II.6. DYSFONCTIONNEMENT DU MARCHE
DU TRAVAIL
Le dysfonctonnement du marché du travail découle
principalement de l'absence d'une structure appropriée, d'organisation
et de gestion du marché du travail. En effet, le cadre du travail
promulgué en 1967 avait institué le Service National d'Emploi
(SENEM) en lui assignant la mission essentielle de réaliser une
meilleure organisation du marché de l'emploi. Dans ces faits, les
attributions de ce Service ont été
récupérées par la direction de l'emploi et de formation du
Ministère du Travail. Par ailleurs, en matière d'embauche des
critères subjectifs ont supplanté aux critères objectifs
comme la compétence et la qualification. Parmi les plus pertinentes de
ces subjectifs, nous notons généralement le clientélisme,
le militantisme politique et le népotisme.
Un peu partout s'est développée ainsi une
véritable "l'idolatrie du diplôme". Au lieu de demeurer un simple
garant plus ou moins fiable des capacités, celui-ci est souvent devenu
une fin en lui même, un fétiche, un "sésarne ouvre-toi", au
détriment d'autres valeurs bien plus importantes
Le plein-emploi des hommes, la possibilité pour chacun
d'exercer un emploi, une foncton professionnelle ou sociale, supposent un
système d'information et d'éducation autre que celui qui est le
nôtre aujourd'hui.
En République Démocratique du Congo, ce qui
compte, ce n'est pas l'information mais le secret pratiqué sous les
formes les plus diverses. Ce n'est pas l'éducation, mais l'examen. Tant
que ces contre valeurs ne seront pas renversées, la
société congolaise ne sera ni dynamique, ni novatrice, ni
responsable. Les congolais resteront des "sujets non des "acteurs.
Les renverser signifie la collecte, la diffusion et le
traitement de l'information, dans tous les domaines de la vie, par tous les
citoyens et toutes les catégories sociales. Il ne suffit pas de parler
du droit à l'information, il faut pratiquer l'information.
Les renverser signifie aussi faire du système
éducatif, un système ouvert entre l'enseignant et
l'enseigné, entre l'école et la vie et non un système
fermé sur l'examen et le diplôme.
Le système d'éducation dont a besoin une
société dynamique ne doit pas produire de râtés.
cela est le signe méme de son mauvais fonctionnement Au lieu de
préparer à la vie, il produit des inadaptés qui ont un
complexe d'échec. Pour que les citoyens deviennent des acteurs, il faut
qu'ils aient un PROJET DE SOCIETE. Pour que les jeunes souhaitent
s'insérer dans la vie professionnelle et sociale, il faut qu'ils aient
un PROJET EDUCATIF PERSONNEL". Ils l'élaboreront en liaison
étroite avec les enseignants, mais sa caractéristique principale
est qu'il devra déboucher au terme des études (choisie en foncton
des qualités personnelles, de l'expérience et des connaissances
acquises, des besoins de la société), sur une insertion sociale
et professionnelle réussie.
Tout au long des études, gràce à
l'existence de la matrice d'emplois, les postes et les fonctions disponibles
seront portés à la connaissance de tous ainsi que les
qualités nécessaires pour les exercer. Aujourd'hui, sortir du
système éducatif, méme avec un diplôme,
c'est-à-dire après avoir "réussi", c'est entrer dans
l'incertain, parce que le système éducatif est coupé de la
vie. Demain, le système éducatif, placé au coeur de la
vie, sera la voie normale d'entrée dans la société.
Sortir de la crise et préparer le 21ème
siècle, c'est peut-ètre d'abord faire cesser l'énorme
gaspillage de forces vives que représente aujourdhui l'échec
scolaire par une trop grande partie de la jeunesse, c'est donner à
chaque jeune, ouvert aux connaissances et au monde par l'information et
l'éducation, la chance de pouvoir quel que soit son emploi ou sa
fonction, assurner des responsabilités, créer et innover.
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