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La maltraitance des femme dans les ménages à Abidjan: le cas de la commune de Yopougon

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par Soumaila Toure
Université de Cocody Abidjan - Maîtrise de recherche 2006
  

Disponible en mode multipage

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SOMMAIRE

DEDICACE...................................................................................3

REMERCIEMENTS........................................................................ 4

AVANT PROPOS............................................................................ 5

INTRODUCTION............................................................................. 6

PROBLEMATIQUE.......................................................... ................8

OBJECTIFS DE L'ETUDE..................................................... ............10

HYPOTHESES DE RECHERCHE........................................................ 11

DEFINITION DES CONCEPTS........................................................... 12

REVUE DE LA LITTERATURE OU CADRE THEORIQUE.........................17

METHODOLOGIE............................................................................... 20

PREMIERE PARTIE : MANIFESTATIONS DE LA MALTRAITANCE......... 26

DEUXIEME PARTIE: REACTION DES FEMMES FACE A LA

MALTRAITANCE ET SES CONSEQUENCES......... 42

TROISIEME PARTIE : MESURES ET RECOMMANDATIONS

FACE A LA MALTRAITANCE

DES FEMMES.................................................. 52

QUATRIEME PARTIE : POLITIQUE DE PREVENTION ET PROPOSITION

DE SOLUTIONS.............................................62

CONCLUSION.................................................................................73

BIBLIOGRAPHIE.......................................................................... 74

ANNEXES....................................................................................... 77

TABLE DES MATIERES................................................................. 97

DEDICACE

Je dédie le présent mémoire :

Ø A DIEU le père tout puissant, plein d'amour, toi qui m'a crée à ton image ;

Ø A ma mère DIALLO ASSATA pour ton soutien moral au cours de mes études;

Ø A mon père TOURE SALIO, pour tout le sacrifice que tu as consentis à mon éducation et à mon épanouissement.

REMERCIEMENTS

Aucun travail ne s'accomplit dans la solitude .Aussi je trouve normal que figurent en début d'un mémoire de maîtrise intitulé : « la maltraitance des femmes dans les ménages à Abidjan : le cas de la commune de Yopougon », des remerciements adressés à ceux qui m'ont aidé, soutenu et concouru à sa réalisation.

Je voudrais d'abord remercier le professeur Alain Sissoko, Doyen de l'UFR CRIMINOLOGIE pour ses conseils avisés.

Je voudrais ensuite adresser mes remerciements à Jean Marie Manso MANGOUEYI, docteur d'Etat, chargé de recherche, enseignant à l'UFR Criminologie pour avoir accepté de diriger ce travail.

Qu'enfin soient remerciés , mes frères et amis qui ont accepté de relire tout ou partie de ce mémoire et m'ont fait part de leurs réactions,remarques,soutenus financièrement et moralement en particulier MR Touré Ibrahima(professeur d'allemand ), MR Touré Issa (professeur d'anglais) ,MR Kanté Lassina (professeur de SVT ), MDL Sanogo El Losseni ,Traoré Mamadou,Touré Amara, Kéita Sarah,et la famille Koné à la cité MERMOZ et aux Institutions qui m'ont aidé à rassembler une documentation,la bibliothèque de l'AFJCI,de la LIDHO ; de la Division droit de l'homme de l'ONU CI et de l'UFR Criminologie.

AVANT-PROPOS

La violence à l'égard des femmes a été récemment reconnue comme étant un problème d'atteinte aux droits de la femme, mais elle n'a reçu que peu d'attention en tant que problème de droit. En effet, nous sommes bien conscients de la nécessité d'avoir d'abord une connaissance plus poussée des jugements que les femmes portent sur la maltraitance et ses manifestations. Ensuite, leurs réactions face à cette violence et ses conséquences sur leur santé et au-delà apprécier les conséquences socio-économiques.

Enfin, cette étude présente une synthèse des informations sur les différentes recommandations et mesures en vigueur contre la maltraitance des femmes ainsi que les leçons à tirer des programmes mis au point pour y faire face. Elle est destinée à toutes les femmes maltraitées ou non et nous espérons qu'elle sera utile à d'autres institutions nationales et internationales pour la conception et l'exécution de leurs programmes de lutte contre la violence sur les femmes dans le monde.

INTRODUCTION

L'histoire de l'humanité, montre que les rapports des hommes avec des femmes ont été des rapports de domination des premiers sur les secondes. On ne connaît pas de société qui ait dans le passé, reconnue aux femmes, des droits égaux à ceux des hommes.

Au niveau de ces mêmes rapports, les activités ont été sexuées, distinguées et séparées, c'est-à-dire, aux hommes, ce qui touche à la vie de la société et aux responsabilités publiques, et aux femmes, la procréation, l'allaitement, la nourriture et l'éducation des enfants. En conséquence, les femmes sont écartées de la vie politique, cantonnées dans l'espace de la maison ou ses abords et souvent victimes de sévices de tous genres.

Dans toutes les civilisations, les femmes font l'objet de préjugés et de menaces. En Chine, on tuait les petites filles à leur naissance, en Inde, les rites religieux obligent encore l'épouse à se sacrifier sur le bûcher (Sati) du défunt mari; dans le vieux monde arabe, on enterrait vivantes les femmes .N'oublions pas combien de fois les femmes ont particulièrement souffert de la guerre, de viols, de massacres dans un monde où la nature a donné à l'homme le commandement. La femme est-elle née pour se soumettre à l'homme ?

C'est dans cette perspective qu'en Côte d'Ivoire, les femmes en dépit de certaines particularités socioculturelles s'inscrivent aussi dans ce sombre tableau de déséquilibre entre les hommes et les femmes. Elles ne sont pas non plus à l'abri de la violence à caractère sexiste dans la vie publique ou privée. Les femmes sont objet de violence dans le secret des ménages par les hommes. C'est cette forme de violence appelée maltraitance qui nous intéresse dans le cadre de notre recherche.

Les organisations féminines pour palier ce phénomène dans le monde combattent toutes sortes de violence faites aux femmes à travers des campagnes, des initiatives, d'aides aux victimes et les efforts de sensibilisation .Grâce à leurs actions les Nations Unies et certains gouvernements ont reconnu que cette violence dirigée contre les femmes pose un problème de droit de la personne en particulier de la femme.

Pour mieux appréhender la maltraitance exercée sur les femmes dans les ménages de la commune de Yopougon par leurs conjoints, notre analyse s'articulera autour de quatre grandes parties : D'abord, dans la première partie, nous allons montrer les manifestations de la maltraitance. Ensuite, dans la deuxième partie, nous nous intéresserons à la réaction des femmes face à cette maltraitance et nous examinerons leurs conséquences. Dans la troisième partie, nous aborderons les recommandations en vigueur face à la maltraitance des femmes et nous ferons les suggestions d'éléments de solutions afin d'apporter des remèdes au problème.

PROBLEMATIQUE

«  Une femme mariée, est comme un baudet, une fois mariée, on peut s'en servir et le battre comme on veut »1(*). A travers ce proverbe et les medias en l'occurrence ,la télévision avec des films et des doumentaires poignants, la presse nous présentent presque chaque jour un tableau sombre de ce que pourrait être la vie de couple dans le foyer de certaines femmes dans le monde entier.

En effet, c'est l'exemple d'un fait divers qui s'est déroulé à Yopougon dans le quartier de Mossikro où Dame Bassia Emile a reçu plusieurs coups de poignard au bas ventre de la part de son concubin, qui s'est ensuite enfui en l'abandonnant dans le sang qui a retenu notre attention2(*).

Quelques jours plus tard, elle mourut de ses blessures ; aussi il faut ajouter que de nombreuses scènes de violence se sont déroulées sous nos yeux, ce qui a fait naître en nous l'intérêt pour ce sujet.

Concernant les recherches qui ont été faites sur ce thème, plusieurs institutions nationales et internationales dont la Banque Mondiale ont publié des articles concernant le phénomène de la maltraitance des femmes dans le monde et plus particulièrement dans les ménages.

Ce sujet a été également traité à l'Université de Cocody en particulier à l'UFR de Criminologie par certains étudiants en 1996 et en 2002 et continue de l'être par d'autres personnes du fait de son importance et de son actualité. Nous assistons aussi à la naissance de plusieurs Organisations Non Gouvernementales de lutte et de défense des droits de la femme et l'innovation de la journée internationale de la femme célébrée chaque 08 Mars depuis le 08 Mars 1857.

Notre étude apportera des éléments de réponses nécessaires à toutes les couches sociales afin d'attirer l'attention des gouvernants pour qu'ils prennent des décisions fermes à propos de la violence à l'égard des femmes, parce que de nombreuses conséquences néfastes découlent de ce phénomène qui peuvent mettre en péril la vie de la femme et engendrer la dislocation de la cellule familiale. En somme, en donnant des solutions pour palier ce phénomène, les autorités publiques pourront mettre en oeuvre des politiques de prévention afin de l'éradiquer définitivement dans les ménages et hors des ménages.

OBJECTIFS DE L'ETUDE

1-Objectifs généraux

Ø Vérifier l'existence de la maltraitance dans les ménages ;

Ø Identifier les moyens mis en oeuvre pour éradiquer ce phénomène ;

Ø Evaluer les conséquences qui découlent de la maltraitance dans les ménages ;

Ø Participer à la lutte contre la maltraitance des femmes dans les ménages.

2- Objectif spécifique

La maltraitance des femmes se pratique dans les ménages .Il faut donc amener les autorités à résoudre ce problème.

De la problématique et des objectifs découlent nos hypothèses de recherche :

HYPOTHESES DE RECHERCHE

1- Hypothèse principale

Ø L'indigence grandissante est la véritable source du phénomène de la maltraitance des femmes dans les ménages.

2- Hypothèses secondaires

Ø Plus violentées, elles deviennent aussi violentes à l'égard de leurs conjoints par l'inhibition de cette violence.

Ø Le sentiment de culpabilité est la raison de la non réplique à la violence.

DEFINITION DES CONCEPTS

Les concepts étant des instruments d'analyse de notre objet d'étude, il est nécessaire de les définir pour une meilleure compréhension. Nous présenterons donc les concepts explicites et les concepts implicites.

1- Concepts explicites

Se sont les concepts qui apparaissent dans la formulation du sujet.

v Maltraitance : D'après Y.Michaud ( 1973) c'est : «  une action directe ou indirecte massée ou distribuée à porter atteinte à une personne ou à la détruire, soit dans son intégrité physique, psychique, soit dans ses possessions, soit dans ses participations symboliques ».

Ce qui sied le mieux à notre sujet, c'est le mauvais traitement envers les femmes dans les foyers. La notion de mauvais traitement ou de maltraitance que nous utiliserons tout au long de ce travail ne portera que sur la femme unie à un homme vivant sous le même toit.

v Femme : D'après le petit Larousse ILLUSTRE, c'est un être humain adulte de sexe féminin .Ici, ce qui est en rapport avec notre objet d'étude, c'est l'épouse, c'est-à-dire l'adulte de sexe féminin qui a eu ou non plusieurs maternités dans tout lien conjugal et y demeure.

v Ménage : Selon le dictionnaire ILLUSTRE 2000, c'est un homme et une femme vivant ensemble et formant la base de la famille.

Cependant, notre étude s'intéresse à la relation sentimentale qui existe entre l'homme et la femme, la violence inhérente à cette relation peut se dérouler à l'intérieur ou à l'extérieur du foyer conjugal. Elle ne concerne pas les violences orchestrées à l'égard des femmes par une tierce personne en l'occurrence des amis, des parents, à plus forte raison par des étrangers, c'est-à-dire hors de la vie conjugale, dans la rue, au cours d'une guerre.

2- Concepts implicites

Se sont des concepts qui ont un lien avec notre objet d'étude.

v « Violence à l'égard des femmes » : En Septembre 1992, la commission de la condition de la femme aux Nations Unies a convoqué un groupe de travail spécial chargé de rédiger un projet de déclaration contre la violence à l'égard des femmes. Cette Déclaration adoptée par l'Assemblée Générale à l'automne de 1993 contient la première définition officielle du phénomène par les Nations Unies. D'après l'article premier de cette Déclaration, le terme «violence à l'égard des femmes » désigne « tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physique,sexuelle,ou psychologique, y compris les menaces, de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté,que ce soit dans la vie publique ou privée. »3(*).

v «Discrimination à l'égard des femmes » :Selon l'article premier de la convention sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard de la femme,cette expression vise toutes distinctions d'exclusion ou de restriction fondée sur le sexe qui a pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance ,la jouissance ou l'exercice par les femmes ,quel que soit leur état matrimoniale sur la base de l'égalité de l'homme et de la femme ,des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique, économique,socioculturel,civil ou tout autre4(*).

v Maltraitance sexiste : ce terme décrit les actions ou les commissions qui surviennent au cours des différentes relations .Elles couvrent les agressions tels que les viols, l'inceste , le harcèlement sexuel,le meurtre et les violences psychiques telles que les propos insultants,la privation de jouissance des biens et des ressources personnelles.

v Violence : Au sens courant du terme ,la violence désigne le fait d'agir sur quelqu'un ou de faire agir contre sa volonté en employant la force ou l'intimidation.Elle désigne aussi l'acte par lequel s'exerce la violence .

· Au plan juridique, elle peut être définie comme suit :

-En droit Pénal : les violences proprement dites sont prises en considération dans les articles 345 ; 347 ; 349 du code pénal sous la rubrique de coups et blessures volontaires.

-En droit civil : elle caractérise la contrainte exercée sur la volonté d'une personne pour la forcer à contracter.

· Du point de vue sociologique : la tentative de définition ne tient compte que des faits seulement. A cet effet, le sociologue H.L.Nieburg, définit la violence comme une action directe ou indirecte destinée à limiter, à blesser ou à détruire une personne ou ses biens5(*).Pour H.D. Gaston et GURR, la violence est définie comme un comportement visant à causer des blessures aux personnes ou des dommages aux biens collectifs ou individuels.

Selon Y.Michaud, « il y a violence, quand dans une situation d'intervention une ou plusieurs personnes (auteurs) agissent de manière directe ou indirecte imposée ou distribuée en portant atteinte à une personne ou plusieurs autres à des degrés variables, soit dans leur intégrité morale, soit dans leur participation symbolique et culturelle6(*). Ces violences englobent tous les actes de mauvais traitements que les conjoints infligent à leurs conjointes.

v Déviance : Quand on parle de déviance, on doit se situer par rapport à une norme et à un lieu fixe.Le crime est une déviance par rapport aux normes légales.Toute fois, il y a lieu de noter qu'il existe d'autres normes que l'individu peut dévier, celles ne figurant pas dans les textes (ce qui n'est pas prévue par la loi).La déviance peut être définie comme le comportement qui s'écarte des normes définies par le milieu social7(*).

v Délinquance juvénile :

· Du point de vue juridico légal, « la délinquance désigne les infractions commises par les adolescents et qui sont punissables aux termes du code pénal puisqu'elles causent des dommages et préjudices évidentes reconnus comme tel à autrui »8(*).

v Du point de vue psychologique, R. Michelle, définit la délinquance comme des sociopathes, c'est-à-dire des inadaptés sociaux au sens ou le délinquant à un comportement inadéquat aux buts et aux normes de la société qui à un moment donné le met en rupture ou en conflit avec son environnement. Y. Castellan, définit la délinquance strictement par rapport à la loi. L'action délinquante est celle qui cause des dommages à autrui et l'auteur même de l'action9(*).

v Marginalité : La marge, c'est ce qui est situé hors, est marginal, celui qui est hors de la norme, de la société.

Selon L.M.MARFAUX, « la notion de marginalité s'applique à l'individu qui vit en marge du groupe et qui n'est pas inséré où qui refuse de s'y intégrer, ou que le groupe rejette »10(*).

v Conjoint : Selon le petit LAROUSSE, c'est chacun des époux considéré par rapport à l'autre.

v Conjugal : Toujours selon le même petit LAROUSSE, c'est ce qui se rapporte aux relations entre épouse et époux.

v Acteur : C'est une personne qui prend une part déterminante à une action.

v Mariage : C'est l'acte solennel par lequel un homme et une femme établissent entre eux une union dont les conditions, les effets et la dissolution sont régis par des dispositions juridiques en vigueur dans leur pays par des lois religieuses ou coutumières.

REVUE DE LA LITTERATURE OU CADRE THEORIQUE.

A propos de maltraitance des femmes dans les foyers comme de n'importe quel autre thème, on trouve des articles qui font écho des quotidiens d'information. Ces articles se sont préoccupés de cette violence seulement au plan apparent n'apportant aux lecteurs que de simples informations ayant un caractère de fait social sans toute fois faire preuve de profonde analyse du phénomène.

En somme, les auteurs ne se sont pas intéressés aux manifestations, aux facteurs explicatifs, aux conséquences qui peuvent découler de la maltraitance des femmes, comme la multiplication des familles monoparentales, du phénomène des enfants dans la rue et de la rue ou du moins faire des propositions de mesures visant à faire réduire voire éradiquer le phénomène. En Corée 30% de femmes dans le cadre de relation intime, ont affirmé avoir reçu des sévices physiques, en Inde, 45% des hommes ont reconnu maltraiter leurs femmes ; au Kenya, au moins 60 femmes ont été tuées durant les sévices conjugales en 1998 et en 1999, en Egypte, 35 % des femmes affirment avoir été battues par leurs maris et enfin au Canada, une femme sur 10 est battue de façon régulière.

Un rapport sur la violence à l'égard des femmes présenté par LORI.H.L présentait la prévalence de la violence conjugale dans divers pays : en Antigua 956 femmes entre 30 à 40 ans ont été battues par leurs conjoints soit 30% en 1993 ; au Chili 60% de femmes âgées de 22 à 55 ans ont été battues ; en 1993 ; au Japon, 58,7 % de femmes ont été victimes de violence physique et 67,7% de violence sexuelle de la part de leurs partenaires11(*).

Ces rapports ne font que donner des pourcentages du phénomène de la violence à l'égard des femmes.

Une étude faite en 1987 montre que sur plus de 2000 cas de femmes battues enregistrées pendant une période de 5ans au poste de police féminine de Sao Paolo a montré que plus de 70% des incidences de violences signalées ont lieu au foyer de la victime12(*).

Un autre article sur la violence à l'égard des femmes aux Etats Unis, publié dans un article «  Journal of the American Médical Association » note que « les études démontrant qu'aux USA, les femmes risquent plus d'être agressées et blessées, violées ou tuées par leurs partenaires actuels ou passés que par d'autres types d'assaillants »13(*).

Il est vrai que la violence à l'égard des femmes suscite toujours des inquiétudes dans la société de la part des organismes internationaux et nationaux s'intéressent au phénomène de manière superficielle, en donnant des chiffres pour caractériser l'ampleur de cette violence à l'égard des femmes sans s'interroger sur les facteurs explicatifs de base et les conséquences probables.

Les organismes internationaux disposant de moyens véritables, peuvent mettre en place des politiques de prévention ou de dissuasion.

La violence des femmes dans les foyers conduit le 18 décembre 1979 à l'adoption de la Convention sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes par l'Assemblée des Nations Unies ; entrée en vigueur en 198114(*).

Au cours des années 1990, la violence contre les femmes va figurer parmi les éléments qui ont polarisé l'attention des milieux internationaux. Et d'importantes mesures seront prises en faveur des femmes pour la reconnaissance de leur droit.

En 1993, l'Assemblée Générale des Nations Unies donne le ton avec la Déclaration sur l'élimination de la violence contre les femmes15(*) . Ensuite, lors de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement de 1994 au CAIRE et de la 4ème Conférence mondiale tenue en 1995 sur la femme, mention fut faite d'accorder une grande audience aux mesures visant à mettre fin à la violence entre les sexes. Le Fonds des Nations Unies pour la Population en 1999 déclare que la violence contre les femmes est une priorité de santé publique.

Afin d'évaluer les effets de la maltraitance à l'égard des femmes dans les foyers, il est important de s'interroger sur les questions suivantes :

§ Quelle définition donnent-elles à la maltraitance ?

§ Comment se manifeste cette violence dans les ménages ?

§ Comment réagissent elles à cette violence ?

§ Quelles conséquences tirons nous de cette violence ?

§ Quelles mesures et recommandations en vigueur pour solutionner le problème ?

§ Est-il possible de le prévenir ?

§ Quelles solutions pour l'enrayer définitivement ?

METHODOLOGIE

1- Détermination de la population d'enquête et de l'échantillon

Pour le recueil des données, nous avons mené notre enquête auprès des différentes couches de la population capables de nous apporter des réponses relatives au sujet.

Nous nous sommes ensuite adressés aux responsables des institutions en place, notamment à la marie où nous avons interrogé deux personnes, le Secrétaire Général et le Responsable des ressources humaines. Dans les commissariats, 3 commissaires et 5 officiers de la police judiciaire ont été interrogés et 2 médecins ,5 infirmiers et une assistante sociale dans 3 centres de santé.

La technique d'échantillonnage utilisée pour déterminer la population cible est probabiliste ou aléatoire afin de donner à chaque élément une chance égale d'être choisi, ce qui nous a permis d'avoir 70 personnes dont 50 femmes et 20 hommes.

Nous avons eu recours à deux méthodes, les méthodes qualitatives et quantitatives.

§ La méthode qualitative, nous a permis de cerner les points de vue, les opinions et les aspirations des sujets interrogés ;

§ La méthode quantitative, nous a permis d'avoir des données chiffrées, des tableaux, et des graphiques pour cerner l'évolution du nombre de femmes maltraitées et la répartition de la violence selon la catégorie sociodémographique des enquêtés.

Nous avons mené une pré-enquete, qui nous a permis d'avoir un premier contact avec le terrain et de nous faire une idée de l'existence et de l'ampleur du phénomène. L'enquête proprement dite est venue préciser les données et les observations de la pré-enquète.

Nous avons utilisé un questionnaire, qui comporte des questions fermées et ouvertes permettant aux sujets de s'exprimer sans contraintes .Quant aux interviews, ils ont porté sur les structures de défense de droits de l'Homme telles que l'A.F.J.C.I, la L.I.D.H.O, l'A.I.B.F.

L'étude documentaire a permis de forger notre problématique et d'enrichir le cadre théorique ainsi que l'ensemble du travail dans son éclairage textuel (lois, accords, conventions, déclarations).

2 - Présentation du champ d'étude

L'étude du milieu s'impose à tout travailleur social. Elle permet une familiarisation du cadre de travail pour s'y adapter et comprendre l'influence qu'il peut exercer sur ceux qui y vivent.

*HISTORIQUE DE LA COMMUNE DE YOPOUGON

- Yopougon avant 1970

Les origines de Yopougon remontent au temps où les guerres tribales opposaient les différents grands groupes Ebrié. Après les litiges les groupes des BIDJAN prennent désormais le nom de Yopougon, ce qui signifie littéralement (champ de Ayopou. Yopougon vient donc d'une déformation de Ayopou qui crée plus tard le village du nom de Yopougon Kouté (kouté dérivé de Akoute désigne l'intérieur de la maison en langue Ebrié).

- Yopougon de 1970 à nos jours

Village de pêcheurs, avec une population de 50000 habitants devient un quartier d'Abidjan à partir de 1970.Les premières maisons sortiront de terre en 1972.

L'ouverture de la voie expresse « EST-OUEST » suivra en 1979, pour modifier l'allure de cette banlieue.

La loi N 78-07 du 09 janvier 1978 portant création des communes de plein exercice en Côte d'Ivoire a érigé Yopougon en collectivité territoriale. En 1980 Yopougon devient une commune et amorce son développement par la création d'infrastructures. La ville d'Abidjan s'est principalement étendue vers Yopougon avec d'importants investissements de l'Etat en matière d'habitats sociaux, mais les équipements socio collectifs réalisés restent insuffisants pour le moment.

* LA COMMUNE DE YOPOUGON

La commune de Yopougon couvre une superficie de 153.06 km2 avec une population estimée à plus 1000000 habitants. Les hommes représentent 51%, les femmes 49% et les jeunes de moins de 20 ans, 56% avec 125413 ménages.

Yopougon est constitué de 12 villages Ebrié et Attié de type résidentiel, la commune a des quartiers précaires, traditionnels et 20 quartiers modernisés.

La commune est divisée en 08 quartiers eux mêmes sous divisés en 32 quartiers (voir annexe).

Elle est limitée :

ü au Sud par l'Océan Atlantique

ü au Nord par la commune d'Anyama et Abobo

ü à l'Est par la commune d'Attécoubé

ü à l'Ouest par la commune de Songon.

Sa population est un mélange d'autochtones Ebrié et Attié et d'autres communautés allogènes et étrangères qui vivent en parfaite harmonie. Les activités des hommes et des femmes sont surtout concentrées dans le secteur informel.

Sa diversité ethnique, culturelle, et surtout l'étendue de son territoire, sont une richesse qui a pour effet l'implantation d'usines, de commerces, d'écoles, et d'autres instituts de recherches tels que la station de recherche de l'IRD et l'Institut PASTEUR.

*INFRASTRUCTURES DE LA COMMUNE DE YOPOUGON.

la mairie

La mairie de Yopougon est située dans le quartier Sideci de Kouté, c'est l'un des premiers services d'administration qui s'intéresse à la population de la commune.

Elle est chargée, en tant qu'organe administratif et politique d'administrer la population. La population attend d'elle des réalisations pour améliorer les conditions de vie.

La marie de Yopougon fait partie des membres engagés dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes, il y a une Organisation Non Gouvernementale qui s'occupe des femmes maltraitées appelée « FEMMES BATTUES » qui s'occupe des femmes maltraitées.

Infrastructures de sécurité

Yopougon dispose de 03 commissariats de police avec 150 agents, d'un District et d'une brigade de Gendarmerie de peloton mobile, d'une caserne de sapeurs pompiers militaires très peu équipée et d'une Brigade Anti-Emeute. On y trouve de nombreuses sociétés privées de gardiennage et de protection civile, auxquelles s'ajoutent des structures d'autodéfenses dans les sous quartiers.

A l'image des grandes communes, l'insécurité est grandissante, c'est l'un des chevaux de batailles de l'actuel conseil municipal.

Infrastructures scolaires et socio-éducatives

De nos jours, l'on associe la réussite sociale à une réussite scolaire.

Pour former les jeunes de la commune, il existe plusieurs établissements destinés à donner une éducation scolaire .Au niveau des établissements, on distingue le secteur privé du secteur public.

-Ecoles publiques secondaires : la commune possède 4 établissements secondaires:

v 1 lycée Municipal

v 1 collège moderne

v 1 lycée technique

v 1 collège des jeunes filles

-Ecoles privées secondaires : il y a 19 établissements privés implantés dans la commune.

- Au niveau de l'enseignement primaire, la commune compte 367 écoles primaires publique et privée.

Infrastructures sanitaires

Yopougon dispose d'un Centre Hospitalier Universitaire avec toutes commodités modernes pour une meilleure prise en charge des malades .Il existe également un centre de Protection Maternelle et Infantile, et surtout des hôpitaux de proximité.Chaque quartier dispose d'un hôpital, ces hôpitaux de proximité sont créés par le gouvernement afin que chaque population ait un accès facile aux soins. Les centres de santé sont dotés de maternité, de salle d'hospitalisation, de dentistes, de pédiatres et de pharmacies .La gestion est communautaire .La population y participe avec à la tète de ces centres des conseils d'administration. Aujourd'hui, la commune compte 08 formations sanitaires à base communautaire, 03 centres de santé ; des dispensaires urbains en plus des hôpitaux publics, des centres de santé privée dans toute la commune. La commune compte aussi un nombre important de pharmacies.

Infrastructures économiques

La commune de Yopougon est un centre important d'activités. La zone industrielle a 300 entreprises.

Yopougon possède 22 marchés et 2000 établissements commerciaux qui regroupent tous les artisans du secteur informel .Yopougon produit aussi de l'électricité pour les besoins du pays, et pour la sous région grâce à la centrale Thermique située à Azito.

Infrastructures socioculturelles et sportives

Il s'agit ici de faire l'inventaire de tout ce qui concoure aux loisirs de la population. Yopougon dispose de plusieurs centres d'animation.

Le stade Municipal reçoit des compétitions sportive et culturelle, notamment le GUEBIA qui bénéficie du soutien de la mairie.

Au niveau culturel, Yopougon a sa foire commerciale, industrielle et gastronomique appelée FIGAYO. Elle se tient au mois de Mars, elle est la plus grande et la plus importante du pays et regroupe plus de 100 entreprises, draine plus de 15000 visiteurs par jour.

Infrastructures religieuses

Toutes les confessions religieuses sont présentes pour participer à leur manière à l'éducation morale et religieuse de la population. Il y a au total 12 églises et 17 mosquées.

PREMIERE PARTIE :

JUGEMENT QUE PORTENT LES FEMMES SUR LA MALTRAITANCE ET SES MANIFESTATIONS

CHAPITRE I : JUGEMENTS QUE PORTENT LES

FEMMES SUR LA MALTRAITANCE.

1.1-Définition de la maltraitance selon les femmes

Ici, nous voulons savoir ce que les femmes donnent comme définition à la maltraitance dans les ménages.Cette maltraitance se manifeste par plusieurs actes que posent les conjoints à l'égard de leurs conjointes.

En effet, elles évoquent des actes de brutalité (des coups et injures), l'infidélité, la démission financière, le harcèlement sexuel et l'abandon du foyer conjugal.

Le diagramme suivant en donne l'illustration.

Diagramme 1 : Diagramme de la répartition des éléments entrant

dans la définition de la maltraitance dans les ménages selon les Femmes.

.0 La majorité des femmes considère comme maltraitance dans les différents ménages les actes de brutalité, les coups et injures que leurs infligent les conjoints (56 %). Aussi il faut ajouter que l'infidélité est considérée comme un acte de maltraitance avec un taux de 24 % des femmes.

Le harcèlement sexuel est à inscrire sous la rubrique de maltraitance dans les ménages à Yopougon avec (12 %).

Conclusion partielle

La plus part des enquêtées estiment qu'au sein de leur foyer, il y a des actes perpétrés contre elles par leurs partenaires intimes qui toucheraient leur intégrité physique, psychologique, sexuelle.

1. 2- Sentiments des femmes sur la maltraitance conjugale.

La définition que donne les femmes de la maltraitance dans les ménages a permis de recueillir leurs sentiments

Les tableaux statistiques et les diagrammes illustrent bien ces sentiments.

Tableau 1 : Répartition des sentiments des femmes sur la maltraitance

conjugale.

Qu'en pensez-vous ?

Effectifs

Pourcentages

D'accord

15

30 %

Pas d'accord

35

70%

Total

50

100%

Source : enquête sur le terrain 2006.

Il apparaît que 70% des enquêtées n'acceptent pas la maltraitance dans les ménages, alors que 30 % l'acceptent.

Tableau 2 : Répartition des sentiments des femmes sur la maltraitance

conjugale selon de la tranche d'âge.

Sentiments

Tranches d'âge

D'accord

Pas d'accord

Total

[18-25]

2

4%

2

4%

4

8%

[26-34]

4

8%

40

40%

24

48%

[35-42]

8

16%

20

20%

18

36%

[43-50]

1

2%

6

6%

4

8%

Total

15

30%

35

70%

50

100%

Source : enquête sur le terrain 2006.

La tranche d'âge qui est en désaccord avec la maltraitance se situe entre 26 et 34 ans (40 %) alors que 16 % de la tranche d'âge allant de 35 à 42 ans est d'accord avec la maltraitance conjugale.

Tableau 3 : Répartition des sentiments des femmes sur la maltraitance

conjugale en fonction du niveau d'étude.

Sentiments des femmes

Niveau d'étude

D'accord

Pas d'accord

Total

Supérieur

0

0%

28

56%

28

56%

Secondaire et professionnel

1

2%

4

8%

5

10%

Primaire

3

6%

1

2%

4

8%

Aucun niveau

11

22%

2

4%

13

20%

Total

15

30%

35

70%

50

100%

Source : enquête sur le terrain 2006.

La catégorie des femmes qui condamne la maltraitance est celle qui a un niveau d'étude supérieur ou égale au niveau secondaire (64 %).Alors qu'au niveau du primaire aucune catégorie n'accepte la violence, mais (28 %) de femmes composées d'analphabètes l'acceptent la mort dans l'âme.

Tableau 4 : Répartition des sentiments des femmes sur la maltraitance

conjugale dans les ménages selon leur situation matrimoniale.

Sentiments des femmes

Situation matrimoniale

D'accord

Pas d'accord

Total

Mariage légal

1

2%

30

60 %

31

62 %

Mariage coutumier

2

4 %

2

4 %

4

8 %

Union libre

12

24%

3

6 %

15

30%

Total

15

30%

35

70%

50

100%

Source : enquête sur le terrain 2006

Ici nous constatons un taux élevé en désaccord .Le désaccord à la violence dans les ménages légaux atteint (60 %), alors que l'union libre à un taux de 24%.

Tableau 5 : Répartition des sentiments des femmes sur la maltraitance

csonjugale selon la catégorie socioprofessionnelle.

Sentiments des femmes

Catégorie socioprofessionnelle

D'accord

Pas d'accord

Total

Cadres supérieurs

0

0 %

28

56%

28

56%

Cadres moyens supérieurs

0

0 %

4

8 %

4

8%

Ouvriers

5

10%

1

2 %

6

12 %

Secteur informel

2

4 %

1

2 %

3

6 %

Sans emploi

8

16%

1

2 %

9

18 %

Total

15

30%

35

70%

50

100%

Source : enquête sur le terrain 2006.

16 % des femmes sans emploi acceptent la violence conjugale et (10 %)

d'ouvriers .Les cadres supérieurs (56 %) et les cadres moyens supérieurs (8 %).

Conclusion partielle

En somme, plus de la moitié des femmes condamnent la maltraitance conjugale sous toutes ces formes (70 %), alors que certaines l'acceptent par ce qu'elles appartiennent à des couches sociales très pauvres (30 %).

Cependant il faut dire que cette maltraitance n'est pas fonction de l'âge car la tranche d'âge [26-34] n'est pas d'accord avec cette maltraitance (40 %).

Les cadres supérieurs et moyens supérieurs rejettent systématiquement toute idée de maltraitance (64 %) alors que celles au chômage (16 %) ne la rejettent pas.

CHAPITRE II : MANIFESTATION DE LA MALTRAITANCE A

L'EGARD DES FEMMES

Dans ce chapitre nous allons nous intéresser aux différents acteurs qui participent de manière passive ou active à la maltraitance dans les ménages.

2.1-Les auteurs

Nous entendons par auteurs, tous les hommes qui quel que soit leur âge, leur niveau d'instruction, leur classe sociale, se sont unis à des femmes et vivant sous le même toît avec elles, qui ont eu ou pas des enfants et se sont rendus coupables de violence ou de sévices à l'égard de leurs conjointes.

Voici quelques propos d'hommes.

- M. Z, 40 ans, chauffeur de taxis, affirme que : « la femmes est faite pour céder à l'homme et pour supporter même son injustice ».

- Mr. A, 32 ans, instituteur, déclare : « il faut souvent la passer à tabac pour qu'elle comprenne que c'est l'homme qui commande et non la femme ».

- Mr. O ,35 ans, laisse échapper «  je la frappe quand elle me fait quelque chose qui ne me plaît pas ou qui va contre mes intérêts »

- Mr. B, 48 ans dit : « il faut montrer à la femme que ce n'est pas la civilisation occidentale qui va nous faire perdre nos traditions, donc il faut la corriger à chaque fois qu'elle déraille ».

A travers ces propos, ces hommes cherchent à se faire respecter, car pour eux l'Afrique doit garder ses traditions, à savoir qu'une femme doit être soumise à son mari.

2. 2-Les victimes

Nous appelons victimes, toutes les femmes qui sont unies à des hommes et vivent avec eux sous le même toit avec leurs enfants et qui font l'objet de violence de la part de leurs conjoints.

Finalement les victimes, ici sont celles qui subissent la maltraitance des hommes au sein de la famille nucléaire.

Voici quelques propos :

- Mme O, 32 ans, laisse entendre que, « notre tradition donne l'opportunité à l'homme de nous battre lorsque nous sommes en erreur ».

- Mlle J ,26 ans : «  j'ai peur qu'il me casse une dent encore, car la première fois personne n'est intervenue ».

- Mme C, 28 ans, « j'ai peur qu'il me défigure par ce que mon père aime qu'on frappe la femme, c'est çà être garçon chez lui ».

En somme, il faut dire que la maltraitance dans les ménages est miltiforme en ce sens que leur réaction est différente en fonction du milieu social dans lequel elles vivent.

Il conviendrait d'encourager une intervention spécifique pour chaque catégorie sociologique des auteurs. Analysons le phénomène des acteurs impliqués dans le phénomène de la maltraitance.

2. 3 - La catégorie sociodémographique des acteurs

Ici, nous allons mesurer l'ampleur de la maltraitance dans les ménages en fonction de la catégorie sociodémographique.

2.3.1- Les auteurs

Tableau 6 : Répartition de la maltraitance selon la catégorie

socioprofessionnel des auteurs

Catégorie

Socioprofessionnelle

Effectif

Pourcentages

Cadres supérieurs

0

0 %

Cadres moyens supérieurs

0

0 %

Ouvriers

6

30 %

Secteur informel

3

15 %

Sans emploi

13

55 %

Total

20

100 %

Source : enquête sur le terrain en 2006.

Dans le tableau 6, les sans emploi maltraitent plus leurs partenaires (55 %) par rapport à ceux qui exercent dans le secteur informel (15 %), les ouvriers (30 %). En clair, le taux de maltraitance est plus élevé dans les 3 catégories précédentes par rapport aux cadres supérieurs et moyens supérieurs (0 %).

Diagramme 2 : Diagramme de la répartition de la maltraitance

selon le niveau d'étude des auteurs

Deux niveaux présentent les caractéristiques de croissance de la maltraitance des femmes dans les ménages à savoir : aucun niveau 50 % et le niveau primaire

35 %.Quant au niveau supérieur (5%) le secondaire et le professionnel représentent un faible pourcentage (10 %).

Diagramme 3 : Histogramme de la répartition de la maltraitance selon la

tranche d'âge des auteurs

 Tableau 7 : Répartition de la maltraitance selon la situation matrimoniale

des auteurs.

Situation matrimoniale

Effectifs

Pourcentages

Mariage légal

1

5 %

Mariage coutumier

12

60 %

Union libre

7

35 %

Total

20

100 %

Source : enquête sur le terrain 2006.

Le tableau ci-dessus présente les différents pourcentages des situations matrimoniales dans lesquelles le taux de la maltraitance est croissant.

En effet, le mariage coutumier (60 %) et l'union libre avec 35 % présentent un fort pourcentage des hommes qui maltraitent leurs compagnes.

2.3. 2- Les victimes

Tableau 8 : Répartition de la maltraitance selon la catégorie

socioprofessionnelle des victimes.

Catégorie socioprofessionnelle

Effectifs

Pourcentages

Cadres supérieurs

0

0 %

Cadres moyens supérieurs

1

2 %

Ouvrières

13

26 %

Secteur informel

8

16 %

Sans emploi

28

56 %

Total

50

100 %

Source : enquête sur le terrain 2006.

La majorité des femmes qui subissent la maltraitance dans les ménages est

56 % pour les sans emploi, et de 26 % pour les ouvriers et 16 % pour le secteur informel.

Diagramme 4 : Diagramme de la maltraitance selon niveau

d'étude des femmes.

Ici, nous remarquons qu'il y a un fort taux de croissance de la maltraitance à

deux niveaux à savoir : aucun niveau (70 %) et le niveau primaire (18 %).

Tableau 9 : Répartition de la maltraitance selon la tranche d'âge des

femmes.

Tranche d'age

Effectifs

Pourcentages

[18-25]

13

26

[26-34]

5

10

[35-42]

30

60

[43 -50]

2

4

Total

50

100

Source : enquête sur le terrain 2006.

Ce tableau montre que la violence se manifeste plus chez les femmes qui ont entre 35 et 42 ans (soit 60 %), pour la tranche d'âge entre 18 et25 ans (soit 26 %).

Diagramme 5 : Diagramme de la maltraitance selon la situation

matrimoniale des femmes.

A la suite des unions entre les conjoints, on remarque que la violence des femmes dans les ménages est plus fréquente dans les unions libres (70 %), que les unions dans le mariage coutumier (28 %).

CHAPITRE III : LES DIFFERENTS TYPES DE MALTRAITANCE ET

LEURS FREQUENCES

Dans ce paragraphe nous allons nous intéresser aux différents types de maltraitance que le conjoint exerce sur la conjointe dans le foyer. Les violences dont sont victimes les femmes dans les ménages revêtent trois formes. Pour cela nous allons présenter dans le tableau ci-dessous les différents types de maltraitance que subissent les femmes.

Tableau 10 : Différents types de maltraitance

Types de maltraitance

Effectifs

Pourcentages

Violences physiques

34

68 %

Violences psychologiques

10

20 %

Violences sexuelles

6

12 %

Total

50

100 %

Examinons maintenant les trois types de violences à savoir : les violences physique, psychologique, sexuelle.

3.1- Les violences physiques

Le terme « violences physiques » concerne les coups et blessures, la brutalité infligées aux femmes dans les différents ménages .A l'analyse, la violence physique affecte l'intégrité de la femme, en ce sens que cette forme de violence se vit beaucoup dans les ménages de Yopougon avec un taux très élevé de 68 %. Les violences physiques prennent de l'ampleur dans les ménages du fait de la brutalité des auteurs en question qui appartiennent à des classes sociales pauvres.

Une enquêtée a fait cette révélation :

- Mme K, 33 ans, vendeuse de galettes : « pour une petite affaire, il me bat comme un animal ».

3. 2- Les violences psychologiques ou émotionnelles

Les violences psychologiques ou émotionnelles se caractérisent par l'intimidation, l'adultère, la diffamation, le mariage forcé, l'insulte, la provocation, la calomnie, la pression, la menace, le silence imposé et la séparation.

En effet, de manière générale, ce type de violence se manifeste de moins en moins dans les ménages.

- Mme O, 32 ans, déclare : « chaque fois qu'on se dispute, il met mes bagages dehors comme si on n'était pas marié ».

3. 3- Violences sexuelles

S'agissant de cette autre forme de violence, elles se caractérisent par le viol conjugal, l'avortement forcé, le harcèlement sexuel, et les attouchements non voulus.

Une femme a voulu faire ce témoignage :

- Mlle K, 27 ans : « c'est lorsque je fais mes menstrues que mon mari choisit pour me faire la cour, pourtant cela ne me plaît pas et c'est salissant. Quand je m'oppose, il me menace ».

3. 4 - Fréquences des maltraitances et les soins médicaux.

Tableau 11 : Fréquence de la maltraitance dans les ménages.

Période de la maltraitance

Fréquences de la maltraitance

Pendant la grossesse

Fin du mois

N'importe quand

Etat d'ivresse

Total

Toujours

1

33%

12

60%

15

79%

4

40%

32

64%

Souvent

2

67%

5

25%

3

16%

2

10%

10

20%

Quelque fois

0

0%

3

15%

1

5%

4

40%

8

16%

Total

3

100%

20

100%

19

100%

10

100%

50

100%

Source : enquête sur le terrain 2006.

La violence a toujours cours dans les foyers (64%).Certaines femmes ont affirmé que cette violence se manifeste dans leur ménage (20 %), d'autres attestent que la maltraitance a lieu dans leur couple (16 %).

3. 5- Les soins médicaux

Compte tenu de la fréquence élevée de la maltraitance des femmes dans les ménages, l'on peut dire que les femmes subissent de plus en plus la violence de la part de leurs conjoints. Cette maltraitance se caractérise par les coups donnés aux femmes lors des bagarres entre conjoints et qui peuvent entraîner plusieurs lésions sur le physique, et le psychique des femmes.

Le diagramme caractérisant la fréquence des soins médicaux des femmes dans les différents centres de santé de la dite commune se présente comme suite :

Diagramme 6 : Diagramme de fréquence des soins médicaux

reçus par femmes maltraitées

56 % d'entre elles ont affirmé, qu'à chaque fois qu'il y a eu un acte de violence, elles ont eu besoin des soins médicaux

Conclusion partielle

Au terme de ce qui précède, la maltraitance des femmes dans les ménages à Yopougon est due à l'indigence économique ,15 % chez les hommes et 16% chez les femmes, le chômage croissant chez ces populations ,55 % chez les hommes,

56 % chez les femmes et de la classe ouvrière caractérisée par des salaires précaires 30 % chez les hommes, et 26 % chez les femmes. L'impunité totale des auteurs est due et à d'autres facteurs. Les femmes ignorent leur droit.

DEUXIEME PARTIE :

LA REACTION DES FEMMES FACE A LA MALTRAITANCE ET LES CONSEQUENCES

Dans cette partie, nous allons nous intéresser à la réaction positive des femmes et les conséquences qui en découlent.

En effet, sur 50 femmes interrogées ,35 affirment réagir par la violence à l'acte de maltraitance de leur conjoint (70%) alors que seulement 15 femmes subissent sans réagir (30 %).

CHAPITRE I : RAISONS AVANCEES PAR CELLES QUI

REAGISSENT A LA MALTRAITANCE

Les raisons évoquées par les femmes qui réagissent contre la maltraitance s'articulent autour de deux axes l'intériorisation et la dénonciation.

1.1-  L'intériorisation

Si la femme intériorise sans réagir, l'homme continue de l'agresser autant de fois que ses instincts le poussent à le faire. La femme estimant qu'il cessera un jour, fait preuve de patience. Par ailleurs, les auteurs coupables d'actes de maltraitance présentent quelque fois les excuses aux victimes et promettent de ne plus recommencer car ils regrettent leurs actes. Nous avons posé cette question : « Réagissez-vous à cette violence ?si oui comment ? »

- Mlle J, 27 ans ménagère, répond : « j'ai attendu tous ces moments avant de réagir, parce que pour moi l'homme est le maître de la maison et c'est à lui de mettre les choses en ordre, mais voyant sa persistance dans la violence, j'ai pris mon courage à deux mains pour me battre avec lui et il sait qui a gagné »

-Mlle A 34 ans, divorcée : « Au début, j'avais peur de lui, mais le jour ou j'ai réagi avec violence en me battant avec lui, il a compris que la violence ne peut pas régler le problème du couple. »

-Mme O, 47ans couturière : «  De peur de le perdre, je me retenais toujours, mais j'ai fini par craquer et c'est comme çà que çà se passe toujours dans les couples. »

-Mlle K 22 ans gérante de cabine : «  j'avais, peur qu'il me sépare de mon bébé, après la mort de notre enfant, j'ai décidé de prendre mes responsabilités ».

1. 2- La dénonciation

Ici, elles réagissent immédiatement dans l'espoir d'instaurer le dialogue afin d'éviter que ne s'installent les rancoeurs dans le couple. La réaction des ces femmes s'explique aussi par le fait qu'elles pensent avoir des droits, donc s'opposent à toute action qui tendrait à violer leur foyer.

Certaines réagissent par des coups ou des injures où font intervenir une tierce personne pour résoudre le problème qui les opposent.

- Mme P 29 ans concubine affirme : « j'ai réagi immédiatement parce que lors de notre première rencontre il m'a fait un cours sur le droit de la femme dans le foyer ».

- Mlle C 23 ans commerçante : « moi, c'est oeil pour oeil, dent pour dent ; çà se comprend non ».

- Mlle J 18 ans, jeune déscolarisée : « Quand quelqu'un montre qu'il est violent, il faut lui montrer immédiatement que tu es plus violent que lui ».

Mme B 34 ans, ménagère, affirme : « la femme n'est pas faite, pour subir les brimades de l'homme, il faut qu'elle prenne ses responsabilités immédiatement vis avis de l'homme ».

CHAPITRE II : POUR QUELLES RAISONS CERTAINES

FEMMES NE REAGISSENT PAS

Plusieurs facteurs empêchent les femmes de réagir à la violence quelle subissent de la part de leur conjoint. Parmi ces facteurs il y a des facteurs d'ordre affectif et psychologique et des facteurs d'ordre sociologique.

2.1-  Facteurs d'ordre affectif et psychologique

Les facteurs d'ordre affectif et psychologique ont une influence sur le comportement de la femme et l'empêchent de réagir à la maltraitance dont elle est victime. Parmi ces facteurs il faut citer l'amour, la culpabilité, la peur et leur état de santé.

2.1.1- L'amour

Au nom de l'amour qu'elles éprouvent pour leur partenaire, elles s'abstiennent de tout acte de riposte afin de ne pas compromettre les relations qu'elles ont construites durant plusieurs années avec beaucoup de sacrifices.

Pour, certaines, il faut penser aux enfants qu'elles ont eus et les moments agréables passés ensembles.

Edifiantes sont les propos suivants :

- Mme B 38 ans, mariée : « on y peut rien car c'est un problème de couple auquel il faut s'habituer ».

- Mme K 28 ans, déplacée de guerre : « il faut l'accepter et rester au foyer parce qu'on a déjà des enfants que nous devons élever, éduquer, insérer dans la vie socioprofessionnelle ».

2.1. 2- La culpabilité

Le sentiment de culpabilité est très fréquent dans les relations de couple et se manifeste chez la femme.

Elles acceptent d'être la première responsable parfois sans chercher à comprendre. Elles demandent pardon à leurs maris.

- Mlle 20 ans, victime affirme : «je ne peux rien faire, j'ai toujours tort oh ».

- Mme B18 ans, mariée : « tu sais depuis mon enfance, j'ai toujours considéré l'homme comme l'être suprême qui a toujours le dernier mot, donc lorsqu'il me frappe, je, trouve çà normal ».

2.1. 3- La peur

La peur est l'un des facteurs évoqué par les femmes pour ne pas réagir à la maltraitance parce qu'elles veulent rester dans le foyer conjugal même s'il y a des difficultés. Elles craignent que le conjoint ne mette en exécution ses menaces. Le mutisme de ces femmes s'explique par la peur d'affronter la solitude ou de quitter leurs maris. Elles savent, en effet les préjugés que nourrit la société envers les femmes célibataires, donc elles préfèrent rester dans cette atmosphère de violence.

Certaines, ne veulent pas laisser à une autre femme l'éducation de leurs enfants.

Voici quelques propos :

- Mme C, 30 ans, mariée : « c'est le courage et la patience qui sont mes armes de bataille, sans eux la vie de couple n'est rien ».

2.1.4- Leur état de santé

Pour certaines femmes leur réaction est négative à cause de leur handicape physique qui les empêche de répliquer à tout acte de violence de leur partenaire.

- Mme K 39 ans concubine, aveugle : « mon fils tu sais quand tu es aveugle, c'est pas bon «  dhè ». Mon mari sort quand il veut et rentre quand il veut, .Et lorsque je lui fais des reproches, il me frappe. »

2. 2-Facteurs d'ordre sociologique

Ici nous entendons par facteur d'ordre sociologique, tous les facteurs exogènes qui ont une influence sur le comportement de la femme et son environnement.

Parmi ces facteurs, nous avons les facteurs économiques, les coutumes matrimoniales et l'ignorance.

2. 2.1- Facteurs économiques

Les problèmes économiques auxquels elles devront faire face en voulant se soustraire à la violence conjugale constituent un motif de silence chez ces femmes maltraitées. Souvent ne sachant où aller si elles venaient à se séparer de leurs conjoints et comment subvenir à leurs besoins élémentaires, et à ceux des enfants, elles se résignent à vivre dans le silence.

Même quand elles sont accueillies par des parents à leur départ du foyer, à la longue certains membres de leur famille leur rappellent que la place de la femme est dans son foyer avec tout ce que cela peut comporter comme abnégation.

Le facteur économique joue aussi pour les femmes vivant dans le luxe car elles ne veulent pas perdre les avantages financier, matériel et sociaux dont elles jouissent.

2. 2. 2- Les coutumes

Partout dans le monde comme par exemple au Nord de la Côte d'Ivoire en région Malinké, lorsque la famille remet la mariée au marié,celui-ci reçoit un « gbègnin »16(*).Cela lui confère le droit très explicitement de la corriger, donc de la battre s'il juge que l'acte qu'elle a posé mérite d'être sanctionné .Cette manière de faire existe chez les Chinois car un proverbe chinois dit : « une femme mariée est comme un baudet, une fois acheté, on peut s'en servir comme on veut »17(*). En somme se marier, c'est tacitement donner son accord et accepter d'être battue par son époux sans être capable de riposter, puisque la coutume l'autorise.

2. 2. 3 - L'ignorance

Compte tenu du fort taux d'analphabétisme qui est de 57,6 % de la population nationale avec 76,5% de femmes et 70% de la population féminine18(*), on constate que les femmes ignorent leur droit compte tenue du taux d'analphabète chez elles. Ceci les amène à se taire et à subir les maltraitances.

CHAPITRE III : CONSEQUENCES DES VIOLENCES

EXERCEES SUR LES FEMMES

Les violences exercées sur les femmes par leur conjoint ont des effets physique et psychique sur leur santé .Voici quelques conséquences.

3.1 -Au plan physique et psychologique

Les sévices corporels font partie des violences physiques faites aux femmes par leurs partenaires et comprennent les lésions et les troubles somatiques, 55% de femmes accueillies dans les centres de santé de Yopougon en sont porteuses.

Les lésions dues à la violence comprennent les contusions, les coupures, les écchymoses à l'oeil, les commotions et les fractures. Les violences provoquent de fausses couches, des lésions articulaires, la perte partielle ou totale de la vue, de l'ouie, des cicatrices, des brûlures, des morsures, des maux de tête chroniques, des douleurs abdominales, musculaires et des troubles du sommeil .Ces femmes sont défigurées à vie par leurs conjoints qui leurs lancent souvent de l'acide au visage par vengeance, d'autres s'adonnent à l'alcoolisme.

Ces violences engendrent chez certaines le stress, l'anxiété, la dépression sévère, la folie, la peur, un comportement agressif , la mauvaise humeur.

Quelques unes se sont exprimées :

- Mlle C 25 ans, concubine : « Avant je ne consommais pas l'alcool, mais lorsque la violence a commencé à prendre de l'ampleur dans notre couple alors j'ai commencé à boire après chaque acte de violence pour oublier un peu ce qui s'est passé »

- Mme J 30 ans, ménagère : « A force de me battre à chaque fois pour un rien, je n'ai plus de dents naturelles ».

3. 2- Au plan économique

L'indigence économique de la population enquêtée, 53,5 % d'entre elles vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les soins médicaux sont onéreux de sorte que 62 % des femmes ne fréquentent pas un centre de santé.

3. 3 -Au plan sexuel

La frigidité est l'une des conséquences sexuelles qui découlent de la maltraitance des femmes dans les ménages. Cette absence de désir sexuel chez les femmes est due à la persistance de la violence de la part du conjoint.

Ces femmes ont du dédain pour l'homme et n'ont aucune envie d'avoir des rapports sexuels.

3. 4 - Au plan social

La maltraitance des femmes dans les ménages entraîne le divorce ou la séparation des conjoints.

En effet, 35 % d'entre elles sont répudiées par leurs partenaires après les actes de violence commis sur elles, 45% des hommes vivent seuls dans les foyers avec ou sans enfants et 55% des femmes ont quitté leur foyer avec regret.

Voici ce qu'elles disent :

- Mme O 30 ans, divorcée : « j'ai une envie de retourner auprès de lui, mais c'est DIEU qui a voulu çà ».

- Mlle K 25 ans affirme : « je veux retourner à cause de mes deux filles car je veux les voir grandir, c'est tout. »

- Mme B36 ans : « je ne veux pas qu'un autre assure l'éducation de mes enfants ».

La dissociation de la cellule familiale a des répercutions sur les enfants.

La maltraitance des femmes dans les ménages est le quotidienne dans les familles illettrées.

Les enfants victimes de cette situation adoptent une conduite hostile, témoins

des violences courent le risque eux-mêmes d'être agressé et d'avoir des problèmes d'adaptation. A cet effet, une enquêtée nous dit ceci :

- Mme O 27 ans : « il était 3heures du matin lorsque mon mari rentrait tout saoulé et je lui ai simplement demandé pourquoi rentrer aussi tard, sans rien chercher à comprendre il a commencé à me battre avec tout ce qui lui tombait sous la main en oubliant que nous dormions avec notre enfant de 12 ans dans la même chambre et lors de notre bagarre, notre enfant a pris un coup de bâton sur la tête. Depuis ce jour il ne dort plus avec nous et nos relations sont devenues très dures. »

Cette situation de violence fait que très tôt les enfants sont livrées à eux même et se cherchent.

TROISIEME PARTIE : 

MESURES ET RECOMMANDATIONS FACE A LA MALTRAITANCE A L'EGARD DES FEMMES.

CHAPITRE I : ACTIONS MENEES AU PLAN INTERNATIONAL

Vu les sévices perpétrés contre les femmes, les pays du monde entier par le canal de l'Organisation Nations Unies, ont mené des actions visant à promouvoir des droits de la femme. L'objectif de l'Organisation des Nations Unies est d'améliorer la condition de vie des femmes dans le monde entier. La première conférence mondiale des femmes s'est tenue à Mexico en 1975.La Décennie Internationale de la femme et la Convention des Nations Unies sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard de la femme en 1979 a été, ratifiée par 180 pays.

Voici quelques textes et actions qui ont été faites par les Etats qui font partie de l'Organisation des Nations Unies.

1.1-  Convention sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard

de la femme.

Un grand pas vers la réalisation de l'objectif qui consiste à assurer l'égalité des droits des femmes a été franchi le 18 décembre 1979 avec l'adoption, par l'Assemblée générale de la convention sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes .La convention qui comprend 30 articles, énonce sous une forme juridiquement contraignante, les principes et les mesures, qui ont été acceptés par tous les Etats en vue d'assurer l'égalité des droits de la femme.

L'adoption de cette convention a marqué le point culminant des consultations qu'ont mené, pendant cinq ans, divers groupes de travail.

La convention couvre tous les aspects de la question et donne la mesure de l'exclusion et des restrictions dont les femmes sont l'objet du seul fait qu'elles sont des femmes, en demandant l'égalité de droit pour les femmes, quel que soit leur statut matrimonial, dans tous les domaines : politique, économique, social, culturel, et civil. Elle engage les pays à prendre des dispositions législatives en vue d'éliminer toute discrimination ,leur recommande d'adopter des mesures temporaires spéciales visant à accélérer l'instauration d'une égalité de fait entre hommes et femmes et de faire en sorte de modifier les attitudes socioculturels qui perpétuent la discrimination.

Adoptée, ouverte à la signature, à la ratification et à l'adoption par l'Assemblée Générale des Nations Unies dans sa résolution 34/180 du 18 décembre 1979 et entrée en vigueur le 3 septembre 1981, elle montre a quel point les Etats sont soucieux de l'égalité de l'homme et de la femme, en ce qu'ils condamnent la discrimination à l'égard des femmes sous toutes ses formes .Ils conviennent de poursuivre par tous les moyens appropriés et sans retard à mettre en place une politique tendant à éliminer toute discrimination à l'égard des femmes, et a cette fin, s'engage à inscrire dans leur constitution nationale ou toutes autres dispositions législatives appropriées le principe de l'égalité des femmes et des hommes.

Elle les encourage à adopter des mesures législatives et d'autres mesures appropriées assorties de sanctions en cas de besoins et instaurer une protection juridictionnelle des droits de la femme sur un même pied d'égalité avec les hommes et d'abroger toutes les dispositions pénales qui constituent une discrimination des femmes.

En somme, les Etats prennent dans tous les domaines politiques, économique, social, et culturel, toutes les mesures appropriées, y compris, des dispositions législatives, pour assurer le plein développement et le progrès des femmes, en vue de leur garantir l'exercice et la jouissance des droits de l'homme et des libertés fondamentales sur la base de l'égalité avec les hommes.

1. 2-  Protocole facultatif à la convention des Nations Unies sur

l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes.

Ce protocole adopté par l'Assemblée Générale des Nations Unies dans sa résolution 54/4 du 6 octobre 1999 et ouverte à la signature, à la ratification et à l'adhésion le 10 décembre 1999, entre en vigueur le 22 décembre 2000 et, donne une nouvelle dimension à la lutte pour la promotion et la protection des droits de la femme.

En effet, il va investir le comité sur l'élimination de toutes sortes de discriminations à l'égard des femmes et d'attributions plus significatives à savoir être saisi de recours individuel à la justice, mais aussi procéder à des enquêtes. Les femmes victimes de violation flagrantes de leur droit pourront s'adresser individuellement au comité pour lui faire part de leur plainte et de leurs préoccupations au cas où elles auront épuisé toutes les voies de recours internes.

Aussi permet-il au comité de bien mener une enquête en cas de violation de leur droit dont les résultats pourront servir à mettre la pression sur le pouvoir en place afin de mettre fin à la discrimination contre les femmes.

1. 3-  Déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard femmes.

Elle a été proclamée par l'Assemblée Générale des Nations Unies le 20 décembre 1993 dans sa résolution 48/104 en mettant l'accent sur la conclusion figurant au paragraphe 23 de l'annexe à la résolution 1990/15 du Conseil économique et social, en date du 24 mai 1990, selon laquelle ,il est constaté que la violence à l'égard des femme exercée dans la famille et dans la société se répend partout ,quel que soit le revenu, la classe sociale et culturelle de la femme, et que des mesures urgentes et efficaces doivent être prises pour éliminer les effets collatéraux.

En effet, alarmée de constater que les femmes ont du mal à s'assurer l'égalité juridique, sociale, politique et économique dans la société, en raison notamment de la persistance et du caractère endémique de la violence, l'Assemblée Générale proclame solennellement la déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes et demande instamment que tout doit être mis en oeuvre pour faire universellement connaître et la respecter.

1. 4-  Action des Organisations internationales

Ces organisations internationales ont pour rôle d'aider les femmes à connaître leur droit fondamental et à mettre fin aux exactions dont elles sont l'objet dans tous les domaines de la vie.

C'est dans ce cadre qu'Amnesty International a mis pression sur certains gouvernements pour sauver des femmes victimes de violence extrême dont elles souffrent dans les foyers19(*). La IPPF, grâce à ses sections locales dans les pays travaille sur l'élimination de la violence sexiste .Sous son auspice, IPPF région Afrique, la section locale de Maurice a participé activement à la prise de décision qui a conduit à l'élaboration d'une loi assurant la protection contre la violence domestique.

En 1998, le Fonds de Développement des Nations Unies pour la Femme (UNIFEM) a entrepris des campagnes régionales en Afrique, en Asie pacifique et en Amérique Latine pour attirer l'attention sur la question de la violence contre la femme dans le monde entier. Elle gère un fonds spécial de soutien à des ménages visant à éliminer la violence contre les femmes, initiative qui a décaissé 3,3 millions de dollars pour 71 projets réalisés dans le monde depuis 1996. L'ONU a contribué à la promotion de l'égalité et du bien être des femmes avec UNIFEM et l'Institut Internationale de la Recherche et de Formation pour la Promotion de la Femme(INSTRAW) et permis d'améliorer la qualité de vie des femmes et de promouvoir les droits des femmes dans plus de 100 pays. INSTRAW mène des recherches et des activités de formation et UNIFEM finance des projets qui recherchent à éliminer la violence à l'égard des femmes, à faire reculer la propagation du VIH/SIDA et à promouvoir la sécurité des femmes, en améliorant par exemple leur accès au travail et leur droit à hériter de la terre et autres droits de succession. En Côte d'Ivoire, l'UNIFEM a apporté son soutien à L'AIDF.

En septembre 1998, la Banque Internationale de Développement a rassemblé 400 experts de 37 pays pour examiner les causes de la violence domestique ainsi que les politiques et les programmes pour y remédier.

Une étude faite par la Banque Mondiale sur plus de 2000 cas de femmes battues, enregistrées pendant une période de 5 ans au moins au poste de police de  Sao Paolo, a montré que plus de 70% des incidents de violence signalée ont lieu au foyer de la victime. Ce qui conduit les autorités brésiliennes à prendre des mesures appropriées pour palier ce problème20(*).

CHAPITRE II :ACTIONS MENEES AU PLAN NATIONAL.

Au regard de toutes les actions menées au niveau international, l'Etat de Côte d'Ivoire a ratifié la convention sur l'élimination de toute forme de discrimination à l'égard des femmes21(*). Le 28 février 2000, eut lieu l'adoption du décret 2000-133 portant organisation du ministère de la Famille et de la promotion de la femme dans laquelle un comité national de lutte contre les violences faites aux femmes rattaché au cabinet a vu le jour.

2.1- Au niveau juridique

En Côte d'Ivoire aucune loi spécifique n'a été prise pour réprimer la violence conjugale. Seulement, c'est au terme de certains articles que la jurisprudence pénale ivoirienne peut statuer en la matière.

C'est ainsi que, lorsque le partenaire bat sa femme, il pourra être poursuivi pour violence et voie de fait ou de coups et blessures volontaires et sanctionné au terme des articles 345 ; 387 ; al.1, 2, 3,4 ; 388 du code pénal.

Ainsi l'article 345 du code pénal stipule que : « quiconque volontairement , porte des coups ou fait des blessures ou commet toutes autres violences ou voie de fait est puni :

1- de l'emprisonnement de 5 à 20 ans lorsque les coups portés et les blessures faites même sans intention de donner la mort l'ont pourtant occasionnée ;

2- d'un emprisonnement de 5 à10 ans et d'une amende de 50000 à 500000 francs lorsque les violences ont occasionné une mutilation, amputation ou privation de l'usage d'un membre, la cavité ou la perte de l'oeil ou tout autre infirmité permanente ;

3- d'un emprisonnement de 1 à 5 ans et d'une amende de 20000 à200000 francs lorsqu'il en résulte une maladie ou une incapacité totale de travail personnel pendant plus de 10 jours ;

4- d'un emprisonnement de 6 mois à un an et d'une amende de 10000 à 100000 francs lorsqu'il n'en résulte aucune maladie ou incapacité de travail de l'espèce mentionnée à l'alinéa précédent ».

Par ailleurs, le code civil en son sein met un accent particulier sur la violence conjugale et la réglementation du mariage entre conjoint afin d'éviter toutes amalgames.

En effet, l'usage de la violence sur les femmes dans les ménages étant réglementée par des lois particulières, les dispositions légales en vigueur porte sur le code civil regroupant l'ensemble des lois en vigueur relative au mariage en Côte d'Ivoire. Le délit ou tout autre forme d'infraction ne peut exister et n'a de fondement que part la loi et, que l'ensemble de ces lois étant défini le dommage de compétence, il convient d'utiliser celles qui s'adaptent à notre objet d'étude, d'où la référence exclusive à la loi relative au mariage.

Ainsi, la loi relative au mariage dans ses articles 1 ; 2 ; 3 ; 4 énonce les conditions préalables à tout mariage.

Ces conditions étant respectées, l'on peut célébrer le mariage, qui est l'acte d'autorisation légale délivré par les institutions de l'Etat en charge permettant à deux personnes de sexe différents de s'unir.

Il faut dire que cette union à tous les niveaux se réfère à la loi relative au mariage en son article 51 du code civil qui stipule que : « les époux s'obligent à la communauté de vie et il se doivent mutuellement fidélité, secours, et assistance. »

En Côte d'Ivoire les actions et les poursuites en matière de délit conjugal entre conjoints relève de la compétence des autorités en charge. Aussi selon l'article 10 de la loi 64-375 relative au mariage célébré par un officier de l'état civil, entrée en vigueur le 7 octobre 1964: « seul le mariage célébré par un officier de l'état civil à des effets légaux ». Selon, l'article 28 « il est délivré aux époux un livret de famille et un certificat de célébration civile établis suivant les modèles fixées par ce décret ».Il permet d'ajuster leur comportement pour ne pas tomber sous le coup des sanctions prévues par les article 345 ; 387 ; 390 ; 391 du code pénal.

En somme, tout homme qui ayant célébré un mariage et ne se conformant pas à ces obligations se rend coupable de délit de mariage sera puni conformément aux lois et règles en vigueur.

2. 2- Intervention policière dans la commune de Yopougon

Face à une plainte déposée par une épouse contre son époux dans un commissariat, les agents de la police réconcilie ou répriment les auteurs.

En effet, la réconciliation est la plus utilisée par ce que les agents tiennent comptent de la particularité de la tradition africaine pour régler les différends entre époux, par le dialogue. Ils vont demander d'abord, aux conjoints de s'expliquer sur les raisons qui les conduisent à la violence. Ensuite, ils essayeront de parvenir à un règlement à l'amiable, parce qu'ils considèrent que la violence conjugale relève «d'affaire conjugale, quelque chose de privée », qu'ils ne peuvent pas traiter comme les délits auxquels ils sont quotidiennement confrontés, ils constatent que  le plus souvent les plaintes déposées par les femmes sont en majorité retirées plus tard. Il faut ajouter, que l'ignorance des femmes quant la à mise en oeuvre de la procédure à suivre pour mettre aux arrêts le conjoint coupable d'acte de violence est souvent utilisée par certains agents pour renvoyer les femmes plaignantes à leur domicile car ils estiment que ce n'est pas à eux de montrer les voies de recours à une femme pour qu'elle poursuive son époux en raison du caractère délicat et familial de la situation.

Concernant la répression, elle ne sera vraiment utilisée que dans des cas graves, à savoir les coups et blessures qui ont fini par provoquer des infirmités permanentes sur la femme ou si le conjoint la menace avec une arme à feu ou blanche ou s'il y a homicide.

2. 3- Au niveau des structures pour la défense de droit de L'homme

2.3.1 - A.F.J.C.I

L'Association des Femmes Juristes de Côte d'Ivoire a été formée et a reçu une reconnaissance légale en 1984.Elle a été très active pendant un certain temps, puis a connu une longue période d'inactivité. Elle a repris ses activités à la fin de 1993, avec pour objectif principal, lutter contre toutes les formes de discriminations contre les femmes.

En effet, pour exercer son mandat, elle a accentué la nécessité pour les femmes de connaître leur droit, de les exercer et de lutter contre leur violation. Elle a tenu une série de carrefours et de congrès avec des femmes à travers le pays. Elle a donné des conseils juridiques libres dans les dix communes d'Abidjan et en d'autres endroits du pays et a publié une série de livrets de mariage et a l'intention d'en produire une autre série sur le droit de la famille.

Actuellement, son but principal est l'ouverture des bureaux de conseil juridique pour les femmes à travers tout le pays.

Par ailleurs, l'AFJCI en collaboration avec la Division Droit de l'Homme de l'ONU CI apporte un soutien aux femmes victimes de violence de tous genres. Elle a permis aux femmes maltraitées de s'exprimer librement sur la chaîne ONUCI-FM pour évoquer leurs préoccupations et décrier le comportement violent de leur conjoint à travers l'émission «NE TOUCHE PAS A MES DROITS ».

2. 3. 2-A.I.B.F

L'Association Ivoirienne pour le Bien-être Familial a pris le relais de l'AIDF en prônant la liberté et la protection de la femme dans la société en particulier dans les ménages.

En effet, depuis lors, elle mène des actions pour la défense des droits de la femme dans la société ivoirienne à travers des campagnes de sensibilisations .Elle prend aussi en charge les femmes victimes de violence conjugale et même celles malades du VIH-SIDA ou des IST par des dons de médicaments et autres charges.

2. 3. 3- La LIDHO

La Ligue Ivoirienne des Droits de l'Homme a été créée en mars 1987et a reçu reconnaissance officielle du gouvernement en Juillet 1990, au cours du même mois, elle a organisé son premier congrès. Elle a pour objectifs principaux la promotion et la protection des droits de l'homme .Elle a dénoncé les violations des droits de l'homme en Côte d'Ivoire par voie de presse, d'annonce et de congrès.

En effet, en 1992 à la suite des violations des droits de l'homme en particulier des femmes à l'université de Cocody, elle a avec d'autres partis politiques organisé une manifestation publique dans les rues d'Abidjan pour dénoncer les actes de violence perpétrés contre la jeunesse estudiantine et les filles victimes de viol par les policiers.

Abondamment proclamée, la déclaration sur la violation des droits des femmes n'est pas suivie sur le terrain. Des mesures de prévention et de solutions s'imposent pour essayer d'enrayer ce phénomène.

QUATRIEME PARTIE :

POLITIQUE DE PREVENTION ET PROPOSITIONS DE SOLUTIONS.

CHAPITRE I : POLITIQUE DE PREVENTION

Des stratégies de préventions peuvent être énoncés à trois niveaux.

1. 1-  Au niveau international

Les Etats devraient condamner la violence à l'égard des femmes et ne pas invoquer des considérations de coutume, de tradition ou de religion pour se soustraire à l'obligation de l'éliminer. Ainsi, rappelant la conclusion figurant au paragraphe de l'annexe à la résolution 1990/15 du Conseil Economique et Social, en date du 24 mai 1990, selon laquelle il est constaté que la violence exercée dans la famille et dans la société se repend partout, quel que soit le revenu, la classe sociale et la culture, et que des mesures urgentes et efficaces doivent être prises pour en éliminer les effets. Aussi les Etats devraient mettre en oeuvre et sans retard et par tous les moyens appropriés une politique visant à éliminer la violence à l'égard des femmes en :

Ø envisageant, lorsqu'ils ne l'ont pas encore fait, de ratifier la convention sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes, d'y adhérer ou de retirer les réserves qu'ils y ont faites ;

Ø s'abstenant de tous les actes de violence à l'égard des femmes ;

Ø agissant, avec diligence voulue pour prévenir les actes de violence à l'égard des femmes, enquêter sur ces actes, de les punir conformément à la législation nationale, qu'ils soient perpétrés par l'Etat ou par des personnes privées ;

Ø Prévoyant dans la législation nationale pénale, civile, du travail ou administrative les sanctions voulues pour punir et réparer les torts causés aux femmes soumises à la violence, les femmes victimes d'actes de violence devraient avoir accès à l'appareil judiciaire et la législation nationale devrait prévoir des réparations justes et efficaces du dommage subi, les Etats devraient en outre, informer les femmes de leur droit à obtenir réparation par le biais de ces mécanismes ;

Ø examinant la possibilité d'élaborer des plans d'actions nationaux visant à promouvoir la protection de la femme contre toute forme de violence, ou d'inclure des dispositions à cet effet dans les plans existants en tenant compte, le cas échéant de la coopération que sont en mesure d'apporter les ONG, notamment celles qui s'intéressent plus particulièrement à la question ;

Ø élaborant des stratégies de prévention, et toutes mesures de caractère juridique, politique, administratif et culturel propre à favoriser la protection des femmes contre la violence et à garantir que les femmes ne se verront pas infliger un surcroît de violence du fait de lois, de modes de répression ou d'interventions d'un autre ordre ne prenant pas en considération les caractéristiques propres à chaque sexe ;

Ø inscrivant au budget national des crédits suffisants pour financer les activités visant à éliminer la violence à l'égard des femmes ;

Ø veillant à ce que les agents des services de répression ainsi que les fonctionnaires chargés d'appliquer des politiques visant à prévenir la violence à l'égard des femmes ,à assurer les enquêtes nécessaires et à punir les coupables ;

Ø adoptant toutes les mesures voulues, notamment dans le domaine de l'éducation pour modifier les comportements sociaux et culturels des hommes et des femmes et éliminer les préjugés, les coutumes et les pratiques tenant à l'idée que l'un des deux sexes est supérieure ou inférieur à l'autre ou des stéréotypes concernant les rôles masculin et féminin ;

Ø favorisant la recherche ,rassemblant des données et compilant des statistiques en rappelant à l'incidence des différents formes de violence à l'égard des femmes ,y compris en particulier la violence conjugale,et encourager la recherche sur les causes ,la nature, la gravité, et les conséquences de cette violence,ainsi que sur l'efficacité des mesures prises pour prévenir et réparer la violence à l'égard des femmes ,les dites statistiques et les conclusions des travaux de recherche étant à prendre en compte et à rendre publique ;

Ø apportant des meures visant à éliminer la violence contre les femmes particulièrement vulnérables ;

Ø encourageant l'élaboration des directives voulue pour aider à la mise en oeuvre des principes énoncés dans la déclaration sur l'élimination de toutes formes de violence contre les femmes ;

Ø reconnaissant l'importance du rôle que joue les mouvements des femmes et les ONG du monde entier s'agissant de faire prendre conscience du problème de la violence contre les femmes et d'y remédier ;

Ø facilitant et en encourageant les travaux des mouvements des femmes et des ONG et en coopérant avec eux sur le plan local, national et régional ;

Ø encourageant les organisations intergouvernementales, régionales dont ils sont membres à inclure s'il y a lieu l'élimination de la violence des femmes dans leurs programmes.

1. 2 - Au niveau gouvernemental

Pour prévenir le phénomène de la maltraitance des femmes dans les ménages, la stratégie du gouvernement devrait concerner 3 ministères,la santé, la justice, et l'éducation.

1. 2.1-- Le ministère de la santé

Il doit :

Ø établir et appliquer des protocoles-types en vue de l'identification rapide des victimes de violence dans le cadre des structures sanitaires y compris les sévices d'urgence et les centres de santé primaires tel que les services de planification familiale et les dispensaires ;

Ø former le personnel médical aux activités de conseil à l'examen des victimes et au recueil de preuves pour les actions en justice ;

Ø entreprendre des recherches sur l'incidence et la prévalence de violences sexuelles spécifiques,le pourcentage des femmes molestées parmi celles qui se présentent dans les différents centres sanitaires ,les conséquences du violence sur la santé mentale et les coûts de violences domestiques et du viol pour le système de santé ;

Ø intégrer les questions de violence sexuelles dans les enquêtes sanitaires nationales et dans la recherche en cours sur le SIDA, la sexualité et la planification familiale ;

Ø inclure des matériels didactiques et des cours sur la dynamique de la violence dans les programmes d'étude et les examens d'aptitudes professionnelles pour les catégories de personnel santé telle que les médecins, les psychologues, les infirmiers, les auxiliaires de santé au niveau communautaire ; établir à travers un profil clinique détaillant les besoins, les emplacements et autres symptômes de femmes molestées afin d'aider le personnel de santé à identifier les victimes ;

Ø encourager les actions de formations pour les médecins légistes afin de les sensibiliser au problème de la violence contre les femmes et de leur apprendre à recueillir et documenter les éléments de preuve en cas d'agression, de sévices sexuelles et de viol ;

Ø étendre les programmes de traitement des toxicomanes et des alcooliques ;

Ø mettre en oeuvre des programmes de traitements et de rééducation dans les couples.

1. 2. 2 - Le ministère de la justice et des droits de l'homme

Propose  de :

Ø promouvoir des lois en vue de la criminalisation de la violence domestique, du viol conjugal et autres crimes commis contre les femmes ;

Ø réviser les lois qui restreignent la capacité des moyens des femmes à se libérer une relation violente (obstacle au divorce) ;

Ø vérifier la façon dont les lois sur la violence sexuelle sont ou ne sont pas appliquées en recueillant des données sur la fréquence des poursuites, les taux d'arrestation, les jugements et les peines ;

Ø étendre et améliorer les services médicaux et juridiques par les pouvoirs publics aux victimes de la violence en zones urbaines aussi bien que rurales ;

Ø appuyer les ONG qui s'occupent d'éduquer dans le domaine des droits de l'homme et de l'initiation des femmes aux questions juridiques ; organes de formation sur la violence sexuelle à l'intention de la police, du procureur de la justice ;

Ø prendre des mesures pour augmenter le nombre des femmes parmi les agents de police, avocates, procureurs et juges.

1. 2. 3- Le ministère de l'éducation

Le ministère de l'éducation nationale devrait :

Ø éliminer les préjugés et les stéréotypes sexuels par des programmes d'étude scolaire et des matériels didactiques ;

Ø intégrer la problématique femme-homme, les conduites parentales et le règlement non-violent des conflits au programme d'étude scolaire et universitaire ;

Ø travailler avec des professionnels de la communication afin de projeter une image positive des rapports d'égalité entre la femme et l'homme et d'éliminer la violence gratuite dans les medias ;

Ø sensibiliser les enseignants et les éducateurs à la problématique des femmes et des hommes et leur apprendre à reconnaître les signes de violence.

Ø faire en sorte que l'éducation familiale contribue à faire bien comprendre que la maternité est une formation sociale et à faire reconnaître la responsabilité commune de l'homme et de la femme dans les régions d'élever leurs enfants et d'assurer leur développement étant entendu que l'intérêt des enfants est la condition primordiale dans tous les cas.

1. 3- Au niveau communal

En consultation avec les ONG féminines qui s'occupent du phénomène, les autorités sociétales et nous, demandons qu'il faille :

Ø diriger un centre pour l'assistance sociale, économique juridique pour les femmes .Dans ce centre, les femmes peuvent apprendre leur droit, recevoir de l'assistance médicale et être formées ;

Ø organiser une initiative nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes ;

Ø donner une assistance financière et technique aux ONG qui fournissent des services et défendent la cause des victimes des violences de concert avec les ONG féminines des stratégies pour développer les services aux victimes ;

Ø oeuvrer afin d'améliorer l'accès des femmes aux ressources, notamment à la terre, aux crédits, aux emplois rémunérés  et aux services de soin aux enfants ;

Ø mener en coordination avec d'autres ministères une campagne contre la violence à l'égard des femmes comprenant toutes les activités décrites ci-dessus ;

Ø parrainer des campagnes médiatiques nationale en vue de convaincre l'opinion que les normes sociales qui président à la violence à l'égard des femmes sont inacceptables.

CHAPITRE II : PROPOSITIONS DE SOLUTIONS

Les femmes soucieuses de mettre fin aux sévices perpétrés contre elles dans les foyers s'organisent de manière individuelle ou collective (A.F.J.C.I, A.I.B.F, M.I.F.E.D) selon le domaine d'activité et suggèrent qu'on leur apporte des appuis de la part des ONG et des organisations internationales afin de trouver des solutions adéquates au phénomène de la maltraitance.

Ces suggestions de solutions se perçoivent au niveau international, gouvernemental et éducationnel.

2.1-  au niveau international

Les institutions internationales et les autres organes des Nations Unies devraient dans leurs domaines de compétence respectif contribuer à faire reconnaître et à assurer l'exercice des droits et l'application des principes dans la déclaration sur l'élimination de toutes formes de violence à l'égard des femmes, en s'attachant notamment à :

Ø encourager la coopération internationale et régionale » ayant pour fin de définir les stratégies régionales de lutte contre la violence, d'échanger des données d'expérience et de financer des programmes relatifs à l'élimination de la violence contre les femmes ;

Ø promouvoir des réunions et des séminaires visant à faire prendre conscience à chacun du problème de l'élimination de la violence contre les femmes ;

Ø assurer aux femmes victimes d'actes de violence et, le cas échéant, à leurs enfants une aide spéciale, y compris la réadaptation, l'assistance pour les soins aux enfants, le traitement, le conseil, les services médico-sociaux et les structures d'appui, et prendre toutes autres mesures voulues pour promouvoir la réadaptation physique et psychologique ;

Ø encourager la coordination et les échanges entre les organes du système des Nations Unies crée en vertu d'instruments relatifs aux droits de l'homme qui ont à connaître de la question de la violence à l'égard des femmes afin qu'il en soit traité comme il convient ;

Ø faire une place dans leurs analyses des tendances et des problèmes sociaux, telles que celles auxquelles donnent lieu les rapports périodiques sur la situation sociale dans le monde, aux tendances de la violence à l'égard des femmes ;

Ø encourager la coordination entre les organismes des Nation Unies et leurs organes, de manière que la question de la violence à l'égard des femmes en particulier celle qui fait partie des groupes les plus vulnérables soit incluse dans leur programme ;

Ø promouvoir l'établissement de directive ou de manuel se rapportant à la violence contre les femmes qui fassent une place aux mesures dans la déclaration de l'élimination de toutes formes de violence contre les femmes ;

Ø coopérer avec les ONG face aux problèmes de la violence à l'égard des femmes.

2. 2 - Au niveau gouvernemental

Vue l'état dégradant des femmes victimes de la maltraitance, il convient d'exhorter l'Etat de Côte d'Ivoire à s'investir davantage dans la lutte et la défense des droits de la femme en préservant la femme de toutes sortes de violences et en mettant en place une politique et des systèmes afin que dans les faits les résolutions de la femme soient prises en compte. L'Etat devrait :

Ø faire une large diffusion des statistiques faisant état de la violence conjugale afin que tous sachent la réalité et la fréquence de ce fait social ;

Ø mettre en place des lois spécifiques pour réprimer la violence conjugale ;

Ø procéder à des réformes dans le code de la procédure pénale pour admettre de manière expresse la constitution de partie civile dans les associations avec l'accord des victimes ;

Ø procéder à la formation du personnel de police qu'il s'agisse de policiers anciens et nouveaux afin qu'ils puissent accomplir efficacement leur tâche en matière de violence conjugale ;

Ø mettre en place dans les hôpitaux des structures, des personnes qualifiées afin que les femmes violentées puissent recevoir des soins médicaux et une assistance sociale ;

Ø créer des foyers d'urgence ou les femmes violentées pourront trouver dans l'immédiat refuge ;

Ø préconiser la mise en place de politiques plus étendues de création de PME et des prêts pour réduire le chômage et la pauvreté des femmes violentées ;

Ø élargir l'accès aux crédits des femmes pour permettre leur indépendance financière.

2. 3 -Au niveau communal

Les municipalités devraient :

Ø organiser des sessions de formation en gestion de microprojets générateurs de ressources pour que les femmes puissent se prendre en charge ;

Ø octroyer des prêts remboursables à toutes les femmes demandeuses pour la réalisation d'activités génératrices de revenus ;

Ø mettre sur pied un service social qui s'occupera particulièrement des violences conjugales ;

Ø recourir aux services de personnes qualifiées pour diriger le centre social ;

Ø organiser les associations des femmes de Yopougon et adopter comme slogan « Arrêtons de battre nos femmes » ;

Ø octroyer des récompenses aux associations qui se seraient illustrées dans cette campagne.

2. 4 -Au niveau éducationnel

Il faut :

Ø renseigner les femmes sur leurs droits et les démarches à faire afin d'obtenir réparations en cas de violence perpétrées contre elles ;

Ø mettre en place des programmes d'alphabétisation afin d'aider les femmes à connaître leur droit et devoir ;

Ø introduire dans les programmes scolaires, secondaires et supérieurs des chapitres qui traitent de la question ;

Ø sensibiliser les hommes sur leurs droits et devoirs dans le couple ;

Ø sensibiliser le public au travers des médias sur la gravité des violences dans les foyers ;

Ø créer des émissions sur la lutte contre la violence conjugale ;

Ø faire passer des spots publicitaires à la télévision interdisant la violence contre les femmes ;

Ø faire diffuser en langue nationale des messages de non-violence contre les femmes à la télévision comme à la radio ;

Ø promouvoir la scolarisation des femmes et les encourager à aller à l'école en leur donnant des kits scolaires gratuitement et des bourses d'études ;

Ø vulgariser la création des ONG pour permettre l'éducation de plus de femmes sur leur droit et une lutte plus efficace contre ce phénomène ;

Ø encourager les confessions religieuses pour véhiculer des messages de pardon, d'amour, de tolérance réciproque qui doit régner entre les partenaires ;

Ø éduquer la communauté sur le sujet en s'assurant de la participation effective des hommes en particulier des femmes.

CONCLUSION GENERALE

La maltraitance des femmes dans les ménages est un phénomène social qui existe et qui se déroule quotidiennement dans les ménages à Yopougon.

En effet, l'étude de ce phénomène nous a permis de découvrir et de relever plusieurs aspects de ses manifestations, parce qu'elles sont violentées à la fois physiquement, psychologiquement et sexuellement. Ces agressions sont perpétrées par des hommes issus de toutes les couches sociodémographiques, des riches aux pauvres. Cette situation insupportable pour beaucoup de femmes.

Dans le cadre des mesures et recommandations en vigueur contre la violence à l'égard des femmes, l'ONU à travers plusieurs textes de lois a participé à la protection de leurs droits en adoptant des résolutions et des recommandations qui s'appliquent plus où moins bien dans le monde entier selon les Etats ou les pays.

Pour palier ce phénomène, il est important d'informer suffisamment les femmes de manière individuelle et collective en leur apportant des appuis financiers sous forme de prêts en vue de mener des activités génératrices de revenus .C'est une politique préventive contre la maltraitance des femmes dans les ménages qui peut leur donner une indépendance économique et les sortir de leur statut d'infériorité.

Un changement des mentalités devrait s'opérer au niveau des conjoints pour faire d'eux des partenaires égaux et complémentaires à la fois. Ils doivent opter quotidiennement pour un dialogue franc afin d'améliorer leur existence et de construire l'avenir de leurs enfants en les éduquant selon les normes conventionnelles de la société dans laquelle ils vivent afin que devenus grands, ils puissent vivre demain en harmonie dans leurs ménages sans être violents à l'égard de leurs épouses.

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* 1 Proverbe Chinois, Gall, 1980, LORIE L.HIESE en collaboration avec JAQUELINE P. et ANDRIENNE GERMAIN in « la violence à l'égard des femmes : la charge de la santé cachée, Document de la Banque Mondiale.

* 2 Voir annexes III

* 3 Droit de l'Homme, Recueil d'Instrument Internationaux, Volume I, première partie. Nations Unies 2002.p197.

* 4 Droit de l'homme, Recueil d'Instruments Internationaux, Volume I, première partie, Nations Unies.

* 5Y. Michaud, « La violence » éd. Que sais-je ?1992, pp 3-6.

,

* 6 R.K.Raymond 1999, Elément de psychologie de l'adolescents, Abidjan, éd PUCI.

* 7 A.D, N'Drin (2002), Criminologie Générale, cours première année, U.F.R de Criminologie, 2002.

* 8 R.D.KOUDOU, 1999, Elément de psychologie de l'adolescent, Abidjan, éd. PUCI,).  

* 9 Y.Castellan, La Psychologie Sociale, Paris, pp 134-14

* 10L.M.MARFAUX, (1980) Philosophie et des sciences humaines, éd. Armand Colin, Paris, p.205

* 11Document de la Banque Mondiale, Washington District of Columbia

* 12 Americas Watch, 1991

* 13Conclusion scientific Affairs, 1992, p3185

* 14 Résolution de l'Assemblée Générale n° 34/180 du 18 Décembre 1979) 

* 15 Résolution de l'ONU 44/444.

* 16 Fouet en langue Malinké

* 17Proverbes Chinois, Gall, 1980).

* 18 Données INS 1999

* 19 Doc d'Amnesty International : Mettre fin à la peur et à la souffrance, Amnesty International : ACT 77/002,01F et torture : Ces femmes l'ont détruit, Index AI : ACT/40/001/2001.

* 20 Americas Watch, 1999

* 21 Loi n°95-663 du 06/09/95 autorisant le Président de la République a ratifié la dite convention ; JORCI ; n°21 du 27/05/99 p.446)






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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille