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Sémiologie de la poésie orale bamiléké: le cas des louanges pour jumeaux chez Yèmba

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par Albert Etienne TEMKENG
Université de Dschang - DEA d'études africaines. Option Littérature orale 2003
  

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II. REVUE DE LA LITTERATURE

L'étude sur les louanges pour jumeaux chez les Yémba, peut être aisément située dans la mouvance des études antérieures sur la poésie orale africaine et camerounaise en général, et sur la poésie orale bamiléké en particulier. La réalité de ces poésies n'étant plus discutable, les préoccupations dans le domaine sont désormais assez claires : démontrer leur existence dans la vie quotidienne des peuples d'une part et montrer leur poids, leur impact sur la vie des hommes et de leurs communautés de l'autre. C'est dans cette perspective qu'il faut lire Oral literature in Africa de FINNEGAN, The oral performance in Africa et La littérature orale en Afrique subsaharienne de OKPEWHO, mais aussi Comprendre la littérature orale africaine de ENO BELINGA ou Comprendre la parole traditionnelle de CAUVIN. Il s'agit d'ouvrages parmi tant d'autres qui cernent la littérature orale et la littérature orale africaine dans leur globalité, qu'il s'agisse du genre narratif, du genre dramatique ou du genre poétique.

Pour ce qui est du Cameroun, il faudrait approximativement se référer à l'ensemble des textes publiés dans un numéro de la revue Notre Librairie titré Littérature camerounaise, 1.L'éclosion de la parole10(*). Dans ce numéro, les contours de la littérature orale camerounaise sont clairement définis . NGIJOL NGIJOL dans « La parole agréable » présente les qualités exigées du barde bantou, à savoir la capacité à mémoriser, l'habileté à restituer et surtout la maîtrise de la rhétorique traditionnelle à travers un « usage judicieux des formules ou phrases figées de l'art oral »11(*).

Pourtant, s'il reconnaît au barde des qualités exceptionnelles, il conclut néanmoins son article sur un ton pessimiste qui redoute la disparition à plus ou moins longue échéance de la littérature orale. Pourtant, dans son article intitulé « Un monde de violence », SOUNDJOCK SOUNDJOCK12(*) montre plutôt que la vitalité qui caractérise les textes oraux dans la vie quotidienne est autrement plus réelle pour que la probabilité de leur disparition. C'est probablement dans le cadre de ces contradictions qu'il faut situer les travaux du Colloque de Yaoundé, tenu du 28 Janvier au 1er Février 1985 et dont les actes ont été publiés dans un document intitulé  Littérature orale de l'Afrique contemporaine : Approches théoriques et pratiques13(*). C'est l'orature en général qui fut au centre des communications et des débats de ce colloque, la poésie orale n'en concernant qu'une partie. D'où la nécessité de s'intéresser davantage à cette dernière.

Au Cameroun comme ailleurs, les études sur la poésie orale ne semblent très nombreuses. Bien au contraire, cette poésie est généralement abordée dans ses traits généraux tel qu'on peut le voir avec KESTELOOT dans La poésie traditionnelle14(*) ou avec ZUMTHOR dans Introduction à la poésie orale15(*).

Mais, pour générales que les études ci-dessus cités et bien d'autres paraissent, il faut apprécier à sa juste valeur la dernière qui va au coeur des traditions orales du monde entier puiser les éléments de sa démonstration. Il s'agit d'un ouvrage exceptionnel, presque encyclopédique qui définit la poésie orale en tant qu'oralité poétique, en tant que formes d'expression, en tant que performance et en tant qu'entité faite de rôles et fonctions. Certains de ces traits caractéristiques vont être repris et explicités par NGOURA dans l'article « La littérature orale »16(*) publié dans le collectif Comment peut - on être littéraire ? Mais, il faut aussi reconnaître que cet article reste général par rapport à ceux qui concernent précisément notre champ d'étude qu'est la poésie orale bamiléké en général et yémba en particulier.

En effet, dans « Caractéristiques de la poésie traditionnelle bamiléké »17(*)  comme dans « La parole dans la vie religieuse des bamiléké »18(*)  ou dans « Poésie orale fé'éfé'é d'hier et d `aujourd'hui »19(*), ou encore dans Littérature orale des Fé'éfé'é : Etude de sémiologie ethnoculturelle20(*), ONGOUM passe en revue les qualités esthétiques qui meublent la production du poème oral chez le Bamiléké. Mais aussi, il insiste sur ses fonctions en société, donc sur sa signification. GNINTEDEM en fait de même dans Les chants funèbres des pleureuses gyembòòng21(*) ainsi que PONE dans Paroles de danses masculines en zone ghomala' :une étude thématique et esthétique22(*), NGUESSOM dans Paroles des chants de danses féminines bamiléké23(*) et KUETE dans Les chants de gwa ou le dévoilement de l'univers féminin chez les gmba/Fùnda24(*). Et ce sont les mêmes caractéristiques à la fois formelles et sémantiques que KUITCHE FONKOU relève dans son article intitulé « Les chants de kwà : une exclusivité féminine »25(*). Au terme de ses analyses, il conclut que dans les chants de kwà, il y a une insistance sur des thèmes tels que la classe d'âge, l'enfant et les affaires de coeur. De même les catégories esthétiques de ces textes sont évidentes.

Les mêmes thèmes et qualités formelles reviennent avec des variantes dans Les paroles du Mtu' et Bend-skin : une étude comparative26(*) de TCHANOU WANDJA, Les images de la femme dans les chansons féminines gyembòòng27(*) de FOTIO JOUSSE et dans Création et circulation des discours codés en milieu gmba / Mùngùm28(*) de KUITCHE FONKOU.

Si d'emblée l'étude de FOTIO porte essentiellement sur les chansons féminines et celle de TCHANOU WANDJA sur le Mtu' qui a évolué pour donner le Bend-skin, l'étude de KUITCHE FONKOU couvre un champ d'investigation plus vaste. Il parcourt presque tous les domaines de la littérature orale de l'aire géographique considéré, avec 268 textes classés en 13 types correspondant à 4 catégories de situations de production que sont respectivement les situations de loisir, d'exaltation, de malheur et de joutes oratoires.

Parmi la diversité de textes collectés et étudiés par KUITCHE FONKOU , on trouve des louanges pour jumeaux qui appartiennent bien évidemment aux situations d'exaltation et qui constituent alors l'objet de notre étude. Et c'est le lieu de reconnaître que jusqu'à présent, aucune étude n'a porté essentiellement sur ces chansons, ni chez les bamiléké en général, encore moins chez les Yémba en particulier. Néanmoins, il faut dire que les études ci - dessus évoquées sont une base fondamentale à toute étude ultérieure dont la nôtre.

En effet, le registre de la poésie orale yémba reste presque vierge, car un regard rétrospectif ne révèle aucune autre étude en dehors de celle de NOUTENIJEU29(*) qui porte sur les chansons du rite de veuvage. Par ailleurs, la disparité entre la matière disponible dans le domaine de la poésie orale yémba en général et les résultats jusqu'ici obtenus semble démesurée.

Néanmoins, il faut au moins retenir au terme de tout ce parcours sur l'état de la question qui nous intéresse et les conclusions tirées par les uns et les autres, que la poésie orale africaine, bamiléké ou yémba, est une réalité irréfutable dont les traits les plus saillants restent la force de la parole, la présence des figures de style et des symboles, la forme chantée, ... Malheureusement, les études qui sont menées chez les Yémba semblent être assez rares. Aussi est - il question pour nous de continuer à déblayer le terrain pour attirer l'attention des uns et des autres sur la richesse des cultures yémba en particulier et bamiléké en général..

Tel est l'état de cette question qu'il nous revient d'étudier dans son entièreté. Et pour ce faire, il est indispensable de mieux faire connaissance des Yémba, ne serait - ce que sommairement, et partant des louanges pour jumeaux.

* 10 Notre librairie N°99 : Littérature camerounaise I : L'éclosion de la parole, Octobre-Décembre 1989

* 11 Ibid, Pierre NGIJOL NGIJOL, «la parole agréable», pp.22-24, p.23

* 12 Ibid, Emmanuel SOUNDJOCK SOUNDJOCK,«Un monde de violence»p.27-34

* 13 Louis-Marie ONGOUM et Isaac Célestin TCHEHO(1989) (sous la direction de), Littérature orale de l'Afrique

contemporaine, Actes du colloque international de Yaoundé du 28 Janvier au 1er Février 1988, Yaoundé, Projet

GELPH.

* 14 Lilian KESTELOOT(1971), La poésie traditionnelle, Paris, Fernand Nathan.

* 15 Paul ZUMTHOR(1983), Introduction à la poésie orale, Paris, Le Seuil, Collection « Poétique ».

* 16 Célestin NGOURA(1985), « La littérature orale », Comment peut-on être littéraire ?, Yaoundé, Université de Yaoundé, pp.39-45.

* 17 Louis-Marie ONGOUM(1965), « Caractéristiques de la poésie traditionnelle bamiléké »,Revue camerounaise de pédagogie 3.

* 18 Id (1982), « La parole dans la vie religieuse des Bamiléké », Abbia 38-40, pp.346-371.

* 19 Id (1983), « Poésie orale fé'éfé'é d'hier et d'aujourd'hui », Ngam 8.

* 20 Id (1981),  Littérature orale des Fé'éfé'é :Etude de sémiologie ethnoculturelle ,Thèse de Ph.D., Université de Laval (Canada).

* 21 GNINTEDEM(1989), Les chants funèbres des pleureuses gyèmbòòng, Mémoire de DIPES II,Yaoundé, E.N.S

* 22 PONE(1990), Paroles de danses masculines en zone ghomalà :étude thématique et esthétique, Mémoire DIPES II, Yaoundé, ENS.

* 23 NGUESSOM(1990), Paroles des chants de danses féminines bamiléké, Mémoire DIPES II, Yaoundé, E.N.S.

* 24 Jean KUETE(1990), Les chants de ngwa ou le dévoilement de l'univers féminin chez les gmba/Fùnda, Mémoire DIPES II, Yaoundé, ENS

* 25 Gabriel KUITCHE FONKOU(1998), « Les chants de kwà :une exclusivité féminine », ka' N°1, Revue interdisciplinaire de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université de Dschang, DUP.

* 26 Julienne TCHANOU WANDJA(2000), Les paroles du Mtu' et Bend-skin : une étude comparative, Mémoire de Maîtrise, Université de Dschang, F.L.S.H.

* 27 Ledoux-Noël FOTIO JOUSSE(2000), Les images de la femme dans les chansons féminines gyèmbòòng, Mémoire de Maîtrise, Université de Dschang, F.L.S.H.

* 28 Gabriel KUITCHE FONKOU(1988), Création et circulation des discours codés en milieu gmba / Mùngùm, Thèse d'état ès lettres, Université de Lille III.

* 29 Joseph NOUTENIJEU(2000) : Op cit.

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