SECTION II : REVUE DE LA LITTERATURE ET DEMARCHE
METHODOLOGIQUE
Nous passerons en revue quelques ouvrages et articles ayant
traité de la dette et des taux de change (Pragraphe1), avant de
présenter la démarche méthodologique adoptée
(Pragraphe2).
Paragraphe 1 : La revue de la
littérature
Même si la littérature sur la dette
extérieure foisonne, celle relative aux fluctuations de change
concomitamment à la dette extérieure, semble ne pas avoir cette
caractéristique. Cet état de chose est expressif de toute la
difficulté qui est nôtre dans la rédaction de cette partie
du présent document.
Néanmoins, sans trop enfreindre l'orthodoxie en
matière de revue de la littérature notre démarche sera un
peu particulière, car elle abordera la dette extérieure, les taux
de change, et les fluctuations de change dans la dette
extérieure :
- Hugo Ruiz Diaz Balbuena, conseiller
juridique du Comité d'Annulation de la Dette du Tiers Monde(CADTM),
2006, considère l'audit citoyen de la dette comme un instrument de
démocratisation des relations économiques et de contrôle
démocratique des actes de gouvernement. Pour lui, l'audit de la dette
est justifié par les dégâts sociaux qu'elle provoque dans
les PVD. Il conclut qu'elle constitue un « obstacle à la
croissance économique et au développement des PVD »
lorsqu'elle est mal gérée.
- Michel Saint-marc; pour faire
étalage de l'avantage que le recours à l'emprunt extérieur
peut porter aux PVD affirmait que « L'évidence est là,
que plus un Etat consacre des ressources en devises ou des crédits
à des achats productifs, plus vite cet Etat s'équipera et plus
vite il aura la chance de se développer. »
- Vincent Daniel SIMOUKOUA ( 2005), dans son
mémoire de DESS « réflexion sur la gestion des
risques liés au financement des projets sur emprunt
extérieurs », a montré qu'outre les risques
économiques, les risques financiers affectent également la dette
extérieure publique béninoise.
- Barry Eichengreen, Ricardo Hausmann et Ugo
Panizza dans leur article sur le péché originel, dans
la revue Erudit (2003), ont conclu que l'intégration financière
internationale n'a pas fonctionné comme prévue. Au lieu
d'accélérer la croissance des PVD, elle est devenue une
importante source de risques. Quant au risque de change, ils affirment que le
péché originel, ne disparaîtra pas de sitôt avec la
recette standard de prudence macroéconomique et de consolidation des
institutions nationales.
- A travers son mémoire « Allègement
de la dette des PVD : Cas du BENIN » FASJEP 2000,
Olivier J.S ADADJA aboutit à la conclusion que le
financement des projets nationaux par la complicité de l'épargne
intérieure a le mérite de pouvoir réduire progressivement
la dépendance financière extérieure. Et donc
d'éviter les risques de change.
- Claude SINZOGAN (1999), économiste
principal de la Cellule d'Analyse de Politique Economique (CAPE) avec la
collaboration de Sylvain DEGBE, consultant, a
évalué le Taux de Change Réel (TCR) du Bénin. Il a
conclu qu'un endettement excessif est source de déséquilibre
extérieur et donc de perte de compétitivité. Quant
à la dette extérieure, il affirme qu'elle influence
négativement la compétitivité extérieure du
BENIN.
- Les travaux de la Société
Française de Conseil en développement (SFC),
1994 sur la compétitivité de l'économie
béninoise ont conclu qu'il y a une détérioration de la
compétitivité macroéconomique à partir des
années 85 et 86 malgré la faiblesse de l'inflation à cause
des dévaluations sensibles des monnaies des pays concurrents, de la
surévaluation du FF, monnaie d'ancrage du FCFA, et de la
détérioration des termes de l'échange.
- Dans son mémoire de fin de formation cycle II de
l'INE, « risque de change et gestion de la dette extérieure en
République du BENIN », 1992, M. Mouritalabi
BADAROU démontre que les risques de change affectent
effectivement la dette extérieure du BENIN.
- Ismaël BADA (1990), dans son
mémoire de maîtrise ès sciences économiques,
« le BENIN face au recours à l'emprunt extérieur dans
le processus de développement 1975-1990 » conclut que
l'épargne nationale doit être encouragée et
dynamisée, puisque cette épargne, dit-il, pour développer
le pays ne manque pas, elle est plutôt drainée ailleurs.
- David Cohen (1986), dans son oeuvre
Monnaie, Richesse et Dette des nations, p.167-200, à évaluer la
capacité d'endettement d'un pays. L'hypothèse de base de son
modèle étant que les entrées de fonds viennent combler un
des trois écarts possibles dans une économie :
· Le déficit en devises étrangères
qui est l'écart entre les importations et les exportations ;
· La différence entre l'investissement et
l'épargne ;
· Le déficit du budget de l'Etat.
- Au regard de l'utilité de l'endettement pour le
développement, Dénis Hessler et Pierre Antoine
Ulmo (1985) affirment dans Mondes en Développement, Tome 13
n°50/51, page 250 que l'endettement extérieur n'est pas bon ou
mauvais en soi ; qu'il conviendrait plutôt de chercher les
critères qui le rendent légitimes et qui permettent de fixer son
niveau optimal dans le développement économique d'un pays.
Paragraphe 2 : La démarche
méthodologique
La démarche méthodologique dans un travail de
recherche prend en compte les informations quantitatives et qualitatives, avec
tous leurs aléas, et la capacité du chercheur à compiler
sur la période de recherche ces informations. C'est alors dire que la
dimension humaine peut entailler la crédibilité des conclusions
à la fin de la recherche.
Néanmoins, il est possible dans la collecte des
informations de faire preuve de circonspection afin que les mauvaises
informations ne portent un coup aux objectifs de la présente
étude.
Nous aborderons successivement, les sources et
caractéristiques des données, les difficultés de collectes
et les limites des données.
A- Sources et Caractéristiques des
données
Avant de préciser les caractéristiques de nos
données, nous indiquerons leurs diverses sources.
1 - Sources
- La recherche bibliographique et consultation de
documents (Ouvrages, mémoires, rapports) de la Banque Centrale des Etats
de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), de la CAA, de la CAPE, de la
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG), de la Direction
Générale de l'Economie (DGE), du FMI, de l'Agence
Française de Développement (AFD), du CADTM, et de l'Organisation
de Coopération et de Développement Economique (OCDE),
- La collecte d'informations à partir des
entretiens directes avec les Cadres de la CAA, et de la DGE
- L'exploitation de sites internet.
2- Caractéristiques
- Les taux de change sont à l'incertain et pris en
fin d'année,
- La taille des séries relatives taux de change
est de 1977 à 2006, soit une suite de 30 données annuelles.
- Les taux de change de 2005 sont
réutilisés en 2006 par manque d'informations.
B - Difficultés de la collecte et limites des
données
Comme dans tout travail de recherche, nous avons
été confrontés à des difficultés dans la
collecte des données nécessaires. Aussi reconnaissons - nous
certaines limites à ces données.
1- Difficultés de la collecte de
données
Nous avons été confronté dans notre
recherche documentaire à la rareté des ouvrages
traitant spécifiquement des effets des fluctuations de change sur la
gestion de la dette extérieure et à l'inexistence de banque
de données. Il nous a été impossible de tirer d'une
même source de données des chiffres sur une même variable
pendant les trente années. Ce qui nous a conduit à compiler
alors les informations sur une même variable à partir de sources
diverses.
2- Limite des données
Les limites que nous reconnaissons à nos chiffres
s'attachent à l'origine diverse des informations sur une même
variable. Pour ce qui concerne les valeurs nominales des emprunts en devises,
nous avons exploité le répertoire de dettes de la CAA.
La valeur nominale de certains prêts
sélectionnés pour l'identification du risque de change
était uniquement libellée en FCFA. Nous avons dû les
ramener en devise en utilisant les taux de change d'une autre base de
données (FINANSTAT 2005 principalement). Il est à craindre qu'une
telle méthode puisse éloigner ces données de la
réalité.
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