DEDICACES
Je dédie ce travail à mes parents
MAPOURE NJANKOUO Jean
et
MEFIRE Henriette.
REMERCIEMENTS
A la fin de ce travail, l'occasion m'est donnée
de remercier les personnes qui m'ont soutenu.
Je remercie le Professeur MANGUELLE-DICOUM
Eliézer, chef du Laboratoire de Géophysique Interne (GIDEPH) de
l'Université de Yaoundé I, superviseur de ce travail.
Je remercie le Docteur TADJOU Jean Marie pour sa
disponibilité de tout instant, son esprit de rigueur et sa passion pour
la recherche, que j'espère m'auront été transmis lors de
nos nombreuses rencontres et discussions.
Je tiens à remercier les enseignants du
GIDEPH : Dr TABOD Charles TABOD, Dr NOUAYOU, Dr NDOUGSA MBARGA, Dr
MBOM-ABANE, Dr NJANDJOCK, Dr KAMGUIA.
Je remercie particulièrement Nguiya
Séverin, Kande Ludovic et tous les aînés doctorants.
Je remercie mes camarades de promotion Baya, Djimeli,
Ekoro, Feumoe, Nguekie, Ngatchou, Ninkui et Wambo pour leur esprit de franche
collaboration.
C'est l'occasion pour moi de manifester ma
reconnaissance au Dr NJIPOUAKOUYOU Samuel enseignant à
l'Université de Dschang.
Je remercie mes soeurs Mapoure Sylvie et Yianyinyi
Suzanne pour leur soutien constant. Je pense aussi à Mr Mounpou Amos
à Nkongsamba.
Je tiens à remercier
particulièrement Meli Rodolphine pour son soutien constant.
J'exprime ma profonde gratitude à Njugna Salomon
et Wegne Joël pour leur soutien logistique.
Je remercie mes amis qui ont toujours
été disponibles pour m'accorder leur soutien : Pangob
Gatien, Mbah Hugues, Siéwé Ghislain, Kamgaing Georges, Nkeudem
Martial, Tsafack Guy, Djoukeng Clarisse, Nguimgo Sandrine.
RESUME
Des données gravimétriques
existantes au Sud Cameroun et dans les pays environnants ont été
modélisées pour une étude de la structure profonde de la
région. La carte d'anomalie de Bouguer met en évidence
dans la région un couple d'anomalies séparés par une zone
de gradient et une zone côtière positive. L'interprétation
permet d'associer l'anomalie négative Sud côté craton
à un effondrement du socle au centre et à un amincissement
lithosphérique à l'Est et l'anomalie positive Nord à des
roches lourdes dans la croûte.
Trois profondeurs de discontinuité majeure de
densité ont été déterminées dans la
croûte de la région à l'aide de l'analyse spectrale des
données gravimétriques : (1) 45,3 km ; (2) 26,8 km et
(3) 15,9 km. La discontinuité la plus profonde à 45,3 km est
attribuée à l'interface croûte-manteau. La valeur
intermédiaire 26,8 km correspondrait au toit de la structure responsable
de l'anomalie positive Nord et la valeur 15,9 km est associée à
une discontinuité intracrustale.
L'analyse et l'interprétation des
données gravimétriques a permis d'identifier une ligne
structurale majeure de direction E-W au Nord qui marque la limite
septentrionale du craton à laquelle appartient la faille
d'Abong-Mbang et une ligne structurale de direction N-S à l'est du
bassin côtier de Douala assimilée à la faille de Kribi.
Cette étude a également permis de confirmer l'absence de
signature gravimétrique précise la faille Eséka-Dja et de
la Sanaga.
Nous proposons un modèle de structure qui met en
évidence des structures crustales qui permettent de confirmer dans la
région d'étude une collision entre le craton du Congo et la
chaîne Panafricaine Nord-Equatoriale. La limite du craton dans la
région possède une direction variable. Cette direction est N-S
entre les méridiens 9°50 et 11°E, elle est sensiblement
WNW-ESE entre les méridiens 10° et 16°E et devient NE-SW en
R.C.A. après le méridien 16°E.
La jonction de la limite du craton du Congo avec la faille de
la Sanaga dans la localité de Monatélé et à l'est
de Kribi constitue des points doubles sièges potentiels de
séismes de faible amplitude qui seraient à l'origine des
séismes enregistrés dans ces régions.
ABSTRACT
Existing gravity data in the South of Cameroon and in
the surrounding countries were modelled for a study of the underlying structure
of the area. The Bouguer anomaly chart highlights a couple of gravity anomaly
separated by a gradient zone and a coastal zone of positive Bouguer anomaly.
Interpretation makes it possible to associate the negative anomaly in the
southern side associated to the craton to a collapse of the center and a
lithospheric thinning towards the east. The positive anomaly in the northern
side is associated to the presence of heavy rocks in the crust.
Three depths of major discontinuity of density were
observed in the crust of the area using the spectral analysis of the gravity
data: (1) 45, 3 km; (2) 26, 8 km and (3) 15, 9 km. The major discontinuity at
45, 3 km is allotted to the crust- mantle interface. The intermediate value 26,
8 km would correspond to the roof of the structure responsible for the Northern
positive anomaly and the value 15, 9 km is associated to an intracrustal
discontinuity.
The analysis and the interpretation of the gravity
data made it possible to identify a major structural line of direction E-W in
the North which marks the septentrional limit of the craton to which belongs
the fault of Abong-Mbang and a structural line of direction N-S to the East of
the coastal basin of Douala associated with the fault of Kribi. This study also
made it possible to confirm the gravimetric absence of specific signature of
the Eséka-Dja fault and of Sanaga.
We propose a model of structure which highlights
crustal structures which make it possible to confirm in the area of study a
collision between the craton of Congo and the North-Equatorial Panafrican
chain. The limit of the craton in the area has a variable direction. This
direction is N-S between the meridian lines 9°50 and 11°E, it is
appreciably WNW-ESE between the meridian lines 10° and 16°E and
becomes NE-SW in Central African Republic after the meridian line 16°E.
The junction of the limit of the craton of Congo
with the fault of Sanaga in the locality of Monatélé and in the
East of Kribi constitutes "points double" potential seats of low amplitude
earthquakes which would be at the origin of the earthquakes recorded in these
areas.
TABLE DES MATIERES
Dédicaces..............................................................................................
i
Remerciements........................................................................................
ii
Résumé
.............................................................................................
iii
Abstract
.............................................................................................
iv
Liste des figures
.............................................................................................................
v
INTRODUCTION.................................................................................
1 CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
............................ 3
1. Situation
géographique.....................................................................................
3
2. Contextes géologique et
tectonique................................................. 4
2.1. Le
craton..........................................................................
4
2.1.1. Le complexe du Ntem
.................................................. 4
2.1.2. La couverture
protérozoïque du craton ...............................
6
2.2. La chaîne
panafricaine...........................................................
8
2.3.
Tectonique........................................................................
9
3. Travaux géophysiques
antérieurs...................................................
10
4. Hypothèses et objectifs de l'étude
..................................................12
CHAPITRE 2 : METHODES D'INTERPRETATION DES DONNEES
GRAVIMETRIQUES.......................................................................
14
1. Les méthodes
directes................................................................14
2. Les méthodes indirectes
................................................................15
2.1. L'analyse spectrale
.............................................................15
2.2. Admittance et cohérence
....................................................17
3. Les méthodes inverses
..................................................................17
4. Relation entre anomalies de Bouguer et structures
géologiques
caractéristiques
........................................................................18
CHAPITRE 3 : ANALYSE ET INTERPRETATION DES
DONNEES
GRAVIMETRIQUES
............................................................... 19
1. Acquisition et traitement des données
.............................................. 19
2. Elaboration de la carte
...............................................................20
3. Interprétation qualitative des
données gravimétriques.............................. ....
23
4. Interprétation quantitative des
données gravimétriques .................................
26
4.1. Choix des profils
............................................................ 27
4.2. Technique de modélisation
................................................ 27
4.2.1. Choix des contrastes de
densité ................................. 28
4.2.2. Analyse spectrale
.................................................... 30
4.3. Interprétation du profil
d'anomalie de Bouguer ......................... 32
4.3.1. Analyse du profil
................................................... 32
4.3.2. Interprétation des
résultats ........................................ 35
CHAPITRE 4 : SYNTHESE ET DISCUSSION DES
RESULTATS............... 38
1. Synthèse
..........................................................................
38
2. Discussion
.......................................................................
39
CONCLUSION
..............................................................................
45
BIBLIOGRAPHIE
..........................................................................
47
LISTE DES FIGURES
Fig. 1 : Localisation de la zone
d'étude
...................................................................... 3
Fig. 2 : Carte géologique du
Sud-ouest du Cameroun (D'après Feybesse 1987)..............6
Fig. 3 : Géologie du Sud-est du
Cameroun (D'après Feybesse et al.,
1987..........................7
Fig. 4 : Extrait de la carte
gravimétrique de Collignon (1968). Anomalies de Bouguer
Sud-Cameroun.....................................................................................11
Fig. 5 : Distribution des
données gravimétriques dans la région
d'étude.....................20
Fig. 6 : Carte d'anomalies de
Bouguer.....................................................................................22
et 29
Fig. 7 : Profil montrant
l'évolution du spectre d'énergie gravimétrique en fonction
du
nombre d'onde (on distingue
trois droites de pentes différentes)........................31
Fig. 8 :
Interprétation du profil gravimétrique
....................................................34
Fig. 9 : Carte gravimétrique
simplifiée de Sud Cameroun (d'après Dumont,
1986).....................40
Fig.10 : Carte d'anomalies de Bouguer
montrant la limite du craton et les points de
jonction avec la faille de la
Sanaga...............................................................41
Fig.11 : Carte géologique
montrant la limite du craton. (d'après Soba, 1990 ;
Poidevin, 1991,
modifiée)....................................................................42
INTRODUCTION
La connaissance de la structure de la terre est
faite à partir d'observations directes par la géologie ou
à partir de l'étude des phénomènes physiques
affectant la Terre, c'est le domaine du géophysicien.
La géophysique est la science qui utilise
les principes de la Physique à l'étude de la Terre. Elle utilise
des techniques d'investigation du sous-sol reposant sur la mesure des
différentes propriétés physiques de celui-ci. L'analyse
des résultats des mesures révèle comment varient
verticalement et latéralement les propriétés physiques
à l'intérieur du globe terrestre.
Diverses méthodes ont été
mises au point en géophysique dans le cadre de la prospection. Ces
méthodes utilisent les variations des champs naturels de la Terre ou
nécessitent l'introduction dans le sol d'énergie
générée artificiellement. On peut ainsi citer les
méthodes gravimétrique, magnétique, sismique,
magnétotellurique, etc.
La méthode gravimétrique a été
utilisée dans le présent travail pour l'étude de la
bordure septentrionale du craton du Congo. C'est une méthode qui mesure
et étudie les variations du champ gravitationnel terrestre dues au
contraste de densité entre les roches du sous-sol en vue de
déterminer la forme et la constitution de la terre.
La zone d'étude, qui s'étend sur le Sud
du Cameroun, le Sud-est de la République Centre Africaine, le Nord du
Gabon et de la Guinée Equatoriale, et le Nord-Ouest du Congo, est
située dans la partie septentrionale du craton du Congo. Cette
région a fait l'objet de nombreuses études géologiques et
géophysiques et est caractérisée par de nombreuses
structures majeures (faille de Kribi, Sanaga, Yaoundé-Abong-Mbang) dont
la nature et l'extension restent mal connu
Devant la complexité de ce domaine, nous
allons grâce à l'exploitation et l'interprétation des
données gravimétriques disponibles essayer de donner une
signification aux anomalies observées dans la région et proposer
un modèle structural en s'appuyant sur les connaissances
géologiques de la région. Une discussion sera menée sur
l'origine de séismes de faible amplitude enregistrés ces
dernières années dans la région de Kribi (1987, 1989,
2002) et plus récemment dans la région de Monatélé
(Mars 2005).
Le mémoire comporte quatre chapitres.
Dans le premier chapitre nous faisons une
présentation de la zone d'étude dans son contexte
géographique, géologique et tectonique. Nous y définissons
également les objectifs de la présente étude.
Au deuxième chapitre nous présentons
les méthodes d'interprétation des données
gravimétriques et nous faisons une brève théorie de la
méthode utilisée.
Au troisième chapitre nous proposons une
interprétation des données gravimétriques en rapport avec
la géologie de la région. Nous proposons un modèle de
structure du sous-sol et en faisons le lien avec la géologie
régionale.
Le chapitre quatre sera consacré à une
synthèse et une discussion des résultats obtenus. Nous terminons
notre étude par une conclusion et les perspectives d'étude.
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
1. SITUATION GEOGRAPHIQUE
La région d'étude est située en
Afrique Centrale (Fig.1). Elle couvre le sud Cameroun, le sud-ouest de la
R.C.A., le nord de la Guinée équatoriale, du Gabon et le nord-est
du Congo. Elle s'étend entre les latitudes 2° et 4° 5 N et
les longitudes 9°50 et 17°E. Les principales villes qu'on y rencontre
sont : Yaoundé, Ebolowa, Sangmélima, Mbalmayo, Akonolinga,
Djoum, Ayos, Kribi, Edéa, Pouma, Monatélé, Abong-Mbang,
Yokadouma, Batouri, Bertoua, Ouesso.
Fig. 1 : Localisation de la zone
d'étude
Le climat qui y règne est du type
équatorial guinéen, caractérisé par quatre saisons
(deux saisons sèches et deux saisons de pluie) et par l'abondance des
pluies avec des températures relativement peu élevées et
régulières.
La zone d'étude comporte une partie
côtière à l'ouest du méridien 10°E et une
partie continentale à l'Est.
La partie côtière s'étend de
l'océan vers l'intérieur sur environ 150 km en direction de l'Est
et est occupée dans sa presque totalité par la forêt dense
ombrophile. Une côte basse à mangrove borde la baie de Douala,
sorte d'entonnoir profond de 30 km et large de 50 km. Cette baie est le
réceptacle des principaux fleuves de la région : le Mungo,
la Dibamba et le Wouri et la Sanaga (Giresse et al., 1996). Une longue
côte sableuse d'orientation méridienne va de l'estuaire de la
Sanaga jusqu'à Campo (Morin et Kuete, 1989).
L'altitude moyenne de la surface continentale est de
700 m. Cette altitude est de 750 m à Yaoundé et
décroît vers le Sud. L'uniformité de cette surface est
l'une de ses caractéristiques majeures. Vers l'Est, il n'existe pas de
véritable escarpement entre la surface continentale et la cuvette
congolaise ; en effet Yokadouma est à 550 m et Moloundou à
350 m.
La région d'étude est drainée
par le bassin du Congo. La Sanaga est le fleuve le plus important du
réseau hydrographique de la région. Plus au Sud, le Nyong et son
affluent le So'o coulent d'Est en Ouest, dans la région de Mbalmayo et
d'Akonolinga. Le Ntem, parallèle au Nyong coule plus bas au Sud et
quitte la surface continentale par une série de rapides (Giresse et
al., 1996). La région est également arrosée par
le Dja dans la région nord-est de Sangmélima et son affluent (le
Lobo) et la Mvilla dans la localité d'Ebolowa.
2. CONTEXTES GEOLOGIQUE ET TECTONIQUE
Le domaine d'étude porte les traces des divers
évènements tectoniques qui ont marqué le continent
africain au cours des temps géologiques. Il chevauche la marge
septentrionale du craton du Congo représenté par le groupe du
Ntem et la partie Sud de la chaîne panafricaine Nord-équatoriale
représenté par les séries de Yaoundé.
2.1. Le craton
Il affleure au sud du parallèle 3°5N. Les
roches les plus anciennes forment le groupe du Ntem d'âge archéen
(> 3,7 Ga) rajeuni pendant l'éburnéen (2,2-1,8 Ga) (Gazel,
1956 ; Bessoles et Trompette, 1980). Au Sud-est les affleurements du
complexe du Ntem sont recouverts par des formations d'âge
protérozoïque supérieur.
2.1.1. Le complexe du
Ntem
Il est formé d'Ouest en Est
par les unités tectoniques du Bas Nyong, du Ntem et de l'Ayina (Fig.
2).
- L'unité du Ntem
est composée d'un ensemble de gneiss granulitiques
(série rubanée) et un complexe intrusif. Le complexe intrusif
est essentiellement composé de granitoïdes charnockitiques mis en
place vers 2.9 Ga (Delhal et Ledent, 1975 ; Lasserre et Soba, 1976 ;
Cahen et al.,1984 ; Toteu et al.,1994 ; Tchameni et
al.,1996) ; sa composition est celle des TTG
(Tonalites-Trondjhémites-Granodiorites) (Nédelec et Nsifa,
1987 ; Nédelec et al.,1990).
La série
rubanée est constituée des ceintures de roches vertes qui
contiennent des roches basiques et des quartzites ferrifères ou
stériles (Vicat, 1998). Les ceintures de roches vertes de
Lolodorf-Ngomezap se mettent en place vers 3 Ga (Tchameni, 1997). Elles sont
caractérisées par l'association de métabasites et de
quartzites ferrifères. Les amphibolites et les quartzites ont subi le
métamorphisme granulitique à pyroxènes et grenat de
l'unité du Ntem. L'orogenèse éburnéenne se
manifeste dans l'unité du Ntem par un épisode thermique
daté vers 2 Ga (Toteu et al., 1994 ; Tchameni, 1997).
- L'unité du Bas
Nyong
Les caractéristiques
pétrologiques et chimiques des ceintures de roches vertes de
l'unité du Nyong les rattachent aux roches du complexe du Ntem. Les
caractéristiques tectoniques et métamorphiques témoignent
d'une évolution structurale beaucoup plus vigoureuse que l'unité
du Ntem pendant l'érosion éburnéenne et de l'influence de
la tectonique panafricaine (Nédelec et al., 1990).
L'orogenèse éburnéenne est
responsable de la structuration N-S et du déversement sur
l'unité du Ntem de l'unité du Bas Nyong au Sud-est
(Nédelec et al., 1990). Une légère
rétromorphose dans le faciès schiste vert peut être
attribué au métamorphisme panafricain (Toteu et al.,
1994).
- L'unité de l'Ayina
Au Sud-est, l'unité de l'Ayina rapportée
à l'archéen borde l'unité du Ntem. Cette unité
comprend en majorité des roches cristallophylliennes (leptynites,
amphibolites, gneiss), des roches à caractère intrusif (granites,
syénites, tonalites) et des greenstones, qui passent en
continuité de l'unité du Ntem à celle de l'Ayina. Plus
à l'Est, affleure la série volcano-sédimentaire de Mbalam
caractérisée par un métamorphisme moins intense. Les
formations de Mbalam (chlorito-schistes, séricito-schistes, schistes
à amphibole, amphibolites et quartzites ferrugineux) sont très
redressées (sub-verticales) et affectées par une tectonique
cassante.
Fig. 2 : Carte géologique du
sud-ouest du Cameroun (D'après Feybesse ,1987)
1-Formations précambriennes ; 2-Unités
du Protérozoïque ; 3-Granites post-greenstones
4-Greenstones ; 5-Unité d'Ebolowa ; 6-
Série rubanée (Ntem) et série feuilletée
(Nyong)
2.1.2. La couverture
protérozoïque du craton
Elle se localise dans la partie sud-est du Cameroun.
Elle repose à l'Ouest en discordance sur la série de Mbalam et
disparaît au Nord sous la nappe de Yaoundé qui la recouvre
partiellement (Vicat, 1998).On distingue quatre séries
(Laplaine,1971 ;PNUD, 1987) : la série du Dja
supérieur, le complexe tillitique, la série du Dja
inférieur et la ride de Lobéké (Fig.3).
- La série du Dja
supérieur est localisée dans la région de
Mintom. Elle est discordante sur le socle du Ntem et sur la série du Dja
inférieur. Déposée au Néoprotérozoïque
(650-540 Ma), elle appartient au cycle eustatique schisto-calcaire (Alvarez,
1998).
- Le complexe
tillitique rattaché au Cryogénique
(550-650 Ma) (Alvarez, 1998) comprend la tillite de Bele-Libongo à la
frontière Centrafricaine, la tillite de Bodou dans la pointe sud-est du
Cameroun et la tillite de Moloundou à la frontière du Congo. Ce
complexe repose en discordance sur la série du Dja inférieur.
Fig. 3 : Géologie du sud-est
du Cameroun (D'après Feybesse et al., 1987)
- La série
du Dja inférieur est
déposée au Paléoprotérozoïque
postérieurement à la phase majeure éburnéenne
individualisée en Centrafrique et au Cameroun (Vicat et
al.,1997 ; Vicat, 1998). Des filons de dolérites et des
basaltes en coussins mis en place vers 2 Ga sont associés aux
dépôts. On rencontre par endroits dans la série du Dja des
roches intrusives telles que les syénites qui sont non datées
(PNUD, 1984).
- La ride de
Lobéké est composée de quartzites massifs
alternant avec des quartzo-phuliades et des séricito-schistes. Des
granodiorites éburnéennes sont intrusives dans les
dépôts de la ride de Lobéké (Vicat et al.,
1997).
2.2. La chaîne
panafricaine.
La chaîne panafricaine est la
zone située entre le craton Ouest africain au Nord-Ouest et le craton du
Congo au Sud. Les roches appartenant à ce domaine sont celles qui ont
été soumises à la tectonique panafricaine, dont les
âges géochronologiques montrent un rajeunissement à 500-600
Ma. La chaîne panafricaine est représentée par les
séries d'Ayos-Mbalmayo-Bengbis, de Yokadouma et de Yaoundé. La
série d'Ayos-Mbalmayo-Bengbis est surtout formée de schistes
verdâtres d'aspect lustré. Le métamorphisme épizonal
est très faible dans ces formations. Le cadre géodynamique est
celui d'un bassin intracontinental.
- La série de
Mbalmayo-Bengbis a une orientation générale
Est-ouest (Gazel et al., 1965). Les roches de la série d'Ayos
sont également caractérisées par un faible degré
de métamorphisme. On y trouve des micaschistes à deux micas, des
schistes à muscovite et chloritoschistes. Les schistes qui forment le
sommet de la série sont peu ou pas granitisés (Van Der Hende,
1969).
- La série de
Yokadouma est composée de schistes et de quartzite
recristallisés dans les conditions du faciès schiste vert (Vicat,
1998). Le magmatisme basique associé, à composition de
tholérites traduit un amincissement lithosphérique (Vicat et
al., 1997).
Le cadre géodynamique est celui d'un rift continental.
La série de Yokadouma déposée en bordure du craton du
Congo est équivalente aux séries d'Ayos-Mbalmayo-Bengbis et
constitue une écaille à la base de la nappe de Yaoundé.
- La série de
Yaoundé située au nord du craton du Congo est
formée de gneiss et de migmatites à grenats provenant d'anciens
sédiments granitisés et métamorphisés dans le
faciès granulite de haute pression ; elle constitue le coeur de la
nappe panafricaine (Nzenti et al., 1984 ; Nédelec et
al.,1986 ; Nzenti, 1987 ; Nzenti et al.,1988).
Structuralement, la série de Yaoundé est
interprétée comme une vaste nappe qui chevauche au Sud la
terminaison Nord du craton du Congo (Ball et al., 1984 ;
Nédelec et al.,1986 ; Nzenti, 1987). L'âge
panafricain de la migmatisation et du métamorphisme est
démontré (Penaye et al., 1993 ; Nzenti, 1987 ;
Nzenti et al., 1988). Les termes les plus métamorphiques sont
situés au niveau de la ville de Yaoundé (4°N) et
correspondent à des gneiss granulitiques. Dans la région de
Yaoundé, les granulites sont surtout d'origine sédimentaire mais
on note la présence de roches ignées syn-métamorphiques
aux environs et dans la ville (Nzenti et al., 1988), traduisant une
collision continentale et des remontées des roches profondes de la
croûte.
On trouve à l'ouest du domaine d'étude
les bassins sédimentaires de Campo-Kribi et de
Douala. Les roches sont successivement des sédiments tertiaires puis
crétacés passant sans accident topographique particulier, aux
roches métamorphiques du socle (Segalen, 1967). Les séries du
bassin de Campo débutent à l'Albien et ont une épaisseur
de l'ordre de 600 m. Le bassin de campo est séparé du bassin de
Douala au Nord par une avancée dans la mer des roches du socle
(région de Kribi). D'après les études sismiques, la
couverture sédimentaire dans le bassin de Douala peut atteindre 3000 m,
4000 m et parfois même 7000 m (Schlumberger, 1983).
2.3. Tectonique
Les travaux géochronologiques (Tchameni,
1997 ; Tchameni et Nsifa, 1998) permettent de scinder l'évolution
de la bordure septentrionale du craton du Congo en deux grands épisodes
tectoniques :
- L'épisode archéen qui commence à
3,1 Ga et correspond à une phase de distension avec formation des
bassins marins ou continentaux comblés de matériels
volcano-sédimentaires, injectés par la suite de roches basiques.
Cette phase de distension est suivie d'une phase compressive (2,9 à 2,6
Ga) associée à un abondant plutonisme charnockitique, tonalitique
et granitique. Les granitoïdes observés d'âge environ 2,6 Ga
sont les produits de la fusion crustale. Le cycle archéen est
clôturé dans la zone par une phase de magmatisme calco-alcalin
(2,6 Ga).
- L'épisode protérozoïque
inférieur commence vers 2,4 Ga avec fracturation et
évènements thermiques. Un réchauffement favorise un
remaniement des formations archéennes, les syénites alcalines
montent diapiriquement. Les fractures développées
antérieurement sont colmatées par des dolérites vers 2,1
Ga. Un métamorphisme de haut degré daté à 2,05 Ga
accompagne la déformation D2 qui prend de l'ampleur dans
l'unité du Bas Nyong. L'unité du Bas Nyong est le résultat
de la collision entre les cratons du Congo-SaÕ Fransisco au
Protérozoïque inférieur.
Au Protérozoïque supérieur, le craton
du Congo est effondré par un réseau de fossés
intracratoniques dont l'aulacogène de la Sangha est la pièce
maîtresse (Alvarez, 1998). Les formations d'âge
protérozoïque supérieur affleurant au sud-est du Cameroun
(série du Dja, Bessoles et Trompette, 1980) sont supposées dans
les zones effondrées du craton, masquées par des
dépôts récents de la forêt équatoriale de la
cuvette congolaise.
Ces différentes phases tectoniques ont conduit à
la mise en place des unités structurales de la région.
3. TRAVAUX GEOPHYSIQUES ANTERIEURS
Les premiers travaux de prospection géophysique
au Cameroun étaient des travaux de reconnaissance. La première
campagne gravimétrique a été menée sur l'ensemble
du territoire du Cameroun entre 1962 et 1967 par l'ORSTOM (Office de la
Recherche Scientifique et Technique d'Outre Mer) et a conduit à
l'établissement des cartes d'anomalies gravimétriques de
reconnaissance du Cameroun.
Collignon (1968) distingue au sud du parallèle
4°N une anomalie légère de grande extension d'orientation
W-E (Fig.4) qu'il interprète comme la partie affaissée des
formations précambriennes du Sud Cameroun. Il distingue au seuil
d'Abong-Mbang une zone caractérisée par des anomalies
gravimétriques positives et qui séparerait la zone
légère de l'Adamaoua au Nord de la zone légère du
massif Sud Cameroun.
Sur la base des caractéristiques de la signature
gravimétrique des limites entre craton et chaîne, Dumont (1986) a
assimilé l'alignement E-W d'Edéa à Yaoundé à
la limite géophysique du craton du Congo (Fig. 9); cette limite se
poursuit suivant la même direction, sensiblement le long du
parallèle 4°N dans tout le sud du Cameroun (Mbom Abane, 1997 ;
Tadjou, 2004 ; Tadjou et al., 2004).
A partir de l'alignement des épicentres des
secousses sismiques enregistrées de 1987 à 1989 suivant un axe
Kribi-Edéa, Atéba et al. (1992) proposent une extension
SSW de la limite géophysique du craton du Congo en direction de
Kribi ; ce contact craton/chaîne serait à l'origine de la
sismicité de cette région.
Une étude des discontinuités profondes de
densité à partir de l'analyse spectrale des données
gravimétriques a permis à Nnange et al. (2000) de mettre
en évidence trois discontinuités majeures de densités dans
la lithosphère sous le craton du Congo : une à
13 km pour la croûte supérieure, la seconde
à 25 km pour la croûte moyenne et la troisième à 35
km pour l'interface croûte-manteau. Ces résultats ont permis de
fixer l'épaisseur de la croûte à environ 35 #177; 3km sous
le craton du Congo.
Fig. 4 : Extrait de la carte
gravimétrique de Collignon (1968). Anomalies de Bouguer
Sud-Cameroun.
L'interprétation des données
gravimétriques dans la région Ebolowa-Sangmélima (Tadjou
et al., 2001) a permis de suggérer que les structures
granitiques du craton du Congo s'enfoncent profondément sous les
schistes et s'étendent plus au nord de Mbalmayo où on observe en
surface le contact entre le craton du Congo et la chaîne panafricaine
Nord équatoriale comme annoncé précédemment par des
études géophysiques (Manguellé-Dicoum, 1988 ;
Manguellé-Dicoum et al., 1992) et géologiques (Nedelec
et al., 1986 ; Nzenti et al., 1987) antérieures.
La modélisation gravimétrique le long de
la marge Nord du craton du Congo dans le Sud-Cameroun (Tadjou et al.,
2004) suggère que la région constitue une zone de subduction dans
laquelle la subsidence a dû être accompagnée par une
intrusion de faible densité (granites de So'o) d'épaisseur 3500
m.
4. HYPOTHESES ET OBJECTIFS DE L'ETUDE
L'intérêt qui est porté dans ce
travail sur les structures et l'extension des différents groupes
lithologiques s'ajoutera à de nombreux travaux géologiques et
géophysiques qui ont été réalisés sur la
bordure septentrionale du craton du Congo.
Le domaine de Yaoundé est une des unités
structurales qui constituent la vaste chaîne panafricaine au nord du
craton. Cette chaîne serait une chaîne de collision d'âge
panafricain entre le craton du Congo au Sud et l'extension du bouclier
nigérian au Nord (Nzenti, 1987 ; Penaye et al.,
1989 ; Ngako et al., 1989 ; Toteu et al., 2004).
Plusieurs modèles tectoniques correspondant à la collision entre
le craton du Congo et la chaîne mobile Panafricaine ont été
proposés (Poidevin, 1983 ; Nzenti et al., 1984,
1988 ; Toteu et al., 2001 ; Penaye et al.,
1993 ; Trompette, 1994 ; Castaing et al., 1994 ; Rolin,
1995 ; Abdelsalam et al., 2002 ; Tadjou, 2004). Ainsi la
zone d'étude étant située dans la zone de transition entre
le craton et la chaîne panafricaine possèderait une structure
complexe suite aux nombreuses tensions dont le socle a été le
siège durant les différents épisodes géologiques.
En effet la carte gravimétrique de la région présente de
nombreuses anomalies localisées qui témoignent de la
complexité du socle.
Dans la région d'étude les données
structurales disponibles révèlent l'existence de nombreuses
structures majeures. Les linéaments sont généralement
soulignés par des anomalies gravimétriques remarquables et c'est
le cas pour les failles de Yaoundé-Abong-Mbang et la faille de
Kribi ; cependant dans des régions où des structures
tectoniques majeures ont été détectées, la carte
d'anomalies ne présente aucune signature gravimétrique
significative (failles de la Sanaga et d'Eseka-Dja).
Dans ce travail il s'agit, en utilisant la méthode
gravimétrique, de mettre en évidence les différentes
formations constituant le socle de la région et de localiser les
accidents tectoniques majeurs. Nous essayerons sur la base des données
gravimétriques disponibles et des résultats qualitatifs issus de
l'interprétation de la carte d'anomalie gravimétrique :
- de donner une signification géologique aux
anomalies gravimétriques observées dans le craton du Congo.
- de trouver les signatures gravimétriques de
certaines structures (failles ou contact), d'en donner une
interprétation en rapport avec la géologie régionale et
à partir de ceci préciser l'origine de la sismicité des
régions de Kribi et Monatélé.
- proposer un modèle de structure globale pour la
région.
- proposer d'après l'allure des anomalies
observées une limite entre le craton et la chaîne panafricaine.
CHAPITRE 2 : METHODES D'INTERPRETATION DES DONNEES
GRAVIMETRIQUES
Le but de l'interprétation géophysique
est d'essayer de fournir des modèles qui expriment l'idée que
l'on se fait de la structure du sous-sol. Les anomalies gravimétriques
observées dans une région peuvent être
interprétées sous plusieurs formes. Lors des
interprétations, on se heurte au problème de la non
unicité de la solution ; afin de réduire le champ
d'investigation, les premières hypothèses sur les modèles
découlent de l'analyse comparative des cartes géophysique et
géologique. En l'absence d'indications sur les sources d'anomalies et
pour tenir compte de la non unicité des solutions en gravimétrie,
il est nécessaire de fixer des bornes sur les caractéristiques
des sources et réduire ainsi l'indétermination. Pour le faire,
les paramètres sont estimés à partir des méthodes
d'approche ou méthodes indirectes et par calcul inverse. Les
estimations déduites de ces méthodes sont reprises dans les
techniques de calcul direct pour la modélisation finale des sources. Il
existe plusieurs méthodes d'interprétation : les
méthodes directes, indirectes et inverses.
1. LES METHODES DIRECTES
Les méthodes directes sont utilisées
lorsqu'on a une connaissance de la géologie de la région
d'étude et donc de la structure qui crée l'anomalie
observée. Les paramètres physiques (densité) et
morphologiques permettent de construire un modèle et de calculer son
effet qui est ensuite comparé avec l'anomalie observée. Ces
méthodes s'appliquent de préférence aux anomalies
résiduelles. Le modèle de départ est basé sur des
structures de forme simple telles que les sphères, les cylindres et les
prismes. On distingue les modélisations 2D, 2D1/2 et 3D.
La modélisation 2D
Si l'extension longitudinale de la structure
suspectée est au moins cinq fois supérieure à la largeur
transversale, on fait l'hypothèse d'un allongement infini et la
modélisation est dite de type 2D (Talwani et al.,1959 ;
Grant et West, 1965).
La modélisation 2D consiste en la
décomposition de la structure initialement préconçue en
prismes de section polygonale et d'allongement infini ; le calcul de
l'effet de ces prismes est ensuite additionné. L'anomalie
théorique est calculée en faisant varier les paramètres
physiques de la structure perturbatrice, notamment sa forme, sa profondeur et
sa densité. Le meilleur modèle est celui qui correspond à
la structure dont l'anomalie calculée coïncide le mieux avec
l'anomalie observée.
La modélisation 2D1/2
Pour des rapports allongement
principal/extension transversale moins importants, la modélisation
directe tient compte de la longueur limitée du corps, la
modélisation est alors dite de type 2D1/2 (Shuey et Pasquale, 1973). Des
modélisations 2D1/2 sont proposées en gravimétrie (Cady,
1980).
La modélisation
3D
Les deux types de modélisation ci-dessus
développés sont généralisés pour
l'application aux structures à trois dimensions. Dans ce cas, les
contours dans le plan horizontal sont remplacés par des polygones ayant
n côtés. En d'autres termes, on additionne les effets de petits
éléments de volume aux noeuds d'une grille de données
(Talwani et al., 1959).
2. LES METHODES INDIRECTES
Ces méthodes comportent un ensemble de
techniques utiles pour la production des cartes de gradients du champ de
pesanteur, de prolongation du champ et autres cartes transformées, et
qui fournissent chacune une information sur les paramètres de la
géométrie de la source. Parmi ces méthodes on peut citer
l'analyse spectrale et la méthode d'admittance.
2.1. L'analyse spectrale
L'analyse spectrale permet d'estimer les contrastes de
densité majeurs et par conséquent les profondeurs moyennes des
masses perturbatrices. La profondeur moyenne d'une source d'anomalie
gravimétrique ou magnétique est estimée à partir du
spectre d'énergie du signal correspondant (Bhattacharyya, 1966 ;
Spector, 1968 ; Naidu, 1969 ; Spector et Grant, 1970 ; Cordel et
Taylor, 1971 ; Bhattacharyya et Leu, 1975). L'analyse spectrale peut
être appliquée sur des profils (2D) ou sur des grilles de
données (3D).
Principe de calcul : cas d'un
profil
Une fonction périodique peut être
exprimée comme une série de Fourier selon
l'équation (Bendat et Piersol, 1986) :
(1)
avec et
étant la fréquence angulaire égale à et T la période.
Dans le cas d'une anomalie gravimétrique ou
magnétique et la fonction f(x) est non périodique. Sa décomposition
en une infinité de termes sinusoïdaux s'écrit
(2)
Sa transformée de Fourier sera :
(3)
En pratique, les profils d'anomalie étant
constitués d'un nombre fini de points, on utilise la transformée
de Fourier discrète :
(4)
Où on pose
est le nombre de points du profil, le pas d'échantillonnage et un entier variant de 0 à
Le spectre d'énergie s'écrit :
(5)
L'application de l'analyse spectrale pour
déterminer les profondeurs des sources d'anomalie suppose que leur
distribution est statistiquement indépendante. Ainsi le logarithme de
l'énergie contenue dans chaque fréquence du champ que ces sources
créent à une distance varie linéairement en fonction de la valeur de la
fréquence considérée. La profondeur du plan d'approximation est calculée par la formule :
= (Gérard et Griveau, 1972)
(6)
avec le nombre d'onde.
2.2. Admittance et
cohérence
On s'intéresse ici à l'étude des
fonctions de transfert entre deux types de données. Les fonctions
obtenues à partir des données observées sont ensuite
comparées à des modèles de fonctions théoriques
permettant ainsi de trouver le bon modèle correspondant aux
données observées. L'utilisation des fonctions de transfert entre
les données gravimétriques et topographiques permet d'avoir des
idées sur la distribution des densités en profondeur, mais aussi
sur la réponse isostasique de la lithosphère en un lieu
donné.
La technique d'admittance permet de quantifier la
réponse isostatique d'un milieu sans faire d'hypothèse à
priori sur le modèle de compensation.
La cohérence est une corrélation
permettant de quantifier la ressemblance en fonction de la longueur d'onde,
entre le signal gravimétrique et la topographie. Cette
corrélation est fonction de la distribution des charges (en surface et
en profondeur) mais surtout de la rigidité de la plaque.
3. LES METHODES INVERSES
L'interprétation des anomalies du champ de
potentiel (gravimétrique, magnétique, électrique) est
ambiguë ; l'ambiguïté se pose parce que toute anomalie
peut être causée par un nombre infini de sources possibles.
L'utilisation des problèmes inverses permet de choisir parmi toutes les
solutions possibles celle qui rend bien compte du problème posé.
En gravimétrie, le calcul inverse comprend deux étapes
essentielles : la linéarisation du problème et la recherche
de la solution particulière (corps idéal).
4. anomalies de Bouguer et structures
géologiques caractéristiques
La carte d'anomalies de Bouguer est le résultat
de la superposition des effets de structures géologiques situées
à des profondeurs grandes, moyennes et superficielles. Cette carte
renferme également des informations sur les discontinuités
présentes dans le sous-sol. Lors de l'analyse, pour associer les
anomalies observées à des structures particulières
plusieurs considérations seront prises en compte.
Les anomalies positives ou lourdes sont
associées soit à des intrusions de roches lourdes dans la
croûte, soit à un relèvement du socle, soit à des
roches sédimentaires denses. Les anomalies négatives ou
légères sont associées soit à des intrusions de
roches légères dans la croûte, soit à un
épaississement de la croûte, soit à un effondrement du
socle. Les anomalies représentées par des iso- anomales
fermées chaque courbe iso-valeur dessinant une figure proche de la
circonférence sont caractéristiques des anomalies
tridimensionnelles ; ce modèle convient à l'étude des
dômes, cuvettes et amas. Les anomalies représentées par des
iso-anomales dessinant grossièrement des ellipses sont
caractéristiques des structures cylindriques ; ce modèle
convient à l'étude des synformes, antiformes, filons et galeries.
La carte renferme des informations sur les discontinuités
présentes dans le sous-sol, qui peuvent être extraites en
analysant les gradients entre les anomalies. Les gradients sont
caractérisés par des iso-anomales linéaires ou filiformes
et
traduisent une variation de densité des roches
sous-jacentes ; elles matérialisent des structures allant de
faibles aux grandes profondeurs.
Nous avons exposé dans ce chapitre les
différentes méthodes d'interprétation des données
gravimétriques. Nous procédons dans le chapitre suivant à
l'analyse et l'interprétation des données gravimétriques
dans la zone d'étude. L'interprétation qualitative consistera
à modéliser le contexte géologique. L'analyse spectrale
est utilisée pour déterminer les profondeurs des sources
d'anomalies dans la région. Les paramètres physiques (profondeur
et densité) seront enfin utilisés pour établir un
modèle 2D pour la région.
CHAPITRE 3 : ANALYSE ET INTERPRETATION DES
DONNEES
GRAVIMETRIQUES
Nous présentons dans ce chapitre l'analyse de
la carte d'anomalies de Bouguer et l'interprétation que nous en faisons.
L'interprétation qualitative de la carte permettra d'identifier les
différentes entités géologiques, les zones de
discontinuités et les directions structurales. L'interprétation
quantitative des données gravimétriques permettra de fournir un
modèle de structure du sous-sol.
1. ACQUISITION ET TRAITEMENT DES DONNEES
Les données gravimétriques disponibles
et utilisées dans le cadre de cette étude ont été
acquises au cours des campagnes réalisées par différents
organismes et chercheurs.
Tableau 1 : Organismes, chercheurs et
années de campagne (Tadjou, 2004)
ORGANISMEouCHERCHEURS
|
ANNEE de CAMPAGNE
|
ORSTOM
|
1960-1967
|
Hegberg
|
1968
|
Société ELF
|
1980
|
Fairhead (Leeds)
|
1982
|
IRGM et Univ. De Leeds
|
1984-1985 et 1986
|
Les données les plus anciennes sont celles
réalisées par l'ORSTOM (Office de la Recherche Scientifique et
Technique d'Outre Mer) lors des campagnes gravimétriques de
reconnaissance (1960 à 1968). Ces campagnes couvrent l'ensemble du
territoire camerounais pour un total de 3600 stations. Ces données ont
été complétées par d'autres organismes et
chercheurs. Les mesures ont été effectuées tous les 4 km
le long des profils, afin de déceler les variations significatives de
faciès géologiques. La densité des données est
d'environ 220 stations par degré carré. La localisation des
stations a été déterminée sur des cartes
topographiques et par cheminement à la boussole.
L'élévation des stations a été obtenue avec des
relevés barométriques, en utilisant les altimètres Wallace
et Tiernan ou Thomnen (type 3B4). L'erreur sur la position des stations est
d'environ 200 m. L'erreur sur l'altitude des stations peut être de 10 m
sur les profils les plus éloignés des repères
géodésiques. Pratiquement, elle est inférieure à
5m. Les variations du champ de pesanteur ont été mesurées
à l'aide des gravimètres Worden (n° 313, 600, 69 et 135),
des Lacoste&Romberg (modèles G, n° 471 et 828) et des North
American. La précision sur les valeurs de la pesanteur est de l'ordre
de 0,2 mgal.
La valeur de la pesanteur en chaque station est
corrigée de la marée luni-solaire et de la dérive
instrumentale. Des corrections systématiques vont être
appliquées à l'ensemble des valeurs résultantes pour les
rendre comparables les unes aux autres.
On constate que sur la figure 5 certaines
régions sont plus couvertes que d'autres. On remarque une plus forte
densité de points de mesure à l'ouest qu'à l'est de la
région.
Fig. 5 : Distribution des
données gravimétriques dans la région
d'étude
2. ELABORATION DE LA CARTE
Projection des éléments de la
banque de données
Les données gravimétriques disponibles dans la
banque de données, avant d'être utilisées pour des
traitements ultérieurs doivent être converties en
coordonnées cartésiennes et nécessitent une interpolation.
La conversion des coordonnées géographiques en distances
kilométriques se fait par projection UTM (Universal Transverse Mercator
) sur l'ellipsoïde de Clarke (1880) avec le méridien central
13°E.
Interpolation des valeurs d'anomalies de
Bouguer
La méthode d'interpolation est basée sur
les éléments finis (Inoué, 1986). Par cette méthode
l'ajustement entre la surface calculée et les données
mesurées est obtenu en minimisant une norme composée des
résidus des données, des dérivées premières
et secondes qui représentent respectivement les écarts, les
fluctuations et les rugosités de la fonction de lissage. Le choix du pas
de grille dépend à la fois de l'extension latérale et de
la profondeur de la caractéristique géologique à localiser
(Neumann, 1967 ; Astier, 1971 ; Sharma, 1982). De plus, la profondeur
jusqu'au toit de la structure anomalique doit être supérieure ou
égale au pas de grille (Sharma, 1982).
Les données ainsi traitées ont permis
d'établir une carte d'anomalies de Bouguer obtenue en joignant suivant
un plan tangent au géoïde les points ayant la même valeur de
l'anomalie de Bouguer. Une courbe joignant des points de même anomalie
est appelée courbe iso-anomale. Le tracé de la courbe se fait par
ordinateur pour un besoin d'objectivité.
Pour la présente étude, nous avons obtenu
une carte d'anomalie avec des équidistances de 5 mgal. L'analyse de
cette carte permettra de déterminer la structure du sous- sol en nous
appuyant sur la géologie.
Fig. 6a : Carte d'anomalies de
Bouguer
N
3. INTERPRETATION QUALITATIVE DES DONNEES
GRAVIMETRIQUES
La carte d'anomalies de Bouguer (Fig.6a) permet de
faire une interprétation qualitative des anomalies en s'appuyant sur les
connaissances géologiques de la région. Une vue d'ensemble de
cette carte fait ressortir la répartition de la carte en plusieurs
secteurs gravimétriques qui laisseraient entrevoir la structuration en
profondeur de la zone d'étude. Un examen approfondi de la carte permet
de la repartir en secteurs gravimétriques négatifs et positifs.
On distingue ainsi :
- Les zones d'anomalies
positives
On distingue quatre secteurs gravimétriques
positifs dans la zone d'étude.
La partie occidentale de la carte est
constituée d'une zone d'anomalies positives caractérisée
par des iso-anomales de direction générale N-S et d'amplitudes
modestes. On a un minimum local de -5 mgal au sud-est d'Edéa. Ce domaine
correspond à la zone côtière.
Dans la partie méridionale de la carte,
située entre les méridiens 12° et 13° E, on observe une
anomalie positive avec un minimum de - 40 mgal au NE de la localité
d'Ambam. Cette anomalie est caractérisée par une direction
générale WSW-ENE et correspond à l'unité
archéenne du Ntem. L'anomalie serait associée à la
présence de plutons lourds dans la zone mis en place à
l'Archéen ; elle corrèle bien avec les granitoïdes
charnockitiques du complexe du Ntem.
Le Nord-Est de la carte, au-dessus du
parallèle 4°N, est occupé par un panneau
gravimétrique positif. Ce domaine est caractérisé par des
iso- anomales étendues de direction générale presque W-E
et de faible amplitude. On observe une anomalie fermée de courte
longueur d'onde et d'amplitude - 25 mgals dans la localité de Mbama. La
présence de ce panneau positif serait due à une forte intrusion
de matériaux lourds dans la croûte ou à un
relèvement du socle panafricain.
La zone située à l'ouest du panneau
gravimétrique NE est marquée par un alignement d'anomalies
positives et négatives fermées, de courte longueur d'onde et de
forme presque circulaire. On remarque quatre anomalies : la
première située au nord de Ngambe a une amplitude de - 45 mgals,
la seconde dans la localité de Monatélé a une amplitude de
- 60 mgals, la troisième et le quatrième respectivement au nord
de Yaoundé et à l'est de Monatélé ont des
amplitudes de - 50 mgals et - 30 mgals. Ce chapelet d'anomalies suggère
de nombreuses intrusions de matériaux dans la croûte
témoignant d'une intense activité magmatique. L'origine de ces
anomalies pourrait être attribuée aux effets d'une suture de
plaque.
- Les zones d'anomalies
négatives
On distingue dans la zone d'étude deux
secteurs gravimétriques négatifs.
Dans la partie centrale de la carte, au sud de l'axe
Yaoundé- Abong-Mbang, on observe une anomalie négative de grande
dimension ; cette anomalie de direction W-E possède une extension
au sud du 3° N qui s'étale entre les localités de Djoum et
de Ngoila. Cette anomalie est caractérisée par des iso-anomales
de grande longueur d'onde, avec une amplitude de - 95 mgals au sud de la
localité d'Ayos. Cette vaste anomalie pourrait être due à
l'intrusion de matériaux légers dans la croûte, à
l'effondrement du socle dans la région ou à
l'épaississement de la croûte sous-jacente. L'anomalie
négative centrale, se prolonge vers l'Est, s'atténuant en
amplitude et prenant une direction générale WNW-ENE. Ce domaine
est caractérisé par des iso-anomales étendues de faible
amplitude (- 70 mgals). L'extension dans la région de
l'aulacogène de la Sangha pourrait être à l'origine de
cette anomalie. On note dans cette région la présence de deux
anomalies de courte longueur d'onde. La première anomalie située
au sud de Yokadouma est caractérisée par des iso-anomales
circulaires et de faible amplitude (minimun local de - 90 mgals) ; cette
anomalie semble indiquer la présence d'une cuvette dans la
région. La seconde anomalie d'amplitude plus modeste (- 60 mgals)
située à l'est de Ngoila est caractérisée par des
iso-anomales fermées ne définissant pas une forme
géométrique particulière. Cette anomalie serait due
à la présence de la tillite de Mouloundou. Au niveau de la
frontière Cameroun-R.C.A les nombreuses anomalies circulaires qu'on
observe se superposent aux roches basiques de la série de Nola.
A l'est du gradient côtier, entre les
méridiens 10 et 11° E, on observe une zone d'anomalie relative
positive (- 50 mgals) caractérisée par des anomalies de courte
longueur d'onde et de forme presque ellipsoïdale. Ces anomalies
correspondent à la série éburnéenne du Nyong et
à la terminaison occidentale de l'unité du Ntem. L'allure de ces
iso- anomales pourrait traduire la présence en profondeur de structures
lourdes de forme bidimensionnelle. Il s'agirait de roches intrusives
(orthogneiss et syénites) qui ont été affectées par
l'orogenèse éburnéenne vers 2050 Ma (Toteu et
al., 1994) et remontées à la faveur de
l'intensité du magmatisme panafricain. La présence de
dolérites dans la série du Nyong marquerait à l'ouest du
craton du Congo, l'ouverture d'un fossé
paléoprotérozoïque qui recueille les formations du Nyong.
- Les zones de gradient
Les différents domaines gravimétriques mis
en évidence sont séparés par des zones de gradient. Ces
gradients représentent des discontinuités gravimétriques
matérialisant des fractures allant des faibles aux grandes profondeurs.
Le domaine positif septentrional et l'anomalie
négative centrale sont séparés par une zone de gradient
latéral élevé formé par une succession d'anomalies
filiformes serrées de direction W-E placée au-dessus des
formations panafricaines à la latitude de Yaoundé. Ce gradient
s'étend depuis l'axe Yaoundé-Abong-Mbang jusqu'en R.C.A en
s'affaiblissant. Il dénote une structure tectonique majeure
pénétrant la croûte, et marque la transition entre le
craton du Congo au Sud et la chaîne panafricaine au Nord. Cette structure
aurait favorisé l'effondrement du socle dans la partie centrale de la
région.
Le bassin côtier de Douala est
séparé des formations éburnéennes du Nyong par une
zone de gradient qui indique une structure linéaire qui peut être
interprétée comme un accident en bordure du bassin. Cette faille
aurait favorisé l'effondrement du socle au Protérozoïque
lors de la formation d'un fossé qui recueille les sédiments de la
série du Nyong.
Sur l'axe Mbalmayo-Ebolowa, on observe une zone de
faible gradient ; cette zone sépare le plateau négatif
central d'une zone lourde à l'ouest de celui-ci. Ce gradient semble
traduire le chevauchement de la série du Nyong par la nappe de
Yaoundé.
La zone de gradient séparant le plateau
négatif central et le domaine positif Sud-Ouest (reposant sur
l'unité du Ntem) se caractérise par des iso anomales
linéaires filiformes serrés à gradient relativement fort
par endroits donc à forte variation des roches sous-jacentes. Elle se
subdivise en trois segments :
- le premier de direction SW-NE part de la
région Nord d'Ambam vers la localité de Nlobessé. Il
suit le contact entre les charnockites au Sud et les granites au Nord.
- le second, dans la direction Nlobessé -Djoum. Il
traduit une zone sous-jacente à
variation latérale de densité importante, de
direction NW-SE. Cette zone semble
correspondre à la limite entre les unités du
Ntem et celles de l'Ayina.
- le troisième segment de direction ENE-WSW
partant de Djoum sépare la plage positive méridionale d'une zone
négative à l'extrême sud de la carte.
Dans l'ensemble, la direction générale des
iso-anomales parait suivre celle des contacts géologiques
observés dans la région. Au Nord, la direction des iso anomales
semble suivre le contact entre les formations du craton au Sud et les
formations de la chaîne panafricaine au Nord. L'allure sinueuse de ces
iso anomales au Nord marque l'importance du phénomène de
plissement et de la tectonique lors du remaniement de la croûte
panafricaine.
L'analyse de la carte de Bouguer a permis d'envisager
une structuration complexe du socle de la région en profondeur et
d'identifier les principales formations géologiques de la région
d'étude. La zone de gradient située le long du parallèle
4°N semble indiquer le contact entre les formations du craton au Sud et
les formations de la chaîne panafricaine et la zone de gradient
côtier indique une faille en bordure du bassin côtier. La
complexité de la structuration du socle en profondeur
suggérée par l'analyse serait la conséquence de la
collision entre les deux blocs structuraux. A la suite de l'analyse nous allons
à présent procéder à l'interprétation
quantitative des données gravimétriques ; elle permettra de
proposer un modèle du sous-sol de la région.
4. INTERPRETATION QUANTITATIVE DES DONNEES
GRAVIMETRIQUES
Au terme de l'analyse qualitative de la carte des
anomalies gravimétriques nous avons pu établir la
corrélation entre les anomalies observées et les
différentes entités géologiques. L'analyse a aussi permis
de voir les signatures gravimétriques des directions tectoniques
majeures de la zone d'étude. Nous allons à présent
procéder à l'interprétation quantitative des
données expérimentales. Elle consiste à obtenir un
modèle de structure du sous-sol comportant différentes couches de
terrain avec leurs épaisseurs et à déterminer la
géométrie des surfaces de contact entre terrains
différents ainsi que celle des accidents éventuels. Pour le
faire, on procédera à une interprétation directe des
anomalies par une modélisation 2D1/2 le long d'un profil ; la
modélisation sera précédée par une analyse
spectrale des données.
4.1. Choix des profils
L'interprétation est
effectuée à partir des profils géométriques
exécutés perpendiculairement à l'allongement principal de
la structure à étudier. Les profils choisis doivent
déborder largement la zone où la structure est suspectée
pour tenir compte de l'influence des masses souterraines ou
éloignées.
Une grande extension longitudinale des anomalies permet
une interprétation en modèles bidimensionnels (2D).
L'interprétation d'un profil ne conduit pas à une solution unique
et l'interprétation 2D est rarement univoque ; la confrontation des
modèles gravimétriques avec la géologie est donc
indispensable pour déterminer un modèle réaliste.
4.2. Technique de
modélisation
La modélisation du sous-sol profond est
effectuée par le logiciel IGAO 2D1/2 mis au point par Chouteau et
Bouchard (1993). C'est un logiciel permettant la comparaison entre la courbe
expérimentale obtenue à partir des profils tracés sur la
carte d'anomalies de Bouguer et la courbe calculée.
Dans la pratique, l'interprétation s'effectue en
quatre étapes :
1- construction d'un modèle raisonnable,
2- tracé de la courbe des anomalies issue de ce
modèle,
3- comparaison entre la courbe expérimentale et la
courbe calculée,
4- modification du modèle pour améliorer la
correspondance entre les anomalies observées et calculées et
retour à l'étape 2.
Le processus est itératif et la bonne
correspondance entre les anomalies observées et calculées est
progressivement améliorée. La structure initiale pour amorcer le
processus correspond à un modèle de départ dont les
paramètres (profondeur, épaisseur, densité,
géométrie etc.) sont suggérés par les
résultats de l'interprétation géologique.
On doit donc fournir au programme de
traitement :
- les contrastes de densité des différentes
couches,
- la valeur maximale de l'anomalie régionale dans la
zone d'étude,
- la profondeur d'investigation de la structure source de
l'anomalie observée.
4.2.1. Choix du contraste de
densité
Les anomalies gravimétriques résultent
de la différence de densité ou du contraste de densité
entre une roche et le milieu environnant (encaissant). Pour un corps de
densité contenu dans un matériau de densité ,
le contraste de densité est donné par :
Le signe du contraste de densité est
déterminé par le signe de l'anomalie gravimétrique.
Le signe du contraste de densité des roches
est nécessaire à l'interprétation des données
gravimétriques. En l'absence des données provenant d'une autre
source telle que la sismique profonde, des valeurs moyennes de densité
des roches fournies par les littératures spécialisées
(Telford et al., 1976 ; Mbom Abane, 1997) seront adoptées
pour la présente étude. Pour les différentes formations
constituant le socle de la région, ces valeurs sont consignées
dans le tableau suivant.
Tableau 2 : Valeurs de
densités de quelques roches (Telford et al.1974 ;
Mbom Abane, 1997 ; Tadjou, 2004)
Types de roches
|
Valeurs limites de densité
|
Densité moyenne
|
Granites
|
2,5 -2,8
|
2,64
|
Gneiss
|
2,6 -3
|
2,80
|
Granulites
|
2,7 -2,9
|
2,80
|
Roches métamorphiques
|
2,4 -3,1
|
2,74
|
Quartzites
|
2,5 -2,7
|
2,6
|
Schistes
|
2,4 -2,9
|
2,6
|
Charnockites
|
2,9 -3,1
|
2,90
|
Basaltes
|
2,70 -3,30
|
2,99
|
Rhyolites
|
2,35 -2,70
|
2,52
|
Syénites
|
2,6 -2,95
|
2,77
|
N
Fig. 6a : Carte d'anomalies de
Bouguer
: profil étudié
4.2.2. Analyse spectrale.
L'estimation des profondeurs
d'investigation sera faite par l'analyse spectrale des données
gravimétriques le long d'un profil (Fig.6b).
Technique d'analyse
Cette technique est basée sur les
propriétés du spectre d'énergie des anomalies
gravimétriques ou magnétiques et permet d'estimer les contrastes
de densité majeurs et par conséquent les profondeurs moyennes des
masses perturbatrices.
La profondeur moyenne d'une source d'anomalie
gravimétrique ou magnétique peut être estimée
à partir du spectre d'énergie du signal correspondant. Une
anomalie peu étendue avec une amplitude qui décroît
rapidement sera caractérisée par des grandes fréquences.
Par contre, une large anomalie dont l'amplitude diminue faiblement sera
caractérisée par des spectres concentrés vers les basses
fréquences.
Lorsqu'on trace le logarithme de l'énergie
gravimétrique en fonction du nombre d'onde, on choisit des segments de
droite dont les pentes sont proportionnelles à la profondeur des masses
perturbatrices selon la relation :
= (Gérard et Griveau, 1972)
est le spectre d'énergie et le nombre d'onde.
L'estimation des profondeurs de source est
contrôlée par le choix des segments de droites définissant
les pentes.
Résultats de l'analyse
spectrale
Lorsqu'on trace le logarithme
de l'énergie gravimétrique en fonction de la fréquence, la
courbe spectrale exhibe trois pentes caractéristiques de la Bouguer
(Fig.7).
La première pente située dans les basses
fréquences correspond aux structures situées à de grandes
profondeurs. La deuxième pente dans les fréquences moyennes
correspond aux structures situées aux profondeurs moyennes. La
troisième pente vers les hautes fréquences correspond aux
structures superficielles. La figure 6 montre les spectres d'énergie en
fonction des fréquences obtenus pour le profil et les pentes choisies
pour déterminer les profondeurs. On obtient ainsi trois droites
définissant trois pentes différentes.
Fréquence
Fig. 7 : Profil montrant
l'évolution du spectre d'énergie gravimétrique en fonction
du nombre d'onde (on distingue trois droites de pentes
différentes).
A partir de la relation de Gérard et Griveau on
définit trois profondeurs qui représentent les toits des
structures anomaliques ou des discontinuités structurales majeures.
La relation entre le nombre d'onde et la fréquence
étant donnée par , la profondeur des masses perturbatrices est donnée
par :
avec la fréquence, le spectre d'énergie et qui représente la pente.
Le tableau 3 donne les valeurs des profondeurs moyennes
obtenues et les fréquences correspondantes.
Tableau 3 : Valeurs
des profondeurs moyennes des discontinuités et bande de fréquence
correspondantes
Bande de fréquence (1/km)
|
Profondeur moyenne (km)
|
0,003 - 0,01
|
45,3
|
0,01-0,02
|
26,8
|
0,02-0,03
|
15,9
|
Trois discontinuités majeures de densité
ont ainsi été mises en évidence.
La première à 45,3 km représente
l'interface croûte-manteau ; cette valeur indique une grande
épaisseur de la croûte dans le craton.
La deuxième discontinuité située à
26,8 km représente une discontinuité intracrustale et pourrait
correspondre à un relèvement du manteau à certains
endroits de la zone d'étude.
La troisième discontinuité à 15,9 km
semble à une discontinuité intracrustale dans la région.
Les profondeurs déterminées seront
utilisées lors de la modélisation.
4.3. Interprétation du profil d'anomalie
de Bouguer
L'interprétation est faite le long d'un profil
gravimétrique d'orientation SSW-NNE qui traverse la zone d'étude
du Nord au Sud (Fig.6b). Ce profil est presque perpendiculaire au réseau
de courbes iso anomales de Bouguer et a une longueur d'environ 310 km. La
grande extension du profil permettra d'effectuer une interprétation
bidimensionnelle (2D)
4.3.1. Analyse du profil
Le rapprochement du profil avec la carte
géologique montre qu'il traverse du Sud au Nord : les gneiss, les
charnockites, les granites de So'o et les granulites. Le profil comporte
environ 28 points expérimentaux. Le profil (Fig. 8) a l'allure d'un
polynôme de degré quatre. L'examen du profil conduit à
distinguer quatre compartiments délimités par des ruptures de
pente représentant des contacts tectoniques ou des failles.
Tableau 4: Caractéristiques du
profil d'anomalies de Bouguer
Profondeur d'investigation
|
50 km
|
Base de l'anomalie
|
-100 mgals
|
Nombre de formations obtenues
|
8
|
Contrastes de densité retenus
(g/cm3)
|
1- Manteau
2- Craton du Congo
3- Unités profondes denses
4- Chaîne panafricaine
5- Gneiss
6- Charnockites
7- Granites
8- Granulites
|
0,53
0,00
0,09
0,03
0,13
0,25
-0,08
0,15
|
Au Sud, le profil a une allure en cloche
caractérisée par des anomalies lourdes de
- 50 mgals d'amplitude s'étendant sur environ 100 km.
Ce maximum est encadré par deux minima relatifs au Nord (- 80 mgals) et
au Sud (- 95 mgals). La partie centrale du profil a l'allure d'une cuvette avec
des maxima au Sud (- 60 mgals) et au Nord (- 25 mgals) et un minimum de -100
mgals.
Ces maxima et minima sont dûs au contraste de
densité entre les différentes formations sous-jacentes.
Le profil présente un modèle de structure à
huit formations :
· La première formation de contraste de
densité élevé 0,53 g/cm3, d'épaisseur
variable constitue le substratum de la région. Cette formation
représente le socle mantellique.
· La seconde formation occupe un espace important sur le
profil et présente un contraste de densité faible par rapport au
manteau. Il s'agit des formations denses du craton ; nous l'avons
associée à la croûte.
· Au nord du profil, la troisième formation
située à la base de la croûte à une profondeur
moyenne de 25 km et possède un contraste de densité de 0,25
g/cm3. Cette formation peut être assimilée à un
corps lourd issu du manteau.
· La quatrième formation se situe au nord du
profil à environ 12 km de profondeur. Son contraste de densité
est de 0,03 g/cm3. Nous pouvons l'associer aux formations de la
croûte panafricaine.
a
b
S
N
ooo : observée
___ : calculée
Fig. 8 :
Interprétation du profil gravimétrique
a : Profil d'anomalies de
Bouguer ; b : Modèle de structure
interprétative
Manteau d1= 3,28 g/cm3
Craton du Congo d2= 2,75
g/cm3
Unités profondes denses d3 = 2,84
g/cm3
Chaîne panafricaine d4 = 2,78
g/cm3
Gneiss rubané d5 = 2,88
g/cm3
Charnockites d6 = 3,0
g/cm3
Granites d7 = 2,67 g/cm3
Granulites d8 =2,90 g/cm3
Faille prproposée
· La cinquième formation affleure à
l'extrême sud du profil. Elle a un contraste de densité de 0,13
g/cm3. Cette formation serait responsable de la
diminution de la valeur de l'anomalie au sud du profil. Nous l'assimilons aux
gneiss de la série rubanée.
· La sixième formation affleure au sud du profil
au contact des gneiss et s'étend en profondeur vers le Nord. Elle
possède un contraste de densité de 0,25 g/cm3. Son
extension en surface est d'environ 70 km. C'est cette formation qui serait
responsable de la zone de maximum observée au sud du profil. Cette
formation de densité positive est imputable aux charnockites.
· La formation qui affleure dans la partie centrale du
profil présente un contraste de densité négatif (- 0,08
g/cm3) par rapport à l'encaissant. Son extension en
profondeur est d'environ 130 km et en surface 95 km. Sa profondeur maximale est
de 15 km. Nous assimilons cette formation aux granites de So'o. Elle repose au
Sud sur les charnockites et s'enfonce au Nord sous les granulites. Le contact
des granites avec les formations de la chaîne panafricaine
présente un pendage presque vertical que nous assimilons à une
structure faillée.
· La dernière formation affleure au nord du profil
et présente un contraste de densité de 0.15
g/cm3. Cette formation est responsable de l'anomalie
positive observée au nord du profil. Nous l'associons aux granulites.
Le profil présente trois zones de
discontinuités gravimétriques en forme de gradins. La
première située au sud du profil est caractérisée
par une diminution de la valeur de l'anomalie qui passe de - 50 mgals à
- 80 mgals ; la deuxième zone est située au centre du profil
et sépare la zone d'anomalie positive du Sud et celle négative du
Nord. Cette zone est caractérisée par la diminution de l'anomalie
qui passe de -50 mgals à - 95mgals. La troisième zone de
discontinuité située au nord du profil se caractérise par
un accroissement de l'anomalie.
4.3.2. Interprétation des
résultats
Le profil gravimétrique étudié a
été interprété par un modèle de structure
à huit formations. L'analyse de la coupe structurale issue de la
modélisation montre que le socle de la région présente
plusieurs intrusions responsables des anomalies observées.
Les anomalies de grande longueur d'onde dans le nord
de la région sont principalement dues à la présence des
intrusions de granulites de contraste de densité 0,09 g/cm3
à la base de la croûte à une profondeur de 25 km. Ces
roches se seraient mises en place à la suite de l'effondrement du socle
dans la partie centrale de la région. L'emplacement de ces roches
déversées vers le Sud et leur forme indiquent leur mise en place
lors de la collision et la limite septentrionale du craton du Congo.
L'analyse du modèle de structure obtenu montre
également que l'anomalie légère observée au centre
du profil est liée à l'effet gravimétrique de l'intrusion
de granites légers présentant un contraste de densité
négatif (- 0,08 g/cm3 ) par rapport à la
croûte. Cette intrusion granitique serait probablement responsable de la
vaste anomalie observée au centre de la région. Cette intrusion
granitique serait une conséquence de l'effondrement du socle de la
région.
Le changement de l'anomalie de Bouguer au centre du
profil correspond en surface à une intrusion de charnockites dans la
région présentant un contraste de densité de 0,25
g/cm3. Ces roches seraient ainsi responsables de l'anomalie lourde
observée en contact au Sud-Ouest avec l'anomalie négative
centrale. Ces roches se seraient mises en place à la suite de la
montée d'un diapir mantellique dans la région.
Au sud du profil la chute de l'anomalie est due au
contact des gneiss avec les charnockites au sud de la région.
Le profil présente des discontinuités
gravimétriques ou gradients, traduisant ainsi la transition entre une
zone gravimétrique légère et une zone gravimétrique
lourde. Nous avons observé trois zones de discontinuité :
- La première discontinuité se trouve au sud du
profil. Elle marque le contact entre les gneiss du Sud et les charnockites au
Nord.
- La deuxième discontinuité se trouve au centre
du profil ; elle indique la transition entre la zone lourde du Sud et la
zone légère de la partie centrale. Cette discontinuité
dénote une structure faillée de pendage d'environ 90°. Cette
faille qui s'étend en profondeur, semble être la
conséquence de l'effondrement du socle dans la région qui aurait
par la suite entraîné l'intrusion des granites de So'o.
- La troisième discontinuité se situe au nord du
profil, elle marque la transition entre la zone légère de la
partie centrale de la région et la zone lourde du Nord. Cette
discontinuité indique une structure faillée de fort pendage qui
s'étend en profondeur. Cette faille située au niveau du
parallèle 4°N a été mise en évidence par
d'autres études ; cette faille serait une conséquence de
l'effondrement du socle au centre de la région. Cette faille aurait
favorisé la mise en place des granulites.
En conclusion l'interprétation des anomalies
gravimétriques permet de proposer un modèle crustal qui
correspond au modèle classique de chaînes de collision
péricratoniques caractérisés par la juxtaposition de deux
compartiments de natures différentes et séparés par une
suture matérialisée par des corps denses ; ce modèle
implique donc pour la région une collision entre le craton et les
formations de la chaîne panafricaine Nord-Equatoriale. Le modèle
obtenu est également conforme aux conclusions de Collignon (1968) sur
l'affaissement du socle situé au sud du parallèle 4°N et qui
constituerait un vaste synforme précambrien.
CHAPITRE 4 : SYNTHESE DES RESULTATS ET
DISCUSSION
Pour l'étude des structures
superficielles et profondes en bordure septentrionale du craton du Congo, nous
avons effectué une investigation géophysique sur la base des
données gravimétriques existantes. Dans ce chapitre nous faisons
une synthèse des résultats obtenus au chapitre
précédent ; l'examen critique de ces résultats
permettra de dégager les idées essentielles à retenir de
ce travail.
SYNTHESE DES RESULTATS
L'analyse qualitative des données
gravimétriques a permis de mettre en évidence dans la
région d'étude un couple d'anomalies de grande longueur d'onde,
séparé par une zone de gradient et qui ne montrent pas de
corrélation avec la géologie.
L'anomalie positive de grande longueur d'onde qui se
place au nord du côté chaîne panafricaine est
associée à des roches denses dans la croûte. L'anomalie
négative de grande longueur d'onde au sud du côté craton
serait liée à un épaississement de la croûte
sous-jacente, et à l'Est à un amincissement
lithosphérique. De nombreuses anomalies de courtes longueurs d'onde se
superposent à ces anomalies et sont attribuables à des structures
géologiques localisées. Ainsi, les nombreuses anomalies positives
de courte longueur d'onde qu'on observe au Nord-Ouest dans les localités
de Ngambé et Monatélé, et qui s'étendent vers le
Sud en direction d'Eséka indiquent la présence d'une zone de
faiblesse que l'on peut associer à un couloir tectonique majeur dans la
région. Les formations éburnéennes du Nyong en bordure
nord-ouest du craton sont attribuées à des anomalies de forme
ellipsoïdales ; la direction subméridienne de ces anomalies
serait due à l'effet de l'orogenèse éburnéenne. Le
complexe intrusif de l'unité du Ntem composée de granitoïdes
charnockitiques est bien distingué par une anomalie positive
observée au sud-ouest de la région. Les anomalies
négatives de courte longueur d'onde qu'on observe dans la partie
nord-ouest de la région sont quant à elles associées aux
formations du bassin côtier de Douala.
L'analyse et l'interprétation des anomalies de
Bouguer permettent de suggérer l'existence de plusieurs lignes
structurales dans la région ; celles-ci sont
généralement matérialisées par des gradients. On
distingue ainsi :
- au Nord une ligne structurale de direction presque W-E qui
sépare les formations de la chaîne panafricaine de celles du
craton, et qui aurait favorisé l'effondrement du socle au centre de la
région. La ligne de faille d'Abong-Mbang (Mbom-Abane, 1997) fait partie
de cette structure.
- à l'Ouest une ligne structurale de direction N-S en
bordure est du bassin de Douala que nous associons à la faille de Kribi
(Koumetio, 2004).
- au Sud une ligne structurale de direction
générale ENE-WSW allant de la région nord d'Ambam vers la
localité de Djoum (Tadjou, 2004) qui aurait favorisé
l'effondrement du socle dans la région centrale.
L'analyse spectrale a permis de déterminer
trois profondeurs majeures qui représentent des discontinuités de
densité à 45,3 km, 26,8 km et 15,9 km.
L'interprétation quantitative des
données gravimétriques a permis de proposer un modèle de
structure de la région comportant huit formations. Ce modèle est
caractérisé par la juxtaposition de deux blocs de nature et
d'épaisseur différentes : le bloc Sud de densité 2,75
g/cm3 représente le craton et le bloc Nord moins épais
et de densité 2,78 g/cm3 représente les formations de
la chaîne panafricaine Nord Equatoriale. Le contact entre les deux blocs
est matérialisé par des structures lourdes (granulites,
migmatites) à la base de la croûte. Ces roches seraient
responsables de l'anomalie positive au Nord de la région. Les
formations de densité 2,88 g/cm3 ,3,0 g/cm3 et
2,67 g/cm3 qui affleurent au sud du profil associées
respectivement aux gneiss rubanés, aux charnockites et aux granites
correspondent aux formations du craton. Les charnockites qui présentent
des affleurements au sud-ouest de la région sont responsables de
l'anomalie positive observée au sud du profil
2. DISCUSSION
L'analyse de la carte d'anomalies de Bouguer a permis
de mettre en évidence dans la région d'étude un couple
d'anomalies gravimétriques de grande longueur d'onde,
séparé par une zone de gradient auxquels se superposent des
anomalies secondaires attribuables à des sources géologiques
localisées. La présence combinée de ce gradient et des
roches denses marquerait la limite du craton septentrionale du craton (Tadjou,
2004). D'après Dumont (1986) cette limite suit un alignement W-E passant
par Edéa et Yaoundé le long du parallèle 4°N dans
tout le Sud-Cameroun (Fig. 9).
Fig. 9 : Carte gravimétrique
simplifiée de Sud Cameroun (d'après Dumont, 1986).
Nous avons ainsi assimilé la limite du craton dans la
région d'étude à la direction de l'alignement des
anomalies positives. La limite du craton présenterait donc une direction
variable quand on va de l'Ouest vers l'Est (Fig.10), ainsi :
- entre les méridiens 9°50 et 11°E elle est
NNE-SSW (Ateba Bekoa, 1992 ; Koumetio, 2004).
- entre les méridiens 11° et 16°E elle est
sensiblement W-E à WNW-ESE (Collignon, 1968 ; Dumont, 1986 ;
Mbom Abane, 1997 ; Tadjou, 2004)
- après le méridien 16°E, en R.C.A elle
devient NE-SW (Boukéké, 1994).
Les jonctions entre cette limite les failles de
la Sanaga et de Kribi (Fig.10 et Fig.11) dans la région de
Monatélé et dans la région Est de Kribi respectivement
constitue des points doubles sièges potentiels de séismes de
faibles amplitudes. La présence de ces points doubles serait à
l'origine de la séismicité de ces régions.
Fig.10 : carte d'anomalies de Bouguer
montrant la limite du craton et les points de jonction avec la faille de la
Sanaga.
Limite du craton
Faille de Kribi Faille de la Sanaga
Les accidents mis en évidence au nord et au sud
de la carte présentent les traits d'une tectonique cassante en
profondeur associée à une phase tectonique distensive qui aurait
entraîné l'affaissement du compartiment central de la
région d'étude. Cette phase distensive aurait été
suivie par une phase compressive dont les granulites observés dans la
partie centrale de la série de Yaoundé (Nzenti, 1992) seraient
les témoins et qui aurait entraîné des plissements des
terrains superficiels dans la région.
Le modèle de structure proposé est
ainsi conforme aux conclusions de Collignon (1968) sur l'affaissement du socle
au Sud du parallèle 4°N.
N
5°
4°
3°
10°
12°
14°
16°E
· · · · · · Kribi
Edéa
Monatélé
Yaoundé
Abong-Mbang
Yokadouma
R.C.A
Roches volcaniques post-précambriennes
Unité du Ntem
Schistes de Mbalmayo
Couverture protérozoïque inférieure (Dja
inférieur)
Couverture protérozoïque inférieure (Dja
inférieur)
Formations sédimentaires
Roches volcaniques
Micaschistes + migmatites
Unité du Nyong
Chevauchement
Limite du craton
Faille de Kribi
Faille de la Sanaga
Fig.11 : Carte géologique
montrant la limite du craton. On observe encadré dans les régions
de Monatélé et Est de Kribi les jonctions entre la limite du
craton et les failles de la Sanaga et de Kribi qui constituent des points
doubles sièges de séismes
(d'après Soba, 1990 ; Poidevin, 1991,
modifiée)
Notre étude montre que la ligne de faille
Eséka-Dja (Champétier de Ribes et Aubague, 1956 ;
Manguellé-Dicoum, 1988) reconnue dans la région ne
présente pas de signature gravimétrique. Cette absence de
signature s'expliquerait par le fait que les blocs de la faille située
dans le socle granitique (Manguellé-Dicoum, 1988,
Manguellé-Dicoum et al., 1992) n'ont pas subi de
dénivellation.
Il a été établi par Dumont (1986)
que la faille de la Sanaga vient en contact du craton au nord-ouest de la
région. Cette ligne de faille n'est pas identifiée de
façon
précise sur la carte gravimétrique. Les
anomalies positives de courte longueur d'onde qui jalonnent la région
partant de Monatélé à l'est d'Edéa peuvent
être interprétées comme des montées de volcanisme le
long d'une zone de faiblesse associée à la présence de
l'accident de la Sanaga.
L'analyse spectrale menée le long d'un profil a
permis de déterminer trois discontinuités majeures dans la
région à des profondeurs de 45,3 km, 26,8 km et 15,9 km.
- la première discontinuité à 45,3 km
correspondrait à l'interface croûte-manteau. Cette valeur
suggère un épaississement de la croûte dans la partie
centrale de la région à la suite de l'effondrement du
socle ; en effet Nnange et al. (2000) ont déterminé
une valeur moyenne de 35 km dans le craton au Sud du Cameroun. Le
résultat obtenu dans cette étude est parfaitement en accord avec
ceux de Tadjou et al., (2004) et Tadjou (2004) qui obtiennent, par
modélisation des anomalies isostatiques dans la région, une
épaisseur de la croûte qui varie entre 25 et 48 km
- la seconde discontinuité à 26,8 km de semble
refléter la profondeur moyenne du toit de la structure responsable des
larges anomalies observées au nord de la région d'étude.
Ce résultat est en accord avec celui de Nnange et al. (2000)
qui déterminent une discontinuité intracrustale à 25 km de
profondeur. Ce résultat rejoint celui de Boukéké (1994)
obtenu lors de la détermination par analyse spectrale de la profondeur
moyenne du toit de la structure responsable des anomalies positives au Nord.
- la troisième discontinuité à 15,9 km de
profondeur correspond à une variation de densité intracrustale.
Ce résultat est également en accord avec les résultats de
Nnange et al. (2000) qui obtiennent une discontinuité à
13 km.
Le modèle de structure crustal proposé
au terme de l'analyse quantitative des données gravimétriques met
en évidence une collision entre le craton de densité 2,75
g/cm3 au Sud et les formations de la chaîne panafricaine de
densité 2,78 g/cm3 au Nord. Ce modèle
gravimétrique correspond au modèle classique des chaînes de
collision péricratoniques caractérisées par la
juxtaposition de deux plaques séparées par une suture
matérialisée par des corps denses. Il permet ainsi de confirmer
l'hypothèse selon laquelle la vaste chaîne panafricaine serait une
chaîne de collision au sud du Cameroun.
Ce modèle gravimétrique rejoint ceux
déjà proposés pour la marge septentrionale du craton du
Congo au sud du Cameroun par Boukéké (1994), Tadjou (2004) et
Tadjou et al., (2004).
CONCLUSION
Le travail présenté dans ce mémoire
consistait à étudier la bordure septentrionale du craton du Congo
en utilisant la méthode gravimétrique.
L'analyse de la carte d'anomalie de Bouguer obtenue
à partir des données existantes met en évidence dans la
région d'étude un couple d'anomalies gravimétriques de
grande longueur d'onde séparé par une zone de gradient.
L'anomalie négative Sud du côté craton a été
associée à un effondrement du socle au centre et un amincissement
lithosphérique à l'Est, tandis que l'anomalie positive Nord du
côté chaîne panafricaine a été
attribuée à des roches lourdes dans la croûte. Les
anomalies de courte longueur d'onde qui se superposent aux anomalies de grande
longueur d'onde ont été associées à des structures
géologiques localisées. Au terme de l'analyse de la carte
l'interprétation des données gravimétriques a
été menée en vue de déterminer des
éléments géométriques et physiques de des
structures responsables des anomalies observées.
L'analyse spectrale le long d'un profil
gravimétrique a permis de déterminer trois profondeurs à
45,3 km, 26,8 km et 15,9 km représentant des discontinuités de
densité dans la croûte. Les profondeurs obtenues ont
été attribuées respectivement à l'interface
croûte-manteau, au toit de la structure responsable de l'anomalie
positive au Nord et à une discontinuité intracrustale.
Le modèle proposé au terme du traitement
des données gravimétriques met en évidence des structures
qui permettent de confirmer une collision entre le craton du Congo et les
formations de la chaîne panafricaine Nord Equatoriale. Le contact entre
les deux blocs étant matérialisé par des structures
lourdes à la base de la croûte. Ce modèle met en
évidence deux plans de discontinuité qui correspondent à
des structures faillées :
- au centre une structure de direction WSW-ESE partant du Nord
d'Ambam vers la localité de Djoum
- au Nord une structure de direction sensiblement W-E qui
limite la zone légère au Sud et la zone lourde au Nord le long du
parallèle 4°N. La zone lourde constituée de roches denses
issues du manteau a été assimilée à la limite
géophysique septentrionale du craton.
L'analyse et l'interprétation des données
ont permis d'associer la faille de Kribi à un gradient N-S à
l'ouest de la région et de confirmer l'absence de signature
gravimétrique précise sur la carte d'anomalie de la faille
Eséka-Dja inférieur et de la faille de la Sanaga.
Les résultats issus de ce travail montrent que la
limite du craton possède une direction variable de l'Ouest vers
l'Est :
- entre les méridiens 9°50 et 11°E elle est
NNE-SSW
- entre les méridiens 11° et 16°E elle est
sensiblement W-E à WNW-ESE
- après le méridien 16°E, en R.C.A elle
devient NE-SW .
La jonction entre la limite du craton et l'accident
de la Sanaga dans les régions de Kribi et Monatélé
constituent des points doubles qui seraient à l'origine des
séismes de faibles amplitudes enregistrés dans ces régions
(1987, 1989 et 2002 à Kribi et Mars 2005 à
Monatélé).
Perspectives
La carte d'anomalie de Bouguer étant le
résultat des effets de structures géologiques et
régionales et de structures locales de faible extension, nous
envisageons dans un futur proche de séparer ces deux composantes qui
sont la régionale et la résiduelle pour avoir une
compréhension plus précise de la géologie de la
région d'étude. Cette étude doit également
être poursuivie par d'améliorer le modèle issu de
l'interprétation d'autres méthodes géophysiques plus
précisément la sismique, qui permettra de mieux définir
les densités afin d'améliorer le modèle issu de
l'interprétation.
BIBLIOGRAPHIE
Abdelsalam, M.G., Liégeois, J.P., and Stern, R.J.
(2002). The Saharan metacraton. Journal of African Earth Sciences, 34:
119-136.
Alvarez, P. (1998). Le réseau des
fossés intracratoniques du Protérozoïque supérieur
d'Afrique centrale et la progradation de la rampe Nord-Afrique centrale
d'âge néoprotérozoïque. Géosciences du
Cameroun. Press. Univ. pp.287-303.
Astier, J.L. (1971). Géophysique appliquée
à l'hydrogéologie. Masson et Cie. Paris, pp. 7-18
Atéba, B., Ntepe, N., Ekodek, G.E., Soba, D et
Fairhead, J.D. (1992). The recent earthquakes of Cameroon and their possible
relationship with main geological features of Central Africa. J. Afr.
Earth Sciences, Vol. 4, No3,pp.365-369
Ball, E., Bard, J.P. et Soba, D. (1984). Tectonique
tangentielle dans la catazone pan- africaine du Cameroun : les gneiss de
Yaoundé. Journal of African Earth Sciences, 2,
p.91-95.
Bendat, S. and Piersol, A.G. (1986). Random data :
analysis and measurement procedures, second edition,Wiley ed.566p.
Bessoles, B. et Trompette, R. (1980). La
chaîne panafricaine « zone mobile d'Afrique centrale (partie Sud)
et zone mobile soudanaise ». Mémoire du BRGM, 92,
396p.
Bhattacharyya, B.K. (1966). Continuous spectrum of the total
magnetic field anomaly due to a rectangular prismatic body. Geophysics
31, P.97-121.
Bhattacharyya, B.K. and Leu, L.K. (1975). Spectral analysis of
gravity and magnetic anomalies due to two-dimensional structures.
Geophysics, 40(6), P.993-1013
Boukéké, D.B. (1994). Structures crustales
d'Afrique centrale déduites des anomalies gravimétriques et
magnétiques : le domaine précambrien de la République
Centraficaine et du Sud Cameroun. Thèse de Doctorat,
Université de Paris Sud, 263p.
Cady, J.W. (1980). Calculation of gravity and magnetic
anomalies of finite length- right polygonal prisms. Journal of Geophysical
Research, 45(10) P.1507-1512.
Cahen, L., Snelling, n.J., Delhal, J. and Vail, J.R. (1984).
The geochronology and evolution Africa. Clarendon Press, Oxford, 512p.
Castaing, C., Feybesse, J.L., Thieblemont, D., Triboulet,C.,
and Chevromont, P. (1994). Paleogeographical reconstruction of the
Pan-African/Brazilliano orogen: closure of an oceanic domain or
intracontinental convergence between major blocks? Precambrian Research, 67:
327-344.
Champétier De Ribes, G. et Aubague, M. (1956).
Notice explicative sur la feuille Yaoundé-Est (1/500 000).
Dir. Mines et Géol. Du Cameroun, Yaoundé. 35p.
Chouteau, M. et Bouchard, K. (1993). IGAO 2D1/2
version 2/12/2005, Laboratoire de Géophysique Appliquée,
Département de Génie Minéral, Ecole Polytechnique de
Montréal.
Collignon, F. (1968). Gravimétrie de reconnaissance
de la République du Cameroun. ORSTOM 35p.
Delhal, J. et Ledent, L. (1975). Données
géochronologiques sur le complexe calco- magnésien du Sud
Cameroun. Musée Royal d'Afrique Centrale (Belgium), Rapport annuel, pp.
71-75.
Dumont, J.F. (1986). Identification par
télédétection de l'accident de la Sanaga
(Cameroun). Sa position dans le contexte des grands accidents d'Afrique
Centrale et de la limite nord du craton congolais. Géodynamique
2(1), 55-68.
Feybesse, J.L., Johan, V., Maurizot, P. et Abessolo, A.
(1987). Evolution tectonométamorphique libérienne et
éburnéenne de la partie NW du craton zaïrois (SW Cameroun).
Cur. Res. In African Earth sci., Matheis and Schandelmeier (eds),
Rotterdam, p.9-13.
Gazel, J., Hourcq, V. et Nicklés, M. (1956). Carte
gélogique du Cameroun à 1/1 000 000, 2 feuilles avec notice
explicative 62p., Bull. Dir. Mines et Géol. Cameroun, no
2.
Gazel, J. et Giraudie, C. (1965). Carte de reconnaissance du
Cameroun au 1/500 000, feuille Abong-Mbang Ouest avec note explicative,
29p.Dir. Mines et Géol. Cameroun.
Gerard, A. et Griveau, P. (1972). Interprétation
Quantitative en Gravimétrie ou Magnétisme à partir de
Cartes Transformées de Gradient Vertical. Geophysical
Prospecting, 20 P.460-481
Giresse, P., Megope-Foonde, J.P., Ngueutchoua, G., Aloisi,
J.C., Kuete, M., et Monteillet, J. (1996). Carte
sédimentologique du plateau continental du Cameroun. ORSTOM,
Paris. Notice explicative no 111, 46p. 3 cartes.
Grant, F.S. and West, G.F. (1965). Interpretation theory in
applied geophysics. McGraw-Hill Book Co., Inc., New York, 584 p.
Inoue, H. (1986). A least-square smooth
fitting for irregularly spaced data: finite element approach using cubic
B-splines basis. Geophysics, 51 (11), 2051-2060.
Koumetio, F. (2004). Contribution géophysique par la
méthode gravimétrique à l'étude des structures
profondes de la marge occidentale du craton du Congo dans la région de
Kribi (Cameroun). Thèse de Doctorat 3e cycle.
Université de Yaoundé I. 110p.
Laplaine,L. (1971). Note explicative sur la feuille Nola
(partie Cameroun) de la carte de
de reconnaissance au 1/500 000. Dir.
Mines et géol. Cameroun, Yaoundé, 42p.
Lassere, M. et Soba, D. (1976). Age libérien des
granodiorites et des gneiss à pyroxène du Cameroun
méridional. Bull. B.R.G.M., Fr., (2) sect. IV, no 1,
17-32.
Manguellé-Dicoum, E. (1988). Etude Géophysique
des structures superficielles et profondes de la région de Mbalmayo.
Thèse de Doctorat d'Etat ès-sciences
(Géophysique), Université de Yaoundé I. 202p.
Manguellé-Dicoum, E., Bokosah, A.S. and Kwende-Mbanwi,
T.E. (1992). Geophysical evidence for a major Precambrian schist-granite
boundary in Southern Cameroon. Tectonophysics, 205: 437-446.
Mbom Abane, S. (1997). Investigations
géophysiques en bordure du craton du Congo et implications
structurales. Thèse de Doctorat d'état ès
sciences. Université de Yaoundé I. Cameroun, 180p.
Morin, S. et Kuete, M. (1989). Le littoral camerounais :
problèmes géomorphologiques. Trav. Lab. Géo. Phys.Univ.
Bordeaux III. Talence, 52p.
Naidu, P.S. (1970). Statistical structure of aeromagnetic
field. Geophysics; 35,
pp.279-293.
Nédélec, A., Macaudiere, J., Nzenti, J.P. et
Barbey, P. (1986). Evolution structurale et métamorphique des schistes
de Mbalmayo (Cameroun), implications pour la structure de la zone mobile
pan-africaine d'Afrique centrale, au contact du craton du Congo. C.R.
Acad. Sci. Paris, 309, Série II, p.1207-1213.
Nédélec, A., et Nsifa, E.N. (1987). Le complexe
du Ntem (Sud Cameroun) : Une série tonalito-trondhjémitique
archéen typique. In current Research in African earth sciences,
Matheis and Schandelmeier(eds), 3-6
Nédélec, A., Nsifa, E.N. and Martin, H.
(1990). Major and trace element geochemistry of the Archean Ntem
plutonic complex (South Cameroon): petrogenis and crustal evolution.
Precambrian Research 47, 35-50.
Neumann, R. (1976). La gravimétrie de haute precision;
application aux recherches des cavités. Géophys Prosp
pp. 116-134.
Ngako, V., Jegouzo, P. et Soba, D. (1989). Déformation
et métamorphisme dans la chaîne panafricaine de Poli (Nord
Cameroun) : implications géodynamiques et
paléogéographiques. J.Afr.Earth Sci., 9, 541-555.
Nnange, J.M., Ngako, V., Fairhead, J.D.and Ebinger, C.J.
(2000). Depths to density discontinuities beneath the Adamawa Plateau region,
Central Africa, from spectral analysis of new and existing gravity data.
Journal of African Earth of Sciences.Vol.30 N0 4 pp.
887-901.
Nzenti, J.P., Barbey, P. et Moreau, C. (1984). Un nouvel
exemple de ceinture granulitique dans une chaîne
protérozoïque de collision : les Migmatites de Yaoundé
au Cameroun. C.R. Acad. Sci. Paris, 299, Série II,
p.1187-1199.
Nzenti, J.P. (1987). Pétrogenèse des migmatites
de Yaoundé (Cameroun) : Eléménts pour un nouveau
modèle géodynamique de la chaîne Panafricaine Nord
Equatoriale. Thèse Université de Nancy I. 154p.
Nzenti, J.P., Barbey, P., Macaudière, J. et Soba, D.
(1988). Origin and evolution of the late Precambrian high-grade Yaounde
gneisses (Cameroon). Precambrian Research 38, 91-109.
Nzenti, J.P. (1992). Prograde and retrograde
garnet zoning at high pressure and temperature in metapelitic and grenatite
rocks from Yaounde (Cameroon Pan- African north-equatorial fold belt).
Journal of African Earth Sciences, 15,
p. 73-79.
Penaye, J., Toteu, S.F., Michard, A., Bertrand, J.M., et
Dautel, D. (1989). Reliques granulitiques d'âge
protérozoïque inférieur dans la zone mobile panafricaine
d'Afrique centrale au Cameroun ; géochronologie U-Pb sur zircons.
C. R. Acad. Sc.Faris, 309: 315-318.
Penaye, J., Toteu, S.F. and Van Schmus, R.
(1993). U-Pb and Sm-Nd preliminary geochronolgy data
on the Yaounde series, Cameroon: re-Interpretation of the granulitic rock as
the suture of a collision in «the Centrafrican» belt. C. R. Acad.
Sc.Faris, 317, série II, p. 789-794.
Poidevin, J.L. (1983). La tectonique Panafricaine à la
bordure Nord du craton du Congo. L'orogenèse des oubanguides, 12th
coll. Afr. Geol.Bruxelles p.75.
Poidevin, J.L. (1991). Les ceintures de roches vertes de la
République Centrafricaine. Contribution à la connaissance du
précambrien du nord du craton du Congo. Thèse de Doctorat
d'Etat, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, France.
Rollin, P. (1995). La zone de
drécochements panafricains des Oubanguides en Republique
Centrafricaine. C.R. Acad. Sci. Paris 320 : 63-69.
Segalen, P. (1967). Les sols et la
géomorphologie du Cameroun. Cah. ORSTOM., sér. Pédol.,
Vol.V, N0 2, pp.137-187.
Sharma, P. (1982). Geophysical method in geology (5th
printing). Elsevier Publishing Company, 128p. USA.
Shuey, R.T., and Pasquale, A.S. (1973). End corrections in
magnetic profile interpretation. Geophysics, 31, p.362-371.
Spector, A. (1968). Spectral analysis of aeromagnetic maps:
Ph.D. Thesis, Department of Physics, University of Toronto.
Spector, N. and Grant, F.S. (1970).
Statistical models for interpreting aeromagnetic data.Geophys.35,
p.293-302.
Tadjou, J.M., Manguellé-Dicoum, E., Tabod, C.T.,
Njingti-Nfor et Ndougsa Mbarga, T.
(2001).Etude gravimétrique de la bordure nord-ouest du craton du Congo.
Région de Mbalmayo (Sud Cameroun). Journal of the geosciences
society of Cameroon. Vol.1 N0 1, pp. 122-123.
Tadjou, J.M. (2004). Apport de la gravimétrie à
l'investigation géophysique de la bordure septentrionale du craton du
Congo (Sud Cameroun). Thèse de Doctorat/Ph.D.
Université de Yaoundé I. 178p.
Tadjou, J.M., Manguellé-Dicoum, E., Tabod, C.T.,
Nouayou, R., Kamguia, J., Njandjock Nouck, .P. and Ndougsa Mbarga, T.
(2004). Gravity modelling along the northern margin of the Congo
craton, South cameroon. Journal of the Cameroon Academy of Sciences.
Vol.1 N°1, pp.51-59.
Talwani, M.,Worzel, J.L. and Landisman, M. (1959). Rapid
Gravity Computation for Two-dimensional Bodies with Application to the
Mendocino Submarine Fracture Zone. Journal of Geophysical Research.
64 p. 49-59.
Tchameni, R., Mezger,K. and Nsifa, N.E. (1996). Geochemical
and Nd-Sr isotope composition of the archean Ntem granitoids
(Southern-Cameroon): Evidence for rapid crustal growth. Goldsmith conf.
Heidelberg 96. pp. 616.
Tchameni, R. (1997). Géochimie et géchronologie
des formations de l'Archéen et du Paléoprotérozoïque
du Sud Cameroun (Groupe du Ntem, craton du Congo). Thèse de
l'Université d'Orléans, France, 356p.
Tchameni, R. et Nsifa, N.E. (1998). Revues des données
géochronologiques sur la partie nord-ouest du craton du Congo (groupe
du Ntem), Sud Cameroun. In : Géosciences au Cameroun,Vicat, J.P.
et Bilong,P.éd.collect.Geocam,1/1998,
press univ.Yaoundé I, pp.351-359.
Telford, W.M., Geldart, L.P., Sheriff, R.E., and Keys D.A.
(1976). Prospection Géophysique. Tome 4 ERG Editions,La
Barbannerie,F-78780, Maurecourt.
Toteu, S.F., Van Schmus, R.W., Penaye, J., and Michard, A.
(2001). New U-Pb and Sm-Nd data from north-central Cameroon and its bearing on
the pre-Pan- African history of central Africa. Precambrian Research, 108:
45-73.
Toteu, S.F., Van Schmuss, W.R., Penaye, J., and Nyobe, J.B.
(1994). U-Pb and Sm-Nd evidence for eburnean and panafrican high grade
metamorphism in cratonic rocks of southern Cameroon. Res.
67,321-347
Toteu, S.F., Penaye, J., and Poudjom Djomani, Y.H. (2004).
Geodynamic evolution of the Pan-African belt in central Africa with special
reference to Cameroon. Can. J. Earth Sci.41: 73-85.
Trompette, R. (1994). Geology of western Gondwana (2000-500
Ma). Pan-African- Brazilliano aggregation of South America and Africa. A.A.
Balkema, Rotterdam, The Netherlands.
Van der Hende, R. (1969). Carte géologique de
reconnaissance du Cameroun à l'échelle du 1/500 000, feuille
Abong-Mbang Est avec notice explicative. Dir. Mines et Géol.
Cameroun.
Vicat, J.P., Gioan, P., Albouy, Y., Cornacchia, M. et Blondin
P. (1989). Mise en évidence, sur la bordure ouest du craton du Congo,
de fossés d'effondrement d'âge protérozoïque
supérieur, masqués par les formations phanérozoïques
de la cuvette du zaïre, C.R. Acad. Sci. Paris 309 II
1207-1213.
Vicat, J.P., Pouclet, A., Koumbou, C., et Semé
Mouangué, A. (1997). Le volcanisme fissural
néoprotérozoïque des séries du Dja inférieur,
de Yokadouma (Cameroun) et de Nola (RCA)- Signification
géotectonique. C.R. Acad. Sci. Paris 325 : 671-677.
Vicat J.P. (1998). Esquisse géologique du Cameroun.
Géosciences au Cameroun, GEOCAM 1/1998, 3-11.
|