réussie à s'intégrer au maximum au projet de
l'usine du sud, les retombées économiques seront
35 Extrait du discours de Jacques Lafleur, Les Nouvelles
Calédoniennes, du 11/11/02, [en ligne], [
www.lnc.nc]
36 Déclaration de Pierre Bretegnier, premier vice
président de l'assemblée de la Province sud de mai 1999 à
mai 2004, Les Nouvelles Calédoniennes, du 31/08/02, [en ligne],
[
www.lnc.nc]
37 Déclaration de Pierre Bretegnier, Les Nouvelles
Calédoniennes, du 31/08/02, [en ligne], [
www.lnc.nc]
38 Extrait de la lettre de Jacques Lafleur au vert, Les
Nouvelles Calédoniennes, du 20/02/03, [en ligne], [
www.lnc.nc]
41
importantes pour la collectivité. Ces retombées
lui permettront de répondre au fort accroissement démographique
et aux différents maux de société qui l'accompagnent. Le
pilier social sera satisfait en fonction d'une bonne santé
économique. On peut noter que le pilier environnemental ne fait pas
l'objet de décision particulière. D'ailleurs, ce volet est
très peu évoqué. Pour exemple, sur les 26 pages du
procès verbal concernant l'attribution du site de Prony à la
Société Vale Inco, seulement 5 lignes mentionnent les risques
environnementaux du projet.
C. Société civile
Par rapport au système économique et au
système politique, la société civile n'a pas d'objectif
concret à atteindre concernant le projet. Elle se contente de mettre en
exergue des points qui posent problèmes ou qui ne sont pas
réellement traités. Comme précédemment nous allons
analyser ses points en fonctions des différents piliers du
développement durable.
1. Signalement économiques
La société civile calédonienne a
souligné trois incohérences économiques dans le projet de
l'Usine du sud.
Premièrement, l'attribution du site de Prony à
Vale Inco. Pour la société civile, cette décision fut
prisent prématurément et les perspectives de surproduction et de
déstabilisation du marché qu'elle ouvrait, risquées de
nuire au financement de l'Usine du Nord et donc, de nuire au
rééquilibrage économique du territoire. L'attribution de
Prony n'avait pas lieu d'être avant que le territoire est
digéré, les deux projets métallurgiques en termes
d'emplois et de formations.
Puis, la gratuité de l'attribution. Comment qualifier
l'attribution, sans contrepartie apparente, d'un gisement qui permettrait
à l'usine produisant 55.000 tonnes de passer à 120.000, voire
à 180.000 tonnes de production annuelle ? Par comparaison, au Canada,
Inco a acheté le gisement de Voisey's Bay pour l'équivalent de
270 milliards CFP, alors qu'il est deux fois moins important. Selon
Gérard Jodar, Président du syndicat USTKE, « la Province
sud n'a pas à donner à une société
étrangère un massif minier de cette importance
»39.
Enfin, la participation du territoire au capital de Vale Inco
Nouvelle-Calédonie fut jugée dérisoire. La
Nouvelle-Calédonie est entrée dans le capital de la
société canadienne à hauteur de 10%. Rappelons que dans le
projet Koniambo, la SMSP détient 51 % des parts et
39 Déclaration de Gérard Jodar, Les Nouvelles
Calédoniennes, du 05/07/02, [en ligne], [
www.lnc.nc]
42
Falconbridge 49%. La société civile avait pour
revendication le rachat par l'État de 15% des titres miniers du projet
Vale Inco pour les céder à la Nouvelle-Calédonie,
permettant une plus grande participation du territoire dans le projet
minier.
« Il a fallu nous battre pour que la
Nouvelle-Calédonie entre dans le capital de la SLN et d'Eramet. Nous
allons maintenons nous battre comme les Inuits du Canada se sont battus, et ont
obtenu ce qu'ils voulaient ».40
En terme économique, la société civile
réclame à la Province sud une plus grande participation au projet
de l'Usine du sud et une gestion tenant d'avantage compte de
l'intérêt du territoire et non seulement de la province. Ce
principe correspond à la solidarité entre les territoires, un des
27 principes de la déclaration de Rio. La solidarité entre les
territoires correspond à la prise en compte de l'incidence des choix
faits par un territoire sur d'autres territoires. Il s'agit de penser aux
conséquences que son propre développement peut avoir sur les
autres et de ne pas entraver leurs développements. Dans ce cadre
l'articulation des échelles territoriales et temporelles est
essentielle.
Toutes les manifestations qui ont été
menées avaient pour but d'interpeller les politiques de la Province sud
uniquement. En effet, en tant que représentant démocratiquement
élus, ils étaient les seuls habilités à
négocier avec l'industriel. Leurs décisions furent le plus
souvent contestées par une très large opposition qui s'est sentie
dépouillée de son patrimoine.
2. Signalement social
Les projets miniers auront un impact socioculturel gigantesque
pour la Nouvelle-Calédonie. L'ensemble de la population
calédonienne sera touché de près ou de loin par ces
projets. Ainsi, les décisions prises par les politiques, que se soit au
sud ou au nord, sont lourdes de conséquences pour l'ensemble du
territoire.
La société civile a soulignée le risque
qu'engendrerai l'attribution du site de Prony, pour le
rééquilibrage économique et sociale du pays. Le projet
Koniambo est considéré comme seul garant du
rééquilibrage sud/nord. L'essor économique qu'il
engendrerait permettra de freiner l'exode rural vers la Province sud et sa
capitale. Ainsi, les richesses et la population seront mieux répartit
sur le territoire. Le rééquilibrage est important et c'est pour
cela qu'il constitue un des fondements des accords de Matignon de 1988. Cette
attribution porterait atteinte à la
40 Déclaration de Victor Tutugoro, porte parole du FLNKS,
Les Nouvelles Calédoniennes, du 31/08/02, [en ligne], [
www.lnc.nc]
viabilité de l'Usine du nord et irait à l'encontre
du rééquilibrage économique et social de la
Nouvelle-Calédonie.
La société civile souligne également le
manque d'information autour des enjeux concernant cette attribution. Mr Rock
Wamytan, membre du FLNKS, insiste sur le fait que le projet à souffert
d'un manque sérieux de communication : « J'ai entendu ce matin
les uns et les autres s'exprimer et on a tous reconnu qu'effectivement
c'était un dialogue de sourds. Les uns et les autres ont des arguments
techniques, ont des arguments financiers à faire avancer et il me semble
que d'après ce que nous avons entendu, d'après les arguments des
uns et des autres, ce projet n'est pas mür [...] Je crois que les uns et
les autres ont dit que ce n'était pas urgent à la minute ou
urgent à la semaine ou au mois. Il faut que nous puissions continuer
à discuter. »41
Enfin, les populations voisines du site de Goro,
essentiellement les habitants des communes de Yaté et du Mont-Dore ont
réclamés leurs participations obligatoires au suivi du projet.
C'est d'ailleurs le fait que l'industriel soit dispensé par la loi du
consentement des populations autochtones et d'une compensation des impacts
sociaux et culturels, qui a conduit, en l'absence de négociations,
à un conflit ouvert.
La société civile a dénoncé les
décisions de la Province sud qui sont lourdes de conséquences.
Elles ont été prises rapidement sans laisser le temps à
l'information de se diffuser et sans concertation, ni même consultation
des calédoniens, premiers concernés par ces décisions. Ce
manque de concertation a fait naître des associations qui ont pour but
d'inciter les politiques et l'industriel à élargir la gouvernance
du projet.
3. Signalements environnementaux
La protection de l'environnement représente le fer de
lance de la société civile concernant le projet Vale Inco.
L'action des associations à fait apparaître de nombreux besoins en
matière de protection environnementale. Des associations
environnementales existaient avant le projet de l'usine du sud, mais la
majorité de ces associations ont été créées
à partir des conflits liés au projet minier. À travers
leurs revendications, elles ont su hisser le volet environnemental au
même niveau que le volet social et économique.
41 Extrait de la déclaration de Rock Wamytan, Rapport
n°14-2002/APS : projet de délibóation relatif à
l'attribution d'un permis de recherche A à « Prony OUEST » au
profit de la société Goro Nickel et rejet d'autres demandes,
05/07/02.
44
Premièrement, concernant l'attribution du site de
Prony, la société civile a dénoncé la dilapidation
du patrimoine minier. Les grands chefs Moyatea et Tein42 ont
déclaré « Il ne faut pas que nos enfants nous accusent
d'avoir dilapidé leur patrimoine. Dans le passé, nous avons
laissé les exploitants miniers faire n'importe quoi et polluer notre
terre qui en porte encore les traces. Il est temps que cela cesse
»43. Le développement durable est un
développement qui vise à « répondre aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs ». Si trois
usines métallurgiques produisent en même temps en
Nouvelle-Calédonie, que va-t-il rester au final pour les
générations futures ? La Calédonie étant une
île, si elle exploite d'un seul coup sa principale richesse en
détruisant par la même occasion son environnement naturel, elle se
condamne à un triste avenir.
Puis, la société civile locale et internationale
a appelé le gouvernement Français à poursuivre la demande
de classement du lagon au patrimoine de l'humanité. Ce classement
constituerait un label de qualité impliquant une réglementation
obligatoire en matière environnementale. Ainsi, l'activité de
l'industriel et ses impacts sur l'environnement ne seront pas soumis au seul
jugement des locaux, mais également à l'opinion internationale.
Les instances internationales n'auront pas le droit de prendre des restrictions
en cas d'impacts négatifs. Cependant, le seul fait de retirer le label,
mettrait en évidence aux yeux de l'humanité une mauvaise gestion
de l'environnement. Pour ne pas que son image soit ternie, l'industriel sera
plus incité à prendre des mesures fortes en matière de
protection environnementale si le lagon est classée au patrimoine de
l'Unesco.
Enfin, les associations ont réclamées des
garanties sur la protection de l'environnement. Ces garanties couvrent un champ
très large allant de la nécessité d'une gouvernance
élargie au dédommagement de l'entreprise vis-à-vis des
populations voisines en cas de catastrophes industriels, écologiques
et/ou humaines. L'étendu de ces revendications témoignent du vide
que connaît le territoire en matière de protection
environnementale.
A travers les manifestations qu'elles ont organisées,
les nombreux blogs qui ont été créés, les
réunions publiques, etc... Les associations ont joué un
rôle crucial pour faire prendre conscience au public des risques
environnementaux que comporte le projet. Elles ont poussées la
société canadienne et les politiques à prendre en charge
le volet environnemental pour inscrire le projet dans une réelle logique
de développement durable.
42 Robert Moyatea est le Grand chef coutumier du Mont Dore,
commune voisine de Yaté (lieu du site industriel) et Mr Emmanuel Tein
celui de l'île Ouen (rattachée à la commune du Mont Dore)
située en face de Yaté.
43 Déclaration des Grands chefs Moyatea et Tein, Les
Nouvelles Calédoniennes, du 31/08/02, [en ligne], [
www.lnc.nc]
Au final, la société civile se positionne comme
contre-pouvoir face à Vale Inco, mais surtout face aux politiques. Via
ses actions, elle a fortement incitée les organes décisionnaires
à traiter des points litigieux tels que la participation du territoire
dans le capital de la société ou les garanties concernant la
protection de l'environnement. Par rapport au système politique et au
système économique, le pilier environnemental est vraiment
important, on peut même dire qu'il est l'axe majeur de l'existence de la
société civile. Ce sont les manques concernant l'environnement
qui constituent sa force.
D. Analyse des priorités des acteurs du projet
Le projet Vale Inco est sujet à controverse. Pourtant
les parties s'accordent sur la nécessité de construire l'usine,
qui au final sera bénéfique en terme de développement
économique et social pour le territoire. Dans ce cas, la question n'est
pas de savoir si oui ou non les calédoniens veulent du projet ? Mais de
savoir comment gérer au mieux ce projet dans une perspective de
développement durable ? Comment retirer de ce projet un maximum de
bénéfices, tout en limitant au maximum ses impacts sur
l'environnement ?
« Il faut bien comprendre. Nous ne sommes pas contre le
projet. Nous voulons simplement qu'il se fasse dans de bonnes
conditions.44 »
Les déclarations émises par chacun montrent que
l'ensemble des acteurs veulent inscrire le projet dans un développement
respectueux de l'environnement naturel et humain. Seulement, la réponse
apportée par chaque acteur est différente. Lorsque que le
Président de la Province sud se réjouit d'entrer dans le capital
de Vale Inco Nouvelle-Calédonie à hauteur de 10%, la
société civile l'accuse de brader le patrimoine minier. Lorsque
Vale Inco annonce qu'il se conformera aux normes locales et internationales en
matière de protection de l'environnement, la société
civile souligne le vide juridique que connaît la NouvelleCalédonie
en la matière. Ces différences de points de vues laissent
transparaître les intérêts particuliers de chacun, qui
d'après notre analyse, ne sont pas les mêmes. Pour autant, il
existe un objectif commun qui est de construire une usine viable, vivable et
équitable pour tous.
Le rejet énergique et quasi systématique de la
plupart des décisions prises concernant ce projet devait être
considéré par les politiques comme un indicateur pour modifier la
méthode
44 Déclaration de Raphael Mapou, Président de
l'association Rhéébù Nùù, Les Nouvelles
Calédoniennes, du 18/11/02, [en ligne], [
www.lnc.nc]
46
de gouvernance. Face à une opposition forte, le projet
aurait dü s'accompagner d'un développement progressif de la
concertation. On peut dire que dès sa conception, ce projet a
fondamentalement manqué de confrontation entre les parties ou a
simplement, évincé la société civile de la
discussion. Ce manque de concertation a fait naître une confrontation qui
a mué de revendications plutôt économiques à des
revendications plus portées sur l'environnement. Là ou un vide
était présent, des associations se sont formées et ont
militées pour faire entendre leurs voix et signaler de sérieux
manque en matière de protection de l'environnement.
Afin de mieux comprendre, l'émergence des nombreuses
associations de protection de l'environnement. La partie suivante analysera les
cadres juridiques en matière de protection environnementale en
Nouvelle-Calédonie. À partir de cette analyse nous verrons les
problèmes qui ont été soulevés par les
associations.
II. La protection de l'environnement en Nouvelle
Calédonie
Face à l'installation des deux grands projets
industriels et aux enjeux mondiaux concernant la mise en oeuvre des politiques
de développement durable ; la Nouvelle-Calédonie et plus
particulièrement la Province sud en charge de la protection de
l'environnement, se devait de faire évoluer son cadre
réglementaire. Dans un premier temps, nous allons étudier le
cadre réglementaire existant pour ensuite comprendre les critiques et
revendications des associations de protection de l'environnement.
A. Le cadre réglementaire en
Nouvelle-Calédonie
Rappelons que la Nouvelle-Calédonie est une
collectivité sui generis qui bénéficie d'institutions
conçues pour elle seule. La Nouvelle-Calédonie est
organisée en trois provinces qui sont des collectivités
territoriales. Les provinces disposent d'une compétence de droit commun,
c'est-à-dire qu'elles sont compétentes dans tous les domaines qui
ne sont pas réservés par la loi à l'État, au
territoire ou aux communes. Les provinces sont compétentes en
matière de protection environnementale. Malgré un travail de mise
à jour de leur législation qui prouve une volonté de prise
en charge du risque industriel, nous sommes bien loin d'une
réglementation cohérente et complète comme cela existe en
France et en Europe. Ainsi les règles du droit français ne sont
pas systématiquement transposées ou transposables au droit
calédonien. Les points qui vont suivre sont spécifiques au
territoire calédonien.
1.
Les Conventions d'Apia (1976) et de Nouméa (1986)
La prise de conscience internationale de l'importance du
thème de l'environnement dans le Pacifique Sud s'est traduite,
dès 1976, par l'adoption de conventions spécifiques.
La convention d'Apia sur la protection de la
nature dans le Pacifique Sud (12 juin 1976), conclue dans l'esprit de la
Déclaration des Nations Unies sur l'environnement adoptée
à Stockholm en 1972, vise la création de zones
protégées (parcs nationaux, réserves nationales)
permettant la sauvegarde des espèces de la faune et de la flore
menacées, ainsi que des « paysages remarquables, des formations
géologiques frappantes et des régions ou objets présentant
un intérêt esthétique ou une valeur historique, culturelle
ou scientifique » (art. II.1).
La convention de Nouméa sur la
protection des ressources naturelles et de l'environnement de la région
du Pacifique Sud (25 novembre 1986) comprend douze Parties (Australie, Iles
Cook, Fidji, Iles Marshall, Nauru, Nouvelle-Zélande, Etats
fédérés de Micronésie, Iles Salomon,
Papouasie-Nouvelle Guinée, Etats-Unis et Samoa occidentales, France).
Elle relève du Programme pour les mers régionales du PNUE
(Programme des Nations Unies pour l'environnement). La convention de
Nouméa vise à « prévenir, réduire et combattre
la pollution », assurer une gestion rationnelle de l'environnement, et
encourage à cette fin la concertation et la collaboration entre les
parties, afin notamment de permettre l'harmonisation des politiques nationales
en matière de prévention de la pollution. La convention de
Nouméa est complétée par deux protocoles. Le premier met
en place des mécanismes de coopération dans les interventions
d'urgence contre les incidents générateurs de pollution. Le
second vise la prévention de la pollution résultant de
l'immersion de déchets.
Au vu de ces conventions, la Nouvelle-Calédonie doit
protéger son patrimoine naturel dans l'intérêt des
générations actuelles et futures. La mise en valeur de ses
ressources doit être compatible avec une gestion durable du territoire.
Aussi, les 3 opérateurs doivent développer leurs projets
industriels dans le respect de ces conventions.
2. Le protocole de Kyoto
En 2005, tandis que la France s'apprêtait à
ratifier le texte, le gouvernement calédonien s'inquiétait de ses
« dispositions contraignantes ». Brigitte Girardin, ministre
de l'Outre-mer, avait répondu catégoriquement que « le
protocole de Kyoto s'applique bien à la NouvelleCalédonie
»45.Mais, quelques discussions entre Paris et
Nouméa plus tard, la France ajoutait une « déclaration
interprétative » à son texte de ratification, afin
d'exclure la Calédonie du
45 Courrier du 24 février 2004 de Madame la Ministre de
l'Outre-mer à Mme la Présidente du Gouvernement de
Nouvelle-Calédonie.
48
traité. La ratification par la République
française du Protocole de Kyoto à la convention-cadre des Nations
unies sur les changements climatiques du 11 décembre 1997 doit
être interprétée dans le cadre de l'engagement souscrit
conformément à l'article 4 du Protocole par la Communauté
européenne, dont elle est indissociable. Elle ne rend donc pas
applicable ce Protocole aux territoires de la République
française auxquels le Traité instituant la Communauté
européenne n'est pas applicable. Toutefois et conformément
à l'article 4 § 6 du Protocole, la République
française demeure individuellement responsable du niveau de ses propres
émissions dans le cas où le niveau total cumulé des
réductions d'émissions ne pourraient être atteints. En se
fondant sur son appartement à l'Union européenne, elle en conclue
la non applicabilité du Protocole à ses territoires ultra-marins
auxquels le Traité de Rome n'est pas applicable. Concrètement,
cette exception juridique permet au territoire d'éviter de
réduire ses émissions de Co2.
3. La réglementation installations classées (ICPE)
et la réglementation SEVESO
La réglementation sur les installations classées
pour la protection de l'environnement (ICPE) est une compétence
provinciale. A l'origine, les règles relatives aux ICPE ont
été codifiées par une délibération de
l'assemblée territoriale en date du 21 juin 1985. Depuis, ce texte de
départ a été successivement modifié par des
délibérations votées par chacune des provinces et par des
arrêtés. Ces modifications ont porté essentiellement sur
les nomenclatures annexées au texte du 21 juin 1985. La nomenclature
sert à préciser les catégories d'activités qui, en
raison des pollutions et des nuisances qu'elles engendrent ou des dangers
qu'elles présentent, font l'objet d'une surveillance de
l'administration.
Depuis la transcription de la directive « Seveso ", il
existe en France 3 types d'établissements classés :
+ Les activités soumises à «
déclaration " (D) : Ce niveau correspond à des nuisances et/ou
des risques négligeables.
+ Les activités soumises à « autorisation "
(A) : Ce niveau correspond à des nuisances et/ou des risques moyens.
+ Les activités « Seveso " (AS) : Ce niveau se
décline en deux parties. La première correspondant aux
activités ayant des nuisances et/ou des risques importants (Seveso seuil
bas) et la deuxième correspondant à des activités ayant
des nuisances et/ou des risques très importants (Seveso seuil haut).
En Nouvelle-Calédonie, la norme Seveso n'existe pas.
Par contre, une réglementation similaire existe. La classe AS fut
absente de cette nomenclature jusqu'au début de l'année 2009.
Parmi les contraintes imposées par cette classe figure l'obligation de
maîtriser l'urbanisation dans les zones de risques, ou encore
l'obligation de constituer un comité local d'information et de
concertation (CLIC). Jusqu'au début 2009, trois textes qui ont fait
évoluer la législation sur les risques industriels n'ont pas
été transposés en Nouvelle-Calédonie : la directive
« Seveso » sur la prévention des risques majeurs ;
l'arrêté du 2 février 1998, sur les normes relatives aux
prélèvements et à la consommation d'eau, aux
émissions de toutes natures dans les ICPE ; et la loi du 30 juillet 2003
(dite « post Toulouse ») sur la prévention des risques.
4. Absence d'un code de l'environnement
L'actuel statut de la Nouvelle-Calédonie donne aux
provinces, donc à la Province sud, autorité en matière
d'environnement. Il a pourtant fallu attendre la date du 20 mars 2009, pour que
la province se dote d'un code de l'environnement. Avant cette date, il existait
quelques textes réglementaires qui n'étaient pas
regroupés. Cette situation empéchait une vue d'ensemble
permettant de construire des outils réglementaires en matière de
protection environnementale.
C'est donc durant la période de conception de ce
mémoire, que la Province sud s'est dotée d'un code de
l'environnement. Pour la Calédonie en général, et pour la
Province sud en particulier, la prise en compte de l'environnement, née
des conflits autour de la construction de l'usine Vale Inco, a
été l'une des problématiques dominantes de la mandature
qui s'achève. Et c'est d'ailleurs au vote de plusieurs textes
liés à l'environnement qu'a été consacrée,
le vendredi 20 mars 2009, la dernière séance de
l'assemblée de province46. Le code de l'environnement
intègre les textes revus et corrigés votés le 18
février dernier en ce qui concerne la pêche, la chasse, les aires
et les espèces protégées, les écosystèmes
d'intérêt patrimonial, les ressources génétiques et
biochimiques, la réglementation ICPE, les feux et les
défrichements. Il y ajoute les réglementations prises sur la
gestion des déchets, les forages ou les nuisances visuelles. Et il
publie le tout sous la forme de quatre livres et 700 articles. Le livre un,
rassemble les dispositions communes : principes de droit de l'environnement,
organisation des structures, évaluation environnementale et information
et participation des citoyens. Le livre deux, traite de la préservation
du patrimoine naturel. Le livre trois, est
46 Le 10 mai 2009 ont eu lieu les élections provinciales
en Nouvelle-Calédonie.
50
consacré à la gestion des ressources naturelles et
le quatrième et dernier livre reprend les dispositions applicables
à la prévention des pollutions et des risques.
Concernant l'ICPE, le texte actualise la réglementation
pour tenir compte des directives « Seveso ». Le texte
créé une catégorie Haut Risque Industriel (HRI) qui serait
l'équivalent local de la norme Seveso. Enfin, le texte stipule que le
titulaire d'un permis de construire pour une ICPE ne peut lancer les travaux
avant l'expiration d'un délai d'un mois suivant la clôture de
l'enquête publique.
Pour la bonne compréhension du mémoire, il est
important de noter que ce code de l'environnement est tout récent ;
Pendant une longue période la province en fut dépourvue. Si
certains se féliciteront de la création de ce code si longtemps
attendu, d'autre dénonceront sa légèreté face
à la version métropolitaine. On constate donc, que la Province
sud a longtemps été dépourvue de cadre
réglementaire. Ce cadre s'est essentiellement construit autour des
conflits. Il fallait d'une part permettre à l'administration et à
la population de contrôler le projet et d'autre part, se protéger
des éventuels impacts environnementaux, sociaux et/ou
économiques. Face à une réglementation jugée
obsolète et au vu des défis qui attendaient le territoire, la
société civile a joué un rôle majeur. En
dénonçant les insuffisances de la réglementation locale,
elle a permis sa modernisation.
B. Les critiques et revendications de la société
civile
C'est bien l'usine du Sud, et les conflits qui ont
entouré sa naissance, qui ont fait passer au premier plan la notion,
relativement nouvelle en Calédonie, de préservation de
l'environnement. La faiblesse de la réglementation calédonienne
et des procédures de classement, a montré au grand public la
difficulté des organes décisionnaires à s'engager dans une
politique de développement durable et de gouvernance partagée.
Les cinq points suivants font parties des nombreuses critiques liées
à la protection de l'environnement qu'à émient la
société civile.
1. Une démarche bâclée
En Nouvelle-Calédonie, la démarche ICPE a
été pour la première fois appliquée pour le projet
Vale Inco. Cette démarche s'accompagne d'une procédure
d'autorisation claire et stricte. La Calédonie étant une
collectivité, la démarche ICPE comporte quelques
différences par rapport à la version métropolitaine.
1)
D'abord l'industriel doit envoyer son dossier d'études
au bureau des installations classées (BIC) de la Province. Ce dossier
comprend une étude d'impacts, une étude des dangers et une
étude des capacités techniques et financières de
l'exploitant.
2) Le BIC adresse le dossier à la Direction de
l'industrie des mines et de l'énergie de la Nouvelle-Calédonie
(DIMENC)47, qui juge de sa recevabilité, l'oubli d'une
pièce importante entraînant un refus. La DIMENC et le BIC
collaborent dans l'instruction du dossier.
3) La DIMENC informe la Province de la réception du
dossier ou de son rejet.
4) Le BIC de la Province lance l'enquête publique et
l'enquête administrative (avis du maire, du service environnement, de la
direction des affaires vétérinaires, alimentaires et rurales,
etc.). Contrairement à la métropole, le Président du
Tribunal Administratif n'est aucunement partie prenante dans l'agrément
et la désignation des commissaires enquêteurs, quelle que soit
l'autorité organisatrice des enquêtes publiques : État,
Gouvernement territorial ou l'une des trois Provinces.
5) Le commissaire enquêteur auditionne, rend son
rapport et un avis.
6) La Province réunit l'ensemble des avis, la DIMENC
rédige un projet d'arrêté et un rapport. Elle informe
l'exploitant.
7) Le projet est soumis à l'exécutif de la
Province (président de l'assemblée provinciale), qui prend la
décision d'autorisation.
D'après l'entretien (annexe n°2)
réalisé avec Mr Jean-François Gourmand, commissaire
enquêteur chargé de la première enquête publique
concernant l'autorisation d'exploitation de l'usine commerciale de Vale Inco ;
les enquêtes publiques qui lui ont précédé
étaient bâclées.
« De 1993 à 1996, diverses études ont
été réalisées, dont l'étude de
faisabilité bancale avec l'aide de la Société Canadienne
LAVALIN. Ces études ont abouti à une demande d'autorisation de
mise en service d'une usine pilote sur le site de Prony Est, commune du
Mont-Dore, déposée avec le dossier correspondant le 13 mars
1998.
Une première enquête publique de 15 jours s'est
déroulée en juillet 1998 et a fait l'objet de 4 (quatre)
observation du public.
47 Service de l'État en Nouvelle-Calédonie
52
Après modification du dossier, une nouvelle demande
a été déposée en juin 1999 et une deuxième
enquête publique, de 15 jours également, s'est
déroulée en juillet 1999, qui a fait l'objet de 2 (deux)
observations du public.
Un arrêté de la Province sud du 28 septembre
1999 a autorisé la société Goro Nickel48pour
une durée de 5 ans à exploiter les diverses installations
indiquées ».
Extrait du rapport d'enquête du commissaire
enquêteur JF Gourmand
La société civile a souligné
l'absurdité des résultats des enquêtes concernant l'usine
pilote et également l'insouciance de la Province sud, qui a pris sa
décision en fonction de résultat quasi-inexistant.
Mr JF Gourmand fait également remarquer
l'incohérence de la procédure. En effet, l'enquête publique
qu'il a conduite, fut menée alors méme que des études
étaient encore en cours. Il n'était pas crédible et
logique de commencer une enquête alors que le dossier final de
l'industriel était incomplet.
2. L'autonomie des personnes chargées d'informer le public
?
L'indépendance des personnes chargées d'apporter
des compléments d'informations au public fut souvent remise en question.
D'une part, concernant le commissaire-enquêteur. Les
spécifications du droit calédonien concernant la procédure
d'enquête publique, entraînent une perte d'indépendance du
commissaire-enquêteur vis-à-vis du pouvoir politique. En effet, le
Président du Tribunal Administratif n'est nullement compris dans la
procédure. JF Gourmand le souligne dans l'entretien : Le
Président de la Province sud avait « Toutes les casquettes
[...] c'est lui qui me désignait [...] c'est lui qui me payait
». Cette bizarrerie du droit calédonien rend possible les
tentatives de pression vis-à-vis des commissaires-enquêteurs. Or,
les enquêtes publiques doivent être exemptes de contraintes
externes. En France, ce problème est résolu grace à la
participation d'un acteur indépendant : Le Président du Tribunal
Administratif. En Nouvelle-Calédonie, cette situation a engendré
une méfiance de la part de la société civile concernant la
procédure d'enquête publique.
D'autre part, la permission d'opérer la mine
dépend de la délivrance de l'autorisation ICPE par la Province
Sud. Les autorités de la Province avaient demandé que l'agence
gouvernementale française INERIS (Institut Nationale de l'Environnement
Industriel et des
48 Le 19/12/08, Goro Nickel SAS devient officiellement Vale Inco
Nouvelle-Calédonie
53
Risques) effectue une analyse critique de l'étude
d'impact environnementale qu'a présenté l'industriel. Cependant,
cette analyse critique ne fut pas financée par le Gouvernement
français, mais par la société canadienne.
Ainsi nous constatons que des études et enquêtes
qui ont pour objectif de fournir au public des informations claires,
précises et transparentes, sont dès leurs conceptions, soumises
à un sentiment de doute émit par la société
civile.
3. La construction du projet sans autorisation
La construction de l'usine commerciale a
débutée en 2001, alors que la première autorisation
ICPE49 fut délivrée en octobre 2004. Cependant,
l'usine n'était pas en infraction puisque le droit calédonien le
permettait. D'après l'article 8 de la réglementation ICPE de
l'époque, le permis de construire et de mise en service n'était
pas conditionné à l'autorisation d'exploiter. L'usine commerciale
s'est donc construite avant méme le commencement de la première
enquête publique. D'ailleurs, JF Gourmand, le mentionne dans une lettre
adressée à Mr J. Lafleur datant du 8 mars 2002 : « J'ai
constaté avec une certaine surprise sur le terrain un démarrage
généralisé des travaux avec, en particulier des
défrichements massifs, ce contre quoi le public s'est fortement
manifesté ». Mr Eugène Trombone, chargée de
l'enquête publique de 2004, va également souligner «
l'importance du déboisement réalisé avant l'obtention
de l'autorisation ICPE »50.
Cette situation est désormais prévue par le
nouveau code de l'environnement de la Province sud. Le titulaire d'un permis de
construire pour une ICPE ne peut lancer les travaux avant l'expiration d'un
délai d'un mois suivant la clôture de l'enquête publique. Il
a fallu attendre deux enquêtes publiques, une nouvelle assemblée
de province élu en 2004 et plusieurs manifestations pour que le
législateur prenne en charge ce problème.
4. L'obligation de publication
D'après l'article de loi L 123-10 du code de
l'environnement appliqué en France, « Le rapport et les
conclusions motivées du commissaire enquêteur ou de la commission
d'enquête sont rendus publics ». En 2002, la
Nouvelle-Calédonie n'ayant pas de code de l'environnement, la diffusion
du rapport d'enquête n'était pas obligatoire. Le Président
de la
49 En Juin 2006, l'arrêté ICPE du
15 octobre 2004 est annulé par le tribunal administratif. Une
deuxième autorisation fut délivrée après des
études complémentaires, le 9 octobre 2008.
50 Extrait du rapport d'enquête publique 2004
Province sud décida, contre la recommandation du
commissaire-enquêteur, de ne pas rendre public le rapport
d'enquête.
L'intérêt premier des procédures
d'enquêtes publiques et la diffusion de leurs conclusions qui permet
d'informer le plus grand nombre, de provoquer des avis et d'interpeler
l'Opinion... Le seul fait de ne pas rendre public le rapport, rendait presque
la procédure inutile. Le rapport Gourmand fut dévoilé en
2004 suite au changement de majorité à l'assemblée de la
Province sud. Lorsque ce rapport fut rendu public, il eu de fortes critiques de
la part de la société civile, sur la conduite du projet. La
société civile accusé l'ancienne administration de
fortement contrôlée l'information, qui relevée bien souvent
du secret.
Le code de l'environnement qui a été mis en
place au début de cette année prévoit une meilleure
information du public dont, la diffusion du rapport d'enquête.
D'après l'article 142- 27 du code de l'environnement de la Province sud
« Copie du rapport et des conclusions est également
adressé à la mairie de chacune des communes où s'est
déroulée l'enquête, pour y être sans délai
tenue à la disposition du public pendant un an à compter de la
date de clôture de l'enquête. Par ailleurs, les personnes
intéressées pourront obtenir communication du rapport et des
conclusions, auprès du président de l'assemblée de
province, dans les conditions prévues au titre Ier de la loi
modifiée n°77-753 du 17 juillet 1978 portant diverses mesures
d'amélioration des relations entre l'administration et le public et
diverses dispositions d'ordre administratif, social et fiscal ».
5. Manque d'information
L'information joue un rôle primordial dans la gestion du
développement durable. Le développement durable vise à ce
que les générations futures ne se trouvent pas dans une situation
moins bonne que maintenant, ce qui implique qu'elles possèdent une base
minimale formée d'un capital de ressources naturelles, d'infrastructures
et de savoir. La collecte, le traitement et la diffusion du savoir apparaissent
ainsi comme un facteur déterminant pour les projets de
développement durable. Dans cet esprit, en France la loi impose la
création d'un Comité Local d'Information et de Concertation
(CLIC) pour tout bassin industriel comprenant une ou plusieurs installations
« SEVESO AS ». Ces CLIC sont des structures indépendantes qui
permettent la concertation et la participation des différentes parties
prenantes, notamment les riverains, à la prévention des risques
d'accidents tout au long de la vie de ces installations. Les CLIC ont deux
missions principales. D'une part, améliorer l'information et la
concertation des différents acteurs sur les risques technologiques et
d'autre part, débattre sur les moyens de prévenir et
réduire les risques, sur les programmes d'actions des responsables
55
des activités à l'origine du risque et
l'information du public en cas d'accident. Ges comités ont donc un
rôle crucial dans la concertation.
Les conclusions des deux enquêtes publiques concernant
l'usine commerciale s'accordent pour recommander à la Province sud la
mise en place d'un comité ad hoc pour le suivi du projet Vale Inco. Ce
comité devra correspondre aux CLIC que l'on trouve en métropole.
Aucun équivalent local n'existait et les nombreuses manifestations et
critiques ont montré que les consultations organisées lors des
enquêtes publiques ne suffisaient pas. Ainsi, la Province sud créa
le 7 octobre 2004, le Comité d'Information, de Concertation et de
Surveillance (GIGS) pour permettre de débuter un « vrai »
débat.
Les points évoqués font parties des nombreuses
critiques émient par la Société civile. La plupart d'entre
elles concernent l'environnement et pointes du doigt la réglementation
et les procédures appliquées en la matière sur le
territoire. Ainsi les associations ont fait entendre des problèmes en
matière environnementale, ont exprimé des exigences politiques,
ont articulé des intérêts ou des besoins et ont
exercé une influence sur la formulation des projets de loi ou sur des
programmes politiques. Finalement, comme le soutient Habermas, la
société civile à joué un rôle important en
décelant et en formulant efficacement un problème afin de
l'introduire dans le système politique.
Au cours de ce chapitre, nous avons analysé comment un
thème mineur au départ et devenu l'axe central des débats
concernant le projet. L'analyse des intérêts des acteurs nous a
montré qu'en dépit de l'existence d'un objectif commun, leurs
intérêts étaient différents. Ces divergences de
point de vue ont fait naître des conflits. Ainsi, des revendications et
signalement ont été émient pas la société
civile à propos des différents piliers du développement
durable. Gependant, un seul a vraiment retenu son attention : Le pilier
environnemental. Il fut et continu d'être le centre de conflit
animée entre les acteurs du projet. Ges conflits ont permis au fil des
années une prise en compte plus importante de l'environnement et de sa
protection. Cette sensibilisation accrue ce manifeste notamment par la mise en
place d'un code de l'environnement, de nombreux bureaux d'étude et de
surveillances, de la création d'association, etc.... Un grand nombre
d'acteur s'activent autour de cette thématique. L'histoire et les
conflits ont fait prendre conscience de la nécessité de
travailler ensemble, car au final, on peut dire que ce n'est pas tant les
décisions qui ont été vivement critiquées, mais les
procédures qui les ont engendrées.
« Le choix est périodique, la façon est
quotidienne. Le choix, c'est la démocratie représentative, la
façon, c'est la démocratie participative »51
En effet, ces procédures ont énormément
manqué de transparence et de participation. Le fait que le projet soit
mené par une élite, sans réelle participation, a
été un déclencheur pour la société civile
qui a su porter la thématique de l'environnement et de la gouvernance du
projet au sein du système politique. On constate donc qu'aujourd'hui de
nombreux efforts ont été entrepris par la Province sud pour une
plus grande transparence et une plus grande participation du public. Bien que
tous les problèmes ne soient pas réglés, de nombreuses
revendications ont aboutis telles que la création d'un code de
l'environnement, la création d'un observatoire dédié
à la surveillance des impacts environnementaux de l'usine, la
création d'un comité de pilotage du projet ou encore la
création d'un comité d'information, de concertation et de
surveillance.
Ces avancées prouvent l'engagement de la Province pour
mettre en oeuvre une politique plus participative, qui est à
l'écoute de son environnement social et culturel. On notera que la
spécification du statut juridique de l'île fait que de nombreuses
règles et procédures sont créées localement. Ainsi,
les nombreuses adaptations font que des démarches, telle que la
procédure de classement ICPE, ne correspondent pas à ce qui est
appliqué en métropole. En nous basant sur les connaissances que
nous avons des instances françaises comme le CLIC, il est
intéressant d'étudier le CICS. Comment fonctionne-t-il ? Quelles
sont ses missions ?... Ceci nous permettra d'apprécier la portée
de cette nouvelle instance locale et de juger de son impact sur le projet. Dans
le dernier chapitre, nous présenterons le CICS et analyserons son impact
sur la gouvernance du projet.
51 DERMAGNE J., Institutions et Société civile,
Revue Générale de stratégies, n°30, mars 2007
57
PARTIE 4 : Le Comité d'Information, de
Concertation et de Surveillance
Comme ses homologues français, le Comité Local
d'Information et de Concertation (CLIC) et le Secrétariat Permanent
à la Prévention des Problèmes Industriels (SPPPI), le
Comité d'Information, de Concertation et de Surveillance (CICS) sur les
impacts environnementaux du site industriel de Goro est né de nombreuses
contestations. Partant de la conclusion que le projet a manqué de
confrontation entre les partis, le CICS fut créé avec la
volonté de développer le projet du sud en encourageant la
participation des nombreux acteurs impliqués. Le CICS est donc un
organisme chargé de mettre en relation le système politique, le
système économique et la société civile. Cette
partie traitera essentiellement du rôle du CICS dans le projet.
Après avoir présenté cet organisme, nous analyserons
l'évolution des 3 premières réunions de ce comité
à partir de critères communs. Cette analyse nous permettra
d'apprécier l'impact du CICS sur le projet de l'usine du sud.
I. Le CICS
En Nouvelle-Calédonie, le CICS est une instance
fondatrice en matière de participation du public. Ci-dessous se trouve
une fiche descriptive de ce comité. À partir de cette description
nous mettrons en exergue les différences avec les CLIC.
A. Présentation
Sur recommandations des commissaires enquêteurs le
Président de la Province sud créé par
délibération n° 31-2004/APS du 7 octobre 2004, le CICS sur
les impacts environnementaux de l'usine de Goro. Ce comité a pour
mission de veiller au développement du projet Vale Inco
Nouvelle-Calédonie sans qu'aucune nuisance irréversible ne soit
infligée à l'environnement, en faisant participer les
institutions, les différentes populations impliquées, les
décideurs et les industriels.
B. Structure
Le comité, présidé par le président
de l'assemblée de la Province Sud ou son représentant, est
composé des représentants des institutions et organisme suivants
:
? le Haut-commissaire de la République en
Nouvelle-Calédonie, ou son représentant,
· le Président du Gouvernement de la
Nouvelle-Calédonie, ou son représentant,
· le Président de la commission de l'environnement
de la Province Sud, ou son représentant, ainsi qu'un membre de la
commission désigné par l'assemblée,
· le Président de la commission du
développement économique de la Province Sud, ou son
représentant, ainsi qu'un membre de la commission désigné
par l'assemblée,
· le Maire du Mont-Dore, ou son représentant,
· le Maire de Yaté, ou son représentant,
· 7 représentants des autorités
coutumières, dont :
o le Président du conseil de l'aire
Djubéa-Kaponé, ou son représentant, o trois
représentants des autorités coutumières de Yaté,
o trois représentants des autorités
coutumières du Mont-Dore,
· le Président-directeur général de
Goro nickel, ou son représentant,
· le Président-directeur général de
Prony énergie, ou son représentant,
· un représentant du comité
Rhéébù Nùù,
· la direction des ressources naturelles de la Province
Sud,
· la direction des mines et de l'énergie.
C. Rôle et fonctionnement
Conformément à l'article 2 de la
délibération créant cette instance, le comité
émet des voeux et des recommandations visant à la mise en oeuvre
du projet d'usine de Vale Inco NouvelleCalédonie dans une perspective de
développement durable. Il peut également commander des
études afin d'approfondir certains points. Le comité a donc un
rôle de propositions (voeux) et d'actions (commande d'études).
Le comité se réunit une fois par mois sur
convocation de son président et peut inviter toute personne pouvant
utilement nourrir sa réflexion. Cette périodicité
étant soutenue, les membres peuvent se faire représenter.
Depuis la création du comité 17 réunions se
sont tenues, une à l'extérieur et toutes les autres dans la salle
du congrès ou de la province sud.
59
D. Analyse comparative avec les GLIG
Plusieurs éléments séparent le GIGS des
GLIG.
Premièrement, les CLIC sont institués selon
l'article 2 de la loi n°2003-699 du code de l'environnement. Ils ont donc
un caractère obligatoire pour tout bassin comprenant une ou plusieurs
installations « SEVESO AS ». Le GIGS est une structure
complètement originale car créée uniquement dans le cadre
du projet Vale Inco. Aucun article du texte de loi organique de la
Nouvelle-Galédonie ne le rend obligatoire pour tout autre projet de
cette envergure.
Puis, concernant la composition, les GLIG se composent de 5
collèges qui englobent l'ensemble des catégories entourant le
projet. Ces différents collèges doivent être les plus
équilibrés possibles. Le collège « Riverains »
est particulièrement accessible pour les personnes organisées ou
non qui souhaitent participer au débat. Le GIGS se veut également
ouvert en impliquant l'ensemble des catégories. Cependant,
l'accessibilité de la société civile et beaucoup plus
difficile, en particulier la participation des personnes non organisées
est très difficile, voir impossible.
Enfin, concernant le rôle et le fonctionnement de ces
structures. Les GLIGS et le GIGS se ressemblent. Toutefois, les limites
imposées dans sa composition impactent considérablement la
qualité des discussions du GIGS.
Finalement, la comparaison de ces deux instances n'est pas
vraiment pertinente. Cette brève analyse nous montre
l'originalité de l'instance calédonienne. La partie suivante
présentera plus en profondeur la spécificité de la
structure.
Après avoir présenté le GIGS et saisi ses
enjeux, nous allons analyser concrètement son fonctionnement pour
ensuite constater ses impacts sur le projet.
II. Analyse critique des trois premières
réunions
L'analyse suivante a pour objectif de montrer si les
réunions du CICS favorisent l'entente entre toutes les parties sur les
modalités du développement durable du projet. À la suite
de cette analyse nous pourrons apprécier l'ouverture du débat au
grand public, la pertinence des thèmes abordés,
l'indépendance des parties, les rapports de force,
l'équité...
A. Ghoix des indicateurs d'analyse de la concertation
D'une manière générale, un indicateur est un
outil d'évaluation et d'aide à la décision grâce
auquel on va pouvoir mesurer une situation, une activité ou une
tendance, de façon
relativement objective, à un instant donné, ou
dans le temps et/ou l'espace. Un indicateur se veut être une sorte de
résumé d'une information complexe offrant la possibilité
à des acteurs différents (scientifiques, gestionnaires,
politiques et citoyens) de dialoguer entre eux. L'indicateur (qualitatif ou
quantitatif) décrit généralement un état, une
pression et/ou une réponse ne pouvant être
appréhendée directement. L'utilité d'un indicateur
dépend d'abord de sa capacité à refléter la
réalité, mais aussi de sa simplicité d'acquisition et de
compréhension. De ce fait, le choix des critères d'analyse est
une étape importante car au final, ils doivent refléter la «
vrai » situation pour permettre une étude efficace des
réunions du GIGS.
1. Pose du cadre de l'analyse
Avant de pouvoir étudier quoi que ce soit, il faut au
préalable fournir un cadre de l'analyse. Goncernant les réunions,
j'ai choisi de porter l'analyse sur trois réunions. Ce nombre est
limité par rapport à l'impératif de la date du rendu du
mémoire. Bien que réducteur, ce petit nombre de données
est suffisant pour apprécier l'évolution des réunions et
en tirer des premières conclusions.
Le Nombre d'indicateur est de sept pour les données
quantitatives et de sept pour les données qualitatives. J'ai eu le souci
de prendre des critères qui me semblent les plus pertinents, pour
apprécier la participation du public, la pertinence des thèmes
abordés et l'impact de ces réunions sur le projet. Aussi par
souci de clarté, j'ai limité le nombre d'indicateurs pour rendre
l'information plus claire et dégager aisément les grandes
tendances.
2. Ghoix des indicateurs
Les indicateurs se composent de deux parties. D'une part les
indicateurs quantitatifs qui ont l'avantage de fournir des données
numériques facilitant les comparaisons et d'autres part les indicateurs
qualitatifs qui permettent d'apprécier de la qualité de la
procédure.
Les indicateurs quantitatifs sont :
- Le nombre de participant : Cet indicateur permet
d'évaluer le degré d'ouverture du débat.
- L'évolution des participants : Get
indicateur aide à savoir si les réunions sont suivies ou pas. Sur
plusieurs réunions les résultats seront vraiment significatifs et
montreront la régularité des participants aux débats.
- Les nombre de personnes ayant pris la parole : Le
nombre de participant ne correspond souvent pas du tout au nombre de personnes
ayant pris la parole. La prise
61
de parole étant l'objectif ultime, cet indicateur est plus
précis que le précédent et il permet d'observer la
différence entre les participants annoncés et les participants
réels.
- Les personnes ayant pris la parole par rapport à
la réunion précédente : Get indicateur montre la
nature des personnes qui ont pris la parole. Il permet de savoir si ce sont
toujours les mêmes personnes qui prennent la parole ou si les
participants réels se renouvellent. A la base les participants sont un
peu près les mêmes car au départ ce sont les membres du
comité. Toutefois, il est intéressant d'analyser si dans ce
premier écrémage il est encore possible d'y avoir des
surprises.
- Le temps52 de réunion globale :
Cet indicateur permet d'évaluer le temps global d'échange entre
les partis. La comparaison des réunions nous permet de constater si le
temps a évolué ou non. Il incorpore le temps de
présentation des points où l'échange est unilatéral
et le temps de discussion entre les partis.
- Le temps de discussion : Cet indicateur permet
d'évaluer la part consacrée à la discussion entre les
partis.
- Le temps de parole par famille d'acteur,
c'est-à-dire la société civile53, les
politiques, l'industriel et les experts : Get indicateur permet de
comparer la part de chaque famille d'acteur dans le temps global de la
réunion.
Les indicateurs qualitatifs sont :
- Le lieu : La comparaison nous permet d'analyser si il
influe ou pas sur la réunion et le nombre de participant.
- La date et l'heure : La comparaison nous permet
d'analyser si ces données influent ou pas sur la réunion et le
nombre de participant.
- Le contexte (économique, social, politique...)
: Cet indicateur nous permet d'évaluer
si le contexte influe sur les thèmes abordés, les
sujets, les interventions de chacun...
- Le thème précédent : Cet
indicateur nous permet d'apprécier l'évolution des
réunions
et la pertinence des réunions par rapports aux
précédentes.
- Les personnes représentées par famille
d'acteur : Get indicateur nous permet d'apprécier l'ouverture du
débat au public. Les personnes sont-elles représentées ou
non ? Est-ce que l'individu lambda participe à ces réunions ? Il
permet de juger de la
52 Étant donné que je porte mon analyse sur des
comptes rendus de réunion, il serait plus approprié de parler de
nombre de ligne ou de page que de temps de parole. Pour autant, dans la
perspective d'utilisation de ces indicateurs, l'unité de mesure est le
temps.
53 J'inclus dans la société civile, l'ensemble des
personnes qui font partie de la contestation. Donc même les chefs
coutumiers, qui parfois revêtent aussi le titre d'élu, sont
compris dans la celle ci.
différence entre les personnes ou organisations
présentent et celles qui participent. Il est crucial pour juger de la
participation du public.
- Avis ou/et décision prise : Cet indicateur
permet de juger de l'impact de la concertation sur les thématiques
abordées. La concertation favorise-t-elle les modalités d'un
développement durable ? Y a-t-il eu une rétroaction de la part de
certains acteurs, une évolution des idées due à la
discussion ?...
- Le thème qui sera abordé lors de la
prochaine réunion : Get indicateur permet de juger de la
cohérence du thème par rapport à la discussion qui a eu
lieu. À travers cela nous pourrons apprécier l'incidence des
discussions sur les réunions. Les thèmes sont-ils le fruit de la
discussion ou sont-ils préalablement choisis pour orienter l'Opinion
?
Au final, tous ces indicateurs nous permettront de critiquer
les réunions du GIGS. Ge sera surtout la mise en relation des variables
qui permettra d'évaluer objectivement la procédure, de constater
s'il existe d'éventuelles corrélations et de donner du sens
à notre analyse.
3. Gritique des indicateurs
Pour des raisons matérielles et de temps, j'ai choisi
de réaliser mon analyse comme présentée
précédemment. Ges choix sont critiquables. Trois points
importants peuvent être améliorés. Premièrement, le
choix des variables est sans doute, non exhaustif. D'une part, le nombre de
réunions analysées est limité à l'aune de
l'ensemble des réunions tenues par le CICS. Notre échantillon
représente 18% du total. D'autre part, plusieurs autres indicateurs tel
que l'information remis aux participants avant les réunions, le temps de
traitement de ces informations ou encore l'évaluation par les
participants du degré d'ouverture du débat n'ont pas
été pris en compte. Ces indicateurs sont nécessaires pour
l'amélioration de ces réunions. L'absence de ces données
nous amène au deuxième écueil de cette analyse.
Ges procédures doivent être ouvertes et
adaptées. Donc, la qualité de ces réunions doit
émerger du consensus entre les participants au débat sur les
modalités d'évaluation de ce processus. Or, mon analyse ne
s'appui que sur des données endogènes aux comptes-rendus de
réunions.
Finalement, nous pouvons également critiquer le manque
d'objectif. Cependant, cette absence n'est pas directement issue de ma
volonté, car les réunions du CICS n'ont aucun objectif
précis ou quantifiable. Ce manque d'objectif est critiquable car il
empéche d'évaluer convenablement la procédure et ses
impacts sur le projet. D'un autre point de vue, cette
63
absence entraîne une liberté et une
flexibilité qui serait impossible avec la présence d'objectif
très précis et en grand nombre.
B. Analyse critique
Ces indicateurs ne pourront s'intégrer dans un
processus d'amélioration des réunions, car pour cela il faudrait
une norme de la « bonne concertation » ou des objectifs de base
à atteindre. Or, aucune charte de la concertation au niveau local
n'existe et aucun objectif précis n'a été mis en place
concernant les réunions du CICS. Les indicateurs établis peuvent
éventuellement servir de jalons pour suivre une trajectoire ou non. Nous
dégagerons donc dans notre analyse des appréciations ou avis
émanant de données objectives, mais qui seront
complètement subjectifs. Les analyses suivantes sont issues des tableaux
situés en annexe.
1. Première réunion54
La première réunion du CICS se voulait fortement
symbolique. Le lieu, la date et l'heure ont permis de rassembler un nombre
important de personnes et un public très large. Cependant, le public n'a
pas été convié à participer au débat. Il
devait réserver ces questions pour la fin de la réunion.
Concernant les participants, nous distinguons depuis le
début de notre analyse trois groupes d'acteurs : la
société civile, le système politique et le système
économique. Il est donc surprenant que le système
économique soit aussi peu représenté dans la
réunion. Seul deux personnes étaient présentes pour la
société Vale Inco. L'absence des associations de protection de
l'environnement est également un fait marquant. Cette absence a
d'ailleurs été soulignée par Mr Mapou qui a émis
« des réserves sur la composition du comité car aucune
place n'est prévue pour les associations ni pour le Sénat
Coutumier. »55
Sur le nombre de personne représenté 59% ont
pris la parole. Ce chiffre témoigne d'une bonne participation des
personnes présentes. Le public ne participant pas au débat,
toutes les personnes qui ont pris la parole peuvent être
considérées comme « expertes » dans leurs domaines. On
peut alors interroger le rôle du CICS et sa volonté d'ouvrir le
débat au grand public, car bien que la réunion fût tenue
dans un lieu public en face de la population, cette dernière n'y a pas
contribuée.
54 Les réunions sont disponibles sur le
Cédérom et les analyses sont en annexe 2.
55 Extrait du compte rendu de la première réunion
du CICS, [en ligne] [
www.provincesud.nc]
64
Au final, le débat a tout de même permis une
meilleure information du public concernant les enjeux environnementaux du
projet. Ses conclusions vont également dans le sens d'une communication
partagée en incluant de nouveaux acteurs et en créant un groupe
de travail composé de personne appartenant aux trois familles
d'acteurs.
On peut s'interroger sur l'impact réel de la
réunion car bien qu'ayant obtenu un consensus très net sur le
manque d'information concernant les risques environnementaux du projet,
l'autorisation ICPE fut attribuée dans les six jours qui ont suivi. Dans
ces circonstances, on peut dire que la décision de la province ne fut
pas très logique. En conclusion, la réunion a eu des effets
positifs (création d'un groupe de travail, élargissement des
participants, informations données au public...) mais ces conclusions
n'ont en rien changé la date d'attribution de l'arrêté
ICPE.
2. Deuxième réunion
La deuxième réunion du GIGS fut beaucoup moins
symbolique que la première. D'une part, la réunion fut moins
longue, d'autre part le lieu qui sera pratiquement toujours le même, la
date et l'heure n'ont pas eu la même portée de sens en terme
d'ouverture du débat que pour la réunion
précédente. Tel qu'elle fut organisée, cette rencontre ne
facilitait pas la venue d'un public large et varié. Pourtant, cette
volonté d'ouvrir le débat s'est tout de même traduite dans
le nombre de participant. En effet, ils furent beaucoup plus nombreux et
variés que pour l'édition précédente. La
présence d'associations de protection de l'environnement et d'un expert
de l'IRD a sans aucun doute contribué à la qualité des
échanges.
Ge nombre plus important est à relativiser car on
constate que le nombre de personnes ayant pris la parole est le même que
pour la première réunion, ce qui entraîne une baisse du
taux de participation effectif. Le taux de renouvellement de ces personnes est
de 54 %. Ge chiffre est encourageant. On pourra tout de même se demander
pourquoi les autres participants ne prennent pas la parole et comment les
encourager à le faire, pour ainsi améliorer cet espace
d'échange.
Vu les thèmes abordés, le temps de parole fut
correct pour chaque catégorie qui a pu s'exprimer et donner un avis. Au
final, les conclusions furent très intéressantes et elles ont
souligné l'envie du comité d'être transparent et de tendre
vers le consensus. Petit à petit, on constate une amélioration de
la communication entre les partenaires qui échangent dans un lieu commun
leur volonté concernant l'usine du sud. Il est intéressant de
constater que le débat portait principalement sur la justification des
choix pour ainsi tendre vers une phase de
65
prise de décisions légitimes qui serait en harmonie
avec le public. La concertation est donc un élément fort pour une
prise de décision éclairée.
Tous ces éléments tendent à dire que le
comité a un impact significatif et positif sur la conduite du projet,
pourtant on ne peut s'empêcher de questionner l'organisation des
réunions qui, en n'excluant le grand public du temps de parole, limite
l'ouverture totale du débat.
3. Troisième réunion
Cette réunion s'est déroulée un mois
après la précédente. Elle fut beaucoup moins longue que
les deux dernières. Le nombre de participant fut également moins
important avec une diminution de 21,95%. Un peu plus de personnes ont pris la
parole, mais ce chiffre est contrasté du fait que le nombre total de
participant était moins important que lors de la dernière
rencontre.
La majorité des personnes qui ont pris la parole est
issue de la société civile. Elles ont principalement émis
des propositions ou réclamations vis-à-vis des choix qui allaient
être validés. Du côté du système politique, on
trouve moins de participants actifs, mais ils ont tout de même
monopolisé la plus grande partie du temps pour expliquer les options
choisies. La plupart des personnes qui ont pris la parole n'étaient pas
nouvelles par rapport à la dernière réunion. Cependant, on
ne peut pas totalement juger de l'ouverture ou pas du débat via ce
constat, car pour être pertinent cet indicateur doit être
analysé sur un nombre significatif de réunion. À lui seul,
il ne peut pas témoigner de la qualité du débat.
Les discussions ont porté sur la transparence et le
bien fondé des études qui ont été faites et celles
qui sont à faire. Le comité avait le souci d'atténuer,
voir d'éradiquer les doutes concernant les études de validation
du projet. On peut dire que la confrontation des parties oblige le CICS
à viser l'excellence des choix qui sont effectués en amont des
études scientifiques.
4. Analyse globale
Au fur et à mesure les réunions du CICS se sont
étoffées en nombre de participants. D'ailleurs la composition de
la 4ème réunion56 confirme cette tendance.
Dans l'échantillon, la société civile a toujours
été la catégorie la plus représentée,
cependant le nombre de participants ne signifie pas grand-chose car d'une part,
on constate que le nombre de participants actifs est stable et d'autre part,
c'est le système politique qui monopolise le temps
56 Cette réunion est disponible sur le site de la Province
sud [
www.province-sud.nc]
66
de parole. Ce sont surtout les services compétents en
matière environnementales, c'est-à-dire la DIMENC et la DRN qui
occupent beaucoup du temps de discussion en donnant un flot d'explication aux
membres du comité pour les éclairer sur des informations à
caractère scientifique et/ou pour démontrer la conformité
des démarches en cours.
Un fait marquant de cette analyse est la passivité de
Vale Inco dans les discussions. L'industriel est un acteur qui communique
beaucoup sur son ouverture, sa volonté d'ouvrir le débat et de
diffuser une information transparente ; pourtant les faits ne confirment pas
cette volonté. Nous resterons prudents car notre analyse se porte sur un
échantillon limité. Toutefois, les faits tendent à prouver
la difficulté que rencontre l'industriel à entrer dans le
dialogue lorsqu'il ne le contrôle pas.
Bien qu'étant un espace de discussion, le CICS reste un
espace assez clos pour les personnes qui n'en sont pas membres. Concernant
l'entrée du public, cela reste une question floue à laquelle
personne ne peut répondre exactement. D'après Mr Leborgne elle ne
serait pas interdite, mais le lieu et la date ne facilite souvent pas la venue
des profanes. Pour informer le public de la tenue d'une réunion, la
Province sud envoi un communiqué de presse aux média locaux, dont
on ne sait pas vraiment s'il est systématiquement diffusé. En
effet, aucun panorama de presse n'est réalisé, autrement dit
aucun retour n'est fait. Ensuite, même si un profane parviendrait
à venir à la réunion, son rôle consisterait à
assister à la réunion. En aucun cas il ne pourrait y contribuer,
d'ailleurs les questions du public quand il est présent ne sont pas
notifiées, ce qui confirme la non contribution de ce dernier à la
discussion.
Si une personne veut contribuer à la discussion, elle
doit, soit intégrer une organisation déjà en place, soit
en fonder une ou encore demander aux membres de la société civile
qui participent officiellement à la réunion de rapporter ses
propos, inquiétudes... Ce choix d'organisation témoigne de
l'ouverture partielle du débat qui dans ses règles rend difficile
la participation des personnes non-organisées. Le CICS est sürement
un espace d'information de la population, mais concernant la concertation, il
se limite à quelques membres sélectionnés et
organisés. Donc, l'ouverture du débat au public qui est l'un des
objectifs du comité est loin d'être atteint.
Tous ce que nous venons de démontrer montre les
difficultés que peuvent rencontrer les profanes. Cependant, fort est de
constater que pour que le public puisse participer, se plaindre ou autre ; il
faut déjà qu'il soit présent. Or, d'après les
entretiens réalisés, il y a généralement peu ou pas
de profanes qui assistent aux réunions du comité, aux
consultations publiques, aux réunions publiques, etc... En
résumé à tous ces outils de démocratisation qui
leurs sont offerts.
67
Les thèmes avis et décisions montrent
l'utilité du CICS qui à travers ses discussions engage la
conduite du projet vers une meilleure gouvernance, un meilleur partage de
l'information et beaucoup plus de transparence. Le fait de rendre public ses
débats, de confronter les différents partis, améliore sans
aucun doute le processus de prise de décision et donc au final les
décisions. D'après l'entretien réalisé avec Mr
François Leborgne, les relations entre les différents partis se
sont améliorées depuis la création du comité et
même si les contestations n'ont pas disparues, les manifestations
virulentes (manifestations, blocages...) ont fortement diminuées. Ces
propos sont logiques car il y a peu de chance que l'on conteste une
décision que l'on a co-élaborée.
En conclusion, le CICS est une institution qui a encore des
défauts mais qui est nécessaire pour une conduite de projet
éclairé. Son impact sur le projet fut significatif, puisque ces
réunions ont permis la mise en place de nombreuses études
complémentaires, de conventions entre les partis, d'implication plus
prononcée de certains acteurs que ce soit pour manifester un
mécontentement ou pour construire le projet. Ce comité
étant une structure qui favorise la concertation, on peut dire que les
discussions qui s'y sont tenues ont contribué à une meilleure
prise en compte des modalités du développement durable.
Pour juger de l'impact concret du comité et donc de la
discussion, nous allons dans la prochaine partie analyser les
conséquences directes et indirectes de la concertation autour du
projet.
III. Conséquence de la concertation
Dans cette partie, nous montrerons les conséquences
directes et indirectes des réunions du CICS. Il sera intéressant
d'analyser en profondeur ces conséquences pour comprendre leurs aspects
bien souvent ambivalents.
A. Contre-expertises
Tous les acteurs s'accordent à dire que la contre
expertise fut le premier acte important du CICS. En effet, lors des
consultations organisées durant les enquêtes publiques, la
population et particulièrement les « gens du sud » ont pu
exprimer leurs craintes et inquiétudes concernant les impacts
environnementaux du projet. Leurs inquiétudes se sont principalement
portées sur l'effluent qui allait être rejeté dans le
lagon.
Ces inquiétudes ont été relayées
par le comité Rhéébu nùù au nom des gens du
sud lors de la première réunion du CICS. Face à l'ampleur
des questions qui restaient sans réponse, il a fallu mettre en place des
actions pour éclairer la situation. C'est ainsi que le comité a
décidé de faire une contre-expertise qui porterai sur l'analyse
de l'effluent et ses impacts sur l'environnement.
Cette décision est belle et bien la première
issue des discussions entre les différentes entités qui composent
le comité. Nous pouvons noter qu'il a fallu que ces inquiétudes
passent par une entité organisée pour qu'elles intègrent
le débat.
B. Amélioration des relations
Dire que les conflits ont disparu depuis la création du
CICS serait faux. En effets les deux années qui ont suivi cette
ouverture partielle du débat ont été marquées par
des conflits violents entre la société civile et les
systèmes économiques et politiques. Ces rapports de force ont
connu leur paroxysme durant les mois de mars-avril 2006, avec les affrontements
qui ont eu lieu à Yaté. Ce face à face entre les
populations du sud et les forces de l'ordre avait des allures de guerre
civile57.
« Face à un désordre tel que celui
imposé par le Président de la Province sud, la seule
dignité, c'est de désobéir et de résister à
ces lois injustes »
José Bové, lors des affrontements de
Yaté58
Ces actions radicales furent engagées par le
comité Rhéébù nùù suite à la
lenteur des expertises menées. En effet, le chantier de l'usine se
poursuivait alors méme que des études importantes pour l'avenir
du projet étaient en cours. Dans ce cadre, c'est l'ouverture du
débat qui a permis de constater un manque important d'information. Ce
sont les nombreux doutes et l'opacité de l'accès à
l'information, aux rapports, aux conclusions d'enquêtes... qui ont
provoqués la radicalisation de la position de
Rhéébù nùù.
Suite aux nombreux efforts entrepris par l'industriel,
notamment sur le rejet de manganèse ou encore sur sa participation au
projet de classement du grand lagon sud, le comité
Rhéébù
57 Ces affrontements sont visibles dans le film : «
Rhéébù nùù : L'oeil du sud ».
Ce film est consultable sur le site
http://leweb2zero.tv/video/franky_9445165be374f14
58 Extrait du film « Rhéébù
nùù : L'oeil du sud »
69
nùù a souhaité, tout en conservant son
indépendance, amorcer des négociations avec l'industriel.
Depuis le 27 septembre 2008, le comité, les coutumiers
de l'aire Djubéa Kapone et Vale Inco ont signé « un pacte
pour un développement durable du grand sud ». Ce pacte a
été conduit pour trouver une solution consensuelle et
privilégier la participation des gens du sud dans le projet. Ce pacte
doit favoriser la discussion au lieu d'actions plus musclées.
Ce pacte est considéré par beaucoup
d'associations de protection de l'environnement comme une trahison de la part
de Rhéébù nùù. Cependant, tous les acteurs
interviewés sont unanimes pour mentionner qu'il y a eu des
améliorations dans la conduite du projet et dans les efforts qui ont
été faits pour la protection de l'environnement. Ces
améliorations sont appréciées de manière
différente en fonction des personnes interrogées mais le constat
est unanime. Ceci nous amène à penser que ces organismes de
participations sont utiles pour le projet, en dépit des nombreux
défauts que l'ont peut leurs attribuées.
C. Ouverture plus large
Notre échantillon présente un accroissement et
un élargissement des participants à la réunion. Les
comptes-rendus de réunion qui suivent confirment cette tendance.
Toutefois, afin de bien saisir l'intégralité de la situation,
deux points important sont à mentionner :
D'une part l'élargissement et l'accroissement des
participants sont réels, mais ces derniers se divisent en deux
catégories. D'abord, les membres du comité qui ont le droit de
participer à la discussion. Comme le montre notre analyse tous n'y
participent pas, ce sont bien souvent les mêmes acteurs qui s'expriment.
Puis, les observateurs tel que les associations de protection
environnementales, sauf le comité Rhéébù
nùù, qui n'ont pas le droit à la parole et se contentent
d'assister aux discussions.
D'autre part, il est important de souligner que les membres du
comité sont toujours les mêmes. Autrement dit, cette augmentation
est due au fait que tel ou tel membre décide d'augmenter le nombre de
ses participants, ensuite les observateurs qui sont l'unique surprise de ces
rencontres sont sélectionnés, quant au public, c'est le grand
absent de ces réunions. D'ailleurs l'autorisation ou non de sa
présence est une question floue comme on peut le voir dans les
entretiens.
Au vue de ces précisions, l'ouverture plus large du
débat est relative. Reste que la tendance se poursuit à
l'intérieur du CICS et également dans d'autres structures qui ont
été créées pour poursuivre la discussion avec la
société civile et montrer cette volonté d'être le
plus transparent possible.
D. Création de plusieurs outils de concertation
Le CICS est le première espace créé pour
confronter les différents partis. Fort du succès des discussions
qui sont tenus, on constate aujourd'hui une multitude d'espace de discussion.
Une structure qui a pour principale mission la surveillance des impacts
environnementaux du projet se mue de plus en plus en espace de débat et
une autre structure de concertation est sur le point d'être
créer.
1. L'oeil
L'Observatoire Et l'Information sur L'environnement ou
également appelé l'Observatoire de l'environnement du grand sud
en Nouvelle-Calédonie a été créé le 03 mars
2009 pour accompagner le projet Vale Inco. Il a trois missions principales qui
sont la surveillance du projet à l'aide d'indicateur scientifique, la
communication des résultats qui seront accessibles au grand public et
aux décideurs, et enfin la recherche constante d'optimisation des outils
d'analyse en l'occurrence à travers la création d'indicateurs
environnementaux performants. Dans sa composition, cet observatoire qui a un
statut associatif, est beaucoup plus ouvert que le CICS. Il est composé
de six collèges et un conseil d'administration. Selon Mr Leborgne,
l'oeil prend de plus en plus l'ascendant sur le CICS et occupe quasiment la
même fonction que lui. Cette espace qui est beaucoup plus polyvalent mais
qui sur l'aspect communication fait la même chose que le CICS souligne
sûrement les lacunes rencontrées dans notre analyse du
comité.
2. Le Comité Consultatif Coutumier Environnemental
(CCCE)
Le CCCE n'est pas encore opérationnel. La date
d'entrée en vigueur de ce comité est fixée à la
date de la première tonne de minerai extraite et traitée sur site
ou exportée. Cette date n'est plus certaine car dans notre entretien Mr
Raphael Mapou souligne la remise en cause de ce pacte suite à l'accident
industriel survenu le 1er avril 2009 sur le site de Vale Inco.
Le CCCE devra constituer un intermédiaire permettant
une discussion permanente entre Vale Inco et les populations voisines de son
projet. Il permettra de garantir la participation des instances
coutumières au suivi environnemental du projet, ainsi que la prise en
compte du savoir et des connaissances traditionnels kanaks. Le CCCE doit
permettre de développer une relation durable avec les populations
voisines tout au long du projet, de la fin de la période de construction
jusqu'à sa fermeture.
71
Ces comités ne sont pas directement liés aux
réunions du CICS, mais c'est bien ce dernier qui a fait prendre
conscience à l'ensemble des acteurs du projet de la
nécessité de discuter ensemble pour construire l'usine du sud
dans un développement que l'on pourra qualifier de viable, vivable et
équitable pour tous.
Au cours de ce chapitre, nous avons analysés le GIGS,
son rôle, son organisation, ses impacts, etc.... Il fut
intéressant de constater l'originalité de cette structure qui est
une organisation ad hoc pour le projet de l'usine du sud. Les
particularités de ce comité nous montrent la
nécessité pour les structures de concertation d'être
flexibles et de s'adapter à toutes situations. En effet, toutes les
démarches concernant la gouvernance partagée sont
différentes au niveau mondial. Toutefois, quelques
caractéristiques subsistent. D'ailleurs, notre analyse nous a
montré des similitudes avec les structures métropolitaines.
En allant plus loin nous avons découvert que le GIGS
qui est soit disant « ouvert au public » ne l'est pas tant que
ça. En effet, il est très difficile pour un profane
d'intégrer le débat. Son seul moyen est d'adhérer à
une organisation en place ou d'en créer une. Si ouverture il y a,
celle-ci se résume aux comptes rendus de réunions disponibles sur
internet et encore, ceux-ci ne sont disponibles que jusqu'en 2006.
Le processus de communication ou de décision
s'établit comme ceci :
Schéma :
Personne non-organisée Associations Réunions du
GIGS Avis et décisions
Pour être légitime, la décision doit
passer par plusieurs écluses. Dans ce cas nous constatons que le profane
n'est pas au même niveau que les associations de protection de
l'environnement. La structure ne lui est donc pas directement destinée.
Le risque de cette organisation est de dénaturer les avis originaux
émis par les personnes non-organisées.
Les entretiens ont fait ressortir la difficulté
d'intégrer les populations dans le processus. Il a été
constaté que les personnes se déplaçaient rarement en
réunion d'information, aux consultations, aux débats... Il y
aurait un manque de responsabilité citoyenne. Toutefois, s'il est vrai
que la population n'est pas très active, en tant que membre de la
société civile, son rôle est de porter au coeur du
système politique les différents problèmes de
société. Or lorsque la situation est convenable,
c'est-à-dire lorsque le système fonctionne, est-ce-que la
société civile doit continuer à endosser ce rôle ?
Par nature elle intervient en cas de disfonctionnement du système et
elle abandonne le traitement spécialisé de ces questions au
système politique qui est le seul compétent, non par pour
décider, mais pour valider les
décisions. Dans notre cas, on constate que le public
est massivement présent lors des situations conflictuelles, mais
autrement seuls « les experts », c'est-à-dire les personnes
très investies dans le projet, sont présents et discutent lors
des rencontres organisées. Cette absence du public lors des
réunions organisées s'explique également à cause de
l'absence de prise de conscience du risque industriel. En effet, face aux
nombreux avantages économiques qu'engendrent l'activité de
l'industriel, il est difficile pour le citoyen lambda ou le salarié de
la société de contester l'activité de Vale Inco. Cette
absence d'intérêt de la population n'est pas une situation
typiquement Calédonienne, mais bien un problème inhérent
à tout projet nécessitant la participation du public.
Aujourd'hui nous constatons la création de plusieurs
espaces de discussion institutionnalisés. Ces espaces étant
conventionnels, ils ont un impact plus important sur la conduite du projet. Ils
jouent le rôle de filtre entre la société civile et le
système politique et économique. Dans une certaine mesure, nous
pouvons penser que la création de ces structures traduit une
volonté de l'ensemble des catégories de discuter, d'ouvrir le
débat et de travailler ensemble. Me concernant, je pense plutôt
que la multiplicité de ces structures démontre les
difficultés que rencontrent les acteurs du projet à communiquer,
à travailler ensemble et au-delà de ça, elle montre une
réelle crise de confiance entre les acteurs. La confiance est un
élément de base pour créer une situation
communicationnelle saine. E. Goffman nous dit que pour toute communication, il
faut « a priori » admettre la sincérité d'autrui. Cette
sincérité a souvent été remise en cause concernant
le projet Vale Inco et elle continue de l'être. Les entretiens en annexes
et la multiplicité des espaces de concertation en attestent.
Finalement, après avoir constaté l'ouverture
contrôlée et partielle du débat, l'absence de prise de
conscience du public et les difficultés que rencontrent les acteurs du
projet pour travailler ensemble, on pourrait dire que cette structure est un
échec. Pourtant, il n'en est rien. En effet, même si les
méthodes et décisions peuvent être questionnées. Les
avis des acteurs interrogés sont unanimes pour souligner
l'utilité de la structure. Le comité a nettement
amélioré la conduite du projet depuis sa création. Les
partis sont tantôt entrés en conflit, tantôt entrés
en discussion, les aspects environnementaux du projet sont beaucoup plus pris
en compte qu'au départ, la concertation est devenue un thème
phare des politiques en NouvelleCalédonie... Il est donc
indéniable que les discussions du comité et donc la concertation
a eu un impact significatif et positif sur le projet et globalement sur
l'ensemble de la politique de la Province sud, pour ne pas dire du
Territoire.
73
Conclusion
Avant de répondre à la problématique de
ce mémoire, je tenais tout d'abord à critiquer la
méthodologie appliquée pour ce projet de recherche. Ce travail
fut passionnant, il m'a appris énormément de choses sur
énormément de domaines en allant bien plus loin que le seul cadre
scolaire. Je pense avoir utilisé les techniques et méthodes
adéquates pour répondre à la problématique.
Tout au long de cette étude je me suis aperçu
que les hypothèses que j'avais formulé n'étaient peut
être pas les plus pertinentes. En effet, avant de savoir en quoi la
concertation favorise les parties sur les modalités du
développement durable, n'était-il pas préférable de
vérifier à la base s'il y a discussion ou pas ? C'est à la
condition que les rencontres suivent ou tendent vers les principes Habermassien
que l'on peut parler de discussion et donc de concertation. Je pense donc qu'il
aurait été préférable que je suppose dès le
départ si la situation peut être qualifiée comme
étant une discussion ou pas.
Ensuite, le degré d'ouverture que je tente de
présenter suivant les réunions est une variable peu
fondée. Pour être pertinente, il faudrait soit une moyenne d'un
nombre conséquent de réunions, or l'échantillon
analysé est trop restrictif. Soit le comparer à partir de
mémes grilles d'analyses à d'autres comités tels que les
CLIC en France ou les PAM en Afrique. Dans ce cas, la comparaison serait
très difficile car ces comités ont souvent une forte
identité locale.
Puis, de part sa taille, l'échantillon d'analyse rend
difficile, voir impossible la généralisation des conclusions.
Cependant, je reste convaincu que les trois postulats que je présente
à la fin de cette conclusion sont indiscutables et nécessaires
à toutes concertations, que ce soit dans l'espace, dans le temps et pour
n'importe quel sujet.
Finalement, ce travail de recherche m'a permis d'avancer
encore plus dans mon questionnement. Je pense avec du recul que ma question de
départ était trop large. Mon sujet a abordé une multitude
de points qui peuvent tous faire l'objet d'un mémoire ou méme de
thèses. Pour la prochaine étude, il faudra que j'aille plus loin
dans l'élaboration de mon projet de recherche.
Ce travail de recherche nous a permis de comprendre
globalement les enjeux de la concertation dans les politiques de
développement durable en nous basant sur l'exemple calédonien.
L'implantation de la société minière Vale Inco en
Nouvelle-Calédonie est un sujet
d'une étonnante richesse qui englobe quasiment tous les
aspects récurrents que l'on peut rencontrer lorsque l'on traite des
questions de gouvernance partagée.
Au début du projet, nous avons constaté un
manque flagrant de confrontations entre les parties liées au projet. Les
divergences d'intérêts particuliers expliquaient l'existence de
cette situation inerte.
Au fur et à mesure de l'avancement du projet, une prise
de conscience est née dans la société civile concernant la
problématique environnementale. La précipitation des
décisions prises, le vide en matière juridique et
l'opacité de l'information ont été des
éléments clés pour réveiller les esprits. En effet
en filtrant les informations, le système économique et le
système politique ont engendré un sentiment de méfiance de
la part de la population vis-à-vis du projet. Face à l'absence de
communication, notamment en matière environnementale, la
société civile s'est mobilisée pour faire intégrer
au coeur du cercle décisionnaire ses inquiétudes concernant les
impacts environnementaux de l'usine.
Le principal élément qui fut discuté fut
le processus de prise de décision. Celui-ci était inadapté
et il comportait des manques importants en termes de participation du public et
de transparence de l'information. Au fil de plusieurs manifestations, de
recours en justices et d'actions plus radicales, le système politique et
le système économique se sont engagés dans un processus
d'amélioration du déroulement des prises de décisions. Les
nombreuses démarches qui ont émergé de ces rapports de
force tendent vers une gouvernance respectant les modalités du
développement durable.
Cependant, notre analyse a mis en exergue le fossé
entre ce qui est dit, c'est-à-dire ce qui est annoncé par les
organisateurs et les résultats sur le terrain, c'est-à-dire les
conséquences effectives de ces démarches.
On a pu constater qu'une structure originale telle que le CICS
ne répond pas de façon optimale aux revendications émises
par la société civile. Plusieurs éléments
expliquent les difficultés que rencontre ce comité pour
être un espace ouvert.
Premièrement, la multitude d'acteurs qu'impliquerait
une ouverture totale du débat, suppose des moyens financiers,
matériels, humains, temporels, etc.... que la Province sud, organisateur
de ces réunions ne peut supporter. Dans le compte rendu n°2, le
Président du comité souligne la nécessité de
restreindre le débat pour être capable de le gérer.
Ensuite, il faut une volonté du système
politique. Or les entretiens effectués montrent que les participants
sont sélectionnés. Cette pratique traduit une volonté des
organisateurs de contrôler le débat, c'est-à-dire de
contrôler un espace qui devrait être poreux et ouvert à son
environnement pour ainsi stimuler l'innovation autour du projet.
75
Puis, il est toujours difficile pour les membres de la
société civile d'intégrer ce type de structure, car au
final la décision ne leur appartient pas. Lorsque les décisions
suivent majoritairement l'avis de la société civile, cette
dernière est plus motivée pour prendre part au débat, mais
concernant les réunions du CICS, les décisions ont souvent
été différentes des avis et propositions des associations,
voir incomprises par celles-ci. Il est donc compréhensible que les
associations environnementales soient réticentes à participer,
d'autant plus que la plupart d'entre elles ne sont pas autorisées
à prendre la parole en réunion.
Finalement, on constate que la structure est principalement
investie lors de situations conflictuelles ou de points importants pour
l'avancement du projet. Dans le cas contraire, seul un groupe « d'expert
» occupe les réunions du comité.
On peut dire que cette structure bien qu'utile reste à
parfaire car elle comporte des lacunes intrinsèques qui restreignent son
efficacité. En effet tous les éléments ne sont pas
réunis pour créer une discussion au sens Habermassien. S'il
n'évolue pas, ce comité va disparaître laissant place aux
autres espaces de discussion qui jouent un rôle grandissant dans la
concertation et la gouvernance du projet.
En synthèse, nous pouvons noter trois points importants ou
trois conditions sine qua non à tout processus de concertation.
Premièrement, le cadre réglementaire et
juridique. Cet élément doit poser les bases de la communication.
Chaque acteur doit trouver sa place dans la communication. Le droit garantit la
liberté et l'égalité des acteurs dans la discussion. Tout
en laissant place à une marge d'adaptation, le cadre
réglementaire doit être assez précis pour éviter des
situations de déséquilibre.
Puis, le temps. Au début de notre analyse nous avons pu
constater les conséquences de prises de décisions
précipitées. Pour être légitime, les
décisions doivent passer par plusieurs écluses. Ces
dernières doivent au préalable avoir été
informées et surtout avoir eu le temps d'assimiler ces informations,
sans quoi la prise de décision est biaisée. Donc, on peut dire
que le temps est un élément crucial pour légitimiser la
décision finale.
Enfin, la confiance. Ce point dépend principalement du
précédent, car il est bien connu que la confiance se gagne au fil
du temps. La confiance est une des bases de toutes relations. Elle un
élément important des processus de concertation, car elle permet
des discussions claires et productives dénuent de tout
intérêts particuliers. D'ailleurs, la tenue de débat en
public est un moyen d'établir une relation de confiance, puisque les
discussions sont soumises à l'avis de tous et donc dépourvues de
stratégie individuelle.
Les trois éléments que nous venons de
présenter sont les principaux points qui sont ressortis de notre
analyse. Cette liste n'est « peut être » pas exhaustive, mais
elle constitue une base essentielle pour toute mise en place de
procédure de concertation.
Au final, nous pouvons dire en réponse à la
problématique que la concertation étant une forme de discussion,
le projet se construit dans un processus de discussion entre ses principaux
acteurs. Le cas calédonien est critiquable à plusieurs titres,
mais on ne peut pas dire qu'il soit exempt de confrontation entre les parties.
On a pu constater que la concertation favorise l'entente entre toutes les
parties sur les modalités du développement durable en
Nouvelle-Calédonie, en confrontant les différents acteurs du
projet. Ces discussions ont souvent eu des retombées positives pour
l'environnement social et naturel en Province sud. En Nouvelle-Calédonie
la concertation n'a pas réussi à résoudre les conflits
entre les différentes parties. D'ailleurs ce n'était pas le but
premier. On peut méme dire qu'au départ, c'est l'effet inverse
qui s'est passé. En effet, la confrontation des partis a engendré
une vive opposition de la part de la société civile. L'ouverture
de l'accès à l'information a provoqué de vives
réactions. Aujourd'hui les relations entre acteurs du projet sont moins
tendues. Toutefois ce calme est relatif car l'accident qui s'est produit
récemment sur le site de l'usine remet en question cette
stabilité fragile.
Ce mémoire a ouvert la porte à plusieurs
questions. Ceci souligne la nouveauté de cette thématique et la
richesse du sujet abordé. Malgré toutes les questions qui peuvent
être soulevées, nous resterons au coeur du sujet et de son
actualité en nous interrogeant sur l'évolution de la situation et
les enjeux de la communication à la suite de l'accident chimique qui est
survenu. Quel avenir existe-t-il pour la gouvernance du projet dans une
situation de méfiance extrême ? Mais aussi, quels seraient les
outils adaptés pour « rétablir la confiance »
nécessaire au processus de communication entre les acteurs du projet
?
77
Annexes
Annexe 1 : Analyse des réunions 78
Réunion 1
Tableau général 79
Analyse détaillé 83
Réunion 2
Tableau général 90
Analyse détaillé 95
Réunion 3
Tableau général 105
Analyse détaillé 109
Analyse globale 117
Annexe 2 : Les entretiens 124
Jean-François Gourmand, commissaire-enquêteur 125
François Leborgne, ingénieur chargé de la
cellule Vale Inco (Province sud) 131
Mr Sylvian Raffard-Artigue et Mr jean-Michel N'Guyen (Vale Inco)
134
Mr Mike Hoshen (Codefsud) 142
Mr Raphael Mapou (Rhéébù nùù)
145
Analyse des
réunions
79
Tableau d'analyse de la réunion n°1
Indicateurs
|
Analyse Quantitative
|
|
Valeur réelle
|
%
|
Le nombre de participant
|
22
|
100
|
+ La société civile59
|
9
|
40,91
|
+ Les politiques
|
11
|
50
|
+ L'industriel
|
2
|
9,09
|
+ Les experts
|
0
|
0
|
Evolution du nombre de participant
|
|
|
+ Dernière réunion
|
0
|
/
|
+ Réunion actuelle
|
22
|
/
|
Le nombre de personne ayant pris la
parole60
|
13
|
100
|
+ La société civile
|
6
|
46,15
|
+ Les politiques
|
7
|
46,15
|
+ L'industriel
|
6
|
7,69
|
+ Les experts
|
0
|
0
|
Le taux de renouvellement
|
13
|
100
|
+ Les mêmes
|
13
|
100
|
+ Les nouvelles
|
/
|
/
|
Le temps61 de réunion globale
(page)
|
|
La réunion précédente
|
/
|
/
|
La réunion actuelle
|
17
|
/
|
59 J'inclus dans la société civile, l'ensemble des
personnes qui font partie de la contestation. Donc même les chefs
coutumiers, qui parfois revêtent également le titre d'élu,
sont compris dans celle ci.
60 Ce chiffre est à relativiser car il est uniquement issu
du compte rendu de réunion ; or lors de mon entretien (p133) il m'a
été indiqué que le public posé des questions en fin
de réunion.
61 Le nombre de page étant un critère commun
à chaque compte rendu. La comparaison s'effectuera en fonction ce
critère. La fin de la 3ème séance n'est pas
indiquée, donc il m'est impossible de comparer les réunions en
fonction du temps. Le temps de réunion globale comprend les
présentations des diverses informations par les experts ou les services
« environnements » et les discussions entre les diffóentes
parties.
Le temps de discussion62
|
495
|
100
|
Le temps de parole par famille d'acteur
|
|
+ La société civile
|
208
|
42,02
|
+ Les politiques
|
268
|
54,14
|
+ L'industriel
|
19
|
3,84
|
+ Les experts
|
0
|
0
|
|
Analyse Qualitative
|
Le lieu
|
Maison commune de la tribu de Goro
|
Date et heure
|
Samedi 9 octobre 2004 à 14h
|
Le contexte (économique, social,
politique...)
|
·:. Élection provinciale : Prise de fonction du
nouvel exécutif
+ Conflit sociaux autour de l'emploi local
+ 2ème conférence internationale du
nickel à Nouméa
+ Vale Inco relance le chantier arrêté subitement en
2002
+ Le ministre de l'écologie et du
développement durable lance un projet en faveur des
récifs coralliens
|
Le thème précédent
|
/
|
Les thèmes présentés
|
+ Présentation du comité + L'ICPE
|
Les personnes représentées par famille
d'acteur63
|
|
+ La société civile
|
+ Pour le Maire du Mont Dore64 :
M.Y.Magnier
|
62 Le temps de discussion ne comprend que les
échanges entre les parties. Les présentations ne sont pas
comptées. Il effectuer en nombre de ligne pour mieux apercevoir les
différences. Ce critère est plus affiné que le nombre de
page.
63 Aie mis en gras toutes les personnes ayant participé
à la discussion lors de la réunion.
64 La mairie du Mont-dore et de Yaté sont
placées dans la société civile, car bien qu'étant
des institutions politiques, les personnes représentées assistent
aux réunions principalement pour s'informer sur le projet et communiquer
leurs craintes. Leurs décisions n'ont pas d'impact conséquent sur
le conduite du projet. Seul l'État, le Gouvernement et la Province sud
prennent des décisions conséquentes pour le projet.
+ Le Maire de Yaté : M.A.Digoué Les
autorités coutumières :
+ Le président du conseil de l'aire Djubéa
Kapone : M.H.Vendegou
Les représentants des autorités
coutumières de Yaté :
+ M.V.Agouréré, président du
conseil des Anciens de la tribu de Goro
+ M.A.Ouetcho et M.J-E.Koroma de Touaourou
+ M.L.Tara d'Unia
Les représentants des autorités
coutumières du Mont Dore :
+ M.N.Wamytan, de Saint Louis + M.E.Togna de la Conception
+ Pour le comité Rhéébù
Nùù : M.R.Mapou
|
81
+ Les politiques
|
|
+ Le président de l'Assemblée de la
province Sud : M.Ph.Gomes, président du comité
+ Pour le Haut-Commissaire : M.ChE.Tollu, commissaire
délégué subdivision administrative Sud
+ La Présidente du gouvernement de la
Nouvelle-Calédonie : Mme.MN.Themereau
+ La Présidente de la commission de l'environnement de
la province Sud : Mme I.Ohlen
|
|
+ Un membre de la commission de l'environnement de la province
Sud : Mme.A.Beustes
|
|
+ Le Président de la commission du
développement économique de la province Sud : M.
A.Descombels
+ Un membre de la commission du développement
économique de la province Sud : Mme.N.Andréa
+ La Direction de l'industrie, des mines et de
l'énergie de Nouvelle-Calédonie (DIMENC) : M.E.de Pirey
et M.J.Pilotaz
+ La Direction des Ressources
Naturelles de la province Sud (DRN) :
M.T.Chaverot et M.V.Mary
|
+ L'industriel
|
+ Pour la société Goro Nickel : M.P.Alla,
président directeur général
+ Pour la société Prony Energies :
M.JM.de Garrigues, administrateur
|
+ Les experts
|
/
|
Avis ou/et décision prise
|
+ Inviter les représentants des autorités
coutumières de Païta, de l'Ile Ouen et de l'Ile des Pins pour les
prochaines réunions.
+ Mise en place d'un groupe de travail pour déterminer
quelles études seront nécessaires pour éclairer la
compréhension du comité.
|
Le thème qui sera abordé lors de la
prochaine réunion
|
Le groupe de travail présentera au comité leurs
propositions concernant les études complémentaires à
commander
|
83
Analyse détaillée réunion n°1
Titre : Nombre de participant par famille
Analyse Quantitative
|
|
Valeur réelle
|
Pourcentage
|
Le nombre de participant
|
22
|
100
|
+ La société civile
|
9
|
40,91
|
+ Les politiques
|
11
|
50
|
+ L'industriel
|
2
|
9,09
|
+ Les experts
|
0
|
0
|
v La société civile v Les politiques v L'industriel
v Les experts
50%
Nombre de participant
9%
0%
41%
Commentaire : On remarque que la répartition des
participants fut très inégale. En effet, sur 22 participants, il
n'y avait aucun expert et seul 2 représentants de Vale Inco
étaient présents.
Titre : Part des personnes ayant pris la parole
|
Valeur réelle
|
%
|
Le nombre de personne ayant pris la parole
|
13
|
100
|
+ La société civile
|
6
|
46,15
|
+ Les politiques
|
6
|
46,15
|
+ L'industriel
|
1
|
7,69
|
+ Les experts
|
0
|
0
|
Part des participants effectifs
Participants passifs Participants actifs
59%
41%
Commentaire : Plus de la moitié des personnes
participantes ont pris part à la discussion.
Part des personnes participants à
la discussion
v La société civile v Les politiques v L'industriel
v Les experts
0%
46%
8%
46%
85
Commentaire : Le nombre d'acteur de la
société civile et du système politique qui ont pris part
à la discussion est le même. Naturellement, étant
donné son nombre de représentant, le pourcentage de l'industriel
n'est pas élevé.
Titre : Les répartitions du temps de
discussion
|
Valeur réelle (en ligne)
|
%
|
Le temps de discussion
|
495
|
100
|
Le temps de parole par famille d'acteur
|
|
|
+ La société civile
|
208
|
42,02
|
+ Les politiques
|
268
|
54,14
|
+ L'industriel
|
19
|
3,84
|
+ Les experts
|
0
|
0
|
v La société civile v Les politiques v L'industriel
v Les experts
Répartition du temps de discussion
54%
4% 0%
42%
Commentaire : Ce qui surprend le plus, c'est le
rôle passif du représentant de Vale Inco dans la discussion. Il
s'est contenté de confirmer ou d'infirmer des propos sans
réellement entrer dans la discussion. Face à lui, on constate que
la société civile et le système politique ont eu un
échange satisfaisant.
87
Analyse Qualitative
|
Le lieu
|
Maison commune de la tribu de Goro
|
Date et heure
|
Samedi 9 octobre 2004 à 14h
|
Le contexte (économique, social,
politique...)
|
·:. Élection provinciale : Prise de fonction du
nouvel exécutif + Conflit sociaux autour de l'emploi local
+ 2ème conférence internationale du
nickel à Nouméa
+ Vale Inco relance le chantier arrêté subitement en
2002
+ Le ministre de l'écologie et du développement
durable lance un projet en faveur des récifs coralliens
|
Le thème précédent
|
/
|
Les thèmes présentés
|
+ Présentation du comité + L'ICPE
|
Les personnes représentées par famille
d'acteur
|
|
+ La société
civile
|
+ Pour le Maire du Mont Dore: M.Y.Magnier +
Le Maire de Yaté : M.A.Digoué
Les autorités coutumières :
|
+ Le président du conseil de l'aire Djubéa
Kapone : M.H.Vendegou
Les représentants des autorités
coutumières de Yaté :
|
+ M.V.Agouréré, président du conseil
des Anciens de la tribu de Goro
+ M.A.Ouetcho et M.J-E.Koroma de Touaourou + M.L.Tara
d'Unia
Les représentants des autorités
coutumières du Mont Dore :
|
+ M.N.Wamytan, de Saint Louis + M.E.Togna de la Conception
|
|
+ Pour le comité Rhéébù
Nùù : M.R.Mapou
|
+ Les politiques
|
+ Le président de l'Assemblée de la
province Sud : M.Ph.Gomes, président du comité
+ Pour le Haut-Commissaire : M.Ch-E.Tollu, commissaire
délégué subdivision administrative Sud
+ La Présidente du gouvernement de la
Nouvelle-
Calédonie : Mme.M-N.Themereau
+ La Présidente de la commission de l'environnement de la
province Sud : Mme I.Ohlen
+ Un membre de la commission de l'environnement de la province
Sud : Mme.A.Beustes
+ Le Président de la commission du
développement
économique de la province Sud : M.
A.Descombels
+ Un membre de la commission du développement
économique de la province Sud : Mme.N.Andréa
+ La Direction de l'industrie, des mines et de
l'énergie de Nouvelle-Calédonie (DIMENC) : M.E.de Pirey
et M.J.Pilotaz
+ La Direction des Ressources Naturelles de la province
Sud (DRN) : M.T.Chaverot et M.V.Mary
|
+ L'industriel
|
+ Pour la société Goro Nickel : M.P.Alla,
président directeur général
+ Pour la société Prony Energies :
M.J-M.de Garrigues, administrateur
|
+ Les experts
|
/
|
Avis ou/et décision prise
|
+ Inviter les représentants des autorités
coutumières de Païta, de l'Ile Ouen et de l'Ile des Pins pour les
prochaines réunions.
+ Mise en place d'un groupe de travail pour déterminer
quelles études seront nécessaires pour éclairer la
compréhension du comité.
|
Le thème qui sera abordé lors de la
prochaine réunion
|
Le groupe de travail présentera au comité leurs
propositions concernant les études complémentaires à
commander
|
89
Commentaire : La première réunion se
passe à la tribu de Goro. Les maisons communes sont des lieux
d'échanges, de manifestations festives ou autres... Le fait d'organiser
la réunion à Goro, devant l'ensemble de la population, est un
signe fort de la part du nouvel exécutif qui souhaite montrer sa
volonté de communiquer et d'ouvrir le débat au public. La date et
l'heure sont également des éléments décisifs pour
attirer un public plus nombreux, car disponible.
Cette réunion se déroule juste avant la
délivrance du premier arrêté ICPE (15 octobre 2004), par le
nouvel exécutif. Parmi les participants, on peut noter d'une part,
l'absence d'association de protection de l'environnement. D'autre part, le fait
que ce soit le PDG de Vale Inco Nouvelle-Calédonie qui participe
à la réunion est également un signe important permettant
un échange de qualité sur le projet. Cependant, on peut se
demander pourquoi il est venu seul ? Aucun expert ou chargé
d'étude de l'usine ne l'accompagnait.
En conclusion, cette rencontre propose une ouverture au
débat en incluant aux prochaines réunions de nouveaux
participants et les échanges ont permis de s'apercevoir qu'il existait
des craintes résultant d'un manque d'information sur les impacts
environnementaux du projet. Ainsi, un groupe de travail a été
créé par le comité pour mettre en place des propositions
d'études complémentaires servant à éclairer les
discussions du CICS.
Ce sont donc les échanges entre les partis qui ont mis en
avant un besoin en information concernant les risques environnementaux
liés au projet.
Tableau d'analyse de la réunion n°2
Indicateurs
|
Analyse Quantitative
|
|
Valeur réelle
|
%
|
Le nombre de participant
|
41
|
100
|
+ La société civile
|
23
|
56,10
|
+ Les politiques
|
13
|
31,71
|
+ L'industriel
|
4
|
9,76
|
+ Les experts
|
1
|
2,44
|
Evolution du nombre de participant
|
|
|
+ Dernière réunion
|
22
|
/
|
+ Réunion actuelle
|
41
|
+ 186,36
|
Le nombre de personne ayant pris la parole
|
13
|
100
|
+ La société civile
|
5
|
38,46
|
+ Les politiques
|
5
|
38,46
|
+ L'industriel
|
2
|
15,38
|
+ Les experts
|
1
|
7,69
|
Le taux de renouvellement
|
13
|
100
|
+ Les mêmes
|
6
|
32
|
+ Les nouvelles
|
7
|
68
|
Le temps de réunion globale (page)
|
|
La réunion précédente
|
17
|
/
|
La réunion actuelle
|
14
|
-17,6565
|
Le temps de discussion
|
437
|
100
|
Le temps de parole par famille d'acteur
|
|
+ La société civile
|
163
|
37,30
|
+ Les politiques
|
199
|
45,54
|
+ L'industriel
|
31
|
7,09
|
+ Les experts
|
44
|
10,07
|
65 Évolution du temps de réunion
91
|
Analyse Qualitative
|
Le lieu
|
Salle des commissions du Congrès de la
Nouvelle-Calédonie
|
Date et heure
|
Jeudi 7 avril 2005 à 9h
|
Le contexte (économique, social,
politique...)
|
+ La Province sud achève sa
restructuration administrative
+ Reprise de l'activité néo calédonienne
après 2 mauvais trimestres.
+ Conférence en province nord et sud sur le
développement durable
+ L'économie locale se prépare à la
reprise de l'activité issue du
redémarrage du projet Vale Inco.
|
Les thèmes précédents
|
+ Présentation du comité + L'ICPE
|
Les thèmes présentés
|
+ Rappel du contexte réglementaire et scientifique,
+ Présentation des études en cours et des
études programmées par Goro Nickel sur le thème du rejet
en mer,
+ Présentation de la proposition du groupe de travail :
cahier des charges de la contre expertise et études
complémentaires éventuelles,
+ Présentation de la démarche suivie par le
groupe de travail pour choisir l'organisme proposé,
+ Précisions sur le financement et le
pilotage des études.
|
Les personnes représentées par famille
d'acteur
|
|
+ La société civile
|
+ Pour le Maire du Mont Dore :
|
M.Y.Magnier
+ Le Maire de Yaté : M.A.Digoué
|
|
+ Le président du conseil de l'aire
Djubéa Kapone :
M.H.Vendegou et C.Atti
+ Les représentants des autorités
coutumières de Yaté :
M.A.Ouetcho de Touaourou, M.J-E.Koroma de Waho
+ Les représentants des autorités
coutumières du Mont Dore :
M.R.Wamytan, de Saint Louis, M.E.Togna de la
Conception et M.T.Tikoure de la Chefferie du Mont Dore, représentant le
Grand Chef R.Moyatéa
+ Les représentants des autorités
coutumières de Païta :
M.C.Watton
+ Pour le comité Rhéébu
Nùù :
M.R.Mapou, M.A.Vama, M.J-C.Vouti,
M.A.Atti, M.R.Wede,
M.H.Newedou, M.S.Newedou et
M.N.Wamytan
+ L'association Corail Vivant :
Mme M.Kahlemu, Mme R.Streeter,
+ L'association Point Zéro / Base Line :
M.J.Mermoud
+ Le Collectif de Défense du Sud : M.M.Hosken
+ L'Agence Kanake de Développement : M.
Boengkih
|
93
+ Les politiques
|
+ Le président de l'Assemblée de la
province Sud : M.Ph.Gomes, président du comité
|
|
+ Pour le Haut-Commissaire : M.Ch-
|
|
E.Tollu, commissaire
délégué
subdivision administrative Sud
|
|
+ Pour la Présidente du gouvernement de la
Nouvelle-Calédonie : M.C.Habault
|
|
+ La Présidente de la commission de
l'environnement de la province Sud :
|
|
Mme I.Ohlen
|
|
+ Un membre de la commission de l'environnement de la province
Sud :
|
|
Mme.A.Beustes
|
|
+ Le secrétariat général de la province
|
|
Sud : M.P.Gey, M.J.Wadrawane,
Mme.S.Gervolino
|
|
+ La Direction de l'industrie, des mines et de
l'énergie de Nouvelle-Calédonie
|
|
(DIMENC) : M.E.de Pirey et
|
|
M.J.Pilotaz
|
|
+ La Direction des Ressources
|
|
Naturelles de la province Sud (DRN) :
|
|
M.T.Chaverot et M.V.Mary
|
|
+ Le Président du sous-comité impact socioculturel
: M.R.Koteureu
|
+ L'industriel
|
+ Pour la société Goro Nickel
:
|
|
M.J.Ph.Gibaud, mandaté par son
directeur général et accompagné
de
|
|
M.J-M.N'Guyen
|
|
+ Pour la société Prony Energies :
|
|
M.J.Begaud et M.J-L.Fauritte
|
+ Les experts
|
|
|
+ L'Institut de Recherche pour le
|
|
Développement (IRD) : M.F.Colin
|
Avis ou/et décision prise
|
+ Le comité doit demander des
informations auprès de l'Agence Européenne de
l'Environnement (AEE) concernant la séquence d'évaluation de la
problématique, sa durée ainsi que la date du démarrage de
l'expertise.
+ Le comité examinera le profil des
experts internes et externes que l'AEE compte solliciter pour
la mise en oeuvre du cahier des charges de la contreexpertise.
|
Le thème qui sera abordé lors de la
prochaine réunion
|
Validation des éléments reçus de l'AEE
|
95
Analyse détaillée réunion n°2
Titre : Nombre de participant par famille
Analyse Quantitative
|
|
Valeur réelle
|
Pourcentage
|
Le nombre de participant
|
41
|
100
|
+ La société civile
|
23
|
56,10
|
+ Les politiques
|
13
|
31,71
|
+ L'industriel
|
4
|
9,76
|
+ Les experts
|
1
|
2,44
|
Evolution des participants
45
Dernière réunion Réunion actuelle
Nombre de participant
20
Série1
15
10
5
0
40
35
30
25
Commentaire : Les participants ont quasiment doublé
par rapport à la dernière réunion
v La société civile v Les politiques v L'industriel
v Les experts
32%
Part de participant
10%
2%
56%
Commentaire : La société civile est
fortement représentée avec une part de 56% de participant
à la réunion. Globalement, nous pouvons dire que la
répartition par famille est satisfaisante. C'est normal que la
société civile est en plus grand nombre puisque logiquement c'est
le grand public qui doit s'informer et participer au projet.
97
Titre : Part des personnes ayant pris la parole
|
Valeur réelle
|
%
|
Le nombre de personne ayant pris la parole
|
13
|
100
|
+ La société civile
|
5
|
38,46
|
+ Les politiques
|
5
|
38,46
|
+ L'industriel
|
2
|
15,38
|
+ Les experts
|
1
|
7,69
|
Part des participants effectifs
68%
Participants actifs Participants passifs
32%
Commentaire : Presque un tiers des personnes ayant pris
part à la réunion ont pris la parole. Malgré un nombre
plus important de participant, le nombre de personne ayant pris la parole est
le même que pour la réunion précédente.
v La société civile v Les politiques v L'industriel
v Les experts
Part des personnes ayant pris la parole
15%
38%
8%
39%
Commentaire : Le nombre de personne
représentant la société civile était le plus
important, pourtant c'est le système politique qui s'est le plus
exprimé. Globalement, nous pouvons dire que les échanges furent
satisfaisants car pour la première fois tous les acteurs étaient
représentés dans la discussion (présence de la
catégorie « expert »).
Titre : Part des personnes ayant pris la parole
par rapport à la réunion précédente
54%
Les mêmes Les nouveaux
46%
Commentaire : Plus de la moitié des personnes ayant
pris la parole par rapport à la réunion précédente
ne sont pas les mêmes. Le taux de renouvellement est satisfaisant.
99
Titre : Les répartitions du temps de
discussion
|
Valeur réelle (en ligne)
|
%
|
Le temps de discussion
|
437
|
100
|
Le temps de parole par famille d'acteur
|
|
|
+ La société civile
|
163
|
37,30
|
+ Les politiques
|
199
|
45,54
|
+ L'industriel
|
31
|
7,09
|
+ Les experts
|
44
|
10,07
|
v La société civile v Les politiques v L'industriel
v Les experts
Temps de discussion par catégorie
d'acteur
7% 10%
46%
37%
Commentaire : Étant donné que plus de
participant du système politique ont pris la parole, il est normal
qu'ils aient occupé un temps de discussion plus important. Ils sont
suivis de la société civile, puis de l'expert et finalement de
Vale Inco. L'expert était présent pour informer les parties sur
les aspects scientifiques et méthodiques des thèmes
abordés.
Finalement, cette deuxième réunion fut plus
équitable, car la nature des thèmes abordés concerner des
décisions qui devaient avoir un impact fort sur les choix futures des
politiques. Il est donc logique que ces derniers se soient plus
exprimés. On peut tout de même dire que les autres
catégories ont contribué au débat.
100
Titre : Le temps de réunion
Temps de réunion
|
Nombre de page
|
Evolution (%)
|
Réunion précédente
|
17
|
/
|
Réunion actuelle
|
14
|
-17,65
|
Temps de réunion
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
Nombre de page
réunion précédente réunion
actuelle
Série1
Commentaire : Le temps de réunion a
légèrement diminué par rapport à l'édition
précédente.
Analyse Qualitative
|
Le lieu
|
Salle des commissions du Congrès de la
Nouvelle-Calédonie
|
Date et heure
|
Jeudi 7 avril 2005 à 9h
|
Le contexte (économique, social,
politique...)
|
+ La Province sud achève sa restructuration
administrative
+ Reprise de l'activité néo calédonienne
après 2 mauvais trimestres.
+ Conférence en Province nord et sud sur le
développement durable
+ L'économie locale se prépare à la reprise
de l'activité issue du redémarrage du projet Vale Inco.
|
Les thèmes précédents
|
+ Présentation du comité + L'ICPE
|
Les thèmes présentés
|
+ Rappel du contexte réglementaire et scientifique,
+ Présentation des études en cours et des
études programmées par Goro Nickel sur le thème du rejet
en mer,
+ Présentation de la proposition du groupe de travail :
cahier des charges de la contre expertise et études
complémentaires éventuelles,
+ Présentation de la démarche suivie par le groupe
de travail pour choisir l'organisme proposé,
+ Précisions sur le financement et le pilotage des
études.
|
Les personnes représentées par famille
d'acteur
|
|
+ La société
civile
|
+ Pour le Maire du Mont Dore : M.Y.Magnier
|
+ Le Maire de Yaté : M.A.Digoué
|
+ Le président du conseil de l'aire Djubéa
Kapone :
|
M.H.Vendegou et C.Atti
|
+ Les représentants des autorités
coutumières de Yaté : M.A.Ouetcho de Touaourou, M.J-E.Koroma
de Waho
+ Les représentants des autorités
coutumières du Mont Dore :
M.R.Wamytan de Saint Louis, M.E.Togna de la
Conception et M.T.Tikoure de la Chefferie du Mont Dore, représentant le
Grand Chef R.Moyatéa
+ Les représentants des autorités
coutumières de Païta : M.C.Watton
+ Pour le comité Rhéébu
Nùù :
M.R.Mapou, M.A.Vama, M.J-C.Vouti, M.A.Atti,
M.R.Wede, M.H.Newedou, M.S.Newedou et M.N.Wamytan
+ L'association Corail Vivant :
Mme M.Kahlemu, Mme R.Streeter,
+ L'association Point Zéro / Base Line :
M.J.Mermoud
+ Le Collectif de Défense du Sud :
M.M.Hosken
+ L'Agence Kanake de Développement :
M. Boengkih
|
102
+ Les politiques
|
|
+ Le président de l'Assemblée de la
province Sud : M.Ph.Gomes, président du comité
+ Pour le Haut-Commissaire : M.Ch-E.Tollu, commissaire
délégué subdivision administrative Sud
+ Pour la Présidente du gouvernement de la
Nouvelle-Calédonie : M.C.Habault
+ La Présidente de la commission de
l'environnement de la province Sud : Mme I.Ohlen
|
|
+ Un membre de la commission de l'environnement de la province
Sud : Mme.A.Beustes
|
|
+ Le secrétariat général de la province Sud
: M.P.Gey, M.J.Wadrawane, Mme.S.Gervolino
+ La Direction de l'industrie, des mines et de
l'énergie de Nouvelle-Calédonie (DIMENC) : M.E.de Pirey
et M.J.Pilotaz
+ La Direction des Ressources Naturelles de la province
Sud (DRN) : M.T.Chaverot et M.V.Mary
+ Le Président du sous-comité impact socioculturel
:
M.R.Koteureu
|
+ L'industriel
|
+ Pour la société Goro Nickel :
M.J.Ph.Gibaud, mandaté par son directeur général et
accompagné de M.J-M.N'Guyen
+ Pour la société Prony Energies : M.J.Begaud et
M.J-L.Fauritte
|
+ Les experts
|
+ L'Institut de Recherche pour le Développement
(IRD) : M.F.Colin
|
Avis ou/et décision prise
|
+ Le comité doit demander des informations
auprès de l'Agence Européenne de l'Environnement (AEE) concernant
la séquence d'évaluation de la problématique, sa
durée ainsi que la date du démarrage de l'expertise.
4. Le comité examinera le profil des experts internes
et externes que l'AEE compte solliciter pour la mise en oeuvre du cahier des
charges de la contre-expertise.
|
Le thème qui sera abordé lors de la
prochaine réunion
|
Validation des éléments reçus de l'AEE
|
Commentaire : Contrairement à la première
réunion, celle-ci s'est déroulée dans la salle des
commissions du Congrès de la Nouvelle-Calédonie le jeudi 7 avril
2005 à 9h. Bien qu'étant un lieu public, la salle du
Congrès n'a pas le méme impact qu'une maison commune ou qu'une
place publique... Le lieu est connoté comme étant politique et
donc au sens général déconnecté du public. Le jour
et l'heure sont également très en contraste. En effet, cette
foisci la réunion se passe en semaine à 9h. Ce n'est pas un
instant approprié pour attirer un public nombreux et varié. On
constate également que contrairement à ce qui est prévu
dans les articles fondateurs du comité, celui-ci ne se réuni pas
une fois par mois. En effet, 6 mois séparent cette réunion de la
première.
L'économie calédonienne est dans une phase de
relance après deux trimestres à la baisse. Cette baisse
était due au doute des entrepreneurs suite au changement
d'assemblée de province. Il y avait une volonté du système
économique et politique de vite conclure le dossier Vale Inco pour
conforter la hausse économique.
104
Parmi, les participants on notera la présence
d'association de protection de l'environnement et d'un expert de l'IRD. Ces
acteurs importants pour le débat étaient absents lors de la
première réunion. Sur les treize personnes qui se sont
exprimées, sept sont nouvelles. On peut dire que le renouvellement est
satisfaisant. Le comité décide en fin de réunion de
demander des compléments d'information à l'AEE sur la
méthode d'analyse qui sera employée et le profil des personnes
qui seront en charge d'effectuer les études complémentaires. Les
conclusions du comité émergent des discussions qui ont fait
prévaloir l'importance du choix de l'organisation qui allait effectuer
les études et la méthode qui serait appliquée. Le CICS
avait la volonté que ce choix soit le fruit d'une décision
commune. La prochaine réunion aura pour objet la validation des
éléments reçus de l'AEE.
Au final, la nature des discussions portait sur les choix et la
justification de ces choix. La qualité de la réunion a permis une
avancée commune vers une conduite de projet partagée.
Tableau d'analyse de la réunion n°3
Indicateurs
|
Analyse Quantitative
|
|
Valeur réelle
|
Pourcentage
|
Le nombre de participant
|
32
|
100
|
+ La société civile
|
15
|
46,88
|
+ Les politiques
|
12
|
37,50
|
+ L'industriel
|
4
|
12,50
|
+ Les experts
|
1
|
3,13
|
Le nombre de personne ayant pris la parole
|
12
|
100
|
+ La société civile
|
6
|
50,00
|
+ Les politiques
|
1
|
8,33
|
+ L'industriel
|
1
|
8,33
|
+ Les experts
|
4
|
33,33
|
Le taux de renouvellement
|
12
|
100
|
+ Les mêmes
|
9
|
75
|
+ Les nouvelles
|
3
|
25
|
Le temps de réunion globale
|
4 pages
|
Le temps de discussion
|
127
|
100
|
Le temps de parole par famille d'acteur
|
|
+ La société civile
|
46
|
36,22
|
+ Les politiques
|
63
|
49,61
|
+ L'industriel
|
6
|
4,72
|
+ Les experts
|
12
|
9,45
|
|
Analyse Qualitative
|
Le lieu
|
Salle des commissions du Congrès de la
Nouvelle-Calédonie
|
Date et heure
|
vendredi 20 mai 2005 à 9h15
|
Le contexte (économique, social,
politique...)
|
+ Les Calédoniens votent pour la
constitution européenne
|
106
|
+ Lancement d'une contre-expertise pour le projet Vale Inco
+ De plus en plus de calédoniens sont formés par
Vale Inco pour intégrer la future usine
|
Les thèmes précédents
|
+ Rappel du contexte réglementaire et scientifique,
+ Présentation des études en cours et des
études programmées par Goro Nickel sur le thème du rejet
en mer,
+ Présentation de la proposition du groupe de travail :
cahier des charges de la contre expertise et études
complémentaires éventuelles,
+ Présentation de la démarche suivie par le
groupe de travail pour choisir l'organisme proposé,
+ Précisions sur le financement et le
pilotage des études.
|
Les thèmes présentés
|
+ Réponse de l'Agence Européenne de
l'Environnement
+ Présentation du Centre Européen de Recherche
et d'Enseignement des Géosciences de l'Environnement et des experts
proposés (CEREGE)
+ Présentation de la méthode et du
calendrier de travail
|
Les personnes représentées par famille
d'acteur
|
|
+ La société civile
|
+ Pour le Maire du Mont Dore :
|
M.Y.Magnier
+ Le Maire de Yaté : M.A.Digoué
et
|
C.Atti
|
+ Les autorités coutumières
:
Le président du conseil de l'aire Djubéa
Kapone : M.H.Vendegou
+ Les représentants des autorités
coutumières de Yaté :
- M.J-C.Vouti de Touaourou, M.R.Atiti de Goro, M.J-E.Koroma de
Waho
+ Les représentants des autorités
coutumières du Mont Dore :
M.R.Wamytan, de Saint Louis, M.E.Togna de la Conception, M.T.Tikoure
de la Chefferie du Mont Dore, représentant le Grand Chef
R.Moyatéa
+ Pour le comité Rhéébù
Nùù : M.R.Mapou, M.A.Vama et M.S.Newedou
+ L'association Point Zéro / Base Line : M.J.Mermoud
+ Le Collectif de Défense du Sud : M.M.Hosken
|
+ Les politiques
|
|
+ Le président de l'Assemblée de la
province &ud :
M.Ph.Gomes, président du
comité,
M.B.Cherioux, conseiller
+ Pour le Haut-Commissaire : M.ChE.Tollu, commissaire
délégué subdivision administrative Sud
+ Pour la Présidente du gouvernement de la
Nouvelle-Calédonie : M.C.Habault
+ La Présidente de la commission de
l'environnement de la province &ud : Mme I.Ohlen
+ Un membre de la commission de l'environnement de la province
Sud : Mme.A.Beustes
|
|
+ Le secrétariat général de la province
Sud : M.P.Gey, M.J.Wadrawane, Mme.S.Gervolino
|
108
|
+ La Direction de l'industrie, des mines et de
l'énergie de Nouvelle-Calédonie (DIMENC) :
M.J.Pilotaz
+ La Direction des Ressources
Naturelles de la province Sud (DRN) :
M.T.Chaverot et M.V.Mary
|
+ L'industriel
|
+ Pour la société Goro Nickel
:
M.J.Ph.Gibaud, mandaté par son directeur
général et accompagné de M.J-M.N'Guyen
+ Pour la société Prony Energies :
M.J.Begaud et M.J-L.Fauritte
|
+ Les experts
|
+ L'Institut de Recherche pour le
Développement (IRD) : M.F.Colin
|
Avis ou/et décision prise
|
+ Le groupe d'expert mandaté pour la contre-expertise
devra se prononcer sur le caractère complet de l'analyse de
l'état initial dès la première phase de la contre
expertise
+ Nomination d'un interlocuteur qui fera le lien entre le
comité et le groupe d'expert
|
Le thème qui sera abordé lors de la
prochaine réunion
|
+ Présentation de la norme ISO 14001
+ Présentation des phénomènes de pluies
acides, du stockage des résidus épaissis et des risques
liés à l'amiante
|
Analyse détaillée réunion n°3
Titre : Nombre de participant par famille
Analyse Quantitative
|
|
Valeur réelle
|
Pourcentage
|
Le nombre de participant
|
32
|
100
|
+ La société civile
|
15
|
46,88
|
+ Les politiques
|
12
|
37,50
|
+ L'industriel
|
4
|
12,50
|
+ Les experts
|
1
|
3,13
|
v La société civile v Les politiques v L'industriel
v Les experts
Nombre de participant par famille
37%
13%
3%
47%
Commentaire : Le nombre de participant a connu une
baisse d'environ 22% de la seconde à la troisième réunion.
Les catégories d'acteurs sont toutes représentées et sont
beaucoup plus équilibrées que lors de la dernière
séance.
110
Titre : Part des personnes ayant pris la parole
|
Valeur réelle
|
%
|
Le nombre de personne ayant pris la parole
|
12
|
100
|
+ La société civile
|
6
|
50,00
|
+ Les politiques
|
1
|
8,33
|
+ L'industriel
|
1
|
8,33
|
+ Les experts
|
1
|
33,33
|
Part des participants effectifs
Participants passifs Participants actifs
38%
62%
Commentaire : Le taux de participation a
augmenté de 6%. Ce résultat est à relativiser car il y
avait moins de personnes présentes que pour l'édition
précédente. On constate que le nombre de personne qui prend la
parole est relativement stable.
v La société civile v Les politiques v L'industriel
v Les experts
Part des personnes participants à la
discussion
34%
8%
8%
50%
Commentaire : La moitié des personnes qui ont
participé à la discussion font parties de la
société civile. Ensuite, vient le système politique, suivi
par l'industriel et l'expert ex aequo. La réunion avait pour objectif de
valider le choix des contre-expertises et de l'organisation qui allait les
faires. Ceci explique la forte participation de la société
civile.
Titre : Part des personnes ayant pris la parole
par rapport à la réunion précédente
25%
Les mêmes Les nouveaux
75%
Commentaire : Seulement un quart des personnes ont
nouvellement pris la parole par rapport à l'édition
précédente. Ce chiffre montre les difficultés que
rencontrent les personnes non- initiées à entrer dans la
discussion.
112
Titre : Les répartitions du temps de
discussion
|
Valeur réelle (en ligne)
|
%
|
Le temps de discussion
|
127
|
100
|
Le temps de parole par famille d'acteur
|
|
|
+ La société civile
|
46
|
36,22
|
+ Les politiques
|
63
|
49,61
|
+ L'industriel
|
6
|
4,72
|
+ Les experts
|
12
|
9,45
|
v La société civile v Les politiques v L'industriel
v Les experts
Temps de discussion par catégorie
d'acteur
5% 9%
50%
36%
Commentaire : Le classement est le même que pour
la réunion précédente. Encore une fois la classe politique
occupe la majeure partie du temps de discussion en monopolisant 49,61% du temps
total. La société civile émet des réclamations qui
sont courtes et le système politique y répond en étayant
ses propos, ceci explique ce résultat.
Titre : Le temps de réunion
Temps de réunion
|
Nombre de page
|
Evolution (%)
|
Réunion précédente
|
14
|
/
|
Réunion actuelle
|
4
|
-71,43
|
Temps de la réunion
réunion précédente réunion
actuelle
16
14
Nombre de pages
12
10
4
8
6
2
0
Série1
Commentaire : Le temps de la réunion a
considérablement diminué par rapport aux dernières
éditions.
114
Analyse Qualitative
|
Le lieu
|
Salle des commissions du Congrès de la
Nouvelle-Calédonie
|
Date et heure
|
vendredi 20 mai 2005 à 9h15
|
Le contexte (économique, social,
politique...)
|
+ Les Calédoniens votent pour la constitution
européenne
+ Lancement d'une contre-expertise pour le projet Vale Inco
+ De plus en plus de calédoniens sont formés par
Vale Inco pour intégrer la future usine
|
Les thèmes précédents
|
+ Rappel du contexte réglementaire et scientifique,
+ Présentation des études en cours et des
études programmées par Goro Nickel sur le thème du rejet
en mer,
+ Présentation de la proposition du groupe de travail :
cahier des charges de la contre expertise et études
complémentaires éventuelles,
+ Présentation de la démarche suivie par le groupe
de travail pour choisir l'organisme proposé,
+ Précisions sur le financement et le pilotage des
études.
|
Les thèmes présentés
|
+ Réponse de l'Agence Européenne de
l'Environnement
+ Présentation du Centre Européen de Recherche
et
d'Enseignement des Géosciences de l'Environnement et des
experts proposés (CEREGE)
+ Présentation de la méthode et du calendrier de
travail
|
Les personnes représentées par famille
d'acteur
|
|
+ La société
civile
|
+ Pour le Maire du Mont Dore : M.Y.Magnier
|
+ Le Maire de Yaté : M.A.Digoué et
C.Atti
|
+ Les autorités coutumières :
|
Le président du conseil de l'aire Djubéa
Kapone : M.H.Vendegou
|
|
+ Les représentants des autorités
coutumières de Yaté :
|
- M.J-C.Vouti de Touaourou, M.R.Atiti de Goro, M.J-E.Koroma de
Waho
+ Les représentants des autorités
coutumières du Mont
|
Dore :
|
M.R.Wamytan, de Saint Louis, M.E.Togna de la
Conception, M.T.Tikoure de la Chefferie du Mont Dore, représentant le
Grand Chef R.Moyatéa
+ Pour le comité Rhéébù
Nùù :
|
M.R.Mapou, M.A.Vama et M.S.Newedou
+ L'association Point Zéro / Base Line : M.J.Mermoud + Le
Collectif de Défense du Sud : M.M.Hosken
|
+ Les politiques
|
+ Le président de l'Assemblée de la
province Sud : M.Ph.Gomes, président du comité,
M.B.Cherioux, conseiller
+ Pour le Haut-Commissaire : M.Ch-E.Tollu, commissaire
délégué subdivision administrative Sud
+ Pour la Présidente du gouvernement de la
Nouvelle-Calédonie : M.C.Habault
+ La Présidente de la commission de
l'environnement de la province &ud : Mme I.Ohlen
+ Un membre de la commission de l'environnement de la province
Sud : Mme.A.Beustes
+ Le secrétariat général de la province Sud
: M.P.Gey,
M.J.Wadrawane, Mme.S.Gervolino
+ La Direction de l'industrie, des mines et de
l'énergie de Nouvelle-Calédonie (DIMENC) :
M.J.Pilotaz
+ La Direction des Ressources Naturelles de la province
&ud (DRN) : M.T.Chaverot et M.V.Mary
|
+ L'industriel
|
+ Pour la société Goro Nickel :
M.J.Ph.Gibaud, mandaté par son directeur
général et accompagné de M.J-M.N'Guyen
+ Pour la société Prony Energies : M.J.Begaud et
M.J-L.Fauritte
|
+ Les experts
|
+ L'Institut de Recherche pour le Développement
(IRD) : M.F.Colin
|
116
Avis ou/et décision
prise
|
+ Le groupe d'expert mandaté pour la contre-expertise
devra se prononcer sur le caractère complet de l'analyse de
l'état initial dès la première phase de la
contre-expertise
+ Nomination d'un interlocuteur qui fera le lien entre le
comité et le groupe d'expert
|
Les thèmes quiseront abordés
lors
de la prochaine
réunion
|
+ Présentation de la norme ISO 14001
+ Présentation des phénomènes de pluies
acides, du stockage des résidus épaissis et des risques
liés à l'amiante
|
Gommentaire : La réunion s'est
déroulée le vendredi 20 mars 2005 à 9H15 dans la salle du
Gongrès de Nouvelle-Galédonie. A cette heure-ci la plupart des
individus sont au travail. Cette réunion avait pour objectif la
validation de l'organisme qui prendra en charge les études, la
validation de la méthode et du calendrier de l'étude. Cette
rencontre s'est tenue un mois après la deuxième.
Toutes les catégories d'acteurs étaient
représentées. Concernant le renouvellement des participants, il y
eut très peu de changement avec seulement 25% de personnes
différentes qui se sont exprimées par rapport à la
dernière édition. Les discussions ont porté sur le
rôle des experts et leurs légitimités à faire ces
études. Le comité a également souhaitait que les experts
se prononcent sur le caractère complet de la première analyse
pour enlever les doutes et permettre au GIGS de construire une analyse de la
situation claire, transparente et dénue de suspicion. Le comité a
aussi nommé un interlocuteur indépendant vis-à-vis de tous
ses membres, pour jouer le rôle d'interface entre le groupe d'expert et
lui-même.
Gomme lors de la rencontre précédente, les
discussions témoignent du souci de transparence de l'information
liée au projet. Comme en France, les échanges portent soit sur
les personnes qui auront un rôle clé dans les relations que les
partis du projet auront entre elles, soit sur les personnes qui seront
chargées d'éclairer la situation en apportant des
compléments d'information. Le choix de ces personnes est crucial, car
c'est à partir de leurs analyses que vont se fonder les décisions
collégiales.
Les thèmes qui seront abordés par la suite sont,
la présentation de la norme ISO 14001 et certains des risques
environnementaux liés aux projets. Ges thèmes ont
été proposés par le comité
Rhéébù nùù.
Le CICS joue un rôle dans la transparence de
l'information et a constamment le souci de tendre vers le consensus. On peut se
demander si le nombre limité de participant aux réunions favorise
le consensus, car l'analyse des 3 réunions nous montre qu'il n y a
jamais eu d'accrochage important. Méme si les opinions de bases ne sont
pas les mémes pour chacun, les avis finaux du comité sont
partagés et ils améliorent considérablement les rapports
entre les partis.
Analyse globale
Titre : Evolution du nombre de participant
Analyse Quantitative
|
|
Réunion 1
|
Réunion 2
|
Réunion 3
|
Le nombre de participant
|
22
|
41
|
32
|
Société civile
|
9
|
23
|
15
|
Politique
|
11
|
13
|
12
|
Industrie
|
2
|
4
|
4
|
Expert
|
0
|
1
|
1
|
Évolution de la participation globale
45 40 35 30 25 20 15 10 5 0
|
|
|
|
Réunion 1 Réunion 2 Réunion 3
|
Le nombre de participant
Commentaire : Même si dans la troisième
réunion la participation diminue, on peut dire que globalement elle a
augmenté. Cette augmentation ce confirmera dans la
4ème réunion.
Evolution de la participation par
catégorie
1 2 3
25
Société civile Politique Industrie Expert
Nombre de personne
|
20 15 10
|
|
|
|
5 0
|
|
|
|
|
118
Commentaire : On constate que les participants de la
société civile sont le plus souvent majoritaires. Ils sont suivis
par le système politique et loin derrière nous retrouvons la
société et les experts. Le CICS est donc un bon outil
d'expression pour la société civile car elle permet à ses
membres de venir s'exprimer devant les organisations qui prennent les
décisions.
Titre : Part des personnes ayant pris la parole
|
Réunion 1
|
Réunion 2
|
Réunion 3
|
Le nombre de participant actif
|
13
|
13
|
12
|
Société civile
|
6
|
5
|
6
|
Politique
|
6
|
5
|
4
|
Industrie
|
1
|
2
|
1
|
Expert
|
0
|
1
|
1
|
Le nombre de participant actif
14
13 12
|
|
|
Le nombre de participant actif
|
|
|
|
|
|
|
11
1 2 3
Commentaire : On peut dire que le nombre de participant
est stable. On constate également qu'il y a peu de renouvellement. En
effet, lors de la troisième réunion aucun nouvel individu ne
s'est exprimé. Tous ce qui ont pris la parole, avaient
déjà eu l'occasion de s'exprimer soit lors de la réunion
d'ouverture, soit lors de la deuxième réunion.
Participants actifs
Société civile Politique Industrie Expert
7
Nombre de personne
|
6 5 4
|
|
|
|
|
3 2 1 0
|
|
|
|
|
|
1 2 3
120
Commentaire : Étant donné que le nombre
de leurs participants est le plus important, il est normal que la
société civile et le système politique aient un temps de
parole supérieur par rapport aux deux autres catégories. Ce qui
peut surprendre, c'est la passivité de l'industriel qui est presque
là en temps qu'observateur. Pourtant, son activité
représente le coeur de la discussion.
Titre : Evolution du temps de discussion
Le temps de discussion
|
495
|
437
|
127
|
La société civile
|
208
|
163
|
46
|
Les politiques
|
268
|
199
|
63
|
L'industriel
|
19
|
31
|
6
|
Les experts
|
0
|
44
|
12
|
Le temps de discussion
600 500 400 300 200 100
0
|
|
|
|
|
|
|
Le temps de discussion
|
1 2 3
Commentaire : Le temps de réunion étant
plus court, les discussions l'ont été aussi. Le résultat
est paradoxal car face à un élargissement des participants, les
réunions se font moins longues.
Nombre de ligne
300
250
200
150
100
50
0
Evolution du temps de parole par
catégorie
1 2 3
Société civile Politique Industrie Expert
122
Commentaire : Deux éléments sont
marquants dans ce graphique. D'une part, malgré le fait que la
société civile soit souvent majoritaire en nombre, le temps de
parole est systématiquement occupé par le système
politique. D'autre part, le graphique confirme la passivité de
l'industriel dans le débat qui au fur à mesure devient plus
observateur, qu'acteur. Globalement, Vale Inco représente la
catégorie qui s'exprime le moins.
Analyse Qualitative
|
Le lieu
|
Seule, la première réunion était
fortement symbolique. Même si la salle du congrès est accessible
de tous, ce lieu n'a pas la méme connotation qu'une maison commune et la
salle se trouve également éloigné de la population de
Yaté, ceux qui sont les plus concernée par le projet.
|
Date et heure
|
Là aussi, seule la première réunion a permis
de réunir un nombre important de personne.
|
Le contexte (économique, social,
politique...)
|
Le contexte est un indicateur permettant de saisir les
spécificités des débats ou de mettre en relation des
éléments. Par exemple lors de la troisième réunion,
on constate la reprise du chantier par Vale Inco. Cette annonce explique peut
être la volonté de l'exécutif d'attribuer rapidement
l'autorisation ICPE à l'industriel.
|
Les thèmes
|
On peut apercevoir que les thèmes ont toujours
étaient logique avec l'actualité et les décisions des
réunions précédentes. On peut dire qu'il n'y a dans notre
échantillon aucune volonté d'orienter le débat.
|
Les personnes représentées par famille
d'acteur
|
Les personnes de chaque catégorie sont un peu
prés toujours les mémes. Ceci est une situation normale
étant donné qu'à la base le comité est
limité dans la composition de ses participants. La société
civile devrait être une catégorie beaucoup plus riche, forte
d'associations, de profanes et autres catégories ; mais le choix de
départ bride le pouvoir même de cette catégorie qui doit
pour s'exprimer passer par la voix de quelques acteurs clés tel que le
comité Rhéébù nùù. Libre ensuite
à eux de s'entendre sur les modalités de leurs discours.
|
Avis ou/et décision
prise
|
Les décisions et avis ont été
particulièrement intéressants. En effet, nous constatons que la
recherche de neutralité est l'axe fort des discussions. Il y a un fort
besoin de légitimer les décisions, afin d'atténuer le
sentiment de doute et de suspicion qui plane autour du projet et de ses
autorisations. La confrontation des partis est un point extrêmement
positif qui permet de rapprocher les décisions politiques des attentes
de la population et ainsi d'établir les prémices d'une
démocratie plus participative.
|
124
Les entretiens
Tous les entretiens qui suivent sont retranscrits au mot
près. Ceci explique les quelques erreurs de langue que vous
constaterez
L'entretien ci-dessous n'est pas complet. Il a durée
environ 1H30, j'ai extrait les éléments les plus importants.
Mr Jean François GOURMAND : Il est commissaire
enquêteur, agréé par la commission départementale du
GARD, également co-fondateur de la C.N.C.E (Commission Nationale des
Commissaire Enquêteur). Il a mené la première enquête
publique relative à l'exploitation d'une usine de traitement de nickel
et de cobalt sise à Goro.
Contexte : Notre entretien s'est déroulé
le 12 mars 2009, au Corum de Montpellier. Un peu près 2 heures avant le
commencement du débat public concernant la nouvelle ligne ferroviaire
Montpellier-Perpignan. Était présent Mr JF Gourmand (JF),
Anaïs Michot (AM), étudiante en première année du
master Information et communication à l'Université de Toulouse et
moimême (YM).
Extraits de l'entretien A 10 min 56
secondes
YM : Avant votre venu en
Nouvelle-Calédonie, des enquêtes avaient déjà
été faites. Vous aviez été mis au courant de
ça ?
JF : Non ! Mais moi j'ai gratté, moi
je suis curieux de nature et puis surtout je suis là pour mettre les
choses aux clairs. [...] Et donc, j'ai voulu savoir ce qui avait
été fait avant et alors là, on m'a dit « Ha ben
oui... ». Parce qu'il y avait une usine pilote qui avait été
faite. Et donc cette usine pilote, il y avait eu aussi une enquête
publique...
YM : Mais par contre, pas faite par un
commissaire-enquêteur qui venait de France.
JF : Non justement ! Alors j'ai
demandé. Alors on était un peu réticent, « Ah non...
mais ça c'est de la vieille histoire » De la vieille histoire !
Mais enfin l'usine pilote, est pilote au niveau technique, mais aussi au niveau
de la communication ! Il faut voir comment ça était fait. Donc,
j'ai demandé à voir ça, et j'ai vu que... Tiens
d'ailleurs, j'ai dü voir le commissaire-enqueteur de l'époque, mais
qui lui-même a dit que ça avait été fait d'une
manière très très légère. Et il y avait eu
heu... Je crois deux personnes.
YM : Deux consultations ! J'ai vu ça, il
y avait eu deux consultations. Il y avait eu deux enquêtes
précisément et à la première y'en a eu deux et
à la deuxième y en a eu trois.
JF : Ouais voilà, c'était
complètement ridicule.
YM : C'est pour ça, qu'ils ont fait appel
à un professionnel
JF : Et donc, y a eu l'autorisation qui a
été donnée de faire cette usine pilote qui était...
qui était bien. Mais ils ont fait ça un petit peu... comme ils
ont voulu quoi. Et c'est là qu'ils se sont rendu compte que... comme
entre temps pour l'usine principale ça avait remué beaucoup de
monde, il y avait beaucoup d'associations qu'étaient là-dessus,
même au niveau coutumier et tout ça. Ils se sont dit « mais
il faut qu'on fasse un peu plus que ça, même si la
réglementation calédonienne ne l'impose pas. »
126
A 17 min 50 secondes
JF : Quand j'ai pris connaissance du dossier,
je me suis aperçu très vite qu'en faites heu... On n'était
pas dans le méme cadre du tout... législatif. Et en particulier,
alors ce qui était très important, c'est que, une enquête
quand méme de cette importance. Toutes les enquêtes en
général, mais surtout de cette importance. Le pilier sur lequel
on peut s'appuyer, qui peut vous contrôler, c'est le Président du
Tribunal Administratif (TA). Parce que c'est lui qui vous nomme, et
après heu... c'est lui qui juge des litiges qu'il peut y avoir, etc....
Donc allant làbas, je m'étais dit « bon faudra que je le
contacte », « dès que j'arrive, je vais voir le
Président du TA ». Mais là-bas on m'a rigolé au nez,
me disant « Oh mais, il a rien n'avoir dedans le Président du TA
». J'ai découvert que là-bas, c'était pas le
Président du TA qui me nommer et dont je dépendais,
c'était pas non plus le Préfet mais c'était, le
Président de la Province sud et que à ce moment là,
Jacques Lafleur, il avait cette particularité. C'est qu'il avait toutes
les casquettes des gens qui étaient... avec moi, en face de moi, contre
moi, on sait pas, puisqu'il était à la fois... heu c'est lui qui
me désignait, c'est lui qui me payait. Alors que les questions de
règlement, d'indemnité...
YM : Alors que normalement, il doit y avoir une
certaine autonomie ?
JF : Voilà !...C'était lui qui
était en tant que Président de la région, qui était
un petit peu finalement maître d'ouvrage de l'opération, par
industriel interposé, mais enfin c'était quand méme...
Heu... La Province sud était impliquée dans l'opération.
[...] Mais là, lui il avait toutes les casquettes et y compris, je l'ai
découvert après, que finalement... La Province sud avait des
« billes » dans l'opération, par l'intermédiaire de
développement de ses sociétés. Et puis en allant plus
loin, que méme Mr Jacques Lafleur à titre personnel avait
aussi... était intéressé financièrement. Donc, il
avait tout et moi j'avais personne sur qui m'appuyait.
A 28 min 06 secondes
JF : Ce qui veut dire que par rapport, par
exemple aux premières enquêtes et même aux enquêtes
qui ont suivi... J'ai pas eu exactement les autres rapports qui ont
été faits ensuite, avec les deux dernières...
YM : Ils sont disponibles sur internet.
JF : J'ai pas l'impression que ça
pourrait donner des résultats plus importants.
YM : Non, mais, parce que heu... en faites,
c'est votre enquête... Vous êtes une des seules enquêtes
à avoir donnez un avis défavorable. Les autres ont
été dans le « sens du poil », pour ainsi dire et heu...
heu je sais pas, peut être qu'il y a eu plus de contrôle ?
JF : Ben, c'est-à-dire que
entre-temps... Entre-temps y a eu des études qu'on étaient
faites. Moi, c'est surtout... ça on le voit dans mon rapport, y avait
pas lieu de rentrer dans le détail,... Y avait donc pas lieu de rentrer
dans le détail, de faire des nouvelles propositions, de faire des
variantes et faire tous ça, parce que c'était annoncé, que
! Y avait des nouvelles études, que !... Le dossier lui-même
n'était pas complet, alors heu...
YM : Hé pourtant ! C'était pas
complet mais quand vous êtes arrivé, le projet était
déjà... en marche quoi. Vous êtes arrivé, des routes
étaient déjà construites, des...
JF : Ben oui, ben ça, ça a fait
l'objet de ma lettre que je vous ai envoyé, de la mise en demeure
là !
YM : Oui oui, à Mr Lafleur.
JF : Lafleur. Car ça a été
stupéfiant ! C'est ce qui a fait aussi que... Je me suis dit « non
mais attend, c'est pas possible ! "
AM : Vous avez était nommé
après le début du projet ?
JF : Sur le terrain ? Oui, c'est-à-dire,
ça s'est fait sur le terrain au moment où moi j'arrivé,
donc... Heu vous l'avez la lettre ?
YM : [Cherchant la lettre]. Oui... Elle
est là. Et vous soulignez... justement que vous êtes arrivé
mais ce n'est pas normal que le projet est déjà
commencé... à un stade avancé.
JF : Alors moi je l'ai... J'ai fait ça
dans un style diplomatique, parce que quand méme... heu... Je voulais
pas passer pour un... Donc ça, ça a été fait le 8
mars. Donc en faites, l'enquête était finie. Et normalement
ça, j'avais pas à le faire. Quand j'ai parlé autour de
moi, que je m'étonnais que le chantier soit démarré,
heu... on me disait « Oh mais oui, ça c'est ", enfin « on ",
les administrations, les pouvoirs. Ils me disaient « Oui mais vous c'est
pas votre affaire, vous, vous devez juste dire si le dossier et bien fait ou
mal fait « Heu... Hé ben oui, mais c'est là que j'ai mis
[Il lit la lettre] « je procède actuellement au
regroupement des registres d'observation des trois communes.150 observations...
Et que bon nombre de ces observations, dont certaines sont très
argumentées, relèvent à première lecture des
manques importants, des imperfections et des erreurs dans les très
volumineux dossiers soumis à enquête ". C'est-à-dire
qu'avant d'aller dire est-ce que c'est bien de faire telle chose ou de faire
telle chose ? Il était déjà constaté que ça
manqué d'éléments, ça manqué de tous
ça. Et alors... D'autre part [Il relit la lettre] « J'ai
constaté avec une certaine surprise sur le terrain un démarrage
généralisé des travaux et en particulier des
défrichements massifs. Ce contre quoi le public s'est fortement
manifesté. " Or dans le dossier, il y avait justement des
réclamations et des insuffisances sur l'analyse de la faune et de la
flore et de tous ça ! Et on détruisait tout ! Avant de... Et
c'est pour ça que j'ai mis ce petit paragraphe que « L'état
initiale du site va être fortement bouleversé à
proximité immédiate des réserves naturelles terrestres et
marines et cela remet en cause la possibilité de vérification et
de la validation de l'étude d'impact et sa relativise aussi,
l'intérêt des expertises d'analyses critiques demandées,
ainsi que les possibilités de choix de variantes ".
YM : Hum hum
JF : C'était pas la peine de dire, on
va étudier le site. D'une part ça aurait du être fait ! Or
tout le monde disait que ce n'était pas. On le savait. Et qu'il allait
falloir des... La preuve c'est qu'il a fallu quatre ans pour les faire toutes
ces études.
128
YM : À cause de la pression de la
société civile.
JF : Et oui, sans ça heu... Sans
ça la réponse, elle était toute faite. D'ailleurs, on le
voit dans le mémoire en réponse d'Inco. Il dise « oui oui,
mais on fera le nécessaire, vous imposez tout ce que vous voulez, on
fera le nécessaire »
YM : Oui, j'ai vu dans une de... une de
heu... non dans le débat ou une de vos lettres. Comme quoi on vous a
demandé de conclure rapidement l'enquête pour qu'il puisse avoir
leur autorisation pour commencer le chantier
JF : Et oui, et oui ! Et en faite le chantier
était déjà commencé.
YM : En faites heu... Enfin je vous demande
votre avis. Est-ce que vous pensez que votre enquête, c'était
juste un alibi quoi, heu pour valider le démarrage ? Est-ce que
ça a vraiment changé quelque chose dans la prise de
décision de la Province sud ou des heu...
JF : Si ça a changé quelque chose
? Ou si ça devait changer quelque chose ?
YM : Je sais que ça devait changer
quelque chose, mais est-ce que ça a changé quelque chose ?
JF : Non, mais ça devait changer au
niveau... heu... au niveau légal et puis au niveau du bon sens,
ça devait changer quelque chose. Mais dans l'esprit de ceux qui
dirigeaient, tous ça, ça devait rien changer !
YM : C'était juste un alibi donc ?
JF : Voilà
AM : C'était pour légitimer les
décisions qui étaient déjà prises en fin de compte
?
JF : Voilà, et non seulement la
décision était prise, mais les travaux avaient déjà
commencés
A 39 min et 42 secondes
YM : Et donc... Normalement, une enquête
publique en France, quand elle est finie, l'avis doit être diffusé
et l'enquête peut être consultée de tous ?
JF : Ah ben oui ! Alors ça, ça a
été le b.a-ba, et moi j'y croyais vraiment ! J'y croyais vraiment
et je l'ai dit d'ailleurs, je l'ai dit dans le... et j'ai dit dans le...
YM : Au début, vous aviez dit pendant la
réunion que l'enquête serait diffusée
JF : Que l'enquête, que j'allai faire
mon rapport et qu'elle serait rendu publique. Et puis c'est 2-3 jours avant de
finir que j'ai entendu dire « Oh ben non, heu... ». Alors, heu...
J'allais pas faire d'esclandre et puis moi, il fallait que je reprenne l'avion,
après je repartais. Alors, j'ai laissé faire et puis en faites
heu... J'ai su après qu'il avait complètement...
YM : D'accord
JF : Donc, moi j'avais un devoir de
réserve, j'avais pas le droit de le diffusé à quelqu'un
d'autre.
AM : C'est à qui de le diffusé
normalement ?
JF : Hum ?
AM : C'est à qui de le diffuser ? C'est
pas votre rôle normalement ?
JF : Ah non non non ! C'est pas mon rôle.
Je le remets... Alors justement, normalement je le remet au Préfet ou je
le remet à...
AM : Alors que là c'était... Comme
c'était à la fois...
JF : Et puis éventuellement, y a le
Président du Tribunal Administratif qui peut tout de suite dire «
mais il faut diffuser ce rapport ». Tandis que là, personnes
savaient que le rapport... Méme heu... On savait pas si je l'avais remis
réellement.
YM : D'accord
JF : Ca a duré deux ans comme ça
!
YM : Votre rapport a été
diffusé en faites... Ben maintenant je peux vous le dire, votre rapport
a été diffusé quand... heu la nouvelle administration,
avec Philippe Gomès, a été mise en place. C'est là
que votre rapport a été diffusé.
JF : Oui oui oui ! Mais ça je l'ai su
un jour, deux ans plus tard. Je reçois un coup de fil de mon fils qui me
dit « Dit donc sur Fr3 là, il vienne de retransmettre une
émission de RFO dans laquelle tu es cité, on présente ton
rapport en entéte, etc... JF Gourmand heu... dans les Cévennes
». J'ai dit « Ah bon !? ». C'était deux plus tard !
YM : Voilà, ben c'est exactement le temps
qu'il a fallu pour faire la nouvelle élection de 2004 et Jacques Lafleur
n'a pas été réélu...Deux ans plus tard.
À 43 minutes et 19 secondes
JF : Quand je suis rentré chez moi, j'ai
reçu quelques jours après une belle lettre, me disant que mon
rapport était inadmissible, que j'avais pas fait mon travail, que
c'était pas valable...
YM : Signé de qui cette lettre ?
JF : Ah ben de Lafleur
YM : D'accord
JF : Enfin, son secrétaire
général
AM : Oui mais c'est pas... Enfin c'était
pas lui qui vous avez nommé.
130
JF : Si !
AM : C'était la commission heu...
JF : Non non, c'était...
AM : Donc, c'était qu'à lui de
juger ?
JF : Ah ben... Oui, dans le cadre des lois et
règlement de la République Française et de la Province
sud.
YM : D'accord. Donc comme votre avis avait
été défavorable, il a jugé que votre travail
n'était pas fait ?
JF : Oui
YM : D'accord
JF : Et en plus qu'il avait pas lieu de
rendre public mon rapport. Parce qu'en effet, c'était pas prévu,
mais quand il m'avait fait venir, en fait il avait jamais dit, mais
c'était sous entendu. Parce que moi, on me demandait de faire heu... de
faire une enquête « comme » on la faisait en métropole.
Donc, c'était différent de la manière dont elle... Donc
c'était prévu réglementairement dans la
réglementation calédonienne.
La synthèse qui est proposé est issue de
l'entretien réalisé avec Mr François Leborgne. Notre
rencontre a durée environ 1H00. Pour des raisons personnelles, Mr
Leborgne n'a pas souhaitait que l'entretien soit enregistré. Donc les
informations que vous consulterez sont une retranscription de l'entretien la
plus précise et objective possible. Seuls les éléments que
j'ai jugés important apparaissent.
Mr François LEBORGNE : Il est ingénieur en
charge de la cellule suivi du Projet Vale Inco.
Contexte : Notre entretien s'est déroulé
le 5 mai 2009 à 9h à Nouméa, au bureau de la Direction de
l'Environnement (DENV). C'est le service chargé de l'environnement de la
Province sud. J'avais rencontré Mr Leborgne cinq jours auparavant.
Avant, l'entretien je lui aie fait parvenir une trame de l'échange que
l'on aurait.
Retranscription des principaux points abordés
Pouvez-vous me présenter votre fonction au sein
de la DENV ?
Mr Leborgne est un ingénieur qui s'occupe en
particulier de la gestion des risques du projet Vale Inco. Il fait partie de la
cellule Vale Inco qui est une composante du Service de Prévention des
Risques, qui fait partie de la DENV. Cette cellule a été
créée en 2007. Face à l'importance du projet de l'usine du
sud, il était nécessaire de créer une cellule ad hoc pour
gérer tout le suivi du projet. La cellule s'occupe des diverses
autorisations nécessaires au fonctionnement de l'usine telles que
l'autorisation ICPE, les autorisations concernant les installations portuaires,
les mines, les carrières...
Qu'est ce que la province attend de ce projet
industriel ?
Au niveau environnemental, la province attend le respect des
engagements de l'industriel avec elle et aussi vis-à-vis de
l'État car des contrats et conventions ont été
signés et d'autres vont l'être. Toutes ces actions visent à
préserver la richesse de la biodiversité calédonienne, la
province engage Vale Inco à mettre tous les moyens en oeuvre pour
respecter au maximum la biodiversité qui l'entoure.
Comment jugez-vous la conduite du projet au niveau
environnemental ?
Mr Leborgne pense qu'il y a eu une volonté de la
nouvelle assemblée d'ouvrir le débat et de rendre l'information
transparente. Cette ouverture n'était pas évidente avant
l'installation du nouvel exécutif.
Est-ce que le projet a fait l'objet d'un agenda 21
local ? Pourquoi ?
Le projet n'a pas fait l'objet d'un agenda 21 car cette
démarche est facultative et est à l'initiative de l'industriel.
La province n'a rien à voir avec cela.
Qu'elles sont les organismes ad hoc pour le projet
Vale Inco ?
Il y a le CICS qui a pour objectif d'informer la population,
ensuite vous avez le comité de pilotage qui s'occupe de l'administration
du projet et plus récemment l'Observatoire de
132
l'Environnement du Grand sud (l'OEil), qui grâce
à des indicateurs surveille si l'activité minière ne cause
pas d'impact sur l'environnement du sud. L'oeil incite les exploitants à
surveiller eux-mémes les conséquences de leurs activités
sur l'environnement. Son rayon de surveillance ne se limite pas au lagon sud,
il est beaucoup plus large. Ge comité est financé par la Province
sud. Get observatoire tient des réunions entre les différentes
catégories qui débâtent à propos de l'usine. Dans sa
composition « l'oeil » est beaucoup plus ouvert que le GIGS car il
incorpore un nombre plus important d'acteurs, notamment plusieurs associations
de protection de l'environnement. On constate que l'oeil a de plus en plus la
méme fonction que le GIGS.
Comment expliquez-vous les différences entre
les normes locales et les normes européennes ?
La loi organique confie des compétences aux provinces,
donc les lois ne sont pas appliquées tel quelles. Elles sont
adaptées à la Nouvelle-Calédonie. Certaines
réglementations, normes... restreignent trop l'activité de
l'industriel et limite sa flexibilité, par contre certaines initiatives
doivent être renforcées en Nouvelle-Calédonie car la
biodiversité est d'une telle richesse qu'il faut mettre des moyens
adaptés pour la protéger. La création des
réglementations locales est faite en concertation avec les
différents partenaires (associations, industries, entreprises,
syndicats...)
Comment communiquez auprès du public
?
Il y a les organismes tel que le CICS ou l'OEil et chaque
compte rendus de réunion est disponible ici au bureau de la DENV. Vous
avez aussi la possibilité de consulter les informations sur internet. Il
est vrai qu'actuellement, les mises à jour n'ont pas été
effectuées mais ça ne saurait tarder. On ne peut pas se permettre
à chaque fois de diffuser une publicité ou autre, cela
coûterai beaucoup trop chère à la province.
Comment jugez-vous du bien fondé des
études données par Vale Inco ?
La Province sud mandate la DIMENC pour juger de la
recevabilité du projet. Jusqu'à présent, vu l'importance
du dossier, seul le projet Vale Inco a disposé d'une validation par un
organisme extérieur et indépendant. La province ne peut pas se
permettre de le faire à chaque fois, car cela lui coûterai trop
chère.
Qu'est-ce qui a mené à créer le
CICS ?
Mr Leborgne souligne le fait qu'il n'était pas
présent ; cependant il pense qu'avant la création du
comité, il régnait autour du projet une méfiance qui a
entraîné une situation conflictuelle importante. Il fallait alors
faire apparaître le problème, établir un maximum de
transparence. Aujourd'hui, méme si la méfiance n'est pas
totalement abolie, le sentiment de confiance est plus important et c'est ceux
vers quoi il faut tendre. Pour exemple, le pacte signé entre
Rhéébù nùù et Vale Inco serait un des fruits
des réunions tenues au sein du GIGS.
Le public participe t'il aux réunions du CICS
?
Lors des réunions, les associations de protection de
l'environnement participent beaucoup. Le grand public peut venir, mais il assez
rare de voir quelqu'un qui ne fait partie d'aucune associations ou qui ne s'est
pas personnellement investi dans le projet. Mr Leborgne ne sait pas comment
expliquer cette situation. D'après lui, peut être que le public
veut s'exprimer autrement, puisque lors d'une conférence
organisée par l'IRD la foule était présente, alors que
lors des réunions du GIGS seules les personnes « expertes »
participent et le grand public ne répond pas présent.
134
L'entretien ci-dessous n'est pas complet. Il a durée un
peu prés 40 min, j'ai extrait les éléments les plus
importants.
Mr Sylvian Raffard-Artigue : Il est directeur du
département relations communautaires de Vale Inco
Nouvelle-Calédonie. Le rôle principal de ce département est
d'optimiser la participation locale dans le projet.
Mr Jean-Michel N'Guyen : Il est le directeur adjoint du
département environnement. Il est en charge d'obtenir les autorisations,
d'établir les programmes, le plan de suivi et de contrôle et il
rend compte aux services de contrôle tels que la DIMENC ou la DENV
(Direction de l'Environnement de la Province sud).
Contexte : Notre entretien s'est déroulé
à 11h le 6 mai 2009, au siège de Vale Inco
NouvelleCalédonie. Sur demande de Mme Bouras Fatima du service
communication, j'ai envoyé deux mois à l'avance la trame de
l'entretien. L'entretien ne devait se déroulait qu'avec une personne.
Cependant, Mr Raffard-Artigue a estimé qu'il serait mieux d'y inclure Mr
N'Guyen car leurs services travaillent souvent en collaboration.
Extraits de l'entretien À 5
minutes 20 secondes
SRA : Et puis surtout on participe activement
à la mise en place du pacte pour le développement durable du
grand sud, qui est donc un pacte qui a été signé entre
quatre entités. Donc, nous Vale Inco, le comité
Rhéébù nùù, l'aire coutumière
Djubéa Kapume et les sénateurs coutumiers de l'aire Djubéa
Kapume. Et donc bon là, ça c'est quand méme un gros gros
dossier qu'on gère ben avec la direction générale et avec
le département environnement. Heu... donc là on est en plein
dedans puisque la signature a eu lieu au mois de septembre dernier et puis
là on a... On n'est dans les étapes de mise en place quoi, de
tous ça.
JMN: Le projet Goro Nickel, communication et
information c'est heu... c'est un aspect essentiel de ce projet. Ca a
été un aspect essentiel de ce projet dès le départ.
Pourquoi ? Parce que ce projet industriel là il fallait le faire
accepter. À tous points de vus, un projet industriel effectivement
ça apporte des avantages, des côtés positifs comme des
côtés négatifs. Donc, il était essentiel pour Inco
à l'époque, aujourd'hui Vale Inco de faire accepter ce projet
là. De faire accepter ce projet là par le plus grand nombre,
c'est-à-dire par tous les calédoniens. Donc dès le
départ y a eu quelques oppositions heu... d'entrée, notamment de
par les ONG et méme par les populations locales. Donc ça a
été, ça a été très difficile. Donc il
a fallu mettre des structures, on a mis nous-mémes en place donc...
Développer un département communication et avec Didier on a
travaillé en étroite collaboration pour essayer d'expliquer
déjà aux gens ce qu'est le projet Goro Nickel d'accord, quels
sont les avantages qu'apportaient ce développement économique,
qu'elles sont les inconvénients qu'allait apporter aussi... enfin les
côtés négatifs qu'allait apporter ce développement
économique et aussi définir avec les calédoniens le niveau
d'impact négatif qui était heu... acceptable et qui devait
être accepté. Voilà, et pour se faire, il fallait passer
par des structures de concertation, des structures, des canaux d'information,
donc il y a eu un travail de fait à ce niveau là qui était
essentiel et
heu... On a vite compris dès la première
année que c'était une étape qui était heu...
déterminante et c'était la seule condition pour faire accepter ce
projet. Alors heu... Donc c'est pour ça que Sylvian, etc, enfin le
service communication, enfin relation communautaire a mis en place des
réunions d'informations, de communications dans les tribus auprès
de la population et nous-mêmes au niveau donc de la population au sens
plus large du terme. Ce n'était plus la population locale, mais
c'était la population calédonienne dans son ensemble. Alors,
ça a été difficile parce que bon, il a fallu mettre en
place effectivement heu... Un certains nombres de structures, de
manifestations, d'événements comme les portes ouvertes, comme
heu... des réunions publiques pour expliquer la démarche du
projet dans sa démarche socio-économique, sa démarche
technique, sa démarche environnementale. Donc un des enjeux
effectivement c'était heu... de ce projet là qui posait
problème, c'était les impacts environnementaux, les enjeux
environnementaux d'une part et aussi les enjeux socioéconomiques,
d'accord. Parce que heu... on avait bien compris que la population était
pour ce projet, mais il fallait sous certaines conditions, d'accord. Ensuite,
il y a eu je crois une avancée considérable qui a
été initiée par la Province sud, par le pouvoir provincial
et la mise en place, la création de ce qu'on appelle aujourd'hui le
comité d'information, de concertation heu... et de surveillance des
impacts environnementaux du projet de Goro Nickel. C'est ce qu'on appelle le
CICS. Donc une structure mise en place par heu... l'initiative de la Province
sud dans laquelle siège un certain nombre de représentation,
d'accord. Du monde associatif mais aussi des institutions. Il y a
l'État, le Gouvernement, les Provinces heu... les coutumiers heu... les
communes, les ONG, d'accord. Et c'est donc par le biais de ce CICS qu'on a pu
faire avancer un certains nombres de choses, d'accord. Qu'on a pu faire avancer
les idées, pour faire avancer... et heu... et mettre en place une
démarche pour valider le projet dans ses aspects techniques, dans ses
aspects heu... environnementaux, d'accord. Ca a été une
étape pour moi, enfin une étape essentielle quoi et c'est heu...
un des éléments qui a permis qu'on en est là
aujourd'hui.
A 12 min 40secondes
YM: Alors heu, les difficultés que
vous avez rencontrées face à la venue de l'usine, est-ce que vous
les avez rencontrées sur les autres implantations au niveau
international, enfin je veux dire c'est des choses heu...
JMN : Je pense, enfin d'un point de vue
heu... d'un point de vue plus générale, je pense que les
problèmes qu'on a rencontrés ici, ce sont des problèmes
inhérents à ce type de développement économique
partout dans le monde.
YM : D'accord, il n'y a pas eu
d'originalité dans le cas calédonien ? JMN :
Si
SRA : Oui, enfin moi je dirais que, il a
raison Jean-Michel dans le sens où c'est vrai qu'à chaque fois
qu'un projet de cette ampleur a été mené par Vale Inco ou
Inco. Que ce soit Voisey's Bay, que ce soit en Indonésie, que ce soit
même au nord du Brésil ou au Mozambique. Il y a... et de plus en
plus hein, je veux dire avant c'était moins flagrant que
136
maintenant et de plus en plus il y a un aspect relation
communautaire qui est très important. Un aspect acceptation, licence
social qui est beaucoup plus important qu'avant, où avant les
industriels se bornaient à obtenir une licence opérationnelle,
enfin une autorisation administrative et ne prenaient pas vraiment en compte la
partie participative et communautaire de la chose, du développement
économique. Maintenant, ce n'est plus du tout le cas. Il y a même
des lignes directives qui sont édictées par la banque mondiale et
par l'ICMM66 que l'on doit suivre. Et nous on s'inscrit
complètement dans ces lignes directrices. Donc, on a
développé un certain nombre d'outil et une démarche qui
aujourd'hui se cristallise autour du pacte, mais le pacte c'est la trame qui
vient autour d'une démarche qui a été initiée il y
a déjà quand méme un bon moment... en terme d'implication
et d'information des populations.
A 20 min 05 secondes
YM : Alors heu... Par rapport aux autres acteurs
du projet, les politiques, les associations, estce que vous avez un protocole
spécial pour communiquer avec eux ? Comment ça se passe ?
JMN : Ce qu'on privilégie aujourd'hui
c'est une relation directe, d'accord. On essaie d'avoir heu... d'avoir des
réunions de discussion, d'information, voir de travail avec toutes ces
entités, d'accord. Et heu... dans une approche qui se veut transparente,
constructive et heu... d'échange.
YM : D'accord, et heu... Comment aujourd'hui
jugez-vous vos relations avec ces différentes entités, justement
?
SRA: Ben, les entités politiques c'est un
peu dure parce qu'on est en campagne électorale. YM :
Electoral et puis surtout peut être avec l'actualité heu...
JMN: Oui avec l'actualité aussi, oui
avec les problèmes qu'on a eu dernièrement. Mais disons qu'avec
les services techniques, donc du Gouvernement et de la Province sud donc et
heu... On a des réunions de travail régulières et heu...
On arrive à avancer ensemble.
SRA : Je dirais méme heu... par
exemple heu... Excuse-moi Jean-Michel, avec la mairie de Yaté donc qui
est Rhéébù nùù depuis la dernière
élection municipale on a de très bons échanges c'est sure
que heu... on n'est pas toujours d'accord sur tout, on... mais... par contre
ils n'hésitent pas à nous appeler dès qu'il y a un souci.
Nous on leurs réponds, on a... Je dirai que c'est pas heu... On
communique pas par communiqué interposé où là c'est
la non-communication quoi, c'est le degré zéro de la
communication. Là heu... je veux dire ils nous appellent directement sur
nos portables quoi, et puis bon on se voit très souvent, on se voit
toutes les semaines hein ! Quasiment tous les jours on a des appels
téléphoniques, on entretient, on a vraiment un canal de
communication très actif notamment avec Yaté, avec le Mont-Dore
aussi, la Province Sud, bon peut être un petit moins
régulièrement mais heu... Bon c'est des canaux qui sont vraiment
ouverts quoi. Et heu... C'est sure que là, l'actualité ça
nous a mis un coup, ça c'est sure.
66 International Council of Mining and Metals
JMN : Ouais, sinon par rapport aux ONG, on a
différentes catégories d'ONG. Il y a des ONG avec lesquelles on
arrive effectivement à communiquer, à travailler même,
à avoir des échanges très constructifs heu... Et des ONG
avec lesquelles on a plus de difficultés parce qu'ils sont
fondamentalement contre tout développement industriel économique.
Voilà. Donc avec ceux là on garde contact, on essaie de prendre
en compte leurs réserves, leurs questionnements,
etc. et on essaie d'y répondre mais
on arrive très vite à un blocage des concepts heu... Je dirais
philosophique quoi.
A 23 min et 55 secondes
YM : Alors à côté de tous
les outils que vous venez de me citer en terme de communication, qu'elle est
l'intérêt pour Vale Inco de participer aux réunions du CICS
justement ?
SRA: Ben c'est un souci de transparence hein,
je veux dire le comité est créé par la puissance publique
qui a le pouvoir de police environnemental en plus. C'est sa compétence
nous sommes heu... convoqué... invité à participer
à ce comité. D'une manière éthique ça nous
semble un exercice de transparence honorable et puis nous on se plie
à... enfin je veux dire, je vois pas dans quelle mesure on pourrait se
soustraire à une invitation de la Province à participer.
JMN: Et surtout ! Et surtout, je crois que ce
qu'il faut comprendre c'est que le CICS a été crée aussi
pour heu... pour faire avancer le projet, d'accord. Mais le faire avancer dans
un cadre consensuel, d'accord. Avec l'ensemble des parties prenantes,
c'est-à-dire que le CICS validait les options heu... avec l'apport et
l'aval de l'ensemble des représentations, donc de la
société calédonienne : institutions, représentation
de la société civile, coutumiers, ONG, etc., d'accord. C'est un
organisme qui a permis justement de débattre ouvertement des
problèmes, des questions et de faire avancer le projet.
YM : D'accord
SRA: Oui, surtout que les séances, elles
sont publiques
JMN: D'autant plus... hum... non.
SRA: Ben, qu'on on était à
l'assemblée du...
JMN : Normalement non, après ils ont
ouvert un peu, mais c'était heu... SRA : Au
début, c'était pas public ?
JMN : Non pas public
SRA : Et après oui ?
JMN : Après oui.
YM : Il y a seulement la première
réunion à Goro qui était publique, sinon après les
autres, elles se passent à l'assemblée.
138
JMN : Ouais, c'est ça. Sur invitation
normalement.
SRA : Ha d'accord, mais j'ai jamais vu les gens
heu... refuser l'entrée.
JMN : Ouais, mais après ils
étaient plus lâches, ouais... Mais ce qu'il faut savoir c'est que
c'était heu... c'est toujours d'ailleurs un organisme qui donne des avis
formels, d'accord. Qui acte les décisions, d'accord. C'est pas heu...
contrairement à tous ceux qu'on a eu jusqu'à présent sur
les salles de réunions, etc. [son téléphone portable
sonne] Là on rentre dans une structure formelle et officielle,
d'accord.
SRA : Oui et qui engage un certain nombre de
dépense et d'action aussi, puisque les expertises qui ont
été validées par le GIGS ont été
commandées, ont été menées par les experts, et puis
bien sûre elles ont été financées quoi. Donc y
a...
JMN : Oui c'est ça, l'avantage c'est
que c'était une structure qui était hors cadre de la
société et qui s'est déroulé sous l'égide
donc des autorités compétentes. Provinciale, avec les
représentants du Gouvernement, de l'État Français et
toutes les autres parties prenantes de la société civile.
A 31 min et 23 secondes
YM : Le fameux pacte que vous avez signé
avec les populations du sud, avec Rhéébù
nùù, il est issue, enfin...
JMN : Hors GIGS, non non.
YM : Non ?
JMN : Non, ça c'est en
parallèle.
YM : D'accord.
JMN : Mais le CICS en avait fait un point heu...
un point essentiel.
SRA : Ben, le travail du GIGS il a quand
même servi puisque dans les discussions sur le pacte, il y avait quand
même en toile de fond un certain nombre de chose et notamment l'impact
environnemental toujours du projet, puisqu'en faites heu... la base de la
discussion c'est quoi ? Un projet s'implante avec des impacts et des
opportunités de développement... Dans quelles mesures on va
pouvoir limiter au maximum ses impacts ? Ga en partie, le GIGS a apporté
des réponses. Le GIGS et Vale Inco, mais le GIGS aux travers des
contre-expertises. Puisque Vale Inco a apporté un certain nombre de
réponses, mais le GIGS a demandé des contre-expertises pour
valider ou invalider ces réponses. Donc, le GIGS a participé
indirectement à apporter un certain nombre de réponses dans le
cadre des discussions du pacte. Mais le pacte, c'est vrai que c'était
déconnecté et en parallèle du CICS.
YM : D'accord.
JMN : G'est-à-dire que le CICS aussi
en tant qu'institution qui se plaçait au dessus donc des parties
prenantes à permis aussi heu... reflété aussi une certaine
indépendance, une certaine neutralité. Et donc... avait toute la
crédibilité nécessaire.
YM : D'accord, alors aujourd'hui avec ce nouveau
comité qui a été créé le CCE.
RSA : Il n'est pas encore créé.
YM : Il n'est pas encore créé.
RSA : Le GGGE.
YM : Le GGGE, il va se créer ?
RSA : Oui.
YM : Alors qu'elle est l'utilité de ce
comité ? Est-ce qu'il n'y a pas un risque de redondance avec le GIGS ?
Enfin...
RSA : Ben ce CCCE là, comme son nom
l'indique Comité Consultatif Coutumier Environnemental, il est avant
tout coutumier... et environnemental. Donc c'est quand méme une
assemblée qui est composée exclusivement de coutumiers, alors que
le GIGS rassemble
les coutumiers, les institutions, les associations, des
représentants de la société civile. Et
làc'est... c'est plus à un niveau communautaire
puisque dans le pacte, comme je le disais tout à l'heure, les
signataires sont la société et les représentants
coutumiers avec le comité
Rhéébünùù. Donc le GGGE moi je le
vois plus hein, parce que je laisserai aussi Jean-Michel heu...
JMN : Ben, je dirais que...
RSA : Je le vois plus moi, pardon, comme une
commission du conseil d'aire qui traite de l'environnement, plutôt
que...
JMN : Non, moi je pense que la question est
pertinente parce qu'effectivement, est ce qu'il y a redondance ? Heu... il peu
y avoir des risques de redondance.
RSA : Ben ouais.
JMN : N'empêche qu'aujourd'hui le CCCE,
c'est une entité coutumière. YM : D'accord.
140
JMN : Qui n'a pas forcément un pouvoir
heu... je dirais... formel, officiel, d'accord. Le GIGS, oui ! D'accord. Le
CICS a des statuts, etc... il a fait l'objet d'un arrété de
création... Donc ce qui veut dire que le GGGE dans sa
fonctionnalité ne devra pas rentrer en opposition avec le GIGS. Donc je
pense que y a une complémentarité à trouver.
RSA : Oui tout à fait.
JMN : G'est-à-dire que les
décisions du CCCE ne devra pas aller contre l'avis du GIGS sinon
ça ne marchera pas.
RSA : Oui, je pense que, en plus t'as raisons
ce sera complètement complémentaire puisque je crois que les
travaux du GGGE seront alimentés par un certain nombre de documents et
de conclusions qui viendront du GIGS.
JMN : Ben.... Oui.
RSA : Et le GGGE se prononcera à la
lumière de ces travaux.
JMN : Tout à fait.
YM : D'accord.
RSA : En autres.
YM : Alors aujourd'hui vous avez l'OEil, le
CICS, le CCCE, ça fait beaucoup de...
JMN : Oui, ça fait beaucoup de choses.
C'est vrai qu'il faudra qu'on fasse très attention car il risque d'y
avoir des heu...
YM : Des contre-informations peut-être
?
JMN : Oui. Des contradictions même. Des
contradictions et il faudra que chacun joue pleinement son rôle mais dans
les limites de sa sphère de responsabilité et de
compétence.
RSA : C'est vrai que ça fait beaucoup de
forums pour un projet, carrément !
JMN : Ha ben oui ! Oui oui. G'est-à-dire
que sur un sujet, sur une question, un problème donné, heu... le
CICS pourra se prononcer comme le CCCE, Alors après...
RSA : Et l'OEil.
JMN : Et comme l'OEil, ok. Quoique l'OEil, il
est en retrait, il a plus un rôle d'experts indépendants. Mais
les décisions. Concernant les décisions, c'est le CICS qui
prendra les décisions. Le GGGE pourra en prendre aussi, il faut
simplement que le GGGE et le GIGS à un
moment ou à un autre fonctionne de concert pour pouvoir
sortir une décision commune quoi. Faut pas que l'un prenne une
décision qui va à l'encontre de l'autre.
YM : Je sens que y a un niveau, enfin
d'après ce que vous disiez, je sens que y a un niveau
hiérarchique qui fait que le GIGS et au dessus de GGGE.
JMN : Le GIGS à inéluctablement un
caractère officiel. YM : D'accord.
JMN : Le CCCE ne l'a pas aujourd'hui.
142
L'entretien ci-dessous n'est pas complet. Il a durée
environ 1H30, j'ai extrait les éléments les plus importants.
Mr Mike Hosken : Il a la double nationalité
Française et Néo-Zélandaise. C'est un membre
éminent de l'association Codefsud. La Coordination de Défense du
Sud est une association de type "loi 1901" ayant pour but la protection de
l'environnement dans le Sud de la NouvelleCalédonie. Cette association
est composée de plusieurs autres associations ainsi que de citoyens qui
partagent les mêmes idées.
Martin : C'est un journaliste de RFO Paris qui est venu
sur le territoire faire un reportage globale sur la Nouvelle-Calédonie.
Il enregistre l'interview pour Radio France International et il compte
également écrire un article pour le « Monde diplomatique
».
Contexte : Notre entretien s'est déroulé
à 9h le 7 mai 2009, à la Case à Café. Mr Hosken qui
avait également été contacté par un journaliste de
RFO Paris, pour aborder son rôle dans l'association Codefsud, m'a
proposé que nous nous rencontrions en même temps.
Extraits de l'entretien A 11 min 35
secondes
MH : ... Des kanaks de plusieurs tribus dans
le sud ne sont pas d'accord avec ce pacte. D'ailleurs, ils veulent le
dénoncer, mais ça c'est pas à nous de le faire. Nous ne
l'avons pas signé. Nous avons toujours dit qu'ont étaient contre
ce pacte. Donc, c'est pas à nous de les tenir par la main et de les
ramener pour qu'ils signent un autre pacte de dénoncer le premier pacte,
enfin bref...
A 13 min 40 secondes
MH : Il y a eu des problématiques qui
n'ont pas été exposées au public ; et pour cause,
là on peut parler hum... de la première... Tu as cité tout
à l'heure Yannick, Mr Gourmand, le premier enquêteur public.
YM : François Gourmand
MH : Voilà ! Lui. Il a donné un
avis défavorable au projet en 2001. Or le projet tel qu'il a
été présenté en 2004 et la lettre dont il me
semble, j'ai envoyé les PDF là, hein ?
YM : Hum hum
MH : Donc, si ma mémoire est bonne,
les phrases étaient que le projet n'avait guère changé
depuis 2001 et qu'il était sensiblement pareil et que pour X, X,
raisons... Y avait trois pages, donc c'était la Direction des Ressources
Naturelles.
YM : Mr Chaverot.
MH : Mr Chaverot, qui avait donné un
avis défavorable et qu'il avait bien expliqué. Il avait fait
du bon travail et d'ailleurs sept services sur les douze services qui avaient
été consultés, ils avaient dit « non, c'est pas
bon ». Malgré ces refus catégoriques... malgré que
sept
144
services sur douze avaient dit non, trois jours après
cet brouillon de lettre, un autre avis était pondu par cet même
service sous la pression de certaines personnes et ça je tiens pour
officiel. L'avis défavorable a été amoindri en avis
très réservé, et en plus qui était assorti de
plusieurs recommandations pour que les prochains, heu... parce que l'on a
parlé de... si on comprend bien la phrase. Il faut que le prochain
demande de l'ICPE, donc installation classée ou permis d'opérer,
soit prise en considération pour ne pas heu... pour ne pas affecter sa
recevabilité. Donc ça, il faut bien le dire hein ! Ca, c'est
super important. Alors donc, expliquez-moi pourquoi les services instructeurs
de la Province sud avaient dit « ce n'est pas un bon projet » et
pourquoi donc, le 14 octobre 2004, le Président de la Province sud, Mr
Gomès a pris un arrêté autorisant un permis d'opérer
pour cette usine. Cet méme permis à opérer à
été annulé par le comité
Rhéébù nùù, le 16 juin 2006. Après
des longues... Y a eu des bagarres, eu presque... y a failli avoir des morts, y
a eu des assaults, des forces de l'armée, les gendarmeries sur les
manifestants à le carrefour de la Madeleine. Bref y a eu un sacré
périple dans cette histoire.
A 24 min 00 secondes
YM : Aujourd'hui y a beaucoup de
comité, y a le CICS qu'est sorti, y a le CCCE qui a été
créé, y a l'OEil notamment et tous ces comités qui ont
pour but d'ouvrir le débat au public, vous n'y participez pas ou venez
qu'en tant qu'observateur.
MH : Yannick, initialement, j'ai dü
personnellement menacer dans les réunions qui se passaient à huis
clos [...] Ils ont accepté que j'assiste à des réunions
mais je n'avais le droit à aucun parole, je pouvais pas ouvrir la
bouche. Parfait ! Néanmoins, j'avais un pied dans la porte comme on dit.
Par la suite donc heu... Codefsud était invité à assister
dans les discussions, mais toujours on n'avait pas le droit à la parole,
donc heu... C'est fabuleux comme système de transparence et de
développement durable, c'est excellent ! Donc heu... Et un jour je me
rappelle bien, c'était au Congrès ou j'allai... je me suis mis
debout pour prendre la parole qui m'était pas donné, qui
m'était pas offert et Mr Gomès m'avait menacé de me sortir
manu militari parce que je n'avais pas le droit à la parole. Donc heu...
Bravo !
A 46 min 40 secondes
YM : Alors là depuis le début
de l'entretien vous nous parlez de preuve, etc... qui accusent les politiques,
l'usine et la conduite du projet en général. Et je voulais vous
demandez qu'elles sont vos moyens vous de permettre à votre contestation
de rentrer dans le centre de décision, puisqu'on fin de compte, c'est le
politique qui va décider et si vous restez toujours dans la
contestation, est ce qu'il y a un moyen de...
MH : Attend, mais attend Yannick. La
dernière petite comité ou commission qui a été
créé c'est l'OEil. Et ben moi je dis, ils peuvent mettre le doigt
dans l'oeil tout de suite. Parce qu'on n'était méme pas
invité à signer dans ce comité : L'oeil. Attend, il faut
arréter. C'est pour ça, nous nous sommes des contestataires, peut
être un peu plus... on n'est pas très orthodoxes peut être,
parce que c'est vrai qu'on organise des pique-niques à la «
Kapendua » avec trois cents personnes heu... moi-même, j'ai fait des
virées en kayak pour arréter la pose du tuyau. Nous avons avec le
syndicat des pécheurs organisés un blocage naval heu... C'est
vrai qu'on
est des mauvais coucheurs. Donc qu'elles sont nos moyens
qu'ils nous restent ? Et ben voilà, c'est d'organiser le 8 avril une
semaine après le lâché d'acide... Nous avons
organisés un manifestation au pied de l'hôtel de la Province sud,
l'après-midi méme où l'oeil a fait sa première
heu... ils ont siégé pour la première fois. Attend, mais
je sais même pas si sur le site de l'oeil, ils ont mis qu'il y a eu un
accident, parce que deux semaines après, il y avait toujours pas de mise
sur le site que « ah, effectivement il y a eu quand même deux cents
milles litre d'acide ! » Faut arrêter ! C'est bien connu quand on
veut noyer un poisson ou noyer les informations, on créé une
commission. Ben voilà, ben c'est... on est là quoi.
A 1H 00 min 20 secondes
YM : Sur votre site internet en voit un nombre
incroyable d'information heu... MH : Parfois un peu trop,
parce que l'information tue l'information, n'est ce pas ?
YM : Voilà... Et d'où vous retirez
cette information ? Comment vérifiez-vous la véracité des
sources, etc ?
MH : (rires)
YM : Parce qu'on les voit nulles part, à
part sur le site de Codefsud.
MH : Non mais Yannick. Y a plein de gens qui
nous donne les informations, y a des gens qui travaillent dans des services
administratifs, y a des gens qui travaillent au sein de Goro Nickel même,
y a des politiciens, y a plein de gens ! Mais on fait un peu le sale boulot.
Donc que...
YM : D'accord
MH : Mais ils sont... Tous ceux qui est
cheville, vous pouvez y allez c'est bon hein, ça pousse !
A 1H 11 min 25 secondes
YM : Est-ce que les gens du pays participe
beaucoup à la défense de l'environnement ? Parce que j'ai
l'impression... Enfin de France, j'ai commencé à faire mes
enquêtes, j'ai l'impression c'est plus les gens extérieurs qui
viennent en Calédonie, qui s'aperçoivent plus de sa richesse que
les gens d'ici.
MH : Moi je pense que c'est... d'abord c'est
un luxe de pouvoir s'occuper de l'environnement tel que notre groupe s'occupe.
Parce que sa prend beaucoup de temps mais... énormément de gens,
leurs premier soucis, c'est d'abord de procurer à manger et à
boire et d'avoir un toit et en Calédonie il y a beaucoup de gens qui
vivent dans la pauvreté. Il faut le dire. Alors on va pas obliger ces
gens là de s'occuper... Là ça fait quoi ? Une heure et
demie que je suis là avec vous ? Et ben la plupart de mes compatriotes,
de nos compatriotes, ben y sont en train de bosser... Ils reconnaissent sans
doute que c'est important d'avoir un environnement sain et respectueux de sa
santé.
L'entretien ci-dessous n'est pas complet. Il a durée
environ 40 minutes, j'ai extrait les éléments les plus
importants.
Mr Raphael Mapou : Il est Secrétaire
Général du comité Rhéébù
nùù. Ce comité est l'entité de la
société civile qui a le plus d'importance dans le rapport de
force avec le système politique et économique dans le cadre du
projet de l'usine du sud.
Contexte : Notre entretien s'est déroulé
à 15h le 7 mars 2009, au Sénat Coutumier. Pour des raisons qui me
sont inconnues, notre entretien a été reporté à de
nombreuses reprises. J'ai donc eu cet entretien à l'improviste. Mr Mapou
était au courant que je souhaitai l'interroger sur le CICS, mais il ne
savait pas que j'allai venir et moi je n'étais pas sür de le
trouver.
Extraits de l'entretien
A 2 min 45 secondes
RM : ...Donc y a eu l'usine pilote, 2002
heu... Nous on suit, mais on commence à ce poser beaucoup de questions,
alors la lumière est venu des associations environnementalistes. Ils
étaient pas nombreux à l'époque, EPLP67
n'existez pas puisque EPLP a été créé à la
suite du conflit de Goro.
YM : Voilà
RM : C'est une nouveauté EPLP, heu...
YM : Ensemble Pour La Planète
RM : Ensemble Pour La Planète, donc
heu... dont on fait partie d'ailleurs. Membre fondateur depuis le début
méme si on ne participe plus beaucoup en ce moment. Donc heu... et eux
ils nous ont alerté, c'est eux qui nous ont alerté. «
Attention, c'est une usine chimique ». Ils sont venus, ils ont
sensibilisé le Sénat, ils nous ont approchés aussi
là-haut, à travers les autorités coutumières. Ils
avaient des portes d'entrée, donc ils ont alerté et là, on
a commencé à prendre conscience que ce n'était plus
n'importe quelle usine, mais que c'était une usine chimique, d'un type
nouveau etc., D'ailleurs au Canada, un peu partout dans le monde, tous le monde
se posaient beaucoup de questions. Donc 2002... on n'était pas en
franche opposition, on n'était plutôt en situation d'interrogation
et heu... de crainte et donc on décide de faire une mission au Canada
[...] et donc on fait cette mission au Canada en 2002, et là-bas avec le
Sénat... Et là, on se rend compte... C'est là où
vraiment on prend toute la dimension du problème quoi. Que... Parce que
là, on rencontre les Inuits, les Inouis, le peuple Cri, les autochtones
du Canada qui se battent autour de questions sur le barrage, sur les questions
des mines d'uranium, sur Voisey's bay... donc et là on découvre
toutes les facettes de cette problématique. Donc, on revient avec un
oeil tout à fait nouveau puisqu'à ce moment là, on
commence à adopter une position plus critique et heu... donc on reste
à l'écoute, on est plus ouvert aux questions soulevées par
les chercheurs, les scientifiques, les associations.
67 Ensemble pour la Planète est une association de type
loi 1901 constituée d'autres associations mais aussi de simples citoyens
désireux d'agir pour la sauvegarde de notre environnement en
Nouvelle-Calédonie.
146
A 7 min 35 secondes
RM : Après fin 2004, on commence à
adopter une position radicalement contre. YM : Pourquoi ?
RM : Alors on se rend compte que beaucoup de
promesses, beaucoup d'études qui sont évoquées, que... que
le projet n'était pas vraiment encadré. Donc ça c'est
notre avis. Parce que quand Phillipe Gomès arrive heu... alors quand
Phillipe Gomès arrive à la Province, certes, il pointe du doigt
les insuffisances, mais en même temps il active le projet. Il donne de la
vitesse au projet. Et nous, c'est là qu'on réagit. On dit «
non non non non ! Si tu pointes du doigt les insuffisances du projet, les
expertises, etc... Tu ne peux pas en même temps donner les autorisations
comme tu le fais ». Alors, c'est là où on n'attaque
l'arrêté ICPE qui a été délivré en
septembre, octobre deux milles heu..., septembre, c'est soumis au CICS,
comité consultatif environnemental où là, on n'est les
seuls à s'opposer, en octobre ça passe au journal officiel et
donc après on n'attaque l'arrêté IGPE au tribunal
administratif. Donc toute l'année 2004-2005, on n'enclenche une bataille
sur le plan judiciaire. Et le projet donc heu... avec le soutien de la
Province, de l'État, on continue d'accélérer,
accélérer et jusqu'en 2006. 2006, on décide de passer
à l'action parce que on considère, parce qu'au vu de ce qu'on a
vu depuis fin 2004 [son téléphone portable sonne]. Et
donc heu... Il continue à accélérer, y a certaines
expertises, nous on fait la bagarre dans le cadre du GIGS, le comité
consultatif environnemental qui a été mis en place par Phillipe
Gomès. C'est un des structures de concertation, c'est le premier
structure de concertation qui a été mis en place après son
élection. Donc là on se bat à l'intérieur de cette
structure, on défend le principe des expertises indépendantes qui
n'existait pas à l'époque. Heu... On n'est suivi sans vraiment
être suivi, il réussisse quand méme à nous imposer
le CEREGE qui est un bureau d'expertise mais plutôt français et
européen qui est basé à Marseille. Et donc là, on
dit ben non, on n'est pas d'accord. Alors, c'est prévu que sa
démarre 2004 les expertises. Ils continuent à traîner alors
après en renvoi en janvier, février et ainsi de suite les experts
ne démarrent toujours pas et nous on voulait à tout pris que les
expertises interviennent le plus rapidement possible avant que l'on aille plus
loin dans le projet. Alors les expertises, c'est sur les rejets en mer, les
effluents, c'est sur un certain nombre de chose comme ça. Et donc
là les expertises tardent à venir et là on se rend compte
qu'on va être floués, et c'est là qu'on décide de
réagir brutalement et on décrète le 1er avril
2006, l'opération... Heu, comment on appelait ça ?....
L'opération embargo autour de l'usine de Goro. Et donc 1er
avril 2006, les militants, ils bloquent toutes les entrées de l'usine,
ils prennent les camions, ils bloquent les routes et puis plus personnes ne
doit rentrer et puis Goro, enfin l'usine est en état de siège.
L'usine, la mine est en état de siège, le port est bloqué,
et donc commence un rapport de force qui va durer un mois, un peu plus d'un
mois méme si les forces de l'ordre ont réussi à
dégager les barrages, les militants au bout de trois semaines. Ca c'est
sur les journaux, heu... sur les journaux on fait la une. Voilà, donc...
après le... y a une période... bon nous on lève pas de nos
positions. En plus de ça donc, au moment... au mois de juin, le tribunal
administratif tranche. Il annule l'arrêté ICPE. Alors en
général, ce qui se passe quand il annule les arrêtés
IGPE. Les arrêtés ICPE dépendent heu... non, les permis de
construire dépendent des arrétés ICPE. Pour construire ce
genre d'usine, y a deux législations, y a la législation de
l'urbanisme hein, qui prévoit des permis de
construire, etc., des permis de lotier, permis de construire
et les arrêtés ICPE qui sont la référence ici
puisque jusqu'ici, il n y avait pas de code minier. Aujourd'hui, ils ont
réussi à... heu Gomès hier a présenté le
code minier de la Province. Enfin, le code environnemental, alors voilà,
mais loin d'arrêter le projet, y a des concertations qui sont faites en
juin, juillet 2006, alors on participe aux concertations, mais heu... en
méme temps, ils continuent à construire. Alors l'usine n'est pas
arrété, alors qu'on on demande pourquoi il n'arrête pas.
Les gens nous répondent non, on n'a les permis de construire.
Voilà. Donc on a mené des batailles juridiques qui nous ont
mené à Paris.
A 15 min 10 secondes
YM : Les gens du sud par rapport à
l'usine de nickel, est-ce qu'ils ont déjà étaient
complètement contre ou c'est juste développer l'usine, mais en
respectant, enfin comment ça c'est passé quoi ?
RM : Alors on n'est passé par toutes
les phases. Au début, l'usine était bien vue. La première
époque, j'ai évoqué taleur. Avant 2001/2002. Après,
c'est la phase interrogatif 2002/2004. On va 2004/2006/2007, c'est la phase
d'opposition, là on est totalement opposé. Si heu... on n'avait
les moyens l'usine heu... plus rien ne resterait aujourd'hui sur l'usine. C'est
clair, les forces de l'ordre ont été mobilisés en masse
pour protéger l'usine. On peut pas dire plus en ce qui concerne la
volonté des gens d'éradiquer l'usine. Alors y a eu beaucoup de
division aussi au niveau du monde des autochtones du sud. Y a des gens qui
travaillent par exemple, on toujours étaient en opposition au
comité Rhéébù nùù, heu... pas les
gens qui travaillent, mais les gens qui ont su créer des entreprises.
Donc, on n'est passé par toutes les phases. Aujourd'hui, l'usine est
tolérée, mais moyennant la signature d'un protocole du pacte que
je vous ai donné qui traduit un peu tous les préoccupations, qui
prend en compte tous les préoccupations des autorités
coutumières et nos préoccupations en matière
environnemental, social, culturel et en matière développement
durable.
YM : D'accord, alors... aujourd'hui vous
communiquez avec les personnes de l'usine à travers le ... enfin vous
allai communiquer à travers le CCCE.
RM : A travers le CCCE, notamment.
YM : Alors ça, il est inscrit dans le
pacte et pourquoi le CCCE alors qu'il y avait déjà le CICS et
l'oeil aussi notamment dont vous allez être le...
RM : Ouais, alors l'oeil est arrivé
après hein. L'oeil, c'est récent heu... enfin c'est
récent, c'est la province ! la province qui a créé... au
moment où l'oeil a été pensé, il n'a jamais
été question que l'oeil deviennent une structure associative. Il
s'est trouvé que l'expert qui est venu sur le volet juridique, etc., la
mise en place de l'oeil. Il a proposé, il a simplement dit que le
système associatif est le plus intéressant. Mais l'oeil va rester
hum... va dépendre essentiellement des moyens de la Province, si il y a
une volonté politique à la Province de poursuivre le travail de
l'oeil, heu... l'oeil va jouer un rôle disons efficace, méme
global. Mais le CCCE finalement c'est différent parce que nous en
acceptant l'usine, en « acceptant l'usine » pour ainsi dire, on a en
méme temps dit à l'industriel, on peut pas se contenter de ce
148
que dise l'administration. On peut ou ne pas faire confiance
à l'administration. Donc, nous on a besoin d'être présent
à l'intérieur de l'usine. Nous on est autant responsable que vous
de ce qui se passe dans le sud. Donc, il est pas question de... Alors là
aussi, on a négocié pour qu'on délègue pas nos
responsabilités à des autorités administratives. On veut
être au premier rang, de... au nom de la transparence, au nom de notre
responsabilité. Il faut qu'on soit présent dans tout le...
D'où le principe de nommer les 8 techniciens, d'où le principe de
mettre en place le GGGE, qui normalement devra donner son avis en amont, par
rapport à tous ce qui va être demandé à
l'administration. Rhéébù nùù est aussi
présent dans la commission minière communale. Parce que la
commission minière communale de Yaté par exemple, on est
présent ; les coutumiers sont représentés dedans, mais on
va dire heu... On peut dire enfin que ces des structures qui vont
s'enchevêtrer, enfin qui peuvent faire double emploi. Mais c'est un peu
pour ça aussi qu'on s'est investi dans le... qu'on va s'investir dans le
CCCE, dès qu'il est mis en place et qu'on s'est investi dans
l'observatoire. On a accepté là... Les politiques nous ont fait
cette proposition, donc on a accepté ! En se disant, il vaut mieux qu'on
soit dans les structures pour pouvoir articuler et faire en sorte qu'il n y est
pas double emploi et que les moyens soient bien mis là ou on pense.
YM : D'accord, alors y a eu plusieurs
associations de protection de l'environnement qui ce sont occupées de ce
projet, pourtant c'est vraiment Rhéébù nùù
qui a était au centre. Alors comment ça se fait que vous, vous
avez réussi à participer à la conduite du projet mais pas
les autres associations ? Enfin, par exemple au GIGS vous aviez le droit de
parler, les autres associations étaient là en tant
qu'observateur.
RM : (Rires) Et ben, tout simplement parce que
nous on n'était les plus méchant quoi. YM :
C'est pour ça ?
RM : Oui, c'est pour ça. C'est con
mais c'est comme ça. C'est parce qu'on était ceux qui
était les... Parce que la plupart des associations donc qui contestent
sur le plan des écrits, sur le plan médiatique, heu... sur le
plan juridique aussi, eux ils ont du mal à venir. Je vois sur des
dossiers, eux ils hésitent à aller sur le plan juridique aussi.
C'est un peu la faiblesse des associations. Nous, c'est pas... c'est pas... on
n'a pas le même heu... On est une association, mais finalement on
représente les chefferies, donc... du sud, c'est une association qui
regroupe les chefferies du sud. Certaines chefferies, parce que c'est pas
toutes les chefferies, donc notre force à nous, c'est le faite que on a
un pied directement sur le terrain. Si on décide d'y aller, c'est un peu
ce que je dis toujours aux associations. La plupart des associations sont
opposées au pacte, à la signature du pacte et aujourd'hui
beaucoup contestent la suite, la poursuite, ils veulent qu'on arrête, que
la Province sud [...] Ils veulent à tout prix que l'arrêté
soit suspendu, ICPE. Ce que je leur dit, c'est que mon problème à
moi, si je décide, si Rhéébù nùù
décide de demander l'arrêt du projet, nous on va pas se contenter
de le dire. On va être obligé, notre obligation de résultat
fait qu'on va être obligé de se mobiliser. On va mobiliser les
gens, on va prendre les moyens qu'il faut. Si on décide d'arrêter
ce sera vraiment... on se donnera les moyens, même si on a pas beaucoup
de moyens comme on a vu dans le passé mais... donc le contexte n'est pas
le même, on n'agit pas sur le même terrain. Nous quand on s'engage,
on s'engage avec eux quoi. C'est pas une association de 10
personnes qui se contentent de faire des analyses et qui
dénoncent. Le pouvoir médiatique, c'est important ! Il l'utilise
bien aujourd'hui EPLP, etc. Mais, j'ai envie de dire que dans le contexte qu'on
a vu dans le sud, c'était inexistant quoi. Il a fallu qu'on se batte
nous, c'est pour ça qu'on a été pris en compte, c'est pour
ça qu'on est considéré comme incontournable, c'est pour
ça qu'on a proposé que Rhéébù
nùù préside l'oeil du pays quoi, heu... l'oeil de
l'observatoire.
A 30 min 40 secondes
YM : Par rapport à tous ces
comités maintenant qui ont pour but d'ouvrir le débat au public,
qui ont pour but de rendre le projet plus transparent. Dans aucun des
comités, il me semble que les personnes du public peuvent venir et
intervenir, participer au débat. Il faut qu'ils passent par vous, par
des associations qui siègent.
RM : Oui, c'est vrai
YM : Et comment vous expliquez ce manque d'ouverture ? RM : C'est
vrai, c'est vrai
YM : Parce que voilà, moi dans le cadre de mes
études, je participe, heu... j'ai un exemple, voilà là
j'ai... ha je l'ai pas emmené avec moi. Mais y a un grand projet
d'aménagement du territoire à Montpellier. Il organise des
réunions de débat public et les gens viennent, participent. Ici
on parle de concertation, mais personnes peut venir.
RM : Ouais, en faites ici ce qui est un peu vicieux, c'est
que... ben vous posez la question à Vale Inco demain, les responsables.
Ils vont vous dire, ben on a fait tant de réunions en tribus.
YM : Ils me l'ont déjà dit.
RM : Ouais, tant de réunions en tribus, ça se
chiffre par dizaine, par centaine, on a distribué des dépliants,
etc... Donc eux, ils font une communication directe, ciblée. Ici, dans
la configuration dans laquelle on se trouve, c'est un peu le rôle des...
quand y a des menaces ou quand y a des... dans les procédures
d'autorisations, etc. est inclus l'enquête publique. Mais alors
l'enquête publique ne donne pas beaucoup de résultat.
L'enquête publique on l'a vu sur le projet, les gens ne se
déplacent pas du tout. Alors heu..., donc le problème ressenti,
le problème ressenti c'est... j'ai l'impression que quelque soit les
opérations de..., les réunions qui sont organisées, les
gens ne déplacent... sur les questions environnementales, les gens se
déplacent très peu. Ca on a vu dans tous les enquêtes
publiques. [...] Après au-delà de ça, c'est vrai qu'on
n'est pas allez. Par exemple, nous un moment on a envisagé de faire un
référendum. Un référendum au niveau de la commune
de Yaté sur le pour ou contre l'usine. Heu... ça c'est difficile
a mener et je ne sais pas si au niveau des textes, on nous autorise à
faire des référendums.
YM : C'est flou ?
RM : Ouais, c'est flou et alors nous le modèle qu'on a,
mais la communication... Enfin, ou on parle de communication menée
par les associations directement, c'est ce qu'on a évoqué tout
150
à l'heure. Nous on arrive parfaitement à
communiquer. On fait... y a un mode de communication qui existe au niveau des
tribus. Le dimanche quand on sort de la messe, c'est le système de
communication traditionnel. On dit heu... on passe les informations à la
population qui est là ou alors on fait des brochures, etc. Au niveau des
tribus kanaks, c'est comme ça que sa fonctionne. Ca fonctionne ou sa
fonctionne moins bien, des fois sa fonctionne plus du tout (rire). Mais
au-delà de ça non. Référendum, les consultations
sont organisées, publiques hein, dans les communes. Par exemple avec
Goro Nickel ça a beaucoup été développé
ça. Mais les gens viennent très peu, ils viennent très
peu. Alors, ya des forums. Nous ce qu'on va faire à travers le pacte,
[...] enfin y a trois structures de concertations qui sont prévues. Une
pour la commune du Mont-Dore, une pour la commune de l'Ile des Pins et une pour
la commune de Yaté. Ces trois structures de concertation, ça va
être un lieu privilégié pour les gens, pour s'exprimer
quoi. Surtout, le volet environnemental, social et culturel. Après,
c'est à l'initiative des gens qui sont responsables, qui structurent ces
choses là.
YM : Là y a eu les trois comités. Le premier, c'est
le CICS. Est-ce qu'il a eu des impacts concrets sur la conduite du projet ?
RM : Heu... On va dire oui. Oui dans la mesure où le
CICS a été consulté à chaque fois pour tout ce qui
est expertise. Alors, le CICS est consulté pour... Alors, c'est toujours
les mémes qui parlent là-dedans, mais ça n'inscrit pas le
fait que tout le monde soit associé et donc, à travers le CICS,
on s'est positionné sur un certain nombre de chose y compris enfin de
parcours sur l'arrêté ICPE. [...]
Bibliographie
Ouvrages
+ Habermas, droit et démocratie entre faits et normes,
(1992), Gallimard, Paris, 1997
Articles
+ Lavigne Delville Ph., 1998, « Environnement, dynamiques
sociales et interventions externes : construire et gérer l'interface
» in Rossi G., Lavigne Delville Ph. et Narbeburu D. dir.
Sociétés rurales et environnement,
GRET/REGARDS/KARTHALA, pp. 381-394
+ Aurélien Boutaud À
Terr(e)itoires, Février 2005, « Les Outils de
Questionnement et d'Analyse des politiques et projets en matière de
Développement Durable (OQADD), Bilan et analyse : quelques
éléments de synthèse à l'attention des praticiens
et des acteurs publics "
+ Levrel H., Les indicateurs de développement durable :
proposition de critères d'évaluation au regard d'une approche
évolutionniste de la décision, Revue Française de
Socio-économie 2008/2, N° 2, p. 199-222.
+ Habib A. et Baltz C., Quelle information pour piloter le
développement durable ?, Documentaliste-Sciences de l'information
2008/1, Volume 45, p. 4-13.
Documents divers
+ Rhône-Alpes énergie environnement, 2005, «
Bonne pratique à l'usage des collectivités locales : la
concertation, coeur du développement "
+ FORSYTHE Nathan D., Janvier 2007, École Nationale du
Génie Rural des Eaux et des Forêts (ENGREF), « Les processus
de gestion concertée des ressources en eau dans les bassins versant
urbanisés : Quels retours d'expérience à partir d'analyses
de cas en Amérique du sud et en Europe ? "
+ Benoît Frydman, « Habermas et la
société civile ", chapitre VI
Webographie
+ Commission Nationale du Débat Public [
www.debatpublic.fr]
+ Ministère de l'écologie, de l'énergie, du
développement durable et de l'aménagement du territoire [
http://www.environnement.gouv.fr/]
+ Les Nouvelles Calédoniennes [
www.lnc.nc]
+ La Province sud [
www.province-sud.nc]
152
+ Koniambo Nickel SAS [
www.koniambonickel.nc]
+ Site de diffusion du droit français [
http://www.legifrance.gouv.fr]
+ Documentation juridique en Nouvelle-Calédonie [
www.juridoc.gouv.nc]
153
Table des matières
Partie 1 : Elaboration du projet de recherche
|
6
|
I. Le choix du sujet et de la bibliographie
|
6
|
II. La formulation du problème
|
7
|
III. L'énonciation des hypothèses
|
8
|
IV. La construction du cadre opératoire
|
8
|
V. Le choix de la stratégie générale de
vérification
|
8
|
VI. Le choix des techniques de collecte de l'information
|
9
|
VII. Le choix de la technique d'analyse des données
|
10
|
VIII. Les limites du projet
|
10
|
Partie 2 : Genèse de projets non discutés
|
12
|
I. Concept de la concertation
|
12
|
A. Les concepts de « système » et de «
société civile »
|
12
|
B. Les postulats de la démocratie
délibérative
|
13
|
C. Les différents niveaux de participation
|
15
|
1. L'information et la sensibilisation
|
15
|
2. La consultation
|
16
|
3. La concertation
|
16
|
4. La codécision
|
16
|
II. Attribution du permis de recherche à Vale Inco
|
17
|
A. Le boom du nickel (1966-1971)
|
17
|
B. Historique des relations entre acteurs du projet
|
18
|
1. Désaccord au conseil des mines
|
18
|
2. Le rééquilibrage du pays remis en question
|
20
|
3. Revendications économiques
|
21
|
C. Analyse au vu des principes de participation
|
22
|
1. Comité consultatif des mines vs Conseil des mines
|
22
|
2. Rôle du comité consultatif des mines ?
|
23
|
|
3. Prise de décision
|
24
|
D. Conséquences directes
|
26
|
1. Manifestations
|
26
|
2. Création d'association
|
27
|
III. Projet d'inscription du Grand Lagon Sud(GLS)
calédonien
|
.28
|
A. Historique des relations entre acteurs du projet
|
28
|
1. Non respect de l'Accord de Nouméa
|
28
|
2. Société civile mondiale 29
B. Analyse au vu des principes participatifs 30
1. Le droit garant de la discussion 30
2. Intérêts particuliers 31
C. Conséquences directes 32
1. Manifestation locale 32
2. Solidarité mondiale 33
Partie 3 : Les principaux acteurs concernés dans
le processus de décision 35
I. Les priorités des acteurs du projet 35
A. Système économique : Vale Inco 35
1. Objectif économique 35
2. Objectifs sociaux 36
3. Objectif environnemental 36
B. Système politique 37
1. Objectifs économiques 37
2. Objectif social 38
3. Objectif environnemental 40
C. Société Civile 41
1. Signalement économiques 41
2. Signalement social 42
3. Signalement environnementaux 43
D. Analyse des priorités des acteurs du projet 45
II. La protection de l'environnement en Nouvelle-Calédonie
46
A. Le cadre réglementaire en Nouvelle-Calédonie
46
1. Les Conventions d'Apia (1976) et de Nouméa (1986)
47
2. Le protocole de Kyoto 47
3. La réglementation installations classées (ICPE)
et la réglementation SEVESO 48
4. Absence d'un code de l'environnement 49
B. Les critiques et revendications de la société
civile 50
1. Une démarche bâclée 51
2. L'autonomie des personnes chargées d'informer le
public ? 52
3. La construction du projet sans autorisation 53
4. L'obligation de publication 54
5. Manque d'information 54
Partie 4 : Le Comité d'Information, de
Concertation et de Surveillance 57
I. Le CICS 57
A. Présentation 57
B. Structure 57
C. Rôle et fonctionnement 58
D. Analyse comparative avec les CLIC 59
155
II. Analyse critique des trois premières réunions
59
A. Choix des indicateurs d'analyse de la concertation 59
1. Pose du cadre de l'analyse 60
2. Choix des indicateurs 60
3. Critique des indicateurs 62
B. Analyse critique 63
1. Première réunion 63
2. Deuxième réunion 64
3. Troisième réunion 65
4. Analyse globale 65
III. Conséquence de la concertation 67
A. Contre-expertises 67
B. Amélioration des relations 68
C. Ouverture plus large 69
D. Création de plusieurs outils de concertation 70
1. L'OEil 70
2. Le Comité Consultatif Coutumier Environnemental (CCCE)
70
Conclusion générale 73
Annexes 77
Annexe 1 : Analyse des réunions 78
Réunion 1
Tableau général 79
Analyse détaillé 83
Réunion 2
Tableau général 90
Analyse détaillé 95
Réunion 3
Tableau général 105
Analyse détaillé 109
Analyse globale 117
Annexe 2 : Les entretiens 124
Jean-François Gourmand, commissaire-enquêteur 125
François Leborgne, ingénieur chargé de la
cellule Vale Inco (Province sud) 131
Mr Sylvian Raffard-Artigue et Mr jean-Michel N'Guyen (Vale Inco)
134
Mr Mike Hoshen (Codefsud) 142
Mr Raphael Mapou (Rhéébù nùù)
145
Bibliographie 151
|