1. INTRODUCTION
C'est une maladie infectieuse contagieuse, touchant la poule
et le poulet, extrêmement importante par sec conséquences
économiques. D'origine virale (virus Herpès, groupe B), elle se
déclare vers la troisième semaine et les troubles se manifestent
vers la sixième semaine. Globalement, elle se caractérise par une
altération de l'état général, se traduisant par des
formes nerveuses (paralysie), respiratoires (dyspnée), digestives
(diarrhée), cutanées (poulet de chair), et en fin des formes
oculaires (oeil de verre).l'incidence sur la ponte est désastreuse et le
pronostic sur la survie des sujets est sombre. La prévention sanitaire
reste tributaire d'une hygiène stricte. La protection des jeunes sujets
reste l'élément fondamental de la réussite de
l'élevage. Pour ce qui est la prévention médicale, de loin
la plus efficace et surtout obligatoire pour les poules pondeuses, passe par
l'application du protocole de vaccination dans les meilleurs délais
(Age : 1 jour) et dans les meilleures conditions (A l'abri de tout
stress). Il est nécessaire de savoir qu'il n'existe pas de traitement de
cette maladie. La prévention reste la meilleure protection et le vaccin
obligatoire au premier jour de la naissance (Fontaine et al, 1995).
2. IMPORTANCE ÉCONOMIQUE
Le taux de morbidité est très
élevé, il est variable et dépend de la résistance
individuelle des sujets et des conditions générales des
élevages. La morbidité peut atteindre 60 à 70 % et
même plus. En général l'évolution de la maladie dans
un élevage est chronique et la mortalité est d'habitude faible,
rarement supérieure à 10 ou 15 %. On a signalé cependant
des formes très meurtrières et d'évolutions rapides
connues sous le nom de « maladie aigue de Marek »,
où la mortalité est beaucoup plus élevée et peut
couramment atteindre 30 % d'un élevage, ou bien l'épizootie peut
frapper 80 % d'un effectif.
En Algérie en mars 1995, plus de 8 wilayas
de l'Est ont été frappées par la maladie de Marek.
L'origine de l'infection était la wilaya d'Oum El Bouaghi, plus
précisément à Aïn Kercha où l'office
régional de l'aviculture (ORAVIE) produit des poules pondeuses, avant de
les fournir aux éleveurs. Les services vétérinaires ont
précisé le 13 mars 1995 que 200.000 poules pondeuses sont perdues
et plus de 1000.000 de poules menacées (Anonyme2, 1995).
3. ETIOLOGIE
La maladie de Marek est causée par un virus à ADN
de 105 à 115 nm de diamètre, à nucléocapside
à symétrie cubique, de la famille des Herpétoviridae,
groupe B. Cet agent peut être mis en évidence dans le
système nerveux central, ainsi que dans le sang et divers organes. Le
virus est éliminé seulement par les épithéliums du
follicule plumeux de la peau. Dans le milieu extérieur il reste
infectant pendant longtemps, parfois même plusieurs années et ceci
a été démontré par JURASDA et KLIMES en 1970. Cette
maladie s'extériorise presque sur tous les animaux jeunes peu avant ou
après la maturité sexuelle, elle est introduite dans les
élevages sains par des reproducteurs, des poulets porteurs de virus, par
achat d'animaux infestés latents ou de poulets provenant
d'élevage infestés (Didier, 2001; Fontaine et al,
1995 ; Saidi, 1982).
3.1 INFECTION NATURELLE
Cette infection réussit par contact des animaux
malades et des animaux sains. Le virus est libre dans les
épithéliums des follicules plumeux.
3.2 INFECTION EXPERIMENTALE
L'infection expérimentale a pu être
réalisée par injection d'extraits de foie, de rate, de nerfs, de
poumon, et de sang des animaux récemment malades.
3.3 RECEPTIVITE
Seule les gallinacés sont réceptifs à
cette affection, plus les animaux sont jeunes, plus ils la contractent
facilement. Les poulets âgés de 1 à 2 mois sont
réceptifs, au-delà de 8 à 14 semaines les oiseaux sont
sensibles qu'exceptionnellement, chez les plus âgés elle est rare.
De plus la réceptivité reconnaît des facteurs
intrinsèques e des facteurs extrinsèques.
3.3.1 FACTEURS INTRINSEQUES
- La race
Toutes les races des gallinacés sont sensibles
à cette affection. Surtout le poulet de chair qui est plus
touchés.
- L'age
Surtout les poulets âgés de 1 à 2 mois,
les animaux de 20 semaines ne sont atteints qu'exceptionnellement de la forme
classique (la forme nerveuse ; paralysie des ailes et des pattes).
L'incubation est plus longue, ils ont remarqué, que le temps de latence
qui sépare l'infection et l'apparition des symptômes pour des
poulets atteints à l'âge de 7 semaines, est de 122 jours, alors
que chez les poussins de 1 semaine, élevés de la même
manière et de la même race, la période de latence est de 33
jours.
- Le sexe
Des chercheurs ont montré que le sexe n'influe pas sur
la réceptivité et que l'atteinte était
généralisée aux mâles comme aux femelles. Des
injections d'oestrogènes à fortes doses n'ont pas modifié
la réceptivité au virus chez le mâle.
3.3.2 FACTEURS EXTRINSEQUES
- La saison
L'affection est beaucoup plus fréquente à la
fin de l'été que de l'automne, sur des animaux nés au
printemps âgés de 4 à 6 semaines.
- Le milieu
Les poussières véhiculent le virus, donc les
mesures hygiéniques traditionnelles ne suffisent pas pour
préserver les troupeaux de l'atteinte du virus.
- Le stress
Les oiseaux recevant une nourriture équilibrée
et élevés dans des bâtiments convenables résistent
mieux l'infection virale. De plus agressions physiologiques tel que le
transport, vaccinations etc....prédisposent les oiseaux à
l'infection (Saidi, 1982).
3.4 LES VOIES D'INFECTION
La voie d'infection naturelle est la voie respiratoire, ce
qui ne permet pas d'exclure les autres voies puisque les plumes et les cellules
desquamées vont souiller la litière et répondre le virus
un peu par tout. La voie d'infection la plus certaine est la voie
intra-abdominale qui donne les meilleurs résultats. Les voies
intra-dermiques, sous-cutanées, intra-oculaires, ne donnent aucun
résultat positif (Saidi, 1982).
3.5 LES SOURCES D'INFECTION
Tout ce qui peut apporter des poussières peut
être un vecteur de la maladie, l'homme, les animaux, les animaux, le vent
etc.....il y a aussi les animaux malades, la matière virulente, tel que
les sécrétions constituées par des produits de
desquamations de la peau et de la base des follicules plumeux qui contiennent
le virus. Le virus subit une maturation et une multiplication sur les
follicules plumeux. Il survit dans la litière 16 semaines. On n'oubliera
pas les insectes tels que les coléoptères :
Alphétobius diapérinus qui sont hôtes habituels des
poulaillers (Saidi, 1982).
3.6 MODE DE TRANSITION
3.6.1 TRANSMISSION PAR CONTACT OU HORIZONTALE
Les animaux sains peuvent contracter la
maladie quand ils sont en contact avec des poussins infectés et
présenteraient des symptômes de la maladie.
3.6.2 TRANSMISSION PAR L'OEUF
Les études portant sur la transmission par
l'oeuf ont été nombreuses, (SALOMON, COLL 1973) ont
vainement cherché à mettre en évidence le virus dans les
embryons de poussins issus de poules infectées et conclu qu'il semble
bien établi que le virus ne peut se transmettre par l'oeuf, mais la
souillure de la coquille est éventualité à ne pas
méconnaître (Saidi, 1982).
4. ÉPIDÉMIOLGIE
La caille et le dindon peuvent présenter des tumeurs
après inoculation expérimentale ou contamination naturelle. Les
matières virulentes sont les produits de desquamation et de croissance
des plumes, car la multiplication des particules virales infectieuses se fait
dans la peau au contact de la hampe plumaire au niveau des kératinocytes
(cellules qui fabriquent la plume). L'excrétion virale se fait donc par
les plumes. Les virus déjà résistants, par nature, le sont
plus encore, car abrités par sec résidus de desquamation. La
transmission est uniquement horizontale, et par ces faits très
précoce. L'excrétion virale persiste toute la vie de l'oiseau
infecté, de même les poulets vaccinés peuvent
excréter le virus sans symptôme ou lésion de la maladie.
Les débris de plumes des oiseaux excréteurs de virus participent
à la poussière des poulaillers qui est facilement
aérodispersée en tous lieux et à tous moments. C'est ainsi
que le virus peut s'intégrer à la cuticule encore humide de
l'oeuf, juste après la ponte et assurer la pérennité de la
maladie à l'éclosoir (Didier, 2001; Saidi, 1982).
5. PATHOGÉNIE
Le virus n'est pathogène que s'il est intracellulaire
et de là, les chercheurs ont pu démonter qu'il y ait
dissémination hématogène ou lymphohématogène
de ce virus à travers tout l'organisme, il est pris en charge et
véhiculé par le sang, il va se fixer sur les leucocytes,
particulièrement sur :
- Les cellules mononuclées des organes lymphoïdes
situés dans la bourse de Fabricius, la rate et le thymus.
- Les cellules mononuclées dans les foyers
d'infiltrations lymphoïdes.
- Sur un grand nombre de cellules épithéliales
des follicules plumeux et des tubules rénaux.
Le virus a une affinité pour les centres nerveux, peut
être à l'origine des tumeurs de types lymphomateux (Saidi,
1982).
6. SYMPTOMATOLOGIE
Cette maladie a presque toujours une forme subaïgue ou
chronique ce traduisant par une accumulation de lymphocytes surtout au sein du
tissu nerveux et accessoirement dans certains organes où elle prend
souvent la forme tumorale de lymphocytome. Elle apparaît, en
générale, chez les oiseaux âgés de 4 à 8
mois. Une forme aigue, évoluant en 15 jours et se traduisant par de la
faiblesse, de paralysie progressive des pattes, des ailes, du cou et se
terminant par la mort (Gordon, 1979).
6.1 LA FORME CHRONIQUE
La neurolymphomatose chronique ne se présente pas
toujours sous le même aspect clinique : celui-ci dépend de la
localisation de l'infiltration lymphocytaire : système nerveux
central, moelle, système nerveux périphérique,
système nerveux végétatif, divers organes et tissus.
Après une période d'incubation
généralement longue l'oiseau et d'une durée variable. Il
présente de la faiblesse musculaire plus souvent au niveau des
pâtes et des ailes ; il se tient le dos voussé ; la
démarche devient incertaine, chancelante, par fois subitement ataxique
ou sautillante ; quelques jours plus tard, une boiterie apparaît sur
l'un des membres. La paralysie, généralement asymétrique
s'accentue et revêt tantôt le type flasque, tantôt le type
convulsif (Gordon, 1979; Lesbouyries, 1965).
6.1.1 TYPE FLASQUE
Le malade traîne son membre interne, ou, si les pattes
sont atteintes il s'accroupit, les ailes étendues en position de
«grand écart» ; parfois les pattes sont rejetées
en arrière ; ou bien l'une est étendue en avant et l'autre
en arrière ; ou encore la patte paralysée,
déviée en dedans, repose sur le sol au niveau du jarret ;
dans de telles conditions, l'oiseau est incapable de se déplacer.
Lorsque la paralysie frappe les membres antérieures, il est habituel
d'observer q'une aile est plus atteinte que l'autre, l'animal est incapable de
se servir de son aile ; lorsque les deux membres antérieures sont
paralysés, les ailes traînent sur le sol en
« départ de vol » (Gordon, 1979;
Lesbouyries, 1965).
6.1.2 TYPE CONVULSIF
Le types convulsif apparaît parfois d'emblée,
plus souvent après quelques jours de la paralysie flasque ; parfois
des contractions clonique. La paralysie affectant surtout les muscles
extenseurs, il en résulte un recroquevillement des doigts, une raideur
des articulations qui rappellent « l'attitude du griffer ».
Dans le cas d'infiltration du nerf spinale accessoire ou du cervelet, il y a
des contractions des muscles du cou. La paralysie flasque ou convulsive des
muscles du cou entraîne des déviations diverses de cet
organe : du torticolis.
Dans tous les cas, la sensibilité au toucher est
diminuée ; les réflexes sont amoindris ;
l'émaciation musculaire est d'autant plus marquée que la
paralysie est plus étendue.
Les troubles de la vision, sont dus tantôt à des
lésions du nerf optique, tantôt à une
irido-cyclochoroïdite ; dans le premier cas, la diminution, la perte
de la vision, l'amaurose sont produites par des troubles surtout
rétiniens ; dans le second, par des lésions de tractus
uvéal, apparentes principalement au niveau de l'iris ; on voit cet
cette organe tuméfié, épaissi ; la pupille
rétrécie est ovale ou de forme irrégulière et elle
est incapable d'accommodation ; l'iris offre une décoloration
caractéristique ; puis plus ou moins rapidement et
régulièrement, l'iris est entièrement atteint, et par ses
décolorations et ses tâches blanchâtres, donne l'impression
« d'un oeil de verre ». Ces lésions oculaires sont
unies ou, plus souvent bilatérales et elles entraînent presque
toujours la cécité. Lors de lésions du système
sympathique, on peut observer des bâillements, de la stase intestinale,
de la paralysie de cloaque, de la dyspnée, des troubles cardiaques
(Gordon, 1979; Lesbouyries, 1965).
6.2 LA FORME AIGUË
Cette forme se différencie du classique par le
pourcentage de mortalité qui est élevée et qu'un grand
nombre d'animaux sont atteints en même temps et rapidement. Elle atteint
les sujets jeunes dés l'âge de 4 à 20 semaines, on peut
voir de l'amaigrissement, de la prostration et une anémie (la
crête devient pâle). Le tableau clinique est surtout dominé
par l'apparition de tumeurs sur différents organes, tel que gonades,
foie, reins, rate et l'abdomen se distend souvent à cause de ces
tumeurs. On peut observer des lésions cutanées autour des
follicules plumeux, qui se traduisent par une hypertrophie des follicules
plumeux. Les animaux meurent très souvent dans un état
d'épuisement total, parfois après avoir présenté
une évacuation involontaire de matières fécales et parfois
même avant que le stade de paralysie des ailes et des pattes sont atteint
(Gordon, 1979; Lesbouyries, 1965).
7. LESIONS
7.1 LESIONS MACROSCOPIQUES
7.1.1 FORME CLASSIQUE
La lésion typique est la nette hypertrophie d'un ou
plusieurs nerfs périphériques, dont le diamètre peut
souvent doubler ou tripler (le diamètre peut atteindre 9 mm) et qui
perdent leur aspect normalement brillant et strié en prenant une
apparence grisâtre et oedémateuse. Les plus fréquemment
atteints et les mieux visibles à l'autopsie sont ceux du plexus
brachial, du plexus lombaire et du plexus sciatique. A ces lésions
nerveuses s'ajoutent occasionnellement des lymphomes ; le plus souvent ces
tumeurs portent sur l'ovaire qu'on trouve parfois petit mou et grisâtre
ou plus rarement gros, jaunâtre et lobulé, mais elles peuvent
aussi se rencontrer au niveau des poumons, des reins, du coeur et du foie
(Didier, 2001; Gordon, 1979; Lesbouyries, 1965).
7.1.2 FORME AIGUË
Cette forme se caractérise par ses lymphomes diffus et
par l'augmentation du volume d'un ou plusieurs organes ou tissus, dont le plus
souvent le foie, les gonades, la rate, les reins, les poumons, le proventricule
et le coeur, plus rarement la peau et ses follicules ou le tissu musculaire.
Chez les jeunes sujets l'hypertrophie hépatique est d'habitude
modérée ; chez les adultes elle est très
remarquée et comparable à celle provoquée par la leucose
lymphoïde. A l'exception de quelques adultes, tous les malades montrent
une plus ou moins forte infiltration lymphoïde des filets nerveux
(Lesbouyries, 1965).
Figure 1 Paralysie et
déviation de la patte (Lesbouyries, 1965).
Figure 2 Attitude du
griffer (Lesbouyries, 1965).
Figure 3 Torticolis (Lesbouyries,
1965).
Figure 4 Tumeur de l'ovaire lors de maladie
de Marek (Didier, 2001).
Figure 5 Tumeurs d'origine virale et
déformant
la peau (flèche) (Geoffrey
et al, 1978)
Figure 6 Folliculite de bulbes
plumeux (Didier, 2001).
Figure 7 Foie de poulet
Figure 8 Tumeurs ressemblant à
celle
(Geoffrey et al, 1978)
provoquée Par la leucose aviaire
(Geoffrey et al,
1978)
Figure 9 Néoplasie du foie et du
poumon (Didier, 2001).
7.2 LESIONS MICROSCOPIQUES
La lésion essentielle provoquée par herpesvirus
de la maladie de Marek, est une névrite interstitielle chronique au
niveau des nerfs périphériques, qui sont suivie d'un processus
inflammatoires entraînant la formation d'amas diffus ou en foyers. En
coupe histologique on retrouve les mêmes cellules anormales dans les
infiltrations tissulaires, des lymphocytes mûrs à noyaux petits et
ronds, cellules proches de lymphoblastes, des histiocytes à noyaux
allongés, des plasmocytes caractéristiques, cellules à
cytoplasme basophile, leucocytes polynucléaires à granulation
hétérophile et des mastocytes à grosses granulations. Des
oedèmes et une dégénérescence des fibres nerveuses
sont observés. Le liquide céphalo-rachidien est abondant et
contient des lymphocytes. Au niveau du cerveau, du cervelet, du bulbe, les
lésions, très fréquentes, se présentent
généralement sous l'aspect d'infiltration péri-vasculaire
de petites cellules lymphoïdes, de nodules miliaires, des lymphocytes et
de débits gliaux, plus rarement d'infiltration diffuse. Les
lésions qui intéressent la vision se voient surtout dans les
couches optiques, le nerf optique, la rétine, dans le tractus
uvéal. La dilatation des capillaires et l'infiltration lymphocytaire
entraînent la tuméfaction la tuméfaction des procès
ciliaires ; ces altérations, associé à la
dégénérescence de la fibre musculaire, entraînent la
déformation pupillaire. Parfois, peu développé, compact,
blanc ou pourpre, montre des déformations jaunes, de la grosseur d'une
tête d'épingle. BIELY, PALMER, estiment que 20 p. 100 des poules
atteintes paralysie de Marek présentent des lymphomes de l'ovaire,
tumeurs grisâtres, molles, plus ou moins et volumineuses ;
histologiquement, ces néoplasies sont constituées de petites
cellules rondes, souvent en mitose, et séparée par un stroma
réticulé. Dans les organes tels que le foie, le rein,
l'hyperplasie débute par un amas de lymphocytes, ordinairement
péri-vasculaire ; ces cellules envahissent le parenchyme, le
compriment, le privent de sa nutrition et détermine sa nécrobiose
et sa disparition. Le thymus est hypertrophié dans 50 p. 100 des cas
environ. Enfin, il ressort que les lésions microscopiques consistent en
la présence anormale de cellules mononuclées de la lignée
lymphocytaire, essentiellement des thymocytes ou cellules T. on
considère la maladie de Marek comme une néoplasie de cellules T
(Didier, 2001; Gordon, 1979; Lesbouyries,
1965).
Figure 10 Infiltrations lymphocytaires
néoplasiques (Didier, 2001).
Figure 11 Infiltration lymphocytaire du tissu
nerveux vue à un fort grossissement
(Lesbouyries, 1965).
Figure 12 Ovaire d'une poule
atteinte de neurolymphomatose (Lesbouyries, 1965).
8 DIAGNOSTIC
8.1 DIAGNOSTIC CLINIQUE
L'âge des animaux est très important pour porter
un bon diagnostic chez les poulets atteints pour la première fois, il se
base surtout sur les constatations cliniques. Si dans un élevage les
animaux âgés, de 3 à 6 mois présentent des
paralysies avec les symptômes décrits précédemment,
et si la mortalité croit progressivement, la suspicion de la maladie de
Marek devient certitude surtout si le tableau clinique est
complété par l'atteinte oculaire (qui est souvent tardive), le
diagnostic est plus sur (Gordon, 1979; Saidi, 1982).
8.2 LESIONS
Les lésions sont considérées parmi les
critères les plus évidents de la maladie. L'épaississement
des faisceaux de fibres nerveuses ne s'accompagne pas toujours les
lésions anatomo-pathologiques, ainsi on doit procéder non
seulement à l'examen des nerfs brachiaux et sciatiques mais aussi
à celui de la moelle et l'encéphale. Pour les lésions
oculaires, on recherche l'atteinte de la pupille et l'aspect
décoloré des marges de l'oeil appelé « oeil de
verre » ou « oeil de chat ». Cependant il ne faut
pas oublier que les variations de la couleur de l'iris pourraient être
dues à l'automne, à la fin de période de ponte et la mue.
L'examen histologique des lésions par un laboratoire
spécialisé reste un excellent moyen diagnostique
(Lesbouyries, 1965).
8.3 DIAGNOSTIC EXPERIMENTAL
8.3.1 EFFET CYTOPATHOGENE (ECP)
En dehors de la caractérisation morphologique des virus
par microscope électronique, les techniques de laboratoire permettent la
mise en évidence du virus responsables de cette affection. Cet
herpesvirus produits des effets cytopathogènes en culture cellulaires.
L'inhibition de la production de ces effets par un antisérum
spécifique révèle la présence de virus dans le
prélèvement.
8.3.2 REACTION DE PRECIPITATION
Le principe de la réaction repose sur la recherche des
anticorps précipitants ou des antigènes, on met en
présence les sérums à tester avec les antigènes de
la maladie de Marek connu ou au contraire les anticorps connus avec les
antigènes à tester. On verra alors apparaître des lignes de
précipitation si la réaction est positive. L'absence de
précipité doit entraîner l'examen d'un autre
échantillon de sérum prélevé encore chez le
même animal quelques jours plus tard. En outre il arrive des fois qu'un
sérum renfermant des anticorps soit reconnu négatif (ou bien les
lignes de précipitation ne sont pas très nettes, ou bien il y a
absence de précipité). Il faudra dans ce cas tester le
sérum une deuxième fois, et même une troisième fois.
- Extraction des antigènes
Pour extraire les antigènes, on met les plumes des
poules suspectes recueillies dans des vacutainers et le tout est mis dans le
frigo. Nous les retirons pour couper les extrémités contenant le
mucus en petit bout de 2 à 3 mm de long et nous les introduisant les
cuvettes des plaques microtest, on ajoute ensuite de l'eau physiologique
à l'aide de micropipette jusqu'à recouvrir les plumes mais l'eau
ne doit pas déborder et atteindre la cuvette voisine. Ceci étant
fait, les plaques microtest sont introduites dans le congélateur, une
fois congelées on les retire pour les décongeler. On
répète l'opération 3 fois de cette manière,
l'antigène qui pourrait être présent dans le follicule
plumeux est retrouvé dans l'eau physiologique.
- Préparation du sérum
Pour procéder à une prise de sang, on doit
immobiliser l'animal sur une surface plane, à la face inférieure
de l'aile, on localise la veine brachiale qui est visible. On nettoie la
surface de la peau correspondante avec du coton imbibé d'alcool et on
introduit l'aiguille dans la veine. Cependant si le prélèvement
dans la veine brachiale ne réussit pas, on fait la prise de sang dans la
veine jugulaire. Pour l'obtention du sérum, ces
prélèvement du sang sont centrifugés pendant 10 mn
à 2000 t/s, les sérums ainsi récupérés sont
mis dans le congélateur jusqu'à leur emploi.
8.3.3 HYPERSENSIBILITE RETARDEE
Les animaux infectés par ce virus peuvent
présenter des réactions d'hypersensibilité
retardée, après une injection dans le barbillon d'antigène
issu de cultures cellulaires infectées (Saidi, 1982).
8.4 DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
8.4.1 LEUCOSE LYMPHOÏDE
Notre tableau résume les principales
caractéristiques qui permettent la distinction entre ces deux
infections. (Tableau 1)
Tableau 1 Diagnostic
différentiel entre la leucose et la maladie de Marek
(Gordon, 1979)
Maladie de Marek
|
Leucose lymphoïde
|
Caractéristiques
-Age
-Symptômes
-Incidence
|
-6 semaines ou plus
-paralysie fréquente
-souvent plus de 6% chez les non vaccinés
|
-jamais moins de16 semaines
-non spécifiques
-rarement plus de 5%
|
Lésions macroscopiques
-Hypertrophie des nerfs
-bourse de Fabricius
-Tumeurs de la peau, de muscle, du proventricule.
|
-fréquent
-atrophie ou distension diffuse
-possible
|
-absente
-tumeurs noduleuses
-d'habitude absentes
|
Lésions microscopiques
-nerveuses
-tumeurs hépatiques
-Rate
-Bourse de Fabricius
-Système nerveux central
-Prolifération lymphoïde de la peau et des follicules
des plumes
|
-oui
-souvent périvasculaires
- diffuses
-tumeurs interfolliculaires et/ou atrophie des follicules
-oui
-oui
|
-non
-focales ou diffuses
-souvent focales
-tumeurs intrafolliculaires
-non
-non
|
Cytologie des tumeurs
|
-cellules lymphoïdes pléomorphes comprenant
lymphoblastes, petits et moyens ou grands lymphocytes, cellules
réticulaires.
|
-lymphoblastes
|
Origines des cellules tumorales
|
-cellules thymodépendantes
(cellules T)
|
-cellules bursodépendantes
(cellules B)
|
8.4.2 NEWCASTLE
Elle se traduit par des signes nerveux, une paralysie
s'ensuit. On observe l'inflammation de la moelle épinière,
à laquelle peuvent s'ajouter plus tard les lésions des nerfs
périphériques. Les poulets atteints de cette affection sont
positifs à l'épreuve d'inhibition et de
l'hémagglutination. On peut la détecter cliniquement sur le
terrain parce que leurs évolutions sont très différentes.
Cependant l'examen histologique seul ne permet pas de faire la
différence entre les deux maladies.
8.4.3 ENCEPHALOMYELITE AVIAIRE A VIRUS
Elle atteint les oiseaux avant l'âge de 5 semaines, mais
il n'est pas rare d'observer des paralysies vers l'âge de 6 à 8
semaines et la confusion est alors possible. A l'examen histologique, les
infiltrats ressemblent à des lymphoïdes caractéristiques de
l'encéphalomyélite au niveau du système nerveux.
8.4.4 SYNOVITE INFECTIEUSE
Elle est due à un mycoplasme, l'inflammation chronique
de l'articulation tarsienne et des gaines tendineuses bien qu'elle ne
présente pas les mêmes signes cliniques et anatomo-pathologiques
que la maladie de Marek.
8.4.5 AVITAMINOSES E
Elle est observée surtout chez les poulets
âgés de 4 à 6 semaines, elle se différencie
facilement par une démyélinisation de la substance et un
oedème de la couche granuleuse.
8.4.6 AVITAMINOSE B1
Il y a paralysie, mais les lésions oculaires et
cérébrales manquent, il y a dégénérescence
des nerfs et cette affection cède facilement au traitement.
8.4.7 AVITAMINOSE B2
Observée chez les oiseaux âgés de 2
à 6 semaines, avec paralysie tonique des doigts et appui sur les
métatarses. Cette affection répond bien au traitement.
(Gordon, 1979; Saidi, 1982).
9 PRONOSTIC
Le pronostic est défavorable en toute circonstance des
guérisons spontanées mais incomplètes ont
été signalées. Mais on n'aura aucun intérêt
à garder dans un élevage des sujets qui sont sources de virus
(Saidi, 1982).
10 TRAITEMENT
La lutte contre la maladie de Marek devra s'appuyer sur une
bonne prophylaxie. Toute la pharmacopée antitumorale a eu ses petits
succès momentanés mais en pratique tout traitement est
illusoire. Dans les cas bénins on pourrait essayer le traitement
à la vitamine B1 mais alors on crée des porteurs et
excréteurs de virus qui seront un danger pour l'élevage
(Didier, 2001; Saidi, 1982).
11 PROPHYLAXIE
11.2 PROPHYLAXIE SANITAIRE ET HYGIENIQUE
Cette prophylaxie ne peut être employée que dans
les troupeaux destinés à l'expérimentation ou dans les
troupeaux de base de la sélection. Dans une ambiance contaminée
les oeufs doivent être désinfectés dans les deux heures qui
suivent la ponte afin de détruire toutes particules virulentes qui
seraient collées au moment de la ponte sur la coquille humide. Les
jeunes poussins doivent être préservés de tout contacts
avec le virus pendant la première semaine de vie pour laisser la
protection vaccinale s'installer.
11.2 PROPHYLAXIE MÉDICALE
Le virus le plus fréquemment utilisé pour
préparer les vaccins est le (HVT : herpès virus of turkey)
non pathogène pour la dinde et le poulet et protecteur pour ce dernier.
Il peut être utilisé sous forme congelée soit sous forme
lyophilisée. D'autres virus vaccinaux sont utilisés actuellement
avec succès tel que le virus de sérotype 1 (souche Rispens).
Certaines souches virales de sérotype 2 sont utilisées aux
Etats-Unis, soit en vaccination unique soit en vaccination bivalente ou
trivalente ; c'est-à-dire en associant HVT et virus de
sérotype 2 ou la souche Rispens et virus de sérotype 2 etc...
La dose injectée et le mode d'injection sont
codifiés par les producteurs de vaccins et doivent être
respectés. Bien que les vaccins protègent contre l'apparition des
tumeurs, ils n'empêchent pas la multiplication active des virus et
l'excrétion du virus sauvage. Ceci explique que l'on ne puisse donner
des garanties de non contagion à des animaux vaccinés qui sont
aussi porteurs du virus. Des échecs de vaccination conduisant à
l'apparition d'enzooties sévères de maladie de Marek sont parfois
décrits (Brugere-picoux et al, 1992).
12 LEGISLATION
12.1 CODE SANITAIRE POUR LES ANIMAUX TERRESTRES 2003
Chapitre 2.7.2.
Maladie de
Marek
Article 2.7.2.1.
Aux fins du Code terrestre, la période
d'incubation de la maladie de Marek est fixée à 4 mois.
Les normes pour les épreuves diagnostiques et les vaccins sont
fixées dans le Manuel terrestre.
Article 2.7.2.2.
Les Administrations vétérinaires des
pays importateurs tiennent compte :
pour les poules et les
poulets,
de la présentation d'un certificat
vétérinaire international attestant que les
oiseaux :
1- Ne présentaient aucun signe clinique de maladie de
Marek le jour de leur chargement.
2- Proviennent d'exploitations
régulièrement inspectées par l'Autorité
vétérinaire.
3- N'ont pas été vaccinés contre la
maladie de Marek et proviennent d'exploitations reconnues indemnes de
maladie de Marek depuis 2 ans au moins
4- Ont été vaccinés contre la maladie de
Marek (la nature du vaccin utilisé et la date de vaccination doivent
être mentionnées sur le certificat).
Article 2.7.2.3.
Les Administrations vétérinaires des pays
importateurs tiennent compte :
pour les oiseaux d'un jour, de la
présentation d'un certificat vétérinaire international
attestant que les oiseaux d'un jour
1- Proviennent d'exploitations
régulièrement inspectées par l'Autorité
vétérinaire, et de couvoirs répondant aux normes
figurant à l'annexe 3.4.1
2- Ont été vaccinés contre la maladie de
Marek (la nature du vaccin utilisé et la date de vaccination doivent
être mentionnées sur le certificat).
3- Sont expédiés dans des emballages neufs et
propres.
Article 2.7.2.4
Les Administrations vétérinaires des pays
importateurs tiennent compte : pour les oeufs à couver de
poules, de la présentation d'un certificat vétérinaire
international attestant que les oeufs à couver :
1- Ont été désinfectés
conformément aux normes figurant à l'annexe 3.4.1
2- Proviennent d'exploitations
régulièrement inspectées par l'Autorité
vétérinaire, et de couvoirs répondant aux normes
figurant à l'annexe 3.4.1
3- Proviennent d'exploitations dans lesquelles la
vaccination contre la maladie de Marek est pratiquée (la nature du
vaccin utilisé et la date de vaccination doivent être
mentionnées sur le certificat)
4- Sont expédiés dans des emballages neufs et
propres.
Article 2.7.2.5.
Les Administrations vétérinaires des
pays importateurs tiennent compte :
pour les farines de viande
de volaille et les farines de plumes,
de la présentation d'un
certificat vétérinaire international attestant que les
produits ont été traités par un procédé
thermique assurant la destruction du virus de la maladie de Marek.
Article 2.7.2.6.
Les Administrations vétérinaires des
pays importateurs tiennent compte :
pour les plumes et les
duvets,
de la présentation d'un certificat
vétérinaire international attestant que les produits ont
été traités par un procédé assurant la
destruction du virus de la maladie de Marek. (Anonyme1, 2004).
LA BIBLIOGRAPHIE
1. BRUGERE-PICOUX J et SILIM A., 1992.
MANUEL DE PATHOLOGIE AVIAIRE.
Maladie de Marek, p 165-170.
Editions : Ecole Nationale Vétérinaire
d'Alfort.
2. DIDIER. V 2001.
MALADIES DES VOLAILLES 2 ème édition.
Les herpès viroses aviaires : la maladie de Marek, p
168-173.
Editions : France agricole.
3. FONTAINE. M, CADORÉ. J. L 1995
VADE-MECUM DU VÉTÉRINAIRE 16 ème
édition
Pathologie des volailles, maladie de Marek, page 1470-1471.
Editions : Vigot.
4. GEOFFREY. S, WIGGINS, ANDREW. W 1978.
ATLAS EN COULEURS D'INSPECTION DES VIANDES ET DES VOLAILLES.
Maladie de Marek, de la photo 320-323.
Editions : Maloine s. a.
5. GORDON. R. F, traduit de l'anglais par
AUTHEVILLE. P 1979.
PATHOLOGIES DES VOLAILLES.
Maladie de Marek, p 60-65.
Edition : Maloine s. a.
6. LESBOUYRIES. G 1965.
PATHOLOGIES DES OISEAUX DE BASSE COUR.
La neurolymphomatose, p 363-372.
Edition : Vigot frères.
7. SAIDI S. 1982.
Diagnostic sérologique de la maladie de marek.
Mémoire docteur vétérinaire.
Université de Constantine. 1981-1982
8. Anonyme1 http : / / www.oie.int/ 2003
CODE SANITAIRE POUR LES ANIMAUX TERRESTRES 2003.
Partie 2. Titre 2.7. Chapitre 2.7.2. Maladie de Marek.
9. Anonyme2 : El Acil mars 1995