WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La lutte contre la pauvreté en Afrique sub-saharienne à travers l'amélioration du marché du travail et la contribution au développement de l'emploi des jeunes.

( Télécharger le fichier original )
par Gaelle CAYAU
Université Montpellier 3 Paul Valéry - MASTER 1 Institution-Organisation-Développement Gestion Stratégique des Ressources Humaines 2008
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Université Paul Valéry - Montpellier III

UFR des Sciences Economiques, Mathématiques et Sociales

Département Administration Economique et Sociale

La lutte contre la pauvreté en Afrique sub-saharienne à travers l'amélioration du marché du travail et la contribution au développement de l'emploi des jeunes : tendances actuelles

mémoire soutenu par

Melle Gaëlle CAYAU

en vue de l'obtention de la

Master 1 - I.O.D.

Administration Economique et Sociale

sous la direction de M. Benoit PREVOST

Professeur de Sciences Economiques

Juin 2008

Table des matières.............................................................2

Introduction...............................................................................5

CHAPITRE 1 : Une vision pragmatique du marché du travail en Afrique sub-saharienne..........................................................................10

I : Evolutions générales du marché du travail..........................11

Section 1 : Caractéristiques du marché du travail : premières tentatives de compréhension........................................12

a) Croissance de l'offre de travail : l'explosion démographique comme un des facteurs d'explication et regard sur les comportements des chercheurs d'emploi...................................13

b) Migrations et répartitions spatiales de la population active : les exigences de l'urbanisation.............18

Section 2 : La montée du chômage, le sous-emploi et le sida comme freins à l'amélioration du marché du travail............21

II : L'économie africaine crée t'elle des emplois : relations entre marchés du travail et faiblesses de la compétitivité.................27

Section 1 : Quels emplois, pour quels marchés du travail: représentations des mécanismes de la demande de travail et les inégalités de revenus.................................................28

Section 2 : Une insertion difficile dans un contexte mondial incontournable : relation entre la compétitivité des entreprises africaines et la productivité du travail..............................33

III : Attention particulière portée à un secteur informel solidement implanté................................................................................................37

Section 1 : La réalité africaine : la situation typique des micro-entreprises.............................................................38

Section 2 : Les liens entre jeunes et crise de l'emploi : les conséquences inéluctables du secteur informel..................41

CHAPITRE 2 : La responsabilité de l'éducation à l'égard de l'offre d'emploi pour les jeunes africains...................................................45

I : Caractéristiques des politiques éducatives et système d'instruction...................................................................48

Section 1: La qualité de l'enseignement...........................51

Section 2: Privilégier l'éducation pour tous  pourtant toujours des problèmes d'accès à l'enseignement : des filles encore privées d'éducation...................................................56

II : Une inadéquation entre l'école et la vie..............................59

Section 1: Le décalage entre le manque d'apprentissage/de compétence, les projets futurs et les emplois offerts............60

Section 2 : Femmes, emploi et pauvreté : le lourd fardeau de la jeune femme africaine et la nécessité de redéfinir la place des femmes.................................................................61

CHAPITRE 3 : L'implication des divers acteurs dans le fonctionnement du marché du travail.......................................................................64

I : Faiblesses structurelles ou Etat désintéressé : sur quoi se fondent les politiques en matière d'emploi ?...................................................66

Section 1: Le rôle de l'Etat dans la régulation du marché du travail des économies ................................................67

Section 2: Les conséquences des réformes de la fonction publique sur le marché du travail....................................70

II : Le rôle des autres acteurs et organismes d'aide à l'emploi......75

Section1: Des dispositifs de recherches et d'information peu développés.............................................................76

Section 2: Aider les jeunes à sortir de la précarité et de la pauvreté: la volonté d'intégration de la CONFEJES................78

Conclusion.....................................................................81

Annexes.........................................................................82

1- La croissance de l'industrie (en pourcentage) entre 1981-1986 et 1987-1991...............................................83

2- Estimation de la croissance du PIB si le chômage des jeunes était réduit de moitié.............................................84

Références.....................................................................85

Liste des tableaux.............................................................88

Introduction

La réduction de la pauvreté reste le principal objectif des pays de l'Afrique sub-saharienne.

Il n'est pas toujours facile de définir et de mesurer la pauvreté. Les conceptions passées résumaient la pauvreté comme la simple absence de revenu.

Aujourd'hui, on a coutume de dire que la pauvreté englobe de multiples dimensions : sociales, culturelles, environnementales, politiques, économiques... Des auteurs tels que Amartya Sen1(*), entrevoient la pauvreté comme le cumul de handicaps de ces différentes dimensions.

Pour Sen, la pauvreté se définit comme étant la privation d'un ensemble de libertés élémentaires (liberté d'échapper à la famine et à une morbidité évitable, d'avoir accès à une vie sanitaire digne...) dont doivent jouir les individus.

Ces diverses formes « d'absence de libertés réelles» empêchent aux gens de réaliser et de développer leurs potentialités ainsi que d'améliorer leurs « capabilités » (ensemble de fonctionnement qu'il peut choisir, liberté de choix).

Dans cette façon d'appréhender la pauvreté, on considère les droits civiques et politiques ainsi que les droits économiques et sociaux comme les principaux enjeux et facteurs du développement et du progrès. Par conséquent, l'atteinte à ces libertés élémentaires et universelles engendre des inégalités entre les individus. Autrement dit, lutter contre la pauvreté c'est avoir conscience des inégalités et combattre la vulnérabilité des populations (le manque de ressource peut avoir des impacts sur la pauvreté, il s'agit d'échapper aux risques de marginalisation et d'exclusion de la société, aider les pauvres, les plus fragiles- l'auteur Nicolas SIRVEN s'est notamment penché sur le rapport entre pauvreté et vulnérabilité « De la pauvreté à la vulnérabilité : évolutions conceptuelles et méthodologique »).

Face à toutes les difficultés que recouvre la pauvreté, l'assemblée générale de l'ONU a réaffirmé l'ambition de promouvoir les droits de l'Homme (le droit de chaque personne à la santé, à l'éducation, au logement, à la sécurité...). En effet, en Septembre 2000, a été adopté lors d'une session extraordinaire par cette même assemblée la Déclaration du Millénaire qui fonde un nouvel accord entre pays riches et pays pauvres. Le but de cet accord est de contribuer à améliorer les conditions de vie dans les pays pauvres et de garantir le développement humain. Les objectifs du Millénaire pour le développement (il existe 8 OMD) sont donc les principes et les valeurs extraits de cette déclaration, ils ont été édictés pour être réalisé dans les années à venir, soit pour être pleinement atteints à l'horizon 2015. L'idée centrale de ces objectifs est d'encourager les pays en développement à s'engager sur les chemins de la croissance et du développement durable2(*).

Selon Mahbub ul Haq3(*) , « le but de base du développement est d'élargir les choix des individus. En principe, ces choix peuvent être infinis et peuvent changer au fil du temps. Les gens estiment souvent que les accomplissements ne se réalisent pas, ou pas immédiatement, dans les chiffres de croissance ou de revenu : un meilleur accès à la connaissance, l'amélioration de la nutrition et des services de santé, l'accès à des moyens de subsistance plus sûr, une sécurité contre la criminalité et la violence physique, des heures de loisirs satisfaisantes, des politiques et des libertés culturelles et le sentiment de participer à des activités communautaires. L'objectif du développement est donc de créer un environnement favorable pour les personnes, qu'elles puissent jouir longtemps d'une bonne santé et mener une vie enrichissante4(*). »

Le constat actuel montre que certains progrès ont été réalisés mais ne sont pas suffisants pour éradiquer complètement la pauvreté. Par exemple, sur le thème de l'éducation, certains pays ont réalisé des progrès notables en ce qui concerne la scolarisation dans le primaire tandis que d'autres rencontrent des difficultés liées à l'épidémie de VIH/SIDA (en particulier ceux qui sont meurtris par les conflits). On peut noter également les disparités entre les zones rurales et les zones urbaines qui sont fréquentes dans les différents pays en voie de développement5(*).

Cette vision dynamique de la pauvreté établie précédemment « s'applique souvent aux jeunes du fait des nombreux obstacles que beaucoup doivent surmonter pour parvenir au statut d'adulte6(*)». Cependant, ce parcours est parsemé d'embûches. En effet, les jeunes se résument à participer activement à l'amélioration de leur qualité de vie et celle de leur famille, afin d'entrevoir des chances de sortir un jour de la pauvreté. Réduire la pauvreté revient alors, à intégrer dans les stratégies de développement des questions plus approfondies sur l'avenir des jeunes telles que l'emploi ou encore des thèmes relatifs à leur insertion sociale et culturelle.

Ainsi, les stratégies d'emploi des jeunes occupent une grande place dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement, il s'agit de « formuler et d'appliquer des stratégies qui permettent aux jeunes de trouver un travail décent et utile7(*) (objectif 8, cible numéro 16)».

Assurer « un plein emploi productif et un travail décent »  permet d'intégrer les jeunes à la vie sociale et d'investir dans l'avenir. Par ailleurs, leur donner tous les moyens d'exploiter leur potentiel en leur offrant un emploi convenable et une activité productive équilibrée et profitable, leur permettraient de reprendre confiance en eux dans un contexte aux perspectives incertaines.

Dans le monde entier, beaucoup de jeunes font face à la pauvreté, malheureusement l'Afrique sub-saharienne reste la région du monde la plus problématique en ce qui concerne les stratégies de développement de l'emploi des jeunes. En effet, la situation sur le marché du travail est très alarmante et préoccupante car elle ne permet pas facilement aux acteurs concernés de trouver des solutions quant à son remaniement et son amélioration. Les insuffisances du marché du travail affectent considérablement les conditions de vie des jeunes qui constituent la majeure partie de la population. Il s'agit très souvent de travailleurs pauvres qui ne bénéficient pas des moyens nécessaires pour bâtir leur avenir. Le Bureau International du Travail (BIT) stipule, que par définition, « une personne n'est considérée comme travailleuse pauvre que si elle est incapable de s'élever avec sa famille au-dessus du seuil de pauvreté (vivre avec l'équivalent d'un dollar par jour)8(*). »

Il convient alors de se demander : en quoi l'amélioration du marché du travail et la contribution au développement de l'emploi des jeunes facilitent à la fois leur intégration au sein de la société et permet de lutter contre la pauvreté ?

Comment se caractérise actuellement le marché du travail en Afrique sub-saharienne ? Est-il globalement homogène pour toute la région ?

Investir et miser sur le développement et le potentiel des jeunes permet-il d'élargir favorablement leurs perspectives d'avenir et combattre durablement la pauvreté ? Peut-on trouver des responsables de la situation critique du marché du travail, des inégalités entre les individus et de la pauvreté ?

L'éducation constitue t'elle un outil de développement de l'employabilité des jeunes ? En quoi cette passerelle qui conduit à l'emploi crée t'elle en contre partie des décalages entre les attentes des jeunes et la situation en temps réel sur le marché du travail ?

Comment l'Etat et les autres acteurs d'aide à l'emploi interviennent-ils dans le fonctionnement du marché du travail ?

Dans une première partie, nous tenterons d'analyser la situation « critique » du marché du travail (chapitre 1) en Afrique sub-saharienne. Il est globalement hétérogène, mais de nombreux pays sont confortés dans la même situation, à savoir que les évolutions et les tendances générales (partie 1) nous indiquent que la majorité des pays sont quasiment soumis aux mêmes difficultés et qu'il existe de grandes similitudes sur les marchés du travail. Tout au long de ce sujet, il conviendra de tempérer les idées générales par des exemples, on retiendra trois pays : le Cameroun, le Ghana et l'Ouganda. L'emploi et le chômage des jeunes sont fortement dépendants de l'évolution économique et les quelques emplois proposés témoignent de l'incompétence et des faiblesses des économies africaines à offrir des emplois (partie 2). Les jeunes sont sans précédent plus vulnérables et sont de plus en plus victimes de la précarité de l'emploi due à l'expansion incessante du secteur informel (partie 3).

Puis dans un second chapitre, nous déterminerons la responsabilité de l'éducation à l'égard de l'offre d'emploi pour les jeunes africains (chapitre 2). La qualité de l'éducation est déterminante pour le développement de l'employabilité des jeunes. Mais si la réduction de la pauvreté est un enjeu primordial, les inégalités d'accès aux systèmes scolaires n'en restent pas moins importantes. Ainsi, les politiques éducatives doivent permettre de se concentrer sur l'éducation des filles et favoriser leur intégration (partie 1). D'un autre côté on observe une inadéquation lors du passage de l'école à la vie (partie 2). L'éducation doit permettre aux jeunes de se retrouver socialement, d'accroître les compétences et les attitudes favorisant leurs démarches futures pour trouver l'emploi qu'ils auront préalablement envie d'exercer. Pour autant, l'accent doit être mis sur les jeunes femmes, qui même scolarisées dès leurs plus jeune âge, sont obligées de surmonter bon nombre d'obstacles (discriminations,...) qui les empêchent d'obtenir un emploi et de sortir de la pauvreté.

Enfin, dans un troisième chapitre, nous verrons que tous les pays qui souhaitent éliminer les saccages de la pauvreté se doivent de trouver les moyens d'offrir des emplois productifs et décents à ceux qui en souffrent. Il devient donc urgent pour les gouvernements et autres acteurs d'aide à l'emploi, de s'assurer qu'il y ait des efforts favorables engagés au niveau économique pour améliorer le fonctionnement du marché du travail (chapitre 3). Par la suite, ces efforts doivent se traduire par une croissance des emplois. Cela n'a pas toujours été évident. Il sera utile de comprendre pourquoi la crise des années 1980 illustrée à travers l'élaboration des plans d'ajustements structurels (PAS) a accentué la pauvreté en maintenant le marché du travail en Afrique dans une position délicate au sein de laquelle les entreprises sont très fragiles car pas assez compétitives. Un certain nombre de réformes ont été engagées pour pallier aux difficultés que rencontre l'Etat dans la régulation du marché du travail (partie 1). Ainsi, pour accroître continuellement la situation de l'emploi au niveau national tout en réduisant par ailleurs la pauvreté, les divers acteurs (ONG, société civile...) doivent élaborer des stratégies efficaces en faveur de la création d'emplois convenables et bien rémunérés mais également assurer la formation des personnes appelées à les prendre en charge (partie 2). Autrement dit, les efforts doivent alors être consacrés dans l'amélioration des systèmes d'informations. La place des jeunes est donc prépondérante quant à la mise en place des politiques de développement.

CHAPITRE 1 : Une vision pragmatique du marché du travail en Afrique-subsaharienne

Dans ce premier grand chapitre, il s'agira d'analyser et d'étudier les particularités réelles du marché du travail en Afrique sub-saharienne. Même si on constate actuellement des hétérogénéités suivant les différents pays, il existe néanmoins de grandes similitudes concernant les caractéristiques de ces marchés.

Une première partie nous permet de poser le constat qu'il y a aujourd'hui de nombreux et de profonds changements qui bouleversent sans cesse le marché du travail. En effet, ce marché est constamment mouvant et est marqué par de grandes instabilités telles que l'augmentation de l'offre de travail représentée par une population active de plus en plus importante, des migrations internes fréquentes et un taux de chômage conséquent.

Dans une seconde partie, on cherchera à savoir si l'économie africaine crée des emplois. Les mécanismes de la demande de travail et d'insertion sur le marché de l'emploi traduisent de très fortes disparités de revenus au sein de la population. Par ailleurs, les entreprises en Afrique sont très fragiles, elles sont peu voire pas assez compétitives, elles conservent ainsi une place très marginale et ont du mal à se hisser sur la scène mondiale.

Enfin, dans notre troisième et dernière partie il conviendra d'observer que l'Afrique sub-saharienne recherche aujourd'hui de nouveaux défis lui permettant d'améliorer son économie. Cela passe nécessairement par une certaine stabilité du marché du travail et par la prise en compte d'un élément majeur qui consiste à s'apercevoir de l'évolution croissante du secteur informel qui est actuellement, le premier secteur créateur d'emploi. Celui-ci est vu comme le « dispositif » indispensable pour pallier un chômage excessif et rassemble des petits patrons qui emploient généralement une main d'oeuvre non salariée et relativement jeune.

I : Evolutions générales du marché du travail

Avant de comprendre les tendances actuelles, il nous est nécessaire de retourner quelques années en arrière. On peut distinguer deux grandes périodes qui caractérisent le marché du travail en Afrique sub-saharienne. La première est celle des années 1970 qui s'est prolongée jusqu'au début des années 1990. Cette période a été littéralement marquée par une forte croissance de l'emploi dans le secteur public. L'Etat était alors le premier employeur, celui qui a crée et développé le plus d'opportunités pour une certaine catégorie de salarié leur permettant ainsi d'élever leur position dans la hiérarchie sociale en étant plus instruits voire plus aisés financièrement.

La seconde période se situe aux alentours des années 1980 et concerne l'instauration des politiques d'ajustements structurels qui avaient pour principal objectif le rétablissement des équilibres économiques, commerciaux et budgétaires du pays. Malheureusement, ces politiques ont générés le ralentissement et le blocage des embauches dans le secteur public, nous étayerons plus largement nos propos sur ce point dans notre troisième chapitre. Cette situation a eu des retombées qui ont véritablement affecté le marché du travail africain, celui-ci s'est ainsi retrouvé dans un contexte de forte croissance de la population active urbaine.

Comment évolue aujourd'hui le marché du travail en Afrique sub-saharienne ?

Dans les faits, les éléments récoltés assombrissent brutalement la possibilité pour les divers gouvernements d'aboutir à une large amélioration du marché du travail car celui-ci est terriblement marqué par de nombreuses difficultés structurelles, économiques, sociales, politiques...

La question réelle serait plutôt de savoir s'il convient de mieux percevoir les analyses relatives aux perspectives d'avenir des jeunes, qui eux cherchent à augmenter leurs capabilités et parfaire leur existence.

Dans une première section, nous tenterons de connaître les caractéristiques propres du marché du travail. L'offre de travail en Afrique est influencée par l'explosion démographique mais aussi par des perturbations dues aux migrations internes.

Par ailleurs, elle est très fragilisée à cause d'un fort taux de chômage qui ne cesse d'augmenter faisant en sorte que la population concernée recours à d'autres moyens de subsistance pour pouvoir assurer une meilleure destinée à leur famille et lutter contre la pauvreté (section 2). Le sous-emploi est un des exemples qui illustre bien le type de solution envisagée pour surmonter les difficultés quotidiennes de la vie des plus pauvres.

Section 1 : Caractéristiques du marché du travail : premières tentatives de compréhension

Aujourd'hui il convient de se demander comment un pays peu améliorer la situation sur le marché du travail.quels sont les qualités et spécificités à retenir.

Ainsi, un pays qui essaie de maintenir son équilibre économique parvient à entreprendre à long terme un processus de développement. Ici, on peut souligner le lien très étroit qu'il existe entre la croissance économique et l'emploi. Les évolutions générales et la répartition sectorielle de l'emploi en Afrique dépendent donc du succès de cette croissance économique. Cette réussite permet l'accroissement très rapide de l'emploi industriel entraînant avec lui l'augmentation d'offre d'emploi dans d'autres secteurs non agricoles.

Pour autant, tout le contraire s'est produit en Afrique sub-saharienne, l'emploi dans l'industrie est de 0,5% en moyenne pour l'ensemble de la dernière décennie se qui confirme un recul de l'emploi dans le secteur formel depuis 1985.

En nous aidant d'une étude économique sur la croissance de l'industrie en Afrique sub-saharienne réalisée par la Banque mondiale en 1993, (voir annexe 1) on constate que les pays qui ont connu une augmentation de l'emploi, une reprise des embauches ainsi que des hausses de salaires durant la période de 1981 à 1991 sont ceux dont la politique économique s'est véritablement améliorée. Les pays qui entreprirent des réformes structurelles accompagnées d'une croissance économique relativement forte, ont connu une amélioration de l'emploi, des salaires, une reprise de l'embauche ainsi qu'une régression de la pauvreté.

Si la croissance économique est déterminante pour favoriser l'emploi au sein d'un pays, la région de l'Afrique sub-saharienne est particulière en son genre. En effet, elle se distingue des autres pays en développement par sa très forte démographie qui connait un rythme de croissance très rapide (a), ce qui oblige les hommes à effectuer des déplacements massifs vers les villes (b). Ce sont là quelques exemples d'explications de l'accroissement de la population active qui est très variée sur le marché du travail en Afrique sub-saharienne.

a) Croissance de l'offre de travail : l'explosion démographique comme un des facteurs d'explication et regard sur les comportements des chercheurs d'emploi

La croissance démographique a toujours été une réalité mondiale. Cette croissance pour la seule région de l'Afrique sub-saharienne s'élevait à un taux annuel moyen de 2,5% sur la période de 1997 à 2006, ce qui la classe comme une des parties du monde les plus densément peuplée.

Ce phénomène n'a pas été réalisé partout en même temps, ni de la même manière. Contrairement à ce que l'on peut croire, l'Afrique sub-saharienne a été la dernière partie du monde à être touchée par la flambée démographique. Ainsi, la population a stagné jusque dans les années 1920, le boom n'ayant commencé qu'à partir du milieu du XXème siècle.

Ce décollage intensif n'a pas été sans conséquence sur la vie des hommes et sur l'économie de l'Afrique car il a été relativement plus brutal sur ce continent que dans les autres régions du monde.

Aujourd'hui, beaucoup d'auteurs parlent d'explosion démographique car celle-ci prend en compte deux évolutions. Le premier volet de cette évolution est la diminution du taux de mortalité. En effet, grâce aux transferts de matériels technologiques destinés à la médecine et réservée à l'amélioration des conditions sanitaires, on peut constater qu'il y a un recul de la mortalité générale. Les baisses les plus significatives sont celles de la mortalité infantile et juvénile. Néanmoins, malgré ces progrès marquants, l'Afrique demeure toujours un continent très touché par un taux de mortalité plus excessif que sur les autres continents.

La seconde évolution concerne le taux de fécondité. La population de l'Afrique sub-saharienne est encore aujourd'hui de loin celle où la fécondité reste la plus élevée au monde. Ce continent, a tout de même depuis quelques années amorcé la diminution de son taux de fécondité.

On observe alors, qu'il y a un décalage pour ce qui est de l'évolution des deux pourcentages (de mortalité et de fécondité) ce qui induit que la différence entre ces taux explique l'accroissement naturel de la population et permet aujourd'hui de confirmer l'explosion démographique.

Cela n'est qu'un aspect du problème pour tenter de justifier la croissance de l'offre de travail.

Par conséquent, on se rend compte que l'Afrique sub-saharienne maintient une croissance forte et longue de sa population. Tous ces éléments nous renseignent sur le rajeunissement de cette population par rapport aux autres régions du monde. Ainsi, en 2005, deux sub-sahariens sur trois avaient moins de 25 ans. A l'autre extrémité de la pyramide des âges, 5% seulement des sub-sahariens avaient plus de 60 ans9(*).

De nombreux constats montrent que la transition démographique a bien été engagée. Celle-ci constitue l'élément le plus révélateur de l'explication de l'accroissement de la population sur le marché de l'emploi. Elle distingue entre autre par le fait que la proportion de jeunes y est relativement élevée. Cependant en réalité, ceux-ci représentent une part marginale sur le marché du travail ce qui provoque un retard dans leurs processus de socialisation.

« Par transition démographique on entend : le  passage par étapes d'un régime démographique traditionnel, caractérisé par des taux de natalité et de mortalité élevés, à un régime démographique moderne présentant les caractéristiques inverses (faibles natalité, faible mortalité)10(*)

Les chiffres de l'accroissement de la population active varient selon les différentes régions d'Afrique mais une chose est certaine s'est qu'il est constamment en pleine progression. L'enquête 1-2-3, méthode d'analyse réalisée par les chercheurs de l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à la demande de l'Union économique et monétaire Ouest Africaine (UEMOA) apporte quelques éléments précis sur les caractéristiques du marché de l'emploi en Afrique de l'ouest : « sur l'ensemble des sept villes de la zone de l'UEMOA, près de 60% de la population de 10 ans et plus est active, ce qui signifie que 6 personnes sur 10 exercent un emploi ou sont au chômage, à la recherche d'une activité. Au sein de la population active, 13 % sont des enfants âgés de 10 à 14 ans et en majorité des filles11(*)

Globalement, en 2006, la population active de l'Afrique sub-saharienne concernait 317 millions de personnes pour 770 millions d'habitants12(*). Sur la même période pour le Ghana, 10 284 624 personnes ont été enregistré dans la population active, pour l'Ouganda il s'agit de 12 608 589 personnes, au Cameroun elle concerne 6 988 721 personnes13(*).

En 2015, certains prévoit particulièrement pour l'Afrique sub-saharienne, que le nombre de travailleurs et de chercheurs d'emploi sera trois fois supérieur à celui des membres de l'OCDE, de l'Europe de l'Est et de l'ex-Union soviétique réunis. Cela s'explique entre autre par une diminution de la population active dans les principaux pays industrialisés qui profitera la croissance à posteriori de la population active des pays en voie de développement.

Une précision s'ajoute alors, comment intégrer sur le marché du travail une population active jeune qui va continuer à augmenter, qui va presque tripler en 30 ans ?

Selon quelques auteurs, la croissance de l'offre de travail se décompose en deux éléments. Elle se caractérise avant tout par le renforcement de la population en âge de travailler qui dépend de l'évolution de la structure par âge de la population, d'autre part, elle est composée de l'évolution de la participation de cette même population au marché du travail.

Or, même si on a perçu une diminution de la fécondité celle-ci est relativement longue et il faudra également un temps tout aussi long pour observer un ralentissement de l'augmentation des effectifs des jeunes générations. Comme nous l'avons vu précédemment, la grande part de la population est jeune et on note un retard pour beaucoup d'entre eux dans l'accès au marché du travail.

Ce processus de croissance de la population active comporte un certain nombre de périodes. Ainsi, on peut distinguer la toute première période. Elle concerne le fait que certains jeunes ont atteint l'âge de l'emploi mais ne participent pas encore au marché du travail, celle-ci prend fin quand l'agent décide à un moment donné de participer et d'entrer effectivement sur le marché du travail.

Une seconde période se caractérise par la vie active de l'agent, elle débute à la date où celui-ci décide de participer au marché du travail et prend fin lorsqu'il prend acte de s'y retirer. C'est une période pendant laquelle l'offreur fait des choix d'orientation en établissant plusieurs trajectoires professionnelles. D'une part, il espère atteindre son objectif en trouvant l'emploi salarié qu'il aura envie d'exercer, d'autre part, il souhaite obtenir un travail qui lui apportera une plus grande satisfaction. Ces trajectoires professionnelles peuvent produire des réussites mais s'accompagner paradoxalement d'échecs qui se manifestent quand l'agent subi une dégradation de son statut d'emploi et n'a pas obtenu l'objectif escompté au départ.

Ces comportements sont induits par deux figures. L'individu peut dans un premier cas garder son emploi et prospecter sur le marché du travail en même temps ou encore dans un second temps partir en situation de chômage pour améliorer ses chances de prospection sur le marché du travail.

Aujourd'hui, il est très rare d'appliquer cette dernière éventualité car l'agent doit pour se faire réquisitionner des capacités en termes de disponibilité, de relations informationnelles plus ou moins importantes. Il faut aussi que celui-ci soit sûr de mobiliser: sa formation et son expérience professionnelle ou encore son capital social14(*) et intellectuel lui permettant d'arriver à l'emploi type recherché.

Ainsi, chaque agent cherche la trajectoire professionnelle qui maximise son bien être.

Selon une étude réalisée par le centre d'économie du développement IFReDE- GRES- Université de bordeaux15(*), l'agent qui offre ses capacités de travail, aura « tel type de comportement » en vue de maximiser son bien être.

Il est donc essentiel de comprendre le comportement des divers agents s'insérant sur le marché du travail en Afrique sub-saharienne, d'analyser si ces comportements sont analogues dans toutes les sociétés et savoir s'il existe une singularité africaine.

Le postulat posé par ces chercheurs concernant l'Afrique sub-saharienne spécifie qu' « un agent participe au marché du travail pour accroître ou maintenir son niveau de bien-être et/ou celui du ménage dans le temps. A un instant donné, l'agent décide de façon inter-temporelle d'offrir un type d'emploi sur le marché du travail. Les décisions d'offre de travail sont influencées par les objectifs de l'agent à court terme, par ses objectifs à moyen terme (phase de maturation de la vie active) et à long terme (la retraite).»

En effet, le bien être inter-temporel de l'offreur de travail contient le bien être « instantané » qu'il a assimilé tout au long de sa vie active. Ainsi, deux individus ayant la même activité salariée avec des salaires identiques peuvent avoir un niveau de bien être différent selon l'ensemble des contraintes et des possibilités de leur propre ménage.

La troisième période, elle, correspond à la retraite de l'agent.

En Afrique sub-saharienne, il est difficile d'entrevoir et de réaliser cette dernière phase dans la mesure où le seul employeur capable d'offrir cette possibilité reste le secteur public pour lequel on a remarqué une régression depuis les années 1980.

On peut donc résumer dans cette sous section qu'il y a un très fort décalage entre l'Afrique sub-saharienne et le reste du monde s'agissant de la croissance de l'offre de travail. En effet, la particularité de la démographie africaine est une clé d'explication relative à l'augmentation de la croissance des jeunes. Elle traduit ainsi, leur volonté de soumettre au travail en s'insérant dans une population active qui elle, ne cesse de s'accroître.

Toute chose égale par ailleurs, on a pu observer que les comportements des divers agents variaient selon les individus, la maximisation de leur bien être et de leur faculté à trouver un emploi qui leur correspond.

Comment se répartit cette grande population active dans les villes urbaines ? Les jeunes fournissent des efforts conséquents pour trouver du travail ce qui les obligent à migrer vers les villes les plus appropriées à leurs besoins et dans lesquelles ils pourront entamer leurs prospections. Par ailleurs, la grande majorité des pays de l'Afrique subsaharienne ont été soumis à l'urbanisation pour répondre aux besoins de cette population, ce qui explique l'abondance des flux migratoires.

b) Migrations et répartitions spatiales de la population active : les exigences de l'urbanisation

Une des grandes caractéristiques de la population africaine est sa grande mobilité, la migration pouvant être subie (déplacés, réfugiés...) ou choisie.

Le poids démographique comme nous l'avons vu précédemment, pousse les jeunes à fuir leurs campagnes pour s'installer dans les villes et rechercher un emploi. De nombreux migrants vont en « ville » pour exercer un emploi salarié dans le secteur moderne ou s'insérer dans des petites entreprises. Néanmoins, ces migrants ne concernent pas une catégorie spécifique de la population. En effet, les jeunes sont principalement concernés par ces départs massifs vers les villes, ils ne sont pas les seuls mais ils constituent la majeure partie de la population, la plus active, la plus entreprenante.

En Afrique, le processus migratoire comprend essentiellement deux étapes : des campagnes aux petites villes puis, des petites villes aux plus grandes. Comment expliquer l'importance de ces déplacements vers les villes ? Quelles conséquences sur le marché du travail ?

Les capitales restent les principales bénéficiaires des affluences de population, elles ont généralement un taux de croissance migratoire plus fort que le reste du milieu urbain.

Les facteurs de cette mobilité sont eux-mêmes multiples : ils sont économiques, causés par des ruptures liées à des cataclysmes, à des conflits, ou encore liés à la désertification.

C'est la pauvreté rurale qui explique en grande partie ces migrations vers les villes, elle nous permet de mieux cerner les enjeux de l'urbanisation. Par ailleurs, on observe que les exigences de l'urbanisation ont conduit à des changements rapides dans la répartition spatiale des hommes.

Alors qu'en 1960 la seule ville de Johannesburg dépassait le million d'habitant, à la fin du XXème siècle l'Afrique en compte une quarantaine. Selon les Nations Unies, en Afrique sub-saharienne, sur la période des années 1950 aux années 2000, la population urbaine a été multipliée par 1016(*). Ainsi, la proportion de personne habitant dans les villes atteignait 33% en 2000 contre 10% en 1950.

Malgré cela, le taux d'urbanisation en Afrique sub-saharienne reste le plus faible du monde, 37 % en 2005. Il y a tout de même de nombreuses inégalités dans la région car toutes les villes ne concentrent pas un taux d'urbanisation comparable, les effets sont différents notamment en fonction des évolutions des écosystèmes. En 2005, on note un taux d'urbanisation pour le Cameroun équivalent à 51,20% alors que pour l'Ouganda en 2007, on enregistre un taux de 12,35%17(*).

A partir des années 1980, certains démographes constatent une décélération de la croissance urbaine. Ils expliquent ce phénomène par des causes avant tout mécaniques mais n'excluent pas le fait qu'il y ait eu certainement des causes économiques. Pour d'autres, cette situation correspondrait à une saturation urbaine typique de l'Afrique. Ces constats ne laissent pas affirmer que les migrations internes sont de moins en moins importantes mais au contraire que ce processus est bien en marche et en pleine expansion.

L'exode rural est toujours significatif, et la moitié de la population de l'Afrique sub-saharienne devrait habiter d'ici environ trente ans dans les villes18(*). Urbaniser suppose une augmentation massive des investissements dans la construction d'infrastructures, l'assainissement des eaux usées et le retraitement des déchets dans les agglomérations, d'une demande croissante en produits alimentaires que le monde rural n'est pas en mesure de fournir.

L'urbanisation de l'Afrique sub-saharienne est devenue indispensable, elle justifie les nombreux déplacements de la population, notamment celle des jeunes vers les villes ce qui bouleverse le marché du travail.

Pour certains, « cette urbanisation présente des traits distinctifs : importance du sous emploi urbain, qui se traduit par la croissance continue du secteur informel et non structuré ; carence des infrastructures et importance des formes d'habitat précaire (bidonvilles, qui rassemblent plus de 40% de la population urbaine)19(*) ».

Cependant, pour d'autres auteurs qui ont réalisés de nombreuses études en ce qui concerne les migrations et la répartition spatiale des hommes en Afrique sub-saharienne, l'importance des « flux migratoires vers la ville n'est pas nécessairement un facteur de dégradation des revenus et d'augmentation du sous emploi20(*)». Ils insistent sur le fait que ces migrants sont probablement jeunes et dynamiques mais que contrairement à ce qu'on peut penser, certains d'entre eux renoncent à la migration s'ils n'ont pas d'opportunités d'emploi plus ou moins assurées.

Ainsi, « le doublement attendu des arrivées sur les marchés du travail en Afrique subsaharienne (environ 14 millions par an au début des années 2000 et 27 millions au début des années 2030 pour les deux sexes) est de nature à créer de nouvelles tensions. Dans un contexte de migrations intra-régionales ces arrivées massives de jeunes, en majorité peu éduqués, sur les marchés de l'emploi vont entraîner une intensification des mobilités21(*). »

Nous avons tenté de démontrer que concernant l'étude du marché du travail en Afrique sub-saharienne, il était utile de prendre en compte un certain nombre de caractéristiques : la croissance de l'offre de travail qui est de plus en plus abondante et qui ne facilite pas l'insertion des jeunes sur le marché du travail ; les migrations internes pour expliquer les tendances actuelles de la représentation des jeunes au sein de cette population. Pour autant, il ne suffit pas de se limiter à ces seuls éléments d'explications. Pour essayer de chercher une amélioration aux conditions de développement de l'emploi des jeunes, il devient important d'analyser d'autres critères.

Section 2 : La montée du ch™mage, le sous-emploi et le sida comme freins à l'amélioration du marché du travail

En 2005, en Afrique sub-saharienne le nombre de chômeurs était estimé à 38 millions. Selon le Bureau International du travail (BIT) le taux de chômage déclaré avoisine les 10% à 12% pour bon nombre de pays. Pour d'autres, le taux de chômage estimé est un peu plus élevé, il se situe pour la plupart des pays largement au dessus des 15%22(*). Pour ces derniers, ces chiffres sont en dessous de la réalité, la définition du chômage (donnée en1982) retenue par le BIT qui est utilisée et appliquée dans la plupart des enquêtes sur l'emploi dans le monde, est décrite comme très limitative et non adéquate avec la situation en Afrique sub-saharienne. En effet, elle évoque que « pour être déclaré chômeur, il faut ne pas avoir travaillé ne serait ce qu'une heure dans la semaine de référence de l'enquête, rechercher activement un emploi, et être immédiatement disponible pour en exercer un». Cette définition ne correspondrait donc pas aux réalités des pays africains car ils ont du mal encore à cerner les frontières entre le sous-emploi ou chômage déguisé (« fait référence à une situation dans laquelle l'élimination d'un certain nombre de travailleurs est sans effet sur le volume global de production») et l'inactivité23(*).

On distingue d'un côté les travailleurs occasionnels qui font de petits travaux en cherchant simultanément un emploi, d'un autre les individus qui travaillent à temps réduit contre leur gré et enfin les personnes « non-chercheuses » d'emploi qui finissent par être découragées, certes elles recherchent du travail mais pas de manière active car elles restent persuadées qu'il n'existe aucun emploi disponible.

Les enquêtes sur l'emploi réalisées en Afrique de l'Ouest par l'Institut de Recherche pour le Développement montre que «c'est surtout le sous-emploi qui constitue le principal frein à l'amélioration de la situation sur le marché du travail, affectant 67 % des actifs. Ainsi, près de 2,7 millions sur plus de 4 millions de personnes sont en situation de sous-emploi : au chômage, en activité mais gagnant moins que le salaire horaire minimum exerçant ainsi une activité professionnelle dans laquelle leurs qualifications ne sont pas pleinement utilisées (sous-emploi invisible) ou travaillant moins de 35 heures semaine contre leur gré (sous-emploi visible). Quant aux personnes considérées comme inactives, quatre sur dix se sont en fait retirées du marché du travail, estimant ne pas pouvoir obtenir de travail compte tenu de la faiblesse de l'offre. Ces inactifs, qui relèvent d'une forme de chômage latent, représentent en fait des demandeurs d'emploi potentiels, susceptibles de réintégrer le marché du travail si celui-ci s'améliore. Ils doivent donc être considérés comme tels dans les réflexions sur la mise en place de mesures économiques en faveur de la création d'emplois24(*).» Ainsi, le sous-emploi visible représente au Cameroun 12,1% de la population active occupée en zone urbaine, à l'inverse le sous-emploi invisible englobe 69,3% des actifs occupés25(*).

Le blocage des embauches dans les années 1980 ne s'est donc pas accompagné d'une relance des investissements dans le secteur privé moderne. La plupart des chômeurs doivent se résoudre à travailler dans le secteur informel. Quelles sont donc toutes les principales causes du chômage en Afrique sub-saharienne ?

Il y a de nombreuses causes du chômage constamment mises en avant. « Il s'agit entre autres : du déclin économique et de l'agriculture, du fardeau de la dette, de l'insuffisance de l'investissement étranger direct, du ralentissement de l'aide publique au développement, de l'incapacité de tirer profit des avantages relatifs au traitement préférentiel (accords de l'Organisation Mondial du Commerce), de la mauvaise gouvernance, des situations de conflits armés. A toutes ces causes, il faut aussi ajouter la croissance démographique vue précédemment (c'est la plus élevée de tous les continents) qui fait que la proportion de la population de moins de 14 ans est d'environ50%, à ne pas négliger non plus l'exode rural26(*)». A noter aussi l'épidémie du VIH/SIDA qu'on développera un peu plus tard.

L'exclusion du marché du travail touche toutes les catégories de la population. Elle affecte particulièrement les plus diplômés. Aujourd'hui en Afrique, le diplôme n'est plus le passeport pour l'emploi27(*), caractérisé par un sous-emploi du travail qualifié. L'Afrique subsaharienne est la région du monde où il y a le plus de travailleurs pauvres. Ainsi, selon le BIT dans un rapport intitulé « Tendances mondiales de l'emploi des jeunes28(*) », publié en 2006, « les jeunes quand ils ne sont pas au chômage sont des travailleurs pauvres. Le chômage sur le continent quant à lui serait dû au décalage entre la croissance du marché de l'emploi et celle de leur population.  Ils sont 57,7% en Afrique sub-saharienne à vivre avec moins d'un dollar par jour et 87,1%, avec moins de deux dollars. En d'autres termes, explique Dorothea Schmidt, économiste au BIT et co-auteur du rapport, « un seul jeune sur dix gagne assez pour s'élever au-dessus du seuil de 2 dollars par jour ». Alors qu'entre 1995 et 2005, le nombre de ces jeunes travailleurs pauvres est passé de 60 millions à 45 millions en Asie du Sud où cette tendance était la plus importante, il est passé en Afrique sub-saharienne, de 36 à 45,4 millions. Souvent issus de famille pauvre, ces jeunes partagent leurs revenus avec leurs proches ou sont eux-mêmes, notamment à cause du sida, chefs de famille29(*)».

Le constat qui a été réalisé, a été de dire que la croissance de la population des jeunes croît plus vite que le nombre d'emplois disponibles. Toujours selon ce rapport entre 1995 et 2005, la main-d'oeuvre des jeunes, entre 15 (généralement personne en âge de travailler) et 24 ans, a augmenté de 29,8% en Afrique subsaharienne. Le taux de chômage des jeunes, est fixé à 18,1% pour la même période.

Cependant, les femmes ont le plus de difficultés à trouver un emploi stable et convenable mais la tendance générale montre que les taux de chômage en Afrique sub-saharienne sont un peu plus élevés chez les hommes que chez les femmes (voir tableau numéro 1). En effet, le taux d'emploi est relativement élevé pour les femmes mais il ne faut pas interpréter cette donnée comme un élément positif, dans la mesure où, celles-ci sont contraintes aux activités de subsistance (agriculture de subsistance) et sont encrées dans le secteur informel (emplois vulnérables), les caractéristiques typiques de la pauvreté.

Tableau 1: Parité dans le monde, taux de chômage, par région dans

le monde et par sexe

Source : Source: BIT, 2007 (données 2004)

Tiré de

http://www.observatoire-parite.gouv.fr/portail/parite_monde/pdf/EM2b.Taux_chomage_monde.pdf

Les jeunes sont également confrontés à d'autres problèmes et doivent faire le plus souvent des choix, pour eux trouver un travail s'est donc essayer de survivre en se contentant d'effectuer des petits boulots souvent informels, mal rémunérés n'offrant aucune protection sociale, soumis à des horaires lourds, ou encore beaucoup d'entre eux baissent les bras par découragement en estimant qu'ils ne possèdent que d'infimes probabilités de trouver un emploi et préfèrent alors sortir du marché du travail.

Selon l'Organisation Internationale du Travail, si on pouvait réduire de moitié le taux de chômage des jeunes, l'économie mondiale y gagnerait et pourrait s'élever de 2200 à 3500 milliards de dollars. Environ 20% de cette croissance aurait lieu en Afrique sub-saharienne30(*).

Par ailleurs, un problème tout aussi important qu'il convient de signaler se rapporte à l'épidémie du VIH/SIDA.

La grande majorité des personnes infectées par ce virus sont celles qui sont en âge de travailler soit la population comprise entre 15 et 49 ans. Cela, représente 90% des 40 millions de personnes touchées par ce virus. Ce phénomène à des conséquences désastreuses sur le marché du travail. En effet, à long terme il y a des pertes de main d'oeuvre, des répercussions au sein des structures familiales, des problèmes liés à la survie des communautés, des entreprises et de la productivité.

Pour le BIT, cette épidémie a donc des effets directs sur la main d'oeuvre disponible et sa productivité, sur les taux d'épargne, sur la croissance économique, sur la mise en place de service public. Il rajoute que cette épidémie hausse le coût d'exploitation, étrangle la production et fait fondre les revenus. Selon leurs estimations, chaque jour 7000 jeunes âgés de moins de 25 ans contractent le virus, 14 millions d'enfants ont perdu leurs parents à cause de ce virus, d'ici l'an 2020 les pays les plus touchés connaitront une réduction de la main d'oeuvre d'environ 10 à 30%31(*).

Dans ce contexte, il est commode de dire qu'il y a de profonds bouleversements sur le marché du travail qui menacent l'éventuel passage à une certaine stabilité. La situation sur le marché du travail en Afrique est tellement perturbée, qu'il n'est pas étonnant de voir qu'aujourd'hui l'immigration clandestine vers l'Europe est en constante augmentation. Ces évolutions actuelles traduisent un renforcement de la pauvreté au sein d'une population durement touchée.

Autres que le chômage, le sous emploi, l'épidémie du VIH et tous les autres freins à l'amélioration du marché du travail, nous pouvons constater que tous ces phénomènes se manifestent à cause de l'économie africaine qui ne semble pas répondre aux exigences de la population et par l'accentuation des inégalités qui semble aujourd'hui ne pas relever de la fatalité.

Cependant, qu'en est-il de la demande de travail ? Par demande de travail on entend qu'il s'agit des diverses actions que mènent les entreprises africaines pour recruter une main d'oeuvre qui est généralement cruciale pour assurer le bon fonctionnement de leur économie. Cette demande de travail comporte de nombreuses spécificités particulières à la structure du marché du travail en Afrique sub-saharienne et qu'on ne retrouve nulle part ailleurs.

II : L'économie africaine crée t'elle des emplois : relations entre marchés du travail et faiblesses de la compétitivité

Les premières idées qui ressortent de nos précédentes recherches révèlent qu'il y a une très forte population active en Afrique sub-saharienne. En effet, beaucoup d'africains ont un emploi mais ces emplois sont souvent inadéquats et ne correspondent pas à ce qu'il y a de plus utile pour vivre correctement.

S'agissant des difficultés relatives au marché du travail, le manque d'emploi utile et productif est l'un des plus graves problèmes en Afrique sub-saharienne. Il y a une très grande part de la population active qui exerce des activités familiales (travail familial) formellement non rémunérées ou encore qui travaille à son compte. On retrouve globalement ici, la place très importante que joue l'agriculture dans la vie des africains.

Pour autant, que ce soit dans l'agriculture ou dans d'autres secteurs, il s'agit dans beaucoup de cas de travailleurs indépendants, qu'on retrouve en général dans les petites entreprises familiales de subsistance32(*).

Aujourd'hui, il y a malheureusement de graves insuffisances de la demande de travail. Ces problèmes sont liés, à l'incapacité des économies africaines à créer des emplois à un rythme suffisant pour ingérer de nouveaux venus sur le marché du travail, ou encore à la nette préférence des employeurs pour les travailleurs adultes par rapport aux jeunes. Certes ceux-ci ne possèdent pas forcément de compétences professionnelles, ni d'expérience, mais ils peuvent néanmoins compenser tous ces manques par une plus grande motivation, un potentiel plus important notamment dans de nombreux domaines, par ailleurs, ils font souvent preuve d'innovation et d'intuition.

Les économies africaines offrent t'elles des opportunités d'emploi aux plus démunis ?

Pour cela, il sera utile d'aborder dans une première section les principaux mécanismes de la demande de travail en Afrique sub-saharienne. Nous chercherons à voir quels sont les emplois proposés à la population active urbaine ainsi que les rémunérations qui y sont associés.

Il va falloir se replacer dans la logique dans laquelle nous nous trouvions lors de nos recherches faisant référence à l'offre de travail.

Le chômeur rentre sur le marché du travail afin de trouver le « meilleur » salaire qui lui conviendra et qui maximisera son bien être. Pour comprendre les mécanismes de la demande de travail il est utile de débuter par les explications qui se rapportent aux écarts de revenus. Par la suite, ces éléments vont nous éclairer sur la composition réelle du marché du travail en Afrique sub-saharienne. Il existe ainsi deux marchés du travail qui fonctionnent selon les attentes des demandeurs d'emploi.

Enfin dans une dernière section, nous essayerons de comprendre pourquoi les économies africaines ne parviennent-elles pas à s'élever au niveau mondial.

Section 1 : Quels emplois, pour quels marchés du travail: représentations des mécanismes de la demande de travail et les inégalités de revenus33(*)

En Afrique sub-saharienne, selon nos observations la quasi-totalité des emplois sont des emplois de subsistance qui génèrent des revenus très bas et qui créent des inégalités au sein de la population active. Pourtant, c'est à l'Afrique subsaharienne que la création d'emplois décents et productifs pour les jeunes serait le plus profitable : son PIB augmenterait de 12 à 19 pour cent (voir annexe 2)34(*).

Les auteurs DOERINGER et PIORE en 197135(*), ont cherché à expliquer ces écarts de revenus par ce qu'on appelle la « théorie de la segmentation » en considérant que le marché du travail est décomposé en deux segments. Pour eux, les écarts de salaires ne se résument pas seulement au fait que les individus ont une information imparfaite sur les salaires et les emplois (théorie standard) mais aussi parce que les salaires, les trajectoires professionnelles ainsi que la sécurité de l'emploi varient d'un segment à un autre.

Le premier segment n'est autre que le marché primaire, caractérisé par des entreprises qui ont un marché interne du travail protégé.

Le second marché du travail dit « marché externe » se caractérise par trois facteurs. Le premier c'est la relation «capital humain -salaire », les salaires sont maintenus à un niveau bas qui reste très nettement inférieurs aux salaires du marché du travail primaire. Le second facteur est l'instabilité qu'offrent ces emplois. Le troisième facteur concerne les difficultés d'accès des travailleurs sur le marché primaire.

Ainsi, il existe une connexion entre les deux marchés mais les points de concordance sont très faibles. Dans le deuxième marché on trouve des formes d'emplois plus atypiques, plus précaires, souvent à durée déterminée et qui vont se trouver progressivement dans la situation des travailleurs pauvres.

Cependant, en cherchant plus loin, on peut voir que cette théorie serait moins adaptée dans les pays d'Afrique sub-saharienne dans la mesure où ces pays sont caractérisés par la présence du secteur informel. Pour autant, l'existence d'un marché formel et informel urbain du travail dans ces pays et la détermination des salaires sont expliqués dans la théorie de la segmentation.

En effet, cette théorie intègre un schéma dans lequel les marchés du travail sont décomposés en trois secteurs.

Premièrement, il y a le secteur urbain structuré. Dans ce secteur, les salaires sont relativement élevés parce qu'il incorpore tous les agents du pays qui disposent d'une formation secondaire, universitaire. En outre, tous les agents souhaiteraient travailler dans ce secteur parce que non seulement on y trouve des salaires élevés mais qu'en plus il garantie la stabilité de l'emploi. De ce secteur découle donc ce qu'on peut appeler les « emplois salariés décents protégés » qui nécessitent un contrôle de travail et de protection sociale avec une rémunération supérieure au salaire minimum en vigueur.

Selon l'enquête 1-2 -3 dans les capitales de la zone UEMOA étudiées préalablement, l'emploi salarié décent correspond à 30%des emplois urbains disponibles, soit 23,8% des actifs occupés exerçant dans le secteur formel (privé, public et associatif) avec 8,4% de ces actifs dans le secteur formel public et para-public et 15,4% dans le secteur formel privé.

Pour Denis COGNEAU36(*), il y a une part importante d'actifs au sein des jeunes générations qui subit le rationnement des emplois dans le secteur moderne. Cela traduit le fait que dans les pays d'Afrique sub-saharienne seule une minorité d'actifs souhaitant travailler dans le secteur structuré est satisfaite. Selon cet auteur, cette situation s'explique par les insuffisances des capacités de production qui engendre un faible niveau de production dans le secteur formel. Ainsi, la demande de travail dans le secteur formel sera fonction du niveau de la production.

Deuxièmement, on a le secteur urbain non structuré composé de micro-entreprises qui proposent une large gamme de services et qui exercent le plus souvent sur des exploitations délaissées par le secteur structuré par faute de rentabilité. Ce secteur assure des emplois particulièrement aux migrants qui sortent des zones rurales et qui désespèrent trouver un emploi dans le secteur structuré. L'entrée dans ce secteur est ouverte à tous. En effet, pour certains auteurs, l'agent qui dispose d'un petit capital, peut se créer un travail indépendant. A contrario, l'agent ne disposant pas de capital, peut toujours effectuer des services pour autrui dans des conditions de travail souvent pénibles et pour un salaire dérisoire. Selon d'autres auteurs tels que Bruno LAUTIER37(*), pour s'insérer sur le marché du travail non structuré dit encore « secteur informel », il faut être intégrer dans des réseaux, être accepté par tous : fournisseurs, racketteurs ainsi que par la police.

Tous les offreurs de travail peuvent trouver un emploi en accédant à ce secteur. Cette facilité d'accès peut entre autre, constituer une limite. Néanmoins, on constate que l'entrée de nouveaux offreurs sur ce secteur diminue les revenus déjà très bas des offreurs présents.

Sur ce marché du travail, on distingue deux catégories d'emploi : les emplois salariés (irréguliers ou réguliers) non protégés et les emplois indépendants vulnérables qui relèvent essentiellement de ce secteur non structuré. Dans cette première catégorie on va trouver ce qu'on appelle les emplois « dépendants médiocres » qualifiés ou non qualifiés qui se démarquent par la faiblesse des revenus, l'absence de contrôle de travail et de protection sociale. C'est évidemment l'inverse du secteur formel structuré. Les emplois médiocres restent de loin ceux qui rassemblent le plus d'emplois vulnérables. Dans cette structure du marché du travail il existe également des inégalités de revenus entre salariés non protégés qualifiés et salariés non protégés non qualifiés.

« Selon des enquêtes du BIT dans cinq capitales d'Afrique Subsaharienne, suivant les pays 1,8 à 32,9 % des salariés qualifiés du secteur informel gagnent moins que le salaire minimum, contre 43,1 à 100 % pour les travailleurs non qualifiés et 92,8 à 100 % pour les apprentis ». Dans la seconde catégorie d'emploi proposée par le secteur urbain non structuré, on a donc les emplois indépendants vulnérables. L'objectif à long terme pour le salarié sera de sortir de cette classe « vulnérable » par échelonnement en essayant de se hisser dans la catégorie des salariés indépendants non vulnérables qui se trouvent à cheval entre le marché du travail urbain structuré et le marché du travail urbain non structuré. Les emplois indépendants des économies urbaines en Afrique sub-saharienne sont généralement occupés par des patrons de micro-entreprises qui sont très souvent des anciens salariés qui ont démissionné ou ont été licencié, ont été des anciens apprentis et aides familiales qui sont passés ou non par des emplois salariés, ou encore des anciens ruraux de l'agriculture. Ces travailleurs deviennent indépendants pour deux raisons particulières. La première, par contrainte soit parce qu'ils ont été licencié ou pour éviter qu'ils ne restent trop longtemps au chômage. La seconde, par volonté d'être indépendant et de rechercher de meilleurs revenus. C'est dans la première raison qu'on peut voir qu'il s'agit de travailleurs indépendants vulnérables parce que le statut d'emploi de travailleur indépendant est une phase de transition, le chômage leur est imposé c'est donc une contrainte tandis que, ceux qui désire vraiment être travailleurs indépendants pour des raisons positives, par pure volonté, seront à la recherche de l'objectif final décrit précédemment.

Enfin, le troisième secteur du marché du travail correspond au secteur agricole rural. On enregistre une baisse des cours qui a fait décliner la rentabilité du secteur, malgré ça, l'agriculture reste un secteur attractif. En effet, elle permet de développer des activités de subsistance. L'exemple a été clairement démontré en ce qui concerne le freinage de l'exode rural, il a été suggéré de retenir et de maintenir les jeunes dans ce secteur, sous prétexte qu'ils pourraient ainsi subvenir à leur besoin.

Pour résumé, le nombre d'emploi convenable et décent de l'économie urbaine en Afrique sub-saharienne dépend du niveau de l'offre de biens et services, qui dépend lui-même des capacités de production du secteur structuré. Or, on a pu remarquer que les capacités de production de ce secteur sont relativement limitées par rapport à l'offre de travail salariée, tous les agents offrant un travail dépendant ne pourront pas accéder à un emploi salarié décent. Certains individus vont travailler en tant qu'employés non protégés et d'autres vont créer leurs propres activités en offrant du travail indépendant.

Selon un rapport de DIAL (Développement, Institutions et Analyses de long terme) les choses ont à bouger encore. En effet, pour accentuer nos idées sur l'emploi des jeunes, ce rapport énonce qu'il apparaît que ceux-ci « ont payé le plus lourd tribu aux médiocres performances économiques du continent africain38(*) ». Les inégalités de revenus, le manque d'emploi décent suffisent à amoindrir les chances des jeunes à pouvoir vivre correctement et à assurer leur avenir.

A ce stade, les économies de l'Afrique sub-saharienne ne sont donc pas assez efficaces car elles sont globalement en difficulté pour offrir aux plus démunis un travail salarié leur permettant de faire vivre leur famille. Avec toutes ces données peut-on encore espérer que les entreprises de l'Afrique sub-saharienne fournissent des efforts considérables en termes de compétitivité pour intégrer le giron d'une économie mondiale en pleine expansion.

Section 2 : Une insertion difficile dans un contexte mondial incontournable : relation entre la compétitivité des entreprises africaines et la productivité du travail

L'Afrique d'aujourd'hui à une place très marginale sur le plan mondial. En effet, contrairement à l'Asie du Sud-est et de l'Est, elle n'a pas apparemment su tirer parti des avantages crées sur la scène mondiale. On dira même qu'elle a effectué le processus inverse, s'attachant à des exportations de matières premières et étant quasiment absente des marchés porteurs : ceux des produits manufacturés et des services.

Nous pouvons faire un petit état des lieux. Ainsi, les productivités très faibles liées à la surévaluation des taux de change qui ont été remarquées dans de nombreux pays et pendant très longtemps n'ont pas permis à cette région du monde d'être compétitive sur les nouveaux marchés porteurs, mais elles ont lentement détérioré la place qu'elle détenait sur les marchés de matières première, là où elle était assez compétitive (elle a maintenue des parts de marché sur les produits comme le café, le sisal, le coton et le tabac...).

Pour illustrer nos propos sur le manque de compétitivité, on utilisera l'exemple des entreprises textiles de l'Afrique de l'Ouest.

En 199839(*), la part des textiles africains sur les marchés internationaux est inférieure à 1%, dans un contexte de forte concurrence des pays asiatiques dont les parts de marchés sont solidement acquises, les pays africains et notamment ceux de la zone franc40(*), ont eu très peu de chances de percer.

Même sur leur propre marché, ces pays sont très concurrencés en raison de leur manque de compétitivité- prix41(*) mais aussi par leur manque de cohérence dans les choix qu'ils ont effectués. C'est à la suite de la baisse générale du pouvoir d'achat sur les marchés nationaux puis à la suite de l'instauration des plans d'ajustements structurels auxquels on ajoute la concurrence des produits asiatiques que les activités des entreprises textiles africaines on progressivement disparues.

Par ailleurs, ces entreprises seraient en difficulté parce qu'elles auraient choisi des stratégies de reproduction d'importation intégrant des technologies trop capitalistiques et non des stratégies de substitution des importations. Ces dernières visent à remplacer progressivement les importations par une production locale en commençant par les industries les plus simples (vêtements, produits alimentaires,...), l'Etat établit des protections douanières dans le secteur des biens de consommation mais instaure des droits de douane faibles sur les biens d'équipements afin d'encourager l'investissement.

Dans un contexte de très forte concurrence sur le marché mondial, les marges des entreprises africaines sont amoindries car les choix technologiques d'origine n'ont pas été réalisés conformément aux conditions de production locale. Ces éléments expliquent alors pourquoi aujourd'hui encore les prix de revient sont élevés et justifie donc le manque de compétitivité des entreprises textiles d'Afrique de l'Ouest.

Ainsi, l'inadaptation des modes de gestion opérés est à l'origine des écarts de productivité du travail. La productivité du travail est la « quantité de biens et de services que l'on peut obtenir en une heure de travail, grâce à une meilleure formation, à une meilleure organisation du travail, à une automatisation plus poussée de la production, à de meilleurs outillages et à un effort d'équipement sans précédent42(*)».

Si on reprend cette définition on peut comprendre qu'il y a différentes façons d'agir sur la productivité du travail par : l'introduction de nouvelles techniques, une meilleure gestion des ressources humaines en adaptant l'éducation et la formation aux besoins (facteurs de productivité et de compétitivité quand ils sont utilisés à bon escient), l'amélioration de la qualité des infrastructures...

Nous pouvons constater alors que le lien entre compétitivité-prix et la productivité du travail va dépendre des facteurs qui ont déterminé cette productivité.

La hausse de la productivité résulte principalement du fait que les entreprises combinent mieux capital, travail et technologie. Un manque d'investissement dans les ressources humaines, dans les équipements et les technologies peut entraîner une sous utilisation du potentiel de la main-d'oeuvre dans le monde.

C'est malheureusement le constat qu'on dresse aujourd'hui, il y a de trop grandes disparités quant à la productivité du travail, elles sont dues à une mauvaise répartition des facteurs de production, du capital et de la technologie.

Selon le directeur général du BIT, Monsieur Juan SOMAVIA la situation est préoccupante, il existe un trop grand écart de richesse. Il énonce qu' «augmenter les niveaux de productivité des travailleurs qui ont les plus bas revenus dans les pays les plus pauvres est la clé pour réduire les gigantesques déficits de travail décent dans le monde.»

A travers cette grande partie, il convenait de mettre en exergue les nombreuses difficultés auxquelles sont confrontées aujourd'hui toutes les économies de l'Afrique sub-saharienne. En effet, il n'est pas négligeable de dire, que les individus et notamment les jeunes seront parallèlement dans la même situation que leurs prédécesseurs, c'est-à-dire exposés à des emplois inadéquats intégrant des salaires d'existence médiocres.

Comme nous l'avons longuement répété, la diminution des emplois dans le secteur public constatée dans le cadre des ajustements budgétaires ne s'est pas suivi d'une relance de l'emploi dans le secteur privé moderne ce qui a condamné certain à rétrécir leurs champs de prospection pour trouver un travail décent. Par ailleurs, cette diminution peut être envisagée pour améliorer la productivité du travail mais en tant que seul facteur utilisé on ne pourra pas connaître l'évolution exacte de cette productivité à long terme.

En résumé, le lien productivité du travail et compétitivité-prix en Afrique sub-saharienne est très disparate dans la mesure où les entreprises ne sont pas assez performantes et que la productivité du travail reste très faible.

Le rapport sur le KILM (Key Indicators of the Labour Market43(*)) montre qu'un seuil critique de décollage de la productivité du travail peine à être atteint : 7 travailleurs sur dix se retrouvent dans l'agriculture. « En condition d'extrême pauvreté, le travail est long, dur et très improductif », d'où l'extension du phénomène des travailleurs pauvres.

Nous voyons alors qu'il n'est pas évident pour ces pays de sortir de la pauvreté. En effet, un autre problème de l'économie, succinctement évoqué ne va pas changer la donne. Il sera alors indispensable de porter un regard particulier sur le secteur informel en Afrique subsaharienne, catalogué aujourd'hui comme un secteur en pleine expansion.

III : Attention particulière portée à un secteur informel solidement implanté : quel avenir pour la jeunesse africaine ?

En ne mettant pas leur potentiel, leur productivité en avant, en ne leur fournissant pas de travail décent, les jeunes qui se retrouvent au chômage ont le sentiment d'être inutile, exclut, de ne valoir rien ce qui fragilise leur stabilité. Entre outre, cela les poussent à exercer des activités illégales pour pouvoir survivre.

Pourquoi le secteur informel est-il autant représenté en Afrique?

Entre autre, dans les années 1970, le secteur public dit encore secteur formel structuré était le premier employeur dans un pays où la population active urbaine ne cessait de croître. Or, le ralentissement des embauches des années 1980 s'est traduit par de profonds bouleversements sur le marché du travail urbain impliquant des licenciements importants dans le secteur privé qui n'a pas pris le relais. Les évolutions mouvementées du secteur formel n'ont fait qu'accélérer le développement du secteur informel

Selon certaines enquêtes, le secteur informel a pour but principal la satisfaction des besoins des ménages, principalement en biens de consommation courante (alimentation, habillement) et en services, il constitue également le mode d'insertion privilégié de la main d'oeuvre.

Tout cela laisse entrevoir que le développement du secteur informel dans les grandes villes d'Afrique subsaharienne témoigne plus d'une logique de survie que de l'émergence d'activités productrices qui offriraient une solution alternative à la crise du marché de l'emploi. Aujourd'hui, l'une des difficultés est de diminuer la productivité globale qui repose sur l'évolution des emplois vers des secteurs qui sont très peu productifs, ainsi que sur la précarisation croissante des emplois créés dans le secteur informel.

Le sort des jeunes arrivants sur le marché du travail dépendra dans une très large mesure de la croissance économique et du contenu de la croissance de l'emploi dans les divers secteurs de l'économie. Ainsi, dans cette dernière partie, centrée sur le secteur informel, on se posera certaines questions.

Dans une première section on s'interrogera sur les capacités des micro-entreprises « typiques » du secteur informel à créer des emplois. Une seconde section nous donnera quelques informations sur les conditions de vie de certains jeunes dépendants du secteur informel, livrés à eux même faute d'emploi.

Section 1 : La réalité africaine : la situation typique des micro-entreprises

Il est délicat de définir le secteur informel dans la mesure où il y a une diversité des acteurs constituant la main d'oeuvre de travail : les salariés non protégés et indépendants, mais aussi les apprentis et les travailleurs familiaux collaborant à l'entreprise familiale.

A partir delà, concentrons nous sur la définition donné par la XVème Conférence Internationale des Statisticiens du Travail (CIST) en 1993 : « le secteur informel peut être décrit, d'une façon générale comme un ensemble d'unités de production des biens ou des services en vue principalement de créer des emplois et des revenus pour les personnes concernées. Ces unités ayant un faible niveau d'organisation, opèrent à petite échelle de manière spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail et le capital en tant que facteurs de production44(*). »

Entre autre, le concept d' « emploi informel » se défini pour l'exercice d'une activité économique par le non enregistrement, l'absence de contrat ou de protection sociale. Le secteur informel lui-même en est donc une composante. Toujours selon la CIST, le concept d'emploi informel se réfère aux emplois comme unités d'observation.

Suite à ces définitions, on s'appuiera sur un segment défini en termes de nombre total d'employés travaillant dans une entreprise, ici ça sera le cas de la micro-entreprise, peu importe les statuts précédemment cités.

La micro-entreprise est donc un segment principal constitutif du secteur informel. Selon la classification internationale utilisée par le BIT, une micro-entreprise s'identifie dès lors qu'elle compte moins de 10 personnes employées.

Le constat qui ressort depuis une vingtaine d'années est que le secteur informel grossit de jour en jour. Concernant l'Afrique sub-saharienne et notamment de l'Ouest, les micro-entreprises représentent un poids important tant au niveau des emplois proposés que dans le nombre d'entreprise concernée.

On peut tirer d'une étude45(*) menée par Sarah MARNIESSE46(*) sur le marché du travail en Afrique sub-saharienne, que 85% des emplois crées en 1993 l'ont été dans le secteur informel. Autre exemple est celui de Yaoundé où on recensait en 1994 plus de 50% de personnes travaillant dans le secteur informel (en termes de respect des règlementations).

En 2006, les emplois étaient tous autant prépondérant dans ce secteur, plus de 90% des actifs occupés y étaient employés. Selon un rapport de l'Agence Française pour le Développement (AFD), le Cameroun est le pays type de l'économie informelle : le Cameroun est, selon toute vraisemblance, le pays d'Afrique sub-saharienne qui a un des taux les plus élevés d'emplois en secteur informel47(*)

« Les activités informelles, principalement celles des micro-entreprises progressent plus qu'elles ne régressent. » Il serait légitime de comprendre cette expansion. Les comportements des entrepreneurs de ce secteur sont variables. En effet, quand nous analysions les emplois proposés par les économies africaines, nous avons pu constater que dans le secteur informel parmi les travailleurs indépendants, il y avait ceux qui étaient devenu indépendants pour des raisons positives. Le plus souvent, il s'agit de petits entrepreneurs qui deviennent indépendants pour tirer parti des compétences et expériences acquises lors de leur passage dans le secteur formel et ce avant de monter leur petite affaire.

Dans cette optique, il semblerait que le développement de ces activités informelles ne doit pas être mal perçu en ce sens qu'elles ne dégradent pas forcément le marché du travail. Il est montré que parfois ces activités sont aussi compétentes que celles du secteur formel.

De ce fait, les activités informelles des micro-entreprises constitueraient elles des activités viables au niveau économique ?

Les éléments sur cette question sont très nombreux mais restent assez peu développés dans la mesure où les institutions n'ont pas établi de typologie au sein des micro-entreprises pour repérer celles qui peuvent créer à la fois des emplois et de la valeur.

L'idée dans cette section est de montrer qu'il existe un secteur informel vraiment enraciné en Afrique sub-saharienne. Ce secteur est donc principalement représenté par les activités informelles des micro-entreprises. Néanmoins, contrairement aux idées reçues, nous avons essayé de tempérer les propos, en montrant que les micro-entreprises pouvaient être capables de créer des emplois et qu'elles avaient également la faculté de développer certaines aptitudes telles que le capital humain favorisant ainsi l'embauche de d'autres employés.

Autrement dit, le gros problème concernant les économies sub-sahariennes c'est que les emplois qui sont développés dans les micro-entreprises sont certes faciles à créer mais peu rémunérés. En réalité, il y a donc de nombreux blocages qui tentent d'être dégagés depuis un certain nombre d'année par de nombreux programmes d'appui à la micro-entreprise dans le but d'aider les entrepreneurs indépendants. Cependant, on s'aperçoit que l'accroissement de la demande d'emploi par la population active constitue un réel désavantage car les débouchés ne sont pas suffisants et sont très instables.

Il ya donc de vraies difficultés à créer des emplois salariés viables dans les micro-entreprises en Afrique sub-saharienne. Pour les chercheurs de l'IRD qui ont conduit un certain nombre d'enquêtes sur ce sujet, l'un des principaux enjeux pour l'avenir, est de « réussir à ce que l'essor du secteur informel soit en adéquation avec les exigences du développement, en réorientant ce secteur vers des logiques plus productives48(*) ».

Cependant, il est difficile de rester optimiste après toutes ces observations concernant le retard de l'Afrique sub-saharienne en matière d'offre d'emploi pour les jeunes. Ces diverses réflexions mènent toujours à des résultats décevants qui traduisent une crise de l'emploi. On voit ainsi, les opportunités des jeunes à sortir un jour de leur pauvreté en constantes dégradations.

Section 2 : Les liens entre jeunes et crise de l'emploi : les conséquences inéluctables du secteur informel

Les possibilités d'emploi offertes par le secteur formel étant très faibles, les jeunes se retrouvent donc par contrainte dans le secteur informel. Aujourd'hui, il y a véritablement une crise de l'emploi en Afrique sub-saharienne.

Le jeune qui n'a pas un revenu suffisant pour se suffire à lui-même, reste une charge pour sa famille. De ce fait, la famille voit ses chances de sortir de la pauvreté s'amincir et les frères et soeurs eux, la possibilité d'accéder à l'instruction s'envoler, les parents préférant garder leur petite part de revenu aussi modeste soit elle car celui-ci ne leur permet pas d'envoyer leurs enfants à l'école, cela compromettant ainsi leurs perspectives d'avenir.

Autrement dit, on peut supposer par déduction que les futures générations se retrouvent prises au piège de la pauvreté. En effet, procurer un emploi décent aux jeunes leur permettrait d'assumer leur vie et celle de leur famille. En fournissant des emplois convenables, c'est leur donner, ainsi qu'à leur famille, une vraie occasion de sortir de la pauvreté.

Ces jeunes touchés par la crise de l'emploi sont confrontés à un manque de savoir et d'instruction, à une incapacité à intégrer le système scolaire, à une non assistance des pouvoirs publics et sont donc soumis à des conditions de vie précaires. Ainsi ce qui caractérise « l'enfant de la rue » c'est : la pauvreté, sa débrouillardise (le fait de survivre économiquement), l'individualisme (chacun fait son propre bizness pour s'assurer de meilleurs lendemains), la violence qu'il exprime pour revendiquer une place au sein de la population urbaine...

Christopher WAKIRAZA49(*) reprend dans ses recherches que « selon les estimations du professeur Mike MUNENE, de l'université MAKERERE à Kampala, 10 000 jeunes Ougandais étaient des enfants de la rue en 1995 et depuis leur nombre c'est multiplié. Ces jeunes de la rue sont assujettis aux pires formes du travail des enfants.50(*) »

Ce problème n'est donc pas sans conséquences aujourd'hui car il agit directement sur les plus jeunes générations c'est-à-dire les plus jeunes enfants, des enfants privés de leur jeunesse car le plus souvent contraints à travailler pour aider leur famille.

L'importance du travail des enfants est une caractéristique majeure du secteur informel où les règlementations qui interdisent le travail des enfants ne sont pas respectées. Au Cameroun, en 2006, « le taux d'activité est de 71,5 % pour une population âgée de 10 ans et plus. Ce taux fait alors apparaître le phénomène préoccupant du travail des enfants (39,9 % des enfants de 10 à 14 ans ont été recensés comme exerçant un emploi)51(*)

Selon le rapport de recherche de Soulèye KANTE consultant au BIT, il ya de nombreux facteurs qui font que les enfants sont soumis au marché du travail. Il y a avant tout : « l'insuffisance des capacités d'absorption du système conventionnel d'enseignement qui fait que la majorité des enfants n'ont pas la possibilité d'être scolarisés et se retrouvent ainsi dans le secteur informel, soit en situation d'apprentissage, soit en tant que travailleurs à leur compte ou pour le compte d'un autre acteur de l'informel (porteurs aux abords des marchés, laveurs de voitures, cireurs, employés dans le transport informel). Ensuite, il y a l'aggravation de la pauvreté, de telle sorte que la plupart des chefs de famille ne sont pas en mesure d'assurer les besoins sociaux de leur ménage. Enfin, la crise dans le secteur moderne pousse de nombreux employeurs à rechercher une main-d'oeuvre peu qualifiée, mais bon marché52(*) ».

Dès leur plus jeune âge ces enfants sont exploités en effectuant des travaux pénibles avec des horaires contraignants, le plus souvent pour de médiocres rémunérations.

Entre autre, ils ne bénéficient pas de protection sociale et se voient exposés à toutes sortes de dangers (maladies, accidents...). C'est donc pour lutter contre les pires formes de travail des enfants qu'en 1999, a été adopté la convention numéro C18253(*) approuvée par les gouvernements ainsi que les travailleurs et les employeurs. Elle réaffirme entre autre, les dispositions de la convention générale adoptée par l'OIT en 1973 (numéro 138) fixant l'âge minimum d'admission à un emploi.

De nombreuses conclusions sont à dégager de ce chapitre. En effet, nous avons pu mettre en évidence les caractéristiques du marché du travail en Afrique subsaharienne. Les premières tentatives de compréhension ont montré que la population active africaine est très forte et continue de s'accroître, ce qui renforce les flux migratoires en direction des villes dû notamment à l'exigence de l'urbanisation et maintient cette région du monde dans un environnement de grande pauvreté avec un chômage global qui accentue la fragilité particulière de la population, notamment celle des jeunes.

Le chômage est donc une des conséquences les plus significatives de la difficile insertion des jeunes sur le marché du travail mais on constate aussi que les économies sub-saharienne en générale n'offre pas plus d'alternatives. En effet, elles sont caractérisées par des faiblesses de compétitivité et par des problèmes de gestion ce qui ne peut donc pas permettre de régénérer la productivité du travail qui elle, s'enfonce petit à petit. Réussir à s'imposer dans le commerce mondial n'est donc pas très envisageable, en tout cas pas dans l'immédiat. L'Afrique subsaharienne conserve une place très marginale à cause notamment de ces difficultés économiques et son insuffisance à gérer les problèmes de sa population en particulier ceux des jeunes générations.

Malgré l'analyse pragmatique du marché du travail, l'attention a été particulièrement posée sur le secteur informel qui constitue l'une des principales dynamiques du marché du travail aujourd'hui dans ces pays. En effet, on a pu voir que les micro-entreprises « animatrices » principales du secteur informel pouvaient être une des solutions pour permettre la création d'emploi s'il n'y avait pas ces nombreux blocages de nature « inconnue » dans l'étude de la viabilité économique de leurs activités. Enfin, on s'est interrogé sur les perspectives d'avenir pour la jeunesse africaine. A croire que les difficultés rencontrées avec les adolescents et jeunes adultes ne suffisaient pas, il faut en plus qu'elles concernent les plus jeunes. Ainsi, l'espoir de voir un jour tous ces jeunes sortir de la pauvreté reste minime.

Y a-t-il des responsables de tous ces désastres ? Comme nous l'avons déjà dit, il n'y a rien de fatal à cette histoire. D'une part, l'éducation joue un rôle central dans l'accès des jeunes au marché de l'emploi (chapitre 2). D'autre part, il n'y pas que cet aspect du problème puisque l'on peut s'apercevoir que ces jeunes sont les premiers qui payent les conséquences des politiques calamiteuses de leurs gouvernants qui tentent par tout les moyens aujourd'hui de rétablir une vision plus emblématique de leurs états respectifs à travers la volonté de développer les emplois pour les jeunes (chapitre 3).

CHAPITRE 2 : La responsabilité de l'éducation à l'égard de l'offre d'emploi pour les jeunes africains

En guise d'introduction, rappelons que la main-d'oeuvre jeune en Afrique sub-saharienne est celle qui augmente le plus dans le monde. Il est donc admis de dire que beaucoup de jeunes sont obligés de trouver des emplois précaires dans le secteur informel et dans le secteur agricole pour survivre, ces jeunes ont perdent jour après jour toute confiance en eux.

L'éducation est un droit humain fondamental, proclamé par tous les Pactes internationaux relatifs aux droits de l'homme. « L'éducation pour tous est importante et ce pour trois raisons. Un, l'éducation est un droit. Deux, l'éducation accroît la liberté individuelle. Trois, l'éducation apporte une contribution formidable au développement54(*). » (John Daniel)

 

L'école est un lieu d'enseignement des valeurs, on y acquiert l'épanouissement individuel et collectif, c'est également le lieu de construction de la démocratie. La démocratie ne pouvant pas ainsi être envisagée dans un monde d'analphabètes. Selon le rapport mondial sur la jeunesse de 2007, il y a de grands progrès qui ont été réalisé en matière d'éducation en Afrique sub-saharienne. En effet, le taux brut de l'école primaire est passé de 57% en 1999 à 70% en 200555(*). Néanmoins, certains affirment qu'il faut utiliser ces chiffres avec prudence car ceux-ci sont souvent manipulés par les chefs d'Etats contre de l'argent.

La situation actuelle, montre que le taux de scolarisation n'est pas pleinement atteint. Est-ce parce que les gouvernements africains n'ont pas fait de l'éducation leur priorité et donc n'ont pas mis à disposition les moyens matériels et financiers permettant aux jeunes d'accéder à la connaissance ? Est-ce parce que les systèmes éducatifs en Afrique sub-saharienne ne sont pas au coeur des stratégies de développement ?

L'accès à l'éducation est donc toujours un sérieux problème pour de nombreux jeunes qui demeurent dans la pauvreté. Les principaux enjeux mettent l'accent sur le fait que l'Afrique doit pouvoir compter avant tout sur elle (sur ses ressources) pour son propre avenir. En effet, elle seule peut définir correctement ses stratégies. Pour cela, la société africaine doit pouvoir savoir lire et écrire. Développer l'employabilité des jeunes est crucial pour leur donner une chance d'accéder à un emploi et une carrière professionnelle viable et ainsi leur permettre d'assurer une place de premier choix sur le marché du travail.

Autrement dit, les défis à mettre en place en vue d'améliorer la situation des jeunes en termes d'emploi sont de mettre en oeuvre simultanément les politiques d'éducation et celles du marché du travail en adéquation.

Néanmoins, de nombreuses questions restent en suspend : les jeunes sortis du système scolaire trouvent ils un emploi ? Les enseignements dispensés sont ils cohérents avec les compétences que devront requérir les jeunes pour se procurer un emploi ?

Dans une première partie nous nous intéresserons aux politiques éducatives de l'Afrique sub-saharienne. On s'interrogera sur la qualité de l'enseignement, sur les facteurs d'amélioration de la qualité, savoir quels ont été les changements particuliers depuis la décolonisation. Il conviendra également de voir comment se caractérise globalement le système scolaire. En effet, si l'éducation est nécessaire pour tous, on peut constater entre autre que tous les individus n'y ont pas facilement accès, notamment les filles qui dès leur plus jeune âge sont confrontées à des inégalités d'accès à l'éducation.

Enfin dans une seconde partie, nous verrons que l'école est certes une chance pour tous de performance et d'amélioration des connaissances mais qu'aujourd'hui concernant les problèmes d'obtention d'un emploi fixe et convenable, les enjeux à surmonter sont beaucoup plus profonds. En effet, les problèmes relevés dans certains pays comme la France en matière d'emploi des jeunes indiquent qu'un étudiant sorti du système universitaire, acquiert un niveau d'instruction satisfaisant, mais parfois il rencontre des difficultés à être rémunéré à hauteur de ses qualifications. Le niveau général de l'instruction n'est il pas une cause du chômage des jeunes ? Dans le cas de l'Afrique sub-saharienne, il ya a trop souvent des problèmes rencontrés lors du passage de l'école à la vie active. En effet, les jeunes n'ont pas le plus souvent les connaissances, les compétences nécessaires pour trouver l'emploi qu'il désire effectuer. Un autre problème qui souligne cette inadéquation entre l'école et la vie professionnelle est le rôle que joue la femme africaine dans la société. Ainsi, aujourd'hui, il y a un profond décalage entre l'éducation de la fille, l'emploi réservé à la femme, la pauvreté et les actions réellement menées pour que tout cela change. Il s'avère donc important de redéfinir la place des femmes africaines.

I : Caractéristiques des politiques éducatives et système d'instruction

Les enfants qui ne vont pas à l'école, sont ceux dont les parents sont pauvres. Il faut mettre en place les systèmes d'éducation avec cohésion. Les communautés internationales se sont données comme priorité en 1990, lors de la Conférence mondiale de l'éducation pour tous, de promouvoir au niveau universel, l'éducation pour tous (EPT)56(*).

Depuis cette conférence, des efforts considérables ont été faits et les systèmes éducatifs ont connu une augmentation des effectifs. « Le taux net total de scolarisation dans le primaire dans les régions en développement a atteint 88% au cours de l'année scolaire 2004/2005, alors qu'il n'était que de 80 % en 1990/199157(*) ». Le programme des Nations Unies pour le développement, réaffirme que les pays pauvres se sont engagés à travers les Objectifs du Millénaire pour le Développement58(*), à investir dans leur population à travers dans de nombreux domaines, notamment celui de l'éducation.

L'enseignement à l'époque coloniale était dispensé à une minorité d'africain et devait être adapté aux objectifs et aux besoins des métropoles coloniales. L'éducation relevait des fonctions des missionnaires dont le rôle consistait à créer des écoles dans le milieu rural. La scolarité reposait sur l'enseignement du catéchisme, la lecture et le calcul, mais également des connaissances pratiques telles que la menuiserie ou encore la maçonnerie59(*). Cependant, les mauvais cotés de l'éducation à cette période ont montré que les colonisateurs voulaient imposer leur culture et ont de ce fait, marginalisé les valeurs traditionnelles.

Aujourd'hui de nouvelles orientations essaient de gommer ces injustices restées dans l'ombre pendant cette période, en réaffirmant le rôle que joue la culture au sein de l'éducation.

Tableau 2 : Nombre estimé d'enfants non scolarisés, par sexe et par régions (1990 et 2000)

Enfants non scolarisés (en milliers)19902000TotalGarçonsFilles%FTotalGarçonsFilles%F

Monde108782

401696861363

104189

451445904557

Pays en développement103301

373116599064

100169

428625730757

Pays développés

183110208114418291035749443

Pays en transition

364918371812502191124794443

Afrique subsaharienne

3464717225204225444025207972322853

Etats arabes

8531312154106374082971443760

Asie et Pacifique

Asie centrale

11205555665062332330048

Asie de l'Est

et Pacifique

70912046504471140237114690949

Asie du Sud et

de l'Ouest

3991710087298307532411110942131766

Amérique latine et Caraïbes

939045584832511949850109956

Amérique du Nord et Europe occ.

18091001807451808102174844

Europe centrale et orientale

157617025252194397496950

Source : estimations de l'ISU, révision de 2003.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

En 2000, l'Afrique sub-saharienne a été la région du monde où le taux de scolarisation est resté le plus faible et là où il y a le plus d'enfants non scolarisés.

L'UNESCO a dégagé un certain nombre de principes directeurs pour l'éducation interculturelle sur lesquels les organisations et gouvernements doivent s'appuyer pour améliorer les politiques éducatives. Il s'agit entre autre de trois principes élaborés pour donner des consignes et directives sur la bonne mise en oeuvre du processus d'éducation.

Le premier principe repose sur le respect de l'identité culturelle de l'apprenant en dispensant pour tous un enseignement de qualité culturellement approprié et adapté. Le second englobe le fait que l'apprenant doit disposer des connaissances, des attitudes, et compétences culturelles nécessaires pour qu'il puisse participer activement et pleinement à la vie de la société. Enfin, le dernier principe concerne le fait que l'éducation interculturelle doit dispenser à tous les apprenants les connaissances, attitudes et compétences qui leur permettront de contribuer au respect, à la compréhension et à la solidarité entre individus, groupes ethniques, sociaux, culturels et religieux et nations60(*).

Ainsi, de nombreux progrès restent à faire quant à l'aménagement des systèmes éducatifs et dans notre première section, nous verrons la qualité des contenus d'enseignement dispensés aux jeunes. Les conditions dans lesquelles s'effectuent les cours sont loin de répondre aux exigences fixées. Il a de grandes différences en matière d'éducation au niveau quantitatif et surtout au niveau qualitatif.

Dans une seconde section, il s'agira de voir que l'accès à l'éducation est très inégal entre les filles et les garçons, qu'il existe encore d'énormes disparités. La destinée est plus compromise chez les filles car elles n'ont pas les statuts qui font d'elles des êtres de droit au même titre que les garçons, on préfère alors leur confier des activités contribuant au fonctionnement quotidien de leur famille, telle que des activités domestiques, de gardiennage (garder les frères et soeurs en bas âge).

Section 1: La qualité de l'éducation61(*)

Outre l'expérience, l'école est le moyen pour une population d'acquérir des connaissances et des compétences. Il est important de pouvoir savoir si l'apprentissage des enfants en Afrique sub-saharienne permettra demain qu'ils puissent rentrer dans la vie active convenablement. L'accroissement de la qualité de l'éducation est donc aujourd'hui primordial.

Selon le Programme d'Analyse des Systèmes Educatifs de la CONFEMEN (PASEC)62(*), il faut retenir une mesure d'évaluation de la qualité d'éducation, celle des acquisitions des élèves à travers des tests exercés dans les disciplines enseignées. C'est donc prendre en compte l'apprentissage des enfants, il s'agit alors, d'analyser le processus d'acquisition.

Dans ce programme a été établi un modèle temporel du processus d'acquisition. Ainsi deux catégories de facteurs interviennent dans ce processus.

La première catégorie concerne les conditions de scolarisation qui englobent les caractéristiques : des enseignants (formation, ancienneté...), de la classe (taille, mode d'organisation...), de l'école et de son environnement (équipements, zone géographique...). La seconde catégorie correspond aux caractéristiques individuelles de l'élève. Il faut entre autre, prendre en compte les connaissances initiales des élèves et ensuite voir comment ils adaptent celles-ci au cours de l'année d'étude.

L'objectif à atteindre est donc d'assurer l'éducation pour tous. D'ici 2015, l'Afrique sub-saharienne connaîtra une augmentation des jeunes à scolariser environ 176 millions d'enfants seront concernés (tableau numéro 3).

Tableau 3 : Accroissement du nombre d'élèves entre 1987 et 2001

et entre 2001 et 2015

Elèves scolarisés (en milliers)Croissance des effectifs passée et requise (en %)1987200120151987-20012001-2015CEDEAO

1964630 14155 043

+53,4%+82,6%CEMAC

331249767989

+50,2%+60,6%Afrique

72 711106 140176 208

+45,9%+66%

Source : La question enseignante dans la perspective de la scolarisation primaire

universelle en 2015 dans les pays de la CEDEAO, CEMAC et PALOP, Pôle de Dakar,

UNESCO-BREDA / France-ministère des Affaires étrangères.

Tiré de « Profils enseignants et qualité de l'éducation primaire en

Afrique subsaharienne francophone : Bilan et perspectives de dix années de recherche

du PASEC ».

CEDEAO : Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

 

En outre, cette volonté d'accroître la scolarisation des enfants, doit passer par le recrutement massif de professeurs (voir tableau numéro 4).

Ce sont donc deux éléments liés. Néanmoins, ce qui se passe en Afrique sub-saharienne, est que pour mettre en place les politiques éducatives en adéquation avec l'accroissement des enfants scolarisés, il a fallu embaucher des enseignants à moindre coûts, c'est-à-dire avec une rémunération moins importante que celle des enseignants fonctionnaires.

Il s'agit d'enseignants mis en place soit par la fonction publique tels que les professeurs contractuels (ou volontaires) ou par la communauté (maîtres de parents ou communautaires)

Tableau 4 : Evolutions passées et futures du nombre d'enseignants

du secteur public pour atteindre la scolarisation universelle

Enseignants publicsCroissance des effectifs passée et requise (en %)1987200120151987-20012001-2015CEDEAO

490 133694 4261 262 660

+42%+82%CEMAC

46 75760 956176 171

+30%+189%Afrique

1 961 2822 698 8783 809 563

+38%+41%

Source : La question enseignante dans la perspective de la scolarisation primaire

universelle en 2015 dans les pays de la CEDEAO, CEMAC et PALOP, Pôle de Dakar,

UNESCO-BREDA / France-ministère des Affaires étrangères.

Tiré de « Profils enseignants et qualité de l'éducation primaire

en Afrique subsaharienne francophone : Bilan et perspectives de dix années de recherche

du PASEC ».

CEDEAO : Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

 

Ces enseignants contribuent ils à l'amélioration de la qualité de l'éducation ? Comment améliorer la qualité de l'éducation ?

Entre les enseignants fonctionnaires et non fonctionnaires il y a des différences en termes de rémunération, d'expérience et de formation professionnelle. Cependant, il n'y a pas de différence dans les acquis des élèves entre ces deux catégories d'enseignants, les résultats sont donc concordants. En effet, dans les classes africaines, les enseignements pédagogiques sont très basiques, ce qui ne requière pas de niveau élevé de formation académique et initiale.

Pour autant, il convient de noter que même si ces caractéristiques des enseignants n'influencent que modérément les acquis des élèves, la formation professionnelle entre autre, peut agir sur ces acquis. Ce qu'il est important de voir, c'est que l'enseignant joue quand même un rôle important dans le processus d'acquisition individuel des enfants, dans la mesure où ce processus varie selon l'enseignant.

Il convient aujourd'hui de comprendre qu'il y a de nombreux moyens d'agir sur la qualité de l'éducation en Afrique sub-saharienne.

On peut dégager une première partie de moyens d'amélioration de la qualité s'agissant des modes de gestion des systèmes d'instruction. Concernant l'enseignant lui-même, il s'agit d'améliorer sa pédagogie d'où l'importance de sa motivation professionnelle, de son envie d'enseigner et la connaissance de langues d'enseignement. On peut aussi accroître le nombre d'heure d'enseignement mais il y a de nombreux facteurs à prendre en compte, les conditions locales (climatiques et productives) mais cela dépend aussi de l'absentéisme de l'enseignant, du non remplacement de celui-ci ; toute l'amélioration de l'éducation nécessite d'adapter l'organisation scolaire aux conditions locales. La gestion de l'école et la participation des parents dans l'éducation des enfants sont tout aussi essentielles.

Dans un second temps, il doit être accordé des moyens en termes d'équipement et de matériel. La particularité de ces moyens est qu'ils engendrent des coûts financiers relativement importants. Il faut pouvoir mettre de côté les mesures qui entraînent des coûts trop élevés et les remplacer par d'autres à plus faibles ressources.

Les études du PASEC réalisées montrent qu'il y a des solutions appropriées pour ne pas avoir des coûts excessifs. En termes d'efficacité, c'est l'équipement en livres qui l'emporte. Selon les chercheurs du programme, donner accès à des bibliothèques publiques pourrait être moins coûteux qu'en distribuer, surtout que leur utilisation revêt une importance capitale. La dotation en outils pédagogiques disponibles dans toutes les classes pour éviter d'avoir des classes surchargées, l'amélioration des infrastructures, mais aussi l'enrichissement de l'environnement au niveau culturel, familial, permettent de relever les niveaux généraux de cette population pauvre. Cela passe également par une part non négligeable donnée à la nutrition des enfants pour qu'ils soient dans de bonnes conditions physiques.

Au Cameroun, en matière d'éducation, il y a de grandes difficultés liées à une « perception négative » de l'école. Cette conception est négative car elle met en avant les coûts excessifs qu'engagent les familles les plus démunies, les problèmes sociaux en ce qui concerne le mariage précoce des filles. Malgré tous ces problèmes, ce pays à eu la volonté significative d'améliorer le système d'instruction et d'éducation. Une amélioration qui a constitué une des conditions d'éligibilité du pays à l'initiative PPTE63(*), ainsi, pour l'année 2006, l'éducation de base a consacré un budget atteignant les 103,6 milliards de FCFA (environ 158 millions d'euro).

Pour autant, la volonté d'amélioration de la qualité de l'enseignement montre qu'il y a d'énormes progrès à réaliser pour parfaire l'apprentissage des élèves mais aussi satisfaire par la suite les exigences du marché du travail en termes de connaissances et de qualifications. En effet, « l'Afrique sub-saharienne, qui a connu une progression considérable, reste cependant à la traîne derrière d'autres régions, avec 30% des enfants en âge d'aller à l'école primaire qui restent non scolarisés. Une forte impulsion devra être donnée au cours des années à venir afin de scolariser tous les enfants et ainsi de leur donner le droit à une éducation de qualité64(*) ».

Par ailleurs, il existe encore trop d'inégalités d'accès à l'éducation entre les enfants de sexes différents. Ce sont les filles les plus touchées par ce phénomène, ce problème doit être envisagé comme une autre condition primordiale d'amélioration de l'éducation en Afrique sub-saharienne.

Section 2: Privilégier l'éducation pour tous  pourtant toujours des problèmes d'accès à l'enseignement : des filles encore privées d'éducation

De nombreuses disparités sexuelles sont dues aux systèmes scolaires coloniaux. La scolarisation des filles est relativement faible et les écarts observés entre garçons et filles sont très élevés65(*). En Afrique subsaharienne, les taux de solarisation sont généralement faibles et les disparités entre garçons et filles sont très accentuées (voir figure numéro 5).

Selon l'UNICEF, « la discrimination entre les sexes, freine les initiatives de développement, et fait obstacle au droit fondamental qu'à tout enfant d'aller à l'école. » Ils estiment par ailleurs que pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement, il faut tenir compte des filles. De nombreuses femmes sont privées d'instruction et ne peuvent donc ni améliorer leur situation, ni celle de leurs enfants66(*). Ce même rapport indique que les filles qui n'ont pas accès à l'enseignement, sont plus susceptibles d'être confrontées à l'exploitation, à la violence, à la pauvreté, aux mauvais traitements....

Il existe donc de nombreux obstacles (comme par exemple les distances élevées entre le foyer et l'école, le manque d'installations sanitaires...) qui compromettent cet accès et l'élimination de ces obstacles permettrait de contribuer à améliorer et à développer des établissements scolaires pour qu'ils reçoivent ainsi les enfants en âge d'aller à l'école. Il est important que la société africaine puisse acquérir de « vraies valeurs morales » sur le potentiel des filles et que la scolarisation de celles-ci soit sur un même pied d'égalité que la scolarisation des garçons, soit le devoir de tout un chacun.

Ainsi, à l'inverse des généralités observées en Afrique sub-saharienne en matière d'accès à l'éducation des filles, au Ghana, a été crée une Unité pour l'éducation des filles au sein du service d'éducation du Ghana en 1997 qui a eu pour objectif de mettre en oeuvre des interventions pour améliorer l'accès des filles à l'éducation. Cela passe par certaines mesures telles que : des offres de bourses et de bicyclettes, clubs de camps, abolition des frais de scolarité, publication d'un rapport national sur le statut de la parité des sexes dans l'éducation67(*)....

Figure 5 : Disparités entre les sexes sur les taux nets de scolarisation

dans les régions d'Afrique sub-saharienne en 1998

Source: Rapport de suivi sur l'éducation pour tous (2001)

http://www.unesco.org/education/efa/monitoring/pdf/monitoring_report_fr.pdf

Liste des pays:

ANG Angola, BDI Burundi, BKF Burkina Faso, BOT Botswana,

CAR République Centrafricaine, CHD Tchad, COI Comores, ERI Erythrée

ETH Ethiopie, GAM Gambie, GBS Guinée Bissau, GUI Guinée,

IVC Côte d'Ivoire, LES Lesotho, LIR Libéria, MAG Madagascar,

MAR Maurice, MLI Mali, MOZ Mozambique, NAM Namibie

NER Niger, DRC République Démocratique du Congo, RWA Rwanda

SEN Sénégal, SIL Sierra Léone, SWA Swaziland, TOG Togo, ZAM Zambie

ZIM Zimbabwe

Dans le système colonial, l'emploi et l'enseignement constituaient deux variables interdépendantes. Aujourd'hui, l'école est un « objet singulier », et il devient utile de reconnecter ces deux notions. Malgré tous ces efforts réalisés en matière d'amélioration de la qualité de l'enseignement et d'augmentation du nombre de filles dans les systèmes éducatifs, les jeunes doivent pouvoir acquérir des compétences, des connaissances qui leur permettent de trouver un emploi et des attitudes qui les préparent aux imprévisibles fluctuations du marché du travail auxquelles ils auront à faire face tout au long de leur vie professionnelle68(*).

II : Une inadéquation entre l'école et la vie

Il y a de nombreuses difficultés rencontrées au moment du passage de l'école à la vie active.

Cet état de fait résulte principalement de l'inexpérience relative des chercheurs d'emploi et du fait que, dans leur recherche d'un travail décent et productif, les jeunes changent fréquemment d'emploi69(*).

La volonté de faire du système scolaire le moteur de l'amélioration de l'employabilité des jeunes n'a pas encore véritablement porté tous ses fruits puisque bons nombres de jeunes sortent du système avec des compétences limitées. On constate alors, que ces jeunes manquent d'apprentissage et de compétences qui leurs seront nécessaires pour l'obtention d'un emploi.

Malheureusement, beaucoup d'entre eux quittent l'école très tôt, faute de ressources financières ou par obligation d'aider leurs parents à faire vivre leur famille. Selon certaines études, les jeunes qui abandonnent le plus tôt l'école sont issus de groupes sociaux, ethniques, régionaux particuliers.

Le marché du travail doit pouvoir être stimulé pour permettre d'accueillir toute cette jeunesse. Le jeune et sa famille espèrent que par le biais de l'école les perspectives d'emploi se dessineront, qu'il pourra trouver un travail et notamment un emploi qu'il aura rêvé d'exercer.

Le constat actuel que nous poserons dans une première section portera sur le fait que même en sortant du système scolaire, les jeunes ne trouvent pas forcément un travail, d'une part à cause de la restriction de l'emploi imposée par le marché du travail et d'autre part par manque d'apprentissage et de compétence qui ne sont pas en adéquation avec le peu d'emplois offerts par ce même marché.

Dans notre seconde section, il s'agira d'analyser le rôle et la place de la femme africaine aujourd'hui. En effet, l'éducation des filles est une priorité, mais qu'en est-il de leur avenir à leur sortie du système scolaire ? Elles, sont victimes de la non reconnaissance de leur statut de femme et sont celles qui souffrent le plus de la pauvreté à cause de la discrimination à l'embauche.

Section 1 : Le décalage entre le manque d'apprentissage/de compétence, les projets futurs et les emplois offerts

Les systèmes éducatifs sont très importants mais le développement de l'employabilité l'est également. Il faut pour cela, trouver les moyens d'améliorer cette employabilité pour permettre aux jeunes de réussir leur passage de manière stable et définitive sur le marché du travail.

On constate un fossé entre les politiques éducatives et celles du marché du travail. En effet, l'éducation doit pouvoir tenir compte des besoins du marché du travail.

Les progrès à réaliser sont dans la redéfinition de nouveaux intérêts, de compétences et de performances, dans la mise à jour des programmes d'enseignement et de qualifications. La passerelle entre enseignement et emploi doit être en permanence équilibrée.

Dans les pays développés, de nombreux programmes combinant à la fois expériences professionnelles (stages) et formation scolaire sont répandus et très privilégiés. L'expérience professionnelle associée à la scolarité peut alors fournir des conséquences positives sur l'intégration durable des jeunes sur le marché du travail. L'apprentissage sous forme de stage serait donc requis durant la scolarité.

Certaines évaluations de programmes montrent que les compétences insuffisantes sont en partie l'une des causes du chômage des jeunes.

Les politiques éducatives ont leur rôle à jouer mais celles du marché du travail doivent aussi inclure la formation professionnelle comme un ensemble cohérent, indispensable pour des jeunes à la recherche de compétences sociales et d'attitudes de travail pour chercher un emploi décent et utile.

Cependant comme il a été montré précédemment, au Cameroun le budget allouer à l'éducation est important, mais pourtant, les jeunes sortis des systèmes scolaires et des systèmes de formation n'arrivent pas à trouver un emploi.

L'heure des enjeux à sonner, dans une région du monde où les efforts sont notables dans la volonté d'améliorer l'éducation pour les filles. Les femmes, elles, n'ont pas encore trouvé la place qui leur est due quant à l'accès un emploi, convenable, décent et productif. Elles se cantonnent dans des activités précaires et sont les plus touchées par la pauvreté.

Section 2 : Femmes, emploi et pauvreté : le lourd fardeau de la jeune femme africaine, la nécessité de redéfinir la place des femmes

Trois notions dans cette section sont intimement liées : la femme, l'emploi et la pauvreté. Ainsi, quand on parlait de la qualité des politiques éducatives, il a été montré qu'il y a une nécessité de combiner deux objectifs. La réduction de la pauvreté et la promotion des femmes permettent à la fois de trouver des solutions pour améliorer les systèmes éducatifs et élargir les perspectives d'avenir des jeunes en général, mais particulièrement celles des femmes.

En effet, l'éducation permet d'accroître la productivité à la fois des hommes et des femmes. Il a été démontré que les jeunes femmes éduquées ont peu d'enfants, en meilleur santé et mieux éduqués70(*).

Selon le BIT, davantage de jeunes femmes accèdent à l'éducation mais entrent plus tard sur le marché du travail. Cela souligne « l'inefficacité de l'économie à offrir des emplois à sa jeunesse en dépit d'un investissement accru dans l'éducation des filles. »

A quoi servent l'accroissement et les bienfaits de l'éducation chez les femmes si les emplois proposés sont médiocres, dégradants et les confortent dans une situation de pauvreté ?

En effet, le problème qui devient récurrent est que les femmes sont plus soumises au chômage et aux emplois précaires que les hommes. Chez les femmes de l'Afrique sub-saharienne, emploi rime avec pauvreté. La précarité des emplois qu'elles occupent montre qu'elles travaillent pour survivre.

Autrement dit, le marché du travail africain est très disparate en ce qui concerne l'égalité d'accès aux emplois. Les femmes sont alors plus vulnérables à la pauvreté. Celles-ci sont moins présentes que les hommes dans des activités payantes et sont regroupées de façon disproportionnée dans le secteur informel et l'emploi précaire71(*).

Les jeunes femmes ne peuvent souvent pas bénéficier des occasions de profiter des formations à cause des blocages qu'elles rencontrent dans l'accès aux formations, de la discrimination dont elles sont victimes à la sélection....

Lors de leur passage à la vie active, les nombreux clichés liés au statut de la femme, poussent le personnel enseignant ainsi que les services d'aide et d'assistance à l'emploi à ne pas les aider à se perfectionner ni à les orienter vers des filières de formation les menant à des revenus et une situation sociale élevés et plus stables.

En effet, elles sont incitées à s'engager dans des formations qui conduisent à un travail mal rémunéré, peu spécialisé, avec de faibles perspectives d'évolution de carrière, ce sont en grande partie des emplois domestiques comme par exemple la confection de vêtements ou encore la production alimentaire, tandis que les hommes, eux, sont encouragés à effectuer des formations conduisant à exercer des emplois plus spécialisés et qualifiés, basés sur des technologies plus modernes.

Les mesures pour éliminer les discriminations et les inégalités doivent passer par la création d'opportunités d'emplois, qui doit être efficace pour promouvoir la participation des femmes au sein de la société et permettre le développement de leur employabilité.

L'OIT en collaboration avec son Centre international de formation à Turin, a lancé un «  programme des capacités pour la promotion de l'emploi, de l'égalité entre les sexes et pour la suppression de la pauvreté (GPE) » dans le but de lutter contre la pauvreté, l'exclusion sociale par l'emploi productif et pour améliorer la qualité de l'emploi des femmes72(*).

Dans ce chapitre, nous avons tenté de démontrer que l'éducation avait un rôle important vis-à-vis de l'offre d'emploi. En effet, l'éducation contribue à la productivité du travail et développe l'employabilité des jeunes. La volonté d'améliorer la qualité de l'éducation est un défi majeur, mais n'est pas sans conséquences. Ainsi, dans un premier temps il a été vu que certaines études ont mis en avant les nombreux moyens à dégager pour enrichir la qualité de l'éducation (baisse des coûts liés à l'achat de livres scolaires en mettant à disposition des bibliothèques publiques), il en ressort qu'il faut effectuer de grands progrès quant à l'acquisition et au déploiement de ces moyens.

Dans un second temps, il s'agissait de voir qu'il existe dans toute la région de l'Afrique sub-saharienne de nombreuses disparités concernant l'accès à l'enseignement. Aujourd'hui, ce problème constitue une priorité principale dans le combat de lutte contre la pauvreté. Désormais, le slogan est « l'éducation pour tous », privilégier l'augmentation des filles dans les écoles et leur donner la chance de pouvoir assurer leur avenir.

Par ailleurs, nous avons vu que les politiques éducatives doivent être en perpétuelle interaction avec les besoins du marché du travail. De plus, les femmes ont le lourd fardeau et la nécessité de s'occuper des activités de subsistance de leur famille respective (collecte d'eau, prise en charge des enfants...), mais il faudrait élargir les possibilités de formation des femmes. Leur proposer des formations ainsi adaptées à leurs besoins et capacités, leur permettre de suivre une progression sociale idéale, combinant à la fois une bonne éducation et une meilleure perspective d'avenir, nécessitant un emploi convenable pour vivre correctement et sortir de la pauvreté.

Il est vrai qu'il est difficile de maintenir ces deux variables en équilibre, et de supprimer tous les risques rencontrés lors de l'insertion des jeunes sur le marché du travail. C'est pour cela, que toutes ces difficultés doivent être prises en charge par l'Etat et les autres institutions (chapitre 3). Au fil du temps, ces différents acteurs se mobilisent et contribuent de plus en plus au développement de l'emploi des jeunes. Mais, ce n'est pas toujours une tâche facile dans la mesure où les états africains sont marqués par des faiblesses structurelles.

La volonté reste toujours la même, à savoir : une réduction immédiate et durable de la pauvreté en corrigeant la situation critique du marché du travail et en harmonisant les politiques d'aide à l'emploi des jeunes.

CHAPITRE 3 : L'implication des divers acteurs dans le fonctionnement du marché du travail

Au début de ce chapitre, nous devons rappeler que le cadre d'action de Dakar73(*) précise que «les gouvernements ont le devoir de veiller à ce que les buts et objectifs de l'éducation pour tous soient réalisés de façon durable».

L'Afrique est face à de nombreux défis qu'elle doit réaliser. L'Afrique d'aujourd'hui doit pouvoir compter sur sa population et particulièrement donner aux jeunes la chance d'exploiter leurs compétences. Ceux-ci ne doivent plus continuer à subir les conséquences des erreurs passées dues aux mauvaises politiques de gestion du territoire.

Il faut actuellement que les politiques se rendent compte qu'il faut miser sur l'employabilité des jeunes que ce soit au moment où ils rentrent sur le marché du travail ou sur la durée qu'ils y restent.

L'ampleur du secteur informel en dit long sur le fait que les états de l'Afrique sub-saharienne sont marqués par de grandes faiblesses en termes d'organisation, de légitimité ainsi que dans leur domaine d'intervention. Les moyens d'actions d'un Etat sont généralement vastes et l'Etat, pour ce qui est du marché du travail, est surtout un employeur très important.

En Afrique sub-saharienne, il est difficile de concevoir un Etat absent du marché du travail. En effet, selon les problèmes répertoriés sur le marché du travail, il conviendrait de voir un Etat présent, renouvelant sans cesse sa légitimité. Le marché du travail dans ces économies est très mouvant, caractérisé par de fortes instabilités qui agissent directement sur les conditions de vie des familles, accentué par l'exploitation de certaines catégories de travailleurs comme les enfants et les femmes, ou encore généralisé par la pauvreté et les sentiments d'exclusion et d'inégalité. L'Etat doit donc être le garant d'un environnement sain et équilibré.

Quelles sont les principales préoccupations de l'Etat ? Comment l'Etat réagit-il face à la montée du chômage? Quelles sont les politiques mises en oeuvre, en matière d'emploi et de réduction de la pauvreté ?

Dans une première partie, nous tenterons d'évaluer les préoccupations réelles des Etas africains, on tentera d'examiner l'influence que ceux-ci joue dans le fonctionnement du marché du travail, sur les politiques mises en oeuvres. Il en ressort, que généralement l'Etat est affecté par des faiblesses structurelles. En effet, l'intervention de l'Etat sur le marché du travail, est limitée. La croissance du secteur informel est l'un des exemples d'illustration. Cependant, ces faiblesses se sont véritablement propagées après l'instauration des programmes d'ajustements structurels dans les années 1980. Ainsi, de nombreuses réformes dans la fonction publique ont été entreprises, celles-ci traduisent un désengagement de l'Etat dans la régulation du marché du travail.

L'objet de notre seconde partie portera sur le rôle que joue d'autres acteurs tels que les organisations non gouvernementales, dans l'aide à l'emploi et à l'assistance des jeunes. Ces acteurs sont très nombreux et s'engagent à lutter contre la pauvreté en Afrique sub-saharienne. C'est la région du monde la plus frappée par les fléaux (maladies, pauvreté, exclusion...). Les diverses unions africaines tentent de trouver des solutions, en redéfinissant leurs stratégies et en ciblant correctement leurs priorités. Ainsi, l'une des principales priorités de la CONFEJES est avant tout le développement de la participation des jeunes.

I : Faiblesses structurelles ou Etat désintéressé : sur quoi se fondent les politiques en matière d'emploi ?

Le contexte économique en Afrique est marqué par de nombreuses instabilités. En effet, comme nous avons pu le constater, le marché du travail est dans une situation alarmante. En effet, la libéralisation du marché du travail constituait une des dynamiques essentielles des programmes d'ajustements structurels instaurés après la crise économique des années 1980.

« L'Etat a un rôle essentiel à jouer au niveau des droits, d'un environnement favorable des acteurs privés, de la prise en charge des services sociaux, des infrastructures et de la protection de l'environnement, ainsi que dans le domaine de l'assurance et de l'assistance permettant de protéger les groupes vulnérables 74(*)».

Pour essayer d'améliorer la situation du marché du travail, les Etats africains devraient concentrer leurs actions dans deux domaines. En effet, la très grande majorité de la population africaine travaille dans l'économie rurale (agriculture) et dans le secteur informel. Il serait utile de déployer des efforts conséquents quant à la recherche d'alternatives dans ces deux domaines.

Dans une première section, on démontrera que l'Etat est caractérisé par de vraies faiblesses structurelles à cause de nombreux dysfonctionnements. Par ailleurs, l'explosion du secteur informel traduit l'insuffisance de l'Etat à faire respecter les règles édictées.

Dans une seconde section, il s'agira de montrer que les ajustements structurels consistaient avant tout à réformer en profondeur l'ensemble du secteur public. Cela mettra en avant le fait que ces mesures ont eu pour conséquences de réduire l'influence de l'Etat dans la régulation du marché du travail.

Section 1: Le r™le de l'Etat dans la régulation du marché du travail des économies en Afrique sub-saharienne

Les structures étatiques des pays de l'Afrique sub-saharienne sont encore marquées par les dispositifs issus de la colonisation. Elles sont quasiment effondrées dans certains pays.

Depuis l'indépendance, de nombreux conflits ont éclatés, nous obligeant à établir des relations entre les phénomènes de crises, les conflits qui mettent en scène les réalités ethniques dans cette région africaine intensément perturbée et aux frontières très floues.

L'Etat, à un faible pouvoir de pression, celui-ci se limitant aux grandes villes et à ses périphéries. Les états africains sont imprimés de la plus infâme corruption. En effet, la population vit au rythme de la perversion, ce qui contraint l'application et le respect des règles de droit établies.

Concernant la fiscalité, on ressent l'appauvrissement des structures de l'Etat, l'indifférence de l'administration dans les deux secteurs de l'économie africaine : les secteurs formels et informels.

Il y a un décalage, entre le rôle que devrait jouer l'Etat dans la régulation du marché du travail et l'influence qu'il a exactement sur ce marché.

Par conséquent, le manque de moyens, les déséquilibres des organisations ainsi que l'altération font que l'Etat n'arrive pas à imposer son autorité et ces diverses instabilités compromettent les possibilités qui lui étaient offertes de mettre en place les dispositifs nécessaires au développement durable (infrastructures, ressources complémentaires...), de son territoire.

L'influence et l'intervention de l'Etat dans la régulation du marché du travail sont très faibles. Celles-ci, sont très bien démontrées quand il s'agit d'étudier le secteur informel.

Comme nous pouvons l'observer, les micro-entreprises qui composent en majorité le secteur informel, échappent à la règlementation du travail.

Le tableau suivant montre que ces entreprises cherchent constamment à éviter les systèmes d'enregistrements (les motifs qui sont donnés par les patrons montrent qu'ils semblent ignorer la législation) qui sont obligatoires et à contourner la loi en ce qui concerne le versement de l'impôt, ce qui prêtent à confusion quant aux limites du secteur informel et au commencement de l'économie souterraine.

Tableau 6 : Motifs de non enregistrements au Cameroun

Type de registresPatenteDéclaration

Stat. et fiscaleRegistre

du CommerceSécurité sociale

Trop cher34,33,65,31,7Démarches trop compliquées2,74,412,01,4Non obligatoire46,954,054,258,0Ne sait pas s'il faut s'inscrire6,630,620,728,8En cours d'inscription0,70,21,50,1Autres raisons8,67,26,310,0TOTAL100100100100

Source : F. Roubaud, Le secteur informel à Yaoundé, Enquête 1-2-3, DIAL, novembre 1993

Tiré de « marché du travail en Afrique subsaharienne », Denis COGNEAU,

Sarah MARNIESSE, J.Y MOISSERON, ECONOMICA, 2000, 173pages.

 

« Les règlementations touchant la sécurité, la durée du travail, les mesures d'hygiène sont très peu respectées non seulement dans le secteur informel mais aussi dans la fonction publique ou e secteur moderne. Il serait plus exact de parler d'a-légalité, dans le sens où l'Etat n'existe simplement pas pour le secteur informel ». (Jean Yves MOISSERON75(*))

Aujourd'hui, il convient de mettre en avant, les notions de démocratie et de bonne gouvernance qui sont les éléments fondamentaux pour assurer la réussite des politiques de développement en Afrique sub-saharienne, notamment en ce qui concerne le marché du travail.

Ainsi, la démocratie permettrait d'améliorer le bien être de la population, d'accroître la croissance et de diminuer les inégalités. L'enquête 1-2-3 déjà citée préalablement, stipule que les notions « sur l'emploi, le secteur informel et la pauvreté ont été élargies aux questions de gouvernance et de démocratie76(*)».

Le respect des libertés individuelles est également un moyen de contribuer au développement, de même qu'une bonne gestion de l'administration publique permet : de réduire les discriminations par exemple en éliminant la corruption, et d'augmenter le sentiment de vivre dans une société plus juste77(*).

L'Etat est très fragile et l'absence de démocratie est la principale cause de ce déséquilibre. Une des fois où l'Etat à su prouver sa capacité à faire face aux dysfonctionnements de ses structures caractérisées comme « tangibles », c'est au moment où il s'est complètement désengager laissant alors le libre recours aux institutions internationales dans l'application des programmes d'ajustements structurels, modifiant ainsi, les formes de régulation du marché du travail.

Les politiques mises en oeuvre visent alors à limiter le rôle de l'Etat dans le secteur économique. Ces réformes passent alors par des licenciements permettant soi-disant d'instaurer une plus grande flexibilité du marché du travail (baisse des effectifs dans la fonction publique, dégradation des salaires nominaux, baisse du pouvoir d'achat des ménages) et à oublier le rôle principal de la régulation du travail qui était de fournir aux jeunes diplômés des débouchés.

Section 2: Les conséquences des réformes de la fonction publique sur le marché du travail

Pour améliorer l'efficience économique de l'Afrique sub-saharienne, on été mis en place les programmes d'ajustement structurels (PAS) par le Fonds Monétaire International (FMI) dans le cadre des restructurations des dettes extérieurs des pays qui avaient les plus lourds déficits dans leur balance des paiements.

Sur les trois déferlements de plans d'ajustements structurels78(*) imposés dans la fonction publique, l'OIT considère, qu'il n'y a que la seconde vague de ces programmes instaurés des années 1986 à 1988, qui visaient à réformer le service public en rendant l'influence de l'Etat plus efficace, soit par des efforts de modernisation, soit par une compression d'effectif.

Les restructurations ou réformes de la fonction publique ont été d'abord établies sur un plan interne, elles consistaient à réduire les dépenses publiques tout en améliorant le fonctionnement du secteur public. En second plan, elles résultaient de facteurs externes qui étaient en relation avec les exigences de privatiser, ce qui devait minimiser le rôle de l'Etat dans l'économie.

Ces objectifs principaux des réformes structurelles concernant la fonction publique s'appuyaient sur des mesures qui permettaient: de rationaliser le fonctionnement des entreprises publiques, de privatiser une partie de ses activités et d'améliorer le fonctionnement de l'administration79(*).

Concentrons-nous sur la première réforme qui est la rationalisation des entreprises publiques. Selon J.Y MOISSERON, il y a principalement deux étapes qui ont soutenues la rationalisation des entreprises.

La première possibilité offerte aux gouvernements, a été de donner à la branche d'administration considérée, le statut d'entreprise (illustré par les exemples des entreprises africaines d'eau, d'électricité et de transport).

La seconde étape, est la transformation de ces entreprises publiques en société, ce qui leur offre un caractère autonome, ces sociétés peuvent alors, être dans une position avantageuse en cas de concurrence avec des entreprises privées.

Ainsi, les entreprises peuvent réajuster leur gestion en distinguant des activités rentables, les activités les moins rentables, cela étant rendu possible grâce aux obligations légales et fiscales auxquelles ces entreprises doivent se conformer.

Entre autre, le réajustement de la gestion passe par la réalisation de contrats entre les entreprises et l'Etat. Il s'agit essentiellement de contrats de plan, de gestion et de services.

Toujours selon MOISSERON, ces contrats de plan ont été très utilisés notamment pour permettre à l'Etat définir ses champs d'intervention. Ceux-ci, définissent les objectifs des politiques à mener et s'accompagnent d'un financement pour encadrer sur une période donnée, le bon déroulement de ces objectifs. Les décisions de gestion ressortent exclusivement de l'entreprise.

Les contrats de gestion, correspondent pour leur part à une privatisation de la gestion de l'entreprise publique. L'Etat garde en outre la propriété du patrimoine. Ce type de contrat, laisse les gestionnaires agir à leur guise en ce qui concerne les politiques en matière d'emploi. Cette rationalisation se traduit le plus souvent, par la privatisation des entreprises publiques ou de certaines de leurs activités.

Pour prendre en main ces réformes structurelles, ont été établies de nombreuses actions, à court (réduction de la masse salariale, compression des effectifs...) et à long terme (productivité et efficacité de la fonction publique...).

Au final, ces restructurations se sont soldées par des compressions budgétaires qui ont eu des répercussions sur l'emploi. La rationalisation des entreprises publiques a renfloué le nombre de chômeurs. Les stratégies envisagées n'ont pas exploités assez largement dans leurs applications le lien entre chômage et pauvreté. Ce qui explique que les compressions d'effectifs n'ont eu que des effets négligeables dans l'équilibre budgétaire.

En effet, les employés licenciés ont été principalement des agents peu rémunérés, pour lesquels les indemnités de départ ont été relativement très élevées.

Il a donc fallu trois générations de PAS pour comprendre qu'il y a d'autres facteurs à privilégier dans les processus de restructuration de la fonction publique en Afrique sub-saharienne mais également dans tous les pays en voie de développement.

Les effets escomptés n'ont pas cependant été pareils dans tous les pays de l'Afrique subsaharienne. En effet, l'Ouganda est l'une des formes de réussite80(*) des PAS dans le domaine de la fonction publique.

« En 1990, une commission a rédigé un livre blanc prévoyant de vastes réformes. Ce livre blanc a été approuvé par le gouvernement et appuyé sans réserve par le Président Yoweri MUSEVENI81(*). Il prévoyait de modifier les structures, les effectifs et le système de gestion financière  y compris le système de paie - et d'adopter un système de gestion axé sur les résultats. Le but de la réforme était de combattre la bureaucratie et de rationaliser l'appareil de l'Etat en réduisant le nombre de ministères et de départements. Le PAS de 1994 a élargi et défini plus précisément les objectifs de la réforme de la fonction publique. Ainsi, des directives ont été établies pour le recrutement, l'avancement, le licenciement et la retraite du personnel des ministères.

Comme prévu par le livre blanc, l'Ouganda a ramené le nombre de ses ministères de 34 à 18. Les effectifs de la fonction publique ont été réduits de 44 pour cent; 40 000 travailleurs fantômes ont été radiés; le nombre d'agents temporaires a été ramené de 110 000 à 44 000. Ces ajustements ont permis de porter le salaire minimum de la fonction publique au même niveau que le salaire minimum vital. L'Ouganda poursuit son effort de restructuration dans le but de réduire la masse salariale, de rationaliser la répartition des tâches, de privatiser certaines fonctions et de décentraliser diverses activités82(*). »

A contrario, selon l'OIT, le Ghana qui a été l'un des premiers pays dans lesquels ont été établi les programmes d'ajustements structurels, qui a entre autre, servi de modèle aux pays concernant la restructuration du service public à toutefois, connu un échec. Ces plans ont échoué car ces réformes étaient gérées de l'extérieur et constituaient à licencier mais s'accompagnaient de programmes de réinsertion. En résumé, les résultats sont donc inégaux selon les pays.

Il y a certains éléments qu'il convient ici de souligner, c'est que s'il existe des modèles de réussites en termes économiques, celles-ci passent comme des moyens pour la population de se taire et de soumettre aux politiques mises en place.

En effet, un certains nombres d'incidents concernant les grèves de certaines travailleuses survenus en 2003 en Ouganda montrent que « réclamer leur droit à un salaire et à des conditions décentes, sont des obstacles à la bonne marche des affaires. Les motivations économiques sont souvent invoquées comme motifs pour supprimer le droit légitime de faire grève83(*). »

Dans beaucoup d'états, les préoccupations réelles sont basées sur des motivations économiques, préférant alors dégrader la situation sociale de la population.

Ces réformes n'ont pas su atténuer les souffrances des économies africaines et on peut constater qu'aujourd'hui il y a par conséquent,une aggravation intensive du chômage.

Les PAS ont donc eu en contre partie des effets particulièrement affligeants pour la population qui reste très massivement pauvre. S'il faut passer par une réforme de la fonction publique, il faut avant tout mettre l'accent sur les ressources humaines qui sont concernées par ces structurations.

La convention numéro 142 sur la valeur des ressources humaines de 197584(*), stipule qu'il faut «encourager et aider toutes personnes, sur un pied d'égalité et sans discrimination aucune, à développer et à utiliser leurs aptitudes professionnelles dans leur propre intérêt et conformément à leurs aspirations, tout en tenant compte des besoins de la société» (article 1 paragraphe 5).

Il faut favoriser alors la formation pour le service publique : l'enseignement secondaire et supérieur (appui politique dans ces programmes de questions administratives, création de cours connexes dans les universités...), la formation initiale (investissements dans une formation spécialisée au stade initial, compétences nécessaires à l'emploi dans le secteur public), la formation en cours d'emploi (mises à jour des compétences et des connaissances, activités permettant d'accompagner l'évolution de l'administration publique...).

Les efforts concentrés dans les ressources humaines sont donc bénéfiques à long terme.

Selon l'OIT, les réformes de la fonction publique doivent reposer sur des principes primordiaux tels que la transparence et la franchise dans les politiques d'actions publiques pour garantir la prise de bonnes décisions, l'égalité des chances pour tous, le retour au plein emploi et une réduction significative de la pauvreté.

Il s'agit de placer la participation de la population (empowerment85(*)) au coeur des stratégies de développement. L'Etat doit redéployer ses domaines d'intervention sur le marché du travail dans les catégories qui relèvent de l'amélioration des conditions de vie telles que la santé ou encore le capital humain.

Ces investissements publics sont à la longue porteurs de progrès, d'enrichissement de la productivité, de perfectionnement de la compétitivité des différentes économies.

Ainsi, divers autres acteurs aident l'Etat qui a un rôle assez minimal sur le marché du travail, à assurer des politiques fiables en ce qui concerne le développement de l'emploi et le soutien des jeunes pour élargir leurs perspectives d'avenir.

II : Le rôle des autres acteurs et organismes d'aide à l'emploi

Les divers gouvernements ainsi que les différentes organisations doivent pouvoir mettre à disposition des mécanismes permettant d'encourager et d'appuyer les programmes d'aide à l'emploi des jeunes.

En outre, différentes stratégies doivent être mises en oeuvre pour réduire la pauvreté : l'aide à l'emploi, la formation des jeunes, la mise en place du microcrédit, la valorisation de la formation professionnelle, le développement de l'esprit d'entreprise....

Dans la volonté de lutter contre la pauvreté on distingue de nombreux acteurs, ils constituent une grande diversité sur le marché du travail : l'Etat (contrôle, régulation, arbitrage) que nous avons vu précédemment, les syndicats et associations professionnelles, les ONG (coopération), le secteur privé (profit, concurrence, marché), la société civile (voix, action collective) et les organisations privées volontaires86(*).

Dans une première section, nous verrons que même si ces acteurs sont nombreux il existe peu de dispositifs de recherche pour aider les jeunes à trouver un emploi convenable et de long terme. L'information sur le marché du travail doit être améliorée et les politiques visant à renforcer la demande d'emploi pour les jeunes doivent être augmentées.

Dans une deuxième et dernière section, nous étudierons un exemple particulier de programme appuyé et soutenue par la CONFEJES pour promouvoir économiquement la participation des jeunes au développement.

Section 1: Des dispositifs de recherches et d'informations présents mais peu développés

L'insertion des jeunes sur un marché du travail « imparfait » est très difficile ce qui justifie l'intervention des pouvoirs publics et de divers organismes dont le but est de leur favoriser l'accès à un emploi, par des dispositifs ou des programmes qui visent à les aider et les assister.

« Une meilleure connaissance des possibilités du marché du travail, la nature et la location de l'emploi, les conditions et possibilités salariales et de travail et l'assistance nécessaire pour exploiter cette information est vitale pour l'amélioration du fonctionnement du marché du travail. L'information sur le marché du travail, par des conseillers d'orientation compétents peut contribuer à augmenter le nombre et l'adéquation des emplois proposés par les employeurs et qui intéressent les personnes à la recherche d'un emploi, à réduire la fréquence et la durée du chômage et à augmenter en général l'efficience du fonctionnement du marché du travail87(*). »

Beaucoup de jeunes se heurtent à des difficultés quand il s'agit de trouver les informations dont ils ont besoin notamment celles qui se « rapportent aux passerelles entre éducation et perspectives du marché du travail. »

Ainsi, concernant les activités du marché du travail, de nombreux états africains participent à des projets pour améliorer les systèmes d'informations.

L'objectif du projet mené par AFRISTAT88(*) (Observatoire Economique et Statistique d'Afrique Subsaharienne) est « d'améliorer les informations du marché du travail et de renforcer les systèmes de suivi de la pauvreté afin de disposer d'information appropriée pour la formulation, l'évaluation de politique et encourager la participation et la responsabilité rédibitionnelle dans le processus de développement. L'objectif spécifique du projet est de renforcer les capacités des gouvernements, des partenaires sociaux, des institutions nationales des pays bénéficiaires pour la collecte, l'analyse et la dissémination régulières des informations relatives au marché de l'emploi et le suivi des données de la pauvreté. »

A l'issue de l'initiative pour les PPTE, ces Etats ont parallèlement élaborés des documents de stratégies de réduction de la pauvreté (DSRP89(*)) qui ont permis d'établir de grands programmes de développement. « Etant donné leur importance pour le développement des pays à faible revenu, les documents stratégiques de réduction de la pauvreté pourraient constituer un bon outil de promotion de l'emploi des jeunes », a stipulé Monsieur Makha Dado Sarr90(*), ancien Secrétaire exécutif adjoint de la CEA91(*).

Par ailleurs, les jeunes doivent effectuer des choix décisifs concernant leur avenir professionnel. Il faudrait mettre à leur disposition des systèmes d'information sur l'offre et la demande de compétence sur le marché du travail tels que des documents écrits, des ateliers et des conseillers pédagogiques pouvant les renseigner sur les compétences à acquérir pour prospecter un type d'emploi, des informations concernant l'évolution des carrières correspondant à un métier particulier, internet et autres utilisations des NTIC.

Or, dans beaucoup de pays, la plupart des transmissions d'informations aux jeunes sur la connaissance du monde du travail et ses caractéristiques sont limitées.

Cependant, au Cameroun, le Fond National de l'emploi (FNE)92(*), engage de multiples programmes et outils de développement d'emplois (le PED programme emploi diplômés ; la PREJ insertion des jeunes diplômés en entreprise ; la semaine pour l'emploi des jeunes...).

Tous les dispositifs de recherche mis en oeuvre sont certes peu nombreux, mais cela caractérise la persévérance et la ténacité des organismes et autres acteurs à fournir des efforts considérables en ce qui concerne l'amélioration de la diffusion de l'information sur le marché du travail.

Par conséquent, il existe de véritables intentions pour aider les jeunes à sortir de la pauvreté et la précarité, c'est l'exemple de la CONFEJES.

Section 2 : Aider les jeunes à sortir de la précarité et de la pauvreté: la volonté d'intégration de la CONFEJES93(*)

La Conférence des ministres de la Jeunesse et du Sport des pays ayant le français en partage (CONFEJES) est une institution intergouvernementale créée en 1969 qui a pour objectif de «  promouvoir la participation des jeunes pour réussir les changements stratégiques porteurs de développement économique et de cohésion sociale. »

Globalement, la CONFEJES, contribue pour la jeunesse à travers un programme d'insertion économique qui favorise l'emploi des jeunes et qui soutien : la conception de projet entrepreunarial, la création d'entreprise, l'orientation et la formation dans le métier choisi, le financement de microprojets de jeunes entrepreneurs...

Ainsi, l'esprit d'initiative peu contribuer à réduire le chômage, à développer l'employabilité des jeunes et à améliorer les conditions sociales et économiques des différents états les plus démunis. La contribution à cet esprit d'initiative devrait passer par le soutien à l'expansion des entreprises les plus fiables, la création de réseaux d'assistance, des conseils en matière entreprise et un soutien d'encadrement.

Les financements de la CONFEJES s'inscrivent dans le cadre du FIJ (fond d'insertion pour les jeunes) et accompagnent les jeunes sur les voies du développement affirmées par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

Par exemple, le 8 Mai 2008, dix-sept jeunes diplômés ivoiriens, sans emploi dont les projets de créations de micro-entreprises étaient primés, ont bénéficié des chèques bancaires en vue de concrétiser leurs projets.

Par ailleurs pour compléter cet exemple, nous pourrons constater que « l'OIT a mis au point un kit de formation « Know About Business », qui s'adresse aux jeunes en formation dans des instituts professionnels ou techniques. Ce kit est destiné à encourager les jeunes à faire des choix de carrière comme l'entreprenariat ou l'auto-emploi. Il donne des indications sur les atouts à réunir et sur les défis à relever pour réussir à créer ou à gérer une entreprise94(*). »

Dans ce chapitre, il a été clairement exposé que les Etats en Afrique sub-saharienne sont caractérisés par des faiblesses structurelles dues notamment aux réformes de la fonction publique imposées à partir des années 1980 avec l'introduction des plans d'ajustements structurels qui a diminué considérablement la taille du secteur public. Le secteur informel est une bonne illustration, il croît jour après jour et l'accent n'est pas suffisamment mis sur les valeurs essentielles qui relèvent de l'amélioration des conditions de vie de la population. Pour certains, « les préoccupations des jeunes et leur contribution potentielle au développement n'ont pas suffisamment retenues l'attention des dirigeants africains95(*). »

Autrement dit, les stratégies d'emploi doivent véhiculées l'espoir, permettre l'intégration des jeunes et favoriser leur insertion sociale au sein du développement des différents pays de l'Afrique sub-saharienne.

Pour cela, des efforts ont été réalisé avec le soutien de d'autres acteurs dans la mise en place de nombreux programmes d'aide au développement de l'emploi des jeunes et à l'amélioration du marché du travail en Afrique sub-saharienne.

Conclusion

 Selon un professeur d'histoire en Angleterre qui a requis l'anonymat, « il est fort probable que le chômage des jeunes en Afrique devienne, dans les années à venir, une menace pire que le terrorisme. Parce que, explique-t-il, dans une situation d'incertitude, d'inutilité et d`exclusion, ces jeunes sont enclins à des actes de destruction massive des biens de l'Etat96(*) ».

Il faut alors promouvoir une croissance et une politique à forte intensité d'emploi pour les jeunes.

Les stratégies d'emploi des jeunes doivent être essentielles pour le développement des jeunes eux mêmes, de la population, du pays,...Elles doivent être intégrées et constituer une priorité dans les stratégies globales d'éradication de la pauvreté.

ANNEXES

Annexe 1 : La croissance de l'industrie (en pourcentage) entre 1981-1986 et 1987-1991

Pays dont la politique économique s'est fortement améliorée entre 1981 et 1991Ghana

Tanzanie

Gambie

Burkina Faso

Nigeria

Zimbabwe

8,2%

12,1%

-2,3%

2,5%

10,1%

3,9%

Pays dont la politique économique s'est légèrement amélioréeMadagascar

Malawi

Burundi

Kenya

Mali

Sénégal

Ouganda

3,9%

5,0%

-0,2%

2,0%

9,1%

2,8%

17,3%

Pays dont la politique économique s'est détérioréeBénin

Rwanda

Sierra-Leone

Togo

Congo

Côte-d'Ivoire

Cameroun

Gabon

-4,4%

-4,1%

7,8%

7,4%

-4,1%

-1,1%

-16,5%

1,8%

Source : Banque Mondiale (1993b)

Tiré de « marché du travail en Afrique subsaharienne », Denis COGNEAU, Sarah MARNIESSE, J.Y MOISSERON, ECONOMICA, 2000, 173pages.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Annexe 2 : Estimation de la croissance du PIB si le chômage des jeunes était réduit de moitié

PIB

2003

(en milliards)Estimation

basse

(en milliards)Estimation

haute

(en

milliards)Croissance

en

pourcentage

(estimation

basse)Croissance

en

pourcentage

(estimation

haute)

Monde

49'8702'1733'4774.4%7.0%

Economies industrialisées

26'6561'1361'8184.3%6.8%

Economies en transition

3'1112053296.6%10.6%

Asie de l'Est

7'3831141831.5%2.5%

Asie du Sud-est

2'1901011624.6%7.4%

Asie du Sud

3'5791492384.2%6.7%

Amérique Latine et Caraïbes

3'8351862984.9%7.8%

Moyen-Orient et Afrique du Nord

1'9391382217.1%11.4%

Afrique sub-saharienne

1'17714322812.1%19.4%

Source: Estimations des auteurs. Les chiffres du PIB sont tirés de la base de données des Perspectives de l'économie mondiale du FMI, avril 2004

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Références bibliographiques

-Améliorer la qualité de l'éducation en Afrique subsaharienne : Quelques résultats du Programme d'Analyse des Systèmes Educatifs de la CONFEMEN, K. MICHELOWA, Institut d'Economie Internationale de Hambourg (HWWA), 8 pages.

- Compte-rendu de la cérémonie de lancement officiel de l'édition française du Ensemble avec les JEUNES : un guide pratique pour travailler de concert à l'emploi des jeunes, Réseau pour Emploi de Jeunes en Afrique de l'ouest (Youth Employment Network for West Africa), 3 pages.

-Economie : les règles du jeu, Michel Didier, ECONOMICA, 2e édition, 1989.

-Jeunes et culture de la rue en Afrique urbaine, TK. BIAYA, Politique Africaine, Décembre 2000, 31pages.

-L'Afrique et les Objectifs du Millénaire pour le Développement, A. RHAZAOUI, L-J. GREGOIRE, S. MELLELI, ECONOMICA, 2005, 619 pages.

-L'Afrique face à ses défis démographiques : un avenir incertain, Sous la direction de Benoît Ferry, Karthala, CEPED, AFD, Paris, 2007, 8 pages.

-L'Afrique peut-elle être compétitive ?, Claire MAINGUY, Collection Economie et développement, Edition KARTHALA, 1998, 209 pages.

-L'Afrique qui se refait, sous la Direction de L. FAVREAU, A.S FALL, Presse de l'Université du Québec, 393 pages.

-La formation professionnelle en secteur informel, rapport sur l'enquête terrain au CAMEROUN, Agence Française pour le Développement, Mai 2006, 45 pages.

- La situation des enfants dans le monde, rapport de l'UNICEF, 2004, 147 pages.

- L'école et les filles en Afrique, scolarisation sous condition, Marie-France LANGE, KARTHALA Edition, 1998, 254 pages.

- L'économie du développement de Bandoeng à la mondialisation 2ème édition, Stéphanie TREILLET, Collection CIRCA dirigé par C.-D. ECHAUDEMAISON, Edition Armand Colin, 2007, 231 pages.

-L'emploi en Afrique, aspect critique du problème, Bureau International du Travail, Genève, la Tribune de Genève, Suisse, 1973, 245 pages.

- Marché du travail et compétitivité en Afrique subsaharienne, Denis COGNEAU, Sarah MARNIESSE, J.Y MOISSERON, ECONOMICA, 2000, 173pages.

-Marché du travail urbain et pauvreté en Afrique subsaharienne : un modèle d'analyse, A. ZERBO, 2006, 24pages.

-Petits patrons africains : entre l'assistance et le marché, Y.A FAURE, P. LABAZEE, KARTHALA Edition, 2000, 643 pages.

-Politique éducative et développement en Afrique, S. ANY-GBAYERE, Collection l'Harmattan, Edition CONFORS, Abidjan, 2005, 170 pages.

- Rapport entre l'éducation et l'emploi en Afrique Noire, NDAYAMBAJE Jean Damascène, Edition Saint-Paul, Fribourg, 1983, 278 pages.

- Rapport soumis aux fins de discussion à la Réunion paritaire sur la mise en valeur des ressources humaines dans la fonction publique dans le cadre de l'ajustement structurel et de la transition, BIT, 1998.

-Rapport sur les tendances mondiales de l'emploi des jeunes, Bureau International du Travail, Genève, Première édition, 2004, 24 pages.

-Rapport sur les tendances mondiales de l'emploi des jeunes, Bureau International du Travail, Genève, 2006.

-Selon le projet du programme Futurs Africains des Nations Unies pour le développement. Afrique 2025, quels futurs possibles pour l'Afrique au sud du Sahara ?, Futurs Africains, Edition Karthala et Futurs Africains, 2003, 191 pages.

-Tendances de l'emploi en Afrique, Bureau International du Travail, Genève, Avril 2007, 87 pages.

Sources internet

http://www.undp.org/french/

http://www.unmillenniumproject.org/reports/french.htm

http://www.afd.fr/

http://www.worldbank.org/

http://www.un.org/french/

http://www.dial.prd.fr/

http://www.stat.gouv.qc.ca/

http://www.populationdata.net/

http://www.av-garde.com/

http://www.ilo.org/global/lang--fr/index.htm

http://www.afrology.com/presse/afrique_emploi2006.html

http://kilm.ilo.org/2005/press/

http://www.uneca.org/

http://usinfo.state.gov/journals/ites/0505/ijef/wakiraza.htm

http://unesdoc.unesco.org/ulis/

http://www.confemen.org/

http://www.unicef.org/french/

http://www.ungei.org/french/

http://www-ilo-mirror.cornell.edu/public/french/employment/

http://www.cairn.info/accueil.php?PG=START

http://www.statistiques-mondiales.com/ouganda.htm

http://www.icftu.org/default.asp?Language=FR

http://www.afristat.org/?pg=10

http://www.confejes.org/

http://www.tvt.tg/tvt/spip.php?article830

http://www.memoireonline.com/02/08/904/m_employabilite-jeunes-cote-d-ivoire18.html

http://www.afriquechos.ch/

http://www.observatoire-parite.gouv.fr/

Liste des tableaux

-Tableau 1: Parité dans le monde, taux de chômage, par région dans le monde et par sexe.

-Tableau 2 : Nombre estimé d'enfants non scolarisés, par sexe et par régions (1990 et 2000).

-Tableau 3 : Accroissement du nombre d'élèves entre 1987 et 2001et entre 2001 et 2015.

- Tableau 4 : Evolutions passées et futures du nombre d'enseignants du secteur public pour atteindre la scolarisation universelle.

- Figure 5 : Disparités entre les sexes sur les taux nets de scolarisation dans les régions d'Afrique sub-saharienne en 1998.

-Tableau 6 : Motifs de non enregistrements au Cameroun.

* 1 Amartya Sen, auteur notamment de "L'économie est une science morale", a obtenu le prix nobel 1998 d'économie

* 2 L'Afrique et les Objectifs du Millénaire pour le Développement, A. RHAZAOUI, L-J. GREGOIRE, S. MELLELI, ECONOMICA, 2005, 619 pages.

* 3Mahbub ul Haq (1934-1998). Economiste pakistanais, fondateur du Rapport sur le développement humain, a été l'un des pionniers de la théorie du développement humain avec Armatya SEN.

* 4 http://hdr.undp.org/en/humandev/

* 5 L'Afrique et les Objectifs du Millénaire pour le Développement, A. RHAZAOUI, L-J. GREGOIRE, S. MELLELI, ECONOMICA, 2005, 619 pages.

* 6 Rapport sur les tendances mondiales de l'emploi des jeunes, 2006

* 7 http://www.unmillenniumproject.org/reports/goals_targetsFR.htm

* 8 Rapport sur les tendances mondiales de l'emploi des jeunes, 2006

* 9http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/myjahiasite/users/administrateur/public/communiques/Synthese_LivreDemographie.pdf

* 10 L'économie du développement de Bandoeng à la mondialisation 2ème édition, Stéphanie TREILLET, Collection CIRCA dirigé par C.-D. ECHAUDEMAISON, Edition Armand Colin, 2007, 231 pages.

* 11 http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/2005/fiche218.htm

* 12 http://siteresources.worldbank.org/NEWSFRENCH/Resources/migration08-AFR.pdf

* 13 http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/econm_finnc/conjn_econm/compr_inter/

* 14 Selon P. BOURDIEU, le capital social est l'ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d'un réseau durable de relations. Quelques principaux travaux de recherche : les Héritiers(1964), la Misère du monde(1993).

* 15 http://ged.u-bordeaux4.fr/ceddt129.pdf

* 16 Selon le projet du programme Futurs Africains des Nations Unies pour le développement. Afrique 2025, quels futurs possibles pour l'Afrique au sud du Sahara ?, Futurs Africains, Edition Karthala et Futurs Africains, 2003, 191 pages.

* 17 http://www.populationdata.net/

* 18 http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/2007/fas282.pdf

* 19 L'économie du développement de Bandoeng à la mondialisation 2ème édition, Stéphanie TREILLET, Collection CIRCA dirigé par C.-D. ECHAUDEMAISON, Edition Armand Colin, 2007, 231 pages.

* 20 Marché du travail et compétitivité en Afrique subsaharienne, Denis COGNEAU, Sarah MARNIESSE, J.Y MOISSERON, ECONOMICA, 2000, 173pages.

* 21http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/myjahiasite/users/administrateur/public/communiques/Synthese_LivreDemographie.pdf

* 22 http://www.av-garde.com/extrait.php?extid=17&idmag=5&idsom=88

* 23 Marché du travail et compétitivité en Afrique subsaharienne, Denis COGNEAU, Sarah MARNIESSE, J.Y MOISSERON, ECONOMICA, 2000, 173pages.

* 24 http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/2005/fiche218.htm

* 25http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/myjahiasite/users/administrateur/public/publications/documents-de-travail/ddt17.pdf

* 26 http://www.av-garde.com/extrait.php?extid=17&idmag=5&idsom=88

* 27http://www.dial.prd.fr/dial_publications/PDF/Dialogue/vieux_numeros/dial4/art1.htm http://www.dial.prd.fr/

* 28 http://www.ilo.org/public/english/employment/strat/download/gety06fr.pdf

* 29 http://www.afrology.com/presse/afrique_emploi2006.html

* 30 http://www.un.org/french/issues/africa/stakes/labour.shtml

* 31 http://www.ilo.org/public/french/bureau/inf/download/wssd/pdf/hivaids.pdf

* 32Tendances de l'emploi en Afrique, Bureau International du Travail, Genève, Avril 2007, 87 pages.

* 33 Travail de recherche tiré en grande partie de l'étude du marché du travail urbain et pauvreté en Afrique sub-saharienne réalisée par le Docteur Adama ZERBO

* 34 http://www.ilo.org/public/english/employment/strat/download/getyfr.pdf

* 35 Modèle de la segmentation du marché du travail. Concept de marchés internes du travail développé au début des années 1970 par les économistes Peter DOERINGER et Michael PIORE. Pour comprendre les modèles d'emploi et la présence où l'absence de marché interne du travail dans différents contextes, ils ont distingué les secteurs primaire et secondaire de l'économie.

* 36 Statisticien Economiste, dipl™mé de l'Ecole Nationale de Statistique et d'Administration Economique (ENSAE). Docteur en Economie, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Paris. Thèse: Ç Inégalités et développement - quatre études économétriques È. Domaine : Economie du développement, Distribution du revenu, Econométrie.

* 37 Bruno LAUTIER (Professeur à Paris I-IEDES), président depuis 1993 du Groupe de Recherche sur l'Etat, I' Internationalisation des Techniques et le Développement (GREITD), administrativement indépendant des institutions publiques. Il regroupe des chercheurs, enseignants-chercheurs et étudiants de doctorat issus de plusieurs universités et centres de recherche, spécialisés (complètement ou partiellement) dans l'étude des problèmes sociaux et économiques du Sud, particulièrement l'Amérique latine.

* 38http://www.dial.prd.fr/dial_axes_de_recherche/fiches_programme/dial_axes_I_dynamique_pauvrete.htm

* 39 L'Afrique peut-elle être compétitive ?, Claire MAINGUY, Collection Economie et développement, Edition KARTHALA, 1998, 209 pages.

* 40 La zone franc est née avec la guerre, en 1939, lors de la mise en place d'une législation de change commune pour l'ensemble de l'Empire français. 14 pays d'Afrique en sont aujourd'hui membres (7 pays rattachés à la Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest, 6 rattachés à la Banque des Etats d'Afrique Centrale et les Comores). Cette zone repose sur le principe d'une libre convertibilité, à un taux rigoureusement fixe, du franc CFA en franc français.

* 41 C'est la capacité à proposer, sur le marché, des produits à des prix inférieurs à ceux de ses concurrents.

* 42 Economie : les règles du jeu, Michel Didier, ECONOMICA, 2e édition, 1989.

* 43 http://kilm.ilo.org/2005/press/

* 44 http://www.uneca.org/statistics/statcom2008/documents/FR_InformalSector.pdf

* 45 Marché du travail et compétitivité en Afrique subsaharienne, Denis COGNEAU, Sarah MARNIESSE, J.Y MOISSERON, ECONOMICA, 2000, 173pages.

* 46 Economiste à l'Agence Française de Développement (AFD). En charge depuis 2006 de projets de développement dans la division Santé et protection sociale.

* 47 La formation professionnelle en secteur informel. Rapport sur l'enquête terrain au CAMEROUN, 2006.

* 48 http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/1996/fiche12.htm

* 49 Directeur de l'association Kids in Needs (KIN), qu'il a lui-même fondée en 1996. C'est une organisation non gouvernementale ougandaise qui aide les enfants de la rue, sujets aux pires formes du travail des enfants.

* 50 http://usinfo.state.gov/journals/ites/0505/ijef/wakiraza.htm

* 51http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/myjahiasite/users/administrateur/public/publications/documents-de-travail/ddt17.pdf

* 52 http://www.ilo.org/public/french/employment/infeco/download/wp15.pdf

* 53 Convention concernant l'interdiction des pires formes de travail des enfants et l'action immédiate en vue de leur élimination. Sujet: Elimination du travail des enfants et protection des enfants et des adolescents. Date d'adoption, le 17 Juin 1999

* 54 John Daniel, UNESCO, Sous-directeur général pour l'éducation de 2001 à 2004. Il a reçu le Prix d'excellence du Commonwealth of Learning dans le domaine de l'éducation à distance au cours d'une cérémonie organisée à l'occasion du deuxième Pan-Commonwealth Forum for Open Learning qui se tenait à Durban (Afrique du sud), le 1er aoút 2002.

* 55 http://www.un.org/esa/socdev/unyin/documents/wyr07_fact_sheet_french.pdf

* 56 Conférence mondiale sur l'éducation à Jomtien en 1990 où 155 pays et 150 organisations se sont engagés de garantir l'éducation pour tous en 2000.

* 57 http://www.undp.org/french/mdg/basics_ontrack.shtml

* 58 Réponse aux défis du développement, ils visent à réduire, la pauvreté, à promouvoir l'éducation, à améliorer la santé maternelle, à faire avancer l'égalité des sexes, à combattre la mortalité infantile, le HIV/SIDA et autres maladies. Ce projet comprend 8 objectifs à atteindre pour l'année 2015.

* 59 Rapport entre l'éducation et l'emploi en Afrique Noire, NDAYAMBAJE Jean Damascène, Edition Saint-Paul, Fribourg, 1983, 278 pages.

* 60 http://unesdoc.unesco.org/images/0014/001478/147878f.pdf

* 61 Travail de recherche appuyée sur une étude tirée du programme PASEC. http://www.confemen.org/spip.php?rubrique3

* 62 Programme d'analyse de la Conférence des Ministres de Education des pays ayant le français en partage (CONFEMEN), crée en 1991, il vise à Ç mettre en relation les aspects quantitatifs et qualitatifs des systèmes éducatifs et de dégager les choix possibles des stratégies éducatives les plus efficaces. È

* 63 L'initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) est un dispositif global de réduction de la dette des pays pauvres très endettés qui appliquent des programmes d'ajustement et de réforme appuyés par le FMI et la Banque mondiale.

* 64 http://www.undp.org/french/mdg/basics_ontrack.shtml

* 65L'école et les filles en Afrique, scolarisation sous condition, Marie-France LANGE, KARTHALA Edition, 1998, 254 pages.

* 66 La situation des enfants dans le monde, rapport de l'UNICEF, 2004, 147 pages.

* 67L'initiative des Nations Unies pour l'éducation des filles http://www.ungei.org/french/infobycountry/ghana.html

* 68 http://www.oit.org/public/french/employment/skills/youth/decent.htm

* 69 http://www.dial.prd.fr/dial_publications/PDF/Dialogue/Dialogue27.pdf

* 70 http://www.worldbank.org/afr/findings/french/ffind06.htm

* 71 http://www.afd.fr/jahia/Jahia/home/pid/1164

* 72 http://www.ilo.org/public/french/employment/skills/informal/gpe/bground.htm

* 73 Ce cadre, est l'expression des participants au forum mondial sur l'éducation, réunis à Dakar en Avril 2000 qui ont réaffirmé le principe énoncé dans la déclaration mondiale sur l'éducation pour tous (Jomtien, 1990)

* 74Programme d'action sur l'ajustement structurel, l'emploi et le r™le des partenaires sociaux

http://www-ilo-mirror.cornell.edu/public/french/employment/strat/download/etp28.pdf

* 75 J.Y MOISSERON est directeur d'unité de recherche ou de service à l'institut de recherche pour le développement (IRD). Il est notamment le responsable du programme Ç interventions publiques de partenariat euro-méditerranéen (UR102) È

* 76http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=AFCO&ID_NUMPUBLIE=AFCO_206&ID_ARTICLE=AFCO_206_0057

* 77 http://www.dial.prd.fr/dial_publications/STATECO/pdf/99/99_8.pdf

* 78 1980-1985-- 1986-1988--à partir de 1989

* 79 Marché du travail et compétitivité en Afrique subsaharienne, Denis COGNEAU, Sarah MARNIESSE, J.Y MOISSERON, ECONOMICA, 2000, 173pages.

* 80 PNUD: UNDP Ç experience with civil service reform in SPA countries È, document soumis au Groupe de travail du SPA sur la réforme de la fonction publique en Afrique subsaharienne, 1996.

* 81 Président de l'Ouganda depuis 1986, réélu en 2006.

http://www.statistiques-mondiales.com/ouganda.htm

* 82 Rapport soumis aux fins de discussion à la Réunion paritaire sur la mise en valeur des ressources humaines dans la fonction publique dans le cadre de l'ajustement structurel et de la transition, BIT, 1998.

* 83 Afrique : patrons et gouvernements à l'assaut des droits fondamentaux (CISL En Ligne, 7/6/2004) http://www.icftu.org/displaydocument.asp?Index=991219342&Language=FR

* 84 Norme Internationale du Travail, Politique en matière de ressources humaines et de formation professionnelle. Sujet: Orientation et formation professionnelles. Date d'adoption, le 23 Juin 1975.

* 85 Sur plan individuel, Eisen (1994) définit l'empowerment comme la façon par laquelle l'individu accro»t ses habiletés favorisant l'estime de soi, la confiance en soi, l'initiative et le contr™le.

* 86 http://www-ilo-mirror.cornell.edu/public/french/employment/strat/download/etp28.pdf

* 87 http://www.oit.org/public/french/employment/

* 88 AFRISTAT est une organisation internationale créée par un traité signé le 21 septembre 1993 à Abidjan par les 14 pays africains membres de la Zone Franc suivants: Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, C™te d'Ivoire, Gabon, Guinée Equatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad et Togo. Elle a pour mission de contribuer au développement des statistiques économiques, sociales et de l'environnement dans les Etats membres et de renforcer leurs compétences dans ces domaines.

http://www.afristat.org/?pg=10

* 89 Ç Ces documents ont pour but d'exposer les stratégies et les actions que comptent mettre en Ïuvre les pays en vue de réduire la pauvreté. Ils sont régis dans le cadre de leur mise en Ïuvre par les principes directeurs que sont la proximité, le faire-faire, la transparence, l'équité, la participation, la célérité, la complémentarité et la synergie. È

* 90 Dr. Makha Dado Sarr du Sénégal, ancien Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique avec plus de 30 ans d'expérience en éducation, recherche, et analyse et planification de développement de politiques.

www.nepad.org

* 91 http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol20no3/203-jeunesse-emplois.html

* 92 Crée le 27 Avril 1990, pour accompagner les PAS, le Gouvernement, en accord avec les bailleurs de fonds, avait mis sur pied un volet Ç Dimension Sociale È dénommé (DSA), avec une forte priorité accordée à l'emploi, en prévision des effets néfastes attendus sur ce marché.

* 93 Travail de recherche reposant essentiellement du site de la CONFEJES.

http://www.confejes.org/

http://www.tvt.tg/tvt/spip.php?article830

* 94 http://www.memoireonline.com/02/08/904/m_employabilite-jeunes-cote-d-ivoire18.html

* 95 http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol20no3/203-jeunesse-emplois.html

* 96 http://www.afriquechos.ch/spip.php?article1015






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci