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Gestion durable des ressources naturelles en Afrique Centrale: Cas des produits forestiers non ligneux au Cameroun et au Gabon

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par Sandrine Carole TAGNE KOMMEGNE
Université de Limoges - Master 2 en droit international et comparé de l'environnement 2007
  

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DEUXIEME PARTIE: EFFICACITÉ DE LA GESTION DURABLE DES PFNL AU CAMEROUN ET AU GABON.

Les transitions démocratiques de même que le sommet de Rio de 1992 ont été une réponse pour les sociétés africaines de changer de régime et d'institutions afin de se légitimer. Après cela, plusieurs questions ont été soulevées: comment pouvait-on gérer la consolidation de ces transitions afin qu'à leur tour les dispositifs mis en place pour faciliter la gestion des forêts (produits forestiers) dans un cadre propice deviennent des institutions au sens sociologique du terme et non pas des normes inapplicables abandonnées à la seule exégèse juridique? Alors que tous ces changements ont laissé libre cours à des jeux d'acteurs dessinant de nouvelles institutions, la question importante devient dès lors de savoir si ces institutions vont pouvoir s'imposer aux acteurs et rendre facile et moins incertain le gouvernement des sociétés? Telles sont les innombrables interrogations que soulève en nous la première partie de notre travail. Notre souci ici sera donc d'analyser la mise en oeuvre de la gestion durable des PFNL au Cameroun et au Gabon d'une part et d'autre part, nous verrons les voies permettant une application efficace de cette protection durable des PFNL.

CHAPITRE I: MISE EN OEUVRE DE LA GESTION DURABLE DES PFNL AU CAMEROUN ET AU GABON.

Sachant que la réalité sociologique et la réalité juridique ne peuvent être dissociées, l'application des normes juridiques forestières et l'efficacité des institutions concernant les PFNL dépendent beaucoup des réalités locales. En fait, le droit n'est que la codification des rapports sociaux. Dans notre cas, nécessité se fait sentir d'analyser la mise en oeuvre de ces nouvelles lois et institutions forestières afin de déterminer leur efficacité. Aussi, nous attarderons nous en premier lieu sur l'importance sociologique des PFNL dans la vie des populations; ensuite, nous examinerons s'il y a complémentarité entre les réalités juridiques et les réalités sociologiques.

SECTION I: RÉALITÉS SOCIOLOGIQUES DES PFNL DANS LA VIE DES POPULATIONS CAMEROUNAISES ET GABONAISES.

Dans le but de faire ressortir ces réalités sociologiques, nous allons d'abord étudier les préférences alimentaires de certaines populations tant sur le plan culturel, social que économique.

PARAGRAPHE I: IMPORTANCE DES PFNL DANS LES PRÉFERENCES ALIMENTAIRES DES HABITANTS DES FORÊTS TROPICALES DU CAMEROUN ET DU GABON

Préférences et répugnances peuvent avoir diverses origines parmi lesquelles dominent le goût personnel, les considérations de santé, la conformité à la tradition, la capacité à procurer l'ébriété etc. Par conséquent, nous verrons d'abord les raisons des choix alimentaires des populations du Cameroun et celles du Gabon sur le plan social, culturel et économique.

A. SUR LE PLAN SOCIAL

Les populations locales sont celles qui interfèrent le plus intensément avec la forêt, par le biais de l'agriculture, de la chasse, du piégeage et de la cueillette de produits naturels. Beaucoup de population humaine accorde une valeur à la viande en dehors de son rôle nutritionnel. C'est dans ce sens que Kent H. REDFORT parle du rôle de cohésion sociale qu'a la chasse dans une communauté et pense que,

« outre leur importance comme source de protéines, les produits de la chasse impliquent des dimensions sociales importantes. Il affirme que le gibier et le poisson ont une grande de prestige. Les chances de prospérité d'un chasseur sont liées à son statut social et à son pouvoir. En partageant le gibier avec le reste de la communauté, il acquiert des allégeances en fonction des dettes à son égard, il contribue ainsi au maintien de la cohésion sociale »62(*)

Rejoignant cette idée, C DOUMENGE affirme que la viande de chasse est la principale source de protéines animales au Gabon et au Cameroun.

« Elle couvre généralement 70 à 90 % des besoins, surtout en zone rurale et dans l'intérieur des terres(...). Au Gabon, la consommation nationale de gibier s'élèverait à environ 17500 tonne par an pour un total de 14.500.00.000 FCFA d'avant la dévaluation. La consommation par personne s'élèverait à 17,2 Kilogramme par an (Kg/an), soit deux fois celle du boeuf »63(*)

Au Cameroun, dans la même idée, l'une des formes de prestiges chez les peuples Yassa des forêts, la consommation de la vipère du Gabon (Bitis gabonica) est le symbole de l'accession à la classe des hommes âgés dont la résistance aux influences néfastes leur permet d'intégrer un animal particulièrement dangereux64(*). Qu'en est-il sur le plan culturel?

B. SUR LE PLAN CULTUREL

La culture est acquise et relève des habitus. Aussi, certaines préférences alimentaires sont elles dues à la tradition des populations concernés. C'est par exemple l'exemple des pygmées Baka du sud Cameroun. Ce peuple connaît et consomme sept (7) espèces d'ignames. L'éléphant est un prédateur tut comme l'homme et comme le dit Daou V. JOIRIS,

« Selon les Baka, un esprit de défunt qui marcherait ''à coté des éléphants'' et qui est appelé ''esprit de l'éléphant'' aurait cette même fringale de l'igname. Cet esprit est celui que les Baka appellent jengi65(*) »

Dans le but de satisfaire cet esprit, les Baka ont pour habitude de faire une cérémonie de jengi. Selon le même auteur cité ci-dessus,

« le cycle cérémoniel de jengi commence en grande forêt après l'abattage d'un vieil éléphant mâle pour prendre fin en bordure de piste, lors d'un rite d'initiation masculin auquel plusieurs facettes de l'intervention de l'esprit, sa fonction principale étant la réactualisation d'un principe de protection vis-à-vis de la forêt acquis par initiation et le maintien de la paix social »66(*)

Par ailleurs, chez les Mvae résidant dans la forêt camerounaise, « les rituels de possession et les séances de guérison contre la sorcellerie de l'évu et de l'ekong sont toujours accompagnés de la consommation de vin de palme, stimulant en particulier l'énergie des tambourinaires (...) la sauce au péricarpe de fruit de palme, mosuka est employée dans de nombreux rituels thérapeutiques et constituent l'un des ingrédients d'une des dernière offrandes traditionnelles, l'indende, qui vise à apaiser les génies de la mer (jengu) en cas de brouille prolongée »67(*).

De ce qui précède, nous pouvons déduire que des impératifs culturels et sociaux guident les choix alimentaires et donc l'exploitation des ressources forestières. A coté de ces impératifs, il en existe d'autres liés à l'économie.

* 62 Claude M. HLADIK et al, l'alimentation en forêt tropicale, interactions bioculturelles et perspectives de développement, volume 1, UNESCO, Paris, 1996, P.416.

* 63 C. DOUMENGE, Gestion des écosystèmes forestier...., op cit, P.70.

* 64 Claude M. HLADIK et al, op cit, volume 2, P.866.

* 65 Ibid, P.962

* 66 Claude HLADIK , op cit, volume 2, P.963

* 67 Ibid, P.866.

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