UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DE MEDECINE
DEPARTEMENT DE MEDECINE PHYSIQUE ET
READAPTATION
Réduction du risque cardiovasculaire par la
médecine physique
en milieu de travail à la
Société Nationale d'Electricité
Par Louise KIKONTWE
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
titre de Licenciée en
Médecine Physique et Réadaptation
Directeur : Prof. Dr. LONGO-MBENZA
Benjamin
Année 2006
EPIGRAPHE
« UNE BONNE SANTE EST LA BASE SUR LAQUELLE
S'EDIFIE LE PROGRES SOCIAL. UNE NATION DONT LA CONDITION PHYSIQUE EST SAINE
POURRA REALISER DES OBJECTIFS QUI DONNENT A LA VIE TOUT SON SENS ; LA
POSSIBILITE DE VIVRE HEUREUX S'ACCROIT AVEC LE DEGRE DE SANTE. »
Marc LALONDE
Ministre honoraire canadien de la santé
DEDICACE
A Jésus-Christ, sans qui je ne puis rien,
A Cyrille, mon chou, exceptionnel époux,
A nos enfants, précieux et merveilleux Dons de
Dieu : Thyssia, Venitia, Yann et Isaac.
Durant ces cinq longues années, je n'ai pas pu vous
donner tout l'amour et toute l'attention que je vous devais et que vous
méritiez. Mais en retour, vous m'avez donné bien plus que je
n'aurai espéré.
Pour exprimer mon amour et ma reconnaissance,
Je vous dédie ce travail.
REMERCIEMENTS
Au terme de notre licence en Médecine Physique et
Réadaptation, nous nous faisons l'agréable devoir de
présenter nos vifs remerciements à tous les membres du corps
académique, scientifique et administratif du département de
Médecine Physique et Réadaptation de la Faculté de
Médecine de l'Université de Kinshasa.
Nos remerciements vont aussi et de manière
particulière au Professeur Dr LONGO MBENZA Benjamin, le promoteur de ce
mémoire qui, malgré ses multiples occupations, a bien voulu nous
diriger et nous guider. Nous lui sommes reconnaissante d'avoir suscité
en nous la passion de la recherche scientifique.
Que le Professeur NKIAMA EKISAWA qui nous a assisté
dans la rédaction de ce travail, en soit également
remercié ;
Que le Docteur MUSEPU soit mêmement remercié pour
son aide combien précieuse.
Ce travail n'aurait pas pu être rédigé
sans le concours et l'aide tant spirituelle, matérielle que
financière de quelques personnes qui se sont données corps et
âme dans sa réalisation. Il s'agit du Pasteur DAISY KITOKO et de
l'Assemblée de l'Eglise Bethesda, du groupe Action couples en mission
(Pasteur Moïse et Séphora, Muriel et Raymond, d'Etienne TSHUYI et
Isabelle, Michel, Jacqueline, Calice, Thyssia), de Tonton Alain ILUNGA,
de tantine Mado et Guylain NZEMBA.
Que toutes ces personnes et celles que nous n'avons pas
citées trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude.
Que nos frères François et Thierry KIKONTWE qui
nous ont toujours encouragée, trouvent ici l'expression de notre
profonde affection
A tous ceux qui ont cru en nous, à notre famille et
à notre belle-famille, à nos collègues de promotion et
à tous ceux qui de près ou de loin nous ont assisté et
aidé tout au long de nos études de licence en Médecine
Physique et Réadaptation, notre prière est que le Dieu
Tout-Puissant Rémunérateur de toutes bonnes oeuvres se souvienne
de vous et vous comble de Ses grâces.
Soyez tous bénis dans le Nom précieux de Notre
Seigneur Jésus-Christ.
ABREVIATIONS
§ ADA : American Diabetes Association
§ AVC : accident vasculaire
cérébral
§ Bpm : battement par minute
§ cm : centimètre
§ CV : capacité vitale
§ CVF : capacité vitale forcée
§ DAM : Département des approvisionnements et
marchés
§ DCC : Département de la coordination des
activités commerciales
§ DDI : Département de distribution des
régions intérieures
§ DDK : Département de distribution de
Kinshasa
§ DEP : débit expiratoire de pointe
§ DFI : Département des finances
§ DOC : Département d'organisation
contrôle
§ DPT : Département de production et
transport
§ DRD : Département de recherche et
développement
§ DRH : Département des ressources
humaines
§ FC : fréquence cardiaque
§ FC : fréquence cardiaque
§ FCC : fréquence cardiaque cible
§ FCE : fréquence cardiaque
d'entraînement
§ FCMax : fréquence cardiaque maximale
§ FCR : fréquence cardiaque de repos
§ FR : facteur de risque
§ gr/l : gramme par litre
§ HMJ : hyperglycémie provoquée
à jeun
§ HTA : hypertension artérielle
§ HPAS : hypertension artérielle
systolique
§ HPAD : hypertension artérielle et
diastolique
§ IMC : indice de masse corporelle
§ kg.min : kilogramme minutes
§ m : mètre
§ MCV : Maladies cardiovasculaires
§ mg/l : milligramme par litre
§ mmHg : millimètre de mercure
§ mmol/l : millimole par litre
§ NS: non significatif
§ p: probabilité
§ PA : pression artérielle
§ PAD : pression artérielle diastolique
§ PAS : pression artérielle systolique
§ PCA : Président du conseil
d'administration
§ PP : pression pulsée
§ RDC : République Démocratique du
Congo
§ RFC : réserve de fréquence
cardiaque
§ SG : Secrétariat général
§ SNEL : Société Nationale
d'Electricité
§ SubMax : sous-maximal
§ VEMS : volume maximal expiré en une
seconde
§ VES : volume d'éjection systolique
§ VO2 : consommation d'oxygène
§ VO2Max : consommation maximale
d'oxygène
PLAN
- INTRODUCTION
- GENERALITES
- MATERIEL ET METHODES
- RESULTATS
- DISCUSSION
- CONCLUSION
- RECOMMANDATIONS
INTRODUCTION
Les maladies cardiovasculaires (cardiopathies
ischémiques, accident vasculaire cérébral et hypertension
artérielle) et les autres maladies chroniques non transmissibles
(diabète sucré, obésité, cancer) constituaient la
première cause de morbi-mortalité des pays
développés avant la seconde guerre mondiale (1). Mais avec la
prévention fondée sur l'identification des facteurs de risque,
des campagnes de sensibilisation et de promotion de la santé, la
fréquence des maladies cardiovasculaires (MCV) est en baisse dans les
pays développés (2).
Hier absentes en Afrique sub-Saharienne (3), les MCV sont
aujourd'hui émergentes et vont constituer d'ici l'an 2020 un important
problème de santé publique pour les populations africaines au Sud
du Sahara (4,5). En Afrique centrale, l'éclosion des MCV en
République Démocratique du Congo (RDC) s'explique par
l'interaction des facteurs non modifiables (aspect génétique) et
des facteurs environnementaux liés au mode urbain de vie (6-11). Et pour
l'environnement urbain, le milieu kinois de travail à la
Société Nationale d'Electricité (SNEL) crée des
conditions propices d'inactivité physique, de catégories
socioprofessionnelles et de changement de style de vie (tabagisme, excès
d'alcool) avec un risque accru d'obésité, d'hypertension
artérielle et de MCV (12, 13). Au plan économique, la SNEL subit
un manque à gagner lié à l'absentéisme et à
l'augmentation du coût financier relatif aux soins médicaux des
agents.
Il est donc urgent d'intervenir au sein de la SNEL à
Kinshasa par des programmes d'entraînement basé sur l'exercice
physique. En effet, des études épidémiologiques montrent
la place de l'activité physique dans l'effet préventif de la
survenue des accidents coronariens dans le monde (14) et en Afrique (15, 16).
L'homme est né pour bouger et non pour rester inactif au plan
physiologique. Les pays développés proposent à cet effet,
des programmes d'entraînement, d'endurance et de force pour
améliorer l'aptitude physique, la prévention et le traitement des
MCV, de l'obésité, du diabète sucré et de
l'hypercholestérolémie (17-23), La présente étude
emboîte donc le pas à ces programmes d'entraînement avec
référence spéciale au milieu de travail kinois de la SNEL
avec des objectifs précis.
OBJECTIF GENERAL
L'objectif général de la présente
étude vise à appliquer les principes théoriques et
pratiques de la Médecine Physique dans la prise en charge de certains
facteurs de risque cardiovasculaire en milieu de travail.
OBJECTIFS SPECIFIQUES
Pour atteindre cet objectif général, les
objectifs spécifiques suivants ont été
précisés :
- informer les employés de l'existence du traitement
non pharmacologique des MCV fondé sur le concept de la promotion de la
santé ;
- sensibiliser les employés sur les principales raisons
d'une vie active au travail ;
- évaluer l'impact de l'entraînement physique sur
certains facteurs de risque cardiovasculaire identifiés ;
- déterminer l'amélioration de la
capacité d'endurance cardiovasculaire et respiratoire après
entraînement physique.
HYPOTHESES
Des taux épidémiques
d'inactivité physique, d'obésité, d'hypertension
artérielle ,de diabète sucré , de tabagisme par
cigarette et hypercholestérolémie totale seraient observés
dans ce milieu de travail de la SNEL en cours de transition
épidémiologique, démographique et nutritionnelle.
La promotion de la santé
comprenant l'hygiène alimentaire, l'hygiène vestimentaire et des
programmes d'entraînement physique réduirait le risque
cardiovasculaire de ces agents sans recourir au traitement médicamenteux
bien souvent coûteux. L'entraînement améliorerait aussi leur
capacité d'endurance cardio-respiratoire.
Chapitre 1. GENERALITES
Le déroulement physiologique de l'activité
physique (sollicitation importante des muscles) s'accompagne de modification
de l'activité métabolique. L'activité physique est
définie comme tout mouvement corporel produit par la contraction des
muscles squelettiques, entraînant une augmentation de la dépense
énergétique par rapport à la dépense
énergétique de repos. Elle inclut des activités physiques
au cours des activités professionnelles, à l'occasion des
déplacements, dans la vie de tous les jours et pendant les loisirs
(24). . En effet, l'activité physique entraîne la plus grande
dépense énergétique chez les êtres humains (18).
L'oxygène consommé par les tissus est
apporté par le système respiratoire et l'appareil
cardiovasculaire (coeur et vaisseaux sanguins). Le sang apporté par la
circulation est nécessaire pour le métabolisme des glucides, des
lipides et des protéines.
1.1. FONCTION RESPIRATOIRE A L'EFFORT
Le coût énergétique de la respiration d'un
individu en bonne santé est relativement peu élevé,
même au cours d'un exercice vigoureux. Tandis que pour les individus
souffrant d'une maladie respiratoire, le coût énergétique
de la respiration devient considérable et le débit
alvéolaire ne suffit plus (18). Par conséquent, la
quantité d'oxygène disponible pour les muscles locomoteurs
diminue fortement et limite ainsi leur aptitude physique à l'effort. La
fonction respiratoire étant largement impliquée dans l'adaptation
à l'exercice musculaire peut devenir un facteur limitant ou non à
la réalisation de l'effort. Pour ce faire, la spirométrie est un
test fonctionnel des poumons qui va permettre de mesurer les débits et
les volumes pulmonaires.
Ces tests spirométriques servent notamment
à :
- découvrir d'éventuelles dysfonctions
pulmonaires suggérées par l'anamnèse (l'âge, le
tabagisme, les prédispositions familiales, les maladies respiratoires)
et par des signes physiques ou des symptômes (la toux, la dyspnée,
les sifflements) et/ou la présence d'autres examens anormaux
(radiographie thoracique) ;
- déterminer la sévérité des
maladies pulmonaires connues ;
- définir le changement de la fonction pulmonaire en
fonction du temps, de l'administration et/ou du changement d'une
thérapie ;
- déterminer les effets potentiels liés
à l'exposition environnementale
ou professionnelle ;
- déterminer le risque d'une procédure chimique
qui peut atteindre la fonction pulmonaire (25).
1.1.1. Consommation maximale d'oxygène (VO2 Max)
Le VO2 Max est le volume maximal d'oxygène
qui peut être consommé en une minute lors d'un exercice maximal ou
exhaustif. La VO2 Max diminue avec l'âge et avec le
déconditionnement physique mais augmente avec l'entraînement
(18,26). Le pourcentage d'amélioration de la VO2 Max varie
avec le niveau basal de la consommation d'oxygène ( VO2), la
durée, l'intensité de l'entraînement, l'âge du sujet.
Il est établi que chez le sédentaire, la VO2 Max peut
être augmentée de 20 à 30% après un programme
d'entraînement (17, 18, 27).
1.2. ADAPTATION CARDIOVASCULAIRE A L'EXERCICE
A l'exercice, les muscles actifs consomment beaucoup plus
d'oxygène et de substrats énergétiques. Les processus
métaboliques sont actifs et génèrent des sous-produits
qu'il faut éliminer. De même, lors d'un exercice prolongé
ou réalisé sous la chaleur, la température centrale
s'élève. L'exercice engendre des adaptations diverses et
spécifiques dans l'organisme pour permettre au système
cardiovasculaire de répondre au mieux à l'augmentation des
besoins.
Ces adaptations vont concerner les dimensions du coeur,
la fréquence cardiaque, le volume d'éjection systolique, le
débit cardiaque , le débit sanguin , la pression
artérielle et le sang.
1.2.1. Fréquence Cardiaque (FC)
1.2.1.1. Fréquence
cardiaque au repos
Au repos, la FC varie entre 60 à 95 battements par
minute (bpm). Chez les sujets d'âge moyen et totalement inactifs, elle
peut atteindre 100 bpm. Chez les athlètes très endurants, elle
peut atteindre 40 bpm, voire même plus bas (17).
Généralement, la FC de repos diminue avec
l'âge. Elle peut aussi varier avec les conditions
environnementales : elle augmente avec la température ambiante et
l'altitude. Elle peut varier sous l'effet du système
neurovégétatif. Pour avoir une mesure précise de la FC au
repos, il est nécessaire de la mesurer dans des conditions de relaxation
totale.
Après une période d'entraînement, la
fréquence cardiaque de repos diminue sensiblement (18).
Il convient de distinguer la bradycardie induite par
l'entraînement et la bradycardie pathologique qui nécessite un
suivi médical.
1.2.1.2. Fréquence
cardiaque à l'exercice
A l'exercice, la fréquence cardiaque augmente avec
l'intensité de celui-ci. Et lorsque le sujet est proche de
l'épuisement et donc proche de ses possibilités maximales, la
fréquence cardiaque plafonne.
1.2.1.2.1.
Fréquence cardiaque à l'exercice sous maximal (FC subMax)
Lors de l'effort sous-maximal, l'amélioration du
potentiel aérobie se traduit par une diminution de la fréquence
cardiaque pour la même intensité relative d'exercice (18). Cette
fréquence cardiaque plus faible indique que le coeur est plus efficace,
il se fatigue moins pour un effort donné.
1.2.1.2.2.
Fréquence cardiaque maximale (FC Max)
La fréquence cardiaque maximale (FC Max) est la valeur
la plus élevée qui peut être atteinte lors d'un travail
exhaustif. C'est une valeur relativement stable sur une période
donnée. Sa diminution éventuelle est liée à une
augmentation du volume d'éjection systolique (18).
On peut l'estimer à partir de l'âge selon la
formule suivante (28) :
- ASTRAND : FC Max = 220 - âge (en
années) ;
1.2.1.2.3.
Fréquence cardiaque d'équilibre
Lors d'un exercice d'intensité constante, la
fréquence cardiaque augmente rapidement puis plafonne en plateau. Ce
plateau constitue la fréquence cardiaque d'équilibre ou de steady
state. C'est le niveau optimal pour lequel la FC satisfait exactement aux
besoins de l'exercice. Les nombreux tests d'effort mis au point pour
évaluer l'aptitude physique sont basés sur cette notion
d'équilibre.
1.2.1.2.4.
Fréquence cardiaque et volume d'éjection systolique
L'accélération de la FC et l'augmentation du
volume d'éjection systolique (VES ou QS) permettent l'adaptation du
débit cardiaque aux besoins de l'organisme lors de l'exercice. Si le
rythme cardiaque est trop élevé, la diastole est réduite
et le VES baisse (17). Par contre si le rythme cardiaque diminue, les
ventricules ont le temps de se remplir. Ainsi après un
entraînement, on observe que l'augmentation du VES permet d'atteindre le
débit cardiaque maximal avec une fréquence cardiaque moindre.
Ces adaptations cardiaques permettent d'envoyer une plus
grande quantité de sang oxygéné dans la circulation et ce,
à moindre coût.
La FC au repos des athlètes d'endurance est d'environ
de 50 bpm et comme leur débit cardiaque est aussi de 5 litres, leur VES
est donc plus grand soit :
pour le sujet entraîné : 5000 ml = 70 bpm x
71 ml ;
pour le sujet non entraîné : 5000 ml = 50
bpm x 100 ml.
1.2.2. Pression artérielle
Dans les activités les plus courantes sollicitant une
grande masse musculaire, comme dans les exercices d'endurance, la pression
artérielle systolique augmente proportionnellement avec
l'intensité de l'exercice.
Cette augmentation s'explique essentiellement par
l'augmentation du débit cardiaque. Elle permet d'assurer un débit
suffisamment rapide dans tout le système vasculaire, jusque dans les
capillaires les plus périphériques.
Par contre, la pression artérielle diastolique varie
peu dans ce type d'activité même lorsque l'intensité de
l'exercice augmente ; elle correspond à la pression
résiduelle du système vasculaire lorsque le coeur est au
repos.
Ainsi toute augmentation de la pression diastolique au-dessus
de 15 mm Hg à l'exercice doit être considérée comme
pathologique et constitue un des critères obligeant à
arrêter toute épreuve d'effort à visée diagnostique
(18).
Lors d'un exercice sous-maximal, la pression artérielle
atteint un niveau d'équilibre dont la valeur s'élève avec
l'intensité du palier. Si un tel exercice est prolongé, la
pression artérielle diminue par le fait de la vasodilatation des
artérioles musculaires qui réduit les résistances
périphériques à la circulation. Les exercices de force
s'accompagnent d'une augmentation nette de la pression artérielle car
ils compriment les artères périphériques et augmentent
ainsi la résistance à la circulation du sang (18).
1.2.3. Consommation d'oxygène du myocarde
Le myocarde extrait environ 80% de l'oxygène dans la
circulation coronaire. Au cours d'un exercice, il faut une augmentation du
débit coronaire pour satisfaire le besoin en oxygène du myocarde.
Le myocarde ne peut fournir l'énergie qu'en aérobiose. Il doit
donc recevoir une bonne quantité d'oxygène.
Un défaut de circulation coronaire est source de
douleur dans la poitrine accentuée par l'exercice.
1.2.4. Métabolisme du myocarde
Pour accomplir son travail, le coeur utilise l'énergie
chimique des nutriments en plus du métabolisme aérobie. Les
principaux substrats sont le glucose, les acides gras et l'acide lactique. Leur
utilisation respective dépend de l'intensité et de la
durée de l'exercice
1.3. FACTEURS DE RISQUE DES MALADIES CARDIOVASCULAIRES ET
PREVENTION
1.3.1. Définition
On appelle risque la probabilité d'apparition d'un
événement défavorable à la santé et facteur
de risque tout élément qui favorise ce risque. Il s'agit d'une
caractéristique génétique ou environnementale qui permet
d'évaluer la probabilité qu'a un individu de développer
telle ou telle autre maladie.
Le dépistage est un ensemble de techniques et gestes
médicaux permettant de découvrir une maladie ou un terrain
à risque. Plus le dépistage est précoce, mieux on
empêchera l'apparition ou l'aggravation de la maladie et surtout de la
guérir en fonction des traitements existants.
Il existe des facteurs de risque non modifiables
(génétiques) et modifiables (environnementaux et liés au
mode de vie). Le dépistage serait un travail inutile si la
prévention n'était pas assurée.
En effet, la présence d'un facteur de risque induit le
risque de développer la maladie que l'on peut combattre par la
prévention. La prévention est l'ensemble des actions mises en
place pour éviter ou réduire le nombre et la gravité des
maladies (accidents cardiovasculaires).
La prévention concerne les facteurs de risque
modifiables. Nous distinguons la prévention primaire qui est l'ensemble
des mesures prises pour éviter une maladie chez un sujet qui n'a aucune
maladie cardiovasculaire apparente mais qui présente le risque de la
manifester à l'avenir.
Et la prévention secondaire est celle qui vise à
prévenir les récidives d'une maladie chez un sujet qui l'a
déjà manifesté et qui est conscient du risque vital qu'il
court.
L'étude épidémiologique de FRANMINGHAM
(29) a dénombré plus de 200 facteurs de risque de maladies
cardiovasculaires.
Quelque soit le nombre de facteurs de risque identifiés
chez un sujet, ceux-ci ne s'additionnent pas mais se potentialisent. Ils
exercent l'un sur l'autre une synergie aggravante en rapport avec leur nombre
et leur niveau.
La suppression ou la réduction d'un facteur de risque
(FR) entraînerait une diminution du risque cardiovasculaire chez un sujet
identifié (29).
1.3.2. Facteurs de risque cardiovasculaire
1.3.2.1. Facteurs non
modifiables
1.3.2.1.1. Age
L'âge est un élément déterminant et
aggravant dans le cumul du risque cardiovasculaire absolu.
1.3.2.1.2.
Sexe
Il est établi que le sexe masculin est nettement plus
exposé au risque de MCV (de l'ordre de 5 fois plus quel que soit le pays
considéré).
Les femmes possèdent une protection hormonale
jusqu'à la ménopause et sont moins atteintes que les hommes.
Après soixante ans, le risque s'égalise plus ou moins dans les
deux sexes.
1.3.2.1.3.
Ethnicité
Le risque est plus élevé chez les africains et
les espagnols (17).
1.3.2.1.4.
Hérédité
L'hérédité est relative aux facteurs de risque
suivants :
- antécédents familiaux de maladies coronaires
précoces :
- Infarctus du myocarde ou mort subite avant 55 ans chez le
père ou chez un parent de premier degré de sexe masculin.
- Infarctus du myocarde ou mort subite avant l'âge de 65
ans chez la mère ou chez un parent du premier degré de sexe
féminin ;
- hypertension artérielle familiale ;
- obésité familiale ;
- diabète sucré de type 2.
1.3.2.2. Facteurs de
risque modifiables
1.3.2.2.1.
Tabagisme
Actuel ou arrêté depuis moins de 3 ans, le
tabagisme est pratiquement le seul facteur de risque qu'on peut neutraliser
totalement et de façon définitive :
- l'enquête de FRANMINGHAM (1961) a montré une
corrélation étroite entre le tabac et l'insuffisance coronaire,
avec un risque général augmenté de 2,8 (29) ;
- l'enquête prospective parisienne a montré que
le risque d'infarctus du myocarde est multiplié par 4 chez les fumeurs
et celui de mort subite par 5, pour une consommation au-dessus de 10 cigarettes
par jour (29) ;
- l'étude MRFIT (Multiple Risk Factor Intervention)
parle du tabagisme passif et a montré que le conjoint d'un (e) fumeur
(euse) a un risque accru de coronaropathie (29) ;
- l'inhalation de la fumée d'une cigarette
élève la pression systolique de 5 à 10 mm Hg au bout de 15
à 30 min (29). La durée de cette élévation est
proportionnelle au nombre de cigarettes consommées. Le tabagisme
potentialise les autres facteurs de risque qui lui sont associés.
1.3.2.2.2. Pression
artérielle haute ou Hypertension Artérielle (HTA)
La pression artérielle (PA) est mesurée en
millimètres (mm) de mercure (Hg) et est représentée par
deux chiffres : le chiffre le plus élevé indique la pression
artérielle systolique (la pression dans les vaisseaux sanguins lorsque
le coeur se contracte) et le chiffre le moins élevé indique la
pression artérielle diastolique (la pression dans les vaisseaux sanguins
lorsque le coeur est au repos entre deux battements). Le tableau 1
présente le degré de sévérité de
l'élévation (30).
Tableau 1. Délimitation de la pression
artérielle
PA
|
Systolique
|
Diastolique
|
Elevée
|
140 ou plus
|
90 ou plus
|
Normale élevée
|
130 à 139
|
85 à 89
|
Idéale
|
129 ou moins
|
84 ou moins
|
L' HTA est une maladie des pays industrialisés. Dans la
plupart des cas, elle n'a pas d'origine identifiée : on parle alors
d'HTA essentielle (95% des cas). Certains facteurs liés au mode de vie
occidental la favorisent ou la majorent. Il s'agit des facteurs
suivants :
- La sédentarité (inactivité
physique) ;
- L'excès de poids (surcharge
pondérale) ;
.- La consommation excessive d'alcool (l'ingestion d'alcool
entraîne une élévation de la PAS de 5 à 10mm Hg)
(29) ;
- La surconsommation de sel de cuisine ;
- Les antécédents familiaux et l'âge sont
aussi des facteurs qui favorisent la survenue d'une HTA ;
- Certains médicaments ;
- L'état neuropsychique ;
- La résistance à l'insuline.
La pression artérielle anormalement
élevée augmente le travail du coeur par le fait que le ventricule
gauche doit se contracter davantage pour vaincre la résistance induite
par cette hypertension. Le coeur se fatigue et si l'on n'intervient pas, une
insuffisance cardiaque s'installe à la longue. Elle est également
une contrainte en plus pour l'ensemble de la circulation artérielle
systémique.
A long terme, elle entraîne une augmentation des
dimensions cardiaques et une modification des parois artérielles qui
deviennent rigides. Ce qui affecte la circulation du sang dans de nombreux
organes vitaux. Les principaux organes lésés par une HTA non ou
mal contrôlée sont :
- le coeur : angine de poitrine, infarctus du
myocarde ;
- le cerveau : accident vasculaire cérébral
(AVC) ischémique ou hémorragique ;
- les jambes : artérite qui provoque des douleurs
et limite la marche ;
- les reins : insuffisance rénale ;
- les démences vasculaires du sujet âgé
(réduction du débit cérébral) sont beaucoup plus
fréquentes chez les hypertendus que chez les normotendus.
Il a été démontré que l'HTA
multiplie par 5 à 6 le risque d'accident cardiaque et par 10 à 12
celui d'accident vasculaire cérébral (29).
L'hypertension artérielle est dite « tueur
silencieux » pour la plupart de temps car elle ne présente ni
symptôme, ni signe visible, seule une mesure régulière de
la PA peut la détecter.
1.3.2.2.3. Diabète
sucré
Le diabète sucré est une maladie
métabolique qui affecte la capacité de l'organisme à
fabriquer ou à utiliser l'insuline. Selon les experts de l'ADA (American
Diabetes Association), le diabète sucré est défini par une
glycémie (coefficient de conversion : gr × 5.56= mmol /
l ; mmol/ l × 0.18=gr) à jeun 1,26 g / l soit 7 mmol / l
(29). La fourchette entre une glycémie normale (<1,10gr) et le
diabète sucré ( 1,26 gr/ l) définit l'intolérance
au glucose appelée maintenant « hyperglycémie
modérée à jeun » (HMJ) (31).
La glycémie post prandiale, deuxième
élément de la définition du diabète sucré
est 2g /l à un moment donné (30 min, 1 heure, 1 h 30 min ou
2 heures) après un repas normal ou une surcharge glucosée orale
de 75 gr (Hyperglycémie provoquée orale) (32).
Chez le diabétique de type 2 à haut risque, le
risque d'accident cardiaque est aussi important que chez une personne non
diabétique qui a eu un infarctus. Par rapport à quelqu'un qui n'a
pas de diabète sucré, le risque de faire :
- un accident cardiaque est multiplié par 2 à
4
- un AVC est multiplié par 1,5 à 2
- une artérite de jambes par 5 à 10.
Les autres complications du diabète sucré sont
aiguës (infection, graves complications métaboliques) et chroniques
(macro angiopathie et micro angiopathie).
1.3.2.2.4.
Obésité
L'obésité constitue un fléau majeur en
terme de santé publique et un facteur de risque essentiel dans la
survenue des maladies cardiovasculaires, cause principale de mortalité
à travers le monde (28).
Elle peut se définir comme un excès de masse
grasse (tissus adipeux), capable d'entraîner un retentissement
néfaste sur la santé somatique et psychologique. Elle augmente
également le risque de lésions lombaires et représente un
coût significatif pour les sociétés.
La distribution des graisses cache une notion
physiopathologique qui est l'insulino-résistance (hyper-
insulinémie dans le corps, hyper- insulinémie dans les
périphéries). L'insulino-résistance clinique se
définit par la valeur du périmètre abdominal ou tour de
taille :
- chez les hommes : tour de taille 102 cm ;
- chez les femmes : tour de taille 88 cm.
L'obésité abdominale ou
centrale (obésité pomme) est caractérisée par
la graisse localisée dans la partie supérieure du corps. C'est
l'obésité la plus pathogène qui augmente le
risque :
- de maladie coronarienne ;
- d'HTA ;
- d'AVC ;
- d'hyperlipémie ;
- de diabète sucré.
L'obésité périphérique est
définie par la graisse localisée dans la partie basse (fesse,
hanche).
L'obésité globale comprend les 2 sortes
d'obésité chez un même sujet.
Il est à noter que les obèses sont
déjà handicapés mécaniquement par leurs poids et
par une tolérance à l'effort limité.
1.3.2.2.5.
L'Hypercholestérolémie
Le cholestérol est une substance grasse
nécessaire au bon fonctionnement du corps. Cependant en quantité
trop élevée, il devient dangereux parce qu'il adhère aux
parois des artères et les rétrécit. Le sang ne peut plus y
circuler librement. L'hypercholestérolémie est induite par un
excès de consommation de graisses saturées de cholestérol,
des calories par un caractère héréditaire ou par des
dysfonctionnements notamment hormonaux ou hépatiques.
L'étude de FRANMIGHAM (29) a montré que la
moyenne des taux de cholestérol des sujets qui développaient une
insuffisance coronaire était de 2,2 gr/ l chez les sujets indemnes
.Cette étude de FRANMIGHAM (29)a également montré que le
risque coronaire quasi inexistant pour un cholestérol (coefficient de
conversion :mmol/l ×0.327=gr/l ; gr × 2.58= mmol/l )
<1,7g/l devient réel au dessus de 2 g par litres.
1.3.2.2.6.
Fréquence cardiaque
Une fréquence cardiaque au repos supérieure
à 85 bpm semble être un facteur du risque cardiovasculaire
étroitement corrélé à l'élévation de
la pression artérielle (29).
1.3.2.2.7.
Inactivité physique
C'est le fait de vivre sans être actif. Le confort de la
vie moderne a tendance à condamner les gens à la
sédentarité. Passer des heures assis au bureau concourent
à réduire le capital santé. Dans les milieux de travail,
il faut relever le danger du manque de repos, de dîners d'affaires avec
leurs indéniables séries d'apéritifs, de Whisky, de
digestifs et les agents qui compensent leurs repas (déjeuner et
dîner) en grignotant à longueur de journée. Tous les
glucides avalés sont directement stockés par les tissus adipeux.
Les sujets obèses s'adaptent bien à ce climat et à un
manque de forme .Ils s'adonnent souvent aux professions les moins actives.
La graduation de l'activité physique se fait soit par
la durée de la marche, par le tapis roulant, par le moyen de transport
au travail et par le temps de loisir.
Il est établi que l'inactivité physique
constitue le facteur de risque le plus important du maladie coronaire (17, 18,
29) et qu'elle augmente considérablement le risque de survenue de deux
affections métabolique et endocrinienne : l'obésité
et le diabète sucré (17). Si aucune des deux affections n'est
à elle seule une cause importante de décès, elles sont
souvent associées à d'autres pathologies à haut risque de
mortalité comme l'hypertension artérielle, la maladie
coronarienne et le cancer (17).
1.3.2.2.8.
Stress
Il est établi que le stress peut être
considéré comme un facteur de risque capable de favoriser les
maladies cardiovasculaires (29,33).
1.3.2.2.9.
Alcool
L'abus d'alcool est un important facteur de risque
hypertenseur et un facteur de risque cardiovasculaire (29).
Chapitre 2. MATERIEL ET METHODES
2.1. NATURE ET PERIODE DE L'ETUDE
L'approche interventionnelle et évaluative a
été appliquée à la présente étude
réalisée entre le 6 juin 2005 et le 10 octobre 2005.
2.2. CADRE D'ETUDE
La SNEL, cadre de la présente étude, a
été créée par l'Ordonnance loi n°73/ 033 du
16 mai 1970. Elle a pour objet social de produire, de transporter, de
distribuer et de commercialiser l'énergie électrique sur
l'ensemble du territoire national congolais. Elle est placée sous la
tutelle technique du Ministère de l'Energie et la tutelle Administrative
et Financière du Ministère du Portefeuille. Elle englobe une
population de 5992 agents pour toute la République Démocratique
du Congo et 3122 agents pour la ville province de Kinshasa (Source DRH, Octobre
2004).
2.2.1. Structure organique
Le fonctionnement de la SNEL est assuré par le conseil
d'administration qui est l'organe de décision et d'orientation et par
le comité de gestion qui assure la gestion de l'entreprise. Le conseil
d'administration est composé de 12 membres appelés
administrateurs, parmi lesquels, les membres du comité de gestion. Il
est dirigé par un président du conseil d'administration (PCA).
Le comité de gestion est constitué d'un
Administrateur Délégué Général, d'un
Administrateur Délégué Général Adjoint, d'un
Administrateur Directeur Technique, d'un Administrateur Directeur Financier et
d'un Représentant du personnel de la SNEL
2.2.2. Structure fonctionnelle
La S.N.EL comprend 10 départements dont 4
départements opérationnels et 6 départements
stratégiques.
Les 4 départements opérationnels sont :
§ le département de production et transport
(DPT) ;
§ le département de distribution des
régions intérieures (DDI) ;
§ le département de distribution de Kinshasa
(DDK) ;
§ le département de la coordination des
activités commerciales (DCC).
Les 6 départements stratégiques sont :
§ le département des finances (DFI) ;
§ le département des ressources humaines
(DRH) ;
§ le secrétariat général
(SG) ;
§ le département de recherche et
développement (DRD) ;
§ le département d'organisation contrôle
(DOC) ;
§ les approvisionnements et marchés (DAM).
Les études et standards, la prévention et
sécurité et l'équipement fonctionnent au rang de
directions en staff à la délégation générale
(DG).
2.2.3. Mandat du Département des Ressources Humaines
(DRH)
Les sujets étudiés sont gérés par
le DRH en ce qui concerne leur santé et leur vie sociale. En effet, le
DRH est une entité de la SNEL qui a plusieurs responsabilités
parmi lesquelles la définition de la politique sociale et la
coordination des actions médicales à savoir :
§ faciliter aux agents l'accès à la
propriété privée ;
§ améliorer les conditions de vie et de travail
des agents ;
§ apporter l'assistance sociale aux agents dans leur vie
courante ;
§ définir la politique et la coordination des
actions médicales ;
§ assurer aux agents et aux membres de leur famille les
soins de santé de meilleures qualités ;
§ développer la médecine curative et
préventive ;
§ organiser et développer la médecine du
travail ;
§ assurer une meilleure gestion pharmaceutique.
2.3. SUJETS
Etait éligible tout le personnel de la
Société Nationale d'Electricité de la ville province de
Kinshasa, cadres et non cadres confondus se trouvant sur la liste des
effectifs telle que fournie par le DRH.
Etaient inclus comme population dans la présente
étude, les employés ayant répondu à l'invitation
leur envoyée par le service de Médecine du travail de la SNEL
pendant la période de sensibilisation et ayant accepté de
participer à la présente étude avec libre consentement
verbal selon la Déclaration d'Helsinki II.
Etaient exclus de la présente étude, les
employés ayant refusé de participer à la présente
étude, ceux s'étant présentés au cabinet de la
médecine du travail après le 10 juillet 2005 et ceux qui
présentaient des contre - indications (un ou plusieurs facteurs de
risque cardiovasculaire déjà connus et soignés par
traitement médicamenteux).
2.4. MATERIEL
Les outils ayant servi de matériel à la
présente étude étaient les suivants :
§ un cahier registre ;
§ un stylo à bille ;
§ un crayon ;
§ une règle plate ;
§ des fiches de renseignement et d'examen ;
§ un sphygmomanomètre standard à
mercure ;
§ un spiromètre portatif de marque Pocket
Spirometer Micro Médical Limited PO BOX, 6 Rochester. Kent, ME1 2AZ,
England ;
§ un mètre ruban de couturier ;
§ une montre indiquant les secondes ;
§ une balance surmontée d'une toise de marque
SECA ;
§ une calculatrice de marque CANON ;
§ quatre bancs suédois de 28cm de hauteur ;
§ des cordes à sauter ;
§ un ballon de volley-ball petit format ;
§ un désinfectant marque SETAVLON ;
§ un sifflet en plastique.
2.5. APPROCHE METHODOLOGIQUE
2.5.1. Etape administrative
A la fin du mois de mai 2005, le collectif de la
médecine du travail de la SNEL a été approché pour
l'obtention des autorisations administratives nécessaires et la
sensibilisation de la population d'étude .Cette population
d'étude était composée d'un échantillon
systématique aléatoire s'étant présenté de
manière consécutive à la polyclinique de la SNEL Kinshasa
aux dates impaires du mois d'avril 2005. Parmi les deux bulletins
numérotés 1 (symbolisant les dates impaires) et 2 (symbolisant
les dates paires), le bulletin numéro 1 a été tiré
au hasard.
La sensibilisation du collectif de la médecine du
travail et de la population d'étude a consisté à
préparer et à vulgariser le bien fondé de la
présente étude. Le succès de cette dernière a
nécessité leur collaboration. La démarche a
consisté à envoyer les invitations à la population
d'étude en leur expliquant l'objet de la présente étude et
à demander leur consentement verbal ; dans l'affirmatif, la fiche
du programme d'entraînement leur a été proposée.
Mais dans le cas contraire d'un refus, la démarche a été
arrêtée.
2.5.2. Choix et collecte des paramètres
d'intérêt
L'âge et le sexe des employés étaient
notés comme données démographiques.
Les paramètres d'intérêt suivants ont
été colligés avant et après traitement pour chaque
sujet inclus dans la présente étude. Il s'agissait des
paramètres suivants :
§ le poids corporel ;
§ la taille ;
§ la pression artérielle : pression
artérielle systolique (PAS) et pression artérielle diastolique
(PAD) ;
§ la fréquence cardiaque (FC) ;
§ le tour de taille (Périmètre
abdominal) ;
§ la glycémie à jeun ;
§ la cholestérolémie totale ;
§ la fonction respiratoire : le volume expiratoire
maximal par seconde (VEMS), la capacité vitale forcée (CVF),
le débit expiratoire de pointe (DEP).
2.5.3. Déroulement de l'entraînement
2.5.3.1. Bilan
médico-physiologique
La première étape consistait à
effectuer un bilan médico-physiologique après examen clinique
réalisé par nous-même selon les recommandations de
l'American College of Sport Medicine (17).
A ce moment, nous discutions de la nature des exercices que
les sujets devaient exécuter. L'électrocardiogramme d'effort
n'était pas réalisé pour des contraintes
financières.
2.5.3.1.1 .Techniques
standardisées pour les différentes prises de mesures
2.5.3.1.1.1. Pression artérielle
Le sujet en position assise le dos appuyé, au repos
depuis plus de 10 minutes,
La PA a été prise à l'aide d'un
sphygmomanomètre standard à mercure et d'un stéthoscope
pour l'auscultation de bruits de KorotKoff au niveau de l'artère
humérale.
La vitesse de chute du mercure était de 2 mm/sec. La
PAS a été relevée lors du premier bruit net de la
percussion correspondant à la phase I de KorotKoff et la PAD lors de la
disparition des bruits correspondant à la phase V de KorotKoff.
2.5.3.1.1.2. Fréquence cardiaque
La prise de mesure de la pulsation cardiaque au repos,
à l'effort et à la récupération a été
réalisée après localisation du pouls radial au niveau du
poignet avec au minimum deux doigts de la main et en comptant le nombre de
battements pendant 15 secondes (10 secondes après l'effort). Ce nombre
était multiplié par 4 au repos et par 6 à l'effort pour
obtenir la fréquence cardiaque par minute.
2.5.3.1.1.3. Mesure du poids
Les sujets déchaussés et en vêtements
légers ont été pesés sur une balance de type SECA,
étalonnée en début de chaque journée. Le poids
était lu aux 100 grammes près et exprimé en kilogramme.
2.5.3.1.1.4. Mesure de la taille
La taille a été prise chez le sujet
déchaussé debout bien droit le dos contre la toise verticale, la
tête, le dos, les fesses, les talons en étroit contact avec la
toise.
Après une inspiration profonde, le méat auditif
externe et la partie inférieure de l'orbite osseuse sur une ligne
horizontale, les genoux bien tendus, on glissait la règle de la toise
en imprimant une pression sur les cheveux et on lisait la taille au cm
près. La taille était ensuite exprimée en mètre
(m).
2.5.3.1.1.5. Mesure du périmètre abdominal
(tour de taille)
Ce périmètre était mesuré
à l'aide d'un mètre ruban en matière plastique non
élastique. Le patient était debout, les deux pieds bien à
plat au sol et écartés d'environ 20 cm pour une meilleure
répartition du poids corporel.
Lors de l'expiration, l'abdomen étant
relâché, la mesure était prise en passant le mètre
ruban par le nombril, sans déprimer la peau avec une précision de
10 millimètres (mm). Le périmètre abdominal était
exprimé en centimètres (cm).
2.5.3.1.1.6. Examens biologiques
Le dosage de la glycémie à jeun et celui du taux
de cholestérol total ont été effectués au
laboratoire de la polyclinique de la SNEL. Les résultats ont
été exprimés en millimole par litre (mmol/L).
2.5.3.2. Test d'aptitude
physique
La deuxième étape était de
déterminer le niveau initial de l'aptitude de chaque sujet. Notre
souhait était de faire passer le test d'effort conventionnel sur tapis
roulant ou vélo ergométrique afin de déterminer la
condition physique de chaque sujet. Les réalités suivantes du
terrain ne nous l'ont pas permis :
§ le coût élevé du test d'effort en
clinique ;
§ le manque d'un équipement conforme dans les
institutions hospitalières de la SNEL;
§ la difficulté de convaincre un sujet apparemment
non malade de se prendre en charge pour des examens coûteux.
C'est ainsi que nous avons opté la course sur place
pendant 6 minutes pour un premier test d'aptitude
2.5.3.2.1. Step Test
Après réflexion et selon les moyens de bord,
nous avons pensé au step test de Harvard (monter et descendre sur un
banc d'une hauteur de 33cm pour les hommes et de 26cm pour les femmes durant
5minutes). Et nous l'avons adapté pour la réalisation de la
présente étude. Après plusieurs essais sur un banc
suédois d'une hauteur de 28 cm, le temps initial du step test a
été doublé soit 10 minutes afin d'atteindre une
fréquence cardiaque proche de la fréquence cardiaque sous
maximale. Avant de débuter le test, il était bon de dire au sujet
de signaler toute sensation subjective ressentie au cours du test.
En effet, différents troubles cardiaques peuvent
éventuellement apparaître au cours du test à savoir :
- bourdonnement d'oreilles ;
- étourdissement ;
- vertiges ;
- essoufflement ;
- coup de poing dans la poitrine ;
- palpitations cardiaques ;
- céphalées.
A l'apparition de ces troubles, il convient d'arrêter le
test, d'examiner le sujet et enregistrer les signes vitaux. Les
résultats du step test nous avaient donc permis de mieux adapter le
programme d'entraînement et de suivre le progrès des sujets par
rapport à leur endurance.
La procédure était la suivante :
1. prise de la FC au repos ;
2. échauffement, exercice d'assouplissement et marche
pendant 5 - 10 minutes ;
3. step test pendant 10 minutes à rythme soutenu. Le
sujet monte le pied droit sur le banc puis le pied gauche, ensuite descend le
pied droit puis le gauche. Ce mouvement dure 4 secondes et est poursuivi
à un rythme régulier pendant 10 minutes ;
4. prise de la FC dans les 10 premières secondes qui
suivent l'arrêt de l'effort multiplié par 6 pour être
rapporté à la minute ;
5. prise de la FC à 3 minutes de l'arrêt de
l'effort (pendant la récupération passive) ;
6. de préférence prendre la pression
artérielle pendant l'effort afin de contrôler son ascension. Ce
test donne une évaluation de l'adaptation à l'effort d'un
individu.
Les valeurs des fréquences cardiaques à
l'effort et à la récupération ont été
retenues comme repère d'évaluation de la performance.
2.5.3.2.2. Tests
fonctionnels
2.5.3.2.2.1. Déroulement du test
spirométrique
Le patient était en position assise (25). La position
assise était conseillée pour éviter les vertiges ou la
syncope (Figure1)
Figure 1. Patient en
position assise pendant le test.
Les tests spirométriques considérés
étaient la capacité vitale forcée (CVF), le volume maximal
expiré dans la première seconde (VEMS) et le débit
expiratoire de pointe (DEP).
2.5.3.2.2.2. Volume maximal expiré en une seconde et
débit expiratoire de pointe
Le volume maximal expiré en une seconde (VEMS) ,
introduit en 1947 par Tiffeneau était obtenu en invitant le
sujet à faire une inspiration complète, puis évacuer le
plus rapidement possible le contenu pulmonaire (29). Le débit
expiratoire de pointe exprime le volume expiratoire de pointe en une minute, il
représente la quantité d'air expiré des grandes voies
aériennes par rapport à la CVF
2.5.3.2.2.3. Capacité vitale forcée (CVF)
C'était le volume d'air maximum exhalé avec
force après une inspiration maximale. La CVF maximale normale
représentait 80% de la capacité pulmonaire totale.
2.5.3.2.2.4. Indice de Tiffeneau
L'indice de Tiffeneau était le rapport VEMS/CVF en
pourcentage qui indiquait le volume d'air expiré pendant la
première seconde. Un Tiffeneau normal était 75%. Il était
pathologique et indiquait une obstruction des voies aériennes en cas
de valeurs < 75%.
Une dysfonction ventilatoire de type restrictif était
définie par une diminution concomitante de VEMS et de CVF avec un indice
de Tiffeneau normal ou augmenté
2.6. PROGRAMME D'ENTRAINEMENT
Dans le cadre de cette étude, un programme a
adapté plusieurs plans théoriques (33, 34,35) et prenait des
orientations particulières selon l'adaptabilité des sujets et les
réalités du terrain.
2.6.1. Principes fondamentaux de l'entraînement
2.6.1.1. Principe de
surcharge
Les différentes périodes d'entraînement et
de repos étaient bien agencées pour éviter le
surentraînement ou la non progression. La surcharge était obtenue
en variant la fréquence, l'intensité et la durée des
exercices ou séances d'entraînement.
Pour augmenter leur endurance cardiovasculaire, il fallait en
faire plus que d'habitude.
2.6.1.2. Principe de
progressivité
L'augmentation de l'intensité et de la quantité
des charges était progressive. Une augmentation brusque risquait de
fatiguer ou de blesser le sujet, de même qu'une augmentation trop minime
n'aurait pas induit le processus d'adaptation escompté et il n' y aurait
donc pas d'amélioration de la performance.
Ce principe de surcharge progressive individualisée
s'appliquait à tous les sujets étudiés.
2.6.1.3. Principe de
spécificité
Les adaptations à l'entraînement étaient
fortement liées à l'activité, au volume et à
l'intensité des exercices réalisés. Le type de surcharge
administré devait susciter des adaptations spécifiques et
entraîner des améliorations spécifiques.
2.6.1.4. Principe
d'individualisation
Ce programme d'entraînement avait
considéré les besoins spécifiques et les capacités
des individus pour lesquels il était réalisé.
2.6.1.5. Principe de la
régularité (réversibilité)
Les bénéfices de l'exercice étant
temporaires et réversibles, il était donc important de
s'entraîner régulièrement sans arrêt tout au long de
la présente étude.
2.6.1.6. Quantité
et maintien
En tenant compte du principe de surcompensation, une
fréquence minimum d'entraînement était nécessaire
pour obtenir une amélioration des capacités physiques et les
sujets étaient tenus de continuer l'entraînement pour conserver
les acquis.
2.7. CARACTERISTIQUES DE L'EXERCICE
Pour l'efficacité du programme d'entraînement,
il fallait préciser la nature ou le type d'exercice, la
fréquence, la durée et l'intensité de chaque séance
lors de son élaboration.
2.7.1. Nature de l'exercice
Pour améliorer la capacité aérobie et la
capacité physique, les sujets étaient soumis aux exercices qui
sollicitaient l'endurance cardiorespiratoire et qui utilisaient les groupes
musculaires majeurs tels que :
- la marche ;
- le jogging ;
- la course ;
- le step ;
- la corde ;
- le sport en plein air ;
- les exercices gymniques.
2.7.2. Fréquence des séances
Au début du programme, on a commencé avec une
fréquence limitée à 3 séances par semaines.
Dès que le sujet était motivé, alors on augmentait le
nombre de séances hebdomadaires en ajoutant les séances
individuelles à domicile (3 à 5 par semaine à
volonté).
2.7.3. Durée des séances
La durée de l'exercice était de 20 à 30
minutes selon l'intensité désirée. La période
d'échauffement et de récupération n'était pas prise
en compte dans la durée fixée ci - haut et ne concernait que le
temps véritablement consacré à la pratique physique.
2.7.4. Intensité de l'exercice
On a évalué l'intensité d'un exercice en
mesurant la fréquence cardiaque à l'entraînement (FCE) car
elle est un bon index du travail du coeur et elle permet également
d'augmenter l'intensité de l'exercice au fur et à mesure que le
sujet améliore son aptitude physique.
La méthode de Karvonen a permis aussi de
déterminer l'intensité de l'exercice sous forme de
fréquence cardiaque d'entraînement (36). Cette méthode
s'appuie sur le concept de la fréquence cardiaque de réserve (FC
Max de réserve =
FC Max - FC repos).
Il était toutefois conseillé de donner une
fourchette de fréquence cardiaque à respecter plutôt
qu'une valeur fixe. Dans ces conditions, le sujet débutait à un
seuil minimal et augmentait progressivement jusqu'au seuil maximal.
Les sujets travaillaient entre 60 et 80% de leur FC Max de
réserve, la fourchette autorisée était la suivante :
-FCE 60% = FC repos + 0, 60 [FC Max - FC
repos] ;
-FCE 80% =FC repos + 0, 80 [FCMax - FC repos].
La dyspnée était le paramètre
subjectif de la limite supérieure de l'intensité supportable par
le sujet. En fait, le pourcentage de la consommation maximale d'oxygène
(VO2Max) et le pourcentage de la fréquence cardiaque
maximale, liés mathématiquement sans distinction d'âge ni
de sexe étaient identiques (37,38).
2.8. CONSEILS PRATIQUES
La préoccupation des sujets était de s'assurer
que les activités physiques pouvaient se substituer en traitement
médical. Et comme ils avaient été dépistés
malades alors qu'ils ne se plaignaient de rien, des séances
d'échange de questions réponses étaient nécessaires
en début et en fin de chaque exercice.
Etant donné que l' HTA était le facteur de
risque cardiovasculaire commun à tous les sujets, le choix des
exercices était aisé.
Nous leur avons appris quelques mesures de
sécurité à observer pour un entraînement
efficace :
- échauffement des muscles en début de
séance pour éviter les crampes, les claquages, les blessures
musculaires, les douleurs articulaires ;
- avoir un objectif personnel à atteindre et
éviter les efforts violents (toujours à petits pas vers de grands
progrès) ;
- contrôler la fréquence cardiaque pendant
l'effort et après la récupération. En cas de malaise,
réduire la charge, ne pas poursuivre l'effort si la respiration est
difficile ;
- limiter le seuil de la FC de l'entraînement entre 60%
- 80% de la fréquence cardiaque maximale : Cette intensité
d'entraînement modérée est appelée
intensité d'entraînement conversationnelle, assez intense pour
s'entraîner mais pas assez pour empêcher de parler pendant
l'entraînement (17).
- compter sa FC dans les secondes qui suivent l'arrêt
de l'effort, dans les dix secondes et multiplier par 6 ou dans les 15 secondes
et multiplier par 4 ;
- éviter les exercices violents et isométriques
qui peuvent occasionner des malaises graves avec perte de connaissance ;
- toujours terminer les séances par une marche lente et
des exercices d'assouplissement (récupération active douce).
Pour amener les sujets à créer de nouvelles
habitudes et à placer les activités physiques dans leur programme
quotidien, des exercices et des activités individuelles à
exécuter à domicile leur ont été proposées.
Ils avaient le choix entre monter les escaliers et sauter à la corde
selon le programme du Dr Cooper (voir annexe) soit danser pendant 30 minutes (3
à 5 fois par semaine). Une fiche personnelle à remplir
quotidiennement était mise à leur disposition. En outre, nous
leurs avons demandé de suivre d'autres précautions importantes en
ce qui concerne :
§ l'hygiène alimentaire :
- il était recommandé aux sujets de ne pas
s'entraîner l'estomac vide : prendre un jus de fruit ou un petit
déjeuner extra léger pour pallier à une
hypoglycémie éventuelle ;
- avant l'effort, le repas pris privilégiait les
sucres lents (pâtes, pains, riz).
- concernant la diminution de la consommation du sel :
pour un sujet sain qui s'adonne à une activité physique
suffisamment intense pour engendrer une transpiration abondante, il est
recommandé d'augmenter légèrement la quantité de
sel au cours des repas pour permettre au corps de retrouver son
équilibre (24) car une transpiration abondante entraîne une perte
excessive de sel. C'était un élément favorable pour les
sujets qui avaient une pression artérielle élevée. Ils ne
devaient pas complètement éliminer le sel de leur alimentation
tant qu'ils pratiquaient des exercices physiques modérés trois
à cinq fois par semaine.
- la boisson : les sujets étaient tenus
de boire pour compenser le liquide perdu lorsqu'ils transpiraient afin
d'éviter une déshydratation responsable de maux de tête,
d'excès de fatigue, de manque d'énergie :
Ø Avant l'effort, ils buvaient normalement (une
personne perd au moins deux litres par jour)
Ø Pendant l'effort, ils buvaient à chaque fois
que la soif se faisait sentir.
Ø Après l'effort, ils buvaient tout de suite et
beaucoup pour éliminer les toxines.
- Il leur était demandé de diminuer sensiblement
la consommation de l`alcool (un excès d'alcool dans l'organisme
empêche l'oxygène qui se trouve dans les tissus de passer dans les
cellules) ;
- d'arrêter de fumer la cigarette.
§ l'hygiène vestimentaire : il
était conseillé :
- d'éviter de pratiquer les exercices les pieds nus et
de préférence porter une bonne paire de pantoufles dont la
semelle bien rembourrée servait de tampon et dont le talon peu
surélevé soulageait le tendon d'Achille.
- de porter une tenue de sport décente et
suffisamment ample ;
- de mettre deux paires de chaussettes pour
éviter plus facilement les ampoules ;
- d'enduire les cuisses d'une matière grasse pour
éviter l'irritation suite au frottement ;
- aux femmes de choisir un bon soutien pour leur confort
et pour épargner la poitrine.
2.9. MISE EN PRATIQUE DU TRAITEMENT PAR L'ENTRAINEMENT
2.9.1. Plan d'entraînement
2.9.1.1. Activités
du premier mois
2.9.1.1.1. Première
quinzaine
C'était la phase de remise en condition physique
(Tableau 2). L'exécution des différents exercices de mise en
train et le déverrouillage du corps n'étaient pas aisés et
furent très pénibles. Au cours de cette période, les
sujets participaient chacun à son rythme sans forcer. C'est ainsi que le
trottinement et la marche étaient alternés autour du gymnase ou
sur un petit circuit extérieur permettant aux moins endurants de tourner
à leur allure sans avoir l'impression d'être distancés . Et
à la survenue d'une douleur musculaire d'origine lactique,
l'effort était interrompu pendant une ou deux minutes.
Les améliorations étaient constatées vers
la fin de la deuxième semaine. Le mieux être ressenti était
un élément encourageant et inconditionnel à la poursuite
du programme avec entrain et avec la ferme résolution de ne pas
abandonner.
Tableau 2. Plan d'entraînement A
Période
|
But
|
Contenu
|
Répétition
|
Durée
|
1ère et
2ème semaine
|
§ Amélioration de l'endurance de base
§ Amélioration de la souplesse
§ Amélioration de la ventilation
|
§ Marche+Trottinement
§ Exercices d'étirement et d'assoupissement
§ Exercices respiratoires
§ Exercices de récupération
|
3 à 5 X par série
|
Proportionnelle à l'adaptabilité
Temps de repos = temps d'exercice durée de la
séance 60 min
|
2.9.1.1.2. Deuxième
quinzaine
A ce stade, les exercices individuels à domicile ont
été intégrés dans le programme d'entraînement
cardiovasculaire selon le plan d'entraînement B (Tableau 3)
Tableau 3. Plan d'entraînement B
Période
|
But
|
Contenu
|
Répétition
|
Durée
|
2ème quinzaine
|
Idem
première
quinzaine
|
§ Marche échauffement
§ Marche+trottinement
§ Exercices endurance aérobie
Cfr plan A
§ Step
§ Retour au calme
§ Exercice à domicile
|
5 à 10 par
exercice
à volonté
quotidienne
|
5'
15'
15'
à volonté
5'
10'
|
2.9.1.2. Activités
du deuxième mois
Le tableau 4 résume les activités physiques
réalisées au deuxième mois.
Tableau 4. Plan d'entraînement du deuxième
mois
Période
|
But
|
contenu
|
Répétition
|
Durée
|
IIème mois
|
§ Idem plan 1 - 2
|
§ Marche échauffement
|
|
5'
|
|
§ amélioration de l'endurance
§ amélioration de la coordination et de
l'équilibre
§ amélioration de la statique
|
§ Marche + trottinement + course
§ Marche d'escalier
§ Exercices plan B
§ Exercices de force
§ Exercices ludiques
§ Step
§ Retour au calme
|
10 marches
10 - 15
à volonté
|
15'
10'
25' - 30
à volonté
5-10'
|
2.9.1.3 Activités
du troisième mois
Le tableau 5 reprend les activités du troisième
mois.
Tableau 5. Plan d'entraînement du troisième
mois
Période
|
But
|
contenu
|
Répétition
|
Durée
|
IIIème mois
|
Idem plan 1-2-3
Endurance cardiovasculaire+++
|
Marche + course sur terrain de 400m
Retour au calme
Récupération passive
Exercice plan 1-2-3
|
Voir tableau 6
400m marche
10 minutes après terrain
10-20 répétition
|
20 - 30 min
15-20 min
|
Le supplément des activités physiques
réalisées au troisième et au quatrième mois est
présenté dans le tableau 6.
Tableau 6. Supplément d'activité physique
au troisième mois et au quatrième mois
Période : 3ème mois
|
Distance (m)
|
Course (400m)
|
Marche (400m)
|
Durée (min)
|
1ère semaine
|
1600 m
|
0
|
4
|
20-25
|
3200 m
|
0
|
8
|
30-50
|
1.600 m
|
2 (alterné selon dyspnée)
|
2
|
16
|
2ème semaine
|
2.400 m
|
2
|
4
|
18 - 20
|
3.200 m
|
2
|
6
|
25 - 30
|
4.000 m
|
2
|
8
|
30 - 40
|
3ème semaine
|
3.200m
|
4
|
4
|
20 - 35
|
3.200m
|
4
|
4
|
20 - 20
|
4ème semaine
|
4.000m
|
6
|
4
|
25 - 30
|
Période : 4ème mois
|
|
|
|
|
1ère semaine
|
2.400 m
|
6
|
0
|
16 - 20
|
3.200 m
|
6
|
2
|
20 - 30
|
4.000 m
|
6
|
4
|
20 - 30
|
La figure 2 montre les sujets durant la marche.
Figure 2. Marche sur piste de 400
m.
La figure 3 nous montre les mêmes sujets au cours du
jogging.
Figure 3. Jogging / course sur
piste de 400 m.
2.9.2. Suivi en cours de programme d'entraînement
La surveillance de la progression était basée sur
les sensations ressenties à l'effort par le sujet, sur la
récupération plus rapide et sur la baisse de la FC de repos.
La prise de la fréquence cardiaque se faisait
régulièrement par le thérapeute et par les sujets eux -
mêmes pour vérifier l'intensité de l'exercice, afin de ne
pas aller au - delà de la limite supérieure de la
fréquence cardiaque d'entraînement et ni en deçà de
la limite inférieure.
Le poids corporel, la pression artérielle, le
périmètre abdominal étaient vérifiés aussi
régulièrement.
2.10. EVALUATION DE LA PERFORMANCE
A l'issue de douze semaines, une nouvelle épreuve
d'effort (step test adapté) avait été
réalisé pour objectiver les effets positifs notamment le gain de
puissance (la performance), la baisse de la FC au même niveau de charge
que lors du premier épreuve et l'amélioration de profil
tensionnel.
L'économie d'énergie cardiaque de 15 % (38)
était évaluée au repos, à l'effort et à la
récupération. Une diminution de la fréquence cardiaque de
10 battements par minutes après entraînement économisait
15% d'énergie cardiaque.
La consommation maximale d'oxygène (38) était
calculée en pourcentage selon la formule suivante :
Elle a également été estimée
à partir de l'équation mathématique (38)
ci-après :
- Chez les hommes : VO2 Max= 111,33 - (0,42 x
FC au test sur banc, batt /min)
- Chez les femmes : VO2 Max = 65,81 - (0,1847
x FC au test sur banc, batt /min)
· Les dérivées de la fréquence
cardiaque étaient les suivantes (18,38) :
- la réserve de la fréquence
cardiaque (RFC) =FCMax-FC de repos (FCR)
- la fréquence cardiaque cible (FCC) ou FCE =
FCR+%(FCMax-FCR)
2.11. ANALYSES STATISTIQUES
Les données ont été saisies et
analysées sur un ordinateur en utilisant les logiciels EPI-INFO version
6.04 et SPSS sur Windows version 10.
Les données qualitatives ont été
représentées sous forme de proportion (%) et les données
continues (quantitatives) sous forme de moyennes #177; écart-type.
Le test de chi carré de Pearson a servi à
comparer les proportions avec application du test exact de Fisher là
où c'était approprié .Le test t de student et l'analyse de
la variance (ANOVA) ont servi à comparer entre les groupes les moyennes
de variables continues normalement distribués avec correction de Yates
pour les petits échantillons .Mais le test non paramétrique de
Kruskall-wallis a été utilisé pour comparer les moyennes
de variables continues asymétriques.
La probabilité (p) inférieure à 0.05 a
été considérée comme seuil de
significativité statistique.
2.12. EXERCICES GYMNIQUES
La première série comprenait des exercices
d'étirement/stretching (Figures4-12).
Figure 4. Etirement tendon d'Achille obtenu
par les ordres suivants :
- position debout, paumes de mains contre le mur à la
hauteur des yeux ;
- reculez progressivement en supportant le poids du corps avec
les mains collées au mur ; gardez les pieds à plat au sol
jusqu'à sentir une tension dans les mollets ;
- tenez 15'' et retour répétez 10 fois.
- Ne pas bloquer la respiration pendant l'exécution de
l'exercice.
Figure 5. Extension de la jambe
exécutée selon les ordres suivants :
- position accroupie mains au sol ;
- étendez la jambe droite vers l'arrière aussi
loin que possible ;
- retournez la jambe droite à la position
initiale ;
- étendez la jambe gauche vers l'arrière aussi
loin que possible ;
- répétez 10 fois l'extension de chaque
jambe.
Figure 6. Etirement vertébro-thoracique
selon les ordres suivants :
- debout, jambes écartées, bras le long du
corps.
- Inclinez le tronc latéralement à droite en
inspirant et en élevant le bras gauche au maximum dans le
prolongement du tronc.
- se redressez en expirant ;
- inclinez le tronc à gauche en soufflant ;
- répétez 10à20 fois de chaque
coté.
- Variante : Position de départ, bras levés
à la verticale.
Figure 7. Etirement global (premier temps)
Figure 7. Etirement global(deuxième
temps)
Figure 7. Etirement global
(troisième temps).
En trois temps :
- debout jambes écartées bras levés
verticalement
- fléchissez le tronc en avant en sol ; poser les
mains au sol au niveau des pieds
- Insistez au-delà des talons, résistez 10
à 20 secondes .Se redresser en douceur
- répétez 10 à 20 flexions du tronc.
.
Figure 8. Etirement
cervico-brachial exécuté selon les modalités
suivantes :
- debout jambes écartées bras le long du
corps ;
- fléchissez le coude bras contre la poitrine ; tirez
l'épaule opposée ; simultanément rotation
latérale tête du coté de l'épaule
tirée ; main tenez la traction 10 à 20 secondes ;
relâchez ;changez de coté ;
- répétez 5 à 10 fois.
Figure 9. Etirement des ischio-jambiers et
des membres supérieurs en posant le pied sur une hauteur de #177; 90 cm
et en exécutant les ordres ci-après :
- fléchissez le genou du membre inférieur
posé en hauteur simultanément ; étirez les membres
supérieurs vers le pied surélevé en gardant le membre
inférieur au sol dans le prolongement du tronc ; gardez la position
pendant 8-10 secondes ; retour par extension du genou ; redressez le
tronc pendant 2 à 4 secondes ;
- répéter le mouvement 5 fois puis changer de
pied.
Figure 10. Assouplissement
articulaire en assis tailleur exécuté de la manière
suivante :
- flexion tronc avant, bras tendus en glissant les mains
doucement devant soi ;
-résistez 8 à10 secondes ;
-répétez (5 à 10 fois)
Figure 11. Assouplissement
articulaire en assis jambes écartées et tendues
réalisé selon les ordres suivants :
- flexion tronc avant bras tendus ; glissez jusqu
`à ressentir une tension non douloureuse dans les jambes et dans le
dos ;
- résistez pendant 8à10 secondes ;
- retour en douceur ; répéter 5 à 10
fois.
Figure 12. Assouplissement
articulaire en position debout jambes écartées suivant les
ordres
ci-après :
- genou gauche fléchi, tendez le genou droit ;
flexion tronc, bras tendu vers le pied de la jambe tendue ;
Résistez 8-10 secondes. Retour, changez de côté.
-répétez 5 fois de chaque
côté.
La deuxième série concernait les exercices
d'échauffement /mise en train (Figures 13 à 15).
Figure 13. Sautillements
réalisés selon les ordres suivants :
- Debout pieds joints, mains aux hanches ou le
long du corps.
- Sautillez en gardant les pieds joints sans arrêt 20
à 100 fois.
- Variez en sautillant sur chaque pied alternativement ou en
écartant et en rapprochant les pieds.
Figure 14. Rotation hanches obtenue selon les
commandements ci-après :
- debout mains aux hanches, pieds joints ;
- sautillez les pieds joints en tournant les hanches à
gauche et à droite successivement ;
- exécutez 10 à 100 sautillements sans
arrêt.
Figure 15. Relâchement actif
effectué suivant les modalités ci-après :
- debout jambes légèrement
écartées, bras le long du corps ;
- s'accroupir et balancer simultanément les bras
d'avant en arrière et se relever sans marquer de temps de
repos ;
- répéter plusieurs fois jusqu'à
ressentir un relâchement musculaire et /ou articulaire.
Les exercices d'endurance cardiovasculaire étaient
intervenus dans la troisième série (Figure 16).
Figure 16. Exercices d'endurance
cardiovasculaire
Cet exercice s'exécutait selon les ordres
suivants :
- debout, pieds joints, bras le long du corps ;
- sautiller en élevant les bras avant
simultanément écarter les jambes ;
- suivis directement d'élévation bras
latéralement en écartant les jambes
simultanément ;
- répéter 25 à 50 séries de
sautillement sur place successivement sans pause ;
- variez en imprimant des sauts en avant pendant
l'exécution de l'exercice et en fin de piste exécuter les
sautillements en se déplaçant en marche arrière.
Les exercices de tonification étaient intervenus
à la 4ème série. (Figure 17 et 18) .
Figure 17. Tonification en
décubitus dorsal obtenu selon les ordres ci-dessous :
- coucher dorsal jambes tendues appui coude ;
- soulevez les jambes tendues à #177; 90
degrés ;
- rabaissez les jambes par palier de 15 degrés jusqu'au
sol ;
- maintenez la position à chaque palier pendant 8
à 10 secondes ;
- variez en effectuant les mouvements de ciseaux les jambes
tendues, en effectuant des pédalages de grande envergure.
Figure 18. Tonification en
décubitus latéral exécutée selon les ordres
suivants :
- coucher latéral tronc légèrement
soulevé en appui coude ;
- jambes tendues et superposées ;
- soulevez le membre qui est placé au dessus de l'autre
le plus haut possible ;
- résistez 10 à 30 secondes, retour
répétez 5 à 20 fois l'exercice et changez de
coté ;
- variez en soulevant le membre vers l'avant ou vers
l'arrière.
Recommandation : le rythme de tous les exercices
était combiné avec le rythme de la respiration.
Chapitre 3. RESULTATS
Au total, 21 employés ont été
évalués.
3.1. DONNEES DEMOGRAPHIQUES
Ces employés étaient en majorité exclusive
des hommes (95,2 % n = 20) contre une seule femme (4,8 % n = 1).
L'âge moyen était de 54,4 + 7,1 ans
(extrêmes 37 ans et 62 ans).
3.2. FACTEURS DE RISQUE CARDIOVASCULAIRE
Le tabagisme par cigarette était rapporté par
14,3 % du groupe étudié (n = 3) et la consommation de
l'excès d'alcool par 57,1 % (n = 12).
L'inactivité physique (sédentarisme)
était présente chez 90,5 % de sujets (n = 19).
L'hypertension artérielle était
dépistée chez 95.2% (n = 20).
L'athérosclérose
pré-clinique/rigidité artérielle était
présente chez 47,6 % d'employés (n = 10).
L'intolérance au glucose et le diabète
sucré regroupaient 66,7% des sujets (n = 14).
L'hypercholestérolémie caractérisait 52,4
% des sujets (n = 11).
Dans ce groupe, 71,4 % (n = 15) présentaient le
surpoids/obésité (excès de poids ou de graisse) dont 33,3
% (n = 7) avec surcharge pondérale ou surpoids et 38,1 % (n = 8) avec
obésité commune.
L'obésité abdominale (distribution de la graisse
au niveau de l'abdomen) était prévalente chez 66,7 % des sujets
(n = 14).
3.3. IMPACT DE L'ENTRAINEMENT CARDIOVASCULAIRE SUR
L'ANTHROPOMETRIE
Le tableau 7 compare l'anthropométrie avant
l'entraînement à celle après entraînement. Aucune
différence statistiquement significative (p>0,05) n'était
notée pour les variations respectives du poids, de la taille et de
l'IMC. Mais le tour de taille après l'entraînement
cardiovasculaire était plus petit que le tour de taille avant
l'entraînement cardiovasculaire, la différence étant
statistiquement très significative (p<0,00001).
Tableau 7. Evolution de l'anthropométrie sous
l'effet de l'entraînement cardiovasculaire
Variables d'intérêt
|
Avant entraînement
|
Après entraînement
|
P
|
poids (Kg)
|
79,7 + 17,3
|
77,9 + 17,7
|
NS
|
Taille (m)
|
1,694 + 0,079
|
1,694+ 0,079
|
NS
|
IMC (Kg/m²)
|
27,7 + 4,6
|
27 + 4,7
|
NS
|
Tour de taille (Cm)
|
99,5 + 18,6
|
91,9 + 12,2
|
< 0,00001
|
NS : non significatif, p>0,05
L'entraînement cardiovasculaire tendait à
diminuer sans atteindre le seuil de signification statistique (p>0,05) le
taux de l'obésité commune : 38,1 % d'employés
obèses avant entraînement contre 28,6 % d'employés
obèses après entraînement cardiovasculaire. La proportion
d'employés avec surpoids avant l'entraînement estimée
à 33,3 % (n = 7) était identique (p>0,05) à celle
estimée après entraînement cardiovasculaire (33,3 %).
Mais, une diminution hautement significative (p<0.01) du
taux d'obésité abdominale était observée
après l'entraînement cardiovasculaire (28,6% n = 6) en
comparaison avec le taux d'obésité abdominale avant
l'entraînement cardiovasculaire (66,7% n=14).
3.4. IMPACT DE L'ENTRAINEMENT CARDIOVASCULAIRE SUR
L'HEMODYNAMIQUE
3.4.1. Fréquence cardiaque
La figure 19 compare les courbes de FC avant et après
entraînement cardiovasculaire selon les différentes phases (au
repos, à l'effort et à la récupération). Bien que
parallèle à la courbe de fréquence avant
l'entraînement, la courbe FC après l'entraînement
cardiovasculaire était décalée vers le bas avec la FC au
repos et la FC à l'effort respectivement et de manière
très significative (p < 0,00001) plus basse que les FC
correspondantes avant entraînement. Toutefois, la FC à la
récupération n'était pas influencée par
l'entraînement cardiovasculaire, la différence étant
statistiquement non significative (p>0,05).
La FC à la récupération aussi bien avant
qu'après l'entraînement ne revenait pas aux valeurs initiales de
repos.
Figure 19. Evolution de FC avant (
) et après ( ) entraînement cardiovasculaire au
repos, à l'effort et à la récupération.
3.4.2. Composantes de la pression artérielle et
l'hypertension artérielle
Il était noté une diminution respective et
très significative des composantes de la pression artérielle sous
l'influence de l'entraînement cardiovasculaire
(Tableau 8).
Tableau 8. Composantes de la pression
artérielle avant et après entraînement
cardiovasculaire
Variables d'intérêt
|
Avant entraînement
|
Après entraînement
|
P
|
PAS (mmHg)
|
145,9% #177;12,2
|
131,1#177; 8,6
|
<0,00001
|
PAD (mmHg)
|
93,4 #177; 11,4
|
82,9 #177; 9,4
|
<0,00001
|
Pression pulsée (mmHg)
|
53,6 #177; 9,9
|
48,2 #177;8,4
|
<0,00001
|
Effectif %
Ainsi les proportions d'hypertension artérielle
systolique, d'hypertension artérielle diastolique et
d'athérosclérose pré-clinique observées
respectivement après entraînement cardiovasculaire, étaient
de loin très significativement inférieures à celles
estimées avant l'entraînement (Figure 20)
p<0,01
p<0,0001
85,7
71,4
33,3
28,6
Figure 20. Comparaison des taux
d'hypertension artérielle systolique ( ) et d'hypertension
artérielle diastolique ( ) avant entraînement avec ceux
estimés après entraînement.
Il était noté une diminution significative du
taux d'athérosclérose pré-clinique sous l'influence de
l'entraînement cardiovasculaire :14,3% après
entraînement contre 47,6% avant entraînement, la différence
étant 33,3%.
3.5. MÉTABOLISME GLUCIDIQUE ET LIPIDIQUE
La valeur moyenne de la glycémie après
entraînement (4,6 #177; 1,6 mmol/l) était identique (p>0,05)
à la valeur moyenne de la glycémie avant entraînement (4,8
#177; 1,5 mmol/l). En outre, la proportion d'intolérance au
glucose/diabète sucré tendait à diminuer de moitié
sans pour autant atteindre le seuil de signification statistique
(p>0,05) : 38,11% (n=8) d'employés avec intolérance au
glucose/diabète sucré après entraînement contre 61,9
% (n = 13) d'employés avec intolérance au glucose/diabète
sucré avant.
La cholestérolémie totale moyenne après
entraînement (4,8 #177; 0,6 mmol/l) était similaire (p>0,05)
à la cholestérolémie totale estimée avant
entraînement (5,3 #177; 1,3 mmol/l). Le taux
d'hypercholestérolémie totale tendait à diminuer sous
l'effet de l'entraînement cardiovasculaire sans pour autant atteindre le
seuil de signification statistique (p > 0,05) : 38,1 % (n = 8)
après entraînement contre 52,4 % (n = 11) avant
entraînement.
3.6. FONCTION RESPIRATOIRE ET PERFORMANCE
3.6.1. Fonction respiratoire
En dépit de l'absence de variation significative de la
capacité vitale forcée sous l'influence de l'entraînement,
le débit ventilatoire et l'indice de Tiffeneau augmentaient de
manière significative après entraînement cardiovasculaire
(Tableau 9).
Tableau 9. Fonction respiratoire avant et après
entraînement cardiovasculaire
Variables d'intérêt
|
Avant entraînement
|
Après entraînement
|
P
|
CVF (Litre/sec.)
|
2,04 + 0,67
|
2,45 + 0,59
|
NS
|
VEMS (Litre/sec.)
|
1,781 + 0,744
|
2,241 + 0,506
|
0,06
|
TIFF (%)
|
86,3 + 23,2
|
92 + 6,6
|
< 0,05
|
DEP (Litre/sec.)
|
5,8 + 1,9
|
6,7 + 1,4
|
< 0,05
|
3.6.2. Performance
3.6.2.1. Economie
d'énergie
L'économie d'énergie cardiaque > 15 %
sous l'effet de l'entraînement cardiovasculaire était très
marquée à l'effort chez la majorité d'employés,
modérément marquée durant la récupération et
près d'un tiers au repos (Figure 21).
n=6 =16
=9
Effectif %
76,2
42,9
28,6
Figure 21. Economie d'énergie
cardiaque > 15 % sous l'effet de l'entraînement, au repos,
à l'effort et à la récupération.
3.6.2.2. Consommation
maximale d'oxygène
Il était noté une diminution hautement
significative (P<0,01) du pourcentage de VO2 Max après
entraînement (38,1 #177;22,9% VO2Max) en comparaison à
la période d'avant entraînement (73,3 #177; 19,6% VO2
Max).
Par contre, la consommation d'oxygène maximum
estimée par l'équation mathématique était de loin
plus augmentée après entraînement (64,6 #177; 9,9 ml/ (kg.
Min) qu'avant l'entraînement (49,8 #177; 6,1 ml/ (Kg. Min)), la
différence étant statistiquement très significative
(p<0,00001).
3.6.2.3. Variables
dérivées de la fréquence cardiaque de repos et de la
fréquence cardiaque maximale de l'effort
Le tableau 10 montre l'impact significatif de
l'entraînement sur les paramètres dérivés de la
fréquence cardiaque au repos et à l'effort : les valeurs de
fréquence cardiaque maximale de réserve, de réserve de la
FC et de FC cible après entraînement sont plus basses (p<0,05
et p<0,00001) que celles d'avant entraînement.
Tableau 10. Dérivées de la fréquence
cardiaque avant et après l'entraînement
Variables d'intérêt
|
Avant entraînement
|
Après entraînement
|
p
|
Fréquence cardiaque Maximale de réserve
|
85,7 8,7%
|
64,811,7%
|
<0,05
|
Réserve de la Fréquence cardiaque
|
62,424,5 bpm
|
38,2 22,5 bpm
|
<0,00001
|
Fréquence cardiaque
Cible
|
|
|
|
§ Limite inférieure
|
131,9 7,8 bpm
|
97,8 13,9 bpm
|
<0,00001
|
§ Limite supérieure
|
145,7 6,5 bpm
|
97,9 13,9 bpm
|
<0,00001
|
Chapitre 4. DISCUSSION
Cette étude démontre avec des preuves le
rôle bénéfique de l'entraînement cardiovasculaire
dans une population au travail à haut risque cardiovasculaire (12,13).
En effet, dans les pays développés, la pratique
régulière de l'activité physique diminue l'incidence des
maladies cardiovasculaires et la mortalité totale (21-23).
Ainsi, dans la présente étude,
l'entraînement cardiovasculaire appliquant les principes
théoriques et pratiques de la médecine physique visait à
agir sur certains facteurs de risque cardiovasculaire, la fonction respiratoire
et la performance en milieu de travail de la SNEL. Ce programme
d'entraînement cardiovasculaire est nécessaire pour ces
employés de la SNEL présentant un taux très
élevé d'inactivité physique estimé à 61,9%
des employés en 2002(13) et 90,5% dans la présente étude.
Il est admis que l'inactivité physique double le risque
de maladie coronaire (39,40). La présente étude met en
évidence d'autres facteurs de risque cardiovasculaire qui militent pour
la promotion de la santé en terme de qualité de vie :
alimentation saine, absence de tabac et d'abus d'alcool.
4.1. FACTEURS DE RISQUE CARDIOVASCULAIRE ISOLÉS
4.1.1. Age et sexe
Les employés évalués étaient en
majorité des hommes reconnus vulnérables pour les maladies
cardiovasculaires. Le sexe masculin au delà de 55 ans et le sexe
féminin au delà de 65 ans, ont aussi été
cités comme facteurs de risque cardiovasculaire. L'âge moyen de la
population étudiée était de 54, 4#177;7,2 ans ; cet
âge suggère une population congolaise avec amélioration de
l'espérance de vie (41) et en transition démographique,
elle-même concomitante à la transition nutritionnelle et à
la transition épidémiologique (42).
Dans un travail très récent, LONGO MBENZA et al.
ont démontré que le sexe masculin, l'âge avancé, le
niveau socio-économique faible, la migration, la fréquence
cardiaque élevée et l'hyperfibrinémie étaient des
facteurs prédictifs significatifs de la mortalité par AVC chez
les congolais (43).
Une étude réalisée en 2004 par ONYUMBE
(44) a estimé que les agents de sexe masculin constituaient la
majorité de l'effectif total de la SNEL : 90 %d'hommes contre 10%
de femmes. En outre, il y a une forte concentration de 2/3 des agents de la
SNEL dans la tranche d'âges compris entre 40 ans et 54 ans (44).
4.1.2. Style de vie
Le revenu mensuel de la population étudiée
définissant un niveau socio-économique moyen à
élevé pour la majorité ( 13) et le milieu urbain de
Kinshasa expliquent le taux élevé de tabagisme par cigarette
(14,3%) et d'excès d'alcool estimé à 57,1% des
employés. C'est pourquoi le programme d'entraînement
cardiovasculaire proposé à ces employés comprend un
volet de conseils pratiques. Ce volet vise à éliminer les
idées reçues préconisant un repos absolu en cas
d'hypertension artérielle ou de MCV et à les convaincre du risque
auquel ils s'exposaient s'ils continuaient à mener leur vie comme par
le passé, sans pour autant les faire paniquer.
Aussi, il leur était recommandé de cesser de
fumer de la cigarette et de faire usage modéré de consommation
d'alcool. En effet, le tabagisme à la cigarette, actif ou passif,
intervient comme facteur de risque cardiovasculaire majeur (16,24,46,48). Une
réduction efficace de récidive d'accident coronaire est
observé en cas d'arrêt d'usage de tabac (24 - 46) avec gradient
social important au dépens des ouvriers (16,40-52). En milieu
hospitalier de Kinshasa (8,54), dans la population générale de
Kinshasa (10) et en milieu de travail de la SNEL à Kinshasa (13), de la
régie des voies maritimes à BOMA et de l'Office National de
Transport à BOMA (54), il est observé une prévalence plus
élevée de tabagisme par cigarette chez les hommes que chez les
femmes (8-11,53-56).
En Afrique du Nord, le tabagisme à la cigarette
apparaît comme le premier facteur de risque (70%) de l'infarctus du
myocarde avec une consommation de plus de 20 cigarettes par jour exclusivement
pour les hommes (56).
Plusieurs études rétrospectives et prospectives
dans le monde ont fait état du rôle protecteur de la consommation
modérée d'alcool (1 à 2 verres de vin par jour) dans les
MCV ainsi que dans les autres maladies comme le cancer (48,57,58). En Afrique,
Kacou et Monkam supposent que les coronariens consomment plus d'alcool que les
groupes témoins (15).
La consommation excessive d'alcool est la principale cause de
cardiomyopathie dilatée dans les pays développés (59).
L'excès d'alcool augmente le risque d'accident vasculaire
cérébral (60,61). Le volet de conseils pratiques recommandait
donc une consommation modérée d'alcool qui diminue le risque
cardiovasculaire et de mortalité (62-68).
Il était important que les sujets prennent en charge
eux - mêmes ce programme d'entraînement afin que cela fasse partie
intégrante de leur vie car le but était de changer leur mode de
vie ; abandonner le sédentarisme et prendre goût à
une vie active. En effet, la vie active est un concept qui considère
l'activité physique pour améliorer la qualité de vie tant
dans le milieu de travail, à la maison et dans les loisirs. Mener une
vie active et participer à un programme d'exercice sont en soi deux
choses bien différentes. Mener une vie active signifie intégrer
les activités physiques adaptées dans sa vie de tous les jours.
(Ex. : préférer gravir les marches d'escalier que prendre
l'ascenseur). Il est bon de rappeler que la population d'étude a
été prise dans un pays où la culture sportive est quasi
inexistante et où la culture du bien être ne cadre pas avec une
vie active. La majorité des sujets menait une vie sédentaire
franche. La reprise des activités physiques avait été une
dure épreuve pour leur corps. Déverrouiller des articulations,
dérouler des muscles gardés pendant des années voire des
décennies sans grande activité et optimiser le travail du coeur
et des poumons avait demandé beaucoup de volonté et de sacrifice
de la part de chacun d'entre eux.
4.1.3. Syndrome métabolique
La présence de l'HTA, de l'intolérance au
glucose, du diabète sucré, de l'obésité abdominale,
du surpoids, de l'obésité commune et de
l'hypercholestérolémie totale à des taux
épidémiques, suggère le syndrome métabolique
(69-70). Le syndrome métabolique est favorisé par l'âge, la
post-ménopause chez la femme, l'inactivité physique(le
sédentarisme), le tabagisme, la consommation excessive d'alcool et de
sucre, un indice de masse corporelle élevé comme dans la
présente étude et ailleurs (71- 72). Le diabète
sucré de type 2 plus probable dans la population étudiée
(73) et l'insulino-résistance à travers l'obésité
abdominale favorisée par l'inactivité physique de la population
étudiée (74) accompagne ce syndrome métabolique.
La prise en charge du syndrome métabolique fait appel
à des mesures diététiques, à la pratique d'une
activité physique et éventuellement à un traitement
médicamenteux dans le but d'obtenir un tour de taille < 100 cm et un
taux de triglycérides <1,5-2mg/l (1,71-2,28mmol/L). Dans les
états prédiabétiques, où
l'insulino-résistance est particulièrement fréquente, la
prévention d'athérosclérose viserait davantage à
restaurer la sensibilité des récepteurs à l'insuline qui a
augmenté sa sécrétion (75).
4.1.4. Athérosclérose pré-clinique
L'athérosclérose pré-clinique, reflet de
la rigidité artérielle est définie par une pression
pulsée =60mmHg selon LONGO MBENZA et al (75). Elle est présente
chez la moitié des sujets étudiés. La pression
pulsée associant une PAS élevée et une PAD normale ou
basse est un indice prédictif de mortalité cardiovasculaire et de
risque d'accident vasculaire cérébral (73-76).
4.2. IMPACT DE L'ENTRAINEMENT CARDIOVASCULAIRE SUR LE RISQUE
CARDIOVASCULAIRE
L'entraînement aérobie ou cardiovasculaire
fortifie les organes qui nous font vivre. Il permet une mise en condition des
poumons, du coeur et des vaisseaux sanguins. Certains pensaient que leur
passé sportif avait un bénéfice pour toute leur vie. Cette
opinion est fausse car dès qu'on arrête l'activité physique
ou sportive, on en perd le bénéfice 3 mois après (18) et
les mauvaises habitudes installent leur ruine très rapidement. Le coeur
et les poumons doivent être sollicités régulièrement
pour procurer un bon rendement.
Le step test avait permis aux sujets de se rendre compte de
leur inaptitude. C'est ainsi qu'ils avaient accepté de se soumettre aux
exigences de l'entraînement et de maintenir ensuite une activité
physique selon les modalités apprises. Sans leur libre consentement, le
programme ne leur aurait pas été profitable .Il a fallu les
conscientiser de leurs responsabilités dans la gestion de leur capital
santé.
Le fait d'avoir levé l'ignorance a contribué
largement à vaincre le doute et à les pousser à prendre la
décision de se battre pour une vie meilleure sans parler du refus
d'être soumis a une médication continuelle. Bref, à la fin
de chaque séance, nous prenions du temps pour donner quelques
leçons théoriques sur l'anatomie et la physiologie. Ce programme
était une thérapie pour améliorer l'état de
santé des sujets à risque sans prise de médicaments,
c'est-à-dire une thérapie curative en vue de prévenir les
maladies cardiovasculaires par la correction des facteurs de risque. Il a
été réalisé pendant les heures de travail.
L'entraînement amène une adaptation biologique
s'il tient compte du niveau initial d'entraînement de l'intensité
de l'exercice, de la durée de l'entraînement, de la
fréquence de l'entraînement (17-18). Lorsque l'amélioration
n'est pas parallèle à la gradation d'effort, le programme
d'exercices devient essentiellement un programme d'entretien aérobie
(34). C'est Laporte, un épidémiologiste de l'Université de
Pittsburgh qui a conclu le premier qu'une pratique physique
régulière même en intensité faible est
bénéfique pour la santé (17).
La programmation de cet entraînement destiné
à améliorer la santé contient plusieurs types d'exercices
regroupés en phases (des exercices d'échauffements, d'endurance,
de récupération, de souplesse, de force, d'étirement et
des exercices ludiques).
- Phase d'échauffement et
d'étirement : contenant des exercices dynamiques de faible
intensité et des exercices d'étirement. Le but de
l'échauffement est d'augmenter progressivement la fréquence
cardiaque et la ventilation pour préparer les principaux
systèmes sollicités par l'exercice (système
cardio-vasculaire, respiratoires et musculaires) à une activité
plus intense. Un bon échauffement permet de réduire les douleurs
articulaires et musculaires (crampes) ressenties éventuellement au cours
de l'entraînement et par conséquent, diminuer le risque de
blessure.
- Phase des exercices d'endurance :
destinées à améliorer la capacité et
l'efficacité de l'ensemble des systèmes cardiovasculaire,
respiratoire et métabolique (18) et qui utilisent les grands groupes
musculaires : la marche, la course à pied, le vélo, la
danse, aérobie, le step, la montée d'escalier, le saut à
la corde, des exercices gymniques dynamiques.
- Phase de récupération et
d'étirements : très important pour permettre
l'élimination de l'acide lactique et pour éviter les malaises
liés à un arrêt brutal d'activité à savoir
les vertiges dus à l'accumulation de sang dans les
extrémités périphériques (malaises vagaux de fin
d'effort) et pour diminuer le risque de lésions
ostéo-ligamentaires ou tendineuses.
- Phase d'assouplissement : Ces exercices sont
recommandés surtout pour les sujets dont les qualités souplesse
sont déficientes qui souffrent de douleurs musculaires, articulaires ou
rachidiennes.
Ils sont en général intégrés,
à la phase d'échauffement et de récupération.
- Phase de tonification musculaire ou
entraînement de force : Il est admis que l'intégration des
exercices de forces dans la programmation de l'entraînement est
bénéfique non seulement pour développer l'aptitude
physique mais aussi pour entretenir le capital santé. L'American College
of Sports Medicine a ainsi donné des recommandations spécifiques
concernant l'entraînement de force intégré ou programme de
préparation physique (18).Ce type d'entraînement constitue un
entraînement progressif fait avec des charges faibles. La charge choisie
pour débuter le programme doit être telle qu'elle puisse
être soulevée 10 fois. Si elle peut être soulevée
plus de 10 fois, elle est trop légère, moins de 10 fois, elle est
trop lourde. Ces séances doivent comporter 2 à 3 séries
par jour et doivent être répétées 2 à 3 fois
par semaine. Au fur et à mesure qu'on progresse le nombre de
répétition à réaliser augmente. Dès qu'on
atteint 15 répétitions on peut alors augmenter la charge. Au
cours de l'entraînement la charge était le poids du membre
soulevé par le sujet lui-même. Au début la
répétition était de 3 à 5 fois et a
progressé jusqu'à 15 à 20 fois.
- Activités ludiques : le but
recherché est le plaisir ou la relaxation qu'elles apportent et qui
contribuent à améliorer la condition physique. Le tennis de
table, le badminton, le basket, le tennis sur cour exerce les mêmes
effets que l'entraînement d'endurance s'ils sont pratiqués de
manière intense. Par contre le golf et le bowling sont insuffisamment
intenses pour développer l'endurance cardio-respiratoire mais
malgré tout bénéfique pour la santé.
- Phase de revalidation cardiorespiratoire : une
désadaptation respiratoire joue un rôle important dans la
désadaptation cardiaque. Si les poumons n'assurent pas une bonne
ventilation, le coeur aura des problèmes pour assurer convenablement son
rôle de pompe et l'organisme tout entier en pâtira. Il convient
donc de réadapter la respiration pour permettre une bonne
réadaptation musculaire et cardiaque. Les sujets étudiés
exécutaient les exercices respiratoires avant l'entraînement et
ils coordonnaient la respiration avec l'exécution des différents
exercices. La vitesse d'exécution était tributaire du rythme
respiratoire qui devait demeurer normale sans précipitation.
Pour l'efficacité du programme, aucune forme d'exercice
ne doit être négligé.
Les exercices physiques auxquels étaient soumis les
sujets imposaient à leur corps une certaine surcharge créant une
certaine fatigue. Après une période de repos, les sujets
récupéraient de cette fatigue et atteignaient un niveau
supérieur de forme à celui qu'ils avaient avant l'exercice.
Refaire les exercices à un niveau plus élevé que
d'habitude, avait permis certaines adaptations biologiques et les sujets
pouvaient travailler plus efficacement. Cette alternance de périodes
d'exercices suffisamment intenses et de périodes de repos qui induit une
augmentation du potentiel physique de base s'appelle
phénomène de surcompensation (18).
En théorie, des nombreuses adaptations physiologiques
induites par l'entraînement en endurance doivent affecter le niveau de la
pression artérielle au repos ou d'exercice (4, 17, 18,27, 77). L'une de
ses principales adaptations est l'augmentation du volume plasmatique. Toute
augmentation du volume plasmatique doit en principe augmenter la pression
artérielle. Rappelons qu'un des modes essentiels du traitement de l'HTA
est la prescription de diurétiques dont l'objectif est
précisément de diminuer le volume liquidien et en particulier le
volume plasmatique. Mais il est établi que le muscle
entraîné est le siège de modifications structurales, en
particulier, une augmentation de sa capillarisation (17, 18,27). En outre, chez
un sujet entraîné, la capacité du système veineux
est augmentée (17,18). Ces deux dernières adaptations expliquent
que l'augmentation du volume plasmatique chez un sujet entraîné ne
s'accompagne pas d'une augmentation simultanée de la pression
artérielle.
Les mécanismes exacts responsables de la diminution de
la pression artérielle de repos après entraînement ne sont
pas encore clairement identifiés ; il est probable que la
diminution du débit cardiaque de repos y contribue, les besoins en
oxygène étant satisfaits grâce à l'augmentation de
la différence artério - veineuse en oxygène. En admettant
que le débit cardiaque de repos ne change pas, il faut alors envisager
une diminution des résistances vasculaires périphériques
dont l'origine pourrait être une baisse générale du niveau
d'activités du système nerveux sympathique.
Les études épidémiologiques montrent que
l'inactivité physique double le risque de maladies coronariennes
(39,40). Les premiers travaux illustrant ce résultat ont
été menés par l'équipe anglaise de Morris vers 1950
(17). Les sujets comparés étaient des chauffeurs du bus ou des
agents de la poste séparés dans chaque profession en deux groupes
selon leur niveau d'activité. Le taux de mortalité par maladie
coronarienne était environ deux fois plus élevé chez les
sédentaires. La plupart des études ultérieures ont tout
à fait confirmé ces données (17,18).
Ces premières études se sont
intéressées aux relations entre l'activité physique et la
profession. Ce n'est que vers les années 1970 qu'on s'est mis à
considérer l'activité physique d'ordre récréatif ou
de loisir. Morris et ses collègues furent encore les premiers à
montrer que le risque de maladies coronariennes est de 2 à 3 fois
supérieur chez les sujets peu actifs (17). Ces résultats furent
confirmés par d'autres épidémiologistes comme Pattenbager
et Blair (17).
Vers le milieu des années 1980, Powell et ses
collaborateurs, à Atlanta, ont compilé scrupuleusement et avec
beaucoup de rigueur l'ensemble des données
épidémiologiques sur ce sujet. Ils ont conclu que le risque
relatif de maladies coronariennes lié à l'inactivité
physique se situe entre 1,5 et 2,4 avec une moyenne de 1,9. Ce taux
représente à lui seul le risque combiné de deux à
trois fois autres facteurs essentiels de cette affection. Dans une étude
de 1987, Pearsen démontre que dans les populations occidentales, le
nombre de sujets inactifs excèdent de très loin le nombre de
sujets qui cumulent trois autres facteurs de risque à savoir le
tabagisme, l'hypertension artérielle ou
l'hypercholestérolémie (18 ).
Ces données épidémiologiques ont conduit
l'American Heart Association à déclarer en 1992 que
l'inactivité physique constitue le facteur de risque le plus important
de la maladie coronarienne.
L'étude de Nkoy (13) réalisée sur la
population SNEL en 2002 a fait ressortir un taux très
élevé d'inactivité physique estimé à 61,9%
et la présente étude à 90,5%. Une autre étude
réalisée en 2004, toujours sur la population SNEL, par ONYUMBE
(44) a relevé un taux de mortalité très
élevé estimé à 35,3% sur l'ensemble des
départs durant la période de 1990 à 2003.
Généralement, nous nous considérons
malades dès l`instant où nous ressentons un malaise quelconque.
En l'absence de cela, nous sommes en bonne santé. Et pourtant de
nombreuses études épidémiologiques montrent que dans
beaucoup de maladies chroniques dégénératives, les
processus pathologiques progressent silencieusement et le sujet apparemment non
malade ne s'en aperçoit qu'au stade de complications graves ou
fatales.
En dépit du haut risque cardiovasculaire encouru par la
population étudiée et non encore soumise à un traitement
pharmacologique respectivement pour l'HTA, le diabète sucré et
l'hypercholestérolémie, le programme d'activité physique
régulière imposé a entraîné une
amélioration significative de certains paramètres évaluant
les risques cardiovasculaires. Son effet était indifférent sur
d'autres paramètres.
On ne le dira jamais assez, un dépistage précoce
et un traitement adapté de ces pathologies chroniques sont essentiels
pour en réduire la gravité et en éviter l'issue fatale.
Pour les maladies cardiovasculaires, la réduction des facteurs de risque
permettra de prévenir ou de retarder leur apparition (12,18, 78).
Pour cela, il convient de :
- mener une vie active (pratiquer d'avantage d'activités
physiques et sportives) ;
- modifier ses habitudes quotidiennes (son mode de vie) ;
- arrêter la prise de tabac ;
- diminuer fortement ou mieux arrêter la consommation
d'alcool ;
- prendre du repos ;
- apprendre à gérer les stress ;
- changer ou améliorer ses habitudes
alimentaires ;
- etc.
Ces recommandations sont connues et familières à
tout un chacun. Et pourtant ce qui est constaté est que la pratique de
l'activité physique reste encore fortement négligée pour
diverses raisons (le manque de temps, le manque d'argent, la culture,
l'ignorance du risque cardiovasculaire,......) et ce malgré la diffusion
assez abondante des brochures et des écrits vantant les mérites
de la pratique de l'activité physique. Son rôle préventif
et curatif dans la survenue et dans le traitement des maladies
cardiovasculaires est pourtant fondamental (71). La présente
étude le démontre largement.
Voici les effets théoriques de l'activité
physique qui lui valent le mérite d'être un des meilleurs moyens
de prévention des maladies cardiovasculaires :
- améliore les propriétés
mécaniques ou contractiles du myocarde ;
- l'activité physique s'accompagne d'une hypertrophie
du ventricule gauche (18) ;
- améliore la circulation coronarienne et le
métabolisme du myocarde : le débit sanguin coronarien est
plus élevé après l'entraînement cardiovasculaire
(17-18,27) ;
- améliore les caractéristiques de la
coagulation et normalise le profil des lipides sanguins (75,76) ;
- modifie de façon bénéfique le rythme et la
pression cardiaque (17-18,34) :l'entraînement cardio-vasculaire
diminue le débit cardiaque au repos et réduit la pression
artérielle systolique et diastolique au repos ;
- permet une meilleure position corporelle (diminution du poids)
(17, 18) ;
- améliore le développement d'une circulation
collatérale dans le myocarde (17) ;
- établit un meilleur équilibre neuro-hormonal qui
préserve l'oxygène du myocarde (17) ;
- permet de se débarrasser du stress des tensions
psychologiques (l'activité physique est un complément
thérapeutique de la dépression) (81,82) ;
- l'entraînement augmente la capacité de travail
et augmente l'endurance (26, 33,34)
- l'exercice physique induit une diminution du tonus
vasoconstricteur des vaisseaux et donc leur ouverture (18) ;
- L'exercice physique contribue à prévenir
l'hypertension artérielle en diminuant les facteurs de risque de cette
affection et diminue le taux de glucose sanguin (17, 18,29) :
? permet de réduire le risque d'insulino-
résistance (83) ;
? améliore le profil lipidique : diminue la masse
grasse et augmente la masse maigre (17, 18, 33,34) ;
? diminue le stress par son effet psychologique
positif ;
? l'activité physique active la mobilisation des
lipides (18,27) ;
? L'activité de stockage vers les muscles
(18) ;
? l'activité physique réduit l'appétit
(17).
Ces différents éléments montrent
l'intérêt d'une intervention tant préventive que curative
comme celle réalisée par la présente étude qui a
démontré à juste titre les effets bénéfiques
d'un programme d'entraînement en milieu de travail.
4.2.1. Paramètres anthropométriques
La durée plus ou moins courte de l'entraînement
orientée particulièrement sur l'endurance cardiovasculaire,
durant trois mois pourrait expliquer son rôle indifférent sur le
poids. En effet, les exercices aérobiques d'intensité
modérée n'entraînent pas nécessairement une
utilisation des graisses car la dépense énergétique totale
est beaucoup plus faible que lors des exercices aérobies à haute
intensité (17). La tendance à la baisse du taux de
l'obésité commune sous l'effet de l'entraînement
cardiovasculaire n'a malheureusement pas atteint le seuil de signification
statistique. Qu'à cela ne tienne, l'IMC n'est plus le paramètre
anthropométrique (84) le plus significatif du risque de complication
cardiovasculaire. Il s'agit plutôt de la répartition du tissus
graisseux et de l'obésité abdominale qui fournissent un meilleur
reflet de risque de complication cardiovasculaire que le poids corporel (12,78,
83-88). Les données récentes ont révélé que
l'obésité abdominale était plus à même
à prédire l'infarctus du myocarde que le poids corporel ou l'IMC
(89). On peut évaluer l'obésité abdominale en mesurant
simplement le périmètre abdominal (89), indicateur de
l'adiposité abdominale, à savoir, les graisses situées
profondément dans l'abdomen (90).
Aux Etats-Unis d'Amérique, 46% des personnes
d'âge adulte ont le périmètre abdominal qui dépasse
le seuil de risque (102 cm pour les hommes et 88 cm pour les femmes) (91).
L'obésité abdominale a triplé au cours
des 40 dernières années (92). C'est la graisse intra abdominale
qui représente l'un des éléments majeurs contribuant
à la survenue des risques cardiovasculaire
comme l'insulino-résistance et le syndrome métabolique et
pouvant induire l'apparition d'une diabète ou d'une maladie
cardiovasculaire ( infarctus du myocarde ou accident vasculaire
cérébral) (90) ;
C'est cette obésité abdominale qui est
significativement diminuée dans la population étudiée en
partant du taux de 66,7% avant l'entraînement cardiovasculaire à
un taux de 28,6% après entraînement cardiovasculaire. Le faisant,
l'entraînement cardiovasculaire combat le syndrome métabolique.
La réduction pondérale permettrait à elle
seule de contrôler l'hypertension artérielle, le diabète
sucré et l'hypercholestérolémie (12, 17, 27, 78, 84, 90).
Cependant, il n'est pas facile de convaincre les africains au sud du Sahara en
général et les congolais en particulier, sur la
nécessité de perdre du poids progressivement en cas de maladies
cardiovasculaires, de diabète sucré pour des raisons
culturelles.
En effet, il faut souligner la limitation des programmes
d'éducation sanitaire, d'entraînement cardiovasculaire et de prise
en charge thérapeutique des sujets africains obèses et
hypertendus (93). A l'échelle individuelle de l'africain en
général et la femme africaine en particulier,
l'obésité et/ou ses déterminants peuvent être le
symbole de la force, de la puissance ou de la situation florissante du mari
(93-94). La pandémie VIH/SIDA semble avoir influencé l'exaltation
de l'embonpoint par peur de systématisation. incessante à
l'infection VIH/SIDA.
4.2.2. Fréquence cardiaque
La fréquence cardiaque est le reflet du travail fournit
par le coeur au repos et augmente pendant l'effort pour répondre aux
besoins métaboliques imposés au coeur. En effet, la FC et le VES
conditionnent le débit cardiaque. Ainsi, l'augmentation de la
fréquence cardiaque au repos constitue un des mécanismes
d'adaptation cardiovasculaires à cet effort (17, 18, 27, 33,34). Lors
du premier test d'aptitude, Il était difficile d'obtenir un rythme
assidu pour beaucoup d'entre eux et les résultats obtenus n'avaient pas
été concluants. Les sujets se déclaraient
essoufflés sans pour autant augmenter leur fréquence cardiaque de
façon à atteindre l'intensité minimale d'exercice
recommandée par l'American College of Sport Medicine pour
développer la capacité maximale aérobie qui doit se
situer entre 60% et 90% de FC maximale et 85% de la VO2 max (95). Ce
test avait été une première interpellation sur leur
état de santé.
Certains chercheurs reconnaissent l'importance de la
fréquence des séances pour améliorer le système
cardio-vasculaire (96-97). D'autres accordent plus d'importance à
l'intensité ou à la durée des séances
d'entraînement (98-100).
Pour obtenir une amélioration du système
cardiovasculaire le programme d'entraînement tenait compte des facteurs
d'amélioration suivants :
- le niveau initial,
- l'intensité de l'exercice : les modifications
physiologiques engendrées par l'entraînement sont principalement
tributaires de l'intensité de la surcharge.
La fréquence cardiaque est la méthode efficace
ne nécessitant pas d'appareillage sophistiqué pour formuler
l'intensité relative de l'exercice et établir un programme
d'entraînement.
- La durée de l'entraînement : elle est
déterminée en fonction de l'intensité. La prolongation de
la période compense pour la faible intensité de l'exercice. Dans
ces conditions l'amélioration est rapide et se maintient à un bon
rythme pour les sujets sédentaires.
- La fréquence de l'entraînement : les
sujets s'entraînaient 3 fois par semaine avec un jour de repos
d'intervalle en plus de 10 minutes d'activités quotidiennes à
domicile.
Pour assurer une bonne réduction de masse corporelle,
il est évident que l'intensité, la durée et la
fréquence des exercices devaient augmenter. L'entraînement
était suffisamment intense pour stimuler le système
cardiovasculaire et améliorer le VES et le débit cardiaque.
L'entraînement cardiovasculaire a baissé
très sensiblement la fréquence cardiaque de ses employés
respectivement au repos, à l'effort et à la
récupération. Il s'agit là d'une meilleure prise en charge
de la FC élevée au repos (18) considérée comme
facteur de risque cardiaque et vasculaire dans les pays
développés (15,101-103).
L'élévation de la fréquence cardiaque
chez ses employés pourrait être expliquée par le stress
lié au surmenage professionnel, aux soucis personnels et aux autres
changements de situation (14).
En effet, dans une étude antérieure dans la
même SNEL à Kinshasa, NKOY observe un taux de 72,9%
d'employés stressés (13). Dans cette société, il
existe une association positive entre le taux d'employés stressés
et la catégorie avec niveau socio-économique élevé
(13). L'activité physique aide bien à une meilleure gestion du
stress et à réduire l'anxiété (81,82).
Au fur et à mesure que les fonctions
cardio-vasculaires des sujets s'amélioraient, la fréquence
cardiaque à l'effort submaximal s'abaissait graduellement (18).
L'intensité de l'exercice était augmentée
périodiquement pour atteindre la fréquence cardiaque liminaire
ou la fréquence cardiaque cible (34).
Les sujets qui avaient commencés leur programme
d'entraînement par la marche avaient progressivement augmenté
leur vitesse pour arriver au jogging et à la course continue qui leur
donnait la même intensité d'effort dictée par la
fréquence cardiaque cible. (Figure 2 et 3)
4.2.3. Composantes de la pression artérielle
Des études épidémiologiques montrent la
place de l'activité physique dans l'effet préventif
vis-à-vis de la survenue des accidents coronariens en Afrique (15-16) et
dans le monde (104). Il s'avère que les coronariens africains marchent
moins (15).
Toutefois, certaines études ne montrent pas
d'association significative entre l'activité physique
régulière, le sport et la pression artérielle (105).
La baisse très significative de la PAS, de la PAD et de
la PP après entraînement cardiovasculaire de ces employés
confirme le contrôle de l'HTA par l'activité physique tel que
proposé par les recommandations de différentes
sociétés savantes (106-107).
Plusieurs études démontrent une baisse
significative de la pression artérielle après activité
physique journalière (108-109). L'exercice physique régulier est
recommandé dans la prévention primaire de l'hypertension
artérielle (109). Il a été estimé par une
étude à la clinique COOPER à Dallas que le risque
d'hypertension artérielle est 1,5 fois plus élevée chez
les sujets de condition physique faible que chez les sujets actifs (39)
La baisse très significative des taux d'hypertension
artérielle systolique (HPAS), d'hypertension artérielle
diastolyque (HPAD) et athérosclérose pré-clinique
après entraînement cardiovasculaire de ces employés
constituent les prémisses et le gage fondamental de la réduction
de leur haut risque cardiovasculaire. En effet, l'exercice physique
aérobie et régulier diminue le risque des maladies coronaires
(17,27, 43, 110). Ce bénéfice proviendrait de la diminution de la
pression artérielle déterminée par l'exercice physique
d'une part et par les facteurs métaboliques stimulés par
l'exercice physique tel que l'augmentation de HDL-Choléstérol
d'autre part (17, 110).
4.2.4. Métabolisme glucidique et lipidique
La présente étude met en évidence un
effet indifférent de l'entraînement cardiovasculaire aussi bien
sur la glycémie, l'intolérance au glucose ou diabète
sucré que sur la cholestérolémie totale et
l'hypercholestérolémie. Ces résultats sont en
contradiction avec les données de la littérature qui
démontrent l'effet bénéfique de l'activité physique
sur le métabolisme glucidique et lipidique.
En effet, les effets métaboliques de
l'entraînement physique (111,112) influencent favorablement certains
facteurs de risque liés au métabolisme glucidique :
augmentation de l'insulinémie, de la tolérance au glucose et de
la sensibilité à l'insuline.
Chez les obèses avec diabète de type 2 (111,
113), l'exercice physique régulier baisse d'une manière
significative la résistance périphérique à
l'insuline comme conséquence une diminution de la glycémie
à jeun, de la lipémie, de l'hémoglobine glucosylée,
de la pression artérielle et du poids corporel. L'activité
physique ne semble pas assurer un meilleur contrôle du diabète
type 1 (17,111). Toutefois, l'activité physique requiert des
précautions chez les diabétiques de type 1 et de type 2 (17,112).
LONGO MBENZA (112) contre-indique l'activité physique dans les
circonstances suivantes : la rétinopathie proliférative, la
neuropathie autonome (traumatisme du pied) et l'aggravation d'une
protéinurie d'effort.
Quant au métabolisme lipidique, plusieurs études
épidémiologiques confirment que l'effet sans doute le plus
bénéfique de l'activité physique concerne le taux des
lipides sanguins (18,113-116).
4.2.5. Activités physiques et fonctions
respiratoires
Il est établi que la consommation maximale
d'oxygène (VO2Max) diminue avec l'âge. C'est
l`inactivité physique souvent associée qui semble être la
principale responsable. L'entraînement aérobie améliore le
système de transport d'oxygène par conséquent le
VO2 Max. Il s'accompagne d'une adaptation des fonctions
respiratoires qui permet au sujet de réaliser des efforts
d'intensité plus élevée et traduit une amélioration
du potentiel individuel. De nombreux auteurs affirment que l'entraînement
permet une amélioration de la VO2Max de 15 à 30% (17,
18,27). Le pourcentage d'amélioration dépend du niveau initial
d'entraînement (27,95) si au début du programme, l'individu
présente une condition physique médiocre, l'amélioration
sera phénoménale. Mais si le niveau de départ est
élevé, l'amélioration enregistrée sera moindre.
La présente étude confirme également cet
état de chose avec une augmentation très significative des
valeurs initiales de la VO2Max de #177;22% au terme de
l'entraînement.
De plus, la diminution hautement significative du pourcentage
de la VO2Max après entraînement pour un même
niveau d'activité qu'avant l'entraînement montre à
suffisance une nette amélioration de l'endurance cardio-respiratoire.
Théoriquement, cette adaptation est
particulièrement importante au cours des exercices vigoureux et
prolongés car les muscles devraient se fatiguer moins vite (18,27). En
dehors des résultats statistiques, le témoignage des sujets
confirme aussi cette performance à la fin du programme
d'entraînement, ils ne se sentaient plus fatigués comme au
début du programme où le moindre petit exercice les
essoufflait.
L'obstruction des voies aériennes est
décelée lorsque l'air expiré en une seconde
représente moins de 75% de la capacité vitale (indice de
Tiffeneau<75%) (27, 117).
Certains auteurs ont démontré que la force et
l'endurance des muscles respiratoires pouvaient être
améliorées par des exercices qui sollicitent la musculature
respiratoire des malades et d'individus sains (18).
En plus d'améliorer la capacité de travail des
sujets, cette adaptation semble se traduire par une meilleure tolérance
physiologique à l'effort (118, 119). Certains auteurs ont
constaté que l'entraînement à l'exercice était
bénéfique aux malades atteints de syndrome obstructif
(18,120-122).
Les tests spirométriques effectués dans la
présente étude avant l'entraînement ont
décelé une obstruction des voies pulmonaires sur 14,3% des
sujets. A la fin du programme, il n'y avait plus de sujets avec obstruction des
voies aériennes. Les valeurs du VEMS, du DEP et de l'indice de Tiffeneau
ont été significativement améliorés par contre
celle de la CVF n'avait pas atteint le seuil significatif. Ceci signe une
amélioration de la qualité de vie.
L'appréciation de la puissance aérobie
s'effectue par la mesure de l'estimation de la consommation maximale
d'oxygène. Cet indice de la condition physique revêt une
importance particulière car selon plusieurs physiologistes, un individu
ne peut effectuer efficacement une tâche sur une période de temps
prolongé (3 à 4 heures) si la dépense
énergétique requise est supérieure à 40% ou 50% de
la consommation maximale d'oxygène. Les sujets entraînés
utilisent pour un effort sous-maximal identique, un pourcentage plus faible de
la capacité aérobie maximale, donc une augmentation de la
capacité d'effort (27).
Or dans cette étude, la Vo2Max qui avant
l'entraînement était de 73,3 #177; 19,6% a diminué
très sensiblement à 38,1 #177; 22,9% prouve à suffisance
l'amélioration de la performance au travail des sujets ayant
été soumis au programme d'entraînement cardiovasculaire.
4.2.6. Activités physiques et espérance de
vie
En ce qui concerne l'espérance de vie en relation avec
les activités physiques, il nous semble opportun d'évoquer les
travaux de Pattes Berg et al (1986). Ils ont réalisé une
enquête chez les étudiants ayant fréquenté
l'université d'Harvard entre 1916 et 1960, avec un suivi jusqu' en 1978.
Ces auteurs ont pu établir un lien étroit entre l'activité
physique hebdomadaire et la mortalité. Ils concluent que le niveau
optimum d'activité physique correspondant au plus faible pourcentage de
décès, se situe entre 6h à 8h par semaine d'exercices
modérés (marche ou course à faible vitesse) (17).
Des études faites sur la population SNEL ont
révélé, l'âge moyen qui indique un progrès
de la longévité (13,44). Mais cela n'est pas sans risque car les
pathologies propres à la personne âgée sont importantes et
variées. Nous insistons d'emblée sur les maladies
cardiovasculaires et les maladies métaboliques (26).
La présente étude montre qu'il est possible
d'optimiser les chances de longévité en privilégiant
l'activité physique régulière qui protège contre la
survenue de ces maladies (34,35).
CONCLUSION
Ce travail décrit une population en milieu de travail
caractérisée par un haut risque cardiovasculaire.
Ce haut risque cardiovasculaire, ignoré par cette
population,est constitué des fréquences très
élevées d'hypertension artérielle, d'inactivité
physique, d'obésité, de diabète sucré,
d'hypercholestérolémie totale, de tabagisme par cigarettes et de
consommation excessive d'alcool.
La prise en charge basée uniquement sur un programme
d'activités physiques a eu un impact significatif sur la
réduction du niveau de risque cardiovasculaire dans cette population.
RECOMMANDATIONS
Au seuil de ce travail, les recommandations suivantes sont
formulées :
- au Ministère de la Santé publique de rendre
effectif le programme de lutte contre les maladies chroniques non
transmissibles ;
- aux Médecins et aux autres Professionnels de la
santé de considérer le traitement non pharmacologique des
maladies chroniques non transmissibles comme fondement de tout traitement
médicamenteux et de réhabilitation ;
- aux Responsables du département de Médecine
Physique d'encourager les étudiants dans la prévention et la
recherche pour la promotion de la santé cardiovasculaire ;
- aux Cadres dirigeants de la SNEL d'utiliser les
données de la présente étude pour redynamiser la
Médecine du travail.
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program: physiological and functional effects on patients with chronic
obstructive pulmonary disease. Arch Int Med 140 ; 1596, 1980.
TABLE DE MATIERES
EPIGRAPHE
i
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
ABREVIATIONS
iv
INTRODUCTION
1
OBJECTIF GENERAL
2
OBJECTIFS SPECIFIQUES
2
HYPOTHESES
2
Chapitre 1. GENERALITES
3
1.1. FONCTION RESPIRATOIRE A L'EFFORT
3
1.1.1. Consommation maximale d'oxygène
(VO2 max)
4
1.2. ADAPTATION CARDIOVASCULAIRE A L'EXERCICE
4
1.2.1. Fréquence Cardiaque (FC)
4
1.2.2. Pression artérielle
6
1.2.3. Consommation d'oxygène du
myocarde
7
1.2.4. Métabolisme du myocarde
7
1.3. FACTEURS DE RISQUE DES MALADIES
CARDIO-VASCULAIRES ET PREVENTION
8
1.3.1. Définition
8
1.3.2. Facteurs de risque cardiovasculaire
9
Chapitre 2. MATERIEL ET METHODES
16
2.1. NATURE ET PERIODE DE L'ETUDE
16
2.2. CADRE D'ETUDE
16
2.2.1. Structure organique
16
2.2.2. Structure fonctionnelle
16
2.2.3. Mandat du Département des Ressources
Humaines (DRH)
17
2.3. SUJETS
18
2.4. MATERIEL
18
2.5. APPROCHE METHODOLOGIQUE
19
2.5.1. Etape administrative
19
2.5.2. Choix et collecte des paramètres
d'intérêt
19
2.5.3. Déroulement de
l'entraînement
20
2.6. PROGRAMME D'ENTRAINEMENT
24
2.6.1. Principes fondamentaux de
l'entraînement
25
2.7. CARACTERISTIQUES DE L'EXERCICE
26
2.7.1. Nature de l'exercice
26
2.7.2. Fréquence des séances
26
2.7.3. Durée des séances
27
2.7.4. Intensité de l'exercice
27
2.8. CONSEILS PRATIQUES
28
2.9. MISE EN PRATIQUE DU TRAITEMENT PAR
L'ENTRAINEMENT
30
2.9.1. Plan d'entraînement
30
2.9.2. Suivi en cours de programme
d'entraînement
34
2.10. EVALUATION DE LA PERFORMANCE
34
2.11. ANALYSES STATISTIQUES
35
2.12. EXERCICES GYMNIQUES
35
Chapitre 3. RESULTATS
49
3.1. DONNEES DEMOGRAPHIQUES
49
3.2. FACTEURS DE RISQUE CARDIOVASCULAIRE
49
3.3. IMPACT DE L'ENTRAINEMENT CARDIOVASCULAIRE SUR
L'ANTHROPOMETRIE
50
3.4. IMPACT DE L'ENTRAINEMENT CARDIOVASCULAIRE
SUR L'HEMODYNAMIQUE
51
3.4.1. Fréquence cardiaque
51
3.4.2. Composantes de la pression artérielle
et l'hypertension artérielle
52
3.5. METABOLISME GLUCIDIQUE ET LIPIDIQUE
53
3.6. FONCTION RESPIRATOIRE ET PERFORMANCE
53
3.6.1. Fonction respiratoire
53
3.6.2. Performance
54
Chapitre 4. DISCUSSION
56
4.1. FACTEURS DE RISQUE CARDIOVASCULAIRE ISOLES
56
4.1.1. Age et sexe
56
4.1.2. Style de vie
57
4.1.3. Syndrome métabolique
58
4.1.4. Athérosclérose
pré-clinique
59
4.2. IMPACT DE L'ENTRAINEMENT CARDIOVASCULAIRE SUR
LE RISQUE CARDIOVASCULAIRE
59
4.2.1. Paramètres
anthropométriques
66
4.2.2. Fréquence cardiaque
67
4.2.3. Composantes de la pression
artérielle
69
4.2.4. Métabolisme glucidique et
lipidique
70
4.2.5. Activités physiques et fonctions
respiratoires
71
4.2.6. Activités physiques et
espérance de vie
72
CONCLUSION
74
RECOMMANDATIONS
75
REFERENCES
76
ANNEXES.....................................................................................86
TABLE DE MATIERES
93
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