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Politique de Libéralisation financière dans l'UEMOA: Impact et condition de réussite à partir d'une analyse emprique sur données de panel

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par Fidelia Beugre DAGO
Université de Cocody-Abidjan, UFR Sciences économiques et de Gestion, Programme GPE de la WBI (World Bank Institute) - DESS - GPE (Gestion de la Politique Economique) 2007
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE COCODY

UFR des Sciences Economique et Gestion

Centre Ivoirien de Recherche Economiques et Social

REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE

Union - Discipline - Travail

« Politique de libéralisation financière dans l'UEMOA : Impacts et conditions de réussite à partir d'une analyse empirique sur données de panel»

DAGO FIDELIA BEUGRE

Auditeur GPE-Abidjan 8ème Promotion

(2007)

Encadré par :

Dr N'ZUE FELIX FOFANA, Enseignant chercheur à l'UFRSEG, Université de cocody

TABLE DES MATIERES

AVANT-PROPOS III

REMERCIEMENTS IV

NOTE DE SYNTHÈSE V

INTRODUCTION 1

OBJECTIFS DE RECHERCHE : 3

SECTION I/ LIBÉRALISATION FINANCIÈRE ET CROISSANCE : BRÈVE REVUE DE LITTÉRATURE ET EXPÉRIENCE DES PAYS DE L'UEMOA 4

A/ Brève revue de la littérature : 4

B- Expérience des pays de l'UEMOA 8

SECTION II : MÉTHODE D'ANALYSE 9

A : Le modèle 9

B/ La méthode d'estimation 12

SECTION III : ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS 17

CONCLUSION GÉNÉRALE 22

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES I

ANNEXES IV

AVANT-PROPOS

Le Dossier de Politique Economique est un document élaboré dans le cadre de la formation de l'auditeur en gestion de politique économique (GPE).

Il porte sur un sujet de politique économique : «Politique de libéralisation financière dans l'UEMOA :Impact s et conditions de réussite à partir d'une analyse empirique sur données de panel» pour ce qui nous concerne.

Ce document comporte deux éléments qui sont : le dossier technique et la note de synthèse.

Le dossier technique traite de façon approfondie le sujet en faisant appel aux techniques et aux connaissances en économie et gestion.

La note de synthèse est un résumé des points essentiels du dossier technique et les principales recommandations de politique économique.

Le but visé est la mise en exergue de l'aptitude de l'auditeur à concilier théorie et pratique, pour la résolution d'un problème économique.

REMERCIEMENTS

Nous voudrions dire merci au Dr N'ZUE FELIX FOFANA, Enseignant chercheur à l'UFRSEG, Université de Cocody pour la qualité de ses critiques, la rigueur de son encadrement et surtout sa disponibilité, dans la réalisation de ce travail technique. Nous remercions également l'administration du GPE et du CIRES qui ont mis à notre disposition tous les moyens académiques et matériels.

Note de synthèse

Notre étude propose une évaluation empirique de l'impact de la libéralisation financière sur la croissance économique dans les pays de l'UEMOA. En effet, la libéralisation financière imposée à certains pays en développement sous l'égide des organisations financières internationales (FMI, Banque Mondiale) et l'impulsion de la puissante vague de la globalisation financière, est devenue une exigence incontournable pour amorcer une croissance et un développement durable dans les pays en voie de développement.

Afin de tenir compte des spécificités individuelles (pays) et a-temporelles des phénomènes de croissance, nous utiliserons une méthode d'estimation qui met en évidence à la fois les effets fixes et les effets aléatoires (Mixed effect) pour mieux estimer l'impact de la libéralisation financière sur la croissance.

Nos résultats obtenus, après des régressions sur données de panel, mettent en évidence un effet positif relativement faible, de la relation entre la libéralisation financière et la croissance économique de long terme. Ce qui laisse penser à la possibilité de mise en oeuvre des conditions nécessaires à la réussite de la politique de libéralisation financière compte tenue de la spécificité des pays en voie de développement. Lorsqu'on passe en revue la littérature économique, on s'aperçoit qu'une procédure de libéralisation ordonnée et enchaînée, devient non seulement inévitable mais rentable.

En effet, la prise en compte, d'une politique macroéconomique saine, d'un système financier intérieur solide et d'une réglementation prudentielle appropriée, s'avère nécessaire. Dans le cadre des pays de l'UEMOA, Les résultats trouvés suite à une régression multiple en données de panel montre que la libéralisation financière n'exerce un effet significatif sur la croissance économique que sous un niveau initial assez élevé de PIB réel par tête, un déficit budgétaire assez soutenu, un taux d'inflation maîtrisé et un capital humain assez qualifié, alors qu'un niveau d'endettement élevé exerce un effet négatif sur la croissance. Dès lors, la prise en compte de ces conditions et leurs améliorations favoriseraient davantage les performances économiques des pays de l'UEMOA.

INTRODUCTION

Au cours de ces trente dernières années, la littérature sur le financement du développement a beaucoup évolué. Suite à la baisse de l'aide au développement et à la crise de l'endettement extérieur, l'attention a été portée sur les conditions nécessaires pour que les systèmes financiers des PVD puissent mobiliser suffisamment de ressources et soutenir la croissance.

En effet dans les PVD, les gouvernements ont utilisés les systèmes financiers nationaux comme un instrument de politique de financement en intervenant dans les différentes phases de l'intermédiation financière. L'orientation de la politique financière interventionniste s'inscrit dans la conception selon laquelle dans les PVD, la croissance économique est contrainte par la rareté des ressources financières. L'Etat doit intervenir pour assurer le financement des secteurs porteurs de croissance. Cette conception a été abandonnée car il s'agirait moins de la rareté que d'une mobilisation insuffisante des ressources financières (Fry, 1995). C'est ainsi que les recherches se sont davantage intéressées aux conditions de réussite de la politique de libéralisation financière dans les PVD.

Du point de vue théorique, l'on a assisté à la naissance de «l'école de la libéralisation financière», qui recouvre à l'origine les travaux de R.I Mc Kinnon (1973) et E. Shaw (1973). Le paradigme de la libéralisation financière a permis de mettre en évidence une différence fondamentale entre l'approche néoclassique (Mac Kinnon et Shaw, 1973) et l'approche néostructuraliste inspirées des analyses Keynésiennes (Taylor et Van Wijnbergen, 1983). Pour les néoclassiques, la libéralisation financière doit se substituer à la répression financière mise en place par de trop nombreux pays en développement, notamment les pays de l'UEMOA. Ils sont en effet persuadés que de nombreux Etats en voie de développement font peser des contraintes tellement fortes sur la sphère financière que celle-ci est incapable de se développer. Dès lors, ils recommandent la hausse des taux d'intérêt, l'ouverture du compte du capital, la dérégulation du système bancaire et financier et le retrait de l'intervention publique. Leur objectif est la mobilisation de l'épargne domestique et l'amélioration de son affectation dans des projets d'investissement plus rentables et par conséquent une augmentation de la croissance.

Pour les neostructuraliste (Taylor et Van Wijnbergen, 1983), l'accroissement du taux d'intérêt suite à une politique de libéralisation financière ne peut qu'accroître l'inflation et donc ralentir la croissance. En effet, l'approche neostructuraliste prend en compte l'existence d'un marché informel, par conséquent des faibles taux d'intérêt peuvent être bénéfiques à l'investissement et stimuler la croissance.

Par ailleurs, comme l'ont indiqué Stiglitz et Weiss (1981), la politique de libéralisation à la Mc Kinnon et Shaw (1970), augmentant les taux d'intérêt, provoquera un effet de sélection adverse, c'est-à-dire l'éviction du marché du crédit des emprunteurs les moins risqués (ou ce qui ont une forte probabilité de remboursement). La hausse du taux d'intérêt accroît le rendement espéré mais aussi le réduira à cause de l'accroissement de l'incertitude. En définitive, du fait de cette sélection adverse, seules les créances potentiellement douteuses sont retenues, les meilleurs clients préfèrent s'abstenir si le complément d'information qu'ils offrent ne fait pas baisser la surprime de risque (Nagel O, 1997).

Mais au-delà de la controverse théorique (l'approche néostructuraliste), et compte tenu du caractère « opérationnel » de la libéralisation financière, il convient de déterminer si, oui ou non, cette politique financière a permis d'accélérer le développement et la croissance de l'économie des pays de l'UEMOA. Autrement dit la libéralisation financière a-t-elle un impact sur la croissance économique dans l'UEMOA ; Quelles sont les conditions de réussite de cette politique dans les pays de l'UEMOA ?

Comme nous le signalions plus haut, les recommandations de Mc Kinnon et Shaw ont très rapidement reçu un écho favorable. Beaucoup y ont vu une manière simple et efficace de sortir un certain nombre d'économie, notamment celles de l'UEMOA, du sous développement. De nombreuses études économétriques ont essayé de vérifier empiriquement les impacts de la libéralisation financière (Thornthon 1991 ; Fry, 1995 ; Demetriades et Luintel, 1997). Nous essayerons sur la base des travaux de Courakis (1984), Stiglitz (1994), Demertriades et luintel (1996), Bandiera et al (2000), Ary Tanimoune (2001), Amaira Bouzid (2003) et de Mouldi et Mourad (2004), de déterminer l'impact de la libéralisation financière sur la croissance économique. En outre, il est également difficile d`établir des conditions standards pour la réussite de la politique de libéralisation financière. Par contre a partir d'une analyse empirique il est possible de les identifier (Amaira Bouzid, 2006 ; Hamdi Kalfaoui, 2006). Leurs mises en oeuvre amélioreraient davantage la réussite de la politique de libéralisation financière. En d'autres termes, l'ordonnancement des reformes dans le temps les niveaux de développement économique et financier, les structures institutionnelles, les systèmes juridiques et les pratiques d'affaires, et la capacité à gérer les changements sont des domaines pertinents pour la libéralisation financière. Il est sans doute nécessaire d'identifier dans le cas des pays de l'UEMOA les conditions de réussite.

Objectifs de recherche :

Objectif principal :

Le but de l'étude est de permettre une meilleure compréhension du lien qui existe entre la libéralisation financière et la croissance économique.

De façon spécifiques, il s'agit de :

§ Déterminer l'impact des variables financières sur la croissance économique des pays de l'UEMOA ;

§ Déterminer les conditions économiques et financières qui favoriseraient l'effet de la politique de libéralisation financière sur la croissance économique dans les pays de l'UEMOA ;

La suite du document s'organise comme suite :

la première section passe en revue les principaux travaux de recherche théorique et empirique qui mettent en évidence l'impact des valeurs financières sur la croissance économique. La seconde section va permettre l'analyse statistique et économétrique des données de l'étude, la troisième section nous permettra d'interpréter nos résultats et en fin la quatrième section conclura le document.

Section I/ Libéralisation financière et croissance : brève revue de littérature et expérience des pays de l'UEMOA

A/ Brève revue de la littérature :

Du point de vue théorique, le concept de libéralisation financière apparaît au début des années 70 dans les écrits de R.I Mc Kinnon (1973) et E .Shaw (1973). Ces deux auteurs présentent la libéralisation du secteur financier comme un moyen efficace et simple pour accélérer la croissance économique des pays en voie de développement. Cette théorie trouve rapidement un écho favorable, tant auprès des grands organismes internationaux (FMI, Banque Mondiale) qu'auprès de certains pays en voie de développement. Elle séduit par la simplicité de sa mise en oeuvre. Pour ces deux auteurs, les pays en voie de développement souffrent moins d'un manque de ressource financière que d'une intermédiation, essentiellement bancaire, devenue inefficace du fait des distorsions liées à l'administration des taux d'intérêts. Le développement de leurs travaux a donné lieu au paradigme de la répression financière (Galbis, 1977, Mathieson, 1980, Fry, 1995). La principale proposition de politique économique est la libéralisation des conditions financières des banques, le taux d'intérêt étant la principale variable de contrôle. En l'occurrence, il devrait s'en suivre une hausse des taux d'intérêt qui permettent aux banques d'être plus performantes dans la mobilisation de l'épargne et le financement de l'économie. Depuis les contributions de ces deux pionniers, un train de littérature économique, en la matière, à été mis en place dont l`objectif est de tester la validité de la thèse de la libéralisation financière selon laquelle un système financier libéralisé joue un rôle positif dans le financement du développement économique.

Dans son ensemble, la première génération des travaux des héritiers [Kapur (1976,1983), Vogel et Buser (1976), Galbis (1977), Mathieson (1979, 1980)], comme le souligne Balassa (1993), s`attache plus à modéliser les contributions originelles de Mac-Kinnon et de Shaw qu`à apporter de nouveaux fondements au concept de la libéralisation financière. Cependant, Fry (1988b) parvient à enrichir les thèses des fondateurs en spécifiant les fonctions d`investissement et d`épargne. Selon FRY l'administration des taux d'intérêt à un niveau bas entraîne des conséquences, telles qu'un système bancaire peu développé, la rareté de l'épargne financière, la faiblesse de l'investissement et de la productivité du capital, ce qui serait un frein à la croissance économique.

La libéralisation financière est censée favoriser, à travers la hausse du taux d'intérêt créditeur réel, l'accroissement des investissements et l'augmentation des ressources investies en capital productif. Fry (1981) trouve des résultats significatifs et conformes à la relation positive entre le taux d'intérêt réel et le volume de crédits intérieurs sur un échantillon de douze pays asiatiques. Par contre, Green et Villanueva (1991) trouvent que la hausse des taux d'intérêt réduit les investissements dans 33 pays en développement. Demetriades et Devereux (1992) aboutissent à une conclusion similaire sur un échantillon de 64 pays en développement.

Quant à la seconde génération, Roubini et Sala-i-Martin (1992, 1995) et De Melo et Giovannini (1993) et King et Levine (1993b), elle s`est efforcée de fonder sa contribution sur des concepts économiques plus récents. Dans une étude, Bandiera et al (2000) analysent la fonction d'épargne privée dans un échantillon de huit pays en développement. Dans six pays, les régressions entre l'épargne privée et le taux d'intérêt créditeur réel conduisent à une corrélation négative. En outre pour Bandiera et al (2000), l'effet à court terme de la libéralisation financière sur l'épargne peut être observé lorsque les réformes viennent d'être mises en place. Une évaluation de l'impact des différentes réformes financières sur l'épargne nécessite une analyse des différents canaux de transmission de la libéralisation financière et la séparation entre les effets de court terme et de long terme véhiculés par le processus de transmission. L'effet à court terme provient essentiellement d'une variation des taux d'intérêt et des quantités de crédits disponibles. Dans ce cas l'épargne pourra chuter pendant les premières années de la libéralisation financière laissant la place à un boom de la consommation (Muellbauer, 1994). A long terme, la libéralisation financière aura permis un développement financier qui influencera positivement la croissance de la production et du revenu, et donc de l'épargne.

Cependant, l`échec des expériences de libéralisation financière dans de nombreux pays en développement a été à l`origine de l`émergence de plusieurs analyses émanant de nouveaux courants théoriques. Citons, à titre d'exemple, les analyses des néo-structuralistes de Taylor (1983) et de Van Winjbergen (1983), celles des post-keynésiens Burkett et Dutt (1991), celles liées aux problèmes informationnels de Stiglitz et Weiss (1981) et enfin celles liées aux problèmes de financement du déficit budgétaire de l`Etat [Bencivenga et Smith (1992)]. Ces analyses ont essayé de montrer les effets néfastes de la libéralisation sur le développement économique.

Les critiques néo-structuralistes prennent en considération non seulement le secteur financier officiel mais aussi le secteur financier informel. Elles ont mis en évidence les effets négatifs d`une hausse des taux d`intérêt, conséquence directe de la libéralisation financière. Par contre, les critiques post-keynésiennes se basent sur les concepts keynésiens de demande effective, de préférence pour la liquidité et de constitution d`une épargne de précaution. Elles montrent que, dans un contexte d`utilisation des pleines capacités de production, la libéralisation financière, parce qu`elle permet théoriquement la croissance de l`épargne, se traduira par un ralentissement économique à la fois à court et à long terme. En outre, dans un contexte de plein emploi, elle ne serait efficace qu`à court terme tandis que son impact de long terme s`avèrerait indéterminé (Dutt et Burkett, 1991).

Depuis lors, les analyses aussi bien théoriques que pratiques ont montré que le succès de la libéralisation des systèmes financiers est souvent assuré par le respect de certaines conditions, telles que, les réformes fiscales, juridiques, comptables, financières et réglementaires ainsi que la stabilité macro-économique. Mac-Kinnon (1991) souligne que la discipline budgétaire et le contrôle monétaire doivent intervenir avant d`entamer des politiques de libéralisation. Pour Johnston et Pazarbasioglu (1995), les politiques macroéconomiques de stabilisation constituent une condition préalable à toute politique de libéralisation financière réussie en termes d`efficacité et de croissance économique. Quant à Fry (1997) il soutient que les différences institutionnelles (les modes et la qualité de la supervision prudentielle) constituent une des causes qui affectent l`impact des politiques de libéralisation financière sur le développement financier. Plus tard, cette idée a été soutenue par Arestiers, Demetriades, Fattouh et Mouratidis (2002). D'autres comme De-Silianes et Vishny (1997) ont souligné que la qualité des normes juridiques et les lois d`exécution des contrats sont des déterminants importants du développement des marchés des capitaux.

Généralement, les leçons tirées à partir de l'expérience de certains pays d'Amérique latine, du Sud-Est asiatique ou de Scandinavie confirment en outre que la réussite d'un processus de libéralisation financière est tributaire d'une bonne politique macroéconomique. C'est en effet, le moyen d'éviter un déséquilibre grandissant des marchés financiers et d'atténuer les crises financières lorsque la panique fait rage. Une gestion rigoureuse des finances publiques, grâce à laquelle les déficits ne grossissent pas hors proportion, permet d'éviter la tentation de recourir à l'emprunt extérieur qui pourrait compliquer la gestion de la dette, miner le crédit du pays ou le rendre plus vulnérable aux chocs externes. La politique monétaire peut servir à contrecarrer les désordres dans des marchés (un relèvement temporaire des taux d'intérêt peut inverser l'exode des capitaux) et, alliée à la politique budgétaire, elle peut atténuer la contraction de l'économie en cas de fléchissement de la conjoncture (une expansion budgétaire et monétaire permet de stimuler la production et l'emploi, et de faire face aux effets de perturbations passagères.

En somme, la majorité des contributions théoriques admettent que la libéralisation financière accroîtra le poids de l`activité financière dans la production de biens et de services si elle est précédée par un plan de reformes minutieux et des considérations systémiques appropriées.

B- Expérience des pays de l'UEMOA

Dans l'UEMOA , la libéralisation financière a été amorcée en 1989 avec la nouvelle politique de la monnaie et du crédit, et affirmée avec les reformes de 1993. La BCEAO (Banque Centrale des Etats de L'Afrique de l'Ouest) a significativement modifié sa politique de taux d'intérêt d'abord avec le remplacement du taux d'escompte préférentiel et du taux d'escompte normal par un taux d'escompte unique (1989) et ensuite la mise en place du taux de prise en pension (un taux intermédiaire entre le taux du marché monétaire et le taux d'escompte, 1993). Par ailleurs le fonctionnement du marché monétaire de l'union a été adapté avec la création d'un marché interbancaire, d'un guichet d'appel d'offres et la fusion des trois compartiments en un seul guichet hebdomadaire (1993). Du point de vue des taux d'intérêt débiteurs ils ont été totalement libéralisés, suite à la suppression des niveaux planchers en 1989 et des niveaux plafonds en 1993, même s'il existe un taux d'usure que les banques sont tenues de ne pas dépasser. En outre, à l'exception de la rémunération minimale pour placement privés de moins d'un an et inférieurs à 5 000 000 de f CFA et le taux fixe pour les placements contractuels, toutes les autres conditions créditrices ont été libéralisées en 1993. Il est tout aussi intéressant de noter que les programmes sectoriels de crédit ont été supprimés en 1989 et l'encadrement du crédit a été remplacé en 1993 par la constitution de réserve obligatoires en règle générale non rémunérées. Initialement identique dans tous les pays, le coefficient et l'assiette des réserves obligatoires ont été ensuite différentiés depuis Août 1998.

Section II : Méthode d'analyse

A : Le modèle

A/ 1 : Spécification du modèle

Les recherches théoriques et empiriques les plus marquantes entre le développement financier et la croissance économique sont les travaux de King R. et Levine R. (1993) qui ont mis évidence le rôle important du système financier dans le développement de la croissance économique. Ces auteurs ont développé un modèle estimé sur la base d'un échantillon composé de 80 pays sur la période (1960-1989). Ces derniers avaient effectué leurs validations en coupes transversales, cependant nous estimons que l'analyse à partir de l`économétrie des données de panel semble être une voie de recherche plus pertinente pour l`estimation des facteurs de croissance. En effet la prise en compte de données individuelles et temporelles permet de mieux appréhender les différents facteurs susceptibles d`expliquer la croissance. Considérant dès lors les travaux de Hamdi Kalfaoui (2006), notre analyse empirique prend en compte des données annuelles pour les pays de la zone Uemoa. C'est un échantillon de 7 pays qui s`étale sur une période de 16 ans allant de 1989 à 2004, donc 112 données. La spécification du modèle prend la forme suivante :

(1)

Croissance :

est le taux de croissance économique, ILF, l`un des indicateurs de libéralisation financière et VC les variable de contrôles et , le terme d`erreur.

Pour mettre en évidence les conditions de réussite, nous essayerons d'analyser les termes d'interaction entre variables en vue de savoir si l'impact positif de la libéralisation financière est étroitement lié à certaines conditions économiques, institutionnelles et sociales. En effet, des travaux théoriques et empiriques antérieures ont montré que la réussite de la libéralisation financière est fonction du niveau de développement économique et financier, des structures institutionnelles et sociale, de la stabilité macroéconomique (Amairi Bouzid 2006, Hamdi Kalfaoui, 2006). Dès lors, nous présentons un modèle dont l'analyse nous conduira à déterminer des conditions favorables à la croissance. Le modèle est le suivant :

(2)

Avec une variable incluse dans la matrice des variables de contrôle, et peut représenter le déficit budgétaire (DBG) en pourcentage du PIB, le taux d'inflation (INFL), le niveau du capital humain (HUM), l'ouverture commerciale (OCM) en pourcentage du PIB, le niveau de la dette extérieure (DET) en pourcentage du PIB. Par exemple l'équation (2) permet de tester si l'augmentation ou la diminution du taux d'inflation par pays change l'effet de la libéralisation financière sur la croissance. En Effet, un taux d'inflation élevé est un signe d'instabilité macroéconomique. Si le paramètre (b2) associé au croissement des deux variables est négatif, il montrerait qu'un environnement macroéconomique inflationniste conduit la libéralisation financière à avoir un effet négatif sur la croissance. Si par exemple, le paramètre b2 associé au croissement des deux variables est positif, il montrerait également que le niveau du capital humain favoriserait un impact positif de la libéralisation financière sur la croissance économique.

A/2 Le choix des variables

A partir de la revue de la littérature théorique et empirique, nous avons mis en exergue les principaux facteurs ou déterminants financiers de la croissance économique. De façon générale, la théorie économique distingue deux types de variables déterminantes : des variables de contrôle et des indicateurs de libéralisation financière.

L'indicateur économique choisi qui est la variable à expliquer c'est à dire le développement économique ou la croissance, est représentée par le PIB réel par habitant (PIB)

Les indicateurs de mesure de la libéralisation financière (ILF) : Le niveau de la libéralisation financière interne est mesuré par deux indicateurs fondamentaux qui évaluent le niveau de développement de la finance indirect à travers le degré de canalisation des fonds au secteur privé et l`efficience de l`intermédiation financière :

Les crédits accordés au secteur privé en pourcentage du PIB (),

La monnaie au sens large en pourcentage du PIB () ;

Concernant l'indicateur de la libéralisation financière externe, qui mettra en évidence l'innovation technologique, nous mettrons l`accent sur les investissements directs étrangers qui vise la capacité d`un pays à attirer les investisseurs étrangers. Cette variable est exprimée en pourcentage du PIB (). En effet pour tenir compte de l'ensemble des canaux par lesquels l'ouverture peut affecter la croissance économique, il nous parait nécessaire de rajouter les IDE dans notre équation de croissance. Les IDE induisent l'innovation technologique. Leur effet positif a été démontré par plusieurs auteurs comme Borensztein, De Gregorio et Lee (1995).

Les variables de contrôle que nous avons choisies ont été sélectionnées vu l`importance de leur pouvoir prédictif et leur impact direct sur la croissance économique. Nous nous basons sur la littérature de la croissance endogène pour expliquer et évaluer la variabilité du taux de croissance du PIB réel par tête :

Le stock du capital humain (HUM) : En considérant les travaux de Mankiw Romer et Weil (1992), cette variable sera estimée à partir du taux de croissance du taux de scolarisation secondaire comme proxy du capital humain (?PIB / ?HUM > 0) ;

Le taux de croissance de la population (POP) : L'étude du modèle de croissance exogène, comme celui du Solow, considère qu'un taux de croissance élevé de la population exerce un effet appauvrissant (?PIB / ?POP < 0) ;

Le niveau de PIB initial par tête (PIBI) : Dans le cadre de la théorie néoclassique l'élasticité du taux de croissance du PIB réel en pourcentage du PIB initial par tête mesure le degré de convergence des pays de l'UEMOA vers l'état d'équilibre.

Le degré d`ouverture commerciale de l`économie (OCM) : Estimé par le volume des exportations plus les importations en pourcentage de PIB (?PIB / ?OCM <> 0) ;

Taux d`investissement publique par rapport au PIB (IPu) : Dans le cadre du modèle de croissance endogène de Barro, les investissements publics ont un effet positif sur la croissance (?PIB/ ?IPu > 0) ;

Taux d`investissement privé par rapport au PIB (IPr) : Estimé par la formation brut du capital plus la variation de l'épargne privée (?PIB / ?IPr > 0)

Nos données seront essentiellement tirées des statisques de la Banque mondiale (World development indicators 2002 et 2004) , ADB indicators 2002 et du Fonds Monétaire International (InternationalFinancial Statistics ).

B/ La méthode d'estimation

Certains avantages peuvent être avancés pour l'utilisation des données de panel par rapport aux données en coupe ou chronologiques [Hsiao (2003)]. Les données de panel présentent généralement moins de multicollinéarité que des données en coupe ou des données chronologiques et permettent des estimations plus précises des paramètres. La complexité des comportements des individus étudiés est souvent mieux décrite. Les problèmes soulevés par la non-stationnarité des séries chronologiques et les erreurs d'estimations sont réduits.

(3)

Il existe plusieurs méthodes d'estimation. Le choix de la méthode dépend des hypothèses que l'on effectue sur les paramètres et sur les perturbations. Lorsque l'on considère un échantillon de données de panel, la toute première chose qu'il convient de vérifier est la spécification homogène ou hétérogène du processus générateur de données. Sur le plan économétrique, cela revient à tester l'égalité des coefficients du modèle étudié dans la dimension individuelle. Sur le plan économique, les tests de spécification reviennent à déterminer si l'on est en droit de supposer que le modèle théorique étudié est parfaitement identique pour tous les pays, ou au contraire s'il existe des spécificités propres à chaque pays. Soit le modèle :

L'hétérogénéité, ou effet individuel, correspond à contient un terme constant et un ensemble de variables spécifiques aux individus. Trois méthodes d'estimation peuvent être envisagées selon le caractère de :

- une estimation par les moindres carrés ordinaires lorsque ne contient qu'un terme constant;

- une estimation avec effets fixes lorsque est non observé, mais corrélé avec ;

- une estimation avec effets aléatoires lorsque l'hétérogénéité individuelle non observée est supposée non corrélée avec les paramètres.

Le choix entre les différentes estimations s'appuie sur trois tests statistiques :

- la statistique F ou statistique de Fischer qui permet de comparer une estimation avec ou sans effets fixes ;

- le multiplicateur de Lagrange (LM) proposé par Breush et Pagan (1980) teste la pertinence des effets aléatoires contre les effets fixes, la statistique LM suit un chi-deux à un degré de liberté ;

- le test de spécification de Hausman (H) (1978) permet de comparer l'estimation avec effets aléatoires à celle par les moindres carrés ordinaires, la statistique H suit un chi-deux à K-1 degrés de liberté.

Mais nous allons ici nous concentrer sur un autre type de modèle linéaire: les modèles avec un mélange d'effet (Mixed Effect) hiérarchisé ou à multi niveaux (Mixed effect and hierarchical multilevel model) autrement dit le modèle avec coefficient fixe et aléatoire, proposé par Hsiao (1989). A la différence des autres modèles, le modèle avec Mélange d'effet permet d'éviter les différents tests de spécification (effet fixe, effet aléatoire, test d'Haussman), qui de façon générale rendent long la spécification des modèles avec panel et surtout ne fournissent pas des estimateurs assez fiables et robustes. Le modèle à effet mélangé est le plus souvent présenté comme solution statistique au traitement d'une information qui est emboitée en plusieurs niveaux d'observation. Il apporte un début de réponse statistique à la combinaison, dans le même modèle, d'observations faites au niveau micro comme macro, concernant l'individu en même temps que le groupe social ou l'institution qui l'accueille et l'influence (Delaunay D., 2006). Dès lors nous disposons ainsi des bases méthodologiques d'une analyse contextuelle. De façon générale, les exemples classiques sont empruntés aux sciences de l'agriculture et aux sciences de l'éducation. En effet celle-ci essaie d'expliquer les performances de l'élève à une date ou période donnée comme une fonction cumulative des facteurs relevant de l'élève lui même, de la famille, de l'école et de la communauté (Diagne A. , Kafando I., Ounteni M., 2006).

Baltagi, Song, and Jung (2001) estime une fonction de production de type COBB DOUGLAS qui mesure l'impact du capital public sur la productivité du secteur privé dans des Etats américains au nombre de 48 et regroupé en 9 régions de 1970 à 1986. Ils utilisent la méthode d'estimation des effets mixtes et à multiniveau. Le niveau 1 sera représenté par l'Etat et le niveau 2 par la région. Les résultats montrent que le capital public est significatif et positif.

Pour l'estimation de notre modèle de croissance, les performances économiques (PIB) sont regroupées par année et les années par pays de l'UEMOA. Dès lors une observation sur le pays est attribuée à chaque année de la période de l'étude. Dans ces conditions l'utilisation de la méthode de régression multiple classique risque de fournir des résultats biaisés (Steven W. Bryk et Raudenbush, 2002). Un modèle linéaire à effet mixte et de croissance sera utilisé car il a pour vertu de modéliser explicitement le problème des niveaux (Level). En outre, ce modèle présente les estimations linéaires non biaisées des paramètres. Ils sont spécialement conçus pour palier les limites des MCO et MCG.

Notre modèle de croissance comportera dès lors deux niveaux. Le niveau 1 (Level 1) sera le temps (année) qui est utilisé pour estimer la différence entre les PIB obtenus par chaque pays (intra individu), quant au niveau 2 (Level 2), nous permet de comparer les différences entre les pays (inter individu) dans les résultats de performance économique (PIB). Les paramètres associés à ces deux niveaux sont aléatoires, on parle de Random effect (effet aléatoire). La structure générale du modèle se présente ainsi (Bryk et Raudenbush, 1992 ; Goldstein, 1995): soit :

(4)

Dans cette équation, et représentent respectivement une variable expliquée et une variable explicative, caractérisant l'individu du groupe j. représente la constante (valeur de y quand x est nul), est la pente de la droite de régression de y sur x, et représente une erreur aléatoire associée à chaque individu i du groupe j de moyenne nulle et de variance .

(5)

Le modèle à effet mixte s'écrira donc alors :

Oý les constantes et les pentes se voient attribuer un indice j qui indique qu'elles peuvent varier d'un groupe ou niveau, à l'autre. Les coefficients, constante et pente, sont donc maintenant rendus aléatoires, ce qui signifie que leurs valeurs sont supposées distribuées selon une fonction de probabilité (Kreft et De leeuw, 1998). Cette nature aléatoire des coefficients apparaît plus clairement quand on les décompose en niveau. On peut alors écrire :

représente la constante moyenne pour tous les groupes ou niveau : la pente moyenne pour tous les niveaux : représente l'écart de chaque niveau à la constante ( c'est-à-dire une variable aléatoire de moyenne nulle et de variance ) ; représente l'écart de chaque groupe ou niveau à la relation moyenne( c'est-à-dire une variable aléatoire de moyenne nulle et de variance ). On peut estimer un paramètre supplémentaire, la covariance entre les constantes et les pentes, .

En intégrant dans une même équation on obtient :

(6)

On peut expliquer les effets aléatoires des constantes et des pentes en intégrant d'autres variables dans le modèle.

Le modèle est composé de deux parties : les gamma ( ) constituent la partie fixe du modèle, et dans l'écriture des gamma, le premier indice, l'ordre de la variable au niveau 1 et le second indique l'ordre de la variable au niveau 2. Les termes entre parenthèses constituent la partie aléatoire du modèle. C'est cette partie aléatoire qui distingue fondamentalement le modèle multi niveau au modèle MCO et MCG.

Dés lors, l'on peut estimer les variances, et qui sont des paramètres aléatoires du modèle à estimer.

Nous utiliserons pour notre modèle la commande xtmixed disponible sur le logiciel STATA version 9. En effet, cette commande permet de réaliser directement les estimations des paramètres sans utiliser la méthode des trois étapes proposées par Hsiao (1989).

Section III : Analyse et interprétation des résultats

Les résultats d'estimation de notre modèle de croissance  (équation 1) figurent dans le tableau 1 (voir annexe), sont satisfaisants aussi bien sur le plan économétrique que celui de l'interprétation économique. L'ensemble des variables semblent avoir un effet important sur la croissance économique.

En effet sur le plan économétrique, Il est important de souligner que dans le modèle multiniveau à effet mixte, l'hétéroscédasticité n'est pas forcement un problème qui risque de biaiser les estimations. En outre de sa capacité à analyser les données hiérarchisées, les modèles à effet mixte possèdent des caractéristiques qui leur rendent apte à modéliser les données ou la variance résiduelle n'est pas constante. Ils permettent donc de modéliser l'hétéroscedasticité (Snijders et Boskers, 1999). Le terme (équation 6) représente l'héteroscedacité des résidus. Il s'interprète comme un effet aléatoire d'interaction entre le groupe ou niveau et la variable explicative. Dans notre étude les paramètres (variances) associés au niveau 2 (pays) et au niveau 1 (année) ont un effet aléatoire dans toutes nos régressions. Cela met en évidence l'effet contextuel des pays et de la période d'estimation (année) sur l'explication de la croissance économique par nos variables explicatives.

Le concept « de proportion  de la variance expliquée » est cependant bien connu dans les analyses de régression multiples, sa mesure usuelle est le, pour les modèles à effet mixte hiérarchiques et linéaires, ce concept étant beaucoup plus complexe (Snijders et Boskers, 1999), nous ne les calculerons pas dans notre étude compte tenu de la multitude de régression effectuée (18).

Sur le plan économique, pour la régression (Tableau 1, spécification 1) qui comportent uniquement les variables de contrôle, nos résultats semblent être conformes aux considérations théoriques et empiriques. Le coefficient du PIB initial (pibi) par habitant est positif et statiquement significatif (0,945) suggérant dès lors une absence de convergence entre pays de l'UEMOA.

Le capital humain mesuré par le niveau d'éducation à l'enseignement secondaire, est positif et statiquement significatif (0,224). Ce qui montre qu'une augmentation de 1% de la variable HUM apprécie de 0,22 % la croissance économique.

Le taux d'investissement public est affecté d'un coefficient positif et statiquement significatif, par contre le taux d'investissement privé est négatif et statiquement non significatif. Cela suggère que l'investissement public a relativement des effets plus prépondérants sur la croissance que celui du secteur privé dans les pays de l'UEMOA.

L'augmentation de la population affecte positivement la croissance, ceci infirme l'effet appauvrissement de la population dans les modèles de croissance exogène de SOLOW. En effet le coefficient (0,945) de la variable POP est positif et non significatif.

Le coefficient de la variable `'ouverture commerciale'' est positif et non significatif (0,032). Plusieurs auteurs rappellent que le lien entre ouverture et croissance n'est pas systématique. Grossman et Helpman (1991) souligne que l'effet du commerce peut être parfois ambigu et même néfaste. En outre, Fontagné et Guérin (1991) voient que l'ouverture serait un catalyseur et non le moteur de la croissance. D'autres études récentes apportent des précisions en la matière, en particulier, les travaux de Busson et Villa (1997) relèvent que la nature des échanges est sans doute plus importante que leur intensité dans l'explication de la croissance.

Notre régression de base montre que la croissance économique est fonction croissante du niveau d'investissement public en pourcentage du PIB, du niveau de développement initial et du capital humain. Pour des pays en voie de développement comme ceux de l'UEMOA, les autorités publiques devraient dès lors encourager l'investissement public et améliorer davantage le capital humain par des investissements élevé dans le secteur de la santé et de l'éducation.

Les résultats des régressions (tableau 1,regresion 3,4,5) dans lesquelles nous avons augmenté successivement la régression de base avec les différentes mesures de la libéralisation financière montrent que les indicateurs de la Libéralisation Financière, crédit au secteur privé (CSP) et Masse monétaire (MM) sont positifs et significatifs suggérant ainsi leurs effets substantiels sur la croissance économique. Par contre les IDE paraissent négatifs et non significatifs.

La régression 3 (tableau 1), présente les résultats d'estimation de la croissance en incluant la variable ``crédit privé rapporté au PIB''. Le coefficient de cet indicateur qui parait positif, est significatif. Dès lors une augmentation (diminution) de 1% de la variable CSP entraîne une augmentation (diminution) de la croissance de 0,096%. Ceci est conforme avec les résultats de Klein et Olivei (1999).

La régression.4 (tableau 1), prouve ainsi que la croissance économique est fortement dépendante d'une bonne intermédiation financière par le biais d'une bonne maîtrise du ratio ``M2 en pourcentage de PIB''.

Les résultats qu'on peut tirer des régressions (3,4,5) c'est que la libération financière présentée par ces trois variables (M2, CSP, IDE) de façon individuelle, exerce un effet, plus ou moins, faible sur la croissance économique, à l'exception de la variable IDE qui d'ailleurs n'est pas significatif. Lorsque nous prenons dans une même spécification (régression 2) ces trois indicateurs de libéralisation financière, seul le crédit au secteur privé est significatif. Ces résultats relèvent de deux constats :

Le premier implique que les détenteurs du pouvoir de la politique économique des pays de l'UEMOA doivent agir sur les variables Crédit au secteur privé en pourcentage de PIB et la Masse monétaire en pourcentage du PIB, car elles constituent en elles-mêmes une source de la croissance. En effet, il est important de rappeler qu'il existe une surliquidité des banques dans l'UEMOA (Konan Sylvère ,2001) due à la forte méfiance de ces dernières envers les entreprises (en majorité des PME et PMI) de la zone. Dès lors, la mise en oeuvre par les autorités d'une véritable politique de soutien (fiscalités adaptées, fond de garantie, formation) à ces entreprises, favoriserait l'acquisition de crédit et permettrait d'influer positivement et fortement sur la croissance. En outre, malgré l'avènement de la libéralisation financière, il apparaît un oligopole dans le secteur bancaire et financier, qui freine la concurrence et permet le maintien à un niveau encore élevé les taux d'intérêt débiteur, ce qui évidement accroit le cout d'acquisition du crédit.

Alors que le deuxième aborde la question de réformes et des conditions économiques et financière et même institutionnelles qui favoriserait l'impact de la libéralisation financière sur la croissance économique. Se référant à quelques travaux théoriques et empiriques antérieurs, la libéralisation financière exerce un effet positif élevé et significatif sur la croissance économique que sous un niveau de développement économique initial assez élevé (Hamdi Kalfaoui, 2006). La variable interactive (ILF*GDPI) qui paraît négative et significative dans la majorité des estimations confirme bien ce constat. Dès lors, la faiblesse de l'impact de la politique de libéralisation financière dans l'UEMOA pourrait s'expliquer par le niveau de développement faible des économies. De même pour la variable (ILF*HUM) qui paraît négative et non significatif (tableau 2-panel B régression 1,2 et 3) confirment certains travaux et prouve que le niveau du capital humain est nécessaire comme une condition inéluctable pour promouvoir la croissance économique.

Le tableau 3-panel C et D, prouve que l'impact de la libéralisation financière, mesurée à partir des indicateurs ``MM et CSP'' sur la croissance économique ne tient pas compte de l'effet de l'inflation. En effet la variable interactive (ILF*INF) qui se trouve positivement corrélée mais non significatif avec la croissance économique dans l'ensemble des cas, stipule que l'inflation au moment de la libéralisation financière n'handicape pas l'efficacité de cette dernière sur le taux de croissance. L'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique est d'autant plus grand que les pays maîtrisent bien leurs taux d'inflation (en moyenne 3 à 4% dans l'UEMOA). En outre, si la Libéralisation financière est mesurée par l'indicateur ``Investissement direct étranger en pourcentage du PIB'', d'après le tableau 3 panel C, la libéralisation financière stimule la croissance économique. Ce constat est confirmé par McKinnon (1991) qui à trouvé que l'effet de l'ouverture financière varie avec la stabilité macroéconomique.

Dans le tableau 2 (panel D), le signe positif de la variable interactive (ILF*DB), qui domine presque toutes les régressions et qui parait non significative, explique que l'effet de la libéralisation financière sur la croissance économique n'agit que dans les pays qui sont dotés d'un Déficit Budgétaire soutenable. En effet, dans le cadre de l'intégration économique et monétaire, les pays de l'UEMOA s'évertuent à respecter les critères de convergence. L'un des critères exige le maintien des déficits budgétaires à moins de 3%.

Quant aux résultats dans le tableau 2 (panel E), le signe de la variable interactive (ILF*DET), parait positif et non significatif lorsque l'indicateur de libéralisation financière est la masse monétaire, positif et significatif lorsque l'indicateur est le crédit au secteur privé mais négatif et significatif lorsque l'indicateur est l'investissement direct étranger. En effet, un endettement extérieur (DET) élevé semble rendre négatif l'impact des IDE sur la croissance économique.

Conclusion générale

Nos résultats mettent en évidence un effet de la libéralisation financière sur la croissance économique dans les pays de l'UEMOA.

Le premier volet empirique qui s'inscrit dans le cadre de ces analyses a débouché sur une relation positive, dans son ensemble, entre la libéralisation financière et la croissance économique.

Ce résultat est compatible avec le point de vue théorique néoclassique qui stipule que la libéralisation financière est associée à de bonnes performances économiques (Mckinnon et la Show (1973) levine, Zervos (1998). Cependant il faut noter que cet impact est relativement faible malgré les réformes du système financier. Dès lors, la libéralisation financière n'a pas encore atteint les résultats escomptés.

Le second volet empirique qui reprend l'analyse de la relation ``Libéralisation financière-Croissance'' sous certaines conditions économiques et financières, montre un changement assez important des résultats trouvés au niveau du premier volet.

En effet, en prenant en compte des variables interactives supposées saisir l'importance du développement économique et financier dans le but de convertir la libéralisation financière en croissance économique, il apparaît que l'effet escompté de la libéralisation financière est plus important lorsque le développement financier et la stabilité macro économique sont maitrisés.

Les résultats trouvés suite à une régression multiple en données de panel montre que la libéralisation financière n'exerce un effet significatif sur la croissance économique que sous un niveau initial assez élevé de PIB réel par tête, un déficit budgétaire assez soutenu, un taux d'inflation maitrisé et un capital humain assez qualifié, alors qu'un niveau d'endettement élevé exerce un effet négatif sur la croissance.

Il est important de rappeler que les pays de l'UEMOA, à travers la banque centrale (BCEAO) sont engagés dans le processus de libéralisation financière. Dès lors, la prise en compte de ces conditions et leurs améliorations favoriseraient la croissance économique.

En réalité, l'alternance des signes des indicateurs de libéralisation financière, montre que les liens entre libéralisation financière et croissance économique sont aussi complexes qu'on ne le croit. Il en demeure que, statistiquement, la réussite ou l'échec de cette relation reste toujours tributaire de l'ampleur de l'horizon choisi, de la taille et la nature de l'échantillon étudié, de la façon dont on a estimé la relation et surtout de l'indicateur pris en compte pour mesurer la libéralisation financière (H. khalfaoui, 2006).

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Tableau 1 : Impact de la libéralisation financière sur la croissance économique

 

Fixed effect ou effet fixe

Régression

1

2

3

4

5

cste

-0,283

(0,828)

-0,61

(0,71)

-0,537

(0,747)

-0,604

(0,676)

-0,281

(0,830)

pibi

0,945

(0,00)

0,916

(0,00)

0,916

(0,00)

0,940

(0,00)

0,044

(0,00)

hum

0,224

(0,00)

0,2

(0,00)

0,199

(0,00)

0,214

(0,00)

0,225

(0,00)

pop

0,003

(0,947)

0,01

(0,73)

0,0067

(0,878)

0,034

(0,475)

0,0027

(0,95)

ouvc

0,032

(0,521)

0,12

(0,01)

0,119

(0,013)

0,052

(0,283)

0,033

(0,53)

Ipu

0,725

(0,00)

0,053

(0,004)

0,054

(0,002)

0,065

(0,001)

0,0721

(0,00)

ipr

-0,015

(0,35)

0,029

(0,12)

0,028

(0,11)

0,004

(0,82)

-0,016

(0,37)

ILF

CSP

 

0,086

(0,00)

0,096

(0,00)

 
 

MM

 

0,02

(0,38)

 

0,088

(0,004)

 

IDE

 

-0,00

(0,86)

 
 

-0,00

(0,943)

Random effect ou effet aléatoire

pays

0,181

0,236

0,233

0,201

0,182

année

0,0490

0,044

0,043

0,047

0,049

NB : Les chiffres entre parenthèses sont les P-value. Le seuil de significativité est de 5%

Tableau 2 : Conditions économiques initiales : effet du PIB initial

Panel A

 

Régressions

1

2

3

cste

-2,069

(0,28)

-4,12

(0,215)

-0,133

(0,922)

pibi

1,051

(0,00)

1,246

(0,00)

0,928

(0,00)

hum

0,215

(0,00)

0,226

(0,00)

0,254

(0,00)

pop

0,036

(0,444)

0,043

(0,367)

0,026

(0,603)

ouvc

0,092

(0,071)

0,045

(0,347)

0,024

(0,64)

Ipr

0,022

(0,233)

-0,003

(0,85)

-0,026

(0,169)

ipu

0,064

(0,001)

0,0700

(0,00)

0,07

(0,00)

ILF

CSP

0,616

(0,074)

 
 

MM

 

1,190

(0,204)

 

IDE

 
 

-0,205

(0,085)

ILF*pibi

-0,045

(0,131)

-0,096

(0,239)

0,017

(0,08))

Random effect ou Effet aléatoire

Pays

0,227

0,203

0,190

Années

0,043

0,046

0,048

NB : Les chiffres entre parenthèses sont les P-value. Le seuil de significativité est de 5%

Tableau 2 : Conditions économiques initiales : effet du capital humain

Panel B

 

Specification

1

2

3

cste

-0,757

(0,64)

0,902

(0,532)

-0,29

(0,82)

pibi

0,92

(0,00)

0,942

(0,00)

0,941

(0,00)

hum

0,272

(0,003)

0,351

(0,057)

0,23

(0,00)

pop

0,021

(0,654)

0,026

(0,583)

0,006

(0,89)

ouvc

0,113

(0,021)

0,046

(0,34)

0,040

(0,45)

ipr

0,028

(0,11)

0,004

(0,82)

-0,0105

(0,58)

ipu

0,058

(0,002)

0,071

(0,00)

0,068

(0,001)

ILF

CSP

0,165

(0,045)

 
 

MM

 

0,1837

(0,15)

 

IDE

 
 

0,027

(0,34)

ILF*hum

-0,028

(0,392)

-0,049

(0,44)

-0,11

(0,32)

Random effect ou effet aléatoire

pays

0,226

0,193

0,186

année

0,044

0,047

0,049

NB : Les chiffres entre parenthèses sont les P-value. Le seuil de significativité est de 5%

Tableau 3 : Conditions économiques et financière : effet de l'inflation

Panel C

 

Spécification

1

2

3

cste

-0,39

(0,77)

-0,646

(0,667)

-0,457

(0,74)

pibi

0,932

(0,1203)

0,931

(0,00)

0,02

(0,62)

hum

0,214

(0,124)

0,208

(0,00)

0,214

(0,00)

pop

0,006

(0,88)

0,037

(0,41)

0,02

(0,62)

ouvc

0,109

(0,032)

0,112

(0,022)

0,106

(0,039)

ipr

-0,002

(0,65)

-0,007

(0,68)

-0,019

(0,265)

ipu

0,086

(0,015)

0,066

(0,00)

0,072

(0,00)

ILF

CSP

0,0024

(0,096)

 
 

MM

 

0,0716

(0,016)

 

IDE

 
 

-0,003

(0,58)

ILF*infl

0,0024

(0,096)

0,002

(0,44)

0,002

(0,041)

infl

-0,008

(0,022)

-0,008

(0,305)

-0,004

(0,00)

Random effect ou effet aléatoire

pays

0,198

0,209

0,196

année

0,045

0,044

0,045

NB : Les chiffres entre parenthèses sont les P-value. Le seuil de significativité est de 5%

Tableau 3 : Conditions économiques et financières : effet du déficit budgétaire

Panel D

 

Spécification

1

2

3

Cste

-0,455

(0,759)

-0,618

(0.630)

-0.147

(0,909)

pibi

0,919

(0,00)

0,945

(0,00)

0.937

(0,00)

hum

0,186

(0,00)

0,203

(0,00)

0.221

(0,00)

pop

0,003

(0,430)

0,029

(0.533)

0.013

(0.776)

ouvc

0,089

(0,072)

0,02

(0.682)

0.027

(0.607)

ipr

0,023

(0,186)

-0,001

(0.929)

-0.024

(0.192)

ipu

0,073

(0,00)

0,078

(0,00)

0,07

(0,001)

ILF

CSP

0,113

(0,00)

 
 

MM

 

0,124

(0,010)

 

IDE

 
 

0,004

(0.045)

ILF*dbg

0,0006

(0,86)

0,007

(0.395)

0,004

(0,045)

dbg

0,005

(0,64)

-0,017

(0.507)

0,001

(0,660)

Random effect ou effet aléatoire

pays

0,207

0,177

 

année

0,042

0,047

 

NB : Les chiffres entre parenthèses sont les P-value. Le seuil de significativité est de 5%

Tableau 3 : Conditions économiques et financières : effet de la dette

Panel E

 

Spécification

1

2

3

cste

1,24

(0,40)

-0,214

(0,91)

0,13

(0,92)

pibi

0,933

(0,00)

0,955

(0,00)

0,94

(0,00)

hum

(0,211

(0,00)

0,238

(0,00)

0,257

(0,00)

pop

0,03

(0,45)

0,074

(0,10)

0,04

(0,34)

ouvc

0,12

(0,00)

0,064

(0,15)

0,098

(0,04)

ipr

0,02

(0,14)

0,002

(0,90)

-0,022

(0,16)

ipu

0,06

(0,00)

0,081

(0,00)

0,06

(0,00)

ILF

CSP

-0,44

(0,01)

 
 

MM

 

0,035

(0,94)

 

IDE

 
 

0,231

(0,00)

ILF*DET

0,11

(0,00)

0,00

(0,93)

-0,052

(0,00)

DET

-0,456

(0,00)

-0,161

(0,91)

-0,16

(0,00)

Random effect ou effet aléatoire

pays

0,196

0,179

0,184

année

0,04

0,043

0,042

NB : Les chiffres entre parenthèses sont les P-value. Le seuil de significativité est de 5Ressources Internet sur l'analyse des effets mixtes à multiniveau

Deux ouvrages fondamentaux : Le livre de Goldstein :

http://www.arnoldpublishers.com/support/goldstein.htm


· Applied Multilevel Analysis by Joop Hox est disponible :

http://www.fss.uu.nl/ms/jh/publist/amaboek.pdf.

Un bulletin est publié deux fois par an :

http://multilevel.ioe.ac.uk/publref/newsletters.html


· Le site web pour Projet multiniveau :

http://www.ioe.ac.uk/multilevel/


· Une liste de discussion

http://www.mailbase.ac.uk/lists/multilevel/


· Et un grand nombre de papiers sur le multiniveau à:


·http://www.ats.ucla.edu/stat/papers/mlmpapers.htm






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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery