4 Les instruments internes aptes à
gérer le risque de change.
En dehors des instruments traditionnels qui sont soit
négociés sur des marchés financiers ou avec des
institutions bancaires, l'entreprise peut s'organiser en interne, avec ses
fournisseurs ou ses clients pour mettre des clauses commerciales susceptibles
de réduire son risque de change auquel elle s'expose.
4.1 Le termaillage et la réduction de
l'exposition au risque de change
Le termaillage est une méthode relativement ancienne
consistant à modifier, cas par cas, en les accélérant ou
en les retardant, des délais de règlement des importations et
exportations.
L'exportateur ayant des créances en devises fortes,
celles dont la valeur tend à s'accroître par rapporta sa monnaie
nationale, et donc consiste a allonger le crédit qu'il a accordé
et à retarder le paiement de son client.
L'exportateur ayant des créances en devises faibles,
celles dont la valeur a tendance à baisser par rapport à sa
monnaie nationale cherche à raccourcir le crédit qu'il a consenti
et donc a accélérer le paiement de ses clients
étrangers.
L'importateur ayant des dettes en devises fortes
accélère le paiement de ses fournisseurs et réduit le
crédit qui lui avait été initialement accordé.
L'importateur ayant des dettes en devises faibles retarde le
paiement de ses fournisseurs et cherche à obtenir de nouveaux
délais de paiement.
L'utilisation du termaillage doit prendre en compte et
comparer le gain de change anticipé et le coût de financement
induit par les modifications des délais de règlement et
supporté par le créancier et le débiteur .La
réglementation des changes limite souvent les possibilités de
recours au termaillage en interdisant le paiement anticipé des
importations et en imposant une date limite au paiement des exportations, comme
dans le cadre de la réglementation de l'UMOA
Tableau :
profil des décisions sur le termaillage
Anticipations
|
Exportations
|
Importations
|
Appréciation de la devise
|
Retarder le paiement
|
Accélérer le paiement
|
Dépréciation de la devise
|
Accélérer le paiement
|
Retarder le paiement
|
4.2 La clause de risque partagé
La clause de risque partagé impose à
l'exportateur et importateur le partage des risques.
Ceux-ci s'engagent à supporter chacun une partie de la
variation du taux de change susceptible de se produire entre la date de
facturation (mais il est possible de retenir la date de l'offre ou la date
d'acceptation) et la date de paiement. Généralement le partage se
fait par moitié, mais toute autre répartition est
envisageable.
Un exemple permet de mieux comprendre l'intérêt
de cette clause.
Un importateur européen conclut un contrat commercial
payable en dollar sur une base de USD 1=0,8167 EUR, mais prévoit
toutefois une clause de risque partagé avec l'exportateur sur une base
de 50% chacun, le paiement se fait en cinq versement .Les taux de change aux
différents paiements sont respectivement .USD 1=0,8177 EUR ; USD
1=0,8234 EUR; USD 1=0,8198 EUR USD 1=0,8094 EUR, USD 1=0,8299 EUR .Le
taux de change moyen qui en ressort pour l'importateur est égal à
0,82004, la perte de change pour l'exportateur est de 0,00334 euro par
dollar .Cette perte est repartie entre l'importateur et exportateur, soit
0,00165.Du fait de cette clause le gain de l'exportateur est reparti par
moitié entre l'exportateur et l'importateur.
4.3 La clause d'option
Cette clause permet à l'exportateur ou à
l'importateur d'utiliser, sous certaines conditions, une devise
différente de la devise de facturation .Un contrat commercial à
l'exportation effectué par une entreprise Européenne peut
être par exemple libellé en dollar sous la base de USD 1=0,9425
EUR avec une option en livre sterling au cas ou le dollar deviendrait
inférieur à 0,9000 EUR .Dans le même ordre d'idée
,une clause multidevises peut prévoir un prix libellé en
plusieurs monnaies avec possibilité pour le créancier ou le
debiteur de choisir à l'échéance la monnaie de
facturation .Les clauses monétaires reposent en règle
générale sur une devise ,mais il n'est impossible de retenir un
panier de monnaies afin d'atténuer les fluctuations erratiques de grande
ampleur de certaines devises .Les paniers les plus utilisés sont les
DTS, les unités de compte.
4.4 Le netting et la réduction de l'exposition
au risque de change
Le principe du netting est de procéder à une
compensation multilatérale des positions débitrices ou
créditrices réciproques des différentes filiales d'un
groupe multinational au moyen d'un centre de compensation localisé dans
un pays acceptant ce type de procédure.
Le système de compensation évite les doubles
achats et ventes de devises .Il réduit considérablement les
montants à couvrir, et par le même principe, l'importance des
frais.
Le fonctionnement d'un système de netting
multilatéral suppose :
-Une étroite coordination entres et les
différentes sociétés et le centre de compensation,
Des dates de règlement identiques entre les
différentes filiales intervenant dans la procédure de
compensation, et si possible une date unique par mois.
-Une centralisation des opérations sur un petit nombre
de banques internationales ayant des filiales dans tous les pays, et si
possible une seule.
Au même titre que le termaillage,le système de la
compensation peut être interdit ,ou à tout le moins
limité,par le contrôle des changes.
Après avoir réduit à son minimum la
position de change de l'entreprise, les responsables doivent gérer et
couvrir le risque résiduel. Ils le font en ayant recours à
différentes procédures qui sont évoquées
ci-dessus.
4.5 La clause d'adaptation des prix
proportionnels aux fluctuations de change
En application de cette clause, l'exportateur et l'importateur
acceptent que les fluctuations du cours de la devise de facturation se
répercutent sur les prix.
Si le cours de la monnaie de facturation s'élève
le prix de l'importation ou de l'importation est réduit. Si le cours de
la monnaie de facturation baisse, le prix de l'exportation ou de l'importation
est augmenté.
Un exemple simplifié permet de comprendre
l'intérêt et le fonctionnement de cette clause.
Un exportateur français conclut un contrat commercial
de 1000000 USD une sur la base de USD1=0,8260 EUR, prévoyant une clause
d'adaptation des prix proportionnelle aux fluctuations de change. Si le cours
du dollar s'élève par exemple à USD 1=0,9550 EUR, le prix
va être réduit à : 1000000(0,8260:0,9550)=864921,466
USD.
Inversement, si le cours du cours passe à USD 1=0,7500
EUR, le prix se fixera alors à :
1000000(0,8260 :0,7500)=1101333,333 USD
Grâce à cette clause, l'exportateur est
assuré d'obtenir une somme de 826000 euros.
Bien que disposant d'une panoplie d'instruments de gestion de
risque de risque, une nouvelle réorganisation s'avère
nécessaire pour un usage efficace et judicieux de ses instruments.
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