CHAPITRE IV : MESURES DE REDRESSEMENT
Les chapitres précédents nous montrent que
l'une des principales causes, si pas la principale de la faillite des banques
congolaises est la mauvaise gestion des crédits accordés par ces
dernières.
Cette mauvaise gestion des crédits est liée
à une mauvaise gestion de la politique de la banque centrale
vis-à-vis des banques des dépôts, aux risques des
crédits accordés et, l'inexistence de l'intermédiation
causée par un bas de niveau de dépôt et un taux
débiteur négatif.
Tout au long ce chapitre nous essayerons de proposer des
mesures de redressement pour chacun des points cités ci-dessus.
IV.1. LA POLITIQUE DE RECHERCHE DES DEPOTS
En étudiant les ressources de profit de la Banque,
R.WALOT (1(*)) adopte un
point de vue industriel et considère les dépôts bancaires
comme de la matière première que transforme le banquier en
produit finis ; les crédits qui constituent ses sources de profit. Mais
pour que cette matière première soit productive, il en faut une
certaines quantité. Les gains du banquier sont d'autant plus importants
qu'il accorde un plus grand volume de crédit et pour ce faire, il lui
faut disposer des moyens indispensables, les dépôts, pour
répondre à cet impératif.
Le système bancaire étant lié aux
activités économiques modernes, son implantation prend la
configuration de la distribution géographique des centres
d'activités économiques modernes (2(*)).
Les onze banques de dépôts que compte le
système bancaire congolais, ont leur siège social à
Kinshasa, d'où, elles animent des succursales et agences dans les
principaux centres urbains du pays et dans les localités où les
activités économiques rendent leur présence viable.
Le réseau bancaire répond exactement aux
critères d'implantation des banques en Afrique francophone qui fait
partie de la zone franc (1(*)) :
- le réseau suit les centres de développement
industriel ou commercial des économies nationales lies à la
population étrangères (européenne) ;
- le facteur urbanisation correspond à une
implantation dense ;
- Il n'y a aucun rapport de proportionnalité entre la
densité de la population et le nombre de guichets bancaires.
Pour voir comment s'effectue l'implantation des banques au
Congo, nous utiliserons les données de l'année 1981. En cette
période, neuf banques constituaient l'infrastructure bancaire du
Congo.
IV.1.1. Tableau VIII : Implantation
régionale des banques de dépôts en 1981
|
Kinshasa
|
Shaba
|
H/Zaire
|
Kivu
|
B/Zaire
|
Kasai Occ
|
Kasai Or.
|
Equateur
|
Bandundu
|
Total Guichets
|
B.C.Z
B.D.P
Banque de Kinshasa
U.Z.B.
First City Bank
Paribas
BIAZ
Barclays Bank
Grindlay Bank
|
6
9
3
1
1
1
1
1
1
|
8
4
4
3
-
-
-
1
-
|
4
3
2
2
-
-
-
-
-
|
5
4
3
4
-
-
-
-
-
|
2
4
2
2
-
-
-
-
-
|
2
2
1
-
-
-
-
-
-
|
1
2
1
2
-
-
-
-
-
|
6
6
2
1
-
-
-
-
-
|
2
3
-
1
-
-
-
-
-
|
36
37
18
16
1
1
1
2
1
|
TOTAL
|
24
|
20
|
11
|
16
|
10
|
5
|
6
|
15
|
6
|
113
|
Source : MABI MULUMBA, Op. Cit. p. 61.
Le facteur "Urbanisation" joue pour beaucoup dans l'implantation
des banques au Congo. L'implantation des banques se fait aussi par rapport aux
Centres de développement industriel ou commercial.
IV.1.2. Tableau IX : La densité Bancaire par
région.
|
Nbre/habitants (a)
|
Nbre de guichets (b)
|
Densité Bancaire (a) : (b)
|
Kinshasa
Shaba
Haut-Zaïre
Kivu
Bas-Zaïre
Kasaï Occidental
Kasaï Oriental
Equateur
Bandundu
|
2.410.552
3.563.142
3.871.049
4.495.234
1.768.313
2.111.854
1.725.596
2.945.097
3.486.423
|
24
20
11
16
10
5
6
15
6
|
100.440
178.157
351.914
280.952
176.831
422.371
287.599
196.340
581.071
|
|
26.377.260
|
113
|
233.427
|
Source : MABI MULUMBA, Op. Cit. p. 62.
Il n'y a pas une proportionnalité entre la
densité de la population et le nombre de guichets. Le plus grand nombre
de population se retrouve au Kivu avec 4.495.234 où, nous ne comptons
que 16 guichets, soit une densité bancaire de 280.952. Le plus grand
nombre des guichets (24) se retrouve à Kinshasa avec une population de
2.410.552.
La densité bancaire pour l'ensemble du système
bancaire congolais est de 233.427. C'est-à-dire qu'un guichet est
utilisé par 233.427 personnes.
Du point de vue de la collecte des dépôts, il
existe donc de vastes régions qui échappent à la Banque et
sur lesquelles le système bancaire congolais ne pourra compter qu'au
bout d'une vaste politique de développement, axée sur
l'éducation qui permettra d'atteindre le grand public. Le système
bancaire congolais se doit de consacrer une part importante de ses
dépenses à la publicité.
Pour atteindre le grand public, une extension de leurs
agences et succursales s'impose. Pour y arriver, les banques doivent
préparer, informer et éduquer le public sur les opérations
bancaires.
Dans un pays en voie de développement, cette
problématique de pénétration de la banque dans l'ensemble
de l'économie se greffe au rôle supplémentaire qu'elle doit
y jouer à savoir "monétariser" l'économie, en plus de ses
trois rôles traditionnels : accorder des crédits, informer le
public sur la situation économique nationale, orienter les entreprises
dans leurs activités (1(*)).
L'extension de leurs points d'exploitation dans ce sens n'est
pas toujours pour favoriser la rationalisation de la gestion, mais c'est un
tribut que les banques doivent payer aux nécessités de leur
fonctionnement dans un pays en voie de développement (2(*)).
* 1 R.WALOT, Cité
par MABI MULUMBA, Les banques commerciales face aux mutations structurelles
de
l'économie zaïroise, IRES UNIKIN, Kinshasa, 1983, p.
43.
* 2 MABI MULUMBA, op. cit.
p. 43.
* 1 M. SAINT-MARC, Cité
par MABI MULUMBA, Op. Cit. p.56
* 1 M. SAINT-MARC, Cité
par MABI MULUMBA, op. Cit, p. 147.
* 2 Robert Henrion, Les
banques devant le problème de dépôts, Conférence
de centre d'études bancaires,
Cahier n 73, Juillet 1959, p.
20.
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