Memoire Online - Rapport de stage sur la prise en charge des bénéficiaires de l'aide alimentaire en Gironde par les restos du coeur

Ce travail répond aux exigences de l'IUT carrière sociale de Bordeaux 3 pour l'obtention du DUT en animation sociale et socioculturelle, en option : Gestion du Développement et l'Action Humanitaire.

Avant notre entrée à l'IUT nous avions un projet professionnel qui visait le secteur de la production agricole et l'autosuffisance alimentaire. Ce projet s'est consolidé au fil du temps avec les enseignements reçu au cours de la formation, ce qui justifient également le choix des différents travaux menés au cour de ladite formation, notamment notre ECP (Etude du Champs Professionnelle) axée sur l'organisation rurale et le métier du conseiller agricole ; notre mémoire soutenu autour de la question de l'aide alimentaire monétisée, une vraie question de taille en ce qui concerne la sécurité alimentaire dans les pays du sud.

Ainsi, ce stage de formation et d'information au restos du coeur de la gironde vient s'ajouter aux nombreuses recherches que nous avons effectué dans ce secteur qui n'est pas loin de la question posée de l'autosuffisance alimentaire, puisqu'elle se substitue dans certains cas et dans d'autres contextes à la production agricole et contribue ainsi à la sécurité alimentaire.

Nous avons choisi de rendre ce travail de rapport en trois étapes liés les uns aux autres par une suite logique partant de la présentation du contexte de stage à travers la connaisse de la structure et de son réseau de travail ; la discussion sur les connaissances relatives au champ professionnel, en s'accentuant sur les actions menées et leur pertinences ; puis, nous terminerons avec une phase d'analyse sur l'ensemble de nos activités et de la structure d'accueil.

Nous nous pressons de rappeler que ce travail est une partie de nos recherches sur la question de l'aide alimentaire avec pour notion sous-jacente la « sécurité alimentaire » (voir rapport de stage au Burkina sur la production agricole dans la région des Hauts Bassins).

Département du sud-ouest de la France dont le chef-lieu est Bordeaux, la Gironde est située en Aquitaine, sur le littoral atlantique. Il forme le coeur de la région historique de Guyenne et s'étend également sur le Médoc.

Le département emploi dans plusieurs secteurs différents, notamment dans le transport, l'industrie, le commerce, la télécommunication, l'informatique, l'agriculture, l'agro alimentaire et j'en passe. Cependant, la grande richesse de l'Aquitaine reste les vins de Bordeaux avec les prestigieuses appellations : sauternes, saint-émilion, pomerol, médoc, etc.

Le vignoble bordelais (113 000 ha en AOC) est le troisième français pour la production, avec un total moyen annuel de 8 millions d'hectolitres qui représente 86 p. 100 de la production agricole du département de la Gironde et 44 p. 100 de celle de la Région Aquitaine.

L'aide alimentaire apportée aux populations démunies en France de façon générale et en gironde plus particulièrement est une conséquence « logique » de la situation de précarité qui se développe au sein de la société Française. Cette précarité touche très souvent une population dont la moyenne d'âge se trouve entre 40 et 60 ans pour des raisons d'instabilité professionnelle (ils ont du mal à trouver du boulot), et les travailleurs retraités qui reçoivent des pensions trop faibles pour subvenir à leurs besoins élémentaires. Il y a aussi les foyers monoparentaux où les revenus sont insuffisants pour nourrir un nombre très souvent important d'enfants, pour ne citer que ceux-la.

Bien au-delà de ces manifestations qui paraissent anodines et simples, il y a une réalité sociale plus complexe qui semble échapper aux politiques et que les associations comme les restaurants du coeur en ont fait leur bataille, à la fois dans un but social mais aussi dans une perspective d'avenir plus serein et d'une société plus « équitable pour tous ».

La Gironde tout comme les autres départements d'Aquitaine n'échappe pas à la situation de précarité dans lesquelles vivent certains individus voire certaines familles. C'est donc l'un des tout premiers départements qui a répondu à l'appel de Coluche pour venir en aide à ces populations.

Aujourd'hui les restaurants du coeur sont représentés en aquitaine par 35 centres et 6 antennes qui viennent en aide aux plus démunis sous les formes suivantes :

Pour répondre efficacement aux besoins de cette population démunie, les restaurants du coeur se sont constitués en plusieurs pôles ou « sections » que nous avons décidé de présenter ici en deux domaines principaux, pour pouvoir mieux circonscrire notre objet d'intérêt et pouvoir le présenter. Les deux domaines sont :

Les restaurants du coeur est une association dont la charpente, voire la structure est essentiellement constituée de bénévoles. Dans le domaine de l'insertion, ces bénévoles s'activent à écouter, à informer, à orienter et accompagner ces exclus de la société dans des situations à chaque fois différentes : problèmes administratifs et juridiques, allocations familiales, sécurité sociale, CMU, RMI, suivi médico-social...

Dans ce domaine en dehors des soutiens administratifs il y a plusieurs activités qui sont mises en place par des équipes de bénévoles, il s'agit notamment de :

Le « cinéma du coeur » est une activité qui consiste à offrir des places de cinéma aux enfants et aux parents dans le seul objectif de leur permettre de participer à la vie culturelle, c'est un pas vers l'insertion sociale.

Les restaurants du coeur, toujours dans l'objectif d'épanouir les exclus sociaux et leur redonner confiance en participant aux activités culturelles, offrent également des places de spectacles tel que : le théâtre, spectacles de danses, concerts, etc...

En ce qui concerne le sport, en accord avec certains clubs de la ville, des inscriptions gratuites sont données enfants. Certaines piscines de la ville offrent aussi des places gratuites pour les enfants.

Dans la mesure où la situation financière de certaines familles démunies ne leurs permettent pas de s'octroyer des vacances, dans un souci d'équité avec les autres enfants, les bénévoles organisent des séjours vacances.

Parmi les populations démunies il y en a qui ont des compétences et ceux qui manifestent le besoin d'en acquérir afin de se frayer un passage vers une vie économique et sociale stable et décente.

C'est dans cet optique que les restaurants du coeur, pour les soutenir dans leurs projets, s'engage auprès d'elles pour les offrir :

- une activité salariée, contrat d'avenir (C.A) ou contrat d'accompagnement dans l'emploi (C.A.E),
- un lieu pour préparer son avenir professionnel avec un suivi personnalisé et une formation,
- un moment pour être aidé dans ses démarches (de logement, de santé, administratives...).

Au niveau des restaurants du coeur de la Gironde, cette insertion par l'activité économique s'articule autour de trois Chantiers qui occupent en continu une trentaine de salariés :

* Les Jardins du coeur, où les salariés réapprennent un rythme de travail soutenu avec pour but de leur redonner le sentiment d'une utilité sociale. Là encore, l'activité est encadrée par des bénévoles.

* Le dépôt départemental, constitue la Plate-forme Logistique de la Gironde pour l'aide alimentaire.

Avec un flux de 850 tonnes entrées/sorties (soit 1600 tonnes traitées) et 85 tonnes de collecte en période hivernale uniquement car l'activité se poursuit aussi le reste de l'année.

Réception, stockage, préparation et livraison hebdomadaire de 34 centres de distribution pour plusieurs gammes de produits (secs, surgelés, laitage, fruits et légumes) soit 3x34=112 préparations de commande mises en livraisons ou mises à disposition des centres de distribution.

Entre 10 et 7 salariés (préparateurs, manutentionnaire, chauffeurs livreurs) sont tous les jours en première ligne pour assurer ce service qui sans eux serait fortement compromis. Au fil du temps tous peuvent acquérir une véritable compétence et se former.

C'est la cellule qui s'occupe au niveau des restaurant du coeur gironde de logement. Ici il s'agit de loger le bénéficiaire soit de façon temporaire (logement d'urgence) soit de façon continu en l'accompagnant vers un logement stable. Les restaurants du coeur de la gironde disposent de 14 logements d'urgence et de 20 logements de location.

Nous rappelons tout de même qu'au début de l'aventure qui a donné naissance aux restaurants du coeur il y avait l'idée prépondérante de donner un peu de quoi manger à ceux qui n'en ont pas. L'association s'est donc articulée autour de la question de l'aide alimentaire aux démunies. Pour se faire, au niveau de la Gironde, les restaurants du coeur ont mis en place des stratégies et actions pour atteindre leurs objectifs dans ce domaine. Parmi ces stratégies il y a la mise en place des centres de distribution, la mise en place d'un accueil de jour et la mise en place du bus du soir.

Considéré comme un lieu d'échange entre les bénévoles et les bénéficiaires au plus près de leurs réalités, le bus de nuit ne fonctionne que pendant l'hiver. Il distribue des sandwichs, des fruits et jus de fruits, des yaourts, des biscuits, du chocolat, du café, des oeufs durs, des soupes chaudes et de la chaleur aux gens de la rue toutes les semaines, 5jours sur 7 durant tout l'hiver de 19h à 22h.

C'est le centre d'accueil des restaurants du coeur qui reçoit les populations SDF de la gironde entre 9h et 13h 30. Des repas chauds préparés par les bénévoles eux-mêmes y sont servis de façon gratuite (le petit déjeuné et le déjeuné). Le but de cet accueil est de proposer aux populations démunies qui, non seulement ne peuvent plus se payer un repas pour survivre, mais aussi et surtout se trouvent dans la rue pour des raisons souvent d'ordre sociales ou/et administratives, un lieu de retrouvaille où il peuvent se reposer et prendre des forces pour affronter leurs dures réalités.

Au centre d'accueil de jour, ces populations bénéficient également d'un service de nettoyage, d'un service de coiffure, d'un service de douche et d'un service de santé en partenariat avec les Médecin du Monde (MDM).

L'accueil du jour fait donc parti des trois centres dans lesquels nous avons effectué notre stage au sein de l'Association des restaurants du coeur en gironde.

Parmi les 36 centres des restaurants du coeur connus de la gironde, il y a les centres de distribution alimentaires où des familles, des individus en situation précaire ou démunies viennent se ravitailler en vivres.

Il s'agit d'une organisation minutieuse qui consiste à recevoir et à inscrire les potentiels bénéficiaires selon des critères bien précis basés sur la situation socio-économique de ceux-ci ; l'aide est accordée aux plus nécessiteux.

Dans la mesure où nous avons effectué notre stage dans deux des centres de distribution des restos en gironde, notamment ceux de la gare Saint Jean et celui du cours Saint Louis, nous reviendront plus en détail sur l'organisation de ces deux centres.

Concernant l'aide alimentaire apportée aux populations démunies par les restos du coeur, au niveau des centres de distribution il y a une population particulièrement fragile qui bénéficie d'une attention particulière des bénévoles : les enfants.

C'est ainsi qu'a été crée un centre de distribution spécial bébé appelé : le resto bébé.

* Le resto bébé, c'est un lieu d'accueil où les futurs parents et les parents en difficultés financières trouvent une aide matérielle adaptée aux besoins spécifiques des enfants âgés de quelques jours à 18 mois, mais aussi une écoute, un espace de partage et d'échange avec des bénévoles expérimentés, ainsi qu'avec d'autres parents bénéficiaires.

C'est également un espace de prévention et d'orientation vers les structures extérieures existantes.

L'objectif consiste à créer une relation de confiance avec les parents en s'appuyant sur une distribution alimentaire adaptée mais aussi tout ce qui fait le confort du bébé : poussettes, vêtement, jouets, hygiène, etc...

C'est une organisation non gouvernementale française spécialisée dans les soins aux populations en péril à travers le monde et aux populations exclues du système de santé en France. Reconnue d'utilité publique en 1989, ayant obtenu un statut consultatif au Conseil économique et social des Nations unies dix ans plus tard, l'association a mis en place partout en France et à Bordeaux un nombre important de centres de soin ténus par des infirmières, médecins et autres, tous bénévoles.

Les MDM de Bordeaux ont signés un accord de partenariat avec les restos du coeur, plus particulièrement avec le centre d'accueil de jour de Bordeaux Bassin à flot où nous avons effectué une bonne partie de notre stage au resto, ce pour orienter et donner gratuitement les premiers soins aux populations SDF (et autres) de Bordeaux.

En dehors des achats en gros effectués et livrés par les services nationaux des approvisionnements des restos du coeur, au niveau de la gironde, un nombre important de Magasins (ou supermarchés) offrent des produits alimentaires et autres à l'association. Ce partenariat est rendu passible grâce à la signature d'un « contrat de dons de nourritures » signé entre les parties (les centres des restos du coeur et les magasins). Nous reviendrons plus longuement sur la nature de ce contrat dans le chapitre analyse de l'organisation de la structure.

A Bordeaux un nombre important d'associations s'occupe de la distribution alimentaire, mais très peu d'entre elles font de la distribution gratuite à l'image des restos du coeur. Dans la mesure où les restos du coeur ne peuvent satisfaire l'ensemble des nécessiteux du département, puisque la prise en charge est soumise à des conditions que certaines personnes ou familles ne peuvent remplir, le réseau des associations de l'aide alimentaire prennent alors le relais lorsque les critères y correspondent. Certaines d'entre elles font ce qu'on pourrait appeler de la monétisation de l'aide alimentaire, dans la mesure où les repas sont vendus à moindre coût aux bénéficiaires. Tout dépend de l'origine de l'aide et de la façon dont elle est distribuée, car s'additionne quelquefois de la valeur ajoutée pour celles qui ne sont pas exonérées des taxes, sans compter la main d'oeuvre lorsqu'il s'en suit des services de table et autres. C'est le cas du restaurant la Marmite sur la rue des ménuts à Bordeaux centre où les repas sont servis à midi pour 2,40€ (en partenariat avec l'association du réseau 32) ; l'association Gargantua aussi en fait partie, elle propose des repas pour 1€.

La Banque alimentaire de Bordeaux, le pain de l'amitié, le couscous de l'amitié et bien d'autres associations et organisations de réinsertion dont le but est d'apporter leur aide aux démunis constituent le vaste réseau dans lequel les restos du coeur agissent.

Ayant choisi comme thématique la « prise en charge alimentaire » des personnes et des familles démunies au niveau des centres des restos du coeur sur la gironde, de commun accord avec les responsables de l'association, notamment avec mon responsable de stage, j'ai été orienté vers les deux seuls centres de distribution ouverts sur la CUB à cette période de l'année et à l'accueil de jour de Bassin à flot.

- comprendre le fonctionnement de l'aide alimentaire apportée aux démunies par les restos du coeur ;

- comprendre le fonctionnement du système de logistique et de gestion mis en place par l'association pour ravitailler ses centres en gironde ;

- construire une base de donnée des approches adaptables à chaque contexte (français et ouest africain) en ce qui concerne l'insécurité alimentaire et les solutions qui y sont apportées.

Au cours de notre stage nous avons dus revoir nos objectifs en ce qui concerne le troisième objectif car il ne pouvait être réalisable qu'après des enquêtes plus poussées sur la question de l'aide alimentaire en Afrique de l'ouest ou tout au moins dans un pays de l'Afrique de l'ouest répondant aux critères en rapport avec l'objet de notre stage. Ce surplus d'information nous sera nécessaire pour atteindre cet objectif, donc, ne sera fait qu'après notre stage au Burkina Faso entre Juin et Juillet 2008 (Rapport intitulé "production agricole dans les Hauts bassins").

De façon générale l'accueil de jour est un lieu de service de préparation de repas pour les bénéficiaires, de discussion avec eux afin de les aider résoudre leurs problèmes administratifs lorsque c'est possible et de service de nettoyage.

Durant un mois passé dans ce centre nous avons servi à boire et à manger aux populations démunies du lundi au vendredi selon les fréquences suivantes :

- Nous arrivons le matin à 8h30 pour préparer le petit déjeuné, c'est-à-dire, chauffer le café, le lait et le chocolat. Couper les pains de façon égale et faire des paniers proportionnels aux tables, préparer des confitures, du beur, du sucre et tout autres ingrédients pour que le petit déjeuné soit le plus complet possible. Ensuite nous mettons les couverts.

- A 9h les bénéficiaires font leur entrée et nous servions le petit déjeuné jusqu'à 10h, heure à laquelle les bénéficiaires s'occupent soit en jouant aux jeux de société soit en se reposant dans une salle de plus de 40m² aménagé pour eux. Au même moment ceux qui souhaitent faire la lessive y vont à raison de 8 lessives par jour pour l'ensemble.

- Entre 10h 30 et 11h30, nous discutions avec les bénéficiaires qui avaient soit des problèmes familiaux et/ou personnels soit des problème d'ordre administratif (un CV à faire, une lettre de motivation à écrire, une demande de logement à faire...).

- A 11h 30 nous sortons l'ensemble des bénévoles de la salle à manger et de la salle de repos pour préparer le déjeuné et mettre les couverts.

- Entre 13h 30 et 14h le service de table est terminé, nous rangeons et nettoyant les salles, les assiettes, etc...

- Le départ des autres bénévoles nous permet ensuite, le responsable du jour et moi, d'établir une liste des produits utilisés et ceux qui manquent ou risquent de manquer dans les jours avenir.

Qu'en est-il de l'organisation du centre de l' « accueil de jour » proprement dite ?

Le centre d'accueil de jour tout comme l'ensemble des autres centres des restos du coeur est uniquement constitué et dirigé par des bénévoles. Le centre est ouvert cinq jours sur cinq du lundi au vendredi. Chaque jour est constitué d'une équipe différente dont la moyenne est de 8 à 10 bénévoles pour un taux maximal de 60 bénéficiaires (60 place assises). Et, dans chaque équipe il y a un chef d'équipe qui supervise les activités de la journée.

Les bénéficiaires en majorité des SDF, qui sont dans la plus part de temps sans revenus pour diverses raisons.

En fait, au niveau de l'accueil du jour aucun critère n'est requis pour être reçu, sinon être en situation précaire ou se prétendre dans cette situation.

A l'ouverture le matin, lorsque les bénéficiaires arrivent, un ticket numéroté avec nom ou prénom sont distribués pour ceux qui souhaitent rester pour le déjeuné de midi, c'est de cette façon que se comptabilise le nombre de places restant pour ceux qui n'arrivent qu'à midi. Sur les 60 places disponibles 10 sont gardées pour les recommandations de dernières minutes des services sociaux avec lesquels travaillent les restos en réseau. A partir de 12h30 toutes les places sont en principe occupées. Pour ceux qui n'ont pas de place en salle des sandwichs avec boissons et fruits sont offerts.

Le service des douches est ouvert de 9h à 12, le gel bain douche ainsi que d'autres articles de toilette tels que les lames à raser, la mousse à raser, des serviettes sont mis à la disposition des bénéficiaires. Pour les raisons du nombre trop important des bénéficiaires par rapport au matériel à disposition, les douches sont prises dans une fréquence de 10 minutes en moyenne par douche.

Pour les lessives, le nombre de lessive ne peuvent dépasser 10 là encore des raisons de matériels très limité. Lorsque c'est nécessaire, à la demande du bénéficiaire des vêtements de rechange sont proposés.

Le salon de coiffure est mis à la disposition des bénéficiaires pour leur redonner une bonne image d'eux, la condition préalable consiste à se faire inscrire sur un liste lorsque les demandes sont nombreuses dans une même journée.

Pour conserver les produits il y a trois types de stockage disponible à l'accueil de jour : un stockage des produits frais (une grande chambre froide d'environ 5m²), un stockage de produits secs (une surface d'environ 40m²), puis un stockage des produits de nettoyage d'environ 11m².

Les produits stockés sont rangés selon un ordre bien précis que ce soit en sec ou en frais. C'est-à-dire que les produits dont les dates de péremption sont les plus proches succèdent aux autres produits de tel sorte qu'ils soient le plus accessibles afin d'être rapidement utilisés. Les produits sont mis en rayant ou classées selon les types d'aliments.

Chaque produit utilisé est répertorié lors de la livraison du lundi matin. En fait, chaque jour les chefs d'équipes font la liste des produits utilisés et des produits manquants, cette liste est envoyée au dépôt départemental afin de prévoir les produits cités lors du ravitaillement du lundi matin.

STOCK APPROVISIONNEMENT Accueil de Jour					Date :
Produits	Commandés			Livrés
Lait
Beurre
Confitures
Pâte à tartiner
Sucre morceaux
Sucre en poudre
Café soluble
Café moulu
Chocolat en poudre
Céréales
Thé
Sardines
Thon
Pâtés
Sauce tomate
Mayonnaise
Moutarde
Huile
Vinaigre
Ketchup
Sel
Poivre
Cannelles
Bouillon cub
Ail
Légumes

STOCK APPROVISIONNEMENT divers de l'accueil de jour						Date :
Produits		Commandés	Livrés
Divers

Eponge grattoir
Produit sol
Produit vaisselle
Javel
Lessive
Gant jetable
Sacs poubelle 100L
Serviette
Sopalin
Papier alu
Film étirable
Papier toilette Grand RIx


Agitateur
Cuillère à café
Cuillère à soupe
Filtres café
Gobelet
Barquettes


Savonnette
Dentifrice
Gel douche
champoing
Rasoir à jeter
Mousse à raser
Brosse à dent
Préservatif
Hygiène féminine
Bombe WC

En dehors de la préparation du petit déjeuné du matin, les bénévoles préparent aussi une bonne partie du repas de midi, notamment l'entrée et le dessert, sachant que le plat de résistance est offert par la société SODEXHO qui agit selon une convention établie entre les deux parties.

Les taches de cuisine sont « dirigées » par le cuisinier, lui-même bénévole, formé pour la circonstance. En réalité les bénévoles ne sont pas assignés à des taches précises, chacun faisant ce qu'il veut ou peut pour apporter une contribution aux travaux de cuisine. Ainsi, certains seront plus à l'aise à la plonge tandis que d'autres s'attèlent aux taches de préparation (laver, couper, éplucher, etc...).

Un bar est ouvert toute la journée et les bénéficiaires s'y rendent souvent pour boire un verre ou un café en échangeant entres eux ou avec le bénévole qui restent derrière le bar. Toutes ces prestations restent gratuites.

Tous les mardis, selon une convention signée avec les Médecins du Monde de Bordeaux (MDM), un médecin et une aide soignante interviennent au centre de façon gratuite pour établir des diagnostics, donner des premiers soins, aider à la constitution de dossier et suivi administratif santé, etc....

Le rôle des bénévoles est alors d'établir le premier contact avec ceux qui, pour des raisons et d'autres ne veulent pas ou n'ont pas le courage d'affronter tout seul un médecin et ceux qui ne parlent pas français (car l'accueil du jour reçoit également les populations en situation irrégulière ou en voie de régularisation).

Rappelons qu'une partie de notre stage aux restos du coeur de la gironde s'est déroulée aux centres de distribution, notamment le centre de distribution de Bordeaux Saint Jean et celui du quartier Saint Louis. En dehors de quelques différences sur les méthodes d'organisation, sur le principe, les centres de distribution alimentaire des restos du coeur - en tout cas les deux centres ci-dessus cités - ont le même fonctionnement. Nous y reviendrons plus loin.

Par rapport au planning qui m'a été donné, j'ai passé en tout trois semaines sur les deux centres, dont deux à Saint Jean et une à Saint Louis à raison de deux jours par semaine et le reste des jours à l'accueil de Jour.

- une petite réunion sur la disponibilité des produits, car les quantités à distribuer par personne ou par famille en dépendent ;

- A partir de 9h jusqu'à midi nous distribuions des produits alimentaires aux personnes présentes, et de 13h 30 à 17h la distribution se poursuivait après une heure trente de pause ;

- Les lundi, jour de ravitaillement, nous réceptionnons les vivres et les plaçons en rayon ou en stock.

Les centres de distribution alimentaire de la gironde tout comme l'accueil de jour ne fonctionne qu'avec des bénévoles, chaque jour correspondant à des équipes différentes. Le chef de centre, elle-même une bénévole, se charge de la coordination des équipes, elle vérifie et signe la feuille de réception des approvisionnements.

En début de compagne, les personnes et familles en difficulté s'inscrivent selon des critères définis par le conseil d'administration national des restos du coeur. Au niveau des deux centres de la gironde où nous avons effectué notre stage, les documents pour prétendre à recevoir l'aide alimentaire des restos du coeur sont :

- Avoir un justificatif de revenu ou un autre document justifiant de sa situation précaire,

Ces documents sont exigés sans aucune possibilité de négocier, sinon, les bénévoles se chargent d'orienter les personnes ou familles ne pouvant satisfaire à ces obligations vers d'autres centres ou structures plus appropriés pour eux. Des cartes de sont alors établies, selon que l'on soit seul ou une famille.

Suivant les cas, les bénéficiaires sont classés en deux catégories pour la dotation aux aides alimentaires dans les centres : Simple ou minorée.

Dans le cas de la dotation simple, par exemple, la personne accueillie fait son choix de façon à ce que les produits choisis soient varié et permettent une alimentation équilibrée. Pour une semaine la personne bénéficie de 12 points pour un seul passage ou 6 point fois deux pour deux passages. 1 point correspondant à l'unité élémentaire de produits dans chacune des 4 familles que sont : les protidiques, accompagnements, produits laitiers, dessert.

Une personne correspond donc à une part, une famille de deux correspond à deux part, etc... En compagne d'hivers les « une part » sont servies une fois par semaine pour 8 points et en inter compagne tous les 15 jours pour 12 points.

Les familles de 2 à 6 parts sont servies les mardi et jeudi (deux fois par semaine) en compagne d'hivers et une seule fois en inter compagne, le mardi.

Ici le terme inter compagne désigne la période allant du début du mois de juin au 15 Novembre, et la compagne commence tout de suite après jusqu'en Mai.

Au même moment que sont établies les cartes, des fiches de suivi des dotations à l'aide alimentaire sont mises au point pour faciliter le travail statistique et savoir le nombre de passage par semaine des bénéficiaires et autres (Voir l'annexe 2).

Ces fiches permettent aussi d'évaluer les besoins des centres afin de savoir les ravitailler (quel produit est le plus demandé, le plus utilisé ; quel sont les produits manquants...).

Ainsi, à l'ouverture du centre les bénéficiaires ayant leurs cartes arrivent et présentent cette dernière aux bénévoles qui vérifient l'authenticité de la carte en cochant la ou les prochaines date de distribution selon le cas qui se présente et selon les conditions que nous avons précédemment cité. De rayon en rayon, en suivant l'ordre de la fiche établie, les bénéficiaires font le choix des produits en tenant compte des nombres de point globaux qui leur sont attribués, car, les bénévoles veillent à ce que les produits choisis permettent de faire des repas complets ou équilibré (il faut qu'il y est des protides, des accompagnements, des produits laitiers, des desserts).

Le bénévole coche au fur et à mesure sur la fiche les produits choisis en rayon par le bénéficiaire. Ce moment privilégié entre bénévoles et bénéficiaires permet en même temps de suggérer des recettes et d'échanger sur biens des choses. Après la distribution, le bénévole ramène la fiche pour qu'elle soit enregistrée sur un logiciel de liaison qui permet à la fois de faire des statistiques journalières, mais aussi, permet d'établir une liste des besoins provisionnels.

Comme nous l'avons déjà mentionné plus haut, l'accueil de jour est uniquement dirigé par des bénévoles, et chaque jour correspond à une équipe différente. Pour que l'organisation du centre ne change pas au gré des jours, une charte et un règlement intérieur sont mis en place pour toutes les équipes, ce pour un fonctionnement unique permettant aux bénéficiaires d'avoir des repères et des règles à respecter.

Or, il nous a semblé constater une faille venant de ce faite, les équipes n'ayant aucune vraie liaison entre elles ne font toujours pas attention aux règles établies, et donc fonctionnent différemment. Ce qui rend caduque toutes les règles établies puisque les bénéficiaires ne s'y reconnaissent plus. Cela favorise toutes les incartades que nous avons pu constaté durant notre stage. Il est certes vrai qu'avec un public comme les SDF, où certains vivent dans la rue depuis trop longtemps (10, 15 ans pour certains), le respect des règles n'est pas chose aisée, et moins aisé encore lorsque la structure d'accueil elle-même n'est pas capable de les respecter.

Le désordre qui naît de ces "passes règles" peut donner suite à un ensemble de malentendus entre les bénévoles, faire naître des conflits entre bénéficiaires, et détourner l'accueil de ses objectifs et de son but premier. D'ailleurs, a-t-on raison de considérer que le manque d'encadrement des stagiaires au sein de l'accueil vient de là ? puisque tout le monde fait ce qu'il veut et quant il veut, sans suivre un ordre ou un planning précis pourvue que sa contribution permette de réaliser les objectifs du jour : servir les bénéficiaires.

En allant plus loin dans la réflexion nous nous sommes rendu compte que l'origine de cette faille réside dans le fait que tout le monde agit de façon bénévole (donc pas de salaire) et un ordre de trop peut susciter des conflits internes (heureusement, me semble t-il que cela n'est pas souvent arrivé).

Apporter l'aide alimentaire aux démunies n'est pas, à notre avis, une activité sans risque du point de vue psychologique et affectif. Les bénévoles de l'accueil de jour sont très souvent face à une population dont les réactions sont imprévisibles, et aussi dont l'aspect physique n'est pas toujours facile à supporter. On n'est facilement tenté de s'ouvrir sans penser à se protéger du danger affectif qui peut créer des perturbations dans notre propre vie.

Il est donc nécessaire de se protéger en gardant la distance nécessaire, en restant à l'écoute sans s'impliquer personnellement. Ce qui nous amène à suggérer une formation préalable pour les bénévoles car une préparation est nécessaire avant d'affronter des telles situations sachant que nous n'avons pas toujours la même façon de réagir selon les circonstances.

Au niveau de l'accueil de jour nous avons constaté que la proximité qu'ont certain bénévoles avec certains bénéficiaires influençait leur jugement dans le service des repas, ce qui frustrait d'autres bénéficiaires. Cette pratique est la conséquence de ce que nous appelions plus haut le "manque de distance" nécessaire.

la distribution alimentaire ne s'accompagne d'aucun suivi visant à sortir de cette situation précaire.

En effet, la distribution alimentaire tel que pratiquée par les centres reste très éphémère dans la mesure où elle ne se suit d'aucun suivi visant à sortir certains bénéficiaires de cette situation de dépendance alimentaire. Des familles entières sont assujetties à cette aide qui, au fil de temps s'installe comme quelque chose de normal, de naturelle, alors qu'il s'agit à la base d'une situation transitoire permettant de repartir sur une activité économique. Le plus surprenant c'est de voir les jeunes dont la tranche d'âge se situe entre 17 et 30 ans qui se trouve dans se circuit et risquent d'y rester longtemps si aucun suivi n'est mis en place. Les chantiers d'insertion sans doute important, mais insignifiant du point de vue du nombre de la population qui fréquente les centres, ne suffisent pas à régler le problème. Se contenter de donner à manger à ces jeunes c'est contribuer à détruire leur avenir. Même si les orienter vers des structures appropriées est une bonne chose, mais la responsabilité des restos devrait s'étendre aussi à leur aider à retrouver une activité ou tout au moins à reprendre confiance en l'avenir à travers des propositions de stage de formation.

Comprendre les moyens utilisés, les méthodes utilisées, participer à la mise en place des repas et vivre les tentions, les difficultés que suppose le travail dans les structures d'aide alimentaire justifient ce stage au sein des restos du coeur. Les actions menées, aussi bien dans la préparation des repas, dans l'orientation des bénéficiaires que dans l'organisation des produits alimentaires dans les lieux de stockage visaient à améliorer mes connaissances dans le fonctionnement de ce milieu.

La distribution alimentaire suppose une organisation minutieuse partant de la reconnaissance du public cible, à travers les inscriptions et les conditions établies, pouvoir reconnaître la quantité requise pour une famille ou une personne, comprendre le comment et le pourquoi des quantités offerts, c'est comprendre les moyens de gestion de l'aide et la logistique qui va avec (moyen de stockage, rangement dans les rayons, la distribution et ses fréquences...).

Ainsi, les actions de distribution alimentaire sont subordonnées par une multitude de données qu'il faut savoir interpréter, d'où la pertinence des actions menées pour mieux les comprendre.

Dans la mesure où notre stage s'effectuait dans des centres très actifs, nous avons utilisé, pour arriver au résultat attendu en vue de nos objectifs de base, l'observation comme démarche pour arriver saisir le fonctionnement des groupes (bénévoles et bénéficiaires), et la prise de note constante et la lecture des documents de la structure (comptes rendus de réunions, notes de service, contrats, conventions, et autres...) comme outils.

Sachant que mon stage au restos du coeur de la gironde était un stage pratique, les événements qui se suivaient les uns des autres ne pouvaient permettre une démarche autre que celle de l'observation et comme autres outils que ceux de la prise de note, des entretiens avec les responsables et de la lecture des documents et archives de l'association.

S'il y a bien un secteur dans le domaine de la« Réinsertion » qui mérite une attention particulière, c'est bien celui de l'aide alimentaire. Ce stage nous a permis d'approcher se secteur qui, à bien d'égare, semble banale et dérisoire, mais en réalité participe à équilibrer la chaîne de solidarité qui, si elle venait à se rompre perturberait le fonctionnement social de toute la nation. Il nous parait plus claire aujourd'hui que les associations comme les restos du coeur ont un rôle considérable dans la vie sociale et participent au progrès social en redonnant espoir aux familles exclus des systèmes bancaires, professionnels, administratifs et sociaux. Elles agissent sous l'angle mort des politiques, là où les inégalités sociales se creusent elles apportent de quoi compenser.

Du point de vue organisationnel, ce stage nous a aussi permis d'avoir une idée globale du fonctionnement de se secteur afin de pouvoir anticiper sur d'autres réalités et d'autres contextes (en Afrique par exemple) et savoir s'adapter.

Quelque aspects de l'aide alimentaire dont nous ne soupçonnons pas la complexité tel que la nature des produits en rapport avec l'équilibre des repas, ou la particularité des produits destinés aux enfants, ou encore les notions techniques sur les dates limites des produits (la différence entre la DLC, date limite de consommation et la DLUO, la date limite d'utilisation optimale), etc...

Notre positionnement vis-à-vis de la structure reste optimiste dans la mesure où même si quelque dysfonctionnement restent à déplorer, l'association tient une machine qu'elle sait très bien orienter au vue de toutes les réalisations qu'elle a pu mener rien qu'avec des bénévoles.

Conclusion

Si l'adage de l'écrivain et ethnologue Amadou Hampaté Bâ suffit à révéler les dangers de l'aide ou plutôt ses cotés pervers, il nous a paru crucial de nous poser en futur agent de terrain, un nombre important de question parmi lesquelles il y a : peut-il y avoir d'alternative à la notion d'aide alimentaire ? dans la seconde qui suivait on se poserait également la question de savoir s'il était légitime de se poser cette question. Car, l'ambivalence qui caractérise l'aide alimentaire ne saurait donner une réponse unique à cette question. Pourtant, il n'en reste pas moins vrai que la dépendance alimentaire est un frein pour le développement de l'homme et de la société en générale, il faut donc ne pas s'arrêter au don alimentaire brut, mais imaginer plusieurs autres façon de donner sans aliéner le bénéficiaire. Comme dit l'adage chinois : « tu donneras à manger à un homme il se nourrira un jour, mais si tu l'apprends à pécher il se nourrira toute sa vie ».

Rapport de stage sur la prise en charge des bénéficiaires de l'aide alimentaire en Gironde par les restos du coeur

INTRODUCTION

Conclusion