CHAPITRE IV : PRESENTATION DES RESULTATS
I. Présentation et analyse des résultats
1. Présentation et analyse des résultats
du questionnaire
1.1 Caractéristiques des
participants
Les participants à notre enquête par
questionnaire sont fortement de sexe masculin (83%) et d'un âge moyen de
50 ans. Leur ancienneté dans la profession (moyenne de 26 ans) et dans
le poste d'infirmiers-chefs d'US (13 ans), laisse penser qu'il s'agit de
professionnels ayant acquis une grande expérience professionnelle au
niveau de l'HIS, aussi bien dans le domaine de soins, que dans celui de la
gestion de leurs structures. Cependant, il faut retenir que seul 24% ont suivi
une formation au niveau de l'école des cadres, ou au
2ème cycle des études paramédicales et par
conséquent, ils possèdent un certain niveau de connaissances dans
le domaine de la gestion de l'US. On peut supposer alors, que le reste
gère leurs services selon l'habitude et les instructions de
l'administration et du chef du service.
Ces caractéristiques sont illustrées dans le
tableau suivant :
Tableau n°1 : Les caractéristiques des
infirmiers-chefs des US de l'HIS
Variable
|
Fréquence absolue (n=46)
|
Fréquence relative (%)
|
Sexe :
Masculin
Féminin
Age : moyenne : 50 ans
Moins de 30 ans
30 à 39 ans
40 à 50 ans
+ de 50 ans
Ancienneté à l'HIS
Moins de 5 ans
5 à 9 ans
10 à 15 ans
+ 15 ans
Ancienneté dans la fonction
- 5 ans
5 à 9 ans
10 à 15 ans
+ 15 ans
Formation professionnelle
2ème cycle (SSS).
Ecole des cadres
1er cycle des études
paramédicales,
l'Ecole d'Etat
Ecole de brevet.
|
38
8
0
3
19
24
0
2
4
40
13
7
11
15
3
8
6
24
5
|
83 %
17 %
0%
7 %
52 %
41 %
0%
4 %
9 %
87 %
28 %
15 %
24 %
33 %
7 %
17 %
13 %
52 %
11 %
|
1.2 Gestion et organisation du travail
Les infirmiers-chefs doivent disposer d'un certain
degré d'autorité et d'autonomie dans l'initiative de prise de
décision devant des situations de gestion de leurs unités,
relativement à leur niveau de responsabilité.
Les graphiques 1 et 2 suivants font ressortir l'opinion des
participants par rapport à ces deux dimensions.
Graphique n°1 : Prise de l'initiative des
infirmiers-chefs dans leur travail
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de8.png)
D'après les résultats illustrés dans ce
graphique, la quasi-totalité (96 %), des participants prend l'initiative
par rapport à la réalisation de leur travail. Ceci
révèle que les infirmiers-chefs possèdent un certain
degré d'autonomie. Ce qui est confirmé par 87% des
réponses, estimant qu'ils disposent de l'autorité
nécessaire pour assurer leur fonction, comme illustré dans le
graphique suivant :
Graphique n°2: Disposition de l'autorité
nécessaire pour assurer la fonction
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de9.png)
Par rapport à l'évaluation de la
productivité de leurs services (Graphique n°3),
3/4 des participants produisent un rapport d'activité de leurs
unités, alors que le tier restant n'en produise pas. Ce qui
dénote que les méthodes de gestion et d'évaluation de la
productivité ne sont pas standardisées et
généralisées à l'hôpital.
Graphique n°3 : Production d'un rapport
d'activités
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de10.png)
Bien que la majorité des infirmiers-chefs ait recours
à un système d'information nécessaire à la gestion
de leurs unités, il apparaît encore que des efforts doivent
être déployés pour généraliser la mise en
place et l'utilisation de ces outils. Ainsi, on relève à travers
le graphique suivant, que l'affichage des tableaux de bord est
réalisé par 85% des participants et l'usage des indicateurs du
service est fait par 83 %.
Graphique n°4 : Utilisation du système
d'information pour la gestion de l'unité
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de12.png)
Mieux gérer un service, suppose la mise en place
d'indicateurs de suivi et l'évaluation continue du rendement. De
même, l'ACQ n'est possible que grâce aux activités
courantes, notamment la production des rapports d'activités et
l'affichage des tableaux de bord et le recours aux indicateurs. En se
référant à l'étude de Lefort et Deletoile (2000),
les tableaux de bord sont des outils de synthèse et de visualisation des
résultats d'indicateurs nécessaires dans la démarche
d'amélioration continue de la qualité. Ils fournissent des
informations nécessaires sur la qualité des soins infirmiers et
permettent le suivi et l'évaluation des interventions (Hubinon, 2004).
Or, il est étonnant de constater dans cette étude que seul 15%
des infirmiers-chefs ignorent l'importance des tableaux de bord et 17% ne
prennent pas en compte les indicateurs du service comme base pour
améliorer les performances de leurs services. En plus les
mécanismes de gestion des unités de soins à
l'hôpital ne sont pas uniformes et standardisés.
Dans cette même perspective et dans une stratégie
de management participatif, l'information et la communication avec le personnel
de l'unité s'avèrent nécessaires. A ce sujet les
résultats du questionnaire font ressortir que l'information du personnel
sur les problèmes, les actions et les performances de l'US sont
assurées par 96% des enquêtés dont 95% estiment que la
communication est développée et permanente avec leurs
équipes (tableau n°2).
Tableau n°2 : L'information et communication
|
Fréquence absolue
|
Fréquence relative
|
Information du personnel (n = 46)
Oui
Non
Communication avec le personnel (n = 44)
Oui
Non
|
44
2
42
2
|
96%
4%
95%
5%
|
Il importe de signaler que les infirmiers-chefs interrogés
prennent le temps nécessaire pour écouter et discuter avec leurs
équipes avec respectivement des taux de 97% et 72%.
Graphique n°5 :Discussion et écoute
des collaborateurs
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de13.png)
Ces résultats témoignent de l'importance
accordée par les infirmiers-chefs en matière d'information et de
communication vis-à-vis de leurs équipes et confirme la
considération de l'aspect participatif et l'établissement d'une
relation de confiance dans la gestion de l'unité, de la part des cadres
infirmiers (Anchisi, Berra et Pott, 2004).
La tenue des réunions et staffs des services sont parmi
les mécanismes de communication qui visent l'information et la
discussion avec les équipes. Cependant on note que ce moyen de
communication est utilisé seulement par les ¾ des participants,
soit 74%. Or ces réunions comme l'illustre le tableau n°3, se font
une seule fois par mois chez la moitié des participants à
l'étude. Cette fréquence de la tenue des réunions est
considérée comme relativement éloignée. Partant du
fait qu'on a plus besoin de se voir pour décider et coordonner,
l'organisation des réunions régulières à titre
d'exemple hebdomadaire (12% se réunissent 4x/semaine), semble donc
suffire dans le cadre du fonctionnement de l'US afin de garantir et à
temps optimal le partage de l'information entre les membres de l'équipe.
C'est le cheminement proposé par Hosotani, (1997) et Jacquerye et coll.,
(1999) au cadre à organiser des réunions
régulières.
Tableau n°3 : Fréquence des
réunions avec l'équipe soignante
Fréquence de réunion
|
Nombre
|
Pourcentage
|
1x/mois
|
17
|
50%
|
2x/mois
|
7
|
20%
|
3x/mois
|
5
|
15%
|
4x/mois
|
4
|
12%
|
Pas précisé
|
1
|
3%
|
La motivation du personnel est l'un des éléments
de mobilisation de l'équipe soignante pour répondre aux objectifs
de l'US. Aussi, la qualité propose au gestionnaire de développer
la communication horizontale dans la relation client/prestataire et motiver son
équipe vers la satisfaction durable des clients (Bonnard, 2001 ;
Vossart, 2000 ; Détrie, 2003). Tous les infirmiers-chefs sont
unanimes par rapport à l'incitation de l'équipe soignante
à recentrer les soins sur les besoins du client.
Graphique n°6 : Incitation de l'équipe
par l'infirmier-chef
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de14.png)
1.3 Management de la qualité (MQ)
Le MQ est une composante indispensable à tout projet de
mise en place d'une DQ dans une organisation. La formation et l'actualisation
des connaissances des gestionnaires notamment les infirmiers-chefs, sont des
moyens incontournables pour le renforcement de leurs compétences dans ce
domaine.
A ce sujet, il ressort du graphique suivant que 80% des
participants ont bénéficié d'une formation continue
relative à la démarche qualité :
Graphique n°7 : Formation à la
démarche qualité
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de15.png)
Il faut ajouter que sur la base des réponses
formulées dans le questionnaire que parmi les 37 infirmiers-chefs qui
ont reçu cette formation (80%), seuls 18 répondants (49%)
déclarent avoir pris consciences des apports de la qualité en
matière des enjeux qui lui sont liés, du renouvellement de leurs
pratiques de management, de résolution de problèmes et en
matière de développement et d'amélioration des pratiques.
D'autres apports de la qualité ont été
identifiés par 6 cadres parmi les 18 répondants :
· Une vision claire et une action efficace sur le
problème ;
· La maîtrise particulière des
problèmes du service ;
· Une gestion des dysfonctionnements et une
amélioration de la communication entre les équipes ;
· La gestion des conflits et des problèmes de
service ;
· La promotion et le renforcement des activités de
suivi, d'audit et de contrôle interne en vue d'une amélioration
continue de la gestion de l'unité de soins.
L'ACQ étant implantée au niveau de l'HIS est
estimé par 98% des infirmiers-chefs comme objectif mobilisateur aussi
bien pour l'institutionnel que les professionnels.
Par ailleurs, 61% des cadres infirmiers soulignent que
l'amélioration de la qualité est un enjeu fondamental et 39%
la considèrent comme étant très important. Ce qui est
également confirmé par le graphique suivant, qui démontre
le degré de l'importance de l'implantation d'une DQ au niveau des US
(80,43%), tel qu'il est estimé par les participants.
Graphique n°8 : Importance de la
qualité
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de16.png)
L'implication et l'incitation de tout acteur de soins sont une
condition à toute réussite d'une démarche d'ACQ. Il
ressort de notre enquête que 76% des infirmiers chefs se sentent
impliqués dans cette démarche institutionnelle, alors que le
reste a le sentiment d'être peu ou pas impliqué. Ceci pourrait
être lié à l'insuffisance ou à la non
généralisation de l'incitation des infirmiers-chefs par les
responsables de l'établissement et ou l'engagement des responsables
hiérarchiques (Graphique n°9).
Graphique n°9 : Implication des
infirmiers-chefs dans l'ACQ et engagement des responsables
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de19.png)
Tableau n°4 : Adoption de la démarche
qualité
Adoption
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
35
|
76%
|
Non
|
10
|
22%
|
Abstention
|
1
|
2%
|
Total
|
46
|
100%
|
Si oui
Comment
|
Très bien
|
Plutôt bien
|
Plutôt mal
|
Très mal
|
Total
|
14
|
20
|
1
|
0
|
Pourcentage
|
40%
|
57%
|
3%
|
0%
|
76% des infirmiers-chefs estiment avoir adopté sans
arriver tous à implanter concrètement la DQ dans leur service,
dont, 97% pensent que son adoption a été bien accueillie par
leurs équipes. Toutefois, il importe de noter que des
opportunités d'amélioration continue des dysfonctionnements au
sein des unités de soins ont été mise en place par 67% des
infirmiers-chefs (Graphique n°10).
Graphique n°10 : Mise en place des
opportunités d'amélioration
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de20.png)
La sensibilisation et la formation des équipes à
la DQ sont des préalables à la mise en place d'une
démarche d'ACQ. Elles visent entre autres, l'incitation du personnel
à s'investir dans cette démarche. Cependant, et d'après le
résultat du questionnaire, 63% des cadres infirmiers rapportent que le
personnel de leurs unités ont été sensibilisé et
formé à la démarche d'ACQ contre, 35% (Graphique
n°11). Or, on se rend compte que l'investissement de ce personnel dans une
DQ reste encore passable, du fait que seuls 59% des participants
précisent que leurs équipes se sont investies dans cette
démarche (Graphique n°12).
Graphique n°11: Sensibilisation et formation
Graphique n°12: Investissement de
du personnel
l'équipe
soignante
On conclue donc, que l'implication, l'adhésion et la
participation des membres de l'équipe à la qualité fait
défaut au sein de plusieurs US. Cet écart constaté peut
être à l'origine des dysfonctionnements des services et un
obstacle à la mise en place de la démarche d'ACQ. Dusausoy
(2001), Guénot (2005) et Jacquerye et coll. (1999), proposent au cadre
infirmier, d'exercer son rôle de soutien et d'accompagnement de son
équipe pour l'informer et susciter sa participation. Aussi, il semble
évident que ce professionnel devra convaincre ses collaborateurs
à s'engager à la qualité (Muller, 2004).
De même, on relève que 48 % des infirmiers chefs
disposent d'équipes soignantes dédiées à la DQ
(Graphique n°13) et qui serait ceux appartenant aux services qui s'y sont
investis.
Graphique n°13 : Existence des équipes
soignantes consacrées à la DQ
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de23.png)
Dans une démarche qualité la communication a un
rôle particulier pour faire adhérer les différents acteurs
de l'unité de soins au projet qualité mis en place.
D'après le graphique suivant, la majorité des
enquêtés est consciente de l'importance de la communication
interne au niveau du service, soit 87%.
Graphique n°14 : Communication
interne
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de24.png)
En somme, l'instauration de la DQ implique des changements
dans les US pouvant aller jusqu'aux bouleversements. Pour assurer le
succès de cette démarche, le partage d'un langage commun doit
être préconisé (Bonnard, 2001). Aussi, dans le cadre de la
réussite du projet qualité au sein des US, l'implication des
cadres infirmiers s'avère nécessaire, puisqu'ils sont des garants
de la qualité de soins (Vossart, 2000 ; Hubinon, 2004). Cependant,
on relève d'après les résultats de l'enquête que 20%
des infirmiers-chefs accordent peu ou pas encore de l'importance à la
qualité. Ces écarts constituent des freins et des
résistances à l'implantation d'un projet qualité de la
part des chefs d'US (Hermel, 1992). En effet, ces cadres trouvent des
difficultés de reconnaissance et de positionnement par rapport à
leur rôle, et qui pourraient être dues à certains facteurs
qui feront l'objet d'autres études ultérieures. De même,
des efforts de sensibilisation, d'implication et d'incitation de tous les
professionnels dans l'US, doivent être encore renforcés pour faire
de la DQ un levier d'évolution des pratiques professionnelles et un
élément mobilisateur des équipes pour l'offre de soins
sécuritaires et de qualité.
1.4 Difficultés liées à
l'implantation de la démarche qualité
Tableau n°5 : Signification d'un service de
qualité
Réponses
|
Nombre
|
Pourcentage
|
20% un service de haut gamme
|
4
|
9%
|
70% un service satisfaisant les besoins du client
|
25
|
54%
|
10% un service rentable pour l'établissement
|
3
|
6%
|
Sans avis
|
4
|
9%
|
Les trois avis
|
4
|
9%
|
20% et 10% (service de haut gamme et service rentable pour
l'établissement)
|
1
|
2%
|
10% et 70% (service rentable pour l'établissement et
service satisfaisant les besoins du client)
|
5
|
11%
|
A la lumière de ce tableau, les avis des managers des
unités sur la signification d'un service de qualité sont
différents. L'analyse de ces résultats relève que seuls
54% des infirmiers-chefs la perçoivent comme étant un objectif de
satisfaction des besoins du client et placent les besoins du client au centre
des objectifs de la qualité. A l'état actuel où le concept
la qualité est d'actualité, les cadres infirmiers devront tous
se positionner comme des garants de la qualité et de la
sécurité des prestations au sein de leurs services. Ils jouent un
rôle clé et actif autant dans la qualité (Leplâtre et
Collard, 1999) qu'envers les clients (Blanchard et Miller, 2005).
Néanmoins, cette culture orientée vers le client n'est pas encore
ancrée chez tous les infirmiers-chefs.
Un nombre assez important d'infirmiers-chefs (63%), estiment
rencontrer encore à des difficultés à s'engager avec leurs
collaborateurs dans une DQ comme il se dégage du graphique n°15.
Graphique n°15 : Difficultés
rencontrées par les infirmiers-chefs
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de25.png)
Les causes les plus importantes sont selon eux: les conditions
de travail peu favorables, du manque du personnel et la pression du quotidien
à côté de la non implication de la hiérarchique et
des problèmes de l'organisation de l'US.
D'autres causes (Graphique n°16) ont été
énumérées par les infirmiers-chefs dont les plus
importants sont relatifs au manque de personnel (70%).
Graphique n°16 : Autres causes des
difficultés rencontrées par les infirmiers-chefs
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de26.png)
Les difficultés rencontrées par les
Infirmiers-chefs quant à l'implantation de la DQ dans leurs
unités et comme le démontrent les graphiques
précédents, sont certes liées à des
problèmes vécue par l'organisation notamment, l'insuffisance en
ressources particulièrement humaines. Cependant d'autres
difficultés soulevées relèvent même du rôle
propre de l'infirmier chef dont, l'encadrement et la formation des
équipes, la mobilisation des membres de l'équipe par leur
rôle de leader, l'amélioration des conditions de travail, etc. Ils
doivent par conséquent, modifier leur positionnement par rapport
à leur rôle d'encadrement de leurs collaborateurs, à
s'investir dans la démarche d'ACQ. Ils sont sans doute plus directement
concernés dans le développement de leur rôle en faveur de
l'amélioration de la qualité des soins tout en assurant une
qualité de gestion des US (Hubinon, 2004). Etre plus lucides sur les
enjeux de cette démarche qualité, permettrait aux cadres
infirmiers de mettre l'accent sur l'aspect participatif dans la collaboration
et la motivation de leurs collaborateurs (Anchisi, Berra et Pott, 2005).
L'idée de l'auteur revient à dire que les infirmiers-chefs
doivent disposer de compétences adaptées afin de
développer leur management qui intègre la pratique du leadership
et par ailleurs, piloter la démarche d'ACQ au sein des leurs US.
1.5. Suggestions des participants, relatif à
l'implantation de la démarche qualité
Il a été constaté dans l'enquête
que les attentes des infirmiers-chefs sont nombreuses (65% des cadres ont
émis des suggestions). Celle relative à la formation continue,
retient l'attention dans ce résultat. Pour permettre de comprendre leur
rôle et trouver leur place dans la démarche, les cadres devraient
bénéficier au minimum d'une formation de sensibilisation afin de
partager le langage commun, de pénétrer les enjeux de la
démarche qualité et les changements attendus (DGAS, 2004). Donc,
il y'a un soif de connaissance pour mieux appréhender la
démarche, apporter des améliorations au sein de leurs US et
coordonner l'ensemble de leurs activités dans le but d'améliorer
leurs services offerts aux clients.
D'autres suggestions ont été émises,
parmi lesquelles :
La nécessité d'élargissement de
l'information, de la sensibilisation et de la formation continue de tout le
personnel ;
La dotation des services en ressources humaines et
matérielles, nécessaires ;
La reconnaissance, l'encouragement et l'accompagnement
(motivation) ;
La collaboration et la communication permanente intra et
interservices ;
La définition des attributions du personnel ;
Le suivi et l'évaluation continue de la qualité
des prestations.
La discussion de ces résultats a conduit à
préciser que le rôle de l'infirmier-chef dans l'ACQ doit se
pencher sur le point de vue des compétences de manager (planification,
organisation, coordination, contrôle,...) et des compétences de
leader (motivation, communication, formation permanente des
équipes,...). Elle a aussi tenté de déterminer les
défaillances dans le rôle joué par l'infirmier-chef dans la
conduite de la qualité. Alors, pour piloter la démarche
d'amélioration continue de la qualité, des compétences
managériales sont nécessaires pour les infirmiers-chefs des US.
En effet, et d'après la théorie de MSH (2005), pour une meilleure
efficacité du travail des cadres, le développement de leurs
compétences de leadership s'avère nécessaire.
2. Présentation et analyse des résultats
de l'entretien par Focus-Group
Conduit à l'aide d'un guide de focus-group (annexe
n°6), cet entretien a concerné les infirmiers-chefs des
unités de soins où sont implantés les cercles
qualité dans leurs services. Parmi les 6 cercles de qualité
énumérés dans la problématique, 5 ont
répondu à l'invitation, ce qui correspond à 83,33% des
répondants. Les personnes interrogées s'expriment librement
à partir des questions sur le thème exploré, à
savoir le rôle de l'infirmier-chef dans la l'amélioration continue
de la qualité. Le cadre de l'étude est reprécisé et
l'anonymat est garanti afin d'établir une relation de confiance et
d'obtenir des données fiables. L'entretien s'est déroulé
dans une salle d'un des services de l'établissement et tous ont
signé un formulaire de consentement éclairé. Ce focus
group a duré de 1h 30 minutes comme prévu. Les propos des cadres
ont été retranscrits par trois rapporteurs, et puis validé
par l'ensemble des cadres infirmiers. L'analyse des résultats
d'entretien par Focus-Group a regroupé les idées communes aux
différents cadres interrogés tout en conservant les propos qui
ont parus les plus significatifs. Ils figurent entre guillemets dans le
texte.
2.1 Les caractéristiques des participants au
Focus-Group
Il apparaît dans l'analyse des données que tous
les participants sont de sexe masculin et leur âge moyen est de 49 ans.
Leur ancienneté de service à l'HIS est comprise entre 15 ans et
32 ans avec une moyenne de 26 ans alors que leur ancienneté dans la
fonction de chef de l'US se situe entre 2 mois et 28 ans avec une moyenne de 12
ans. Trois participants ont une formation du premier cycle de formation
paramédicale et deux ont eu en plus une formation en surveillance des
services de soins à l'école des cadres.
Par rapport à la formation en matière de la DQ,
quatre infirmiers chefs sur cinq, ont reçu une formation sur l'ACQ.
Cette formation a été dispensée selon les participants
dans le cadre d'un programme organisé au niveau de la Direction du
Centre hospitalier Ibn Sina, et l'un des participants ajoute avoir reçu
un module relatif à la qualité, à l'école des
cadres. Par contre un des participants déclare n'avoir reçu
aucune formation à ce sujet et déclare
que : « je n'ai pas été invité par
faute d'information ».
Selon les données des répondants, 80% contre 20%
ont reçu une formation sur l'ACQ. Parmi ceux qui ont reçu la
formation, tous confirment que c'est dans le cadre de formation
organisée au niveau de la Direction du Centre hospitalier Ibn Sina, et
l'un d'eux ajoute avoir reçu la formation à l'ancienne
« Ecole des cadres ».
2.2 Leur avis sur le projet d'amélioration
continue de la qualité
Il a été évoqué par toutes les
personnes interrogées.
Pour le chef de l'unité A, « ce projet a
été accueilli très favorablement par tous les membres de
l'équipe. Tout le personnel était favorable et très
impliqué dans le processus. On a démarré avec des
présentations et avons réalisé la première
étape selon cette démarche ».
Le chef de l'unité B, explique que « le
projet a été confié seulement aux chefs de services. Le
service a reçu le projet avec un accueil favorable de tout le personnel,
mais la qualité pose de problème au niveau de notre
service ». Ce cadre souligne également
que : « le service faisait de la qualité avant
l'implantation du cercle, mais nous dépendons des autres services.
Certes nous voulons de la qualité, mais la qualité se trouve
peut-être ailleurs ». Pour lui, « la
qualité c'est la perception par nos organes de sens. Même si le
service adopte la qualité, il n'y aura pas des
résultats ». D'après lui, « la
qualité dépend des autres personnes extra
services ». Pour finir, ce professionnel conclut en disant que
« la qualité pour moi c'est un point
d'interrogation ».
A l'inverse, contrairement à ce qui a été
dit par le cadre B, dans son discours, le chef de l'unité C
décrit que « le personnel avait mal saisi le concept de la
qualité et que la présence irrégulière du personnel
lors de la formation a posé de problèmes en premier
temps ». Par la suite, il ajoute que « peu
à peu, ils ont commencé à comprendre que la qualité
est une vraie formation ». Dans le même ordre
d'idées, il explique que « l'amélioration continue
de la qualité a été implanté avec des
réunions hebdomadaires, et chaque semaine, nous travaillons avec nos
multiples problèmes de service ». Ce cadre apporte un
témoignage « qu'il y'a eu des résultats favorables
et une prise de conscience ».
D'une manière générale, le chef de
l'unité D, fait part de l'expérience que
« nous travaillons en équipe dans la
démarche qualité et que tous les infirmiers sont
impliqués ».
Enfin pour les propos du chef de l'unité E,
« je trouve que c'est une très bonne chose, et je souhaite
l'aboutissement de ce projet ». Par ailleurs, il
ajoute « mais il y' a aussi le problème de
compétence pédagogique de certains formateurs et que la formation
elle-même est insuffisante ».
2.3 A la question de savoir s'ils
sont convaincus que la mise en place de ce projet améliorera la
qualité des prestations offertes par votre service ?
Tous les participants expriment leur conviction par rapport
à ce sujet et chacun d'eux s'est exprimé par
« j'en suis convaincu ». Le chef de l'unité
B, déclare que « oui, je suis persuadé à
100%, c'est une opportunité de régler les
problèmes ». Suivi du chef de l'unité C qui
formule que « je suis convaincu, c'est difficile pour la
première fois, on va travailler. Tout le personnel a compris le message
et tous restent convaincus de l'amélioration de la
qualité ». Le chef de l'unité D partage le
même avis en déclarant que « je suis
convaincu, notre chef de service est très impliqué ainsi que
le personnel infirmier ». Ajoutant aussi ses explications en ces
propos « nous sommes un service pilote dans la
démarche ». Le chef de l'unité A, quant à
lui, rapporte que « je suis convaincu, nous suivons notre
processus d'amélioration de la qualité. L'enthousiasme et
l'implication du personnel pour améliorer la qualité des soins
est affiché ». Enfin le cadre E, dit que
« je suis convaincu et persuadé de ce
projet ».
Tous les infirmiers-chefs interrogés estiment que le
sujet a été « accueilli favorablement par tout le
personnel » et expriment leur conviction en admettant que
« je suis convaincu ». Ces résultats
montrent que la qualité suscite un intérêt fort pour les
répondants. Ceci témoigne qu'il y'a une très grande
préoccupation de la part des professionnels (Lozeau, 1996). Certes au
début il y'a eu des réticences à ce changement de culture
« ...ça a posé de problèmes en premier
temps », mais « peu à peu, ils ont
commencé à comprendre que la qualité est une vraie
formation, et elle a eu des résultats favorables, une prise de
conscience et l'implication des tous ». Malgré
cela, certaines perception d'incertitude existent encore :
« Même si le service adopte la qualité, il n'y aura
pas des résultats, ... la qualité dépend des
autres personnes extra services, ...la qualité pour moi c'est un point
d'interrogation ». Cette perception pourrait être
modifiée si la mise en oeuvre de la démarche d'ACQ est
perçue par les infirmiers-chefs, comme moyen incontournable dans la
gestion de l'unité de soins et qui permet de résoudre des
dysfonctionnements identifiés à l'US, d'agir sur les causes des
problèmes selon les ressources disponibles, d'améliorer les
pratiques et de pérenniser les acquis (ANAES, 2002 ; Rouressol,
2004).
2.4 Les préalables de mise en place d'un projet
qualité
Dans cette question, il est clair que tous les cadres
interrogés ont répondu « oui » à la
question tout en signalant des spécificités. En premier temps,
l'infirmier-chef C pense que les préalables à la mise en place
d'un projet de qualité sont : « les préalables
de la formation, de la communication surtout avec les équipes soignantes
et non seulement les responsables ». En second temps,
l'infirmier-chef B, affirme que « je considère que les
préalables à la mise en place d'un projet c'est : la
formation, la volonté du personnel, l'implication et l'engagement du
personnel et leur adhésion». En troisième temps,
l'infirmier-chef A énonce « la volonté, l'implication,
la formation du personnel ». Aussi, il insiste sur le fait qu'il faut
« organiser, aménager et planifier le temps de formation
au sein du service ». Enfin les infirmiers-chefs D et E
invoquent eux aussi « la formation » comme
préalable essentiel.
Tous les infirmiers-chefs sont donc, unanimes que la
« formation » est nécessaire. Cependant, ils
ajoutent « la communication surtout avec les équipes
soignantes, ... la volonté, l'implication, l'engagement et
l'adhésion du personnel ». Les préalables
relevés dans le discours des participants confirment celles qui sont
énoncées par DGAS (2004) dans la mise en place de la
démarche d'ACQ.
2.5 A la question de savoir si les infirmiers-chefs
sont assez outillés pour piloter le projet qualité dans leurs
services ?
Seuls deux infirmiers- chefs, estiment qu'ils se sentent
outillés pour piloter les projets qualité, contre trois qui
pensent non encore assez outillés. Parmi les cadres qui ont
répondu favorablement, l'infirmier-chef A fait part de son
expérience : « En tant que responsable, ... Je me sens
prêt à me lancer dans le projet sans être accompagné
par un référant qualité ». Par contre
l'infirmier-chef B, mentionne avec doute « ... Je
considère que malgré la formation, j'estime qu'il faudra encore
approfondir ma formation en gestion de la qualité ».
Pour ceux qui ne se sentent pas outillés, le cadre C
qui affirme « ...pour moi ce n'est pas encore clair... La
formation reste insuffisante pour plus de maîtrise de ce
sujet ». Le cadre D
de son côté admet que « non, je ne
suis pas ... et capable de mener le projet seul ». Enfin le
cadre E assure qu'il n'est : « pas assez outiller pour
piloter le projet qualité dans le service ».
Ce résultat confirme la problématique du
départ mentionnant les difficultés de positionnement des cadres
infirmiers par rapport à leur rôle (Dusausoy, 2001) et des
difficultés d'intégration de cette démarche dans leur
pratique (Grenier, 2002, Anchisi, Berra et Pott, 2004). Toutefois, ceux qui ont
fait part de ces propos « ...pour moi ce n'est pas encore
clair... La formation reste insuffisante pour plus de maîtrise de ce
sujet » ; « non, je ne suis pas ... et
capable de mener le projet seul » ; « pas
assez outiller pour piloter le projet qualité dans le
service », ont une insuffisance par rapport à leur
rôle dans la dissémination de la culture qualité au sein de
leur service (Guénot, 2005). Pour parer à cet écart
constaté, il serait judicieux que l'infirmier-chef, étant moteur
de changement, devra se positionner comme chef de projet pour mettre en oeuvre
les outils de pilotage de la démarche qualité et être
à la fois attentif et dynamique à cette démarche (Hamalian
et Ségot, 1996 ; Jacquerye et coll., 1999 ; Vossart, 2000). A
partir de ce stade, les rôles les plus souvent attendus de
l'infirmier-chef sont : un rôle d'information et de communication,
un rôle de la mise en oeuvre de l'amélioration continue, un
rôle de motivation, un rôle de défenseur de soins de
qualité, un rôle de meneur de changement, etc. En effet, il reste
difficile de démontrer que les infirmiers-chefs ayant
bénéficié d'une formation spécifique à la
qualité, sachent mieux se positionner que leurs collègues.
Cependant au vu de cet entretien, il a été constaté que la
formation reçue par ces cadres en terme des acquis, a confirmé
qu'elle a contribué au développement de leurs compétences
managériales dans la conduite du projet qualité au sein des
US.
2.6 Implication et impact de la mise en place de la
démarche d'ACQ
Quatre participants estiment que la mise en place du projet
qualité contribuera à l'amélioration de la gestion de
l'unité, depuis que leur service a mis en place la démarche
d'amélioration continue de la qualité. Les quatre participants
ayant répondu favorablement, ont exprimé différemment
leur avis. Le gestionnaire de l'unité D commente :
«... elle a permis la remise en cause de ma façon de
travailler », ensuite vient le commentaire du gestionnaire de
l'unité B « les gens demandent de plus en plus à
être informé », puis le gestionnaire de
l'unité A, ajoute « la diffusion de l'information, le
climat détendu, les mécanismes de communication
améliorés » alors que le gestionnaire E, recense
« l'organisation du service, l'implication, l'amélioration
des outils de gestion, les fiches, les protocoles ». En
revanche, le gestionnaire de l'unité C précise, mais sans le
justifier: « non, pas d'amélioration de la gestion de
l'unité ».
Quatre infirmiers sur cinq admettent avoir observé ou
ressenti des changements dans les pratiques et comportements dans leurs
services depuis l'implantation de projets qualité. Leurs propos
illustrent ce changement. Le cadre infirmier de l'unité B
témoigne « ...j'ai ressenti quelques changements dans les
mentalités du personnel, les gens commencent à
s'intéresser et cherchent à être informés...il y'a
aussi un changement au niveau de la communication ». Ce
même constat est relaté par le cadre infirmier de l'unité A
qui ajoute que « le comportement du personnel a
changé...les gens ont commencé à parler un autre langage
et le changement est ressenti juste après la formation». De
plus ce cadre précise «Il y'a une discussion au sein du
service et un changement au niveau de la communication ».
Pareillement, le cadre infirmier de l'unité E invoque
« le changement au niveau de la prise de conscience de la part du
personnel, la recherche d'information ». De la même
manière, le cadre infirmier de l'unité D prétend
que : «...il y'a maintenant une amélioration de la
communication au sein du service ». Enfin le cadre infirmier de
l'unité C, pour sa part n'a pu observer « aucun
changement » mais sans argumenter ses propos.
L'impact qu'a eu la mise en place de l'amélioration de
la qualité, est ainsi exprimé par le cadre de l'unité E
« la qualité nous a permis d'améliorer la gestion
de l'unité de soins en mettant en place un organigramme du
service ». Il complète ses propos en
énumérant « une amélioration de
l'organisation, la définition des taches de chacun, une
répartition de travail affiché, l'amélioration de
l'accueil » Puis il termine en soulignant que « la
mise en place de la qualité a amélioré la prise en charge
des patients ». Le cadre de l'unité A ajoute de son
côté « accompagner le changement, suivre les
procédures et appliquer une démarche scientifique de la
qualité aura des gains pour les personnes et pour
l'établissement ».
Pour sa part, le cadre de l'unité B évoque comme
autre impact « le partenariat avec les autres services, la
coordination des activités et l'impact pour l'institution,
les soins» et ajoute que « La mise en place de
l'amélioration de la qualité a conduit le personnel à
faire son travail sans s'adresser à l'infirmier-chef, la
qualité c'est l'avenir, on adhère ou on est éjecté
du système. C'est l'affaire de survie et de
concurrence ».
D'une manière générale, il semble
évident que la plupart des infirmiers-chefs interrogés ont fait
part des améliorations constatées dans la gestion des leurs
unités de soins. En analysant ces discours, le lien et les changements
observés dans la mise en place de ce projet semblent évoquer le
partage des problèmes et l'implication du personnel (Grenier,
2002 ; Détrie, 2003). Or, un seul cadre signale apporter des
améliorations dans « l'organisation du service,
...l'amélioration des outils de gestion, les fiches, les
protocoles ». En effet, les écrits confirment que l'ACQ
à travers le cycle PDCA de la roue de Déming, permet une
cohérence dans son rôle de manager, entre autre la gestion,
l'organisation et la coordination des soins, (Desnouveaux, 1994 ;
Jacquerye et coll., 1999 ; ANAES, 2002). En outre, cette démarche
est rendue possible grâce aux activités courantes notamment, les
réunions, la communication, les rapports d'activités,
l'encadrement des équipes, la formation (Grenier, 2002 ; IDGPSA,
2005), pour réduire les dysfonctionnements et faire participer le
personnel (Vossart, 2000). Ces écrits permettent d'expliquer que
les infirmiers-chefs sont responsables du maintien d'un bon niveau de soins
(Anchisi, Berra et Pott, 2004).
Concernant l'impact du projet qualité, l'analyse des
discours semble récurrent dans les réponses fournies par les
participants, dont les points saillants sont : « ...la
gestion de l'unité de soins,...l'organisation, la définition des
taches de chacun, une répartition de travail..., ....l'accueil, la prise
en charge des patients ; ...le changement, suivre les
procédures..., des gains pour les personne...bénéfique
pour l'établissement ; le partenariat avec les autres
services, la coordination des activités ». Ces
témoignages représentent des exemples vécus par les
infirmiers-chefs à travers la mise en place de projet qualité.
Partant de ces discours, ceci amène à dire plus
précisément, qu'il devient nécessaire de penser que
l'encadrement des équipes par les infirmiers-chefs reste en effet
prépondérant à la pérennisation de la
démarche d'ACQ. Les travaux de Hamalian et Ségot (1996) montrent
très clairement que la démarche qualité est le seul moyen
de satisfaire simultanément le client, l'organisation et le
personnel.
2.7 Conduite du projet qualité par
l'infirmier-chef
D'une manière générale, tous les
infirmiers chefs, ont chacun à son tour, émis leurs avis par
rapport aux qualités et compétences professionnelles, requises
pour le pilotage du projet qualité dans leur service. L'infirmier-chef
de l'unité B cite à cet effet « la
persévérance, l'honnêteté, le fait d'être
correcte, donner l'exemple, la qualification, l'adhésion à ce
projet, en plus il, faut dépasser le cadre ordinaire de la vie courante
(routine) ». L'infirmier-chef de l'unité C ajoute
d'autres qualités « être exemplaire et respectueux,
respect entre l'infirmier-chef et les membres de l'équipe, sensibiliser
et informer le personnel, prôner pour l'égalité entre
personnel, diffuser l'information, et aussi, la qualification et la
compétence ».
L'infirmier-chef de l'unité D quant à lui,
insiste sur « la ponctualité, la compétence et la
qualification ». Vient ensuite, l'infirmier-chef de
l'unité A qui invoque « ... il faut être utile au
niveau du service, jouer son rôle d'informateur et de formateur et
partager l'information, la lecture collaborative ». Enfin,
l'infirmier-chef de l'unité E attache de l'importance à
« être un bon communicateur ».
En analysant les conversations, plusieurs points semblent
récurrents dans les réponses fournies par les sujets :
« La persévérance, l'honnêteté, le
fait d'être correcte, donner l'exemple, la qualification,
l'adhésion à ce projet, ... ; la
ponctualité,... ; la compétence... ; ...exemplaire et
respectueux, ..., ...prôner pour l'égalité entre personnel,
...la compétence ; être un bon
communicateur ». Rien n'indique dans leurs discours
l'énoncé du terme leadership. Par contre, leurs propos peuvent
être regroupés en qualités et aptitudes de leader
à savoir: la capacité d'écoute et d'expression, le
respect, le rôle d'éducateur, animateur, etc. La théorie de
MSH (2006) a montré que dans la pratique, les compétences d'un
leader sont le sens du travail collaboratif (en équipe), la motivation
des équipes à s'engager, le fait de mener le changement, la
capacité à communiquer efficacement. Ces notions relatives
à l'ACQ et considérées comme essentiels dans la gestion
et dans la pratique infirmière (Gruson, 2002 ; Hubinon, 2004) sont
aujourd'hui plus que jamais, nécessaires aux responsables des
unités de soins (Jeans et Rowat, 2004 ; MSH, 2006).
2.8 Les propositions formulées par les
infirmiers-chefs dans l'amélioration continue de la
qualité
Les suggestions émises par les participants à
l'entretien sont en rapport avec les mesures d'accompagnement
nécessaires à la réussite de leurs projets. Ainsi, le
cadre de l'unité A insiste sur « la
généralisation de cette approche à tous les services de
l'établissement ». Aussi, les cadres des unités C
et E proposent « intensifier la
formation » et que la formation soit « plus
approfondie ». De son côté, le cadre de
l'unité D sollicite « l'accompagnement du projet par le
référent qualité, l'implication de l'équipe
multidisciplinaire ». Enfin, le cadre B
souhaite « la gestion du changement pour maîtriser les
réticences et les résistances ».
Suite aux manques mis en évidence ci haut, les
infirmiers-chefs des US font des propositions. Plus de la moitié sont
convenus du problème de la formation, et sollicitent une formation plus
approfondie. C'est sans surprise qu'on retrouve : « La
généralisation de cette approche à tous les services de
l'établissement ; la formation plus approfondie ;
l'accompagnement du projet par le référent qualité,
l'implication de l'équipe multidisciplinaire ; la gestion du
changement pour maîtriser les réticences et les
résistances ; l'intensification de la formation ».
D'autres insistent sur l'accompagnement par les formateurs en qualité et
l'implication de toute la hiérarchie/ou sur la
généralisation de la démarche d'ACQ dans tout
l'établissement. En empruntant l'idée de Dusausoy (2001), il
apparaît dans l'analyse des discours qu'il est indispensable qu'un
dispositif d'accompagnement de ces infirmiers-chefs soit mis en place afin de
les préparer et leurs équipes au changement. C'est sur cette base
que la formation du personnel constitue une charnière entre la
préparation et l'action (Sébilo et Vertighem, 1998). A travers
cette critique, l'événement le plus marquant dans cette
séquence de travail est que ces infirmiers-chefs des unités de
soins où sont implantés les cercles qualité, ont pris
conscience des enjeux de la qualité. A ce stade, on peut ainsi dire que
ces cadres ont pu amorcer la route quotidienne vers une amélioration
constante. Néanmoins, ces professionnels doivent rester vigilants pour
développer l'esprit d'équipe et l'acquisition de nouvelles
compétences (Hermel, 1992).
Dans la pratique, le chemin est long et semé
d'embûches, mais riche, car une démarche qualité entreprise
dans une unité de soins aurait aussitôt pour effet
d'améliorer les prestations de soins et services, de valoriser le
rôle de l'infirmier-chef et renforcer ses responsabilités
(Jacquerye et coll., 1999). Enfin pour finir, « un homme seul ne
peut rien faire, rien atteindre. Un groupe peut faire beaucoup »
(Chauvel, 1996 p. 271).
II. Synthèses des
résultats
Cette étude confirme la problématique de
départ et renforce l'idée que l'infirmier-chef de l'US a un
rôle capital à jouer dans le pilotage de la démarche d'ACQ
et le souci de la satisfaction des besoins des clients.
Au vu des différents écrits consultés et
de la réglementation en vigueur, portant sur les fonctions et
attributions de l'infirmier-chef, il ressort que la place du cadre infirmier
dans la conduite de l'ACQ ne s'impose pas vraiment comme celle d'un vrai
manager, malgré qu'il pense posséder l'autorité
nécessaire et un certain niveau d'autonomie pour assurer ses fonctions.
Aussi, à une période où l'on veut
généraliser la mise en place de la DQ, on rencontre encore
quelques infirmiers-chefs qui n'accordent pas de l'importance à certains
outils de gestion tels que le tableau de bord, les indicateurs du service, le
rendement de l'unité, etc. Parmi les points positifs par rapport au
management de l'équipe on relève chez tous les infirmiers-chefs,
leurs soucis d'incitation de l'équipe soignante à recentrer les
soins sur les besoins du client, et l'importance qu'ils accordent en
matière d'information et de communication vis-à-vis de leurs
équipes. Leur rôle de leader de l'équipe n'a pas
été signalé par les participants, mais certaines
caractéristiques de leader ont été relevées que ce
soit à travers le questionnaire ou l'entretien à savoir, la
considération portée à l'aspect participatif, à la
motivation des équipes et à la création d'une relation de
confiance dans la gestion de l'unité.
D'autre part l'entretien avec les infirmiers-chefs ayant
implanté la DQ dans leurs services la ont fait part des
améliorations constatées dans la gestion des leurs unités
de soins et ont évoqué le dynamisme observé au sein de
leurs équipes caractérisé par le partage des
problèmes et l'implication du personnel. Chose qui n'est pas
développée dans d'autres services. Ce qui amène à
supposer que l'implantation d'une démarche qualité au niveau de
l'unité, entraînerait un bouleversement dans les pratiques et les
comportements des équipes. Aussi il est constaté que certains
infirmiers-chefs, parmi même ceux qui ont implanté le projet
qualité, ont des doutes quant à la réussite de ces
projets. Or, il est demandé que l'infirmier-chef soit le principal agent
en matière de mobilisation des membres de l'équipe (motivation,
encouragement et soutien), en matière d'encadrement, d'animation et de
formation et en matière d'information et communication. Par ailleurs,
l'infirmier-chef doit être le premier à initier et à
encourager son équipe à la mise en place de projets d'ACQ.
Dans cette étude, 80% de cadres infirmiers ont
participé à des formations sur la qualité
programmées par leur établissement hospitalier. N'étant
pas généralisée à l'ensemble des infirmiers-chefs,
pourrait expliquer la différence observée au sein du groupe par
rapport aux habilités acquises en matière de la démarche
qualité. Cette formation programmée par la direction du CHIS est
axée sur la démarche ACQ. Cependant, en leur qualité de
cadre, les infirmiers chefs doivent disposer de compétences non
seulement en matière de mise en place de projet qualité, mais
aussi en matière de conduite, de pilotage et d'évaluation de ce
projet. Autrement dit, des compétences en management de la
qualité.
Au regard de ces constats et des résultats
observés, il est temps qu'une réflexion sur les pratiques
managériales de l'infirmier-chef, fasse l'objet de nombreux défis
à relever, entre autres le renforcement des compétences, la
formation continue, l'information et la communication, l'encadrement, pour
qu'il soit en mesure de piloter le projet qualité inscrit actuellement
dans une stratégie institutionnelle.
III. Forces et limites de l'étude
Cette étude a permis de décrire le rôle
des infirmiers-chefs des unités de soins dans la démarche
d'amélioration continue de la qualité à l'hôpital
Ibn Sina de Rabat. Il s'agit d'une première étude menée
dans un hôpital universitaire au Maroc dans ce domaine. La richesse de
l'information recueillie et des échanges avec les infirmiers-chefs, a
permis de prendre conscience de la complexité et des enjeux de la
qualité et du management de la qualité par les cadres infirmiers.
L'interactivité des participants entre eux témoigne aussi de la
valorisation de la démarche. Une des forces aussi, repose sur le fait
que le cadre de conceptuel de l'étude s'est inspiré du
modèle PDCA de la roue de Deming.
Parmi les limites de l'étude, l'échantillon
restreint des infirmiers-chefs ayant participé à l'étude.
Aussi, l'étude menée dans un contexte particulier, qui est
l'hôpital Ibn Sina, ne permet pas de généraliser ses
résultats à l'ensemble des établissements et des
professionnels de santé du territoire marocain. Pour confirmer et
compléter les résultats observés, une étude portant
sur plusieurs établissements et acteurs serait nécessaire.
![](Le-role-de-linfirmier-chef-dans-lamelioration-continue-de-la-qualite-Cas-de-lHopital-Ibn-Sina-de27.png)
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