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Prise en Charge Psychosociale des PVVIH/SIDA dans trois centres sociaux de Porto-Novo au Bénin

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par Dr ZONGO
IRSP-Ouidah - Bénin - Maîtrise en Santé Publique, option Gestion Santé de la Reproduction 2004
  

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INTRODUCTION ET PROBLEMATIQUE

Depuis plus d'une vingtaine d'années, la médecine est confrontée à un défi majeur, le VIH/SIDA qui continue d'être une préoccupation qui se situe au centre de la plupart des rencontres scientifiques au niveau mondial. Aucune épidémie n'a encore consommée tant de ressources et ne s'est heurtée à tous les dispositifs mis en place pour l'éradiquer. La pandémie est à la base des perturbations de plusieurs ordres, tant au niveau de l'individu qui est infecté, de la famille affectée et de la communauté à laquelle appartient cet individu. Cette perturbation est médicale, sociale, culturelle et économique [Vaz, 2008].

Au-delà des mesures prises pour prévenir la transmission du VIH dans la population, de nombreuses stratégies tant mondiales, régionales que nationales ont été mises en place pour assurer la prise en charge des PVVIH et malades du SIDA. Ces stratégies contribuent à assurer aux personnes vivant avec le VIH et aux personnes malades du SIDA, des conditions requises leur permettant de mieux vivre leur séropositivité ou leur maladie. En effet les personnes qui vivent avec le VIH ont besoin d'être soutenues pour faire face aux défis multiples d'une maladie chronique, incurable et en général fatale, qui peut entraîner un rejet social. L'angoisse dramatique de l'annonce du diagnostic, des malades souvent jeunes et fragilisés, le vécu de la maladie et l'incidence de ses complications sur la vie psychique et sociale rendent incontournable leur prise en charge médicale et psychosociale [Cellule de la Famille Africaine, 2003]. Cette prise en charge est une démarche thérapeutique globale et comprend en plus du soutien médical plusieurs volets: psychologique, spirituel, hygiéno-diététique, sociale, économique, professionnel et familial. Ces mesures visent à aider les personnes infectées à trouver des ressources de tout genre qui leur permettront de s'adapter efficacement à leur situation et de mener aussi longtemps que possible une vie pleine et productive afin de contribuer au développement humain durable [Ministère de la Santé Publique, 2001].

L'épidémie due à l'infection par le VIH reste extrêmement dynamique, elle s'accroît et se modifie dans le temps et dans l'espace au fur et à mesure des nouvelles transmissions du VIH. Aucun pays au monde n'est à l'abri de l'infection. On estime à 4,8 millions (entre 4,2 et 6,3 millions) le nombre de personnes nouvellement infectées par le VIH en 2003, soit une augmentation par rapport aux années précédentes. Aujourd'hui, se sont environ 37,8 millions de personnes (de 34,6 à 42,3 millions) qui vivent avec le VIH. Le virus a tué 2,9 millions d'êtres humains (de 2,6 à 3,3 millions) en 2003 et plus de 20 millions depuis l'identification des premiers cas de SIDA en 1981 [ONUSIDA, 2004].

L'Afrique subsaharienne, qui n'abrite que 10% de la population mondiale, est de loin la région la plus touchée par cette pandémie. En effet deux tiers du total des personnes infectées y vivent, soit environ 25 millions de personnes. Pour la seule année 2003, on estime à 3 millions le nombre de nouvelles infections dans cette région et 2,2 millions celui des décès dus au SIDA [ONUSIDA, 2004].

La déclaration d'engagement de la session extraordinaire de l'Assemblée Générale des Nations Unies en 2001 constitue un événement historique dans la lutte contre le VIH/SIDA. Pour la 1ère fois, le traitement et la prise en charge, y compris l'accès aux médicaments antirétroviraux, ont été spécifiquement reconnus par tous les gouvernements du monde comme un élément essentiel de la riposte à la pandémie mondiale du VIH/SIDA [ONUSIDA, 2002 ; Rey 2003].

La prise en charge et le soutien sont fondés sur une préoccupation réelle pour le bien être des autres et de soi-même. Les personnes directement affectées par le VIH ont besoin de soins. Les PVVIH, les personnes malades du SIDA, leur famille et leur communauté ont toutes besoin d'un soutien pour faire face aux difficultés de la maladie et pour répondre aux besoins lorsqu'ils apparaissent. Le but de la prise en charge et du soutien dans le domaine du VIH/SIDA est d'améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH/SIDA, de leur famille et de leur communauté. La prise en charge et le soutien sont importants car ils consolident les efforts déployés pour éviter que le VIH continue de se propager [ONUSIDA, 2003].

Les déclarations du Directeur général de l'Organisation Mondiale de la Santé, et celle du Directeur exécutif du Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA sont déterminantes et pertinentes : « Le fait que des millions de personnes dans le monde n'aient pas accès au traitement antirétroviral constitue une situation d'urgence sanitaire mondiale... Pour offrir un traitement antirétroviral aux millions de personnes qui en ont besoin, nous devons changer notre façon de voir et notre façon d'agir » LEE Jong-wook [ONUSIDA, 2003]. « Nous devons relever le défi que représente l'extension de l'accès au traitement du VIH. Pour cela, il faut surmonter l'obstacle énorme de la mise en place d'une capacité opérationnelle suffisante. Nous devons adopter la cible des 3 millions de personnes sous traitement d'ici 2005, un défi colossal certes, mais nous ne pouvons nous permettre de ne pas réussir » Peter Piot [ONUSIDA, 2003].

Au Bénin, le premier cas de SIDA a été déclaré en 1985. Au cours de l'année 2002, le nombre de cas cumulés notifiés est égal à 6.103 cas. Le nombre de personnes vivant avec le VIH en 2002 au Bénin est estimé à 67.060. Le nombre de décès total survenus depuis le début de l'épidémie est de 33.699. En 2002, une personne sur trois infectée est déjà décédée. Pour la seule année 2002 on estime à 5.385 le nombre de décès dus au SIDA [Ministère de la Santé Publique, 2002].

La prévalence de l'infection est passée 0,36% en 1990 à 4,1 % en 2001 soit cinquante nouvelles infections par jour ; une personne s'infecte toutes les 30 minutes au Bénin [Ministère de la Santé publique, 2002].

La prise en charge des PVVIH et des personnes malades du SIDA est insuffisante de façon générale dans tous les départements. Elle est plus ou moins structurée dans les chefs lieux des départements de l'Atlantique, du Borgou, de l'Ouémé et du Zou. Des initiatives de prise en charge existent dans plusieurs centres de santé confessionnels. Très peu d'ONG ou d'associations s'investissent dans la prise en charge des PVVIH et des personnes malades du SIDA. Par ailleurs, les Centres d'Information et de Conseil (CIC) informent et assurent le conseil, le dépistage et la prise en charge psychosociale des PVVIH [Ministère de la Santé Publique, 2000 ; Nice 2004].

Devant cette flambée fort inquiétante de cas de PVVIH, le Bénin, à l'instar des autres pays africains et en collaboration avec certains partenaires au développement, a mis en place des stratégies dont la multiplication des sites de prise en charge publique. Tous les départements du Bénin ont au niveau des chefs lieu des centres de prise en charge et d'accès aux ARV.

Aujourd'hui avec l'Initiative Béninoise d'Accès aux ARV (IBAARV), 1.500 PVVIH sont sous traitement ARV. Trois centres publics à Cotonou assurent la prise en charge médicale et psychosociale des PVVIH et des personnes malades du SIDA. Il s'agit du Centre d'Information et de Prise En Charge (CIPEC), de la Direction Départementale de la Santé de l'Ouémé/Plateau et de la Clinique Louis Pasteur de Porto-Novo.

Avec l'initiative d'accès aux ARV, une autre préoccupation est apparue au travers la qualité de la prise en charge des PVVIH et des personnes malades du SIDA.

La présente étude consiste à étudier la qualité de la prise en charge dans le centre le plus important. Sur les 1.500 PVVIH et personnes malades du SIDA, sous traitement ARV sur le territoire béninois, plus de 700 personnes sont prises en charge au CIPEC de la DDS-O/P et la Clinique Louis Pasteur. C'est là que sont référés la plupart des malades chroniques où une prise en charge médicale accrue s'impose.

L'objectif de l'étude est d'évaluer la qualité de la prise en charge médicale et psychosociale des PVVIH et des personnes malades du SIDA au CIPEC de Porto-Novo et deux centres sociaux de Porto-Novo au Bénin.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery