REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
UNION - DISCIPLINE - TRAVAIL
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE DES SCIENCES
ECONOMIQUES ET DE GESTION (UFRSEG)
DE SCIENS EdCONOMIQUES ET DE GESTION
Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire en
Economie
(P.T.C.I.E)
MEMOIRE de D.E.A.
Spécialité : Economie
Industrielle
Option : Economie de
l'Environnement
THEME :
LA REGULATION DE LA POLLUTION ATMOSPHERIQUE D'ORIGINE
MOTOCYCLE :
Cas des taxis-moto
« zémidjans » dans la ville de Cotonou.
Présenté par M. Fanougbo AVOCE
VIAGANNOU.
. Mathieu MELEU.
Mathieu M
Président du jury: Pr.
Aké G. M. N'GBO
Professeur
Titulaire, Doyen de l'UFRSEG Abidjan
Membres du
jury : Dr
Mathieu MELEU
D.G de l'INS,
Directeur du CREMIDE, Directeur
du Mémoire
Dr (Ph.D) Nouhoun COULIBALY
Assistant à
l'UFRSEG Abidjan
Juillet 2002
DEDICACES
Je dédie ce mémoire :
- A mon tuteur Pascal Sourou AGBOTON et
son épouse ; qu'ils retrouvent
à travers ce modeste travail le fruit de leurs
efforts louables .
- A tous mes amis pour leur soutien de
tout genre.
- A mes tendres soeurs Sylvie et
Monique pour leurs affection et contribution.
- A ma très chère femme Eunice A.
DARE pour son soutien moral et spirituel.
REMERCIEMENTS
Le présent mémoire n'aurait vu le jour sans
l'aide de DIEU TOUT PUISSANT qui nous a assuré une parfaite santé
durant tous nos travaux de recherche. A Toi l'Eternel Tout Puissant, tous nos
remerciements les plus sincères.
Aussi voudrions-nous adresser nos remerciements au corps
enseignant de l'UFRSEG de Cocody avec son Doyen le Professeur Aké N'GBO
G. M., sans oublier le Directeur du PTCIE-ABIDJAN Dr Ali Henri OTROU ; qui
durant notre formation nous ont permis de recevoir un enseignement de pointe
afin de nous rendre plus compétitif sur le marché international
de travail.
Nos remerciements vont également à l'endroit du
corps enseignant du Campus Commun des Cours à Option (CCCO), qui n'a
ménagé aucun effort pour nous transmettre une connaissance de
qualité ; en l'occurrence le Professeur AMOUSSOUGA GERO Fulbert
pour son soutien moral.
Enfin, nous remercions particulièrement notre
maître de mémoire Dr MELEU Mathieu qui, par sa rigueur
scientifique, son dévouement au travail et sa pleine
disponibilité, nous a couronné d'un encadrement de taille pour
l'aboutissement de ce présent travail ; sans oublier toutes les
personnes ressources des services techniques dont nous avons eu recours.
LISTE DES SIGLES
ABE : Agence Béninoise pour
l'Environnement
CAP : Consentement A Payer
CAPE : Cellule d'Analyse et de
Politique
Economique
CUC : Circonscription Urbaine de
Cotonou
GES : Gaz à Effet de
Serre
MEHU : Ministère de
l'Environnement de l'Habitat et de
l'Urbanisme
MJLDH : Ministère de la Justice
de la Législation et
des Droits de l'Homme
MTPT : Ministère des Travaux
Publics et des
Transports
MISAT : Ministère de
l'Intérieur de la Sécurité et de
l'Administration Territoriale
ONG : Organisation Non
Gouvernementale
PNB : Produit National Brut
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Internalisation au
moyen d'une taxe.
Figure 2 : L'internalisation
au moyen d'une négociation
bilatérale.
Figure 3 : Evolution des taxis
- moto.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n° 1 :
Emissions des gaz à effet de serre dues aux
transports dans la ville de Cotonou
Tableau n° 2 :
Estimation de polluants émis par la combustion des
ordures ménagères à Cotonou en tonnes,
quelques
années
Tableau n° 3 :
Estimation brute des émissions pour une année à
Cotonou (transport terrestre)
Tableau n° 4 :
Statistique de recensement des taxis- moto par
Année.
Tableau n° 5 :
Variables explicatives et les effets attendus.
Tableau n° 6 :
Individus ayant répondu à la question du CAP.
Tableau n° 7 :
Réponses apportées à la durée de conduite.
Tableau n° 8 :
Réponses apportées à la question relative au
propriétaire de la moto.
Tableau n° 9 :
Individus ayant répondu à la question du niveau
d'instruction.
Tableau n° 10 :
Individus selon l'âge.
Tableau n° 11 :
Caractéristiques centrale et de dispersion.
Tableau n°12 :
Résultats de la modélisation du CAP (Modèle Probit)
Tableau n° 13 :
Table de prédiction du modèle CAP
Tableau n°14 :
Effets marginaux à la moyenne.
Tableau n° 15 : Vue
d'ensemble de quelques modèles d'analyse des répercutions macro-
économiques d'une stabilisation de CO2 au Japon.
Tableau n° 16 :
Plan d'action de lutte contre la pollution
Atmosphérique.
Résumé
La situation socio-économique au Bénin,
notamment le problème de l'emploi et du transport terrestre fait
aujourd'hui que Cotonou la principale ville du pays est remplie de beaucoup de
conducteurs de taxi - moto « zémidjans ».
L'activité de ces conducteurs est une véritable source de la
pollution atmosphérique.
Etant donné que le phénomène de
« zémidjans » contribue fortement à la
pollution à Cotonou, nous nous sommes penché sur la
régulation de la pollution atmosphérique d'origine
motocycle : Cas des « zémidjans ». Pour cette
étude nous nous sommes basé sur un échantillon de cent
(100) conducteurs de taxi - moto, obtenu par un tirage à deux
degrés. Cet échantillon nous a permis d'estimer un modèle
(Probit) de Consentement A Payer par les conducteurs, afin de trouver les
variables déterminantes. Ces dernières, ajoutées aux
différentes causes identifiées pour les abondants rejets de gaz,
nous ont amené à définir les mécanismes fiables
basés sur les instruments économiques et réglementaires de
régulation, pour un meilleur contrôle de la pollution
atmosphérique des « zémidjans ».
Introduction Générale
Toute activité économique engendre des effets
qui influencent négativement l'environnement à travers les
diverses nuisances qu'elle crée. L'environnement dans lequel nous vivons
subit donc beaucoup de dommages du fait de l'action de l'homme. Le dommage qui
fait l'objet de plusieurs débats de nos jours au Bénin ; est
la pollution.
On note de multiples formes de cette pollution, telles
que : la pollution atmosphérique, la pollution des eaux, la
pollution sonore etc. Chacune de ces formes a différentes sources. La
multiplicité des sources fait qu'aujourd'hui, les dommages
créés à l'environnement sont énormes. Ceci
s'accentue surtout compte tenu du fait que les biens environnementaux sont hors
marché. Alors il n'y a aucun prix défini pour le rejet des
déchets bio non dégradables dans la nature, les rejets des
effluents dans les eaux, pour les émissions de gaz dans
l'atmosphère, etc. Cette particularité des biens environnementaux
fait que la pollution prend de plus en plus d'ampleur. Ainsi en vue de
contrôler les externalités causées à
l'environnement, deux principaux accords internationaux ont été
mis en exergue. Il s'agit du protocole de Montréal (1987) sur les
substances destructrices de la couche d'ozone, et le protocole de Kyoto (1997)
qui porte sur les mécanismes de développement propre. Dans
chacun de ces protocoles, la question est de définir le droit et les
obligations des différents pays, au regard des quotas de pollution
autorisés pour les différents pays industrialisés.
Aujourd'hui quel que soit le pays, industrialisé ou non , le
problème de la pollution atmosphérique se pose avec acuité
du fait de la forte consommation des combustibles fossiles responsables de
l'émission des gaz à effet de serre. La consommation de ces
combustibles s'observe généralement dans les transports. Par
conséquent le secteur des transports au Bénin n'est pas en marge
de ce problème, surtout avec le développement anarchique des
taxis - moto « Zémidjans » en forte concentration
dans la ville de Cotonou.
Eu égard à cet état de chose nous nous
proposons de mener quelques réflexions sur la régulation de la
pollution atmosphérique d'origine motocycle : Cas des taxis - moto
« Zémidjans » dans la ville de Cotonou.
Ainsi, nous présenterons la problématique du sujet, les objectifs
et hypothèses puis la méthodologie suivie.
1- La problématique du sujet
La théorie standard de l'économie de
l'environnement se ramène le plus souvent à une économie
de pollution. La pollution constitue ainsi un domaine central
d `étude de l'économie de l'environnement. Cette pollution
peut s'envisager par la jonction d'effets physiques, chimiques, biologiques,
auditifs, etc.
L'une des formes de la pollution retient
particulièrement notre attention dans cette étude. Ainsi,
monté sur une moto pour circuler à travers la ville de Cotonou,
un individu après avoir fait quelques minutes sur la moto, commence
à boucher ses narines puis à fermer de temps en temps les yeux. A
quoi cela est dû? Cela traduit des conséquences de la masse de gaz
d'échappement pour la plupart, des taxis - moto. Ces taxis - moto
très nombreux à Cotonou contribuent fortement par leurs
abondantes émissions de gaz, à la pollution atmosphérique
dans la ville. Les conducteurs de ces taxis - moto sont souvent contents quand
leur moto rejette beaucoup de gaz. Ce rejet abondant de gaz serait la
conséquence d'une utilisation excessive d'huile à moteur dont la
qualité est douteuse. Cet excès d'huile à moteur
s'expliquerait par un objectif de bon fonctionnement du moteur de leur
moto ; du fait qu'elle fonctionne pratiquement 24 heures sur 24 heures. De
ce fait la quantité d'émissions est énorme et engendre de
nombreux dommages à la population de Cotonou ainsi qu'à
l'environnement.
Face à cet état de chose et compte tenu de
l'ampleur que prennent les taxis - moto, il est nécessaire de trouver
des mécanismes pour réduire effectivement la pollution
atmosphérique dans la ville de Cotonou tout en se basant sur les taxis -
moto « Zémidjans ». L'activité de ces taxis -
moto ne pouvant être du coup interdite, le gouvernement béninois
doit disposer des moyens permanents de contrôle de la pollution
atmosphérique d'origine « zémidjans ». Alors
comment faut-il réduire la pollution d'origine motocycle à
Cotonou ? Les approches de réponses à cette interrogation
justifient l'intérêt du sujet d'étude que nous abordons.
Pour ce faire, plusieurs objectifs sont poursuivis et des hypothèses
appropriées sont émises.
2-Les objectifs et hypothèses de
l'étude
# - Les objectifs
Principalement il s'agira d'analyser les moyens de limiter la
pollution des taxis - moto « zémidjans » à
partir d'une régulation spécifique. Pour ce faire, les objectifs
spécifiques suivants sont poursuivis :
· Etudier les causes majeures, des abondantes
émissions croissantes de gaz des taxis - moto.
· Identifier les déterminants du consentement
à payer (CAP) des conducteurs de taxis - moto pour leurs
émissions.
· Faire ressortir les instruments de régulation
de la pollution atmosphérique au Bénin, puis dégager des
mécanismes fiables de contrôle de la pollution
atmosphérique d'origine« zémidjan ».
Pour atteindre ces objectifs plusieurs hypothèses sont
émises.
# - Les hypothèses
De façon générale, une régulation
particulière de la pollution atmosphérique d'origine taxis - moto
réduira considérablement les émissions de gaz des motos
dans la ville de Cotonou et de surcroît les coûts sociaux.
Spécifiquement, les hypothèses émises
sont :
· L'étude des différentes causes des
émissions anarchiques de gaz permet d'identifier les variables de
politique de régulation de la pollution atmosphérique des taxis -
moto.
· Les déterminants du CAP permettent d'illustrer
les variables pertinentes qui expliquent la prise de conscience des conducteurs
de taxis - moto du fait de leur activité.
· Les instruments de régulation de la pollution
facilitent la mise sur pied des moyens spécifiques pour un
contrôle efficace de la pollution d'origine taxis - moto.
3 - Méthodologie utilisée
Il s'agit des méthodes de collecte de données et
des techniques de traitement de ces dernières.
a) La collecte des données
Pour recueillir les données nécessaires pour le
présent travail, nous avons utilisé deux techniques de
collecte.
- La recherche documentaire
L'ensemble de la documentation consultée a permis de
parcourir une bonne partie de la littérature sur la théorie de la
régulation de pollution atmosphérique. Ceci nous a conduit entre
autre au MEHU, à l'ABE, au MJLDH, à la CUC.
- L'enquête sur le terrain
Dans le but de trouver des données primaires utiles
pour ce travail, une enquête sur le terrain à l'endroit surtout
des conducteurs de taxi - moto, a été menée. Elle a
porté sur un échantillon de 100 unités, obtenu par un
sondage à deux degrés. Au premier degré, nous avons
tiré au hasard dix points de repos des conducteurs de taxi - moto. Au
second degré, nous avons procédé à un tirage
aléatoire de dix conducteurs de taxi - moto auprès de qui nous
avons reçu d'intéressantes informations. Pour obtenir ces
données primaires, un questionnaire 1(*) a été conçu pour cela, concernant
les conducteurs de taxi - moto.
Par ailleurs il convient de noter que des entretiens ont eu
lieu avec des mécaniciens de moto ainsi que des personnes ressources au
MEHU, au MJLDH, à l'ABE, à la CUC.
En vue d'une interprétation judicieuse des
résultats d'enquête, plusieurs moyens de traitement ont
été utilisés.
b) Le traitement des données
Les informations contenues dans les données recueillies
ont fait l'objet d'un traitement. Ainsi des tableaux statistiques et des
graphiques permettent de faciliter l'analyse des données. Aussi, les
moyens de traitement automatique de l'information sont utilisés
notamment les logiciels tels que le Word, l'Excel, l'Eviews.
Pour ce présent travail nous ferons une
présentation en deux parties. La première partie retrace les
instruments de régulation de la pollution atmosphérique et les
causes des abondantes émissions des taxis - moto ; puis la
deuxième partie présente les déterminants du Consentement
A Payer(CAP) des conducteurs de taxi - moto ainsi que les solutions aux moyens
d'une bonne régulation.
PREMIERE PARTIE
INSTRUMENTS DE REGULATION DE LA POLLUTION
ATMOSPHERIQUE ET CAUSES DES ABONDANTES EMISSIONS DES TAXIS - MOTO
CHAPITRE 1 : Les instruments de
régulation de la pollution
atmosphérique.
Toute activité économique se
déroule avec un certain niveau
de pollution nécessaire. Mais lorsque l'activité
est exercée sans que l'on ne se soucie d'un tel niveau et que l'on
pollue sans contrainte, alors la pollution devient un problème. Face
à cet état de chose, il est nécessaire que les agents
responsables de la pollution internalisent leur externalité. Les
différentes conceptions qui sont apparues en matière
d'externalités ont eu leur prolongement direct dans les instruments qui
sont élaborés dans le but d'agir par une politique
délibérée sur les problèmes d'environnement. Ainsi
d'après la théorie économique de l'environnement, deux
grandes catégories d'instruments, sont utilisées.
1.1- Les instruments non
économiques
Pour réguler les externalités environnementales,
plusieurs instruments réglementaires sont utilisés, en
particulier les obligations juridiques de faire ou de ne pas faire et le
contrôle judiciaire de la responsabilité qui découle des
activités ayant une incidence sur l'environnement. Aussi nous mettrons
en exergue les normes qui constituent un type de création administrative
original et développé en matière d'environnement.
1.1.1-Réglementation, obligation et
interdiction
La tradition réglementaire particulièrement
forte dans certains pays comme en France, vise à tenter de régler
les problèmes d'environnement directement par des politiques de
protection environnementale. Ces dernières mettent en place des
objectifs de qualité environnementale concernant par exemple l'eau,
l'air ou des normes de qualité. Elle fixe ensuite des limites à
ne pas dépasser pour les émissions de polluants ou oblige
à choisir tel type de processus productif, à l'aide d'un
système d'autorisation et de contrôle. Le non - respect de la
réglementation établie (normes, autorisations, interdictions) est
sanctionné pénalement au même titre que la violation de
toute règle juridique d'ordre public. Alors l'administration en charge
de l'environnement est soumise à des contraintes de contrôle.
Toutes les dispositions réglementaires s'inscrivent en
général dans un cadre législatif2(*). Ceci conduit à
l'adoption de plusieurs lois cadres dans le domaine de l'environnement en
France : lois sur les installations classées, la loi sur la
protection de la nature, des lois sur l'eau etc. Sur un plan plus
théorique on peut bien entendu, à la lumière de
l'économie des conventions (Orléan 1994), considérer la
gestion réglementaire de l'environnement comme un cas de
définition d'une convention commune là où le jeu du
marché apparaît comme trop coûteux (coûts de
transaction élevés) ou les coûts de danger potentiellement
trop importants (dommages à la santé publique).
Le contrôle direct prend souvent la forme de
définition de normes.
1.1.2 - Les normes
Selon Barde (1992) il existe quatre grands types de normes en
matière d'environnement :
- Des normes de qualité d'environnement
- Des normes d'émission
- Des normes de produit
- Des normes de procédé
· Les normes de qualité d'environnement (ou norme
d'ambiance) s'apparentent à des objectifs à atteindre. Elles
définissent des caractéristiques auxquelles doivent
répondre les grands milieux physiques.
· Les normes d'émission fixent les
quantités rejetées maximum d'un polluant donné. Il s'agit
d'une obligation de résultat.
· Les normes de produit définissent les
caractéristiques propres des produits (teneur en soufre d'un
combustible, teneur en plomb d'une essence etc.).
· Les normes de procédé fixent les
procédés techniques de production à employer, les
équipements antipollution à installer
(hauteur des cheminées, type de
dépoussiéreurs). Il s'agit d'une obligation de moyens. Il faut
noter par ailleurs que le caractère non incitatif des normes a
été souvent souligné. Aussi il convient de savoir que
plusieurs critères techniques et économiques sont à la
base de la détermination des normes.
Il faut reconnaître que la norme en tant que telle ne
fait que prévenir seulement la venue des externalités puisqu'elle
vise à interdire ou à réduire les dommages
résultant de l'action d'un agent.
En vue d'approfondir les mécanismes de contrôle
des effets externes, plusieurs autres instruments ont été
élaborés dans le domaine de l'environnement.
1.2- Les instruments
économiques.
Les analyses micro-économiques d'équilibre
partiel offrent des méthodes pratiques de correction des
externalités par internalisation qui permettent à
l'économie de retrouver l'optimum dont la présence d'effets
externes l'avait éloigné. Plusieurs modalités
d'internalisation peuvent être représentées grâce au
graphique de Turvey3(*),
permettant la détermination de l'optimum de la pollution.
1.2.1- La taxation.
Dans les années 60 un certain nombre
d'économistes [Kneese, Bower 1968], [Haveman, Kneese 1973], [Mäler
1974], introduisent explicitement dans le modèle des effets externes,
les coûts de dépollution associés à une politique de
réduction des rejets de pollution. Maximiser le bien-être revient
à minimiser le coût de dommage. La taxe induit un taux de
dépollution tel que le coût marginal de traitement est égal
au dommage marginal social [Mäler 1974]. L'imposition d'une taxe permet de
minimiser les coûts sociaux de dépollution. Selon Pigou,
l'internalisation fiscale consiste à faire payer par l'agent
émetteur de la déséconomie sous une hypothèse de
concurrence pure et parfaite. Ceci peut être représenté
par le graphique de Turvey suivant :
Coût Profit
P
PPP
P- t*
L
0
Q* QM
Figure 1 : Internalisation au moyen d'une taxe.
(PQM) est la courbe du profit marginal de
pollueur. Sans externalités le niveau de la production se fixe à
QM qui rend maximum le profit total. OL c'est la courbe du
coût marginal de dommages de la pollution. Le niveau de production
socialement optimal se situe en Q* ; t* est la taxe uniforme
imposée, égale au coût marginal de la pollution à
l'optimum, le profit marginal du pollueur se trouve alors réduit du
montant de la taxe. Pour déterminer le taux optimal t* de la taxe, il
faut connaître la courbe de coût marginal des dommages. La
pollution soumise à la taxe optimale au taux t*, supporte en fait trois
sortes de coûts 4(*):
· le coût de la dépollution
effectuée
· le dommage résiduel
· une taxe résiduelle comme une
« rente » versée pour l'utilisation de
l'environnement comme puits pour la pollution résiduelle.
1.2.2- La Subvention
Un système de subventions proportionnel au niveau
d'émission de polluants peut être imaginé, et conduisant au
même résultat qu'un système de taxes. Ainsi à
l'optimum de la firme, le coût marginal de dépollution qui est
égal au taux de la subvention ne présente pas les mêmes
implications que la taxe, au niveau des dépenses des comportements des
pollueurs, du volume de la pollution5(*).
Baumol et Oates (1988) démontrent que si dans un monde
concurrentiel, la subvention basée sur une réduction des rejets
de polluants, tend à réduire les émissions de la firme,
elle augmente les émissions de la branche. On démontre6(*) ainsi que si la firme est prise
isolément, la subvention peut amener une réduction de production
et donc de pollution, en revanche pour l'ensemble de la branche, on a, toutes
choses étant égales par ailleurs, une augmentation de la
production ou de la pollution.
En pratique, on peut imaginer de subventionner la
dépollution en établissant une subvention proportionnelle
à la réduction de pollution. En supposant qu'un niveau de
pollution maximum L1 est fixé et qu'une firme s'apprête à
polluer au niveau L2 (L2 < L1) ; soit S la subvention par unité
de pollution éliminée, le montant de la subvention est
alors :
S (L1 - L2)
Selon Pigou (1920) la subvention était
réservée aux externalités positives. Cependant Coase
(1960) introduit pour le seul cas des externalités négatives la
possibilité de deux paiements symétriques : paiement
compensatoire de l'émetteur à la victime ; paiement
« dissuasif » de la victime potentielle à
l'émetteur potentiel. Etant entendu que ce contexte Coasien est
plutôt celui d'une négociation bilatérale directe entre
agents, que celui de la taxe ou de la subvention, nécessitant le recours
de l'Etat, rien n'interdit à priori de considérer qu'il s'agit
dans le deuxième cas d'une subvention égale au gain social
résultant de l'abstention de nuire, pourvu qu'elle soit versée
par la victime potentielle.
1.2.3- La Négociation bilatérale
Cette méthode qui consiste à laisser pollueurs
et victimes passer librement un accord entre eux, avait la faveur des
économistes de l'environnement libéraux. Elle n'implique pas
l'intervention de l'Etat ou d'une autorité quelconque (contrairement
à la solution fiscale) et elle peut constituer une solution
mutuellement avantageuse.
En partant du graphique de Turvey, nous avons une
illustration précise.
Coûts, profits
L
I
H
N
I
L
K
O Q
J dq M production
Figure 2 : l'internalisation au moyen d'une
négociation bilatérale.
PM désigne le profit marginal et OL le dommage
marginal. Nous distinguerons deux cas dans la démarche de
négociation.
· la victime indemnise l'émetteur
D'après le graphique ci-dessus la somme maximale que
la victime est disposée à verser à l'émetteur pour
que celui-ci réduise sa production d'une quantité dq est
égale à l'aire (JHIM) qui représente les dépenses
de dépollution évitées par la victime si l'émetteur
réduit sa production de dq. L'aire (JKM) représente la somme
minimale exigée par l'émetteur pour réduire sa production
de dq. Aire JHIM > aire JKM ce qui traduit la possibilité d'un accord
et le gain collectif de cet accord est : aire JKIM - aire JKM = aire
MKHI pour la réduction de dq ; l'optimum est atteint au niveau du
point Q où le gain collectif est maximum.
· L'émetteur indemnise la victime.
Ici la négociation engendre un gain collectif
égal à aire OPNQ - aire ONQ = aire ONP. Dans ce cas
l'émetteur augmentera sa production en indemnisant sa victime.
Par ailleurs il est important de noter que la
négociation dépendra des coûts qui lui sont
associés, en l'occurrence le nombre de victimes trop grand.
1.2.4- Le marché de droits à polluer
L'analyse de Dales peut donner lieu également à
l'élaboration d'un instrument d'internalisation spécifique, le
marché de droits de pollution7(*). Aussi le système de droits de pollution permet
à l'autorité régulatrice de fixer les quantités de
pollution et de laisser le prix s'ajuster alors qu'au niveau de la taxation, le
prix de la taxe est fixé.
Pour le système de taxation on n'est jamais sûr
d'avoir fixé le taux de la taxe au niveau adéquat pour atteindre
un objectif donné de dépollution. Mais avec le système de
droits de pollution, l'objectif de qualité constitue la variable
exogène du système, et on est sûr qu'il sera atteint
à un coût minimum.
Par ailleurs il faut noter qu'une combinaison des instruments
permet d'atteindre des résultats très utiles.
1.2.5 - Supériorité de la taxation
L'application d'un instrument ou d'un autre entraîne des
coûts pour l'économie (coûts de mise en oeuvre par exemple).
Par conséquent, il faudrait optimiser les différentes actions et
choisir des instruments dont les coûts de gestion sont faibles. De ce
point de vue l'expérience des pays développés montre que
deux instruments économiques répondent plus à une telle
préoccupation. Il s'agit des permis négociables et la taxation
(OCDE 1992, Barde et Smith 1997, Sainteny 1998, Martin 2000). La question qui
vient à l'esprit après avoir argumenté en faveur des deux
instruments économiques précédents est celle de savoir si
on peut appliquer les deux ; sinon lequel des deux faut-il choisir ?
L'idéal serait d'appliquer les deux et y éventuellement ajouter
les autres puisque dans certains cas comme celui des entreprises à haute
intensité énergétique dont la compétitivité
serait négativement affectée par la taxation, le permis
négociable est plus approprié. Cependant vu les exigences
institutionnelles des permis négociables en terme de
développement des droits de propriété, et de dispositions
législatives appropriées, cet instrument est moins répandu
que la taxation.
Par contre, la taxation paraît non seulement
être moins coûteuse mais plus facile à mettre en oeuvre et
donc plus efficace. Compte tenu des avantages de cette option, plusieurs pays
de l'OCDE l'ont adoptée (Corfee- Marlot et Jonas 1992, Barde et Smith
1997, Stainteny 1998, Martin 2000).
L'idée selon laquelle la taxation est plus efficace
repose sur l'hypothèse selon laquelle la taxation en augmentant le prix
réduit le cas échéant l'activité polluante. Dans
les cas où cette taxation porte sur la consommation finale de biens
comme l'énergie, la taxation conduit à une baisse de la
consommation et par ce moyen une réduction des émissions de GES.
C'est le cas du gazole en France où une élévation de la
fiscalité sur ce produit pour couvrir la totalité des coûts
conduirait à une baisse de la consommation de 2,4 milliards de litres et
réduirait de ce fait les émissions de CO2 de 6,8 millions de
tonnes (Martin 2000). Cela veut dire que l'efficacité de la taxe
dépend en réalité des élasticités
directes ; c'est à dire celles de la demande par rapport au prix
ainsi que des élasticités croisées ; c'est à
dire celles de la demande par rapport au prix des biens substituables.
1.3 - La combinaison des
instruments
On peut alors combiner la taxe et la subvention d'une part, et
d'autre part la taxe et la norme. Dans le premier cas, il s'agit
d'opérer par subvention en deçà d'un certain niveau de
production nocive et par taxation au-delà. Dans le second cas, Baumol et
Oates (1971) ont proposé la combinaison norme - taxe pour atteindre un
résultat économiquement rentable. La fixation d'une norme de
dépollution coûte plus chère que l'atteinte de cette
même dépollution à l'aide d'une taxe. La taxe permet
d'atteindre le niveau fixé par la norme au moindre coût (Sylvie
Faucheux et Jean François Noël ,1995).
CHAPITRE 2 : Les causes des abondants
rejets de gaz des taxis - moto
L'activité des conducteurs de taxi - moto est
compatible avec un rejet de gaz. Mais actuellement on constate que la
quantité de polluants que ces derniers déversent dans
l'atmosphère devient trop importante. Ainsi il est nécessaire de
maîtriser les causes liées à cet état de chose en
vue de définir une meilleure politique de régulation de la
pollution atmosphérique d'origine taxi - moto. Mais avant tout nous
présenterons l'état de la pollution dans la ville de Cotonou.
2.1- La pollution à Cotonou
A Cotonou, la principale ville du Bénin, la pollution
atmosphérique provient à la fois des transports, des
déchets et des industries.
2.1.1 - Cas des transports
Au niveau des transports, l'absence de transports en commun,
la faiblesse du réseau urbain, ainsi que la faiblesse du niveau de vie
favorisant la circulation d'une multitude de taxis - moto (zémidjans)
dont 95% sont d'occasion8(*), l'utilisation des voitures d'occasion d'âge
élevé9(*),
font qu'on note à longueur de journée des traînées
de fumée dans la ville notamment aux heures de pointe. Ces fumées
proviennent des imbrûlés des hydrocarbures et autres particules
dus aux défauts mécaniques des moteurs résultants d'un
mauvais entretien et de la mauvaise qualité du carburant. Les polluants
émis lors des activités de transport à Cotonou sont par
ordre d'importance le CO2, le CO, les COV le NOx, etc.
C'est ce que nous indique le tableau n°1 qui donne pour l'année
1996 une estimation brute des émissions de gaz à effet de serre
dues au transport à Cotonou.
Tableau n°1 : Emissions des gaz à
effet de serre dues aux
transports dans la ville de Cotonou en 1996
Paramètres
(tonnes)
|
NOx
|
N2O
|
CH4
|
COVNM
|
COV
|
CO
|
CO2
|
Pb
|
Motos
|
1133
|
28
|
2158
|
-
|
221495
|
316043
|
1306531
|
612
|
Voitures
|
11440
|
25
|
302
|
-
|
23426
|
255482
|
1352253
|
5716
|
Camions
|
610
|
7
|
2
|
-
|
179
|
669
|
121177
|
-
|
Avions
|
6,62
|
-
|
0,050
|
0,41
|
-
|
2,7
|
1622,3
|
-
|
Navires
|
218,81
|
0,25
|
0,650
|
15 ,88
|
-
|
69
|
10333,3
|
-
|
Total
|
13408,42
|
60,25
|
2462,7
|
16,29
|
245100
|
572265,7
|
2791916,6
|
6328
|
Source : MEHU (2000)
Les données du tableau n° 1 montrent que la
pollution liée au transport est essentiellement terrestre, celle des
avions et des navires étant négligeable.
2.1.2 - Cas des déchets et usines
En ce qui concerne les déchets, le principal moyen de
traitement est de les brûler, répandant ainsi beaucoup de
fumée dans l'atmosphère. Leur gestion demeure un véritable
problème d'assainissement. Il y a certes plusieurs des ONG qui tentent
de combler le vide de service public de ramassage d'ordures, mais le
problème du traitement demeure à la fin de la chaîne de
ramassage. En effet ces ONG ne disposent pas de technologies appropriées
de traitement et procèdent simplement à de tris et enfouissement
à un endroit donné ou à des combustions. Il est vrai
qu'une ONG qui s'occupe actuellement du traitement en fin de chaîne fait
beaucoup d'effort en triant et en utilisant les ordures comme de l'engrais sur
ses terrains agricoles mais cela reste limité. Dans l'ensemble l'absence
de traitement moderne adapté à des déchets contribue
à la pollution atmosphérique de la ville comme le montre le
tableau n°2 qui donne les estimations et projections d'émissions de
GES dues aux ordures ménagères pour quelques années.
Tableau n°2 : Estimation de polluants
émis par la combustion des
ordures ménagères à Cotonou, en tonnes,
quelques années
Année
|
Quantité d'ordure
|
CO2
|
SO2
|
NOx
|
CO
|
MP
|
CH4
|
N2O
|
Pb
|
1994
|
117200
|
12892
|
38,44
|
23,32
|
1283,34
|
152,47
|
128,33
|
1,28
|
0,007
|
1997
|
134320
|
14775,2
|
44,05
|
26,72
|
1470,80
|
174,75
|
147,08
|
1,47
|
0,008
|
1999
|
161200
|
17732
|
52,87
|
32,07
|
1765,14
|
209,72
|
176,51
|
1,77
|
0,010
|
2004
|
2014600
|
23595
|
70,35
|
42,68
|
2348,77
|
279,06
|
234,87
|
2,35
|
0,013
|
2010
|
302300
|
33253
|
99,15
|
60,15
|
3310,18
|
393,29
|
331,01
|
3,32
|
0,019
|
Source : MEHU (2000)
Au niveau de la pollution par les industries, les usines
situées dans la zone industrielle rejettent lors de leur processus de
production des fumées, des gaz et des particules dans
l'atmosphère comme cela a déjà été
signalé. De toutes les usines de Cotonou et du département
entier, il semble que ce sont les cimenteries, la brasserie, l'usine de
textiles qui polluent plus l'atmosphère alors que les industries
pharmaceutiques, électronique, de fabrication d'engrais et de pesticide
serraient moins nuisibles à l'atmosphère10(*).
Notre étude ayant porté sur les motocycles, en
l'occurrence les taxis - moto, nous aborderons les causes spécifiques
des abondantes émissions de gaz dans le secteur des taxis - moto.
2.2- Causes des abondants rejets de gaz des taxis -
moto
Plusieurs facteurs sont à la base des abondantes
émissions des taxis - moto. Nous examinerons les causes techniques et
celles socio-économiques.
2.2.1- Les causes techniques
L'identification de ces causes découle de la
littérature appropriée et surtout des entretiens avec les
mécaniciens ; car elles tiennent compte en particulier, du
fonctionnement des motos utilisées pour la conduite de taxi. Les motos
concernées sont généralement des mates, des suzikis. Selon
la configuration des moteurs de ces motos, il est prévu un
mélangeur d'huile à moteur chargé de faire le
mélange essence sec - huile à moteur. Mais compte tenu des
conditions de conduite des motos, les conducteurs remplissent leur
réservoir directement d'essence, mélangé avec un fort
taux d'huile à moteur tout en ayant d'huile à moteur pour le
mélangeur. Or les moteurs ne sont pas réglés comme cela
l'était à la fabrication. Ceci entraîne un mauvais
fonctionnement des motos conduisant à un rejet abondant de gaz.
Le dégagement excessif de fumées est dû
aux imbrûlés imputables aux défauts mécaniques des
moteurs résultant d'un mauvais entretien et surtout à la
qualité du carburant. Le tableau n°3 retrace l'ampleur des
émissions pour l'année 1998 dans le cas général du
transport terrestre.
Tableau n°3 : Estimation brute des
émissions pour une année à
Cotonou (transport terrestre)
PARAMETRE (103 tonnes)
|
CAMIONS
|
MOTOCYCLES
|
VOITURES
|
TOTAL
|
NOx
|
0,610
|
1,133
|
11,44
|
13,183
|
CH4
|
0,002
|
2,158
|
0,302
|
2,462
|
COV
|
0,179
|
221,495
|
23,426
|
245,1
|
CO
|
0,669
|
316,043
|
255,482
|
572,194
|
N2O
|
0,007
|
0,028
|
0,025
|
0,06
|
CO2
|
121,177
|
1306,531
|
1352,253
|
2779,961
|
Pb
|
-
|
0,612
|
5,716
|
6,328
|
Source : AJAVON A-L. et AMEGANKPOE A.
De l'analyse de ce tableau il ressort que les motocycles
participent fortement aux émissions. En considérant les polluants
par ordre d'importance, les CO2 et les CO viennent en tête en
contribuant énormément à l'effet de serre. Alors le
pourcentage d'émission du CO pour les motocycles est de 55,29% ce qui
représente le plus fort taux. Pour ce qui est du CO2, ils
occupent la deuxième place après les voitures (46,99% contre
48,64%).
Donc le réglage des moteurs et la forme d'utilisation
du carburant constituent les véritables causes techniques des abondantes
émissions.
Plusieurs raisons socio-économiques expliquent aussi
l'abondance des rejets de gaz.
2.2.2- Les causes socio-économiques
L'activité des conducteurs de taxi - moto est
essentiellement le transport des personnes. Pour une ville de plus de 60
km², où est concentrée la grande partie des activités
administratives, économiques et politiques du pays ; le transport
terrestre joue un rôle primordial. Son accroissement varie
parallèlement avec celui de la démographie estimée
à 5% par an11(*).
Par ailleurs, dès le début des années 90 à la
faveur de la crise économique, s'est accentué le
phénomène « zémidjans ». Aussi s'est
multiplié le nombre de vendeurs de carburant frelaté avec des
techniques de toutes sortes. Nos investigations révèlent que ce
phénomène est surtout lié au problème de l'emploi.
Ainsi, même si les jeunes ont appris un métier et sont
libérés alors ils se lancent dans la conduite de taxi - moto en
vue de satisfaire leurs besoins vitaux. De plus il est important de notifier
que tous ces conducteurs n'ont pas les moyens nécessaires pour se
procurer une moto. Ces derniers pour la plupart bénéficient d'une
moto à la suite d'un contrat avec des agents à excédent de
financement qui achètent les motos destinées à cette
activité de « zémidjan ». Certaines formes
de ces contrats sont sensiblement incitatives ; ceci du fait que la moto
revient au conducteur après un délais d'au moins deux ans de
conduite. Il est important de mentionner le degré élevé de
l'exode rural dû à une absence de politique non incitative sur le
plan agricole. L'état des voies dans la ville de Cotonou explique
sérieusement cette abondance des émissions de gaz liées
aux nombreux conducteurs en circulation. Ainsi les motos circulent quel que
soit l'état de dégradation des voies ; ce qui est impossible
aux taxis de villes (automobiles). Actuellement la politique de pavage en cours
dans la ville de Cotonou améliore un peu la situation. Ce qui engendre
un développement mitigé de transport en commun. Mais cet
état de chose n'a aucun effet sur l'effectif des conducteurs de taxis -
moto. Les données du tableau n°4 nous permettent d'avoir une
idée sur l'évolution du nombre de conducteur de taxis - moto
officiellement inscrits à la CUC.
Tableau n°4 : Statistique de recensement
des taxis - moto par
année
Date de recensement
|
Nombre de taxis - motos
|
Observation
|
1er/05/92 au 31/12/92
04/01/93 au 31/12/93
05/01/94 au 23/12/94
02/01/95 au 29/12/95
02/01/96 au 30/12/96
06/01/97 au 23/12/97
08/01/98 au 31/12/98
04/01/99 au 28/12/99
05/01/00 au 29/12/00
02/01/01 au31/12/01
|
3842
15107
2830
3578
4918
5671
5716
6206
13143
9573
|
BON NOMBRE DE TAXIS - MOTO SONT RETIRES DE LA
CIRCONSCRIPTION ET D'AUTRES SONT REFORMES
|
Total
|
70584
|
|
Source : Circonscription urbaine de Cotonou
Une représentation graphique de ces données nous
donne la figure suivante :
Effectifs
Années
Figure 3 : Evolution des taxis - moto
Compte tenu des statistiques dont nous disposons, nous n'avons
pu estimer l'équation de la tendance générale en vue de
trouver les nombres prévisionnels de taxis - moto de 2002 à 2010.
Nous nous contenterons d'une simple analyse graphique.
Ce graphique (figure 3) présente deux pics (en 1993
et 2000) : la phase de croissance allant de 1992 peut s'expliquer par les
conditions économiques apparues avec le renouveau démocratique au
Bénin à partir de 1990. Cet état de chose est dû
dans une certaine mesure à la prise de conscience d'initiative
privée. Ainsi les agents économiques à capacité de
financement achètent les motos qu'ils plaçaient dans le secteur
transport « Zémidjan ». Mais à partir de 1993 on
assiste à une chute de la courbe qui pourrait avoir son
explication dans la panique qu'a créée la dévaluation du
franc CFA. Après une adaptation au phénomène, de 1994
à 1999 on note une croissance ralentie, puis une brusque augmentation du
nombre de taxis qui a atteint un pic en 2000. Ce fait trouverait une
explication dans les préparatifs des élections
présidentielles de 2001. Nous tenons à le signaler car les
conducteurs de taxis - moto sont souvent utilisés pour les campagnes des
partis politiques. Mais en dépit des événements
susceptibles d'engendrer une augmentation accrue ; le nombre de taxis -
moto connaît une augmentation.
DEUXIEME PARTIE
LES DETERMINANTS DU CAP DES CONDUCTEURS DE TAXIS - MOTO
ET SOLUTIONS AUX MOYENS D'UNE BONNE REGULATION
CHAPITRE 3 : Analyse des déterminants du
CAP
Il apparaît important de faire une analyse du CAP des
conducteurs de « zémidjan » pour une prise de
décision allant dans le sens d'une régulation efficace de la
pollution atmosphérique des taxis - moto. Ici nous présenterons
le cadre opératoire et ferons l'estimation du modèle CAP.
3.1 - Cadre opératoire
Plusieurs modèles permettent l'estimation
économétrique du CAP des conducteurs de taxis - moto. Il s'agit
du modèle linéaire simple, le modèle Logit, le
modèle Probit et le modèle Tobit. Compte tenu de l'importance des
variables qualitatives dans la détermination du CAP d'un conducteur,
l'utilisation d'un modèle à variables dépendantes
limitées (Logit, Probit, Tobit), s'impose.
3.1.1 - Le choix des variables
Les caractéristiques de la population concernée
par la conduite des taxis - moto nous amènent à retenir les
variables du modèle :
- L'âge (AGE) : L'âge de
l'enquêté exprimé en années. Cette variable est
importante dans la vérification de la sensibilité de
l'enquêté pour l'environnement.
- Le niveau d'apprentissage (NIVAP) : Cette variable
rendant compte de quelle catégorie de conducteurs aura un CAP
élevé. Les différentes modalités sont
(libéré =1 ; en congé =0)
- La profession (EXERCPROF) : Cette variable ne sera pas
sans importance dans le CAP car certains conducteurs ont une profession
donnée. Il s'agit de voir si le conducteur de taxi - moto exerce sa
profession ou non (exerce la profession = 1 ; n'exerce pas = 0)
- Le niveau d'instruction (NIVINS) : Cette variable
pourrait renseigner sur les plus consentants. Les modalités sont (Aucun
=0, primaire =1, secondaire =2, supérieur =3).
- La durée dans la conduite (DUCOND) : Cette
variable influencera le CAP dans la mesure où elle permet de se rendre
compte de la réalité de cette activité de conduite. Elle
est exprimée en années.
- Le propriétaire de la moto (PROPMO) : Avec les
modalités (le conducteur même =1, autre personne =0), cette
variable rendra compte de l'importance qu'accorde chaque conducteur de taxi -
moto à l'activité de conduite.
Toutes ces variables permettront d'identifier les
déterminants du consentement à payer (CAP) des conducteurs de
taxis - moto.
Le tableau n° 5 suivant présente les
différentes variables, les modalités et les signes attendus.
Tableau n°5 : Variables explicatives et les
effets attendus
Variables
|
Description
|
Modalités
|
Effets attendus
|
AGE
|
Age de l'enquêté
|
|
+/-
|
NIVAP
|
Niveau d'apprentissage
|
Libéré = 1
Congé = 0
|
+
|
EXERCPROF
|
Profession du conducteur
|
Exerce une profession = 1
N'exerce pas = 0
|
+
|
NIVINS
|
Niveau d'instruction de l'enquêté
|
Aucun = 0
Primaire = 1
Secondaire = 2
Supérieur = 3
|
+
|
DUCOND
|
Durée dans la conduite
|
|
+/-
|
PROPMO
|
Propriétaire de la moto
|
Conducteur même =1
Autre = 0
|
+
|
Source : Notre propre construction.
3.1.2 - Présentation du modèle du CAP
Dans cette étude, nous adopterons le modèle
Probit ; compte tenu de la possibilité de son utilisation comme
fonction probabiliste à raison de son intervalle réduit à
[0,1]. Le Probit est basé sur l'hypothèse que les erreurs
i sont normalement distribuées
[i N ( 0,²)].
En considérant une fonction linéaire
Yi = Xi + i, Yi est la variable
dépendante non observable, Xi un ensemble de
caractéristiques de l'individu i, est le vecteur des paramètres
et i l'erreur. On introduit une variable latente Y* ; non
observable mais perçue par l'enquêté et indiquant
l'utilité associée à l'occurrence du
phénomène. En prenant Y* comme un indice dont les grandes valeurs
sont associées à des probabilités plus
élevées de réalisation du phénomène, on
a :
Yi = 1 si Y*i > 0
Yi = 0 si Y*i 0.
La variable Y*i devient une fonction
dépendante des variables indépendantes Xi telles
que :
Y*i = Xi + i.
Ainsi, prob (Yi = 1) = prob (Y*i > 0)
= prob (Xi + i > 0)
= prob (i > - Xi )
= prob (i / > - Xi /).
La distribution étant symétrique dans le cas
du modèle Probit, alors
prob (i / > - Xi /) = prob
(i / < Xi / )
= prob (Yi = 0)
Alors prob (Yi = 0) = 1 - prob (Yi = 1)
Soit prob (Yi=0) = 1 - (Xi /), ce qui
permet de définir la fonction de vraisemblance d'après Maddala
(1983).
3.2- Estimation du CAP
Avant la présentation des résultats de la
modélisation du CAP, nous clarifierons les différents
résultats d'enquête.
3.2.1 - Les résultats de l'enquête
Nous avons obtenu un très bon taux global de
réponse de l'ordre de 96% puisque sur les 100 questionnaires,
seulement quatre ont été défaillants, ce qui
dépasse de loin le minimum de 70%12(*) de taux de réponse requis pour de telles
analyses. Ce bon taux de réponse peut s'expliquer par le fait qu'une
pré - enquête ait été réalisée afin de
s'assurer de la clarté du questionnaire auprès des conducteurs de
taxi - moto. Sur les 100 personnes enquêtées, hormis les (4)
quatre défaillances, 17 d'entre elles ont donné un CAP nul sous
l'hypothèse que tout CAP 15 FCFA est considérée comme
nul. Les 79 restant ont donné un CAP non nul qui varie entre 20
FCFA/Jour et 500 FCFA/Jour. Les résultats se résument dans le
tableau n°6.
Tableau n°6 : Individus ayant répondu
à la question du CAP
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence
|
CAP nul
CAP non nul
Aucun
|
17
79
04
|
0,17
0,79
0,04
|
Total
|
100
|
1,00
|
Source : D'après l'enquête
La durée de conduite de taxi - moto de la population
enquêtée varie de 1 mois à 15 ans et environ 42% des
conducteurs ont leur propre moto contre les 58% restant qui détiennent
des motos d'autrui après la signature d'un contrat.
Généralement les contrats sont tels qu'après une
durée d'au moins deux (2) ans de conduite, la moto revient au conducteur
qui devient le nouveau propriétaire. Cet état de chose motive
certaines personnes à conduire un taxi - moto. Les résultats
liés à la question de durée de conduite et de
propriétaire de moto se présentent comme suit (tableau n°7
et tableau n°8)
Tableau n°7 : Réponses
apportées à la durée de conduite13(*)
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquences
|
Moins de 2ans
2 ans à 10 ans
Plus de 10 ans
Aucun
|
21
66
12
01
|
0,21
0,66
0,12
0,01
|
Total
|
100
|
1,00
|
Source : D'après l'enquête
Tableau n°8 : Réponses
apportées à la question relative au propriétaire de la
moto
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence
|
Propriétaire
Non propriétaire
|
42
58
|
0,42
0,58
|
Total
|
100
|
1,00
|
Source : D'après l'enquête
Des personnes enquêtées, huit ( 8 ) seulement
n'ont pas appris un métier. De ceux-ci, trois ont pu avoir le
baccalauréat .En ce qui concerne les 92% qui ont appris un
métier, il faut noter qu'environ 51% sont déjà
libérés. De ces derniers 44% exercent leur métier.
Pour ce qui est du niveau d'instruction des
enquêtés nous avons obtenu que 5% d'entre eux aient atteint un
niveau supérieur, 37% un niveau secondaire, 44% le niveau primaire et
14% n'ont aucun niveau d'instruction. Le tableau n° 9 résume les
résultats obtenus.
Tableau n°9 : Individus ayant répondu
à la question du niveau
d'instruction
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquences
|
Aucun
Primaire
Secondaire
Supérieur
|
14
44
37
05
|
0,14
0,44
0,37
0,05
|
Total
|
100
|
1,00
|
Source : D'après l'enquête
Il faut par ailleurs remarquer que parmi ceux qui ont
atteint un niveau secondaire, juste la moitié (51%) ont obtenu le Brevet
d'Etude de Premier Cycle (BEPC).
Les personnes enquêtées ont un âge qui
varie de 14 à 60 ans. Les résultats obtenus sont
présentés dans le tableau n°10 :
Tableau n° 10 : Individus selon l'âge
Modalités
|
[0, 15]
|
[15, 25]
|
[25, 35]
|
[35, 45]
|
[45, 55]
|
> 55
|
Total
|
Effectifs
|
1
|
22
|
60
|
10
|
4
|
3
|
100
|
Fréquences
|
0,01
|
0,22
|
0,60
|
0,10
|
0,04
|
0,03
|
1,00
|
Source : D'après l'enquête
Eu égard à tous ces résultats, les
défaillances enregistrées sont dues aux 4 questionnaires sur
lesquels les enquêtés n'ont donné aucun consentement
à payer. De plus un d'entre eux n'a pu donner sa durée de
conduite.
Les caractéristiques centrale et de dispersion des
variables sont présentées dans le tableau suivant :
Tableau n°11 : Caractéristiques
centrale et de dispersion
|
Moyenne
|
Ecart- type
|
Coefficient de variation (%)
|
DUCOND
|
4,7799
|
3,5291
|
73,83
|
PROPMO
|
0,4167
|
0,4956
|
118,93
|
NIVAP
|
0,4792
|
0,5222
|
108,97
|
EXERCPROF
|
0,2083
|
0,4082
|
195,97
|
NIVINS
|
1,3438
|
0,7790
|
57,97
|
AGE
|
29,2186
|
8,5387
|
29,22
|
CAP
|
59,7396
|
83,0926
|
139,09
|
Source : d'après nos résultats
d'enquête
De l'analyse de ce tableau, il ressort que la dispersion
autour des moyennes des variables DUCOND, NIVINS et AGE est faible, ce qui
traduit une forte concentration autour de la moyenne. Par contre les variables
PROPMO, EXERCPROF, NIVAP et CAP présentent une faible concentration
autour de leur moyenne. Le CAP moyen est d'environ 60Fcfa par jour, soit
1800Fcfa pour un mois de 30 jours. Dans l'hypothèse que les dimanches
sont des jours de repos, on aura 1560F cfa par mois, ou 18720F cfa par an par
conducteur. Alors en considérant l'effectif total des conducteurs de
taxis - moto inscrits à la CUC jusqu'en 2001 (70584) 14(*), nous pourrons enregistrer un
consentement global à payer pour cette même année de
1321332480 F cfa, ce qui constituerait une source importante de fonds au
service d'une institution de régulation de la pollution
atmosphérique d'origine zémidjan.
Tous les résultats obtenus méritent une analyse
judicieuse pour définir une meilleure politique de lutte contre la
pollution d'origine taxi - moto.
3.2.2 - Les résultats de la modélisation du
Consentement A
Payer (CAP)
Toutes les variables qualitatives ont été
modifiées avant leur utilisation dans la régression. Les
modalités ainsi transformées en variables binaires prennent la
valeur 1 lorsque l'enquêté satisfait à la modalité
considérée et 0 dans le cas contraire. Seule la variable
« niveau d'instruction » ayant plus de deux
modalités a bénéficié d'une codification
particulière.
La spécification retenue pour le modèle de
CAP est la suivante :
CAP * = 0 + 1 NIVINS +
2 PROPMO + 3 DUCOND + 4 AGE + 5
EXERCPROF + 6 NIVAP + i
La régression effectuée avec le logiciel EVIEWS
donne le résultat qui suit :
Tableau n°12 : Résultats de la
modélisation du CAP (Modèle Probit)
VARIABLES
|
COEFFICIENTS
|
CONSTANTE
NIVINS
PROPMO
DUCOND
AGE
EXERCPROF
NIVAP
|
2,139164
(2,898809)
-0,647725 *
(-2,621167)
1,177626*
(2,281217)
-0,085038
(-1,475764)
-0,017902
(-0,705873)
0,839839
(1,430642)
0,302755
(0,800130)
|
Nombre d'observations Dep = 0 17
Total : 96
Dep = 1
79
LR (6ddl) = 16,13125
|
(*) : Significatifs à 5%
Source : Estimation du CAP
Les tests qui suivent permettent de ressortir les
variables significatives et justifient la validité du modèle.
3.2.3 - Tests de significativité et de
régression entière
· Dans le tableau n°12 les z - Statistics
calculés sont entre parenthèses. La comparaison de z
théorique au seuil de 5% (z=1,96) avec les différents z
donnés par la régression (en valeur absolue) permet de conclure
que les coefficients des variables « NIVINS » et
« PROPMO » sont significatifs à 5%.
· Dans les modèles à variables
dépendantes limitées, le test de régression entière
correspond au test de ratio de vraisemblance et utilise la statistique LR qui
suit une loi de ² , à k degrés de liberté. Dans le
cas de notre régression LR=16,13 à 6 degrés de
liberté et la table de ² nous donne la valeur de 14,45 à 6
degrés de liberté à 2,5%. LR étant supérieur
à ² (16,13>14,45), alors nous pouvons conclure que les variables
retenues contribuent donc conjointement à expliquer le modèle.
Cette validité du modèle est confirmée par le pouvoir de
prédiction élevé (85,42%) ce que nous retrace le tableau
n°13.
Tableau n°13 : Table de prédiction du
modèle CAP
|
Valeurs observées
|
Total
|
0
|
1
|
Valeurs prédites
|
0
|
3
|
0
|
3
|
1
|
14
|
79
|
93
|
Total observé
|
17
|
79
|
96
|
Nombre de bonnes prédictions
82
Pourcentage de bonnes prédictions
85,42%
|
Source : D'après nos estimations.
3.2.3 - Interprétation des résultats
L'analyse du tableau n°13 montre en outre que sur les 79
consentements à payer positifs observés, les 79 ont
été prédits correctement par le modèle soit un
pourcentage de 100%. Quant à ceux qui ont donné un consentement
nul, le modèle les prédit seulement à 17,64%. Eu
égard à tout ce qui précède nous pouvons conclure
que le modèle est globalement adéquat avec un bon pouvoir de
prédiction.
En ce qui concerne le signe des coefficients dans le tableau
n°12, nous pouvons conclure ce qui suit :
- La variable significative « niveau
d'instruction » contribue négativement au CAP ce qui n'est pas
l'effet attendu. Ce signe obtenu peut trouver une explication dans le fait que
les plus instruits dont le CAP serait faible n'ont pas l'intention de rester
dans le secteur de l'activité (conduite de taxi - moto). Donc les moins
instruits ayant tendance à demeurer dans le secteur, donneraient un CAP
élevé.
- La seconde variable significative
« propriétaire de moto » à un signe (+) ce
qui est attendu. Donc plus le conducteur serait propriétaire de la moto
utilisée, plus il donnerait un CAP positif élevé.
- La variable « Durée de
conduite » et la variable « AGE » ont
respectivement un coefficient négatif. Ceci montre que plus la
durée de conduite augmente ou l'âge du conducteur augmente, moins
l'individu consent à payer.
- Les variables « exercer la
profession » et « niveau d'apprentissage »
ont des coefficients positifs. Ainsi si l'individu exerce sa profession il
consentira plus, il en est de même s'il est libéré. Dans le
premier cas on pourrait comprendre ce comportement par le fait que l'individu
dispose déjà d'une source de revenu liée à la
profession. Dans le second cas nous comprenons que l'individu aurait
commencé la conduite avant de se libérer de telle sorte
qu'après la libération pendant qu'il demeure dans le secteur, il
n'a plus une contrainte majeure contrairement à sa situation avant
libération.
En résumé, les variables significatives
qui peuvent entraîner les conducteurs de « Zémidjan
» à donner un CAP élevé sont le
« niveau d'instruction » et « le
propriétaire de la moto ». Ces variables permettront de
dégager des stratégies appropriées pour lutter contre
cette pollution des « Zémidjans ».
Par ailleurs le calcul des effets marginaux à
la moyenne des variables explicatives, est présenté dans le
tableau suivant :
Tableau n°14 : Effets marginaux à la
moyenne
DUCOND
|
-0.031235
|
PROPMO
|
0.416512
|
NIVAP
|
0.119517
|
EXERCPROF
|
0.329960
|
NIVINS
|
-0.176924
|
AGE
|
-0.006229
|
Source : D'après estimation sur Eviews
De l'analyse de ce tableau il ressort que la
probabilité, pour qu'en moyenne un individu donne un CAP non nul, baisse
respectivement d'environ 3%, 17.7%, 0.6% lorsque la durée de conduite
augmente d'une unité ou le niveau d'instruction passe d'un niveau
inférieur à un niveau supérieur ou l'âge augmente
d'une unité. Quant aux variables PROPMO, NIVAP, EXERCPROF nous
constatons que la probabilité augmente respectivement d'environ 42%,
12%, 33% lorsque l'individu devient propriétaire de la moto
utilisée ou il est libéré ou il exerce sa profession. De
plus l'annexe n°3 retrace tous les effets marginaux relatifs aux
observations.
De tout ce qui précède nous pourrons
définir des mécanismes qui s'imposent pour une bonne
régulation de la pollution atmosphérique des taxis - moto
« Zémidjans ».
CHAPITRE 4 : Solutions aux moyens d'une
bonne régulation de la pollution
atmosphérique des taxis - moto
Etant donné que nous avons pris parfaite connaissance
de l'état de la pollution atmosphérique, des différentes
causes de rejets anarchiques de gaz ainsi que des variables susceptibles de
déterminer un CAP important au niveau des conducteurs de taxis - moto,
alors nous essayerons de donner des solutions pour une régulation
efficace de la pollution des taxis - moto dans la ville de Cotonou. Pour ce
faire nous partirons de quelques exemples à travers le monde et de la
politique actuelle de lutte contre la pollution atmosphérique au
Bénin.
La plupart des études dont nous avons
connaissance sur la pollution atmosphérique considèrent comme
principale polluant le dioxyde de carbone (CO2)15(*). Par conséquent les
instruments de lutte contre la pollution portent surtout sur la
réduction des émissions du CO2. C'est pour cela que
dans les études dont nous avons disposées sur certains pays tel
que le Japon, la fiscalité a porté sur le CO2 (Hibiki
et al 1992, Martin 2000). Ce qui revient à limiter les GES au dioxyde de
carbone. L'une des raisons serait due au fait que le CO2 contribue
à l'intensification des radiations globales (Wiener 1992). La seconde
raison est que l'état actuel des connaissances sur le mécanisme
de réchauffement planétaire aussi bien que l'état actuel
de la technologie ne permettent pas de mesurer tous les autres GES (Corfee -
Marlot et Jonas 1992 ; Wiener 1992). Dans plusieurs de ces études
portant sur la réduction de la pollution par le biais de la taxation, la
fiscalité a été souvent appliquée au secteur de
l'énergie (Hoeller et Coppel, 1992).
4.1 - Les études empiriques utilisant la
fiscalité
indirecte ou le CAP comme instrument de lutte
contre la pollution16(*).
Gregory, Matthews et Nind (1992) rapportent l'étude du
centre de recherche opérationnel de la « British Coal
» qui évalue l'incidence d'une taxe de 10 $ US/ baril
sur la consommation d'énergie et les émissions de CO2
au royaume uni. L'objectif de l'étude en question était de
quantifier l'impact d'une telle taxe que l'Union Européenne envisageait
d'instituer sur l'énergie et le carbone frappant tous les combustibles
fossiles et l'énergie nucléaire pour réduire les
émissions de CO2. Avec une telle taxe qui serait
appliquée progressivement entre 1993 et 2000 ( 3 $ en 1993 puis une
augmentation de 1 $ chaque année jusqu'en 2000 ), les initiateurs
escomptent réduire de moitié en 2000 la croissance des
émissions de CO2 par rapport à leur niveau de 1990.
L'étude évalue l'évolution prévisible des
émissions de CO2 sans la taxe, puis ce qu'elle aurait
été avec la taxe via l'augmentation du prix de l'énergie.
Elle calcule par conséquent la demande finale d'énergie et son
évolution prévisible dans les deux cas en utilisant à la
fois des indicateurs pilotes tels que le niveau de l'activité
économique, la production manufacturière et les prix des
différents combustibles dans les secteurs considérés,
l'hypothèse étant que la quantité d'émission de
CO2 est fonction de l'activité économique. Le
modèle utilisé est un modèle non linéaire (forme
exponentielle).
Les résultats montrent qu'une taxe sur le charbon et
l'énergie de 10 $/baril de pétrole entraînerait une
réduction des émissions de CO2 de 8 à 10% en
l'an 2000 et une diminution de 5% environ de la consommation d'énergie
(Gregory et al, 1992). Ils indiquent par ailleurs que la taxe agira sur la
réduction de la consommation finale d'énergie elle-même,
mais que l'effet dépend des élasticités directes de la
demande d'énergie par rapport au prix du charbon, du pétrole
brut, du gaz et de l'électricité. En effet les
élasticités directes déterminent l'ampleur de la
réduction des demandes finales de consommations due à la hausse
des prix alors que les élasticités croisées
détermineront l'effet de substitution entre différentes
catégories. Ils soulignent que le deuxième effet concerne la
modification de l'équilibre optimal des combustibles utilisés
dans les centrales.
Au Japon, la fréquence et la gravité du
phénomène de pollution atmosphérique, hydraulique et
alimentaire a amené le pays depuis le milieu des années 70
à appliquer une fiscalité sur la pollution. En particulier,
depuis la fin des années 80, sept modèles destinés
à évaluer les effets macro-économiques de l'instauration
d'une taxe sur le carbone, ont été développés. Dans
ces modèles, non seulement on utilise la taxe comme moyen de
réduction des émissions des gaz à effet de serre, mais on
examine les perturbations macro-économiques qu'entraînerait cette
taxe principalement en terme de la baisse du PNB (Hibiki, Ono et Morita
1992).Tout comme dans le cas du Royaume Uni, ce sont des modèles de
prévision à la différence qu'ici on simule les
conséquences sur les variables macro notamment le PNB.
C'est ainsi que Gotoh (1991) dans son étude sur le
Japon utilise un modèle d'équilibre dynamique sur cinquante (50)
ans, 1990-2040 comportant dix (10) secteurs dont neuf (09) industriels et un
(01) résiduel, quatorze (14) différentes sources
d'énergie. L'auteur trouve qu'avec une taxe de 25 000 Yen/tonne de
carbone on stabilisera les émissions de CO2 sur la
période mais que cela engendrera 0,5% de baisse du PNB par rapport
à la situation sans taxe. Il trouve aussi que cette politique a comme
effet la valorisation des sources d'énergie non polluante.
Tsukui (1991) quant à lui utilise un modèle
dynamique d'entrée-sortie sous la forme d'un modèle de
maximisation sous contrainte des flux de consommations au Japon. Son
modèle comporte vingt-deux (22) secteurs industriels et couvre 22 ans
(1989-2010). L'auteur trouve que la croissance de la consommation
énergétique des ménages sera réduite de
moitié et qu'il y aura des économies d'énergie dans
l'industrie à l'image du cas d'un choc pétrolier, mais ne trouve
aucune baisse du PNB.
Ito (1988) utilise un modèle macro-économique
associé à un modèle énergétique simple sur
la période 1988-2010 (23 ans). Il simule les répercutions des
prix énergétiques et des investissements visant à
économiser l'énergie suite à une taxe sur le carbone. Ses
résultats montrent que pour un taux d'imposition de 100% pour le
charbon, 80% pour le pétrole, cela entraînera une baisse maximale
de 6% du PNB par rapport à la situation sans politiques et cela se
traduira par une efficacité des investissements consacrés aux
économies d'énergie.
Yamaji (1990) par contre construit un modèle
d'équilibre énergétique à partir d'un modèle
multi-sectoriel puis neuf (09) modèles de différentes
régions japonaises à treize (13) secteurs industriels et dix (10)
secteurs énergétiques, sur 1988-2005 c'est à dire 8 ans.
Il trouve qu'une taxe de 31 500 yen/tonne de carbone stabiliserait les
émissions de CO2 sur la période et que cette taxe
entraînerait une baisse maximale de 5% du PNB par rapport à la
situation alternative.
Mori (1990) quant à lui élabore pour le Japon un
modèle économique simple reliant les prix de l'énergie
à la rente du consommateur. Le modèle comprend cinq (5)
combustibles et carburants et couvre la période 1988-2020 soit 33 ans.
L'auteur trouve qu'il faut une taxe de 12% sur le charbon pour stabiliser les
émissions de GES mais que la stabilisation des émissions des GES
avec cette seule politique fiscale sera difficile à réaliser.
Yamazaki (1991) toujours en ce qui concerne le Japon, part
d'un modèle macro-économique pour analyser l'efficacité
d'une taxe énergétique dans le but de réduire
l'émission des GES puis analyser comment les recettes fiscales qui en
découleraient pourraient servir à des investissements qui
permettraient d'économiser de l'énergie. L'étude couvre
une période de 21 ans, de 1990 à 2010. L'auteur aboutit au
résultat selon lequel la taxe nécessaire à la
réduction des émissions de GES est de 12%. Tout comme Mori
(1990), il conclut que la stabilisation des émissions serait difficile
à réaliser avec cette seule stratégie fiscale. Comme
conséquence, il trouve qu'il y aura développement de techniques
et structures industrielles permettant d'économiser de
l'énergie.
Ban (1991) construit un modèle macro-économique
à partir d'un modèle industriel et d'un modèle de
consommation dans lequel le comportement optimal est déterminé de
façon dynamique. L'étude qui s'étend sur une
période de 20 ans, de 1991 à 2000 aboutit au résultat
selon lequel il faut un taux d'imposition de 30% pour le charbon, 24% pour le
pétrole. Comme conséquence d'une telle politique, il conclut
qu'il y aura une baisse du PNB par rapport à la situation sans taxe de
1,1% en 1991, 0,3% en 2000 et que les répercussions sur les prix seront
prises en compte au plan technologique.
Le tableau n°15 présente une vue d'ensemble de ces
différentes études portant sur le Japon ainsi que leurs
résultats.
Tableau n°15 : Vue d'ensemble de quelques
modèles d'analyse des répercutions macro - économiques
d'une stabilisation de CO2 au Japon.
AUTEUR
|
DESCRIPTION DU MODELE
|
PREVISION EN CAS DE POLITIQUES INCHANGEES
|
POLITIQUE DE REDUCTION DES EMISSIONS DE CO2 ET CONSEQUENCES
MACRO
|
Gotoh, N. (1991)
|
Modèle d'équilibre dynamique détaillé
pour chaque secteur énergétique - 5 sources primaires et 9
sources secondaires d'énergie ; 9 secteurs industriels et 1 secteur
résidentiel. Période couverte 1990-2040.
|
Taux moyen de croissance annuelle du PNB : 3,42% (-2000)
3,18 (-2010). Progression annuelle des émissions de CO2 : 2,73%
(-2000) 1,53 (-2000).
|
. 25000 yen/tonne de C pour stabiliser les émissions de
CO2 (moyenne sur 50 ans)
. Baisse de 0,5% du PNB par rapport à une situation de
politiques inchangées (utilisation des recettes fisc)
|
Tsukui, J. (1991)
|
Modèle dynamique d'entrées-sorties
présenté sous la forme d'un modèle de maximisation sous
contrainte des flux de consommation -22 secteurs industriels. Période
couverte 1989-2010.
|
Taux moyen de croissance annuelle du PNB : 3,8% (-2000)
2,7% (-2000).Progression annuelle de CO2 :2,0% (-2000) 1,5% (-2010).
|
. Croissance de la consommation énergétique des
ménages réduite de moitié - économies
d'énergie dans l'industrie au même niveau qu'en cas de choc
pétrolier.
. Aucune baisse du PNB.
|
Yamaji, K. (1990)
|
Modèle construit à partir d'un modèle
multi-sectoriel, d'un modèle d'équilibre
énergétique et de 9 modèles régionaux - 13 secteurs
industriels et 10 secteurs énergétiques. Période couverte
1988-2005.
|
Taux moyen de croissance annuelle du PNB : 3,9% (-2000)
3,1% (-2005). Progression annuelle des émissions de CO2 : 2,2%
(-2000) 0,9% (2005)
|
31500 yen/tonne de C pour stabiliser les émissions de CO2
(moyenne toute la période considérée).
. Baisse maximale de 5% du PNB par rapport à une situation
de politiques inchangées (utilisation des recettes fisc).
|
Ito, K. (1988)
|
Modèle macro-économique associé à un
modèle énergétique simple. Simule les répercussions
des prix énergétiques et des investissements visant à
économiser l'énergie. Période couverte 1988-2010.
|
Taux moyen de croissance annuelle du PNB : 3,8% (-2000)
Progression annuelle des émissions de CO2 :2,8% (-2000).
|
. Taux d'imposition de 100% pour le charbon, de 80% pour le
pétrole et de 60% pour le GNL (à dater de 1995)
. Baisse maximale de 6% du PNB par rapport à une situation
de politiques inchangées (utilisation des recettes fisc)
|
Ban, K. (1991)
|
Modèle macro-économique construit à partir
d'un modèle industriel et d'un modèle de consommation pour
déterminer le comportent optimal de façon dynamique.
Période couverte 1991-2000.
|
Taux moyen de croissance annuelle du PNB : 2,8% -5,8%
(-2000). Progression annuelle des émissions de CO2 : 2,3%
(-2010).
|
. Taux d'imposition de 30% pour le charbon, de 24% pour le
pétrole et de 16% pour le GNL (à dater de 1995).
. Baisse de 1.1% (1991) à 0.3% (2000) du PNB par rapport
à une situation de politiques inchangées (utilisation des
recettes fisc).
|
Yamazaki, S. (1991)
|
Modèle macro-économique qui permet d'analyser
l'efficacité d'une taxe énergétique, les recettes
produites servant à des investissements consacrés aux
économies d'énergie. Période couverte 1990-2010.
|
Taux moyen de croissance annuelle du PNB : 3,63% (-2000).
Progression annuelle des émissions de CO2 : 0,67% (-2000).
|
. Taxe énergétique de 12% et utilisation des
recettes discales pour des investissements consacrés aux
économies d'énergie.
. Stabilisation difficile à réaliser à
l'aide de la seule stratégie fiscale.
|
Mori ; S. (1990))
|
Modèle économique simple qui permet d'analyser les
liens entre prix énergétique et rente du consommateur - 5
combustibles et carburants. Période couverte 1988-2020.
|
Taux moyen de croissance annuelle du PNB : 3,75% (-2000)
3,25% (-2000). Progression annuelle des émissions de CO2 : n.d.
(-2000).
|
. Taxe de 12% sur le charbon et croissance économique
ramenée à 2.0-2.5% par an.
.Stabilisation difficile à réaliser à l'aide
de la seule stratégie fiscale.
|
.
Source : Hibiki, Ono et Morita (1992)
Comme le montre le tableau n°15, dans l'ensemble de ces
études portant sur le Japon, à l'exception de celle de Tsukui
(1991), l'instauration d'une taxe sur le carbone ou de manière
générale sur l'énergie a été
considérée comme principale stratégie de réduction
des émissions de CO2. De même pour l'ensemble de ces
études, le taux d'imposition requis pour stabiliser les émissions
de dioxyde de carbone est de 25 000 à 30 000 yen/tonne de carbone ou de
30 à 100% de la taxe énergétique applicable au charbon. En
ce qui concerne les conséquences macro-économiques, notamment en
terme de baisse d'activités, elles sont de 0 à 6% du PNB. Il faut
remarquer qu'il y a une disparité dans l'effet défavorable sur le
PNB puisque les études de Gotoh, Tsukui, Ban et Yamazaki montrent un
effet néfaste négligeable sur le PNB alors que celles de Yamaki,
Ito et Mori conduisent à des effets défavorables significatifs
pour le Japon.
Il faut rappeler qu'en dehors de la taxe sur l'émission
du CO2 qui était sur les combustibles et les carburants et
bien avant celle-ci, le Japon avait une taxe instaurée sur le dioxyde de
soufre (SO2) depuis 1974 appelés « imposition sur
la charge polluante » . Cette taxe visait à indemniser les
victimes ayant subi des effets négatifs de ce type de polluant pour leur
santé et variait selon le caractère plus ou moins polluant des
différentes régions japonaises. L'institution d'une telle taxe a
permis de réduire de 10 à 20% les émissions des dioxydes
de soufre.
Une autre série de modèles consiste à
utiliser les Méthodes d'Evaluation Contingente en terme de consentement
à payer pour réduire les nuisances ou améliorer les
qualités de l'environnement. Ce qui constitue en quelque sorte une
fiscalité directe sur l'environnement.
Ainsi Hanemann (1984) étudie dans l'état du
Wisconsin aux Etats Unis la valeur accordée par les chasseurs au plaisir
de chasser. L'étude a porté sur un échantillon
composé de chasseurs ayant de permis de chasse et d'autres ne
possédant pas de permis de chasse. A ceux qui ont de permis de chasse il
leur a été demandé combien ils seraient prêts
à vendre leur permis avec des valeurs qui sont proposées entre 1
et 200$. A ceux qui ne possèdent pas de permis, il leur a
été demandé combien ils seraient prêts à
payer pour acquérir un permis de chasse. En se basant sur la
théorie de l'utilité aléatoire et en utilisant un
modèle Logit, Hanemann détermine la valeur moyenne du
consentement à payer pour chasser dans les zones en question.
Hanley et Ruffell (1993) quant à eux ont
étudié la valeur accordée à la
récréation que procure la visite des forêts publiques en
Grande Bretagne. Ils utilisent la méthode du consentement à payer
pour estimer la valeur des caractéristiques physiques des forêts
en question ainsi que la valeur d'une récréation dans ces
forêts.
Söderquist (1995) étudie le montant que les
familles situées dans une zone radioactive sont prêts à
payer pour réduire la radiation et de ce fait les risques liés au
cancer du poumon. Il trouve un consentement à payer de 64 000 SEK pour
une réduction de 500 à 70 Bq/m3 et un montant de 19 000 SEK pour
une réduction de 500 à 200 Bq/m3.
Tagro et Kouadio (2000) ont étudié le montant
que les riverains de la lagune Ebrié à Abidjan sont prêts
à payer pour les nuisances dues à la pollution en majorité
liée aux rejets industriels et de déchets solides. Ils trouvent
que le consentement à payer est de 1 577 FCFA par mois.
Akpalu (2000) utilise de même la méthode
d'évaluation contingente pour déterminer le montant que la
communauté riveraine de la lagune Fosu est prête à payer
pour réduire le risque de santé associé à la
pollution de la dite lagune. Il trouve un consentement à payer de 5 400
Cedis.
4.2 - La lutte contre la pollution atmosphérique
d'origine
« zémidjan » à
Cotonou.
En république du Bénin l'ampleur que prend la
pollution atmosphérique a conduit à la mise au point d'un plan
d'action dont l'objectif est de mettre en oeuvre la stratégie nationale
de lutte contre la pollution atmosphérique.
L'exécution de ce plan d'action doit permettre entre
autres 17(*) :
· La sensibilisation et la participation de la
population,
· L'identification et l'estimation des sources de
pollution atmosphérique,
· L'acquisition et l'installation des équipements
nécessaires à la surveillance de l'atmosphère,
· Une meilleure gestion des problèmes liés
à la pollution atmosphérique,
· La mise en place d'un cadre juridique et
institutionnel,
· Le renforcement des compétences,
l'éducation, la formation, et l'information,
· Une meilleure connaissance des maladies
résultant de la pollution atmosphérique.
Le tableau n°16 retrace les différents objectifs
du plan d'action.
Tableau n° 16 PLAN D'ACTION DE LUTTE CONTRE LA
POLLUTION ATMOSPHERIQUE
Objectif général :
L'objectif général est la réduction de la pollution
atmosphérique sur l'ensemble du terroir de la République du
Bénin.
CT = Court Terme MT = Moyen
Terme LT = Long Terme
Objectifs spécifiques
|
Secteur visé
|
Activités à mener
|
Acteurs / structures concernées
|
Echéances
|
Identifier les polluants atmosphériques actuels et
potentiels
|
TOUS
|
· Etablir la carte de pollution atmosphérique pour
la république du Bénin.
· Doter le Bénin des équipements d'analyse
des gaz émis dans l'atmosphère
· Procéder à l'analyse des gaz et particules
émises par les différentes activités
socio-économiques :
- Evaluer les concentrations des différents gaz et
particules par des mesures,
- Installer des instruments de mesures de la pollution
atmosphérique au points stratégiques : grands axes,
carrefours, zone industrielle, marché Dantokpa, secteurs institutionnels
et résidentiels.
· Installer le réseau de surveillance.
· Rendre ce réseau opérationnel.
|
MEHU (DE, ABE), UNB
MEHU (DE, ABE), UNB
MEHU (DE, ABE), UNB
MEHU (DE, ABE)
MEHU (DE, ABE)
MEHU (DE, ABE)
|
CT
CT
CT/MT
CT/MT
CT/MT
CT /MT
|
|
Mettre en place les instruments appropriés
|
LEGISLATION ET INSTITUTIONS
|
· Elaborer, modifier, adopter et appliquer avec rigueur les
lois sur la protection de l'atmosphère.
· La République du Bénin doit ratifier le
protocole de Kyoto et la Convention de Rotterdam.
· Faire adopter les arrêtés d'application des
lois et codes en vigueur dans le domaine de l'environnement.
· Créer une structure nationale dotée des
compétences et des capacités requises par l'ampleur des
phénomènes de pollution atmosphériques.
· Instaurer des contrôles réguliers sur les
lieux de réparation des véhicules usagés.
· Rendre opérationnelle la police environnementale
et renforcer progressivement les équipes.
· Etudier en collaboration avec les secteurs
concernés, les mesures économiques de façon à
stimuler leur adhésion.
· Mettre en place un comité d'experts chargé
d'étudier les opportunités qu'offrent les différents
mécanismes financiers tels que le FEM, le Fonds Multilatéral,
etc. pour lutter contre la pollution atmosphérique
|
MEHU (DE, ABE), MISAT , MJLDH
MEHU, MAEC
MEHU (DE, ABE), MISAT, MJLDH
MEHU (DE, ABE), MISAT, MJLDH
MEHU (DE, ABE), UNB
MEHU (DE, ABE), MISAT, partenaires au
développement
MEHU (DE, ABE), MISAT, MEF, MICAT, Secteur
privé
MEHU (DE , ABE), MAEC, ONG, secteur
privé.
|
CT
CT
CT
CT
CT/MT
CT/MT
CT/MT
CT
|
|
Accroître l'efficacité de l'éducation en
matière de protection de l'environnement
|
EDUCATION FORMATION
|
· Intégrer les problèmes de la qualité
de l'air au système éducatif.
· Renforcer la sensibilité de la population en
aidant les individus et les groupes sociaux à développer une
prise de conscience et une sensibilité à l'air et aux
problèmes qui lui sont liées.
· Renforcement des capacités des structures de
recherche et de hiérarchisation des programmes thématiques.
· Renforcement des capacités des institutions
chargées de la formation des formateurs et des gestionnaires de
l'environnement,
· Renforcement des capacités des organisations et
structures de formation et d'animation, des ONG,
· Créer des filières de formation de
technique et agents d'appui en chimie atmosphérique..
|
MEHU (DE,ABE), MENRS, UNB
MEHU (DE, ABE), MENRS , UNB, ONG
MEHU (DE, ABE), MENRS, UNB, ONG
MEHU (DE, ABE), MENRS, UNB, ONG
MEHU (DE, ABE), MENRS, UNB, ONG
MEHU (DE,ABE), MENRS, UNB,ONG.
|
CT
CT
CT/ MT
CT
CT
CT/ MT
|
|
Déterminer les meilleurs moyens pour traiter les
problèmes de pollution identifiés
|
TRANSPORTS
|
· Passer de l'essence avec plomb à l'essence sans
plomb,
· Interdire progressivement la commercialisation de
l'essence kpayo,
· Réduction du pourcentage du mélange,
· Réorganiser, contrôler et assainir le
secteur des véhicules importés et celui des vendeurs,
· Limiter à 7 ans l'âge des véhicules
importés,
· Renforcer et mieux contrôler les procédures
de visites techniques pour tous les véhicules d'occasion :
motocycles, poids légers et pois lourds,
· Renforcer le système d'immatriculation
administrative des conducteurs et opérer un contrôle plus
rigoureux des motos,
· Rendre obligatoire le permis de conduit pour les
conducteurs de taxi-moto,
· Mettre en place un programme de reconversion des
conducteurs de taxi-moto,
· Promotion et mise en place d'un système de
transports en commun,
· Améliorer le réseau de la voirie en
poursuivant les actions de la réhabilitation des voies et en
créant des voies de contournement,
· Créer des couloirs pour autobus et des passagers
piétons,
· Concevoir des plans de gestion de la circulation aux
heures de pointe afin de fluidifier la circulation,
|
MEHU (ABE, DE), MSP, MISAT, ONG, MENRS,
Chefs traditionnels, Partenaires au
développement
MEHU (ABE, DE), MISAT, MTPT, MFE, PAC, AGIV,
GIV.
MEHU, (ABE, DE), MISAT, MTPT, MFE, CUC, AGIV, GIV,
OCTAVIC,
APCAT-BENIN, UCOTAC.
MEHU (ABE, DE), MISAT, MTPT, MFE, CUC, AGIV, GIV,
OCTAVIC,
APCAT-BENIN, UCOTAC.
MEHU (ABE, DE), MISAT, MTPT, MFE, CUC.
MEHU (ABE, DE), MISAT, MTPT, MFE, CUC
|
CT
MT/LT
CT
CT
CT
CT
CT
CT
CT/MT
MT/LT
MT/LT
MT/LT
CT
|
|
Déterminer les meilleurs moyens pour traiter les
problèmes de pollution identifiés
|
DECHETS ET SUBSTANCES CHIMIQUES
|
· Sensibiliser la population sur les risques pour la
santé liés à la pollution atmosphérique par les
déchets,
· . Encourager une gestion capacitive de la population aux
déchets,
· Créer des sites pour la collecte, le
dépôt et l'enfouissement des ordures ménagers,
· . Encourager le tri et la valorisation des
déchets ménagers,
· .Instaurer une consigne sur les sachets plastiques,
· . Doter les formations sanitaires de structures et
d'équipements nécessaires pour trier les déchets,
· . Doter toutes les formations sanitaires
d'incinérateurs aux normes OMS
· . Revoir la qualité des incinérateurs
actuellement en installation dans les centres de santé,
· . Créer un site de décharge et de
valorisation des épaves de véhicules,
· . Instaurer une taxe de recyclage sur les
véhicules et pneus usages,
· . Elaboration et mise en oeuvre de projets FEM
· . Poursuivre la mise en oeuvre du programme Ozone pour
pays et l'élaboration de projets éligibles au fonds
multilatéral
· . Etablissement du profil national du BENIN en
matière de gestion des substances chimiques dans le cadre de la
sécurité chimique
|
MEHU (ABE, DE), MSP, MISAT, ONG, MENRS,
Chefs traditionnels, partenaires au
développement
MEHU (ABE, DE), MISAT, ONG, Chefs
traditionnels.
MEHU (ABE, DE), MFE, MEHU (ABE, DE), MSP, MISAT,
ONG.
MEHU (ABE, DE), MSP.
MEHU (ABE, DE), MSP.
MEHU (ABE, DE), MISAT, ONG.
MEHU (ABE, DE), MFE,
MEHU, MAEC.
MEHU, MAEC
|
CT
CT
CT/MT
CT
CT
CT
CT/MT
CT
CT/MT
CT
CT
CT
|
Etablir et mettre à exécution des standards
nationaux pour les sources spécifiques libérées dans
l'atmosphère
|
|
· Réguler les produits chimiques dangereux en
mettant en place une législation appropriée en ce qui concerne
l'importation, l'exportation, le stockage, le marketing et l'utilisation des
substances chimiques ;
· Amplifier et renforcer les standards et
régulations de la qualité de l'air en prenant en compte les
autres sources importantes comme les pratiques domestiques, les feux de brousse
et la mise à feu des déchets,
· Adopter les textes d'application des normes, standards et
régulations pour la qualité de l'air élaborés par
l'ABE
|
MEHU (ABE, DE), MSP, MISAT, UNB, MENRS, MIPME, MPSF,
PAC
MEHU (DE, ABE), MISAT, MJLDH
MEHU (DE)
|
CT
CT/MT
CT
|
Définir et mettre à exécution des mesures
préventives contre la pollution dans les ménages
|
MENAGES
|
· Sensibiliser la population sur les
phénomènes de pollution et les risques pour la santé des
émissions dans les ménages.
· Amélioration de l'efficacité
énergétique.
Ø Prendre des mesures facilitant l'économie du
bois dans les ménages.
Ø Encourager l'utilisation d'autres sources
d'énergie, en particulier par une politique de diminution des prix de
vente des cuisinières à gaz.
Ø Encourager les ménages à remplacer les
foyers actuels par les foyers améliorés
· Mettre en application les dispositions des textes
législatifs et réglementaires relatifs à la gestion des
ordures ménagères (Code de l'hygiène publique et loi
cadre)
· Interdire formellement la mise à feu des
matières plastiques.
|
MEHU (ABE, DE), MIPME, MPSF, MFE, MISAT, ONG, MENRS,
Chefs traditionnels.
MEHU, MFE
MEHU (ABE, DE), MIPME, MPSF, MFE, MISAT, ONG, MENRS,
Chefs traditionnels, partenaires au
Développement
MEHU (ABE, DE), MPSF, MISAT, ONG, MENRS, Chefs
traditionnels.
|
CT
CT/MT
CT
CT/MT
CT
CT
CT
|
Source : MEHU (2000)
De l'analyse de ce plan d'action il ressort que sur le plan
législatif et institutionnel il est prévu à court terme la
mise sur pied d'une structure nationale et de rendre opérationnelle la
police environnementale dont les attributions sont multiples. Sur le plan
éducation et formation, on note une nécessité de
renforcement du système éducatif par les questions de pollution
et la mise sur pied des formations spécifiques.
Dans le domaine des transports plusieurs initiatives ont
été prises. Alors il est recherché une suppression du
carburant frelaté et l'essence avec plomb. Il est prévu
l'amélioration des techniques de rechange. Plusieurs objectifs sont
visés en ce qui concerne les véhicules. Pour ce qui est des taxis
- moto, des projets spécifiques ont été conçus pour
atteindre un résultat appréciable. Aussi à moyen et long
terme le plan devra aboutir à des axes pour autobus pour
développer le transport en commun à l'image de ce qui se passe en
Côte-d'Ivoire. Ce souci a conduit d'abord à une forme de transport
en commun surtout avec des minibus à travers les artères :
Dantokpa - Yénawa ; Dantokpa - Gankpodo ; Dantokpa-PK10 (route
de Porto - Novo) ; Dantokpa - Godomey etc. Les passagers ciblés
sont généralement les vendeuses et commerçants du
marché Dantokpa. On note donc un développement non
réglementé de ces minibus qui n'ont pas pour autant
influencé le nombre des taxis - moto. Cet état de chose montre
que le transport en commun ne devra pas se développer de cette
manière pour réduire le nombre de conducteurs de
« zémidjans ».Et puisque c'est le secteur des
transports qui englobent les taxis - moto il faudra trouver des moyens
adéquats pour freiner cette activité.
En définitive il faut retenir que le MEHU chargé
des questions de l'environnement a suffisamment sensibilisé la
population et passe de plus en plus à la phase de sanction selon les
chapitres 2 et 3 du titre VI de la loi cadre sur l'environnement (Loi
n°98-030 du 12 Février 1999 au Bénin). Mais les quelques
contrôles effectués qui ont abouti à des sanctions n'ont
pas tellement changé les comportements des conducteurs de taxi -
moto.
Mais nous notifions que la sensibilisation continue toujours
à travers tous les moyens de communication existants dans la ville de
Cotonou. Nous signalons que le plan n'a pas ignoré les autres sources de
pollution atmosphérique par rapport auxquelles des dispositions bien
précises ont été prévues.
Enfin nous essayerons d'aborder les solutions que nous
proposons pour une bonne régulation de la pollution d'origine
« zémidjan ».
4.3 - Solutions pour une bonne régulation de la
pollution
atmosphérique d'origine taxi - moto
Avant de mettre en exergue les solutions que nous proposons
suite à nos recherches, nous présenterons tout d'abord les
recommandations faites par la CAPE à l'issue de l'étude
menée sur « L'utilisation des instruments économiques
dans la lutte contre la pollution atmosphérique en milieu urbain au
Bénin : cas de la ville de Cotonou. »
4.3.1 - Présentation des recommandations de la
CAPE 18(*)
Après ses recherches sur la pollution
atmosphérique à Cotonou, la CAPE a fait les recommandations
suivantes qui méritent d'être observées :
ü L'appropriation des résultats de l'étude
par la Circonscription Urbaine, le MEHU, l'ABE, le MTPT, le MISAT et les
partenaires au développement.
Une telle appropriation par les institutions en question
permettra d'examiner concrètement comment établir un programme de
mobilisation des onze milliards potentiels pour desserrer les contraintes de
financement de la lutte contre la pollution et les actions éventuelles
dans lesquelles ils pourront être investis. En effet, la stratégie
nationale de lutte contre la pollution avait entre autre comme activité
à mener à court et moyen terme d'étudier les mesures
économiques. Cette étude qui cadre bien avec cet objectif
paraît servir de base aux structures ci-dessus citées.
ü Concevoir des actions concrètes dans un
programme intégré de réduction de la pollution et la
gestion de l'environnement.
La stratégie nationale de lutte contre la pollution
atmosphérique au Bénin est récente (adoptée en
conseil des ministres en 2000). Pour ce faire, plusieurs actions restent encore
globales. Il va falloir concevoir les actions spécifiques. Ces objectifs
concrets pour la réalisation des actions qui sont menées à
l'heure actuelle sont souvent ponctuels et ne sont pas inscrits dans un
programme intégré et manquent pour la plupart de financements
clairs. Par conséquent, ce sont pour la plupart des actions qui ont
été cernées par ce que des fonctions ont été
financées sur tel ou tel projet. L'illustration concrète en est
la question du financement de la police environnementale.
ü Créer un fonds environnemental autonome en
collaboration avec le secteur privé et la société civile
pour mobiliser et générer le financement des programmes de
réduction de la pollution. Le conseil d'administration d'un tel fond
pourrait être sous la direction de la société civile.
ü Agrandissement et pavage / goudronnage des voies de
Cotonou. Cela aura l'avantage d'éviter les encombrements aux heures de
pointe et de les décongestionner. Par ce moyen, cela évitera aux
individus d'inhaler autant d'air pollué aux grands carrefours.
ü Instituer des vignettes pour les motos à
l'image de celle des voitures et les faire respecter.
ü Encourager le développement des transports en
commun. Cela pourra se faire par exemple sous forme d'avantages fiscaux aux
privés qui se lancent dans cette activité.
ü Avec la participation des individus à financer
la politique de lutte contre la pollution, cela allège la contrainte de
financement de l'Etat qui pourrait consacrer une partie de son budget à
l'acquisition non seulement de plus d'instruments de mesure mais de meilleure
qualité.
ü La création par l'Etat d'un observatoire de
lutte contre la pollution qui s'occupera systématiquement de la collecte
et du suivi des indicateurs de pollution.
En effet, le manque de statistiques sur la pollution en terme
de séries sur les quantités émises de GES, les
quantités par type d'activité et par quantité produite
d'un bien, etc. est l'une des difficultés majeures.
Aider les mécaniciens à se former et à
s'équiper pour régler les véhicules selon les normes
environnementales (au plus 2% de volume pour le CO, etc.).
Il est vrai que les contrôles environnementaux sont
introduits dans les visites techniques de véhicule de nos jours et qu'il
y a un effort en cours dans la mise en place de structures mais jusqu'à
présent il n'y a pas un nombre significatif de structures
spécialisées équipées pour faire des
réglages sur le moteur si le véhicule est hors normes. Un nombre
important de garages privés à qui on donnerait l'agrément
pourraient jouer ce rôle.
ü Continuer la sensibilisation de la population à
travers les actions suivantes :
- Une intensification des journées mensuelles pour un
environnement sain organisées par le MEHU en collaboration avec l'ABE et
les partenaires au développement. Dans ce cadre il serait souhaitable de
changer la version actuelle de ces journées qui se limite aux
réglages des moteurs. On pourrait par exemple essayer de suivre ceux qui
ont été sensibilisés dans le temps afin de voir l'impact
réel de la sensibilisation.
- Une intensification du programme de l'éducation que
l'ABE exécute avec les écoles primaires.
ü Développer des activités
génératrices de revenu dans la chaîne de ramassage et de
traitement des déchets : cela permettra de créer quelques
emplois et diminuera la pollution.
ü Avec ce que les populations sont prêtes
à payer qui est de 11 milliards pour la seule Circonscription Urbaine de
Cotonou, l'Etat ou la CUC peuvent compléter cela pour créer les
conditions favorables au développement des transports en commun
(aménagement des axes, voies réservées aux bus, celles
réservées aux « zémidjan », etc.
ü Encourager l'utilisation du carburant sans plomb en se
servant par exemple des fonds que les populations sont prêtes à
payer pour subventionner le prix de l'essence sans plomb.
ü Faciliter l'installation de plusieurs compagnies
pétrolières.
Cela pourrait limiter les risques de pénuries que le
pays connaît à cause des problèmes de gestion de stock de
la SONACOP, qui amène les individus à prendre de l'essence
frelaté.
ü Mettre des agents de sécurité aux
carrefours surtout aux heures de pointes y compris les jours
fériés.
ü Après la phase de sensibilisation, sanctionner
effectivement ceux qui ne respecteront par les normes (délivrer des
amendes à payer dans les représentations du trésor ou de
l'administration fiscale, etc.).
ü Appliquer la décision du conseil des ministres
d'interdiction d'importation de véhicule d'occasion de plus de 10
ans.
Ces recommandations découlant de l'étude globale
de la lutte contre la pollution atmosphérique, ne retracent pas de
façon spécifique les solutions de la régulation de la
pollution atmosphérique d'origine
« zémidjan ».
4.3.2 - Les recommandations de solutions pour une bonne
régulation
Les solutions que nous proposons découlent des
résultats de nos enquêtes et des déterminants du CAP
à partir de nos estimations tout en prenant en considération les
exemples d'autres pays. Alors nous faisons les recommandations
spécifiques qui suivent :
Créer une institution de régulation autonome
compte tenu de l'ampleur que prend le phénomène de
« zémidjan », une institution spéciale qui
sera chargée de le limiter s'avère nécessaire. Ceci est
d'une importance capitale si l'on opte pour un développement soutenable.
L'institution avec son autonomie devra être dotée de cadres
compétents pour contrôler efficacement la pollution
atmosphérique d'origine taxi - moto.
Mettre la police environnementale19(*) au service de l'institution de
régulation. Ainsi l'on pourra éviter la création au sein
de cette institution d'une autre structure de surveillance.
L'enregistrement des conducteurs de taxi - moto devra
être fait au niveau de l'institution de régulation. Cette mesure
permettra de faire appliquer les règles qui désormais
régiraient la conduite de « zémidjan ». Parmi
ces règles qui seraient établies, nous pouvons citer entre autres
celles relatives au niveau d'instruction du potentiel conducteur et au
propriétaire de la moto qui sera utilisée.
Des systèmes de taxation devront être
appliqués. A cet effet une taxe au conducteur devra entrer en vigueur en
tenant compte par exemple de leur consentement moyen à payer d'environ
60 FCFA / jour (caractéristique centrale). Aussi l'instauration d'une
taxe sur l'essence et l'huile à moteur (exposés au bord des
voies) ; est nécessaire pour un meilleur contrôle. Ceci
contribuera fortement à se diriger davantage vers les stations d'essence
de bonne qualité au lieu du carburant frelaté.
Instaurer un système de droits à polluer au
sein de l'institution de régulation. Ceci amènera le conducteur
à ne polluer qu'en fonction de sa capacité. Les bons de pollution
seront émis par l'institution de régulation.
Orienter les personnes qui ne seraient pas autorisées
par l'institution pour la conduite, dans d'autres secteurs. Le problème
de l'emploi étant crucial, il va falloir doter l'institution d'un fonds
lui permettant de définir des stratégies avec ceux qui seraient
détournés de leur idée de conduite de taxi - moto ;
afin de se diriger vers un autre secteur d'activité productrice de
richesse.
Privilégier les motos de marque HONDA ainsi que les
motos à trois (3) roues nouvellement apparues sur le marché
béninois, pour l'activité de
« zémidjan ».
La moto HONDA ne consomme pas de carburant mélange,
ceci limite les problèmes de degré de mélange qu'on
constate au niveau des motos MATE et SUZIKI. Aussi, les motos à trois
(3) roues qui viennent sur le marché actuellement, permettront un
contrôle facile (visite technique appropriée). A ce niveau
l'institution de régulation peut imposer aux constructeurs l'utilisation
de pot catalytique au niveau du système d'échappement.
Avec la décentralisation en cours il faut instaurer
au niveau de chaque commune une sous structure de l'institution de
régulation qui suit au niveau local le programme de l'institution de
régulation nationale.
L'efficacité de ces recommandations trouve
son intérêt dans une volonté politique au niveau du
gouvernement. Et puis que de nos jours le gouvernement béninois a pris
une conscience accrue pour un environnement sain, alors le respect de ces
solutions que nous proposons, pourront aider à réduire
considérablement la pollution atmosphérique d'origine taxi -
moto.
CONCLUSION
La pollution atmosphérique est une
réalité incontournable en République du Bénin et
surtout dans la ville de Cotonou avec des causes multiples. Dans la ville de
Cotonou l'une des principales causes de la pollution atmosphérique est
le transport quel que soit sa nature. L'activité des taxis - moto en
contribue énormément. La situation socio-économique en
République du Bénin depuis les années 80 a
encouragé cette activité. Le nombre croissant des conducteurs
d'année en année devient inquiétant du fait de
l'augmentation des rejets de gaz à effet de serre.
L'ampleur que prend le phénomène de
« zémidjan » dans la contribution à la
pollution atmosphérique amène à s'intéresser de
plus en plus à la régulation de la pollution d'origine taxi -
moto. Ceci nous a conduit à faire des investigations qui nous ont permis
de définir des stratégies pour une réduction
considérable de la pollution atmosphérique d'origine motocycle.
Pour ce faire nous nous sommes basé sur les causes des abondants rejets
de gaz que nous avons pu identifier et les déterminants du CAP obtenus,
ainsi que des exemples d'autres pays.
Par conséquent plusieurs solutions sont
envisagées pour un bon contrôle de la pollution
atmosphérique dont notamment la mise sur pied d'une institution de
régulation avec des règles de jeu bien précises. Les
règles de jeu qui entrent en ligne de compte avec la régulation
de la pollution concernée, permettront de réduire cette
externalité. Il est alors important que ces règles de jeu soient
respectées et qu'il n'y ait pas de passager clandestin.
Le bon fonctionnement de l'institution de régulation
autonome, dans le domaine, est un atout capital pour la réussite de la
politique de lutte contre la pollution atmosphérique dans la ville de
Cotonou. L'utilisation des instruments économiques (la taxe surtout)
permet d'atteindre des résultats concluants. La combinaison de ces
instruments avec ceux qui sont réglementaires nous amène à
une bonne régulation de la pollution atmosphérique au niveau des
taxis - moto dans la ville.
Ceci justifie l'importance de la pratique des systèmes
de taxes, des bons de pollution en tenant compte des normes appropriées,
avec les services de la police environnementale.
Mais il faut notifier que dans le secteur du transport
terrestre, beaucoup d`autres moyens sont utilisés tels que les motos,
les automobiles, les minibus, les bus, les camions. Donc pour parvenir à
une régulation totale de la pollution atmosphérique, il va
falloir prendre en considération tous ces moyens de transport dans
l'optique d'obtenir des solutions plus globales au niveau de la ville de
Cotonou voire pour toute l'étendue du territoire nationale.
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TABLE DES MATIERES
Pages
Dédicaces..................................................................................
i
Remerciements............................................................................
ii
Liste des
sigles............................................................................
iii
Liste des
figures..........................................................................
iv
Liste des
tableaux.........................................................................
v
Résumé....................................................................................
vi
Sommaire..................................................................................
vii
Introduction
Générale ....................................................1
1- Problématique du
sujet..............................................................2
2- Objectifs et
hypothèses............................................................3
3- Méthodologie
utilisée...............................................................5
a) La collecte des
données..........................................................5
b) Le traitement des
données.......................................................6
PREMIERE PARTIE : INSTRUMENTS DE
REGULATION
DE LA POLLUTION ATMOSPHERIQUE
ET CAUSES DES ABONDANTES EMISSIONS
DES
TAXIS-MOTO..............................................7
Chapitre1 : Les instruments de la
régulation de la pollution Atmosphérique...............8
1.1- Les instruments non économiques
..................................8
1.1.1- Réglementation, obligation et
Interdiction .......................9
1.1.2- Les
norme..............................................................10
1.2- Les instruments
économiques.......................................11
1.2.1 - La
taxation............................................................11
1.2.2 - La
subvention....................................................... 13
1.2.3 - La négociation
bilatérale..........................................14
1.2.4 - Le marché de droits à
polluer...................................16
1.2.5 - Supériorité de la
taxation........................................16
1.3- La combinaison des
instruments....................................18
Chapitre2 : Les causes des abondants rejets de gaz
des taxis-
moto.......................................19
2.1- La pollution à
Cotonou..................................................19
2.1.1- Cas des
transports..................................................19
2.1.2- Cas des déchets et
usines........................................20
2.2- Les causes des abondantes émissions des
taxis- moto........22
2.2.1- Les causes
techniques.............................................22
2.2.2- Les causes socio -
économiques ................................24
DEUXIEME PARTIE : LES DETERMINANTS DU CAP DES
CONDUCTEURS DE TAXI- MOTO
ET SOLUTIONS AUX MOYENS
D'UNE BONNE
REGULATION.......................29
Chapitre3 : Analyse des déterminants du
CAP............30
3.1- Cadre
opératoire..........................................................30
3.1.1- Choix des
variables.................................................30
3.1.2- Présentation du modèle
CAP....................................32
3.2- Estimation du modèle
CAP..............................................34
3.2.1- Les résultats
d'enquête...............................................34
3.2.2- Les résultats de la
modélisation....................................38
3.2.3- Tests de significativité et de
régression entière................40
3.2.4- Interprétation des
résultats..........................................41
Chapitre4 : Solutions aux moyens d'une bonne
régulation
de la pollution atmosphérique des taxis-
moto.............44
4.1- Les études empiriques utilisant la fiscalité
indirecte
ou le CAP comme instrument de lutte contre
la
pollution................................................45
4.2- La lutte contre la pollution atmosphérique
d'origine « zémidjan » à
Cotonou...................................53
4.3- Les solutions pour une bonne régulation de
la
pollution atmosphérique d'origine
« zémidjan »........................62
4.3.1- Présentation des résultats de la
CAPE........................62
4.3.2- Les recommandations pour une bonne
régulation..........66
Conclusion...........................................................................69
Bibliographie............................................................................71
Annexes
* 1 Voir annexe 1
* 2 Cas de la loi cadre sur
l'environnement au Bénin (Loi n° 98 - 030)
* 3 Voir Sylvie Faucheux et
Jean François Noël (1995)
* 4 Sylvie Faucheux et Jean
François Noël (1995)
* 5 [Bramhall, Mills 1996 ], [
Kneese, Bower 1968 ], [ Kammien, Schwartz, Dolbeer 1966 ]
* 6 Sylvie Faucheux et Jean
François Noël (1995)
* 7 Sylvie Faucheux et Jean
François Noël (1995)
* 8 SERHAU 1999
* 9 14ans en moyenne (cf.
SERHAU 1999)
* 10 MEHU (2000).
* 11 MEHU 2000.
* 12 Toussaint HOUENINVO
(2000)
* 13 Voir annexe 2
* 14 Voir tableau n°4
* 15 Le Bénin n'en fait
pas une exception, puisqu'il semble que CO2 est le plus important polluant
émis au Bénin (MEHU 2000).
* 16 CAPE : L'utilisation
des instruments économiques dans la lutte contre la pollution
atmosphérique en milieu urbain au Bénin : cas de la ville
de Cotonou 2000.
* 17 MEHU
* 18 Toussaint HOUENINVO
(2000)
* 19 voir les attributions de
la police environnementale à l'annexe 2.
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