L'évolution et la protection des droits de l'enfant en Mauritanie( Télécharger le fichier original )par Soukeina Gaye Université de Perpignan - DEA 2007 |
PARAGRAPHE 2 : Exploitation Sexuelle des EnfantsIl s'agit de types de violences, qui peuvent avoir plusieurs formes et qui sont aussi souvent qualifiées de « haute criminalité », sont considérés comme des agressions sexuelles par fois légères, sournoises et même insidieuses mais reste toujours pour l'enfant traumatisant. L'exploitation sexuelle, les abus et les violences sont des problèmes complexes difficiles à cerner donc il est nécessaire d'étudier ce problème dans son contexte. Peu de données permettent de documenter un thème longtemps demeuré tabou en Mauritanie6(*). En effet, la société mauritanienne a longtemps refusé de seulement évoquer une pratique telle que la Prostitution, interdite par l'Islam et perçue comme déshonorante. Les informations restent donc parcellaires et incomplètes, permettant mal de cerner l'ampleur du phénomène de des violences sexuelles à l'égard des enfants. Le Plan national pour la promotion et la protection des Droits de l'Homme, en relevant « les difficultés liées à la prise en charge des filles victimes de violences sexuelles », est un est un des premiers documents officiels à attester de leur existence. Un peu auparavant, l'étude réalisée en décembre 2002 par Mme M. Mint Haidy sur le thème de l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciaux a eu le grand mérite de mettre le sujet sur la place Publique, même si, faute de données, le sujet n'était qu'esquissé et demanderait aujourd'hui une enquête élargie. L'enquête menée par celle-ci a porté sur 62 personnes en situation difficile (57 femmes et 5 hommes), en grande majorité mauritaniennes (82%), et dont 50% ont moins de 18 ans. Ces personnes sont le plus souvent d'origine maure (65%). Viennent ensuite les Ouolof (16%), les Poulars (10%) et les Soninkés 7%. Les femmes sont célibataires ou divorcées (seules 10% sont mariées). 40 femmes sur 57 (70%) ont déclaré avoir recours à la prostitution comme premier moyen de subsistance ou comme complément à une activité domestique insuffisamment rémunérée. La proportion monte à 85% pour les filles âgées de moins de 18 ans : 24/27 ont déclaré se prostituer. La prostitution semble ainsi plus répandue chez les plus jeunes : elle est pratiquée par l'ensemble des filles interrogées de 14, 15 et 16 ans, et tend à diminuer ensuite. Ceci pourrait s'expliquer par l'entrée dans le monde du travail, à moins qu'il ne s'agisse de sous déclaration de la part des femmes plus âgées, qui préfèrent dire qu'elles « se débrouillent ». Certains articles dans la presse ont par ailleurs contribué à lever le voile sur le sujet. Ainsi le journal le calame décrit les arrestations par la police de prostituées et proxénètes dans plusieurs lieux de la capitale, et les mesures d'expulsion qui ont suivi7(*). L'article faisait état de « jeunes filles en grande majorité des mineures Il faisait le lien entre ces arrestations et la sensibilisation menée par les pouvoirs publics sur la diffusion du VIH/SIDA. Un autre indice de la prostitution est le nombre de naissances hors mariage et le nombre de nouveau-nés abandonnés, dont il faudrait suivre l'évolution. La très grande pauvreté et l'isolement social sont les principaux facteurs qui conduisent des jeunes filles à braver l'interdit social et religieux. Plusieurs jeunes filles domestiques déclarent ainsi recourir de temps à autre à la Prostitution. Mais il arrive aussi parfois que les familles elles-mêmes poussent leurs filles à la prostitution, ou à tout le moins les oblige à ramener de l'argent au foyer, quelque soit le moyen utilisé. Comme on l'a vu précédemment, la prostitution est un des vecteurs de transmission du VIH/SIDA. Les données manquent en ce qui concerne la séroprévalence des femmes qui se prostituent. Mais il est certain que leur manque d'information vis-à-vis des modes de transmission du VIH/SIDA et l'absence de protection qui en résulte, les exposent à des risques élevés. Lors de l'enquête menée par ECPAT, qui ne ciblait que cinq hommes, deux garçons de 15 et16 ans ont déclaré se prostituer pour vivre. Ce phénomène semble beaucoup plus marginal, même s'il est difficile à cerner. Ainsi aucun des garçons en situation difficile suivis par des associations telles qu'AEDM n'évoquent la prostitution comme source de revenus. En Mauritanie, les enfants au travail et les jeunes domestiques sont fréquemment exploités pour la satisfaction sexuelle de leurs employeurs ou d'autres adultes. L'adulte profite souvent de son statut pour imposer à l'enfant un autre language, son discours, sa domination sexuelle. Il exerce alors un abus d'autorité. Les enfants sont abusés même à l'intérieur de leurs familles où ils vivent dans le silence qui peut causer chez eux des problèmes psychologiques. Les enfants sont utilisés comme appât du tourisme sexuel. Ils sont aussi maltraités au nom de certaines pratiques culturelles ou traditionnelles nuisibles comme le mariage précoce ou forcée que les petites filles sont très souvent obligées d'accepter sous généralement l'influence parentale. En Mauritanie, l'Islam est de plus en plus utilisé comme alibi pour couvrir certaines pratiques contraires à la morale, mais aussi qui freinent souvent l'épanouissement et le développement de l'enfant. * 6 Enfants et femmes de Mauritanie, analyse de la situation/UNICEF et Mauritanie, 2004, p197, 198 * 7Calame n°362, 5 septembre 2002, descente dans les boites de nuit, p 2 |
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