Université Paul Valéry - Montpellier
III
UFR des Sciences Economiques, Mathématiques et
Sociales
Département Administration Economique et
Sociale
La lutte contre la pauvreté en Afrique
sub-saharienne à travers l'amélioration du marché du
travail et la contribution au développement de l'emploi des
jeunes : tendances actuelles
mémoire soutenu par
Melle Gaëlle CAYAU
en vue de l'obtention de la
Master 1 - I.O.D.
Administration Economique et Sociale
sous la direction de M. Benoit PREVOST
Professeur de Sciences Economiques
Juin 2008
Table des
matières.............................................................2
Introduction...............................................................................5
CHAPITRE 1 : Une vision pragmatique du
marché du travail en Afrique
sub-saharienne..........................................................................10
I : Evolutions générales du
marché du travail..........................11
Section 1 : Caractéristiques du
marché du travail : premières tentatives de
compréhension........................................12
a) Croissance de l'offre de travail : l'explosion
démographique comme un des facteurs d'explication et regard sur les
comportements des chercheurs d'emploi...................................13
b) Migrations et répartitions spatiales de la
population active : les exigences de l'urbanisation.............18
Section 2 : La montée du chômage, le
sous-emploi et le sida comme freins à l'amélioration du
marché du travail............21
II : L'économie africaine crée
t'elle des emplois : relations entre marchés du travail et
faiblesses de la compétitivité.................27
Section 1 : Quels emplois, pour quels
marchés du travail: représentations des mécanismes de
la demande de travail et les inégalités de
revenus.................................................28
Section 2 : Une insertion difficile dans un
contexte mondial incontournable : relation entre la
compétitivité des entreprises africaines et la
productivité du travail..............................33
III : Attention particulière
portée à un secteur informel solidement
implanté................................................................................................37
Section 1 : La réalité
africaine : la situation typique des
micro-entreprises.............................................................38
Section 2 : Les liens entre jeunes et crise de
l'emploi : les conséquences inéluctables du secteur
informel..................41
CHAPITRE 2 : La responsabilité de
l'éducation à l'égard de l'offre d'emploi pour les jeunes
africains...................................................45
I : Caractéristiques des politiques
éducatives et système
d'instruction...................................................................48
Section 1: La qualité de
l'enseignement...........................51
Section 2: Privilégier l'éducation pour
tous pourtant toujours des problèmes d'accès à
l'enseignement : des filles encore privées
d'éducation...................................................56
II : Une inadéquation entre
l'école et la vie..............................59
Section 1: Le décalage entre le manque
d'apprentissage/de compétence, les projets futurs et les emplois
offerts............60
Section 2 : Femmes, emploi et
pauvreté : le lourd fardeau de la jeune femme africaine et la
nécessité de redéfinir la place des
femmes.................................................................61
CHAPITRE 3 : L'implication des divers
acteurs dans le fonctionnement du marché du
travail.......................................................................64
I : Faiblesses structurelles ou Etat
désintéressé : sur quoi se fondent les politiques en
matière
d'emploi ?...................................................66
Section 1: Le rôle de l'Etat dans la
régulation du marché du travail des économies
................................................67
Section 2: Les conséquences des réformes
de la fonction publique sur le marché du
travail....................................70
II : Le rôle des autres acteurs et
organismes d'aide à l'emploi......75
Section1: Des dispositifs de recherches et
d'information peu
développés.............................................................76
Section 2: Aider les jeunes à sortir de la
précarité et de la pauvreté: la volonté
d'intégration de la CONFEJES................78
Conclusion.....................................................................81
Annexes.........................................................................82
1- La croissance de l'industrie (en pourcentage) entre
1981-1986 et 1987-1991...............................................83
2- Estimation de la croissance du PIB si le chômage des
jeunes était réduit de
moitié.............................................84
Références.....................................................................85
Liste des
tableaux.............................................................88
Introduction
La réduction de la pauvreté reste le principal
objectif des pays de l'Afrique sub-saharienne.
Il n'est pas toujours facile de définir et de mesurer
la pauvreté. Les conceptions passées résumaient la
pauvreté comme la simple absence de revenu.
Aujourd'hui, on a coutume de dire que la pauvreté
englobe de multiples dimensions : sociales, culturelles,
environnementales, politiques, économiques... Des auteurs tels que
Amartya Sen1(*), entrevoient
la pauvreté comme le cumul de handicaps de ces différentes
dimensions.
Pour Sen, la pauvreté se définit comme
étant la privation d'un ensemble de libertés
élémentaires (liberté d'échapper à la
famine et à une morbidité évitable, d'avoir accès
à une vie sanitaire digne...) dont doivent jouir les individus.
Ces diverses formes « d'absence de libertés
réelles» empêchent aux gens de réaliser et de
développer leurs potentialités ainsi que d'améliorer leurs
« capabilités » (ensemble de fonctionnement qu'il
peut choisir, liberté de choix).
Dans cette façon d'appréhender la
pauvreté, on considère les droits civiques et politiques ainsi
que les droits économiques et sociaux comme les principaux enjeux et
facteurs du développement et du progrès. Par conséquent,
l'atteinte à ces libertés élémentaires et
universelles engendre des inégalités entre les individus.
Autrement dit, lutter contre la pauvreté c'est avoir conscience des
inégalités et combattre la vulnérabilité des
populations (le manque de ressource peut avoir des impacts sur la
pauvreté, il s'agit d'échapper aux risques de marginalisation et
d'exclusion de la société, aider les pauvres, les plus fragiles-
l'auteur Nicolas SIRVEN s'est notamment penché sur le rapport entre
pauvreté et vulnérabilité « De la
pauvreté à la vulnérabilité :
évolutions conceptuelles et méthodologique »).
Face à toutes les difficultés que recouvre la
pauvreté, l'assemblée générale de l'ONU a
réaffirmé l'ambition de promouvoir les droits de l'Homme (le
droit de chaque personne à la santé, à l'éducation,
au logement, à la sécurité...). En effet, en Septembre
2000, a été adopté lors d'une session extraordinaire par
cette même assemblée la Déclaration du Millénaire
qui fonde un nouvel accord entre pays riches et pays pauvres. Le but de cet
accord est de contribuer à améliorer les conditions de vie dans
les pays pauvres et de garantir le développement humain. Les objectifs
du Millénaire pour le développement (il existe 8 OMD) sont donc
les principes et les valeurs extraits de cette déclaration, ils ont
été édictés pour être réalisé
dans les années à venir, soit pour être pleinement atteints
à l'horizon 2015. L'idée centrale de ces objectifs est
d'encourager les pays en développement à s'engager sur les
chemins de la croissance et du développement durable2(*).
Selon Mahbub ul Haq3(*) , « le but de base du développement
est d'élargir les choix des individus. En principe, ces choix peuvent
être infinis et peuvent changer au fil du temps. Les gens estiment
souvent que les accomplissements ne se réalisent pas, ou pas
immédiatement, dans les chiffres de croissance ou de revenu : un
meilleur accès à la connaissance, l'amélioration de la
nutrition et des services de santé, l'accès à des moyens
de subsistance plus sûr, une sécurité contre la
criminalité et la violence physique, des heures de loisirs
satisfaisantes, des politiques et des libertés culturelles et le
sentiment de participer à des activités communautaires.
L'objectif du développement est donc de créer un environnement
favorable pour les personnes, qu'elles puissent jouir longtemps d'une bonne
santé et mener une vie enrichissante4(*). »
Le constat actuel montre que certains progrès ont
été réalisés mais ne sont pas suffisants pour
éradiquer complètement la pauvreté. Par exemple, sur le
thème de l'éducation, certains pays ont réalisé des
progrès notables en ce qui concerne la scolarisation dans le primaire
tandis que d'autres rencontrent des difficultés liées à
l'épidémie de VIH/SIDA (en particulier ceux qui sont meurtris par
les conflits). On peut noter également les disparités entre les
zones rurales et les zones urbaines qui sont fréquentes dans les
différents pays en voie de développement5(*).
Cette vision dynamique de la pauvreté établie
précédemment « s'applique souvent aux jeunes du fait
des nombreux obstacles que beaucoup doivent surmonter pour parvenir au statut
d'adulte6(*)».
Cependant, ce parcours est parsemé d'embûches. En effet, les
jeunes se résument à participer activement à
l'amélioration de leur qualité de vie et celle de leur famille,
afin d'entrevoir des chances de sortir un jour de la pauvreté.
Réduire la pauvreté revient alors, à intégrer dans
les stratégies de développement des questions plus approfondies
sur l'avenir des jeunes telles que l'emploi ou encore des thèmes
relatifs à leur insertion sociale et culturelle.
Ainsi, les stratégies d'emploi des jeunes occupent une
grande place dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour
le Développement, il s'agit de « formuler et d'appliquer des
stratégies qui permettent aux jeunes de trouver un travail décent
et utile7(*) (objectif 8,
cible numéro 16)».
Assurer « un plein emploi productif et un travail
décent » permet d'intégrer les jeunes à la
vie sociale et d'investir dans l'avenir. Par ailleurs, leur donner tous les
moyens d'exploiter leur potentiel en leur offrant un emploi convenable et une
activité productive équilibrée et profitable, leur
permettraient de reprendre confiance en eux dans un contexte aux perspectives
incertaines.
Dans le monde entier, beaucoup de jeunes font face à la
pauvreté, malheureusement l'Afrique sub-saharienne reste la
région du monde la plus problématique en ce qui concerne les
stratégies de développement de l'emploi des jeunes. En effet, la
situation sur le marché du travail est très alarmante et
préoccupante car elle ne permet pas facilement aux acteurs
concernés de trouver des solutions quant à son remaniement et son
amélioration. Les insuffisances du marché du travail affectent
considérablement les conditions de vie des jeunes qui constituent la
majeure partie de la population. Il s'agit très souvent de travailleurs
pauvres qui ne bénéficient pas des moyens nécessaires pour
bâtir leur avenir. Le Bureau International du Travail (BIT) stipule, que
par définition, « une personne n'est considérée
comme travailleuse pauvre que si elle est incapable de s'élever avec sa
famille au-dessus du seuil de pauvreté (vivre avec l'équivalent
d'un dollar par jour)8(*). »
Il convient alors de se demander : en quoi
l'amélioration du marché du travail et la contribution au
développement de l'emploi des jeunes facilitent à la fois leur
intégration au sein de la société et permet de lutter
contre la pauvreté ?
Comment se caractérise actuellement le marché du
travail en Afrique sub-saharienne ? Est-il globalement homogène
pour toute la région ?
Investir et miser sur le développement et le potentiel
des jeunes permet-il d'élargir favorablement leurs perspectives d'avenir
et combattre durablement la pauvreté ? Peut-on trouver des
responsables de la situation critique du marché du travail, des
inégalités entre les individus et de la pauvreté ?
L'éducation constitue t'elle un outil de
développement de l'employabilité des jeunes ? En quoi cette
passerelle qui conduit à l'emploi crée t'elle en contre partie
des décalages entre les attentes des jeunes et la situation en temps
réel sur le marché du travail ?
Comment l'Etat et les autres acteurs d'aide à l'emploi
interviennent-ils dans le fonctionnement du marché du
travail ?
Dans une première partie, nous tenterons d'analyser la
situation « critique » du marché du travail
(chapitre 1) en Afrique sub-saharienne. Il est globalement
hétérogène, mais de nombreux pays sont confortés
dans la même situation, à savoir que les évolutions et les
tendances générales (partie 1) nous indiquent que la
majorité des pays sont quasiment soumis aux mêmes
difficultés et qu'il existe de grandes similitudes sur les
marchés du travail. Tout au long de ce sujet, il conviendra de
tempérer les idées générales par des exemples, on
retiendra trois pays : le Cameroun, le Ghana et l'Ouganda. L'emploi et le
chômage des jeunes sont fortement dépendants de l'évolution
économique et les quelques emplois proposés témoignent de
l'incompétence et des faiblesses des économies africaines
à offrir des emplois (partie 2). Les jeunes sont sans
précédent plus vulnérables et sont de plus en plus
victimes de la précarité de l'emploi due à l'expansion
incessante du secteur informel (partie 3).
Puis dans un second chapitre, nous déterminerons la
responsabilité de l'éducation à l'égard de l'offre
d'emploi pour les jeunes africains (chapitre 2). La qualité de
l'éducation est déterminante pour le développement de
l'employabilité des jeunes. Mais si la réduction de la
pauvreté est un enjeu primordial, les inégalités
d'accès aux systèmes scolaires n'en restent pas moins
importantes. Ainsi, les politiques éducatives doivent permettre de se
concentrer sur l'éducation des filles et favoriser leur
intégration (partie 1). D'un autre côté on observe une
inadéquation lors du passage de l'école à la vie (partie
2). L'éducation doit permettre aux jeunes de se retrouver socialement,
d'accroître les compétences et les attitudes favorisant leurs
démarches futures pour trouver l'emploi qu'ils auront
préalablement envie d'exercer. Pour autant, l'accent doit être mis
sur les jeunes femmes, qui même scolarisées dès leurs plus
jeune âge, sont obligées de surmonter bon nombre d'obstacles
(discriminations,...) qui les empêchent d'obtenir un emploi et de sortir
de la pauvreté.
Enfin, dans un troisième chapitre, nous verrons que
tous les pays qui souhaitent éliminer les saccages de la pauvreté
se doivent de trouver les moyens d'offrir des emplois productifs et
décents à ceux qui en souffrent. Il devient donc urgent pour les
gouvernements et autres acteurs d'aide à l'emploi, de s'assurer qu'il y
ait des efforts favorables engagés au niveau économique pour
améliorer le fonctionnement du marché du travail (chapitre 3).
Par la suite, ces efforts doivent se traduire par une croissance des emplois.
Cela n'a pas toujours été évident. Il sera utile de
comprendre pourquoi la crise des années 1980 illustrée à
travers l'élaboration des plans d'ajustements structurels (PAS) a
accentué la pauvreté en maintenant le marché du travail en
Afrique dans une position délicate au sein de laquelle les entreprises
sont très fragiles car pas assez compétitives. Un certain nombre
de réformes ont été engagées pour pallier aux
difficultés que rencontre l'Etat dans la régulation du
marché du travail (partie 1). Ainsi, pour accroître
continuellement la situation de l'emploi au niveau national tout en
réduisant par ailleurs la pauvreté, les divers acteurs (ONG,
société civile...) doivent élaborer des stratégies
efficaces en faveur de la création d'emplois convenables et bien
rémunérés mais également assurer la formation des
personnes appelées à les prendre en charge (partie 2). Autrement
dit, les efforts doivent alors être consacrés dans
l'amélioration des systèmes d'informations. La place des jeunes
est donc prépondérante quant à la mise en place des
politiques de développement.
CHAPITRE 1 : Une vision pragmatique du
marché du travail en Afrique-subsaharienne
Dans ce premier grand chapitre, il s'agira d'analyser et
d'étudier les particularités réelles du marché du
travail en Afrique sub-saharienne. Même si on constate actuellement des
hétérogénéités suivant les différents
pays, il existe néanmoins de grandes similitudes concernant les
caractéristiques de ces marchés.
Une première partie nous permet de poser le constat
qu'il y a aujourd'hui de nombreux et de profonds changements qui bouleversent
sans cesse le marché du travail. En effet, ce marché est
constamment mouvant et est marqué par de grandes
instabilités telles que l'augmentation de l'offre de travail
représentée par une population active de plus en plus importante,
des migrations internes fréquentes et un taux de chômage
conséquent.
Dans une seconde partie, on cherchera à savoir si
l'économie africaine crée des emplois. Les mécanismes de
la demande de travail et d'insertion sur le marché de l'emploi
traduisent de très fortes disparités de revenus au sein de la
population. Par ailleurs, les entreprises en Afrique sont très fragiles,
elles sont peu voire pas assez compétitives, elles conservent ainsi une
place très marginale et ont du mal à se hisser sur la
scène mondiale.
Enfin, dans notre troisième et dernière partie
il conviendra d'observer que l'Afrique sub-saharienne recherche aujourd'hui de
nouveaux défis lui permettant d'améliorer son économie.
Cela passe nécessairement par une certaine stabilité du
marché du travail et par la prise en compte d'un élément
majeur qui consiste à s'apercevoir de l'évolution croissante du
secteur informel qui est actuellement, le premier secteur créateur
d'emploi. Celui-ci est vu comme le « dispositif »
indispensable pour pallier un chômage excessif et rassemble des petits
patrons qui emploient généralement une main d'oeuvre non
salariée et relativement jeune.
I : Evolutions générales du
marché du travail
Avant de comprendre les tendances actuelles, il nous est
nécessaire de retourner quelques années en arrière. On
peut distinguer deux grandes périodes qui caractérisent le
marché du travail en Afrique sub-saharienne. La première est
celle des années 1970 qui s'est prolongée jusqu'au début
des années 1990. Cette période a été
littéralement marquée par une forte croissance de l'emploi dans
le secteur public. L'Etat était alors le premier employeur, celui qui a
crée et développé le plus d'opportunités pour une
certaine catégorie de salarié leur permettant ainsi
d'élever leur position dans la hiérarchie sociale en étant
plus instruits voire plus aisés financièrement.
La seconde période se situe aux alentours des
années 1980 et concerne l'instauration des politiques d'ajustements
structurels qui avaient pour principal objectif le rétablissement des
équilibres économiques, commerciaux et budgétaires du
pays. Malheureusement, ces politiques ont générés le
ralentissement et le blocage des embauches dans le secteur public, nous
étayerons plus largement nos propos sur ce point dans notre
troisième chapitre. Cette situation a eu des retombées qui ont
véritablement affecté le marché du travail africain,
celui-ci s'est ainsi retrouvé dans un contexte de forte croissance de
la population active urbaine.
Comment évolue aujourd'hui le marché du travail
en Afrique sub-saharienne ?
Dans les faits, les éléments
récoltés assombrissent brutalement la possibilité pour les
divers gouvernements d'aboutir à une large amélioration du
marché du travail car celui-ci est terriblement marqué par de
nombreuses difficultés structurelles, économiques, sociales,
politiques...
La question réelle serait plutôt de savoir s'il
convient de mieux percevoir les analyses relatives aux perspectives d'avenir
des jeunes, qui eux cherchent à augmenter leurs capabilités et
parfaire leur existence.
Dans une première section, nous tenterons de
connaître les caractéristiques propres du marché du
travail. L'offre de travail en Afrique est influencée par l'explosion
démographique mais aussi par des perturbations dues aux migrations
internes.
Par ailleurs, elle est très fragilisée à
cause d'un fort taux de chômage qui ne cesse d'augmenter faisant en
sorte que la population concernée recours à d'autres moyens de
subsistance pour pouvoir assurer une meilleure destinée à leur
famille et lutter contre la pauvreté (section 2). Le sous-emploi est un
des exemples qui illustre bien le type de solution envisagée pour
surmonter les difficultés quotidiennes de la vie des plus pauvres.
Section 1 : Caractéristiques du marché du
travail : premières tentatives de compréhension
Aujourd'hui il convient de se demander comment un pays peu
améliorer la situation sur le marché du travail.quels sont les
qualités et spécificités à retenir.
Ainsi, un pays qui essaie de maintenir son équilibre
économique parvient à entreprendre à long terme un
processus de développement. Ici, on peut souligner le lien très
étroit qu'il existe entre la croissance économique et l'emploi.
Les évolutions générales et la répartition
sectorielle de l'emploi en Afrique dépendent donc du succès de
cette croissance économique. Cette réussite permet
l'accroissement très rapide de l'emploi industriel entraînant avec
lui l'augmentation d'offre d'emploi dans d'autres secteurs non agricoles.
Pour autant, tout le contraire s'est produit en Afrique
sub-saharienne, l'emploi dans l'industrie est de 0,5% en moyenne pour
l'ensemble de la dernière décennie se qui confirme un recul de
l'emploi dans le secteur formel depuis 1985.
En nous aidant d'une étude économique sur la
croissance de l'industrie en Afrique sub-saharienne réalisée par
la Banque mondiale en 1993, (voir annexe 1) on constate que les pays qui ont
connu une augmentation de l'emploi, une reprise des embauches ainsi que des
hausses de salaires durant la période de 1981 à 1991 sont ceux
dont la politique économique s'est véritablement
améliorée. Les pays qui entreprirent des réformes
structurelles accompagnées d'une croissance économique
relativement forte, ont connu une amélioration de l'emploi, des
salaires, une reprise de l'embauche ainsi qu'une régression de la
pauvreté.
Si la croissance économique est déterminante
pour favoriser l'emploi au sein d'un pays, la région de l'Afrique
sub-saharienne est particulière en son genre. En effet, elle se
distingue des autres pays en développement par sa très forte
démographie qui connait un rythme de croissance très rapide (a),
ce qui oblige les hommes à effectuer des déplacements massifs
vers les villes (b). Ce sont là quelques exemples d'explications de
l'accroissement de la population active qui est très variée sur
le marché du travail en Afrique sub-saharienne.
a) Croissance de l'offre de travail : l'explosion
démographique comme un des facteurs d'explication et regard sur les
comportements des chercheurs d'emploi
La croissance démographique a toujours
été une réalité mondiale. Cette croissance pour la
seule région de l'Afrique sub-saharienne s'élevait à un
taux annuel moyen de 2,5% sur la période de 1997 à 2006, ce qui
la classe comme une des parties du monde les plus densément
peuplée.
Ce phénomène n'a pas été
réalisé partout en même temps, ni de la même
manière. Contrairement à ce que l'on peut croire, l'Afrique
sub-saharienne a été la dernière partie du monde à
être touchée par la flambée démographique. Ainsi, la
population a stagné jusque dans les années 1920, le boom n'ayant
commencé qu'à partir du milieu du XXème siècle.
Ce décollage intensif n'a pas été sans
conséquence sur la vie des hommes et sur l'économie de l'Afrique
car il a été relativement plus brutal sur ce continent que dans
les autres régions du monde.
Aujourd'hui, beaucoup d'auteurs parlent d'explosion
démographique car celle-ci prend en compte deux évolutions. Le
premier volet de cette évolution est la diminution du taux de
mortalité. En effet, grâce aux transferts de matériels
technologiques destinés à la médecine et
réservée à l'amélioration des conditions
sanitaires, on peut constater qu'il y a un recul de la mortalité
générale. Les baisses les plus significatives sont celles de la
mortalité infantile et juvénile. Néanmoins, malgré
ces progrès marquants, l'Afrique demeure toujours un continent
très touché par un taux de mortalité plus excessif que sur
les autres continents.
La seconde évolution concerne le taux de
fécondité. La population de l'Afrique sub-saharienne est encore
aujourd'hui de loin celle où la fécondité reste la plus
élevée au monde. Ce continent, a tout de même depuis
quelques années amorcé la diminution de son taux de
fécondité.
On observe alors, qu'il y a un décalage pour ce qui
est de l'évolution des deux pourcentages (de mortalité et de
fécondité) ce qui induit que la différence entre ces taux
explique l'accroissement naturel de la population et permet aujourd'hui de
confirmer l'explosion démographique.
Cela n'est qu'un aspect du problème pour tenter de
justifier la croissance de l'offre de travail.
Par conséquent, on se rend compte que l'Afrique
sub-saharienne maintient une croissance forte et longue de sa population. Tous
ces éléments nous renseignent sur le rajeunissement de cette
population par rapport aux autres régions du monde. Ainsi, en 2005, deux
sub-sahariens sur trois avaient moins de 25 ans. A l'autre
extrémité de la pyramide des âges, 5% seulement des
sub-sahariens avaient plus de 60 ans9(*).
De nombreux constats montrent que la transition
démographique a bien été engagée. Celle-ci
constitue l'élément le plus révélateur de
l'explication de l'accroissement de la population sur le marché de
l'emploi. Elle distingue entre autre par le fait que la proportion de jeunes y
est relativement élevée. Cependant en réalité,
ceux-ci représentent une part marginale sur le marché du travail
ce qui provoque un retard dans leurs processus de socialisation.
« Par transition démographique on
entend : le passage par étapes d'un régime
démographique traditionnel, caractérisé par des taux de
natalité et de mortalité élevés, à un
régime démographique moderne présentant les
caractéristiques inverses (faibles natalité, faible
mortalité)10(*).»
Les chiffres de l'accroissement de la population active
varient selon les différentes régions d'Afrique mais une chose
est certaine s'est qu'il est constamment en pleine progression. L'enquête
1-2-3, méthode d'analyse réalisée par les chercheurs de
l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à la demande
de l'Union économique et monétaire Ouest Africaine (UEMOA)
apporte quelques éléments précis sur les
caractéristiques du marché de l'emploi en Afrique de
l'ouest : « sur l'ensemble des sept villes de la zone de
l'UEMOA, près de 60% de la population de 10 ans et plus est active, ce
qui signifie que 6 personnes sur 10 exercent un emploi ou sont au
chômage, à la recherche d'une activité. Au sein de la
population active, 13 % sont des enfants âgés de 10 à 14
ans et en majorité des filles11(*).»
Globalement, en 2006, la population active de l'Afrique
sub-saharienne concernait 317 millions de personnes pour 770 millions
d'habitants12(*). Sur la
même période pour le Ghana, 10 284 624 personnes ont
été enregistré dans la population active, pour l'Ouganda
il s'agit de 12 608 589 personnes, au Cameroun elle concerne 6
988 721 personnes13(*).
En 2015, certains prévoit particulièrement pour
l'Afrique sub-saharienne, que le nombre de travailleurs et de chercheurs
d'emploi sera trois fois supérieur à celui des membres de l'OCDE,
de l'Europe de l'Est et de l'ex-Union soviétique réunis. Cela
s'explique entre autre par une diminution de la population active dans les
principaux pays industrialisés qui profitera la croissance à
posteriori de la population active des pays en voie de développement.
Une précision s'ajoute alors, comment intégrer
sur le marché du travail une population active jeune qui va continuer
à augmenter, qui va presque tripler en 30 ans ?
Selon quelques auteurs, la croissance de l'offre de travail se
décompose en deux éléments. Elle se caractérise
avant tout par le renforcement de la population en âge de travailler qui
dépend de l'évolution de la structure par âge de la
population, d'autre part, elle est composée de l'évolution de la
participation de cette même population au marché du travail.
Or, même si on a perçu une diminution de la
fécondité celle-ci est relativement longue et il faudra
également un temps tout aussi long pour observer un ralentissement de
l'augmentation des effectifs des jeunes générations. Comme nous
l'avons vu précédemment, la grande part de la population est
jeune et on note un retard pour beaucoup d'entre eux dans l'accès au
marché du travail.
Ce processus de croissance de la population active comporte un
certain nombre de périodes. Ainsi, on peut distinguer la toute
première période. Elle concerne le fait que certains jeunes ont
atteint l'âge de l'emploi mais ne participent pas encore au marché
du travail, celle-ci prend fin quand l'agent décide à un moment
donné de participer et d'entrer effectivement sur le marché du
travail.
Une seconde période se caractérise par la vie
active de l'agent, elle débute à la date où celui-ci
décide de participer au marché du travail et prend fin lorsqu'il
prend acte de s'y retirer. C'est une période pendant laquelle l'offreur
fait des choix d'orientation en établissant plusieurs trajectoires
professionnelles. D'une part, il espère atteindre son objectif en
trouvant l'emploi salarié qu'il aura envie d'exercer, d'autre part, il
souhaite obtenir un travail qui lui apportera une plus grande satisfaction. Ces
trajectoires professionnelles peuvent produire des réussites mais
s'accompagner paradoxalement d'échecs qui se manifestent quand l'agent
subi une dégradation de son statut d'emploi et n'a pas obtenu l'objectif
escompté au départ.
Ces comportements sont induits par deux figures. L'individu
peut dans un premier cas garder son emploi et prospecter sur le marché
du travail en même temps ou encore dans un second temps partir en
situation de chômage pour améliorer ses chances de prospection sur
le marché du travail.
Aujourd'hui, il est très rare d'appliquer cette
dernière éventualité car l'agent doit pour se faire
réquisitionner des capacités en termes de disponibilité,
de relations informationnelles plus ou moins importantes. Il faut aussi que
celui-ci soit sûr de mobiliser: sa formation et son expérience
professionnelle ou encore son capital social14(*) et intellectuel lui permettant d'arriver à
l'emploi type recherché.
Ainsi, chaque agent cherche la trajectoire professionnelle qui
maximise son bien être.
Selon une étude réalisée par le centre
d'économie du développement IFReDE- GRES- Université de
bordeaux15(*), l'agent qui
offre ses capacités de travail, aura « tel type de
comportement » en vue de maximiser son bien être.
Il est donc essentiel de comprendre le comportement des divers
agents s'insérant sur le marché du travail en Afrique
sub-saharienne, d'analyser si ces comportements sont analogues dans toutes les
sociétés et savoir s'il existe une singularité africaine.
Le postulat posé par ces chercheurs concernant
l'Afrique sub-saharienne spécifie qu' « un agent participe au
marché du travail pour accroître ou maintenir son niveau de
bien-être et/ou celui du ménage dans le temps. A un instant
donné, l'agent décide de façon inter-temporelle d'offrir
un type d'emploi sur le marché du travail. Les décisions d'offre
de travail sont influencées par les objectifs de l'agent à court
terme, par ses objectifs à moyen terme (phase de maturation de la vie
active) et à long terme (la retraite).»
En effet, le bien être inter-temporel de l'offreur de
travail contient le bien être « instantané »
qu'il a assimilé tout au long de sa vie active. Ainsi, deux individus
ayant la même activité salariée avec des salaires
identiques peuvent avoir un niveau de bien être différent selon
l'ensemble des contraintes et des possibilités de leur propre
ménage.
La troisième période, elle, correspond à
la retraite de l'agent.
En Afrique sub-saharienne, il est difficile d'entrevoir et de
réaliser cette dernière phase dans la mesure où le seul
employeur capable d'offrir cette possibilité reste le secteur public
pour lequel on a remarqué une régression depuis les années
1980.
On peut donc résumer dans cette sous section qu'il y a
un très fort décalage entre l'Afrique sub-saharienne et le reste
du monde s'agissant de la croissance de l'offre de travail. En effet, la
particularité de la démographie africaine est une clé
d'explication relative à l'augmentation de la croissance des jeunes.
Elle traduit ainsi, leur volonté de soumettre au travail en
s'insérant dans une population active qui elle, ne cesse de
s'accroître.
Toute chose égale par ailleurs, on a pu observer que
les comportements des divers agents variaient selon les individus, la
maximisation de leur bien être et de leur faculté à trouver
un emploi qui leur correspond.
Comment se répartit cette grande population active dans
les villes urbaines ? Les jeunes fournissent des efforts
conséquents pour trouver du travail ce qui les obligent à migrer
vers les villes les plus appropriées à leurs besoins et dans
lesquelles ils pourront entamer leurs prospections. Par ailleurs, la grande
majorité des pays de l'Afrique subsaharienne ont été
soumis à l'urbanisation pour répondre aux besoins de cette
population, ce qui explique l'abondance des flux migratoires.
b) Migrations et répartitions spatiales de la
population active : les exigences de l'urbanisation
Une des grandes caractéristiques de la population
africaine est sa grande mobilité, la migration pouvant être subie
(déplacés, réfugiés...) ou choisie.
Le poids démographique comme nous l'avons vu
précédemment, pousse les jeunes à fuir leurs campagnes
pour s'installer dans les villes et rechercher un emploi. De nombreux migrants
vont en « ville » pour exercer un emploi salarié
dans le secteur moderne ou s'insérer dans des petites entreprises.
Néanmoins, ces migrants ne concernent pas une catégorie
spécifique de la population. En effet, les jeunes sont principalement
concernés par ces départs massifs vers les villes, ils ne sont
pas les seuls mais ils constituent la majeure partie de la population, la plus
active, la plus entreprenante.
En Afrique, le processus migratoire comprend essentiellement
deux étapes : des campagnes aux petites villes puis, des petites
villes aux plus grandes. Comment expliquer l'importance de ces
déplacements vers les villes ? Quelles conséquences sur le
marché du travail ?
Les capitales restent les principales
bénéficiaires des affluences de population, elles ont
généralement un taux de croissance migratoire plus fort que le
reste du milieu urbain.
Les facteurs de cette mobilité sont eux-mêmes
multiples : ils sont économiques, causés par des ruptures
liées à des cataclysmes, à des conflits, ou encore
liés à la désertification.
C'est la pauvreté rurale qui explique en grande partie
ces migrations vers les villes, elle nous permet de mieux cerner les enjeux de
l'urbanisation. Par ailleurs, on observe que les exigences de l'urbanisation
ont conduit à des changements rapides dans la répartition
spatiale des hommes.
Alors qu'en 1960 la seule ville de Johannesburg
dépassait le million d'habitant, à la fin du XXème
siècle l'Afrique en compte une quarantaine. Selon les Nations Unies, en
Afrique sub-saharienne, sur la période des années 1950 aux
années 2000, la population urbaine a été multipliée
par 1016(*). Ainsi, la
proportion de personne habitant dans les villes atteignait 33% en 2000 contre
10% en 1950.
Malgré cela, le taux d'urbanisation en Afrique
sub-saharienne reste le plus faible du monde, 37 % en 2005. Il y a tout de
même de nombreuses inégalités dans la région car
toutes les villes ne concentrent pas un taux d'urbanisation comparable, les
effets sont différents notamment en fonction des évolutions des
écosystèmes. En 2005, on note un taux d'urbanisation pour le
Cameroun équivalent à 51,20% alors que pour l'Ouganda en 2007, on
enregistre un taux de 12,35%17(*).
A partir des années 1980, certains démographes
constatent une décélération de la croissance urbaine. Ils
expliquent ce phénomène par des causes avant tout
mécaniques mais n'excluent pas le fait qu'il y ait eu certainement des
causes économiques. Pour d'autres, cette situation correspondrait
à une saturation urbaine typique de l'Afrique. Ces constats ne laissent
pas affirmer que les migrations internes sont de moins en moins importantes
mais au contraire que ce processus est bien en marche et en pleine
expansion.
L'exode rural est toujours significatif, et la moitié
de la population de l'Afrique sub-saharienne devrait habiter d'ici environ
trente ans dans les villes18(*). Urbaniser suppose une augmentation massive des
investissements dans la construction d'infrastructures, l'assainissement des
eaux usées et le retraitement des déchets dans les
agglomérations, d'une demande croissante en produits alimentaires que le
monde rural n'est pas en mesure de fournir.
L'urbanisation de l'Afrique sub-saharienne est devenue
indispensable, elle justifie les nombreux déplacements de la population,
notamment celle des jeunes vers les villes ce qui bouleverse le marché
du travail.
Pour certains, « cette urbanisation présente
des traits distinctifs : importance du sous emploi urbain, qui se traduit
par la croissance continue du secteur informel et non structuré ;
carence des infrastructures et importance des formes d'habitat précaire
(bidonvilles, qui rassemblent plus de 40% de la population urbaine)19(*) ».
Cependant, pour d'autres auteurs qui ont
réalisés de nombreuses études en ce qui concerne les
migrations et la répartition spatiale des hommes en Afrique
sub-saharienne, l'importance des « flux migratoires vers la ville
n'est pas nécessairement un facteur de dégradation des revenus et
d'augmentation du sous emploi20(*)». Ils insistent sur le fait que ces migrants
sont probablement jeunes et dynamiques mais que contrairement à ce qu'on
peut penser, certains d'entre eux renoncent à la migration s'ils n'ont
pas d'opportunités d'emploi plus ou moins assurées.
Ainsi, « le doublement attendu des arrivées sur
les marchés du travail en Afrique subsaharienne (environ 14 millions par
an au début des années 2000 et 27 millions au début des
années 2030 pour les deux sexes) est de nature à créer de
nouvelles tensions. Dans un contexte de migrations intra-régionales ces
arrivées massives de jeunes, en majorité peu
éduqués, sur les marchés de l'emploi vont entraîner
une intensification des mobilités21(*). »
Nous avons tenté de démontrer que concernant
l'étude du marché du travail en Afrique sub-saharienne, il
était utile de prendre en compte un certain nombre de
caractéristiques : la croissance de l'offre de travail qui est de
plus en plus abondante et qui ne facilite pas l'insertion des jeunes sur le
marché du travail ; les migrations internes pour expliquer les
tendances actuelles de la représentation des jeunes au sein de cette
population. Pour autant, il ne suffit pas de se limiter à ces seuls
éléments d'explications. Pour essayer de chercher une
amélioration aux conditions de développement de l'emploi des
jeunes, il devient important d'analyser d'autres critères.
Section 2 : La montée du chmage, le
sous-emploi et le sida comme freins à l'amélioration du
marché du travail
En 2005, en Afrique sub-saharienne le nombre de chômeurs
était estimé à 38 millions. Selon le Bureau International
du travail (BIT) le taux de chômage déclaré avoisine les
10% à 12% pour bon nombre de pays. Pour d'autres, le taux de
chômage estimé est un peu plus élevé, il se situe
pour la plupart des pays largement au dessus des 15%22(*). Pour ces derniers, ces
chiffres sont en dessous de la réalité, la définition du
chômage (donnée en1982) retenue par le BIT qui est utilisée
et appliquée dans la plupart des enquêtes sur l'emploi dans le
monde, est décrite comme très limitative et non adéquate
avec la situation en Afrique sub-saharienne. En effet, elle évoque que
« pour être déclaré chômeur, il faut ne pas
avoir travaillé ne serait ce qu'une heure dans la semaine de
référence de l'enquête, rechercher activement un emploi, et
être immédiatement disponible pour en exercer un». Cette
définition ne correspondrait donc pas aux réalités des
pays africains car ils ont du mal encore à cerner les frontières
entre le sous-emploi ou chômage déguisé (« fait
référence à une situation dans laquelle
l'élimination d'un certain nombre de travailleurs est sans effet sur le
volume global de production») et l'inactivité23(*).
On distingue d'un côté les travailleurs
occasionnels qui font de petits travaux en cherchant simultanément un
emploi, d'un autre les individus qui travaillent à temps réduit
contre leur gré et enfin les personnes
« non-chercheuses » d'emploi qui finissent par être
découragées, certes elles recherchent du travail mais pas de
manière active car elles restent persuadées qu'il n'existe aucun
emploi disponible.
Les enquêtes sur l'emploi réalisées en
Afrique de l'Ouest par l'Institut de Recherche pour le Développement
montre que «c'est surtout le sous-emploi qui constitue le principal frein
à l'amélioration de la situation sur le marché du travail,
affectant 67 % des actifs. Ainsi, près de 2,7 millions sur plus de 4
millions de personnes sont en situation de sous-emploi : au chômage,
en activité mais gagnant moins que le salaire horaire minimum
exerçant ainsi une activité professionnelle dans laquelle leurs
qualifications ne sont pas pleinement utilisées (sous-emploi invisible)
ou travaillant moins de 35 heures semaine contre leur gré (sous-emploi
visible). Quant aux personnes considérées comme inactives, quatre
sur dix se sont en fait retirées du marché du travail, estimant
ne pas pouvoir obtenir de travail compte tenu de la faiblesse de l'offre. Ces
inactifs, qui relèvent d'une forme de chômage latent,
représentent en fait des demandeurs d'emploi potentiels, susceptibles de
réintégrer le marché du travail si celui-ci
s'améliore. Ils doivent donc être considérés comme
tels dans les réflexions sur la mise en place de mesures
économiques en faveur de la création d'emplois24(*).» Ainsi, le sous-emploi
visible représente au Cameroun 12,1% de la population active
occupée en zone urbaine, à l'inverse le sous-emploi invisible
englobe 69,3% des actifs occupés25(*).
Le blocage des embauches dans les années 1980 ne s'est
donc pas accompagné d'une relance des investissements dans le secteur
privé moderne. La plupart des chômeurs doivent se résoudre
à travailler dans le secteur informel. Quelles sont donc toutes les
principales causes du chômage en Afrique sub-saharienne ?
Il y a de nombreuses causes du chômage constamment mises
en avant. « Il s'agit entre autres : du déclin
économique et de l'agriculture, du fardeau de la dette, de
l'insuffisance de l'investissement étranger direct, du ralentissement de
l'aide publique au développement, de l'incapacité de tirer profit
des avantages relatifs au traitement préférentiel (accords de
l'Organisation Mondial du Commerce), de la mauvaise gouvernance, des situations
de conflits armés. A toutes ces causes, il faut aussi ajouter la
croissance démographique vue précédemment (c'est la plus
élevée de tous les continents) qui fait que la proportion de la
population de moins de 14 ans est d'environ50%, à ne pas négliger
non plus l'exode rural26(*)». A noter aussi l'épidémie du
VIH/SIDA qu'on développera un peu plus tard.
L'exclusion du marché du travail touche toutes les
catégories de la population. Elle affecte particulièrement les
plus diplômés. Aujourd'hui en Afrique, le diplôme n'est plus
le passeport pour l'emploi27(*), caractérisé par un sous-emploi du
travail qualifié. L'Afrique subsaharienne est la région du monde
où il y a le plus de travailleurs pauvres. Ainsi, selon
le BIT dans un rapport intitulé « Tendances mondiales de
l'emploi des jeunes28(*) », publié en 2006, « les
jeunes quand ils ne sont pas au chômage sont des travailleurs pauvres. Le
chômage sur le continent quant à lui serait dû au
décalage entre la croissance du marché de l'emploi et celle de
leur population. Ils sont 57,7% en Afrique sub-saharienne à vivre
avec moins d'un dollar par jour et 87,1%, avec moins de deux dollars. En
d'autres termes, explique Dorothea Schmidt, économiste au BIT et
co-auteur du rapport, « un seul jeune sur dix gagne assez pour
s'élever au-dessus du seuil de 2 dollars par jour ». Alors qu'entre
1995 et 2005, le nombre de ces jeunes travailleurs pauvres est passé de
60 millions à 45 millions en Asie du Sud où cette tendance
était la plus importante, il est passé en Afrique sub-saharienne,
de 36 à 45,4 millions. Souvent issus de famille pauvre, ces jeunes
partagent leurs revenus avec leurs proches ou sont eux-mêmes, notamment
à cause du sida, chefs de famille29(*)».
Le constat qui a été réalisé, a
été de dire que la croissance de la population des jeunes
croît plus vite que le nombre d'emplois disponibles. Toujours selon ce
rapport entre 1995 et 2005, la main-d'oeuvre des jeunes, entre 15
(généralement personne en âge de travailler) et 24 ans, a
augmenté de 29,8% en Afrique subsaharienne. Le taux de chômage des
jeunes, est fixé à 18,1% pour la même période.
Cependant, les femmes ont le plus de difficultés
à trouver un emploi stable et convenable mais la tendance
générale montre que les taux de chômage en Afrique
sub-saharienne sont un peu plus élevés chez les hommes que chez
les femmes (voir tableau numéro 1). En effet, le taux d'emploi est
relativement élevé pour les femmes mais il ne faut pas
interpréter cette donnée comme un élément positif,
dans la mesure où, celles-ci sont contraintes aux activités de
subsistance (agriculture de subsistance) et sont encrées dans le secteur
informel (emplois vulnérables), les caractéristiques typiques de
la pauvreté.
Tableau 1: Parité dans le monde, taux de
chômage, par région dans
le monde et par sexe
Source : Source: BIT, 2007
(données 2004)
Tiré de
http://www.observatoire-parite.gouv.fr/portail/parite_monde/pdf/EM2b.Taux_chomage_monde.pdf
|
Les jeunes sont également confrontés à
d'autres problèmes et doivent faire le plus souvent des choix, pour eux
trouver un travail s'est donc essayer de survivre en se contentant d'effectuer
des petits boulots souvent informels, mal rémunérés
n'offrant aucune protection sociale, soumis à des horaires lourds, ou
encore beaucoup d'entre eux baissent les bras par découragement en
estimant qu'ils ne possèdent que d'infimes probabilités de
trouver un emploi et préfèrent alors sortir du marché du
travail.
Selon l'Organisation Internationale du Travail, si on pouvait
réduire de moitié le taux de chômage des jeunes,
l'économie mondiale y gagnerait et pourrait s'élever de 2200
à 3500 milliards de dollars. Environ 20% de cette croissance aurait lieu
en Afrique sub-saharienne30(*).
Par ailleurs, un problème tout aussi important qu'il
convient de signaler se rapporte à l'épidémie du
VIH/SIDA.
La grande majorité des personnes infectées par
ce virus sont celles qui sont en âge de travailler soit la population
comprise entre 15 et 49 ans. Cela, représente 90% des 40 millions de
personnes touchées par ce virus. Ce phénomène à des
conséquences désastreuses sur le marché du travail. En
effet, à long terme il y a des pertes de main d'oeuvre, des
répercussions au sein des structures familiales, des problèmes
liés à la survie des communautés, des entreprises et de la
productivité.
Pour le BIT, cette épidémie a donc des effets
directs sur la main d'oeuvre disponible et sa productivité, sur les taux
d'épargne, sur la croissance économique, sur la mise en place de
service public. Il rajoute que cette épidémie hausse le
coût d'exploitation, étrangle la production et fait fondre les
revenus. Selon leurs estimations, chaque jour 7000 jeunes âgés de
moins de 25 ans contractent le virus, 14 millions d'enfants ont perdu leurs
parents à cause de ce virus, d'ici l'an 2020 les pays les plus
touchés connaitront une réduction de la main d'oeuvre d'environ
10 à 30%31(*).
Dans ce contexte, il est commode de dire qu'il y a de profonds
bouleversements sur le marché du travail qui menacent l'éventuel
passage à une certaine stabilité. La situation sur le
marché du travail en Afrique est tellement perturbée, qu'il n'est
pas étonnant de voir qu'aujourd'hui l'immigration clandestine vers
l'Europe est en constante augmentation. Ces évolutions actuelles
traduisent un renforcement de la pauvreté au sein d'une population
durement touchée.
Autres que le chômage, le sous emploi,
l'épidémie du VIH et tous les autres freins à
l'amélioration du marché du travail, nous pouvons constater que
tous ces phénomènes se manifestent à cause de
l'économie africaine qui ne semble pas répondre aux exigences de
la population et par l'accentuation des inégalités qui semble
aujourd'hui ne pas relever de la fatalité.
Cependant, qu'en est-il de la demande de travail ? Par
demande de travail on entend qu'il s'agit des diverses actions que
mènent les entreprises africaines pour recruter une main d'oeuvre qui
est généralement cruciale pour assurer le bon fonctionnement de
leur économie. Cette demande de travail comporte de nombreuses
spécificités particulières à la structure du
marché du travail en Afrique sub-saharienne et qu'on ne retrouve nulle
part ailleurs.
II : L'économie africaine crée t'elle
des emplois : relations entre marchés du travail et faiblesses de
la compétitivité
Les premières idées qui ressortent de nos
précédentes recherches révèlent qu'il y a une
très forte population active en Afrique sub-saharienne. En effet,
beaucoup d'africains ont un emploi mais ces emplois sont souvent
inadéquats et ne correspondent pas à ce qu'il y a de plus utile
pour vivre correctement.
S'agissant des difficultés relatives au marché
du travail, le manque d'emploi utile et productif est l'un des plus graves
problèmes en Afrique sub-saharienne. Il y a une très grande part
de la population active qui exerce des activités familiales (travail
familial) formellement non rémunérées ou encore qui
travaille à son compte. On retrouve globalement ici, la place
très importante que joue l'agriculture dans la vie des africains.
Pour autant, que ce soit dans l'agriculture ou dans d'autres
secteurs, il s'agit dans beaucoup de cas de travailleurs indépendants,
qu'on retrouve en général dans les petites entreprises familiales
de subsistance32(*).
Aujourd'hui, il y a malheureusement de graves insuffisances de
la demande de travail. Ces problèmes sont liés, à
l'incapacité des économies africaines à créer des
emplois à un rythme suffisant pour ingérer de nouveaux venus sur
le marché du travail, ou encore à la nette
préférence des employeurs pour les travailleurs adultes par
rapport aux jeunes. Certes ceux-ci ne possèdent pas forcément de
compétences professionnelles, ni d'expérience, mais ils peuvent
néanmoins compenser tous ces manques par une plus grande motivation, un
potentiel plus important notamment dans de nombreux domaines, par ailleurs, ils
font souvent preuve d'innovation et d'intuition.
Les économies africaines offrent t'elles des
opportunités d'emploi aux plus démunis ?
Pour cela, il sera utile d'aborder dans une première
section les principaux mécanismes de la demande de travail en Afrique
sub-saharienne. Nous chercherons à voir quels sont les emplois
proposés à la population active urbaine ainsi que les
rémunérations qui y sont associés.
Il va falloir se replacer dans la logique dans laquelle nous
nous trouvions lors de nos recherches faisant référence à
l'offre de travail.
Le chômeur rentre sur le marché du travail afin
de trouver le « meilleur » salaire qui lui conviendra et
qui maximisera son bien être. Pour comprendre les mécanismes de la
demande de travail il est utile de débuter par les explications qui se
rapportent aux écarts de revenus. Par la suite, ces
éléments vont nous éclairer sur la composition
réelle du marché du travail en Afrique sub-saharienne. Il existe
ainsi deux marchés du travail qui fonctionnent selon les attentes des
demandeurs d'emploi.
Enfin dans une dernière section, nous essayerons de
comprendre pourquoi les économies africaines ne parviennent-elles pas
à s'élever au niveau mondial.
Section 1 : Quels emplois, pour quels
marchés du travail: représentations des mécanismes de
la demande de travail et les inégalités de revenus33(*)
En Afrique sub-saharienne, selon nos observations la
quasi-totalité des emplois sont des emplois de subsistance qui
génèrent des revenus très bas et qui créent des
inégalités au sein de la population active. Pourtant, c'est
à l'Afrique subsaharienne que la création d'emplois
décents et productifs pour les jeunes serait le plus profitable : son
PIB augmenterait de 12 à 19 pour cent (voir annexe 2)34(*).
Les auteurs DOERINGER et PIORE en 197135(*), ont cherché à
expliquer ces écarts de revenus par ce qu'on appelle la
« théorie de la segmentation » en considérant
que le marché du travail est décomposé en deux segments.
Pour eux, les écarts de salaires ne se résument pas seulement au
fait que les individus ont une information imparfaite sur les salaires et les
emplois (théorie standard) mais aussi parce que les salaires, les
trajectoires professionnelles ainsi que la sécurité de l'emploi
varient d'un segment à un autre.
Le premier segment n'est autre que le marché primaire,
caractérisé par des entreprises qui ont un marché interne
du travail protégé.
Le second marché du travail dit
« marché externe » se caractérise par trois
facteurs. Le premier c'est la relation «capital
humain -salaire », les salaires sont maintenus à un
niveau bas qui reste très nettement inférieurs aux salaires du
marché du travail primaire. Le second facteur est l'instabilité
qu'offrent ces emplois. Le troisième facteur concerne les
difficultés d'accès des travailleurs sur le marché
primaire.
Ainsi, il existe une connexion entre les deux marchés
mais les points de concordance sont très faibles. Dans le
deuxième marché on trouve des formes d'emplois plus atypiques,
plus précaires, souvent à durée déterminée
et qui vont se trouver progressivement dans la situation des travailleurs
pauvres.
Cependant, en cherchant plus loin, on peut voir que cette
théorie serait moins adaptée dans les pays d'Afrique
sub-saharienne dans la mesure où ces pays sont
caractérisés par la présence du secteur informel. Pour
autant, l'existence d'un marché formel et informel urbain du travail
dans ces pays et la détermination des salaires sont expliqués
dans la théorie de la segmentation.
En effet, cette théorie intègre un schéma
dans lequel les marchés du travail sont décomposés en
trois secteurs.
Premièrement, il y a le secteur urbain
structuré. Dans ce secteur, les salaires sont relativement
élevés parce qu'il incorpore tous les agents du pays qui
disposent d'une formation secondaire, universitaire. En outre, tous les agents
souhaiteraient travailler dans ce secteur parce que non seulement on y trouve
des salaires élevés mais qu'en plus il garantie la
stabilité de l'emploi. De ce secteur découle donc ce qu'on peut
appeler les « emplois salariés décents
protégés » qui nécessitent un contrôle de
travail et de protection sociale avec une rémunération
supérieure au salaire minimum en vigueur.
Selon l'enquête 1-2 -3 dans les capitales de la
zone UEMOA étudiées préalablement, l'emploi salarié
décent correspond à 30%des emplois urbains disponibles, soit
23,8% des actifs occupés exerçant dans le secteur formel
(privé, public et associatif) avec 8,4% de ces actifs dans le secteur
formel public et para-public et 15,4% dans le secteur formel privé.
Pour Denis COGNEAU36(*), il y a une part importante d'actifs au sein des
jeunes générations qui subit le rationnement des emplois dans le
secteur moderne. Cela traduit le fait que dans les pays d'Afrique
sub-saharienne seule une minorité d'actifs souhaitant travailler dans le
secteur structuré est satisfaite. Selon cet auteur, cette situation
s'explique par les insuffisances des capacités de production qui
engendre un faible niveau de production dans le secteur formel. Ainsi, la
demande de travail dans le secteur formel sera fonction du niveau de la
production.
Deuxièmement, on a le secteur urbain non
structuré composé de micro-entreprises qui proposent une large
gamme de services et qui exercent le plus souvent sur des exploitations
délaissées par le secteur structuré par faute de
rentabilité. Ce secteur assure des emplois particulièrement aux
migrants qui sortent des zones rurales et qui désespèrent trouver
un emploi dans le secteur structuré. L'entrée dans ce secteur est
ouverte à tous. En effet, pour certains auteurs, l'agent qui dispose
d'un petit capital, peut se créer un travail indépendant. A
contrario, l'agent ne disposant pas de capital, peut toujours effectuer des
services pour autrui dans des conditions de travail souvent pénibles et
pour un salaire dérisoire. Selon d'autres auteurs tels que Bruno
LAUTIER37(*), pour
s'insérer sur le marché du travail non structuré dit
encore « secteur informel », il faut être
intégrer dans des réseaux, être accepté par
tous : fournisseurs, racketteurs ainsi que par la police.
Tous les offreurs de travail peuvent trouver un emploi en
accédant à ce secteur. Cette facilité d'accès peut
entre autre, constituer une limite. Néanmoins, on constate que
l'entrée de nouveaux offreurs sur ce secteur diminue les revenus
déjà très bas des offreurs présents.
Sur ce marché du travail, on distingue deux
catégories d'emploi : les emplois salariés
(irréguliers ou réguliers) non protégés et les
emplois indépendants vulnérables qui relèvent
essentiellement de ce secteur non structuré. Dans cette première
catégorie on va trouver ce qu'on appelle les emplois
« dépendants médiocres » qualifiés ou
non qualifiés qui se démarquent par la faiblesse des revenus,
l'absence de contrôle de travail et de protection sociale. C'est
évidemment l'inverse du secteur formel structuré. Les emplois
médiocres restent de loin ceux qui rassemblent le plus d'emplois
vulnérables. Dans cette structure du marché du travail il existe
également des inégalités de revenus entre salariés
non protégés qualifiés et salariés non
protégés non qualifiés.
« Selon des enquêtes du BIT dans cinq
capitales d'Afrique Subsaharienne, suivant les pays 1,8 à 32,9 % des
salariés qualifiés du secteur informel gagnent moins que le
salaire minimum, contre 43,1 à 100 % pour les travailleurs non
qualifiés et 92,8 à 100 % pour les apprentis ». Dans la
seconde catégorie d'emploi proposée par le secteur urbain non
structuré, on a donc les emplois indépendants vulnérables.
L'objectif à long terme pour le salarié sera de sortir de cette
classe « vulnérable » par échelonnement en
essayant de se hisser dans la catégorie des salariés
indépendants non vulnérables qui se trouvent à cheval
entre le marché du travail urbain structuré et le marché
du travail urbain non structuré. Les emplois indépendants des
économies urbaines en Afrique sub-saharienne sont
généralement occupés par des patrons de micro-entreprises
qui sont très souvent des anciens salariés qui ont
démissionné ou ont été licencié, ont
été des anciens apprentis et aides familiales qui sont
passés ou non par des emplois salariés, ou encore des anciens
ruraux de l'agriculture. Ces travailleurs deviennent indépendants pour
deux raisons particulières. La première, par contrainte soit
parce qu'ils ont été licencié ou pour éviter qu'ils
ne restent trop longtemps au chômage. La seconde, par volonté
d'être indépendant et de rechercher de meilleurs revenus. C'est
dans la première raison qu'on peut voir qu'il s'agit de travailleurs
indépendants vulnérables parce que le statut d'emploi de
travailleur indépendant est une phase de transition, le chômage
leur est imposé c'est donc une contrainte tandis que, ceux qui
désire vraiment être travailleurs indépendants pour des
raisons positives, par pure volonté, seront à la recherche de
l'objectif final décrit précédemment.
Enfin, le troisième secteur du marché du travail
correspond au secteur agricole rural. On enregistre une baisse des cours qui a
fait décliner la rentabilité du secteur, malgré ça,
l'agriculture reste un secteur attractif. En effet, elle permet de
développer des activités de subsistance. L'exemple a
été clairement démontré en ce qui concerne le
freinage de l'exode rural, il a été suggéré de
retenir et de maintenir les jeunes dans ce secteur, sous prétexte qu'ils
pourraient ainsi subvenir à leur besoin.
Pour résumé, le nombre d'emploi convenable et
décent de l'économie urbaine en Afrique sub-saharienne
dépend du niveau de l'offre de biens et services, qui dépend
lui-même des capacités de production du secteur structuré.
Or, on a pu remarquer que les capacités de production de ce secteur sont
relativement limitées par rapport à l'offre de travail
salariée, tous les agents offrant un travail dépendant ne
pourront pas accéder à un emploi salarié décent.
Certains individus vont travailler en tant qu'employés non
protégés et d'autres vont créer leurs propres
activités en offrant du travail indépendant.
Selon un rapport de DIAL (Développement, Institutions
et Analyses de long terme) les choses ont à bouger encore. En effet,
pour accentuer nos idées sur l'emploi des jeunes, ce rapport
énonce qu'il apparaît que ceux-ci « ont payé le plus
lourd tribu aux médiocres performances économiques du continent
africain38(*) ». Les
inégalités de revenus, le manque d'emploi décent suffisent
à amoindrir les chances des jeunes à pouvoir vivre correctement
et à assurer leur avenir.
A ce stade, les économies de l'Afrique sub-saharienne
ne sont donc pas assez efficaces car elles sont globalement en
difficulté pour offrir aux plus démunis un travail salarié
leur permettant de faire vivre leur famille. Avec toutes ces données
peut-on encore espérer que les entreprises de l'Afrique sub-saharienne
fournissent des efforts considérables en termes de
compétitivité pour intégrer le giron d'une économie
mondiale en pleine expansion.
Section 2 : Une insertion difficile dans un contexte
mondial incontournable : relation entre la compétitivité des
entreprises africaines et la productivité du travail
L'Afrique d'aujourd'hui à une place très
marginale sur le plan mondial. En effet, contrairement à l'Asie du
Sud-est et de l'Est, elle n'a pas apparemment su tirer parti des avantages
crées sur la scène mondiale. On dira même qu'elle a
effectué le processus inverse, s'attachant à des exportations de
matières premières et étant quasiment absente des
marchés porteurs : ceux des produits manufacturés et des
services.
Nous pouvons faire un petit état des lieux. Ainsi, les
productivités très faibles liées à la
surévaluation des taux de change qui ont été
remarquées dans de nombreux pays et pendant très longtemps n'ont
pas permis à cette région du monde d'être
compétitive sur les nouveaux marchés porteurs, mais elles ont
lentement détérioré la place qu'elle détenait sur
les marchés de matières première, là où elle
était assez compétitive (elle a maintenue des parts de
marché sur les produits comme le café, le sisal, le coton et le
tabac...).
Pour illustrer nos propos sur le manque de
compétitivité, on utilisera l'exemple des entreprises textiles de
l'Afrique de l'Ouest.
En 199839(*), la part des textiles africains sur les
marchés internationaux est inférieure à 1%, dans un
contexte de forte concurrence des pays asiatiques dont les parts de
marchés sont solidement acquises, les pays africains et notamment ceux
de la zone franc40(*), ont
eu très peu de chances de percer.
Même sur leur propre marché, ces pays sont
très concurrencés en raison de leur manque de
compétitivité- prix41(*) mais aussi par leur manque de cohérence dans
les choix qu'ils ont effectués. C'est à la suite de la baisse
générale du pouvoir d'achat sur les marchés nationaux puis
à la suite de l'instauration des plans d'ajustements structurels
auxquels on ajoute la concurrence des produits asiatiques que les
activités des entreprises textiles africaines on progressivement
disparues.
Par ailleurs, ces entreprises seraient en difficulté
parce qu'elles auraient choisi des stratégies de reproduction
d'importation intégrant des technologies trop capitalistiques et non des
stratégies de substitution des importations. Ces dernières
visent à remplacer progressivement les importations par une production
locale en commençant par les industries les plus simples
(vêtements, produits alimentaires,...), l'Etat établit des
protections douanières dans le secteur des biens de consommation mais
instaure des droits de douane faibles sur les biens d'équipements afin
d'encourager l'investissement.
Dans un contexte de très forte concurrence sur le
marché mondial, les marges des entreprises africaines sont amoindries
car les choix technologiques d'origine n'ont pas été
réalisés conformément aux conditions de production locale.
Ces éléments expliquent alors pourquoi aujourd'hui encore les
prix de revient sont élevés et justifie donc le manque de
compétitivité des entreprises textiles d'Afrique de l'Ouest.
Ainsi, l'inadaptation des modes de gestion
opérés est à l'origine des écarts de
productivité du travail. La productivité du travail est la
« quantité de
biens et
de
services
que l'on peut obtenir en une heure de travail, grâce à une
meilleure
formation, à une meilleure
organisation
du travail, à une
automatisation
plus poussée de la
production,
à de meilleurs outillages et à un
effort
d'équipement sans précédent42(*)».
Si on reprend cette définition on peut comprendre qu'il
y a différentes façons d'agir sur la productivité du
travail par : l'introduction de nouvelles techniques, une meilleure
gestion des ressources humaines en adaptant l'éducation et la formation
aux besoins (facteurs de productivité et de compétitivité
quand ils sont utilisés à bon escient), l'amélioration de
la qualité des infrastructures...
Nous pouvons constater alors que le lien entre
compétitivité-prix et la productivité du travail va
dépendre des facteurs qui ont déterminé cette
productivité.
La hausse de la productivité résulte
principalement du fait que les entreprises combinent mieux capital, travail et
technologie. Un manque d'investissement dans les ressources humaines, dans les
équipements et les technologies peut entraîner une sous
utilisation du potentiel de la main-d'oeuvre dans le monde.
C'est malheureusement le constat qu'on dresse aujourd'hui, il
y a de trop grandes disparités quant à la productivité du
travail, elles sont dues à une mauvaise répartition des facteurs
de production, du capital et de la technologie.
Selon le directeur général du BIT, Monsieur Juan
SOMAVIA la situation est préoccupante, il existe un trop grand
écart de richesse. Il énonce qu' «augmenter les niveaux de
productivité des travailleurs qui ont les plus bas revenus dans les pays
les plus pauvres est la clé pour réduire les gigantesques
déficits de travail décent dans le monde.»
A travers cette grande partie, il convenait de mettre en
exergue les nombreuses difficultés auxquelles sont confrontées
aujourd'hui toutes les économies de l'Afrique sub-saharienne. En effet,
il n'est pas négligeable de dire, que les individus et notamment les
jeunes seront parallèlement dans la même situation que leurs
prédécesseurs, c'est-à-dire exposés à des
emplois inadéquats intégrant des salaires d'existence
médiocres.
Comme nous l'avons longuement répété, la
diminution des emplois dans le secteur public constatée dans le cadre
des ajustements budgétaires ne s'est pas suivi d'une relance de l'emploi
dans le secteur privé moderne ce qui a condamné certain à
rétrécir leurs champs de prospection pour trouver un travail
décent. Par ailleurs, cette diminution peut être envisagée
pour améliorer la productivité du travail mais en tant que seul
facteur utilisé on ne pourra pas connaître l'évolution
exacte de cette productivité à long terme.
En résumé, le lien productivité du
travail et compétitivité-prix en Afrique sub-saharienne est
très disparate dans la mesure où les entreprises ne sont pas
assez performantes et que la productivité du travail reste très
faible.
Le rapport sur le KILM (Key Indicators of the Labour
Market43(*)) montre qu'un
seuil critique de décollage de la productivité du travail peine
à être atteint : 7 travailleurs sur dix se retrouvent dans
l'agriculture. « En condition d'extrême pauvreté, le travail
est long, dur et très improductif », d'où l'extension du
phénomène des travailleurs pauvres.
Nous voyons alors qu'il n'est pas évident pour ces pays
de sortir de la pauvreté. En effet, un autre problème de
l'économie, succinctement évoqué ne va pas changer la
donne. Il sera alors indispensable de porter un regard particulier sur le
secteur informel en Afrique subsaharienne, catalogué aujourd'hui comme
un secteur en pleine expansion.
III : Attention particulière portée
à un secteur informel solidement implanté : quel avenir pour
la jeunesse africaine ?
En ne mettant pas leur potentiel, leur productivité en
avant, en ne leur fournissant pas de travail décent, les jeunes qui se
retrouvent au chômage ont le sentiment d'être inutile, exclut, de
ne valoir rien ce qui fragilise leur stabilité. Entre outre, cela les
poussent à exercer des activités illégales pour pouvoir
survivre.
Pourquoi le secteur informel est-il autant
représenté en Afrique?
Entre autre, dans les années 1970, le secteur public
dit encore secteur formel structuré était le premier employeur
dans un pays où la population active urbaine ne cessait de
croître. Or, le ralentissement des embauches des années 1980 s'est
traduit par de profonds bouleversements sur le marché du travail urbain
impliquant des licenciements importants dans le secteur privé qui n'a
pas pris le relais. Les évolutions mouvementées du secteur formel
n'ont fait qu'accélérer le développement du secteur
informel
Selon certaines enquêtes, le secteur informel a pour but
principal la satisfaction des besoins des ménages, principalement en
biens de consommation courante (alimentation, habillement) et en services, il
constitue également le mode d'insertion privilégié de la
main d'oeuvre.
Tout cela laisse entrevoir que le développement du
secteur informel dans les grandes villes d'Afrique subsaharienne
témoigne plus d'une logique de survie que de l'émergence
d'activités productrices qui offriraient une solution alternative
à la crise du marché de l'emploi. Aujourd'hui, l'une des
difficultés est de diminuer la productivité globale qui repose
sur l'évolution des emplois vers des secteurs qui sont très peu
productifs, ainsi que sur la précarisation croissante des emplois
créés dans le secteur informel.
Le sort des jeunes arrivants sur le marché du travail
dépendra dans une très large mesure de la croissance
économique et du contenu de la croissance de l'emploi dans les divers
secteurs de l'économie. Ainsi, dans cette dernière partie,
centrée sur le secteur informel, on se posera certaines questions.
Dans une première section on s'interrogera sur les
capacités des micro-entreprises « typiques » du
secteur informel à créer des emplois. Une seconde section nous
donnera quelques informations sur les conditions de vie de certains jeunes
dépendants du secteur informel, livrés à eux même
faute d'emploi.
Section 1 : La réalité africaine :
la situation typique des micro-entreprises
Il est délicat de définir le secteur informel
dans la mesure où il y a une diversité des acteurs constituant la
main d'oeuvre de travail : les salariés non protégés
et indépendants, mais aussi les apprentis et les travailleurs familiaux
collaborant à l'entreprise familiale.
A partir delà, concentrons nous sur la
définition donné par la XVème Conférence
Internationale des Statisticiens du Travail (CIST) en 1993 :
« le secteur informel peut être décrit, d'une
façon générale comme un ensemble d'unités de
production des biens ou des services en vue principalement de créer des
emplois et des revenus pour les personnes concernées. Ces unités
ayant un faible niveau d'organisation, opèrent à petite
échelle de manière spécifique, avec peu ou pas de division
entre le travail et le capital en tant que facteurs de production44(*). »
Entre autre, le concept d' « emploi
informel » se défini pour l'exercice d'une activité
économique par le non enregistrement, l'absence de contrat ou de
protection sociale. Le secteur informel lui-même en est donc une
composante. Toujours selon la CIST, le concept d'emploi informel se
réfère aux emplois comme unités d'observation.
Suite à ces définitions, on s'appuiera sur un
segment défini en termes de nombre total d'employés travaillant
dans une entreprise, ici ça sera le cas de la micro-entreprise, peu
importe les statuts précédemment cités.
La micro-entreprise est donc un segment principal constitutif
du secteur informel. Selon la classification internationale utilisée par
le BIT, une micro-entreprise s'identifie dès lors qu'elle compte moins
de 10 personnes employées.
Le constat qui ressort depuis une vingtaine d'années
est que le secteur informel grossit de jour en jour. Concernant l'Afrique
sub-saharienne et notamment de l'Ouest, les micro-entreprises
représentent un poids important tant au niveau des emplois
proposés que dans le nombre d'entreprise concernée.
On peut tirer d'une étude45(*) menée par Sarah
MARNIESSE46(*) sur le
marché du travail en Afrique sub-saharienne, que 85% des emplois
crées en 1993 l'ont été dans le secteur informel. Autre
exemple est celui de Yaoundé où on recensait en 1994 plus de 50%
de personnes travaillant dans le secteur informel (en termes de respect des
règlementations).
En 2006, les emplois étaient tous autant
prépondérant dans ce secteur, plus de 90% des actifs
occupés y étaient employés. Selon un rapport de l'Agence
Française pour le Développement (AFD), le Cameroun est le pays
type de l'économie informelle : le Cameroun est, selon toute
vraisemblance, le pays d'Afrique sub-saharienne qui a un des taux les plus
élevés d'emplois en secteur informel47(*).»
« Les activités informelles, principalement
celles des micro-entreprises progressent plus qu'elles ne
régressent. » Il serait légitime de comprendre cette
expansion. Les comportements des entrepreneurs de ce secteur sont variables. En
effet, quand nous analysions les emplois proposés par les
économies africaines, nous avons pu constater que dans le secteur
informel parmi les travailleurs indépendants, il y avait ceux qui
étaient devenu indépendants pour des raisons positives. Le plus
souvent, il s'agit de petits entrepreneurs qui deviennent indépendants
pour tirer parti des compétences et expériences acquises lors de
leur passage dans le secteur formel et ce avant de monter leur petite
affaire.
Dans cette optique, il semblerait que le développement
de ces activités informelles ne doit pas être mal perçu en
ce sens qu'elles ne dégradent pas forcément le marché du
travail. Il est montré que parfois ces activités sont aussi
compétentes que celles du secteur formel.
De ce fait, les activités informelles des
micro-entreprises constitueraient elles des activités viables au niveau
économique ?
Les éléments sur cette question sont très
nombreux mais restent assez peu développés dans la mesure
où les institutions n'ont pas établi de typologie au sein des
micro-entreprises pour repérer celles qui peuvent créer à
la fois des emplois et de la valeur.
L'idée dans cette section est de montrer qu'il existe
un secteur informel vraiment enraciné en Afrique sub-saharienne. Ce
secteur est donc principalement représenté par les
activités informelles des micro-entreprises. Néanmoins,
contrairement aux idées reçues, nous avons essayé de
tempérer les propos, en montrant que les micro-entreprises pouvaient
être capables de créer des emplois et qu'elles avaient
également la faculté de développer certaines aptitudes
telles que le capital humain favorisant ainsi l'embauche de d'autres
employés.
Autrement dit, le gros problème concernant les
économies sub-sahariennes c'est que les emplois qui sont
développés dans les micro-entreprises sont certes faciles
à créer mais peu rémunérés. En
réalité, il y a donc de nombreux blocages qui tentent
d'être dégagés depuis un certain nombre d'année par
de nombreux programmes d'appui à la micro-entreprise dans le but d'aider
les entrepreneurs indépendants. Cependant, on s'aperçoit que
l'accroissement de la demande d'emploi par la population active constitue un
réel désavantage car les débouchés ne sont pas
suffisants et sont très instables.
Il ya donc de vraies difficultés à créer
des emplois salariés viables dans les micro-entreprises en Afrique
sub-saharienne. Pour les chercheurs de l'IRD qui ont conduit un certain nombre
d'enquêtes sur ce sujet, l'un des principaux enjeux pour l'avenir, est de
« réussir à ce que l'essor du secteur informel soit en
adéquation avec les exigences du développement, en
réorientant ce secteur vers des logiques plus productives48(*) ».
Cependant, il est difficile de rester optimiste après
toutes ces observations concernant le retard de l'Afrique sub-saharienne en
matière d'offre d'emploi pour les jeunes. Ces diverses réflexions
mènent toujours à des résultats décevants qui
traduisent une crise de l'emploi. On voit ainsi, les opportunités des
jeunes à sortir un jour de leur pauvreté en constantes
dégradations.
Section 2 : Les liens entre jeunes et crise de
l'emploi : les conséquences inéluctables du secteur
informel
Les possibilités d'emploi offertes par le secteur
formel étant très faibles, les jeunes se retrouvent donc par
contrainte dans le secteur informel. Aujourd'hui, il y a véritablement
une crise de l'emploi en Afrique sub-saharienne.
Le jeune qui n'a pas un revenu suffisant pour se suffire
à lui-même, reste une charge pour sa famille. De ce fait, la
famille voit ses chances de sortir de la pauvreté s'amincir et les
frères et soeurs eux, la possibilité d'accéder à
l'instruction s'envoler, les parents préférant garder leur petite
part de revenu aussi modeste soit elle car celui-ci ne leur permet pas
d'envoyer leurs enfants à l'école, cela compromettant ainsi leurs
perspectives d'avenir.
Autrement dit, on peut supposer par déduction que les
futures générations se retrouvent prises au piège de la
pauvreté. En effet, procurer un emploi décent aux jeunes leur
permettrait d'assumer leur vie et celle de leur famille. En fournissant des
emplois convenables, c'est leur donner, ainsi qu'à leur famille, une
vraie occasion de sortir de la pauvreté.
Ces jeunes touchés par la crise de l'emploi sont
confrontés à un manque de savoir et d'instruction, à une
incapacité à intégrer le système scolaire, à
une non assistance des pouvoirs publics et sont donc soumis à des
conditions de vie précaires. Ainsi ce qui caractérise
« l'enfant de la rue » c'est : la pauvreté, sa
débrouillardise (le fait de survivre économiquement),
l'individualisme (chacun fait son propre bizness pour s'assurer de meilleurs
lendemains), la violence qu'il exprime pour revendiquer une place au sein de la
population urbaine...
Christopher WAKIRAZA49(*) reprend dans ses recherches que « selon
les estimations du professeur Mike MUNENE, de l'université MAKERERE
à Kampala, 10 000 jeunes Ougandais étaient des enfants de la rue
en 1995 et depuis leur nombre c'est multiplié. Ces jeunes de la rue sont
assujettis aux pires formes du travail des enfants.50(*) »
Ce problème n'est donc pas sans conséquences
aujourd'hui car il agit directement sur les plus jeunes
générations c'est-à-dire les plus jeunes enfants, des
enfants privés de leur jeunesse car le plus souvent contraints à
travailler pour aider leur famille.
L'importance du travail des enfants est une
caractéristique majeure du secteur informel où les
règlementations qui interdisent le travail des enfants ne sont pas
respectées. Au Cameroun, en 2006, « le taux
d'activité est de 71,5 % pour une population âgée de 10 ans
et plus. Ce taux fait alors apparaître le phénomène
préoccupant du travail des enfants (39,9 % des enfants de 10 à 14
ans ont été recensés comme exerçant un
emploi)51(*).»
Selon le rapport de recherche de Soulèye KANTE
consultant au BIT, il ya de nombreux facteurs qui font que les enfants sont
soumis au marché du travail. Il y a avant
tout : « l'insuffisance des capacités d'absorption
du système conventionnel d'enseignement qui fait que la majorité
des enfants n'ont pas la possibilité d'être scolarisés et
se retrouvent ainsi dans le secteur informel, soit en situation
d'apprentissage, soit en tant que travailleurs à leur compte ou pour le
compte d'un autre acteur de l'informel (porteurs aux abords des marchés,
laveurs de voitures, cireurs, employés dans le transport informel).
Ensuite, il y a l'aggravation de la pauvreté, de telle sorte que la
plupart des chefs de famille ne sont pas en mesure d'assurer les besoins
sociaux de leur ménage. Enfin, la crise dans le secteur moderne pousse
de nombreux employeurs à rechercher une main-d'oeuvre peu
qualifiée, mais bon marché52(*) ».
Dès leur plus jeune âge ces enfants sont
exploités en effectuant des travaux pénibles avec des horaires
contraignants, le plus souvent pour de médiocres
rémunérations.
Entre autre, ils ne bénéficient pas de
protection sociale et se voient exposés à toutes sortes de
dangers (maladies, accidents...). C'est donc pour lutter contre les pires
formes de travail des enfants qu'en 1999, a été adopté la
convention numéro C18253(*) approuvée par les gouvernements ainsi que les
travailleurs et les employeurs. Elle réaffirme entre autre, les
dispositions de la convention générale adoptée par l'OIT
en 1973 (numéro 138) fixant l'âge minimum d'admission à un
emploi.
De nombreuses conclusions sont à dégager de ce
chapitre. En effet, nous avons pu mettre en évidence les
caractéristiques du marché du travail en Afrique subsaharienne.
Les premières tentatives de compréhension ont montré que
la population active africaine est très forte et continue de
s'accroître, ce qui renforce les flux migratoires en direction des villes
dû notamment à l'exigence de l'urbanisation et maintient cette
région du monde dans un environnement de grande pauvreté avec un
chômage global qui accentue la fragilité particulière de la
population, notamment celle des jeunes.
Le chômage est donc une des conséquences les plus
significatives de la difficile insertion des jeunes sur le marché du
travail mais on constate aussi que les économies sub-saharienne en
générale n'offre pas plus d'alternatives. En effet, elles sont
caractérisées par des faiblesses de compétitivité
et par des problèmes de gestion ce qui ne peut donc pas permettre de
régénérer la productivité du travail qui elle,
s'enfonce petit à petit. Réussir à s'imposer dans le
commerce mondial n'est donc pas très envisageable, en tout cas pas dans
l'immédiat. L'Afrique subsaharienne conserve une place très
marginale à cause notamment de ces difficultés économiques
et son insuffisance à gérer les problèmes de sa population
en particulier ceux des jeunes générations.
Malgré l'analyse pragmatique du marché du
travail, l'attention a été particulièrement posée
sur le secteur informel qui constitue l'une des principales dynamiques du
marché du travail aujourd'hui dans ces pays. En effet, on a pu voir que
les micro-entreprises « animatrices » principales du
secteur informel pouvaient être une des solutions pour permettre la
création d'emploi s'il n'y avait pas ces nombreux blocages de nature
« inconnue » dans l'étude de la viabilité
économique de leurs activités. Enfin, on s'est interrogé
sur les perspectives d'avenir pour la jeunesse africaine. A croire que les
difficultés rencontrées avec les adolescents et jeunes adultes ne
suffisaient pas, il faut en plus qu'elles concernent les plus jeunes. Ainsi,
l'espoir de voir un jour tous ces jeunes sortir de la pauvreté reste
minime.
Y a-t-il des responsables de tous ces désastres ?
Comme nous l'avons déjà dit, il n'y a rien de fatal à
cette histoire. D'une part, l'éducation joue un rôle central dans
l'accès des jeunes au marché de l'emploi (chapitre 2). D'autre
part, il n'y pas que cet aspect du problème puisque l'on peut
s'apercevoir que ces jeunes sont les premiers qui payent les
conséquences des politiques calamiteuses de leurs gouvernants qui
tentent par tout les moyens aujourd'hui de rétablir une vision plus
emblématique de leurs états respectifs à travers la
volonté de développer les emplois pour les jeunes (chapitre
3).
CHAPITRE 2 : La responsabilité de
l'éducation à l'égard de l'offre d'emploi pour les jeunes
africains
En guise d'introduction, rappelons que la main-d'oeuvre jeune
en Afrique sub-saharienne est celle qui augmente le plus dans le monde. Il est
donc admis de dire que beaucoup de jeunes sont obligés de trouver des
emplois précaires dans le secteur informel et dans le secteur agricole
pour survivre, ces jeunes ont perdent jour après jour toute confiance en
eux.
L'éducation est un droit humain fondamental,
proclamé par tous les Pactes internationaux relatifs aux droits de
l'homme. « L'éducation pour tous est importante et ce pour
trois raisons. Un, l'éducation est un droit. Deux, l'éducation
accroît la liberté individuelle. Trois, l'éducation apporte
une contribution formidable au développement54(*). » (John Daniel)
L'école est un lieu d'enseignement des valeurs, on y
acquiert l'épanouissement individuel et collectif, c'est
également le lieu de construction de la démocratie. La
démocratie ne pouvant pas ainsi être envisagée dans un
monde d'analphabètes. Selon le rapport mondial sur la jeunesse de 2007,
il y a de grands progrès qui ont été réalisé
en matière d'éducation en Afrique sub-saharienne. En effet, le
taux brut de l'école primaire est passé de 57% en 1999 à
70% en 200555(*).
Néanmoins, certains affirment qu'il faut utiliser ces chiffres avec
prudence car ceux-ci sont souvent manipulés par les chefs d'Etats contre
de l'argent.
La situation actuelle, montre que le taux de scolarisation
n'est pas pleinement atteint. Est-ce parce que les gouvernements africains
n'ont pas fait de l'éducation leur priorité et donc n'ont pas mis
à disposition les moyens matériels et financiers permettant aux
jeunes d'accéder à la connaissance ? Est-ce parce que les
systèmes éducatifs en Afrique sub-saharienne ne sont pas au coeur
des stratégies de développement ?
L'accès à l'éducation est donc toujours
un sérieux problème pour de nombreux jeunes qui demeurent dans la
pauvreté. Les principaux enjeux mettent l'accent sur le fait que
l'Afrique doit pouvoir compter avant tout sur elle (sur ses ressources) pour
son propre avenir. En effet, elle seule peut définir correctement ses
stratégies. Pour cela, la société africaine doit pouvoir
savoir lire et écrire. Développer l'employabilité des
jeunes est crucial pour leur donner une chance d'accéder à un
emploi et une carrière professionnelle viable et ainsi leur permettre
d'assurer une place de premier choix sur le marché du travail.
Autrement dit, les défis à mettre en place en
vue d'améliorer la situation des jeunes en termes d'emploi sont de
mettre en oeuvre simultanément les politiques d'éducation et
celles du marché du travail en adéquation.
Néanmoins, de nombreuses questions restent en
suspend : les jeunes sortis du système scolaire trouvent ils un
emploi ? Les enseignements dispensés sont ils cohérents avec
les compétences que devront requérir les jeunes pour se procurer
un emploi ?
Dans une première partie nous nous
intéresserons aux politiques éducatives de l'Afrique
sub-saharienne. On s'interrogera sur la qualité de l'enseignement, sur
les facteurs d'amélioration de la qualité, savoir quels ont
été les changements particuliers depuis la décolonisation.
Il conviendra également de voir comment se caractérise
globalement le système scolaire. En effet, si l'éducation est
nécessaire pour tous, on peut constater entre autre que tous les
individus n'y ont pas facilement accès, notamment les filles qui
dès leur plus jeune âge sont confrontées à des
inégalités d'accès à l'éducation.
Enfin dans une seconde partie, nous verrons que l'école
est certes une chance pour tous de performance et d'amélioration des
connaissances mais qu'aujourd'hui concernant les problèmes d'obtention
d'un emploi fixe et convenable, les enjeux à surmonter sont beaucoup
plus profonds. En effet, les problèmes relevés dans certains pays
comme la France en matière d'emploi des jeunes indiquent qu'un
étudiant sorti du système universitaire, acquiert un niveau
d'instruction satisfaisant, mais parfois il rencontre des difficultés
à être rémunéré à hauteur de ses
qualifications. Le niveau général de l'instruction n'est il pas
une cause du chômage des jeunes ? Dans le cas de l'Afrique
sub-saharienne, il ya a trop souvent des problèmes rencontrés
lors du passage de l'école à la vie active. En effet, les jeunes
n'ont pas le plus souvent les connaissances, les compétences
nécessaires pour trouver l'emploi qu'il désire effectuer. Un
autre problème qui souligne cette inadéquation entre
l'école et la vie professionnelle est le rôle que joue la femme
africaine dans la société. Ainsi, aujourd'hui, il y a un profond
décalage entre l'éducation de la fille, l'emploi
réservé à la femme, la pauvreté et les actions
réellement menées pour que tout cela change. Il s'avère
donc important de redéfinir la place des femmes africaines.
I : Caractéristiques des politiques
éducatives et système d'instruction
Les enfants qui ne vont pas à l'école, sont ceux
dont les parents sont pauvres. Il faut mettre en place les systèmes
d'éducation avec cohésion. Les communautés internationales
se sont données comme priorité en 1990, lors de la
Conférence mondiale de l'éducation pour tous, de promouvoir au
niveau universel, l'éducation pour tous (EPT)56(*).
Depuis cette conférence, des efforts
considérables ont été faits et les systèmes
éducatifs ont connu une augmentation des effectifs. « Le taux
net total de scolarisation dans le primaire dans les régions en
développement a atteint 88% au cours de l'année scolaire
2004/2005, alors qu'il n'était que de 80 % en 1990/199157(*) ». Le programme des
Nations Unies pour le développement, réaffirme que les pays
pauvres se sont engagés à travers les Objectifs du
Millénaire pour le Développement58(*), à investir dans leur population à
travers dans de nombreux domaines, notamment celui de l'éducation.
L'enseignement à l'époque coloniale était
dispensé à une minorité d'africain et devait être
adapté aux objectifs et aux besoins des métropoles coloniales.
L'éducation relevait des fonctions des missionnaires dont le rôle
consistait à créer des écoles dans le milieu rural. La
scolarité reposait sur l'enseignement du catéchisme, la lecture
et le calcul, mais également des connaissances pratiques telles que la
menuiserie ou encore la maçonnerie59(*). Cependant, les mauvais cotés de
l'éducation à cette période ont montré que les
colonisateurs voulaient imposer leur culture et ont de ce fait,
marginalisé les valeurs traditionnelles.
Aujourd'hui de nouvelles orientations essaient de gommer ces
injustices restées dans l'ombre pendant cette période, en
réaffirmant le rôle que joue la culture au sein de
l'éducation.
Tableau 2 : Nombre
estimé d'enfants non scolarisés, par sexe et par régions
(1990 et 2000)
Enfants non scolarisés (en
milliers)19902000TotalGarçonsFilles%FTotalGarçonsFilles%F
Monde108782
401696861363
104189
451445904557
Pays en développement103301
373116599064
100169
428625730757
Pays développés
183110208114418291035749443
Pays en transition
364918371812502191124794443
Afrique subsaharienne
3464717225204225444025207972322853
Etats arabes
8531312154106374082971443760
Asie et Pacifique
Asie centrale
11205555665062332330048
Asie de l'Est
et Pacifique
70912046504471140237114690949
Asie du Sud et
de l'Ouest
3991710087298307532411110942131766
Amérique latine et Caraïbes
939045584832511949850109956
Amérique du Nord et Europe occ.
18091001807451808102174844
Europe centrale et orientale
157617025252194397496950
Source : estimations de l'ISU,
révision de 2003.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
En 2000, l'Afrique sub-saharienne a été la
région du monde où le taux de scolarisation est resté le
plus faible et là où il y a le plus d'enfants non
scolarisés.
L'UNESCO a dégagé un certain nombre de principes
directeurs pour l'éducation interculturelle sur lesquels les
organisations et gouvernements doivent s'appuyer pour améliorer les
politiques éducatives. Il s'agit entre autre de trois principes
élaborés pour donner des consignes et directives sur la bonne
mise en oeuvre du processus d'éducation.
Le premier principe repose sur le respect de l'identité
culturelle de l'apprenant en dispensant pour tous un enseignement de
qualité culturellement approprié et adapté. Le second
englobe le fait que l'apprenant doit disposer des connaissances, des attitudes,
et compétences culturelles nécessaires pour qu'il puisse
participer activement et pleinement à la vie de la
société. Enfin, le dernier principe concerne le fait que
l'éducation interculturelle doit dispenser à tous les apprenants
les connaissances, attitudes et compétences qui leur permettront de
contribuer au respect, à la compréhension et à la
solidarité entre individus, groupes ethniques, sociaux, culturels et
religieux et nations60(*).
Ainsi, de nombreux progrès restent à faire quant
à l'aménagement des systèmes éducatifs et dans
notre première section, nous verrons la qualité des contenus
d'enseignement dispensés aux jeunes. Les conditions dans lesquelles
s'effectuent les cours sont loin de répondre aux exigences
fixées. Il a de grandes différences en matière
d'éducation au niveau quantitatif et surtout au niveau qualitatif.
Dans une seconde section, il s'agira de voir que
l'accès à l'éducation est très inégal entre
les filles et les garçons, qu'il existe encore d'énormes
disparités. La destinée est plus compromise chez les filles car
elles n'ont pas les statuts qui font d'elles des êtres de droit au
même titre que les garçons, on préfère alors leur
confier des activités contribuant au fonctionnement quotidien de leur
famille, telle que des activités domestiques, de gardiennage (garder les
frères et soeurs en bas âge).
Section 1: La qualité de l'éducation61(*)
Outre l'expérience, l'école est le moyen pour
une population d'acquérir des connaissances et des compétences.
Il est important de pouvoir savoir si l'apprentissage des enfants en Afrique
sub-saharienne permettra demain qu'ils puissent rentrer dans la vie active
convenablement. L'accroissement de la qualité de l'éducation est
donc aujourd'hui primordial.
Selon le Programme d'Analyse des Systèmes Educatifs de
la CONFEMEN (PASEC)62(*),
il faut retenir une mesure d'évaluation de la qualité
d'éducation, celle des acquisitions des élèves à
travers des tests exercés dans les disciplines enseignées. C'est
donc prendre en compte l'apprentissage des enfants, il s'agit alors, d'analyser
le processus d'acquisition.
Dans ce programme a été établi un
modèle temporel du processus d'acquisition. Ainsi deux catégories
de facteurs interviennent dans ce processus.
La première catégorie concerne les conditions de
scolarisation qui englobent les caractéristiques : des enseignants
(formation, ancienneté...), de la classe (taille, mode
d'organisation...), de l'école et de son environnement
(équipements, zone géographique...). La seconde catégorie
correspond aux caractéristiques individuelles de l'élève.
Il faut entre autre, prendre en compte les connaissances initiales des
élèves et ensuite voir comment ils adaptent celles-ci au cours de
l'année d'étude.
L'objectif à atteindre est donc d'assurer
l'éducation pour tous. D'ici 2015, l'Afrique sub-saharienne
connaîtra une augmentation des jeunes à scolariser environ 176
millions d'enfants seront concernés (tableau numéro 3).
Tableau 3 :
Accroissement du nombre d'élèves entre 1987 et
2001
et entre 2001 et 2015
Elèves scolarisés (en milliers)Croissance des
effectifs passée et requise (en
%)1987200120151987-20012001-2015CEDEAO
1964630 14155 043
+53,4%+82,6%CEMAC
331249767989
+50,2%+60,6%Afrique
72 711106 140176 208
+45,9%+66%
Source : La question enseignante
dans la perspective de la scolarisation primaire
universelle en 2015 dans les pays de la CEDEAO, CEMAC et
PALOP, Pôle de Dakar,
UNESCO-BREDA / France-ministère des Affaires
étrangères.
Tiré de « Profils enseignants et
qualité de l'éducation primaire en
Afrique subsaharienne francophone : Bilan et perspectives de
dix années de recherche
du PASEC ».
CEDEAO : Communauté Economique des Etats d'Afrique
de l'Ouest
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire
de l'Afrique Centrale
|
|
En outre, cette volonté d'accroître la
scolarisation des enfants, doit passer par le recrutement massif de professeurs
(voir tableau numéro 4).
Ce sont donc deux éléments liés.
Néanmoins, ce qui se passe en Afrique sub-saharienne, est que pour
mettre en place les politiques éducatives en adéquation avec
l'accroissement des enfants scolarisés, il a fallu embaucher des
enseignants à moindre coûts, c'est-à-dire avec une
rémunération moins importante que celle des enseignants
fonctionnaires.
Il s'agit d'enseignants mis en place soit par la fonction
publique tels que les professeurs contractuels (ou volontaires) ou par la
communauté (maîtres de parents ou communautaires)
Tableau 4 : Evolutions
passées et futures du nombre d'enseignants
du secteur public pour atteindre la scolarisation
universelle
Enseignants publicsCroissance des effectifs passée et
requise (en %)1987200120151987-20012001-2015CEDEAO
490 133694 4261 262 660
+42%+82%CEMAC
46 75760 956176 171
+30%+189%Afrique
1 961 2822 698 8783 809 563
+38%+41%
Source : La question enseignante
dans la perspective de la scolarisation primaire
universelle en 2015 dans les pays de la CEDEAO, CEMAC et
PALOP, Pôle de Dakar,
UNESCO-BREDA / France-ministère des Affaires
étrangères.
Tiré de « Profils enseignants et
qualité de l'éducation primaire
en Afrique subsaharienne francophone : Bilan et perspectives
de dix années de recherche
du PASEC ».
CEDEAO : Communauté Economique des Etats d'Afrique
de l'Ouest
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire
de l'Afrique Centrale
|
|
Ces enseignants contribuent ils à l'amélioration
de la qualité de l'éducation ? Comment améliorer la
qualité de l'éducation ?
Entre les enseignants fonctionnaires et non fonctionnaires il
y a des différences en termes de rémunération,
d'expérience et de formation professionnelle. Cependant, il n'y a pas de
différence dans les acquis des élèves entre ces deux
catégories d'enseignants, les résultats sont donc concordants. En
effet, dans les classes africaines, les enseignements pédagogiques sont
très basiques, ce qui ne requière pas de niveau
élevé de formation académique et initiale.
Pour autant, il convient de noter que même si ces
caractéristiques des enseignants n'influencent que
modérément les acquis des élèves, la formation
professionnelle entre autre, peut agir sur ces acquis. Ce qu'il est important
de voir, c'est que l'enseignant joue quand même un rôle important
dans le processus d'acquisition individuel des enfants, dans la mesure
où ce processus varie selon l'enseignant.
Il convient aujourd'hui de comprendre qu'il y a de nombreux
moyens d'agir sur la qualité de l'éducation en Afrique
sub-saharienne.
On peut dégager une première partie de moyens
d'amélioration de la qualité s'agissant des modes de gestion des
systèmes d'instruction. Concernant l'enseignant lui-même, il
s'agit d'améliorer sa pédagogie d'où l'importance de sa
motivation professionnelle, de son envie d'enseigner et la connaissance de
langues d'enseignement. On peut aussi accroître le nombre d'heure
d'enseignement mais il y a de nombreux facteurs à prendre en compte, les
conditions locales (climatiques et productives) mais cela dépend aussi
de l'absentéisme de l'enseignant, du non remplacement de celui-ci ;
toute l'amélioration de l'éducation nécessite d'adapter
l'organisation scolaire aux conditions locales. La gestion de l'école et
la participation des parents dans l'éducation des enfants sont tout
aussi essentielles.
Dans un second temps, il doit être accordé des
moyens en termes d'équipement et de matériel. La
particularité de ces moyens est qu'ils engendrent des coûts
financiers relativement importants. Il faut pouvoir mettre de côté
les mesures qui entraînent des coûts trop élevés et
les remplacer par d'autres à plus faibles ressources.
Les études du PASEC réalisées montrent
qu'il y a des solutions appropriées pour ne pas avoir des coûts
excessifs. En termes d'efficacité, c'est l'équipement en livres
qui l'emporte. Selon les chercheurs du programme, donner accès à
des bibliothèques publiques pourrait être moins coûteux
qu'en distribuer, surtout que leur utilisation revêt une importance
capitale. La dotation en outils pédagogiques disponibles dans toutes les
classes pour éviter d'avoir des classes surchargées,
l'amélioration des infrastructures, mais aussi l'enrichissement de
l'environnement au niveau culturel, familial, permettent de relever les niveaux
généraux de cette population pauvre. Cela passe également
par une part non négligeable donnée à la nutrition des
enfants pour qu'ils soient dans de bonnes conditions physiques.
Au Cameroun, en matière d'éducation, il y a de
grandes difficultés liées à une « perception
négative » de l'école. Cette conception est
négative car elle met en avant les coûts excessifs qu'engagent
les familles les plus démunies, les problèmes sociaux en ce qui
concerne le mariage précoce des filles. Malgré tous ces
problèmes, ce pays à eu la volonté significative
d'améliorer le système d'instruction et d'éducation. Une
amélioration qui a constitué une des conditions
d'éligibilité du pays à l'initiative PPTE63(*), ainsi, pour l'année
2006, l'éducation de base a consacré un budget atteignant les
103,6 milliards de FCFA (environ 158 millions d'euro).
Pour autant, la volonté d'amélioration de la
qualité de l'enseignement montre qu'il y a d'énormes
progrès à réaliser pour parfaire l'apprentissage des
élèves mais aussi satisfaire par la suite les exigences du
marché du travail en termes de connaissances et de qualifications. En
effet, « l'Afrique sub-saharienne, qui a connu une progression
considérable, reste cependant à la traîne derrière
d'autres régions, avec 30% des enfants en âge d'aller à
l'école primaire qui restent non scolarisés. Une forte impulsion
devra être donnée au cours des années à venir afin
de scolariser tous les enfants et ainsi de leur donner le droit à une
éducation de qualité64(*) ».
Par ailleurs, il existe encore trop d'inégalités
d'accès à l'éducation entre les enfants de sexes
différents. Ce sont les filles les plus touchées par ce
phénomène, ce problème doit être envisagé
comme une autre condition primordiale d'amélioration de
l'éducation en Afrique sub-saharienne.
Section 2: Privilégier l'éducation pour
tous pourtant toujours des problèmes d'accès à
l'enseignement : des filles encore privées d'éducation
De nombreuses disparités sexuelles sont dues aux
systèmes scolaires coloniaux. La scolarisation des filles est
relativement faible et les écarts observés entre garçons
et filles sont très élevés65(*). En Afrique subsaharienne, les taux de solarisation
sont généralement faibles et les disparités entre
garçons et filles sont très accentuées (voir figure
numéro 5).
Selon l'UNICEF, « la discrimination entre les sexes,
freine les initiatives de développement, et fait obstacle au droit
fondamental qu'à tout enfant d'aller à
l'école. » Ils estiment par ailleurs que pour atteindre les
Objectifs du Millénaire pour le Développement, il faut tenir
compte des filles. De nombreuses femmes sont privées d'instruction et ne
peuvent donc ni améliorer leur situation, ni celle de leurs
enfants66(*). Ce
même rapport indique que les filles qui n'ont pas accès à
l'enseignement, sont plus susceptibles d'être confrontées à
l'exploitation, à la violence, à la pauvreté, aux mauvais
traitements....
Il existe donc de nombreux obstacles (comme par exemple les
distances élevées entre le foyer et l'école, le manque
d'installations sanitaires...) qui compromettent cet accès et
l'élimination de ces obstacles permettrait de contribuer à
améliorer et à développer des établissements
scolaires pour qu'ils reçoivent ainsi les enfants en âge d'aller
à l'école. Il est important que la société
africaine puisse acquérir de « vraies valeurs
morales » sur le potentiel des filles et que la scolarisation de
celles-ci soit sur un même pied d'égalité que la
scolarisation des garçons, soit le devoir de tout un chacun.
Ainsi, à l'inverse des généralités
observées en Afrique sub-saharienne en matière d'accès
à l'éducation des filles, au Ghana, a été
crée une Unité pour l'éducation des filles au sein du
service d'éducation du Ghana en 1997 qui a eu pour objectif de mettre en
oeuvre des interventions pour améliorer l'accès des filles
à l'éducation. Cela passe par certaines mesures telles que :
des offres de bourses et de bicyclettes, clubs de camps, abolition des frais de
scolarité, publication d'un rapport national sur le statut de la
parité des sexes dans l'éducation67(*)....
Figure 5 : Disparités entre les sexes
sur les taux nets de scolarisation
dans les régions d'Afrique sub-saharienne en
1998
Source: Rapport de suivi sur
l'éducation pour tous (2001)
http://www.unesco.org/education/efa/monitoring/pdf/monitoring_report_fr.pdf
Liste des pays:
ANG Angola, BDI Burundi, BKF Burkina Faso, BOT Botswana,
CAR République Centrafricaine, CHD Tchad, COI Comores,
ERI Erythrée
ETH Ethiopie, GAM Gambie, GBS Guinée Bissau, GUI
Guinée,
IVC Côte d'Ivoire, LES Lesotho, LIR Libéria, MAG
Madagascar,
MAR Maurice, MLI Mali, MOZ Mozambique, NAM Namibie
NER Niger, DRC République Démocratique du Congo,
RWA Rwanda
SEN Sénégal, SIL Sierra Léone, SWA
Swaziland, TOG Togo, ZAM Zambie
ZIM Zimbabwe
|
Dans le système colonial, l'emploi et l'enseignement
constituaient deux variables interdépendantes. Aujourd'hui,
l'école est un « objet singulier », et il devient
utile de reconnecter ces deux notions. Malgré tous ces efforts
réalisés en matière d'amélioration de la
qualité de l'enseignement et d'augmentation du nombre de filles dans les
systèmes éducatifs, les jeunes doivent pouvoir acquérir
des compétences, des connaissances qui leur permettent de trouver un
emploi et des attitudes qui les préparent aux imprévisibles
fluctuations du marché du travail auxquelles ils auront à faire
face tout au long de leur vie professionnelle68(*).
II : Une inadéquation entre l'école
et la vie
Il y a de nombreuses difficultés rencontrées au
moment du passage de l'école à la vie active.
Cet état de fait résulte principalement de
l'inexpérience relative des chercheurs d'emploi et du fait que, dans
leur recherche d'un travail décent et productif, les jeunes changent
fréquemment d'emploi69(*).
La volonté de faire du système scolaire le
moteur de l'amélioration de l'employabilité des jeunes n'a pas
encore véritablement porté tous ses fruits puisque bons nombres
de jeunes sortent du système avec des compétences
limitées. On constate alors, que ces jeunes manquent d'apprentissage et
de compétences qui leurs seront nécessaires pour l'obtention d'un
emploi.
Malheureusement, beaucoup d'entre eux quittent l'école
très tôt, faute de ressources financières ou par obligation
d'aider leurs parents à faire vivre leur famille. Selon certaines
études, les jeunes qui abandonnent le plus tôt l'école sont
issus de groupes sociaux, ethniques, régionaux particuliers.
Le marché du travail doit pouvoir être
stimulé pour permettre d'accueillir toute cette jeunesse. Le jeune et sa
famille espèrent que par le biais de l'école les perspectives
d'emploi se dessineront, qu'il pourra trouver un travail et notamment un emploi
qu'il aura rêvé d'exercer.
Le constat actuel que nous poserons dans une première
section portera sur le fait que même en sortant du système
scolaire, les jeunes ne trouvent pas forcément un travail, d'une part
à cause de la restriction de l'emploi imposée par le
marché du travail et d'autre part par manque d'apprentissage et de
compétence qui ne sont pas en adéquation avec le peu d'emplois
offerts par ce même marché.
Dans notre seconde section, il s'agira d'analyser le
rôle et la place de la femme africaine aujourd'hui. En effet,
l'éducation des filles est une priorité, mais qu'en est-il de
leur avenir à leur sortie du système scolaire ? Elles, sont
victimes de la non reconnaissance de leur statut de femme et sont celles qui
souffrent le plus de la pauvreté à cause de la discrimination
à l'embauche.
Section 1 : Le décalage entre le manque
d'apprentissage/de compétence, les projets futurs et les emplois
offerts
Les systèmes éducatifs sont très
importants mais le développement de l'employabilité l'est
également. Il faut pour cela, trouver les moyens d'améliorer
cette employabilité pour permettre aux jeunes de réussir leur
passage de manière stable et définitive sur le marché du
travail.
On constate un fossé entre les politiques
éducatives et celles du marché du travail. En effet,
l'éducation doit pouvoir tenir compte des besoins du marché du
travail.
Les progrès à réaliser sont dans la
redéfinition de nouveaux intérêts, de compétences et
de performances, dans la mise à jour des programmes d'enseignement et de
qualifications. La passerelle entre enseignement et emploi doit être en
permanence équilibrée.
Dans les pays développés, de nombreux programmes
combinant à la fois expériences professionnelles (stages) et
formation scolaire sont répandus et très
privilégiés. L'expérience professionnelle associée
à la scolarité peut alors fournir des conséquences
positives sur l'intégration durable des jeunes sur le marché du
travail. L'apprentissage sous forme de stage serait donc requis durant la
scolarité.
Certaines évaluations de programmes montrent que les
compétences insuffisantes sont en partie l'une des causes du
chômage des jeunes.
Les politiques éducatives ont leur rôle à
jouer mais celles du marché du travail doivent aussi inclure la
formation professionnelle comme un ensemble cohérent, indispensable pour
des jeunes à la recherche de compétences sociales et d'attitudes
de travail pour chercher un emploi décent et utile.
Cependant comme il a été montré
précédemment, au Cameroun le budget allouer à
l'éducation est important, mais pourtant, les jeunes sortis des
systèmes scolaires et des systèmes de formation n'arrivent pas
à trouver un emploi.
L'heure des enjeux à sonner, dans une région du
monde où les efforts sont notables dans la volonté
d'améliorer l'éducation pour les filles. Les femmes, elles, n'ont
pas encore trouvé la place qui leur est due quant à
l'accès un emploi, convenable, décent et productif. Elles se
cantonnent dans des activités précaires et sont les plus
touchées par la pauvreté.
Section 2 : Femmes, emploi et pauvreté :
le lourd fardeau de la jeune femme africaine, la nécessité de
redéfinir la place des femmes
Trois notions dans cette section sont intimement
liées : la femme, l'emploi et la pauvreté. Ainsi, quand on
parlait de la qualité des politiques éducatives, il a
été montré qu'il y a une nécessité de
combiner deux objectifs. La réduction de la pauvreté et la
promotion des femmes permettent à la fois de trouver des solutions pour
améliorer les systèmes éducatifs et élargir les
perspectives d'avenir des jeunes en général, mais
particulièrement celles des femmes.
En effet, l'éducation permet d'accroître la
productivité à la fois des hommes et des femmes. Il a
été démontré que les jeunes femmes
éduquées ont peu d'enfants, en meilleur santé et mieux
éduqués70(*).
Selon le BIT, davantage de jeunes femmes accèdent
à l'éducation mais entrent plus tard sur le marché du
travail. Cela souligne « l'inefficacité de l'économie
à offrir des emplois à sa jeunesse en dépit d'un
investissement accru dans l'éducation des filles. »
A quoi servent l'accroissement et les bienfaits de
l'éducation chez les femmes si les emplois proposés sont
médiocres, dégradants et les confortent dans une situation de
pauvreté ?
En effet, le problème qui devient récurrent est
que les femmes sont plus soumises au chômage et aux emplois
précaires que les hommes. Chez les femmes de l'Afrique sub-saharienne,
emploi rime avec pauvreté. La précarité des emplois
qu'elles occupent montre qu'elles travaillent pour survivre.
Autrement dit, le marché du travail africain est
très disparate en ce qui concerne l'égalité d'accès
aux emplois. Les femmes sont alors plus vulnérables à la
pauvreté. Celles-ci sont moins présentes que les hommes dans des
activités payantes et sont regroupées de façon
disproportionnée dans le secteur informel et l'emploi
précaire71(*).
Les jeunes femmes ne peuvent souvent pas
bénéficier des occasions de profiter des formations à
cause des blocages qu'elles rencontrent dans l'accès aux formations, de
la discrimination dont elles sont victimes à la sélection....
Lors de leur passage à la vie active, les nombreux
clichés liés au statut de la femme, poussent le personnel
enseignant ainsi que les services d'aide et d'assistance à l'emploi
à ne pas les aider à se perfectionner ni à les orienter
vers des filières de formation les menant à des revenus et une
situation sociale élevés et plus stables.
En effet, elles sont incitées à s'engager dans
des formations qui conduisent à un travail mal
rémunéré, peu spécialisé, avec de faibles
perspectives d'évolution de carrière, ce sont en grande partie
des emplois domestiques comme par exemple la confection de vêtements ou
encore la production alimentaire, tandis que les hommes, eux, sont
encouragés à effectuer des formations conduisant à exercer
des emplois plus spécialisés et qualifiés, basés
sur des technologies plus modernes.
Les mesures pour éliminer les discriminations et les
inégalités doivent passer par la création
d'opportunités d'emplois, qui doit être efficace pour promouvoir
la participation des femmes au sein de la société et permettre le
développement de leur employabilité.
L'OIT en collaboration avec son Centre international de
formation à Turin, a lancé un « programme des
capacités pour la promotion de l'emploi, de l'égalité
entre les sexes et pour la suppression de la pauvreté (GPE) »
dans le but de lutter contre la pauvreté, l'exclusion sociale par
l'emploi productif et pour améliorer la qualité de l'emploi des
femmes72(*).
Dans ce chapitre, nous avons tenté de démontrer
que l'éducation avait un rôle important vis-à-vis de
l'offre d'emploi. En effet, l'éducation contribue à la
productivité du travail et développe l'employabilité des
jeunes. La volonté d'améliorer la qualité de
l'éducation est un défi majeur, mais n'est pas sans
conséquences. Ainsi, dans un premier temps il a été vu que
certaines études ont mis en avant les nombreux moyens à
dégager pour enrichir la qualité de l'éducation (baisse
des coûts liés à l'achat de livres scolaires en mettant
à disposition des bibliothèques publiques), il en ressort qu'il
faut effectuer de grands progrès quant à l'acquisition et au
déploiement de ces moyens.
Dans un second temps, il s'agissait de voir qu'il existe dans
toute la région de l'Afrique sub-saharienne de nombreuses
disparités concernant l'accès à l'enseignement.
Aujourd'hui, ce problème constitue une priorité principale dans
le combat de lutte contre la pauvreté. Désormais, le slogan est
« l'éducation pour tous », privilégier
l'augmentation des filles dans les écoles et leur donner la chance de
pouvoir assurer leur avenir.
Par ailleurs, nous avons vu que les politiques
éducatives doivent être en perpétuelle interaction avec les
besoins du marché du travail. De plus, les femmes ont le lourd fardeau
et la nécessité de s'occuper des activités de subsistance
de leur famille respective (collecte d'eau, prise en charge des enfants...),
mais il faudrait élargir les possibilités de formation des
femmes. Leur proposer des formations ainsi adaptées à leurs
besoins et capacités, leur permettre de suivre une progression sociale
idéale, combinant à la fois une bonne éducation et une
meilleure perspective d'avenir, nécessitant un emploi convenable pour
vivre correctement et sortir de la pauvreté.
Il est vrai qu'il est difficile de maintenir ces deux
variables en équilibre, et de supprimer tous les risques
rencontrés lors de l'insertion des jeunes sur le marché du
travail. C'est pour cela, que toutes ces difficultés doivent être
prises en charge par l'Etat et les autres institutions (chapitre 3). Au fil du
temps, ces différents acteurs se mobilisent et contribuent de plus en
plus au développement de l'emploi des jeunes. Mais, ce n'est pas
toujours une tâche facile dans la mesure où les états
africains sont marqués par des faiblesses structurelles.
La volonté reste toujours la même, à
savoir : une réduction immédiate et durable de la
pauvreté en corrigeant la situation critique du marché du travail
et en harmonisant les politiques d'aide à l'emploi des jeunes.
CHAPITRE 3 : L'implication des divers acteurs dans
le fonctionnement du marché du travail
Au début de ce chapitre, nous devons rappeler que le
cadre d'action de Dakar73(*) précise que «les gouvernements ont le
devoir de veiller à ce que les buts et objectifs de l'éducation
pour tous soient réalisés de façon durable».
L'Afrique est face à de nombreux défis qu'elle
doit réaliser. L'Afrique d'aujourd'hui doit pouvoir compter sur sa
population et particulièrement donner aux jeunes la chance d'exploiter
leurs compétences. Ceux-ci ne doivent plus continuer à subir les
conséquences des erreurs passées dues aux mauvaises politiques
de gestion du territoire.
Il faut actuellement que les politiques se rendent compte
qu'il faut miser sur l'employabilité des jeunes que ce soit au moment
où ils rentrent sur le marché du travail ou sur la durée
qu'ils y restent.
L'ampleur du secteur informel en dit long sur le fait que les
états de l'Afrique sub-saharienne sont marqués par de grandes
faiblesses en termes d'organisation, de légitimité ainsi que dans
leur domaine d'intervention. Les moyens d'actions d'un Etat sont
généralement vastes et l'Etat, pour ce qui est du marché
du travail, est surtout un employeur très important.
En Afrique sub-saharienne, il est difficile de concevoir un
Etat absent du marché du travail. En effet, selon les problèmes
répertoriés sur le marché du travail, il conviendrait de
voir un Etat présent, renouvelant sans cesse sa
légitimité. Le marché du travail dans ces économies
est très mouvant, caractérisé par de fortes
instabilités qui agissent directement sur les conditions de vie des
familles, accentué par l'exploitation de certaines catégories de
travailleurs comme les enfants et les femmes, ou encore
généralisé par la pauvreté et les sentiments
d'exclusion et d'inégalité. L'Etat doit donc être le garant
d'un environnement sain et équilibré.
Quelles sont les principales préoccupations de
l'Etat ? Comment l'Etat réagit-il face à la montée du
chômage? Quelles sont les politiques mises en oeuvre, en matière
d'emploi et de réduction de la pauvreté ?
Dans une première partie, nous tenterons
d'évaluer les préoccupations réelles des Etas africains,
on tentera d'examiner l'influence que ceux-ci joue dans le fonctionnement du
marché du travail, sur les politiques mises en oeuvres. Il en ressort,
que généralement l'Etat est affecté par des faiblesses
structurelles. En effet, l'intervention de l'Etat sur le marché du
travail, est limitée. La croissance du secteur informel est l'un des
exemples d'illustration. Cependant, ces faiblesses se sont véritablement
propagées après l'instauration des programmes d'ajustements
structurels dans les années 1980. Ainsi, de nombreuses réformes
dans la fonction publique ont été entreprises, celles-ci
traduisent un désengagement de l'Etat dans la régulation du
marché du travail.
L'objet de notre seconde partie portera sur le rôle que
joue d'autres acteurs tels que les organisations non gouvernementales, dans
l'aide à l'emploi et à l'assistance des jeunes. Ces acteurs sont
très nombreux et s'engagent à lutter contre la pauvreté en
Afrique sub-saharienne. C'est la région du monde la plus frappée
par les fléaux (maladies, pauvreté, exclusion...). Les diverses
unions africaines tentent de trouver des solutions, en redéfinissant
leurs stratégies et en ciblant correctement leurs priorités.
Ainsi, l'une des principales priorités de la CONFEJES est avant tout le
développement de la participation des jeunes.
I : Faiblesses structurelles ou Etat
désintéressé : sur quoi se fondent les politiques en
matière d'emploi ?
Le contexte économique en Afrique est marqué par
de nombreuses instabilités. En effet, comme nous avons pu le constater,
le marché du travail est dans une situation alarmante. En effet, la
libéralisation du marché du travail constituait une des
dynamiques essentielles des programmes d'ajustements structurels
instaurés après la crise économique des années
1980.
« L'Etat a un rôle essentiel à jouer au
niveau des droits, d'un environnement favorable des acteurs privés, de
la prise en charge des services sociaux, des infrastructures et de la
protection de l'environnement, ainsi que dans le domaine de l'assurance et de
l'assistance permettant de protéger les groupes
vulnérables 74(*)».
Pour essayer d'améliorer la situation du marché
du travail, les Etats africains devraient concentrer leurs actions dans deux
domaines. En effet, la très grande majorité de la population
africaine travaille dans l'économie rurale (agriculture) et dans le
secteur informel. Il serait utile de déployer des efforts
conséquents quant à la recherche d'alternatives dans ces deux
domaines.
Dans une première section, on démontrera que
l'Etat est caractérisé par de vraies faiblesses structurelles
à cause de nombreux dysfonctionnements. Par ailleurs, l'explosion du
secteur informel traduit l'insuffisance de l'Etat à faire respecter les
règles édictées.
Dans une seconde section, il s'agira de montrer que les
ajustements structurels consistaient avant tout à réformer en
profondeur l'ensemble du secteur public. Cela mettra en avant le fait que ces
mesures ont eu pour conséquences de réduire l'influence de l'Etat
dans la régulation du marché du travail.
Section 1: Le rle de l'Etat dans la régulation
du marché du travail des économies en Afrique sub-saharienne
Les structures étatiques des pays de l'Afrique
sub-saharienne sont encore marquées par les dispositifs issus de la
colonisation. Elles sont quasiment effondrées dans certains pays.
Depuis l'indépendance, de nombreux conflits ont
éclatés, nous obligeant à établir des relations
entre les phénomènes de crises, les conflits qui mettent en
scène les réalités ethniques dans cette région
africaine intensément perturbée et aux frontières
très floues.
L'Etat, à un faible pouvoir de pression, celui-ci se
limitant aux grandes villes et à ses périphéries. Les
états africains sont imprimés de la plus infâme corruption.
En effet, la population vit au rythme de la perversion, ce qui contraint
l'application et le respect des règles de droit établies.
Concernant la fiscalité, on ressent l'appauvrissement
des structures de l'Etat, l'indifférence de l'administration dans les
deux secteurs de l'économie africaine : les secteurs formels et
informels.
Il y a un décalage, entre le rôle que devrait
jouer l'Etat dans la régulation du marché du travail et
l'influence qu'il a exactement sur ce marché.
Par conséquent, le manque de moyens, les
déséquilibres des organisations ainsi que l'altération
font que l'Etat n'arrive pas à imposer son autorité et ces
diverses instabilités compromettent les possibilités qui lui
étaient offertes de mettre en place les dispositifs nécessaires
au développement durable (infrastructures, ressources
complémentaires...), de son territoire.
L'influence et l'intervention de l'Etat dans la
régulation du marché du travail sont très faibles.
Celles-ci, sont très bien démontrées quand il s'agit
d'étudier le secteur informel.
Comme nous pouvons l'observer, les micro-entreprises qui
composent en majorité le secteur informel, échappent à la
règlementation du travail.
Le tableau suivant montre que ces entreprises cherchent
constamment à éviter les systèmes d'enregistrements (les
motifs qui sont donnés par les patrons montrent qu'ils semblent ignorer
la législation) qui sont obligatoires et à contourner la loi en
ce qui concerne le versement de l'impôt, ce qui prêtent à
confusion quant aux limites du secteur informel et au commencement de
l'économie souterraine.
Tableau 6 : Motifs de non enregistrements au
Cameroun
Type de registresPatenteDéclaration
Stat. et fiscaleRegistre
du CommerceSécurité sociale
Trop cher34,33,65,31,7Démarches trop
compliquées2,74,412,01,4Non obligatoire46,954,054,258,0Ne sait pas s'il
faut s'inscrire6,630,620,728,8En cours d'inscription0,70,21,50,1Autres
raisons8,67,26,310,0TOTAL100100100100
Source : F. Roubaud, Le secteur
informel à Yaoundé, Enquête 1-2-3, DIAL, novembre 1993
Tiré de « marché du travail en Afrique
subsaharienne », Denis COGNEAU,
Sarah MARNIESSE, J.Y MOISSERON, ECONOMICA, 2000, 173pages.
|
|
« Les règlementations touchant la
sécurité, la durée du travail, les mesures
d'hygiène sont très peu respectées non seulement dans le
secteur informel mais aussi dans la fonction publique ou e secteur moderne. Il
serait plus exact de parler d'a-légalité, dans le sens où
l'Etat n'existe simplement pas pour le secteur informel ». (Jean Yves
MOISSERON75(*))
Aujourd'hui, il convient de mettre en avant, les notions de
démocratie et de bonne gouvernance qui sont les éléments
fondamentaux pour assurer la réussite des politiques de
développement en Afrique sub-saharienne, notamment en ce qui concerne le
marché du travail.
Ainsi, la démocratie permettrait d'améliorer le
bien être de la population, d'accroître la croissance et de
diminuer les inégalités. L'enquête 1-2-3 déjà
citée préalablement, stipule que les notions « sur
l'emploi, le secteur informel et la pauvreté ont été
élargies aux questions de gouvernance et de démocratie76(*)».
Le respect des libertés individuelles est
également un moyen de contribuer au développement, de même
qu'une bonne gestion de l'administration publique permet : de
réduire les discriminations par exemple en éliminant la
corruption, et d'augmenter le sentiment de vivre dans une société
plus juste77(*).
L'Etat est très fragile et l'absence de
démocratie est la principale cause de ce déséquilibre. Une
des fois où l'Etat à su prouver sa capacité à faire
face aux dysfonctionnements de ses structures caractérisées comme
« tangibles », c'est au moment où il s'est
complètement désengager laissant alors le libre recours aux
institutions internationales dans l'application des programmes d'ajustements
structurels, modifiant ainsi, les formes de régulation du marché
du travail.
Les politiques mises en oeuvre visent alors à limiter
le rôle de l'Etat dans le secteur économique. Ces réformes
passent alors par des licenciements permettant soi-disant d'instaurer une plus
grande flexibilité du marché du travail (baisse des effectifs
dans la fonction publique, dégradation des salaires nominaux, baisse du
pouvoir d'achat des ménages) et à oublier le rôle principal
de la régulation du travail qui était de fournir aux jeunes
diplômés des débouchés.
Section 2: Les conséquences des réformes de
la fonction publique sur le marché du travail
Pour améliorer l'efficience économique de
l'Afrique sub-saharienne, on été mis en place les programmes
d'ajustement structurels (PAS) par le Fonds Monétaire International
(FMI) dans le cadre des restructurations des dettes extérieurs des pays
qui avaient les plus lourds déficits dans leur balance des paiements.
Sur les trois déferlements de plans d'ajustements
structurels78(*)
imposés dans la fonction publique, l'OIT considère, qu'il n'y a
que la seconde vague de ces programmes instaurés des années 1986
à 1988, qui visaient à réformer le service public en
rendant l'influence de l'Etat plus efficace, soit par des efforts de
modernisation, soit par une compression d'effectif.
Les restructurations ou réformes de la fonction
publique ont été d'abord établies sur un plan interne,
elles consistaient à réduire les dépenses publiques tout
en améliorant le fonctionnement du secteur public. En second plan,
elles résultaient de facteurs externes qui étaient en relation
avec les exigences de privatiser, ce qui devait minimiser le rôle de
l'Etat dans l'économie.
Ces objectifs principaux des réformes structurelles
concernant la fonction publique s'appuyaient sur des mesures qui permettaient:
de rationaliser le fonctionnement des entreprises publiques, de privatiser une
partie de ses activités et d'améliorer le fonctionnement de
l'administration79(*).
Concentrons-nous sur la première réforme qui est
la rationalisation des entreprises publiques. Selon J.Y MOISSERON, il y a
principalement deux étapes qui ont soutenues la rationalisation des
entreprises.
La première possibilité offerte aux
gouvernements, a été de donner à la branche
d'administration considérée, le statut d'entreprise
(illustré par les exemples des entreprises africaines d'eau,
d'électricité et de transport).
La seconde étape, est la transformation de ces
entreprises publiques en société, ce qui leur offre un
caractère autonome, ces sociétés peuvent alors, être
dans une position avantageuse en cas de concurrence avec des entreprises
privées.
Ainsi, les entreprises peuvent réajuster leur gestion
en distinguant des activités rentables, les activités les moins
rentables, cela étant rendu possible grâce aux obligations
légales et fiscales auxquelles ces entreprises doivent se conformer.
Entre autre, le réajustement de la gestion passe par la
réalisation de contrats entre les entreprises et l'Etat. Il s'agit
essentiellement de contrats de plan, de gestion et de services.
Toujours selon MOISSERON, ces contrats de plan ont
été très utilisés notamment pour permettre à
l'Etat définir ses champs d'intervention. Ceux-ci, définissent
les objectifs des politiques à mener et s'accompagnent d'un financement
pour encadrer sur une période donnée, le bon déroulement
de ces objectifs. Les décisions de gestion ressortent exclusivement de
l'entreprise.
Les contrats de gestion, correspondent pour leur part à
une privatisation de la gestion de l'entreprise publique. L'Etat garde en outre
la propriété du patrimoine. Ce type de contrat, laisse les
gestionnaires agir à leur guise en ce qui concerne les politiques en
matière d'emploi. Cette rationalisation se traduit le plus souvent, par
la privatisation des entreprises publiques ou de certaines de leurs
activités.
Pour prendre en main ces réformes structurelles, ont
été établies de nombreuses actions, à court
(réduction de la masse salariale, compression des effectifs...) et
à long terme (productivité et efficacité de la fonction
publique...).
Au final, ces restructurations se sont soldées par des
compressions budgétaires qui ont eu des répercussions sur
l'emploi. La rationalisation des entreprises publiques a renfloué le
nombre de chômeurs. Les stratégies envisagées n'ont pas
exploités assez largement dans leurs applications le lien entre
chômage et pauvreté. Ce qui explique que les compressions
d'effectifs n'ont eu que des effets négligeables dans l'équilibre
budgétaire.
En effet, les employés licenciés ont
été principalement des agents peu rémunérés,
pour lesquels les indemnités de départ ont été
relativement très élevées.
Il a donc fallu trois générations de PAS pour
comprendre qu'il y a d'autres facteurs à privilégier dans les
processus de restructuration de la fonction publique en Afrique sub-saharienne
mais également dans tous les pays en voie de développement.
Les effets escomptés n'ont pas cependant
été pareils dans tous les pays de l'Afrique subsaharienne. En
effet, l'Ouganda est l'une des formes de réussite80(*) des PAS dans le domaine de la
fonction publique.
« En 1990, une commission a rédigé un
livre blanc prévoyant de vastes réformes. Ce livre blanc a
été approuvé par le gouvernement et appuyé sans
réserve par le Président Yoweri MUSEVENI81(*). Il prévoyait de
modifier les structures, les effectifs et le système de gestion
financière y compris le système de paie - et d'adopter
un système de gestion axé sur les résultats. Le but de la
réforme était de combattre la bureaucratie et de rationaliser
l'appareil de l'Etat en réduisant le nombre de ministères et de
départements. Le PAS de 1994 a élargi et défini plus
précisément les objectifs de la réforme de la fonction
publique. Ainsi, des directives ont été établies pour le
recrutement, l'avancement, le licenciement et la retraite du personnel des
ministères.
Comme prévu par le livre blanc, l'Ouganda a
ramené le nombre de ses ministères de 34 à 18. Les
effectifs de la fonction publique ont été réduits de
44 pour cent; 40 000 travailleurs fantômes ont
été radiés; le nombre d'agents temporaires a
été ramené de 110 000 à 44 000. Ces
ajustements ont permis de porter le salaire minimum de la fonction publique au
même niveau que le salaire minimum vital. L'Ouganda poursuit son effort
de restructuration dans le but de réduire la masse salariale, de
rationaliser la répartition des tâches, de privatiser certaines
fonctions et de décentraliser diverses activités82(*). »
A contrario, selon l'OIT, le Ghana qui a été
l'un des premiers pays dans lesquels ont été établi les
programmes d'ajustements structurels, qui a entre autre, servi de modèle
aux pays concernant la restructuration du service public à toutefois,
connu un échec. Ces plans ont échoué car ces
réformes étaient gérées de l'extérieur et
constituaient à licencier mais s'accompagnaient de programmes de
réinsertion. En résumé, les résultats sont donc
inégaux selon les pays.
Il y a certains éléments qu'il convient ici de
souligner, c'est que s'il existe des modèles de réussites en
termes économiques, celles-ci passent comme des moyens pour la
population de se taire et de soumettre aux politiques mises en place.
En effet, un certains nombres d'incidents concernant les
grèves de certaines travailleuses survenus en 2003 en Ouganda montrent
que « réclamer leur droit à un salaire et à des
conditions décentes, sont des obstacles à la bonne marche des
affaires. Les motivations économiques sont souvent invoquées
comme motifs pour supprimer le droit légitime de faire
grève83(*). »
Dans beaucoup d'états, les préoccupations
réelles sont basées sur des motivations économiques,
préférant alors dégrader la situation sociale de la
population.
Ces réformes n'ont pas su atténuer les
souffrances des économies africaines et on peut constater qu'aujourd'hui
il y a par conséquent,une aggravation intensive du chômage.
Les PAS ont donc eu en contre partie des effets
particulièrement affligeants pour la population qui reste très
massivement pauvre. S'il faut passer par une réforme de la fonction
publique, il faut avant tout mettre l'accent sur les ressources humaines qui
sont concernées par ces structurations.
La convention numéro 142 sur la valeur des
ressources humaines de 197584(*), stipule qu'il faut «encourager et aider toutes
personnes, sur un pied d'égalité et sans discrimination aucune,
à développer et à utiliser leurs aptitudes
professionnelles dans leur propre intérêt et conformément
à leurs aspirations, tout en tenant compte des besoins de la
société» (article 1 paragraphe 5).
Il faut favoriser alors la formation pour le service
publique : l'enseignement secondaire et supérieur (appui politique
dans ces programmes de questions administratives, création de cours
connexes dans les universités...), la formation initiale
(investissements dans une formation spécialisée au stade initial,
compétences nécessaires à l'emploi dans le secteur
public), la formation en cours d'emploi (mises à jour des
compétences et des connaissances, activités permettant
d'accompagner l'évolution de l'administration publique...).
Les efforts concentrés dans les ressources humaines
sont donc bénéfiques à long terme.
Selon l'OIT, les réformes de la fonction publique
doivent reposer sur des principes primordiaux tels que la transparence et la
franchise dans les politiques d'actions publiques pour garantir la prise de
bonnes décisions, l'égalité des chances pour tous, le
retour au plein emploi et une réduction significative de la
pauvreté.
Il s'agit de placer la participation de la population
(empowerment85(*)) au
coeur des stratégies de développement. L'Etat doit
redéployer ses domaines d'intervention sur le marché du travail
dans les catégories qui relèvent de l'amélioration des
conditions de vie telles que la santé ou encore le capital humain.
Ces investissements publics sont à la longue porteurs
de progrès, d'enrichissement de la productivité, de
perfectionnement de la compétitivité des différentes
économies.
Ainsi, divers autres acteurs aident l'Etat qui a un rôle
assez minimal sur le marché du travail, à assurer des politiques
fiables en ce qui concerne le développement de l'emploi et le soutien
des jeunes pour élargir leurs perspectives d'avenir.
II : Le rôle des autres acteurs et
organismes d'aide à l'emploi
Les divers gouvernements ainsi que les différentes
organisations doivent pouvoir mettre à disposition des mécanismes
permettant d'encourager et d'appuyer les programmes d'aide à l'emploi
des jeunes.
En outre, différentes stratégies doivent
être mises en oeuvre pour réduire la pauvreté : l'aide
à l'emploi, la formation des jeunes, la mise en place du
microcrédit, la valorisation de la formation professionnelle, le
développement de l'esprit d'entreprise....
Dans la volonté de lutter contre la pauvreté on
distingue de nombreux acteurs, ils constituent une grande diversité sur
le marché du travail : l'Etat (contrôle, régulation,
arbitrage) que nous avons vu précédemment, les syndicats et
associations professionnelles, les ONG (coopération), le secteur
privé (profit, concurrence, marché), la société
civile (voix, action collective) et les organisations privées
volontaires86(*).
Dans une première section, nous verrons que même
si ces acteurs sont nombreux il existe peu de dispositifs de recherche pour
aider les jeunes à trouver un emploi convenable et de long terme.
L'information sur le marché du travail doit être
améliorée et les politiques visant à renforcer la demande
d'emploi pour les jeunes doivent être augmentées.
Dans une deuxième et dernière section, nous
étudierons un exemple particulier de programme appuyé et soutenue
par la CONFEJES pour promouvoir économiquement la participation des
jeunes au développement.
Section 1: Des dispositifs de recherches et d'informations
présents mais peu développés
L'insertion des jeunes sur un marché du travail
« imparfait » est très difficile ce qui justifie
l'intervention des pouvoirs publics et de divers organismes dont le but est de
leur favoriser l'accès à un emploi, par des dispositifs ou des
programmes qui visent à les aider et les assister.
« Une meilleure connaissance des
possibilités du marché du travail, la nature et la location de
l'emploi, les conditions et possibilités salariales et de travail et
l'assistance nécessaire pour exploiter cette information est vitale pour
l'amélioration du fonctionnement du marché du travail.
L'information sur le marché du travail, par des conseillers
d'orientation compétents peut contribuer à augmenter le nombre et
l'adéquation des emplois proposés par les employeurs et qui
intéressent les personnes à la recherche d'un emploi, à
réduire la fréquence et la durée du chômage et
à augmenter en général l'efficience du fonctionnement du
marché du travail87(*). »
Beaucoup de jeunes se heurtent à des difficultés
quand il s'agit de trouver les informations dont ils ont besoin notamment
celles qui se « rapportent aux passerelles entre éducation et
perspectives du marché du travail. »
Ainsi, concernant les activités du marché du
travail, de nombreux états africains participent à des projets
pour améliorer les systèmes d'informations.
L'objectif du projet mené par AFRISTAT88(*) (Observatoire Economique et
Statistique d'Afrique Subsaharienne) est « d'améliorer les
informations du marché du travail et de renforcer les systèmes de
suivi de la pauvreté afin de disposer d'information appropriée
pour la formulation, l'évaluation de politique et encourager la
participation et la responsabilité rédibitionnelle dans le
processus de développement. L'objectif spécifique du projet est
de renforcer les capacités des gouvernements, des partenaires sociaux,
des institutions nationales des pays bénéficiaires pour la
collecte, l'analyse et la dissémination régulières des
informations relatives au marché de l'emploi et le suivi des
données de la pauvreté. »
A l'issue de l'initiative pour les PPTE, ces Etats ont
parallèlement élaborés des documents de stratégies
de réduction de la pauvreté (DSRP89(*)) qui ont permis d'établir de grands programmes
de développement. « Etant donné leur importance pour le
développement des pays à faible revenu, les documents
stratégiques de réduction de la pauvreté pourraient
constituer un bon outil de promotion de l'emploi des jeunes », a
stipulé Monsieur Makha Dado Sarr90(*), ancien Secrétaire exécutif adjoint de
la CEA91(*).
Par ailleurs, les jeunes doivent effectuer des choix
décisifs concernant leur avenir professionnel. Il faudrait mettre
à leur disposition des systèmes d'information sur l'offre et la
demande de compétence sur le marché du travail tels que des
documents écrits, des ateliers et des conseillers pédagogiques
pouvant les renseigner sur les compétences à acquérir pour
prospecter un type d'emploi, des informations concernant l'évolution des
carrières correspondant à un métier particulier, internet
et autres utilisations des NTIC.
Or, dans beaucoup de pays, la plupart des transmissions
d'informations aux jeunes sur la connaissance du monde du travail et ses
caractéristiques sont limitées.
Cependant, au Cameroun, le Fond National de l'emploi
(FNE)92(*), engage de
multiples programmes et outils de développement d'emplois (le PED
programme emploi diplômés ; la PREJ insertion des jeunes
diplômés en entreprise ; la semaine pour l'emploi des
jeunes...).
Tous les dispositifs de recherche mis en oeuvre sont certes
peu nombreux, mais cela caractérise la persévérance et la
ténacité des organismes et autres acteurs à fournir des
efforts considérables en ce qui concerne l'amélioration de la
diffusion de l'information sur le marché du travail.
Par conséquent, il existe de véritables
intentions pour aider les jeunes à sortir de la pauvreté et la
précarité, c'est l'exemple de la CONFEJES.
Section 2 : Aider les jeunes à sortir de la
précarité et de la pauvreté: la volonté
d'intégration de la CONFEJES93(*)
La Conférence des ministres de la Jeunesse et du Sport
des pays ayant le français en partage (CONFEJES) est une institution
intergouvernementale créée en 1969 qui a pour objectif de
« promouvoir la participation des jeunes pour réussir les
changements stratégiques porteurs de développement
économique et de cohésion sociale. »
Globalement, la CONFEJES, contribue pour la jeunesse à
travers un programme d'insertion économique qui favorise l'emploi des
jeunes et qui soutien : la conception de projet entrepreunarial, la
création d'entreprise, l'orientation et la formation dans le
métier choisi, le financement de microprojets de jeunes
entrepreneurs...
Ainsi, l'esprit d'initiative peu contribuer à
réduire le chômage, à développer
l'employabilité des jeunes et à améliorer les conditions
sociales et économiques des différents états les plus
démunis. La contribution à cet esprit d'initiative devrait passer
par le soutien à l'expansion des entreprises les plus fiables, la
création de réseaux d'assistance, des conseils en matière
entreprise et un soutien d'encadrement.
Les financements de la CONFEJES s'inscrivent dans le cadre du
FIJ (fond d'insertion pour les jeunes) et accompagnent les jeunes sur les voies
du développement affirmées par les Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD).
Par exemple, le 8 Mai 2008, dix-sept jeunes
diplômés ivoiriens, sans emploi dont les projets de
créations de micro-entreprises étaient primés, ont
bénéficié des chèques bancaires en vue de
concrétiser leurs projets.
Par ailleurs pour compléter cet exemple, nous pourrons
constater que « l'OIT a mis au point un kit de formation « Know
About Business », qui s'adresse aux jeunes en formation dans des
instituts professionnels ou techniques. Ce kit est destiné à
encourager les jeunes à faire des choix de carrière comme
l'entreprenariat ou l'auto-emploi. Il donne des indications sur les atouts
à réunir et sur les défis à relever pour
réussir à créer ou à gérer une
entreprise94(*). »
Dans ce chapitre, il a été clairement
exposé que les Etats en Afrique sub-saharienne sont
caractérisés par des faiblesses structurelles dues notamment aux
réformes de la fonction publique imposées à partir des
années 1980 avec l'introduction des plans d'ajustements structurels qui
a diminué considérablement la taille du secteur public. Le
secteur informel est une bonne illustration, il croît jour après
jour et l'accent n'est pas suffisamment mis sur les valeurs essentielles qui
relèvent de l'amélioration des conditions de vie de la
population. Pour certains, « les préoccupations des jeunes et
leur contribution potentielle au développement n'ont pas suffisamment
retenues l'attention des dirigeants africains95(*). »
Autrement dit, les stratégies d'emploi doivent
véhiculées l'espoir, permettre l'intégration des jeunes et
favoriser leur insertion sociale au sein du développement des
différents pays de l'Afrique sub-saharienne.
Pour cela, des efforts ont été
réalisé avec le soutien de d'autres acteurs dans la mise en place
de nombreux programmes d'aide au développement de l'emploi des jeunes et
à l'amélioration du marché du travail en Afrique
sub-saharienne.
Conclusion
Selon un professeur d'histoire en Angleterre qui a
requis l'anonymat, « il est fort probable que le chômage des
jeunes en Afrique devienne, dans les années à venir, une menace
pire que le terrorisme. Parce que, explique-t-il, dans une situation
d'incertitude, d'inutilité et d`exclusion, ces jeunes sont enclins
à des actes de destruction massive des biens de l'Etat96(*) ».
Il faut alors promouvoir une croissance et une politique
à forte intensité d'emploi pour les jeunes.
Les stratégies d'emploi des jeunes doivent être
essentielles pour le développement des jeunes eux mêmes, de la
population, du pays,...Elles doivent être intégrées et
constituer une priorité dans les stratégies globales
d'éradication de la pauvreté.
ANNEXES
Annexe 1 : La
croissance de l'industrie (en pourcentage) entre 1981-1986 et
1987-1991
Pays dont la politique économique s'est
fortement améliorée entre 1981 et 1991Ghana
Tanzanie
Gambie
Burkina Faso
Nigeria
Zimbabwe
8,2%
12,1%
-2,3%
2,5%
10,1%
3,9%
Pays dont la politique économique s'est
légèrement amélioréeMadagascar
Malawi
Burundi
Kenya
Mali
Sénégal
Ouganda
3,9%
5,0%
-0,2%
2,0%
9,1%
2,8%
17,3%
Pays dont la politique économique s'est
détérioréeBénin
Rwanda
Sierra-Leone
Togo
Congo
Côte-d'Ivoire
Cameroun
Gabon
-4,4%
-4,1%
7,8%
7,4%
-4,1%
-1,1%
-16,5%
1,8%
Source : Banque Mondiale
(1993b)
Tiré de « marché du travail en Afrique
subsaharienne », Denis COGNEAU, Sarah MARNIESSE, J.Y MOISSERON,
ECONOMICA, 2000, 173pages.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Annexe 2 : Estimation
de la croissance du PIB si le chômage des jeunes était
réduit de moitié
PIB
2003
(en milliards)Estimation
basse
(en milliards)Estimation
haute
(en
milliards)Croissance
en
pourcentage
(estimation
basse)Croissance
en
pourcentage
(estimation
haute)
Monde
49'8702'1733'4774.4%7.0%
Economies industrialisées
26'6561'1361'8184.3%6.8%
Economies en transition
3'1112053296.6%10.6%
Asie de l'Est
7'3831141831.5%2.5%
Asie du Sud-est
2'1901011624.6%7.4%
Asie du Sud
3'5791492384.2%6.7%
Amérique Latine et Caraïbes
3'8351862984.9%7.8%
Moyen-Orient et Afrique du Nord
1'9391382217.1%11.4%
Afrique sub-saharienne
1'17714322812.1%19.4%
Source: Estimations des auteurs. Les
chiffres du PIB sont tirés de la base de données des
Perspectives de l'économie mondiale du FMI, avril 2004
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Références bibliographiques
-Améliorer la qualité de l'éducation en
Afrique subsaharienne : Quelques résultats du Programme d'Analyse des
Systèmes Educatifs de la CONFEMEN, K. MICHELOWA, Institut d'Economie
Internationale de Hambourg (HWWA), 8 pages.
- Compte-rendu de la cérémonie de lancement
officiel de l'édition française du Ensemble avec les JEUNES : un
guide pratique pour travailler de concert à l'emploi des jeunes,
Réseau pour Emploi de Jeunes en Afrique de l'ouest (Youth Employment
Network for West Africa), 3 pages.
-Economie : les règles du jeu, Michel Didier,
ECONOMICA, 2e édition, 1989.
-Jeunes et culture de la rue en Afrique urbaine, TK. BIAYA,
Politique Africaine, Décembre 2000, 31pages.
-L'Afrique et les Objectifs du Millénaire pour le
Développement, A. RHAZAOUI, L-J. GREGOIRE, S. MELLELI, ECONOMICA, 2005,
619 pages.
-L'Afrique face à ses défis
démographiques : un avenir incertain, Sous la direction de Benoît
Ferry, Karthala, CEPED, AFD, Paris, 2007, 8 pages.
-L'Afrique peut-elle être compétitive ?,
Claire MAINGUY, Collection Economie et développement, Edition KARTHALA,
1998, 209 pages.
-L'Afrique qui se refait, sous la Direction de L. FAVREAU, A.S
FALL, Presse de l'Université du Québec, 393 pages.
-La formation professionnelle en secteur informel, rapport sur
l'enquête terrain au CAMEROUN, Agence Française pour le
Développement, Mai 2006, 45 pages.
- La situation des enfants dans le monde, rapport de
l'UNICEF, 2004, 147 pages.
- L'école et les filles en Afrique, scolarisation sous
condition, Marie-France LANGE, KARTHALA Edition, 1998, 254 pages.
- L'économie du développement de Bandoeng
à la mondialisation 2ème édition, Stéphanie
TREILLET, Collection CIRCA dirigé par C.-D. ECHAUDEMAISON, Edition
Armand Colin, 2007, 231 pages.
-L'emploi en Afrique, aspect critique du problème,
Bureau International du Travail, Genève, la Tribune de Genève,
Suisse, 1973, 245 pages.
- Marché du travail et compétitivité en
Afrique subsaharienne, Denis COGNEAU, Sarah MARNIESSE, J.Y MOISSERON,
ECONOMICA, 2000, 173pages.
-Marché du travail urbain et pauvreté en Afrique
subsaharienne : un modèle d'analyse, A. ZERBO, 2006, 24pages.
-Petits patrons africains : entre l'assistance et le
marché, Y.A FAURE, P. LABAZEE, KARTHALA Edition, 2000, 643 pages.
-Politique éducative et développement en
Afrique, S. ANY-GBAYERE, Collection l'Harmattan, Edition CONFORS, Abidjan,
2005, 170 pages.
- Rapport entre l'éducation et l'emploi en Afrique
Noire, NDAYAMBAJE Jean Damascène, Edition Saint-Paul, Fribourg, 1983,
278 pages.
- Rapport soumis aux fins de discussion à la
Réunion paritaire sur la mise en valeur des ressources humaines dans la
fonction publique dans le cadre de l'ajustement structurel et de la transition,
BIT, 1998.
-Rapport sur les tendances mondiales de l'emploi des jeunes,
Bureau International du Travail, Genève, Première édition,
2004, 24 pages.
-Rapport sur les tendances mondiales de l'emploi des jeunes,
Bureau International du Travail, Genève, 2006.
-Selon le projet du programme Futurs Africains des Nations
Unies pour le développement. Afrique 2025, quels futurs possibles pour
l'Afrique au sud du Sahara ?, Futurs Africains, Edition Karthala et Futurs
Africains, 2003, 191 pages.
-Tendances de l'emploi en Afrique, Bureau International du
Travail, Genève, Avril 2007, 87 pages.
Sources internet
http://www.undp.org/french/
http://www.unmillenniumproject.org/reports/french.htm
http://www.afd.fr/
http://www.worldbank.org/
http://www.un.org/french/
http://www.dial.prd.fr/
http://www.stat.gouv.qc.ca/
http://www.populationdata.net/
http://www.av-garde.com/
http://www.ilo.org/global/lang--fr/index.htm
http://www.afrology.com/presse/afrique_emploi2006.html
http://kilm.ilo.org/2005/press/
http://www.uneca.org/
http://usinfo.state.gov/journals/ites/0505/ijef/wakiraza.htm
http://unesdoc.unesco.org/ulis/
http://www.confemen.org/
http://www.unicef.org/french/
http://www.ungei.org/french/
http://www-ilo-mirror.cornell.edu/public/french/employment/
http://www.cairn.info/accueil.php?PG=START
http://www.statistiques-mondiales.com/ouganda.htm
http://www.icftu.org/default.asp?Language=FR
http://www.afristat.org/?pg=10
http://www.confejes.org/
http://www.tvt.tg/tvt/spip.php?article830
http://www.memoireonline.com/02/08/904/m_employabilite-jeunes-cote-d-ivoire18.html
http://www.afriquechos.ch/
http://www.observatoire-parite.gouv.fr/
Liste des tableaux
-Tableau 1: Parité dans le monde, taux de
chômage, par région dans le monde et par sexe.
-Tableau 2 : Nombre estimé d'enfants non
scolarisés, par sexe et par régions (1990 et 2000).
-Tableau 3 : Accroissement du nombre
d'élèves entre 1987 et 2001et entre 2001 et 2015.
- Tableau 4 : Evolutions passées et futures du
nombre d'enseignants du secteur public pour atteindre la scolarisation
universelle.
- Figure 5 : Disparités entre les sexes sur les
taux nets de scolarisation dans les régions d'Afrique sub-saharienne en
1998.
-Tableau 6 : Motifs de non enregistrements au
Cameroun.
* 1 Amartya Sen, auteur
notamment de "L'économie est une science morale", a obtenu le prix nobel
1998 d'économie
* 2 L'Afrique et les Objectifs
du Millénaire pour le Développement, A. RHAZAOUI, L-J. GREGOIRE,
S. MELLELI, ECONOMICA, 2005, 619 pages.
* 3Mahbub ul Haq (1934-1998).
Economiste pakistanais, fondateur du Rapport sur le développement
humain, a été l'un des pionniers de la théorie du
développement humain avec Armatya SEN.
* 4
http://hdr.undp.org/en/humandev/
* 5 L'Afrique et les Objectifs
du Millénaire pour le Développement, A. RHAZAOUI, L-J. GREGOIRE,
S. MELLELI, ECONOMICA, 2005, 619 pages.
* 6 Rapport sur les tendances
mondiales de l'emploi des jeunes, 2006
* 7
http://www.unmillenniumproject.org/reports/goals_targetsFR.htm
* 8 Rapport sur les tendances
mondiales de l'emploi des jeunes, 2006
*
9http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/myjahiasite/users/administrateur/public/communiques/Synthese_LivreDemographie.pdf
* 10 L'économie du
développement de Bandoeng à la mondialisation
2ème édition, Stéphanie TREILLET, Collection
CIRCA dirigé par C.-D. ECHAUDEMAISON, Edition Armand Colin, 2007, 231
pages.
* 11
http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/2005/fiche218.htm
* 12
http://siteresources.worldbank.org/NEWSFRENCH/Resources/migration08-AFR.pdf
* 13
http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/econm_finnc/conjn_econm/compr_inter/
* 14 Selon P. BOURDIEU, le
capital social est l'ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont
liées à la possession d'un réseau durable de
relations. Quelques principaux travaux de recherche : les
Héritiers(1964), la Misère du monde(1993).
* 15
http://ged.u-bordeaux4.fr/ceddt129.pdf
* 16 Selon le projet du
programme Futurs Africains des Nations Unies pour le développement.
Afrique 2025, quels futurs possibles pour l'Afrique au sud du Sahara ?,
Futurs Africains, Edition Karthala et Futurs Africains, 2003, 191 pages.
* 17
http://www.populationdata.net/
* 18
http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/2007/fas282.pdf
* 19 L'économie du
développement de Bandoeng à la mondialisation
2ème édition, Stéphanie TREILLET, Collection
CIRCA dirigé par C.-D. ECHAUDEMAISON, Edition Armand Colin, 2007, 231
pages.
* 20 Marché du travail
et compétitivité en Afrique subsaharienne, Denis COGNEAU, Sarah
MARNIESSE, J.Y MOISSERON, ECONOMICA, 2000, 173pages.
*
21http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/myjahiasite/users/administrateur/public/communiques/Synthese_LivreDemographie.pdf
* 22
http://www.av-garde.com/extrait.php?extid=17&idmag=5&idsom=88
* 23 Marché du travail
et compétitivité en Afrique subsaharienne, Denis COGNEAU, Sarah
MARNIESSE, J.Y MOISSERON, ECONOMICA, 2000, 173pages.
* 24
http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/2005/fiche218.htm
*
25http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/myjahiasite/users/administrateur/public/publications/documents-de-travail/ddt17.pdf
* 26
http://www.av-garde.com/extrait.php?extid=17&idmag=5&idsom=88
*
27http://www.dial.prd.fr/dial_publications/PDF/Dialogue/vieux_numeros/dial4/art1.htm
http://www.dial.prd.fr/
* 28
http://www.ilo.org/public/english/employment/strat/download/gety06fr.pdf
* 29
http://www.afrology.com/presse/afrique_emploi2006.html
* 30
http://www.un.org/french/issues/africa/stakes/labour.shtml
* 31
http://www.ilo.org/public/french/bureau/inf/download/wssd/pdf/hivaids.pdf
* 32Tendances de l'emploi en
Afrique, Bureau International du Travail, Genève, Avril 2007, 87
pages.
* 33 Travail de recherche
tiré en grande partie de l'étude du marché du travail
urbain et pauvreté en Afrique sub-saharienne réalisée par
le Docteur Adama ZERBO
* 34
http://www.ilo.org/public/english/employment/strat/download/getyfr.pdf
* 35 Modèle de la
segmentation du marché du travail. Concept de marchés internes du
travail développé au début des années 1970 par les
économistes Peter DOERINGER et Michael PIORE. Pour comprendre les
modèles d'emploi et la présence où l'absence de
marché interne du travail dans différents contextes, ils ont
distingué les secteurs primaire et secondaire de l'économie.
* 36 Statisticien Economiste,
diplmé de l'Ecole Nationale de Statistique et d'Administration
Economique (ENSAE). Docteur en Economie, Ecole des Hautes Etudes en Sciences
Sociales (EHESS), Paris. Thèse:
Ç Inégalités et développement - quatre
études économétriques È. Domaine :
Economie du développement, Distribution du revenu,
Econométrie.
* 37 Bruno LAUTIER (Professeur
à Paris I-IEDES), président depuis 1993 du Groupe de Recherche
sur l'Etat, I' Internationalisation des Techniques et le Développement
(GREITD), administrativement indépendant des institutions publiques. Il
regroupe des chercheurs, enseignants-chercheurs et étudiants de doctorat
issus de plusieurs universités et centres de recherche,
spécialisés (complètement ou partiellement) dans
l'étude des problèmes sociaux et économiques du Sud,
particulièrement l'Amérique latine.
*
38http://www.dial.prd.fr/dial_axes_de_recherche/fiches_programme/dial_axes_I_dynamique_pauvrete.htm
* 39 L'Afrique peut-elle
être compétitive ?, Claire MAINGUY, Collection Economie et
développement, Edition KARTHALA, 1998, 209 pages.
* 40 La zone franc est
née avec la guerre, en 1939, lors de la mise en place d'une
législation de change commune pour l'ensemble de l'Empire
français. 14 pays d'Afrique en sont aujourd'hui membres (7 pays
rattachés à la Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest, 6
rattachés à la Banque des Etats d'Afrique Centrale et les
Comores). Cette zone repose sur le principe d'une libre convertibilité,
à un taux rigoureusement fixe, du franc CFA en franc français.
* 41 C'est la capacité
à proposer, sur le marché, des produits à des prix
inférieurs à ceux de ses concurrents.
* 42 Economie : les
règles du jeu, Michel Didier, ECONOMICA, 2e édition, 1989.
* 43
http://kilm.ilo.org/2005/press/
* 44
http://www.uneca.org/statistics/statcom2008/documents/FR_InformalSector.pdf
* 45 Marché du travail
et compétitivité en Afrique subsaharienne, Denis COGNEAU, Sarah
MARNIESSE, J.Y MOISSERON, ECONOMICA, 2000, 173pages.
* 46 Economiste à
l'Agence Française de Développement (AFD). En charge depuis 2006
de projets de développement dans la division Santé et protection
sociale.
* 47 La formation
professionnelle en secteur informel. Rapport sur l'enquête terrain au
CAMEROUN, 2006.
* 48
http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/1996/fiche12.htm
* 49 Directeur de
l'association Kids in Needs (KIN), qu'il a lui-même
fondée en 1996. C'est une organisation non gouvernementale
ougandaise qui aide les enfants de la rue, sujets aux pires formes du travail
des enfants.
* 50
http://usinfo.state.gov/journals/ites/0505/ijef/wakiraza.htm
*
51http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/myjahiasite/users/administrateur/public/publications/documents-de-travail/ddt17.pdf
* 52
http://www.ilo.org/public/french/employment/infeco/download/wp15.pdf
* 53 Convention concernant
l'interdiction des pires formes de travail des enfants et l'action
immédiate en vue de leur élimination. Sujet: Elimination
du travail des enfants et protection des enfants et des adolescents. Date
d'adoption, le 17 Juin 1999
* 54 John Daniel, UNESCO,
Sous-directeur général pour l'éducation de 2001 à
2004. Il a reçu le Prix d'excellence du Commonwealth of Learning dans le
domaine de l'éducation à distance au cours d'une
cérémonie organisée à l'occasion du deuxième
Pan-Commonwealth Forum for Open Learning qui se tenait à Durban (Afrique
du sud), le 1er aoút 2002.
* 55
http://www.un.org/esa/socdev/unyin/documents/wyr07_fact_sheet_french.pdf
* 56 Conférence mondiale
sur l'éducation à Jomtien en 1990 où 155 pays et 150
organisations se sont engagés de garantir l'éducation pour tous
en 2000.
* 57
http://www.undp.org/french/mdg/basics_ontrack.shtml
* 58 Réponse aux
défis du développement, ils visent à réduire, la
pauvreté, à promouvoir l'éducation, à
améliorer la santé maternelle, à faire avancer
l'égalité des sexes, à combattre la mortalité
infantile, le HIV/SIDA et autres maladies. Ce projet comprend 8 objectifs
à atteindre pour l'année 2015.
* 59 Rapport entre
l'éducation et l'emploi en Afrique Noire, NDAYAMBAJE Jean
Damascène, Edition Saint-Paul, Fribourg, 1983, 278 pages.
* 60
http://unesdoc.unesco.org/images/0014/001478/147878f.pdf
* 61 Travail de recherche
appuyée sur une étude tirée du programme PASEC.
http://www.confemen.org/spip.php?rubrique3
* 62 Programme d'analyse de la
Conférence des Ministres de Education des pays ayant le français
en partage (CONFEMEN), crée en 1991, il vise à
Ç mettre en relation les aspects quantitatifs et qualitatifs des
systèmes éducatifs et de dégager les choix possibles des
stratégies éducatives les plus efficaces. È
* 63 L'initiative en faveur des
Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) est un dispositif global de
réduction de la dette des pays pauvres très endettés qui
appliquent des programmes d'ajustement et de réforme appuyés par
le FMI et la Banque mondiale.
* 64
http://www.undp.org/french/mdg/basics_ontrack.shtml
* 65L'école et les
filles en Afrique, scolarisation sous condition, Marie-France LANGE, KARTHALA
Edition, 1998, 254 pages.
* 66 La situation des enfants
dans le monde, rapport de l'UNICEF, 2004, 147 pages.
* 67L'initiative des Nations
Unies pour l'éducation des filles
http://www.ungei.org/french/infobycountry/ghana.html
* 68
http://www.oit.org/public/french/employment/skills/youth/decent.htm
* 69
http://www.dial.prd.fr/dial_publications/PDF/Dialogue/Dialogue27.pdf
* 70
http://www.worldbank.org/afr/findings/french/ffind06.htm
* 71
http://www.afd.fr/jahia/Jahia/home/pid/1164
* 72
http://www.ilo.org/public/french/employment/skills/informal/gpe/bground.htm
* 73 Ce cadre, est l'expression
des participants au forum mondial sur l'éducation, réunis
à Dakar en Avril 2000 qui ont réaffirmé le principe
énoncé dans la déclaration mondiale sur l'éducation
pour tous (Jomtien, 1990)
* 74Programme d'action sur
l'ajustement structurel, l'emploi et le rle des partenaires sociaux
http://www-ilo-mirror.cornell.edu/public/french/employment/strat/download/etp28.pdf
* 75 J.Y MOISSERON est
directeur d'unité de recherche ou de service à l'institut de
recherche pour le développement (IRD). Il est notamment le responsable
du programme Ç interventions publiques de partenariat
euro-méditerranéen (UR102) È
*
76http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=AFCO&ID_NUMPUBLIE=AFCO_206&ID_ARTICLE=AFCO_206_0057
* 77
http://www.dial.prd.fr/dial_publications/STATECO/pdf/99/99_8.pdf
* 78 1980-1985--
1986-1988--à partir de 1989
* 79 Marché du travail
et compétitivité en Afrique subsaharienne, Denis COGNEAU, Sarah
MARNIESSE, J.Y MOISSERON, ECONOMICA, 2000, 173pages.
* 80 PNUD: UNDP
Ç experience with civil service reform in SPA
countries È, document soumis au Groupe de travail du SPA sur
la réforme de la fonction publique en Afrique subsaharienne, 1996.
* 81 Président de
l'Ouganda depuis 1986, réélu en 2006.
http://www.statistiques-mondiales.com/ouganda.htm
* 82 Rapport soumis aux fins de
discussion à la Réunion paritaire sur la mise en valeur des
ressources humaines dans la fonction publique dans le cadre de l'ajustement
structurel et de la transition, BIT, 1998.
* 83
Afrique
: patrons et gouvernements à l'assaut des droits fondamentaux (CISL
En Ligne, 7/6/2004)
http://www.icftu.org/displaydocument.asp?Index=991219342&Language=FR
* 84 Norme Internationale du
Travail, Politique en matière de ressources humaines et de formation
professionnelle. Sujet: Orientation et formation professionnelles. Date
d'adoption, le 23 Juin 1975.
* 85 Sur plan individuel, Eisen
(1994) définit l'empowerment comme la façon par laquelle
l'individu accro»t ses habiletés favorisant l'estime de soi, la
confiance en soi, l'initiative et le contrle.
* 86
http://www-ilo-mirror.cornell.edu/public/french/employment/strat/download/etp28.pdf
* 87
http://www.oit.org/public/french/employment/
* 88 AFRISTAT est une
organisation internationale créée par un traité
signé le 21 septembre 1993 à Abidjan par les 14 pays africains
membres de la Zone Franc suivants: Bénin, Burkina Faso, Cameroun,
Centrafrique, Comores, Congo, Cte d'Ivoire, Gabon, Guinée
Equatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad et Togo. Elle a pour
mission de contribuer au développement des statistiques
économiques, sociales et de l'environnement dans les Etats membres et de
renforcer leurs compétences dans ces domaines.
http://www.afristat.org/?pg=10
* 89 Ç Ces
documents ont pour but d'exposer les stratégies et les actions que
comptent mettre en Ïuvre les pays en vue de réduire la
pauvreté. Ils sont régis dans le cadre de leur mise en Ïuvre
par les principes directeurs que sont la proximité, le faire-faire, la
transparence, l'équité, la participation, la
célérité, la complémentarité et la
synergie. È
* 90 Dr. Makha Dado Sarr du
Sénégal, ancien Secrétaire exécutif adjoint de la
Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique avec plus de 30
ans d'expérience en éducation, recherche, et analyse et
planification de développement de politiques.
www.nepad.org
* 91
http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol20no3/203-jeunesse-emplois.html
* 92 Crée le 27 Avril
1990, pour accompagner les PAS, le Gouvernement, en accord avec les bailleurs
de fonds, avait mis sur pied un volet Ç Dimension Sociale È
dénommé (DSA), avec une forte priorité accordée
à l'emploi, en prévision des effets néfastes attendus sur
ce marché.
* 93 Travail de recherche
reposant essentiellement du site de la CONFEJES.
http://www.confejes.org/
http://www.tvt.tg/tvt/spip.php?article830
* 94
http://www.memoireonline.com/02/08/904/m_employabilite-jeunes-cote-d-ivoire18.html
* 95
http://www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol20no3/203-jeunesse-emplois.html
* 96
http://www.afriquechos.ch/spip.php?article1015
|