I / : LA SECHERESSE
Les crises de sécheresse qui, sur un fond
d'aridité permanente, caractérisent la zone du Gandiolais et
accentuent le déficit hydrique. Cette diminution des
précipitations est la cause première de toutes les
crises (baisse du débit du fleuve, diminution du niveau des nappes),
bien que la notion de sécheresse se dissocie de celle de
précipitations déficitaires. Leurs origines ne sont pas bien
expliquées : « Nous ne savons pas pourquoi les
présentes sécheresses existent ni pourquoi des sécheresses
se sont produites dans le passé » (Farmer et Wigley 1985).
Cette sécheresse est de type pluviométrique et hydrologique.
1 / : La sécheresse pluviométrique
La zone nord sahélienne, située à peu
près au sud du parallèle 17°05' N, a une pluviométrie
moyenne annuelle pour ces trente (30) dernières années qui
oscille entre 200/300 mm. Cette pluviométrie annuelle moyenne est
répartie sur deux (2) à trois (3) mois.
Cependant ses conditions climatiques ont connu des variations
chroniques et de grandes ampleurs, surtout depuis le début des
années 1970. La station météorologique de Saint-Louis a
enregistré une rupture nette des séries pluviométriques
autour des années 1968-72, avec 1970 comme année
charnière. La baisse de la pluviométrie entre la normale 1915-43
et 1944-72 est d'environ 7 %. Cette diminution s'est accrue et a atteint les 25
% entre la normale 1944-72 et 1973-02.
Les précipitations font partie des ressources en eau de
la zone même si leur quantité sont nettement moindre
comparée à celles des eaux de surface. Les pluies engendrent le
ruissellement et participent à la recharge des nappes souterraines.
Graphique 1
Calcul de l'indice de sécheresse
décennal
Ce calcul nous renseigne sur le niveau de sécheresse
d'une localité donnée. L'indice de sécheresse s'obtient en
divisant la moyenne pluviométrique décennale par la valeur
moyenne de l'évapotranspiration décennale.
Tableau 1 : Données climatiques de la
Station Synoptique de Saint-Louis 1961/00 Source : Pascal
Sagna
Décennies
|
Pluies en mm
|
ETP en mm
|
I S
|
C C
|
1951/60
|
326.8
|
1754.2
|
0.18
|
Aride
|
1961/70
|
342.5
|
2201.2
|
0.15
|
Aride
|
1971/80
|
215.2
|
2175.2
|
0.09
|
Aride
|
1981/90
|
227.3
|
2060.7
|
0.11
|
Aride
|
1991/00
|
238.3
|
1931.1
|
0.12
|
Aride
|
ETP : Evapotranspiration Potentiel
IS : Indice de Sécheresse
CC : Classification Climatique
Le calcul des indices de sécheresse décennaux
montre que Saint-Louis est caractérisé par une aridité
chronique datant 1951 et qui se poursuit jusqu'à 2000. Les moyennes
pluviométriques décennales sont de loin inférieures aux
valeurs moyennes de l'évapotranspiration décennale. Ce qui
signifie que les pertes par ETP sont supérieures aux apports
pluviométriques. Le tableau suivant montre les écarts entre les
moyennes pluviométriques décennales et les ETP décennales.
Tableau 2
Ecarts pluie/ETP à Saint-Louis 1950/00
Décennies
|
Pluies en mm
|
ETP en mm
|
Pertes en mm
|
1951/60
|
326.8
|
1754.2
|
1430.4
|
1961/70
|
342.5
|
2201.2
|
1858.7
|
1971/80
|
215.2
|
2175.2
|
1960
|
1981/90
|
227.3
|
2060.7
|
1833.4
|
1991/00
|
238.3
|
1931.1
|
1692.8
|
2 / Sécheresse hydrologique
La sécheresse hydrologique découle d'une longue
sécheresse météorologique et se traduit par une brusque
diminution du niveau des eaux de surface et souterraines. Dans le Gandiolais
cette sécheresse résulte de la baisse de la pluviométrie
sur le bassin du fleuve et qui à son tour entraîne une
réduction des débits écoulés et par
conséquent sur les nappes souterraines.
Le régime d'écoulement du fleuve
Sénégal dépend essentiellement des précipitations
dans le Haut Bassin. Il est caractérisé par :
une saison de hautes eaux, de juillet à octobre,
une saison de basses eaux à décroissance
régulière, de novembre à mai/juin.
La saison des hautes eaux débute en fin août ou
début septembre et s'achève rapidement dans le courant du mois
d'octobre. A la fin de la saison sèche, en mai ou juin, il ne reste en
général qu'un très faible débit d'étiage
dans le grand bras du fleuve et dans ses affluents. A Bakel, qui est
très souvent considéré comme la limite entre le Haut
Bassin et la Vallée, et comme la station de référence du
fleuve Sénégal parce que située à l'aval du dernier
affluent important qu'est la Falémé, le débit moyen annuel
du fleuve est d'environ 676 m3/s. Les débits moyens
mensuels changent entre les valeurs extrêmes de 3.320
m3/s en septembre et de 9 m3/s en mai. Une autre particularité
importante du régime du fleuve Sénégal est son
irrégularité inter- annuelle. Par exemple pour la période
1903-04 à 1995-96, l'écart entre le débit moyen annuel de
l'année la plus humide et celui de l'année la plus sèche
peut être dans la proportion de six (6) à un (1). Ainsi en
1923-24, le débit moyen annuel est de 1.265 m3/s ; et pour
l'année 1987-88, il est passé à de 216 m3/s. Pendant la
période d'étiage, comprise entre novembre et mai-juin et au cours
de laquelle aucune précipitation importante n'est enregistrée,
les débits du fleuve et de ses affluents diminuent progressivement.
L'implantation du niveau du barrage de Diama (fonctionnel
depuis 1985) a permis la régulation des débits en soutenant les
étiages. Les débits moyens annuels calculés tournent tous
autour 600 m3/s : ainsi pour 1994-95 le débit est de 659
m3/s ; 629 m3/s pour 1999-00 et 679 m3/s pour 2003-04. Mais le
débit moyen annuel reste toujours faible comparé à
l'année 1923-24.
Tableau 3 Volume d'eau
lâché au niveau du Barrage de Diama
Années
|
Volume d'eau en m3
|
1994-95
|
21 600 000 000
|
1999-00
|
18 917 797 600
|
2003-04
|
17 528 800 000
|
Cette irrégularité interannuelle et cette
faiblesse de plus en plus croissante des débits jouent sur la
présence de ces eaux douces du fleuve dans l'estuaire, car les
lâchers opérés au niveau du barrage de Diama se font quand
la cote de crue atteint au moins un mètre cinquante mètre (1.50)
de hauteur. Mais avec ces faibles débits notés en saison
sèche, le barrage est fermé et les eaux douces n'accèdent
pas dans la zone du Gandiolais. Il s'y ajoute une diminution des volumes d'eau
écoulés au niveau de ce barrage.
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