REPUBLIQUE DE CÔTE D'IVOIRE
Union - Discipline - Travail
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
UNITE DE FORMATION ET DE
RECHERCHE
DES SCIENCES ECONOMIQUES ET
DE GESTION
(UFR-SEG)
PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE INTERUNIVERSITAIRE EN
ECONOMIE
(P.T.C.I)
MEMOIRE de DEA-PTCI
Spécialité : Macroéconomie
Appliquée
Option : Economie Internationale
Libéralisation financière et
intermédiation bancaire :
Le cas de la Côte d'Ivoire
Présenté par DAGO Fidelia
Beugré
Sous la direction de Pr. Agrégé SEKA P.
Roche
( DECEMBRE 2005 )
Président du Jury : Pr. BAMBA N'galadjo,
Maître de conférence
Membre du Jury : Pr. SEKA Pierre Roche, Maître de
conférence agrégé
Dr. NIAMKEY Madeleine
SOMMAIRE
DEDICACE................................................................................................i
REMERCIMENTS.......................................................................................ii
LISTE DES SYGLES ET
ACRONYMES..........................................................iii
RESUME.................................................................................................
vi
INTRODUCTION.......................................................................................1
PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES ET
CADRE DE L'ETUDE..........8
CHAPITRE I : FONDEMENT DE LA THEORIE DE LA
LIBERALISATION
FINANCIERE ET DE L'INTERMEDIATION
BANCAIRE................9
I.1- Une approche de la théorie de la
libéralisation financière...........................9
I.2- Une approche de la théorie de
l'intermédiation bancaire...........................17
CHAPITRE II : CARACTERISTIQUES PROPRES A LA
CÔTE D'IVOIRE............23
II.1- Intérêt et cadre de
l'étude..............................................................23
II.2- Politique de mobilisation des dépôts et
de financement bancaire en
Côte
d'Ivoire..............................................................................27
DEUXIEME PARTIE : ASPECT
ANALYTIQUE ET EMPIRIQUE......................30
CHAPITRE III : ANALYSE DU
MODELE.........................................................31
III.1- Les variables, leurs définitions
opérationnelles et la spécification
du modèle
..............................................................................31
III.2- Présentation des tests
économétriques.............................................37
CHAPITRE IV : ANALYSES ET
INTERPRETATIONS DES RESULTATS...............41
IV.1- Interprétation des
résultats au niveau de la mobilisation des
dépôts
bancaires..............................................................................................41
IV.2- Interprétations des
résultats au niveau du financement bancaire...............46
CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS............................................52
REFERENCES
BIBLOGRAPPHIQUES.......................................................56
TABLE DES
MATIERES.........................................................................
63
ANNEXES
.............................................................................................66
DEDICACE
Je dédie ce
mémoire ;
A l'Eternel des armées, pour son soutien et sa
pleine grâce à mon égard ;
A ma mère, qui trop tôt quitta ce
monde ;
A la famille N'guetta pour tout l'amour et le soutien
reçus ;
A Christelle N'Guetta pour tout son Amour et sa
patience.
REMERCIEMENTS
Ce mémoire est le fruit de notre toute
première expérience en matière de recherche scientifique.
Nous voudrions, ici, exprimer notre sincère reconnaissance au Seigneur
Dieu de miséricorde et à tous ceux qui ont contribué, de
près ou de loin, à sa réalisation sans toute fois engager
leur responsabilité quant aux éventuelles erreurs qu'il
pourrait contenir.
Nous aimerions d'abord remercier le professeur SEKA Pierre
Roche , notre directeur de mémoire, qui en dépit d'un emploi du
temps particulièrement chargé, n'a ménagé aucun
effort pour nous suivre et nous faire des critiques très constructives
pour l'amélioration de la qualité scientifique de notre travail.
Notre reconnaissance s'adresse particulièrement au Professeur AKE G. M.
N'Gbo, Doyen de l'UFRSEG, pour sa rigueur légendaire et son amour pour
le travail bien fait. Que les Professeurs du tronc commun du PTCIE -Abidjan,
trouvent à travers ces mots, l'expression de toute notre gratitude. Nous
tenons également à remercier particulièrement le
Professeur MAMA Ouattara, Directeur du CIRES.
Ce travail n'aurait pu être effectué sans la
collaboration et le soutien de la BCEAO-ABIDJAN. Nous tenons donc à
remercier Mr Timité Kokou, chef du Service de la Recherche et de la
Statistique, Mr Dingui Charles, adjoint au chef de service et tous leurs
collaborateurs pour l'assistance qu'ils nous ont apporté lors de notre
stage à la BCEAO-Abidjan. Notre gratitude s'adresse également
à Mr N'guetta Frank, cadre à la SGBCI pour son soutien sans
faille.
Que nos parents reçoivent l'expression de notre
gratitude pour leur soutien moral, matériel et surtout pour leur
investissement sur notre personne et leur compréhension durant ces
années d'études. Nous adressons un Merci particulier à la
famille Eba, la famille Bangoura, la famille Kacou Nando.
Nous ne saurons terminer sans rendre hommage à la
10ème promotion du PTCI pour l'ambiance de solidarité
et l'esprit du travail bien accompli qui l'a caractérisée durant
ces dix-huit mois de formation. Que DIEU bénisse cette promotion et
qu'Il renforce les liens qui lient tous ses membres.
Liste des sigles et acronymes
ACP : Analyse en Composante Principale
ADF : Augmented Dickey Fuller
AEN : Avoir Extérieur Net
AR : Auto Régressif
BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
BICICI : Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie de
Côte d'Ivoire
BM : Banque Mondiale
BNI : Banque Nationale d'Investissement
CAA : Caisse Autonome d'Amortissement
CFA : Communauté Financière d'Afrique
COOPEC : Coopérative d'Epargne et de Crédit
CREP : Coopérative Régionale
d'Epargne
CRI : Créance Irrécouvrable
DBP : Dépôt Bancaire sur Pib
FBP : Financement Bancaire sur Pib
FMI : Fond Monétaire International
IPF : Indicateur de Politique Financière
INS : Institut National des Statistiques
INSTA : Indicateur de risque d'Instabilité
sociopolitique
MCO : Moindre carré Ordinaire
OHADA : Organisation de l'Harmonisation en Afrique du
Droit des Affaires
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PIB : Produit Intérieur Brut
PASFIN : Programme d'Ajustement Structurel du Secteur
Financier
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PRH : Pib Réel par Habitant
PVD : Pays en Voie de Développement
SGBCI : Société Générale des
Banques en Côte d'Ivoire
TCRE : Taux Créditeur Réel
TDRE : Taux Débiteur Réel
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
Tableau I : Les composantes des différentes
mesures de la marge
d'intermédiation
des banques et établissements financiers (1990-1999)
Tableau II : Marges d'intermédiation bancaire dans
l'UEMOA, de 1990- 1999
Tableau III : Résultats des tests ADF
Tableau IV : Résultats du test de Johansen
Tableau V : résultat de l'estimation
Tableau VI : Résultats des tests ADF
Tableau VII : Résultats du test de Johansen
Tableau VIII : résultat de l'estimation
Graphique I : l'évolution de l'indice de politique
financière
Graphique II : l'évolution de l'indice de la
dégradation du portefeuille des banques
I. RESUME
Bien vrais que de nombreuses études
ont montrées l'importance du secteur financier dans le processus de
développement d'une économie, l'effet de la libéralisation
financière sur l'intermédiation bancaire reste encore
théoriquement ambigu, non seulement parce que la relation entre taux
d'intérêt et intermédiation bancaire est elle-même
complexe, mais aussi à cause de l'aspect multidimensionnel du processus
de libéralisation financière.
Cette étude se propose de mettre en
évidence à partir des données ivoiriennes, l'impact
indirect (capturé à travers le taux d'intérêt)
et direct (mesuré à travers un indicateur de politique
financière construit à partir de la méthode de l'Analyse
en Composante Principale) de la libéralisation financière sur
l`intermédiation bancaire. L'intérêt particulier de cette
étude est qu'en plus de la prise en compte de l'effet direct et indirect
de la libéralisation financière, nous considérons la
capacité et la fiabilité du système d'information des
banques dans un environnement financier libéralisé à
travers l'impact de la dégradation du portefeuille des banques sur le
financement bancaire. En outre, un indicateur d'instabilité
sociopolitique fut construit pour prendre en compte son effet sur le
système bancaire ivoirien, qui depuis quelques années fait face
à une crise sociopolitique.
Les résultats obtenus à partir
d'estimations effectuées par la méthode des Moindres
Carrés Ordinaires, indiquent l'existence d'un impact indirect
négatif de la libéralisation financière sur la
mobilisation des dépôts bancaires et un impact indirect positif
sur le financement bancaire. Quant à l'impact direct de la
libéralisation financière, il est positif sur la mobilisation des
dépôts bancaires, mais négatif sur le financement bancaire
à l'économie. Par ailleurs, les résultats permettent de
montrer que la faiblesse et l'incapacité du système d'information
des banques est l'un des obstacles à la réussite de la politique
de libéralisation financière en Côte d'Ivoire. De plus, la
crise sociopolitique a rendu davantage le système bancaire
méfiant au financement de l'économie.
Ce qui laisse penser qu'après quinze
années, depuis son amorcement, le processus de libéralisation
financière semble ne pas encore avoir atteint les objectifs
escomptés pour le développement et l'approfondissement financier
du système bancaire ivoirien et que la faiblesse du système
d'information des banques, ait contribué à cela. Dès lors,
le processus de libéralisation financière devrait s'accompagner
nécessairement de reformes juridiques, institutionnelles et
structurelles profondes afin d'améliorer la capacité des banques
à capter l'information nécessaire et juste dans l'exercice de
leurs activité de financement de l'économie. Ce qui d'ailleurs,
inciterait le système bancaire ivoirien à s'engager
réellement dans le processus de libéralisation du secteur
financier
II. INTRODUCTION
Au cours de ces trente dernières années, la
littérature sur le financement du développement a beaucoup
évolué. Suite à la baisse de l'aide au
développement et à la crise de l'endettement extérieure,
l'attention a été portée sur les conditions
nécessaires pour que les systèmes financiers bancaires nationaux
des PVD puissent mobiliser suffisamment des ressources et soutenir la
croissance.
En effet dans les PVD, les gouvernements ont utilisés
les systèmes financiers bancaires nationaux comme un instrument de
politique de financement en intervenant dans les différentes phases de
l'intermédiation financière. L'orientation de la politique
financière interventionniste s'inscrit dans la conception selon laquelle
dans les PVD, la croissance économique est contrainte par la
rareté des ressources financières. L'Etat doit intervenir pour
assurer le financement des secteurs porteurs de croissance. Cette conception a
été abandonnée car il s'agirait moins de la rareté
que d'une mobilisation insuffisante des ressources financières (Fry,
1995). C'est ainsi que les recherches se sont davantage
intéressées aux conditions d'intermédiations bancaires
dans les PVD.
C'est ainsi que l'on a assisté à la naissance de
« l'école de la libéralisation
financières », qui recouvre à l'origine les travaux de
R.I Mc Kinnon (1973) et E. Shaw (1973). Dans cette analyse, la
libéralisation financière doit se substituer à la
répression financière mise en place par de trop nombreux pays en
développement, notamment la Côte d'Ivoire. Les deux auteurs sont
en effet persuadés que de nombreux Etats en voie de développement
font peser des contraintes tellement fortes sur la sphère
financière que celle-ci est incapable de se développer.
Ces politiques de contrôle monétaire sont contre
productives puisqu'elles affaiblissent la croissance. Ceci justifie alors la
levée de la répression financière (Mc Kinnon, 1973).
En effet, depuis la fin des années 70, la Côte
d'Ivoire est confrontée à de graves difficultés
économiques, celles-ci ont pour nom, chômage, inflation,
déficit commercial, déficit budgétaire, crise
financière, résultantes d'une contraction des activités
bancaires et d'un manque de compétitivité des entreprises
ivoiriennes. Il faut rappeler qu'à ces difficultés
économiques, il s'est ajouté de façon plus intense des
difficultés socio-politiques, entraînant une instabilité
politique qui a fortement perturbé l'activité bancaire, et qui
d'ailleurs s'est soldée par une partition du territoire national en
Septembre 2002 (rapport annuel de la zone franc, 2003). Il faut souligner
que cette crise d'instabilité sociopolitique a entraîné la
perte de nombreux emplois, a ralenti la croissance économique et
affectée significativement le système bancaire ivoirien (rapport
annuel de la zone franc, 2003). Les causes de la contre-performance de
l'économie ivoirienne sont multiples. Nous retenons ici quelques unes.
Elles sont d'origine macroéconomique, institutionnelle et principalement
sectorielle.
Les causes macroéconomiques se résument
essentiellement par le recours aux politiques keynésiennes
expansionnistes pour maintenir la croissance à la fin des années
70 et au début des années 80, le recours à l'endettement
extérieur pour financer des déficits provoqués par ces
politiques expansionnistes. L'inflation qui en ait résultée, a
surévalué la monnaie nationale et a rendu moins
compétitive les entreprises ivoiriennes.
Au plan institutionnel, les causes se caractérisent par
une détérioration de l'environnement gestionnel. Elles se
résument par des erreurs techniques de gestion, une forte corruption et
également la présence de fraude massive dans la gestion des fonds
publics.
A ces deux causes, s'ajoutent des problèmes sectoriels
qui se caractérisent principalement par la répression du
système financier. Répression caractérisée par le
maintien des taux d'intérêt et de change à un niveau
inférieur au taux d'inflation. Cet état de fait a eu pour
conséquence la baisse de la valeur réelle des actifs financiers,
une désintermédiation financière, la faiblesse des marges
bancaires ...etc.
Pour résoudre le problème de la crise
financière, les autorités ivoiriennes ont mis en place, avec
l'aide des institutions de Brettons Woods (BM, FMI) des programmes d'ajustement
structurel (PAS) à partir des années 80. Ces programmes visent
à assainir le secteur réel de l'économie et
également le secteur financier (PASFIN). Sous la conduite de la Banque
Mondiale, du Fond Monétaire et de L'UEMOA, les autorités
ivoiriennes ont opté pour une politique de libéralisation
financière (au sens de Mc Kinnon et Shaw) à la fin des
années 80. En effet, cette théorie propose que la politique
monétaire basée sur des instruments de contrôle indirect
améliore les rémunérations sur les dépôts. Ce
qui a pour effet d'accroître l'épargne, devenue plus attrayante
pour les agents économiques dans la gestion de leur portefeuille. Cet
accroissement de l'épargne augmente les ressources des banques, leur
permettant ainsi de financer l'économie.
En Côte d'Ivoire, la libéralisation
financière a été amorcée en 1989 avec la nouvelle
politique de la monnaie et du crédit de la BCEAO, et affirmée
avec les reformes de 1993.
La politique de libéralisation financière se
justifie pour plusieurs raisons :
D'une part, les banques détiennent une part importante
de la masse monétaire. Elles créent de la monnaie et constituent
le principal instrument d'application de la politique
monétaire ;
D'autre part, elles administrent le système de
paiement et elles réalisent l'intermédiation entre épargne
et investissement. Autrement dit, elles collectent l'épargne et assurent
sa transformation en prêts, nécessaires au financement de
l'activité économique.
Cette politique est de nature à permettre au
système bancaire ivoirien d'évoluer dans un environnement
concurrentiel et de tarifer librement ses services d'intermédiation dans
la perspective de dégager des marges suffisantes pour remplir ses
fonctions d'intermédiaire financier.
Par ailleurs, comme l'ont indiqué Stiglitz et Weiss
(1981), la politique de libéralisation à la Mc Kinnon et Shaw
(1973), augmentant les taux d'intérêt, provoquera un effet de
sélection adverse, c'est-à-dire l'éviction du
marché du crédit des emprunteurs les moins risqués (ou ce
qui ont une forte probabilité de remboursement). La hausse du taux
d'intérêt accroît le rendement espéré mais
aussi le réduira à cause de l'accroissement de l'incertitude. En
définitive, du fait de cette sélection adverse, seules les
créances potentiellement douteuses sont retenues, les meilleurs clients
préfèrent s'abstenir si le complément d'information qu'ils
offrent ne fait pas baisser la surprime de risque (Nagel O, 1997).
En outre, Pindick et Rubinfeld (1994), Fry (1995), en plus
du problème de la sélection adverse, mettent en évidence
lorsque les crédits sont débloqués, celui de l'aléa
moral. Le degré d'aléa moral, qui exprime d'une certaine
manière le risque de non remboursement du fait du débiteur
négligent ou malveillant, influence directement le niveau des
créances non performantes des établissements bancaires.
L'aléa moral justifierait donc l'importance des garanties exigées
par les banques et incite l'emprunteur à participer aux outils de
réduction du risque de non remboursement que la banque aurait dû
assumer seule. Cependant, du fait des insuffisances des garanties
constituées, le système bancaire ivoirien semble assez
exposé aux conséquences de l'alea moral dont la résultante
serait la dégradation du portefeuille des banques (NIS, BCEAO). Ainsi,
dès lors que l'on tient compte des contraintes internes et externes
susceptibles d'influencer la coordination des objectifs, quelques fois
divergents, entre emprunteurs et prêteurs, le contrat de dette standard
cesse de devenir optimal. L'appréciation de la fiabilité du
système d'information à travers l'évolution des
créances irrécouvrables est donc un élément
important pour la réussite de la politique de libéralisation
financière. En effet un système d'information inefficient est
l'une des principales sources d'erreurs en matière d'appréciation
du risque. La capacité des banques à générer
à moindre coût, toutes informations utiles sur leurs clients, leur
permet d'en assurer un suivi régulier. Un tel système pourrait
permettre des simulations sur le sort probable d'un projet soumis au
financement et réduire ainsi la probabilité du risque de
défaut. En Côte d'Ivoire, la fiabilité du système
d'information est assez douteuse. Il s'est distingué par une
accumulation des créances irrécouvrables dans les années
1980- 1990 (Caprio et klingebiel ,1996) et une légère
amélioration de ces créances dans les années 1996-2002
(NIS, BCEAO).
Mais au-delà de la controverse théorique
(l'approche néostructuraliste), et compte tenu du caractère
« opérationnel » de la libéralisation
financière, il convient de déterminer si, oui ou non, cette
politique financière a permis d'accélérer le
développement et l'approfondissement du système bancaire de
l'économie ivoirienne. Autrement dit la libéralisation
financière a-t-elle un impact sur l'intermédiation bancaire en
Côte d'Ivoire ? Quelle est l'ampleur de l'influence de la
libéralisation des taux d'intérêt sur la mobilisation des
dépôts bancaires ? Le processus de libéralisation
financière a-t-il un impact sur le volume du financement bancaire
à l'économie ivoirienne ? Le système d'information
des intermédiaires bancaires ivoiriens contribue t'il à
l'efficacité de la politique de libéralisation
financière ?
Comme nous le signalions plus haut, les recommandations de Mc
Kinnon et Shaw ont très rapidement reçu un écho favorable.
Beaucoup y ont vu une manière simple et efficace de sortir un certain
nombre d'économie, notamment celle de la Côte d'Ivoire, du sous
développement. De nombreuses études économétriques
ont essayé de vérifier empiriquement les impacts de la
libéralisation financière sur l'intermédiation bancaire
(Thornthon 1991 ; Fry, 1995 ; Demetriades et Luintel, 1997). Ces
études, en général, ont mis l'accent sur le sens de la
corrélation entre taux d'intérêt et le niveau de
développement financier (Impact indirect). S'appuyant sur ces
études, nous essayerons sur la base des travaux de Courakis (1984),
Stiglitz (1994), Demertriades et luintel (1996), Bandiera et alii (2000), Ary
tanimoune (2001) et de Mouldi et Mourad (2004), de mettre en évidence
l'impact direct de la libéralisation financière sur
l'intermédiation bancaire capturer à partir d'un indicateur
d'orientation de la politique financière. L'intérêt de
prendre en compte l'impact indirect et direct tient au fait
que dans plusieurs évaluations empiriques les résultats demeurent
assez ambigus. En outre, en établissant que les mesures de politiques
financières et leurs conséquences, notamment la hausse des taux
d'intérêt et la dégradation du porte feuille des banques,
les développements de la théorie de l'intermédiation
bancaire sont donc susceptibles d'affecter la nature et les formes des contrats
financiers, offrant ainsi une voie de recherche sur l'efficacité de la
politique de libéralisation financière en prenant en compte la
fiabilité des systèmes d'information bancaire. Dès lors,
l'analyse du cas ivoirien nous conduit à la poursuite d'un objectif
principal et de trois objectifs spécifiques.
Objectifs de recherche
Objectif principal : le but de
l'étude est de proposer ici une analyse empirique de l'impact de la
libéralisation financière sur l'intermédiation bancaire en
Côte d'Ivoire. Ceci fait appel à trois objectifs
spécifiques.
Objectifs spécifiques :
- D'une part, montrer l'impact indirect (à
travers les taux d'intérêt) de la libéralisation
financière sur l'intermédiation bancaire ;
- D'autre part, montrer l'impact direct de la
libéralisation financière (à travers un indicateur de
politique financière) sur l'intermédiation bancaire ;
- Et enfin, montrer que le système d'information des
intermédiaires bancaires (à travers un indicateur de la
dégradation du portefeuille des banques) a contribué à
l'inefficacité de la politique de libéralisation
financière sur l'intermédiation bancaire.
Hypothèses de recherche
Les objectifs ci-dessus
énumérés reposent sur les hypothèses de recherche
suivantes :
- Les dépôts bancaires (épargne)
augmentent au fur et à mesure que le taux d'intérêt
créditeur s'élève ;
- Le financement bancaire augmente avec la diminution de
l'indicateur de politique financière ;
- Le financement bancaire évolue positivement avec
l'indicateur de dégradation du portefeuille des banques.
Méthodologie de
l'étude
Pour tester nos différentes hypothèses, nous
analysons d'abord nos variables en effectuant des tests de
multicolinéarité, de stationnarité et de
cointégration, puis nous estimons nos relations par la méthode
appropriée, en fin, nous validons nos résultats
économétriques par d'autres tests disponibles à cet effet.
Plan de l'étude
Le mémoire est organisé de la façon
suivante :
- La première partie, composée du chapitre I et
du chapitre II, sera consacrée aux aspects théoriques des
relations qui existent entre la libéralisation financière et
l'intermédiation bancaire d'une part et la présentation des
caractéristiques propres au système bancaire de la Côte
d'Ivoire d'autre part.
- La deuxième partie, composée du chapitre III
et du chapitre IV, sera respectivement celui de la présentation du
modèle et de l'interprétation des résultats.
PREMIERE PARTIE
Cette partie consistera essentiellement à analyser les
différentes approches de la théorie de la libéralisation
financière et de l'intermédiation bancaire, d'une part, et la
mise en évidence des caractéristiques propres au système
bancaire ivoirien, d'autre part.
CHAPITRE I : FONDEMENT DE LA THEORIE DE LA
LIBERALISATION FINANCIERE ET DE L'INTERMEDIATION BANCAIRE
Ce chapitre présente essentiellement une approche de la
théorie de la libéralisation financière d'une part, et
d'autre part celle de l'intermédiation bancaire.
I-1- Une approche de la théorie de la
libéralisation financière
Cette section nous conduit à analyser la
théorie de la libéralisation financière d'une part et
d'autre, part expliquer la construction de l'indicateur de politique
financière.
I-1-1- Une analyse de la théorie de la
libéralisation financière
I-1-1-1- L'approche de Mc Kinnon et E. Shaw, et quelques
travaux de leurs
Successeurs
I-1-1-1-1- L'approche de Mc Kinnon et E. Shaw
Du point de vue théorique, le concept de
libéralisation financière apparaît au début des
années 70 dans les écrits de R.I Mc Kinnon (1973) et E .Shaw
(1973). Ces deux auteurs présentent la libéralisation du secteur
financier comme un moyen efficace et simple pour accélérer la
croissance économique des pays en voie de développement. Cette
théorie trouve rapidement un écho favorable, tant auprès
des grands organismes internationaux (FMI, Banque Mondiale) qu'auprès de
certains pays en voie de développement. Elle séduit par la
simplicité de sa mise en oeuvre. Pour ces deux auteurs, les pays en voie
de développement souffrent moins d'un manque de ressources
financière que d'une intermédiation, essentiellement bancaire,
devenue inefficace du fait des distorsions liées à
l'administration des taux d'intérêts. Le développement de
leurs travaux a donné lieu au paradigme de la répression
financière (Galbis, 1977, Mathieson, 1980, Fry, 1995). La principale
proposition de politique économique est la libéralisation des
conditions financières des banques, le taux d'intérêt
étant la principale variable de contrôle. En l'occurrence, il
devrait s'en suivre une hausse des taux d'intérêt qui permettent
aux banques d'être plus performantes dans la mobilisation de
l'épargne et le financement de l'économie.
Situant l'économie des PVD dans un cadre
d'économie fragmentée, où compte tenu du manque de
marchés financiers organisés, Mc Kinnon affirme que toutes les
unités économiques sont réduites à
l'autofinancement, sans qu'il y'ait besoin de faire une distinction entre les
épargnants (ménages) et les investisseurs (entreprises). Ces
entreprises-menages ne prêtent pas ou ne s'empruntent pas les unes aux
autres. Dès lors, l'investissement supposé indivisible, est donc
autofinancé et nécessite une accumulation préalable.
Celle-ci peut prendre deux formes distinctes : une épargne sous
forme d'actifs réels improductifs ou une épargne sous forme
d'encaisses monétaires réelles (dépôt bancaire).
Cette épargne financière, sous forme de dépôt
bancaire, est supposée être une fonction croissante de sa
rémunération réelle (taux d'intérêt
créditeur). Plus cette rémunération est
élevée plus le désir ou l'incitation à
épargner est grande. Cela montre bien que, les encaisses réelles
jouent un rôle très important dans la conduite de la formation du
capital. Ici la monnaie et le capital ne seraient pas substituables mais
seraient plutôt complémentaires. L'apport fondamental de Mc Kinnon
se situe donc dans la reformulation de la demande de monnaie. Il existerait
donc une corrélation positive entre la quantité de monnaie
demandée et le taux d'intérêt. En fait, il décrit la
situation d'une économie peu monétarisée. Accroître
le taux d'intérêt réel permet d'enclencher un processus de
monétarisation de l'économie via la création d'un
marché de l'épargne.
Pour E. Shaw, la hausse du taux servi sur les
dépôts, en encourageant la demande de dépôts des
agents, accroît la capacité de crédit du secteur bancaire.
Cela stimule l'investissement qui est financé de façon
externe.
I-1-1-1-2- Quelques travaux des successeurs de Mc Kinnon et
Shaw
Kapur (1976), en intégrant un modèle dynamique,
affirme que la réduction du rythme de croissance de la masse
monétaire (politique monétaire restrictive) n'est pas la solution
appropriée. Il conclut qu'il est préférable
d'accroître le taux nominal servi sur les dépôts car cela
permettra d'atteindre simultanément deux objectifs : La
réduction de l'inflation et la stimulation directe de
l'épargne.
Quant à Galbis (1977), il construit un modèle
à deux secteurs : un secteur traditionnel dans lequel le rendement
du capital est faible et constant, et un secteur moderne dans lequel le
rendement du capital est aussi constant mais élevé.
Dans son modèle, la libéralisation
financière par la hausse des taux servis sur les dépôts
bancaires, conduit à un accroissement de la productivité moyenne
de l'investissement dans la mesure où elle permet un déplacement
de l'épargne du secteur traditionnel vers le secteur moderne.
Mathieson (1979) prend en compte l'extérieur. Dans son
modèle de libéralisation financière en économie
ouverte, il analyse principalement les variations possibles du taux de change.
En effet, l'augmentation des taux d'intérêt réels
consécutive à la levée de la répression
financière peut susciter de très importantes entrées de
capitaux. Ce qui provoquera une pression sur le taux de change. Mathieson
propose donc une dévaluation progressive pour réajuster le taux
de change.
I-1-1-2- Remise en cause de la politique de
libéralisation financière et
quelques évaluations empiriques des
politiques de libéralisation
financière
I-1- 1-2- 1 - Remise en
cause de la politique de libéralisation financière
Toutes fois, les arguments de ce paradigme dominant ont
été largement remis en cause et les résultats obtenus
décevants. Pour les néo-structuralistes (Van Wijnbergen, 1983),
cela tient au fait que le paradigme de la répression financière
ne prend pas en compte la segmentation des systèmes financiers dans les
pays en développement et en particulier les interactions entre les
différents secteurs financiers (Eboué, 1990). Par ailleurs, de
nombreux auteurs s'appuyant sur l'existence des asymétries
d'informations et le coût de l'information financière (en
particulier dans les PVD), montrent que les déséquilibres du
marché peuvent être indépendants de la
rémunération des services bancaires (Owoundi, 1992 ;
Stiglizt, 1994). Le point commun de ces thèses alternatives est la
nécessité de prendre en compte les caractéristiques de
chaque économie et en particulier la structure des systèmes
financiers dans la formulation des politiques de financement. Hellman et al
(1997) montrent que l'administration des taux pouvant se justifier sous
certaines conditions, il convient de mettre en oeuvre des mesures de politique
financière contrainte. En l'occurrence, il s'agit des mesures de
politique financière administrées qui permettent de créer
une rente d'intermédiation dont les institutions bancaires seraient les
bénéficiaires contrairement à la théorie de la
répression financière pour laquelle la rente est
récupérée par les Etats.
Il est extrêmement important de souligner que pour Fry
(1988), les modèles structuralistes reposent sur cinq assertions
radicalement différentes de celles de Mc Kinnon :
§ Les salaires sont déterminés de
manière exogène (ou institutionnelle) au travers de conflits
entre les classes ;
§ L'inflation est déterminée par le poids
relatif des capitalistes et des travailleurs (qui sont eux-mêmes
influencés par l'état de l'économie) ;
§ L'épargne se détermine comme une
fraction des profits et non des salaires ;
§ Le niveau général des prix est
déterminé par des marges fixes sur les coûts du travail,
les importations et le financement du capital productif (taux
d'intérêt) ;
§ Les pays en voie de développement
dépendent de façon critique de leurs importations de
matières premières, de biens d'équipement et de biens
intermédiaires.
§ Les mécanismes d'ajustement des modèles
néo-structuralistes sont keynésiens : le taux
d'intérêt de marché du secteur informel s'ajuste de telle
manière que l'offre et la demande de monnaie, et de crédit
s'égalisent. Sur le marché des biens, l'ajustement entre l'offre
et la demande se fait par les quantités et non par les prix.
Par ailleurs, l'inflation y est déterminée par
les coûts. Ainsi, appliquer la logique des
modèles « Mc Kinnoniens » ne pourrait que
détériorer la situation économique du pays. En effet,
augmenter les taux d'intérêt nominaux (suite à une
politique monétaire restrictive) ne peut qu'accroître l'inflation.
De même, pratiquer une dévaluation (comme le prône
Mathieson) ne ferait que renchérir le coût des importations et
donc ralentir la croissance. Pour les neo-structuralistes, la
libéralisation financière ne conduirait donc qu'à la
stagflation.
I.-1-1-2-2- Quelques évaluations empiriques
de la politique de
libéralisation
financière
Il faut tout d'abord rappeler brièvement que sur le
plan théorique, l'effet de la libéralisation financière
sur l'épargne reste plus ou moins ambigu à cause de l'aspect
multidimensionnel du processus de reforme. Certains aspects comme la
libéralisation du taux d'intérêt et l'offre de nouveaux
produits financiers agissent positivement sur l'épargne. D'autres
dimensions comme l'allégement des contraintes de liquidité et la
levée de l'encadrement des crédits sont susceptibles de
réduire l'incitation à épargner. L'impact sur
l'épargne dépend donc de l'effet de ces différentes
dimensions de la libéralisation financière.
Les évaluations empiriques des impacts de la
libéralisation financière sur le développement financier
sont pour le moins diverses. Dans une étude portant sur sept pays
asiatiques, Fry (1978) établit une corrélation positive et
significative entre l'épargne nationale et le taux
d'intérêt réel. Cependant, en reformulant les estimations
de Fry (1978), Giovannini (1983) aboutit à des résultats
différents. La conformité de la relation entre les
différentes mesures de l'épargne et le taux
d'intérêt créditeur réel (i.e. positive pour
l'épargne financière et négative pour l'épargne
physique) n'a été établie que dans moins de la
moitié des douze pays asiatiques é étudiés par
Gupta (1984). Diery et Yasim (1993) trouvent que le taux d'intérêt
créditeur réel agit positivement et de façon significative
dans la constitution de l'épargne dans neuf pays d'afrique. Dans une
étude, Bandiera et al (2000) analysent la fonction d'épargne
privée dans un échantillon de huit pays en développement.
Dans six pays, les régressions entre l'épargne privée et
le taux d'intérêt créditeur réel conduisent à
une corrélation négative.
En outre pour Bandiera et al (2000), l'effet à long
terme de la libéralisation financière sur l'épargne peut
être observé lorsque les réformes viennent d'être
mises en place (effet à court terme). Une évaluation de l'impact
des différentes réformes financières sur l'épargne
nécessite une analyse des différents canaux de transmission de la
libéralisation financière et la séparation entre les
effets de court terme et de long terme véhiculés par le processus
de transmission.
La littérature tant théorique qu'empirique
distingue plusieurs canaux de transmission de la politique de la
libéralisation financière : le taux d'intérêt,
les crédits, les produits financiers, les institutions de collecte de
l'épargne. Ils auront à court terme un effet négatif sur
l'épargne et un effet positif à long terme. L'effet à
court terme provient essentiellement d'une variation des taux
d'intérêt et des quantités de crédits
disponibles.
En effet si les consommateurs déterminent leur niveau
de consommation selon leur cycle de vie, un accroissement de l'offre de
crédit par les banques les amène à réviser leur
niveau d'épargne de précaution. Plus précisément,
les ménages qui ne sont plus contraints financièrement vont
consommer plus par rapport à la période de leur vie ou ils
étaient rationnés de crédit. Dans ce cas l'épargne
pourra chuter pendant les premières années de la
libéralisation financière laissant la place à un boom de
la consommation (effet direct de la libéralisation) (Muellbauer,
1994).
A long terme, la libéralisation financière aura
permis un développement financier qui influencera positivement la
croissance de la production et du revenu, et donc de l'épargne
(S) (effet indirect de la libéralisation).
Effet à court terme : allégement de la
condition de liquidité, baisse de S
Libéralisation financière
Effet à long
terme : développement financier croissance éco hausse de
S
Un autre point important qui mérite d'être pris
en considération concerne l'omission d'autres actifs d'épargne.
Le taux d'intérêt concerne ici l'épargne financière
et notamment les dépôts bancaires. Or l'épargne des
ménages peut être détenue sous formes d'actifs corporels ou
physiques (logement, terrains), actifs boursiers comme les actions et les
obligations, libellées en monnaie locale ou en devises. Honohan (1999)
insiste sur le fait qu'il faut tenir compte non pas uniquement du taux
d'intérêt sur les actifs financiers mais aussi du taux de
rentabilité de l'achat de logement ou d'un terrain, du taux de
rentabilité des obligations et des actions et du taux de change. Le
choix du seul taux d'intérêt ne donne pas une vision claire des
effets de la libéralisation financière sur l'épargne. Il
est valable uniquement dans le cas d'une seule forme d'épargne à
savoir les dépôts bancaires.
La libéralisation financière est censée
favoriser, à travers la hausse du taux d'intérêt
créditeur réel, l'accroissement des investissements et
l'augmentation des ressources investies en capital productif. Dans la plupart
des analyses économétriques traitant de ce sujet, il s'agit
d'identifier, la relation entre taux d'intérêt créditeur
réel et le volume du crédit intérieur disponible et/ou de
déterminer s'il y'a une corrélation positive entre les
crédits disponibles et le niveau d'investissement (relation de
complémentarité de Mc Kinnon).
Fry (1981) trouve des résultats significatifs et
conformes à la relation positive entre le taux d'intérêt
réel et le volume de crédits intérieurs sur un
échantillon de douze pays asiatiques. Par contre, Green et Villanueva
(1991) trouvent que la hausse des taux d'intérêt réduit les
investissements dans 33 pays en développement. Demetriades et Devereux
(1992) aboutissent à une conclusion similaire sur un échantillon
de 64 pays en développement. La Banque Mondiale (1989), après
avoir classé en quatre groupes un échantillon de 34 pays en
développement en fonction de leur taux de croissance, montre dans une
analyse comparative que plus le taux d'intérêt réel
créditeur moyen est élevé, plus l'efficacité des
investissements (la variation de l'inverse du taux d'investissement) est
importante.
I-1-2- Analyse de l'indicateur de politique
financière
Mesurer le développement du secteur financier ou le
processus de la libéralisation financière est une
procédure très compliquée parce qu'il n'y a pas une
définition précise et concrète de ces notions. Comme il a
été mentionné par Bandiera et al (2000), un meilleur
indicateur de la libéralisation financière est celui qui
intègre les aspects réglementaires et institutionnels du
processus, ce qui leur parait une tâche difficile à mettre en
place.
Cependant des références à l'impact
direct de la politique financière sur le développement financier
des PVD sont présentées à travers la littérature
empirique depuis quelques années. En effet, défini comme un
indice qui permet de quantifier le niveau de répression
financière ou de libéralisation financière, l'indicateur
de politique financière est utilisé dans de nombreuses
études.
Afin de capturer l'impact direct de la libéralisation
financière, Demetriades et Luintel (1997) construisent, à l'aide
des composantes principales, un indice synthétique de politique
financière (IPF) dans le cas de l'Inde. Lorsqu'ils régressent cet
indice sur le ratio dépôts bancaires sur PIB, le coefficient est
négatif et significatif. Par contre, appliquant la même
méthode à la Corée du Sud, Arestis et Demetriades (1997)
établissent une relation positive et significative entre les deux
variables. Dans le même esprit, Chai et Laurenceson (1998) trouvent que
le coefficient d'un indice similaire n'est pas statistiquement significatif
dans le cas de la Chine.
En effet, pour le cas de la Côte d'Ivoire, il s'agit
ici pour nous de codifier les différentes mesures
considérées comme étant représentatives d'une
politique financière, puis de présenter la méthode de
calcul de l'indicateur de politique financière.
II-1-2-1-La codification des mesures de politiques
financières (voir annexe 2)
La codification des mesures de politiques financières
consiste d'une part à identifier les mesures qualitatives et d'autre
part, à les quantifier.
Il faut rappeler que la Côte d'Ivoire, en tant que
membre de l'UEMOA, applique les différentes mesures de politiques
financières mise en place par les autorités de l'union.
Dès lors onze mesures ont été considérées
comme étant des mesures de répression financières (Ary
tanimoune, 2001) selon la terminologie de Fry (1995). Elles sont donc
susceptibles d'agir à travers l'indice de politique financière.
Il s'agit donc du taux d'usure, de la rémunération maximale et
minimale des crédits bancaires, de la rémunération fixe et
minimale des dépôts bancaires à terme supérieur
à un an, du plafond sur le refinancement des crédits de campagne,
du programme de crédit, du taux d'escompte préférentiel,
de l'encadrement du crédit, des réserves obligatoires, de
l'organisation du marché monétaire. Compte tenu de la politique
financière commune des pays de l'UEMOA, il serait donc
intéressant de rendre particulier l'indicateur de politique
financière de la Côte d'Ivoire en intégrant dans la matrice
des variables initiales (voir annexe2) deux variables
macroéconomiques : le ratio de liquidité et le ratio des avoirs extérieurs nets.
Le ratio de liquidité permet de rendre compte de
l'efficacité relative du système de paiement (King et Levine,
1993). Quant au ratio des avoirs extérieurs nets, il a été
inclut pour tenir compte de la couverture appropriée de
l'émission monétaire par les réserves de change dans le
cadre du compte d'opération. On a donc au total 13 variables (11 mesures
de politiques financières et 2 variables macroéconomiques).
Selon la méthode de codification binaire, les onze
mesures qualitatives ont été transformées en variables
quantitatives. Dès lors, pour chaque mesure de politique
financière, on affecte la valeur 1 lorsque l'administration par les
autorités monétaires de la variable est effective, et 0 lorsque
la mesure est libéralisée (voir annexe 2). Par exemple,
concernant les taux d'intérêt créditeur, on attribue la
valeur 1 à la période durant laquelle il y'a eu des taux
planchers et 0 lorsque la rémunération de l'épargne n'est
plus soumise à la mesure.
I-I-2-2-La méthode de construction de l'indicateur
d'orientation de politique financière.
Calculée à l'aide de l'analyse en composante
principale (ACP), l'indice de politique financière (IPF) se
déduit à partir des valeurs propres et du pourcentage de
variation de chaque composante principale. Cette méthode permet de
synthétiser les informations contenues dans plusieurs variables, en
transformant les p variables quantitatives brutes
corrélées entre elles (les différentes mesures de
politique financières), en au plus m nouvelles variables
quantitatives (avec m = p) non corrélées. Les nouvelles
variables sont appelées composantes principales. Il y'a lieu de
noter que lorsque les variables initiales sont de nature différente ou
caractérisées par des unités de mesures différente,
la transformation se fait à partir de la matrice des corrélations
(division par leur écart type respectif), de façon à leur
affecter le même poids.
La première composante principale explique la plus
grande proportion de la variable totale de la variable initiale. Si
l'information qu'elle fournie n'est pas satisfaisante, on construit la
deuxième composante principale. Ce calcul se fait sous deux
conditions : La deuxième composante principale présente une
corrélation nulle avec la première et explique la seconde grande
proportion de la variation totale des variables initiales. On procède de
la sorte jusqu'à l'obtention de la composante principale. On parvient à déduire le poids des
individus (ou des années) dans la composition des nouvelles variables
à l'aide de la matrice diagonale des vecteurs propres des
éléments de la diagonale représentant les parts relatives
de chaque composante dans l'explication de toutes les variables initiales. En
définitive, les composantes principales et leur pourcentage d'inertie
respectif permettent de calculer pour chaque individu (ou par chaque
année) un indice qui synthétise l'information totale contenue
dans toutes les variables initiales. En l'occurrence, l'IPF, est
calculée à partir de la somme pondérée des facteurs
liée au six premières composantes principales par les
pourcentages d'inertie correspondante sur la période allant de 1970 à 2003. Avec les
mêmes notations, pour : i, l'année donnée et la
composante principale. Nous avons donc :
Enfin, l'IPF s'interprète de la façon
suivante : lorsque le système financier est soumis à des
mesures de répression, l'IPF a une évolution ascendante. Par
contre, lorsque les autorités monétaires mettent en place une
politique de libéralisation financière, la tendance de l'IPF sera
à la baisse.
II-2- Une approche de la théorie de
l'intermédiation bancaire
Dans cette sous-section nous présenterons les
activités de la firme bancaire d'une part et d'autre part la
nécessité de l'intermédiation bancaire.
II-2-1- Les activités de la firme bancaire
Elle peut être résumée par son
activité de transformation et son rôle dans la création
monétaire et la gestion du système de paiement.
II-2-1-1- La firme bancaire et l'activité de
transformation
Cette section a pour objectif de pénétrer au
coeur de la firme bancaire pour analyser et comprendre la logique de
fonctionnement de celle-ci et la manière dont le résultat
bancaire se forme.
Schématiquement, voici comment est structuré le
bilan de la firme bancaire :
« Produits » : Emplois illiquides
(crédits)
Titres acquis
|
« Matière première » :
Ressources liquides
Titres émis
Fonds Propres
|
|
|
|
|
|
|
De manière simple, on peut présenter la banque
comme gestionnaire de l'épargne d'une part et comme financeur de projets
d'autre part.
La particularité (et la complexité) de la firme
bancaire est :
- de fabriquer une dette (moyens de paiement
scripturaux en circulation dans l'économie);
- de produire du financement en achetant des projets
(monétisation de créances).
La firme bancaire est particulièrement complexe
à analyser puisqu'il est difficile d'identifier clairement les
inputs, les outputs ainsi que le processus de
production : la monnaie est bien produite par les banques mais ce produit
est aussi une « matière première » ; les
produits de financement sont « vendus » (crédits)
mais aussi« achetés » (en finançant un
projet, la banque « achète » un titre de
créance sur ce projet futur). De plus, le résultat de la banque
est particulièrement sensible à une donnée en partie non
maîtrisable : les taux d'intérêt.
On ne peut expliquer et comprendre le fonctionnement de la
banque si on sépare les deux activités de gestion de
l'épargne d'une part et de financement
de projets d'autre part.
Dans les deux cas en effet, c'est parce qu'elle parvient
à mobiliser une épargne publique que la firme bancaire peut vivre
en parallèle des systèmes d'intermédiation de
marché (marchés financiers). La banque attire des
épargnants pour financer les agents à besoin de financement
(ménages, entreprises, administrations) parce que sa gestion du risque
de non remboursement est conduite de manière plus efficace que la
surveillance par les marchés. Elle peut de ce fait apporter des fonds
là où les marchés financiers n'en auraient pas fournis ou
en auraient fournis à un coût supérieur pour
l'emprunteur.
Son activité d'intermédiation est donc
fondée sur le fait qu'elle propose aux détenteurs de capitaux de
transformer à leur profit un placement spécifique (le
crédit) en un placement ayant d'autres spécificités (le
dépôt bancaire).
C'est cette transformation qui fait de la banque un
intermédiaire financier à part dans l'économie.
Si on considère l'intermédiation, respectivement
du côté des ressources et des emplois, la banque :
- collecte l'épargne de sa clientèle et/ou
émet des titres sur les marchés de capitaux
- assure le financement de projets par le biais de l'octroi
de crédits ou par l'achat de titres négociables (actions,
obligations...).
Cette activité d'intermédiation produit une
marge financière (différence entre coût de revient et prix
de vente en quelque sorte). La marge financière provient de la
différence entre les produits perçus et le coût des
ressources collectées.
Marge financière = produits perçus sur
les emplois - coût des ressources collectées.
NB : D'autres activités prises en charge par
les banques (prestation de service, intermédiation sur les
marchés...) génèrent des commissions (et ne sont pas
fondées sur la notion de marge).
En tant qu'usine traitant des matières
premières, les usinant pour en faire un produit fini, les contraintes
d'exercice de la firme bancaire sont les suivantes :
1. Du côté des
« achats » :
- réduction du coût d'accès aux
ressources ;
- diversification des sources d'approvisionnement
(dépôts collectés, ressources mobilisées sur le
marché monétaire, obligataire, ressources propres).
2. du côté des
« produits » :
- développer le portefeuille des
crédits ;
- développer le portefeuille titres.
3. du côté de la combinaison des deux :
- maintien des marges d'intermédiation sur
crédits ;
- hausse des marges d'intermédiation sur
titres ;
- hausse des commissions d'intermédiation de
marché et des commissions liées à une prestation de
services (paiements par exemple)
II-2-1-2- La firme bancaire dans son activité de
création de monnaie et de
gestion des mécanismes de
paiement
II-2-1-2-1- La création de monnaie
Les intermédiaires bancaires créent de la
monnaie soit par la vente d'actifs réels, la conversion de devises ou
par offre de crédit ex-nihilo. Cette monnaie est dite monnaie
scripturale.
II-2-1-2-2- La gestion des mécanismes de
paiement
Du fait des coûts et des risques liés au
transport d'espèces, les intermédiaires bancaires ont mis en
place des systèmes de paiement efficaces et qui garantissent la
sécurité. On appelle systèmes de paiement, les
réseaux qui facilitent le transfert de fonds entre les comptes bancaires
des agents économiques.
II-2-2- La nécessité de
l'intermédiation bancaire
Cette nécessité des intermédiaires
bancaires est manifeste dans la mesure où ils permettent la minimisation
des coûts de transaction et l'assurance de liquidité d'une part et
d'autre part l'activité de production et de gestion de l'information.
I-2-2-1- La minimisation des coûts de transaction et
l'assurance de liquidité
I-2-2-1-1- La minimisation des coûts de
transaction
Cette minimisation peut être observée tant au
niveau des économies d'échelle dont bénéficient les
intermédiaires financiers bancaires qu'au niveau de l'activité de
diversification des actifs.
I-2-2-1-1-1-Les économies d'échelle
Les intermédiaires financiers bancaires
bénéficient de rendements croissants dans la technologie de
transaction. En effet, si par exemple à chaque transaction
financière est associée un frais fixe, les déposants (ou
emprunteurs) préféreront en vue de diviser les coûts de
transaction, déléguer leurs opérations à un
intermédiaire financier bancaire. Egalement, un intermédiaire
financier bancaire est beaucoup plus capable d'investir dans des actifs certes
illiquides mais plus profitables que ne le feraient les investisseurs
individuels. Un autre type d'économie d'échelle c'est que pour
des raisons d'indivisibilité, un intermédiaire financier bancaire
a plus d'avantage à gérer un portefeuille plus diversifié
(et par conséquent moins risqué) que les investisseurs
individuels.
II-2-2-1-1-2-La diversification d'actifs
Le risque de détention d'un actif unique amène
parfois les agents économiques à diversifier leur portefeuille,
cependant la raison majeure de la diversification du portefeuille par les
intermédiaires financiers bancaires, résulte de la prise en
compte des asymétries d'information. En effet, les prêteurs qui
ont des doutes sur la crédibilité des emprunteurs, pour ce faire
ils confieront cette tâche à l'intermédiaire financier
bancaire qui se chargera de gérer les portefeuilles d'actifs.
II-2-2-1-2-L'assurance de liquidité
Nous allons présenter succinctement le modèle
de Diamond et Dybvig (1983) avant de déterminer l'allocation
optimale.
II-2-2-1-2-1-Le modèle de Diamond et Dybvig
(1983)
Considérons une économie à trois
périodes, un bien dans laquelle il y a un continuum d'agents, chacun
d'eux doté d'une unité de bien à la date t=0, veut
consommer aux dates t=1 et t=2. Ces agents sont identiques ex ante, mais sont
victimes de chocs de liquidité distribués indépendamment
et identiquement avec une certaine probabilité : , ils expriment le besoin de consommer à la date t=i.
L'utilité des agents de type i=1(consommateurs
impatients) est , alors que celle des agents de type i=2 (consommateurs patients) où <1 est un facteur d'actualisation. Ex ante tous les agents on la
même utilité :
Supposons que U est croissante et concave. Il y a une
technologie qui permet le transfert d'un bien sans coût d'une date
à une autre. Plus important, il y a également une technologie
illiquide de long terme (avec des rendements d'échelle constants) :
une unité investie à t=0 donne un rendement R>1 en t=2. Le
terme « illiquide » reflète le fait que les
investissements dans cette technologie de long terme donne un faible rendement
L<1 s'ils sont liquidés prématurément en t=1.
II-2-2-1-2-1 -L'allocation symétrique
optimale
En absence de coopération entre agents, le
résultat de leurs investissements ex post est inefficient, ce qui
nécessite la présence d'un marché financier pour assurer
cette efficience. Cependant, à cause du risque de liquidité qui
prévaut sur ce marché, l'allocation est en général
non paréto-optimale. C'est ce qui va justifier l'apparition des
intermédiaires financiers pour assurer la liquidité aux
déposants. Cette assurance de liquidité se manifestera par le
fait que les intermédiaires financiers vont proposer aux
déposants des dépôts à vue
rémunérés d'une part et en plus la possibilité de
retirer leurs dépôts à tout moment.
II-2-2-2-L'activité de production et de gestion de
l'information
Le premier économiste qui mit en évidence les
effets des asymétries d'information sur les marchés fut Akerlof
(1970). Il a pris l'exemple du marché des voitures d'occasion ou
l'asymétrie d'information entre vendeurs et acheteurs est très
forte .La conséquence de cette asymétrie sera l'existence de
sélection adverse et du hasard moral.
Le modèle d'Akerlof (1970) a donc permis de
développer toute une littérature autour du marché des
fonds prêtables .L'existence des asymétries d'information sur ce
marché va conduire à l'apparition des intermédiaires
financiers.
Pour Leland et Pyle (1977) c'est l'asymétrie ex ante
qui justifie la création des intermédiaires financiers
bancaires. Leur modèle est une simple évaluation de la firme,
dans lequel l'implication de l'entrepreneur dans son propre projet signale la
qualité de la firme ou de son projet. Les entrepreneurs sont mieux
informés sur la qualité, la rentabilité anticipée
de leurs projets, lesquelles sont ignorées du prêteur.
L'idée est que l'implication de l'entrepreneur dans son propre
projet s'apparente à une diversification sous optimale
de son propre portefeuille, traduit sa confiance et ,dans la mesure ou cette
stratégie peut être observée, elle véhicule une
information positive sur la valeur de la firme ou de son projet.
Pour Diamond (1984), c'est l'asymétrie ex post qui
justifie la création des intermédiaires financiers bancaires. En
effet, dès lors qu'un contrat est signé entre un prêteur
et un emprunteur et qu'une asymétrie d'information existe
postérieurement à la signature du contrat, un problème de
risque moral survient, lié au comportement opportuniste du
détenteur de l'information, susceptible d'altérer les relations
entre le principal (prêteur) et l'agent (l'emprunteur). Afin
d'éviter d'être trompé par l'emprunteur notamment par le
biais de mauvais rendement fictif les prêteurs se doivent de surveiller
la gestion et le résultat du projet.
CHAPITRE II : CARACTERISTIQUES PROPRES A LA COTE
D'IVOIRE
Ce chapitre sera subdivisé en deux sections, la
première présentera l'intérêt et le cadre de
l'étude, puis la seconde présentera la politique de mobilisation
de l'épargne financière et celle du financement bancaire en
Côte d'Ivoire.
II-1- Intérêt et cadre de
l'étude
II-1-1- Intérêt de l'étude
L'essentiel du débat sur le financement des pays en
voie de développement durant ces trente dernières années
se rapporte essentiellement à la politique de libéralisation
financière. Elaborée par Mc Kinnon et Shaw, les fondements
théoriques de la libéralisation financière, s'articulent
autour de certaines mesures qui ont pour nature de favoriser le libre choix des
banques dans la tarification de leurs services d'intermédiation.
En effet, ces mesures permettent au système bancaire
d'évoluer dans un environnement concurrentiel et conduisent les banques
à dégager une marge suffisante pour bien remplir leur fonction
d'intermédiaires financiers.
Cependant, les résultats obtenus ont souvent
été décevants (Mahar et Williamson, 1998). En outre, le
bien fondé de ces recommandations est contesté lorsqu'il est pris
en compte la structure des systèmes financiers des PVD (Van winjbergen,
1983) et les imperfections des marchés du crédit liées aux
asymétries d'information (Stiglitz, 1994).
La Côte d'Ivoire étant un pays en
développement, l'idée la plus admise est que l'épargne
financière nationale (dépôt à vu et à terme)
doit participer pour une grande part à la formation du capital
productif. Une telle stratégie fondée sur des projets plus
diversifiés, plus liés aux besoins immédiats peut, et doit
avoir recours prioritairement à des sources de financement internes. La
réussite de ce type d'orientation est conditionnée par
l'existence d'une épargne financière abondante et un financement
bancaire productif, et surtout la formation d'un marché financier jouant
un rôle de mobilisation de l'épargne et d'affectation de
ressources financières. Il faut également rappeler que la
présence d'un environnement socio-politique stable est extrêmement
important pour un meilleur développement économique en
général et particulièrement pour un développement
financier dans la mesure où la confiance et la maîtrise de la
qualité du risque sont nécessaires pour les
intermédiaires bancaires. En effet, bien que la Côte d'Ivoire ait
connu durant ces trois dernières décennies une relative
stabilité politique, elle est confrontée depuis 1990 à des
crises sociopolitiques récurrentes, qui d'ailleurs se sont
soldées par une partition de son territoire depuis Septembre 2002. Les
conséquences de cette crise ont été dramatiques pour
l'économie ivoirienne en général et
particulièrement pour le fonctionnement de son système
bancaire.
Dès lors, au delà du débat sur la
politique de libéralisation financière, il serait donc
intéressant d'analyser les effets attendus (indirect et direct) d'une
telle politique sur l'intermédiation bancaire en Côte d'Ivoire,
tout en considérant la fiabilité et la capacité du
système d'information des banques à travers l'effet de la
dégradation du portefeuille des banques sur le financement bancaire.
II-1-2- Cadre de l'étude
Dans cette section, nous ferons un aperçu du
système bancaire ivoirien, nous énumérons les mesures de
libéralisation financière. En outre, nous montrerons les effets
de la crise socio-politique sur le système bancaire et enfin, un bref
rappel de la politique de mobilisation de l'épargne financière et
du financement bancaire de la Côte d'Ivoire.
II-1-2-1- Organisation du système bancaire de la
Cote d'Ivoire
Le système bancaire se compose d'une banque centrale
(BCEAO), de 22 établissements de crédit, dont 17 banques et 5
établissements financiers. Parmi les banques, l'on observe 11
établissements de crédit à vocation général.
Une banque de l'habitat, deux établissements spécialisés
dans le financement des PME, ainsi que la Banque Nationale d'Investissement
(BNI), ex Caisse Autonome d'Amortissement (CAA), qui assurait la gestion de la
dette publique. Les établissements financiers pour leur part se
caractérisent par une activité orientée essentiellement
vers le crédit-bail mobilier et immobilier. Le secteur bancaire ivoirien
est assez concentré, puisque les quatre principaux établissements
représentent les trois quarts du total des bilans de la place. Les
établissements de crédit de la Côte d'Ivoire
représentent 32 % du poids de l'ensemble des bilans bancaires de
l'UEMOA, soit une part sensiblement inférieur à celle du PIB
ivoirien dans l'économie sous régionale (rapport de la zone
franc, 2003).
II-1-2-2- Les mesures de libéralisation
financière (voir annexe 2)
Face à la crise financière et bancaire que
traversaient les pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africain
(UEMOA), les autorités de l'union ont opté pour une politique de
libéralisation financière (au sens de Mc Kinnon et Shaw) à
la fin des années 80.
En Côte d'Ivoire, comme d'ailleurs dans toute
l'UEMOA , la libéralisation financière a été
amorcée en 1989 avec la nouvelle politique de la monnaie et du
crédit, et affirmée avec les reformes de 93. La BCEAO (Banque
Centrale des Etats de L'Afrique de l'Ouest) a significativement modifié
sa politique de taux d'intérêt d'abord avec le remplacement du
taux d'escompte préférentiel et du taux d'escompte normal par un
taux d'escompte unique (1989) et ensuite la mise en place du taux de prise en
pension (un taux intermédiaire entre le taux du marché
monétaire et le taux d'escompte, 1993). Par ailleurs le fonctionnement
du marché monétaire de l'union a été adapté
avec la création d'un marché interbancaire, d'un guichet d'appel
d'offres et la fusion des trois compartiments en un seul guichet hebdomadaire
(1993). Du point de vue des taux d'intérêt débiteurs ils
ont été totalement libéralisés,suite à la
suppression des niveaux planchers en 1989 et des niveaux plafonds en 1993,
même s'il existe un taux d'usure que les banques sont tenues de ne pas
dépasser. En outre, à l'exception de la
rémunération minimale pour placement privés de moins d'un
an et inférieurs à 5 000 000 de f CFA et le taux fixe
pour les placements contractuels, toutes les autres conditions
créditrices ont été libéralisées en 1993.Il
est tout aussi intéressant de noter que les programmes sectoriels de
crédit ont été supprimés en 1989 et l'encadrement
du crédit a été remplacé en 1993 par la
constitution de réserve obligatoires en règle
générale non rémunérées.
II-1-2-3- La crise socio-politique et le système
bancaire ivoirien
II-1-2-3-1- Un aperçu du système bancaire
avant le 19 septembre 2002
Dans cette sous-section, nous analyserons d'une part
l'évolution de l'intermédiation bancaire et d'autre part
l'évolution de la marge bancaire sur la période de 1990 à
1999.
En effet, la libéralisation financière a
été amorcée à partir de 1989, ce qui a permis la
hausse des dépôts bancaires de 7,55 % en moyenne. De façon
spécifique le taux de croissance des dépôts à vue a
été plus important que ceux des dépôts à
terme. Quant au financement bancaire, on assiste durant cette période
à une hausse du taux des crédits de long et moyen terme
relativement à celui de court terme. De -1,22% avant la période,
il est passé à 3,32 %.
L'évolution de la marge bancaire durant la
période de 1990 à 1999, prend en compte les différentes
caractéristiques principales de sa composition. Il faut préciser
entre autre que grâce au processus de libéralisation
financière, la majorité des banques du système ont vu la
hausse de leur marge d'intermédiation.
En effet, il apparaît que les produits des
créances bancaires sont relativement supérieurs aux charges des
dépôts effectués par la clientèle. En moyenne, le
produit des créances bancaires s'est fixé à 130,2
milliards de FCFA contre 24,3 milliards de FCFA pour les charges sur
prestations de services. (Voir tableau 1).
Tableau 1 : Les composantes des
différentes mesures de la marge d'intermédiation des
banques et établissements
financiers (1990-1999)
|
Taux de croissance
|
Moyenne simple en milliard de FCFA
|
Produits des créances sur la
clientèle
|
2,5
|
130,2
|
Créances sur la clientèle
|
2,7
|
1317,5
|
Charges des dépôts de la
clientèle
|
-1,0
|
34,7
|
Dépôts de la
clientèle
|
7,6
|
1001,7
|
Produits sur prestations de services
|
1,7
|
18,4
|
Charges sur prestations de services
|
24,3
|
1,6
|
Actif (bilan)
|
1,9
|
1898,4
|
|
Source : Rapport annuel de la commission
bancaire, Note d'Information Statistique de la BCEAO
La marge d'intermédiation bancaire se subdivise en
deux éléments. D'une part la marge nette d'intermédiation
bancaire et d'autre part, la marge nette d'intermédiation
élargie. Durant cette période le taux de croissance annuel de
la marge nette d'intermédiation a été de 3,44%. (Voir
tableau 2)
Tableau 2 : Marges d'intermédiation bancaire
dans l'UEMOA, de 1990- 1999
|
Taux de croissance
|
Moyenne simple en pourcentage
|
Marge nette d'intermédiation
|
3,44
|
6,04
|
Marge nette d'intermédiation
élargie
|
2,75
|
7,31
|
|
Source : Rapport annuel de la commission
bancaire, Note d'Information Statistique de la BCEAO.
II-1-2-3-2- L'impact de la crise socio-politique sur le
système bancaire
La crise socio-politique, il faut le rappeler a un impact
extrêmement négatif sur le système bancaire ivoirien. En
effet depuis 2002, date du déclenchement total et ouverte de la crise,
la croissance des crédits à la clientèle a
été interrompue et a reculé de 10 %. Le recul des concours
à l'économie a touché aussi bien les crédits
à court terme (71 % des encours de crédits) que les
crédits à moyen et long terme. Cette tendance résulte du
recul de la demande globale de crédit et de la fermeture des agences
bancaires situées dans la zone de conflit. Les crédits de
campagne ont connu également une forte baisse (-150 %). La
qualité des risques a continué de se dégrader. Les
créances en souffrance brutes se sont en effet alourdies(+ 20 %) et leur
taux , rapporté à l'ensemble du porte feuille de
clientèle, net de provisions, a continué de progresser (10% fin
2003, contre 3,1% fin 2000).
L'alourdissement des provisions pour risque et la baisse des
produits sur opérations de clientèle, a fait reculé le
résultat net de l'ensemble du système bancaire ivoirien. Avec un
bénéfice net de 8,9 milliards de frs. CFA en 2002, elle affiche
en 2003 un bénéfice net de 6,7 milliards de frs CFA. Dans un
contexte général de dégradation de la qualité des
risques, l'instabilité et l'insécurité grandissante, les
établissements bancaires ont accéléré la
restructuration du tissu bancaire ivoirien. L'implantation des agences a
été revue, même dans les zones épargnées par
le conflit, réduction des effectifs...La SGBCI et la BICICI ont ainsi
fermé environ un tiers de leurs agences et réduit leurs effectifs
dans des proportions comparables (rapport de la zone franc, 2003).
II-2- Politique de mobilisation de l'épargne
financière et de financement
bancaire de la Côte d'Ivoire
II-2-1- La politique de mobilisation de l'épargne
financière
La politique de mobilisation de l'épargne
financière s'est basée essentiellement sur la politique de prix
des matières premières agricoles, la politique de revenu d'une
part et d'autre part sur le mode de fonctionnement du système
financier.
II-2-1-1- La politique de prix et la politique de
revenu
En effet, le monopole autrefois détenu par la caisse
de stabilisation des prix des produits agricoles a permis à l'Etat de
Côte d'Ivoire de mobiliser des ressources financières
excédentaires, générées par cette structure.
L'agriculture étant la source principale du revenu national, les
autorités ivoiriennes ont observé étroitement
l'évolution du prix des produits agricoles. D'une amélioration
des cours, se dégage une ponction sur la valeur ajoutée qui
constitue pour l'Etat une épargne financière.
La politique de revenu élaborée par la
Côte d'Ivoire favorise la constitution d'une épargne obligatoire
des ménages. Ces derniers se doivent d'épargner des ressources
financières dans le cadre du système de protection sociale
(retraite, assurances ...). L'excédent de ces ressources a servi
à la constitution d'épargne par les autorités. De telles
politiques ont été conduites à cause de la faiblesse de
l'épargne intérieure. Les taux d'intérêt
débiteurs et créditeurs étant faible, incitent les
ménages à écarter toute réalisation
d'épargne financière.
II-2-1-2- Le mode de fonctionnement du système
financier ivoirien
Le système financier ivoirien comme d'ailleurs, la
majorité des systèmes financiers des PVD, est
caractérisé par le dualisme.
En présence du système financier formel, il
faut noter le développement du système financier informel. L'Etat
de Côte d'Ivoire, pour mobiliser les ressources financières, a
institué la modernisation et le développement de ce secteur.
Dès lors, l'on a assisté à la création des
structures de microfinance. Ces structures reparties sur l'ensemble du
territoire permettent aux ménages relativement pauvres de constituer une
épargne financière.
En effet, les coopératives d'épargnes et de
crédit, et les caisses rurales d'épargne constituent l'essentiel
de ces structures décentralisées. Ce circuit financier s'est
développé à partir de 1976. Les COOPEC sont
localisées dans les villes comme le sont les banques alors que les CREP
sont localisées dans le monde rural. Ce réseau a connu trois
grandes phases dans son évolution :
- une phase de croissance (1976-1985) avec la création
de 75 caisses ;
- une phase de stagnation (1985-1993)
caractérisé par un assainissement dans la distribution du
crédit ;
- et une phase de forte croissance à partir de
1994.
II-2-2-La politique de financement bancaire
Cette politique, depuis 1962, a évolué sur deux
périodes. Celle qui a été conduite de 1962 à 1989
et celle de la mise en application de la reforme de la politique
financière dans l'UEMOA depuis 1989.
II-2-2-1- La politique de financement bancaire de 1962
à 1989
Sur la première période la politique de
réescompte et la politique sélective de crédit furent les
instruments de contrôle qualitatif de crédit. En effet, par le
réescompte les banques empruntent directement de la
liquidité auprès de la banque centrale par le biais des
titres privés qu'elles disposent en porte-feuille. Cet emprunt est
assorti par un taux d'intérêt appelé taux de
réescompte. Ce taux qui est à la fois le taux de refinancement et
le taux directeur du crédit, protège et garanti les banques
contre les fluctuations de la valeur de leurs titres et leurs assure un profit
connu d'avance. Par le contrôle de ce taux, la BCEAO dirige la politique
de refinancement monétaire des banques de second rang.
Après une décennie de fonctionnement, il est
apparu que cet instrument en vigueur depuis 1962, ne pouvait plus assurer le
contrôle qualitatif du crédit. En fait, la conjugaison du
maintient des taux d'intérêt bas et des mutations du
système monétaire international du début des années
70 ont conduit à une profonde adaptation des instruments de politique
monétaire et des règles d'intervention de la banque centrale.
Dès lors, en remplacement de la politique de
réescompte, il sera institué à partir de 1975, la
politique sélective de crédit. Elle a pour caractéristique
principale, l'obligation des banques et des établissements financiers
à respecter les coefficients maxima ou les quotas dans la
répartition du crédit aux différents secteurs
d'activité de l'économie. L'objectif principal est
d'éviter que certains secteurs ne trouvent pas de financement
nécessaire à leur développement alors que d'autres non
prioritaires, disposent d'encours trop abondants alors qu'ils ne
présentent pas une solvabilité plus assurée. L'objectif
est donc pour les autorités ivoiriennes de développer de
façon significative le tissu industriel ivoirien.
II-2-2-2- La reforme de la politique de financement
bancaire
Sur la seconde période, notamment de 1989 à nos
jours, la politique de financement est celle de la reforme, initiée par
les autorités de la BCEAO. La mise en oeuvre de cette politique s'est
faite de manière graduelle. Tout d'abord d'Octobre 89 à Septembre
93, puis de Septembre 93 à nos jours.
En effet, d'octobre 89 à Septembre 93, les
autorités monétaires de l'UEMOA cherchent à assurer un
meilleur contrôle de la liquidité et la mobilisation des
dépôts à terme. En outre, la surveillance de la
qualité du crédit devient une préoccupation majeure. Il
sera donc mis en place à partir de 1990, la commission bancaire de
l'UEMOA, chargée de contrôler le système bancaire.
L'objectif des autorités sera donc d'abandonner la politique dirigiste
de financement et surtout d'accorder la liberté aux banques en
matière d'octroi de crédits.
A partir de 1993, les autorités de la BCEAO, vont
adopter un nouveau dispositif de gestion monétaire et plus
particulièrement du crédit. La politique va dès lors se
focaliser essentiellement sur l'utilisation des instruments tels que le
système de réserves obligatoires, le marché
monétaire, la titrisation des encours consolidés, et de nouvelles
dispositions pour le financement de la campagne agricole.
III. DEUXIEME
PARTIE
Dans cette partie, le modèle utilisé sera
l'objet d'une analyse qui consistera essentiellement à présenter
les variables et la méthode statique utilisée, d'une part, et
l'interprétation des résultats de l'estimation, d'autre part.
CHAPITRE III : ANALYSE DU MODELE
Dans ce chapitre, nous présenterons les variables et la
spécification du modèle économétrique, puis la
méthode d'analyse.
III-1- Les variables, leurs définitions
opérationnelles et
la spécification du
modèle
III-1-1-Les variables et leurs définitions
opérationnelles
Défini comme la diminution du coût de conversion
d'un actif non liquide en un actif liquide (Baptiste Venet, 2000), le
développement financier améliore la croissance de long terme de
l'économie grâce à l'augmentation de la productivité
marginale de l'investissement qu'il génère. .Du point de vu du
développement financier (DF), nous étudierons l'évolution
de l'épargne et du financement bancaire de l'économie.
Nous croyons que leurs choix tiennent au fait que ces
indicateurs contiennent les informations suffisantes à
l'appréciation du développement financier dans les PVD en
général, et particulièrement en Côte d'Ivoire.
III-1-1-1- Présentation des variables
expliquées
Selon Demetriades et Luintel (1997), Demetriades et Hussein
(1996a) nous utiliserons le ratio Dépôt bancaire
(dépôt à vu et à terme) sur le produit
intérieur brut, pour analyser l'évolution de la mobilisation de
l'épargne. Ce ratio noté LDBP, nous permettra
d'observer la capacité des banques à mobiliser les
dépôts dans un environnement financier segmenté.
L'indicateur du financement de l'économie a
été choisi parmi les mesures standard proposées par King
et Levine (1993). Il se rapporte essentiellement au financement bancaire. Cet
indicateur noté LFBP englobe le financement du secteur
privé et le financement du secteur public. LFBP
représente la somme des créances fournie par le système
bancaire à l'économie, le tout rapporté au PIB.
III- 1-1-2- Présentation des variables de
contrôle
Les variables de contrôle que nous utiliserons sont une
mesure du développement économique, les taux
d'intérêt, l'indicateur de l'option de politique
financière, un indicateur qui mesure la dégradation du
portefeuille bancaire, un indicateur d'instabilité sociopolitique et en
fin, un indicateur d'effet d'encaisse réelle.
La mesure du développement économique retenue
ici est le produit intérieur brut réel par habitant,
noté LPRH. Cet indicateur montre de façon
générale l'évolution du revenu des populations et leur
capacité à accéder au bien être. Cet indicateur
montre donc le rôle du revenu dans la décision d'épargner.
Le signe attendu du coefficient est positif.
Quant aux taux d'intérêt, le taux
créditeur réel (TCRE) a été retenu
pour l'analyse de l'évolution des dépôts bancaires. Le taux
d'intérêt constitue le principal déterminant de
l'épargne chez les classiques (Tchétché, 1995). Dans cette
optique, le taux d'intérêt apparaît comme la
rémunération du transfert temporaire du pouvoir d'achat. L'agent
économique qui réalise une épargne à la
période t se prive de la consommation présente.
La libéralisation financière permet d'augmenter
le taux d'intérêt en terme réel, ce qui est susceptible
d'encourager l'épargne si l'effet substitution domine
l'effet revenu. Le signe attendu du coefficient est positif.
Concernant la rémunération des créances bancaires le taux
débiteur réel (TDRE) est le mieux
indiqué. Nous n'avons pas préféré le taux du
marché monétaire parce que selon Diop (1998), ce dernier n'exerce
pas d'effet statiquement significatif à long terme sur les taux
d'intérêt débiteur de l'UEMOA. Pour transformer les taux
d'intérêts nominaux en taux réels, nous avons
utilisé la formule suivante : , avec î le taux d'intérêt réel.
Nous avons alors î= {TCRE ; TDRE} avec i
le taux d'intérêt nominal, ð le taux d'inflation.
Le choix des taux d'intérêt met en
évidence l'impact indirect de la libéralisation
financière sur l'intermédiation bancaire.
Analysé sous l'angle de la politique financière
contrainte, l'indice de politique financière (IPF)
mesurant l'impact direct de libéralisation financière
sur le développement financier peut être considéré
comme un indicateur de l'efficacité des banques dans leur rôle
d'intermédiaire. Cet indicateur tente aussi de quantifier le niveau de
l'ensemble des mesures directes de politique financière libérale
mises en place par des autorités monétaires. En effet, suivant
Courakis (1984), Demetriades et Luintel (1996) montrent que les banques en
position de monopole et soumises par exemple à un taux
d'intérêt créditeur fixe sont contraintes de s'y prendre
autrement pour accroître leurs fonds prêtables (ouverture de
nouvelles agences, publicité etc.). King et Levine (1993 b)
présentent un impact direct négatif en montrant que les
impôts sur les services financiers affectent les innovations
financières proposées par Pagano (1993). Bandiera et al (2000),
analysant l'impact de la libéralisation financière sur
l'épargne dans huit pays en développement, trouvent que la
libéralisation financière a eu un impact direct
positif.
En effet, la libéralisation financière a pour
but de développer et d'approfondir le système financier par
rapport à la situation de répression financière où
le système financier est administré. Le développement
financier et l'approfondissement financier (output) peuvent être
considérés comme le résultat des politiques de
libéralisation financière (input).
En ce qui concerne la Côte d'Ivoire l'indicateur de
l'option de politique financière noté IPF, est
construit également suivant la méthodologie proposée par
Demetriades et Luintel (1997). Cette méthode consiste à
élaborer un indicateur d'orientation de la politique financière
en utilisant la technique de l'Analyse en Composante Principale (ACP) (voir le
chapitre II). Selon la méthode de codification binaire, onze mesures
qualitatives (voir annexe II) de politique financière ont
été transformées en variables quantitatives. Dès
lors, pour chaque mesure de politique financière, on affecte la valeur 1
lorsque l'administration par les autorités monétaires de la
variable est effective, et 0 lorsque la mesure est libéralisée
(voir annexe 2). Par exemple, concernant les taux d'intérêt
créditeur, on attribue la valeur 1 à la période durant
laquelle il y'a eu des taux planchers et 0 lorsque la
rémunération de l'épargne n'est plus soumise à la
mesure. Une évolution ascendante indique une répression
financière et le cas échéant, une libéralisation
financière.
Graphique 1 : l'évolution de l'indice de
politique financière
Source : nos calculs
En générale, le risque d'instabilité
sociopolitique, est contenu dans le calcul de l'ICRG (International Country
Risque Guide). En effet, l'ICRG est un indice synthétique de plusieurs
types de risque. Cet indice met en évidence la capacité et la
volonté des pays à honorer leurs obligations financières,
et surtout donne une idée du risque attaché aux investissements
et aux financements bancaires. Nous croyons que le système bancaire
considère l'évolution de cet indicateur, qui d'ailleurs s'est
dégradé ces dernières années.
Pour des raisons simplificatrices et en absence d'une longue
série de l'ICRG pour la Côte d'Ivoire, nous construisons un indice
de risque d'instabilité sociopolitique. Nous avons donné la
valeur « 0 » aux années de stabilité
sociopolitique et la valeur « 1 » aux années
d'instabilité sociopolitique. La valeur « 2 » a
été donnée aux années de grande instabilité
sociopolitique. En effet, la valeur « 0 » a
été affectée à la période 1970-1989. Avec
l'avènement du multipartisme en 1990, la société
ivoirienne a amorcé une phase d'instabilité sociopolitique
récurrente. La valeur « 1 » a donc été
affectée à la période 1990-1999. La valeur
« 2 », par contre a été affectée
à la période 2000-2003, compte tenu des différentes
manifestations sociopolitiques violentes et surtout de la partition du
territoire ivoirien. D'après cette construction, le signe du coefficient
devrait être négatif.
Nous retenons l'inflation comme variable. Le taux d'inflation
( Ð) est mesuré par l'indice de prix à la
consommation. Il agit sur l'épargne, à travers l'effet d'encaisse
réel, qui s'exprime par le comportement des individus qui cherchent
à compenser l'érosion de leur patrimoine lorsque l'inflation
s'accélère. En effet, pour les économistes classiques, il
existe un comportement de reconstitution des encaisses réelles qui
inciteraient les ménages à préserver le pouvoir d'achat de
leurs économies et donc à épargner davantage dans un
contexte inflationniste. Pour d'autres (les keynésiens), ce même
contexte les inciterait à la consommation, soit qu'ils anticipent des
hausses de prix de plus en plus fortes, soit qu'ils considèrent inutile
de conserver par devers eux des liquidités qui se
déprécient.
Le taux d'inflation a été approximé par
le taux d'inflation actuel pour la simple raison que la Côte d'Ivoire
appartient à la zone UEMOA, zone de faible inflation (Eboue, 99).
Dès lors, nous considérons à ce titre les anticipations
d'inflation comme statique.
L'indicateur retenu pour mesurer la qualité des
crédits est le taux brut de dégradation du portefeuille des
banques. Il est défini comme le rapport entre les créances
irrécouvrables bancaires et le total des crédits bancaires. Les
créances irrécouvrables sont la somme des crédits
impayés et immobilisés (c'est-à-dire dont au moins une
échéance est impayée depuis moins de 6 mois), des
crédits douteux et litigieux (c'est-à-dire dont au moins une
échéance est impayée depuis plus de 6 mois). Cet
indicateur de risque traduit la probabilité moyenne de défaut
des clients bancaires. Nous l'utilisons comme une variable Proxy pour mesurer
la capacité et la fiabilité du système d'information des
banques. Il faut souligner que la question des créances
irrécouvrables a fait l'objet de nombreuses analyses, notamment sous
l'égide de la BM, surtout lorsque leur niveau a atteint dans plusieurs
pays en développement, un stade proprement alarmant, pour reprendre les
propos de Fry (1995). Amable et Châtelain (1995) montrent que
l'efficacité de l'intermédiation bancaire dépend entre
autres, de l'aversion pour le risque des ménages, des coûts de
fonctionnements liés au contrôle du système financier, des
coûts liés aux problèmes d'agence et des inerties
liées à l'imperfection du marché du crédit. Par
ailleurs les créances bancaires irrécouvrables constituent la
problématique centrale de l'étude de Keeton (1999), qui porte sur
les Etats-Unis. Toutefois, l'optique prise limite l'analyse aux rapports entre,
d'une part, l'accélération du rythme des crédits bancaires
aux entreprises commerciales et industrielles, et, d'autre part, le taux
d'accumulation des pertes sur ces créances. L'auteur montre que cette
relation est positive si seulement si la source d'une croissance rapide
des prêts bancaires est un mouvement de la courbe d'offre de
crédits. Il faut toute fois noter qu'un niveau élevé
du taux de dégradation du portefeuille des banques dans un
système bancaire peut être un signe de la fiabilité
douteuse du système d'information. Dans le cas de la Côte
d'Ivoire, nous mettons en évidence la fiabilité et la
capacité du système d'information des banques à travers
l'impact du taux brut de dégradation du portefeuille des banques sur le
financement bancaire.
Graphique II : évolution du taux de
dégradation du portefeuille des banques
Source : nos calculs
III-1-2- La spécification du modèle
économétrique.
Nous présenterons d'abord le modèle puis la
méthode d'analyse.
III-1-2-1- Présentation du modèle
Le modèle économétrique
général utilisé dans le schéma
présenté par Demetriades et Luintel (1996), Arestis et
Demetriades (1997) est le suivant :
Avec DF, un indicateur de
développement financier;
DE, un indicateur
de développement économique;
TI, les taux
d'intérêt;
IPF, l'indicateur de politique
financière ;
Ut, le terme de l'erreur.
Le L placé devant les variables traduit
l'utilisation du logarithme népérien.
Le point commun des thèses sur la théorie de la
libéralisation financière est le fait de prendre en compte les
caractéristiques de chaque économie et la structure des
systèmes financiers dans la formulation des politiques
financières. Compte tenue de nos hypothèses et de la
définition opérationnelle de notre spécification en nous
appuyant sur celui de Bandiera et alii (2000). Nous avons donc deux
équations :
-D'une part, celle qui met en évidence l'impact
indirect de la libéralisation
financière sur la mobilisation des dépôts
bancaires ou l'épargne
financière ;
Avec LDPB, le logarithme du ratio
Dépôt bancaire (dépôt à vu et à terme)
sur le produit intérieur brut ;
LPRH, le log du
produit intérieur brut réel par habitant ;
TCRE, le taux d'intérêt
créditeur réel ;
IPF, le log de l'indicateur de politique
financière ;
Ð, le taux
d'inflation ;
-D'autre part, celle qui met en évidence l'impact
direct de la libéralisation financière sur le financement
bancaire de l'économie et qui met en évidence l'impact de la
dégradation du portefeuille des banques sur le financement bancaire.
Avec LFBP, le log
de l'indicateur de développement financier relatif au financement
bancaire :
LPRH : le log du produit
intérieur brut réel par habitant :
TDRE, le taux débiteur réel
bancaire ;
LCRI, le log de l'indicateur de
dégradation du portefeuille bancaire ;
IPF, le log de l'indicateur de politique
financière ;
LINSTA, le log de l'indicateur
d'instabilité socio-politique ;
Ut, le terme de l'erreur.
III-2- La méthode d'analyse
La méthode d'estimation économétrique est
celle des MCO (Moindres Carrés Ordinaires).Notre échantillon se
portera sur des séries statistiques qui recouvrent 33 années
(1970-2003). La collecte des données s'est faite auprès des
institutions telles que la BCEAO, l'INS (Institut National de la Statistique),
la commission bancaire de l'UEMOA. Pour l'application de la régression,
nous utiliserons Eviews 4.1 qui est un logiciel disponible à cet effet.
L'estimation de telles équations par les MCO, nécessite
l'application de certains tests.
III-2-1- Présentation des tests
économétriques
Dans cette section, nous analyserons les différents
tests économétriques qui nous permettrons d'effectuer une bonne
estimation de nos différents coefficients.
III-2-1-1- Multicolinéarité et ordre
d'intégration des variables.
Il s'agira ici de faire le test de
multicolinéarité, puis celui de racine unitaire.
III-2-1-1-1-Test de multicolinéarité
Le test de multicolinéarité entre les variables
explicatives des modèles vise à faire une meilleure
sélection des variables. En effet l'existence d'une
multicolinéarité entre les variables peut avoir trois principales
conséquences (bourbonnais, 1998) :
- une augmentation de la variance estimée de certains
coefficients.
- Une instabilité des estimateurs des coefficients des
moindres carrés, dans la mesure ou de faibles fluctuations concernant
les données entraînerait de fortes variations des valeurs
estimées des coefficients.
- Une singularité de la matrice (X'X) des variables
explicatives en cas de multicolinéarité parfaite. L'estimation
des coefficients estimés est alors impossible, et leurs variances sont
infinies.
Pour la détection d'une éventuelle
multicolinéarité, nous utiliserons le test de Klein (1962). Ce
test consiste à comparer les coefficients de détermination y de chaque équation de long terme estimée aux
coefficients de corrélation simple (Xi ;Xj) des variables explicatives. Si (Xi ;Xj) alors on conclut qu'il n'y a pas de présomption de
multicolinéarité (Y étant la variable dépendante et
Xi, Xj les variables explicatives).
III-2-1-1-2- L'ordre d'intégration des
variables
III-2-1-1-2-1- Analyse de la stationnarité
Le test de ADF (Augmented Dickey-Fuller) est le plus souvent
celui qui est utilisé pour l'analyse de la stationnarioté des
variables. Selon plusieurs auteurs (Engle et Granger ,1987) ; Engle et Yoo
(1987)), pour faire le test ADF, il faut considérer individuellement
chaque variable en faisant une régression de cette variable par rapport
à ses valeurs retardées. Ainsi, par exemple si Xt est une
variable, on fait la régression suivante :
Le test ADF consiste à vérifier
l'hypothèse nulle Ho selon laquelle b1= 0 contre l'hypothèse
alternative H1 : b1> 1 (absence de racine unitaire). D'après
Engle et Yoo (1987), cette hypothèse nulle est rejetée si la
pseudo statistique t résultant de l'équation nulle est
inférieure à la valeur absolue de la valeur critique. Autrement
dit,
- si la valeur de l'ADF test statistique est
supérieure à la valeur critique au seuil á choisi, on
accepte H0 c'est-à-dire que la série admet une racine unitaire.
Ceci équivaut à dire que la série n'est pas
stationnaire ;
- si la valeur de l'ADF test statistique est inférieure
à la valeur critique au seuil á choisit, on rejette H0,
c'est-à-dire que la série n'admet pas une racine unitaire. Ceci
veut dire que la série est stationnaire.
b- Analyse de la cointégration
La cointégration permet de vérifier l'existence
d'une relation de long terme entre les variables du modèle. Deux
méthodes sont utilisées, à titre comparatif, pour tester
la cointégration des variables, notamment celle de Engle et Granger
(1987) et celle de Johansen (1988). Dans notre étude nous utiliserons
celle de Johansen (1988)
La
méthode de Johansen
Le test de cointégration développé par
Johansen (1988) et appliqué par Johansen et Juliesus (1990) utilise la
méthode du maximum de vraisemblance pour déterminer la
présence de vecteurs cointégrants dans les séries
stationnaires. La méthode de Johansen établit les séries
non stationnaires comme un vecteur autorégressif (VAR) :
ÄXt = c+ Ói ÄXt-i +
Ët-1 + ït
Ou est un vecteur de variable non stationnaires (en
niveau) et c le terme de la constante. La matrice d'information entre les
variables Ë est décomposée de sorte que
Ë = á â', á étant la matrice
des coefficients d'ajustement et â la matrice des vecteurs
cointégrants. La constance est introduite pour capturer les
caractéristiques de tendances des séries testées.
Cette méthode permet de détecter le nombre de
vecteurs cointégrant et de tester leur significativité.
L'existence d'un ou de plusieurs vecteurs significatifs indique alors la
présence d'une relation stable de long terme.
III-2-2- Les tests de validation du modèle
Cette série de tests comprend les tests de
normalité, d'hétéroscédasticité,
d'autocorrélation des erreurs.
III-2-2-1- Test de normalité
Le fait de savoir si les erreurs de notre modèle
suivent une loi normale se vérifie par le test de Jarque- Bera (J-B). La
statistique J-B suit, sous l'hypothèse de normalité, une loi du
Khi- Deux à deux degré de liberté. Ainsi, on accepte, au
seuil de 5 % l'hypothèse de normalité si J-B < 5,99 ou si
Probabilité > 0,05.
III-2-2-2-Test
d'hétéroscédasticité
En présence d'autocorrélation, l'estimateur des
MCO est sans biais, mais n'est plus à variance minimale. A ce niveau,
c'est le test de White qui a été effectué sur notre
modèle. Il ressort de ce test qu'il n'existe pas de problème
d'heteroscedasticité puisqu'il suffit que Probabilité soit
supérieur à 5 %.
III-2-2-3-Test d'autocorrélation
En présence d'autocorrélation, les
conséquences sont les mêmes puisque lorsque le modèle est
hétéroscédastique, les MCO sont sans biais mais pas
à variance minimale. Ici, on adopte le test de Durbin-Watson. Celui-ci
nous indique qu'il existe une autocorrélation des erreurs.
Pour corriger l'autocorrélation, on utilise la
méthode de Cochrane Orcutt
CHAPITRE IV : RESULTATS ET
INTERPRETATIONS
Dans ce chapitre, nous procéderons d'abord à
l'analyse des résultats économétriques puis à leurs
interprétations.
IV-1- Analyse des résultats
économétriques
Dans cette section, nous exposerons les résultats des
différents tests économétriques au niveau de
l'évolution des dépôts bancaires d'une part, et nous
procéderons, d'autre part, à la présentation des
résultats de l'évolution du financement bancaire.
IV-1-1-Au niveau de la mobilisation des dépôts
bancaires
Le résultat du test de présomption de
multicolinéarité nous a permit de constater qu'il n'existe aucune
corrélation entre les variables explicatives du modèle. En effet
(Xi ;Xj).
Dans le cadre de notre étude, nous avons utilisé
le test de stationnarité ADF. Les résultats des tests
effectués sur EVIEWS 4.1 pour toutes les variables, sont donnés
dans le tableau ci-dessous. Les décisions sont prises à 5 %.
Tableau3 : Resultats des tests ADF
Variables
|
Stationnarité en niveau
|
Stationnarité en différence première
|
Conclusion générale
|
ADF
|
Valeurs critiques à 5 %
|
Stationnarité
|
ADF
|
Valeurs critiques
|
Stationnarité
|
DBP
|
0,14
|
-1,95
|
Non
|
-4,67
|
-1,95
|
Oui
|
I (1)
|
PRH
|
-0,88
|
-1,95
|
Non
|
-5,07
|
-1,95
|
Oui
|
I (1)
|
IPF
|
-1,02
|
-1,95
|
Non
|
-3,007
|
-1,95
|
Oui
|
I (1)
|
INFL
|
-2,22
|
-1,95
|
Oui
|
-
|
-1,95
|
-
|
I(0)
|
TCRE
|
-3,15
|
-1,95
|
Oui
|
-
|
-1,95
|
-
|
I(0)
|
Source : nos calculs
Il ressort du tableau que les variables dépôt
bancaire sur pib (dbp), produit intérieur brut réel par habitant
(prh) et l'indicateur de politique financière (ipf) sont I(1),
c'est-à-dire intégré d'ordre 1, donc stationnaire en
différence première, par contre l'inflation (infl) et le taux
créditeur réel (tcre), sont I(0), donc stationnaire à
niveau.
Le fait que ces variables soient non stationnaires, il existe
un risque de cointégration entre elles. En effet, l'existence d'une
cointégration peut être à l'origine du caractère non
stationnaire observé sur les séries.
Seule la mise en oeuvre du test de cointégration peut
nous renseigner sur l'existence ou non d'une relation de cointégration
entre les séries.
Dire que les variables sont cointégrées signifie
que le mécanisme de transmission entre les variables explicatives et la
variable à expliquer est stable et plus prévisible au cours du
temps. Cependant des chocs peuvent conduire ces variables à
s'écarter de leur tendance commune. Ce qui très souvent aboutit
à de mauvaise prévision. Le théorème de
représentation de Granger préconise l'utilisation d'un
modèle à correction de déséquilibre pour la
prévision dans le cas où les variables sont
cointégrées. Ce théorème établit que tout
système cointégré admet une représentation ECM
(Modèle à Correction d'Erreur). Relativement à la
méthode de Engle et Granger (1987) qui est en deux étapes, nous
utiliserons celle de Johannsen (1988), qui est en une étape, pour
effectuer le test de cointégration.
La procédure du test de Johansen nous donne deux
statistiques qui sont comparées aux valeurs critiques. Eviews 4.1 nous
donne les statistiques et les valeurs critiques. Les résultats sont
consignés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 4 : Résultats du test de
Johansen
Trace test
Hypothèses
|
Statistique
|
Valeur critique
|
contre
|
11,68
|
24,31
|
Source : nos calculs
Le test de Johansen est effectué sur les séries
intégrées de même ordre I (1) : il s'agit des
variables DBP, PRH, IPF. Comme le suggère Johansen, le test se fait de
façon séquentielle. Ici, seule la première étape
est présenté dans le tableau, car l'hypothèse Ho du rejet
de l'existence de cointégration entre les variables est retenue. En
effet, cette hypothèse est retenue car les statistiques sont
inférieures aux valeurs critiques. Cette hypothèse étant
retenue, le test s'arrête là et on conclut à l'inexistence
de cointégration entre les variables. Les statistiques sont obtenues
avec un modèle VAR et constante (voir annexeIII)
Dans ce cas c'est l'approche classique qui est utilisée
pour l'estimation du modèle. Le modèle estimé comporte des
variables retardées qui améliorent le pouvoir explicatif.
Le test nous indique qu'il n'existe pas de relation de long
terme, nous avons donc utilisé une régression standard en
différentiant les séries non stationnaires en niveau.
Dès lors l'équation estimée nous donne
les résultats suivants :
Avec = 0,60 ; ajusté = 0,40 DW=2,039 F-stat = 3,027
Prob(F-stat) =0,021 N=34
variables
|
paramètres
|
Tcalculé
|
P-value
|
interprétation
|
C
LPRH
TCRE
LIPF
LPRHt-1
LIPFt-1
|
0,181
0,002
-2,075
0,107
-2,348
0,208
-0,060
|
4,229
0,0027
-3,845
2,106
-3,926
4,202
-1,871
|
0,0005
0,978
0,0012
0,0494
0,0010
0,0005
0,07
|
Significatif
Non significatif
Significatif
Significatif
Significatif
Significatif
Significatif
|
Tableau 5 : résultat de l'estimation
Source : nos calculs
Lede notre estimation est de 0,60 ; ceci traduit que 60 % de la
variation des dépôts bancaires est imputable aux variables
exogènes. Par contre, il faut noter que le modèle contient assez
d'insuffisance, ce qui se traduit par leajusté qui montre que seulement 40 % de la variation des
dépôts bancaires est imputable aux variables exogènes. Les
P-value sont les probabilités critiques. Les coefficients dont les
P-value sont inférieures à 5 % (0,05) et10 % (0,10) sont
significatifs. Les T-calculés sont les statistiques de Student et la
valeur critique du T de Student ou T lu est 1,96.
Après cette estimation, nous avons
procédé aux tests de validation du modèle estimé.
Les résultats de ces tests sont présentés en annexes de ce
document.
Pour le test de Durbin-Watson, les conditions de son
utilisation sont vérifiées. Par contre, la statistique de
Durbin-Watson exhibait une possibilité d'autocorrélation d'ordre
3. La méthode de correction proposée par le logiciel consiste
à introduire dans l'équation à estimer AR (1), AR (2) et
AR (3), dont les coefficients sont respectivement -1,04 , -0,99 , -0,61.
Après avoir appliqué cette méthode, la statistique obtenue
est de 2,03. Cette valeur permet de conclure la résolution du
problème d'autocorrection survenue ci avant.
Le test de White donne une P-value qui est égale
à 0,74. Cette valeur est supérieure à 0,05. On conclut
qu'à 5 %, les résidus sont homoscédastiques.
Le test de normalité des résidus de
Jarque-Béra effectué montre la normalité des
résidus au seuil de 5 %. En effet, la valeur de Jarque-Bera, JB=
3,36. Elle est inférieure à 5,99, la valeur limite. On accepte
que les résidus puissent s'ajuster suivant une distribution normale.
En somme, les erreurs sont non corrélées,
normales et homoscédastiques. Donc les estimateurs par les moindres
carrés ordinaires sont BLUE. Par ailleurs les tests de Cusum montrent
que le modèle est structurellement stable. Car la courbe
représentant les coefficients ne coupe pas le corridor, et le
corrélogramme en annexe montre que les résidus ne sont pas
autocorrélés.
IV-1-2- Au niveau de l'évolution du financement
bancaire
Le résultat du test de présomption de
multicolinéarité nous a permit de constater qu'il n'existe aucune
corrélation entre les variables explicatives du modèle. En effet
(Xi ;Xj).
Au niveau du financement bancaire, le test de
stationnarité utilisé est également celui du test ADF. Les
résultats du test sont donnés dans le tableau suivant et les
décisions sont prises à 5 %. Il faut rappeler que certaines
variables telles que le PRH, l'IPF, avaient déjà subit le
test.
Tableau 6 : Résultat des tests ADF
Variables
|
Stationnarité en niveau
|
Stationnarité en différence première
|
Conclusion générale
|
ADF
|
Valeurs critiques à 5 %
|
Stationnarité
|
ADF
|
Valeurs critiques
|
Stationnarité
|
FBP
|
-0,25
|
-1,95
|
Non
|
-4,35
|
-1,95
|
Oui
|
I (1)
|
CRI
|
-0,85
|
-1,95
|
Non
|
-5,86
|
-1,95
|
Oui
|
I (1)
|
INSTA
|
-0,86
|
-1,95
|
Non
|
-5,56
|
-1,95
|
Oui
|
I (1)
|
TDRE
|
-3,13
|
-1,95
|
Oui
|
-
|
-1,95
|
-
|
I (0)
|
Source : nos calculs
Les résultats nous révèlent que le
financement bancaire à l'économie sur pib (fbp), le taux brut de
dégradation du porte feuille-bancaire (cri) et l'indicateur de risque
d'instabilité sociopolitique sont I(1), donc stationnaire en
différence première. Quant au taux débiteur réel
bancaire, il est I(0), stationnaire à niveau.
Comme nous l'avions déjà signalé plus
haut, l'existence de variables non stationnaires suppose une présomption
d'une relation de cointégration. Dès lors, la
nécessité du test de Johansen s'impose.
Tableau 7: Résultat du test de Johansen
Trace test
Hypothèses
|
Statistique
|
Valeur critique
|
contre
|
25,022
|
39,89
|
Source : nos calculs, les résultats
d'Eviews 4.1
L'hypothèse H0 du rejet de l'existence de
cointégration entre les variables est retenue. En effet, cette
hypothèse est retenue car les statistiques sont inférieures aux
valeurs critiques.
Le test nous indique qu'il n'existe pas de relation de long
terme, nous avons donc utilisé une régression standard en
différentiant les séries non stationnaires en niveau.
L'équation estimée nous donne les
résultats suivants :
=0,999 ajusté =0,998 DW=1,86 Prob(F-stat) = 0,0014
F-stat=675,075 N=34
Tableau 8; résultat de l'estimation
variables
|
Paramêtres
|
T-calculé
|
P-value
|
interprétations
|
C
LPRH
TDRE
LIPF
LINSTA
LCRI
|
-0,114
-0,663
0,514
-0,062
-0,047
0,022
|
-21,52
-7,972
12,13
-13,376
-6,661
6,725
|
0,002
0,015
0,006
0,005
0,026
0,021
|
Significatif
Significatif
Significatif
Significatif
Significatif
Significatif
|
Source : nos calculs
Le de notre estimation est de 0,99 ; ceci traduit que 99 % de la
variation du financement bancaire est imputable aux variables exogènes
du modèle. Quant auajusté, il montre que 98 % des variations du financement
bancaire sont expliquées par les variables exogènes. La
Probabilité de Fischer ou Prob(F-stat) est inférieur à 5
% , ce qui montre bien la significativité globale du modèle.
Les P-value sont les probabilités critiques. Les coefficients dont les
P-value sont inférieures à 5 % (0,05) et10 % (0,10) sont
significatifs. Les T-calculés sont les statistiques de Student et la
valeur critique du T de Student ou T lu est 1,96.
Après cette estimation, nous avons
procédé aux tests de validation du modèle estimé.
Les résultats de ces tests sont présentés en annexes de ce
document.
Pour le test de Durbin-Watson, les conditions de son
utilisation sont vérifiées. Par contre, la statistique de
Durbin-Watson exhibait une possibilité d'autocorrélation d'ordre
3. Comme précédemment nous avons utilisé la
méthode de correction proposée par le logiciel qui consiste
à introduire dans l'équation à estimer AR (1), AR (2) et
AR (3), dont les coefficients respectifs sont -1,54 , -0,85 , -0,11. C'est la
methode de Cochrane orcut. Après avoir appliqué cette
méthode, la statistique obtenue est de 1,86. Cette valeur permet de
conclure la résolution du problème d'autocorrection survenue.
Le test de White donne un P-value qui est égal à
0,29. Cette valeur est supérieure à 0,05. On conclut qu'à
5 %, les résidus sont homoscédastiques.
Le test de normalité des résidus de
Jarque-Béra effectué montre la normalité des
résidus au seuil de 5 %. En effet, la valeur de Jarque-Bera, JB= 0,21.
Elle est inférieure à 5,99, la valeur limite. On accepte que les
résidus puissent s'ajuster suivant une distribution normale.
Au total, les erreurs sont non corrélées,
normales et homoscédastiques. Donc les estimateurs par les moindres
carrés ordinaires sont BLUE. Par ailleurs les tests de Cusum montre que
le modèle est structurellement stable. Car la courbe représentant
les coefficients ne coupe pas le corridor, et le corrélogramme en annexe
montre bien que les résidus ne sont pas autocorrélés.
IV-2- Interprétations des résultats
Nous ferons d'abord l'interprétation au niveau de la
mobilisation des dépôts bancaires, puis au niveau du financement
bancaire.
IV-2-1-Au niveau de la mobilisation des dépôts
bancaires
Notre analyse économique des résultats nous
permettra de présenter dans un premier temps l'impact direct de
la libéralisation financière capturé par l'indice de
politique financière, dans un second temps, l'impact indirect
mesuré par le taux d'intérêt créditeur réel,
puis nous saisirons l'impact du niveau de richesse et en fin celui de
l'inflation sur la mobilisation de l'épargne.
Capturé à travers l'indicateur de politique
financière, la libéralisation financière semble avoir
un impact direct sur la mobilisation des dépôts bancaires
ou de l'épargne financière en Côte d'Ivoire. Si nous tenons
compte de l'analyse de nos variables et de notre estimation, l'absence de
cointégration révèle une relation de court terme entre
l'évolution des dépôts bancaires et les autres variables
explicatives. En effet, le coefficient de l'indice de libéralisation
financière est positif et statiquement significatif (0,107)
à 5 % de risque. Ceci infirme notre hypothèse par rapport
à la capacité de mobilisation de l'épargne. En effet le
signe négatif attendu indique que la libéralisation
financière améliore la capacité de mobilisation de
l'épargne financière ou des dépôts bancaires. Cela
s'explique par la méthode de construction de l'indice, car une
évolution ascendante indique une forte répression, par contre une
baisse, la libéralisation financière. Il semble d'après
ces résultats, qu'en Côte d'Ivoire la libéralisation
financière ait entraîné une baisse des dépôts
bancaires ou de l'épargne financière (il est important de
souligner que ce coefficient positif montre que les mesures directes
de la politique de libéralisation financière agissent
négativement sur la mobilisation l'épargne). Ce résultat
peut être expliqué par le fait que la libéralisation
financière a permis d'alléger les contraintes d'accès des
ménages aux crédits bancaires notamment sous forme de
crédit à la consommation. En effet, les différentes
mesures de politique financière amorcées par l'UEMOA depuis 1989,
ont tendance à faciliter l'accès aux crédits bancaire.
Dès lors, les ménages ne sont plus incités à
épargner. Ces derniers ont donc tendance à différer leur
consommation dans le temps parce qu'ils peuvent consommer aujourd'hui plus que
leur revenu grâce à l'emprunt bancaire. Les résultats de
notre étude montrent bien que l'allègement de la contrainte de
liquidité serait le facteur dominant dans le processus de
libéralisation financière en Côte d'Ivoire. Par ailleurs,
les autres aspects de la libéralisation financière comme la
création des nouveaux produits d'épargne plus attractifs en terme
de rentabilité et de risque se sont éclipsés devant les
facilités d'obtention de crédits à la consommation.
D'autres études, notamment celles de Bandiera et al (1998, 2000),
avaient déjà mis en évidence de tels comportements
d'épargne. Ils ne sont donc pas seulement spécifiques aux
ménages ivoiriens. En effet, s'interrogeant sur l'impact direct
de la libéralisation financière sur la mobilisation de
l'épargne dans huit pays en développement, ces auteurs trouvent
que la libéralisation financière a un impact direct au
Ghana , en Turquie, en Corée et au Mexique. Ils ont même
estimé la baisse du taux d'épargne à cause de la
libéralisation financière à 12 % pour la Corée et 6
% pour le Mexique.
Mesuré à travers le taux d'intérêt
créditeur réel, l'impact indirect de la
libéralisation financière semble avoir également un impact
sur la capacité des banques à mobiliser les dépôts
ou l'épargne financière. En effet, le coefficient affecté
à cette variable est négatif et significatif (-2,075) à 5
% de risque. Ceci infirme notre Hypothèse, car le signe attendu selon la
théorie de la libéralisation financière est positif.
Cependant notre résultat peut s'expliquer par le fait que l'absence de
relation de long terme dans la relation estimée met en évidence
l'effet de court terme et non l'effet de long terme de la
théorie de la libéralisation financière. Il est important
de noter que le canal du taux d'intérêt ne permet pas d'observer
de façon précise l'impact de la libéralisation
financière sur le comportement d'épargne à cause de ces
effets contradictoires. Le signe de l'élasticité de
l'épargne par rapport aux taux d'intérêt reste ambigu tant
sur le plan théorique qu'empirique. Un taux d'intérêt
élevé fait accroître l'épargne grâce à
son effet de substitution (effet de long terme), Bandiera et al
(2000). Par contre, un taux d'intérêt élevé fait
réduire l'épargne si les effets de revenu et de richesse sont
importants (effet de court terme) (Muellbauer, 1994).
Ceci confirment bien nos résultats et montre qu'en
Côte d'Ivoire l'effet de richesse a dominé l'effet de
substitution. La reforme des taux d'intérêt (taux du
marché monétaire, taux d'escompte, taux de prise en
pension...etc.) de la BCEAO, a facilité l'acquisition de ressource
financière aux banques. Ces dernières ont donc octroyé des
crédits, mais des crédits à la consommation
(crédits de court terme) et non des crédits à
l'investissement (crédits de long terme).
L'impact du produit intérieur brut réel sur la
mobilisation de l'épargne financière est très souvent
mitigé. Dans le cadre de notre étude, le coefficient de cette
variable est positif et non significatif (0,002) à 5 et 10 % de risque.
Il semblerait donc que le système national de
production n'ait pas suivi l'évolution du système financier. En
fait ce résultat en apparence aberrant, pourrait s'expliquer par le fait
que la production du secteur informel rentre pour une large part dans la
composition de la production. Or, les acteurs qui oeuvrent dans ce segment de
l'économie sont généralement exclut du système
bancaire. Cela peut s'expliquer aussi par le fait que la crise
économique des années 80, qui s'est soldée par la
dévaluation de 1994 ait entraîné une pauvreté
généralisée.
Quant à l'inflation, elle semble jouer un rôle
négatif et significatif (-2,348) à 5 et 10 % de risque. En
effet, pour les économistes classiques, l'existence d'un comportement de
reconstitution des encaisses réelles inciteraient les ménages
à préserver le pouvoir d'achat de leurs économies et donc
à épargner davantage dans un contexte inflationniste. Par contre,
pour les économistes Keynésiens ce même contexte inciterait
les ménages à la consommation, donc à
désépargner car ils anticiperaient des hausses de prix de plus en
plus fortes. Nos résultats se conforment alors à ceux des
économistes Keynésiens.
Au total, du point de vue de la mobilisation de
l'épargne, il semblerait qu'il y'ait un impact direct de
libéralisation financière, une influence positive du taux
d'intérêt créditeur réel (impact indirect)
et négative du taux d'inflation. Par contre, nous avons constaté
une non significativité du produit intérieur réel brut.
Qu'en est il pour le développement financier
mesuré à travers le financement bancaire à
l'économie en Côte d'Ivoire ?
IV-2-2- Au niveau du financement bancaire.
Notre analyse économique des résultats nous
permettra d'exposer d'abord l'impact direct de la
libéralisation financière sur le financement bancaire à
l'économie à travers l'indicateur de politique financière,
puis le taux d'intérêt débiteur réel (impact
indirect) et le produit intérieur brut réel et enfin
l'impact de l'indicateur de risque d'instabilité sociopolitique et de
l'indicateur de la dégradation du portefeuille des banques.
Mesuré à travers l'IPF, la libéralisation
financière semble avoir également un impact
direct sur le financement bancaire de l'économie ivoirienne. En
effet, le coefficient affecté à cette variable est
négatif et significatif (-0,062) à 5 et 10 % de risque.
Ce résultat confirme notre hypothèse est conforme à la
théorie de la libéralisation financière. Comme nous
l'avons déjà expliqué plus haut, le signe
négatif met en évidence la sensibilité des
banques à réagir favorablement ou positivement à
l'ensemble des mesures de politique de libéralisation financière
amorcé dans l'UEMOA en général et en Côte d'Ivoire
en particulier depuis 1989. Ce résultat peut donc s'expliquer par le
fait que les impulsions données par la BCEAO, à travers ces
différentes mesures (voir annexe I ) ont activement joué dans les
décisions de financement bancaire de l'économie ivoirienne. Par
contre, il est extrêmement nécessaire de noter que cet impact
direct favorable, s'est exprimé par une augmentation du financement
bancaire de court terme qui se caractérise essentiellement par des
fonds de roulements aux entreprises qui ne fait que suivre le rythme de la
production et des échanges, le financement de la commercialisation des
produits agricoles (crédit de campagne), du crédit à la
consommation et non de long terme (crédit à l'investissement,
indispensable pour amorcer et entretenir le processus de développement),
ce qui d'ailleurs à conduit certains auteurs à montrer que les
banques n'ont pas joué le jeu de la libéralisation
financière. Pour ces derniers, elle n'a pas contribué
véritablement au développement économique des pays
africains (Eboué C, 1998 ; Ary Tanimoune, 2001).
L'impact indirect de la libéralisation
financière sur le financement bancaire à l'économie
ivoirienne, a été saisi à travers le taux
d'intérêt débiteur réel. Nos résultats
montrent que le coefficient affecté à cette variable est positif
et significatif (0,514) à 5 et 10 % de risque. Il est extrêmement
important de souligner que la part relative du financement bancaire de court
terme dans l'ensemble du crédit à l'économie est
très élevée. Elle se chiffre en moyenne à 65 %
(NIS, BCEAO).
Ce résultat peut s'expliquer par le comportement de
prudence que se sont imposées les banques, qui d'ailleurs opèrent
dans un environnement très risqué, avec une imperfection et un
coût très élevé de l'information. Les banques
expliquent de tels comportements non pas parce qu'il n'existe pas de projet
viable pour un financement de moyen ou de long terme mais
l'inaccessibilité des banques à l'information par laquelle les
risques et la viabilité peuvent être évalués de
manière adéquate, et des mécanismes effectifs pour
contraindre au remboursement du crédit. Dans son étude, Konan
(2001) montre qu'en Côte d'Ivoire, le taux débiteur bancaire n'est
pas significatif à long terme. Dès lors, la majorité des
projets à besoin de financement de long terme sont exclu. Ce qui, par
ailleurs, pourrait être l'une des causes du phénomène de
surliquidité en Côte d'Ivoire.
Le produit intérieur brut réel par habitant
apparaît négatif et significatif (-0,663) dans notre estimation.
Comme nous l'avons déjà noté plus haut, de tels
résultats laissent penser que le système bancaire ivoirien n'est
pas adapté à l'activité de production. Ces
résultats nous laissent soupçonner les structures
d'intermédiation informelles et décentralisées qui
d'ailleurs gagnent de plus en plus de terrain depuis leur officialisation par
les autorités monétaires.
Capturé à travers l'évolution d'un
indicateur, l'instabilité socio politique est un facteur
extrêmement déterminant dans la prise de décision du
financement bancaire. Le coefficient associé à cet indicateur est
négatif et significatif (-0,047) à 5 et 10 % de risque. La
présence d'un environnement sociopolitique stable est extrêmement
important pour un meilleur développement économique en
général et particulièrement pour un développement
financier dans la mesure où la confiance et la maîtrise de la
qualité du risque sont nécessaires pour les
intermédiaires bancaires. En effet, bien que la Côte d'Ivoire ait
connu durant ces trois dernières décennies une relative
stabilité politique, elle est confrontée depuis 1990 à des
crises sociopolitiques récurrentes. Ces crises ont un impact
négatif sur le financement bancaire. Elle décourage
également directement comme indirectement l'investissement privé
comme public. Cette instabilité sociopolitique a créé un
environnement d'insécurité généralisé et
malsain pour une bonne conduite des affaires. Dans de telles conditions, il est
difficile au banquier d'octroyer des crédits.
L'analyse de l'évolution du financement bancaire en
fonction du taux de dégradation du portefeuille des banques dans un
système bancaire est d'une importance capitale. Comme nous l'avons
déjà mentionné cette relation met en évidence la
capacité et la fiabilité du système d'information des
banques. Le taux de dégradation du portefeuille des banques a
été donc utilisé ici comme variable Proxy pour mesurer
cette fiabilité.
Le coefficient affecté à cette variable est
positif et significatif (0,022) à 5 et10 % de risque. Il confirme le
résultat attendu. Les banques, pour supposer qu'un contrat de prêt
sera bien respecté et le cas échéant qu'elles pourront
assez facilement réaliser les collatéraux (garanties), doivent
évoluer dans un environnement bien adapté à leurs
fonctions d'intermédiaires financier. Cette confiance à priori
des banques naît en partie grâce à l'efficacité
relative du système d'information, positivement influencé par les
institutions administratives et juridiques officielles en place (Servet, 1990).
En effet, ces dernières doivent être en mesure notamment, de
faciliter l'exécution rapide et efficace des contrats de dette et sinon
de sanctionner le manquement aux règles du jeu. En Côte d'Ivoire,
les institutions juridiques officielles et administratives ne semblent pas
avoir faciliter la mise en place d'un système fiable d'information pour
les banques. Nos résultats nous permettent d'affirmer que le
système d'information des banques ivoiriennes semble être un
obstacle à l'approfondissement du système financier ivoirien et
contribuerait à l'inefficacité de la politique de
libéralisation financière. En outre, confrontées à
une conjoncture plus ou moins mauvaises et surtout à un risque
inhérent d'instabilité sociopolitique, les entreprises
ivoiriennes, à majorité des PME, PMI, font difficilement face au
remboursement des dettes contractées auprès du système
bancaire. Nos résultats sont aussi confortés par le fait que la
structure du portefeuille des ressources des banques ne leur permet pas de se
lancer dans le financement réel de l'économie dès lors que
la majorité des ressources qu'elles possèdent sont à vue
(Konan Sylvère, 2001).
En définitive, dans l'explication du financement
bancaire de l'économie ivoirienne, cinq tendances semblent
déterminantes : l'impact direct de la
libéralisation financière, significative, le taux
d'intérêt débiteur réel et le produit
intérieur brut réel par habitant significatifs également,
ainsi que l'impact de l'instabilité sociopolitique et le taux de
dégradation du porte feuille des banques.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Après avoir présenté la théorie de
la libéralisation financière de Mac Kinnon et Shaw (1970), nous
avons fait une analyse de celle de l'intermédiation bancaire. Les
caractéristiques propres au système bancaire ivoirien ont
été exposées et les différentes mesures de
politique financière ont été également
présentées. Nous avons construit à l'aide de la
méthode de l'analyse en composante principale un indicateur qui
synthétise l'ensemble des mesures majeures de la politique de
libéralisation financière entamée depuis 1989 dans l'UEMOA
et particulièrement en Côte d'Ivoire, par les autorités
monétaires.
Nous avons tenté de mettre en évidence les
corrélations entre les indicateurs de développement financier
(mobilisation de l'épargne et financement bancaire de l'économie)
d'une part avec un indicateur de politique financière, les taux
d'intérêt (créditeur et débiteur) et d'autre part
avec certaines variables macroéconomiques. Les relations ont
été estimées par la méthode des moindres
carrés ordinaires.
Nos résultats nous laissent penser qu'en plus de
l'existence d'un impact indirect, il existe un impact direct
de la libéralisation financière sur la mobilisation de
l'épargne financière et du financement bancaire à
l'économie.
Nos résultats, par ailleurs, ont montré
également l'impact négatif de l'instabilité socio
politique dans notre pays sur le financement bancaire et une corrélation
positive entre le taux de dégradation du portefeuille bancaire (variable
Proxy qui a mis en évidence la fiabilité du système
d'information des banques ivoiriennes) et le financement bancaire.
Nos résultats démontrent bien que le processus
graduel de la libéralisation financière entrepris en Côte
d'Ivoire depuis plus de quinze ans, n'a pas atteint ses objectifs en
matière de développement financier et d'approfondissement
financier. Il semble donc que l'effet de court terme de la
libéralisation financière et la structure du système
d'information des banques ivoiriennes sont parmi les éléments qui
font obstacle à l'objectif final de la politique de
libéralisation financière. La conséquence immédiate
de ces obstacles est notamment le phénomène de
surliquidité du système bancaire ivoirien.
Nous voudrons à travers ces différents
résultats, apporter notre modeste contribution, en proposant quelques
recommandations de politique économique.
Sur le plan macroéconomique, il serait
intéressant de mettre en oeuvre une politique de libéralisation
financière sous contrainte par les autorités monétaires.
En effet, les marges d'intermédiation relativement importantes
dégagées par les banques (voir tableau I et II) d'une part et
l'insuffisance relative du financement à moyen et long terme du secteur
privé, engendrée essentiellement par un système
d'information bancaire pas assez fiable, d'autre part, indiquent que les
autorités monétaires semblent avoir une marge de manoeuvre pour
le financement administré sans pourtant revenir à celui de la
répression financière. Une telle politique permettra à
l'Etat et le secteur privé de ne pas se substituer, mais de se
compléter dans le cadre du développement du secteur financier et
du secteur réel. Quant n'est il de l'aspect
microéconomique ?
En effet, au niveau de la capacité des banques à
mobiliser l'épargne financière il serait intéressant que
les taux d'intérêt sur les dépôts soient totalement
libéralisés, de sorte que la concurrence entre les banques dans
le secteur financier améliore le niveau du taux créditeur
bancaire à fin de les rendre plus attractifs et permettre à
l'effet de substitution de dominer l'effet revenu. Elles se
doivent aussi de proposer des produits financiers nouveaux et attractifs. En
d'autres termes, promouvoir l'épargne à long terme. Il serait
donc souhaitable de développer davantage des produits d'épargne
contractuelle à des taux d'intérêt créditeur plus
intéressant. Les diverses formules de crédit aux ménages
doivent être liées à une épargne préalable ce
qui réduira sensiblement l'effet de revenu.
Au niveau du financement bancaire à l'économie,
les banques se doivent de reformer leur système d'information. En effet,
le faible niveau de ce dernier contraint les banques à ne pas s'engager
dans les financements de long terme à cause d'une forte asymétrie
d'information sur le marché des fonds prêtables. Elles devraient
réaliser un audit approfondit de leur système d'information afin
de définir un standard minimum commun. La bonne qualité des
ressources humaines qui sont chargées d'examiner les projets à
financer est de mise.
La politique de crédit des banques étant un
élément fondamental dans leur portefeuille, il importe pour
celles ci de respecter les treize principes cardinaux en matière
d'octroi de crédit tel que définis par Roger H. Hale (2001). Ces
principes sont les suivants :
1- La qualité des prêts doit absolument primer
sur la quantité ;
2- Il faut distinguer chez l'emprunteur deux sources
distinctes et indépendantes de remboursement.
3- L'intégrité de l'emprunteur ne doit faire
aucun doute ;
4- Il est indispensable de comprendre l'environnement et le
fonctionnement de l'entreprise ;
5- La décision du conseiller en crédit doit
être indépendante et libre de toute influence.
6- Le type de financement doit être en relation avec le
but du prêt ;
7- L'analyse doit prendre en compte les cycles
économiques ;
8- L'évaluation du management des entrepreneurs est
aussi importante que celle des états financiers.
9- Les garanties ne sont pas un substitut à la
capacité de remboursement ;
10- L'évaluation des garanties doit être faite de
façon professionnelle et impartiale ;
11- Le suivi des prêts et la documentation sont aussi
importants que l'analyse financière ;
12- Il faut prendre le temps de faire une analyse
complète ;
13- L'intégrité des déposants prime sur
celui des emprunteurs.
Les banques se devraient d'effectuer une prise de
participation active dans le capital des entreprises afin de réduire
l'asymétrie d'information entre elles et les entreprises. Aussi, elles
se doivent de mettre en place des relations de long terme avec leurs clients
à travers un traitement répété des contrats de
crédit, ce qui permettra de produire l'information nécessaire
à la gestion des risques.
Les pouvoirs publics se doivent de créer et
entretenir un climat de stabilité sociopolitique favorable à une
bonne conduite des affaires, ce qui augmentera la probabilité de
recouvrement des prêts. Elles se doivent également de renforcer le
système juridique et administratif à fin que soit bien
définit les règles du jeu et les droits de
propriété, ce qui permettrait aux banques de produire des
informations et de mieux cerner les garanties. Ces lois renforcées,
permettraient aussi de contraindre les débiteurs à rembourser les
prêts octroyés. En effet, ce n'est plus un secret car il est
constaté que la Justice ivoirienne est très lente et sans
spécialisation en matière bancaire (le même juge intervient
au pénal, au social, au commercial,...). Dans la pratique, les juristes
de banque estiment que l'avènement des textes de l'OHADA n'a pas
favorisé le saut qualitatif espéré. Ainsi, l'environnement
juridique (les textes, la justice et ses auxiliaires) ne parait pas assez
dissuasif pour prévenir le risque de défaut, et semble assez
lourd pour faciliter le recouvrement des créances.
Au terme de notre étude, il est nécessaire de
noter que des limites relatives à sa pertinence s'imposent.
En effet, notre étude a été fortement
tributaire de la qualité de nos données qui d'ailleurs, ont
été collectées en différentes sources. Il est aussi
important d'émettre des réserves sur la qualité de notre
indicateur de politique financière (IPF). D'ailleurs, l'estimation de la
relation qui met en évidence la capacité des banques à
mobiliser les dépôts bancaires montre que seulement 40 % des
fluctuations des variables de contrôle expliquent la variation de la
variable endogène. La significativité des constantes dans les
différentes équations nous prévient sur l'omission de
certaines variables qui expliqueraient davantage nos variables
endogènes. Pour une meilleure compréhension de la
libéralisation financière et de son impact sur le système
bancaire, il serait intéressant de mener une étude profonde sur
l'évaluation du système d'information des banques, d'analyser les
déterminants de la dégradation du portefeuille des banques de
l'UEMOA d'une part et d'analyser d'autre part, les nouvelles conditions de
financement du crédit de ces dernières.
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TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE................................................................................................i
REMERCIMENTS.......... .............................................................................ii
DEDICACE................................................................................................iii
LISTE DES SYGLES ET
ACRONYMES .........................................................iii
LISTE DES TABLEAUX ET
GRAPHIQUES.....................................................v
RESUME.....................................................................................................................................1
INTRODUCTION........................................................................................2
PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES ET
METHODOLOGIQUES
CHAPITRE I : FONDEMENT DE LA THEORIE DE LA
LIBERALISATION 9
FINANCIERE ET DE L'INTERMEDIATION
BANCAIRE
I.1- Une approche de la théorie de la
libéralisation financière 9
I.1.1- Analyse de la théorie de la
libéralisation financière 9
I.1.1.1- L'approche de Mc Kinnon et Shaw, et quelques
travaux 9
de leurs successeurs
I.1.1.1.1- L'approche de Mc Kinnon et Shaw 9
I.1.1.1.2- Quelques travaux des successeurs de Mc Kinnon
10
I.1.1.2- Remise en cause de la politique de
libéralisation financière et
quelques évaluations empirique de la
politique de libéralisation
financière 11
I.1.1.2.1- Remise en cause de la politique de
libéralisation financière 11
I.1.1.2.2- Quelques évaluations empiriques de la
politique de
libéralisation financière
12
I.1.2- Analyse de l'indicateur de politique
financière 14
I.1.2.1- Codification des mesures de politique
financière 15
I.1.2.2-La méthode de construction de l'indicateur
de
politique financière 16
I.2- Une approche de la théorie de
l'intermédiation bancaire 17
I.2.1- La firme bancaire et ses activités 17
I.2.1.1- La firme bancaire et l'activité de
transformation 17
I.2.1.2- La firme bancaire dans son activité de
création monétaire
et de gestion des mécanismes de
paiement 19
I.2.1.2.1- L'activité de création
monétaire 19
I.2.1.2.2- L'activité de gestion des
mécanismes de paiement 19
I.2.2. La nécessité de
l'intermédiation bancaire 19
I.2.2.1- La minimisation des coûts de transaction et
l'assurance
de liquidité 20
I.2.2.1.1- La minimisation des cout de transaction 20
I.2.2.1.1.1- Les économies d'échelle 20
I.2.2.1.1.2- La diversification des actifs 20
I.2.2.1.2- L'assurance de liquidité 20
I.2.2.1.2.1- Le modèle de Diamond et Dybvig (1983)
20
I.2.2.1.2.2- L'allocation symétrique optimale 21
I.2.2.2- L'activité de production et de gestion de
l'information 21
CHAPITRE II : CRACTERIRIQUES PROPRES A LA
CÔTE D'IVOIRE 23
II.1- Intérêt et cadre de l'étude
23
II.1.1- Intérêt de l'étude 23
II.1.2- Cadre de l'étude 24
II.1.2.1- Organisation du système bancaire de
la Cote d'Ivoire 24
II.1.2.2- Les mesures de libéralisation
financière 24
II.1.2-3- La crise socio-politique et le
système bancaire ivoirien 25
II.1.2.3.1- Un aperçu du système
bancaire avant le 19 septembre 25
II.1.2.3.2- L'impact de la crise socio-politique sur
le système bancaire 26
II.2-Politique de mobilisation de l'épargne
financière et de financement
Bancaire de la Côte d'Ivoire 27
II.2.1- La politique de mobilisation de
l'épargne financière 27
II.2.1.1-La politique de prix et la politique de
revenu 27
II.2.1.2-Le mode de fonctionnement du système
financier ivoirien 28
II.2.2-La politique de financement bancaire 28
II-2-2-1- La politique de financement bancaire de 1962
à 1989 28
II.2.2.2- La reforme de la politique de financement
bancaire 29
DEUXIEME PARTIE : ASPECT ANALYTIQUES ET
EMPIRIQUES 30
CHAPITRE III : ANALYSE DU MODELE 31
III.1- Les variables, leurs définitions
opérationnelles et la spécification
du modèle 31
III.1.1-Les variables et leurs définitions
opérationnelles 31
III.1.1.1- Présentation des variables
explicatives 31
III.1.1.2- Présentation des variables de
contrôle 31
III.1.2-La spécification du modèle
économétrique 36
III.1.2.1-Présentation du modèle 36
III.1.2- La méthode d'analyse 37
III.2.1- Multicolinéarité et ordre
d'intégration des variables 37
III.2.1.1-Test de multicolinéarité et
l'ordre d'intégration des variables 37
III.2.1.1.1-Test de multicolinéarité 37
III.2.1.1.2- L'ordre
d'intégration des variables 38
III.2.1.1.2.1- Analyse de la
stationnarité 38
III.2.1.1.2.1.1- Analyse de la
cointégration 39
III.2.1.1.2.1.1.a- La méthode de Johansen 39
III-2-2- Les tests de validation du modèle 39
III-2-2-1- Test de normalité 39
III-2-2-2-Test
d'hétéroscédasticité............................................................39
III-2-2-3-Test
d'autocorrélation................................................................40
CHAPITRE IV : INTERPRETATIONS DES
RESULTATS..............................................41
IV.1- Analyse des résultats
économétriques...................................................41
IV-1-1- Au niveau de la mobilisation des
dépôts bancaires.................................41
IV-1-2- Au niveau du financement
bancaire................................................ 44
IV-2- Interprétations des résultats
.............................................................46
IV-2-1- Au niveau de la mobilisation des
dépôts bancaires.................................46
IV-2-2- Au niveau du financement
bancaire................................................. 49
CONCLUSION GENERALE ET
RECOMMANDATIONS...............................................52
REFERENCES
BIBLOGRAPPHIQUES............................................................56
ANNEXE..................................................................................................66
ANNEXES
ANNEXES 3 : résultats des estimations et test
de validation
Date: 07/24/05 Time: 13:14
|
Sample(adjusted): 1972 2003
|
Included observations: 32 after adjusting endpoints
|
Trend assumption: No deterministic trend
|
Series: DBP IPF PRH
|
Lags interval (in first differences): 1 to 1
|
|
|
|
|
|
Unrestricted Cointegration Rank Test
|
Hypothesized
|
|
Trace
|
5 Percent
|
1 Percent
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Critical Value
|
None
|
0.260778
|
11.14384
|
24.31
|
29.75
|
At most 1
|
0.044681
|
1.474834
|
12.53
|
16.31
|
At most 2
|
0.000379
|
0.012115
|
3.84
|
6.51
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at the 5%(1%)
level
|
Trace test indicates no cointegration at both 5% and 1%
levels
|
|
|
|
|
|
Method: Least Squares
|
Date: 07/21/05 Time: 11:46
|
Sample(adjusted): 1975 2002
|
Included observations: 28 after adjusting endpoints
|
Convergence achieved after 15 iterations
|
Newey-West HAC Standard Errors & Covariance (lag
truncation=3)
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
D(LOG(IPF))
|
0.107282
|
0.050923
|
2.106730
|
0.0494
|
D(LOG(PRH))
|
0.002161
|
0.077636
|
0.027840
|
0.9781
|
TCRE
|
-2.075139
|
0.539634
|
-3.845454
|
0.0012
|
C
|
0.181314
|
0.042870
|
4.229432
|
0.0005
|
INFL
|
-2.348638
|
0.598107
|
-3.926787
|
0.0010
|
D(LOG(PRH(-1)))
|
0.208895
|
0.049707
|
4.202540
|
0.0005
|
D(LOG(IPF(-1)))
|
-0.060772
|
0.032468
|
-1.871765
|
0.0776
|
AR(1)
|
-1.046933
|
0.136297
|
-7.681241
|
0.0000
|
AR(2)
|
-0.993087
|
0.235064
|
-4.224747
|
0.0005
|
AR(3)
|
-0.619111
|
0.265611
|
-2.330890
|
0.0316
|
R-squared
|
0.602178
|
Mean dependent var
|
0.010650
|
Adjusted R-squared
|
0.403268
|
S.D. dependent var
|
0.245088
|
S.E. of regression
|
0.189327
|
Akaike info criterion
|
-0.218228
|
Sum squared resid
|
0.645205
|
Schwarz criterion
|
0.257559
|
Log likelihood
|
13.05520
|
F-statistic
|
3.027379
|
Durbin-Watson stat
|
2.039324
|
Prob(F-statistic)
|
0.021746
|
Inverted AR Roots
|
-.13 -.88i
|
-.13+.88i
|
-.79
|
White Heteroskedasticity Test:
|
F-statistic
|
0.549261
|
Probability
|
0.849503
|
Obs*R-squared
|
8.547569
|
Probability
|
0.741011
|
|
|
|
|
|
Test Equation:
|
Dependent Variable: RESID^2
|
Method: Least Squares
|
Date: 07/26/05 Time: 10:50
|
Sample: 1975 2002
|
Included observations: 28
|
Newey-West HAC Standard Errors & Covariance (lag
truncation=3)
|
Date: 07/24/05 Time: 13:39
|
Sample(adjusted): 1972 2003
|
Included observations: 32 after adjusting endpoints
|
Trend assumption: No deterministic trend
|
Series: FB CRI INSTA IPF PRH
|
Lags interval (in first differences): 1 to 1
|
|
|
|
|
|
Unrestricted Cointegration Rank Test
|
Hypothesized
|
|
Trace
|
5 Percent
|
1 Percent
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Critical Value
|
None
|
0.422889
|
42.61377
|
59.46
|
66.52
|
At most 1
|
0.303502
|
25.02272
|
39.89
|
45.58
|
At most 2
|
0.285725
|
13.44863
|
24.31
|
29.75
|
At most 3
|
0.080271
|
2.681056
|
12.53
|
16.31
|
At most 4
|
0.000107
|
0.003421
|
3.84
|
6.51
|
*(**) denotes rejection of the hypothesis at the 5%(1%)
level
|
Trace test indicates no cointegration at both 5% and 1%
levels
|
|
|
|
|
|
Dependent Variable: D(LOG(FB))
|
Method: Least Squares
|
Date: 07/07/05 Time: 19:15
|
Sample(adjusted): 1993 2003
|
Included observations: 11 after adjusting endpoints
|
Convergence achieved after 12 iterations
|
Newey-West HAC Standard Errors & Covariance (lag
truncation=2)
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
LOG(INSTA)
|
-0.047331
|
0.008102
|
-5.841781
|
0.0281
|
D(LOG(IPF))
|
-0.062008
|
0.004956
|
-12.51219
|
0.0063
|
D(LOG(PRH))
|
-0.663499
|
0.089027
|
-7.452776
|
0.0175
|
D(LOG(CRI))
|
0.022462
|
0.002617
|
8.581704
|
0.0133
|
TDRE
|
0.514929
|
0.044019
|
11.69778
|
0.0072
|
C
|
-0.114341
|
0.005520
|
-20.71316
|
0.0023
|
AR(3)
|
-0.119872
|
0.034805
|
-3.444102
|
0.0749
|
AR(1)
|
-1.544709
|
0.073251
|
-21.08794
|
0.0022
|
AR(2)
|
-0.858790
|
0.103917
|
-8.264228
|
0.0143
|
R-squared
|
0.999630
|
Mean dependent var
|
-0.076426
|
Adjusted R-squared
|
0.998149
|
S.D. dependent var
|
0.086877
|
S.E. of regression
|
0.003738
|
Akaike info criterion
|
-8.409076
|
Sum squared resid
|
2.79E-05
|
Schwarz criterion
|
-8.083525
|
Log likelihood
|
55.24992
|
F-statistic
|
675.0753
|
Durbin-Watson stat
|
1.868593
|
Prob(F-statistic)
|
0.001480
|
Inverted AR Roots
|
-.21
|
-.67+.37i
|
-.67 -.37i
|
White Heteroskedasticity Test:
|
F-statistic
|
4.134383
|
Probability
|
0.365372
|
Obs*R-squared
|
10.71211
|
Probability
|
0.295959
|
|
|
|
|
|
Test Equation:
|
Dependent Variable: RESID^2
|
Method: Least Squares
|
Date: 07/26/05 Time: 10:53
|
Sample: 1993 2003
|
Included observations: 11
|
Newey-West HAC Standard Errors & Covariance (lag
truncation=2)
|