Archives photographiques au bénin : Problématique de la gestion d'un patrimoine documentaire menacé( Télécharger le fichier original )par Franck Komlan OGOU Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature / Université d'Abomey Calavi - Technicien supérieur de l'information documentaire 2004 |
Importance patrimoniale des archives photographiques au BéninCHAPITRE III :
Comme tout document d'archives, les photographies sont indispensables dans la connaissance et la maîtrise de l'information et de l'histoire. Son caractère graphique lui donne une autre dimension que les documents écrits n'ont pas. Elles sont donc utiles pour la recherche historique, scientifique et pour la gestion de la prospective. Mais avant de montrer cet intérêt des fonds photographiques, il est important de donner une brève définition des archives. Les profanes considèrent les archives comme de vieux documents poussiéreux sans utilité. Considérées comme des supports d'accumulation du savoir, les archives deviennent importantes et occupent une place de choix dans les activités humaines. Plusieurs tentatives de définition seront données pour limiter les contradictions. Ainsi pour Jean FAVIER, « les archives sont l'ensemble des documents reçus ou constitués par une personne physique ou morale, ou par un organisme public ou privé, résultant de leur activité, organisés en conséquence de celui-ci et conservés en vue d'une utilisation ultérieure ». Lé décret N°90-384 du 04 décembre 1990 portant attributions, organisation et fonctionnement des Archives Nationales en République du Bénin, définit en son article 2 les archives comme « l'ensemble des documents, quels qu'en soient la nature, la date, la forme et le support matériel élaborés ou reçus par un organisme public ou privé, dans le cadre de son activité, documents organisés en fonction de celle-ci et conservés à des fins administratives, culturelles et scientifiques ». 3.1.1 Intérêt des fonds photographiques pour la recherche scientifique La science est la connaissance exacte et approfondie qu'on a de quelque chose25(*). De ce fait, tous les travaux de recherche scientifique ont besoin d'arguments solides, de preuves palpables et tangibles. La photographie en plus de son caractère de document d'information, est visuelle, donc atteste les faits. Les archives photographiques sont un outil indispensable pour la recherche scientifique ; et ceci dans tous les secteurs. Il importe de signaler que les champs de la science et des techniques augmentent sans cesse et il se produit une extension des savoirs. Ceci entraîne forcément une croissance de la recherche. De ce fait, la communauté scientifique doit être au courant de ce qui a été fait afin de coordonner les travaux. En effet, la recherche devient scientifique dès lors qu'elle se base sur la rigueur, l'exigence, l'objectivité. La recherche doit donc montrer avec exactitude la réalité, donner les réponses à tel ou tel problème. Elle doit fournir les éléments qui permettent de vérifier les hypothèses énoncées. Autrement dit, la recherche doit fournir de preuves. Dans ce sens, le rôle des archives dans la recherche scientifique n'est plus à démontrer car elles ont non seulement une valeur de témoignage mais également d'information. L'information contenue dans les archives constitue un trésor inestimable. Ainsi, toutes les sciences humaines et sociales ont recours aux archives. Il en est de même des sciences exactes.
Les archives constituent le grenier de l'histoire car les documents sont produits dans tous les domaines. Elles sont conservées et servent d'outil pour les chercheurs et les historiens. L'histoire est aussi une partie du passé qui est connue à travers des documents écrits et iconographiques. Elle s'élabore à l'aide des archives. Ces dernières sont constituées au jour le jour, au fur et à mesure du déroulement d'une activité. Les archives définies comme l'ensemble des documents réunis, organisés et conservés en raison de leur valeur de preuve ou d'information, constituent une documentation importante pour l'histoire. Elles sont donc des sources d'information indispensable pour l'historien. Ce dernier a pour rôle de reconstituer le passé politique, économique, social et culturel des sociétés. Pour y parvenir, il doit disposer des informations fiables. L'historien a souvent recours à la tradition orale « à des matériaux divers comme les monuments, les oeuvres d'art, les vestiges mis à jour par les fouilles archéologiques ou encore photographiques »26(*). L'historien a donc besoin des archives qui sont des sources d'information authentiques pour éviter des erreurs et prouver davantage la scientificité de l'histoire. Ceci est très important car comme l'a signalé Fustel de Coulanges : « l'histoire est une science, elle n'imagine pas, elle voit seulement..., elle consiste comme toutes les sciences à constater les faits, à les analyser, à les rapprocher, à en marquer le lien... L'historien recherche et atteint les faits par observation des textes comme le chimiste trouve les siens dans les expériences minutieusement contrôlées ». L'historien doit donc procéder par hypothèse, à la recherche documentaire de la preuve. Sa méthode consiste à établir l'authenticité du document, à s'interroger sur la valeur du document. Ce qui permet de faire après la synthèse historique. Il va sans dire que « l'histoire se fait avec des documents ».27(*)
La prospective est l'ensemble de recherches concernant l'évolution future de l'humanité et permettant de dégager des éléments de prévision.28(*) Elle entre en ligne de compte pour le bon fonctionnement des entreprises, d'une administration, de l'éducation et d'une Nation. La prospérité des entreprises et des administrations dépend en partie d'une meilleure circulation de l'information et de sa maîtrise. C'est à juste titre que François JACOB dans son ouvrage "La logique du vivant" a écrit : « Dans un système organisé, ce sont les échanges, non seulement de matières et d'énergies mais d'information qui unissent les éléments ».29(*) Cette information indispensable au fonctionnement des administrations est générée par les archives. En effet, les archives photographiques représentent la mémoire visuelle de toute l'administration et permettent aux citoyens de puiser dans les expériences passées pour mieux planifier l'avenir. Elles sont un organe essentiel de l'administration en lui permettant de gagner du temps dans la gestion et d'éviter des investissements superflus. C'est pour cette raison que l'archiviste Karoly KECSKEMETTI disait ceci : « En créant des structures administratives et en organisant la gestion rationnelle des documents, l'Etat réduit les frais généraux de son propre fonctionnement ; bref les investissements archivistiques sont rentables »30(*). Elles constituent un pouvoir de décision en ce sens que les Etats ont besoin de se reporter fréquemment aux documents écrits et photographiques produits dans le passé pour s'assurer des décisions prises antérieurement afin de mieux conduire les affaires du présent. « La conservation des archives répond à un triple intérêt :
la gestion courante du service : disposer en permanence des informations utiles à son activité ; la justification des droits et obligations des personnes physiques et morales, publiques ou privées : conserver les preuves en cas de contestation ; la sauvegarde de la mémoire : constituer les matériaux de l'histoire »31(*). Ceci est très important en raison des différentes mutations du personnel d'une administration, l'Etat ne peut plus compter sur la mémoire personnelle mais sur la mémoire institutionnelle représentée par les archives qu'elles soient écrites ou photographiques. L'éducation n'est pas épargnée. En effet, le service éducatif s'adresse aux enseignants et élèves et permet de présenter des documents qui rendent vivants les enseignements donnés. L'enseignant est l'intermédiaire entre l'enseignement et les archives. Dans le service éducatif, son rôle est de choisir les documents d'archives en fonction de son cours et de préparer les publications aux élèves. Les archives photographiques jouent un rôle pédagogique dans la formation des élèves par leur contribution à la culture documentaire. Aussi l'enseignement de l'histoire entraîne-t-il quelques fois le contact direct des élèves avec les documents à travers les expositions, les visites guidées. Cette méthode consiste donc à leur montrer les papiers originaux, les images, les gravures et tableaux relatifs à un événement. Quelle image la jeune génération aurait-elle aujourd'hui sans les traces de la photographie ? Les élèves pourront-ils croire à tout le verbiage sans la présence des photographies ? Il va sans dire que « les archives de l'Etat constituent le moyen indispensable de l'administration, d'une collectivité. Elles expriment et permettent à la fois la gestion de l'Etat, tout comme elles renferment les replis de l'histoire de l'humanité ; de ce fait elles sont utiles aussi bien au chercheur qu'à l'administration. Secrètes ou publiques, elles représentent un patrimoine ou un bien public dont l'Etat assure généralement l'inaliénabilité, l'imprescriptibilité »32(*).
3.2.1.1 Objectifs Pour la collecte des informations indispensables à la rédaction de ce travail de recherche, nous avons en plus de la revue de la littérature, organisé des enquêtes des terrain. Les objectifs poursuivis sont : compléter et confronter es informations contenues dans les documents. Ceci se justifie par le fait que les documents ne donnent pas toujours l'information dont on a besoin. recueillir les avis des `'hommes de terrain'' par rapport au sujet abordé. L'enquêteur ne détient pas seul tous les contours de son thème de recherche. Cela nous permet aussi de faire une comparaison de ce qu'il connaît et ce que les autres pensent du thème de recherche. Il est indispensable pour la critique du thème, appréhender une idée de l'intérêt que suscite le travail de recherche. Tout travail de recherche a pour finalité de répondre à un manque, de donner des réponses à des questions longtemps posées. Dans ce sens il doit intéresser le public auquel il est destiné. s'assurer de l'utilité et de l'usage du produit fini de la recherche. Les enquêtes de terrain sont indispensables pour un travail de recherche. 3.2.1.2 Approches La démarche utilisée pour atteindre ces objectifs est celle que tout chercheur doit adopter pour mener son travail de recherche. Ainsi, pour notre cas précis, nous avons dans un premier temps élaboré des questionnaires et des guides d'entretien. Dans un deuxième temps, il fallait administrer ces questionnaires c'est-à- dire assurer leur distribution aux cibles retenues, et aller à la rencontre des personnes à interviewer. Dans un troisième temps il fallait s'assurer que toutes les personnes questionnées ont réellement répondu et retourné le questionnaire. Ce qui implique le dépouillement et l'analyse des données d'enquêtes.
La méthodologie de recherche s'est appuyée sur une série d'enquêtes orales et écrites. Les enquêtes orales sont en fait des interviews avec des personnes-ressources pour tirer un maximum d'informations. Ces enquêtes ont été réalisées grâce à des enregistreurs. Après avoir identifié la personne et un rendez-vous pris, nous élaborons un guide d'entretien nous permettant d'obtenir des éclaircissements sur des questions précises. Toutefois, l'enquêté peut refuser que sa conversation ne soit enregistrée. Une fois l'opération terminée, il faut réécouter la cassette pour la transcription. Quant aux enquêtes écrites, elles sont constituées de questionnaires adressés à un public cible pour avoir des informations. Ce questionnaire est rédigé en français et de manière à ne pas embarrasser les enquêtés et ne pas trop les soumettre à des questions difficiles qui tendent à jauger leur niveau intellectuel (cf. questionnaire en annexe). C'est un questionnaire qui non seulement nous permet de lire le profil de l'enquêté à travers les réponses mais aussi de nous donner des bases solides pour asseoir notre raisonnement. Il est composé d'une série de questions auxquelles il n'est pas fait obligation à l'enquêté de répondre. A ces enquêtes orales et écrites, se sont ajoutées des descentes sur le terrain pour constater de visu l'état dans lequel se trouvent les archives photographiques. Dans le cas d'espèce, nous demandons à voir l'état de conservation des photographies en dépôt chez les photographes et dans les institutions sillonnées. Cette démarche nous a tout de même permis de nous faire une idée claire et nette sur la situation des photographies aujourd'hui au Bénin.
La recherche est profitable à tout le monde et répond à un besoin précis, mais tout le monde n'est pas disposé à fournir des informations préalables lors des recherches. Ainsi, pour atteindre les objectifs qu'on s'est fixés en abordant ce travail de recherche, il fallait choisir un public cible susceptible de nous apporter des informations complémentaires. Dans le cadre de notre travail de recherche, nous avons ciblé trois catégories de publics : Les professionnels d'images que sont les photographes, Les gestionnaires du patrimoine et Les usagers des centres de recherche 2 Les photographes Inévitablement, les photographes sont les premiers hommes concernés par ce travail car ils ont consacré toute leur vie à ce métier et sont aujourd'hui les dépositaires de la majorité des photographies, patrimoine national. Mais à part notre volonté de réfléchir sur ce thème, cela ne serait possible que s'ils ne donnent leur accord. Par les questionnaires qui leur ont été donnés et les entretiens que nous avons eus, nous avons suscité leur adhésion. Nous avons pu tirer le maximum d'eux et ils ont donné leur opinion par rapport au travail que nous faisons. Ce point de vue était nécessaire et est pris en compte dans les suggestions que nous avons formulées. La collaboration a été franche et enrichissante (cf. questionnaire N°2). 2 Les gestionnaires du patrimoine Les archives en général et les photographiques en particulier font partie du patrimoine de chaque pays. Sa gestion relève des spécialistes qui ont reçu à cet effet une formation adéquate. On ne saurait traiter des archives photographiques sans intégrer l'avis des spécialistes déjà sur le terrain. Malgré leur effectif réduit, ils abattent certes un travail louable que nous voulons suivre en abordant ce thème. Ils disposent d'armes nécessaires pour nous édifier, consolider nos idées et nous orienter dans la recherche. Qu'ils soient identifiés dans les institutions publiques ou privées, à titre libéral, nous avons pu tirer des idées essentielles qui sont entrées dans l'analyse (cf. questionnaire N°1). 2 Les usagers des centres de recherche Les centres de recherche sont les lieux où on peut acquérir le savoir à travers les documents qui y sont conservés. Les archives photographiques faisant partie intégrante du fonds documentaire des centres de recherche, nous nous sommes intéressés à cette catégorie de public pour savoir si par moment les photographies leur sont utiles dans leur recherche. Penser à la mise en valeur des archives photographiques devrait en principe être opportun pour les chercheurs qui sont à l'affût du savoir. Aussi, leur avis nous permettrait-il de savoir ce qu'ils proposent dans le cadre de la mise en valeur des photographies. Faut-il créer un centre de conservation ? Cela nécessite la fréquentation par des personnes qui y trouveront satisfaction à travers les produits exposés. Nul doute que la promptitude de leur action et leur désir de voir se réaliser cette ambition pour combler un vide qui a tôt fait de rendre inachevée cette recherche.
Le chemin de la recherche est semé d'embûches et il faut s'armer de courage pour y arriver. Nous avons vécu cette théorie pendant notre travail et il est indispensable que nous en fassions cas pour restituer les conditions dans lesquelles nous l'avons conduit.
Pendant la rédaction de ce mémoire, la phase la plus déterminante et la plus difficile a été celle de la collecte des données. Difficile parce qu'elle nécessite qu'on soit sur le terrain et la tête dans les livres. Les problèmes comme on peut s'en apercevoir sont de plusieurs ordres. Sur le plan de la collecte des données : insuffisance des documents traitant du sujet, accès difficile dans certaines administrations, difficile collaboration avec certaines personnes ressources, questionnaires d'enquête non retournés, non-maîtrise de la langue française par certains enquêtés, ce qui rend l'enquête difficile. Sur le plan de la gestion du temps : le thème du mémoire étant assez vaste, il ne nous a pas été possible de cerner tous les contours, certaines personnes contactées hésitent à s'accorder sur le programme que nous nous sommes fixé dans notre planning, le stage obligatoire de trois mois ne nous a pas permis de disposer de tout notre temps pour les recherches sur le terrain. Sur d'autres plans, surtout financier, nous devons nous accorder sur le principe que l'argent est le nerf de la guerre. Nos capacités financières nous ont parfois limité dans certains élans de recherche. Toutefois, nous avons essayé d'investir le peu dont nous disposons pour faire oeuvre utile dans la rédaction de ce mémoire. Mise à part les contraintes personnelles, certaines personnes-ressources exigent parfois de l'argent avant de fournir des informations ou avant de nous conduire vers des personnes ciblées. Dans la limite du possible, nous avons pu instaurer une bonne ambiance de collaboration pour les amener à comprendre l'enjeu en les impliquant davantage. Tous ces problèmes énumérés ont eu à coup sûr des répercussions non négligeables sur la qualité du présent travail.
Loin d'être une porte de sortie pour justifier les incorrections et les tares de ce travail, l'honnêteté intellectuelle nous oblige à une auto- critique pour pouvoir déceler les erreurs qui sont inhérentes à tous travaux de recherche. Au début de ce travail, nous avons élaboré un chronogramme qui avant la phase de recherche suivait un déroulement normal. Mais nous avons été confronté à la réalité du terrain qui est différente de celle que nous croyions. La non concordance du programme avec certaines personnes non moins importantes nous a obligé des fois à ne jamais les rencontrer. Notre statut de stagiaire comme nous l'avions rappelé ne nous a pas permis d'aller sur tous les terrains que nous aurions voulus. Nos ambitions de départ étaient de faire de ce travail un instrument synthétique de tous les lieux de détention des fonds photographiques. A titre d'exemple, nous avons identifié plus d'une trentaine de photographes pour ce travail mais à peine la vingtaine a pu être concrètement contactée ; c'est pour cela que nous demanderons dans nos suggestions de poursuivre l'inventaire pour disposer d'une base de données complètes des éléments de notre patrimoine visuel. De même, certains photographes identifiés au départ sont décédés avant que nous ne les ayions rencontrés. Monsieur Ayékoni Léon est l'un des anciens photographes repérés à Ouidah et qui ont à l'avance donné leur accord de principe. Nous en étions là le lundi 04 octobre 2004 quand nous avons appris impuissant sa mort. Voilà une référence en matière de photographie qui venait ainsi de disparaître à un moment où il s'attendait le moins si bien qu'il n'a pas pu préparer sa suite. Il est parti en laissant un héritage immense que personne ne pourra entretenir correctement comme s'il était là. Des démarches ont été menées en direction de sa famille pour tenter de sauver ses oeuvres mais la collaboration n'est pas facile. Cette malheureuse situation prouve combien de fois il est urgent de mettre en place une politique de sauvegarde et de promotion du patrimoine archivistique photographique qui constitue incontestablement la mémoire visuelle de notre histoire. En dépit de toutes ces incidences, un effort a été consenti pour donner à ce travail tout son caractère scientifique. Par ailleurs, les enquêtés en répondant aux questionnaires ont fait savoir leur point de vue par rapport aux questions qui leur sont adressées. Ces points de vue feront l'objet d'une analyse.
Pour savoir davantage le niveau d'information du public sur l'utilité des archives en général et photographiques en particulier, l'opportunité de conserver les photographies et l'intérêt pour les photographes de confier la gestion de leurs collections photographiques, nous avons réalisé une enquête sur la base de questionnaires. Nous nous sommes intéressé comme nous l'avons souligné plus haut aux photographes (notamment les plus anciens), aux gestionnaires du patrimoine (historiens, archivistes, archéologues), étudiants, chercheurs au niveau des centres de recherche. Loin de faire une discrimination de quelle que nature que ce soit, nous avons limité nos enquêtes à un nombre restreint pour raisons de temps, de moyens et d'efficacité. L'analyse se fera de manière sectorielle, c'est-à-dire les attentes des photographes, celles des gestionnaires du patrimoine et bien sûr les attentes de l'enquêteur. Pour plus de clarté, nous avons préféré faire cette analyse sous forme de tableaux.
3.3.1 Les attentes des professionnels d'images 3.3.1.1 Présentation du questionnaire Les professionnels d'images sont le socle de ce travail car ils sont les dépositaires de la `'matière première'' que constituent les photographies. Nous leur avons adressé un questionnaire de sept (07) questions. Ce questionnaire vise à éviter de prendre seul la décision de la mise en valeur des archives photographiques au Bénin. Ainsi, nous avons jugé bon leur donner la parole à travers ce questionnaire (cf. questionnaire N°2) en plus des interviews. Nous avons travaillé sur un échantillon de vingt (20) personnes notamment les anciens photographes. Tous les questionnaires ont été retournés à temps pour nous permettre de faire une analyse conséquente.
Dans le but d'une meilleure compréhension du sujet, les résultats seront analysés sous forme de tableaux. Question N° 1
L'analyse de ce tableau nous montre que la période dans laquelle ont travaillé les anciens photographes est située entre 1940 et 1975. La période la plus mouvementée est 1959 à la veille des indépendances. Question N° 2
Contrairement à ce qu'on pourrait voir aujourd'hui, les anciens photographes se sont adonnés à cette profession non pas pour de l'argent mais pour l'amour du métier. Cela se remarque dans leurs travaux. Question N° 3 et 4
Dans leur ensemble, les photographes ont su constituer sur eux des archives personnelles des vues qu'ils prenaient à leurs clients. Le seul qui ne l'a pas fait n'est pas à condamner car il tient un raisonnement correct qui peut l'excuser. Ils ont tous accepté qu'on puisse consulter leurs fonds sans aucune forme de procédure. Question N° 5
Les photographes ont compris qu'il n'y a pas une meilleure conservation de leurs fonds chez eux-mêmes et que la solution qui peut-être la meilleure est la création d'une structure de gestion. Pourtant, il y en a qui sont sceptiques même s'ils ont donné leur accord de principe. Question N° 6
C'est un soulagement pour les photographes de savoir que leurs oeuvres seront bien gardées quelque part où ils pourront aller consulter à tout moment. Certes il y a certains qui sont réticents mais qui peuvent à la longue céder leurs fonds. Question N° 7 Pour cette dernière question qui porte sur les attentes et suggestions, les photographes, dans leur ensemble, ont souhaité que la politique à mettre en oeuvre puisse intégrer leurs préoccupations, à savoir : la formation des jeunes, l'appropriation des technologies. Ils ont aussi mis l'accent sur le principe "d'aide et subvention'' que doit contenir le programme ou la politique à élaborer. Ils n'ont pas manqué de demander qu'ils soient associés et qu'ils aient des garanties que leurs oeuvres seront bien conservées. Les anciens photographes toujours passionnés de l'art ont émis le voeu cher d'être aussi pris en compte par le volet recyclage qu'on pourrait leur offrir. En définitive, notre projet n'a pas connu une opposition au niveau des photographes que nous plaçons toujours à l'avant-garde dans ce travail. Comme nous l'avions souhaité, ce projet a eu un écho favorable, toutes choses qui nous renforcent et nous confirment que les archives photographiques ont de beaux jours devant elles. Pourvu que les programmes à mettre en place puissent intégrer les aspirations des uns et des autres.
Les gestionnaires du patrimoine comme nous l'avons souligné dans les lignes rassemblent les historiens, les archivistes, les archéologues, les architectes, les documentalistes, les conservateurs et tous ceux qui ont la charge du patrimoine. De ce fait, ils ont une vue sur la gestion et la conservation des éléments du patrimoine. Le questionnaire qui leur est adressé est constitué de dix (10) questions dont l'objectif est d'avoir leur opinion sur le problème abordé dans ce travail. Quant aux usagers des centres de recherche constitués des élèves, étudiants, chercheurs de tous ordres (anthropologues, historiens,...) leur avis nous permet de savoir ce qu'ils pensent des produits de recherche qu'on leur présente, à savoir les archives, leur état de conservation et surtout mesurer leur besoin en constituant un fonds photographique. C'est notamment sur ces points que nous avons mis l'accent dans le traitement des réponses. Les questions ont des réponses multiples que l'enquêté choisit selon ses convictions (cf. questionnaire N°1). Nous avons distribué 70 questionnaires mais seulement 47 nous ont été retournés, soit un pourcentage de 67,14%. L'analyse des réponses nous donne les résultats suivants :
Les résultats sont consignés sous forme de tableau pour faciliter la compréhension. Question N° 1
De cette analyse, on peut conclure que de plus en plus l'utilité des archives comme documents précieux et outil de recherche est perçue. Sur 47 questionnés seuls 6 considèrent les archives comme de vieux papiers. Question N° 2
Plus de la moitié des questionnés déplorent l'état de conservation des archives au Bénin. La conservation passable ou peu satisfaisante est constatée au niveau de la D.A.N et de quelques centres de recherche. Question N° 3
Les archives deviennent incontournables dans toute recherche. Leur consultation se fait la plupart du temps selon les enquêtés à la D.A.N, au C.B.R.S.T, dans les préfectures et les communes. Question N° 4
Les enquêtés ne connaissent pas en grande partie l'existence des centres où sont conservées les photographies. Les quelques-uns qui sont informés nous ont indiqué qu'ils ne connaissent que la D.A.N, le C.B.R.S.T et les musées. Ils les fréquentent très rarement compte tenu de leur état de conservation et dans le cadre des recherches. Question N° 5
La perception des photographies comme simple représentation et souvenir persiste toujours même si plus de 40% la considèrent comme outil de recherche. Pour la question N°6, tous les questionnés perçoivent l'urgence de mettre sur pied une politique de conservation et de mise en valeur des archives photographiques car ils le considèrent comme la mémoire visuelle de notre patrimoine et pour des raisons de laisser à la jeune génération des témoins visuels de notre histoire. Ils déplorent leur état de conservation. Question N° 7 A la question de savoir sur quels sujets porteront les fonds à conserver, les questionnés ont estimé qu'il faille tout conserver car tout est important pour la connaissance et la maîtrise du passé. Question N° 8
De cette analyse, il ressort que la gestion par une structure est la plus souhaitée. Les questions N° 9 et N° 10 nous ont permis de compléter ou de vérifier la liste des photographes que nous avons identifiés. Commentaire D'une manière générale, nous avons constaté après dépouillement et analyse que la plupart des questionnés reconnaissent l'utilité des archives dans leur recherche et sentent le besoin de disposer également d'un fonds photographique accessible et bien géré. Ce souhait nous amène à penser que la politique de mise en valeur des archives photographiques doit être une priorité pour satisfaire les ambitions des usagers des centres de recherche et des spécialistes du patrimoine.
En adressant des questionnaires à ces différentes cibles de la population, nous attendions d'elles des réponses pour compléter nos recherches bibliographiques. Nos attentes étaient de vérifier la pertinence de notre projet. Du côté des photographes, l'attente a été comblée car ils sont restés dans notre logique et nous ont assuré de leur soutien. Ils ont tout de même fait des suggestions et formulé des souhaits auxquels ils tiennent fermement. Le plus intéressant est leur accord de nous ouvrir leurs fonds et avoir accepté de les céder dans la phase pratique du projet. De même, les spécialistes du patrimoine et les usagers des centres de recherche ont reconnu le vide créé par la non disponibilité de structures de conservation des photos. Aussi ont-ils exprimé le désir de voir une structure de conservation des archives photographiques. Toutes ces réponses nous interpellent sur le sort des archives dans les quelques institutions qui les conservent. En somme, les objectifs ont été atteints et il reste à tenir compte de ces apports. * 25 Paul, Robert. Le petit Robert : Dictionnaire de la langue française. Paris : 2001 * 26 Encyclopédie Bordas. Vol Hafid L-S * 27 Association des historiens africains. Africa Zamani : Yaoundé, 1993. P.160 * 28 Paul, Robert. Le petit Robert : dictionnaire de la langue française. Paris, 2001 * 29 Jacob, François. La logique du vivant. Gallimard, 1970 * 30 KECSKEMETTI , karoly ; cité par Désiré AÏHONNOU dans Manuel de procédure des Archives Nationales à l'usage des administrations. P7 * 31 Association des archivistes français. Les archives : c'est simple. Paris, 1999. P.6 * 32 BORGIA, Gnamy, R.,S. Organisation et réglementation des archives au Bénin. Abomey-Calavi : ENA. P.44 |
|