INTRODUCTION GENERALE
A l'heure des débats sur la mondialisation des
économies et sur les questions relatives au financement du
développement des pays du Sud, la question du financement du
développement de l'Afrique se pose avec plus d'acuité que jamais.
Il ne saurait en être autrement si l'on sait que le débat sur les
modèles possibles de développement a depuis belle lurette,
laissé place à des interrogations sur les moyens de
réduction de la pauvreté, la lutte contre la malnutrition et les
grandes endémies, en un mot, les questions de survie ont remplacé
les questions de développement. Une des conséquences
tirées de cette situation, est que l'aide au développement qui
s'est essoufflée1(*)
au cours des deux dernières décennies est de plus en plus
consacrée au soulagement de quelques "souffrances" comme la
pauvreté, les maladies, etc.
Alors que les pays africains ont toujours fait recours
à la dette auprès des organismes internationaux et des pays amis
pour financer leurs investissements aussi bien pour les grands projets de
l'Etat que pour les projets des entreprises publiques et privées, il
s'est avéré utile et urgent de réfléchir sur les
moyens alternatifs de financer l'investissement public et privé, ce qui
dans toute économie saine et orientée vers la croissance et le
développement, devrait provenir de l'épargne nationale. Or,
l'exiguïté des marchés nationaux et la faiblesse des tissus
économiques locaux, cumulées aux besoins grandissants des Etats
Africains, font que l'on ne peut plus se limiter aux sources classiques de
financement.
Dès 1974, à la création de l'Union
Monétaire Ouest Africaine (UMOA), les Etats membres ont compris l'enjeu
que constituait le financement des investissements publics et privés par
l'épargne intérieure (sous régionale). C'est ce qui a
justifié la création d'un Marché Financier Sous
Régional avec comme point d'orgue l'érection de la Bourse
Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) à la place de la
Bourse d'Abidjan en décembre 1993. Ce Marché qui regroupe
l'ensemble des pays membres2(*) de l'Union Monétaire et Economique Ouest
Africaine (UEMOA) a été conçu pour compléter et
renforcer les marchés interbancaires et monétaires, et offrir aux
opérateurs économiques de la Sous Région de nouvelles
opportunités de placement et de financement alternatifs.
La mise en oeuvre de la décision du Conseil des
Ministres de l'UMOA de décembre 1993 a conduit à la constitution
de la BRVM, du Dépositaire Central/Banque de Règlement (DC/BR),
et à l'adoption de la Convention portant création du Conseil
Régional de l'Epargne Publique et des Marchés Financiers en 1996.
Ces institutions (la BRVM et le DC/BR) ont démarré leurs
activités le 16 septembre 1998.
Les missions du Marché Financier Régional (MFR),
telles qu'elles lui ont été assignées par les
autorités monétaires de l'UMOA, étaient de constituer un
pôle attractif de l'épargne des entreprises et des ménages,
d'être une source de financement des Etats et des entreprises mais aussi,
de rendre adéquat les capacités et les besoins de financement.
Il est somme toute surprenant qu'au moment où beaucoup
d'entreprises éprouvent de réelles difficultés de
croissance et de financement, limitées au seul secteur des banques et
établissements financiers, avec lesquels les conditions de
crédits sont encore élevées, hésitent à
recourir au Marché Financier Régional. Hormis les Etats, la
grande majorité des intervenants du Marché sont des filiales de
multinationales.
Après huit ans de fonctionnement, le Marché
Financier Régional a fait la preuve de son utilité en tant
qu'instrument de mobilisation3(*) de l'épargne et de financement des
économies, offrant aux opérateurs économiques de nouvelles
opportunités de financement de leurs activités, en
complément aux financements traditionnels du système bancaire.
Cependant, le Marché Financier de l'UEMOA a du mal
à attirer les entreprises burkinabé; la BRVM est dominée
par des sociétés ivoiriennes, et le nombre de cotations est
présentement bien inférieur à celui escompté au
départ. L'objectif affiché était de 100 cotations d'ici
2005. Aujourd'hui l'on est loin de l'avoir atteint avec les quarante (40)
sociétés inscrites à la cote des actions.
Il y a là matière à
réfléchir sur la perception qu'ont les opérateurs
économiques burkinabé du Marché Financier et sur le
modèle boursier qui leur est proposé.
Pourquoi le recours au Marché Financier Régional
est-il l'apanage d'une minorité d'entreprises burkinabé, alors
qu'un certain nombre parmi elles pourraient lever des capitaux ? Ce
principal questionnement justifie notre réflexion sur le thème
intitulé : « Le Marché Financier de
l'UEMOA et le financement des entreprises
burkinabé ».
Les entreprises burkinabé sont-elles satisfaites des
sources existantes de financement ? Les produits offerts par la BRVM
répondent-ils à leurs attentes ? Quels sont les facteurs qui
pourraient expliquer le manque d'engouement pour ce Marché Financier
Régional?
Notre étude s'inscrit globalement dans une
volonté de comprendre et d'expliquer les facteurs empêchant les
entreprises burkinabé de diversifier leurs sources de financement
notamment en s'intéressant au Marché Financier, et de proposer
également des pistes de réflexion qui pourront à terme
instaurer une culture boursière au Burkina Faso.
Afin d'atteindre ses objectifs, l'étude a
été réalisée à partir d'une enquête
auprès de dirigeants d'entreprises burkinabé auxquels nous avons
administré un questionnaire4(*), une recherche documentaire à travers des
ouvrages économiques, des publications d'institutions telles que la
BRVM, le CREPMF, la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
(BCEAO), et une consultation de documents électroniques à
travers les sites web de certaines institutions comme la BRVM, la BCEAO, le
CREPMF et la Banque de France.
Ainsi, l'étude s'articule autour de deux (02) parties.
La première intitulée
« Généralités sur les sources de
financement des entreprises » développera sur la base
de notre revue de littérature, le cadre théorique dans lequel
s'inscrit la présente recherche. Quant à la
deuxième, elle a pour objet de donner une explication plausible du
manque d'engouement des entreprises burkinabé pour le Marché
Financier d'où son intitulé : « Le
Marché Financier Régional et les entreprises
burkinabé ».
PREMIERE PARTIE :
GENERALITES SUR LES
SOURCES DE FINANCEMENT DES
ENTREPRISES
Dans cette première partie, consacrée aux
sources de financement des entreprises, nous voulons légitimer la
création du Marché Financier Régional en présentant
d'une part les possibilités de financement dont les entreprises
disposaient en zone UEMOA, leurs limites, et d'autre part, présenter le
Marché Financier Régional en tant que moyen complémentaire
de financement qui s'offre aux entreprises.
Afin de répondre aux objectifs de la présente
partie, dans un premier chapitre nous présentons « Le
cadre traditionnel de financement des entreprises» à
travers une analyse du passif comptable qui nous permettra de faire ressortir
les sources de financement d'une entreprise et d'en relever les limites. Les
avantages et les inconvénients pour une entreprise de recourir aux
marchés financiers et la présentation du Marché Financier
Régional feront l'objet du deuxième chapitre. Il sera
consacré au « Financement par le marché
financier ».
CHAPITRE 1 :
LE CADRE TRADITIONNEL DE FINANCEMENT DES ENTREPRISES
Les sources de financement traditionnelles
évoquées dans le présent chapitre font allusion à
quelques modes de financement qui sont couramment utilisés en zone
UEMOA. Nous les mettrons en évidence à partir d'une description
du passif du bilan comptable. Ce dernier offrant la possibilité de faire
ressortir les sources de financement d'une entreprise. Enfin, nous terminerons
par une analyse critique de ces sources de financement.
SECTION 1 : ANALYSE DU PASSIF COMPTABLE
D'UNE ENTREPRISE
Le Système Comptable Ouest Africain (SYSCOA) en vigueur
depuis janvier 1998 sur l'ensemble de la zone UEMOA distingue trois (03)
bilans: le bilan du système normal pour les grandes entreprises, le
bilan du système allégé pour les PME et le bilan du
système minimal de trésorerie pour les entreprises opérant
dans le secteur dit informel. Nous avons retenu de présenter le passif
du bilan normal car, nous le verrons dans nos prochains développements,
la BRVM est destinée aux Sociétés Anonymes (SA).
Le bilan comptable, s'il faut en donner une définition,
est un tableau à deux (02) colonnes principales qui représente
à un moment donné la situation économique du patrimoine
d'une entreprise. L'une des colonnes présente l'origine des ressources
(passif) et la seconde, l'utilisation des ressources (actif). Il en
résulte la possibilité de pouvoir déduire les moyens de
financement d'une entreprise à partir des éléments du
passif. La structure du passif du bilan distingue quatre (04) grandes masses:
les capitaux propres et ressources assimilées, les dettes
financières et ressources assimilées, le passif circulant et la
trésorerie passif. Il ne s'agit pas pour nous de détailler
systématiquement les éléments de chaque rubrique. En
effet, notre objectif est de pouvoir identifier les sources de financement;
seulement lorsque cela sera nécessaire nous entrerons dans les
détails des différentes rubriques.
1. Les capitaux propres et ressources
assimilées
Il s'agit de l'ensemble des ressources appartenant à
l'entreprise et/ou aux entrepreneurs au cours d'un exercice comptable (le
SYSCOA retient l'année civile). Ces ressources peuvent avoir trois (03)
origines : le capital social, les bénéfices non distribués
et la dotation aux amortissements.
Le capital social provient des apports des actionnaires
(sociétés par actions) ou des entrepreneurs (autres formes de
sociétés). Le capital social est indispensable pour la
constitution de l'entreprise et il peut à tout moment être
augmenté dans le respect des règles juridiques et comptables en
vigueur. L'augmentation de capital peut être faite par incorporation des
réserves ou par l'émission d'actions nouvelles auprès des
actionnaires de l'entreprise et/ou sur un marché de capitaux.
Quant aux bénéfices non distribués ils
proviennent de l'activité récurrente ou exceptionnelle de
l'entreprise. Ces bénéfices ne sont pas totalement
distribués pour deux (02) raisons : Premièrement, obligation
est faite à toute entreprise de constituer une réserve
obligatoire à concurrence d'un certain montant du capital social.
Deuxièmement, les actionnaires ou associés de l'entreprise
peuvent volontairement renoncer à distribuer des dividendes afin de
constituer des réserves dites facultatives.
Enfin, les dotations aux amortissements qui
représentent une possibilité légale de reconstitution des
immobilisations de l'entreprise. Elles sont considérées, dans la
réalité comptable, comme faisant partie des charges de
l'entreprise. Leur montant est fonction des immobilisations et de la politique
fiscale en matière d'amortissement.
Il ressort que l'entreprise peut disposer de trois (03) moyens
pour augmenter ses capitaux propres: les actionnaires de départ, les
bénéfices de l'activité et l'émission de nouvelles
actions. Dans le dernier cas, l'entreprise peut recourir à une
émission d'actions sur un marché public.
2. Les dettes financières et ressources
assimilées
Il s'agit essentiellement de dettes d'échéance
moyenne ou longue, des dettes de crédit bail et aussi des provisions
pour risques et charges.
La dette d'échéance moyenne ou longue est
composée principalement de l'endettement obligataire, des Titres de
Créances Négociables (TCN) et de l'emprunt bancaire. Elle
provient dans la plupart des cas, des professionnels de crédit en
l'occurrence les banques et le marché des capitaux. En outre, elle peut
également avoir pour origine les comptes courants d'associés
bloqués qui représentent une créance longue des
associés sur leur entreprise.
Par contre le crédit bail n'a qu'une seule origine, les
institutions financières spécialisées en crédit
bail ou leasing.
Quant aux provisions pour risques et charges qui figuraient
dans les plans antérieurs à l'intersection des capitaux propres
et des dettes financières, elles sont désormais incluses dans les
dettes financières. Considérées comme des dettes, leur
constitution doit être justifiée et sérieuse.
On peut alors distinguer plusieurs sources d'endettement pour
le financement de l'entreprise: le marché des capitaux, les banques et
les établissements financiers, les institutions de crédit bail ou
leasing, les associés de l'entreprise et l'entreprise
elle-même.
3. Le passif circulant
Le passif circulant est constitué des ressources
fluctuantes essentiellement dues à l'activité d'exploitation ou
régulière de l'entreprise. Cette rubrique comporte principalement
les comptes de tiers : fournisseurs, Etat, organismes sociaux, clients, etc.
L'entreprise peut obtenir respectivement de ses fournisseurs,
des organismes sociaux et étatiques, un différé de
paiement de leurs prestations et/ou un différé de versement des
taxes et impôts. De plus, elle peut recevoir de ses clients des avances
sur des commandes et détenir pendant une courte période les
dividendes des actionnaires. On retrouve également sous la rubrique, les
comptes courants associés non-bloqués qui sont des dettes de
courte période, consenties par les actionnaires de l'entreprise.
Lorsque les dirigeants d'entreprise font preuve d'une grande
habilité de gestion, ils peuvent tirer un important
bénéfice de la gestion des flux du passif circulant en
évitant les tensions de trésorerie.
Ainsi l'entreprise dispose pour ses activités
d'exploitation des sources de financement déductibles des comptes de
tiers: fournisseurs, Etat, actionnaires, organisme sociaux et clients. En
général, la fréquence et le volume de ses comptes de tiers
dépendent de la nature de l'activité de l'entreprise. Par exemple
dans certaines activités à l'exception des crédits
fournisseurs réguliers et assez substantiels, les autres comptes de
tiers sont relativement moins fréquents et plus faibles en volume.
4. La trésorerie passif
La trésorerie passif comprend, outre les crédits
de trésorerie (avances, concours bancaires et soldes créditeurs
de banques), des crédits d'escomptes, qui correspondent au montant des
effets escomptés en cours et non- échus.
La banque est au coeur de ces opérations qu'il s'agisse
aussi bien des concours bancaires que des remises à l'escompte d'effets
de commerce. L'entreprise dispose à cet effet des services bancaires
pour couvrir ses besoins de trésorerie.
Le passif du bilan récapitule les ressources de
l'entreprise en un moment donné. Cela permet entre autres, de faire
ressortir les sources de financement possibles pour l'entreprise. Dans cette
section, il est ressorti une diversité de sources de financement pour
les entreprises parmi lesquelles: banques, entreprises, marché des
capitaux, actionnaires et établissements spécialisés en
crédit-bail.
Une fois les sources de financement identifiées, il
apparaît opportun de revenir sur chacune d'elles afin d'exposer leurs
limites. La section suivante poursuit un tel objectif.
SECTION 2 : LIMITES DES SOURCES TRADITIONNELLES
DE FINANCEMENT
La section précédente a permis de relever
différentes sources de financement pour les entreprises. Il s'agit
maintenant de présenter leurs limites. Nous retiendrons
l'autofinancement de l'entreprise, les actionnaires d'origine, la banque, les
établissements de crédit bail et le marché des
capitaux.
1. Les limites du financement interne
Le financement interne ou autofinancement a une composante
normale et exceptionnelle.
La composante normale est au sens strict l'autofinancement.
Elle est habituellement constituée par la dotation aux amortissements et
le bénéfice net non distribué. Son niveau est fonction des
charges qui viennent en réduction de l'excédent brut
d'exploitation et de la politique de distribution de dividendes adoptée
par les propriétaires de l'entreprise.
La seconde composante du financement interne provient des
ressources exceptionnelles résultantes d'opérations affectant le
patrimoine: cessions de biens meubles et immeubles ou de participations, etc.
Il s'agit en fait d'opérations de désinvestissement, par
conséquent leurs flux ne peuvent qu'être conjoncturels.
Selon Myers et Majluf5(*), l'autofinancement en
général est la source privilégiée de financement
des entreprises. La raison fréquemment avancée est la
disponibilité immédiate des ressources, leur usage sans aucune
condition restrictive et surtout pour le dirigeant d'entreprise, aucune
ingérence extérieure dans la gestion de l'entreprise ou
d'obligation de révélation sur la situation financière de
l'entreprise. Toutefois comme l'a noté GINGLINGER6(*), l'autofinancement est non
seulement un frein à la mobilité de l'épargne d'un secteur
à un autre, mais est rarement suffisant pour couvrir tous les besoins de
financement des entreprises.
2. Les limites du financement par les actionnaires
d'origine
Les actionnaires participent au financement de leur
entreprise en apportant des capitaux propres et occasionnellement des dettes.
Toutefois, dans nombre de cas, les actionnaires d'origine arrivent à
couvrir difficilement les besoins de croissance de leur entreprise. Ils ont
soit des moyens extrêmement limités, soit par souci de
diversification, ils préfèrent ne pas tout investir dans une
seule affaire.
3. Les limites du financement bancaire
La banque intervient dans le financement des entreprises en
offrant des crédits et des services financiers: c'est la fonction
d'intermédiation de la banque. Celle-ci est très importante en
zone UEMOA, car il n'existait pas, et cela jusqu'à un passé
récent, un Marché Financier Régional. Si bien qu'en
matière de couverture des besoins de financement de l'économie en
général et particulièrement celle des entreprises, le
monopole des banques est quasi-total. Cependant, cela n'est pas synonyme de
couverture adéquate des besoins de financement de l'économie et
particulièrement de celles des entreprises.
En effet dans leur fonction d'intermédiation les
banques consentent deux (02) types de crédits: à court terme (un
an au plus) et à moyen ou long terme. Il en résulte toutefois que
les banques ont une politique de crédit assez particulière. Le
graphique suivant illustre cette situation pour les pays de la zone UMOA de
1998 à 2006.
Graphique 1 : Situation du
crédit à l'économie dans la zone UMOA de 1998 à
2006 en millions de FCFA.
Source : A partir des rapports (1998-2006)
annuels de la Zone Franc.
Le graphique 1 montre principalement qu'en moyenne, 68% du
crédit à l'économie sont des financements de court terme.
Ce qui confirme notre précédent propos sur la
spécificité de la politique de crédit des banques dans la
zone UEMOA. L'explication avancée pour justifier cette politique tient
à la nature des banques et aux ressources dont elles disposent
essentiellement composées de dépôts à court
terme.
La quasi-totalité des banques en zone UEMOA sont
essentiellement des banques commerciales privées mues par un objectif de
rentabilité et soumises à un certain nombre de contraintes de la
part des autorités monétaires.
Cela revient, en terme bancaire, à maximiser son
produit net bancaire, c'est-à-dire le total des intérêts et
commissions perçus sur les banques et la clientèle,
déduction faite des intérêts et commissions versés
aux banques et à la clientèle notamment au titre de la
rémunération des dépôts.
Les banques agissent sur les produits des emplois et sur les
coûts des ressources ce qui consiste à jouer sur deux (02)
vecteurs : augmenter le volume des emplois sur la clientèle saine d'une
part, et limiter les risques pour éviter d'avoir ultérieurement
à constituer des provisions pour créances douteuses d'autre
part.
Ainsi, les banques sélectionnent leur clientèle
en tenant compte de leur capacité et des opportunités du
marché interbancaire. La capacité de la clientèle est
évaluée par son autonomie financière et la qualité
de la gestion.
La non-satisfaction de ces conditions aboutit à
l'exclusion de certains clients, mais paradoxalement la satisfaction des
mêmes conditions n'engendre pas l'octroi systématique du
crédit. De même les banques refuseront d'octroyer du crédit
lorsque les opportunités du marché interbancaire sont plus
lucratives.
Cette brève présentation de l'action sur les
emplois montre les difficultés qui se présentent aux entreprises
désireuses d'obtenir un financement. Toutefois le fait que les banques
soient des entreprises ne justifie pas toute la politique de crédit
orientée sur le court terme. En effet, l'impact des normes bancaires et
des mesures de prudence auxquelles sont soumises les banques commerciales sont
des aspects non négligeables de la politique bancaire de financement des
entreprises. Par prudence et par souci de respect de la réglementation
bancaire, les banques se limitent au crédit de court terme lorsqu'elles
ne placent pas leur excédent de trésorerie sur le marché
monétaire. Les règles prudentielles tirent leur raison entre
autres du fait que l'octroi de crédit par les banques est
créateur de monnaie. En effet le phénomène de
création monétaire est indissociable du crédit [KEYNES,
1936]7(*). Prêter de
l'argent pour les banques entraînerait une création de monnaie
(les dépôts en banque servent d'assise aux crédits qui
engendrent la création de monnaie). Par conséquent l'octroi
incontrôlé du crédit engendre une création
anarchique de monnaie. Il en résulterait des distorsions des
équilibres économiques, à commencer par l'inflation, qui
engendrerait une baisse du pouvoir d'achat de la monnaie à
l'intérieur du pays, mais aussi à l'extérieur avec une
tendance à la dépréciation de la monnaie nationale par
rapport à une monnaie de référence. Afin d'éviter
de telles conséquences, les crédits octroyés par les
banques sont limités par les autorités monétaires. Ainsi
la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) définit un
certain nombre de règles dont: lier le volume des demandes de
crédits de la clientèle à l'évolution de la
conjoncture par le biais du respect des seuils minima de ratios de gestion, la
constitution de réserves obligatoires non
rémunérées représentant une certaine proportion des
dépôts à vue et à terme, etc.
A la lumière de cette présentation, la
conclusion est sans appel: la banque en zone UEMOA ne serait peut être
pas une source de financement appropriée pour les besoins de moyen et
long terme des entreprises. Pour reprendre les propos du Dr OUEDRAOGO
(1999)8(*), «...
à moins d'une profonde mutation, le système bancaire de la zone
UMOA n'est pas capable de subvenir aux besoins de financement de moyen et long
terme des entreprises, indispensable pour un développement
économique... ».
4. Les limites du financement par
crédit-bail
Le crédit-bail ou leasing permet de financer
l'acquisition d'immobilisation sans aucune garantie préalable et en
fonction des cash flow générés par ladite immobilisation.
La société de leasing reste propriétaire de
l'immobilisation pendant l'exploitation jusqu'au remboursement de la dette
à moins qu'il y ait l'existence d'une option d'achat.
Le crédit bail est une source de financement qui offre
des avantages certains pour les PME, qui le plus souvent ont des
difficultés à fournir des garanties aux banques pour la demande
de crédit à des fins d'acquisition d'immobilisations ou
d'investissements. Toutefois, les taux d'intérêt appliqués
au crédit-bail restent supérieurs à ce que
prélèvent les banques sur les avances de trésorerie et les
prêts à court terme9(*).
5. Les limites du financement par le marché
monétaire
Le marché des capitaux offre deux (02) types de
financement aux entreprises : des dettes et des capitaux propres.
Les dettes sont négociées sur deux (02)
différents marchés: le marché monétaire qui est le
segment de court terme du marché des capitaux et le marché
obligataire qui est le segment de long terme. Ce dernier marché et le
marché des capitaux sont connus depuis septembre 1998 en zone UEMOA sous
l'appellation de Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM).
Nous reviendrons plus en détail sur le marché des capitaux
propres et des obligations dans la présentation de la BRVM. Dans la
présente partie nous nous intéressons aux dettes émises
sur le marché monétaire.
Le marché monétaire comporte deux (02)
compartiments: le marché interbancaire réservé aux
professionnels bancaires et le marché des Titres de Créances
Négociables qui propose à tous les agents économiques,
notamment aux entreprises industrielles et commerciales, des actifs
standardisés.
C'est ce dernier compartiment qui nous intéresse, car
il est une alternative de financement pour les « entreprises non
bancaires ». Pour se financer sur le marché monétaire,
les entreprises émettent des actifs financiers de court terme qui sont
des billets à échéance représentant un droit de
créance portant intérêt. Les titres émis sont
négociables sur un marché réglementé, d'où
l'appellation de Titres de Créances Négociables (TCN); ils n'ont
pas vocation à être cotés en bourse.
Les TCN qui ont cours légal dans la zone UEMOA sont:
les billets de trésorerie, les certificats de dépôts, les
bons des établissements financiers, les bons des institutions
financières régionales et les bons du trésor. Les
émetteurs de chaque catégorie de bons sont définis de
façon restrictive de même que les souscripteurs. Ils sont
limités aux personnes morales.
Les TCN sont caractérisés par une valeur
nominale unitaire de 1 million de FCFA (ou multiple) à 50 millions de
FCFA (ou multiple) pour une durée10(*) allant de sept (07) jours à sept (02) ans,
selon la catégorie à laquelle elles appartiennent. L'utilisation
des TCN comme mode de financement est assez récente mais l'importance de
l'encours des TCN augure des lendemains meilleurs. Le tableau suivant est un
aperçu de ces titres à la date du 29 décembre 2006.
Tableau 1 : Situation des Titres
de Créances de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) au 29
décembre 2006.
Titres
|
Montant (millions de FCFA)
|
Billets de trésoreries
|
15.000
|
Bons des Etablissements financiers
|
3.380
|
Bons des Institutions financières régionales
|
85.155
|
Bons du trésor
|
118.455
|
TOTAL
|
221.290
|
Sources : A partir du tableau de bord des
capitaux de l'Union Monétaire Ouest africaine (UMOA) décembre
2006
On constate dans ce tableau que les billets de
trésorerie ne dominent pas le marché des TCN. Ils
représentent en moyenne 6,76% des émissions globales de titres en
décembre 2006. Cet instrument, spécifiquement destiné au
financement des entreprises non financières, joue un rôle modeste
dans leur financement. Cela malgré le coût relativement faible
de ce mode de financement: les taux d'intérêt sur ce marché
sont de l'ordre de 3,20% à 7,25% pour des emprunts allant de 6 mois
à 7 ans. A cela s'ajoutent les conditions que doivent remplir les
entreprises : justifier d'un capital dont la partie libérée
est au moins égale à 100 millions de francs CFA, justifier de
trois années d'existence, bénéficier d'un accord de
classement auprès de la Banque Centrale ou disposer d'une garantie dont
l'opportunité et le montant sont appréciés par celle-ci,
disposer d'au moins des états financiers des trois derniers exercices
certifiés par un commissaire au compte agréé par la Banque
Centrale.
L'analyse des modes de financement dits traditionnels montre
leur inadéquation dans la couverture des besoins de financement de long
terme de l'économie en général et de ceux des entreprises
en particulier.
En effet, l'autofinancement est par essence limité et
ne saurait couvrir tous les besoins de financement des entreprises. De
même, les actionnaires ne peuvent pas continuellement couvrir l'ensemble
des besoins de leurs entreprises. Du moins, s'ils le peuvent, la prudence les
inciterait à se diversifier en investissement dans d'autres projets. La
banque qui constitue la principale source de financement, n'est pas de nature
à prêter facilement aux riches encore moins aux pauvres petites
entreprises. Toutefois, lorsqu'elle accepte de prêter, le coût du
crédit est élevé. Le crédit-bail qui connaît
un relatif succès reste confronté à un coût du
capital qui reste élevé. Enfin les Titres de Créances
Négociables sont également marginaux dans le financement et
encore limités à un cercle spécifique d'agents
économiques.
Le financement par le marché financier serait la
solution permettant de faire face à l'inadéquation des modes
traditionnels de financement.
CHAPITRE 2 :
LE FINANCEMENT PAR LE MARCHE FINANCIER
Le recours au marché financier peut constituer pour
l'entreprise une alternative pour réaliser ses objectifs de
développement dans de bonnes conditions, profitant des avantages
multiples qu'offre une ouverture de son capital au public. Il est clair que ce
recours, on le verra dans les développements qui suivent, passe par un
processus ayant pour acteurs plusieurs intervenants sur le marché
financier et impliquant une adaptation et une acclimatation de l'entreprise aux
exigences de ce nouvel environnement.
SECTION 1 : L'ENTREPRISE ET LE MARCHE FINANCIER
1. Les avantages pour l'entreprise
1.1 La diversification des sources de
financement
En entrant en bourse, l'entreprise sollicite les ressources
des épargnants, petits ou grands, et des institutionnels. Ces derniers
forment un potentiel important auquel l'entreprise peut recourir en cas de
besoin financier. La bourse et le marché financier en
général offrent l'opportunité de lever des capitaux sous
forme de fonds propres ou d'emprunts à des conditions plus avantageuses
en comparaison avec les sources classiques de financement, du point de vue taux
d'intérêt et durée. Ceci permet à côté
du renforcement des fonds propres, de réduire les frais financiers de
l'entreprise, d'augmenter sa rentabilité et d'accroître sa
compétitivité. Aussi, la cotation des titres de l'entreprise en
bourse favorise-t-elle une meilleure appréciation du risque de
l'entreprise par la communauté des préteurs et par
conséquent, une amélioration de ses conditions de financement.
1.2 L'amélioration de son image
L'entreprise cotée en bourse verra rapidement son image
et sa crédibilité s'affirmer, ce qui lui permettra de mieux
négocier ses affaires avec ses fournisseurs et ses banquiers. Le capital
social, suffisamment diffusé auprès d'un large public, permet
à l'entreprise de s'assurer une clientèle potentielle importante.
La cotation en bourse se révèle ainsi pour l'entreprise, un moyen
privilégié de communication et de publicité. La promotion
de cette dernière devient alors l'affaire de ses
actionnaires-clients.
1.3 La motivation de ses salariés
A côté des économies
réalisées au niveau du recours au marché financier par
rapport aux sources de financement classiques et à côté du
renforcement du prestige, de la crédibilité et de la transparence
de l'entreprise, la cotation en bourse constitue un facteur de fierté
pour le personnel de l'entreprise car il appartient désormais à
l'élite des entreprises. En tant qu'entreprise cotée, la
société serait en mesure de proposer à ses principaux
dirigeants ainsi qu'aux autres salariés des formules
d'intéressement très incitatives en leur accordant des titres de
la société. Les dirigeants et les salariés mesureraient de
manière tangible tout l'intérêt qu'ils ont à ce que
les actions augmentent. Ils se sentiraient directement concernés par les
résultats de leur entreprise.
2. Les contraintes et les risques courus
par l'entreprise
Les contraintes les plus souvent mentionnées sont dues
d'une part, aux coûts liés à l'introduction en bourse, et
d'autre part aux coûts et conséquences liés à la
présence sur la cote.
2.1 Publications régulières et
révélation de l'information
Dès qu'une entreprise est cotée, elle doit tenir
le public régulièrement informé de sa situation et de
toute décision pouvant affecter son patrimoine. Cette obligation de
transparence vis-à-vis du marché est une contrainte
coûteuse financièrement et stratégiquement pour
l'entreprise. Financièrement, l'entreprise doit supporter les honoraires
de certification de comptes et de publications au bulletin officiel de la cote.
Stratégiquement, toute l'information sensible sur sa situation et son
avenir est révélée au public et particulièrement
à ses concurrents.
Lorsque l'entreprise désire aussi ponctuellement faire
appel public à l'épargne, elle est soumise à des
contraintes informationnelles relatives à l'utilisation des capitaux;
autant de dispositions qui engendrent des coûts, mais nécessaires
pour garantir la sécurité des épargnants.
2.2 Les risques de perte de contrôle
Un des risques pour l'entreprise qui va en bourse le plus
souvent avancé, est la perte de contrôle de l'entreprise par ses
anciens propriétaires. En effet, les sociétés dont le
capital n'est pas largement contrôlé par un groupe financier ou un
actionnaire principal et qui sont considérées comme
sous-évaluées, sont estimées souvent par les
« boursiers » comme
« opéables ». Cela veut dire qu'elles pourraient
faire l'objet d'Offre Publique d'Achat (OPA) ou d'Offre Publique d'Echange
(OPE) par un autre groupe ou une société concurrente. Les OPA et
OPE sont considérées « amicales » ou
« hostiles » selon qu'il y ait accord ou non entre le
groupe acquérant et la société visée. Ces
opérations peuvent évoluer en
bataille
financière si des contre-OPA / contre-OPE sont lancées par
des groupes rivaux.
Les contraintes et/ou inconvénients sont d'une grande
importance lorsqu'il s'agit pour l'entreprise de prendre une décision.
De l'arbitrage, entre avantages et contraintes de l'introduction en bourse,
résulte les motivations et les réticences des décideurs
à la prise de décision.
SECTION 2 : LE MARCHE FINANCIER DE L'UNION
ECONOMIQUE
ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE
Le Marché Financier Régional se veut une
solution d'adéquation au financement des entreprises de l'UEMOA. Sans
prétendre à l'exhaustivité, nous nous attellerons dans
cette partie à faire ressortir les grands traits du Marché
Financier de l'Union, à travers son organisation, ses produits
financiers ou titres négociés, sa structuration et ses
principes.
1. Organisation du Marché Financier
Régional
Les choix d'organisation du Marché ont
privilégié d'une part la simplicité de
l'organisation, notamment par la limitation du nombre d'opérateurs, la
sécurité du fonctionnement par la conformité aux standards
internationaux, et l'évolutivité du système mis en place.
D'autre part, l'organisation repose sur le souci des Etats de l'UEMOA de garder
un droit de contrôle sur les acteurs et les opérations, afin de
protéger les épargnants, d'orienter les flux de capitaux et de
protéger le Marché naissant dans le respect de l'économie
libérale.
Les options organisationnelles se retrouvent dans la
définition de deux (2) catégories d'intervenants : les
institutionnels et les commerciaux. Ils sont présentés dans la
chronologie de leur apparition.
1.1. Les intervenants institutionnels
Les intervenants institutionnels regroupent le Conseil
Régional de l'Epargne Publique et des Marchés Financiers
(CREPMF), la BRVM et le Dépositaire Central - Banque de Règlement
(DC/BR).
1.1.1. Le Conseil Régional de l'Epargne Publique et
des Marchés Financiers (CREPMF)
Le CREPMF est un organe de l'Union (UMOA) doté de la
personnalité morale, et constitué par une convention entre les
Etats membres. C'est l'autorité supérieure du Marché
Financier Régional (MFR) dont les missions sont: l'organisation et la
protection de l'appel public à l'épargne, l'habilitation, le
contrôle des structures de gestion du Marché ainsi que des
intervenants commerciaux, la surveillance de la régulation des
opérations de bourse, la définition et la proposition
d'orientation pour améliorer le fonctionnement du Marché, et la
prise de sanctions administratives, pécuniaires, disciplinaires ou
pénales à l'encontre des contrevenants aux dispositions
réglementaires du MFR. Le financement du CREPMF est assuré par
les Etats en sa qualité d'organe de l'Union et par les facturations des
habilitations, visas, agréments, etc.
1.1.2. La Bourse Régionale des Valeurs
Mobilières (BRVM)
La BRVM est une institution financière
constituée sous la forme d'une Société Anonyme (SA) au
capital de 604.080.000 francs CFA réparti entre des actionnaires
privés régionaux, des institutions financières et les
Etats de la région comme l'indique le graphique ci-dessous.
Graphique 2 : Répartition
des actionnaires de la BRVM.
Sources : BRVM
Les sociétés d'intermédiation ont pour
obligation de souscrire et détenir au minimum 4% du capital de la Bourse
et du Dépositaire Central. Aucun actionnaire ne peut détenir plus
de 10% du capital de la Bourse Régionale.
Le siège de la BRVM qui se trouve à Abidjan en
Côte d'Ivoire est l'unique place de cotation pour les valeurs de la zone
UEMOA. La BRVM a trois (03) fonctions principales. Premièrement, elle
habilite les intermédiaires de bourse dans l'exercice des
activités de négociateurs-compensateurs. Deuxièmement,
elle gère le Marché en assurant la centralisation des ordres, la
cotation des valeurs, la diffusion des informations de Marché, la
promotion du Marché et la mise en action du fonds de garantie.
Troisièmement, elle assure la gestion des transactions en cours.
Une Antenne Nationale de la Bourse est installée dans
chacun des pays de l'Union et a pour fonctions principales: représenter
les structures centrales, promouvoir le Marché, prospecter de nouveaux
émetteurs, raccorder à moindre coût les opérateurs
au système central, assurer l'égalité économique et
fonctionnelle des intervenants, faire remonter l'information vers le site
central.
La BRVM et ses antennes réalisent pour le compte des
sociétés de bourse et des émetteurs, des services. Ces
services sont facturés et les commissions prélevées
assurent le financement de la Bourse.
1.1.3. Le Dépositaire Central / Banque de
Règlement (DC/BR)
Le Dépositaire Central / Banque de Règlement est
également une institution financière spécialisée,
constituée sous la forme de Société Anonyme au capital de
1.481.552.500 de FCFA. Son capital se répartit à l'identique de
celui de la BRVM.
Son siège est à Abidjan et est
représenté dans les différents Etats par les Antennes de
la Bourse. Il a pour missions : la conservation
dématérialisée et la circulation scripturale des titres,
la fonction de banque de règlement des transactions boursières,
la tenue et la gestion des comptes titres des sociétés de bourse
et, le règlement et la livraison des titres.
Le financement du DC/BR est assuré par les commissions
sur les prestations de services rendus aux sociétés de gestion et
d'intermédiation, aux émetteurs et autres investisseurs. Ses
honoraires sont préalablement homologués par le CREPMF.
1.2. Les intervenants commerciaux
Les intervenants commerciaux sont les Sociétés
de Gestion et d'Intermédiation (SGI), les Sociétés de
Patrimoine (SP), les Organismes de Placements Collectifs en Valeurs
Mobilières (OPCVM), les Conseillers en Investissements (CI) et les
Apporteurs d'Affaires (AA).
1.2.1. Les Sociétés de Gestion et
d'Intermédiation (SGI)
Les Sociétés de Gestion et
d'Intermédiation, constituées en Sociétés Anonymes,
exercent à titre principal les activités de négociation de
valeurs mobilières en bourse et de conservation de titres pour le compte
de la clientèle. A titre accessoire, elles font de la gestion sous
mandat ainsi que du Conseil Financier.
1.2.2. Les Sociétés de Gestion de Patrimoine
(SGP)
Sont considérées comme Sociétés de
Gestion de Patrimoine, les personnes morales qui, par le biais de placements et
négociations en bourse effectués par les SGI, interviennent
discrétionnairement dans la gestion des titres qui leurs sont
confiés sur la base d'un mandat de gestion établi avec leurs
clients. Ces sociétés ne doivent pas détenir les titres
et/ou les fonds de leurs clients.
1.2.3. Les Organismes de Placements Collectifs en Valeurs
Mobilières (OPCVM)
Un OPCVM est un organisme financier qui collecte
l'épargne des agents économiques en émettant des actions
ou des parts. L'épargne ainsi collectée est utilisée pour
constituer un portefeuille de valeurs mobilières. L'OPCVM canalise ainsi
cette épargne vers le financement des entreprises, participant par ce
biais au développement des économies nationales. Deux
catégories d'OPCVM ont été agréées sur le
Marché Financier Régional : les Sociétés
d'Investissement à Capital Variable (SICAV) et les Fonds Communs de
Placement (FCP).
1.2.4. Les Apporteurs d'Affaires (AA)
Les Apporteurs d'Affaires sont des personnes physiques ou
morales qui transmettent les ordres de leurs clients aux SGI et (ou) qui
mettent en relation un client avec une SGI ou une Société de
Gestion de Patrimoine pour l'ouverture d'un compte de titres et pour les
conseils en placement ou la gestion sous mandat.
Il ressort de l'organisation du Marché Financier
Régional qu'en dehors du CREPMF, seul organe de l'Union, les autres
intervenants sont dominés par les privés. On en déduit que
l'une des options fondamentales qui régit le schéma
organisationnel du MFR en faisant participer le secteur privé, est
d'assurer son succès et garantir son avenir.
2. Les produits ou titres négociés sur la
BRVM
Les titres ou produits négociés sur la BRVM sont
préalablement soumis à l'approbation du CREPMF, autorité
du Marché. On en distingue trois (3) types de produits : les
actions, les obligations et les droits.
2.1. Les actions
Deux (2) catégories d'actions sont admises sur la
BRVM: les actions ordinaires et les actions privilégiées. Aux
premières sont attachées un droit de vote, un droit aux
dividendes et un droit à l'information. En revanche, les secondes
actions présentent des avantages de vote (droit de vote double) ou des
avantages dans la répartition du bénéfice (action à
dividende prioritaire sans droit de vote). Ces titres ont une valeur
inférieure à celle des actions ordinaires et sont cotés
sur une ligne séparée. Au démarrage des activités
de la BRVM, trente quatre (34) entreprises, toutes ivoiriennes et
transférées de la BVA, avaient inscrit leurs actions sur la BRVM.
Au 31 décembre 2006 on notait que le nombre d'entreprises inscrites sur
la cote des actions était passé à quarante (40), soit une
hausse de 17,65% par rapport à l'année de départ. Sur les
40 sociétés cotées sur le marché des actions,
seules quatre (04) ne sont pas ivoiriennes. Ce sont la SONATEL
(Sénégal), la BOA (Bank of Africa) Bénin, la BOA Niger et
depuis le 11 septembre 2006, ETI (Ecobank Transnational Incorporated), maison
mère du groupe Ecobank basée au Togo.
2.2. Les obligations
Les obligations sont des titres de
créances émises par des collectivités du secteur
privé ou public. Elles peuvent être des obligations classiques
à taux fixes ou variables ou des obligations à taux
révisables.
Le tableau 2 montre une répartition des obligations
par catégorie d'émetteur au mois de décembre 2006.
Tableau 2 : Répartition
des émissions d'obligations par catégorie d'émetteur.
Emetteur
|
Montant
(millions de FCFA)
|
Durée
|
Taux d'intérêt
|
BOAD
|
20 120
|
10 ans
|
6,25%
|
BOAD
|
17 051
|
8 ans
|
6,30%
|
BOAD
|
11 948
|
5 ans
|
5,85%
|
BOA-Bénin
|
5 004
|
7 ans
|
6,60%
|
SAGA Côte d'ivoire
|
3 000
|
4 ans
|
7%
|
BHM-Mali
|
9 400
|
5 ans
|
7,50%
|
SHELTER Afrique Sénégal
|
3 500
|
8 ans
|
6,25%
|
Trésor du Burkina
|
25 000
|
5 ans
|
7,50%
|
SENELEC Sénégal
|
15 000
|
5 ans
|
7,50%
|
Communauté Electrique du Bénin (CEB)
|
16 000
|
4 ans
|
7%
|
CELTEL Burkina
|
3 000
|
6 ans
|
7,50%
|
BNDA Mali
|
3 500
|
5 ans
|
6,50%
|
Port Autonome de Dakar Sénégal
|
30 000
|
7 ans
|
6,50%
|
Communauté Electrique du Bénin (CEB)
|
9 000
|
7 ans
|
6,50%
|
BOAD
|
22 700
|
7 ans
|
5,35%
|
Société Béninoise d'Energie Electrique
|
22 765
|
7 ans
|
6,85%
|
ONATEL Burkina
|
16 000
|
6 ans
|
6,65%
|
Trésor du Sénégal
|
45 000
|
5 ans
|
5,50%
|
Trésor de Côte d'ivoire
|
86 134
|
3 ans
|
6,50%
|
BOAD
|
18 595
|
8 ans
|
5%
|
BOAD
|
6 405
|
8 ans
|
4,50%
|
Trésor du Togo
|
36 300
|
5 ans
|
6,50%
|
Trésor de Côte d'ivoire
|
84 200
|
3 ans
|
6,50%
|
BIDC
|
24 144
|
7 ans
|
5,60%
|
SFI
|
22 000
|
5 ans
|
4,75%
|
TOTAL
|
555 766
|
|
|
Sources : A partir du tableau de bord des
capitaux de l'UMOA, décembre 2006
Le tableau 2 montre l'importance des émissions des
Etats dans le montant global des emprunts obligataires, soit 49,77%.
Près de la moitié des émissions d'obligations sur le MFR
est l'apanage des Trésors Publics. Les émissions des entreprises
du secteur industriel et commercial ne représentent que 21,28%, soit la
seconde position par le volume des émissions d'emprunts obligataires. La
BOAD et les banques de la sous région qui sont essentiellement
constituées de banques commerciales viennent respectivement en
troisième et quatrième position par le volume de leurs
émissions d'obligations avec 17,78% et 15,14% des obligations du
marché. Enfin en dernière position se classe la
Société Financière Internationale (SFI), avec 3,96% du
montant global des obligations.
L'apport du marché obligataire est loin d'être
négligeable pour l'économie en général et
particulièrement pour les entreprises. Néanmoins il faut noter la
faiblesse du nombre d'émetteurs, toute chose qui permet de dire que le
recours aux obligations ne touche qu'une infime minorité
d'entreprises.
2.3. Les droits
Les droits de souscriptions confèrent à un
actionnaire ordinaire, le droit d'acheter de nouvelles actions à un prix
fixé à l'avance.
3. Structure de la BRVM
La BRVM est constituée de deux (02) compartiments de
titres de capital (actions) et d'un compartiment de titres de créances
(obligations). Les modalités d'admission des titres de capital et de
créances pour les entreprises privées sont régies par des
conditions spécifiques. Toutefois on observe pour le cas particulier des
titres de capital, l'existence de conditions générales imposables
aux entreprises quelle que soit la cote de demande d'admission. Nous
présenterons successivement les conditions générales pour
les titres de capital et les conditions spécifiques pour les
compartiments actions et obligations.
3.1. Les conditions générales pour les
titres de capital
L'admission à l'un des compartiments actions de la BRVM
implique la satisfaction par l'entreprise candidate des conditions suivantes:
être constituée sous la forme de Société Anonyme,
l'engagement écrit de l'émetteur de diffuser les informations
requises par la BRVM, notamment la publication des comptes annuels au Bulletin
Officiel de la Cote11(*)
(BOC), l'engagement écrit de l'émetteur de participer à
l'organisation du Marché (financièrement), l'engagement
écrit de l'émetteur de se soumettre à la
réglementation de la Bourse Régionale.
3.1.1. Les conditions spécifiques d'admission au
premier compartiment
Le premier compartiment accueille les sociétés
répondant aux critères généraux de la cote et
spécifiquement à ceux du compartiment qui sont :
- présenter une capitalisation boursière de plus
de 500 millions de FCFA ;
- avoir une marge sur chiffre d'affaires sur chacun des 3
derniers exercices de 3% ;
- présenter 5 années de comptes
certifiés ;
- s'engager à signer un contrat d'animation de
marché ;
- diffuser dans le public au moins 20% de son capital,
dès l'introduction en bourse ;
- s'engager à publier au BOC des estimations
semestrielles de chiffres d'affaires et de tendance de résultats.
Les valeurs rattachées à ces titres de capital
sont également éligibles au premier compartiment.
3.1.2. Les conditions spécifiques d'admission au
second compartiment actions
Il est destiné à accueillir des
sociétés moyennes ayant des besoins de financement qui peuvent
être satisfaits par appel public à l'épargne. Les
critères spécifiques au compartiment sont :
- présenter une capitalisation boursière de plus
de 200 millions de FCFA ;
- présenter deux années de comptes
certifiés ;
- s'engager à signer un contrat d'animation de
marché ;
- s'engager à diffuser dans le public au moins 20% de
son capital dans un délai de deux ans ou de 15% en cas d'introduction
par augmentation de capital.
Les valeurs rattachées à ces titres de capital
sont également éligibles au second Compartiment.
3.2. Les conditions générales pour les
titres de créances
Les conditions d'admission des titres de créances sont
fixées par la Bourse Régionale. Elles impliquent la satisfaction
des éléments suivants :
- l'engagement écrit de l'émetteur de diffuser
les informations requises par la Bourse Régionale, notamment la
publication des comptes annuels au BOC ;
- l'engagement écrit de l'émetteur de participer
à l'organisation du marché ;
- l'engagement écrit de l'émetteur de se
soumettre à la réglementation de la Bourse
Régionale ;
- le nombre minimal de titres à l'émission est
de 25000 ;
- la valeur nominale minimale de l'émission est de 500
millions de FCFA.
4. Les principes généraux de fonctionnement
de la BRVM
Les initiateurs de la BRVM ont fait l'option d'un
marché boursier dirigé par les ordres, un marché de fixing
unique et au comptant. Nous présentons succinctement les ordres admis
sur la BRVM, les particularités de la cotation et négociation du
marché, l'organisation du post marché et le
règlement/livraison, les indices du Marché et la capitalisation
boursière.
4.1. Les ordres admis sur la BRVM
La BRVM autorise deux (02) catégories d'ordres :
l'ordre au mieux et l'ordre à cours limité. L'ordre au mieux est
aussi appelé ordre au prix du marché, il est libellé sans
aucune indication de prix. L'acheteur ne fixe aucun prix maximal et le vendeur
aucun prix minimal à sa transaction. A contrario l'ordre à cours
limité fixe un prix maximal pour l'achat et un prix minimal pour la
vente. La durée de validité des ordres sur la BRVM peut
être : journalière (valable lors de la séance de
bourse), mensuelle (dernière séance de cotation, mois civil) ou
à exécution c'est-à-dire sans aucune limite de
validité, mais la durée de présentation au marché
est limitée à trois (03) mois calendaires. A défaut de
renseignement concernant la validité l'ordre est réputé
mensuel.
4.2. La cotation et la négociation sur la
BRVM
Les cours cotés résultent de la confrontation de
l'offre et de la demande sur chaque valeur. En effet tous les ordres
émis par les investisseurs sont transmis au système central de
cotation (au siège de la BRVM) par les SGI responsables de la
négociation. La transmission des ordres est faite par la connexion via
une liaison satellite entre les antennes nationales de bourse et le
système central de cotation. La transmission des ordres est
horodatée assurant donc une impartialité du traitement des
ordres. De plus l'égalité entre les SGI du lieu du siège
et les autres SGI est possible du fait de l'absence d'accès direct des
SGI du lieu du siège au système central de cotation. En effet
celles-ci opèrent comme les autres SGI, c'est-à-dire par
satellite, pour la transmission des ordres de leurs clients. Une fois par jour
à l'ouverture du Marché, la BRVM réalise une confrontation
des ordres d'achats et de ventes. Le cours qui en résulte est un cours
d'équilibre permettant de maximiser les transactions. Il faut souligner
que la cotation journalière est entrée en vigueur le 12 novembre
2001. Auparavant la cotation avait lieu le lundi, mercredi et vendredi.
4.3. L'organisation du post marché et le
règlement / livraison
Le principe de l'organisation retenue est conforme aux
standards internationaux actuels: dématérialisation des titres,
irrévocabilité et concomitance des mouvements espèces et
titres, dénouement glissant des opérations et garantie de bonne
fin. Le règlement livraison a lieu en j+3 depuis le 02 juillet 2007.
4.4. Les indices et l'activité de la
BRVM
Les indices boursiers d'une manière
générale traduisent l'évolution de l'activité du
Marché. Il s'agit donc d'indicateurs de performances du Marché.
L'activité de la BRVM est cernée par deux (2) indices
synthétiques de base 100 : le BRVM10 et le BRVM Composite. La
capitalisation boursière et les transactions du Marché sont aussi
des indicateurs de l'activité qu'il convient de présenter.
4.4.1. Le BRVM 10
Il exprime la performance des dix (10) titres les plus actifs
du Marché Boursier Régional. Les titres de l'indice sont
désignés chaque trimestre sur la base de deux (2) critères
: le montant quotidien moyen des transactions sur la valeur au cours du
trimestre et la fréquence des transactions. Le montant quotidien moyen
des transactions sur la valeur au cours du trimestre ne doit pas être
inférieur à la médiane des montants quotidiens moyens des
transactions de l'ensemble des titres. En outre la fréquence des
transactions devrait être toujours supérieure à 50%,
c'est-à-dire que le titre devrait être transigé au moins
une fois sur deux durant le trimestre.
4.4.2. Le BRVM Composite
Il représente la performance de toutes les valeurs
admises à la cote de la BRVM. Par conséquent c'est un bon
indicateur de l'évolution réelle du marché boursier
régional.
4.5. La capitalisation boursière du
Marché
La capitalisation boursière d'une société
est égale au produit du cours d'une action par le nombre de titres
émis. On obtient la capitalisation boursière obligataire par le
produit du cours d'une obligation par le nombre de titres émis. En
agrégeant toutes les capitalisations boursières des valeurs
présentes à la cote, actions et obligations, on obtient la
capitalisation boursière d'un marché boursier.
Ce chapitre a fait une approche non exhaustive, sur
l'entreprise et le marché financier, en se focalisant sur les avantages
et les contraintes d'un tel recours. Cela revient à reconnaître
aux marchés financiers un rôle dans le financement de
l'économie en général et des entreprises en particulier.
Aussi note-t-on dans ce chapitre la prise de contact avec le Marché
Financier de l'UEMOA à travers son organisation et ses produits.
Il nous semble à présent opportun de nous
intéresser à la perception qu'ont les acteurs économiques
burkinabé de ce Marché Financier Régional.
L'entreprise en zone UEMOA dispose d'un large éventail
de possibilités de financement: autofinancement, actionnaires d'origine,
banque, crédit-bail, marché monétaire et marché
financier. Le Marché Financier Régional (MFR) est la
dernière née des possibilités de financement, d'où
la distinction faite avec les autres modes de financement dits traditionnels.
En ce qui concerne les modes de financement dits traditionnels, leurs limites
et insuffisances dans la couverture des besoins de financement
légitiment la création du MFR.
Le MFR apparaît comme une alternative majeure pour
suppléer aux limites des modes traditionnels de financement. Cependant,
le Marché a du mal à attirer les entreprises burkinabé.
Quels sont les facteurs qui pourraient expliquer cette situation? C'est
à cette question que nous tenterons de répondre dans la
deuxième partie intitulée « Le Marché
Financier Régional et les entreprises
burkinabé ».
DEUXIEME PARTIE :
LE MARCHE FINANCIER
REGIONAL ET LES ENTREPRISES
BURKINABE
Pourquoi le recours au Marché Financier Régional
est-il l'apanage d'une minorité d'entreprises burkinabé, alors
qu'un certain nombre parmi elles pourraient lever des capitaux ?
L'objet premier de cette partie est d'apporter des
éléments de réponses à cette question. Toutefois,
il s'agirait d'un travail incomplet si on s'en limitait à décrire
les facteurs, les perceptions, les motivations et les réticences des
entreprises burkinabé à solliciter le MFR. Il s'agira aussi dans
cette partie de proposer quelques pistes de réflexions en vu d'instaurer
une culture boursière auprès des entreprises burkinabé.
A cette fin, nous aborderons cette deuxième partie par
un premier chapitre : « Etat des lieux des sources de
financement des entreprises burkinabé » et dans un
deuxième intitulé : « Le Marché
Financier de L'UEMOA : les facteurs entravant l'accès et les
perspectives », nous ferons ressortir
d'autres difficultés auxquelles sont confrontées les entreprises
burkinabé, ainsi que quelques suggestions qui pourront à terme
insuffler une culture boursière aux entreprises du Burkina Faso.
CHAPITRE 1 :
ETAT DES LIEUX DES SOURCES DE FINANCEMENT DES
ENTREPRISES BURKINABE
Dans la première partie, nous avons
évoqués de façon théorique les sources
traditionnelles de financement des entreprises. Il convient à
présent de nous intéresser aux sources auxquelles ont
régulièrement recours les entreprises burkinabé, qui
pourraient dans une certaine mesure expliquer leur manque d'engouement pour le
Marché Financier Régional. Notre enquête auprès des
entreprises nous a permis de déceler quelques sources. Nous les
caractérisons à travers une première section :
Le financement traditionnel et dans une seconde, nous
nous intéresserons aux entreprises ayant eu : Recours
au Marché Financier.
SECTION 1 : LE FINANCEMENT TRADITIONNEL
Il s'agit du financement interne, bancaire, par le
marché monétaire et les prêts à taux concessionnels
auprès d'agences de développement ou d'organismes internationaux
pour une certaine catégorie d'entreprises.
1. Le financement interne ou
autofinancement
Au moins quatre (04) dirigeants sur huit (08) soit 50% des
dirigeants d'entreprises burkinabé sondés, financent en
général leurs investissements par autofinancement et
préfèrent ce mode de financement aux autres sources (banque,
établissement financier, emprunt obligataire, etc.).
En effet, un premier élément à
prendre en considération dans les raisons de cette
préférence est l'absence de contrôle
associé à l'autofinancement : demander des fonds aux
actionnaires, c'est dans une certaine mesure se soumettre à leurs
suffrages et, éventuellement, à leur sanction; demander des fonds
à ses banquiers implique la préparation d'un dossier qui peut,
dans certains cas, être ressenti par les dirigeants d'une entreprise
comme un certain contrôle a priori. L'autofinancement, de ce point de
vue, constitue un moyen de s'affranchir dans une large mesure de ce type de
contrôle.
Un second élément favorable à
l'autofinancement est la flexibilité qui le caractérise,
le réinvestissement du surplus monétaire d'exploitation
étant continu, et n'exigeant pas, comme les autres sources de
financement un délai pour l'obtention des fonds.
Un troisième élément favorable à
l'autofinancement, est son moindre coût. A l'occasion de toute
levée externe de capitaux, l'entreprise est amenée à
supporter deux types de dépenses, d'une part les frais de
rémunération des capitaux levés qui, quelle que soit la
forme prise par cette rémunération, intérêt ou
dividende, imposent une sortie future de trésorerie, d'autre part les
frais de dossier ou d'émission. Or de ce point de vue aucun
coût direct n'est associé à la procédure
d'autofinancement des entreprises, rendant compétitive sur le plan des
coûts, cette source de financement.
En somme, nous le voyons, l'autofinancement présente
bien des avantages pour les dirigeants d'entreprises mais nous voulons insister
sur les dangers d'une politique d'autofinancement à outrance.
En effet, la logique voudrait que lors de l'élaboration
de leur politique d'investissement, les dirigeants d'entreprises choisissent de
se référer à une norme minimale de rentabilité
correspondant au moins au taux de rentabilité qu'ils pourraient obtenir
en plaçant ces fonds à l'extérieur (taux de prêt)
au lieu de leur donner une affectation interne, ou
encore au taux d'intérêt qu'il leur faudrait payer pour se
procurer ces capitaux auprès des marchés bancaire ou financier
(taux d'emprunt); en d'autres termes, la logique voudrait que ces dirigeants,
avant de prendre une décision d'affectation des capitaux
d'autofinancement, tiennent compte à tout le moins, à
défaut d'un coût spécifique de l'autofinancement, d'un
coût d'opportunité de ce dernier. Si tel n'était
pas le cas, on pourrait craindre en effet un gaspillage des fonds
d'autofinancement.
2. Le financement bancaire
Le financement bancaire obéit à une logique de
négociation et d'intermédiation qui s'oppose à la logique
de marché d'un financement primaire.
Si notre enquête a révélé que 25%
des entreprises ne privilégient aucun mode de financement, le choix se
fondant sur la nature de l'investissement, il faut reconnaître que la
banque est au coeur du financement des entreprises burkinabé. Les
raisons d'un tel recours peuvent provenir selon les dirigeants d'entreprises,
des différences entre le financement bancaire et la finance de
marché ; on peut en dénombrer principalement deux
(02) : le niveau de coût (pour certaines entreprises), et la
souplesse de gestion.
Pour certaines entreprises burkinabé, qui disposent
d'une solidité financière, les coûts afférents aux
emprunts bancaires et aux emprunts obligataires sont de nature très
différente. On pourrait penser que le coût d'intermédiation
de la banque constitue le seul écart. En réalité, les taux
d'intérêts négociés entre une entreprise et sa
banque ne correspondent généralement pas à chaque fois au
véritable coût de financement de l'entreprise. En effet sous la
pression d'une concurrence exacerbée, les banques peuvent mettre en
oeuvre des stratégies commerciales pour se rapprocher de certains
clients offrant des conditions de financement très attractives et sans
rapport avec le risque de la contrepartie ou se rémunérer sur
d'autres services.
Les dirigeants des entreprises burkinabé
évoquent également la rapidité avec laquelle les
crédits bancaires peuvent être obtenus tandis que l'appel au
marché doit être préparé pendant quelque semaines,
sans garantie de succès.
Pour toutes ces raisons, la part du financement bancaire reste
prépondérante dans le financement de l'économie, en
témoigne le graphique suivant sur l'évolution du crédit
à l'économie entre 1998 et 2006.
Graphique 3 : Evolution du
crédit à l'économie en millions de FCFA au Burkina Faso de
1998 à 2006.
Sources : A partir des rapports annuels
(1998-2006) de la Zone franc
Le graphique ci-dessus montre une tendance à la hausse
du crédit octroyé à l'économie par les banques du
Burkina Faso; elle a plus que doublé en l'espace de huit ans pour
atteindre plus de 474 milliards de FCFA largement en dessous des fonds qui ont
été mobilisés sur le Marché Financier de l'UEMOA
qui se chiffre à plus de 800 milliards de FCFA.
Un tel constat soulève une interrogation d'ordre
capital : les fonds octroyés par les banques sont-ils synonymes de
couverture adéquate des besoins de financement de l'économie et
particulièrement de ceux des entreprises qui ont besoin de capitaux
à long terme pour financer leurs développements ? Le
quatrième graphique nous renseigne sur l'évolution du
crédit par terme sur la même période.
Graphique 4: Evolution du
crédit par terme au Burkina Faso de 1998 à 2006.
Sources : A partir des rapports annuels
(1998-2006) de la Zone franc
On peut noter sur l'histogramme, une tendance à la
hausse du crédit à moyen et long terme sur la période
(1998 à 2006). Toutefois, le crédit à moyen et long terme
reste inférieur au court terme. En effet, même si l'on peut
remarquer que le crédit octroyé par les banques du Burkina Faso
augmente de façon significative d'année en année, il n'en
demeure pas moins que le type de crédit octroyé reste celui du
court terme (environ 70% du volume total des crédits alors que le
crédit à moyen et long terme ne représente que 30%).
Au-delà de cette observation, malgré les
stratégies mises en oeuvre par les banques pour attirer davantage de
clients, le coût du crédit accordé à certaines
entreprises reste on ne peut, plus élevé.
A cet effet, nos entretiens avec les dirigeants ont
révélé que pour ce qui est des dettes à moyen et
long terme, 25% des entreprises supportent un coût compris entre [5-10%
[et une (01) entreprise sur quatre (04) un coût compris, entre [10-15%[.
Elles sont peu nombreuses les entreprises qui sont parvenues à obtenir
des banques, une réduction des coûts de la dette
supportées.
Ajoutons enfin, le niveau d'engagement des banques qui est
limité par leur propre solidité financière et par la
réglementation en vigueur qui définit une limite à
l'encours pondéré des crédits accordés à une
banque en fonction de ses capitaux propres: c'est le ratio de
solvabilité bancaire appelé « Ratio Cooke12(*) » connu maintenant
sous le nom de « Ratio Mac Donough ».
3. Le financement par le marché
monétaire
Le marché des Titres de Créances
Négociables est un compartiment du marché monétaire
où circulent des titres financiers comme les bons de Trésor, les
billets de trésorerie, les certificats de dépôt, les bons
des établissements financiers et les bons des institutions
financières régionales.
En ce qui concerne les entreprises commerciales et
industrielles résidentes de l'UMOA, si elles remplissent certaines
conditions, elles peuvent émettre des billets de trésorerie pour
une durée allant de sept (07) jours à deux (02) ans afin de
financer leurs insuffisances de trésorerie. Le tableau de bord des
capitaux de l'UMOA à la date du 13 aout 2002 fait l'état de
toutes les entreprises burkinabé qui ont émis des billets de
trésorerie sur le marché monétaire.
Tableau 3 : Tableau de bord des
capitaux de l'UMOA du 13 aout 2002.
Emetteur
|
|
|
Durée
|
Taux
|
(Titres en vie)
|
Montant de l'émission (millions de
FCFA)
|
Date
|
|
d'intérêt
|
A - Emissions effectuées ou en cours
|
|
|
|
|
1 - Billets de Trésorerie
|
|
|
|
|
- SN SOSUCO - Burkina
|
1 500
|
1 novembre 2001
|
12 mois
|
7,00%
|
- SONABEL Burkina
|
1 400
|
1 juillet 2002
|
3 à 11 mois
|
7,00%
|
2 - Certificats de dépôt
|
|
|
|
|
- BOA - Bénin
|
2 000
|
1 octobre 1997
|
5 ans
|
6,13%
|
- BST Sénégal
|
2 000
|
1er octobre 2001
|
3 ans
|
7,00%
|
3 - Bons des établissements
Financiers
|
|
|
|
|
- SOBCA - Burkina
|
800
|
31 août 1999
|
3 à 5 ans
|
8% à 10%
|
4 - Bons des Institutions
|
|
|
|
|
Financières Régionales
|
|
|
|
|
- BOAD
|
15 000
|
9 octobre 1997
|
7 ans
|
6,00%
|
- BOAD
- BOAD
|
12 200
7 855
|
14 avril 1998
4 janvier 2002
|
6,5 ans
7 ans
|
6,00%
5,85%
|
5 - Bons du Trésor
|
|
|
|
|
- Trésor Mali
|
12 000
|
30 juin 2001
|
2 ans
|
7,75%
|
- Trésor Sénégal
- Trésor Burkina
|
42 900
8 800
|
28 septembre 2001
6 juin 2002
|
6 mois à 1 an
3 mois
|
5% à 7,5%
3% à 4,5%
|
TOTAL
TOTAL
|
97655
97 655
|
|
Sources : A partir du tableau de bord du
marché des capitaux de l'UMOA aout 2002.
Le précédent tableau de bord nous informe de la
présence de deux entreprises burkinabé, à savoir la
SN-SOSUCO13(*) et la
Société Nationale d'Electricité du Burkina (SONABEL) qui
ont levés des fonds par émission de billets de trésorerie
pour des durées respectives de 12 mois et de 3 à 11 mois. Ce
tableau nous permet également de remarquer que le marché des TCN
en particulier celui des billets de trésorerie reste celui du court
terme, même si les taux pratiqués par ce marché reste
comparativement intéressants à celui du marché
bancaire.
4. Les prêts à taux
concessionnels
Lorsqu'un Etat est éligible au programme concessionnel
du Fond Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale, Lui et
ses démembrements peuvent bénéficier de la part d'agences
de développement et d'organismes régionaux ou internationaux de
coopération, des prêts à un taux préférentiel
afin de financer leurs investissements.
Au Burkina Faso, certaines entreprises (en
réalité les entreprises appartenant à l'Etat)
bénéficient souvent de prêts à taux concessionnels
auprès de ces institutions. Il est important pour nous ici de signaler
que les fonds reçus dans ce cadre sont souvent très
sélectifs car les fonds doivent être affectés à des
secteurs précis, les procédures d'obtentions longues et
compliquées.
Le bref examen sur les sources de financement auxquelles ont
recours les entreprises burkinabé susceptibles d'expliquer leur faible
intérêt pour le Marché Financier, montre toute l'importance
qu'elles accordent au financement traditionnel; malgré tout, certaines
d'entre elles font néanmoins appel au Marché Financier de
l'UEMOA.
SECTION 2 : LE RECOURS AU MARCHE FINANCIER
Le Marché Financier, nous en avons évoqué
dans la première partie ; mais pour le comprendre, il importe de
distinguer ses deux compartiments.
Le marché des émissions de titres, appelé
marché primaire, qui assure la rencontre des demandes de fonds
et des offres de ceux qui souhaitent investir en bourse leurs ressources. C'est
ce marché primaire qui contribue au financement de l'économie.
Quant au marché secondaire, il concerne l'échange de
titres déjà émis. C'est sur ce marché que varient
les cours des valeurs mobilières.
Ces marchés sont indissociables car l'épargnant
qui investit en acquérant de nouveaux titres doit avoir la
possibilité de s'en défaire à des conditions
satisfaisantes ; de même, le cours des nouvelles émissions ne
peut guère s'écarter du niveau des cours du marché
secondaire.
Dans cette section nous nous intéresserons à
l'évolution du Marché Financier de l'UEMOA à travers ses
deux (02) compartiments (le marché primaire et le marché
secondaire) ainsi qu'aux entreprises burkinabé ayant mobilisés
des fonds sur ce Marché Financier.
1. Analyse du Marché Financier
Régional
1.1 Le marché primaire
Au cours de l'année 2005, le Marché Financier
primaire de l'UEMOA a enregistré un nombre record d'opérations,
avec 18 dossiers visés ou enregistrés par le Conseil
Régional, contre 14 en 2004. Ainsi, les fonds levés ont
considérablement progressé, pour atteindre un volume de
près de 220 milliards de francs CFA, contre 107 milliards de francs CFA
en 2004. Sur la période 1998 à 2005, le Conseil Régional a
autorisé au total 148 opérations financières Ces
opérations ont permis de mobiliser plus de 844 milliards de FCFA
répartis comme l'indique le tableau suivant.
Tableau 4: Evolution du marché
primaire de1998 à2005 (en millions de FCFA)
Nature des opérations
|
97
|
98
|
99
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
05
|
TOTAL
|
Emprunt Obligataire Privé
|
|
2 000
|
19 150
|
7 000
|
32 735
|
35 500
|
8 000
|
30 500
|
24 800
|
159 685
|
Emprunt Obligataire Public
|
|
57 120
|
61 293
|
8 505
|
34 952
|
76 870
|
99 403
|
65 000
|
194 895
|
598 038
|
Offre Publique d'Achat
|
|
|
|
1 753
|
|
|
|
|
|
1 753
|
Offre Publique de Retrait
|
|
|
|
|
53
|
|
|
|
|
53
|
Offre Publique de Vente
|
34 437
|
1 109
|
8 845
|
2 386
|
11 819
|
4 639
|
645
|
11 800
|
|
75 680
|
Offre Publique d'Echange
|
|
|
|
|
7 125
|
|
|
|
|
7 125
|
Placement Etranger
|
|
|
252
|
496
|
97
|
877
|
365
|
|
433
|
2 520
|
Placement Privé d'Actions
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL
|
34 437
|
60 229
|
89 540
|
20 140
|
86 781
|
117 886
|
108 413
|
107 300
|
220 128
|
844 854
|
Sources : A partir des statistiques du
CREPMF (www.crepmf.org)
1.2 Le marché secondaire
S'agissant du marché secondaire, il se
caractérise par une capitalisation boursière, qui se situait en
décembre 1998 à 1 018, 9 milliards FCFA. Après une
légère amélioration de 5,5 % en 1999, elle a reculé
en 2000 à 948,3 milliards FCFA avant d'amorcer une reprise à
partir de 2001 pour atteindre les 976 milliards FCFA en décembre 2002.
Avec l'inscription à la cote de nouvelles sociétés,
notamment sur le marché obligataire, la capitalisation boursière
au 31 décembre 2003 s'est établie à 1 108 milliards
FCFA. Le volume des transactions réalisées sur le marché
boursier n'a cessé de chuter depuis 1999 passant de plus de 4 millions
de titres transigés à environ un million en 2003. L'année
2004 a été clôturée avec une capitalisation
boursière de 1 284 milliards de FCFA soit un accroissement de 15,8%
par rapport à 2003. Le marché des actions affiche une
capitalisation en croissance de 17,1% à 1 005 milliards de FCFA
contre 858 milliards de FCFA en 2003. Cette évolution à la hausse
s'observe également au niveau du marché obligataire dont la
capitalisation passe de 250 milliards de FCFA en 2003 à 278,5 milliards
de FCFA en 2004, soit une progression de 11,2%. L'évolution des
indicateurs du Marché, au titre de l'année 2005, confirme la
tendance en hausse enregistrée depuis fin 2004. En effet, à
l'instar de la plupart des bourses dans le monde, l'année 2005 a
été caractérisée pour la Bourse Régionale,
par l'évolution positive de la capitalisation boursière de 1.623
milliards de francs CFA, en accroissement de 26.4% par rapport à la
capitalisation boursière au 31 décembre 2004. Avec 2549 milliards
de FCFA en 2006, la capitalisation a progressé de 51.52% par rapport
à fin 2005.
Pour ce qui est des indices boursiers de la BRVM (le "BRVM 10"
et le "BRVM Composite"), elles ont évoluées de manière
instable mais avec une tendance à la baisse. En effet, ils s'affichaient
en 1998 respectivement à 94,61 et 98,05 points mais se sont
repliés en fin 2002 respectivement à 82,36 et 74,34 points puis
ont amorcé une légère reprise pour s'établir en fin
2003 à 88,26 et 76,53 points. Les deux indices du Marché
affichent en 2004 une bonne santé, le « BRVM 10 »
termine l'année en enregistrant une progression de 16,36% à 102,7
points, un niveau qu'il n'avait plus jamais atteint depuis l'euphorie du
lancement du Marché Régional où il avait
dépassé la barre des 110 points. « Le BRVM
composite » se redresse également, pour se hisser à un
niveau plus modeste de 87,6 points contre 76,53 l'année
précédente, soit une progression de 14,46%. Par rapport à
fin 2004, les indices BRVM 10 et BRVM Composite ont clôturée
l'année 2005 en forte progression, à 149.87 et 112.68, soit une
performance de 45,93% et 28,62% respectivement. Comparées à leur
niveau de 2003, les deux indices s'inscrivent dans une progression de 69,81% et
47,24%. Le tableau 5 traduit l'évolution des indicateurs du
marché secondaire.
Tableau 5 : Evolution du
marché secondaire de 1998 à 2005 (en millions de FCFA)
Désignation
|
98
|
99
|
00
|
01
|
02
|
03
|
04
|
05
|
Volume des transactions
|
489 163
|
4 819 593
|
1 519 193
|
912 193
|
1 015 152
|
1 118 903
|
3 025 032
|
1 330 416
|
Valeur des transactions (*)
|
10,6
|
53,6
|
36,9
|
12,6
|
12,3
|
14,4
|
37,2
|
20,6
|
Capitalisation boursière (*)
|
1 018,90
|
1 073,30
|
948,3
|
976
|
1 010,50
|
1 108,30
|
1 283,50
|
1 623,40
|
Marché des actions (*)
|
1 018,90
|
990,1
|
828,1
|
857,9
|
852,4
|
858,1
|
1 005,00
|
1 297,10
|
Marché des obligations (*)
|
|
83,2
|
120,2
|
118,1
|
158,1
|
250,2
|
278,5
|
326,3
|
Indices Boursiers
|
|
|
|
|
|
|
|
|
BRVM 10
|
94,61
|
97,08
|
77,27
|
84,11
|
82,36
|
88,26
|
102,7
|
149,9
|
BRVM composite
|
98,05
|
91,31
|
74,76
|
77,46
|
74,34
|
76,53
|
87,61
|
112,7
|
Nombre de sociétés
cotées
|
35
|
39
|
41
|
38
|
38
|
39
|
39
|
39
|
Nombre de lignes obligataires
|
13
|
21
|
17
|
17
|
19
|
19
|
16
|
18
|
(*) Milliards de FCFA Source : à
partir des statistiques du CREPMF
Les performances contrastées des activités du
Marché Financier Régional s'expliquent d'une part, par des
difficultés liées à l'environnement externe et d'autre
part, par des difficultés tenant aux conditions internes de
fonctionnement du Marché lui-même. Nous reviendrons plus en
détail sur ces difficultés dans le prochain chapitre.
2. Bilan du financement des entreprises burkinabé
par le Marché Financier Régional
Lorsque nous présentions dans la première partie
les produits financiers offerts par le Marché Financier Régional,
nous citions les actions, les obligations et les droits. Notre objectif dans
cette sous section est de savoir si les entreprises burkinabé ont
recours à ces produits financiers notamment pour ce qui est des actions
et des obligations.
2.1 Le marché des actions
Le tableau ci-dessous nous informe du nombre d'entreprises par
pays qui sont inscrites à la cote des actions depuis 1998.
Tableau 6 : Evolution du nombre
d'entreprises de chaque pays de l'UEMOA sur la cote des actions depuis 1998.
Pays
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Benin
|
|
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
|
1
|
Burkina Faso
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cote d'Ivoire
|
35
|
37
|
39
|
36
|
36
|
36
|
36
|
36
|
36
|
Guinée Bissau
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Mali
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Niger
|
|
|
|
|
|
1
|
1
|
|
1
|
Sénégal
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
|
1
|
Togo
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
Total
|
36
|
38
|
41
|
38
|
38
|
39
|
39
|
36
|
40
|
Sources : BOC (1998-2006) de la BRVM.
On remarque dans ce tableau une forte représentation des
entreprises ivoiriennes sur le marché des actions,
représentant en moyenne 90% des entreprises admises comme le montre le
graphique suivant.
Graphique 5 : Représentation
du nombre d'entreprise de chaque pays de l'UEMOA sur le marché des
actions de la BRVM.
Sources : BOC (1998-2006) de la BRVM.
Comme on peut le constater, aucune entreprise du Burkina Faso
n'est inscrite sur la cote des actions. Qu'en est-il du marché
obligataire ?
2.2 Le marché obligataire par appel public
à l'épargne
Toute entreprise ayant besoin de capitaux pour financer son
développement peut, si elle remplit certaines conditions, vendre des
titres (actions ou obligations) au public, c'est-à-dire à des
investisseurs ou épargnants qui cherchent à faire fructifier leur
épargne. On dit alors de l'entreprise qu'elle fait un appel public
à l'épargne. Les titres ainsi vendus aux épargnants, sont
admis à la cote de la Bourse Régionale, où ils sont
librement négociés lors des séances de cotation.
Depuis la création du Marché Financier de
l'UEMOA, jusqu'en fin 2006, en dehors du Trésor Public du Burkina Faso,
seulement quatre (04) entreprises burkinabé ont eu recours au
Marché Financier à travers un appel public à
l'épargne et trois (03) par l'émission d'un emprunt privé.
Il s'agit de la BRAKINA, de l'ONATEL de CELTEL-BURKINA, de TELECEL-FASO, de la
BOA Burkina et de la SOFITEX.
· La Brasserie du Burkina (BRAKINA): La
BRAKINA est une filiale du groupe Castel. Les filiales du groupe Castel de la
zone UEMOA ont lancé en 1999 un emprunt obligataire s'élevant
à 17 milliards de FCFA ; la part qui revenait à la BRAKINA
se chiffrait à 500 millions de FCFA.
· L'Office Nationale des
Télécommunications du Burkina (ONATEL) : En
mobilisant avec succès en 2001 sur le Marché Financier de l'UEMOA
neuf virgule cinq (9,5) milliards de FCFA par emprunt privé, pour
l'extension de son réseau cellulaire et la construction de la fibre
optique, l'ONATEL est revenu avec d'autres ambitions, plus grandes. Avec la
collaboration de la Société Burkinabé
d'Intermédiation Financière (SBIF), l'ONATEL a réussi la
collecte d'un emprunt obligataire en 2005 d'un montant de 16 milliards sur le
Marché Financier Régional de l'UEMOA, ce montant l'a permis de
financer l'extension de ses réseaux de téléphonie fixe et
mobile et d'accroître ses offres de services.
· CELTEL-BURKINA : CELTEL-BURKINA,
premier opérateur de téléphonie mobile au Burkina Faso a
levé trois (03) milliards de francs CFA à travers un emprunt
obligataire public. Les Fonds ainsi levés ont été
utilisés pour étendre le réseau et lancer de nouveaux
services. L'émission a été arrangée par la
Société Burkinabé d'Intermédiation
Financière (SBIF). Aujourd'hui, la compagnie de téléphonie
mobile CELTEL BURKINA a réalisé une progression en passant de 299
000 abonnés début 2006 à 518 000 fin janvier 2007 contre
près de 70 000 abonnés en 2003 (année d'émission du
premier emprunt); CELTEL Burkina (43 % de part de marché) maintient son
statut de leader. En 2007, CELTEL BURKINA a procédé au lancement
de son second emprunt obligataire par appel public à l'épargne
sur le MFR. Cet emprunt, dénommé « Celtel Burkina 6,35%
2007-2013 », d'un montant global de treize (13) milliards FCFA, vise
à poursuivre le développement et l'extension du réseau de
la société, à moderniser et à diversifier son offre
de services ; l'émission a été arrangée
conjointement par la SBIF et la Compagnie de Gestion Financière de
Bourse (CGF Bourse) qui est une SGI basée au Sénégal.
· TELECEL-FASO : TELECEL-FASO,
opérateur de téléphonie mobile au Burkina a levé
quatre milliards de francs CFA à travers un emprunt obligataire
privé. L'émission a été arrangée par la SGI
Atlantique Finance.
· BOA-BURKINA FASO : Bank of Africa
(BOA) Burkina Faso a réalisé avec succès un emprunt
obligataire sur le Marché Financier de l'UEMOA en fin 2006. Pour
permettre à tous ceux qui veulent acheter à nouveau ou vendre les
titres acquis lors de cette opération, la BOA a demandé et obtenu
la cotation desdits titres sur la BRVM. Cette opération boursière
a été lancée le 1er octobre 2007 à Ouagadougou.
L'emprunt obligataire qui a été arrangé par la SGI
ActiBourse, a mobilisé deux (02) milliards FCFA, fractionnés en
titres de 10 000 FCFA soit 200 000 titres. C'est l'ensemble de ces titres qui
sont aujourd'hui susceptibles d'être mis sur le marché boursier
jusqu'en 2011. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'entrée en
bourse des titres de l'emprunt BOA a été un succès
puisqu'en quelques minutes, plus de 2 135 titres ont été
échangés à 100%.
· SOFITEX : La
Société des Fibres Textiles du Burkina dans le cadre de ses
projets d'investissements, a levé quinze milliards cinq cent millions
(15.500.000.000) de FCFA sur le Marché Financier de l'UEMOA à
travers un emprunt obligataire privé. L'émission a
été arrangée par la SBIF.
On peut d'ores et déjà remarquer que quatre (04)
des entreprises mentionnées ci-dessus à savoir la BRAKINA,
CELTEL, TELECEL FASO et la BOA sont étrangères et appartiennent
à des groupes, exception faite de l'ONATEL qui avant 2007 n'était
pas encore privatisé. Ce constat nous permet d'affirmer, qu'au Burkina
Faso, parmi les grandes entreprises, si elles n'appartiennent pas à
l'Etat, elles sont pour la plupart des filiales de groupes étrangers.
L'on constate aussi que trois (03) des entreprises
burkinabé ayant mobilisé des fonds sur le Marché Financier
sont des sociétés de télécommunications; en effet,
c'est un secteur en pleine croissance.
Enfin nous remarquons la présence de la SBIF dans
l'émission de plusieurs emprunts obligataires publics et privés,
ce qui traduit le quasi monopole de cette société, seule SGI qui
exerce au Burkina Faso.
En somme, depuis le démarrage des activités du
Marché Financier Régional jusqu'en fin 2006, seulement six (06)
entreprises burkinabé ont pu mobiliser des fonds sur le MFR comme le
récapitule le tableau ci-dessous.
Tableau 7 : Emissions
obligataires des entreprises burkinabé sur le Marché Financier de
1998 à 2006.
Ligne obligataire
|
Année d'émission
|
Type d'emprunt
|
Taux de l'emprunt
|
Durée
|
Montant (en millions de francs)
|
BRAKINA
|
1998
|
APE
|
7,45%
|
5 ans
|
500
|
ONATEL
|
2001
|
Emprunt privé
|
7,80%
|
5 ans
|
9500
|
CELTEL
|
2003
|
APE
|
7,50%
|
6 ans
|
3000
|
TELECEL
|
2004
|
Emprunt privé
|
7,25%
|
5 ans
|
4000
|
ONATEL
|
2005
|
APE
|
6,65%
|
6 ans
|
16000
|
BOA-Burkina
|
2006
|
APE
|
5,90%
|
5 ans
|
2000
|
SOFITEX
|
2006
|
Emprunt privé
|
6,65%
|
7 ans
|
15500
|
TOTAL
|
|
|
|
|
50500
|
Sources : A partir des statistiques du CREPMF
(http://www.crepmf.org/autorisations/visa.asp)
Le tableau ci-dessus montre que l'on peut lever d'importants
capitaux sur le Marché Financier avec un délai de
remboursement qui s'inscrit dans le long terme, et fixer librement soi
même les taux d'intérêts tout en tenant compte des
réalités du Marché.
Ainsi sur un total de plus de 844 milliards de FCFA
mobilisés par le Marché Financier de 1998 à 2006 la part
des entreprises burkinabé se chiffre à cinquante milliards cinq
cent millions (50.500.000.000) de FCFA soit moins de 6% des fonds qui ont
été mobilisés sur ledit Marché.
Il est ressorti dans ce chapitre que bon nombre d'entreprises
burkinabé attachent une grande importance aux sources traditionnelles de
financement parmi lesquelles l'autofinancement et le financement bancaire,
occupent une place de choix. Même si certaines entreprises font recours
au Marché Financier de l'UEMOA, on constate leurs absences sur le
marché des actions. Sur le marché obligataire, elles sont peu
nombreuses celles qui y vont.
Quels sont les facteurs qui entravent l'accès des
entreprises burkinabé au MFR? Quelles actions peuvent être
menées pour insuffler une culture boursière au sein des
entreprises du Burkina Faso ? C'est à ces questions que nous
répondrons dans le chapitre suivant.
CHAPITRE 2 :
LE MARCHE FINANCIER DE L'UEMOA : LES FACTEURS
ENTRAVANT L'ACCES ET LES PERSPECTIVES
Le Marché Financier de l'UEMOA comme nous l'avons vu
précédemment peut contribuer au financement de l'économie.
C'est pour cette raison qu'elle a été créée. Sa
création visait aussi l'adéquation des capacités et des
besoins de financement, en particulier le renforcement de la structure
financière des entreprises qui pourront mobiliser de capitaux à
long terme.
L'objectif poursuivi dans ce chapitre est d'approfondir la
réflexion sur les facteurs qui pourraient entraver l'accès des
entreprises burkinabé à ce Marché Financier, d'en
détecter les causes et de proposer des solutions pour une popularisation
de la bourse au Burkina Faso en particulier, et dans l'Union en
général.
SECTION 1 : DES FACTEURS INTERNES ET EXTERNES
1. Les facteurs internes
Ce sont principalement les facteurs historiques, le nombre
limité des produits offerts par le Marché Financier, les
conditions d'admissions, les garanties exigées, l'absence de
fiscalité harmonisée, le coût des tarifs pratiqués
par les intervenants du Marché et la communication.
1.1 Les facteurs historiques
Nous avons pu constater dans le chapitre
précédent, une forte représentation des entreprises
ivoiriennes sur le marché des actions. Cela s'explique par
l'héritage de la bourse d'Abidjan à la BRVM.
En effet, au lendemain de la prise d'activité de la
BRVM, c'est le portefeuille des entreprises de la bourse d'Abidjan
composé à 100% d'entreprises ivoiriennes qui a fait l'objet de
transfert sur la Bourse Régionale, car il n'existait pas jusque
là dans l'espace communautaire, une bourse de valeurs sauf en Côte
d'Ivoire. Ainsi au cours de nos entretiens avec les dirigeants d'entreprises,
certains d'entre eux utilisaient l'expression «Bourse des Valeurs
d'Abidjan» (BVA) pour désigner la BRVM. Cet amalgame entre BVA et
BRVM semble révéler une dimension de la perception de certains
dirigeants, à savoir que la BRVM est perçut inconsciemment ou
consciemment comme une bourse ivoirienne.
1.2 Le nombre limité des produits
offerts
S'agissant de l'offre boursière, il y a lieu de noter
que celle de la BRVM est vraiment limitée. Elle n'organise qu'un
marché au comptant d'actifs financiers. Il n'y est donc pas
organisé un marché à terme, ni un marché
dérivé (options), encore moins un marché d'actifs
physiques (matières premières minières et agricoles) ou
d'actifs monétaires (change).
1.3 Les conditions d'admission
Dans notre présentation du Marché Financier de
l'UEMOA en première partie, nous avons pu noter l'existence de
conditions imposables aux entreprises désireuses de se faire coter
quelle que soit le compartiment auquel elles veulent appartenir.
Même si les dirigeants d'entreprises ayant fait l'objet
de sondage affirment de façon unanime que les conditions sont peu
sévères, il est important de reconnaître que ces
différentes conditions limitent l'accès au Marché. Les PME
et PMI, qui représentent une part importante des entreprises du Burkina
Faso, sont contraintes de s'adresser au système bancaire, ou de financer
leur développement par fonds propres.
1.4 Les garanties
Au nombre des dispositions qui régissent le
Marché Financier Régional, figure l'obligation faite aux
émetteurs d'emprunts obligataires de produire au préalable, une
garantie destinée à couvrir à hauteur de 100%, en
principal et en intérêts, le risque de défaillance de
l'emprunteur.
Bien que cette disposition constitue une mesure de
sécurité pour les investisseurs, elle est souvent citée
par les émetteurs potentiels comme facteur de blocage à
l'accès au Marché Financier, ce d'autant plus que l'exigence de
garantie rend davantage onéreux le coût final des émissions
obligataires à réaliser par voie d'appel public à
l'épargne.
1.5 L'absence d'une fiscalité
harmonisée
En raison de la non harmonisation de la fiscalité sur
les valeurs mobilières dans l'espace UEMOA, on note une disparité
des taux appliqués dans les différents Etats membres; cela n'est
pas de nature à inciter ni les investisseurs ni les entreprises
désireuses de lever des fonds sur le Marché Financier
Régional.
1.6 Le coût des tarifs pratiqués par les
intervenants du Marché
On peut observer une inégalité des taux
pratiqués par les intervenants commerciaux du Marché. Au Burkina
Faso, il n'existe qu'une seule SGI: la SBIF. Elle jouit depuis 1997 d'un
monopole qui lui donne une certaine liberté dans la fixation de ses
tarifs. Même si ses tarifs ont été homologués par le
Conseil régional le 22 mars 2006, comparativement aux tarifs
pratiqués par les autres SGI de l'Union, ses tarifs sont
élevés. A titre d'exemple, la SGI-Togo applique un taux de 1%
maximum sur la commission de placement de titres alors que la SBIF applique un
taux de 1,5%14(*).
Dans le cadre de la collecte de leurs ressources propres, le
Conseil Régional, la BRVM, le Dépositaire Central et les
intervenants commerciaux du Marché prélèvent
différentes commissions qui sont jugées comme étant
excessives et constituent de ce fait, un frein au développement du
Marché. Le tableau 8 présente les diverses commissions
pratiquées actuellement sur le Marché.
COMMISSIONS PERÇUES PAR LE CREPMF
|
TAUX OU MONTANT EN FCFA
|
Commission de visa sur appel public à
l'épargne
|
0,1 à 0,3 %
|
Commission d'agrément BRVM
|
20 millions perçus une fois
|
Commission d'agrément Dépositaire Central
|
15 millions perçus une fois
|
Commission d'agrément SGI
|
2 millions perçus une fois
|
Commission d'agrément SGP
|
1 million perçu une fois
|
Commission d'agrément des Apporteurs d'affaires
|
200 à 400 000 perçus une fois
|
Commission pour délivrance de cartes professionnelles et
par an
|
250 000 par carte
|
COMMISSIONS PERÇUES PAR LA BRVM ET LE
DC/BR
|
Commission de valorisation
|
0,04 %
|
Commission d'introduction et d'émission additionnelle
|
0,05 et 0,025 %
|
Redevance de siège
|
2 millions
|
Rétrocession de courtage
|
0,30 %
|
Commission de règlement/livraison
|
0,1 %
|
Commission d'affiliation
|
2 millions
|
Commission de capitalisation
|
0,05 et 0,025 %
|
COMMISSIONS PERÇUES PAR LES SGI
|
Conservation
|
0,2 à 1%
|
Courtage
|
0,3 à 2%
|
Tableau 8 : Les commissions
pratiquées sur le Marché Financier Régional
Sources : CREPMF (www.crepmf.org)
Vu les tarifs et taux pratiqués par les
différents intervenants du Marché, une révision à
la baisse des tarifs et commissions s'imposent, afin de préserver
l'équilibre du Marché et d'assurer la viabilité de ces
acteurs.
1.7 La communication
Parmi les missions attribuées à la BRVM par les
autorités du Marché, il y a celle consistant à la
promotion du Marché Financier. Dès lors, la communication joue un
rôle primordial dans ladite promotion du Marché.
Au cours de nos différents entretiens, quatre
dirigeants sur huit (4/8) soit 50% ont pris connaissance de la BRVM par la
société de bourse (SBIF), 25% par la presse, 12,5% par l'Antenne
Nationale de Bourse et 12,5% ignore ce qu'est la BRVM. Il y a donc quelque part
une méconnaissance du marché boursier, et des possibilités
de financement qui sont offertes par celui-ci.
En effet, parmi les actions de communications à mettre
au compte de l'Antenne Nationale de Bourse pour promouvoir au niveau local le
Marché Financier, on peut citer les conférences souvent
organisées, des émissions sur l'évolution hebdomadaire du
Marché à la Télévision Nationale du Burkina Faso et
des commentaires dans une rubrique d'un des quotidiens de la place.
Ces actions quand bien même louables sont insuffisantes
pour élever un niveau de culture boursière quasiment
inexistante.
2. Les facteurs externes
2.1 Le tissu économique du Burkina
Faso
Nous voulons dans ce point, faire ressortir les
caractéristiques ou la structuration des entreprises burkinabé,
qui d'une certaine manière pourraient constituer un obstacle à
leur entrée sur le Marché Financier.
Au Burkina on peut distinguer quatre (04) secteurs dans
lesquels évoluent les entreprises : le commerce, l'industrie, les
services et l'artisanat. Le graphique suivant traduit l'évolution des
créations d'entreprises par forme juridique tous secteurs
confondus15(*) entre 2000
et 2005.
Graphique 6 : Evolution des
créations d'entreprises par forme juridique tous secteurs confondus au
Burkina Faso par forme juridique de 2000 à 2005.
Source : Fichier NERE 16(*) de la Chambre de Commerce
d'Industrie et d'Artisanat du Burkina Faso (CCIA-BF)
Comme on peut le remarquer sur le graphique ci dessus, la
grande majorité des entreprises burkinabé, sont pour la plupart
de type individuel ou familial. Ainsi au cours des cinq (05) dernières
années, les créations enregistrées sous cette forme
juridique (individuelle) ont représenté en moyenne plus de
88%.
Cette configuration n'est pas de nature à faciliter
l'entrée de ces entreprises en bourse qui doivent s'elles le
désirent se constituer sous la forme d'une Société Anonyme
(SA).
Le niveau de compréhension et le manque de formation
des acteurs économiques eux-mêmes n'est pas à
négliger. Toutes choses les empêchant d'appréhender la
complexité des marchés financiers.
Pour d'autres raisons telles que : le manque de
transparence, le protectionnisme des chefs d'entreprises, etc. le tissu
industriel et commercial privé local ne manifeste pas un
intérêt à l'introduction en bourse.
Nous constatons enfin qu'au Burkina Faso, nombreuses sont les
grandes entreprises qui appartiennent à l'Etat. Les autres font souvent
partie de groupes étrangers qui exploitent souvent des marchés
protégés, et n'ont souvent pas envie de s'associer à des
actionnaires privés nationaux.
2.2 Le manque de culture boursière
Nous avons relevé au cours de nos entretiens avec les
dirigeants d'entreprises burkinabé, qu'au moins 12,5% d'entre eux, soit
une proportion de 1/8 n'a pas une connaissance suffisante des
opportunités qu'offre le Marché Financier Régional.
Le démarrage des activités du Marché n'a
donc pas été accompagné par des actions de
sensibilisation, d'éducation et de formation à la finance de
marché, toutes chose qui aurait permis de rompre avec l'habitude de
faire des placements produisant des intérêts annuels et avec
possibilité de récupération du capital et non une
transformation de ces fonds en titres.
2.3 Le manque de volonté politique
L'un des premiers facteurs de développement des
marchés financiers émergents, est l'apport des programmes de
privatisation par les Etats.
Le Marché Financier Régional a des atouts de
taille, avec huit (08) pays pour une population totale de plus de 70 millions
d'habitants. Chacun des pays membres de l'UEMOA dont le Burkina Faso, dans le
cadre des recommandations des Institutions de Bretton Woods, possède des
entreprises publiques qui devraient être privatisées.
Depuis 1998, aucune entreprise publique du Burkina
Faso17(*) n'a
été privatisée par le canal du Marché Financier.
Parmi les quelques privatisations enregistrées en dehors de la
Côte d'Ivoire et du Sénégal (SONATEL), aucune n'a
été réalisée par le canal du Marché
Financier.
Les entreprises du secteur privé ont peu
sollicité le marché pour une admission volontaire en raison
notamment de leur réticence à ouvrir leur capital au public
même si l'on peut remarquer, l'admission des titres de certaines filiales
du Groupe Bank Of Africa (BOA18(*)) à savoir la BOA-Bénin et la BOA-Niger
et depuis le 11 septembre 2006, ETI (Ecobank Transnational Incorporated),
maison mère du groupe Ecobank basée au Togo.
La pratique prouve qu'une fois retenu, le partenaire
stratégique nouvel actionnaire majoritaire, ne décide pas
volontairement de l'introduction à la cote de la société,
surtout si l'opération de privatisation ne contient pas une clause de
cotation en bourse, la société ne s'oriente plus vers une
introduction sur le marché.
En résumé, si les Etats ne montrent pas une
volonté politique importante, les repreneurs font tout et posent des
conditions de reprise telles que finalement les entreprises ne vont pas en
bourse.
2.4 L'instabilité politique
Les Marchés Financiers sont en
général très susceptibles au contexte socio-politique. Des
élections mal organisées, un coup d'Etat, une guerre, etc. et les
investisseurs se retirent. Le développement et la
crédibilité d'un Marché Financier tiennent compte de la
stabilité politique.
Dans l'espace UEMOA, plusieurs pays ont connu ces
dernières années une situation socio-politique difficile.
En effet le Marché Financier Régional a
été perturbé par la situation socio-politique en
côte d'ivoire dès 1999, alors que ce pays abrite les structures
centrales du Marché et plus de la moitié des intervenants
commerciaux.
De telles situations ne sont pas de nature à attirer
des investisseurs potentiels; elles favorisent plutôt le repli des
investisseurs, la fuite des capitaux et la rareté des ordres à
exécuter en bourse ce qui réduit sa liquidité.
2.5 Le nombre insuffisant d'investisseurs
institutionnels
Les investisseurs institutionnels sont des organismes qui
détiennent du fait de leur activité une épargne abondante
: les compagnies d'assurance, les caisses de retraite et autres organismes de
prévoyance qui placent une partie de leurs ressources en valeurs
mobilières, afin de faire face aux engagements qu'ils ont pris
vis-à-vis de leur clientèle, en toutes circonstances.
Dans l'espace communautaire, les investisseurs institutionnels
sont très peu nombreux et s'agissant des compagnies d'assurances en
particulier, la majeure partie est représentée par des filiales
de groupe européen. Le centre de décision est donc
délocalisé handicapant ainsi l'aptitude à intervenir sur
le Marché.
A la lumière de ces facteurs ci-dessus
évoqués, des efforts restent à accomplir pour permettre au
Marché Financier de jouer pleinement son rôle de catalyseur du
financement des économies. Dans la section suivante nous apportons notre
petite contribution en vu de permettre l'instauration d'une culture des
marchés financiers dans le paysage économique du Burkina Faso.
SECTION 2 : LES PERSPECTIVES POUR UNE PROMOTION DU
MARCHE FINANCIER REGIONAL AU BURKINA FASO
Avant d'entamer les possibilités qui peuvent être
envisagées avec réalisme pour promouvoir le Marché
Financier auprès des acteurs économiques, il convient de
souligner que le Conseil des Ministres de l'UEMOA a adopté en
décembre 2002 un Plan de Relance du Marché Financier
Régional. Parmi les actions ayant connu un début de
réalisation, on peut citer :
· la révision des textes
réglementaires ;
· l'élaboration d'un plan comptable pour les
structures centrales et les intervenants du Marché ;
· la première phase de la surveillance des
opérations de la bourse par la mise en place d'une connexion permanente
entre la BRVM et le Conseil Régional ;
· le démarrage d'une campagne de formation des
acteurs du Marché ;
· la formation du personnel du Conseil Régional,
de la BRVM et du DC/BR ;
· l'animation de conférences dans les
universités et grande écoles ;
· la création d'un site web pour le Conseil
Régional.
Avant la réalisation concrète de ce plan de
relance du Marché Financier, d'ores et déjà, des actions
et des réflexions peuvent être menées :
· sur un réaménagement des
différents compartiments du marché des actions en vue de
l'assouplissement des conditions d'admission, et de l'ouverture d'un nouveau
compartiment ;
· sur une nouvelle politique de vulgarisation de la
culture boursière;
· sur une réforme des garanties exigées
pour l'appel public à l'épargne ;
· et sur la mise en place de mesures fiscales
incitatives.
1. Le réaménagement du marché des
actions
L'un des problèmes auxquels le Marché Financier
Régional doit faire face est celui de sa capacité à se
révéler plus concurrentiel que les autres sources de financement
notamment celles du secteur bancaire. En effet, le Marché ne
présentera aucun intérêt pour les émetteurs
potentiels si les tarifs qui y sont pratiqués ne sont pas attractifs
d'une part, et d'autre part, si les procédures d'accès à
ce type de financement se révèlent trop contraignantes. Il en est
de même pour les investisseurs qui ne viendront pas sur le Marché
si les coûts des transactions sont élevés. Actuellement, le
Marché Financier Régional a une structure de coûts
élevés comparativement aux autres marchés
émergents. Les conditions d'accès au Marché sont
également jugées trop contraignantes notamment, le niveau de
capital exigé aux entreprises qui exclut une grande partie des
émetteurs potentiels que sont les PME/PMI.
En effet l'ouverture d'un nouveau compartiment qui n'est pas
soumis au même niveau de réglementation auquel sont soumis les
deux compartiments actuels du marché des actions pourrait contribuer
à la promotion du Marché Financier de l'UEMOA. Le nouveau
marché sera destiné aux entreprises ayant un fort potentiel de
croissance (un tel profil pourrait correspondre à la PME- PMI).
Nous résumons les propositions sur le
réaménagement du marché des actions à travers
l'assouplissement des conditions du marché des actions y compris celui
du nouveau compartiment dans le tableau 9.
Tableau 9 : Récapitulatif des
propositions de réaménagement du marché des actions de la
BRVM.
|
Marché des actions
|
Premier compartiment
|
Deuxième compartiment
|
Nouveau compartiment
|
Profil des entreprises
|
Grandes Entreprises
|
Entreprises de taille moyenne
|
Entreprises en fortes croissance
|
Montant*(*) minimum à émettre
|
200 millions
|
75 millions
|
35 millions
|
Nombre de titres minimum à
émettre
|
20.000
|
7.500
|
3.500
|
Capitaux* Propres Minimum
|
150 millions
|
50 millions
|
25 millions
|
Chiffre* d'Affaires Minimum
|
1 milliard
|
500 millions
|
200 millions
|
Nombres d'Exercices Certifiés
|
5
|
3
|
3
|
Contrat d'Animation
|
1
|
2
|
3
|
Sources : Réalisé dans le cadre
du présent Mémoire
En somme, comme l'indique le tableau ci-dessus, il s'agira
pour les autorités du Marché, de réaménager les
conditions d'admissions selon le profil auquel appartiennent les entreprises,
la taille de ces dernières étant appréhendée par
les critères de capitaux propres et de chiffre d'affaires. Les
conditions générales pour les titres de capital à
savoir : être constituée sous la forme d'une
Société Anonyme, l'engagement écrit de l'émetteur
de diffuser les informations requises par la BRVM, notamment la publication des
comptes annuels au BOC, l'engagement écrit de l'émetteur de
participer à l'organisation du marché, notamment
financièrement, l'engagement écrit de l'émetteur de se
soumettre à la réglementation de la Bourse Régionale, ne
subiront aucun changement.
L'introduction en bourse étant une opération
importante, qui implique un grand changement organisationnel et
managérial, il serait important d'envisager des places locales (hors
cote) pour l'apprentissage et le rodage aux mécanismes boursiers pour
les sociétés désireuses d'aller en bourse.
Concrètement, il s'agira d'envisager des antichambres
du Marché Boursier Régional où les autorités du
Marché pourront assister les entreprises désireuses d'aller en
bourse, en leur apportant les conseils et l'expertise indispensables pour la
préparation de l'opération. Le financement de ces antichambres
sera assuré en grande partie par les antennes locales de Bourse ;
une contribution des entreprises candidates sera exigée, elle ne devra
pas excéder 5% des frais de fonctionnement de ces antichambres. Les
épargnants et potentiels émetteurs percevront mieux la bourse
comme une possibilité tangible de financement.
Ces aménagements devront être appuyées et
soutenues par les sociétés de bourses, dont le rôle dans la
promotion et le développement de la bourse n'est pas
négligeable.
2. Une nouvelle politique de vulgarisation de la culture
boursière
Les opérateurs économiques du Burkina Faso ne
sont pas forcément au courant des mécanismes du Marché
Financier ainsi que des opportunités qu'offre le Marché pour
pouvoir les saisir. La culture boursière est quasiment inexistante.
En effet, les dirigeants interrogés disent ne pas
avoir été impliqués dans la création et à la
mise en oeuvre de la BRVM. Cela pose, d'une certaine manière, la
légitimité de la demande pour un tel mode de financement. Il
s'est agi de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ; or
la bonne attitude aurait voulu que l'on ne vende pas la peau de l'ours
avant de l'avoir tué, c'est-à-dire que l'on s'assure de
l'existence d'une demande réelle et potentielle pour la bourse. Par
conséquent, il est nécessaire de commencer par là
où tout aurait dû commencer, c'est-à-dire l'information et
la sensibilisation pour susciter une demande.
Afin de se rattraper et d'insuffler une culture
boursière, plusieurs actions sont menées par les acteurs locaux
du Marché ; mais il reste beaucoup à faire pour insuffler
une culture boursière. A cette fin, nous proposons que soit prise en
compte une autre dimension dans la promotion du Marché Financier :
le jeu.
Les burkinabé sont des amateurs de jeux, on pourrait
utiliser cet enthousiasme pour vulgariser la culture boursière. De
façon pratique, l'Antenne Nationale de Bourse pourrait organiser un
championnat de bourse.
Le principe se décrit de la façon
suivante : Le championnat dure au maximum une semaine; avant le
début du championnat, les participants au nombre de dix se verront
confier un portefeuille virtuel de 1 millions de FCFA, et ils s'affronteront
pour gérer au mieux les valeurs mobilières fictives qui leur
seront laissées. A la fin du championnat, seront
récompensés les trois premiers ayant réalisé des
plus-values.
Il s'agira à travers ce jeu, d'encourager et de
vulgariser la culture boursière dans le pays ; elle sera ouverte
à tous : grand public, écoles et universités.
Nous proposons également que soit
organisé : des débats sur une fonction spécifique de
la bourse (liquidité, appel public à l'épargne,
émission de valeurs mobilières, etc.) ou sur comment s'introduire
en bourse. L'organisation de manifestations publiques récurrentes
dédiées à l'industrie des valeurs mobilières, des
documentaires sur le marché financier à diffuser, pourront
à terme élever le niveau d'éducation financière des
différentes couches sociales.
Il serait cependant illusoire de penser que l'éducation
financière à elle seule pourra générer sur le court
terme des introductions en bourse. Particulièrement pour les entreprises
ayant un actionnaire principal car, l'individualisme poussé est un
phénomène très important qu'il faut intégrer dans
toute initiative d'accroissement des introductions en bourse.
Par conséquent, l'éducation financière
doit être soutenue par des cas concrets, car comme l'observait l'un des
dirigeants interrogés : « l'introduction
d'une société burkinabé en bourse nous fera
réfléchir ».
L'Etat Burkinabé pourrait jouer son rôle en
manifestant une réelle volonté de promouvoir le MFR, en
réalisant les programmes de privatisations par le canal du
Marché financier.
En effet, la privatisation des entreprises publiques a
toujours constitué dans les pays en développement une source
relativement importante de titres de capital pour le Marché Financier.
L'UEMOA ne pourra pas échapper à cette réalité.
D'importantes actions doivent donc être menées
auprès des autorités publiques de l'Union pour : obtenir
l'engagement ferme des États à réaliser leurs programmes
de privatisation ce qui pourrait à terme développer la
culture boursière au sein de l'Union et augmenter sensiblement
l'épargne investie en valeurs mobilières ainsi que le nombre de
sociétés cotées en Bourse.
Enfin, pour stimuler l'offre des titres financiers, les
décideurs politiques doivent se concentrer avant tout sur la
résolution des problèmes de développement du secteur
privé. Ils doivent porter une attention particulière à
l'allègement des démarches administratives, à
l'amélioration des infrastructures et à une bonne gouvernance
afin de favoriser le développement et la croissance du secteur
privé. Un secteur privé fort, composé d'entreprises
fortes, sera à son tour, le moteur de la croissance économique.
Les entreprises de ce secteur pourraient alors choisir les marchés des
capitaux comme alternatives pour financer leurs activités et leur
croissance. Le Marché Financier Régional se trouverait
améliorée et pourrait attirer à son tour, plus
d'investisseurs surtout institutionnels (locaux et étrangers), ce qui
pourrait en retour encourager d'autres d'entreprises locales à entrer en
bourse.
3. La réforme sur les garanties
Afin d'assurer la protection du Marché et des
épargnants qui investissent en valeurs mobilières, le Conseil
Régional exige des garanties pour les émissions obligataires par
appel public à l'épargne sur le Marché Financier
Régional. Cette garantie, à première demande, doit
être délivrée par une institution tierce.
S'il est vrai que l'une des principales missions du Conseil
Régional est la protection de l'épargne investie en valeurs
mobilières, il est important que cela s'accomplisse sans
préjudice au développement du Marché.
L'une des solutions à cette question est d'admettre la
notation des emprunts et des sociétés émettrices par des
agences de notation, qui devront à cet effet être
créé sous la houlette des organes de l'Union.
Ainsi les émissions obligataires notées ou dont
l'émetteur est noté pourront être dispensées de la
production de garanties à première demande. Les entreprises
candidates à l'émission obligataire seront observées sur
une période transitoire, pendant laquelle une analyse approfondie
basée sur ses ratios financiers sera utilisée comme
critère de sélection.
Certains émetteurs, en fonction du secteur
d'activité, pourront être dispensés partiellement ou
totalement de la garantie, sous certaines conditions. Ca sera le cas par
exemple, des banques.
4. Mesures fiscales incitatives
L'expérience de la plupart des marchés
émergents a démontré que la prise de mesures fiscales
incitatives en faveur des acteurs de ces marchés a toujours
contribué efficacement à leur essor notamment par l'augmentation
du nombre de sociétés cotées en bourse, le
développement de l'appel public à l'épargne et
l'émergence d'un marché secondaire plus animé et plus
dynamique.
Il s'agira concrètement pour les autorités en
charge des questions fiscales au Burkina Faso, d'agir sur les points
suivants :
· une réduction des taxes sur les transactions et
les revenus des placements;
· une exonération des taxes sur certaines
obligations comme les obligations à moyen terme des entreprises;
· une réduction des impôts en faveur des
entreprises burkinabé qui ouvrent leur capital et demande à se
faire inscrire à la cote. Les manques à gagner directs de l'Etat,
devront être largement compensés par le développement de
projets d'investissements, qui pourront à terme améliorer les
rentrées fiscales;
· aussi les autorités du MFR pourraient-elles
mettre en place des produits qui seront défiscalisés par exemple
les plans d'épargne actions, plans d'épargne retraite, etc.
Il ressort au terme de ce chapitre, que des facteurs autres
que les sources de financement auxquelles ont habituellement recours les
entreprises burkinabé expliquent leur manque d'engouement pour le
Marché Financier ; il s'agit essentiellement des facteurs
liés même au fonctionnement du Marché et ceux liés
à l'environnement économique. A cet effet, les quelques pistes de
réflexions proposées dans le présent chapitre pourront
d'une certaine manière contribuer à terme, à une
vulgarisation de la culture boursière.
Après huit (08) années de fonctionnement, le
Marché Financier Régional a fait la preuve de son utilité
en tant qu'instrument de mobilisation de l'épargne et de financement des
entreprises.
En effet, elle a offert aux opérateurs
économiques de nouvelles opportunités de financement de leurs
activités, en complément aux financements traditionnels.
Toutefois, elle a du mal à attirer les entreprises du
Burkina Faso en raison de leur engouement pour les sources classiques, du
manque de culture boursière, du niveau de compréhension des
acteurs, etc.
Vu l'importance des Marchés Financiers dans le
financement de l'économie et l'important besoin en capitaux pour le
financement des entreprises au Burkina Faso, des actions doivent être
envisagées pour instaurer une culture des marchés financiers dans
l'espace communautaire en général et au Burkina Faso en
particulier.
CONCLUSION GENERALE
C'est dans le contexte de la dévaluation du franc CFA
intervenue le 12 janvier 1994, qu'une nouvelle dynamique est née au sein
des Etats de l'UMOA tendant à la consolidation d'une Union
économique et d'un Marché Financier autour de l'Union
Monétaire qui les liait depuis les indépendances en 1960.
Toutefois, pour éviter les écueils notés
dans les impulsions régionalistes précédentes, du fait de
législations nationales divergentes, les préalables à la
création de ce Marché Financier ont cette fois bien
été pensés. Il a fallu pour cela, procéder à
quelques abandons de souveraineté pour créer un cadre juridique
et comptable commun aux différents Etats. La mise en place d'un droit
uniforme des affaires dans le cadre de l'Organisation pour l'Harmonisation du
Droit des Affaires en Afrique (OHADA) et celle du Système Comptable
Ouest Africain (SYSCOA), après l'élaboration d'un droit uniforme
pour les banques et établissements financiers et les
sociétés d'assurance, ont été des jalons majeurs
dans la préparation et l'accompagnement de l'avènement d'un
Marché Financier sous-régional.
Malgré la création du Marché Financier
Régional qui vise les objectifs de contribuer à la
diversification du secteur financier, de mobiliser les ressources longues
nécessaires au financement de la production et de l'investissement des
entreprises et enfin de favoriser l'intégration régionale, l'on
ne constate pas un engouement des entreprises burkinabé pour ce
Marché.
Au terme de notre étude, nous pouvons noter que le
Marché Financier a favorisé : de nouvelles
opportunités de financements offerts aux entreprises ; une
augmentation des ressources mobilisées par les entreprises ; une
réduction des coûts d'intermédiation financière.
Mais ce cadre favorable au développement des
entreprises reste perturbé par le manque de volonté politique
dans le développement du Marché, le manque de culture
boursière des populations, la méconnaissance du Marché
Financier de l'UEMOA en elle-même, etc.
S'agissant de l'offre boursière, il y a lieu de noter
que celle de la BRVM est vraiment limitée. Il nous est donné de
constater que celle-ci n'organise qu'un marché comptant d'actifs
financiers. Il n'y est donc pas organisé un marché à
terme, ni un marché dérivé (options), encore moins un
marché d'actifs physiques (matières premières
minières et agricoles) ou d'actifs monétaires (change). On
imagine aisément l'intérêt de ces types de marché
dans l'intégration régionale et dans l'économie ouest
africaine. Outre le fait qu'un marché de matières
premières minières et agricoles auraient constitué un lieu
d'échange de produits de la sous région non inscrits à la
côte des bourses des pays développés du Nord comme le
phosphate, l'arachide, le mil, l'huile de palme, la banane, etc. alors qu'ils
font l'objet d'un commerce très important entre pays du Sud (Afrique,
Asie et Amérique Latine), un marché à terme de ces types
de produits mettrait fin à la spéculation passive dont sont
victimes les agriculteurs et les Etats de la sous région pour les
produits cotés comme le coton et le cacao. Ainsi un agriculteur
burkinabé ou l'Etat burkinabé pourrait acheter des options de
vente de coton au moment où le cours est favorable ou vendre à
terme son coton à une industrie textile de la sous région ou
encore profitant de l'interpénétration des marchés,
trouver un acheteur en Afrique du Sud, en Asie ou en Amérique Latine.
Par rapport à la demande de ressources
financières, il y a lieu de souligner que la nature des demandeurs est
assez particulière en ce sens que, d'une part, les entreprises publiques
et les Etats sont ici habitués à des subventions et à des
crédits à taux concessionnels (0 à 2%) de la part
d'agences de développement et d'organismes régionaux ou
internationaux de coopération, et d'autre part, l'écrasante
majorité des entreprises privées n'ont ni la taille, ni les
moyens de prétendre aux opportunités qu'offre la bourse. En fin
de compte, hormis les Etats, la grande majorité des intervenants
à la BRVM sont des filiales de multinationales.
Mais c'est là où se trouve la difficulté,
car comme le rappelait M. Jean-Paul Gillet, Directeur Général de
la BRVM, « il y a un potentiel important d'entreprises qui
pourraient lever des capitaux sur le marché
financier 19(*)».
Les barrières sont élevées pour les
demandeurs de ressources du fait des conditions exigées pour entrer
à la BRVM. Le nombre réduit des Sociétés de Gestion
et d'Intermédiation (SGI) intermédiaires du Marché ne
permet pas encore de faire jouer à fond la concurrence entre elles. Dans
beaucoup de pays (en dehors de la Côte d'Ivoire, du Bénin et du
Sénégal), il n'y en a qu'une seule.
Le phénomène qui s'exerce autour des
privatisations des grandes entreprises nationales d'eau,
d'électricité ou de télécommunication est assez
troublant. Non seulement, les Etats de la sous-région se plient aux
diktats des multinationales étrangères mais encore, lorsqu'ils
arrivent à un accord, c'est avec des entreprises publiques de l'ex
puissance coloniale construisant ainsi un sentiment de recolonisation au sein
de la population. Or, que n'eût il été plus judicieux
d'ouvrir le capital de ces sociétés nationales à
l'épargne publique sous la houlette d'hommes d'affaires de la sous
région.
Au vu de cette analyse, certaines actions sont à
prendre en compte pour une véritable relance de notre Marché
Financier et concernent principalement: la diversification des produits
offerts par le marché boursier et l'élargissement des cibles, la
révision des conditions d'accès, la mise en place de mesures
fiscales incitatives et la reforme sur les garanties.
Les autorités monétaires de l'Union ont fait
preuve de beaucoup d'audace et de prospective en créant le Marché
Financier de l'UEMOA. Cette dernière est sans aucun doute un outil
important dans la mobilisation de l'épargne publique sous
régionale. Toutefois, comme beaucoup d'instruments économiques et
financiers, elle est une pâle copie de ce que fait l'Occident sans tenir
compte du contexte économique de la sous région. En cela, elle
manque d'originalité et de perspectives. Etant donné que
l'évolution de l'économie africaine a vu émerger un
secteur informel très dynamique et qui malheureusement aujourd'hui
encore tarde à être encadré et canalisé vers les
objectifs de développement du continent, le modèle boursier qui
doit être proposé aux africains doit être revu. Ceux qui
l'ont compris avant ont mis en oeuvre le concept de micro-finance qui a
beaucoup aidé au financement de micro-projets et au captage de la petite
épargne. Il est temps de créer la micro-bourse qui serait le
modèle Africain du Marché Financier. De même, l'ambition de
la BRVM doit aller au delà des valeurs mobilières, elle doit
embrasser le marché des actifs physiques (matières
premières minières et agricoles) où la spéculation
est entrain de porter préjudice à nos économies. Les
conditions de faisabilité du nouveau modèle boursier à
proposer aux africains feront sans doute, l'objet de débats.
* 1 Contrairement aux
proclamations généreuses lors des sommets internationaux, l'Aide
Publique au Développement (APD) délivrée en 2006 par les
pays riches a baissé de plus de 5%. D'un montant de 103,9 milliards de
dollars, l'APD ne représente que 0,30% du revenu national brut des pays
donateurs, alors qu'ils se sont engagés, à plusieurs reprises
depuis 1970, à la porter à 0,70%. De plus, l'aide à
l'Afrique (hors remises de dette) a stagné alors que les pays
du G8 s'étaient engagés en 2005 à doubler cette aide d'ici
2010.
Infos article « Le Comité pour
l'Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM) dénonce l'échec
du financement de développement par les pays
riches ». URL:
http://www.cadtm.org
* 2 Les pays membres de l'UEMOA
sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la
Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le
Togo.
* 3 Les opérations sur
le Marché Financier depuis le démarrage des activités a
permis de mobiliser plus de 844 milliards de francs CFA. L'exercice 2006,
affiche une capitalisation à 2549 milliards de FCFA pour les 40
sociétés cotées contre 1623 milliards de FCFA au 30
décembre 2005, soit une progression de plus de 50%.
* 4 Voir le questionnaire
d'entretien à l'annexe 1, page ii.
* 5 Myers S.C. and Majluf
N.S, Corporate Financing and Investment Decisions. When Firms Have
Information That Investor Do Not Have, Journal of Financial Economics,
1984, Vol 13, p 187-221.
* 6 E.GINGLINGER,
Marché des capitaux et financement de l'entreprise,
Encyclopédie des Marchés Financiers, 1997, p 897-912.
* 7 KEYNES J. M (1936),
the general theory of employment interest and money, 14 Edition,
London, Mac Millan and CO LTD, 384 p
* 8 Dr Ousmane OUEDRAOGO fut
respectivement vice- gouverneur de la BCEAO et Ministre des finances du Burkina
Faso, il est actuellement Conseiller spécial du Gouverneur chargé
des questions monétaires à la BCEAO. O.OUÉDRAOGO,
Plaidoyer macroéconomique pour l'Afrique ; Editions
Karthala, 1999, p.195.
* 9 Le taux d'usure est
fixé à 18% et depuis le premier octobre 1993, les conditions
débitrices ont été libéralisées. Il n'est
plus institué de maximum pour les prêts à la
clientèle. Entendues tous frais, commissions et
rémunérations de toute nature compris, les conditions
débitrices ne peuvent excéder le taux légal de l'usure.
* 10 Les Certificats de
dépôts, les Bons des Etablissement financiers et des institutions
financières régionales peuvent être émises pour une
durée allant de sept (07) jours à sept (07) ans sur le
marché des TCN.
* 11 Voir un exemplaire du
Bulletin officiel de la Cote (BOC) à l'annexe 2, page x.
* 12 Le ratio Cooke
est un ratio qui définit le montant de fonds propres minimum
que doit posséder une banque en fonction de sa prise de risque. Le ratio
Cooke impose 2 contraintes: (fonds propres + quasi fonds propres) /
ensemble des engagements > 8%, fonds propres /
ensemble des engagements > 4%. Il a été adopté
lors des accords de Bâle en 1988. Quant au ratio Mac
Donough, il succèdera au ratio Cooke suivant les
accords Bâle II. Il introduit pour son calcul la notion de risque et
surtout les principes de leur surveillance constante.
* 13 La SN-SOSUCO est la
Nouvelle Société Sucrière de la Comoé.
* 14 Décision N°
06-037 portant homologation des tarifs de la SGI-Togo ; Décision
N° 06-008 portant homologation des tarifs de la SGI-SBIF. L'ensemble
des décisions sont disponibles sur le site du CREPMF
(www.crepmf.org).
* 15 Voir l'annexe 3, page
xii pour les données chiffrées sur les différents
secteurs.
* 16 NERE: fichier National
des Entreprises et des Regroupements d'Entreprises.
* 17 L'Office National des
Télécommunications (ONATEL) a été privatisée
en décembre 2006. Selon le gouvernement du Burkina Faso, il est
prévu que 20% du capital de l'ONATEL soit introduite à la
BRVM.
* 18 Selon la Direction
Générale de la BOA Burkina, cette banque s'apprêterait
à se faire cotée sur le marché des actions de la Bourse
Régionale en 2008.
* * En francs CFA.
* 19 Babacar NDIAYE (Page
consultée le 05 mars 2007), Histoire récente : Les
difficultés d'ancrage de la bourse régionale des valeurs
mobilières de l'UEMOA dans les moeurs économiques
ouest-africaines, [En ligne].
http://fr.pekea-fr.org/comm/10-7-B-NDIAYE.html.
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