Conclusion générale
Les années soixante dix ont constitué le point
de départ de grandes perturbations économiques,
monétaires, tant au niveau macroéconomique qu'au niveau
microéconomique. Ces perturbations ont été durement
ressenties à travers les échanges internationaux initiés
par les différents agents économiques, mais aussi à
travers l'organisation globale du système financier et bancaire
international.
La disparition du point d'ancrage des devises et l'abandon du
système de change fixe ont entraîné des échanges et
de grands bouleversements dans les relations économiques et
financières internationales. Cette situation va se traduire par des
crises monétaires aigues comme en Asie du Sud Est, au Mexique, et en
Argentine vus récemment.
Parallèlement à l'instabilité croissante
des devises, la crise du pétrole du début des années
soixante dix a été l'une des causes de la grande
volatilité des prix observés sur les matières
premières. Cette instabilité sur le prix des produits de base a
entraîné des chocs très durement ressentis par la
quasi-totalité des Etats Africains en terme de hausse substantielle de
la facture d'importations (des produits pétroliers principalement), mais
aussi en terme de baisse de plus en plus importante des recettes à
l'exportation.
Le relâchement progressif de la plupart des Etats en
matière d'orthodoxie financière ainsi que la globalisation
économique et financière mondiale vont favoriser
l'accélération des fluctuations sur les taux de change, les taux
d'intérêt, et les cours des produits de base.
Ce phénomène va se traduire dans la plupart des
Etats par une accumulation de déséquilibre macro financiers
internes comme externes. Et dans les entreprises, par une
fragilité accrue de l'équilibre financier et de la
rentabilité, notamment pour les firmes industrielles.
Les entreprises internationales, comme les Etats, se sont
très rapidement retrouvés dans un univers à grande
instabilité ou les transactions aussi bien que leurs projets, vont
intégrer de fortes proportions de risques. L'instabilité sur les
opérations dans le marché va entraîner un
développement systématique des risques encourus par les
entreprises et les Etats sur les actifs négociables : réels,
monétaires et financiers.
L'accroissement du volume des transactions et l'exposition de
plus en plus forte des entreprises, en terme de risques de position sur le
change, les taux et les prix, en terme de risque de contrepartie et autres, va
développer chez les agents économiques les réflexes pour
se couvrir efficacement afin de garantir leur rentabilité, voire la
pérennité de leur entreprise.
Ce besoin de couverture a rendu nécessaire la
création par les marchés d'instruments financiers
intéressants et variés, qui peuvent dorénavant permettre
aux entreprises et agents économiques de gérer de façon un
peu plus efficace les risques qu'ils encourent.
Ainsi les négociations entre opérateurs sur les
options de première et seconde génération, sur les
contrats « futures »,les caps,les floors et collars,ont
connu un développement fulgurant au cours des vingt dernières
années.
La possibilité offerte aux entreprises et aux Etats de
disposer de ces instruments aussi bien sur les marchés organisés
que sur le marché du gré à gré, avec les avantages
et inconvénients de chaque compartiment, de chaque type d'instrument
facilite des nos jours la mise en place de stratégies efficaces de
gestion de risque de change, et même de l'ensemble des risques
financiers.
Shell Sénégal
qui jusque là était restée en retrait par rapport à
ces instruments aptes à minimiser le risque sur ces opérations
internationales dispose donc d'opportunités intéressantes pour
gérer le risque de change .L'acuité des problèmes de
change sur les transactions internationales et l'inexpérience de Shell
dans ce domaine plaide pour la mise en place d'une unité de gestion de
risque de change avec des objectifs modestes dans un premier temps. Cette
prudence que nous conseillons ne doit pas pour autant occulter l'urgence de
cette mesure.
L'importance des fluctuations de change et les variations des
cours et des prix des produits de base, induisent des menaces très
sérieuses sur la rentabilité et la compétitivité de
la firme à terme.
Aujourd'hui plus que jamais, aucune entreprise soumise au
risque de change ne doit rester en manque de structure apte à
gérer les risques financiers avec en première place le risque de
change, car à notre sens, ne pas avoir d'outils appropriés en vue
de minimiser ce risque, c'est s'adonner à une spéculation bien
masquée.
Et au moment où, pour la seule années de 2005,
le prix du pétrole est passé de trente dollars le baril à
près de soixante quinze aujourd'hui, avec une instabilité des
prix qu'aucun analyste ne se hasarde à fixer dans une
échéance lointaine, il devient impérieux, urgent pour
toute entreprise de prendre des mesures courageuses, afin d'éviter le
pire et de préserver ce qui peut l'être. A notre sens l'analyse de
l'environnement international, de l'impact des prix élevés
historiques du pétrole sur l'économie mondiale, conjugué
par une instabilité politique internationale nous font penser que l'aube
d'une nouvelle crise pétrolière n'est pas
éloignée.
Nous vivons tous aujourd'hui quelque soit
l'hémisphère, le continent et notre zone géographique dans
un monde de risque élevé, et c'est à juste titre plusieurs
multinationales ont recours à des tests de scénario catastrophe
appelé « stress test » dans le but d'imaginer, de
prévoir le pire, l'évaluer, et trouver des solutions en cas de
réalisation.
Ne pas mettre en place une structure pour gérer un
risque, aussi petit soit-il, c'est faire le pari d'un plus grand risque
à l'avenir.
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