5.5.- Ce qu'il faut pour améliorer la
qualité du projet: la pertinence, l'efficacité,
l'efficience
En pratique, la durée et l'importance de
chaque phase d'activités varient d'un type de projet à l'autre.
Pourtant la plupart des chefs de projet songent adopter une même
méthodologie de gestion à tous les projets de
développement. Les facteurs de qualité sont des critères
connus pour leur impact significatif sur la viabilité des
bénéfices générés par ces projets dans le
passé. Les critères d'efficacité, d'efficience...
devraient normalement être envisagés dès la phase de
conception ou la phase d'exécution du projet afin d'assurer la
qualité des projets. Pour viser celle-ci, il faut donc
procéder comme suivant :
· utiliser la méthode cadre logique pour analyser
les problèmes, en vue d'obtenir une solution valable - par exemple,
depuis la phase d'identification jusqu'à la phase finale du projet.
Cette approche peut permettre d'opérationnaliser aisément les
questions d'environnement et de développement durable ;
· produire scrupuleusement le(s) document(s)
clé(s) de bonne qualité afférent(s) à chaque phase
d'activités du projet, afin d'assurer une prise de décision
structurée et éclairée ;
· assurer, constamment, la consultation et l'implication
des parties prenantes et maintenir une communication permanente entre ces
acteurs concernés tout au long du cycle de projet, et cela à
toutes les phases du projet;
· formuler et centrer l'objectif spécifique de
manière claire sur les bénéfices durables pour le(s)
groupe(s) cible(s) prévu(s). D'où la pertinence du
projet ;
· tenir compte des aspects de qualité du projet
depuis dans la phase de conception. Il ne faut pas attendre à la phase
finale ou de fermeture pour envisager ceux-ci.
Bien évident, la qualité d'un projet dépend de nombreux
facteurs, tels que la capacité organisationnelle de l'équipe ou
des organismes responsables de la mise en oeuvre. On s'entend donc de dire, le
seul fait de prendre en compte les considérations écologiques ne
permet pas nécessairement d'aboutir à un projet de
développement durable. La réussite d'un projet de
développement nécessite l'accomplissement d'autres facteurs
clés, comme le rapportent plusieurs études scientifiques
(Commission européenne, 2001).
Dans la figure 8 de la page suivante, Il faut noter
que plus épaisse est la flèche, plus importante est la
contribution de ce facteur.
Figure 8.- Quelques facteurs clés de
réussite d'un projet
Planification ;
Plan de communication
efficace
Le projet
aborde les problèmes réels des groupes cibles
Représentation équitable des différents
intérêts par le biais de la participation
des acteurs concernés
Les parties impliquées au projet respectent leurs
engagements
Gestion intégrée du projet; Utilisation de
technologie appropriée; Politique de soutien adéquate
Allocation équitable des coûts et
bénéfices entre femmes et hommes, puis entre les races
humaines
Capacité organisationnelle suffisante après la
période de financement
Les bénéficiaires sont clairement
identifiés par origine, groupe socio-économique et sexe
Équipe du projet
compétente et motivée ;
Formation continue des membres de l'équipe
Succès
d'un projet
Source : Commission
européenne, mars 2001, Manuel GCP, p-9
5.6.- Les facteurs de durabilité et de
viabilité du projet
La durabilité désigne
généralement la pérennité des
améliorations apportées par le projet. Celle-ci
se diffère de la durée de l'intervention externe qui a rapport
avec la longévité des activités du projet. Elle se
réfère classiquement à la permanence de la situation
améliorée que constitue l'objectif spécifique du projet,
mais il est plus logique de prendre également en compte la
pérennité des effets externes à l'objectif, qui est donc
l'impact. La durabilité n'est bien entendu souhaitable que lorsque les
impacts du projet sont positifs. Cependant, la préférence
fondamentale des humains pour les bénéfices à court terme
est un obstacle essentiel à la durabilité et suggère que
son absence soit rarement un accident. Mais la préférence pour
l'immédiat sur le futur est, en effet, une réalité aussi
universelle et répandue que son corollaire économique : les taux
d'actualisation.
Les notions de durabilité et de
viabilité sont souvent utilisées comme deux synonymes dans la
plupart des textes de gestion écrits par les auteurs. Dans certains cas,
le terme viabilité se réfère à la
pérennité d'une activité ou du fonctionnement d'un
instrument quelconque de développement, telle qu'une unité de
production ou une institution. La durabilité se réfère
plutôt à la permanence d'une situation favorable. Par exemple, une
unité de production ou institution est dite viable si elle obtient ou
produit en permanence les moyens pour son fonctionnement. De notre point de
vue, cette viabilité sera souhaitable, si elle contribue à la
durabilité du projet, donc si l'activité, l'institution,
l'unité de production en cause doivent se perpétuer pour assurer
une pérennité de l'impact positif.
D'une manière générale, il
existe plusieurs facteurs clés pour faciliter la viabilité d'un
projet de développement. Ces facteurs correspondrent à la
probabilité que l'innovation introduite par le projet soit
assimilée, plutôt que rejetée, par le milieu
récepteur, ainsi qu'à la motivation et aux capacités
(techniques, économiques et autres...) de voir se perpétuer les
activités nécessaires à l'entretien et au
développement des acquis. La viabilité est notamment liée
à l'insertion du projet dans son environnement et à la
pérennité des ressources naturelles ou des conditions
écologiques dont il dépend (Commission européenne, 2001).
La viabilité d'un projet doit se renforcer continuellement tout au long
du projet mais, comme pour les critères précédemment vus
(la pertinence, l'efficacité, l'efficience, etc.), elle doit être
envisagée également dès la phase de conception. Il s'agit
donc dans ce cas de se soucier du choix d'objectifs durables, cumulatifs,
capables si possible de briser des cercles vicieux et de les retourner en
cercles vertueux.
À cause du caractère central de notre
étude, nous assimilons les facteurs de viabilité aux facteurs de
qualité d'un projet. Nous pensons donc que ceux-ci convergent
plutôt qu'ils divergent entre eux. Leur rôle est essentiel car ils
permettent d'assurer des bénéfices nets aux groupes cibles plus
ou moins à long terme. Comme l'indique précédemment, la
qualité d'un projet ne doit donc pas être un objectif à
n'envisager que juste dans la phase de fermeture du projet, elle doit
être définie depuis la phase de conception, voire même
l'identication. Faute de n'avoir pas tenu compte de celle-ci dès le
départ, la majorité des projets de développement ne sont
pas parvenus à produire des résultats escomptés sur le
long terme. Dans la foulée de grands débats quotidiens autour de
la responsabilité sociale des projets, il devient difficile voire
impossible de parvenir à terme d'un projet de développement sans
l'intégration de ces facteurs dans les processus de gestion,
c'est-à-dire dans les démarches qui conduisent à
l'élaboration de celui-ci dans les communautés locales.
À l'instar des modèles de gestion de
projet, comme celui développé récemment par la Commission
européenne, 2001, désigné ci-devant modèle GCP,
nous avons donc décrypté l'importance capitale de certains
facteurs clés, dont il est nécessaire de pendre en compte durant
la phase de planification des projets. Notamment, nous citons entre autres :
· Partenariat et dialogue avec les parties
prenantes - la mesure dans laquelle les groupes cibles
et bénéficiaires du projet / programme participent à sa
conception et sont impliqués. Le projet doit obtenir alors leur appui
pour qu'il soit viable, une fois le financement terminé.
· Politique de soutien - la
qualité de la politique en vigueur, et la mesure dans laquelle le
gouvernement prouve son soutien pour la continuation des activités du
projet. Il est important de recevoir pleinement le soutien de la haute
direction.
· Innovation et technologie - il
s'agit de s'assurer que les technologies utilisées par le projet peuvent
continuer de fonctionner à long terme (p. ex. la disponibilité
des pièces de rechange, réglementations suffisantes en
matière de sécurité, les capacités locales des
femmes et des hommes en termes de fonctionnement et d'entretien). Proprement
dit, une technologie qui utilise les ressources locales.
· Protection de
l'environnement - la mesure dans laquelle le projet
préserve ou nuit à l'environnement, et dès lors, favorise
ou entrave la réalisation des bénéfices à long
terme.
· Aspects socioculturels - il
s'agit de savoir : comment le projet prendra en compte les normes et attitudes
socioculturelles locales ; et quelles sont les mesures mises en place pour que
les groupes bénéficiaires puissent accéder de
manière appropriée aux services et bénéfices
découlant du projet pendant et après la mise en oeuvre.
· Analyse de genre et des
minorités - il s'agit de savoir : comment le projet
tiendra compte des besoins et des intérêts spécifiques des
femmes et des hommes ; si le projet permettra aux femmes et aux hommes
d'accéder de manière durable et équitable aux services et
infrastructures mises en place par le projet ; et s'il contribuera à
atténuer les inégalités liées au genre et aux races
« humaines » à long terme.
· Capacités institutionnelles et de
gestion - la capacité et l'engagement de l'équipe
chargée de la planification, de la gestion du projet / programme, et
à continuer à fournir les services au-delà de la
période du financement.
· Viabilité économique et
financière- la mesure dans laquelle les avantages additionnels
du projet dépassent les coûts, et le projet représente un
investissement viable à long terme.
Comme nous l'indiquons plus haut, il est important
d'intégrer ces facteurs pour assurer la survie du projet ou de
l'entreprise. Ce qui signifie donc qu'il faut les tenir compte dans la
planification de ce projet si nous décidons que l'intégration des
questions d'environnement et de développement durable au sein des
entreprises ne reste pas une question purement hypothétique.
L'acceptation d'un projet dans la communauté peut être difficile
voire impossible si ces considérations font défaut dans les
processus décisionnels. Toutefois, le contenu et l'importance relative
de ces facteurs dépendront du contexte sociopolitique et des
spécificités du projet. La conception d'un projet est susceptible
de changer vers le sens souhaité avec l'intégration de ceux-ci.
Aujourd'hui, les projets de qualité doivent cependant rencontrer trois
(3) objectifs indissociables, dont celui du respect de l'environnement
physique, de l'amélioration de l'équité sociale et de
l'amélioration de l'efficacité économique. Par ailleurs,
un projet de développement durable est un projet qui doit
néanmoins viser une amélioration continue des conditions
d'existence de l'ensemble des acteurs concernés par le projet.
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