2.6. Caractéristiques de l'intervention
L'intervention consistait à prescrire la
rééducation globale à tous les patients
hémiplégiques. Ainsi, la forme, la structure, la méthode
et la durée de la rééducation globale ont
été respectivement précisées avant la prise en
charge physique de l'hémiplégie.
2.6.1. Techniques de rééducation (13)
La forme globale de rééducation (le traitement
physique) a été choisie pour la prise en charge de
l'hémiplégie.
Elle comprend :
- la neurothérapie ;
- la thérapie fonctionnelle (ergothérapie,
psychomotricité, activités physiques adaptées) ;
- les exercices à domicile ;
2.6.1.1. La neurothérapie ou technique de
rééducation proprioceptive
2.6.1.1.1. Définition
La neurothérapie est l'ensemble de moyens aident
à acquérir un travail neuromusculaire, c'est-à-dire un
mouvement fonctionnel adapté aux circonstances grâce à la
stimulation des propriocepteurs (reprogrammation sensorimotrice) et
comprenait :
- la technique de Bobath ;
- la technique de Kabat ;
- et les étirements.
Bobath
La méthode de Bobath comprenait deux séries
d'exercices, l'une en chaîne cinétique ouverte et l'autre en
chaîne cinétique fermée (Figures 1 et 2).
Figure 1. Exercice de proprioception sur
ballon de Bobath (recherche de réflexe de
protection).
Figure 2. L'extension de la tête
entraîne celle des coudes par réflexes.
La chaîne cinétique ouverte se travaille du
proximale vers le distal. Les contractions demandées sont d'abord
statiques puis excentriques puis concentriques dans la course moyenne puis
concentrique dans toute la course.
La chaîne cinétique fermée progresse du
décubitus à la position debout.
Les facteurs d'inhibition de la spasticité (14)
L'hypertonie diminue lors :
- du maintien de l'étirement du muscle
hypertonique ;
- de la contraction volontaire du muscle spastique en position
d'étirement, ce qui entraîne un renforcement de l'inhibition par
rapport à son état tonique antérieur (rebond de
l'inhibition).
- De la mise en tension de toute la chaîne musculaire
spastique d'un membre et de la mise en position courte des muscles
déficitaires (construction des postures inhibitrices) ;
- Du maintien de points clés inhibiteurs au membre
supérieur par la mise en abduction du pouce et étirement des
fléchisseurs des doigts ;
- Le positionnement de la main dans le dos favorise son
ouverture,
- le membre inférieur, par la mise en dorsiflexion de
la cheville, l'extension des orteils et l'abduction du premier orteil,
- du refroidissement prolongé : les bains froids
locaux, la pose de vessies de glace entraînent une inhibition notable de
l'hypertonie dont l'effet n'est que transitoire.
Le patient commence toujours un mouvement par el recrutement
de la syncinésie qui lui demande le moins d'effort. Ceci même s'il
possède ses synergies primitives.
Pour éviter cela, on lui demande de contracter le
côté sain.
KABAT
La méthode de Kabat ou rééducation
globalisante consistait à renforcer ou susciter l'acte moteur volontaire
du patient par un déclenchement simultané et synchronisé
(sommation) du plus possible de stimuli facilitant la réponse du
système neuromusculaire (15) (Figures 3, 4 et 5).
Figure 3. Exercice de Kabath pour Membre
Supérieur Flexion adduction-rotation externe ( départ coude tendu
).
Figure 4. Membre supérieur (Kabath)
Flexion adduction-rotation externe (avec flexion coude arrivée).
Figure 5. Membre Inférieur Flexion
adduction-rotation externe (avec flexion du genou).
Les principes de base sont :
- le mouvement se fait autour d'une articulation
pivot ;
- le mouvement se fait en diagonale avec une composante de
rotation ;
- la position de départ et la position d'arrivée
sont strictement contraires ;
- le mouvement se fait dans l'amplitude articulaire active
maximale permise ;
- utilisation des muscles forts pour stimuler les muscles
faibles ;
- la résistance exercée par le thérapeute
doit être plus faible au départ et à l'arrivée du
mouvement ;
- les prises des mains sont précises : pas de
prise circulaire ;
- la stimulation exercée par les mains du
thérapeute indique la direction du mouvement ;
- le thérapeute utilise des stimulations manuelles au
départ du mouvement ;
- la stimulation en traction pour stimuler les muscles
fléchisseurs ;
- la stimulation en traction pour stimuler les muscles
extenseurs ;
- le thérapeute utilise des stimulations verbales au
départ du mouvement :
§ « pousser ! » quand il y
a une composante d'adduction dans le mouvement ;
§ « tirer ! » quand il y a une
composante d'adduction dans le mouvement ;
§ « tenez ! » quand le
thérapeute veut effectuer un travail en statique.
La figure 6 indique les positions de départ et
d'arrivée pour les diagonales des membres supérieurs.
La figure 7 indique les positions de départ et
d'arrivée pour les diagonales de membres inférieurs.
FLEXION DE L'EPAULE
C
A
POIGNET
Extension
Flexion
.....Inclinaison radiale
.....Inclinaison cubitale
AV. BRAS
.............. Supination
..............................Supination
COUDE
...................Extension
.............Extension
EPAULE
.....Flexion................Rotation...............Flexion rotation
externe....
OMOPLATE
Abduction
........................Abduction
EPAULE
OMOPLATE
Abduction
.................................Abduction
EPAULE
Extension rotation interne
................Extension rotation interne
COUDE
.................Extension.........................Extension
AV. BRAS
............ Pronation
.....................................Pronation
POIGNET
Extension
Flexion
......Inclinaison
radiale......................................Inclinaison cubitale
B
D
EXTENSION DE L'EPAULE
Figure 6. Diagonale du membre
supérieur : résumé des positions de départ et
d'arrivée.
C'
A'
CHEVILLE
Pied en éversion
Pied en éversion
..............
...................................................
Flexion dorsale
Flexion dorsale
GENOU
Extension
Extension
.............................................................
ou
Flexion ou Flexion
HANCHE
Flexion
Flexion
.......................................................................
Rotation interne
Rotation externe...
HANCHE
HANCHE
Extension
Extension
CHEVILLE
..............
...................................................
Rotation interne
Rotation interne
GENOU
Extension Extension
.............................................................
ou Flexion
ou Flexion
CHEVILLE
Pied en
éversion Pied en éversion
.......................................................................
D'
B'
Flexion plantaire
Flexion plantaire
EXTENSION DE HANCHE
Figure 7. Diagonale du membre
inférieur : résumé des positions de départ et
d'arrivée.
Etirement
Au début de l'exercice, le thérapeute
réalise un étirement passif du muscle ou du groupe musculaire car
un muscle préalablement étiré se contracte mieux ; et
afin à la fin de l'exercice pour retrouver l'élasticité du
muscle. On étire les groupes des fléchisseurs au niveau des
membres supérieurs et inférieures ainsi que les adducteurs
uniquement au membre inférieur (Figure 8).
Figure 8. Etirement de la région
postérieure du Membre Inférieur
2.6.1.2. La thérapie
fonctionnelle
La thérapie fonctionnelle est celle qui regroupe toutes
les activités de la vie quotidienne dont le traitement dépend de
chaque phase de l'hémiplégie selon le but recherché
(34).
2.6.1.2.1. Phase flasque
Le but de cette phase est :
- de conserver la mobilité articulaire et
améliorer la circulation sanguine ;
- de retarder l'apparition de la spasticité ;
- de conserver un bon schéma corporel ;
- d'améliorer la sensibilité ;
- de favoriser le retour du mouvement volontaire ;
- de fournir un travail des automatismes posturaux et du tonus
postural ;
- l'apprentissage de l'autonomie ;
- de lutter contre la douleur.
Les directives du traitement comprennent :
- la mobilisation passive ;
- le positionnement au lit, en fauteuil roulant ;
- les exercices de maintien général
(retournement).
2.6.1.2.2. Phase de récupération
Le but de cette phase est :
- de favoriser le retour de la sensibilité et lutter
contre la douleur ;
- de lutter contre le schéma spastique ;
- d'acquérir le contrôle des mouvements ;
- de retrouver les automatismes posturaux et le tonus
postural ;
- d'augmenter l'automatisme du patient.
Les directives du traitement comprennent :
- les dissociations des ceintures ;
- les exercices d'appui ;
- la rééducation de la main
hémiplégique ;
- l'exercice d'équilibre ;
- le transfère du lit à la chaise
roulante ;
- la rééducation de la marche.
La figure 9 énonce la rééducation du
membre supérieur.
Figure 9. Exercice de préhension
(dextérité des doigts) au tableau
Ergométrique.
2.6.1.2.2. Phase de séquelle
Le but de cette phase est :
- de maintenir l'autonomie du patient ;
- de respecter la fatigue et les possibilités du
patient ;
- de conseiller et aider le patient sur l'utilisation des
aides techniques ou aide de marche.
Les directives du traitement comprennent les aides
techniques et les aides de marche :
- techniques de facilitation neuromusculaires ;
- techniques neuropsychologiques (psychomotricité et
activités physiques adaptées) ;
- aides techniques.
2.6.1.3. Exercice à domicile
Sont des exercices de suivi à domicile ou
activités de la vie de relation facile à réaliser en cours
de traitement ou à la fin du traitement.
Le but est d'assurer l'entretien.
En cours de traitement, les exercices, postures visent
à prévenir ou à éviter certaines
déformations et attitudes vicieuses qui plus tard peuvent
entraîner des graves conséquences et des contraintes à
l'évolution du malade.
Le patient doit avoir une bonne position au lit ; en
décubitus dorsal, mettre un coussin sous la nuque, doit fléchir
et étendre les membres supérieur et inférieur. Tandis
qu'à la fin du traitement, c'est pour entretenir les acquis de la
rééducation.
Il est important que la famille s'implique dans le traitement
des hémiplégiques ; d'où l'importance de la
sensibilisation de la famille et de malades eux (mêmes à la
connaissance de la pathologie.
Ainsi, les parents assisteront mieux et les malades donneront
une collaboration. Au Centre de Rééducation pour
Handicapés Physiques, nous organisons une fois par an une journée
de sensibilisation les concernant suivant les différents thèmes
ayant trait à la maladie.
A la fin du traitement, le malade doit être capable de
pouvoir :
- se laver seul ;
- faire la lessive ;
- faire la vaisselle ;
- piler les ingrédients ;
- se peigner ;
- se brosser ;
- trier du riz, haricot ;
- ouvrir et fermer une porte ;
- ouvrir et fermer un robinet ;
- allumer et éteindre un interrupteur ;
- s'habiller ;
- fermer et ouvrir la tirette ;
- fermer et ouvrir le bouton ;
- nouer le lacet.
Dans la mesure où cela est possible.
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