CHAPITRE II
APPROCHES DE SOLUTION POUR LA GESTION DES FLUCTUATIONS
DE
CHANGE DANS LA DETTE EXTERIEURE
L'application des procédés d'identification du
risque de change aux caractéristiques des emprunts que nous avions
sélectionnés a levé le voile sur les effets que peuvent
avoir les fluctuations des taux de change sur tout emprunt pendant son cycle de
vie. Ces effets, matérialisés par les écarts entre valeurs
réelle et attendue, peuvent, avec la plus grande aise qui soit, porter
le nom de risque.
Il urge de rappeler qu'en finance la notion de risque est
jumelle de celle de l'incertitude. On distingue généralement le
risque économique qui est l'incertitude relative, à la production
de biens et services réels dans l'économie, et le risque
financier qui est celle liée au prix des contrats représentant la
contre-valeur de ces biens et services (actions, obligations, devises).
Quelle que soit sa nature, tout risque se traduit par une
impossibilité de précision de la valeur future d'un
élément financier. La finance telle qu'elle est organisée
depuis le milieu des années 70 intègre dans ses analyses la
notion de risque.
En effet les risques encourus par la dette extérieure
du fait des fluctuations de change, eu égard aux résultats de
notre application, sont diverses et appellent à l'identification des
mesures de contrepoids.
La CAA, sous la couronne d'institution de financement du
développement par la complicité de l'endettement, s'apparente
clairement à une banque de développement et devra comme telle,
réduire son exposition aux risques encourus dans le cadre de ses
prestations, et maximiser sa capacité à supporter les risques en
vue de soutien aux activités de développement. En
considérant toutefois qu'elle est une émanation du
Ministère des Finances et de l'Economie, et qu'au regard de la
réglementation de change, elle n'a pas le pouvoir d'influencer les taux
de change, nous observons qu'une telle situation réduit sa marge de
manoeuvre. C'est pourquoi nous proposons tout au long de ce chapitre, des
mesures contre les risques de change auxquels est assujettie la gestion de la
dette extérieure.
SECTION I : LES MESURES DE GESTION DU RISQUE DE CHANGE
DANS LA
DETTE EXTERIEURE
Plusieurs éléments sont à prendre en
compte en matière de gestion du risque de change. Qui plus est, eu
égard au cycle de vie et aux conclusions à l'issue de nos
applications dans le précédent chapitre, les mesures dont nous
ferons la proposition s'attachent à la mobilisation des fonds d'emprunts
extérieurs et à leur amortissement.
Paragraphe I : Les éléments
de gestion du risque de change.
Pour mieux gérer un risque, il convient de faire son
inventaire, sa cartographie, de le quantifier puis de le mesurer.
A -L'inventaire et la cartographie du
risque
Nous ferons d'abord l'inventaire du risque et après sa
cartographie.
A - 1 : Inventaire du risque de
change.
L'inventaire du risque de change né de
l'instabilité des cours de devises dans la gestion de la dette, est
l'ensemble des étapes de cette gestion qui se trouvent
influencées par les fluctuations de taux de change. Comme l'avions -
nous montré, le risque de change se trouvait à tous les niveaux
du cycle de vie de la dette extérieure. Ainsi, on a :
- Le risque de change pendant la procédure de mise en
vigueur de l'accord de prêt
- Le risque de change lié à la mobilisation des
fonds d'emprunts extérieurs
- Le risque de change lié à l'amortissement de
la dette extérieure.
A - 2 : Cartographie du risque de
change
A chaque région appartient une monnaie et à
chaque monnaie est défini un taux de change par rapport aux autres
monnaies des autres régions. Ainsi, au Bénin (dans la zone UEMOA)
on utilise le franc CFA, aux Etats-Unis le dollar, en Irak le dinar irakien, en
Europe (dans l'euroland) l'euro, au Samoa le tala...
Les situations économiques de l'instant et les
politiques en cours affectent les taux de change (si ce n'est pas un
régime de change fixe). Par exemple, P. R. Krugman et M. Obstfeld
(2004) ont montré qu'une augmentation des taux d'intérêt
payés sur les dépôts en dollar provoque une
appréciation du dollar par rapport à l'euro, et par voie de
conséquence par rapport au franc CFA.
La cartographie permet de connaître les monnaies de
fortes fluctuations de change et celles dont elles sont moins intenses. Cela
pourra contribuer à la réduction de l'exposition aux risques de
change par une présélection des monnaies d'emprunt. Mais l'ardeur
d'une telle ambition se trouve éteinte part l'impossibilité du
Bénin de présélectionner ses partenaires au
développement.
B - La quantification et les mesures de gestion du
risque.
Nous traiterons de la quantification du risque, avant sa
gestion, et tout ceci en relation aux changes.
B - 1 : La quantification du risque de
change.
On ne peut mesurer le risque de change que lorsqu'on a une
idée précise des cas de son occurrence. Plusieurs facteurs,
généralement macroéconomiques, peuvent être à
l'origine du risque de change :
- Variations des cours boursiers,
- Volume et sens des flux de marchandises et de capitaux
dans un pays,
- Evénements politiques prévisibles et
imprévisibles,
- Anticipation des agents et opérations
spéculatives.
Ces facteurs affectent les cours des devises et provoquent
l'exposition au risque de change. Pour des raisons de simplification et de
domaine de compétence, la CAA pour quantifier son risque de change doit
se munir à chaque instant des rapports les plus récents de la
BCEAO sur les prévisions de taux de change. Cela lui permettra d'avoir
une vue prospective du niveau du risque à courir, aux fins d'une
meilleure organisation de ses opérations.
B - 2 : Les mesures de gestion du risque de
change.
Le risque de change est la possibilité d'une variation
de taux de change au cours d'une période donnée. Il traduit le
fait qu'une variation des cours de change peut entraîner une perte dite
de change ; c'est donc une perte éventuelle encourue par une
entreprise du fait de fluctuations de change.
La CAA est alors en risque de change dès lors qu'elle
réalise une opération financière dans une autre monnaie
que le franc CFA, et dont le taux de change par rapport à ce dernier
n'aurait pas été fixé. Le risque de change prend ainsi un
caractère automatique. En effet, plus la variation du cours de la devise
par rapport au franc CFA est forte, plus importante peut être la perte
nominale encourue.
Les mesures que nous proposerons ont deux grands
volets :
- les mesures de réduction du risque de change
- les mesures d'annulation du risque de change
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