PAGE DE GARDE
DEDICACES ET REMERCIMENTS
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : Analyse des
besoins de financement du monde rural
Section1 : Besoins de financement
relatifs au poids du secteur rural dans l'économie nationale
1-1/ Financement de l'agriculture
1-2/ Le secteur rural : moteur de la croissance
économique
Section2 : Besoins de financement
relatifs à la faiblesse de l'épargne
2-1/ Financement des initiatives rurales
2-2/ L'éradication de la misère qui sévit
dans les campagnes
Section3 : Besoins de financement
relatifs aux structures à créer
3-1/ Des organismes de distribution du crédit et
d'encadrement des ruraux
3-2/ Des organismes de recherches et de vulgarisation de la
recherche
Conclusion
CHAPITRE II: Les institutions de micro finance
intervenant en milieu rural
Section1 : Genèse des
institutions de micro finance
1-1/ Les insuffisances du système bancaire traditionnel
1-2/ Genèse des institutions de micro finance
Section2 : Les réseaux
2-1/ Le premier type de réseau
2-2/ Le deuxième type de réseau
2-3/ D'autres réseaux émergents
2-4/ Avantages et inconvénient de la mise en
réseau
Section3 : Les Mutuelles d'Epargne
et de Crédit (MEC)
3-1/ Des MEC sur l'ensemble du territoire national
3-2/ La formation du personnel de ces MEC
Section4 : Les partenariats
4-1/ Partenariat financier
4-2/ Partenariat technique
4-3/ Partenariat institutionnel
Conclusion
CHAPITRE III : Etat des lieux de la microfinance
en milieu rural
Section1 : Les contraintes au
développement de la microfinance
1-1/ Faiblesse des densités de populations
1-2/ Les infrastructures absentes, insuffisantes ou
défectueuses 1-3/ Faiblesse des revenus
monétaires et leur précarité
1-4/Les risques de la finance agricole
1-5/Le crédit non remboursé
Section2 : Un bilan peu
satisfaisant
2-1/Une microfinance détournée de ses objectifs
premiers
2-2/Des succès sur le plan économique
2-3/Des succès sur le plan socioculturel
Conclusion
CONCLUSION GENERAL
ANNEXE : Répertoire des mutuelles d'épargne et
de crédit
SIGLES ET ABREVIATIONS
BIBLIOGRAPHIE
****************
OPTION : ANALYSE ET
POLITIQUE ECONOMIQUE
MÉMOIRE DE MAÎTRISE
LA MICROFINANCE RURALE AU SENEGAL
THÈME :
Présenté par :
Mr. Babacar LO
Année universitaire :
2007/2008
Sous la direction de :
Mr. Ababacar KEITA
DEDICACES ET REMERCIEMENTS
|
GLOIRE ET LOUANGE à ALLAH !
En conformité aux exigences de la reconnaissance, je tiens
à remercier :
v Mr Ababacar Kéita, mon directeur de mémoire pour
son concours très précieux, son dévouement sa
disponibilité et ses conseils.
v Tous les enseignants, du primaire au supérieur, qui ont
contribué à ma formation.
Je leur remercie pour leur générosité dans
la transmission du savoir. Partout ou je me trouverai, je tacherai à
faire valoir les connaissances et les vertus académiques acquises
auprès de vous.
Qu'Allah vous comble de toutes grâces !
Ce travail est dédié :
· Spécialement à ma feue grande soeur
SAFIETOU LO
Que la terre de Ndiarème vous soit
légère ! Reposez en paix !!!
· A mes parents :
ü Ma très chère mère FATOU
NDIAYE
ü Mon très cher père MALICK
LO
ü Ma très chère tante AMINETOU
FALL
Je vous remercie de l'affection dont vous m'avez
toujours gratifié, de votre soutien moral, matériel et
financier.
Que le tout miséricordieux vous bénisse et vous
garde dans son amour !
· A mes grands frères :
ü Yankhoba Lo
ü Alioune Lo, ainsi que tous mes frères, soeurs,
cousins, cousines :
(Marie, Fatou, Amineta, Oulimata, Abdoulaye, Assane, Moussa) LO,
Absatou Ndiaye, Marame Diène, Binetou Kébé, Ameth Fall,
Astou Sy, Lamine Diène, Bara Lo, aux petits (Mohamed, pape Malick,
Binetou et Sokhna) Lo.
Qu'ils trouvent ici l'expression de mes sentiments
distingués.
· A mon oncle Mbaye Diaw : Merci,
infiniment pour les conseils, les orientations...
· Mention spéciale à la
généreuse tante Marème
Sambe
Merci pour toutes les bonnes oeuvres. Que la grâce d'Allah
soit sur vous !
· A mes cousins et cousines : (Abdou Karim, Mami,
Khady, Mame Fama, Adjiratou Arame) Diaw, Mbaye Fall, Marème Fall, Mami
Mbao, Bineta Ndiaye.
· A toute la famille de feu pape Moussa Lo
· A tonton Baye Diaw, tonton Assane Ndiaye G, tantes (Oumou
Gaye, Marame Nd, Arame Dia, Maimouna Diaw, Fatou Nd Diaw),
· A mon oncle et homonyme et toute la famille à Saint
Louis
· A mon grand père Seyni Guèye Nd ainsi que
toute la famille à Dagana,
Merci grand père, pour les conseils, les prières,
les casse-croûtes d'avant midi...
Je ne vous serai jamais assez reconnaissant pour tout ce que vous
avez fait pour moi.
· A tous mes amis d'enfance et ceux de l'ASC Diamano
· A tous mes amis étudiants : Moustapha
Seye, Assane Dieng, Amadou Taye, Modou, Sandjiri,
Abdou Aziz Sène, Lamine Nd, Lamine Nd, Abdourahman Sène, Lamine
Diatta, Karim Diatta, Allassane Tall, Allassane Barro, Awa Djigo, Zatcha
Koné, Lamine Bâ (UGB), Khady Dème, Ndaye Touré,
Ibss, Mor Cis, Faye, Ibrahima Fall (UGB), Sekka, Mame Khady Combo, El Hadji
Diop,.....
Merci pour votre hospitalité et votre compréhension
durant tous ces temps passé ensemble
· A pape Alioune Fall Nd, oncle Assane Nd, Ami Diaw,
Seynabou, Ousmane Nd, tante Oulimata Lo, Mané Sarr, Mbana Nd
INTRODUCTION GENERALE
La microfinance connaît dans le monde un
développement sans précédent depuis le succès de la
Gramen Bank, et nos pays ne sont pas en reste.
Par système de micro finance, il faut entendre un ensemble
d'institutions dont la vocation essentielle est de fournir des services
financiers aux populations de faibles revenus. La notion de micro finance
recouvre également celle de financements alternatifs,
c'est-à-dire ceux qui proposent une solution face à la
rigidité des systèmes bancaires dans la création de micro
entreprises.
Le financement du monde rural et plus
spécifiquement, celui de la production agricole, à
été dans les années 80, l'une des motivations principales
de la recherche d'outils de financements alternatifs.
En effet, on assistait à cette époque à une
remise en cause importante dans les pays en voie de développement et,
plus généralement, celui de la puissance publique dans le
système bancaire.
Les nombreuses faillites des banques publiques, dues à une
faible efficacité organisationnelle et surtout au développement
d'un portefeuille à haut risque ont conduit à une restructuration
drastique du système bancaire.
La floraison récente de Systèmes Financiers
Décentralisés (SFD) au Sénégal (années 90)
exprime la désarticulation entre d'une part, un système bancaire
en surliquidités mais inaccessible à la majorité des
populations du fait de ses conditionnalités et d'autre part, une forte
demande sociale en financement mais réprimées. Ce constat se
double de projections plus que pessimistes sur l'évolution de la
pauvreté, puisqu'un rapport de la Direction de la Prévention et
de la Statistique (DPS) note que « si les tendances clées de
la croissance économique, de l'accroissement de la population et de
l'équité dans l'affectation des services de base et du
crédit ne s'infléchissent pas, la pauvreté touchera 60% de
la population d'ici l'an 2015 ».Et si une détérioration
des conditions de vie frappe un nombre croissant de personnes, elle ne frappe
pas uniformément toutes les couches de la population. Des couches de
plus en plus minoritaires mais parfaitement visibles, voient leur part du
revenu total s'accroître au détriment de celle des autres, dans ce
pays ou la majeur partie des pauvres sont des villageois. Cela permet de
comprendre, l'ampleur de l'exode rurale et la situation économique de
ces multiples marchands ambulants qui envahissent les rues de la capitale.
C'est dans ce cadre, avec parfois la motivation
supplémentaire d'accompagner un programme local, ou sectoriel de
développement agricole ou rural, dans sa dimension financière que
les premières opérations de microfinance ont été
mises en place.
L'émergence de la micro finance correspond donc à
un changement conceptuel dans l'approche du financement en milieu
défavorisé. D'ou l'objet de notre thème: La microfinance
en milieu rural, au Sénégal.
Dans le cadre de ce mémoire, nous analyserons dans un
premier chapitre les besoins de financement en milieu rural. Les institutions
de micro finance intervenant en milieu rural feront l'objet du deuxième
chapitre. En fin un état des lieux de la microfinance en milieu rural
sera présenté dans un troisième chapitre.
CHAPITRE I : Analyse des besoins de financements du
monde rural
INTRODUCTION :
Le développement du secteur rural constitue à
l'heure actuelle un sujet de forte préoccupation au
Sénégal, tant de la part des acteurs politiques, publics, de la
société civile que de la part des partenaires au
développement.
Ainsi, comme le montre l'analyse keynésienne à
travers la théorie du multiplicateur, l'investissement est un
élément clé de la croissance.
Et pour comprendre le choix du secteur rural, comme porte
d'entrée pour le financement du développement du pays, il
importe d'analyser les besoins de financement de ce secteur.
Cette analyse peut se faire selon trois approches :
-en prenant compte l'importance du secteur rural dans
l'économie Sénégalaise
-en considérant la misère qui servie dans les
campagnes
-en étudiant les besoins relatifs aux structures à
mettre en place
Section1 : Besoins de financement relatifs aux
poids du secteur rural dans l'économie
nationale.
Le secteur rural Sénégalais, notamment dans sa
composante agricole présentait, à la veille de
l'indépendance, de graves déficiences et distorsions que les
plans de développement qui se sont succédés de 1960
à 1986 n'ont pus résorber.
Ainsi, l'agriculture sénégalaise demeure encore
aujourd'hui fortement déstructurée et peut productive
malgré les multiples tentatives de modernisation qu'elle a connu et qui
ont fait l'objet de mobilisation de gigantesques ressources
financières.
Le coût élevé et l'efficacité
relativement limitée des interventions directes de l'Etat dans le
financement des activités rurales ont amené les pouvoirs publics
sénégalais à opérer une rupture. Celle-ci c'est
traduit par l'adoption d'orientation dans le cadre d'une nouvelle politique
agricole initiée en 1984.
Plusieurs initiatives ont été prises par les
différents acteurs pour mettre en place des systèmes de
financement en réponse aux disfonctionnements des institutions
centralisées et fortement subventionnées.
Ainsi, diverses institutions de type bancaire, mutualiste, et
autres opérateurs de la microfinance concourent au financement des
activités du monde rural.
Pour mieux appréhender la situation, on se propose
d'étudier d'abord le financement de l'agriculture avec notamment
l'expérience de la CNCAS et ensuite le poids déterminant du monde
rural dans croissance économique.
1-1/ Financement de
l'agriculture :
Source contributive déterminante dans la formation du PIB,
l'agriculture joue également un rôle important dans les
exportations.
Ainsi face aux problèmes de compétitivité
des filières dans un marché mondial des produits agricoles, il
s'avère nécessaire d'accorder à ce secteur une place de
choix dans l'affectation des ressources financières.
Dans la sphère économique il est indéniable
que les exploitations familiales ont des handicapes réels ; leurs
activités présentent des risques spéciaux, le retard dans
le processus d'accumulation est encore prononcé au niveau des
producteurs ruraux. Il est donc nécessaire de consacrer à ce
secteur et à ses acteurs la « protection
institutionnelle » nécessaire.
L'évolution de la CNCAS permet de mesurer l'état
d'avancement.
La CNCAS est crée par l'Etat du Sénégal en
relation avec ses partenaires au développement avec comme mission
principale la prise en charge du financement des activités rurales. Elle
est devenue la première institution de financement du monde rural au
Sénégal. Ses interventions embrassent tout les secteurs
d'activités du primaire (agriculture, pêche, élevage,
agroforesterie) et toutes les phrase (production, commercialisation,
transformation). Elle dispose d'un réseau de 13 agences répartis
sur l'ensemble du territoire national.
Dès sa création en1984, l'enjeu majeur fut de voir
comment rentabiliser des services bancaires d'intermédiation dans un
environnement ou la majorité des acteurs économiques est pauvre
et donc plus préoccupée par la satisfaction des besoins de
consommation que d'accumulation.
Cette précarité est aggravée par des risques
naturels importants (déficits hydriques liés à la
sécheresse, infestation,......).
En 1985, la CNCAS prit timidement ses marques dans un
contexte ou les sociétés de développement constituaient
les acteurs institutionnels dominants du marché financier rural.
En privilégiant les critères de
sécurité et de potentialités économiques, la CNCAS
s'est d'abord déployée dans trois pôles : zone des
Niayes (horticulture), zone centre (bassin arachidier) et zone du fleuve
barrage de sécurisation de production agricole du point de vue
maîtrise de l'eau).
La CNCAS s'est d'avantage implantée dans la région
du fleuve. Les résultats concluants enregistrés au cours des
trois premières années (1988,1989 et 1990) avec des taux de
remboursement se situant autour de 98% ont engendré une croissance
rapide du portefeuille. Malheureusement, cette croissance mal
maîtrisée fut le premier défi auquel la CNCAS à du
faire face dans les années 1991/1993 par des efforts internes de gestion
et d'organisation, la situation a été redressée. Par la
suite, dans le cadre d'une dynamique d'assainissement, la CNCAS a
considérablement réduit le montant de ses interventions. Les
nouvelles options prises se sont traduites par un resserrement des concoures
à la production agricole qui baissèrent de moitié en
passant en moyenne de 8000 millions de FCFA par an à 4000 millions de
FCFA en 1995/1996.
En 1997, suite à de longues négociations
entre les différentes parties (MEF, MAE, Représentants des
Producteurs, Autres partenaires du monde rural, CNCAS ), il a été
convenu de mettre en place un dispositif de financement plus adapté aux
réalités du monde rural en vue de la relance de la production
agricole .Ce dispositif, assis sur des instruments de sécurisation et d
allégement des conditions financières , a permis à la
CNCAS d'accroître sensiblement ses encours au titre de production
agricole( moyenne d environ 12 milliards de f CFA).
Elle a par ailleurs signée des conventions avec une
quarantaine de projets et de structures intervenant dans le secteur rural pour
la gestion de volets crédits dans divers domaines d'activités
(productions végétales, productions animales, artisanats,
services...).
Au fil des années, elle raffermi sa position grâce
à l'accroissement de ses concours et à une stratégie
volontaire de développement de son réseau .Son total bilan s'est
régulièrement accru .Ses fonds propres se sont accrus à la
faveur des fonds affectés .Tout cela le prédispose à jouer
un rôle de premier plan dans le financement de l'exploitation agricole et
familiale. Cependant, le choix de la CNCAS pour faire un état de lieu du
financement de l'agriculture n'est pas une marginalisation de l'apport des
autres acteurs intervenant dans le financement des activités des ruraux
(cf. chapitre3).
1-2/Le secteur rural : moteur de la croissance
économique
Au Sénégal et à l instar de beaucoup de
pays d'Afrique, le secteur rural a constitué une priorité
affirmée dans les différentes politiques économiques
depuis les indépendances.
En effet un seul secteur présente des dimensions
suffisantes pour pouvoir effectuer un effort substantiel.
Se prononcer pour un financement interne, c'est désigner
le secteur agricole comme fournisseur d'épargne nécessaire. Et ce
secteur occupe la quasi_totalité de la population active. La
participation du secteur agricole au financement de la croissance est conforme
à la logique d'un processus qui, en dehors de l'hypothèse de
spécialisation internationale très accentuée, se
réalise à travers la diversification de l'économie et la
diminution de la place occupée par l'agriculture.
Prélever sur le secteur agricole pour créer les
conditions propices à l'implantation d'autres activités constitue
le premier moment d'une évolution destiné à mener une
économie attardée de type agricole à une économie
en voie de croissance soutenue. A la suite des moyens de financement, ce sont
les hommes qui quitteront le secteur agricole pour s'adonner à de
nouvelles occupations. Le transfert de l'épargne rurale, son affectation
à d'autres domaines entament un moment qui s'effectuera
nécessairement, quelle que soit l'origine du supplément
d'épargne rassemblé.
L'un des avantages du financement d'origine interne est
d'insérer dès la phase initiale l'ensemble de la population dans
le processus de développement économique et d'éviter la
formation d'un dualisme trop prononcé.
La contribution du secteur agricole au produit national est
prépondérante. Sa place dans les exportations confine à
l'exclusivité.
Ni le secteur industriel (embryonnaire), ni le secteur tertiaire
composé parfois d'unités parasitaires ne s'auraient tenir ce
rôle.
Au total, la mission de l'agriculture sénégalaise
se résume en cinq composantes :
i) Nourrir les populations urbaines et rurales
ii) Accroître les ressources en devise de l'Etat par les
produits d'exportation
iii) Protéger et améliorer les ressources
naturelles
iv) Conserver et accroître ses emplois
v) Assurer à ses acteurs un niveau de revenu décent
et en progression
Dés lors, il s'avers nécessaire d'accorder à
ce secteur une place de choix dans l'affectation des ressources
financières car toute perturbation en son sein engendre
inéluctablement des effets non négligeables sur l'économie
dans son ensemble.
En outre, la population du Sénégal est
estimée à 10.127.803 habitants et en 2025, elle comptera 17
millions d'hbts (DPS : 2003).
Le défi que pose cette croissance démographique est
de s'offrir les moyens de se nourrir sans une trop forte dépendance
extérieur. Et il est probable que le majeur parti de ces 17 millions
d'habitants travaillera dans le secteur rural.
Ainsi, sans une politique vigoureuse de modernisation de
l'agriculture (ce qui suppose une affectation des ressources
supplémentaires) le pays sera dans les prochaines décennies
probablement confronté à de graves
déséquilibres.
Déjà les politiques de libéralisation des
échanges commerciaux semblent avoir apporté une autre dimension
dans les transformations du monde rural, avec notamment l'aggravation des
difficultés d'accès des producteurs au marché pour
l'écoulement de leur produits agricoles .De plus en plus et par la mise
en oeuvre de certaines politiques commerciales, créant des distorsion,
plusieurs produits agricoles sont concurrencés par ceux importés,
même sur les marchés locaux des villages en milieu rural. Cette
situation est particulièrement vécu avec des produits comme le
riz (600milles tonnes importées cette année, d'après le
chef de l'Etat), le blé, le lait, la viande,.... et il est claire que
l'accélération de la libéralisation totale
entraînerait une augmentation potentielle des importations et une pillage
de nos ressources naturelles. Ainsi, l'étouffement des filières
agricoles locales sur lesquels reposaient les moyens d'existences des ruraux,
constitue un élément central des transformations qu'a connu le
monde rural ces dernières années.
Dans bien de situation, cela c'est traduit par le
développement des stratégies d'adaptations ou de suivi de la part
des ruraux, incluant des reconversions d'activités mais aussi les
migrations (marchands ambulants encombrants les rues des grandes villes mais
aussi l'émigration clandestin).
Au-delà des transformations économiques, ces
politiques semblent avoir eu aussi des effets sur celles culturelles comme les
habitudes de consommation des ménages, qui de plus en plus sont
orientés vers d'autres types de produits qu'ils ne connaissaient pas au
paravent. Les importations massives de viande de volaille permises par le
« Dumping » ont par exemple transformé les habitudes
de consommation des ménages urbains et ruraux,qui de plus en plus
utilisent des morceaux de volailles en lieu et place du poulet entier.
Il urge alors, d'endiguer ces phénomènes en
abordant le développement des zones rurales de façon
spécifique dans une perspective de réduction de la
pauvreté et de développement d'activités
économiques.
Section2 : Besoins de financement relatifs à
la faiblesse de l'épargne
La pauvreté sévit au Sénégal dans un
contexte de marasme économique.
Il est incontestable que la pauvreté, répandue dans
notre pays, principalement en zones rurales, crée une demande non
satisfaite par les services financiers.
La microfinance a été inventée pour
répondre aux besoins des pauvres mais le plus souvent elle a
été détournée pour d'autres préoccupations.
Les ruraux faisaient souvent recours aux systèmes des tontines pour
financer leurs activités .Les caisses villageoises initiées ont
eu la même préoccupation et cherchaient à répondre
aux contraintes des zones économiques défavorisées.
2-1/Financement des initiatives
rurales
Les institutions de microfinance sont en évolution
constante et jouent un rôle important dans l'épargne et le
crédit de proximité. Les quatre plus importantes sont le
crédit mutuel du Sénégal (CMS), l'alliance de
crédit et d'épargne pour la production (ACEP), l'union des
mutuelles du partenariat pour la mobilisation de l'épargne et du
crédit au Sénégal (UM-PAMECAS) et l'union nationale des
commerçants et industriels du Sénégal (UNACOIS) qui
contrôlent un volume d'épargne de prés de 15 millions de
FCFA et distribuent un volume de crédit de l'ordre de 17 milliards de
FCFA.
Toutefois le crédit rural ne dépasse guère 5
milliards de FCFA soit 29% des crédits octroyés alors que la plus
grande partie de la population active travaille dans le secteur rural.
Il est vrai que beaucoup de porteur de projets et d'initiatives
ont la possibilité de d'être financés et à des taux
d'intérêt souvent avantageux. D'ailleurs un exemple réussi
est l'implantation des caisses d'épargne et de crédit de
l'UNACOIS. Cette réussite est simplement due à un effort constant
de décentralisation afin de toucher de maximum de pauvres.
Les activités génératrices de revenues sont
multiples dans les zones rurales mais les moyens financiers font
défaut.
L'Etat peut ne pas se positionner en tant qu'opérateur,
mais il doit oeuvrer à créer un environnement économique
favorable à l'éclosion d'opérateurs financiers
privés aptes à mettre à la disposition du monde rural des
services financiers avec des allocutions cadrées sur le niveau de
rentabilité de leurs projets.
Il doit assurer sa mission régalienne à savoir
lutter contre les brigands des finances rurales (les usuriers) afin de
permettre une bonne expansion du système financier
décentralisé.
Par défaut d'accéder aux services financiers, les
conditions de vie des ruraux deviennent de plus en plus précaires et
paralysent l'économie nationale.
La baisse de revenu des ruraux, le dépérissement
rapide des structures d'encadrement et le rationnement du crédit rural
explique les difficultés des paysans à disposer d'intrants et
à accroître les rendements.
Il n'est pas étonnant que l'agriculture, qui emploie plus
60% de la population active représente une faible proportion du PIB. Ce
témoigne la faiblesse de la production agricole.
La persistance de la spirale << productivité faible?
revenus faibles? taux d'épargne et d'investissement faibles?
productivités faibles>> explique l'ampleur et le caractère
structurel de la pauvreté en milieu rural .Il en résulte la
migration des ruraux.
L'exode rural massif et une croissance démographique
élevée provoquent la congestion des grandes villes et
l'apparition des zones périurbaines sous forme de bidonville, face, en
contrepartie, à la désertification des campagnes.
Les difficultés qui en découlent,
c'est-à-dire manque de logements, dégradation des conditions de
vie, violence, place de plus en plus grande de l'économie informelle,
sont caractéristique d'un grand nombre de PED comme le notre.
Pourtant le potentiel en zones ruraux apparaît important en
vu de la superficie des terres cultivables, notamment des terres irrigables de
la vallée mais aussi et sur tout les multiples activités que
peuvent exercer les ruraux.
Dans le cadre de leurs stratégies de survie, les
ménages pauvres des zones rurales ne travaillent pas seulement dans le
secteur agricole mais aussi dans une multitude d'activités dans les
domaines de la manufacture et des services. L'économie rurale non
agricole constitue une source de revenus importante pour les familles
rurales.
Plusieurs études antérieures ont
démontraient que l'importance relative de ce secteur au sein de
l'économie rurale s'accroît avec le développement. Il est
donc utile, dans l'étude du développement rural, de tenir compte
de toute la panoplie d'activités rurales génératrices de
revenus réalisées par les ménages ruraux.
Rares sont pourtant les mesures adoptées sur le plan
politique pour renforcer l'économie rurale nom agricole. Si la
proximité, principe essentiel de la micofinance, est une réponse
adaptée aux conditions d'activités en milieu rural, la faible
diversification des produits financiers apparaît à priori comme un
échec.
La nécessité de développer les zones rurales
est aujourd'hui encore plus pressante au vu de l'ampleur que prend la
pauvreté dans ces zones.
2-2/ L'éradication de la misère qui
sévit dans les campagnes
Une production agricole insuffisante, une faible capacité
de l'économie à créer des emplois durables et une
insuffisance des ressources affectées aux services sociaux contribuent
à aggraver la pauvreté, qui touche déjà plus de 54%
de la population.
En effet, la majorité des pauvres vit en milieu rural. Ce
sont principalement des agriculteurs qui survivent grâce aux agricultures
vivrières et à l'élevage, sur des parcelles si petites
qu'elles ne suffisent souvent pas à couvrir les besoins de leurs
familles.
Les zones les plus touchées se situent, au Sud et au
Nord-est du pays, ou la production est essentiellement agricole et moins
diversifiée.
Ceci s'explique par les difficultés liées au climat
et à la dégradation des termes de l'échange mais aussi
par une répartition inégale des investissements publics.
En milieu rural, alors que 70% des dépenses mensuelles des
familles sont consacrées à l'alimentation, rares sont celles qui
peuvent assurer trois repas par jour. L'accès aux soins de santé
et à l'éducation est difficile et bien que 70% des ménages
ait accès à l'eau potable, ce chiffre masque de fortes
disparités entre les régions.
Les ménages des zones rurales ont aussi moins
d'accès aux revenus provenant des transferts des travailleurs
émigrés et ont plus de difficultés à obtenir des
prêts et à avoir accès aux services d'appui et aux
intrants.
OEuvrer pour que les ruraux pauvres se libèrent de la
pauvreté est une nécessité pressante.
La part de l'agriculture dans l'économie ne cesse de
baisser. Tous les experts et observateurs avertis s'accordent ce
constat : « le secteur agricole et rural assure de plus en
plus difficilement ses différentes missions ». Le morcellement
des exploitations agricoles (environ 450000 exploitations pour 2,5 millions
d'ha), la vétuste du cheptel mort, un déséquilibre dans
l'affectation des ressources, un contexte international défavorable, le
système reste grippé. Aussi bien les rendements que la
productivité des actifs baissent, les pertes post-récoltes
restent élevées, les performances des systèmes de
stockage, de transformation, de conservation sont fragilisées et les
revenus des ruraux continuent de chuter vertigineusement. Ni les plans
d'ajustement structurel ni la dévaluation, ni la libéralisation
n'ont agi durablement sur l'offre agricole. C'est alors que la pauvreté
à dominante rurale s'est élargie et approfondie plaçant
les agriculteurs parmi les plus vulnérables.
Les financements, accordés par les bailleurs de fonds vont
essentiellement aux projets d'infrastructures urbains notamment les travaux de
l'ANOCI, aéroport...
Il est aujourd'hui nécessaire de
rééquilibrer cette situation en abordant le développement
des zones rurales de façons spécifiques dans une perspective de
réduction de la pauvreté et développement
d'activité économiques.
Nous adhérons aux conclusion de Fishbien qui à
montrer que la réduction de la pauvreté et l'améliorations
des conditions de vie des populations rurales passent notamment par le
développement d'infrastructures en milieu rural.
Mais aussi, des recherches menées par le PNUD, UNIFEM
(Fonds de Développement des Nations Unies pour la Femme) et la Banque
Mondiale, entre autres, indiquent que les inégalités dans les
sociétés en développement freinent la croissance
économique et le développement.
Le Sénégal est marqué par une
répartition très inégalitaire des revenus et un
développement inquiétant de la pauvreté .Les chiffres
(DPS) de l'incidence de la pauvreté qui varierait entre 72% et 88% en
zones rurales, et entre 44% et 59% en zones urbaines. Les femmes
représentent 52% de la population totale mais sont souvent
marginalisées sur le marché du travaille : Le taux
d'activité des femmes atteint seulement 33,3% contre 67,4% pour les
hommes. Souvent exclues du marché du travail formel et salarié,
les femmes sénégalaises ont largement investi le secteur informel
et de la microentreprise afin de disposer d'un revenu pour leur subsistance et
celle de leur famille.
Le comité norvégien du prix Nobel de la paix ne
s'est pas trompé en décidant de décerner le prix Nobel de
la paix 2006 à Muhammad Yunus et la Grameen Bank pour, souligner leurs
efforts de promotion du développement économique et social au
sein des couches sociales défavorisées. Une paix durable n'est
possible que si une grande partie de la population trouvent le moyen de
s'affranchir de la pauvreté. Le microcrédit est l'un des moyens
pour y parvenir. Le développement des masses défavorisées
contribue en outre à l'avancement de la démocratie et au droit de
la personne.
Le développement des zones rurales passe aussi par la mise
en place de certaines structures.
Section3 : Besoins de financement relatifs aux
structures à créer
Pour résoudre ou espérer résoudre les
problèmes cruciaux auxquels le milieu rural Sénégalais est
actuellement confronté, il ne suffit pas seulement de disposer d'une
certaine capacité de financement. Il faut nécessairement mettre
en place un ensemble de structures complémentaires et surtout efficaces
parmi lesquelles on peut citer : les organismes de distribution du
crédit et d'encadrement des ruraux ; les organismes de recherche
et de vulgarisation de la recherche.
3-1/Les organismes de distribution du crédit et
d'encadrement des ruraux
Malgré la prolifération des mutuelles
d'épargne et de crédit et d'autres institutions de microfinance,
l'offre reste insuffisante en zone rurale et surtout inadaptée.
S'il convient de créer ces structures, il importe aussi et
surtout de les rendre plus accessibles à leurs destinataires, en
conférant aux dites structures la souplesse nécessaire permettant
d'améliorer l'efficacité de leur intervention dans le milieu
rural. Cette mesure devrait se traduire par l'assouplissement des conditions
d'accès au financement évitant ainsi l'imposition des principes
rigides qui caractérisent le secteur bancaire traditionnel.
Comme nous l'avons tantôt dit, le secteur rural a toujours
pris une place de choix dans les politiques de développement, mais force
est de reconnaître que, concernant le crédit rural, les objectifs
sont loin d'être atteints. En effet du fait de l'expansion des encours et
des crédits non remboursés, la CNCAS connaît de
réelles difficultés.
Le faible taux de remboursement du crédit et les
stratégies paysannes de cantonnement et de la stratégie de
sécurisation du crédit mise en oeuvre par la CNCAS ont
mené cette dernière à réduire progressivement le
volume des crédits octroyés.
Plusieurs facteurs ont fait que la politique de crédit
appliquée jusqu'ici n'a pas eu les effets escomptés sur le
crédit rural, notamment :
ü taux d'intérêt et apport personnel
très élevés ayant entraîné un faible taux de
remboursement ;
ü délais de mise en place des crédits longs et
incompatibles avec le calendrier cultural ;
ü persistance des mentalités acquises ;
ü absence de suivi des crédits alloués aux
acteurs du monde rural ;
ü faiblesse de l'épargne en milieu rural.
D'une manière générale, la NPA n'a pas
réalisé les objectifs attendus.
Les facteurs explicatifs les plus importants sont :
ü l'absence de préparation du monde rural
habitué à un système d'assistanat ;
ü l'absence de relais au niveau du privé lors du
retrait progressif de l'Etat.
C'est pourquoi de nouvelles orientations ont été
prises dans le cadre de la Déclaration de Politique de
Développement Agricole (DPDA) dont les objectifs majeurs s'articulent
autours des éléments essentiels suivants : la croissance
soutenue, la sécurité alimentaire à travers une bonne
gestion des ressources naturelles et une sécurisation foncière,
l'amélioration des revenus, la promotion de l'investissement
privé et l'efficacité des dépenses publiques.
Cependant, ces efforts risquent toujours de se traduire en
néant si l'encadrement des ruraux (la mobilisation de mains
d'oeuvre qualifiées vers les zones rurales) n'est pas
assuré.
En effet, former des compétences capables de collaborer
avec les organisations rurales peut bien être l'unique solution pour
amorcer un développement durable.
Un certain nombre d'organisations rurales ont renforcé
leur compétence en embauchant, avec de multiples précautions, des
techniciens spécialisés en gestion mais en qui, pour
réussir, doit être fortement réfléchi.
Nous détaillons ci-dessous les raisons et les
modalités qui nous ont incité à faire une telle
proposition.
· Le nombre de chômeurs qualifiés
s'accroît d'année en année au Sénégal.
Nombreux sont les diplômés qui sortent de la
Faculté de Sciences Economiques et de Gestion
(FASEG), capables de mener à bien ces taches et qui ne trouvent pas
d'emploi.
· Les organisations rurales ont du mal à gérer
leurs affaires et manquent de cadres qualifiés. Toutefois elles
hésitent souvent à confier leurs affaires à des
« éduqués » venus de l'extérieurs qui
avec les « faux papiers » pourraient les desservir au lieu
de les servir.
· La logique économique voudrait qu'un rapprochement
soit tenté entre l'offre de main d'oeuvre qualifiée et les
besoins des organisations rurales.
Ceci ne peut se faire qu'à plusieurs
conditions :
L'université ne prépare pas à un travail au
sein des organisations rurales. Il ne suffit pas d'être un bon
gestionnaire ou un bon analystes pour savoir travailler dans des organisations
ou le poids de la tradition, les rapports sociaux jouent un rôle
fondamental.
Au-delà du savoir faire, il faut un savoir être pour
collaborer avec les ruraux. Ce savoir être peut parfois s'apprendre ou
s'acquérir par la fréquentation des ruraux.
Il doit en tout cas être testé avant que les
organisations rurales n'acceptent de « partager leurs
secrets ».
En outre les conditions de rentabilités des organisations
rurales ne permettent pas toujours d'offrir des salaires en rapport avec les
prétentions éventuelles des diplômés. Il
pourrait donc être utile de prévoir une période de
transition ou le salaire du technicien est subventionné jusqu'à
ce qu'il crée au sein de l'organisation les conditions de
rentabilité qui lui permettront de percevoir un salaire plus conforme
à ses aptitudes. Il pourrait donc être utile, dans le
cadre de la stratégie de renforcement des organisations rurales de
prévoir un lieu, reconnu par les organisations rurales, qui aurait comme
tache de mettre des techniciens en condition de travailler avec des
organisations rurales. Cette mise en condition pourrait passer par un
itinéraire de formation, piloter par une institution de confiance, qui
conduirait les candidats à l'emploi à séjourner et
à faire des taches de consultation dans les organisations rurales.
A l'issue de leur stage, ils pourraient être
évalués par les organisations rurales d'accueil puis
invités à suivre un autre stage.
A l'issue d'un cursus qui durerait de 6 à 12 mois,
l'institution en charge de leur formation pourrait, sélectionner les
techniciens les plus aptes à travailler avec le monde rural et les
proposer aux organisations qui garderaient leur liberté de les prendre
ou non.
Les trois premières années de fonctionnement ces
cadres pourraient être subventionnées de manière
dégressive.
Outre la mobilisation des organismes de distribution du
crédit et d'encadrement du monde rural, il est nécessaire d'en
faire de même pour la recherche.
3-2/Des organismes de recherche et de vulgarisation de
la recherche.
Des techniques modernes de production, outils de production plus
adaptés aux conditions écologiques, variétés de
semences plus performantes, etc... régleraient en partie, les
difficultés confrontées par l'agriculture
sénégalaise et plus généralement l'économie
dans son ensemble
La mise en place d'organismes produisant des ingénieurs du
développement rural susceptibles de participer à la promotion de
l'agriculture, est un besoin pressant.
L'Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA)
à été créer dans ce cadre depuis environ trois
décennies mais les résultats de la recherche sont encore
lacunaires.
Des écoles comme l'ENCR, l'ENEA, ... devraient s'investir
d'avantage dans ce chantier, en collaboration avec les organisations paysannes
pour leur formation et aussi la vulgarisation de la recherche.
Pour se faire, il faut la mobilisation de gigantesques ressources
financières ; ce qui interpelle tous les acteurs du
développement rural.
Cependant l'Etat doit rester le principal régulateur.
L'Etat du Sénégal a reconnu depuis des
années qu'il ne peut pas être le seul opérateur de la
formation mais il doit rester un Etat stratège et
corégulateur.
Il lui faut organiser un système ouvert ou les
opérateurs associatifs (ONG, OP) et privés, les
collectivités locales et les bénéficiaires participent,
avec les services publics, au pilotage, au financement et à la gestion
de la formation professionnelle pour le développement rural.
Les évolutions politiques, économiques et
institutionnelles qui ont marqué les années quatre vingt et
quatre vingt dix ont bouleversé la conception traditionnelle d'un
système de formation centralisé, régi par l'offre ou les
institutions publiques jouaient seules le rôle centrale.
Au Sénégal, la diminution de l'intervention
étatique, l'affaiblissement des services publics et l'émergence
de nouveaux acteurs sociaux se sont déroulés de manière
un peu improvisée. Des organisations non gouvernementales, des cabinets
privés, des associations de producteurs se sont illustrés dans la
formation agricole et rurale, aussi bien des techniciens que des ruraux
à la base.
La gestion trop centralisée de la formation et de
réduction de leurs moyens, ne permettaient pas aux ministères
tutelles de faire face à cette nouvelle situation.
La nécessité de concevoir de nouveaux
mécanismes de régulations qui tiennent compte des sources
multiples de connaissances et des acteurs participant à ce
système émergeant de formation a été
soulignée au cours de la réflexion menée sur le secteur en
1998-99 avec l'appui de la coopération suisse.
En outre, si la formation initiale reste essentiellement du
ressort de l'Etat et des collectivités territoriales, les
bénéficiaires doivent pouvoir contribuer aux formations de courte
durée à la demande.
Cette contribution peut être directe ou par le biais de
certains fonds alimentés en partie par des prélèvements
sur les produits agricoles et/ou sur des taxes à l'importation de
produits concurrents (suite à l'amélioration de la
« santé agricole »).
Mais dans une situation de transition, l'aide des partenaires au
développement continuera à jouer un rôle
déterminant.
Une telle politique, qui sollicite la participation de toutes les
parties est le seul moyen de promouvoir la recherche.
Le monde rural est conscient que l'agriculture va de plus en plus
mal (baisse des rendements, inadaptation des semences, production non
compétitive, ...) et que seule une recherche avancée permet de
sortir du gouffre. Mais il est aussi unanime que les maux du secteur rural
peuvent paralyser l'économie dans son ensemble.
CONCLUSION :
Au total, nous disons que la demande de financement pour
assurer le fonctionnement des activités des ruraux mais aussi les
investissements nécessaires à leur développement est
immense.
L'analyse de des besoins de financement a permis de constater
que :
v le moteur de l'économie nationale (le secteur rural) est
en panne ;
v les zones rurales sont de plus en plus désertées
à cause de la misère ;
v le développement durable passe nécessairement par
la mise en place de structures de bases.
Tous ceux-ci permettent d'avancer que les principaux clients de
la microfinance devraient être les ruraux.
Ainsi, importe-t-il de faire une étude panoramique des
institutions de microfinance intervenant en milieu rural
sénégalais ?
CHAPITRE II : Les institutions de microfinance
intervenant en milieu rural
Introduction : Une institution de microfinance peut
être définie comme étant une organisation qui offre des
services financiers à des pauvres à revenus modestes qui n'ont
pas accès ou difficilement accès au secteur financier formel.
Nés dans le contexte de la réforme bancaire , les institution de
microfinance ont connu un essor fulgurant , tout d'abord par l'alternative
qu'il représentent pour les opérateurs économiquement
faibles mais aussi par un appui constant des autorités monétaires
et financières. Ainsi on se propose d'étudier ce présent
chapitre suivant quatre sections :
- Genèse des institutions de microfinance ;
- Les réseaux ;
- Les mutuelles d'épargnes et de crédit
(MEC) ;
- Les partenariats.
- Section1 : Genèse des institutions de
microfinance.
Comme dans la plupart des pays en voie de développement,
les circuits classiques de financement n'ont pas su jouer pleinement leur
rôle .Les services financiers décentralisés (SFD) ont
constitué dans ce cadre, une alternative au système bancaire
classique, parce qu'adaptées au contexte socioculturel et aux
aspirations des populations (rurale en particulier) dans la recherche des
moyens efficaces de lutte contre la pauvreté et de financement
d'activités productives .Il importe ainsi de passer en revu les
insuffisances du système bancaire traditionnel avant de parler de la
genèse des institutions de microfinance.
1-1/Les insuffisances du système bancaire
traditionnel.
Au moment des indépendances,il y a eu l'apparition des
banques de développement , qui avaient pour vocation d'aider l'ensemble
des programmes et des projets de développement, notamment les
infrastructures, l'industrie, l'artisanat,...et l'agriculture .En
réalité la majorité de ces banques se sont peu
intéressées au développement rural et ont souvent fait
faillite .D'ou l'idées de banques spécialisées dans
l'agriculture ,comme << les caisses nationales de crédits
agricole>>, à partir de capitaux provenant de l'Etat ou de
financements extérieurs. La plupart ont rencontré de nombreuses
difficultés et son, t plus ou moins en faillite. Par exemple en Afrique
de l'Ouest « francophone », seules deux banques, au Mali et
au Burkina Faso, par ailleurs très liées aux filières
coton, sont en bonne santé financière. Quatre sont en faillite,
une en survie artificielle (au Sénégal, cf.chap1).
Les banques commerciales, sauf rares exceptions, ne sont pas
intéressées par le financement des petites exploitations
agricoles. Des prêts de faible volume, à une clientèle
dispersée géographiquement, ne présentant pas de garanties
matérielles sont coûteux à gérer (de l'octroi
à la récupération) et sont risqués :
aléas climatiques et économiques, information insuffisante sur
l'emprunteur, etc. Différents programmes ont essayé
d'intéresser les banques à ce nouveau public sans grand
succès à cause de la rigidité du système financier
de ces banques.
A coté de ce système bancaire, il y'avait aussi
le secteur informel. Pendant longtemps, les activités du secteur
« informel » étaient considérer comme
relativement marginales et cantonnées à des « affaires
sociales » : solidarité pour faire face à des
frais de funérailles, de maladie ou de scolarité.
Les tontines ont plusieurs siècles d'existence. La forme
la plus simple repose sur le principe de réciprocité : un
groupe se constitue sur une base sociale homogène du revenu, de
profession, d'origine ethnique.... Chacun cotise à date
régulière ; à tour de rôle chacun reçoit
l'ensemble des cotisations.
Au cours des dernières années, il
apparaît de plus en plus claire que les banques classiques ne sont pas
véritablement intéressées à ce public de petits
exploitations paysannes ou entrepreneurs ruraux et que leurs techniques
financières ne sont pas adaptées pour servir ce segment de
clientèle. Par ailleurs, le secteur informel est
toujours aussi vivant et adapté, mais ses moyens sont limités et
ses services sont souvent coûteux ou risqués. D'où la
nécessité de nouvelles institutions financières, d'un
secteur intermédiaire entre les banques et l'informel, que l'on qualifie
généralement de
« microfinance », parce qu'elle s'adresse
à des petits producteurs, l'immense majorité de la population
comme le monde rural.
1-2/Genèse des institutions de
microfinance
Les institutions de microfinance constituent une alternative au
système bancaire classique parce qu'adaptées au contexte
socio-culturel et aux aspirations des populations dans la recherche de moyens
efficaces de lutte contre la pauvreté et de financement du
développement à la base.
L'évolution des institutions est marquée par deux
périodes :
-une première période caractérisée
par l'émergence du système et la mise en place du cadre juridique
régissant les institutions ; elle se situe entre 1993-1997
-Une deuxième période de consolidation qui a
débutée avec le regroupement certaines structures en vue de se
doter d'institutions faîtières.
L'émergence du système et la mise en place du cadre
juridique 1993-1997 a été marquée par l'adoption d'un
dispositif transitoire relatif à l'organisation, aux conditions
d'agrément et de fonctionnement des structures mutualistes
d'épargne et de crédit (Arrêté N° 1702 du
23/02/1993).
Si ce texte a favorisé l'agrément de beaucoup
d'institutions, il n'avait prévu aucune disposition sur la
reconnaissance des groupements d'épargne et de crédit.
En outre, il ne comporté aucune règle
particulière sur :
· Les infractions et les sanctions ;
· Les organes de gestion et de contrôle ;
· Les normes de gestion financière.
Ces limites peuvent se justifier en raison du caractère
transitoire même du texte. Il est donc normal qu'une loi soit
adoptée deux années plus tard, le 05/01/1995 avec un domaine
d'intervention plus vaste du fait du délai de transition qui devrait
être observé pour faciliter son application ;
l'arrêté a survécu jusqu'à la publication du
décret d'application en novembre 1997.
De 1997 à nos jours, on assiste à une consolidation
qui est caractérisée par :
Le
renforcement des structures,
Le
regroupement significatif de certains institutions en réseaux, et
Le
développement à large échelle du système.
Section 2 : Les réseaux
Les réseaux sont les regroupements des mutuelles
d'épargne et de crédit en union, fédération et
confédération. Ils peuvent se doter d'un organe financier qui est
une structure dotée de la personnalité morale et dont l'objet
principal est de centraliser et de gérer les excédents de
ressources financières des membres.
En effet, face à la multitude des mutuelles
d'épargne et de crédit isolées, l'un des enjeux de la
nouvelle réglementation en microfinance est la structuration du secteur,
en incitant les mutuelles à se constituer en réseaux ou à
s'affilier à des réseaux déjà existants.
On peut identifier trois types de réseaux mutualistes
selon les dynamismes à l'origine de leur création.
2-1/Le premier type de réseaux : Union
émanant de la mise en réseau de caisses préexistantes de
manière « endogène »
Le premier type de réseau concerne les réseaux
qui ont directement été pensés et construits sous forme de
réseaux, à l'image des trois plus grands réseaux
sénégalais (CMS, UM-PAMECAS et ACEP). Ces grands réseaux
ont démarré sous forme de projets menés par des ONG ou
organisations étrangères (Centre International du Crédit
Mutuel pour le CMS, Développement International Desjardins pour
l'UM-PAMECAS et USAID pour ACEP).
Ils ont bénéficié d'une aide externe
financière et technique importante. Le degré d'harmonisation de
ces réseaux est élevé avec des caisses construites sur un
même modèle et fonctionnant de manière identique. Le choix
de l'implantation d'une nouvelle mutuelle, ses produits et son mode de
fonctionnement, sont déterminés au départ par la direction
du réseau. Le pouvoir de la caisse se limite généralement
à la gestion quotidienne de l'activité (essentiellement analyse
et validation des demandes de prêts). Ce type de réseau fonctionne
efficacement (les trois réseaux en question ayant réussi à
s'imposer comme leaders sur le marché de la microfinance au
Sénégal), mais on peut s'interroger sur la réelle
appropriation de ces réseaux par leurs membres et sur leur
capacité et volonté à répondre de façon
adéquate aux besoins des paysans et du monde rural.
2-2/Deuxième type de réseau : Union
émanant de la mise en réseau de caisses
préexistantes de manière
« endogène ».
Ce deuxième type concerne les réseaux nés
de regroupements de mutuelles préexistantes sur la base d'une dynamique
endogène ; c'est le cas du réseau Inter-CREC en Bases
Casamance).
Ce réseau (Inter-CREC), qui a reçu un
agrément en 2004, regroupait fin Décembre 2005, 17 caisses de
base et 7500 membres.
A l'origine six caisses avaient été crées
par des organisations paysannes de la FONGS et de CORD/B (une association
d'organisation paysanne propre à la Base Casamance). Les caisses elles
mêmes ont jugé judicieux de se regrouper et de créer leur
propre Union. Cette volonté de regroupement a été
facilitée par le fait que les OP, à l'origine de leur
création étaient elles mêmes membres de la
fédération d'OP et avaient déjà une identité
et des objectifs communs fort avant même la création du
réseau. De fait des interactions et des mécanismes d'entraide
préexistaient au niveau des mutuelles de base. Cette solidarité
était d'autant plus forte que ces mutuelles ont toujours du compter
presque uniquement sur leurs propres ressources pour exister, la Casamance
n'étant pas une région propice à l'appui d'organisations
étrangères du fait des conflits qui l'animent. La création
de l'Union est donc une initiative tout à fait endogène qui
assure une cohésion sociale forte et une appropriation poussée
par les membres. Cependant deux risques importants menacent le
réseau : d'une part, la difficulté de l'Union à
assurer sa viabilité financière et technique sans appui externe,
d'autre part, la croissance rapide du réseau avec la création de
11 nouvelles caisses moins bien développées que les six caisses
historiques. Le risque est que les six premières peuvent avoir le
sentiment de tirer le reste du réseau et remettre en cause la
viabilité du réseau. Cependant, l'appui externe a
contribué à l'émergence d'autres réseaux.
2-3/D'autres réseaux
émergents
Sur la liste des réseaux, nous notons ceux qui sont
nés d'une dynamique mise en réseau, le plus souvent
initiés par des acteurs externes (ONG, organismes publics de
coopération étrangère, organisations
internationales) : c'est le cas du projet de création d'une Union
dans la région de Louga à l'initiative de deux ONG
européennes, Aquadev (ONG Belge) et CISV (ONG Italienne) mais aussi la
FENAGIE (Fédération National des Groupements
d'intérêt Economique de Pêche).
Pour le cas de Louga, le projet de mise en réseau des
mutuelles d'épargne de base bénéficie de l'appui financier
de l'Union Européenne.
Comme on vient de le noter, il a été initié
par deux ONG internationales mais il doit se faire en partenariat avec le
CNCR/Louga (Comité National de Concertation et de Coopération des
réseaux).
L'intérêt d'un soutient externe est de
bénéficié de moyens financiers et techniques
conséquents pour réaliser le projet (cf. section4).
Cependant, plusieurs questions préoccupantes ont
été soulevées :
i) risque de sentiment de désappropriation des membres des
mutuelles adhérentes et de perte de contrôle par les organisations
paysannes à l'origine de leur création ;
ii) modalité de choix des mutuelles autorisées
à adhérer au réseau ;
iii) les critères privilégiés jusque
là étant les performances sociales ainsi que la prise en
considération de la diversité des situations des mutuelles. Il
y'a donc un risque, dans cette démarche, de voir se créer un
système à deux vitesses avec d'un coté le réseau et
de l'autre, les mutuelles isolées considérer comme insuffisamment
performantes financièrement pour incorporer le réseau.
Pour le cas de la FENAGIE Pêche son succès est du
à sa présence dans les villages les plus reculés du
pays.
Un rapport de la BCEAO (disponible à la cellule AT/CPEC),
sur l'analyse de la portée des SFD du Sénégal,
piloté par le Groupe Consultatif d'Assistance aux Pauvre (CGAP), nous a
les données ci-dessous.
La FENAGIE est une fédération de groupements
d'intérêt économique (GIE) implantés au niveau local
et regroupant des professionnels de la pêche. Elle est présente
dans 8 régions du pays et comptait en 2005, 45000 membres dont 62% sont
des femmes. Elle comprenait 53 syndicats locaux représentant chacun
environ 2500 GIE de pécheurs, des ouvriers spécialisés
dans le traitement du poisson et des marchands de poissons. Les syndicats
locaux membres, doivent verser des droits d'adhésion de 25000FCFA et les
membres individuels versent annuellement un droit d'adhésion de 1000FCFA
dont 20% sont reversés aux syndicats locaux.
La FENAGIE a été fondée en vue de
renforcer l'autonomie des communautés de pêcheurs et
améliorer la gestion des ressources marines. Sur cette base, elle offre
des services financiers (prêts) et non financiers. Ces prêts ne
sont pas consentis à des personnes à titre individuel mais
plutôt aux GIE membres qui, en général, prennent les
décisions concernant la répartition ou le partage des prêts
accordés au groupe. La FENAGIE offre essentiellement deux sortes de
prêts : des prêts de petits montants qui varient entre 30000
et 150000FCFA et sont généralement destinés aux femmes, et
des prêts de gros montants qui varient entre 500000 et 850000FCFA
destinés à faire face à la demande de prêts de gros
montants émanant des hommes.
La FENAGIE offre également une gamme de services non
financiers qui découle de sa mission. Au nombre de ceux-ci, il convient
de citer les programmes devant permettre aux femmes d'avoir accès
à des équipements pour le traitement du poisson, une unité
d'achat en gros pour l'acquisition d'équipements, un programme de
sécurité alimentaire financé par la FAO, la formation des
pêcheurs, des ouvriers spécialisés dans le traitement du
poisson et des petits marchands de poisson ainsi qu'un programme de protection
de la mangrove.
La FENAGIE pilote également nue mutuelle d'assurance
maladie implantée dans 8 localités.
Il ressort de cette enquête quantitative, menée
par le CGAP que, dans l'ensemble, la FENAGIE travaille avec les clients les
plus pauvres de l'enquête. Cette situation n'est pas la résultante
d'une stratégie de ciblage, mais est plutôt due au fait qu'elle
travaille avec les communautés de pêcheurs qui sont en
général défavorisées.
Un certain ciblage est toutefois effectué à travers
des stages de formation préalables aux prêts, des produits
conçus sur mesure pour divers groupes et des actions orientées
vers les femmes.
2-4/Avantages et inconvénients de la mise en
réseau
Les avantages :
Le premier avantage de la
mise en réseau est sans doute la gestion plus efficace
des liquidités. En effet, le principe de mutualisation des
ressources veut que les caisses de base disposent leurs excédents au
niveau de l'Union. Cette dernière joue le rôle de caisse centrale
et gère les liquidités pour l'ensemble du réseau.
Aussi lorsqu'une caisse est en surplus de liquidités, ce
surplus peut être utilisé par une autre caisse se trouvant dans la
situation inverse, tel est le rôle des intermédiaires financiers.
Les caisses de base n'ayant pas toujours leurs pics de liquidités au
même moment, cette gestion centralisée permet de lisser les
fluctuations au niveau du réseau. De plus, l'Union ayant
généralement accès au système bancaire, peut
être en mesure de gérer les liquidités de façon plus
efficace en optimisant le placement des excédents de liquidités
des caisses.
Un second avantage de la mise en réseau est
l'amélioration de l'accès aux financements externes. En effet les
mutuelles isolées ne possèdent pas toujours une
comptabilité suffisamment élaborée et transparente pour
assurer leur crédibilité auprès des banques, de bailleurs
de fonds ou même d'ONG. L'union ayant un poids plus important et une
meilleure visibilité, a généralement plus de
facilités pour obtenir la confiance des institutions de
financement ; or l'accès à des lignes de financement
externes, surtout à long terme, peut s'avérer très utile
pour les mutuelles. En effet, la loi PARMEC impose que les actifs à
moyen et long terme soient couverts par des ressources de même
échéances. Cette règle prudentielle limite fortement la
possibilité pour les mutuelles d'octroyer des prêts à plus
long terme étant le caractère généralement court
terme de l'épargne des membres. Cependant la loi PARMEC
règlemente également le taux de dépendance externe des
mutuelles. Le montant des prêts octroyés ne peut être
supérieur au double du total de l'épargne récoltée
auprès des membres.
La mise en réseau permet également des
économies d'échelles. En effet, certains services ou outils
peuvent être très coûteux à supporter par une
mutuelle isolée. On peut citer en exemple l'informatisation et
l'acquisition d'un logiciel adapté, le financement d'expertises, la
formation du personnel ou l'achat en gros de manuels et d'outils de gestion
permettant des économies de coûts.
De plus, le réseautage favorise les échanges de
capacités et de « bonnes pratiques » entre les
mutuelles, ainsi que l'échange d'informations sur les membres. En effet,
dans les régions où coexistent de nombreuses mutuelles
d'épargne et de crédit, les membres peuvent être
tentés de s'affiler à plusieurs mutuelles et obtenir ainsi des
prêts dans plusieurs institutions en même temps. Ces pratiques
risquent de conduire au surendettement des membres. La mise en réseau de
mutuelles d'une même région conduit le nombre d'intervenants et
permet ainsi de limiter les phénomènes de double adhésion
et cumul d'emprunts.
En fin, la mise en réseau permet de renforcer le
contrôle interne et externe. En effet, du point de vue interne, une
équipe technique de professionnels est généralement
constituée au niveau central et assure le contrôle de toutes les
unités décentralisées. Ce contrôle plus ponctuel (en
général biannuel) vient s'ajouter au suivi quotidien des
activités du personnel des caisses de base par leur comité de
surveillance respectif. Du point de vue externe, en plus du contrôle
annuel de la AT/CPEC, un réseau peut également plus facilement
faire appel à des auditeurs privés. Toutefois, la mise en
réseau peut aussi avoir des inconvénients.
Les
inconvénients :
Le premier désavantage pour une mutuelle de s'affilier
à une union est sans doute le fait de devoir renoncer en partie à
sa souveraineté.
En effet, la caisse est alors obliger de composer avec les
exigences de l'union (telles que des règles d'harmonisation des outils
de gestion) et de céder une partie de ses compétences au profit
de la structure centrale (comme la gestion des liquidités).
Un second inconvénient est que la tutelle exercée
par l'union peut engendrer un sentiment de dépossession au sein de la
mutuelle. Le fonctionnement de la structure globale peut échapper aux
membres et la complexification du système du à la mise en
réseau peut limiter leur pouvoir d'influence et de contrôle. Le
recours par l'union à des gestionnaires professionnels accentue cette
tendance.
Au sein d'un réseau, il faut également, il faut
également une certaine harmonisation des politiques de crédit,
des outils de gestion, des procédures internes pour assurer une certaine
transparence (la standardisation des opérations facilite l'analyse des
opérations de chaque unité de base), pour organiser la collecte
des données financières et permettre une consolidation de la
comptabilité au niveau de l'union ainsi qu'un traitement
équitable de tous les membres du réseau.
En fin, la mutualisation des surplus des caisses est un
élément important pour assurer un fonctionnement efficace du
réseau.
Les caisses de base sont ainsi solidaires
financièrement.
Le sentiment d'appartenir à un même groupe
partageant une vision commune est essentiel pour favoriser les synergies entre
les unités de base et une cohésion sociale au sein du
réseau.
Section3 : Les Mutuelles d'Epargne et de
Crédit (MEC)
Les MEC sont des Sociétés à capitaux
variables, associant des personnes volontairement réunies pour
satisfaire leurs aspirations et besoin économiques, sociaux et culturels
communs au mayen d'une entreprise dont la propriété est
collective et ou le pouvoirs est exercé démocratiquement. Ce sont
des institutions financières du type coopératif qui visent
à améliorer les conditions de vie de ses membres. Elles sont
contrôlées et organisées démocratiquement par ses
membres qui sont propriétaires usagers.
Ces MEC se prolifèrent un peu partout au
Sénégal mais la formation de leur personnel reste une
préoccupation majeure.
3-1/Des MEC sur l'ensemble du territoire national
La population sénégalaise (principalement les
ruraux) s'intéressent de plus en plus aux mutuelles d'épargne et
de crédit. Ces dernières ont pour mission de rendre aux
adhérents des services financiers aux meilleures conditions. Les
adhérents mettent en commun leurs épargnes pour se fructifier et
se procurer mutuellement des services financiers à des termes et
conditions dont-ils conviennent ensemble. Les finalités de ces
sociétés sont de :
i) favoriser l'émergence réseau autonome
d'institutions financières mutualistes capables d'améliorer de
façon significative l'intermédiation financière en milieu
rural et garantir sa pérennité ;
ii) collecter l'épargne, la faire fructifier et
rétrocéder en crédit pour le financement des initiatives
économique de base ;
Les MEC ont pour but de :
i) mettre en commun l'épargne des membres, fructifier leur
épargne en leur consentant des prêts à des conditions
convenables ;
ii) rendre à ses membres des services de bonnes
qualités et adaptables au milieu ;
iii) stimuler l'esprit d'initiative individuel et collectif des
membres ;
iv) travailler d'une façon rentable pour aboutir à
un autofinancement et une prise en charge progressive ;
v) aider les membres à être actifs dans les milieux
socio-économiques respectifs.
Aujourd'hui, on peut trouver, presque dans tous les coins du
pays, des MEC. Une liste de ces structures sera présentée en
annexe mais il parait intéressant de faire le point sur une mutuelle,
comme par exemple MEC AFER Nord, pour avoir un aperçu sur le
fonctionnement de l'ensemble.
Basée à Saint Louis, la Mutuelle d'Epargne et de
Crédit de l'Association des Femmes Entreprises Rurales du Nord (MEC
AFER) a été créée en octobre 2000 par l'Association
des Femmes Entreprises Rurales du Nord.
Depuis sa création, la mutuelle a
bénéficié de l'appui technique et financier de quelques
intervenants du secteur de la microfinance au Sénégal (notamment
Winrock International, Aquadev, etc...) et redistribue essentiellement des
financements octroyés par des programmes de développement
nationaux : FNPJ et FNPEF ; ou internationaux : Chine Petits
Paysans (CPP) et Banque Ouest Africaine de développement (BOAD).MEC AFER
est une institution qui a connu une très forte croissance grâce
son activité importante de redistribution de financements
octroyés par des programmes de développement.
Cependant malgré une gouvernance dynamique et très
impliquée, son organisation interne ne présentent pas la
maturité nécessaire pour assurer un suivi correct de ses lignes
de crédit (le conseil de surveillance a longtemps été
léthargique, le système d'information est essentiellement manuel
et le contrôle interne quasiment inexistant). Ces facteurs internes
allies à d'autres externes (influence des fonds sur le choix des
bénéficiaires des crédits, faible niveau de remboursement
des crédits, invasion acridienne notée en 2004, etc...) ont
été à l'origine des nombreux dysfonctionnements que
connaît aujourd'hui la gestion du crédit de la mutuelle.
Ainsi, des améliorations nécessaires pour atteindre
le minimum requis ne manquent pas et peuvent se résumer en ces
termes :
Ø Diversification des sources de financement
Ø Renforcement des capacités du personnel technique
en microfinance, en comptabilité et analyse financière.
Ø Mise en place de procédures claires et
précises notamment en terme de contrôle interne
Ø Renforcement du système d'information.
Nous pouvons aussi, noter que MEC AFER est membre de
l'Association Professionnelle des Institutions de Microfinance d'Epargne et de
Crédit (APIMEC) du Sénégal.
3-2/La formation du de ces MEC
Les Mutuelles souffrent souvent d'un manque de main d'oeuvre
qualifiée. Et pourtant, chaque jour des diplômes restent à
ne rien faire parce qu'ils ne trouvent rien à faire. Former ces gens
pour qu ils forment à leur tour le personnel des mutuelles serait un
investissement fort rentable (cf. chap.1)
Cette formation leur permettra de :
ü maîtriser les outils de gestion de base (journal de
caisse, gestion de stock, compte de résultat, budget
prévisionnel...) ;
ü élaborer un bon dossier de demande de crédit
et bien gérer un crédit ;
ü mettre en place une gestion administrative de
base ;
ü former un groupe aux connaissances et pratiques
acquises ;
ü définir les étapes d'un plan
stratégique en suivant une approche de marché et les appliquer
à leur institution ;
ü réaliser une étude pour déterminer
qui et où sont les clients ;
ü évaluer leur propre institution, en identifiant ses
forces et ses faiblesses ... ;
La visite de certaines mutuelles nous a permis de constater que
dans la plupart d'entre elles :
-Il n'y a pas d'agents pour établir les états
financiers, procéder au contrôle sur pièce des
opérations et enfin effectuer le suivi des prêts (elles font appel
à des consultants externes pour ces taches) ;
-Il n'existe pas de politique claire de gestion des ressources
humaines avec une définition précise des taches et des
responsabilités des membres du personnel. Les agents ne disposent pas
encore de fiches de poste formalisées.
-Il n'y a pas d'agents de crédit chargé de
l'étude des demandes, du suivi et du recouvrement des prêts. Ce
rôle est souvent joué par les coordinatrices de zone, des
élues qui n'ont pas de compétences en microfinance suffisantes.
Ceci à pour conséquence un suivi du portefeuille parfois
défaillant et une absence d'homogénéité du travail
mené par les différentes coordinatrices de zone.
-Les états financiers sont produits actuellement par un
prestataire externe sur la base du grand livre des comptes. Cependant, ce
dernier ne procède pas systématiquement à la
vérification des données contenues dans le grand livre par un
rapprochement avec les fiches individuelles des clients.
-Le personnel technique manque de formation pour produire et
analyser les ratios de gestion classiques. Il n'y a donc pas d'analyse
financière.
En définitif, le besoin de formation du personnel de ces
structures financières reste un défi à lever. Cependant,
ces manquements sont atténués par les partenariats.
Section4 : Les partenariats
Une façon pour une banque de s'impliquer en
microfinance, sans s'exposer directement au risque, consiste pour elle,
à développer des relations de partenariat avec les institutions
de microfinance déjà en place sur le marché. Aussi, une
façon pour une institution de microfinance de s'automatiser, de se
viabiliser des ressources longues pour son développement futur consiste
à nouer des relations de partenariat avec le secteur bancaire. Cette
voie indirecte exhibe un manque de complémentarité, dans la
mesure ou chaque institution dispose d'un avantage comparatif dans la
production de son bien de référence.
En effet, les deux mondes se rapprochent par intérêt
réciproque dans la mesure ou les banques et les IMF font chacune face
à des contraintes spécifiques pour répondre à la
question du financement de l'agriculture familiale : les banques cherchent
à étendre leur clientèle notamment en milieu rural mais
n'ont généralement pas de réseaux d'agences
décentralisés ; les IMF, décentralisées en
zones rurales, manquent souvent de ressources financières
adaptées aux contraintes agricoles (volume, durée et
saisonnalité) et rurales.
Les formes de partenariat entre microfinance et banque peuvent
être diverses :
4-1/Partenariat financier
Le partenariat financier peut recouvrir plusieurs formes en
fonction du degré de confiance liant les deux institutions. La forme de
partenariat la plus courante et la plus simple est le placement auprès
d'une banque de l'excèdent d'épargne de l'IMF. Cette forme de
partenariat est une relation traditionnelle du client avec son banquier. Toutes
les IMF, eu égard à la réglementation PARMEC, sont tenues
de placer leur excédent de trésorerie en banque. Ce partenariat
simple revêt une image de complémentarité dans la mesures
ou les deux partenaires en tirent simultanément avantage : l'IMF
trouvent un gage de sécurisation pour son épargne et la banque y
trouve une source d'élargissement de son épargne.
Le refinancement de l'IMF par la banque requiert un degré
de confiance plus important entre les deux institutions : la banque
prête des ressources financières à l'IMF qui les
reprête à son tour et s'engage à les rembourser.
Les conditions de refinancement taux d'intérêt,
échéancier de remboursement du crédit) entre IMF et la
banque, sont souvent difficiles pour l'IMF qui est le plus souvent en situation
de faiblesse par rapport à la banque, mais ces conditions peuvent
s'améliorer à mesure que la confiance se consolide entre les deux
institutions. Une relation durable de confiance sera le plus souvent
conditionnée par des résultats de gestion, des relations
financières, l'application de normes réglementaires l'IMF doit
pouvoir présenter régulièrement à la banque de
refinancement.
4-2/Partenariat technique
Le partenariat technique est basé
généralement sur la prestation de services de la banque au profit
de l'IMF. Il peut porter sur la formation, le transfert de fond, l'audit, le
contrôle, la mise à disposition par la banque de son
infrastructure à l'IMF etc.
Les banques disposant d'une infrastructure matérielle et
humaine conséquentes peuvent offrir aux IMF des possibilités de
réduction de coûts d'ouverture de points de distribution de
services de microfinance. Les banques de par leur personnel compétent
dans plusieurs domaines afférents aux services financiers, peuvent jouer
un rôle important dans la formation du personnel d'institutions de
microfinance.
Pour les deux institutions, le partenariat technique est
mutuellement bénéfique : une banque met ses guichets
è la disposition d'une IMF peut en tirer avantage, en prenant,
notamment, connaissance des habitudes d'épargne des clients à bas
revenus.
En gros, la banque peut fournir à l'IMF des prestations
en matière de formation, d'audit, du contrôle, de transfert de
fonds.
4-3/Partenariat institutionnel
La forme la plus simple et qui engage moins la banque est le
mécénat.
Cette formule de partenariat peut recouvrir plusieurs formes
institutionnelles : parrainage, subventionnement, apport d'expertise,
initiateur, maître d'ouvrage etc. Elle permet à la banque
d'être reconnue comme supporter de la microfinance, sans exposer son
image de marque.
Ce type de partenariat est plus fréquent dans les zones ou
la microfinance est en phase de démarrage.
La CNCAS a joué un rôle déterminant dans la
création de certaines IMF à l'image de la Mutuelle d'Epargne et
de Crédit de Hann (MECH) à Dakar, la Mutuelle d'Epargne et
Crédit du PRODAM à Matam et la Mutuelle d'Epargne et de
Crédit de Sédhiou (devenue UMEC Sédhiou).
Elle est la principale partenaire des IMF en milieu rural et son
partenariat avec ces dernières est fondé particulièrement
sur le rôle de complémentarité que peuvent lui protiguer
les IMF, dans l'atteinte des populations rurales.
D'autre formules de partenariat institutionnelles plus banales
consistent à pour une banque à subventionner le démarrage
d'IMF ou à édifier un trophée pour les acteurs de la
microfinance.
Conclusion :
Au total, les IMF sont en pleine expansion au
Sénégal.
L'une des ambitions de la microfinance rurale est
d'étendre le marcher financier rural et de donner aux populations
rurales un accès durable au marché financier englobant. Mais les
nombreuses et diverses contraintes spécifiques aux zones rurales
pèsent lourdement sur le développement de la microfinance
rurale.
Pour mieux appréhender la situation de la microfinance
rurale, on se propose de faire une étude panoramique de celle-ci.
CHAPITRE III : Etat des lieux de la microfinance
en milieu rural
Malgré la forte progression de l'urbanisation, la
majeure partie de la population sénégalaise est encore
aujourd'hui rurale.
Le développement des activités économiques
de ces populations a toujours été un enjeu majeur pour
l'amélioration des conditions de vie et de lutte contre la
pauvreté.
La microfinance devrait ainsi permettre de résoudre le
problème mais l'environnement rural impose des contraintes
spécifiques qui pèsent lourdement sur ses résultats. Il
importe alors de passer en revu ces contraintes avant de se prononcer sur le
bilan de la microfinance dans les zones rurales.
Section1: Les contraintes de la microfinance
Le milieu rural sénégalais est
caractérisé par : une faiblesse des densités de
populations, une absence des infrastructures, une faiblesse des revenus
monétaires mais aussi les risques élevés de la finance
agricole et un faible taux de remboursement des emprunts qui n'encouragent pas
le développement des IMF.
1-1) Faiblesse des densités de
population
En zone rurale, les villages sont peu peuplés (50 à
3000 hbts environ) et les distances qui les séparent sont souvent
importantes (plusieurs km), avec de mauvaises pistes, pénible à
parcourir.
Le tableau ci-dessous présente la répartition de la
population de la communauté rurale de Gaé (villages du
département de Dagana) selon la taille des villages à l'an
2000.
Nombre d'hbts
|
Nombre de villages
|
Population totale
|
Pourcentage
|
1 à 49
|
|
|
|
50 à 99
|
3
|
62
|
0,34
|
100 à 499
|
12
|
3520
|
019,39
|
500 à 999
|
4
|
3105
|
17,11
|
1000 à 1999
|
3
|
2381
|
13,12
|
Plus de 2000
|
2
|
9079
|
50,03
|
Total
|
24
|
18147
|
100
|
Source : CERP
La visite dans cette zone nous a permis de constater la
dispersion et le sous peuplement des villages mais aussi leur
éloignement (sauf quelques rares exceptions sont séparer par de
faibles distances ; c'est le cas du village de Ndiarème Walo qui
est limité à l'Est par le village de Gaé (environ 1.5 km),
à l'Ouest par le village de Bokhol (environ à 3 km) et au Sud par
la ville de Dagana (à 12 km), avec une population qui voisine les
2000 .
Dans de telles situations, réussir une masse de clients
pour les IMF, demande de toucher de nombreux villages, de dévorer
plusieurs km, de multiplier ainsi les contacts, les actions d'animation et de
formation, puis par la suite, de suivi et de contrôle, ce qui coûte
cher en terme de temps, pour les agents des IMF (temps dans les villages et
temps d'accès), auquel il faut ajouter les coûts de transports
(carburant, entretien, réparation, amortissement matériel
roulant, .......).
A ces difficultés viennent s'ajouter celles liées
au manque d'infrastructures.
1-2) Les infrastructures absentes, insuffisantes ou
défectueuses
En milieu rural, pour la plupart des villages, les
infrastructures de base telles que l'électricité, les routes et
le téléphone, sont absents ou défectueux. Il n'existe pas
de bâtiments fonctionnels à louer pour y loger soit les bureaux,
soit les agences/caisses de l'institution de microfinance.
En l'absence d'électricité et de
téléphone, il sera difficile pour les IMF de s'implanter dans ces
milieux. L'usage des nouvelles technologies de l'information et de la
communication (l'Internet, l'électronique,....) devient impossible.
En outre, la problématique du transport rural est aussi un
handicape majeur au Sénégal. Certaines zones peuvent même
se retrouver coupées du reste du pays pendant un bon moment, parce
qu'enclavées.
La contrainte majeure du transport rural au Sénégal
réside dans la mauvaise qualité des infrastructures
routières, surtout sur les derniers maillons du réseau,
constitués par les routes de désenclavement des
communautés rurales et par celles des villages et des zones de
production.
Le Programme National d'Infrastructures Rurales (PNIR),
négocié en fin 1999 avait pour objectif de renforcer la
capacité de gestion décentralisée des infrastructures
rurales mais les résultats escomptés sont loin d'être
atteints.
Ainsi, le coût des déplacements en zones rurales est
très élevé (entretient, réparation, carburant,
pertes de temps), contraignant les IMF à accéder à ces
villages.
Outre ces charges, on note le risque très
élevé de la finance rurale et la faiblesse de l'épargne
locale.
1-3) Faiblesse des revenues monétaires et leur
précarité
Pour pouvoir donner des crédits aux populations exclues du
système bancaire, la microfinance a besoin de ressources
financières.
Dans un premier temps de son développement, ces ressources
ont le plus souvent été octroyées par des bailleurs de
fonds, ou différentes sources d'aide extérieure.
Dans cette optique, bon nombre des institutions de microfinance
vont s'appuyer sur la mobilisation de l'épargne locale qui sera
retransformée en crédit. Mais l'agriculture n'assure pas aux
agriculteurs et ruraux les revenus nécessaires.
L'arachide est la production agricole qui traditionnellement
assure les revenus les plus importants aux agriculteurs et aux ruraux. Avec la
crise arachidière, les revenus des producteurs poursuivent leur tendance
baissière. Les exportations d'arachide ont rapporté 61 milliards
en 2001 et 17 milliards en 2005. Pourtant, les paysans ont fait des efforts
importants d'adaptation à la sècheresse, à la
libéralisation des marchés et à la raréfaction des
terres. Pour la grande majorité d'entre eux, les activités non
agricoles rurales, urbaines et à l'émigration sont devenues
structurellement indispensables à leur à leur survie. La banque
mondiale estime les transferts officiels et non officiels des
émigrés à environ un milliard de dollars US par an.
Dans le secteur de la pêche, la surexploitation des
ressources se traduit par une baisse importante des prises et des
exportations.
Le sous secteur de l'élevage doit faire face aux
importations de volaille d'Europe, de moutons de tabaski des pays voisins et
récemment de viande de boeuf d'Inde et du Brésil ce qui
réduit fortement les revenus monétaires des populations
concernées.
A cela, il s'ajoute le fait que les ménages ruraux qui ont
une capacité à épargner des surplus financiers
préfèrent investir dans des activités économiques,
ou utiliser des formes traditionnelles d'épargne (bétail, stock
de céréales, bijoux,....) qu'ils maîtrisent mieux, qui sont
plus faciles à mobiliser en cas de difficulté. Les IMF
rencontrent ainsi, d'énormes difficultés pour collecter
l'épargne, en milieu rural.
1-4) Les risques liés à la finance
agricole
L'agriculture est un secteur à haut risque :
instabilité climatique et pluviométrique ; envahissement des
champs par des criquets et des oiseaux destructeurs mais aussi la
dégradation des terres traduite par un appauvrissement des soles
entraînant une faible productivité.
Ces risques n'encouragent pas les IMF à s'implanter dans
les campagnes.
Les activités agricoles se singularisent ainsi des autres
secteurs économiques sur plusieurs aspects : la localisation de ces
activités dans des zones enclavées caractérisées
par une faible densité de population et le manque d'infrastructures (cf.
section 1), la dépendance aux conditions climatiques et la
temporalité des cycles de production, la saisonnalité des revenus
et de façon plus générale la part limitée des
revenus monétaires, la volatilité des prix des produits
agricoles, des garanties peu fiables tant sur le plan juridique
qu'économique.
Ces spécificités des activités agricoles
impliquent une préméditation, un financement adapté tenant
compte de la diversité des besoins en services financiers
exprimés par les ménages agricoles ruraux aux profils
variés.
Les efforts à fournir pour appréhender au mieux les
besoins financiers des agriculteurs couplés aux risques que
présentent ces activités constituent des obstacles
supplémentaires à la mise en place d'une offre de services
financiers destinée à l'agriculture.
Par ailleurs, la dynamique actuelle d'insertion de la
microfinance dans les marchés financiers impose au secteur d'appliquer
des taux d'intérêt permettant de couvrir les coûts
engendrés par les services offerts (les IMF sont obligées de
s'ouvrir au marché financier du fait de la faiblesse de l'épargne
(cf. 1-3)). Cette exigence s'avère bien souvent en contradiction avec
l'extension de la couverture rurale et surtout le financement de l'agriculture
en raison du niveau de rentabilité relativement faible des
activités agricoles financées.
Tous ces facteurs, expliquent le faible intérêt
envers l'agriculture, porté par les IMF qui se sont prioritairement
tournées vers les zones urbaines et périurbaines.
1-5) Le crédit non
remboursé
Le crédit non remboursé reste un casse-tête
pour la plupart des IMF dans les zones rurales. En effet, tel qu'il est
pratiqué aujourd'hui, le microcrédit, comme tout crédit
d'ailleurs, doit être remboursé. Il nécessite donc au
niveau de l'emprunteur une bonne capacité de remboursement, aptitude qui
bien entendu s'amoindrit si la personne est très pauvre, sans revenus
fiables pour lui permettre de rembourser un prêt. Octroyer un prêt
à de tels individus risque plutôt d'aggraver leur situation
d'endettement et de pauvreté.
Souvent le gouvernement et les agents de coopération
souhaitent utiliser la microfinance comme un outil de résolution de
divers problèmes sociaux. Victimes d'inondations ou d'autres
catastrophes naturelles, réfugies, chômeurs, autant de types
d'individus se trouvant dans une situation de précarité que les
gouvernements sont tentés de vouloir aider par le microcrédit
depuis que celui-ci a été indexé comme un excellent outil
de réduction de la pauvreté. Les programmes de microcrédit
conçus pour ce type de situation fonctionnent cependant rarement. Ils
enregistrent le plus souvent des taux d'impayés ou de non remboursement
très élevés. Et ceci- ci renforce parfois la
thèse de Malthus pour la non assistance aux pauvres.
Les crédits à moyen terme doivent en effet
s'appuyer sur un système de garantie qui tient compte de la nature
spécifique du patrimoine des ménages. Les IMF
doivent par ailleurs acquérir des compétences d'analyse des
capacités de remboursement des ménages ruraux à moyen
terme et de la rentabilité des activités agricoles (analyse des
risques et prix de marché, or l'information n'est pas toujours
facilement accessible).
Cependant, il existe bel et bien des ruraux qui ont
identifié des opportunités économiques et qui sont en
situation de faire fructifier ces opportunités s'ils ont la
possibilité de se procurer une petite somme d'argent au moment voulu.
Ainsi, les personnes pauvres qui travaillent dans des
économies stables ou en croissance, qui ont démontré leur
capacité à conduire les activités proposées dans un
esprit d'entreprise et leur engagement à rembourser leurs dettes, sont
nombreuses dans ces zones. Un résumé de la situation de la
microfinance en milieu rural permet de voir plus claire.
Section2 : Un bilan peu satisfaisant
Les contraintes de la microfinance en milieu rural sont
nombreuses et diverses. La pesanteur de ces contraintes gène la bonne
fonctionnalité et l'opérationnalité des institutions de
microfinance, ce qui ne manque pas de se répercuter sur la
rentabilité des services financiers. Ainsi, bien que des acquis soient
notés sur la microfinance rurale, nombreux sont ceux qui
s'inquiètent par contre de ce qu'un souci excessif de la recherche du
profit pousse les IMF à changer leur segment cible de client et
à servir une clientèle plus aisée capable d'absorber des
montants de prêt plus importants.
2-1) Une microfinance détournée de ses
objectifs premiers.
La microfinance est désormais confrontée à
de nouveaux enjeux dont dépendent sa pérennité mais aussi
l'ampleur de ses effets économiques et socioéconomiques.
L'apparente contradiction de ces dernières années
qui instituait comme priorité la construction viable et professionnelle
d'IMF alors même qu'il leur était demandé de se mettre au
service de la lutte contre la pauvreté dans ses dimensions les plus
diverses, doit être levée.
Pour des raisons de rentabilité, la microfinance est peu
impliquée dans le financement du monde rural.
Une descente dans certains villages a permis de constater que
l'absence de services financiers y est encore manifeste et constitue un frein
pour leur développement.
Le marché financier rural reste encore largement
dominé par le secteur informel, les préteurs traditionnels, les
avances sur les récoltes consenties par des commerçants
(appelés « Djoulo ») qui s'assurent ainsi de leur
approvisionnement.
Makhtar Dieng, un jeune paysan d'environ trente deux ans, le
témoigne en ces termes : « Il n'y a pas de mutuelle
d'épargne et de crédit ici à Ndiarème. Ce sont, les
« Djoulo » qui nous prêtent souvent de l'argent pour
l'approvisionnement en eau, en intrants. Mais les conditions sont difficiles
puisque ce sont eux qui, au moment des récoltes, doivent acheter nos
produits, avec des prix très bas. Certains arrivent parfois à
s'échapper pour vendre une partie de leurs récoltes
(principalement le gombo) à Dagana ou à Richard Toll à des
prix intéressants. Mais c'est difficile car on nous surveille et nous
devons respecter les engagements pris avec le « Djoulo ».
Cependant, il y'a deux mutuelles à Gaé (village
voisin) : celles de la communauté rurale et celle qui vient de
Saint Louis. Certaines personnes parviennent à trouver leur financement
auprès de ces mutuelles et il y'a même d'autres qui vont dans les
institutions financières qui sont à Dagana ou à Richard
Toll ».
La plupart des IMF sont situées dans les villes
éloignées des villages marginalisés et ont du mal à
prendre en compte toutes leurs difficultés : les conditions
d'emprunts restent compliquées et exigeantes en terme de pré
requis, le remboursement n'est pas modulé en fonction des conditions de
revenus des populations rurales et les sanctions sont fortes et constituent
souvent un facteur discriminant pour les plus craintifs.
Il faut noter que la recherche de la viabilité
financière tout en restant fidèle à la
« mission » sociale demeure un casse-tête pour la
plupart des IMF.
Ces institutions travaillent à un double objectif :
la pérennité et l'impact social. Mais la pérennité
passe par la rentabilité et la sécurisation des crédits,
ce qui conduit à pratiquer des taux d'intérêts
élevés et à préférer une clientèle
moins vulnérable que celle qui domine dans les zones rurales.
De plus, les liens sociaux qui sont très importants en
milieu rural (ils conduisent certains ruraux à emprunter pour un
évènement social, religieux ou communautaire) ne sont pas pris en
compte par les IMF qui ne considèrent que le facteur financier au lieu
d'appréhender la pauvreté rurale dans sa globalité.
2-2) Des succès de la microfinance sur le
économique
Les IMF ont apparu comme un vrai moyen d'impulser les
activités génératrices de revenus et de créer des
richesses.
Le gouvernement du Sénégal a fait des
investissements de tailles dans ce domaine. En 2002, le ministère de la
microfinance et de la PME/PMI a vu le jour avec comme mission principale de
promouvoir le secteur de la microfinance. Dans la même lancé, le
Fonds National de Promotion de la Jeunesse (FNPJ) a été
créée en avril 2005 mais aussi le Fonds de l'Entreprenariat
féminin en Décembre 2003 et bien d'autres structures.
Il s'en est suivi une prolifération des IMF sur la majeure
partie du territoire national. Bien que la demande de services financiers en
milieu rural n'est pas totalement couverte, la microfinance a réussi
à financer des activités rurales telles que le commerce, la
transformation agroalimentaire qui génèrent des revenus
réguliers et des taux de rentabilité élevés.
Le FNPJ a injecté 150 millions de francs sous forme de
petits crédits dans 14 départements du pays, a
déclaré Vendredi 06 Avril 2007 à Tambacounda, Cheikh
Cissé, le président du conseil d'administration du réseau
des mutuelles d'épargne et de crédit de l'UNACOIS (Remecu) de
Tambacounda. « Ces tous petits crédits concernent 331
promoteurs au niveau national répartis dans 14
départements », a déclaré Cheikh Cissé.
« Cette politique vise à prendre en charge la jeunesse, en lui
permettant de mener des activités génératrices de revenus
et surtout de toucher les secteurs qui n'ont jamais eu de soutien souple,
efficace et promoteur », a -t-il expliqué. Dans cette
mouvance, la région de Tambacounda n'est pas en reste, car ce sont 91
promoteurs des différents corps de métiers de l'artisanat, du
commerce, de la coiffure, menuiseries... entre autres qui
bénéficient des crédits. Cheikh Cissé a toutefois
rappelé qu'un « bon remboursement est synonyme de
continuité, car ces crédits sont revolving ».
Les opportunités ne manquent pas dans les zones rurales. A
Ndiarème par exemple, des personnes ont développé leurs
activités grâce aux prêts octroyés par les mutuelles
du village voisin et des institutions financières de Dagana et Richard
Toll. Ce qui traduit une plus grande utilisation des ressources et dans une
certaine mesure meilleure utilisation des fonds ainsi disponibles. Si le
processus se poursuit, les investissements seront certainement de plus en plus
efficaces par l'amélioration de leur taux de rendement et alors
créeront les conditions et les bases d'un réel
développement soutenu.
Sur le plan agricole, la microfinance a permis à des
ruraux d'augmenter les surfaces cultivables mais aussi de se doter des moyens
de production plus efficaces. Ce sont des ménages qui s'appliquent
à gérer, à planifier leurs activités, leurs
dépenses et leurs investissements. Ils comparent les rentabilités
des différentes catégories d'activités, ils font des choix
raisonnés d'investissement dans des activités nouvelles en
fonction de l'état du marché.
Leur degré d'information est plus important que la
moyenne : par une bonne insertion dans l'environnement économique
et institutionnel, ils disposent d'informations sur les marchés, les
projets, les opportunités... .
Leur sensibilité à l'innovation est grande :
les innovations adoptées peuvent être des techniques culturales
agricoles (intensification rizicole, adoption de nouvelles techniques comme le
semis sous couvert végétal...) ou d'élevage mais aussi le
développement de nouveaux créneaux de marché.
De plus en plus, naissent dans les villages, des groupements de
femmes et de jeunes qui identifient ensemble leur projet et se font financer
par les IMF. L'augmentation des revenus qui découle de ces microprojets
fait que des ruraux disposent d'un pouvoir d'achat plus élevé
leur facilitant l'acquisition des biens de consommation et d'investissement. Ce
qui se traduit par une augmentation de la consommation privée des
ménages. Cela implique que l'absorption de la production
nationale sera importante, élevant ainsi le revenu national. Ce
dernier étant lié positivement à l'épargne, il en
résulte une augmentation de l'épargne nationale.
2-3) Des succès sur le plan
socioculturel
Comme sur le plan économique, la microfinance a
montré ses mérites sur le plan socioculturel.
La microfinance s'est fait, un outil d'émancipation pour
les femmes. La mise en place progressive et souvent accentuée
de mutuelles « genre » ou de structures
financières spécialisées pour les femmes, la
multiplication des microprojets qui, débouchent sur l'entreprenariat
féminin, ont fait que l'impact socioculturel s'est fait sentir surtout
chez les femmes.
Les effets positifs sont nombreux et peuvent être
résumés comme suit :
· Le renforcement de la capacité des parents
à faire face aux dépenses liées à la scolarisation
des femmes ;
·La stabilité des familles, car les femmes,
grâce aux activités génératrices de revenus, sont de
plus en plus considérées par leurs conjoints qui les associent
activement aux décisions concernant le foyer.
·Le brassage entre ethnie, induit par les groupements et
les échanges de services.
·Le renforcement de l'accès aux soins de
santé pour les membres de la famille (les mutuelles de santé
deviennent de plus en plus nombreuses dans les zones rurales).
·L'appropriation par les clients, des bonnes
méthodes de gestion notamment la tenue de comptabilité, le
respect de leurs engagements vis-à-vis des tiers et une bonne pratique
du marketing. En effet, avec le bas niveau de scolarisation et le faible taux
d'alphabétisation qui caractérisaient la plus part des
bénéficiaires de services de microfinance, les agents du secteur
ont pris l'initiative d'offrir à ces derniers un encadrement dans les
meilleurs conditions, dans le but de limiter au mieux les risques liés
à l'ignorance qui implique la mauvaise gestion puis
l'insolvabilité qui freine ou rend même aléatoire la
capacité de remboursement des prêts consentis par les
bénéficiaires.
L'encadrement se fait généralement en deux
volets.
Un volet alphabétisation qui consiste à
instruire les populations ciblées (notamment les femmes), en langue
nationale principalement.
Un volet information et formation qui offre aux femmes, ainsi
qu'aux autres ruraux concernés, un accès à la formation
technique et technologique leur permettant de produire en quantité et en
qualité acceptable et leur garantissant une place sur le marché
local, régional et international. Ces femmes reçoivent
parallèlement une formation en gestion qui leur permet de bien
gérer et de rentabiliser leurs activités.
La mise en place de microprojets, tels que la transformation des
céréales locales, des fruits et légumes grâce au
microfinancement, est une illustration de l'intervention des SFD dans
l'amélioration des revenus des femmes.
Cette intervention au niveau de la sécurité
alimentaire a permis aux femmes des zones rurales de ne plus se contenter
uniquement des taches de « femme aux foyer » mais
d'être plus productives. Un grand apport financier leur est offert dans
la stratégie de sécurisation alimentaire sachant qu'elles
assument non seulement la plus grande partie de la production vivrière
mais elles sont aussi responsables de toute la chaîne alimentaire depuis
la production jusqu'à la consommation en passant par la distribution.
Le soutien apporté aux femmes par des IMF dans cette
sécurisation apparaît aussi dans la création de banques de
semences de cultures traditionnelles, le traitement des produits agricoles
comme halieutiques, l'octroi d'équipements d'allègement des
travaux tels que moulin, batteuses, décortiqueuses, etc... (cf.
« Répertoire des Groupements de Promotion Féminine au
Sénégal », publié en 1993 par l'ex Ministre de
la femme, de l'enfant et de la famille.
Les services des IMF ont aussi permis aux femmes et plus
globalement aux populations rurales de se départir d'une certaine
habitude de thésaurisation et d'épargne. En effet, ils avaient
l'habitude de constituer une épargne en nature (bétail, stock de
semences et de céréales) avec tous les risques qui s'y rapportent
(vol de bétail, mortalité du bétail, destruction des
stocks principalement par les rongeurs et les pluies).
Toutefois, il faut noter que les succès de la
microfinance sont loin d'être négligeables. Il est difficile, voir
impossible de les quantifier ; la présente étude n'a fait
qu'énumérer les points qui semblent être les plus
importants.
Conclusion
Au total, nous notons que la microfinance n'a pas encore
suffisamment répondu à la demande des populations rurales.
La diversité des contraintes, spécifiques aux zones
rurales, combinée à l'objectif de rentabilité des IMF
contribue largement à la marginalisation du monde rural.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de ce mémoire, les constats
suivants s'imposent :
·Malgré le nombre croissant des IMF, la demande
rurale en produits et services reste insatisfaite. Ce déficit contribue
à la persistance du chômage, à l'exode rurale mais aussi
à la faiblesse de la contribution du secteur rural dans la formation du
PIB.
·Bien que n'étant pas « la clef de
voûte », capable à elle seule de développer
notre économie rurale, la microfinance peut entraîner notamment
par le crédit un effet de levier sur l'activité économique
et socioculturelle des ruraux. Certains ruraux qui ont
bénéficié des services de ces IMF n'ont pas manqué
de le témoigner.
Il est unanime que l'accessibilité aux services
financiers et son impact sur la croissance économique et la
réduction de la pauvreté est d'une importance capitale. Mais
nombreuses contraintes, spécifiques aux zones rurales, poussent les IMF
à s'adresser d'avantage aux urbains ayant des activités et des
revenus stables plutôt qu'aux ruraux.
Ces contraintes sont imputables à un défaut de
formation des ruraux et du personnel des IMF, une insuffisance des
infrastructures, à la faiblesse des densités de populations, aux
risques liés à la finance agricole.
Au nombre des obstacles qui entravent le développement
du secteur de la microfinance, on a pu les difficultés que rencontre la
cellule AT/CPEC, liées à la concentration de ses services
à Dakar et la faiblesse de ses capacités institutionnelles,
humaines, matérielles et financières.
En réalité, le problème de la faible
capacité institutionnelle et humaine qui entrave lourdement le
développement du secteur peut être facilement solutionné.
En effet, chaque jour des diplômés capables d'effectuer ces taches
restent à ne rien faire tout simplement parce qu'ils ne trouvent rien
à faire. Ainsi l'Etat et partenaires au développement doivent
créer les conditions nécessaires à l'insertion des jeunes
diplômés.
En bref, il urge aux acteurs du développement rural
(partenaires au développement, pouvoirs publics, instances de
régulations et de supervision, associations et dirigeants locaux,
réseaux de microfinance ; représentants des institutions
financières publiques et privées de tous types intervenant dans
la finance rurale ; universitaires et experts spécialisés
dans des domaines comme l'initiation aux notions financières et la
recherche financière ; et les représentants des populations
rurales), de se concerter pour créer ensemble, un environnement
financier favorable au développement du secteur de la microfinance dans
les zones rurales.
Une telle concentration des efforts conduira certainement
à : un développement et une pérennisation des
produits et services de microfinance dans les zones rurales, une pleine
utilisation des facteurs de production, une augmentation du niveau de vie des
ruraux et une bonne croissance de l'économie nationale.
ANNEXE : Répertoire des Mutuelles d'Epargne
et de Crédit
Région de Louga
Département de Louga
1 - Mutuelle d'Epargne et de Crédit de Kelle Guèye
(MEC Kelle Guèye)
2 - MEC des Artisans Ruraux et Urbains de Louga (MEC ARUL
Louga)
3 - MEC de la zone de Potou (MEC ZOP)
4 - MEC des Agriculteurs Pasteurs et Pêcheurs (MEC APP)
5 - MEC du Bassin Arachidier (MEC BAS)
6 - MEC de montagne (MEC MONT)
7 - Alliance de Crédit et d' Epargne pour la Production-
Agence de Louga
Département de Linguère
1 - MEC du Djolof (DJOMEC de Linguère)
2 - Caisse d'Epargne et de Crédit de Dahara (CAPEC
Dahara)
3 - Caisse d'Epargne et de Crédit Thiargny (CAREC de
Thiargny)
4 - MEC des Clubs de Solidarité de Linguère
5 - CREC de Barkédji
6 - MEC du Collectif des Organisations Communautaires de base
pour le développement local de Sagatta Djolof (MEC/CODEL)
Région de Saint Louis
Région de Saint Louis
1 - Caisse d'Epargne et de Crédit des Artisans de Saint
Louis (CEC AS)
2 - MEC de AFER Nord (MEC AFER Nord de Saint Louis)
3 - MEC des Pêcheurs Saint Louis (MEC MPS de Saint
Louis)
4 - MEC Nangu Liguey de Saint Louis (MEC de Nangu Liguey)
5 - MEC Sukali Jiguenu Ndar (MEC SJD de Saint Louis)
6 - CEC Arrondissement de Rao de Saint Louis (CAPEC de RAO)
7 - MEC Naq Ted Saint Louis (MECNAQ TED)
8 - MEC de Gandiole
9 - MEC de la Maison des Eleveurs (MEC MDE de Saint Louis)
10 - MEC de Producteurs Agricoles de Rao (MEC PAR de Rao)
11 -MEC AFSDN
12 - MEC FEPRODES de Saint Louis
13 - MEC de Promotion Féminine de M'pal (MEC PF de
M'Pal)
14 - Alliance de Crédit et d' Epargne pour la production
Agence Saint Louis
15 - Alliance de Crédit et d'Epargne pour la Production
Agence de Richard Toll
16 - CMS Agence de Saint Louis
Département de
Podor
1 - MEC de Prolao
2 - CAREC de Guédé
3 - MEC des émigré de Pété (MEC
Pété)
Département de
Dagana
1 - MEC Fédération des Périmètres
Autogérés de Rosso Béthio (MEC/FPA)
2 - MEC des émigrés de Walo Dioukhou (MEC de Walo
Dioukhou)
3 - MEC des émigrés de Mame Fad Welle (MEC Mame Fad
Welle)
4 - MEC du Délta de Ronkh (MEC du Délta)
5 - MEC du Walo (WAMEC)
6 - MEC de Dagana (MECDAG)
Région
de Fatick
Département de Fatick
1 - MEC de l'Union des Femmes Commerçantes de Fatick (MEC
UFCF)
2 - MEC le « Sine » (MEC le Sine)
3 - MEC des Artisans de Fatick (MEC AF)
4 - MEC de l'UNACOIS Fatick (MEC UF)
5 - Alliance d'Epargne et de Crédit pour la Production
(ACEP Caisse de Fatick)
6 - Caisse d'Epargne et Crédit de DIRFEL
7 - MEC « Mbokator NJEGG JAM »
8 - CMS/Caisse de Fatick (CMS Fatick)
9 - ONG ACTION PLUS CEDS Afrique
10 - MEC « NDAP NE A SINIG » (MEC Ndap Ne A
Sinig)
11 - CMS Caisse de Famela (CMS Famela)
Département de Foudiougne
1 - CMS Caisse de Djilor (CMS de Djilor)
2 - MEC « IMMEBIR » de Foudiougne (MEC IF)
3 - MEC Deggo Bokk Liggey
4 - CMS caisse de Keur Samba Gueye (Karang)
5 - CMS Caisse de Bassoul (CMS de Bassoul)
6 - CMS Caisse de Niodor-Dionewar (CMS Niodor-Dionewar)
7 - MEC UNACOIS Dév-Eco et Financier du
Sénégal de Passy
8 - Entente des Groupements Associés de Toubaouta (MEC
EGAT)
9 - ACEP de Passy Caisse de Passy
10 - CMS Caisse de Sokone (CMS de Sokone)
Région
de Kaolack
Département de gossas
1 - CPEC Baol Ouadiour-Diakhao (CAPEC BODI/ARAF)
2 - MEC « Bokk XOL » (MEC Bokk Xoll)
3 - CMS/Caisse de Ginguinéo (CMS Ginguinéo)
4 - MEC « Bokk JOM » (MEC Bokk Jom)
Département de Kaffrine
1 - CMS/Caisse de Kaffrine (CMS de Kaffrine)
2 - Mutuelle d'Epargne et de Crédit et de Garantie des
artisans (MECG)
3 - MEC Ndoucoumane
4 - ACEP de Kaffrine
5 - FDEA de Koungheul
6 - FDEA de Kaffrine
7 - Unions des Groupements Paysans de Koungheul (MEC Bambouk)
8 - CMS Caisse de Koungheul (CMS de Koungheul)
9 - MEC Noflaye (MEC Noflaye)
10 - MEC « TERANGA » (MEC Téranga)
11 - MEC « DIISSO » (MEC dissoo)
12 - MEC « Natangue » (MEC Natangue)
Département de Kaolack
1 - MEC Garanties des Artisans (MECG des Artisans)
2 - MEC RASEF
3 - Caisse d'Epargne et de Crédit « SAAX
JAM » (CEC Saax Jam)
4 - Maison des Eleveurs de Kaolack (MDE de Kaolack)
5 - MEC AFEPES
6 - MEC COCOGES Kaolack
7 - MEC Développement Solidarité (MEC DS)
8 - Union des MEC UNACOIS pour la Dév .Eco et
Financier (UMECUDEF)
9 - MEC des Opérateurs Eco de la Chambre de Commerce
(MECOR)
10 - MEC UNACOIS Région de Kaolack (MECURK)
11 - MEC « TERANGA »/APROFES (MEC
Téranga)
12 - Alliance de Crédit et d'Epargne pour la Production
(ACEP de Kaolack)
13 - MEC AGROPROV
14 - MEC « LE MBOSSE »
15 - CMS de Kaolack
16 - Femmes Développement Entreprise en Afrique (FDEA de
Kaolack)
17 - CMS de Ndoffane
18 - Femmes Développement Entreprise en Afrique (FDEA de
Sibassor)
19 - CMS de Ndiaffat
20 - CMS de Dya Sibassor
Département de Nioro
1 - CMS de Nioro
2 - FDEA de Nioro
3 - CMS Caisse de Médina Sabakh (CMS de Médina
Sabakh)
4 - MEC « Ndimbalante »
5 - MEC Téranga
6 - CMS de Wack Ngouna
Région
de Dakar
Département de Dakar
1 - MEC ADECOL
2 - MECAS
3 - CAPFED
4 - CAPEC
5 - MEC DAK Soumbédioune
6 - MEC ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
7 - MEC FENAPH
8 - MEC FAM ACAPES
9 - CEC/UCAD
10 - MECE
11 - MECH
12 - MECG-NAFA
13 - MEC RASEF
14 - MECAP
Département de Pikine
1 - MEC ADEFAP
2 - MEC FP
3 - MEC UGFPAME
4 - MUMAR
Département de Diamniadio
1 - MEC JAPPOO
Département de Rufisque
1 - MEC des femmes de Rufisque (MUFERU COUBALAMB)
Région
de Diourbel
Département de Bambey
1 - MEC GFA
2 - MEC JEUNES
3 - MEC XEWEL SYSTEME
Région
de Kolda
Département de Vélingara
1 - MEC des Producteurs du bassin de Anambe (MEC A)
Département de Sédhiou
1 - MEC des Acteurs du Développement Rural (MEC ADER)
2 - MEC des artisans de Kolda
3 - MEC des femmes de Kolda
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACEP : Alliance de Crédit et
d'Epargne pour la Production
AFER : Association des Femmes Entreprises
Rurales
APIMEC : Association Professionnelle des
Institutions Mutualistes d'Epargne et de Crédit
AT/CPEC : Assistance Technique aux Caisses
Populaires d'Epargne et de Crédit
BCEAO : Banque Centrale des Etats de
l'Afrique de l'Ouest
BOAD : Banque Ouest Africaine de
Développement
CGAP : Groupe Consultatif d'Assistance aux
Pauvres
CMS : Crédit Mutuel du
Sénégal
CNCAS : Caisse Nationale de Crédit
Agricole du Sénégal
CNCR : Comité National de
Concertation et de Coopération des Réseaux
CPP : Chine Petits Paysans
DJOMEC : Mutuelle d'Epargne et de
Crédit du Djolof
DPDA : Déclaration de Politique de
Développement Agricole
DPS : Direction de la Prévention et
de la Statistique
ENCR : Ecole Nationale des Cadres Ruraux
ENEA : Ecole Nationale d'Economie
Appliquée
FASEG : Faculté des Sciences
Economiques et de Gestion
FENAGIE : Fédération
Nationale des Groupements d'Intérêts Economiques de
Pêche
FDEA : Femmes Développement
Entreprises en Afrique
FNPEF : Fonds National pour la Promotion de
l'Entreprenariat Féminin
FNPJ : Fonds National pour la Promotion de
la Jeunesse
GIE : Groupement d'intérêt
Economique
IMF : Institution de Microfinance
ISRA : Institut Sénégalais de
Recherche Agricole
MEC : Mutuelle d'Epargne et de
Crédit
NPA : Nouvelle Politique Agricole
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OP : Organisation Paysanne
PED : Pays En voie de
Développement
PNIR : Programme National d'Infrastructures
Rurales
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
SFD : Systèmes Financiers
Décentralisés
UM-PAMECAS : Union des Mutuelles du
Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne et du Crédit au
Sénégal
UNIFEM : Fonds de Développement des
Nations Unies pour la Femme
BIBLIOGRAPHIE :
Communauté rurale de Gaé :
« Plan local de développement de la communauté
rurale »,
Sous préfecture de Mbane :
« Monographie de la communauté rurale de
Gaé »
Pr. Moustapha Kassé :
« Planification et Financement du secteur
rural »,
CGAP (Groupe Consultatif d'Assistance aux
Pauvres) : BCEAO (Décembre 2004), « Analyse de la
portée des systèmes financiers
décentralisés »
MFEF (Ministère de la Femme, de l'Enfant
et de la Famille): « Répertoire des Groupements de
Promotion Féminine au Sénégal », 1993
CTB (Coopération Technique Belge) :
« Services financiers en milieu rural en zone UEMOA »,
séminaire à Saly Portudal les 26 et27 Septembre 2005
BCEAO (Avril 2000), « Etude sur la
viabilité financière des Systèmes Financiers
Décentralisés »
Cellule AT/CPEC (2003), « Situation de
la microfinance au Sénégal »
Cellule AT/CEPEC (2007), « Evolution
des données du secteur »
Issa BARRO (Août 2004),
« Diagnostic approfondi du secteur de la microfinance et analyse des
opportunités d'investissement »
AFT/APA (17/12/2007) : Lancement à
Dakar du projet « Microfinance en milieu rural »
MPMEEFMF (Ministère des Petites et
Moyennes Entreprises, de l'Entreprenariat Féminin et de la Microfinance)
(2005-2010), « Lettre de politique sectorielle :
Stratégie et plan d'action »
DID (Developpement International
Desjardins) : « Finance et communautés »
ONUDI/PNUD/PELCP (Mars 2001),
« Stratégie de promotion des micro et petites
entreprises »
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