INTRODUCTION
L'organisation mondiale de la Santé (OMS)
définit l'accident vasculaire cérébral (AVC) comme
« l'installation rapide des signes cliniques localisés et
globaux de dysfonction cérébrale au-delà de 24 heures de
durée, pouvant conduire à la mort, sans autre cause apparente
qu'une origine vasculaire » (1) ; par contre l'accident
ischémique transitoire (AIT) est, quant à lui, défini
comme « la perte brutale d'une fonction cérébrale ou
oculaire durant moins de 24 heures, supposée due à une embolie ou
à une thrombose vasculaire ».
Nous distinguons deux types d'AVC : le type
hémorragique et le type ischémique (2). Ce dernier type
représente environs 80% de tous les AVC en Occident (3- 6).
Il y a quelques années, l'AVC était la
3ème cause de mortalité après l'infarctus du
myocarde et les cancers dans les pays développés (7-9).
Aujourd'hui, l'AVC est la 2ème cause de mortalité
à travers le monde (10) et la principale cause d'handicaps neurologique
à long terme chez les adultes (11) .
La prise en charge adéquate (traitement, approche
multidisciplinaire) et le contrôle des facteurs de risque
cardiovasculaire dont l'hypertension artérielle (HTA) (12-20 ), ont
contribué à la diminution de l'incidence et de la
mortalité pour l'AVC entre 1940 et 1980 aux Etats-Unis d'Amérique
et en Europe. Cette prise en charge n'a pourtant pas diminué la
létalité (21).
Mais après 1980, et surtout après la tenue du
congrès de Montréal en 1998, les données sur l'incidence
et la mortalité de l'AVC ont beaucoup changé. La mortalité
pour l'AVC a cessé de continuer à décroître (22-24).
Le poids de l'AVC est appelé à s'accroître dans l'avenir
à cause du vieillissement de la population, aussi bien dans les pays
développés que dans les pays en voie de développement
(21). L'efficacité des préventions primaire et secondaire de
l'AVC (25 - 28) pourrait réduire de 50-80% l'incidence de l'AVC dans les
pays développés (29, 30).
Par contre, d'autres études démontrent l'absence
de variation de l'incidence de l'AVC (31-35) où, une augmentation de
l'incidence de l'AVC est plus élevée dans les populations noires
des Etats-Unis (36) et d'Europe (37).
Les ressources limitées, de l'Afrique sub-Saharienne en
général et de la République Démocratique du Congo
(RDC) en particulier, ne permettent pas de disposer de données sur
l'incidence et la mortalité de l'AVC à partir de la population
générale (coût excessif des registres de l'AVC).
Toutefois, les données hospitalières africaines montrent que
l'AVC rend compte de 6% de la morbidité globale aux Cliniques
Universitaires de Kinshasa (CUK) et de 31% de la morbidité
cardiovasculaire, de 12% de la mortalité globale et de 57% de la
mortalité cardiovasculaire (38). Les autres études congolaises
menées avant l'an 2000 soulignent le caractère létal de
l'AVC (39). La prévalence des AVC en Afrique noire est de 5-24% (40-44).
Sur 434 autopsies chez les hypertendus réalisées en Afrique du
Sud, les AVC indiquaient 51% de fréquence (45).
Notons que les facteurs de risque de l'AVC en milieu
hospitalier congolais sont l'HTA, le diabète sucré, l'âge,
le sexe, les conditions météorologiques, les saisons et le
phénomène EL NINO (46). Le phénomène EL NINO
est relatif au réchauffement global de la terre.
Et, ce qui a mobilisé le collectif du service de
cardiologie (LONGO-MBENZA, M'BUYAMBA KABANGU, MBALA MUKENDI),
Département de Médecine Interne des CUK, à codifier une
prise en charge de l'AVC fondée sur le nursing, les mesures
générales et l'association thérapeutique obligatoire
(Piracétam : NootropilR, Centrum, Vitamine C, Serum
glucosé 5%,...) et occasionnelle (Vitamine E). Il s'agit de miser sur la
synergie entre les oxygénateurs/métaboliques et les antioxydants
sans considération du type de l'AVC.
C'est ainsi que, l'absence de preuve du bénéfice
lié à ce traitement codifié et de changement de
l'épidémiologie des AVC au cours du temps, justifie l'initiation
de ce travail avec des objectifs bien précis.
But
L'intérêt de ce travail vise à aider les
médecins des soins intensifs et les autres praticiens à
comprendre les récents faits nouveaux dans la prise en charge des
patients avec AVC.
Objectif général
L'objectif général de la présente
étude vise à analyser la tendance séculaire et les
facteurs de risque non modifiables des AVC.
Objectifs spécifiques
Les objectifs spécifiques suivants ont
été définis comme stratégies pour atteindre
l'objectif général :
· analyser les variations de fréquences des AVC et
de décès liés à ces AVC ;
· déterminer le rôle de l'âge, du
sexe, des saisons et du phénomène EL NINO dans la survenue des
AVC ;
· démontrer, après introduction du
traitement codifié de l'AVC, l'absence de surmortalité
liée à l'AVC en comparaison avec d'autres affections et avec la
période pré-traitement.
CHAPITRE 1. REVUE DE LA
LITTERATURE
1.1. Données
épidémiologiques (3-45)
Les AVC représentent actuellement la
2ème cause de mortalité après les cancers, avec
une incidence annuelle de 125.000 nouveaux cas en France et 19000 en Belgique.
Le risque de récidive après un AVC est élevé,
surtout au cours de la première année (50%). A 5 ans, ce risque
est évalué à 30%.
Il est à noter qu'après un AVC, la
mortalité est doublée par rapport à la population
générale. Près de 50% de ces patients
décèderont au cours de la première année, le plus
souvent de cause cardiovasculaire, 25% garderont un handicap
sévère nécessitant une prise en charge lourde. 10% de la
mortalité mondiale, toutes causes confondues, sont attribués aux
AVC.
Le retentissement socio-économique des AVC est donc
considérable d'autant plus que, l'incidence en régression durant
les trente dernières années, est actuellement en
augmentation ; ceci notamment corrélé au vieillissement de
la population.
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