DIPLOME D'ETUDES APPROFONDIES (LL.M.) EN DROIT EUROPEEN ET
EN DROIT INTERNATIONAL ECONOMIQUE
Régime juridique des Banques Centrales
d'Afrique :
Cas spécifiques de la Banque Centrale des Etats
d'Afrique de l'Ouest (BCEAO)
et de la Banque des Etats d'Afrique Centrale
(BEAC)
Travail de mémoire de
Bakary Junior Bamba Rue du Midi 8, 1196
Gland
Sous la direction du Professeur Mario Giovanoli
Lausanne 2006
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS 3
ABREVIATIONS 4
INTRODUCTION 5
CHAPITRE PRELIMINAIRE : HISTORIQUE DE LA CREATION DES BANQUES
CENTRALES
D'AFRIQUE CENTRALE ET DE L'OUEST : 7
CHAPITRE 1 : CARACTERISTIQUES DES STRUCTURES 10
A. Autres institutions liées aux BC 11
A. 1- Autres institutions liées à la BCEAO 11
A. 1.1-La Conférence des chefs d'État : 11
A. 1.2- Le Conseil des ministres 12
A.1.3- La Commission de l'UEMOA 12
A. 1.4- La Commission bancaire 12
A.2- Autres institutions liées à la BEAC 13
A.2.1- La Conférence des chefs d'État 14
A.2.2- Le Comité ministériel 14
A.2.3- Le Secrétariat exécutif 14
A.2.4-La Commission bancaire de l'Afrique centrale (COBAC) 15
B. NATURE JURIDIQUE, ORGANISATION ET ADMINISTRATION
16
B. 1- La Banque centrale des États de l'Afrique de
l'Ouest (BCEAO) 16
B. 1. 1-Présentation: 16
B.1.2-Organisation de la BCEAO : 17
B.2- La Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC)
22
B.2. 1-Présentation : 22
B.2.2-Organisation de la BEAC : 23
C. OBJECTIFS ET MISSIONS 25
C. 1- Les objectifs et missions officielles 25
C.1.1 L'émission monétaire: 25
C. 1.2-La politique monétaire 26
C. 1.3-L'organisation et la surveillance de
l'activité bancaire 26
C. 1.4-L'assistance aux Etats membres des Unions 26
C.2- La mission implicite 27 CHAPITRE 2 : LES MECANISMES REGIS
SANT LE FONCTIONNEMENT DE LA BCEAO ET DE LA
BEAC 30
A. LES PRINCIPES DE LA COOPERATION MONETAIRE ENTRE LA FRANCE
ET LES PAYS
AFRICAINS DE LA ZONE FRANC 31
A. 1- La garantie illimitée du Trésor
français : 31
A.2-La fixité des parités : 32
A.3-La libre transférabilité : 32
A.4-La centralisation des réserves de change : 32
B. LES COMPTES D 'OPERATION 33
B. 1-Leur fonctionnement : 33
B.2-Le dispositif de sauvegarde : 33
B.3-Les critiques apportées au mécanisme de compte
d'opération : 34
C. NATURE JURIDIQUE DU SYSTEME MONETAIRE DONT DEPENDENT LE
BEAC ET LA BCEAO .37
C.1-Le système de change flottant : 37
C.2-Le système de change fixe : 37
C.3-Le système de caisse d'émission ou «
currency board »: 38 CHAPITRE 3. A NOTION D'INDEPENDANCE APPLIQUEE A LA
BCEAO ET A LA BEAC ET AUX
MECANISMES REGIS SANT LEUR FONCTIONNEMENT 42 CHAPITRE 3. A
NOTION D'INDEPENDANCE APPLIQUEE A LA BCEAO ET A LA BEAC ET AUX
MECANISMES REGIS SANT LEUR FONCTIONNEMENT 42
A- L 'indépendance politique (institutionnelle et
organique) 42
B. L 'Indépendance économique (fonctionnelle
et financière) 44
CONCLUSION 47
BIBLIOGRAPHIE 52
ANNEXES 55
ANNEXE 1 : ORGANIGRAMME DE LA BCEAO 55
ANNEXE 2 : ORGANIGRAMME DE LA BEAC 56
ANNEXE 3 : CARTE DES ETATS MEMBRES 57
ANNEXE 4 : PAYS DE LA ZONE FRANC 58
APPENDICES 59
APPENDICE 1 : QUELQUES SIGNES MONETAIRES DE LA BCAO 59
APPENDICE 2 : QUELQUES SIGNES MONETAIRES DE LA BEAC 60
Remerciements
Nous y voici ! Le moment est venu de rendre la copie après
deux années passées à Lausanne en études du droit
européen et du droit international économique.
Comment ne pas remercier après tant d'efforts, tous ceux
qui ont de quelque manière que se soit, contribué à
l'aboutissement de cette entreprise ?
Tout d'abord, ma reconnaissance va à mon directeur de
mémoire, Monsieur Mario Giovanoli, pour avoir accepté de guider
mes pas pendant cet exercice intellectuel.
Grâce à ses remarques et observations, j 'ai pu
dès les premières semaines de rédaction trouver la bon cap
m'ayant mené à la résolution des questions
précitées par mon sujet de mémoire. Merci également
aux enseignants du DEA. La qualité des cours ainsi que les conditions de
travail et d'encadrement m'auront été très
bénéfiques.
Une motion particulière à toute la sympathique
équipe du DEA en droit européen et en droit international
économique de l'université de Lausanne, pour avoir su entretenir
une bonne ambiance pendant mon séjour Lausannois, et notamment à
M. Roland Bieber.
Plus particulièrement, je remercie Mme Micaela Emma
Vaerini pour la disponibilité qu'elle a manifestée à mon
endroit dans le cadre de la rédaction de ce travail de diplôme.
Je tiens également à signifier toute ma
reconnaissance à la famille de M. Koffi Kouassi Georges, ma famille
d'adoption en Suisse, pour ses sages conseils, son soutien et ses
encouragements.
Je n'oublie pas les miens qui depuis ma Côte d'Ivoire
natale, m'aident à y garder des attaches solides.
Enfin, je tiens à remercier mon épouse Valentine
Bamba - de Meuron pour le soutien, la compréhension et la patience dont
elle a fait montre pendant la durée de ces études.
Abréviations
1. BC : Banque Centrale
2. BCE : Banque Centrale Européenne
3. BCEAC : Banque Centrale des Etats de l'Afrique Equatoriale et
du Cameroun
4. BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest.
5. BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale
6. BNS : Banque Nationale Suisse
7. BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement
8. BRI : Banque des Règlements Internationaux
9. CEDEAO: Communauté Economique des Etats de l'Afrique
de l'Ouest
10. CEMAC : Communauté Économique et
Monétaire de l'Afrique Centrale
11. COBAC : Commission bancaire de l'Afrique centrale
12. DTS : Droits de Tirage Spéciaux
13. ECOWAS : Economic Community Of West African States
14. IMAO: Institut Monétaire de l'Afrique de l'Ouest
15. UE : Union Européenne
16. UEMOA: Union Economique Monétaire Ouest Africaine
17. UMOA: Union Monétaire Ouest Africaine
18. ZMAO: Zone Monétaire de l'Afrique de l'Ouest
INTRODUCTION
La monnaie n'a pas toujours existé sous ses formes
actuelles : des pièces, des billets et depuis peu de la monnaie
électronique. Les peuples d'Afrique utilisaient du sel, des perles,
l'or, les cauris, les bandes d'étoffe, le cuivre, la barre de fer, le
pain de sel et bien d'autres objets qui pouvaient servir de moyen de paiement
et dépasser les difficultés liées au troc. Ces monnaies
dites primitives ont depuis lors cédé la place à des
formes de monnaie qui répondent mieux aux exigences des économies
modernes.
Elles poursuivent toutes le même objectif : faciliter
les échanges et le développement de l'économie en
répondant au mieux aux besoins des agents économiques qui
cherchent dans la monnaie un étalon de valeur, un facteur de richesse et
un moyen de paiement.
Cependant, s'il est vrai que l'Afrique au sud du Sahara a
connu l'existence de monnaies locales avant la pénétration
européenne, il reste que la circulation de ces monnaies se faisait en
dehors de toute réglementation centralisée, les institutions
bancaires ayant, comme on s'en doute, été introduites par le
colonisateur afin de faciliter le commerce entre les colonies et la
métropole. Ainsi, s'agissant de l'Afrique de l'ouest, les premiers
signes monétaires << modernes >> introduits furent les
pièces de monnaie (1820 au Sénégal). Les premiers billets
de banque feront leur apparition avec la Banque du Sénégal,
premier établissement autorisé en Afrique française
à effectuer des opérations de banque et d'émission qui
sera suivi par La Banque de l'Afrique Occidentale qui s'étendait sur
tous les territoires constituant l'Afrique Occidentale Française et
l'Afrique Équatoriale Française.
Est-il besoin de rappeler ici le rôle de premier plan
qu'ont progressivement occupé et qu'occupent de nos jours les banques
centrales des pays développés dans le développement de
l'économie de marché moderne.
Comme le souligne J.P. PATAT (dans l'avant-propos de son essai
<< L'ère des banques centrales »1),
<< ...la montée en
puissance de ces institutions caractérise une époque, celle de la
mondialisation financière triomphante ; mais aussi une nouvelle
répartition des rôles en matière de régulation
macroéconomique, à la faveur de laquelle on prête quelques
fois à la politique monétaire, pierre angulaire du pouvoir des
ban ques centrales, une influence, une efficacité et, surtout, une
liberté de manoeuvre sans doute excessive >>.
Reprenons ici l'interrogation de J.C. TRICHET2 alors
Gouverneur de la Banque de France dans sa préface au livre sus
cité :
1 Jean Pierre PATAT << L'ère des Banques Centrales
>>, page 11.
2 Jean Claude TRICHET, préface à <<
L'ère des Banques Centrales >>, page 7.
« Pourquoi les banques centrales,
inventées il y a deux à trois siècles et auxquelles
étaient confiées des responsabiités somme toute modestes
sous l'autorité directe ou indirecte de l'exécutif, sont-elles
devenues progressivement des institutions clés des économies de
marché moderne ? Est-il légitime, dans une démocratie
moderne, que l'on confie à une institution indépendante des
pouvoirs politiques et des fonctions aussi lourdes que celles d'assurer la
stabiité des prix et de contribuer à asseoir la stabiité
financière ? ».
Ainsi, cette question de la plus haute personnalité de
la plus prestigieuse institution financière européenne nous
confirme le rôle de premier ordre qu'occupent aujourd'hui les banques
centrales dans la régulation de l'économie mondiale.
Mais est-ce également le cas des banques centrales
africaines et notamment celles d'Afrique centrale et de l'ouest, en ce qui
concerne les économies des pays dont elles sont les instituts
d'émission ?
La dénomination « institution indépendante
» utilisée par J.C. TRICHET pour identifier les banques centrales
vaut-elle pour ces banques centrales d'Afrique centrale et de l'ouest qui ont
été rattachées depuis leur création par divers
mécanismes, que nous allons étudier, d'abord au franc
français puis à l'Euro ?
A une époque oú les économies des pays
africains connaissent d'énormes difficultés, et ont toutes
été soumises à de difficiles et controversés plans
d'ajustements structurels imposés par le FMI et la Banque Mondiale, les
Banques Centrales d'Afrique centrale et de l'ouest ontelles les moyens
juridiques d'assurer ou du moins de contribuer au décollage de ces
économies ?
Les questions ci-dessus nous montrent, si besoin est, tout
l'intérêt qu'il y a à étudier le régime
juridique de Banques Centrales des pays d'Afrique centrale et de l'ouest. En
effet, seule une étude au niveau institutionnel, fonctionnel, et
organique est à même de nous révéler les forces et
faiblesses de ces institutions et de déceler si elles sont
statutairement outillées pour répondre à leurs objectifs
statutaires et/ou extérieurs.
Il s'agira donc après avoir fait ressortir les
caractéristiques des deux Banques Centrales (Chapitre I)
d'étudier les mécanismes régissant leur fonctionnement
(Chapitre II). Ce point nous amènera à analyser les principes de
la coopération monétaire entre la France et les pays africains de
la zone Franc et notamment l'original mécanisme des comptes
d'opération. Après quoi nous nous intéresserons à
la nature juridique du système monétaire dont dépendent la
Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et la Banque Centrale
des Etats de l'Afrique Equatoriale et du Cameroun (BCEAC). Pour finir, nous
essaierons d'appliquer la notion d'indépendance aux BC d'Afrique
centrale et de l'ouest (Chapitre III). Mais avant de mener une telle
étude, il serait bon dans un chapitre préliminaire, de
procéder à un rappel historique du cadre dans lequel sont
nées ces deux Banques Centrales.
CHAPITRE PRELIMINAIRE : HISTORIQUE DE LA CREATION DES
BANQUES CENTRALES D'AFRIQUE CENTRALE ET DE L'OUEST :
A en croire les historiens, la Zone Franc (zone à
laquelle appartiennent les deux Banques objet de notre étude), est le
fruit des efforts déployés par la France pour organiser son
empire colonial sur le plan monétaire3. L'histoire
monétaire coloniale a, en effet, été marquée
pendant longtemps par une grande diversité des unités et des
instituts d'émission. La guerre de 1914-1918 puis les difficultés
du commerce international ont conduit à une meilleure intégration
de l'empire colonial et, après la loi du 08 août 1920 donnant
cours légal aux pièces françaises, le franc
métropolitain va régner sans partage4.
Le début de la seconde guerre mondiale va s'accompagner
d'un dirigisme monétaire, avec la mise en place du contrôle des
changes le 09 septembre 1939. La Zone Franc se constitue alors dans les faits,
par opposition aux autres devises, comme pour la zone sterling.
Le 25 décembre 1945 voit la création du Franc
CFA5 (franc des colonies françaises d'Afrique). Sa
parité avec le franc français a été fixée
à 1,7. Cette parité passera à 2 en octobre 1948 puis
à 0,02 en 1960 (passage au nouveau franc français) ; elle restera
inchangée jusqu'à la dévaluation du 11 janvier 1994.
A la Caisse centrale de la France libre (future Caisse
centrale de Coopération économique), créée à
Londres en 1941, a été confié le privilège
d'émission en Afrique équatoriale et au Cameroun. Ce transfert de
l'émission à des établissements publics
s'accéléra après la guerre, sous l'impulsion des
nationalisations en métropole. La Banque d'Algérie a
été nationalisée en 1946, la Banque de Madagascar et des
Comores en 1950. En 1955 sont créés l'Institut d'émission
de l'Afrique occidentale française et du Togo et l'Institut
d'émission de l'Afrique équatoriale française et du
Cameroun, tous deux dotés d'un compte d'opération ouvert
auprès du Trésor français.
Puis ce fut l'époque des indépendances avec la
création en avril 1959 de la BCEAO et de la BCEAC.
La Côte d'Ivoire, le Dahomey (Bénin), la Haute Volta
(Burkina Faso), la Mauritanie, le Niger et le Sénégal, Etats
nouvellement indépendants d'Afrique occidentale, s'associent au sein de
la
3 Kerfalla YASSANE, << Contrôle de l'activité
bancaire dans les pays de la zone Franc >> TOME XXXVIII, page 24.
4 Norbert OLSZAK, << Histoire des Banques Centrales
>> page 117.
5 Les Institutions monétaires de la Zone Franc CFA,
Historique de la Zone Franc :
http://www.izf.net/izf/Institutions/Institutions/Zone/Historique.htm
(février 2006).
BCEAO pour gérer leur monnaie commune, le Franc CFA
(Franc de la Communauté Financière Africaine).
Le Cameroun, la République Centrafricaine, le Congo, le
Gabon et le Tchad créent la Banque Centrale des Etats de l'Afrique
Equatoriale et du Cameroun (BCEAC). Elle a pour mission de gérer
l'émission du Franc CFA (Coopération Financière en Afrique
centrale) dont la parité avec le franc français est identique
à la monnaie ouest africaine. Chacune des deux banques centrales a
ouvert un compte d'opérations auprès du Trésor
français.
Le 12 Mai 1962, les Etats fondateurs de la BCEAO signent le
traité créant l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA).
Les dispositions principales du traité portent sur les règles de
l'émission monétaire, la centralisation des réserves de
change, la libre circulation des signes monétaires, la liberté
des transferts à l'intérieur de l'Union.
En 1963, le Togo adhère à l'Union, puis c'est au
tour du Mali de demander son adhésion à l'UMOA en 1967. Elle fut
effective le 1 er juin 1984. Jusqu'à cette date, le Mali
préféra créer sa propre banque d'émission et
adopter sa monnaie (le franc malien = 0,01 FRF quand le Franc CFA valait 0,02
FRF).
Entre 1972 et 1973, de nouveaux accords de coopération
monétaire avec la France ont été signés et des
réformes ont été opérées au sein de l'UMOA.
La volonté des partenaires de la France de modifier la distribution des
pouvoirs monétaires au sein de la Zone Franc et de favoriser l'extension
du domaine d'intervention des banques centrales a conduit à l'adoption
de réforme s concrétisées par la signature de nouveaux
accords de coopération monétaire en 1972 et 1973.
Le 23 novembre 1972, la BCEAC devient la BEAC (Banque des
Etats de l'Afrique Centrale) et une convention de coopération
monétaire entre les Etats membres de la BEAC et la République
française est signée ce même jour à Brazzaville.
Le 14 novembre 1973, à l'exception de la Mauritanie qui
s'en est retirée le 9 juillet 1973, l'ensemble des pays membres de cette
organisation a signé un nouveau traité constituant l'UMOA. A
cette même date, est également signé l'accord instituant la
BOAD (Banque Ouest Africaine de Développement). Le 4 décembre
1973, est signé à Dakar l'accord de coopération entre les
pays membres de l'UMOA et la République française.
Ces accords, touj ours en vigueur à ce jour,
réduisent la présence française au sein du Conseil
d'administration de la BCEAO et de la BEAC dont les pouvoirs ont
été renforcés en matière de distribution du
crédit, notamment en ce qui concerne les crédits consentis aux
Etats et les crédits à moyen et long terme à
l'économie. Les possibilités des banques centrales de participer
plus activement au développement des pays membres sont
renforcées.
Puis intervient le transfert des sièges des banques
centrales de Paris à Yaoundé pour la BEAC (1977) et à
Dakar pour la BCEAO (1978).
En 1994, c'est la création de l'UEMOA (Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine).
Le traité instituant l'UEMOA complète celui de
l'UMOA et fait de la BCEAO et de la BOAD des institutions
spécialisées autonomes de l'UEMOA.
Le même schéma est retenu avec le traité
instituant la CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de
l'Afrique Centrale).
La parité du Franc CFA est restée inchangée
jusqu'au 11 janvier 1994 lorsqu'il a été dévalué de
50 % par rapport au franc français (1 Franc CFA = 0,010 FRF).
Au 1er janvier 1999, l'Euro est devenu la monnaie de onze pays
européens membres de l'Union économique et monétaire
européenne (UEM). L' Euro a remplacé le franc français
comme ancre monétaire du Franc CFA et du franc comorien. Cette
substitution a déterminé automatiquement les parités en
Euro du Franc CFA et du franc comorien. Elle n'affecte pas les
mécanismes de coopération monétaire de la Zone Franc.
Le rattachement à l'Euro n'a pas donné lieu
à une modification des parités du Franc CFA. Le 31
décembre 1998, le Conseil de l'Union européenne a fixé le
taux de conversion irrévocable entre l'Euro et le franc français
(1 Euro = 6,55957 FRF). Ce taux a déterminé automatiquement la
valeur de l'Euro en Franc CFA et en franc comorien.
Comme le Franc CFA s'échangeait en franc français
au taux de 100 Franc CFA pour un 1 FRF, la parité du Franc CFA est
désormais de 1 Euro = 655,957 Franc CFA.6
Ce rappel historique fait, nous pouvons maintenant nous
intéresser à l'étude des caractéristiques des deux
instituts d'émission.
6 Le Conseil de l'Union européenne, par une
décision du 23 novembre 1998, a confirmé que la France pouvait
« maintenir les accords sur des questions de change qui la lient
actuellement à l'UEMOA, à la CEMAC et aux Comores » (article
1er de la décision du conseil de l'Union européenne du 23
novembre 1998 concernant les questions de change relatives au Franc CFA et au
franc comorien).
CHAPITRE 1 : CARACTERISTIQUES DES STRUCTURES
Il s'agira dans un premier temps d'analyser l'aspect juridique
des Banques Centrales d'Afrique central et de l'ouest et leurs organisations
internes respectives. Puis nous nous intéresserons aux finalités
institutionnelles de ces établissements tels que découlant de
leurs statuts et autres textes.
Mais avant, nous relèverons, comme l'a fait remarquer
S. BORTOLANI7, qu'<< on a respecté en Afrique les
conditions préalables nécessaires de nos jours à la
constitution des banques centrales, c'est-à-dire :
- la réglementation publique de l'émission des
billets ; - la centralisation de l'émission dans un seul institut ; - la
nature publique de l'organisme >>.
En effet, les deux Banques Centrales objet de notre
étude sont des institutions de droit public, au capital
entièrement versé par l'Etat, jouissant de l'autonomie
financière et de la personnalité juridique.8
Au sommet sont placés un gouverneur et un conseil
d'administration chargés de définir la politique monétaire
de l'union ainsi que celle du crédit.
Les institutions précitées sont des organes de
l'UEMOA pour l'Afrique de l'Ouest et de la CEMAC pour l'Afrique centrale. La
gestion des unions monétaires repose sur une organisation
institutionnelle structurée permettant de concilier la centralisation
des opérations monétaires et la prise en compte des
impératifs économiques et politiques propres à chacun des
pays membres. Notre étude serait incomplète si nous
n'évoquions pas ici toutes les autres institutions découlant des
textes instituant les différentes unions monétaires.
7 Sergio BORTOLANI, << Rôle de la Banque Centrale en
Afrique >>, page 61.
8 Article 3 et 4 des statuts de la BCEAO, article 2 à 6
des statuts de la BEAC.
A. AUTRES INSTITUTIONS LIEES AUX BC
Nous commencerons avec celles liées à la BCEAO.
A.1- Autres institutions liées à la BCEAO
En effet, le traité de l 'Union économique et
monétaire ouest africaine a été signé par les chefs
d'État du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte-d'Ivoire, du
Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo, réunis à
Dakar le 10 janvier 1994. Il est conçu comme un complément de
l'Union monétaire dont le traité a été conclu en
1973. À partir du noyau constitué par les huit États -
membres actuels, il est prévu une possibilité
d'élargissement de l'Union aux autres pays de la sous-région. Cet
objectif s'appuie sur un schéma de réformes articulé
autour de quatre axes majeurs9 :
- Harmonisation du cadre légal et réglementaire
;
- Création d'un marché commun, ;
- Surveillance multilatérale des politiques
macroéconomiques ;
- Coordination des politiques sectorielles nationales dans les
principaux domaines d'activité économique.
Les organes de l'UEMOA10 sont constitués par
la Conférence des chefs d'État, le Conseil des ministres, la
Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (qui fera l'objet d'un
développement plus important), la Commission de l'UEMOA, la Commission
bancaire.
A.1.1-La Conférence des chefs d'État :
Elle est l'autorité suprême de l'Union et tranche
toute question n'ayant pu trouver de solution par accord unanime du Conseil des
ministres. Elle décide de l'adhésion éventuelle de
nouveaux membres et prend acte du retrait ou de l'exclusion des participants.
Elle se réunit au moins une fois par an et prend ses décisions
à l'unanimité.
9 Note d'information N° 127 de la Banque de France :
http://www.banque-france.fr/fr/instit/telechar/note127.pdf
(février 2006).
10 Les organes de l'UEMOA :
http://www.uemoa.int/organes/schema.htm
(février 2006).
A.1.2- Le Conseil des ministres
Il définit la politique monétaire et de
crédit de l'Union afin d'assurer la sauvegarde de la monnaie commune et
de pourvoir au financement de l'activité et du développement
économique des États membres. Chacun d'entre eux est
représenté par deux ministres, dont le ministre des Finances,
mais chaque État n'y dispose que d'une seule voix. La BCEAO organise les
séances du Conseil dont elle assure le secrétariat. Le gouverneur
de la BCEAO assiste aux réunions du Conseil avec voix consultative. Le
Conseil se réunit au moins deux fois par an et prend ses
décisions à l'unanimité. Il lui appartient de modifier la
définition de l'unité monétaire et de déterminer en
conséquence la déclaration de parité de la monnaie de
l'Union à effectuer au Fonds monétaire international.
A.1.3- La Commission de l'UEMOA
À la suite de la signature du traité de l'UEMOA
(créant l'Union économique et monétaire ouest-africaine),
le Conseil des ministres a délégué le pouvoir
d'exécution à la Commission de l'UEMOA, mise en place le 30
janvier 1995 à Ouagadougou. La Guinée-Bissau a
adhéré à cette Union en mai 1997.
La Commission transmet à la Conférence des chefs
d'État et au Conseil les recommandations et avis qu'elle juge utiles
à la préservation et au développement de l'Union. Elle
exécute le budget de l'Union. Elle peut saisir la Cour de justice en cas
de manquement des États membres aux obligations qui leur incombent en
vertu du droit communautaire.
Par ailleurs, la Commission fait partie de l'architecture
institutionnelle de la surveillance multilatérale des politiques
macroéconomiques.
Le président de la Commission est nommé, parmi
les commissaires, par la Conférence des chefs d'État pour un
mandat de quatre ans. Le gouverneur de la BCEAO participe de plein droit, avec
voix consultative, aux réunions de la Commission.
A.1.4- La Commission bancaire
Créée en 1990, la Commission bancaire a son
siège à Abidjan (Côte-d'Ivoire). Elle est chargée
d'élaborer la réglementation prudentielle applicable aux
établissements de crédit de l'Union et d'effectuer les
contrôles sur pièces et sur place du système bancaire ouest
africain.
La Commission bancaire se compose à ce jour de dix-sept
membres :
- le gouverneur de la BCEAO, qui en assure de droit la
présidence ;
- un représentant nommé par chacun des
États participant à la gestion de la BCEAO ; pour les
États-membres de l'UEMOA, ce représentant est le directeur du
Trésor ou le responsable de la direction de tutelle des banques et
établissements financiers ;
- des membres nommés intuitu personæ par le
Conseil des ministres de l'union. Leur nombre est égal à celui
des membres représentant les États participant à la
gestion de la BCEAO. Ils sont choisis en raison de leurs compétences,
notamment dans les domaines bancaire et juridique, sur proposition du
gouverneur de la BCEAO.
A.2- Autres institutions liées à la
BEAC
Dans la zone d'émission de la Banque des États
de l'Afrique centrale, la signature, le 16 mars 1994, du traité
instituant la Communauté économique et monétaire de
l'Afrique centrale (CEMAC) a prévu la création de deux ensembles,
une union économique, d'une part et une union monétaire, d'autre
part, visant à faire passer les États-membres d'une situation de
coopération, qui existe déjà entre eux, à une
situation d'union parachevant le processus d'intégration
régionale.
Quatre institutions rattachées à la CEMAC ont
ainsi été créées11:
- l'Union économique de l'Afrique centrale (UEAC) ;
- l'Union monétaire de l'Afrique centrale (UMAC) ;
- le Parlement communautaire ;
- la Cour de justice communautaire, comprenant une Chambre
Judiciaire et une Chambre de Comptes.
Chacune de ces institutions fait l'objet d'une convention. Les
principaux organes de la Communauté sont12 :
La Conférence des chefs d'État, le Conseil des
ministres pour l'UEAC, le Comité ministériel pour l'UMAC ; le
Secrétariat exécutif ; la BEAC (qui fera l'objet d'un
développement plus important) ; la Commission bancaire de l'Afrique
centrale (COBAC).
11 Article 2 du traité instituant la Communauté
Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale.
12 Les Organes de la CEMAC :
http://www.izf.net/izf/FicheIdentite/CEMAC.htm
(Avril 2006).
A.2.1- La Conférence des chefs
d'État
Elle représente l'autorité suprême de la
Communauté et elle assure l'orientation de l'action du Conseil des
ministres de l'UEAC et du Comité ministériel pour l'UMAC. Elle
décide de l'adhésion d'un nouveau membre et de son retrait. Elle
fixe le siège de l'Institut d'émission, nomme et révoque
le gouverneur et le vice-gouverneur sur proposition du Comité
ministériel. Sa présidence est assurée pour une
année civile, par chaque État, selon l'ordre alphabétique.
La Conférence se détermine par consensus. Le gouverneur de la
BEAC assiste à ses réunions.
A.2.2- Le Comité
ministériel
Il examine les grandes orientations des politiques
économiques respectives des États- membres de l'Union
monétaire et il en assure la cohérence avec la politique
monétaire commune.
Chaque État-membre est représenté au
Comité ministériel par deux ministres dont le ministre
chargé des Finances et n'y dispose que d'une voix exprimée par ce
dernier.
La présidence du Comité ministériel est
tournante. Elle est assurée pour une année civile et par ordre
alphabétique des États-membres, par le ministre chargé des
Finances.
Le Comité ministériel se réunit au moins
deux fois par an, dont une fois pour la ratification des comptes de la BEAC. Il
se réunit également à la demande de la moitié de
ses membres ou encore à la demande du conseil d'administration de la
BEAC.
Il décide de l'augmentation ou de la réduction
du capital de la BEAC, donne un avis conforme sur les propositions de
modification des statuts de la BEAC, ratifie ses comptes et décide, sur
proposition du conseil d'administration, de l'affectation des résultats.
Il propose à la Conférence des chefs d'État, sur saisine
du conseil d'administration de la BEAC, la nomination et la révocation
du gouverneur et du vice gouverneur. Les décisions sur ces questions se
prennent impérativement à l'unanimité.
A.2.3- Le Secrétariat
exécutif
Le traité portant création de la CEMAC
énonce les structures sous-tendant la création d'un marché
commun sous -régional et précise les modalités de la
surveillance multilatérale dont le suivi est attribué au
Secrétariat exécutif de la CEMAC dont le siège est
fixé à Bangui. Le fonctionnement de l'Union économique est
placé sous sa responsabilité. Il dispose d'un droit de
proposition au Conseil des ministres et est chargé du contrôle de
l'application du Traité et des décisions communautaires, de la
gestion du budget de l'UEAC et des programmes d'actions communautaires.
Le secrétaire exécutif est nommé par la
Conférence des chefs d'État pour un mandat de cinq ans,
renouvelable une fois.
A.2.4-La Commission bancaire de l'Afrique centrale
(COBAC)
La COBAC a été mise en place en janvier 1993. Ses
missions consistent à élaborer la réglementation
prudentielle du système bancaire de la zone, à procéder
aux contrôles sur pièces et sur place des établissements de
crédit et à sanctionner les manquements constatés. La
COBAC est présidée par le gouverneur de la BEAC. Elle est
composée de onze commissaires, dont un représentant de la
Commission bancaire française, nommés pour un mandat de trois
ans, renouvelable deux fois, par le conseil d'administration de la BEAC, sur
proposition du gouverneur. Les décisions sont prises à la
majorité des deux tiers des voix exprimées. La modification de
statuts de la COBAC doit se faire par décision du conseil
d'administration de la BEAC prise à l'unanimité. Le
Secrétariat général de la COBAC, situé à
Yaoundé (Cameroun), doit bientôt être
transféré à Libreville (Gabon).
B. NATURE JURIDIQUE, ORGANISATION ET ADMINISTRATION
Bien qu'il existe de grandes similitudes dans l'organisation de
la BCEAO et de la BEAC, dans un souci de clarté, nous traiterons ce
point en analysant ces deux BC séparément.
B.1- La Banque centrale des États de l'Afrique de
l'Ouest (BCEAO)
B. 1. 1-Présentation:
La BCEAO est l'Institut d'émission commun aux huit (8)
États membres de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA).
13
La BCEAO a pour origine le traité ayant
institué l'UMOA (<< Union Monétaire Ouest Africaine
>>) du 12 mai 1962. Ainsi qu'énoncé à l'article
1er de ses statuts, elle est un établissement public
international constitué entre les Etats membres de l'union
Monétaire Ouest Africaine. En vue de permettre à la Banque
Centrale de remplir ses fonctions, le statut, les privilèges et les
immunités des institutions financières internationales lui sont
reconnus sur le territoire de chacun des Etats membres de l'Union14.
A ce titre, elle a le privilège exclusif d'émettre les signes
monétaires sur le territoire des États de l'Union. Son
siège est établi à Dakar (Sénégal).
Son capital, dont le montant n'est précisé ni
dans les statuts15 ni dans aucun autre traité officiel, est
également reparti entre les participants. Ici, il convient de noter que
ce capital provient d'une dotation initiale de la France16(2,8
millions de francs CFA), et constitue un transfert effectué par l'ancien
institut d'émission au nouveau.
Outre l'émission des signes monétaires dans les
Etats membres de l'Union dont elle a le privilège exclusif, la BCEAO a
en charge :
- la centralisation des réserves de devises de
l'Union,
- la gestion de la politique monétaire des Etats membres
de l'Union,
- la tenue des comptes des Trésors des Etats de
l'Union,
- la définition de la loi bancaire applicable aux banques
et aux établissements financiers.
13 Voir carte en annexe n°3.
14 Article 4 des statuts de la BCEAO.
15 134,1 Milliards de francs CFA selon le rapport annuel de la
BCEAO 2003, soit 319,286 Millions CH. F (pour 1CHF = 420 CFA F) et 2 14.573
Euros.
16 Sergio BORTOLANI, << Rôle de la Banque Centrale
en Afrique >> page 65.
Les textes qui régissent la BCEAO sont les suivants:
- Le Traité de l'Union Monétaire Ouest Africaine
(UMOA), signé le 12 mai 1962, entré en vigueur le 2 novembre 1962
et révisé le 14 novembre 1973.
- L'Accord de coopération entre la République
Française et les Républiques membres de l'Union Monétaire
Ouest Africaine conclu le 4 décembre 1973.
- Un avenant à cet accord de coopération a
été signé entre les pays membres de l'UMOA et la
République Française le 29 mai 1984.
- La Convention de compte d'opérations conclue le 4
décembre 1973 entre la République Française et l'Union
Monétaire Ouest Africaine.
La création d'un Institut d'émission commun fait
l'objet du Titre V du Traité de l'UMOA (articles 15 à 21).
Les Statuts de la BCEAO sont annexés au Traité.
Ils comprennent 70 articles portant, notamment, sur la constitution, le
capital, le statut juridique, les opérations et l'administration de la
BCEAO, ainsi que sur les dispositions diverses concernant la
comptabilité, les exemptions fiscales, le contrôle et
l'approbation des comptes, la détermination et la répartition des
bénéfices.
B.1.2-Organisation de la BCEAO :
B.1.2.1-Administration de la BCEAO:
Sous la direction et le contrôle du Conseil des
Ministres de l'UMOA, la Banque Centrale est administrée par un
Gouverneur, un Conseil d'Administration et des Comités Nationaux du
Crédit.
L'article 41 des statuts prévoit que " le gouverneur
de la Banque centrale est nommé par le conseil des ministres pour une
période de six années, renouvelable. Il doit être choisi de
manière à appeler successivement à cette fonction un
ressortissant de chacun des Etats membres de l'Union ".
En fait, une règle non écrite17
voudrait que le siège de la Banque centrale soit à Dakar, que le
Gouverneur soit un Ivoirien et que les vice-gouverneurs soient ressortissants
du Burkina Faso et du Niger. Depuis que le poste de Gouverneur a
été rétrocédé aux Ouest-africains, en
1974
17 Contrairement à la BEAC dont les statuts (Article
40) prévoient expressément que « le Gouverneur de la Banque
est nommé par la Conférence des Chefs d'Etat de la CEMAC, sur
proposition du Conseil d'Administration statuant à l'unanimité
sur présentation du Gouvernement gabonais».
(le gouverneur était jusque-là un
français), les Ivoiriens auront monopolisé le fauteuil :
Abdoulaye Fadiga, Alassane Ouattara et Charles Konan Banny. Cette règle
n'est pas propre à la BCEAO. Plusieurs institutions de la zone
obéissent à cette étrange répartition des
rôles. Par ailleurs nous relèverons également qu'aucune
disposition des statuts ne précise quel devrait être le profil du
candidat au poste de gouverneur18
Le gouverneur fait exécuter les décisions prises
par le Conseil des Ministres, ainsi que celles qui sont arrêtées
par le Conseil d'Administration qu'il préside.
Il est assisté de deux Vice-gouverneurs nommés par
le Conseil d'Administration pour une durée de cinq années,
renouvelable.
Il gère les disponibilités extérieures de
l'Union et il est également responsable de l'organisation des services
et de leurs activités.
Le Conseil d'Administration est composé
d'administrateurs, à raison de deux membres pour chacun des Etats.
Dans le cadre des directives données par le Conseil des
Ministres, le Conseil d'Administration :
- précise les opérations de la Banque Centrale et
fixe leurs taux et conditions d'exécution,
- arrête les règles qui s'imposent aux
Comités Nationaux du Crédit, dans l'exercice de leur
compétence,
- détermine le montant global des concours que la Banque
Centrale peut accorder au financement de l'activité économique
dans chacun des Etats,
- autorise les opérations affectant le patrimoine de la
Banque Centrale et arrête les comptes de cette dernière,
- détermine les modifications aux Statuts de la Banque
devant être soumises à ratification par le Conseil des Ministres
de l'Union.
Un Comité National du Crédit est mis en place
dans chacun des pays membres de l'Union. Il est composé du Ministre
chargé des Finances, qui en assure la présidence, des deux
représentants de l'Etat au Conseil d'Administration, de quatre membres
nommés par le Gouvernement et d'un représentant de la France.
18 Ce qui n'est pas le cas pour la BEAC dont les Statuts
(Article 40) prévoient qu'« il est choisi en raison de sa
compétence dans les domaines économique, monétaire et
financier».
Le Directeur National de la BCEAO en est le rapporteur.
Le Comité apprécie les besoins de financement
de l'activité économique du pays, propose au Conseil
d'Administration le montant de crédit intérieur et celui des
concours que la Banque Centrale pourra consentir aux banques et au
Trésor, et en assure l'utilisation et le contrôle dans l'Etat
concerné.
B.1.2.2-Organisation interne :
L'organisation interne des services de la Banque Centrale
incombe au Gouverneur, assisté de deux Vice Gouverneurs, dans le cadre
de la gestion du personnel et des opérations quotidiennes de la
BCEAO.
L'organisation générale de la
BCEAO19 comprend le Siège, établi à Dakar au
Sénégal, une Direction Nationale dans chacun des Etats membres de
l'Union, un Bureau de représentation à Paris auprès des
institutions européennes de coopération et un Bureau de
représentation à Ouagadougou auprès de la Commission de
l'UEMOA. L'Institut d'émission emploie des agents ressortissants des
huit pays membres de l'Union.
Au Siège de la BCEAO se trouvent le Gouvernement de la
Banque, le Contrôleur Général, les Directeurs de
Départements et les Directeurs des Services Centraux.
Le Gouvernement de la Banque comprend :
- le Gouverneur,
- les Vice Gouverneurs,
- le Secrétaire Général,
- le Secrétaire Général Adjoint,
- les Conseillers et Conseillers Spéciaux du Gouverneur,
- le Directeur de Cabinet du Gouverneur.
Le Secrétaire Général est responsable de
l'Administration de la BCEAO. Il est secondé dans sa tâche par un
Secrétaire Général Adjoint. Certaines Directions sont
rattachées au Secrétariat Général.
Enfin, des Chargés de Mission nommés pour mener
à bien des missions particulières, sont rattachés au
Cabinet du Gouverneur.
19 Voir annexe n°1.
Ces Missions ont pour objectif de faciliter et
d'accélérer la réalisation de certains projets concernant
des activités traditionnellement dévolues aux Directions.
Le Cabinet du Gouverneur est chargé de l'organisation
et des méthodes, de l'organisation du Secrétariat du Gouverneur,
de la supervision des bureaux de la Banque Centrale à l'étranger
et de la supervision de toutes les Missions spécifiques.
Le Secrétariat Général supervise quatre
Directions dont les activités sont en relation avec l'ensemble des
services de la BCEAO :
- la Direction des Affaires Juridiques (études et
conseils, procédures et contentieux, droit international, centralisation
et conservation des textes de base de la BCEAO) ;
- la Direction de la Communication (communication interne et
externe, secrétariat des Conseils, traductions) ;
- la Direction de l'Informatique (stratégie,
développements et traitements informatiques, assistance
micro-informatique, réseaux) ;
- et la Direction de la Sécurité et des
Services Généraux (relations publiques, courrier, imprimerie,
sécurité).
Le Contrôle Général, placé sous
l'autorité directe du Gouverneur, est chargé de l'inspection des
services de la BCEAO, du contrôle interne, et des relations avec les
missions d'audit externe. La Direction de l'Inspection est sous
l'autorité du Contrôle Général.
Les autres directions sont regroupées en trois
Départements.
Chaque Département a, à sa tête, un
Directeur chargé de la supervision et de la coordination des Directions
placées sous sa responsabilité. Le Département des Etudes
Economiques et de la Monnaie comprend :
- la Direction du Crédit (plan comptable bancaire,
réglementation bancaire et prudentielle, législation sur les
moyens de paiement, gestion des titres et participations, programmes
monétaires, politique monétaire) ;
- la Direction des Etudes (analyses monétaires,
études de conjoncture économique, études de
prévision économique et monétaire, surveillance
multilatérale, suivi du budget et de la dette des Etats, relations avec
les organismes internationaux et communautaires, réglementation des
changes, balances des paiements) ;
- la Direction de la Recherche et de la Statistique
(études économiques, études économétriques,
recherches économiques et monétaires, collecte, centralisation et
gestion des bases de données et des statistiques, documentation,
publications, archives).
Le Département de l'Emission, de la
Comptabilité et des Finances comprend :
- la Direction de la Comptabilité et du Budget
(comptabilité du Siège et comptabilité centralisée,
contrôle et exécution du budget, gestion du Règlement de
comptabilité et des Principes généraux de
budgétisation) ;
- la Direction de l'Emission (conception, commande et gestion
des billets et monnaies, gestion de la caisse et du règlement de caisse,
gestion des titres) ;
- la Direction des Opérations Financières
(relations avec les correspondants étrangers, gestion de la
trésorerie en devises, des avoirs en or, des systèmes de
paiement, suivi des marchés extérieurs des capitaux et des
changes, opérations financières).
Le Département de l'Administration
Générale et de la Formation comprend :
- la Direction de la Formation (programmes d'enseignement,
concours et admissions, recyclage, administration du centre de formation de la
BCEAO, gestion des relations avec les instituts extérieurs de formation)
;
- la Direction des Ressources Humaines (administration du
personnel, gestion intégrée des ressources humaines, des affaires
médico-sociales, des assurances des biens et des personnes, des fonds
sociaux) ;
- la Direction des Affaires Administratives et du Patrimoine
(gestion du matériel, du mobilier, des fournitures, gestion du
patrimoine immobilier, entretien, travaux de reprographie).
Au Siège, les Directions sont organisées en
services auxquels sont dévolues des attributions bien précises.
Chaque service a un responsable qui a pour rôle de coordonner le travail
de ses collaborateurs et de veiller à la bonne exécution des
tâches.
Les Directions Nationales sont placées sous la
supervision d'un Directeur et comprennent chacune une agence principale et une
ou plusieurs agences auxiliaires. Les agences principales sont placées
sous la responsabilité d'un Directeur et sont organisées en neuf
services : Administration et Patrimoine, Caisse, Comptabilité et Budget,
Crédit, Etudes, Informatique, Opérations Financières,
Recherche et Statistiques, Ressources Humaines.
Un Contrôleur de gestion et des Contrôleurs
internes veillent au contrôle de l'opportunité et de la
régularité des opérations comptables, budgétaires
et financières, ainsi qu'au respect des règles de
procédures et des normes de sécurité.
Les agences auxiliaires sont supervisées par un Chef
d'agence, secondé par un Assistant, et organisées en cinq
sections : Administration, Caisse, Economique, Financière et Comptable,
Informatique. Dans chaque agence auxiliaire, il existe une cellule de
Contrôle Interne.
La Banque Centrale compte huit agences principales, quinze
agences auxiliaires dont une au Bénin, une au Burkina, six en Côte
d'Ivoire, deux au Mali, deux au Niger, deux au Sénégal et une au
Togo, ainsi qu'un dépôt de billets en Côte d'Ivoire.
B.2- La Banque des États de l'Afrique centrale
(BEAC)
B.2. 1-Présentation :
La BEAC est un établissement public multinational
africain dont le siège est situé à Yaoundé
(Cameroun). Les États membres actionnaires sont la République du
Cameroun, la République Centrafricaine, la République du Congo,
la République Gabonaise, la République de Guinée
Equatoriale et la République du Tchad. Son Capital social de
45.000.000.000 F.CFA (soit 72.004.608.29 €), est souscrit en indivision
par les Etats membres.20
Les textes qui régissent la BEAC sont les
suivants21:
- Convention de coopération monétaire des 22 et 23
novembre 1972.
- Traité du 16 mars 1994 instituant la Communauté
économique et monétaire de l'Afrique
centrale (CEMAC).
- Convention régissant l'Union économique de
l'Afrique centrale (UEAC).
- Convention régissant l'Union monétaire de
l'Afrique centrale (UMAC).
- Statuts de la Banque des États d'Afrique centrale
(BEAC).
La BEAC a été créée par les
Conventions de Coopération Monétaire signées à
Brazzaville les 22 et 23 novembre 1972, respectivement entre les cinq
partenaires africains fondateurs et entre ceux-ci et la France.
Avec l'entrée de la Guinée Équatoriale le
1er janvier 1985, ces textes originels ont été
complétés par le traité entre les cinq États
fondateurs et celle-ci, d'une part, et par le protocole additionnel à la
convention de coopération monétaire entre les Etats membres et la
France, d'autre part.
La BEAC a officiellement commencé ses activités le
2 avril 1973.
La Banque émet la monnaie de l'Union et en garantit la
stabilité. Sans préjudice de cet objectif, elle apporte son
soutien aux politiques économiques générales
élaborées dans l'Union.
20 Article 2 des statuts de la BEAC.
21 Site officiel de la BEAC :
http://www.beac.int/index.html
(Avril 2006).
B.2.2-Organisation de la BEAC :
B.2.2.1-Administration de la BEAC
:
La Banque dispose d'une direction nationale dans la capitale
de chaque État, ainsi que de bureaux dans des centres d'une certaine
importance économique. La Banque a le privilège exclusif
d'émettre les signes monétaires sur le territoire des
États de l'Union.
Le gouverneur est nommé à l'unanimité par
la Conférence des chefs d'État des pays de la CEMAC, sur
proposition du conseil d'administration statuant à l'unanimité
sur présentation du gouvernement gabonais. La durée de son mandat
est de cinq ans, renouvelable. Le vice gouverneur est nommé dans les
mêmes conditions que le gouverneur, sur proposition du gouvernement
congolais. La durée de son mandat est de cinq ans, renouvelable. La
Banque est dirigée par un conseil d'administration comprenant treize
membres disposant d'un mandat de trois ans renouvelable. Le conseil est
composé de quatre administrateurs pour le Cameroun, deux pour le Gabon
et un pour chacun des autres pays. La France, pour sa part, détient
trois sièges. La présidence du conseil d'administration est
assurée par le gouverneur de la Banque et, en cas d'empêchement de
ce dernier, par le vice gouverneur. Le conseil d'administration définit
la politique monétaire.
La BEAC dispose dans chaque État-membre, d'une agence
(direction nationale). Auprès de celle-ci siège un Comité
national du crédit, composé des ministres représentant
l'État-membre au Comité ministériel, des administrateurs
de la Banque représentant l'État-membre au conseil
d'administration, d'une personnalité nommée par le gouvernement
de l'État-membre et du gouverneur. Chaque comité national est
présidé par le ministre des Finances de l'Étatmembre ou
son représentant. Sous le contrôle du conseil d'administration de
la Banque centrale, les comités nationaux règlent à
l'échelon national la distribution du crédit et le volume de
l'émission.
B.2.2.2-Organisation interne :
Les Services Centraux de la Banque sont établis
à Yaoundé en République du Cameroun depuis le 03 janvier
1977.
La BEAC comprend22, outre les Services Centraux,
des Directions Nationales, des Agences, des Bureaux et une
délégation extérieure. Les Directions Nationales,
établies dans la capitale de chacun des Etats membres, ont les attributs
de Siège Social.
22 Voir annexe n°2 : Organigramme de la BEAC.
La Banque est administrée par un Conseil
d'Administration et un Gouverneur.
Son contrôle est assuré par un Collège des
Censeurs. Dans chaque Etat membre, un Comité National de Crédit
participe au fonctionnement de la Banque dans les conditions définies
par les statuts. Sous l'autorité du Conseil d'Administration, le
Gouverneur assure la direction de la Banque. A ce titre, il veille au respect
des statuts de la Banque, applique les décisions du Conseil
d'Administration et des Comités Nationaux de Crédit en
matière de politique monétaire.
Le Gouverneur représente la Banque vis-à-vis des
tiers, exerce toute action en justice, organise et dirige les services de la
Banque, recrute, nomme et révoque l'ensemble du personnel de la Banque.
Il est assisté, dans l'exercice de ses fonctions, par un Vice Gouverneur
et un Secrétaire Général. Il est représenté
dans chaque Etat membre par un Directeur National.
Dans l'ensemble de l'Union, la BEAC dispose de treize Agences
dont six ont le statut de siège social (Bangui, Brazzaville, Libreville,
Malabo, N'Djaména et Yaoundé), les sept autres étant
Bafoussam, Bata, Douala, Garoua, Limbé, Pointe-Noire et Port-Gentil.
La Banque dispose en outre de cinq bureaux : un au Cameroun
(Nkongsamba), deux au Gabon (Oyem et Franceville) et deux au Tchad (Sarh et
Moundou). Elle n'a qu'une représentation en dehors de l'Union; il s'agit
du Bureau Extérieur de Paris.
C. OBJECTIFS ET MISSIONS
Les finalités institutionnelles des Banques Centrales
africaines en général et des deux Banques Centrales objet de
notre étude en particulier, peuvent être déduites des
objectifs statutaires, ainsi que le rappelle S. BORTOLANI dans son ouvrage
précité, « Il est possible de les faire coïncider avec
celles de toute banque moderne à savoir :
· protection de la stabilité monétaire ;
· promotion de l'expansion économique ;
· atténuation des phases conjoncturelles ;
· obtention d'un degré d'emploi maximal des
effectifs de travailleurs ».
Cependant, du fait que se sont des institutions qui
appartiennent à des pays du tiers monde, il leur est souvent
assigné comme mission primordiale la promotion du développement
de l'économie. Mais cette mission cadre-t-elle vraiment avec la
tâche monétaire d'une BC ?
Avant d'essayer de répondre à cette interrogation
dans un second point, intéressons-nous d'abord aux objectifs et missions
déclarés des deux BC.
C.1- Les objectifs et missions officielles
Il faut relever que pour la BCAO il faut aller sur le site
Web23 de cette institution pour retrouver la liste des missions et
des objectifs de cet établissement financier. Les rédacteurs des
statuts de la BEAC, par contre, ont inscrit à l'article 1er
des statuts, les objectifs et missions principales de la banque.
On notera cependant que statutaires ou non, les objectifs de ces
deux institutions soeurs sont les mêmes, à savoir:
- L'émission monétaire
- La politique monétaire
- L'organisation et la surveillance de l'activité
bancaire
- L'assistance aux Etats membres de l'Union
C.1.1 L'émission monétaire:
La BCEAO et la BEAC jouissent du privilège exclusif de
l'émission monétaire sur l'ensemble des Etats membres respectifs
de l'Union Monétaire Ouest Africaine et de l'Union Monétaire de
l'Afrique Centrale.
23
http://www.bceao.int/internet/bcweb.nsf/French.htm
(février 2006).
Elles émettent des signes monétaires, billets et
pièces de monnaie, qui ont cours légal et pouvoir
libératoire dans l'ensemble des Etats membres des deux unions. La
création, l'émission et l'annulation des signes monétaires
sont décidées par le Conseil des Ministres (BCEAO) et le
Comité ministériel (BEAC).
Nonobstant le développement des moyens de paiement
scripturaux, l'utilisation de billets et pièces de monnaie continue
d'occuper une place relativement importante dans les transactions des agents
économiques. Les mouvements de billets entre les Etats sont
favorisés par l'unicité des signes monétaires.
En matière d'impression, les deux Banques Centrales
mènent des recherches permanentes relatives à l'authentification
des signes monétaires, en vue de renforcer la sécurité des
billets qu'elles émettent. C'est dans ce cadre qu'il convient d'inscrire
les décisions prises respectivement en 1977 et en 1991, visant à
renouveler et à compléter la gamme des billets et des
pièces de monnaie en circulation en ce qui concerne l'UEMOA.
C.1.2-La politique
monétaire
Les Banques Centrales ont également pour mission de
gérer la politique monétaire des Etats membres de l'Union. Cette
politique monétaire vise à :
- ajuster la liquidité globale de l'économie en
fonction de l'évolution de la conjoncture économique, pour
assurer une stabilité des prix ;
- promouvoir la croissance économique.
C.1.3-L'organisation et la surveillance de
l'activité bancaire
Les Banques Centrales définissent la
réglementation applicable aux banques et établissements
financiers et exercent à leur égard des fonctions de
surveillance. Dans ce cadre, les deux Commissions Bancaires,
créées respectivement le 24 avril 1990 pour la BCEAO et en
janvier 1993 pour la BEAC et présidées par leurs Gouverneurs
respectifs, sont chargées de veiller à l'organisation et au
contrôle des systèmes bancaires dans l'UMOA et l'UEAC.
C. 1.4-L'assistance aux Etats membres des
Unions
Les deux Banques Centrales assistent, à leur demande,
les Gouvernements des Etats de l'Union dans leurs relations avec les
institutions financières et monétaires internationales et dans
les négociations qu'ils entreprennent en vue de la conclusion d'accords
financiers internationaux. Elles peuvent être chargées de
l'exécution de ces accords dans les conditions fixées par les
conventions approuvées par les Conseils d'Administrations. S'agissant
en
particulier des relations des Etats avec le Fonds
Monétaire International, les Banques Centrales assurent le rôle
d'agent financier, en vertu des dispositions de différentes conventions
(notamment celle du 24 septembre 1981 pour la BCEAO) signées entre elles
et les Etats membres.
Les deux instituts d'émission assistent aussi les Etats
dans les domaines de la définition et du suivi de l'exécution des
programmes d'ajustement ainsi que de la gestion de la dette. En particulier,
ils assistent les Gouvernements dans les négociations de
rééchelonnement de leur dette extérieure. Les deux
instituts d'émission apportent également leur concours dans la
conception, l'harmonisation et l'application de textes relatifs à la
réglementation des relations financières extérieures.
C'est dans ce cadre notamment qu'ils assurent, pour le compte des Etats,
l'établissement de leurs balances des paiements.
C.2- La mission implicite
Il s'agit principalement, comme nous l'avons indiqué
plus haut, de la promotion du développement de l'économie des
pays membres des deux BC. Il convient cependant de relever que ni cette
mission, ni les moyens prévus pour sa mise en oeuvre n'ont
été énoncés par les statuts des deux BC. A cet
égard, il est bon de noter qu'à l'origine, ni pour la BEAC ni
pour la BCEAO, les objectifs et missions de la politique monétaire
n'avaient été explicitement énoncés. S'il est vrai
que les autorités de la BCEAO n'ont toujours pas décidé
d'inscrire les objectifs et missions de la banque dans les statuts, il reste
qu'en ce qui concerne la BEAC, c'est chose faite depuis la révision des
statuts de ladite banque en 1998.
L'explication à cette omission nous est donnée
par le Gouverneur de la BEAC, Monsieur F. MAMALEPOT qui, à l'occasion
d'une communication, a pu affirmer qu'entre 1972 et 1990, en l'absence d'un
cadre cohérent de formulation de la politique monétaire, la BEAC
n'avait pas d'objectifs ou de cibles intermédiaires quantifiés
déclarés24. Selon F. MAMALEPOT, la stratégie de
politique monétaire suivie par la Banque Centrale entre 1972 et 1990
avait pour objectif final le développement économique des Etats
membres, et les instruments de politique monétaire et de crédit
étaient utilisés à cette fin. Nous ne courrions pas un
grand risque de nous tromper en affirmant qu'au niveau de la BCEAO
également, la principale raison de l'absence d'énonciation
explicite aux statuts des objectifs et missions de la politique
monétaire est l'absence d'un cadre cohérent de formulation de la
politique monétaire. A cet
24 Félix MAMALEPOT, « La politique monétaire
en Afrique centrale » :
http://www.beac.int/actualites/polmongvr250604.htm
(juin 2006)
égard, F. MAMALEPOT affirme que << compte tenu
des orientations générales de l'époque, notamment le
renforcement du rôle de l'Institut d'Emission dans le financement du
développement et des mécanismes de financement en faveur des
secteurs dits privilégiés prévus dans ces textes
(Trésors Nationaux, PME nationales, Unités de commercialisation
agricoles, Habitat social...), on peut avancer sans trop se tromper que
l'objectif final de la Banque Centrale était le développement
économique. Telle est notre lecture de ces statuts, mais
également celle des partenaires extérieurs (FMI, Banque
Mondiale,...). En effet, élaborées au début des
années 70, les dispositions statutaires de la BEAC reflétaient
<< l'air du temps >> et avaient une orientation administrative,
dirigiste et << développementiste >> très
marquée. A cette époque, les pouvoirs publics de nos pays, comme
d'ailleurs dans la plupart des pays du Continent, croyaient davantage aux
vertus du Plan et moins aux mécanismes de
marché.>>25
S'agissant de la BCEAO, l'accord de coopération entre
la République Française et les Républiques membres de
l'UMOA rejoint cette analyse. En effet, le troisième paragraphe du
préambule fait référence en des termes très clairs
au rôle à jouer par la BCEAO dans le financement du
développement des États de l'Union Monétaire Ouest
Africaine.26
Pour notre part, nous pensons que ces lacunes ou omissions
relevées dans les premières versions des statuts de ces BC
peuvent être expliquées par l'origine des deux banques. En effet,
comme nous l'avons mentionné en chapitre préliminaire, la BCEAO
et la BEAC sont les << filles >> des instituts d'émission
ayant appartenu à la puissance coloniale. La conséquence en
étant que pendant de longues années après l'accession des
pays africains à l'indépendance, ces BC ont continué, dans
les faits, à être dirigées par des hommes de l'ancienne
puissance coloniale, compte tenu du défaut de cadres africains à
même d'assurer la relève mais surtout de l'absence de
volonté politique des dirigeants africains. Qui plus est, le choix du
système monétaire (dont nous parlerons plus bas) et surtout le
fait d'être resté avec la France dans une zone monétaire
unique (la zone Franc), n'étaient pas de nature à permettre une
émancipation des Etats nouvellement indépendants quant à
leur politique monétaire.
Mais la question la plus importante qui se pose ici est celle
de savoir si c'est bien le rôle des banques centrales de s'occuper du
développement économique. En d'autres termes, une banque centrale
est-elle une banque de développement ?
Nous pensons que la réponse à cette question est
à trouver dans la conception que les dirigeants politiques africains ont
de la BC. En effet, il y a souvent une difficulté pour ces
25 Félix MAMALEPOT, << La politique monétaire
en Afrique centrale >> :
http://www.beac.int/actualites/polmongvr250604.htm
(juin 2006)
26 Accord de coopération entre la République
Française et les Républiques membres de l'Union monétaire
ouest africaine :
http://www.banque-france.fr/fr/eurosys/zonefr/page4_1a.htm
( juin 2006)
dirigeants de concevoir qu'une banque centrale n'est pas
nécessairement une banque de développement mais d'abord une
institution d'organisation de la crédibilité de la monnaie. Elle
ne peut, au risque de se décrédibiliser, soutenir
indéfiniment des déficits budgétaires appelés par
défaut de langage un soutien au développement alors qu'il s'agit
souvent de conséquences de décisions erronées,
reflétant souvent une difficulté à prendre ses
responsabilités vis-à-vis des citoyens.
Une banque centrale est une banque dotée de
privilèges plus ou moins étendus pour émettre de la
monnaie en échange du financement de la dette publique. Pour ce faire,
elle a besoin de s'assurer du respect d'un certain nombre de règles de
prudence et de critères de convergence. Sans gardefou, un tel
système dans le contexte africain peut conduire à financer
indéfiniment un pays dont la gouvernance est déficiente. Cela
peut avoir, entre autres, comme conséquences des dévaluations
successives et une inflation non maîtrisée. Ce qui fut la cas des
pays africains de la zone Franc qui ont dû subir une douloureuse
dévaluation de 50 % du Franc CFA, imposée par la France et les
institutions de Bretton Woods en 1994.
Il semble bien cependant que les instances dirigeantes de la
BEAC et de la BCEAO aient compris combien il est important pour une banque
centrale de remplir pleinement sa mission principale qui est d'assurer la
stabilité monétaire. Ainsi, au niveau de la BEAC, les nouveaux
statuts de 1998 prévoient expressément dès le premier
article, que la banque a (entre autres) comme mission, la garantie de la
stabilité monétaire27. Au niveau de la BCEAO, la
transformation en 1994 de l'UMOA et UEMOA semble également marquer la
prise de conscience des dirigeants d'Afrique de l'ouest de la
nécessité de faire jouer pleinement à la BCEAO son
rôle de BC en confiant le volet développement à la BOAD qui
devient dès lors l'institution commune de financement du
développement des Etats de l' Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine.28
Cependant, toutes ces actions menées en vue de
permettre aux deux BC de jouer pleinement leurs rôles n'auront-elles pas
en réalité la valeur d'un coup d'épée dans l'eau ?
Ces BC ontelles vraiment les moyens juridiques d'atteindre leurs objectifs ? Le
problème ne vient-il pas des mécanismes régissant leur
fonctionnement ?
27 Article 1 des statuts de la BEAC
28 La BOAD est un établissement public à
caractère international qui a pour objet, aux termes de l'article 2 de
ses Statuts, "de promouvoir le développement équilibré des
Etats membres et de réaliser l'intégration économique de
l'Afrique de l'Ouest" en finançant des projets prioritaires de
développement rural, infrastructures de base, infrastructures modernes,
télécommunications, énergie, industries, transport,
agro-industries, tourisme et autres services.
CHAPITRE 2 : LES MECANISMES REGISSANT LE
FONCTIONNEMENT DE LA BCEAO ET DE LA BEAC
L'union monétaire réalisée entre les pays
de la Zone Franc29 fonctionne selon des principes inhérents
à ce type d'association auxquels viennent s'adjoindre des
particularismes issus de la mise en oeuvre d'une coopération
monétaire entre la France et les pays concernés30. Les
principes de la coopération monétaire entre la France et les pays
africains de la Zone Franc ont été rappelés dans la
Convention de coopération monétaire du 23 novembre 1972 conclue
entre les États membres de la zone d'émission de la Banque des
États de l'Afrique centrale et la République française,
ainsi que dans l'accord de coopération entre les pays membres de l'Union
monétaire ouest africaine et la République française du 4
décembre 1973.
Les principes fondamentaux sont au nombre de quatre :
- la garantie illimitée du Trésor
français ;
- la fixité des parités ;
- la libre transférabilité ;
- la centralisation des réserves de
change.
Après l'étude de ces principes, nous nous
intéresserons aux comptes d'opération, mécanismes
particuliers et indispensables au bon fonctionnement du système
monétaire de la Zone Franc. Pour finir, nous essayerons de situer ce
système monétaire par rapport aux autres systèmes
existants et notamment les systèmes de changes flottants, les
régimes de parités fixes et le système de caisse
d'émission ou « currency board ».
29 Annexe 4 : Carte des pays membres de la zone Franc.
30Note d'information N° 127 de la Banque de
France :
http://www.banque-france.fr/fr/instit/telechar/note127.pdf
(février 2006).
A. LES PRINCIPES DE LA COOPERATION MONETAIRE ENTRE
LA
FRANCE ET LES PAYS AFRICAINS DE LA ZONE FRANC
Avant d'analyser les différents principes de la
coopération monétaire entre la France et les pays membres des
deux BC, il convient de relever que pour beaucoup d'observateurs, la Zone Franc
montre aujourd'hui un rare exemple de coopération
institutionnalisée entre un pays développé et des
États en voie de développement, unis par une histoire et une
langue communes31.
Entretenant des relations de coopération
étroites avec les banques centrales de la Zone Franc, jadis la Banque de
France et aujourd'hui la Banque Centrale Européenne (BCE) participe,
avec ses consoeurs africaines, au fonctionnement des institutions communes de
la zone. L'avantage ayant été pour les pays Africains
concernés de bénéficier de la longue expérience de
la Banque de France. Cela s'est concrétisé par l'assistance
apportée par la France aux pays membres de la zone Franc, laquelle
assistance était prévue par les différents accords de
coopération entre la République Française et les
Républiques membres des deux unions monétaires. Ainsi, l'article
15 de la convention de coopération monétaire entre les
états membres de la B.E.A.C. et la République française
prévoit que << La France assurera pour le compte des Etats membres
la formation du personnel d'encadrement nécessaire à la gestion
de la Banque >>32. De même, l'article 10 de
l'accord de coopération entre la République Française et
les Républiques membres de l'Union monétaire ouest africaine
dispose que << Deux Administrateurs désignés par le
Gouvernement français participent au Conseil d'Administration de la
Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest, dans les mêmes
conditions et avec les mêmes attributions que les Administrateurs
désignés par les États membres de
l'Union.>>33
A.1- La garantie illimitée du Trésor
français :
Ainsi que prévu par l'article 1er de
l'accord de coopération entre la République Française et
les Républiques membres de l'Union Monétaire Ouest Africaine et
par l'article 2 de la convention de coopération monétaire entre
les États membres de la BEAC et la République Française,
la convertibilité des monnaies émises par les différents
instituts d'émission de la Zone Franc est garantie sans limite par le
Trésor français.
31
http://www.banque-france.fr/fr/publications/catalogue/ni_127.htm
(février 2006).
32 Convention de coopération monétaire entre les
États membres de la BEAC et la République Française :
http://www.banque-france.fr/fr/eurosys/zonefr/page4_2_cemac001.htm
(février 2006).
33 Accord de coopération entre la République
Française et les Républiques membres de l'Union monétaire
ouest africaine
http://www.banque-france.fr/fr/eurosys/zonefr/page4_1a.htm
(février 2006).
A.2-La fixité des parités :
Les différentes conventions entre la France et l'UMOA
(article 2) et entre la France et les États membres de la BEAC (article
9) ont également prévu que les monnaies de la zone sont
convertibles entre elles, à des parités fixes, sans limitation de
montants.
A.3-La libre transférabilité :
De même, les transferts sont, en principe, libres
à l'intérieur de la zone ainsi que le prévoient clairement
l'article 10 de la convention de coopération monétaire entre les
États membres de la BEAC et la République Française et un
peu moins explicitement les articles 2 et 6 de l'accord de coopération
entre la République Française et les Républiques membres
de l'Union Monétaire Ouest Africaine.
A.4-La centralisation des réserves de change
:
Elle apparaît à deux niveaux puisque les
États centralisent leurs réserves de change dans chacune des deux
banques centrales tandis qu'en contrepartie de la convertibilité
illimitée garantie par la France, les banques centrales africaines sont
tenues de déposer au moins 65 % de leurs réserves de change
auprès du Trésor français, sur le compte
d'opérations ouvert au nom de chacune d'elles. Depuis 1975 ces avoirs
bénéficient d'une garantie de change vis-à-vis du
DTS34. Cette centralisation est prévue par l'article 2 de la
convention de coopération monétaire entre les États
membres de la BEAC et la République Française et article 3 de
l'accord de coopération entre la République Française et
les Républiques membres de l'U.M.O.A35. Le dit article
renvoyant à la convention de compte d'opération36
entre la République Française et la BCEAO qui prévoit en
son article 1er qu' « il est ouvert, dans les écritures du
Trésor français, au nom de la Banque Centrale des Etats de
l'Afrique de l'Ouest - ci-après dénommée " Banque Centrale
", un compte courant dénommé "Compte
d'opérations"».
34 Le DTS est l'unité de compte du Fonds
monétaire international. Sa valeur résulte du calcul journalier
d'un panier de quatre monnaies (le dollar US, la livre, le yen et l'euro, ce
dernier remplaçant respectivement le franc français et le
deutsche mark depuis le 1er janvier 1999).
35:
http://www.finances.gouv.sn/umoa_acc.html
(février 2006).
36
http://www.finances.gouv.sn/convcope.html
(février 2006).
B. LES COMPTES D'OPERATION
La mise en oeuvre des principes définis
précédemment est rendue possible par l'application d'un
mécanisme particulier, les comptes d'opérations37,
dont les modalités de fonctionnement ont été
formalisées par des conventions conclues entre le ministre
français de l'Économie et des Finances et le représentant
de chacun des instituts d'émission de la Zone Franc38.
B.1-Leur fonctionnement :
Les comptes d'opérations sont des comptes à vue
ouverts auprès du Trésor français au nom de chacun des
deux instituts d'émission : la BCEAO, la BEAC. Ces comptes sont
rémunérés et offrent la possibilité d'un
découvert illimité. En pratique, les comptes sont
débités de toutes les sorties de devises vers le reste du monde
(principalement pour les importations et les transferts de capitaux à
l'étranger), ils sont crédités de toutes les
rentrées de devises (surtout les exportations, le tourisme, les capitaux
versés aux pays africains titulaires des comptes)39. Le
compte est uniquement établi en Euro40, de ce fait toutes les
devises doivent être converties au préalable dans cette monnaie
(suivant la cotation du jour sur le marché des changes de Paris). Il en
est de même des devises dont le pays a besoin pour ses paiements en
dehors de la zone.
B.2-Le dispositif de sauvegarde :
Si les banques centrales peuvent recourir sans limitation aux
avances du Trésor français, cette faculté doit, dans
l'esprit des accords, revêtir un caractère exceptionnel.
Pour éviter que les comptes d'opérations ne
deviennent durablement débiteurs, des mesures dont certaines de nature
préventive, ont été prévues :
- Ainsi, lorsque le rapport entre les avoirs
extérieurs nets et les engagements à vue de chacune des banques
centrales est demeuré au cours de trois mois consécutifs
inférieur à 20 %, le conseil d'administration de la banque
centrale concernée se réunit en vue d'adopter les
37 Pierre JAILLET et Emmanuel CARRERE, << La zone Franc,
une zone monétaire robuste, en voie d'intégration
économique >>, Revue d'Economie Financière N°75,
page 185. 38
http://www.finances.gouv.sn/convcope.html
pour le compte d'opération entre la République Française
et la BCEAO et
http://www.beac.int/index.html
pour le compte d'opération entre la République Française
et la BEAC
39 Sergio BORTOLANI, << Rôle de la Banque Centrale
en Afrique >> page 257.
40 A l'origine en Franc français, puis en Euro depuis le
1 er janvier 1999.
mesures appropriées (relèvement des taux
directeurs, réduction des montants de refinancement, etc.) ;
- La convention de compte d'opération signé le
04 Décembre 1973 entre l'Etat Français et l'UMOA
précise41 que lorsque les disponibilités en compte
d'opérations présentent une évolution qui laissera
prévoir leur insuffisance pour faire face aux règlements à
exécuter par son débit, la BCEAO aura différentes options.
Elle pourra alimenter le compte d'opérations par
prélèvement sur les disponibilités qu'elle aura pu se
constituer en devises étrangères autres que le franc (l'Euro
à présent). Elle pourra également, demander la cession
à son profit, contre francs CFA, des devises détenues par les
organismes publics ou privés des pays membres42. Enfin, elle
aura la faculté d'inviter les États-membres à exercer
leurs droits de tirage sur le Fonds monétaire international;
- Les statuts de la BEAC43 prévoient que
lorsque le compte d'opérations est débiteur durant trois mois
consécutifs, les montants de refinancement maximum sont réduits
de 20 % dans les pays dont la situation fait apparaître une position
débitrice en compte d'opérations et de 10 % dans les pays dont la
situation fait apparaître une position créditrice d'un montant
inférieur à 15 % de la circulation fiduciaire rapportée
à cette même situation ;
- Enfin, les statuts des banques centrales précisent
que leurs concours aux Trésors nationaux ne peuvent excéder 20 %
des recettes fiscales (BCEAO)44 ou budgétaires ordinaires
(BEAC)45 encaissées lors du dernier exercice
budgétaire.
B.3-Les critiques apportées au
mécanisme de compte d'opération :
Un grand nombre d'auteurs, économistes et juristes
africains trouvent de grands inconvénients au mécanisme de compte
d'opération. Ainsi, K. YASSANE considère46 que
<< le système du compte d'opération a pour principal
inconvénient d'entraîner une limitation très sensible de la
souveraineté des Etats africains en matière monétaire,
voir même dans le domaine de la politique économique
générale >>. Il justifie cette critique par le fait que la
France participe à la gestion et au contrôle des deux banques
centrales, en contrepartie de la garantie monétaire offerte aux
états Africains.
41 Article 5 de la convention de compte d'opération du 04
Décembre 1973.
42 Pratique dite du <<ratissage >>.
43 Article 11 des statuts de las BEAC.
44 Article 16 des statuts de las BCEAO.
45 Article 18 des statuts de las BEAC.
46 Kerfalla YASSANE, << Contrôle de l'activité
bancaire dans les pays de la zone Franc >>, page 43.
Pour N. AGBOHOU47, << les dirigeants
africains stockent ou immobilisent dans les caisses du trésor
français les immenses capitaux financiers indispensables au
développement socioéconomique de l'Afrique>>. Ainsi, leur
collaboration qu'il considère négative avec l'ancienne puissance
colonisatrice en ferait << de simple rentiers financiers >>. Pour
cet économiste ce mécanisme est l'expression même du
défaut d'indépendance des deux banques centrales.
Au-delà de ces critiques, le point qui pour nous est
important à éclaircir, est celui relatif à la
capacité des BC d'assumer, dans cet environnement, leurs principales
fonctions (l'émission monétaire, la conduite de la politique
monétaire et la gestion des réserves de change). En fait, un
examen approfondi du fonctionnement de ces Banques Centrales permet d'observer
que si la première fonction (institut d'émission) semble
pleinement assumée, les deux dernières fonctions relatives
respectivement à la conduite de la politique monétaire et
à la gestion des réserves de change, semblent leur avoir
complètement échappé.
Ainsi, la non observation scrupuleuse des
réglementations en vigueur, l'absence d'un contrôle rigoureux des
banques primaires par les Banques centrales et les politiques de crédit
laxistes ont engendré une distribution anarchique et inappropriée
du crédit intérieur dans 1 'ensemble des pays membres des BC. Il
s'ensuivit évidemment une cascade de faillites de banques dans
l'ensemble de la Zone Franc, devant finalement conduire à la brutale
dévaluation du Franc CFA en 1994 décidée
unilatéralement par la France, la Banque mondiale et le FMI et
imposée aux Etats membres de la BCEAO et de la BEAC. Preuve si besoin
est du fait que ces deux BC ne sont pas réellement maîtres de
leurs politiques monétaires.
Par ailleurs, concernant la gestion des réserves de
change (troisième fonction majeure), la position des Banques Centrales
de la Zone Franc (côté africain) qui les subordonne au
Trésor Public français et à la BCE, leur ôte toute
autonomie et capacité dans le management de leurs avoirs
extérieurs.
Il ne saurait, du reste, en être autrement au regard du
contenu des arrangements monétaires liant les pays africains de la Zone
Franc et la France. En effet, ces Banques Centrales africaines sont tenues
comme mentionné plus haut, de déposer 65% de leurs avoirs
extérieurs sur les comptes d'opérations ouverts auprès du
Trésor français. Cette disposition apparemment favorable aux pays
africains par rapport à la situation antérieure (avant la
réforme de 1972 pour la B.E.A.C et 1973 pour la B.C.E.A.O, ils devaient
déposer 100% de leurs avoirs extérieurs) et qui leur permet
désormais de détenir un maximum de 35 % de leurs avoirs
extérieurs en devises convertibles autres que l 'Euro, demeure à
l'analyse peu significative quant au fond.
En effet, d'une part, les accords spécifient que ces
avoirs ne peuvent être détenus que sous la
47 Nicolas AGBOHOU, << Le Franc CFA et l'Euro contre
l'Afrique >> page 69.
forme de dépôts en compte auprès de la
Banque des Règlements Internationaux (BRI) ou d'instituts
d'émission étrangers ou encore sous la forme de bons non
négociables, à deux ans ou plus d'échéance,
émis par certaines institutions financières internationales
« dont la vocation dépasse le cadre géographique de la zone
d'émission et auxquelles participent les Etats membres de la Banque
»48.
D'autre part, les 65% restants des avoirs extérieurs
qui doivent obligatoirement être déposés sur le compte
d'opérations auprès du Trésor français, continuent
de l'être (antérieurement en franc français mais en Euro
depuis l'institution de cette monnaie). Au final, si on fait le compte, cela
revient à dire que pratiquement 100% des avoirs extérieurs des
deux BC échappent à leur contrôle. Ce qui,
fondamentalement, pose le problème de la souveraineté
monétaire des BC africaines.
Cependant, il serait opportun de se demander si cet
état de fait n'est pas la conséquence logique du choix de
système monétaire. En d'autres termes, le système
monétaire dont dépendent la BCEAO et la BEAC ne conduit-il pas
à une absence de souveraineté monétaire ?
48 Disposition de l'article 1 1des statuts de la BEAC et de
l'article 2 de la convention de compte d'opérations de la BCEAO
C. NATURE JURIDIQUE DU SYSTEME MONETAIRE DONT
DEPENDENT LE BEAC ET LA BCEAO
Afin de déterminer le système monétaire
dont dépendent la BCEAO et la BEAC, nous procéderons par
élimination en commençant par celui qui semble avoir le moins de
similitudes avec la zone Franc.
C.1-Le système de change flottant
:
Selon S. HANKE49, dans ce système, les
autorités nationales déterminent leurs objectifs de politique
monétaire de manière autonome, et laissent le marché des
changes s'ajuster librement. Ils abandonnent toute gestion de la valeur externe
de leur monnaie. En conséquence, le rythme de croissance des
agrégats monétaires résulte de décisions politiques
purement nationales. La banque centrale peut faire ce qu'elle veut - par
exemple fixer le niveau des taux d'intérêt -, mais sa
liberté d'action reste contrainte par les répercussions
immédiates que ses choix internes ont sur la tenue de son taux de change
externe.
Il parait évident que le système dont
dépendent la BCEAO et la BEAC ne sont pas des systèmes de change
flott ant, eu égard aux analyses faites plus haut et aux dispositions
des différents accords passés entre la République
Française et les Républiques membres des différentes
unions monétaires africaines50.
C.2-Le système de change fixe :
Avec le système des parités fixes, c'est
l'inverse : les autorités se donnent pour objectif de maintenir une
certaine parité externe et gèrent leur politique monétaire
de manière à empêcher le taux de change du marché de
diverger. Dans ce cas, la politique monétaire est totalement asservie
à l'objectif de change. Il n'y a plus de politique monétaire
interne autonome. La croissance des agrégats est
déterminée de manière exogène par les mouvements de
la balance des paiements. Quand les réserves de devises du pays
augmentent, la base monétaire s'accroît, et l'inverse si les
réserves en devises se contractent. Dans le cas des deux banques
centrales, le taux de change des monnaies est fixé par rapport à
la monnaie de référence servant d'étalon
49Steve HANKE « La crise asiatique et le
système monétaire international » :
http://www.euro92.com/new/article.php3?id_article=641
(février 2006).
50 L'accord de coopération entre la République
Française et les Républiques membres de l'Union monétaire
ouest africaine du 4 décembre 1973 et la convention de
coopération monétaire entre les Etats membres de la BEAC et la
République française est signée le 23 novembre 1972
à Brazzaville.
d'ancrage51. Ainsi, en cas de baisse
prévisible du cours de la monnaie communautaire (le Franc CFA dans notre
cas), la BC intervient sur le marché de change pour acheter sa propre
monnaie avec les devises étrangères qu'elle a déjà
accumulées. Cette intervention des BC est telle que le cours du Franc
CFA préalablement défini demeure touj ours fixe. Dans le cas
contraire d'une hausse du cours du Franc CFA, la BC vend sa monnaie. Cette
vente est une augmentation de l'offre du Franc CFA dont la valeur est
orientée à la baisse pour atteindre le cours d'équilibre
fixé auparavant.
<< Dans la réalité, c'est la Banque de
France52 qui achète et vend quotidiennement les devises sur
le marché des changes pour le compte des Institutions monétaires
africaines>>.
Ainsi, l'analyse des institutions monétaires
africaines pourrait laisser croire qu'elles dépendent d'un
système de change fixe. Les hommes politiques africains et les plus
hautes autorités des BC semblent en être convaincus. Nous en
voulons pour preuve, la controverse ayant existée entre Monsieur Mamadou
Koulibaly, ministre ivoirien de l'Economie en 2000 (aujourd'hui
Président de l'assemblée nationale de la Côte d'Ivoire) et
le Gouverneur de la BCEAO, Monsieur Charles Konan Banny (aujourd'hui premier
ministre du même pays). Mamadou Koulibaly s'était en effet
prononcé pour un CFA "flottant" avec un taux de change flexible par
rapport au FF et à l'Euro et préconisait une révision des
accords liant la Côte d'Ivoire à la France. Ce qui n'était
pas l'avis du gouverneur de la BCEAO pour qui << Tout ce qui flotte n'est
pas certain et crée de l'incertitude >>, ajoutant que << la
monnaie a un prix qui doit être stable et ne pas fluctuer au gré
des humeurs des politiques >>.53
Cependant, la présence dans le système du
mécanisme dit de compte d'opération fait que nous pouvons dire
qu'il ne s'agit pas d'un système de change fixe pur, mais le rapproche
de celui dit des caisses d'émission.
C.3-Le système de caisse d'émission ou
« currency board »:
Pour les tenants du <<currency board>>,
l'avantage du système est de mettre la monnaie hors du contrôle de
l'Etat54. D'après << l'instigateur >> du
<<currency board>> Steve Hanke, il s'agit << d'une
institution qui émet des billets de banque et des pièces de
monnaie convertibles à taux
51 1 Euro = 6,55957 FF = 655,957 Franc CFA.
52 Rapport d'information numéro 2907 produit par
l'assemblée Nationale de France le 09 juillet 1992.
53 Interview de M. Charles Konan BANNY par l'Agence France
Presse 06/10/2000 :
http://www.bceao.int/internet/bcweb.nsf/pages/cpr046
.(juin2006)
54 <<currency board>> : théorie, Olivier
BERTRAND / Nicolas BOUZO, article publié dans la revue Labyrinthe
d'automne 1999, No.4.
fixe et à vue dans une monnaie de réserve
étrangère >>. La monnaie est uniquement créée
en contrepartie des réserves figurant à l'actif du
<<currency board>>. Celui-ci n'accepte pas de dépôts.
Ses réserves sont constituées d'obligations de haute
qualité et à rendement élevé, libellées dans
la monnaie de réserve. Ses profits proviennent de la différence
entre l'intérêt gagné sur les obligations qu'elle
détient, et le coût de circulation des billets et des
pièces. Le <<currency board>> n'a pas de pouvoir
monétaire discrétionnaire. Seules les forces du marché
déterminent l'évolution de l'offre de monnaie. Il s'agit d'une
véritable dénationalisation de la monnaie. En effet, la seule
politique monétaire consiste à échanger à taux fixe
ses billets et pièces contre la monnaie de réserve.
Le <<currency board>> s'articule autour de trois
principes55:
- La fixité du taux de change de la monnaie nationale
avec la monnaie d'ancrage choisi ; - La convertibilité intégrale
de la monnaie émise par l'institut d'émission ;
- La garantie de cette convertibilité intégrale
par une couverture au moins égale à 100% de la base
monétaire par les réserves officielles de change du
<<currency board>>.
La BC soumise aux règles du <<currency
board>> n'est plus en mesure de mener une politique monétaire et
n'est plus en me sure d'as surer les fonctions de prêteur en dernier
ressort.
Une analyse des principes ci-dessus semble
révéler un élément de différence entre ce
système et les principes régissant le fonctionnement des banques
centrales de la zone Franc. Il s'agit du troisième principe qui impose
une couverture au moins égale à 100% de la base monétaire
par les réserves officielles de change. En effet, comme le fait
remarquer S. HANKE, << pour l'émission des francs CFA il n'y a
jamais eu de règle imposant aux banques d'émission de la Zone
Franc une contrainte de réserve à 100 % en francs
français.>>56.
Cet avis qui semble assez pertinent donne à
réfléchir, lorsqu'on prend la peine d'analyser plus en
profondeur, le fonctionnement des mécanismes régissant la zone
Franc.
En effet, le seul point de différence entre un
<<currency board>> pur et le système monétaire dont
dépend la zone Franc serait l'obligation d'une couverture au moins
égale à 100% de la base monétaire par les réserves
officielles de change. Or comme nous l'avons relevé
précédemment, dans les faits, les accords liant les Etats membres
de la BCEAO et de la BEAC à la France leur imposent de déposer
65% de leurs avoirs extérieurs sur les comptes d'opérations
ouverts auprès du Trésor français et 35% sous la forme de
dépôts en compte auprès de la Banque des Règlements
Internationaux (BRI) ou d'instituts d'émission étrangers
55 Jérome BLANC / Jean François PONSOT, <<
Crédibilité et Currency Board : le cas Lituanien >>, Revue
d'Economie Financière N°75, Pages 113 à 127.
56Steve HANKE, << La crise asiatique et le
système monétaire international >>:
http://www.euro92.com/new/article.php3?id_article=641
(Février 2006).
ou encore sous la forme de bons non négociables. Ce qui
équivaut bien à 100% des réserves de change.
A ce stade de notre analyse, reprenons donc les principaux
éléments caractérisant le <<currency board>>
afin de les confronter à la réalité du fonctionnement des
deux BC objet de notre étude :
PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DU «CURRENCY
BOARD»
|
CONCORDANCE AVEC LA BCEAO ET LA BEAC
|
Fixité du taux de change de la monnaie nationale
avec la monnaie d'ancrage choisi
|
Oui, (article 2 de la convention entre la France et l'UMOA et
article 9 de la convention entre la France et les États membres de la
BEAC)
|
Convertibilité intégrale de la monnaie
émise par l'institut d'émission
|
Oui (article 1er de l'accord de coopération entre la
France et l'UMOA et article 2 de la convention de coopération
monétaire entre la France et les États membres de
la BEAC)
|
Garantie de cette convertibilité
intégrale par une couverture au moins égale à 100% de la
base monétaire par les réserves officielles de change
|
Non officiellement, mais oui dans les faits compte tenu : - de
la centralisation de 65% des réserves de change prévue par
l'article 2 de la convention de coopération monétaire entre les
États membres de la BEAC et la République Française et
article 3 de l'accord de
coopération entre la République Française
et les Républiques membres de l'UMOA
- de la détention des 35 % restant de leurs avoirs
extérieurs sous la forme de dépôts en compte auprès
de la BRI ou d'instituts d'émission étranger...
conformément à l'article 11 des statuts de la BEAC et à
l'article 2 de la convention de compte d'opérations de la BCEAO
|
Monnaie mise hors du contrôle de
l'Etat
|
Oui, ainsi que l'a démonté la dévaluation
de 1994 imposée aux Etats de l'UEMOA et de la CEMAC
|
Absence de pouvoir monétaire
discrétionnaire
|
Oui, ainsi que l'a démonté la dévaluation
de 1994 imposée aux Etats de l'UEMOA et de la CEMAC
|
Incapacité de la BC de mener une politique
monétaire
|
Elles ne le peuvent qu'avec l'accord de la France qui est
présente au conseil d'administration des deux BC
|
|
A l'analyse, ces six points semblent parfaitement
caractériser le système monétaire dont dépendent la
BCEAO et la BEAC qui pour nous dépendent en fait d'un système de
<<currency board>>, même si rien, ni dans les textes
officiels ni dans les déclarations des autorités des deux zones
monétaires ne l'affirme. Qui plus est, la principale et la plus
récurrente critique
faite aux responsables politiques des pays membres de ces
deux BC est l'absence de souveraineté monétaire et
d'indépendance vis-à-vis de la France. Chose qui serait normale,
si on considère être dans un système de <<currency
board>>.
La controverse est nourrie par l'attitude des dirigeants
africains qui se défendent d'une telle dépendance
vis-à-vis de la France et clament leur totale autonomie. Ils avancent
comme preuve de cette indépendance entre autres, la politique <<
d'Africanisation >> des cadres des deux BC menée depuis les
années soixante-dix et l'organisation institutionnelle de l'UEMOA et de
la CEMAC. En effet, conformément aux textes régissant le
fonctionnement des deux unions monétaires et comme nous l'avons
mentionné dans le premier chapitre de cette étude, il est du
ressort du conseil des ministres de définir la politique
monétaire et de crédit de l'Union.
Si ce dernier argument milite en faveur de la thèse de
l'indépendance des deux BC, il est cependant intéressant de
relever le contrôle que continue d'exercer la France sur les politiques
monétaires de la BCEAO et de la BEAC grâce à sa
présence au sein de leurs instances dirigeantes.
Nous en voulons pour preuve, la possibilité qu'a la
France de mettre un veto lors de la prise de certaines décisions
capitales par l'entremise des règles de majorité grâce
à sa présence aux conseils d'administration des deux
banques57. Ainsi par exemple, tant que le rapport entre le montant
moyen des avoirs extérieurs de la BCEAO et le montant moyen des
engagements à vue demeure égal ou inférieur à
20%58, les décisions supplémentaires du conseil
d'administration en matière d'escompte ou de réescompte d'effets
publics à dix ans au plus doivent être arrêtées
à l'unanimité59. De même au niveau de la BEAC,
le Gouverneur de la Banque est nommé par la Conférence des Chefs
d'Etat de la CEMAC, sur proposition du Conseil d'Administration statuant
à l'unanimité.60
Indépendantes ou pas, la meilleure façon de s'en
convaincre est de confronter la BCEAO et la BEAC aux critères
d'indépendance d'une BC.
57 Article 29 des statuts de la BEAC et 49 des statuts de la
BCEAO
58 Article 51 Alinéa 4 des statuts de la BCEAO
59 Article 52 Alinéas 3 et 8 des statuts de la BCEAO
60 Article 40 Alinéa 1 des statuts de la BEAC
CHAPITRE 3. A NOTION D'INDEPENDANCE APPLIQUEE A LA
BCEAO ET A LA BEAC ET AUX MECANISMES REGISSANT LEUR FONCTIONNEMENT
Nous distinguerons deux types d'indépendance :
l'indépendance politique et l'indépendance économique
A- L'INDEPENDANCE POLITIQUE (INSTITUTIONNELLE ET
ORGANIQUE)
Le concept d'indépendance politique peut être
défini comme la capacité d'une banque centrale à prendre
des décisions sans subir d'interférence de la part des
gouvernements.
Cette indépendance politique se mesure au moyen de deux
catégories de critères, les critères d'ordre
institutionnel et ceux d'ordre organique.
Dans la première catégorie d'évaluation on
trouve entre autres les éléments suivants : - Nature
privée ou publique du capital de la banque ;
- Droit d'instruction du gouvernement (pouvoir d'injonction,
d'annulation, de substitution,
existence d'un droit de veto des représentants du
gouvernement...) ;
- Obligation d'informer et de rendre compte
(Responsabilité devant le parlement, obligation
pour la banque de rapporter périodiquement au corps
législatif) ; - Contrôle judiciaire.
Dans la seconde catégorie d'évaluation on trouve
les éléments suivants :
- Modalité de désignation du gouverneur, des
sous-gouverneurs et des membres du conseil ; - Caractère
collégial des décisions du conseil ;
- Durée de leurs mandats ;
- Possibilité de les démettre sommairement ou de
les reconduire dans leurs fonctions ; - Possibilités pour les
intéressés de cumuler plusieurs fonctions ;
- Présence de représentants du gouvernement au
sein du conseil.
Ces indicateurs permettent d'affirmer qu'une banque centrale est
d'autant plus indépendante du pouvoir politique que le degré
d'ingérence gouvernementale est faible.
Afin de mieux apprécier le degré
d'indépendance politique des deux Banques Centrales, nous allons dans le
tableau ci-après les comparer à une Banque Centrale
indépendante. Pour les besoins de cette étude, nous avons choisi
la Banque Centrale Européenne.
Banques Centrales Critères
D'indépendance
politique
|
BCEAO
|
BEAC
|
Banque Centrale Européenne
|
Nature privée ou publique du capital de la
banque
|
Publique
|
Publique
|
Détenus par les banques centrales nationales des pays
de l'UE
|
Droit d'instruction du gouvernement
|
Oui
(titre III des statuts)
|
Oui
(articles 26 et suivants)
|
Non (article 7 du protocole sur les statuts du système
européen de banques centrales et de la banque centrale européenne
et 108 TCE)
|
Obligation d'informer et de rendre compte
|
Publication mensuelle de la situation de ses comptes au J.O
des Etats membres (article 69 des statuts)
|
Publication mensuelle de la
situation de ses comptes (article 58 des statuts)
|
Oui (article 15 du protocole susmentionné)
|
Contrôle judiciaire
|
Non
|
Non
|
Oui (article 35 du protocole susmentionné)
|
Modalité de désignation du
président ou du gouverneur
|
Par le conseil des Ministres (article 41 des statuts)
|
« sur proposition du Conseil d'Administration... sur
présentation du gouvernement gabonais » (article 40
des statuts)
|
Par les gouvernements des États membres... (article
112, paragraphe 2, point b), du traité CE)
|
Modalité de désignation des
vices présidents ou sous-gouverneurs
|
Par le conseil d'administration (article 42 des statuts)
|
... sur présentation du Gouvernement congolais
(article 41 des statuts)
|
Par les gouvernements des États membres... (article
112, paragraphe 2, point b), du traité CE)
|
Modalité de désignation des membres du
conseil
|
Par les gouvernements des Etats membres
|
Par les gouvernements des Etats membres
|
Par les gouvernements des États membres... (article
112, paragraphe 2, point b), du traité CE)
|
Durée de leurs mandats
|
Non déterminé
|
3 ans
|
8ans
|
Mandat renouvelable
|
Non déterminé
|
oui
|
non
|
Caractère collégial des décisions
du conseil
|
oui
|
oui
|
oui
|
Possibiité de les démettre sommairement
ou de les reconduire dans leurs fonctions
|
Non précisé
|
oui
(article 40 des statuts)
|
non
|
Présence de représentants
du gouvernement au sein du conseil.
|
oui
|
oui
|
non
|
|
Cette étude comparative nous permet d'affirmer sans
grand risque de nous tromper qu'en ce qui concerne la BCEAO et la BEAC,
l'indépendance politique n'a pas été l'un des objectifs
des instances qui ont procédé à leur constitution.
Nous en voulons pour preuve (entre autres):
- L'omniprésence du pouvoir exécutif des Etats
membres à tous les niveaux de décision ; - L'absence d'obligation
d'informer et de rendre compte ;
- L'absence de tout contrôle judicaire.
B. L'INDEPENDANCE ECONOMIQUE (FONCTIONNELLE ET
FINANCIERE)
Elle se définit comme la capacité de la Banque
à utiliser tous les instruments de politique monétaire à
sa disposition sans se voir soumise par le gouvernement à des
instructions61.
Les indicateurs d'indépendance économique sont les
suivants :
- la présence ou absence d'une mission
prépondérante comme la garantie de la stabilité des
prix ;
- la capacité de la banque à contrôler les
fluctuations des taux d'intérêt, la parité des taux de
change et la politique monétaire en général
;
- l'obligation ou interdiction faite à la banque de
prêter au gouvernement ; - intervention ou influence de la banque dans le
processus budgétaire ; - le rôle de la banque dans la
régulation du secteur bancaire commercial.
Il en résulte qu'une Banque centrale est d'autant plus
indépendante économiquement du gouvernement qu'elle dispose d'un
large éventail d'instruments monétaires et qu'elle peut en faire
usage sans restrictions.
Ainsi, à l'analyse du tableau comparatif ci-dessous
mettant en évidence le degré d'indépendance
économique de la BCEAO et de la BEAC par rapport à la BCE, il
apparaît clairement que les instances dirigeantes africaines
contrairement au pays de l'union européenne n'ont pas voulu
s'embarrasser de la notion d'indépendance ou du moins que le
système monétaire dont dépendent les deux BC ne leur
permet pas de l'être. Ce qui explique par exemple la possibilité
faite aux banques d'accorder aux Trésors publics des Etats membres, des
découverts en compte courant62.
Par ailleurs, bien que les plus hautes autorités
africaines se défendent d'une dépendance de leurs BC
vis-à-vis de l'Europe, force est de constater que l'environnement
juridique et monétaire des BC ne permet pas d'aller dans leur sens. Il
s'agit notamment :
61 Cf. Alberto ALESINA / Lawrence H. SUMMERS, « Central
Bank Independence and Macroeconomic Performance : «Some Comparative
Evidence », page 153.
62 Article 14 des statuts de la BCEAO et Article 17 des statuts
de la BEAC.
- Des accords de coopération avec la France,
- De l'ancrage à l'Euro,
- De l'existence des comptes d'opération et du
système monétaire en dépendant qui augure de l'existence
d'un système de <<currency board>>.
Banques Centrales Critères
D'indépendance
économique
|
BCEAO
|
BEAC
|
Banque Centrale Européenne
|
Droit d'instruction du gouverne ment
|
Oui
(titre III des statuts)
|
Oui
(articles 26 et suivants des statuts)
|
Non (article 7 du protocole sur les statuts du système
européen de banques centrales et de la banque centrale européenne
et 108 Traité CE)
|
Possibilité d'octroyer des crédits à
l'Etat
|
Oui (Article 14 des statuts)
|
Oui (Article 17 des statuts)
|
Non (article 101 du traité CE)
|
Autonomie de la politique monétaire (si elles ne
sont soumises à aucune contrainte : contraintes réglementaires
internes, contraintes liées à des accords
internationaux...)
|
Non, car liée par différents accords à la
France. Environnement de <<currency board>> avec comme monnaie
d'ancrage, l'Euro
|
Non, car liée par différents
accords à la France. Environnement de <<currency
board>> avec comme monnaie d'ancrage, l'Euro
|
Oui (article 12 et chapitre IV du protocole
susmentionné)
|
Autonomie de la politique de change (si elles ne sont
soumises à aucune contrainte : contraintes réglementaires
internes,
contraintes liées à des
accords internationaux...)
|
Non, existence d'un comp te d'opérations auprès
du Trésor français (article 3 de l'accord de coopération
entre la
République Française et les
Républiques membres de l'U.M.O.A)
|
Non, existence d'un compte d'opérations auprès
du Trésor français (article 2 de la
convention de coopération
monétaire entre les États membres de la BEAC et
la République Française)
|
Oui (article 23 du protocole susmentionné)
|
Pour notre part, nous pensons que le véritable enjeu n'est
pas celui de l'indépendance de ces deux BC.
La question qui nous semble digne d'intérêt et
que les dirigeants africains devraient se poser est celle de savoir si ce
système monétaire convient à leurs économies
respectives. Dans l'affirmative, il faudrait rechercher les moyens de
l'améliorer afin de permettre à la BCEAO et à la BEAC
d'atteindre les objectifs qui sont ceux de toute BC moderne, à savoir
maintenir la stabilité des prix et apporter efficacement leur soutien
aux politiques économiques générales des unions dont elles
dépendent, en vue de contribuer à la réalisation des
objectifs desdites unions.
Dans cette optique, il semble également important que
les autorités de l'UEMOA et la CEMAC prennent pleinement conscience et
comprennent toutes les implications découlant de l'arrimage de leur
monnaie à une monnaie étrangère et en tirent toutes les
conclusions.
CONCLUSION
Les Unions monétaires en Afrique qui existent entre les
pays de la zone Franc sont représentées par les deux banques
centrales dont nous venons d'étudier le régime juridique,
à savoir la BCEAO et la BCEAC. Dans les deux zones, l'intégration
monétaire prend la forme d'une monnaie unique (le Franc CFA) et une
convertibilité totale c'est-à-dire l'absence des contrôles
de change, soit sur la monnaie, soit sur les transactions de capitaux.
Dans d'autres régions d'Afrique, la coopération
monétaire a été réalisée grâce
à des accords de compensation et de paiements bilatéraux ou
multilatéraux pour parvenir à une convertibilité
limitée de la monnaie.
Au niveau des Communautés économiques
régionales, telles que la Communauté économique des Etats
de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et le Marché commun de l'Afrique
orientale et australe (COMESA), la coopération monétaire est
programmée pour aboutir à des zones monétaires uniques
bien que les progrès aient été jusqu'ici lents. Au niveau
continental, l'Article 44 du Traité instituant la Communauté
économique africaine (AEC) et l'Article 19 de l'Acte constitutif de
l'Union africaine ont respectivement demandé la création de
l'Union monétaire africaine par l'harmonisation des zones
monétaires régionales et la création de la Banque centrale
africaine.
Avec l'avènement de la monnaie unique en Europe, les
vertus de l'intégration économique et monétaire semblent
plus que jamais admises : accroissement des investissements, meilleure
répartition des ressources, augmentation de l'épargne
intérieure et une intermédiation financière
renforcée ainsi qu'une croissance des échanges internationaux.
Sur le plan strictement financier, elle permet une plus grande
stabilité de la monnaie, des réserves en devises importantes et
une plus grande liberté de choix entre les biens, services et
créances extérieures et intérieures.
Tirant les leçons de cette expérience
européenne et pour mieux faire face aux enjeux et défis de la
mondialisation, les chefs d'Etats et de gouvernements de la CEDEAO,
réunis en décembre 1999 lors 22ème sommet de
l'organisation à Lomé, au Togo, ont réaffirmé leur
volonté politique de renforcer l'intégration économique
à travers la mise en place d'une union économique et
monétaire au sein de la CEDEAO. C'est dans ce cadre qu'ils ont mis en
place une nouvelle approche consistant à créer dans un premier
temps une «seconde zone
monétaire» pour les Etats non membres de la zone
CFA puis dans un second temps fusionner cette zone avec la zone CFA.
Le principe de la création de cette zone a pour
objectif à terme la mise en place de la zone monétaire unique de
la CEDEAO, ce qui devrait permettre aux pays non membres de l'UEMOA,
essentiellement anglophones, exception faite de la Guinée, de
créer ensemble une deuxième zone monétaire qui devrait
fusionner avec la zone CFA.
Pour atteindre ce but, des critères de convergence ont
été définis, dont les objectifs sont de réduire au
maximum les différences entre certaines variables
macro-économiques, plus précisément les taux d'inflations
et les déficits budgétaires, et de renforcer les performances des
Etats en matière de politiques économiques et financières,
notamment, en terme de croissance économique.
Sur le plan institutionnel, les Etats membres de la seconde
zone monétaire qui utilisent différentes monnaies, à
savoir : le Cédi au Ghana, le Dalasi en Gambie, le Dollar au
Libéria, le Leone en Sierra Leone, le Franc guinéen en
Guinée (Conakry), et le Naira au Nigeria, ont créé
l'Institut monétaire de l'Afrique de l'Ouest (IMAO) dont les membres
sont les Banques centrales des Etats membres (Banques centrales nationales).
L'IMAO doit assurer en collaboration avec le comité
technique, la gestion des phases de mise en oeuvre de la ZMAO jusqu'à la
réalisation des conditions nécessaires au passage à la
phase de lancement de la Banque Centrale de l'Afrique de l'Ouest (BCAO).
La mise en place d'une monnaie unique en Afrique de l'ouest
est censée faciliter la libre circulation des capitaux et une plus
grande intégration des économies de la région en un
marché unique de près 250 millions d'habitants. Nombre de pays de
cette sous région étant des petits pays en terme de population et
de PIB, l'union monétaire est perçue comme un moyen de
réaliser l'intégration économique des pays de la CEDEAO et
de promouvoir la coopération et le développement dans tous les
domaines.
Si la création d'une monnaie unique et la mise en place
d'une zone monétaire commune sont aujourd'hui largement
souhaitées en Afrique de l'Ouest en raison des avantages attendus, il
convient cependant de souligner que la mise en place au sein de la CEDEAO d'une
future monnaie unique ne va pas sans soulever la problématique de la
continuité des accords de coopérations monétaires avec la
France.
En effet, le fonctionnement de la zone CFA à travers le
compte d'opération du Trésor français sera d'autant plus
difficile à garantir par la France que la future zone monétaire
de la
CEDEAO intégrera des pays comme le Nigeria, géant
économique de la sous région tant par sa population que par son
poids économique.
Par ailleurs il faut préciser que toute extension de la
Zone CFA devra être avalisée par les autres pays européens
et la Banque centrale européenne.
En outre, la perspective de la création d'une monnaie
unique indépendante soulève pour les pays membres de la CEDEAO la
question de savoir à quelle monnaie forte et stable s'arrimera la future
politique monétaire des pays africains de la CEDEAO. Mais la
réponse à cette question dépend d'un préalable.
Dans l'optique de la création d'une zone monétaire unique en
Afrique de l'ouest, il faudra d'abord savoir pour quel type de régime
monétaire opteront les pays de cette future zone économique, vu
que le régime de parité fixe est actuellement très
critiqué.
Cette croissante aversion des intellectuels africains pour ce
type de régime monétaire découle entre autres du fait que
depuis les attentats du 11 Septembre 2001, les autorités
américaines pratiquent délibérément une politique
du dollar faible. Ce qui, pour l'heure, conduit à un enrichissement du
Franc CFA, de par sa parité fixe à l'Euro. Cette situation,
accentue la perte de compétitivité des pays africains de la zone
Franc dans le commerce mondial. En effet, la parité fixe du Franc CFA,
à un moment où l'Euro est fortement apprécié sur
les marchés, nuit aux revenus des exportations de la zone Franc,
notamment pour les pays non producteurs de pétrole. Leur
compétitivité en prend un sacré coup. Ce qui fait dire
à certains observateurs qu'en pratiquant une politique de taux flottant,
ces pays vendraient probablement plus de produits qu'ils ne le font
maintenant.
Il sera donc primordial que les pays africains fassent un
choix intelligent du système monétaire dont découlera
toute leur politique monétaire qui comme on le sait est une arme qui
leur permettra de réguler la vie économique et sociale de leurs
pays (pour preuve, les autorités américaines s'en servent
aujourd'hui pour régler leur déficit commercial ; de même,
la Chine est très critiquée pour la manière astucieuse
qu'elle a de mettre sa monnaie au service de son économie).
Mais, le tout est de trouver la bonne solution ; non pas pour
faire plaisir à la France et à l'Europe ou par simple
réflexe nationaliste, mais la solution qui donnerait une
véritable impulsion aux économies des pays d'Afrique de
l'ouest.
Nous pensons que plusieurs cas de figures sont envisageables
avec deux tendances principales.
Dans une première approche, on pourrait
considérer que la souveraineté monétaire n'est pas une
urgence et que les solutions d'arrimage de la future monnaie unique
régionale à une monnaie forte sont à privilégier.
Dans cette optique, il faudrait, en vue de prendre en compte l'ensemble des
pays de l'Afrique de l'ouest et notamment ceux de l'ECOWAS :
- renégocier tous les accords qui sont la base
juridique de la zone Franc afin de mettre en place un véritable
système de «currency board» dans lequel la France
abandonnerait toutes ses prérogatives (à la BCE, si l'Euro est la
monnaie d'ancrage choisie par les Etats de cette future union
monétaire).
- dans le cadre d'une politique à taux fixe une
réévaluation de la monnaie serait fort probable compte tenu des
efforts d'harmonisation et de convergence qu'il faudra engager ; la
réévaluation de la monnaie reste la seule possibilité
d'adapter son taux de change à un contexte difficile pour la croissance
économique. Les arguments utilisés pour la dévaluation de
1994 sont tout aussi vrais aujourd'hui, sur un plan purement
économique.
Dans une seconde approche, on opterait pour une totale
indépendance monétaire ce qui signifierait la fin de tous les
accords signés avec la France et dans cette hypothèse, il
faudrait songer à mettre en place une Politique de taux flexible.
L'avantage de cette solution est que la valeur de monnaie dépend
exclusivement des performances et donc de la vigueur des économies des
pays qui y sont soumis. De plus, le fait d'avoir une monnaie à taux
flexible contraint les pays membres à une discipline économique
qui ne pourrait qu'être bénéfique. L'exemple de la zone
Euro est encore suffisamment parlant. Cela donnerait plus de force aux banques
centrales qui se concentreraient plus sur la politique monétaire et
laisseraient le terrain du développement aux structures
spécialisées.
Notons que dans cette hypothèse également (et
même encore plus que dans la première) il sera nécessaire
de passer par une période transitoire et d'harmonisation des zones
monétaires régionales.
En tout état de cause, l'exemple de l'UE nous prouve
bien que le processus menant à cette intégration monétaire
risque d'être long et laborieux car elle suppose des efforts
titanesques
tant sur le plan de l'harmonisation que de la
décentralisation des prérogatives des autorités nationales
vers des autorités sous-régionales voir continentales.
L'arrimage du Franc CFA à la monnaie européenne,
suite à la disparition du Franc français doit être
considéré comme une période de transition. La monnaie dans
laquelle les principales transactions africaines (vente de matières
premières) sont payées est le dollar américain. L'Euro
s'apprécie par rapport au dollar ce qui a pour conséquence
automatique une appréciation du Franc CFA en fonction de l'Euro. Cette
situation où la quasi-totalité des échanges se fait avec
l'Union européenne aux dépens du commerce intra régional
ne peut s'inverser que si le Franc CFA se fond dans une nouvelle monnaie de
l'Afrique de l'Ouest. Encore faut-il que les critères de convergence
soient effectivement respectés, créant une situation de
stabilité, propice à une mutation monétaire.
Mais en fin de compte, on en revient touj ours à la
problématique de savoir si en restant dans la zone euro, le Franc CFA
permet la croissance économique des pays africains ou constitue un
mécanisme d'appauvrissement desdits pays.
BIBLIOGRAPHIE
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http://www.beac.int/index.html
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http://www.izf.net/izf/Institutions/Institutions/Zone/Historique.htm
(février 2006).
Loi fédérale du 3 octobre 2003 sur la Banque
nationale suisse (Loi sur la Banque nationale, LBN) :
http://www.admin.ch/ch/f/rs/951_11/index.html
(avril 2006).
Note d'information N° 127 de la Banque de France :
http://www.banquefrance.fr/fr/publications/catalogue/ni_127.htm
(février 2006).
Organes de la CEMAC :
http://www.izf.net/izf/FicheIdentite/CEMAC.htm
(avril 2006).
Présentation de la BOAD :
http://www.boad.org/content/presentation/pres_mission.htm
(Juin 2006)
Protocole sur les statuts du système européen de
banques centrales et de la banque centrale européenne :
http://www.euro.ecb.int/fr/news/presskit.GeneralPar.0005
.filelinkFile.download/ fr_rr_02_03 .pdf (Juin 2006)
Rapport d'information numéro 2907 produit par
l'assemblée Nationale de France le 09 juillet 1992.
Statuts de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
:
http://www.bceao.int/internet/bcweb.nsf/pages/bcs
(avril 2006)
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http://www.beac.int/index.html
(avril 2006).
Traité de l'UEMOA :
http://www.izf.net/IZF/Institutions/Integration/AfriqueOuest/TexteBase/Traite_UEMOA.htm
(Juin 2006).
Annexes
Annexe 1 : Organigramme de la BCEAO
55
Annexe 2 : Organigramme de la BEAC
Annexe 3 : Carte des Etats membres
Etats membres de la BCEAO
Etats membres de la BEAC
Annexe 4 : Pays de la zone Franc
58
Appendices
Appendice 1 : Quelques signes monétaires de la
BCAO
Appendice 2 : Quelques signes monétaires de la
BEAC
|