Université Omar BONGO
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Département d'Anthropologie
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OPTION: Anthropologie de l'environnement
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THEME : Les rituels funéraires des
DADJO du TCHAD
vivant au GABON
Présenté par : Sous la
direction de :
ABAKAR RAMADANE kourma
Professeur Joseph TONDA,
Maître de Conférence, HDR
(CAMES)
Libreville, année 2008-2009.
Dédicaces
A tous mes professeurs du département
d'Anthropologie ;
A ma Mère Madame Zénaba Ahmat pour son courage
et son soutien;
A mon défunt père Monsieur Ramadane Kourma
Djibrine;
A ma petite copine Minkwe Andrea;
A Monsieur Elhadji Hamissou Mamadou, mon tuteur pour
m'avoir
soutenu tout au long de mes études au Gabon;
Monsieur Khamis Saleh, Ami à mon père;
A mes soeurs et mes frères vivant au Tchad;
A mon intime ami Monsieur Seydou Hamath Bah (Ngourane) pour
sa
largesse du coeur et sa proximité; à ABBA Ali et
Alamine Moussa Hassana;
A mon intime ami Hakim Mahamat Issa au Département de
Psychologie ;
A tous mes amis et compagnons qui m'ont soutenu durant mes
études;
A mes oncles, tantes, cousins, bref toute la famille, qu'ils
reçoivent ici mes infinies reconnaissances.
A tous les étudiants de Licence-Anhtropologie
2004-2005, toute ma fraternité.
Remerciements
A :
Mr Joseph Tonda pour m'avoir guider dans mes recherches ;
M. Jean Emile Mbot et M. Raymond Mayer pour avoir ouvert les
portes du Département d'Anthropologie au Gabon ;
Mr Minko Mve, Notre Chef de Département;
M. Ludovic Mba pour les conseils liés à la
lecture ;
M. Paulin Kialo pour sa proximité envers les
étudiants ;
A tous ceux qui m'ont enseigné, de loin ou de
près, pour leur assistance et leurs conseils , mes affections...
Plan de travail
Introduction
Première partie: Approche théorique
-I Objet d'étude, cadre théorique et Champ
d'étude
-II Problématique et Hypothèses
-III Définition des concepts
Deuxième partie: Approche
méthodologique
-I Méthodologie de travail
-II Localisation géographique
-III Présentation du peuple Dadjo
Troisième partie: Les types des rituels
funéraires
-I Présentation des rituels funéraires
«endogènes» Dadjo
-II Présentation du rituel
funéraire islamique «endogènes»
Dadjo
-III Nouveau modèle du rituel funéraire chez les
Dadjo
Conclusion
Introduction
Le choc de civilisation (Cf. Samuel P. Huntington) qu'a connu
le continent noir africain, notamment à travers l'introduction de
l'islam, n'est pas sans interroger la conscience du chercheur en sciences
humaines et sociales d'aujourd'hui, à s'interroger à la fois sur
la nature des faits sociaux d'origine endogène désormais
convertis à cette religion, notamment les rituels relatifs à la
mort.
En effet, les travaux ethnologiques et ethnographiques de
TUBIANA Marie-José et Joseph respectivement au Tchad puis Soudan,
rubriqués sous les termes des Structures lexicales, Poésie et
religion, Chamito-sémitiques, Langage de la révolution, Formes
d'entraides, Ethnonymes, Histoire du peuplement des Dadjo ont largement
inspiré cette recherche tant au plan des croyances que des rituels.
Car, «les rituels, en particulier, les
rituels funéraires, constituent un champ d'étude
spécifique des travaux anthropologiques africanistes
classiques. Ils sont donc relativement bien documentés, et ce,
pour de multiples groupes ethniques d'Afrique de l'Ouest » comme
le soulignait déjà l'anthropologue
française Attané Anne, dans les
recherches sur Statuts des veuves et rituels de veuvage en Afrique de
l'ouest : revue critique des connaissances anthropologiques et
de l'Afrique l'Ouest. Cette inquiétude peut s'étendre en
Afrique Centrale surtout au niveau des transformations socioculturelles qui
auraient affecté lesdits rituels au regard des contextes de production
actuelle.
Ce phénomène social et culturel a le
mérite d'attirer des considérations plus regardantes en
Ethnologie et en Anthropologie, ne serait-ce que par son aspect
cérémoniel et symbolique qui connaît une allure fortement
« controversée » si l'on part d'un à priori
transformiste de la culture Dadjo à l'assimilation islamiste.
Jusqu'alors, si les sociétés africaines
accordent une place de choix aux morts, c'est probablement que la mort ne peut
laisser personne entièrement indifférente et, en plus, elle est
susceptible de produire en nous une certaine émotion, surtout quand
cette mort vient de frapper un proche parent, un visage familier et intime,
éveillant ainsi, au plus profond de nous-même, cette angoissante
perspective de notre propre disparition.
C'est pourquoi, leur codification et leur
cérémoniel interpellent la recherche tant au niveau du
déroulement qu'au niveau des représentations symboliques.
Plus précisément, il est question d'une
considération sur les cultes adressés aux morts sous les formes
-orientale et africaine-, afin de cerner non seulement les
représentations qui ont permis une telle cohabitation, si cohabitation
il y a, mais d'ouvrir d'éventuelles pistes de réflexion dans le
champ de la recherche, notamment celles relatives aux approches anthropologique
permettant de comprendre les normes et les valeurs des rites et les
données qui les rendent pérennes ou «immortels» face
l'invasion des cultures étrangères.
Par exemple, jusqu'alors, à la mort d'un individu, il
n'est pas exclu que des funérailles naissent, se déroulent et se
complexifient à mesure que l'enterrement soit effectif ou non. Bref, un
univers symbolique plein de signifiants se crée et s'installe dans les
gestes et les actes des acteurs non seulement pour vivifier le mort mais aussi
pour rendre sa disparition inséparable des vivants. Cette
caractéristique symbolise en partie la nature de la
société Dadjo, notamment dans son devenir, dans un monde ambiant
et enclin aux multiples changements et transformations. La
société Dadjo est caractérisée par une organisation
de parenté fondée sur des patrilignages localisés dont
chacun constitue une communauté territoriale et occupe une unique grande
maison, un ensemble rituel complexe avec culte des ancêtres,
personnification d'instruments de musique flûtes et trompes, danses de
(ou à) masques, interdits à la vue des femmes, ainsi que par des
sociétés secrètes d'hommes et des rituels
funéraires.
C'est ainsi que D. Cuche résume : «Les
cultures populaires ne seraient que des dérivés de la culture
dominante, qui seule pourrait être reconnue comme légitime, qui
correspondrait donc à la culture centrale, la culture de
référence. » in La notion de culture dans les
sciences sociales, La Découverte, 2001, P.12.
La pluralité religieuse pratiquée par les
sociétés africaines contemporaines fait volontairement ou non
côtoyer des religions monothéistes, celles des religions du livre
prophétique, et des religions autochtones.
Si nous écartons l'ouvrage général de
réflexion spiritualiste de Humblet-Vieujant,
titré La Rivière du Silence, Réflexions sur la Mort et
la Vie, CEFA, Bruxelles, 1978, 147 p., ouvrage qui
restitue le cannibalisme comme l'expression du pouvoir de celui qui mange
l'autre, dans notre étude, les rituels orientaux
d'origine islamique constituent une de ces préoccupations sinon des
cibles opposables aux valeurs ou aux pratiques traditionnelles; au sens
où leur confrontation a fait activer des modalités de
sélection des éléments issus des rituels endogènes
entrant dans une sorte de relation dualiste mais non antagoniste avec les
rituels importés mais plutôt de coexistence en une seule et
même unité.
Dans cette approche, la nature de cette unité ou
représentation symbolique, fait référence plus proprement
«aux ancêtres, à la religion, à la langue,
à l'histoire, aux valeurs, aux coutumes, aux institutions.»2(*) Mais il apparaît que
des modifications structurelles profondes aient affectées la plupart de
nos sociétés tout au plan des croyances qu'au niveau de mode de
vie.. La préoccupation aux rituels apparaît si préoccupant
au point qu'il importe de renouveler des recherches afin d'éclairer leur
identité.
Dans notre démarche, les rituels funéraires sont
repérables par la récurrence des phases fondamentalement
culturelles qui sont des événements socioculturels tels que:
l'annonce publique de la mort, le deuil, l'enterrement, l'annonce et le retrait
de deuil, les interdits et les repas funèbres.
Ainsi, ces pratiques trouveraient-elles leur
existence dans le fait que les sociétés africaines
vénèrent leurs morts pour assurer leur propre
pérennité. En Afrique, disaient les sages des villages, l'homme
mort n'est pas parti. Il est là, parce qu'il est présent parmi
les vivants par le fait qu'il inspire son souffle aux membres de la
communauté à laquelle il appartient. Bref, «les morts ne
sont pas morts», disait le poète africain Birago Diop.
En fait, la représentation que la
société fait de ses morts, par la manifestation telle que les
rituels ou le deuil par exemple, trouve son essence dans des logiques
socioculturelles qui sont des systèmes des
« représentations publiques qui ressemblent en contenu aux
représentations mentales construites pour se représenter les
propos et les pensées.»3(*) Ces logiques s'expliquent selon les
différenciations culturelles ou cultuelles, les langues, l'histoire et
s'identifient à tout le processus de modélisation de la
société ou de la biographie du mort hérité des
divinités ou des entités «supranaturelles»(
Marcel Mauss).
Mais, l'importance de ces rituels dans la
société nous a été révélée
très tôt dans la recherche scientifique en sciences humaines et
sociales par le père de la sociologie française comme le montre
ce passage ici repéré : « Il ne s'agit pas ici d'un vain
paradoxe: l'accentuation du rituel souligne, à contrario,
l'émergence, la vitalité des formes de
sacralité.»4(*) Cette forme de sacralité ainsi
révélée connaît, dans le cas des Dadjo, une
métamorphose progressive par la fusion des cultures.
A partir de ce niveau, les rituels funéraires
deviennent matière à réflexion au premier
dégré, car l'introduction des religions nouvelles, notamment
prophétiques et islamiques, dans les sociétés
négro-africaines endogènes, a pour effet immédiat, la
confrontation et la reproduction avec les nouvelles valeurs rituelles :
rituels endogènes et rituels islamiques. Ces rituels appelés
désormais «nouveaux» dans la présente étude,
mais pas fondamentalement endogènes ne ressemblent désormais ni
en contenu, ni en pratique à leurs formes premières c'est
à dire celles d'avant l'opération de fusion religieuse. C'est un
syncrétisme exprimé sous le sceau d'une
unité fonctionnelle: germes ou bribes des croyances
désormais coexistentielles et évolutionnelles.
Vue la diversité culturelle, à peine il
n'apparaîtrait plus saillant de considérer que les rituels
funéraires d'aujourd'hui se soient considérablement appauvris et
amenuisés de leur essence première par l'introduction et
l'influence de ces religions venues d'ailleurs, de l'Orient, et de la forte
conversion des peuples, qui ne laisse ni lieu, ni temps, ni personne disponible
pour s'occuper des mort et de les vénérer dans sa forme
ancestrale. Mais, en même temps, la diversité impose la
quête de l'identité non traduisible en termes de :
« Simplification ou disparition...pire encore,
désymbolisation...»6(*). Cette désymbolisation expliqueraient
peut-être le fait que «les rituels d'hier ont fait long feu,
étant devenus obsolètes, trop conventionnels, peut-être,
importe-il aujourd'hui d' «originer » des pratiques
neuves»7(*) qui
les rendent compatibles ou vivantes leurs formes de départ, c'est dire
que la préoccupation à la mort est d'autant plus actuelle qu'elle
nécessite une approche plus pratique restituée de manière
plus symbolique.
En résumé, notre étude trouverait
à peine refuge dans la pensée de Pierre Bourdieu
lorsqu'il interprète « la culture comme un champ de lutte
symbolique entre les groupes sociaux. L'enjeu de cette lutte est la domination
ou le pouvoir d'instituer et d'imposer unilatéralement une
hiérarchie culturelle. Dominer, c'est pouvoir classer,
c'est-à-dire définir ce qui est culturellement légitime
(la culture cultivée) et ce qui ne l'est pas (la culture
vulgaire) ; dominer, c'est accumuler et valoriser du capital
culturel ».
C'est dans ce sens que nous exécutons première
partie de cette tâche de l'objet d'étude, du cadre
théorique et du champ d'étude.
Nous étudierons le sens des rituels, comme le
suggère Louis Vincent Thomas, en termes des
« pratiques funéraires révélatrices du sens
social de la mort et plus spécialement aux manipulations du cadavre
à fins religieuses, magiques, économiques ou
érotiques. »
Encore faudrait-il clarifier notre objet d'étude,
cadre théorique et champ d'étude pour une approche plus
scientifique de ce phénomène.
Première partie
I- APPROCHE THEORIQUE
I- Objet d'étude, cadre théorique et
Champ d'étude
a°) Objet d'étude
Notre étude porte sur « les
rituels funéraires des Dadjo du Tchad vivant au Gabon ».
Cette recherche vise à identifier et
à comprendre les rituels funéraires actuellement pratiqués
par les Dadjo convertis à l'Islam. Il s'agit d'une étude qui
porte sur les faits et gestes religieux adressés par les vivants
à leurs morts. Ces faits et gestes, résultant d'un ensemble des
savoirs et des savoir-faire funéraires transmis par la mémoire
collective au fil des ans, seraient aujourd'hui enclins à de nouvelles
mutations.
En effet, l'identification est ici entendue et
étudiée sous deux formes de pratiques rituels funéraires
actuellement en cours dans les pratiques chez les Dadjo: l'une dite
«endogène», c'est-à-dire non prophétique et
propre aux Dadjo endogènes, et l'autre dite «nouvelle», parce
qu'elle serait issue des moeurs religieuses d'origine prophétique,
notamment islamiques. Dans la croyance de ce peuple d'aujourd'hui, ces deux
rituels ne font désormais qu'un; car ils sont respectivement
pratiqués lors des funérailles ou à chaque
cérémoniel. C'est donc un nouveau programme religieux de
vivification, de vénération et d'honneur adressé aux
morts.
Ces rituels donnent également à voir avec les
symboliques mises en oeuvre et leurs transformations. Lorsqu'ils soulignent les
rôles spécifiquement attribués aux multiples parents du
défunt (frères, soeurs, enfants...); ils rendent possible
d'envisager la spécificité de statut social des acteurs.
Pour mener à bien notre étude, nous remontons
dans un premier temps, les contextes de production: contexte d'avant
l'introduction de l'islam puis, juste après la conversion de ce peuple
à cette communauté religieuse. Ensuite, nous procéderons
au moyen de la confrontation à l'examen des éléments
existant dans la croyance, que sont les attitudes ou les comportements vis
à vis des morts, afin d'esquisser une analyse qui rende compte des
spécificités et de leurs charges symboliques des rituels
actuels.
Pour des raisons d'ordre ethnographique, notre recherche ne
s'arrête pas au niveau de la simple identification, mais elle s'oriente
vers la compréhension de la forme actuelle de ces rituels par une
approche descriptive et analytique.
C'est pourquoi, au niveau descriptif, nous proposons de
scinder les rituels funéraires en trois grandes parties :
1°) Les rituels funéraires
endogènes;
2°) les rituels funéraires
islamiques ;
3°) les « nouveaux » rituels
funéraires.
Certes, la frontière entre ces trois notions est
difficilement délimitable; mais il convient de les considérer en
les replaçant dans leur contexte historique et de les comprendre dans
leur sens premier pour éviter toute confusion d'ordre
sémantique.
Du point de niveau analytique, seuls les
« nouveaux rituels funéraires » semblent
préoccuper notre attention en ce sens qu'ils sont la résultante
des deux premiers sus mentionnés. Car, il apparaît que c'est la
reproduction de deux premières formes de rituels confrontées et
jumelées, qui désormais, constitue cette unité.
Le but recherché est d'éclairer et de restituer
la nature des faits rituels funéraires actuels, c'est-à-dire de
rechercher l'ensemble des phénomènes qui ont permis et qui
permettent encore cette coexistence. Aussi, nous cherchons à relever
leur spécificité, leur nature, leur forme afin de dégager
les logiques culturelles qui fondent aujourd'hui une telle unité.
Vue la diversité culturelle et les
phénomènes de mutations, Il n'est point exclu que les pratiques
funéraires qui ont cours dans une culture d'origine donnée,
soient susceptibles de se modifier ou d'être transposées à
l'identique du fait de nombreuses contraintes liées au nouveau contexte
de vie. Cette situation, certes bouleverse les normes habituelles et
entraîne une déstructuration et une discontinuité dans le
déroulement séquentiel des funérailles et oblige à
des négociations et à des remaniements profonds.
Enfin, ces pratiques confrontent ou font coexister deux
systèmes de références culturelles différentes par
leur origine, et antagonistes par leur pratique mais singulier par leur
identité.
b°) Cadre théorique
Les principes théoriques choisis pour
l'élaboration de cette étude sont le
culturalisme et le dynamisme
social.
En effet, le culturalisme met en évidence l'influence
prépondérante de la culture sur les individus exprimée
sous le sceau de la «personnalité modale». Cette
notion est une «configuration psychologique particulière propre
aux membres d'une société donnée et qui se manifeste par
un style de vie sur lequel les individus brodent les variantes
singulières» de leur culture (Abraham Kardiner en
collaboration avec Ralph Linton, dans l'ouvrage intitulé l'individu
dans la société, 1939).
En tant que les rituels funéraires sont un
phénomène religieux, ils entrent de ce fait, dans un univers
catégoriel de savoir et de savoir-faire transmis de manière
générationnelle. Ce savoir modèle ou
« moule » ainsi l'individu, le catégorise et le
soumet aux contraintes du sacré. Cette reproduction de l'individu est la
marque d'une emprunte culturelle, véhicule essentiel des traits
distinctifs.
En effet, les rituels funéraires, entendus en tant
qu'un ensemble de gestes et de pratiques annonçant l'agonie, la mort et
l'après-mort d'un individu, ne sauraient se soustraire des pratiques
culturelles. Ils entrent dans un univers de totalité culturelle, car ils
moulent l'individu conformément aux pratiques qui lui sont siennes. Leur
nature et leur forme dépendent du contexte de production, du statut
social du défunt et des us et des coutumes de chaque
société. Car, la culture justifie l'existence des rituels par le
fait que de la pratique qui met exige de l'individu à franchir
« plusieurs statuts au cours de sa vie et les transitions sont
fréquemment marquées par des rites diversement
élaborées selon les sociétés»8(*).
Quant au dynamisme social, c'est un principe théorique
qui considère que les changements sociaux sont la résultante des
facteurs explicatifs de la «déstructurations et de la
restructuration » de la société. En effet, le courant
dynamiste trouve son fondement dans les facteurs sociaux dits internes et
externes, facteurs qui bouleversent l'ordre et la cohésion
préalablement établis. C'est dans cette même logique que
« Les religions et les innovations religieuses sont susceptibles
de révéler les transformations de l'univers social et culturel
africain, et surtout de révéler les nouvelles
configurations... »9(*).(*)
Tout comme le culturalisme, le dynamisme se propose de
considérer les phénomènes sociaux en situation de
bouleversement, de mutation ou de transformation. Cette approche a le
mérite de considérer les rituels funéraires d'origine
islamique comme étant des facteurs externes aux
pratiques religieuses en cours chez les Dadjo, et de ce fait, basculant en
partie, l'organisation des funérailles.
Enfin, ces deux notions cernent au mieux notre approche de la
question au sens où, d'une part, le dynamisme apporte une
édification sur les changements socioculturels intervenus dans la
croyance, et le culturalisme éclaircit sur les savoirs funéraires
transmis dans les rituels d'autre part.
C°) Champ d'étude
Les rituels funéraires que nous proposons
d'étudier entrent dans le cadre de la représentation symbolique
et des pratiques adressées aux morts. Ils sont des faits sociaux au sens
durkheimien du terme. Leur champ d'étude est à considérer
dans le contenu de l'anthropologie religieuse et la sociologie des religions.
En effet, la transmission au moyen de la parole des actes
sacrés contenu dans les rituels est un phénomène social
qui dépasse le caractère purement individuel. En tant qu'objet de
croyance et des pratiques, les rituels représentent «toute
manière de faire, fixée ou non, susceptible d'exercer sur
l'individu une contrainte extérieure ; ou bien encore, qui est
générale dans l'étendue d'une société
donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses
manifestations individuelles»1(*)0. Dans cette perspective, la sociologie des religions
apparaît le champ le plus approprié au sens les rituels dans un
univers de croyance, de mode de vie religieuse.
Cette considération fait intervenir les notions telles
que la représentation, la société et la symbolique qui
sont éminemment collectives et transcendent le seuil l'individuel.
Aussi, les rituels funéraires entrent dans la
préoccupation de l'Anthropologie religieuse par le fait que les actes et
les gestes adressés aux morts sont des symboliques émanant de la
représentation culturelle. « Parmi les
cérémonies religieuses de l'Afrique noire traditionnelle, les
rites funéraires sont les techniques d'initiation, à la fois les
plus spectaculaire et certainement les plus importants par leur fonction et
leur signification culturelle ou philosophique.»1(*)1
II- Problématique et Hypothèses
a°) Problématique
Lorsque nous observons les rituels funéraires Dadjo,
nous avons l'impression que ce sont des rituels homogènes,
endogènes propres à la culture de cette communauté
Dadjo.
Or, si nous nous approchons de plus près des
déroulements des phases rituelles, on observe deux faits rituels: l'un
endogène (des Dadjo) et l'autre islamique.
Ces rituels sont apparemment de nature différente ou
opposable les uns des autres, mais tous les deux, relevant du même
univers: celui de la croyance et de la religion. La référence
à un dieu « local ou national », «
Kalge, », qui signifie « celui qui vient en
aide », témoigne littéralement de la profonde
spiritualité déjà présente et ancrée dans
les moeurs de ces peuples Dadjo.
Les activités funéraires telles (louanges,
l'enterrement et les célébrations) ne sauraient se figer à
un immobilisme absolu en raison de la confrontation religieuse. Ils sont enclin
à des phénomènes de mutation rendant complexe leur nature
d'origine.
Plusieurs interrogations hantent notre esprit, notamment
celles relatives à la mise en exercice ou la mise pratique du fait
rituel: quelles sont les différentes phases de déroulements de
ces rituels funéraires? Existe-t-il des frontières
précises entre ces deux rituels ? Quel sens cachent
véritablement les rituels ainsi conservés et pratiqués
face à l'invasion des rites islamiques? Que deviennent-ils dans leur
aspect pratique? Lors des funérailles, dès l'annonce du deuil
jusqu'à son retrait, la cérémonie mortuaire se
déroule-t-elle telle qu'elle a été transmise par le
passé?
Quels sont les éléments rituels qui ont
survécu au choc de civilisation? S'ils n'ont pas disparu, cohabitent-ils
avec les rituels islamiques?
Enfin, les rites comme tout autre pratique traditionnelle
s'identifie à un récit fondateur, son mythe d'origine. De ce
point de vue, quelle est la dimension symbolique des rituels.
La naissance des nouvelles formes d'attitudes et
d'agissements (entendus au sens des gestes et actes) adressées à
l'égard des disparus et des espaces funèbres d'une part,
l'appropriation de ces nouvelles moeurs funéraires d'autre part,
ont-elles configuré ou sinon
« façonné » les Dadjo dans leur
manière d'être et d'agir?
En effet, le risque éventuel d'extinction des rituels
funéraires Dadjo et la volonté de rapprocher leurs morts, ont-ils
conduit ces convertis (les Dadjo), à activer des mécanismes de
sélection des phénomènes rituels qu'ils jugent
« conservables », « compatibles » ou
alors tout simplement « éliminables » au regard de
ces moeurs émergentes? Sont-ils (ces mécanismes) à la
fois régulateurs de la croyance « nouvelle » et des
comportements des individus? Les phénomènes funéraires ne
prennent-ils désormais de sens qu'en termes d'identités
culturelles exprimées par les moyens de cohabitation et coexistence avec
d'autres rituels exogènes ou étrangers ? La
naissance des religions prophétiques et les changements intervenus dans
les milieux de vie religieuse ont-ils modelé ou perverti les perceptions
et les savoirs empiriques sur la mort et conduit la société
à solutionner par le « diagnostic » de la
sélectivité des pratiques?
Il nous apparaît opportun d'identifier et d'examiner la
juxtaposition ou la superposition de ces deux formes des rituels dans leur
interaction afin d'éclairer sur l'ensemble des phénomènes
qui ont rendu inextinguibles certains rituels au détriment d'autres.
Les pratiques religieuses des sociétés
endogènes adressées aux morts lors de l'enterrement, de la
manifestation du deuil et de lever de deuil, existaient-elle dans leur
configuration propre avant l'avènement de l'islam?
b°) Les hypothèses
Après avoir assisté et observé quelques
rituels funéraires chez les Dadjo (Annonce du deuil, enterrement,
déroulement du deuil et retrait de deuil), nous sommes inscrits pour une
seule hypothèse.
En effet, la pratique funéraire Dadjo, dans leur
confrontation aux nouvelles religions prophétiques et notamment
islamiques, conservent leur part d'originalité ancestrale qui se traduit
par le repli identitaire à la culture d'origine.
En effet, les Dadjo ont un rapport à leurs rites
funéraires qui repose sur une aspiration ou un besoin de s'accrocher
à ce qui leur parait plus authentique d'une part, et à conserver
des pratiques rituelles venant de l'Islam d'autre part.
En d'autres termes, l'expression ou l'angoisse de la mort et
des funérailles qu'elle suscite serait tellement forte que ni les
rituels islamiques, ni les rituels dadjo ne pourraient rendre effectif, de
manière singulière, l'immortalité de l'âme et/ou la
pérennité du disparu.
C'est donc un facteur explicatif qui restitue le fait que la
conversion des Dadjo aux rituels islamiques n'exclut pas les pratiques
funéraires endogènes. Car, «le va et vient entre
tradition et nouveauté s'explique par le fait que la
référence au passé est déjà une règle
fondamentale. »1(*)2
Aussi, la croyance Dadjo dans leur mise en contact avec les
modèles rituels islamiques opère-t-elle une
sélectivité des pratiques funéraires qu'elle
«juge», et conservables, praticables et compatibles, par leur
rapprochement aux morts.
Cette étude aurait le mérite de rompre avec
l'idée selon laquelle les croyances prophétiques venues
d'ailleurs notamment du Moyen Orient élimineraient
systématiquement celles dites endogènes ou existantes.
La mise en exercice de ces pratiques est
repérée dans l'accomplissement les prières, les chants,
les louanges « symboliquement » adressées aux morts
et qui témoignent à la fois de l'existence et de la
prédominance des rituels indigènes malgré la conversion
des Dadjo aux modèles de rites de types islamiques.
III- Définition des concepts
- Les rituels funéraires
Chez les Dadjo, la notion de rituel est entendue au sens du
départ de l'individu vers d'autres horizons, chez un dieu. Le mot mort
se traduit en Dadjo par adé qui signifie
« habitudes ou manières de faire ».
La mort est définie comme «un processus lent
et progressif dans l'image, assez répandue, selon laquelle le
défunt est censé accomplir un voyage».1(*)3 Ce voyage s'explique par le
passage du monde des vivants aux monde spirituel, c'est-à-dire à
l'au delà.
L'idée de rituel se comprend par « un
ensemble des règles et de cérémonies qui régissent
la pratique d'un culte particulier ou dans une religion »,
Dictionnaire encyclopédique, Hachette, Paris, 1980, P.1112.
Par rituels, le dictionnaire spécialisé
d'Anthropologie et d'Ethnologie nous interpelle en ces termes:
«les rites sont les créations culturelles
particulièrement élaborées exigeant l'articulation
d'actes, des paroles et des représentations de très nombreuses
personnes, au long des générations»1(*)4.
Ces considérations ont le mérite
d'édifier la nature des rituels au moyen de la perpétuation
intergénérationnelle, mais apparaissent peu suffisantes pour
exprimer et clarifier les logiques culturelles derrière lesquelles se
fondent ces «actes» et «paroles» dans les accompagnements
finaux d'un fait rituel.
L'encyclopédie virtuelle restitue les rituels
funéraires en ces mots: «a
ceremony marking
a person's
death. Funerary
customs comprise the complex of beliefs and practices used by a culture to
remember the dead, from the funeral itself, to various monuments,
prayers, and
rituals undertaken in their honor. These customs vary widely between cultures,
and between religious affiliations within cultures». Cette seconde
approche, en effet, met en relation les vivants et les morts par la combinaison
des pratiques, des croyances variées, permettant ainsi de se souvenir
des morts.
Les rituels ou Hizne en Dadjo qui se rend
par « douleur ou mécontentement » sont des oeuvres
culturelles aux fonctions fondamentalement singulières. Leurs pratiques
a pour résultat le bien-être de l'individu tant au niveau social,
culturel ou spirituel.
D'approche en approche, nous proposons de tenir les rituels
pour des activités dynamiques et survivantes d'un groupe social qui
consistent à pratiquer sa croyance d'origine (endogènes)
malgré l'assimilation à d'autres formes ou modèles de
croyances à venir ou (co)existentielles. Bref, il s'agit d'une mise
« en situation » des vivants aux morts et des pratiques qui
en découlent.
La nature de ces croyances est identifiée et
marquée sous le sceau de «récits, des
dessins, des chants et des danses, tous indubitablement et
intrinsèquement liés à des lieux et des
êtres.»1(*)5
IV- Revue de la littérature écrite et
présentation des informateurs
A- Les ouvrages
Les ouvrages ici consultés sont ceux
qui étaient disponibles, c'est à dire accessibles à nous
par le fait de leur présence à la Bibliothèque
Universitaire, au centre Culturel Français au aux bibliothèques
du Département de sociologie et d'Anthropologie (LABAN). Parmi les
oeuvres consultées pour l'élaboration de cette recherche, nous
nous sommes inspirés des auteurs suivants: Louis Vincent Thomas, Baudry
Patrick,, Malinowski Bronislow et Joseph Tonda. Aussi, encyclopédies,
dictionnaires, journaux et périodiques ont été
consultés pour cerner le contour de cette étude.
1°) Louis-Vincent Thomas, La mort,
Paris, P.U.F., «Que sais-je?», 1990.
L'auteur brosse les attitudes face à
la mort et situe le concept de mort comme étant un concept traversant
une pluralité de champs anthropologiques. Loin de brosser tous les
aspects développés dans ce livre, nous nous arrêterons sur
quelques points qui apparaissent, à notre avis, édifiants,
notamment par le fait que l'ouvrage ait eu le mérite de situer notre
préoccupation sur la mort en trois aspects notamment:
a°) Toute société se voudrait immortelle et
ce qu'on appelle culture n'est rien d'autre qu'un ensemble organisé de
croyances et de rites, afin de mieux lutter contre le pouvoir dissolvant de la
mort individuelle et collective;
b°) La société, plus encore que l'individu,
n'existe que dans et par la mort;
c°) La mort, du moins l'usage social qui en est fait,
devient l'un des grands révélateurs des sociétés et
des civilisations, donc le moyen de leur questionnement et de leur critique.
Cependant si le livre explique méthodiquement la forte
croyance à la mort matérialisée par les rites basée
sur l'organisation sociale et culturelle , il clarifie moins sur les tracers
des frontières entre les rites profanes existantes et les rites
prophétiques importés des sociétés moyens
orientales qui fondent notre préoccupation.
2°) Joseph Tonda, «Enjeux du deuil et
négociation des rapports sociaux de sexe au Congo»,
in Cahiers d'études africaines, N° 157,
2000.
Cet article explore le deuil au Congo
(Brazzaville) et nous édifie sur les
« enjeux » des rapports sociaux entretenus par les
membres de la société, hommes et femmes lors de la perte d'un de
leurs membres.
En effet, cet article nous situe sur la place et la
tâche de la femme lors des rituels funéraires et illumine sur des
symboliques qui entourent la personne dès l'annonce de deuil à
son retrait. Il rapporte le fait que dans cette société Congo,
les femmes sont plus enclin à l'émotion, à la
solidarité et au partage. Elles sont les principales actrices et
productrices des «pleurs, animent les veillées avec leur
chorale, couvrent d'un mouchoir noir, blanc, ou blanc tacheté de noir,
entrent en transe, etc.»
Quant aux hommes, eux, connaissent la violence morale
provenant celles-ci lors du décès d'une de leurs siennes.
«La primauté des enjeux symboliques et sociaux sur les enjeux
économiques participe d'un travail fait d'investissements et de
dépenses de tous ordres».
Cet article nous situe, par le rôle des acteurs qu'il
traite, sur le rapport de genre et de sexe -hommes et femmes-, et en même
temps, édifie sur les formes solidaires de la société
Congo dans l'expression des pratiques mortuaires. C'est ici qu'est
passé en revue la croyance, la symbolique et les représentations
propres à l'historicité indigène." L'auteur revisite la
notion de deuil, notion purement occidentale et la charge désormais
d'une «tristesse féminine» assez prononcée avec des
coupures spatio-temporelles tout à fait féminisées que
masculinisées comme nous le véhicule la société
occidentale.
De ce point de vue, même si cet article ne traite
évidemment pas des survivances de pratiques funéraires, il
illumine et oriente notre approche sur la question des rôles des acteurs
dans la société Dadjo face aux nouvelles religions.
3°) Patrick Baudry, La place des
morts, Enjeux et rites, A.Colin, Paris, 1996.
L'ouvrage se place dans la
suite des analyses d'Ariès et Thomas qui présentent notre
société comme située dans une phase critique du fait de
son « déni de la mort». Les deux auteurs s'étaient
attachés à montrer comment le monde moderne, du fait notamment de
l'individualisme et de la technicité, tendait à masquer et
à évacuer de nos vies la mort. Cette perspective a souvent
été reprise dans les documents de l'Église catholique
traitant de ce sujet (voir Documents Épiscopat: « Points
de repère pour la pastorale des funérailles».
P. BAUDRY s'efforce de montrer que, de manière
paradoxale, le regain d'intérêt autour de la mort et de ses rites
n'est qu'une prolongation de ce déni. Dans le même temps, il
pointe les attitudes qui, dans notre modernité, constituent une posture
juste face à la mort. Le coeur de sa démonstration est, en
effet, celui-ci : il y a nécessité à faire une place aux
morts; « vouloir simplement se débarrasser d'eux est
mortifère». Les deux premiers passages en italique de
l'introduction disent exactement le projet du livre : la société
(et pas seulement l'individu) est dans l'obligation, pour sa vitalité
d'une construction, d'un rapport à la mort: cette construction
s'édifie sur divers processus de mise en place des défunts. Il
s'agit d'un enjeu de culture pour toute société.
Même si les configurations de l'espace funéraire
n'a mention que d'une réflexion éclaire, l'on doit à ce
livre, une étude outillée et détaillée de la
«place des morts»: rapports des vivants avec les morts, les
obsèques, les cérémonies des funérailles, etc. Les
attitudes humaines justifiant la préoccupation aux morts se modifient et
prennent des formes nouvelles plus expéditives, plus modernisées.
3°) Bronislow Malinowski, Les argonautes du
pacifique occidentale, Paris, PUF, 1922.
Ouvrage écrit dans les îles trobriandaises qui
traduit les moeurs des «peuples oubliés», la vie en
communauté, la Kula ou système d'échange entretenus par
les habitants ces îles. Aussi, il nous oriente sur les attitudes à
tenir lors des enquêtes ethnographiques pratiquées dans un groupe
social.
De même qu'il nous édifie sur les
méthodes d'observation, celles dites «d'observation participante
», qui consistent à s'«immerger» dans la
réalité sociologique et culturelle du groupe afin de
dégager les spécificités des croyances et les rites
funéraires.
De ce fait, il entretient éminemment des relations
avec notre thème d'étude dans la mesure où il nous permet
de savoir les us et les coutumes, les savoirs rituels et les échanges.
Au plan méthodologique, il a été d'un
apport sans précédent quant aux collectes des données,
leurs traitements et leurs analyses.
b°) Présentation des
informateurs
1°) Oumar Yakoub
C'est le premier informateur, père de trois enfants
est l'homme que nous avions consulté et entretenu sur les
funérailles. Avec lui, nous avions discuté sur les
déroulements des funérailles. Cet entretien s'est
étalé pour une durée de trois semaines portent sur les
aspects de deuil: port d'habits de deuil, repas funèbres, les
attitudes, etc.
2°) Mahadjir Abdoulaye
Cet informateur de clan Toumné (Autriche) est issu
d'un milieu défavorable. Il est un ancien forgeron et maintenant gardien
de nuit. Les entretiens que nous avions eu avec lui s'étaient
déroulés la nuit en raison de sa disponibilité au lieu de
gardiennage. Nous avions traité les questions relatives aux interdits
liés le deuil.
3°) Souleymane Bochi
Né à Dar Sila (Tchad), cet informateur est sans
doute l'un des plus inspiré et le plus aguerri de la tradition Dadjo, du
moins pour ce qui est des Dadjo de Libreville (Gabon). Avec, les points forts
tels que l'annonce et le retrait furent l'oeuvre de sa contribution.
4°) Arabi Moumine Absakine
Le rôle de la Mosquée, objet fortement
islamique, était la contribution de cet homme au visage tacheté
de blessures rappelant les guerres tribales et ethniques connues au Tchad
durant le règne d'Hissein Habré1(*)6. En tant qu'Imam dans une mosquée de
Libreville, il nous a révélé les versets coraniques
témoignant la place qu'occupe la mosquée lors des
funérailles.
C°) Etat de la question
Les ouvrages consultés explorent la mort et les
rituels dans leurs fonctions religieuses en tant que faits sociaux qui se
situent dans le temps et dans l'espace. En même temps, ils replacent les
relations humaines dans un univers pleins de signifiants dont il convient de
les replacer dans un contexte précis, notamment celui de la rencontre
des religions.
Si l'apport de Louis Vincent Thomas est
édifiant par la vision holiste qu'il se veut de la mort plus que de son
caractère individuel, vision qui s'expliquerait par la forte charge
sociale et symbolique de l'événement, il importe de la
considérer comme la marque d'une empreinte teintée des logiques
et des croyances qui cohabitent désormais dans un même
sphère.
Aussi, l'approche de Joseph Tonda sur le
deuil nous a permis de comprendre le rôle des acteurs sociaux lors des
funérailles, notamment les femmes, les hommes et même la
mosquée. Cette contribution est à considérer dans son
contexte de production, celui de la société Congo et à la
replacer dans son contenu sociologique.
Pour Patrick Baudry, la
modernité est l'un des changements expliquant le déni de la mort.
Cette approche a le mérite non le refus de mourir moins encore son
caractère irréversible mais contribue à comprendre les
transformations que connaissent les rituels funéraires d'aujourd'hui.
L'ensemble de ces ouvrages consultés par la nature des
faits funéraires qu'ils traitent, laissent partiellement place aux
phénomènes de coexistence, pratiques éminemment
existentielles dans la croyance actuelle. En tant que productions
littéraires sur les funéraires, elles entrent dans un contexte
de société et de croyance dont il apparaît inessentiel de
relativiser ces approches mais de s'en servir pour explorer les rituels
funéraires Dadjo sous les formes actuelles.
d°) Perspectives d'étude
Vu le traitement de la question des rituels de la mort en
général et le quasi absence d'ouvrages sur les Dadjo en
particulier sur des aspects tels que le nécessite notre étude,
aspects portant notamment sur leurs formes de survivances et de coexistences,
nous nous inscrivons dans la perspective de THOMAS Louis Vincent pour
étudier ce phénomène social et culturel. Car, au niveau
méthodologique, la méthode de ce chercheur épouse notre
adhésion par le fait qu'elle se veut rigoureusement descriptive, puis
analytique.
Par cette même démarche, nous pensons
l'appliquer chez les Dadjo par la description de l'annonce de deuil, la
manifestation de la cérémonie mortuaire, les habits du deuil, les
interdits funéraires et le lever de deuil.
Aussi, dans nos sociétés, les
funérailles qui sont des occasions de sociabilité, de
cohésion et la production du savoir-faire funéraire d'origine
culturelle; il est nous nécessaire et même judicieux de
redéployer nos réflexions sur cet aspect pour rendre compte des
phénomènes qui immortalisent son existence.
Deuxième partie
II- APPROCHE METHODOLOGIQUE
I- Méthodologie de travail
«L'ethnologue n'a pas à placer ses filets au
bon endroit et attendre qui viendra s'y jeter. Il doit se montrer chasseur
dynamique, tâlonner sa proie, la diriger vers les rêts et la
poursuivre jusqu'en ses derniers retranchements»1(*)2.
C'est par cette méthode basée sur
l'observation participante, que nous avions identifié les Dadjo
vivant à Libreville, puis intégré leur vie
funéraire. Nous nous sommes servis d'un guide d'entretien pour canaliser
nos questions. L'objectif de cette méthode est de recuéillir
seulement les informations pertinentes relatives à notre enquête
mais aussi d'orienter nos informateurs à répondre efficacement
aux questions qui entrent dans le cadre précis de notre recherche,
à savoir les rituels funéraires.
Ensuite, dans l'élaboration du travail, nous avons
présenté le peuple Dadjo dans le contexte historique, puis
décrit le déroulement et le retrait de deuil.
Nous nous sommes servis de la méthode de travail de
Louis Vincent Thomas selon laquelle la description précède
l'analyse de contenu du corpus.
a°) Pré enquête et l'enquête
de terrain
a°) Pré enquête
Pendant cette opération
d'observation, nous avons identifié les personnes cibles, les
informateurs Dadjo de Libreville, que nous avions eu à approcher et
interroger sur notre thème d'étude. Nous nous rendions les
matins, puis les soirs, respectivement à Akébé, puis
à Apostrophe, pour prendre contact et s'informer sur des
éventuels cas de mort.
Le but de ces déplacements est de tomber au
« bon moment », moment où un individu
décède, pour avoir opportunités d'observations et de
collectes. car il nous faudrait en ce moment là aperçus du
travail avant de formuler objectivement nos hypothèses. Durant cette
période, nous avons pris des rendez-vous avec nos informateurs car les
phases cérémoniels ne déroulent illico presto, parce que
personne ne sait pas exactement quand décède un membre des Dadjo.
Ces Rendez- vous s'étalent sur des jours et des mois d'attente. Aussi,
l'information n'est pas « récoltable » du coup car
elle se déroule sur des phases successives.
Entendu que quelques séquences observées sur
les cérémoniels funéraires ne sauraient cerner l'ensemble
des événements relatifs à notre étude, il nous a
fallu attendre qu'un membre de la communauté Dadjo décède
avant de trouver une opportunité d'enquête.
Enfin, lors de cette pré-enquête, nombreuses
sont des personnes qui m'interrogeaient sur la portée d'une telle
étude. Cette portée est ici connotée d'une forte charge
financière; car pour certains, ils suspectaient des blancs curieux de
connaître les noirs (dans leur culture); pour d'autres, moins
intéressés, c'est un travail inutile qui rapporte rien quand on
sait que « le vrai travail, c'est celui des bureaucrates...».
b°) L'enquête
L'enquête s'est déroulée de Mars à
Juin 2006. Elle a commencé et s'est achevé à Libreville,
au Gabon.
Nous nous sommes munis d'un enregistreur (radio K7) pour
certains entretiens que nous avons eu avec quelques informateurs, notamment
ceux réalisés auprès des femmes Dadjo endeuillées.
Outre le magnétophone, nous avons aussi un cahier et un crayon dans
lesquels nous notions toutes les informations importantes.
Ensuite, nous nous sommes rendus dans certains quartiers de
Libreville, Akébé et Apostrophe, où se trouvent la
majorité des Dadjo, pour les interroger sur les pratique
endogènes relatives à la mort. Nous avons évité au
passage de nous entretenir avec ceux qui ne les pratiquent plus depuis
l'introduction des rites islamiques et ceci malgré la rareté des
manifestations des cérémonies mortuaires.
Ce qui a frappé notre attention, c'est la
manière combien particulière des nos informateurs par rapport aux
questions posées mais aussi la difficulté de rendre compte en
français le descriptif ou certains aspects dudit rituel.
Enfin, l'immigration de ces peuples durant des trentaine
à quarantaine d'années a, soit éloigné certains
individus des réalités funéraires soit a permis plonger
dans des profondes controverses sur certains aspects du rituels même tous
étaient unanimes de leur présence.
Des camps d'oppositions se sont toute de suite construits lors
des questions. Pour les plus « radicalistes », les rituels
funéraires existent et leur mise en pratique est toujours
d'actualité; pour les moins conservateurs, ils les classent comme des
pratiques vétustes à ranger dans les tiroirs des oubliettes.
Enfin, toute l'enquête a commencé et s'est
achevée dans une ambiance de sourire et d'échanges fructueux:
repas, thé, historiettes, songes.
c°) Difficultés rencontrées lors
de l'enquête
Hormis le problème lié aux moyens financiers
qui est plus que d'actualité pour un étudiant
réfugié, mener une telle étude nécessite la
maîtrise de la langue Dadjo. Bien que locuteur circonstanciel du Dadjo,
nous nous sommes ainsi butés aux problèmes de la
compréhension du discours. La difficulté de restituer en
français est souvent passée par une interprétation qui,
reconnaissons-le, trahit malheureusement l'authenticité du discours par
trois faits majeurs:
-soit que la traduction prolongeait les mots, donc leur sens;
-soit que le sens y est mais approximatif de par la profondeur
des sens de mots Dadjo;
-soit enfin, il s'installe une espèce de
mésentente parce que mes tentations de traductions expliquaient plus
qu'elle ne traduisait le contenu discursif.
Aussi, ces aspects portent sur le comportement des
informateurs, qui souvent ne répondaient pas à toutes les
questions. Pour quelques uns, les problèmes de rituels ne doivent pas
être abordés avec légèreté. Car ce sont des
choses qui nécessitent une profonde connaissance de la vie et bien plus,
de la tradition. Par ailleurs, la réticence provenait du fait que pour
d'autres, ces « histoires », ils ne les avaient pas
vécues eux même. Ainsi, parler des problèmes que d'autres
personnes ont vécu était une sorte de sorte de profanation.
Nous avons entre autre constaté que certains
informateurs vivant à Libreville depuis longtemps, ignoraient totalement
ou partiellement le problème de la sorcellerie dans les conflits
d'héritage.
Pour beaucoup de personnes, cette recherche était
financée par l'Etat, pour ce faire il fallait qu'on leur en donne car
on ne fait rien pour rien. Sans quoi, ils ne libéraient pas
totalement l'information.
III- Présentation des Dadjo
a°) Histoire et Origine mythique
Ce peuple patrilinéaire et patriarcal, cultivateur de
mil, de sorgho, éleveurs de moutons et sédentaire, qui
connût des approximations d'approches longtemps discutées aussi
bien sur son origine que son existence.
En effet, l'histoire très controversée des
Dadjo du Tchad trouve sa source de départ dans la vallée du Nil
ou l'ancien soudan occidental ou Darfour, actuellement appelé Soudan,
jadis un pays aux paysages arides et aux peuples meurtris par la dictature des
hommes. Mystères, orgueils et cultes de la personnalité et de la
violence sont quelques uns des points qui pondérèrent ce peuple
dont il convient de se référer à l'origine mythique pour
apprécier son passé.
L'histoire des Dadjo est intimement au destin d'un chef
réputé tristement puissant, qui torturait et exécutait
ses sujets sans relâche et pour la moindre inadvertance. La trame de
l'histoire, par peur ou par omission ne rapporte la dénomination du
puissant guerrier du pays des savanes.
Et comme qui peut le plus, peut le moins, un jour, le
majestueux maître se fît mettre à l'épreuve par un de
ses sujets et pas n'importe lequel: une dame, une vieille femme aux âges
finissant vint près de lui et lui tint un langage de bravoure. Elle le
mit au défi et lui proposa de «monter une antilope, tetal, si
vraiment il était fort». A peine eût-elle fini ces mots que
celui-ci ordonna à ses sujets de lui capturer le maudit animal.
Ceux-ci ; dans la précipitation, exécutèrent et
attrapèrent cet animal aux pattes fuyant et à la peau de dain le
même jour où la décision eût été prise.
Entravée au pied d' un pilori, l'antilope se reposa
trois jours, histoire de s'abreuver et prendre du tonus, avant que le guide
suprême n'ordonna de monter dessus et ceci au grand dam de ses sujets qui
le regardèrent ébahis et dégingandés.
Aussitôt à bord de sa monture, le géant animal sursauta
dans le ciel puis rebondit, ensuite pris la poudre d'escampettes vers une
direction alors innommable et inconnue. Ces sujets, inquiets et surpris sur son
sort, le poursuivirent dans sa folle course. Dans leur lancée, ils (ses
sujets) trouvèrent et collectèrent des morceaux de haillons du
maître qui servaient d'indices de continuité et
d'investigation.
L'animal et le prestigieux roi tombèrent finalement
sous un arbre, morts de fatigue, de faim et de soif. Ils étaient presque
sans âme Ils étaient comme des morts. Ils étaient
réellement morts Ces sujets les trouvèrent et fixèrent
domicile sur ce lieu appelé Dar silla ou terre de message ou
littéralement « terre de paix ». Ils
annoncèrent la triste nouvelle aux fantassins (sujets) qui venaient pour
la même circonstance qui, à leur tour, s'arrêtèrent
et firent établir leur structure d'habitat.
Jus qu'aujourd'hui, ils pratiquent deux festivals annuels de
vénération au Kalge ou dieu en allumant des
Feux, mais aussi célèbre la récolte traditionnelle en
versant de l'eau et de la bierre sur les arbres et les pierres
sacrés.
Depuis ce jour là, les Dadjo ont établi
domicile dans les localités désormais tchadiennes de Banda, Eref,
Douziat, Abreche et Dar silla, localités qui eurent leur reconnaissance
historique suite aux conquêtes françaises et aux tracers des
frontières lors de l'exploration d'une et de la colonisation d'autre
part.
b°) Carte du Tchad
![](Les-rituels-funeraires-chez-les-Dadjo-vivant-au-Gabon3.png)
Troisième partie
III-Les types des rituels funéraires
II- Présentation des rituels funéraires
«endogènes» Dadjo
1°) Récit de vie Dadjo en 2006 de Oumar
yakoub
a°) Annonce du deuil
Fi bakane Dadjo,kane nadumum yudor yu mut da, kan
mara wala radjil,nass al yi khaburum da awal keda rudjal al
chuyab.
Fi lubba bed al mardan, zol al cahyib yi mariga
djama'à al dugag hatta yak chiffa al mardane.
Kan zol matt, al chaib yikalim lé rudjal,
hatta awin wa atfal. Iyal dugag yukalimum fadj à tann, aw yi khabirum be
istibal.khayifin le du'ufum.
Khabar hanna mott da, wakil bass yikalumum. Wakil da
zol ya riff yigalib be djuwad. zol da yamchi, yakhabira jama'à bel mott.
Alwakil ma'azun minnal kabiral khabila yikalima be filel aw be nahar hanna mott
le nass aw nass hannal khabila. Daw kalam al kalama: « kef kum
yass ! minina wahid bigui maffi » yi tardjumu be zol wahid
khalla dunia. Alwakil mahazun, ma yacharab almi wala yakhoud fi
Al akhbar yi kalumu be gangissinn ma be tulumm achann
yi tahrumu lil mayitt.
Al ahal yi lumu fi bed hanna
mayitt aw almayitta aw fi bedd hanna radjil aw fi bedd
hanna abbahattum, fi bakann abum aw fi bakkann khawalettum kann abum matt.
Khalass, almayitt yukhuttu fi usutt hannal bedd. Zubatt
yahassu lel mott.
|
Chez les Dadjo, lorsqu'un des siens est sur le point de
mourir, selon que ce soit un homme, une femme ou un enfant, ceux qui sont
prioritairement alertés sont ceux qui ont un statut social plus
important, notamment les hommes les plus âgés.
Dans la pièce où se trouve le malade
agonisant, un vieil homme fait sortir les personnes moins âgées
avant de tenir tout propos sur le malade. En cas de décès, il ne
doit l'annoncer prioritairement qu'aux hommes d'abord, puis aux femmes et les
enfants les plus âgés. Les enfants les moins âgés ne
s'informent que passivement, c'est-à-dire par des bouts de blagues que
la nouvelle leur est véhiculée pour ne pas déstabiliser
leur équilibre moral jugé faible. L'annonce du deuil est une
préoccupation masculine, car l'annonceur du deuil ou
« wakil » en question est lui-même
un homme, de préférence un cavalier, chassant galoper à
cheval et pouvant frapper sur le tambour. Car il a pour mission de faire le
tour des villages environnants pour annoncer le décès. Le
cavalier, mandaté par le chef de village ou le chef de clan ou les chefs
de villages, doit aller, le jour ou la nuit même du décès,
porter la nouvelle aux familles ou aux membres du clan ou du lignage. Voici le
contenu
du message : « une personne
dénommée telle est
décédée.kef kum yass ! minina wahid
bigui maffi » qui se traduit littéralement
par :« quelqu'un d'entre vient de laisser la vie ».
L'annonceur, pour témoigner sa compassion, ne
devait ni boire l'eau qui lui serait donnée ce jour, ni s'asseoir sur
une jolie natte sur laquelle il était censé s'asseoir. Ses habits
devaient être des haillons qu'il ne portait jadis que pour des travaux
des champs ou des activités manuelles dures. Le message est livré
en position accroupie mais jamais en station débout pour des raisons de
la politesse aux morts, au décédé en particulier.
La famille réunit dans la case du défunt ou
de la défunte, au domicile marital et si c'est un€
célibataire, la rencontre se fait chez les parents, notamment chez le
père si est vivant ou chez les oncles si le géniteur est
mort.
Là, le corps est posé au milieu de la cour.
Quelques hommes jeunes hommes aux bras solides surveillent avec attention la
dépouille mortelle.
|
Commentaire
L'annonce du deuil est une préoccupation masculine
parce que ce sont les hommes qui annoncent le deuil et non les femmes
jugées faibles et émotionnelles.
L'on note la position assise de l'annonceur et jamais
débout, ses habits en haillons qui sont les marques du respect aux
morts.
2°) Récit de vie Dadjo en 2006 de Mahadjir
Abdoulaye
b°) Enterrement
Kann al mayitt dah sininna chi ya, arba'à nass
yi daffinu : khawaleya wa wakilla al khabilla. Khabura yagutt fi bedd, fi
dungur hanna bedd. Maffi hizinn. Yi ghasumu ech hanna masar misil
sadakha.
Lakinn kan hu zol kabir, motta y iwaddu yi dafinu ba
itt minnal bedd.Al nass al yarfa'u dah, khawaleya, akhuwanna al
kubbar.
Al rudjal yankutu nugurra tawila wa yi da finu fogha.
Yi da khulu wa yi sudu be tine lel khabuur.
Ya goddu fi khubbur da, ahala lel mayitt. Yu khuttu be
tulla, idda wa ridjlenna yi rabitun fi hattab gawi. Fi idda, talata ghazaz
hanna
marise (condrong, cochatt, bilbil). Idda al zenna inda
harba achann yi daffi fogha.
Bechech bass, i suddu khabbur.
Yaghoddu fi khabbur, Yi sallu« Kan salok fi
Jama'a , gul fadal inti wahedak », yi tardjumu be « kan
rabbak sa'allak kalima ghul lo hu inti waheddak bass
fadal ».
Dah yi wasif wala Dadjo da irin yi ichu fi dar
ahallum.
|
Si c'est le défunt est un enfant de bas âge,
il serait enterré à peine avec quatre personnes, notamment ses
oncles et un sage du clan. Sa tombe serait située dans la maison,
à l'angle de la cour. Trois de deuil sont annoncés. Il sera
distribué des boules appelées
« Ambolo » ou maïs aux enfants en
guise de sacrifice.
Mais s'il est adulte, il sera porté loin de son
domicile marital où il sera enterré. Les personnes qui porteront
le corps sont toujours ses oncles, ses frères notamment les plus
âgés.
Les hommes creusent une tombe longue en hauteur,
puis en largeur. Ils introduisent le corps posant dans une station
débout, bras et mains liés à une échelle en bois
pendante et drue. Sous ses bras, 3 bouteilles d'alcool indigène
(condrong, cochatt, bilbil). La main droite tient une
épée en signe de vaillance, de bravoure et de défense.
Ensuite, en silence, des petites boues d'agile serviront de couvercle à
la tombe.
Assis sur ou autour de la tombe, les membres du clan prient
en ses termes: « Kan salok fi Jama'a , gul fadal inti
wahedak », qui se reprend par «si une
divinité demande avec qui tu vis sur terre, tu lui dis que tu
était le dernier survivant ».
Ce message témoigne de la volonté des Dadjo de
rester plus longtemps en vie ou de la volonté de ne pas quitter la terre
de leurs ancêtres.
|
Commentaire :
Le nombre des personnes qui enterrent varie en fonction de
l'âge, du statut ou de la biographie du mort. Il est restreint ou grand
selon que le défunt un bébé ou un héro. Ceci est le
même pour le lieu où se feront leurs tombes.
3°) Récit de vie Dadjo en 2006 de
Souleymane Bochi
C°) Déroulement du
deuil
Kann khallass dafanno, be achie, alwakil yaba
alkhabilla. Rudjal ya zurrughu hurrab fokh fi sahabb, ial wa awinn yu zuurughu
ghadda fokh, yistazonoh didd rabuhum achann challa naduumum.
mara Khabila, adjussai ti zayina wa ti wadiha fi bahr
ya khasulu djisimha. Kann kaballo fill bedd, almarra tin khazinn fi bedd hanna
radjilla
lakinn ma ti mas'si walla ti barrid wa takul akil
dughakk. Khabila tib tadih bil naharr lakinn ba'add aldifa'ne hannal mott. Kann
khalass daffano, alwakil, yaftah alkhabilla gidam al djaamma'à. Huy u
ghull : « khabila badatt » yi tardjim be yomal hizzin
tama'à.
Yi da i wa da'à deine djama'à kuluhum yi
da'u'. rujal yi zurghu hurab fi fokh, atfal wa awinn yi zurghu ghada fi fokh yi
wasifu za'àlum achann rabum challah nadumum. Al mara khabila, khalitta
ti zayinuha
|
Une fois le corps enterré, le soir, le
wakil ou déclare deuil: Khabila. Les
hommes lancent des épées en direction du ciel, les enfants et les
femmes des calebasses en l'air, exprimant leur mécontement contre la
divinité qui aurait tué leur sien. La femme endeuillée,
mara Khabila, est rasée par une sage, sa tante, et
conduite à une rivière où elle sera lavée tout le
corps. De retour à la pièce où elle vit, elle sera
enfermée dans la pièce de son mari où elle ne devait pas
se oindre ni se laver mais elle ne mangerait que des petites
nourritures.
La manifestation du deuil se déroule le matin mais
au lendemain de l'enterrement de la dépouille macabre. Une fois, le
corps enterré, le wakil, déclare le deuil devant
une assistance composée des hommes dans la cour de la maison. Il
dit : « khabila badatt » qui se
traduit par le jour du deuil est arrivé ».
Il récite une sentence, puis l'assistance reprend
en choeur. Les hommes lancent des épées en l'air, les enfants et
les femmes des calebasses dans le ciel, exprimant ainsi leur avoir tuer leur
sien. La femme endeuillée, « mara khabila »,
est rasée par une sage femme, sa tante en
général, dans le dortoir de son mari en son vivant. Ensuite, elle
restera enfermée dans la pièce où elle ne devait ni
s'oindre, ni se laver, même pour manger, elle doit suivre un
régime alimentaire bien spécifique: bouillie de maïs ou de
mil, sur une assiette à moitié pleine. Car, les Dadjo pensent que
si elle mange à satiété, elle oubliera son mari. Raison
pour laquelle elle doit suivre cette pénitence durant douze lunes.
Dans la pièce, elle dort sur une vieille natte,
à même le sol, sur une position gauche mais jamais sur la droite,
car les esprits gêneraient son sommeil par des cauchemars
récurrents. Il lui est interdit d'avoir des rapports sexuels durant ces
douze lunes.
|
Commentaire : Les
épées et les calebasses symbolisent la tristesse. C'est une
manifestation matinale, collective et répondant aux règles de la
société: un régime alimentaire bien spécifique, une
pénitence sexuelle de douze lunes et quelques règles
drastiques : ne pas s'oindre, se laver ou manger à
satiété.
4°) Récit de vie Dadjo en 2006 de Bochi
seid
d°) Les habits de deuil
khul gane hana mott zurug Khassatane hana awine. Kafom
KhalaKh da yamane le ridjleine num. Inda surwal yadji fi ruKbatum. Kulu Ke
nafara azaK. Azarag da yi wassif Ke nass da haznanine. Rudjal Khulganume hana
zare.
Iyal da ma lamam fi labissine hana Khulgane.LaKine ga
adine wasKhanine fi ymal mott.
Khulgane djudad, suKsuK wa dahab Kulu mamnu.
`
Nadoum Khulgana djadid nass yuchufu be eynal
Khadab.
Lubass nafar da nass yuchufu misil farha, wa da ma
adil wata hana zine.
Nass al yadju yiKalwudu lehum humma Kulu Khulganum
adil.
Awine, indum Khalla, laham, mile, dihine, jar hana
almi, dagid. Muchattum yi fartugu. Ma yu subu dihine fi djilidum. Yi barudu
bas.
choKolum talata yom bas, awine yadju be Khulgane hana
badiline.
Awine yalbaso Khulgane gudam aw wasKhanine.
Awine hana mayitt yabaso Khulgane djuddad.
|
Les habits de deuil sont noirs notamment pour les femmes.
Ils sont composés essentiellement d'une longue robe taillée
jusqu'aux talons et une culotte sautant en dessous de genoux, tous deux de
couleur noire. Ces couleurs témoignent la tristesse, la compassion et la
douleur. Les hommes sont en haillon ou habits de travaux champêtres. Les
enfants quant à eux sont littéralement laissés de
côté c'est à dire qu'ils ne sont pas concernés par
le port des habits de deuil quoiqu'ils soient tout sales durant le deuil.
En outre, Les habits neufs tout comme le port de perles,
de l'or ou les porcelains sont défendus. Un homme portant des habits
très proper serait mal vu par la communauté. Un tel port d'habit
neuf est une expression de fierté vivement reprimée durant de
deuil qui est cencé être le moment de compassion et de tristesse.
Les visiteurs sont décemment habillés, les femmes, avec des mils,
des viandes, du sel, d'huile, des jarres d'eau ou de la farine de sorgho. Les
tresses doivent être défaite pour témoigner leur
condoléances. Elles ne doivent pas s'oindre. Se laver est la chose seule
chose qu'elles peuvent se permettre. Etant donné leur séjour de
trois jours, les femmes des villages avoisinants ne doivent pas emporter avec
elles des habits d'échange.
Les femmes qui viennent se consterner doivent s'habiller
en haillons, des habits en général sales ou usés; seules
ses coépouses du défunt portent des habits neufs, nouvellement
cousus à la main et brodée à d'une aiguille artisanale ou
rarement portés parce que propres. Elles déposent des cauris ou
pièce d'argent en s'agenouillant devant la veuve c'est-à-dire
accroupi en génuflexion. Ensuite, elles pleurent en déversant des
grosses outre provoquées pour témoigner leur compassion ou leur
solidarité.
|
Commentaire : Le deuil
est caractérisé par le port des habits noirs,
témoignant la douleur et la tristesse. Entouré des interdits
comme le port des objets autour ou avec de cet habit particulier, ces objets
quelque soit leur symbole, sont vivement réprimés car ils
exprimeraient la joie qui est contraire aux moeurs du deuil chez les Dadjo.
Cette interdiction est tout à la fois valable aux visiteurs qu'aux
familles nucléaires du défunt.
5°) Récit de vie Dadjo en 2006 de Moumine
Absakine
e°) Fin des rituels
funéraires
Hizine yamurgu be fadjur ale saba. Marra al mahzuna da tamchi
ti ganguiz fi habur. Tukhutta duwane wahid fi habur ti gabila ale munchakh.
Bakane yi wasif bakane hana rabuhum ga it foga wa alga sadakha
dolda. Sadakha yi wasif ke marra kabalatta le gurus hana fatiha. Mihini le
gidam da, marra takdar takhuda nadum alhi tudora kan akhu sakheyir le mayit
maffi.Aw nadum alhi tu dora bas.
Kan wasalo bet, mara alradjila matt ti gasima laham du gak
hana kanam wa ech hana khalla le ial dugak aw le nas kubar alma induhum gurus
mara wahid.
|
Le retrait de deuil se fait le matin de bonne heure comme
c'était le cas pour le début de deuil. La femme endeuillée
ira à nouveau s'agenouiller sur la tombe. Elle dépose un canari
sur la tombe dans une orientation jugée « nord ».
Cette orientation signifie le lieu où est localisé la
divinité sensée recevoir ce cadeau: symbolisant la restitution
des biens matrimoniaux au mari. En d'autres termes, il annonce la fin du
mariage. Elle est désormais libre de se marier à qui elle veut si
le mari décédé n'a pas de frère pouvant le
succédé ou selon que le destin le décide.
De retour à la maison, la veuve distribue des
morceaux de viande de mouton et de la boule de mil ou de sorgho aux enfants ou
des adultes plus démunis.
|
Commentaire : Ce retrait du deuil
est matinal. Une offrande, généralement un canari et rarement des
morceaux de viande aux jeunes enfants, est adressée aux morts et
marquant la fin du mariage au cas le ou la décédé(e)
était en situation matrimoniale mariée.
6°) Récit de vie Dadjo en 2006 de Arabi
Absakine
f°) interdits funéraires
Marra al radjila matt ma tardud ma'a radjil naman arba in
yôm hana hizin yi kamil gabul. Kan hibas ragadad ma'a
nadum da, hakuma hana islam yuduguha arba in sot lakin ma fi widjiha. Imam aw
nadum yakhadim fi djami ye bas yu dugaha.
Kan khalass da, tibarit be almi achan tumurga waskh hana
djilidaha.
Kan khalass, battan tabada arba in yôm hizine min
bidaî ta.
Mam nu' le marra tabki le radjila kan matt fi din hana islam
achan dumu da wibadil yabga nar le mayit fi khiyama wa ta iba le mayit.
|
Il est interdit à la veuve d'avoir des rapports
sexuels avec un homme durant les quarante jours de deuil. Si elle enfreint
cette loi, elle sera frappée cent coups au dos mais pas au visage ni au
sein par l'Imam de la mosquée ou un haut fonctionnaire de la
mosquée. Ensuite, elle se lavera à nouveau pour purifier son
corps de souillure et des impuretés. Une fois ce rituel accompli, elle
se resocialise avec le deuil en recommençant les quarante jours
dès leur début.
Il est interdit à la femme de pleurer la mort de son
mari car les larmes versées lors des pleurs dans la vie serviront de
« feu » qui attiserait le corps du mari dans
l'au-delà.
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Commentaire : Outre l'interdit
sexuel châtié par des coups de fouet, on note aussi les
interdictions des pleurs considérées comme des marées des
larves susceptibles d'atteindre le mort dans la tombe,c'est-à-dire l'au
delà.
II- Présentation du rituel funéraire des
Dadjo islamisés
1)° Rituels islamiques en 2006 de Mohammat Oumar
a°)- Annonce du deuil
Marra al haznane tagot fi bet arba ine
yom.
Adjus bas tabada le hizin.
Ma targu ma'a radjul namman arba in yôm yi
kamil.
Da khal fi be da, takul waheda, ena ma yichifa radjil
wahid kulu.achan ein da inda zina fogga. Lakin, takdar tichifa awin wa ial
dugak.
Akhawatta bas yi sawu akil da malan lakin hi takul chi
ya bas, ma katir. Ti disa luguma chi ya bas achan djû ma yi sa yi ha
kadar yôm yi kamil da.
Kan arba in yôm tama da, nafsa mara tadji ti
tucha khul gan hana hizin. Ti wa li nar sa khe yar fi lubba bet hana radjil al
mat da, wa ti tucha farde al azarag ma'a yom al radjilla mat.
Kan khalas ti barrid fi bet be almi da tahir be
fajur. Yu waduha le akhawana le radjila achan ta'azil minnuhum wahid lakin
ma yi asuruha. Ala kuli hal, akhu le radjila al sakhe'yar bas yi zawidja likin
ma akhu alsakhe'yar marra wahid kan hu ga'id ma'ahum zata.
Mara dibas, hizatta bas tikhtar na'dum alhi tudorra
ma' rudjal ya yi azulu laha fi gaddah.
Fi wakit da, imam khalas gata' hizin da khalas.»
Khalas arba'in yôm hana hizin da tama' ala hasab Islam. Khalas baretti
nnafiski. Hali'yan takdare ti zawidji zol al galibki yi dora.
Kan rudjal ma'talaboha da, aw kan rudjal ma'fim aw
ma'induhum ni ye da, yi waduha fi bet hana abuha. Kan huda talaga amma aw kan
gadin sawa. Kan abuha mat, yi waduha fi bakan amma kan haye.
Ambe nat usbuh wa sana, takdar takhud radjil alhi
tidorra fi galiba.
|
La veuve est enfermée dans une pièce pour
une durée de quarante jours. C'est une vieille femme qui
décrète la sentence de deuil.
Il lui est interdit d'avoir des rapports sexuels durant
quarante jours.
A l'intérieur de la pièce, elle mange seule,
exclue des regards extérieurs notamment masculin, jugés sources
de convoitise et de pêché. Par contre, il lui est permis de
regarder les femmes et les enfants.
La nourriture est préparée par la soeur de
la veuve et lui est servie pleine mais elle doit se réservée de
tout manger. Elle prend quelques bouchées, juste pour tenir toute la
longueur de journée.
Au quarantième jour, la même sage femme vient
brûler les habits de deuil : elle allume un petit feu dans le milieu
de pièce maritale où le pagne noir est brûlé en
coïncidant avec le jour du décès du mari. Ensuite, elle se
lavera à son domicile avec de l'eau pure très le matin. Elle sera
présentée aux frères du mari parmi lesquels elle doit
choisir un d'entre eux comme mari sans en être contrainte. En
général, c'est le frère cadet du mari qui la marie mais
rarement le benjamin, bien qu'il soit candidat parmi ses frères.
Quoiqu'il en soit, il revient à la femme de porter le choix ultime de
celui qu'elle estime être son mari et non aux hommes de
s'auto-déclarer.
A partir de ce moment, l'imam a déjà
annoncé la fin de deuil. « tu es arrivée à la
fin de quarante jours prescrits par la loi de l'Islam. Tu as accompli ton
devoir. Maintenant, tu peux te marier à qui tu désires.
Au cas où il n'y a pas de candidat potentiel au
mariage, par leur absence ou par manque de volonté de la femme, celle-ci
sera conduite chez ses parents, au domicile de son père, si celui-ci a
divorcé sa mère ou chez sa mère si le mari cette
dernière est mort ou chez les deux, s'ils sont tous vivants. Ensuite,
entre une semaine ou un an, elle peut se marier à qui elle veut.
|
Commentaire : Cette annonce est
dictée par une vieille femme de statut de veuve. Une fois la sentence
est prononcée, il s'ensuit des immédiatement des interdictions
des regards extérieurs notamment masculins. L'abstinence sexuelle est
une chose remarquée chez la femme endeuillée.
2)° Rituels islamiques en 2006 de Habré
Abrass
b°)-Déroulement du deuil
Alhaznane yi dakhula fi bet limudda hana arba'in yôm.
Adjus bas tibalikha yôm hizin.
Mam'nu'u le marra haznane le targud ma'a rudjal namman arba'in
yôm. Fi lubba betta, takul waheda, rudjal ma' yuchufuha achan ma'yantiha
chahwa et zunub. Likin takdar tichif awin wa i yal dugag.
Akil da, akhawatta bas yi rakubu laha wa yantuha mal yan
tassa,likin lazim ma tikamila kulla.
Tichil la luggam bas le tisabita dju'a hana yôm.
|
La veuve est enfermée dans une pièce pour
une durée de quarante jours. C'est une vieille femme qui
décrète la sentence de deuil. Il lui est interdit d'avoir des
rapports sexuels durant quarante jours. A l'intérieur de la
pièce, elle mange seule, exclue des regards extérieurs notamment
masculin, jugés sources de convoitise et de pêché. Par
contre, il lui est permis de regarder les femmes et les enfants.
La nourriture est préparée par la soeur de
la veuve et lui est servie pleine mais elle doit se réservée de
tout manger. Elle prend quelques bouchées, juste pour tenir toute la
longueur de journée.
|
Commentaire : Le
quarantième jour marque la fin de cette manifestation. La nourriture
funèbre est préparée par les soeurs de la veuve qui, une
fois servie, serait consommée seulement à moitié. En Ceci
revient à dire que la femme jouit d'un repos par rapport à ses
activités ménagères.
3°) Rituels islamiques en 2006 de Hamissou
Baba
c°) Les prières
Al salah indaha wadjibad.minal wadjibad hana salatal
mot, fi alni ya ila sala ilalmayit aw almayitin wa wakhif be tul ila iza mafi
fursa niha i yan.
Asalah hi ya ma'a djama'a ma'a nata salasa insani kan
chi ya kulla li anna alrasul fa'ala kaza: « salu kama chuftuni sale
ta. » Iza insan al yi sallu kasiran, banfa'al mayit.
a yi mayit salo ale ya mi'ata muslim yi sa'uduhu wa
haza alrudjal yisamaha rabuhu.
Hadith balkha bukhari wa muslim,
Al-Nasâ'î, Al-Tirmidhî, Al-Bayhaqî,
Al-Tayâlisî et Ahmad.
fiha wadjibat kasira bi nisba salatal
mot.
|
La prière est soumise à quelques
règles. Parmi les obligations (rukn) de la prière
funéraire, se trouvent l'intention d'accomplir la prière pour le
ou les défunts ainsi que la position debout, sauf cas de force majeure.
La prière doit être collective (à savoir trois personnes au
minimum) car le Prophète l'a toujours fait ainsi et qu'il a dit «
Priez comme vous m'avez vu prier ». Plus le nombre de prieurs est grand,
plus cela est profitable au défunt : « Tout défunt
pour qui un nombre de cent musulmans prient sur lui et intercèdent en sa
faveur, leurs intercessions seront acceptées (dans une autre version :
il lui sera pardonné).» Rapporté par Muslim,
Al-Nasâ'î, Al-Tirmidhî, Al-Bayhaqî,
Al-Tayâlisî et Ahmad. Il existe plusieurs recommandations en ce qui
concerne le déroulement de cette prière. Tout d'abord, lors de
l'accomplissement de la prière,
|
Awalan, iza ibtadad alsalata, al imam yikharib li mayit
ila rasihi wa ila djismihi.
salasa rasasan yakun biwara ya lil imam.Lakin, iza fiha
nadum wahid, yisali wara ya lil imam, ma yisali djamba lakin wara ya.
Al awin yi salu wahedum fil mayit aw yidjtamu'u ma'a
rudjal walakin yaghodu wa'uhum kama zalika.
iza fiha mayitan kasiran, wadjib salatan takun
djami'an.
Munkin asalah takun ila a yi mayit kama fa'ala
alrasul.
Munkin tusali salatal mot ilal djami'a fi makan khas ilal
salawat ma yita.
|
l'imam doit se tenir au niveau de la tête pour le
défunt et au milieu du corps pour la défunte. Ensuite, il faut se
répartir en trois rangs derrière l'imam. S'il n'y a qu'une seule
personne avec l'imam, il ne doit pas prier à ses côtés mais
plutôt derrière lui. Les femmes peuvent procéder à
la prière des morts soit de façon individuelle, soit en groupe
avec les hommes, en se mettant derrière eux, comme pour la prière
ordinaire. En cas de décès multiples,
hommes et
femmes , il faut faire une seule prière collective.
Cependant il est permis de faire une prière pour chaque défunt
comme le fit le Prophète. Il est permis d'accomplir la prière
funéraire dans la mosquée mais il est préférable
d'accomplir la prière funéraire en dehors de la mosquée
dans un endroit réservé pour les prières
funéraires.
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Commentaire : Pour une
prière funéraire, il faudrait respecter quelques règles
fondamentales : par exemple avoir l'intention de prier, se tenir dans une
position debout et jamais assise, faire la prière de manière
collective avec l'imam et l'accomplir en dehors de la mosquée(dans les
esplanades et jamais à l'intérieur. Cette prière est
individuelle pour les femmes.
4°) Rituels islamiques en 2006 de Salif
Kochat
d°) Le déroulement du
deuil
Alhizin yukun fadjur amana bukura ba'at mot.
Kan khalas dafano, alwakil yabada lel hizin gidam
rudjal l ga'adin fi bet. Yugul : « khabila
tamatt » yotardjumu be yôm hana hizin tamma.
Yagiri aya wahid wa djama'a yaguru ma'aya.
Kan khalas, rudjal yizurgu hurab fokh, wa ial ma'
awin
Yizurgu gaga' fi fokh achan yi wasufu za'alum le
rabuhum le katala nadumum.
Mara alhaznane, « mara
khabila », khalita ti za yina fi bet hana radjila al
mat.
Kan khalas tagok fi bet likin ma' tise dihin, wala
tibarid. Kan tidor takul, yantuha akil khas : madide hana masar aw hana
khalla fi tasa nussa bas malan.
Achan Dadjo bugulu ke kan takul bilhen da, tansa
radjla, wa Kaman ma'adil.
Achan da mara ta'aab yaman atnachar
chahar.
Fi bet, targud fi birich, tinum be nussa al isra
lakin wa alzene achan djunun yi kharu'a fi nomma be hilim hana
khof.
Malazin targud ma'a radjul namman atnachar chahar
da yi kamil.
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La manifestation du deuil se déroule le matin au
lendemain de l'enterrement de la dépouille macabre.
Une fois, le corps enterré, le
wakil, déclare le deuil devant une assistance
composée des hommes dans la cour de la maison. Il dit :
« khabila tamatt » qui se traduit par
le jour du deuil est arrivé ». Il
récite une sentence, puis l'assistance reprend en choeur. Les hommes
lancent des épées en l'air, les enfants et les femmes des
calebasses dans le ciel, exprimant ainsi leur nervosité à la
divinité pour avoir tuer leur sien. La femme endeuillée,
« mara khabila », est rasée par une
sage femme, sa tante en général, dans le dortoir de son mari en
son vivant. Ensuite, elle restera enfermée dans la pièce
où elle ne devait ni s'oindre, ni se laver, même pour manger, elle
doit suivre un régime alimentaire bien spécifique: bouillie de
maïs ou de mil, sur l'assiette à moitié pleine. Car, les
Dadjo pensent que si elle mange à satiété, elle oubliera
son mari, ce qui semble anormal.
Raison pour laquelle elle doit suivre cette
pénitence durant douze lunes.
Dans la pièce, elle dort sur une vieille natte,
à même le sol, sur une position gauche mais jamais sur la droite,
car les esprits gêneraient son sommeil par des cauchemars
récurrents.
Il lui est interdit d'avoir des rapports sexuels durant
ces douze lunes. droite, car les esprits gêneraient son sommeil par des
cauchemars récurrents.
Il lui est interdit d'avoir des rapports sexuels durant
ces douze lunes.
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4°) Rituels islamiques en 2006 de Tebininga
tesbett
e°) Les habits de deuil
Les habits de deuil ou « cafane » sont
généralement composés d'un slip, d'une culotte
taillée jusqu'aux genoux.
Une chemise légèrement longue taillée de
l'épaule jusqu'au bassin appélée
« badane » et un chapeau fait de tissu qui couvrent la
tête. Un autre tissu couvre la tête et les pieds. Enfin, un dernier
tissu recouvre l'entièreté du corps. Les femmes(mortes) se font
couvrir sept fois alors que les hommes six fois.
Aussi, des morceaux de coton s'ajoutent au tissu et sont
fixé sur toutes les orifices du mort (yeux, bouches, narines, orteils,
aisselles, articulations, phalanges). Les parties molles telles du corps que
l'anus, le placenta font l'objet d'une couverture cotonnée.
Les personnes qui viennent se consterner n'ont point d'habit
particulier à porter. Tous les habits sont les bienvenus pourvus qu'ils
soient propres. Même les habits noirs sont les bienvenus. Qu'on soit
homme, femme ou enfant, le port du linceuil est obligatoire. L'homme
endeuillé n'a pas d'habit spécifique à porter même
si en deuil.
Commentaire :
« cafane » ou habit de deuil et
« badane » chapeau faits de tissu et des morceaux de
coton bouchant tous les orifices du corps. L'on note l'absence de
particularité d'habit à porter une fois qu'il est propre.
5)° Rituels islamiques en 2006 de Mohammat
Oumar
f°) Interdits
funéraires
Il est interdit de rire, de plaisanter, de jouer, de chanter
lors de l'enterrement en raison du respect aux morts et de
bénéficier des bienfaits plutôt que d'attirer des
péchés.
Les femmes ne doivent pas se présenter aux enterrements
et si elles y prennent part, par exemple pour fournir une aide en eau, elles
doivent rester à une certaine distance des hommes parce que la femme est
jugée à l'homme.
Il est interdit aux candidats à l'enterrement de
piétiner les tombeaux dont le Prophète Mohammed le compare au
piétinement de la braise. Ceci laisse supposer les dangers qui guettent
exprimés en péché pour le piétineur.
Il interdit de prier à côté des tombeaux
parce que jugé marouh ou blâmable parce
que le regard des tombeaux suscitent la peur et empêche le croyant de
bien accomplir leur prière.
De même qu'il est interdit de se soulager
c'est-à-dire d'uriner, de déféquer aux lieux des
enterrements. En cas de besoin, il est nécessaire de s'éloigner
sinon c'est un péché grave.
Quant aux positions du mort dans sa tombe, il est interdit par
exemple de poser sur la gauche, sa tête ne doit pas s'orienter vers
d'autres horizons que le Sud et les pieds se fixent vers le Nord et sa face est
orientée vers l'Est rappelant la direction de la Mecque ou Qaaba lieu
où est enterré le prophète Mohammed.
Commentaire : Il est interdit de
rire, de plaisanter, de jouer, de chanter par
respect aux morts et de bénéficier des bienfaits. C'est
pourquoi, il est formellement interdit aux femmes de se présenter
à l'enterrement parce que jugées trop faible. De même que
les lieux sacrés que sont les tombeaux ne sont pas à
piétiner. Leur piétinement est comparé au
piétinement de la braise dans l'Au delà. Enfin, la prière
très sacrée est interdite aux abords des tombeaux en raison des
peurs susceptibles de hanter les fidèles et de détourner leurs
intentions de prière.
6°)Rituels islamiques en 2006 de Tidjani
Mohammed
g°) Le retrait de deuil
Le retrait de deuil se fait le matin. Les hommes doivent lire
le coran et procéder aux invocations. On égorge un mouton ou
chameau ou un boeuf en guise de sacrifice. Les participants mangent
copieusement et manière collective et jamais individuelle. Ensuite,
vient la fathia ou lecture des litanies où des souhaits de protection
sont adressés aux morts contre l'enfer. On souhaite par exemple que Dieu
ouvre les portes du paradis au défunt.
La durée du retrait de deuil est fixé à
quarante jours c'est-à-dire à un mois et dix jours. Cette
durée n'est valable que pour la femme d'autant plus que l'homme n'est
concerné par cette durée. Une fois période de quarante
jours est comblée, on procède au retrait systématique de
deuil. Pour avoir porté les habits blancs de deuil, la femme doit les
enlever pour les remplacer avec des habits habituels tout en reprenant ses
activités quotidiennes. En principe, la famille du défunt ne
doit rien sacrifier parce que Dieu interdit de le appauvrir davantage. Ceci
revient à dire que les sacrifices sont les résultats des
cotisations provenant des familles étendues.
La fin de la cérémonie de retrait de deuil peut
être collective ou individuelle. Il n'y pas d'heure précise pour
lever la séance Les retardataires peuvent venir progressivement au lieu
de deuil à tout moment pour se consterner c'est-à-dire prendre la
fathia aux familles du défunt. Ceci prolonge de ce fait la durée
de la cérémonie pour toute une journée.
En cas de décès d'un jeune enfant, d'un
bébé, ou tout simplement d'un enfant de moins d'un an, il n'y
point de deuil mis à part l'enterrement et un sacrifice journalier des
nourritures offertes aux enfants.
Si un homme perd sa femme, il n'y a pas deuil, ni de retrait
de deuil. Les invocations mortuaires d'une journée seules suffisent
à couvrir l'événement.
Commentaire :
Le retrait se fait le matin. Lecture du coran est collectif et
est suivi des invocations des litanies puis un sacrifice de mouton en
guise de protection : tel est le menu du cérémoniel.
Les habits sont blancs de deuil symbolisant la pureté. Le
retrait de deuil peut être collective ou individuelle. Mais chez enfant
de moins d'un an, il n'y point de deuil mis à part l'enterrement et un
sacrifice journalier des nourritures offertes aux enfants.
III-Rôles des acteurs
a°)-Rôle des
Hommes
L'annonce de la mort est exclusivement masculine car les
femmes jugées trop frêles ne doivent se permettre d'annoncer un
tel drame. Ils sont les seuls à creuser la tombe et à enterrer le
corps macabre. Même si c'est une femme ou un enfant qui est
décédé, ce sont les hommes qui l'enterrent. Les
cérémonies de deuil sont convoquées par les hommes tout
comme l'information véhiculée marque l'oeuvre. Ils se chargent de
redistribuer les richesses du défunt, de payer les dettes si c'est le
cas. Les habits du défunt feront l'objet de partage aux femmes ou hommes
selon que celui-ci (le défunt) soit homme ou femme.
b°)-Rôle des
Femmes
Elles préparent la nourriture, le petit déjeuner
et le dîner aux hommes et aux enfants. Elles reçoivent les cadeaux
(mil, huiles, sel) et les hommes leur apportent de sucre, du thé,des
moutons, de génisse. Ce sont des pleureuses utiles pour rendre le deuil
vivant.
C°) Rôle de la
Mosquée
L'annonce de la mort est exclusivement masculine car les
femmes jugées trop frêles ne doivent se permettre d'annoncer un
tel drame. Ils sont les seuls à creuser la tombe et à enterrer le
corps macabre. Un homme informe l'Imam ou le fonctionnaire de
la mosquée et la Djama'à (les musulmans) qui
décident du jour de et de la procédure de l'enterrement du
mort.Mais juste avant le l'enterrement, l'imam délègue entre cinq
(5) et sept (7) personnes pour creuser et veiller sur la tombe. Ensuite sous
l'ordre de l'Imam, le corps du mort est entièrement lavé par des
musulmans ayant au préalable fait l'ablution avec une eau propre puis,
un lavage ou purification appélée djanaba qui
répond aux rites de l'islam. Il sera totalement
enveloppé dans un linceuil, tabout. Puis, les musulmans
viennent prier en station débout, mais jamais en genuflexion, à
la mosquée ou dans une esplanade proche ou dans le domicile du corps.
L'heure dépend de la disponibilté des musulmans mais si c'est un
vendredi, ils prient sur lui après la grande prière de midi. En
général, la prière mortuaire s'effectue en début de
matin. Au cas où l'individu est mort un soir, son enterrement aura lieu
au lendemain matin mais jamais la nuit, car la crainte des présences des
mauvais esprits hantent les vaillants bras à l'enterrement.
Quel que soit la période finalement
décidée par le guide spirituel, l'imam, le mort est
enterré le corps à même le sol, le visage couvert par un
tissu blanc, les oreilles bouchées par des fibres de coton. La
tête orientée en direction du Qàbaà,
direction de la mecque. Une longue prière lui est
adressée par ses siens en guise d'un adieu corporel.
De retour des lieux d'enterrement, les musulmans prient
régulièrement dans le domicile du disparu jusqu' au
septième jour du décès.
Aussi, Il est interdit à la veuve
d'avoir des rapports sexuels avec un homme durant les quarante jours de deuil.
Si elle enfreint cette loi, elle sera frappée cent coups au dos mais pas
au visage ni au sein par l'Imam de la mosquée ou par un haut
fonctionnaire de la mosquée. Ensuite, elle se lavera à nouveau
pour purifier son corps de souillure et des impuretés causées par
l'acte de fornication. Une fois ce rituel accompli, elle se resocialise avec le
deuil en recommençant les quarante jours dès leur début.
Il est aussi interdit de pleurer la mort de son mari car les larmes ainsi
versées lors des pleurs dans la vie serviront de «feu» qui
attiserait le corps du mari dans l'au-delà.
III- Esquisse d'analyses
1°) Changements
observés
Les rituels funéraires chez les Dadjo sont
restés le lieu des retrouvailles profondément collectives. La
mort est aussi la randonnée de la solidarité, de l'affection que
témoignent les membres de cette société.
Des cérémonies aux ports d'habits de deuil, les
membres consistent à tout une prescription qu'ils doivent obéir.
La purification des corps des personnes montre la rupture momentanée ou
le début d'un contact spirituel permanent.
Les rituels deviennent un exercice ou une pratique et
s'établissent dans la vie des individus. Ils permettent de
définir les statuts des membres. Ils deviennent des savoirs et
savoir-faire sur le mort ou la mort. Quant aux savoirs du mort, ils sont
transmis, le cas échéant, à sa descendance. Ceci
témoigne du lien ombilical qu'entretiennent enfants avec le
disparu. En outre, le patrimoine du mort, matériel ou immatériel
est jalousement conservé par ses siens et exercent une fonction
sacrée dans le groupe. Aussi, l'accompagnement du mort par
l'introduction des habits et de la bière dans le cercueil
témoigne de la continuité de la vie et de la reproduction des
moeurs et des cultures dans la nouvelle vie. Enfin, les interdits liés
aux ustensiles de cuisine montrent l'abstinence, la pénitence que doit
observer la famille endeuillée. C'est aussi la reproduction des
interdits qui assurent le fonctionnement des rituels.
2°) Les éléments endogènes
conservés
Comme éléments conservés, nous avons les
pleurs, le port des habits noirs, la nourriture funèbre. Ensuite, nous
observons que l'annonce du deuil est restée une préoccupation
masculine parce que ce sont les hommes qui annoncent le deuil et non les femmes
jugées faibles et émotionnelles. Est ce une coïncidence avec
les rituels islamiques ou un fait culturel résistant aux cultures
introduites à la société Dadjo ? Un
élément de réponse est esquissé dans la conclusion
de ce travail.
Aussi, nous avons constaté que le régime
alimentaire et la pénitence sexuelle imposés aux personnes
endeuillées ont été jalousement conservés et, peut
être, en raison de leur caractère particulièrement
sacré ou en raison du respect accordé aux morts. Le respect de
statut, en fonction de l'age ou du sexe du mort, n'a pas vraiment
varié.
Bref, tous les cérémoniels du deuil, ne serait
que par le déroulement de leurs phases successives, sont restés
mémorables et praticables par les Dadjo convertis à l'Islam.
Conclusion
Cette recherche nous a permis d'identifier la nature des
rituels funéraires chez les Dadjo et de classifier leur
représentation culturelle. Il découle, en effet, que les rituels
funéraires Dadjo sont cérémonielles, faisant appel
à des procédés spécifiques, la coupure du temps
cérémoniel, pour rendre effectif leur déroulement. La
cérémonie suit un ordre temporaire très délicat,
révisant au passage la notion de rituel de manière globale. Ces
rituels se matérialisent par la parole, la prière, la danse, etc
et par là trouvent leurs effets.
Il est important de souligner que cette recherche n'est qu'un
pas qui nécessite un approfondissement lors des études
ultérieures. Il ne s'agit là que dune ébauche, brossant
succinctement le déroulement, la croyance et le mythe lié au
rituel. Il est certes clair qu'en tant apprentis de la culture et de la
science, nous nous sommes achoppés sur quelques difficultés
de nature méthodologique et nous avons aussi rencontré de
problèmes de traduction des concepts endogènes en
français. Enfin, dans le souci de rendre compte des rituels
funéraires dans leurs aspects les plus diversifiés, nous
souhaitons la finalisation de cette étude dans les années
suivantes, plus précisément en DEA.
Photographies commentées
Photo.1
![](Les-rituels-funeraires-chez-les-Dadjo-vivant-au-Gabon4.png)
Commentaire
« Placer le défunt sur une table
surélevée. Faire l'intention du lavage. Dévêtir le
défunt tout en laissant couvertes ses parties intimes. Homme: du
nombril à la moitié de la cuisse Femme : de la poitrine aux
genoux. »
Photo. 2
![](Les-rituels-funeraires-chez-les-Dadjo-vivant-au-Gabon5.png)
Commentaire
« Commencer par presser
légèrement le ventre et le bas-ventre du défunt afin de
faire sortir des restes, qui risqueraient de souiller le linceul une fois le
lavage terminé. Laver ensuite les parties intimes en utilisant un gant
(de toilette). Enlever toute trace de souillure (excréments, urine,
sang...). Enfin laver le reste du corps ».
Photo.3
![](Les-rituels-funeraires-chez-les-Dadjo-vivant-au-Gabon6.png)
Commentaire «Effectuer pour le
défunt les petites ablutions (wudû) comme pour effectuer
la prière puis procéder au lavage rituel
(ghusl) ».
Photo.4
![](Les-rituels-funeraires-chez-les-Dadjo-vivant-au-Gabon7.png)
Commentaire
« Procéder au lavage rituel du corps une fois
avec de l'eau propre (sans savon ni parfum selon l'imam Mâlik), en
commençant par la tête, puis la partie droite du e buste et le
membre supérieur droit, puis la partie gauche du buste avec le membre
supérieur gauche, puis les membres inférieurs droits et enfin les
membres inférieurs gauches. S'il y a nécessité on peut
rajouter deux ou quatre lavages avec du savon. Veillez à ce que le
nombre de lavage soit impair dans la mesure du possible. Utiliser de l'eau
parfumée pour le dernier lavage, excepté pour le pèlerin
en état de sacralisation ».
Photo.5
![](Les-rituels-funeraires-chez-les-Dadjo-vivant-au-Gabon8.png)
Commentaire
«Pour la défunte, défaire les cheveux pour
le lavage puis une fois celui-ci terminé, faire trois tresses et les
mettre en arrière de la tête, et non pas sur la poitrine.»
Photo.6
![](Les-rituels-funeraires-chez-les-Dadjo-vivant-au-Gabon9.png)
Commentaire
« Après avoir fini le lavage,
sécher le corps avec du linge propre, afin d'envelopper le corps dans le
linceul. Mettre du parfum (ou du musc) sur les parties de prosternation du
corps (front, nez, mains, genoux, pieds) dans la mesure du possible, ainsi que
sur les autres parties du corps comme le faisaient certains compagnons du
Prophète (PBSL), excepté pour la défunte. »
II- Localisation géographique
a°) CARTE DU TCHAD
![](Les-rituels-funeraires-chez-les-Dadjo-vivant-au-Gabon10.png)
-Références bibliographiques
1°) BAUDRY Patrick, La
place des morts, Enjeux et rites, A.Colin, Paris, 1996.
2°) BONTE Pierreet IZARD
Michel, Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie.
Paris: P.U.F.; 1991, NP 633.
3°)BURKERT Walte,
Structure and History in Greek Mythology and Ritual,
p.105-111.
4°) CALAME-GRIAULE ève, Ethnologie et
langage: la parole chez les Dogons. Paris: Éditions Gallimard;
1965.
5°) CAZENEUVE Jean, Sociologie du
rite (tabou, magie, sacré), Paris, PUF, 1971.
6°) CAZENEUVE Jean, Les Rites et la
condition humaine, 1959 et 1966.
7°) Cresswell Robert,
Eléments d'ethnologie, N°2, Paris: Armand
Colin
8°) DECARY Raymond, La mort et les
coutumes funéraires à Madagascar, Paris, Maisonneuve
Larousse, 1962.
9°) DORFLES Gille, Rites et mythes,
Paris, 2002.
10°) DURKHEIM Emile, Les formes
élémentaires de la vie religieuse, Paris, édition
Librairie Générale Française, 1991, P.22.
11°) FARON Louis C. , les
rites de la mort et de la fertilité des indiens Mapuches du Chili
central, Paris, Ethnology, 1963 pp.135-156.
12°) JAULIN Robert, La mort
sara, Paris, Plon, 1967.
13°) LEVIS-STRAUSS Claude, La
pensée sauvage. Paris: Plon; 1962.
14°) LAPLANTINE François in
anthropologie symbolique, Paris: bibliothèque Payot, 2002;
15°) LEVY Isabelle, Soins
& Croyances,Hi dear Bro. ALAMINE
16°) MALINOSKI Bronislow, les
argonautes du pacifique occidentale, Paris, PUF, 1922.
17°) MEAD Margaret, The coming of
age in Samoa, 1927, Traduction : G. Chevassus - Réunit deux livres
publiés séparément en édition américaine
originale.
18°) PIETTE Albert, Situations de
mort: Règles d'énonciation dans une activité
religieuse, Études sur la mort, n°125, juin 2004.
19°) PIETTE Albert, La
religiosité dans les rituels collectifs contemporains,
Ethnologie des faits religieux en Europe , Paris, Editions du
Comité des Travaux historiques et scientifiques, 1993 pp. 307
20°) PIETTE Albert, Les rituels : du
principe d'ordre à la logique paradoxale, Cahiers internationaux de
sociologie, 1992, Vol. XCII, pp. 163-179.
21) PIETTE Albert, Pour une anthropolHi
dear Bro. ALAMINE
22°) PIETTE Albert, Les jeux de la
fête, Paris, 1988, Publications de la Sorbonne.
23°) THOMAS Louis-Vincent, La
mort, Paris, P.U.F., «Que sais-je?», 1990.
24°) THOMAS Louis-Vincent, La mort
aujourd'hui, Paris, Éditions du Titre, 1988.
25°) THOMAS Louis-Vincent, Rites de
mort, pour la paix des vivants, Paris, Fayard, 1985.
26°) THOMAS Louis-Vincent, La mort
africaine. Idéologie funéraire en Afrique Noire, Paris,
payot, 1982.
27°) THOMAS Louis-Vincent,
Anthropologie de la mort, Paris, Payot, 1976.
28°) TONDA Joseph, La
guérison divine en Afrique centrale (Congo, Gabon). Paris,
Karthala, 2002.
29) J. Tonda, Enjeux du deuil et
négociation des rapports sociaux de sexe au Congo,
Cahiers d'études africaines, 157, 2000.
http://etudesafricaines.revues.org/document1.html
30°) VANGU Ngimbi I, Jeunesse et
contestation socio politique en Afrique, Paris, Harmattan, p 283.
31°) WEBER Marx, des religions
(choix de textes et traduction par J-P. Grossein), Paris, Gallimard, 1996.
32°) ZIEGLER Jean, Les vivants et la
mort, Paris, Seuil, 1975.
33°) http://fr.wikipedia.org.
-Sources orales
1°) Oumar yakoub, 14 janvier 1954 à Douziat,
Dadjo, clan Issé, lignage Aissé, Habitant Akébé,
Libreville, Gabon.
2°) Mahadjir Abdoulaye, 04 Aout 1960 à Banda,
Dadjo, clan Toumné, Habitant Apostrophe, Libreville, Gabon.
3°) Souleymane Bochi, 24 ctobre 1962 à Dar
Silla, Dadjo, clan Pida, Habitant Apostrophe, Libreville, Gabon.
4°) Bochi seid ,17 Juin 1956 à Abreche,
Dadjo, clan Noungoune, Habitant Akébé, Libreville, Gabon.
5°) Arabi Moumine Absakine, 30 janvier 1939 à
Douziat, Dadjo, clan Issé, lignage Aissé, Habitant
Akébé, Libreville, Gabon.
ANNEXE
Elaboration d'un lexique des terminologies
funéraires dadjo
IrisKé : la mort
Amkirsi : le mort
Hiziné : Rituels
funéraires
MaKhabre : Tombe
Ouré Kirsi : une femme
morte
Yowé Kirsi : un homme
mort
Dine : religion
Sadkiné : cérémonie de
nourritures funéraires
Kisené : Habits
funéraires
Qalwada : Deuil
Zadné : Offrandes
funéraires
Kabiba : femme en deuil
Table de matière
Introduction
a. Sommaire
b. Remerciements et dédicaces
c. Introduction
Première partie: Approche théorique
I- Objet d'étude et Champ
d'étude
a°) Objet d'étude
b°) Cadre théorique
c°) Champ d'étude
II- Problématique et
Hypothèses
-Problématique
- Hypothèses
III- Définition des concepts
a°) La mort
b°) Les rituels
IV- Revue de la littérature écrite et
présentation des informateurs (durée, aspects
traités....)
A°) Les ouvrages
B°) Les informateurs
C°) Etat de la question
D°) Perspectives d'étude
Deuxième partie: Approche
méthodologique
I- Méthodologie de travail
a°) Pré enquête
b°) Enquête de terrain
c°) Difficultés rencontrées
II- Localisation géographique
a°) Carte du Tchad
b°) Carte de Gouziat
c°) Carte de Gabon
d°) Carte de Libreville
III- Présentation du peuple Dadjo
-Origine mythique
-Histoire Dadjo
-Les Dadjo au Gabon ( Libreville)
-Carte du Gabon
-Carte de Libreville
Troisième partie: Les types des rituels
funéraires
I - Présentation des rituels funéraires
«endogènes» Dadjo
a°)-Annonce du deuil
b°)-Enterrement
c°) Déroulement du deuil(enterrement)
d°)-Les habits de deuil
e°)-Retrait de deuil
f°)-Interdits
II- Présentation du rituel funéraire
islamique «endogènes» Dadjo
a°)-Annonce du deuil
b°)-Enterrement
c°) Déroulement du deuil(enterrement)
d°)- Les habits de deuil
e°)- Retrait de deuil
f°)-Interdits
III Rôles des acteurs
a°)-Rôle des hommes
b°)-Rôle des femmes
c°)-la Mosquée
Esquisse d'analyses
Conclusion
Références bibliographiques
Sources orales
Lexiques
Annexes
* 2 Samuel P.
Huntington, Choc de civilisation, Paris, Odile Jacob, 1999,
p.2
* 3 D.
Sperber, Anthropologie et Psychologie, Man, 1985, P.
32
* 4 E. Durkheim,
les formes élémentaires de la vie religieuse,
Paris, édition Librairie, Générale Française, 1991,
p.22
* 6 L. V.
Thomas, la mort aujourd'hui, Paris, Éditions du
Titre, 1988, p. 18
* 7 Idem p. 20
* 8 A. Van
Gennep, Dictionnaire de l'anthropologie, Paris: P.U.F, 1991,
p.633
* 9 G.
Balandier, Sens et Puissances, Paris, Puf, 1971, p. 14
* .
* 1 0 E.
Durkheim, Les règles de la méthode
sociologique, Paris, PUF, p.16.
* 1 1 L. V. Thomas,
Cinq essais sur la mort africaine, Faculté des lettres, Dakar,
1968, p. 97.
* 1 2 I, Vangu Ngimbi,
jeunesse, funérailles et contestation sociopolitique en
Afrique, Paris, L'harmattan, 1999, p. 92
* 1 3
* 1 4 P.
Bonté et M. Izard, Dictionnaire de l'ethnologie et de
l'anthropologie, Paris, P.U.F.; 1991, p. 633.
* 1 5
Françoise Dussart, The Politics of Ritual in an Aboriginal
Settlement Kinship, Gender and the Currency of Knowledge, Washington et
Londres, Smithsonian Institution, Press, 2000, p. 269
* 1 6 Président et
dictateur tchadien, accusé de meurtre de plus de quarante mille personne
entre 1982-1990
* 1 Bronislow
Malinoski, les argonautes du pacifique occidentale, Paris,
Puf, 1922, NP. 65
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