I- Le risque de l'emprunteur
Dans leurs travaux de 1976, Jensen et Meckling
définissent la relation d'agence comme «un contrat par lequel une
ou plusieurs personnes (le principal) engage une autre personne (l'agent) pour
exécuter en son nom une tâche quelconque qui implique une
délégation d'un certain pouvoir à l'agent ».
Parmi ces relations d'agence, les auteurs retiennent la relation de
crédit qui lie le prêteur à l'emprunteur car le
prêteur délègue à l'emprunteur tout pouvoir de
décision sur les fonds prêtés. Il s'agit d'une
décision que le prêteur prend à un moment donné et
dont le dénouement se fera dans le futur. Pour Markovitz (1990) de
telles décisions sont enclines d'incertitude et de risque. Ce
risque n'étant rien d'autre que l'écart qui existerait entre le
résultat espéré de l'opération par le prêteur
et le résultat obtenu. Il est en partie dû aux asymétries
d'informations qui existeraient entre les différents acteurs de la
relation de crédit (Leland, 1977). En effet, l'emprunteur connaît
mieux ses qualités morales et son projet que le prêteur. Ce sont
ces asymétries d'informations entre ces derniers qui conduisent à
la sélection adverse et au alea moral qui sont les deux risques auxquels
fait face le prêteur.
I.1- La sélection adverse
Dans une relation d'agence, une incertitude auxquelles est
confronté le principal est celle de la qualité de la
sélection de l'agent (Raimbourg, 1997). Cette incertitude est
désignée parle le terme de sélection adverse. Il s'agit de
l'opportunisme ex-ante. Cette situation se présente lorsqu'il y a
tricherie avant la passation du contrat. Les transactions se réalisent
alors sur les mauvais agents (Coriat, 1995 P55).
Stiglitz et weiss (1981) étudient ce
phénomène dans la relation de crédit. La sélection
adverse désigne pour le prêteur le fait de sélectionner
pour le crédit des projets de mauvaise qualité. Ce risque est
relatif à l'état de la nature et peut se subdiviser en trois
sous-groupes. Le premier groupe concerne les caractéristiques
spécifiques du projet. En fait les emprunteurs ont une
responsabilité limitée dans la relation de crédit et les
prêteurs ne distinguent pas les différents risques attachés
à leurs projets. Ainsi le prêteur peut sélectionner pour le
crédit un projet dont les caractéristiques ne sont pas les
meilleures. Le second sous-groupe concerne le secteur ou plus exactement les
débouchés du projet. En ce qui concerne la micro finance,
certains projets ne bénéficient pas de crédit tout
simplement parce qu'ils sont orientés vers des secteurs pas très
appréciés par les établissements de micro finance
même s'ils sont de très bonne qualité. C'est le cas de
l'artisanat au Cameroun, contrairement aux activités telles le commerce,
les services, l'industrie (Onomo, 2004). Le troisième sous-groupe est
plutôt associé à l'environnement économique et dans
ce cas précis, la réalisation de l'état de la nature est
complètement indépendante des actions de l'emprunteur (Anne
Joseph, 2004). Dans beaucoup de pays d'Afrique il n'existe pas d'organisme qui
analyse les risques environnementaux de façon à permettre aux
potentiels prêteurs d'anticiper les fluctuations éventuelles de
l'environnement. Ce manque complet d'information sur l'environnement a ainsi
pour effet d'accroître le risque perçu de l'environnement
économique. Ce dernier sous-groupe de risque échappe à la
maîtrise du prêteur qui est plutôt porté à
réduire les deux premiers dans sa prise de décision. C'est
pourquoi dans une telle situation, son problème est de se faire
révéler la vraie information par l'emprunteur potentiel, qui seul
connaît la qualité réelle du projet qui doit être
attaché à la sollicitation du prêt (Mayoukou, 2002).
Cependant, dans le cas des IMF peu sont les micro entrepreneurs qui fournissent
des informations sur leurs activités. Lorsque les micro entrepreneurs
fourniraient ces informations, il est important de s'assurer que ces
dernières sont fiables.
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