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Des Etats particuliers libres à l'organisation sociale mondialepar Raphaël BAZEBIZONZAS Saint Pierre Canisius - Bachelier en Philosophie 2006 |
1.2.2. L'EducationL'éducation intervient comme un support indispensable à la morale ; car, c'est elle qui ouvre l'individu à l'universel. Dans la réalité quotidienne, l'individu ne vit pas toujours selon la raison. Weil dira que « sa volonté peut se faire diabolique »23(*). Toute sa vie et son action sont une recherche du profit et de l'intérêt personnels. Même lorsqu'il parait et se soumet à l'universalité de la loi positive, c'est encore pour sauvegarder ses intérêts. « Ils le font parce qu'ils y trouvent leur intérêt ou parce que de cette manière ils évitent ce qu'ils craignent »24(*). L'éducation vise essentiellement à corriger les passions de façon positive en prenant appui sur elles. Eduquer, c'est donc vaincre un désir par un autre. Mais pourquoi l'éducation ? L'éducation est destinée à socialiser l'homme, c'est-à-dire à l'insérer dans les moeurs et usages d'une communauté particulière. Elle veut conduire l'homme à agir selon la morale historique de sa communauté, morale qui exprime pour cette communauté le droit naturel et la raison. L'éducation humanise l'homme. Elle « ne mène qu'au seuil de la morale, sans elle ce seuil sera infranchissable, voire invisible : rien d'humain ne se fait, rien d'humain ne s'est jamais fait sans éducation »25(*). Mais plus encore, son « but dernier est de faire de l'éduqué un éducateur, éducateur de lui-même autant que de tous ceux qui ont besoin d'éducation »26(*). L'éducateur témoigne à la fois de la morale abstraite, qui justifie son action visant à conduire l'humanité animale par l'animalité dans l'homme à la raison et à la liberté raisonnable (...) à former des hommes capables de décider raisonnablement à leur place dans le monde et d'agir raisonnablement, sachant ce qu'ils font et pourquoi ils le font27(*), et du caractère sensé de la communauté historique dont il est porte-parole. L'éducateur est porte-parole de sa communauté parce que l'éducation de l'individu à la raison passe nécessairement par l'insertion de l'individu dans les moeurs de sa communauté historique, en tant que celles-ci offrent déjà la possibilité d'une réalisation concrète de la liberté raisonnable. « L'éducateur est au point de suture de la morale et de la politique »28(*). En réalité, l'éducation conditionne la survie de l'Etat. Eric Weil voit en l'éducation une action de socialisation et moralisation. L'éducateur inculque aux citoyens le respect des règles sociales, une forme de comportement qui correspond aux valeurs de la société. « L'attitude correcte que donne l'éducation est alors celle qui fait que l'individu agit à sa place comme il convient d'y agir »29(*). Mais l'éducateur doit tout juste donner la méthode pour penser l'essentiel. Car, « c'est dans (et par) la réflexion sur ce qui est nécessaire que se fait l'éducation des citoyens (y compris des gouvernants). Elle s'effectue sous la forme de la discussion »30(*). * 23 Eric Weil, « Faudra-t-il de nouveau parler de morale ? » (1976), in E. Weil, Philosophie et réalité, Paris, 1982, p. 273. * 24 PP., p. 44. * 25 PP., p. 48. * 26 Ibid. * 27 PP., p. 57. * 28 Paul Ricoeur, « Histoire et Vérité », Collections, « Esprit », Seuil, paris, 1995, p. 262. * 29 PP., p. 51. * 30 PP., p. 202. |
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