4.2. AFFECTIONS RESPIRATOIRES CHRONIQUES
Hier absentes dans les statistiques hospitalières et
les enquêtes dans la communauté de 1885 à nos jours (38),
les affections respiratoires chroniques sont belles et bien présentes
dans la ville de Kinshasa. Ce taux de prévalence estimé à
20,5 % doit déjà interpeller les décideurs politiques et
les chercheurs congolais sur la nocivité de la pollution urbaine en
général et celle de la fumée de tabac sur l'arbre
respiratoire (39, 40, 41, 42, 43).
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En effet, sur l'ensemble des affections respiratoires, 41,2%
représentent les broncho-pneumopathies- obstructives. La fumée de
tabac agit directement ou indirectement sur presque tous les organes de
l'organisme soit par la chaleur, soit par l'action directe de ses irritants sur
les voies respiratoires, soit par le passage de certains produits dans le
sang(44).
4.2.1 Tabagisme par cigarette et affections
respiratoires chroniques
Ce travail montre que le tabagisme par cigarette multiplie par
5 le risque de laryngite chronique et que si dépendance il y a (fumeur
régulier de cigarette), la fumée de la cigarette est non
seulement un facteur de risque de laryngite chronique mais multiplie par 2 le
risque de bronchite chronique chez les enquêtés, en dépit
du seuil significatif non atteint. A l'avenir les patients avec laryngite
chronique seraient exposés à un haut risque de cancer de larynx
(45, 46, 47, 48,49).
4.2.2. Tabac à priser
Le statut de priser régulièrement du tabac
multiplie par 6 le risque de bronchite chronique et par 2 celui de laryngite
chronique chez les enquêtés.
4.2.3. Tabac à chiquer
Le statut de chiquer régulièrement du tabac
multiplie par 3 le risque de laryngite chronique chez les
enquêtés. La force statistique entre chiquer du tabac et laryngite
chronique est significative telle que démontrée pour la
fumée du cigarette et le statut de priser régulièrement du
tabac. Ce qui confirme la nocivité de chaque forme du tabac sur la
santé humaine (50).
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En effet, en regroupant la consommation du tabac tous types
confondus, le statut de tabagisme en général confère un
triple risque de laryngite chronique, risque qui double de manière
très significative en cas de régularité de ce tabagisme
général.
4.2.4. Ensemble des affections respiratoires
chroniques
En considérant la régularité de chaque
type de tabac consommé, le taux de l'ensemble d'affections
respiratoires chroniques diffère de manière très
significative entre les différents types de tabac : le taux
le plus élevé de l'ensemble d'affections respiratoires chroniques
se remarque chez les fumeurs réguliers, suivi des chiqueurs
réguliers, des priseurs réguliers et très loin des
enquêtés avec abstinence de tabac. Ceci démontre le
rôle péjoratif de la fumée de tabac sur le revêtement
muqueux, les macrophages alvéolaires pulmonaires.
4.2.4.1. Action du tabac sur le revêtement
muqueux
Les bronches sont revêtues d'une muqueuse
constituée d'une couche de cellules qui les protègent. Les
cellules des bronches sont pour la plupart des cellules à bordures
ciliées, munies chacune de centaines de petits cils battant ensemble.
Ces battements bien organisés permettent d'éliminer les
sécrétions, les poussières et les microbes, qu'il s'agisse
de bactéries ou de virus. Les cellules glandulaires
sécrètent le mucus bronchique qui aide à engluer les
impuretés et les éliminer par un véritable escalator
mucociliaire (23).
33
L'irritation par le tabac du revêtement bronchique a
deux conséquences :
· dès les premières bouffées de
tabac, les cils bronchiques se paralysent.
L'escalator ciliaire devient incapable de faire remonter les
particules et les sécrétions bronchiques vers la bouche. En cas
de prolongation du tabagisme, les cils disparaissent progressivement rendant
ces cellules incapables de jouer leur rôle dans l'évacuation des
sécrétions et de toutes les particules polluantes contenues dans
l'air inspiré. La toux devient le seul recours pour éliminer
mucus et particules ;
· parallèlement sous l'effet de la fumée du
tabac, les cellules glandulaires et les glandes bronchiques
sécrètent des quantités excessives de mucus. En fin de
nuit, au moment du réveil l'amoncellement de sécrétions
dans les poumons durant quelques temps pour assurer l'évacuation des
crachats permettant une « toilette bronchique». Cette toilette
bronchique matinale évite l'encombrement, si le fumeur prend soin de
bien cracher en toussant.
La poursuite de l'irritation va transformer
profondément le revêtement muqueux bronchique et provoquer une
transformation dite « métaplasie » de la
muqueuse. Les cellules au lieu de rester sur une seule couche, vont s'empiler.
Cette métaplasie fait le lit du cancer des bronches (le plus souvent
appelé cancer du poumon). La métaplasie met plus d'un an pour
disparaître après l'arrêt total du tabac (23).
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4.2.4.2. Action du tabac sur les macrophages
pulmonaires
Chez les fumeurs, malgré l'augmentation de leur nombre,
les macrophages alvéolaires sont incapables d'assurer correctement leur
fonction. Les tests mesurant l'adhérence et l'habilité des
macrophages alvéolaires à digérer les particules par
phagocytose sont très perturbés chez le fumeur.
La fumée du tabac, toxique pour les macrophages
alvéolaires, rend de ce fait le poumon plus sensible à d'autres
polluants. Car les macrophages ne peuvent plus jouer leur rôle normal
dans l'épuration .
4.3. ASTHME BRONCHIQUE
La présente enquête ne montre pas une association
significative entre la fumée de cigarette et l'asthme bronchique
contrairement à l'évidence et à la plausibilité
biologique fournies par la littérature (51, 52, 53, 54, 55). La non
structuration du questionnaire relatif à l'asthme bronchique souvent non
compris par les enquêtés pourrait expliquer ces résultats.
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