CHAPITRE 2 : REVUE DE LITTERATURE
2.1- Definition
On étudie sous le terme de mortalité la
façon dont les décès surviennent dans une population et
l'action de la mort sur les populations humaines (définition des Nations
Unies en 1958). En d'autres termes, l'analyse de la mortalité consiste
dans un premier temps à mesurer cette action de la mort sur les
populations.
Pour ce faire, il faut confronter dans un laps de temps le
nombre de décès et le volume de la population concernée.
Le nombre de décès dans une population dépend du niveau de
la mortalité mais aussi de l' effectif de cette population et de sa
structure par âge. Dans un deuxième temps, il faudra prendre en
compte les différentes variables auxquelles la mortalité est
parfois liée.
Ainsi, la table de mortalité est un modèle qui
permet de rendre compte de la mortalité vécue par une cohorte
d'individus (tous nés dans la même période) depuis la
naissance jusqu'à l' extinction complète de la
génération, la cohorte est supposée fermée aux
migrations. Elle donne précisément pour une cohorte d'individus
d'âge x le nombre probable de survivants à chaque âge ou
groupe d'âge successif. La construction d'une table de mortalité
nécessite la connaissance préalable de la loi de
mortalité, dont elle donnera une « représentation ». La
loi de mortalité est la mesure d'un processus probabiliste. Elle est
présentée sous la suite de quotients de mortalité par
âge, chaque quotient étant évalué à partir
des observations de mouvement et d'état de la population
considérée.
Encadré n°1 : Espérance de
vie
L'espérance de vie est l'expression technique
employée pour désigner la durée moyenne de vie.
Il n'existe pas une seule, mais plusieurs espérances de vie :
-l'espérance de vie à la naissance,
appelée également durée moyenne de vie : c'est le
nombre total d'années que toute personne venant au monde vivra en
moyenne ; -l'espérance de vie calculée à un
âge quelconque : elle représente le nombre
d'années qu'une personne ayant atteint cet âge vivra encore en
moyenne.
On a souvent recours à l'espérance de vie pour
différents âges x (notamment l'espérance de vie à la
naissance) afin d'illustrer l'allongement de la mortalité dans nos
contrées, ou encore de comparer la mortalité de deux tables. Les
espérances de vie sont généralement données par les
tables de mortalité.
Indicateur du niveau de vie, l'espérance de vie est un
critère de comparaison et d'analyse pour les actuaires et les
démographes afin de réaliser leurs différentes
projections.
Malgré ses atouts, elle est une donnée qu'il
faut manipuler avec précaution. Tout d'abord, l'espérance de vie
n'a pas une valeur figée : elle évolue au fur et à mesure
que l'on avance avec l'âge. En outre il ne s'agit que d'une valeur
moyenne, cela signifie que si l'on considère un groupe d'individus de
même âge, on constatera en réalité de grandes
disparités. En d'autres termes, on peut dire, pour employer une image,
que l'espérance de vie n'est pas une période à l'issue de
laquelle on << meurt obligatoirement >>.
Source : INSEE
2.2- Historique de la table de
mortalité
Les premières tables de mortalité furent
dressées dès le 17ème siècle. Les
démographes s'accordent généralement à voir dans
l'ouvrage d'un mercier londonien, John Graunt intitulé <<
Natural and Political Observations upon the bils of mortality »
et publié en 1662, la première contribution à l'
établissement des tables de mortalité.
Il s'agit d'une analyse des relevés hebdomadaires des
décès pour la ville de Londres. La table donne à chaque
âge le nombre moyen de décès, de survivants, les
probabilités de décès et de survie pour une
génération fictive correspondant à 100 000 ou 1 000 000 de
naissances (racine de la table). D' autres auteurs ont publié vers le
18ème siècle des ouvrages importants, cependant le
18ème et le 19ème siècle ont
été surtout marqués par les travaux de Malthus avec son
livre << essai sur le principe de population >>.
Malthus part de l'idée qu'il existe chez tous les êtres vivants
une tendance constante à accroître la quantité de
nourriture
disponible. Ce caractère dangereusement prolifique
s'applique en particulier à l'espèce humaine.
2.3- Les différentes tables de mortalité
On distingue généralement deux types de tables de
mortalité, celle dite de génération et celle du moment.
· Les tables de mortalité de
génération : Dans ce type de table, l'observation de la
mortalité est opérée de façon continue jusqu'au
décès du dernier membre de la cohorte. Ce sont des tables
bidimensionnelles : deux variables expliquent le décès, à
la fois l'âge mais aussi le temps. Les probabilités de survenance
du risque de mortalité intègrent les évolutions
potentielles de la mortalité avec le temps (recul de la
mortalité, phénomène de longévité).
· Les tables de mortalité du moment :
Ces tables caractérisent la mortalité de la population
actuelle dans sa globalité; elles sont conçues sur une
période déterminée. Elles consistent à l'analyse de
plusieurs générations simultanément. La population peut
éventuellement être segmentée suivant des variables
influençant de manière significative le risque de
décès.
Nous distinguerons pour chacun des deux types de table
évoqués plus haut ce que nous appelons une table complète
et une table abrégée.
· La table mortalité complète
:
Une table de mortalité est dite complète lorsque
les décès sont renseignés par tranches annuelles.
· La table de mortalité
abrégée :
Une table de mortalité est dite abrégée
lorsque les décès sont regroupés par tranches
quinquennales.
Encadré n°2 : Le diagramme de
Lexis
Le temps intervient sous trois formes différentes dans
l'étude de la mortalité : l'âge des individus, l'instant
d'observation et la génération dont les individus font partie. Le
diagramme de Lexis est un système d'axes rectangulaires permettant de
préciser comment se combinent les mesures du temps, selon le calendrier
civil et selon la durée écoulée depuis un
événement antérieur. Les dates du calendrier sont
portées en abscisses, les durées écoulées en
ordonnées, l'échelle de mesure de temps étant la
même .Il y a deux types de diagrammes :
- Le diagramme selon l'approche longitudinale ;
- Le diagramme selon l'approche transversale.
L'approche longitudinale de la
mortalité
Supposons qu'à l'occasion d'un recensement, un
organisme répertorie toutes les personnes nées au cours d'une
année, puis suive l'ensemble de ces personnes tout au long de leur vie
en dénombrant chaque année le nombre de survivants du groupe
ainsi constitué. Au terme de cette opération qui se
déroulait sur une période de cent ans, cet organisme disposerait
de la table de mortalité de la génération
concernée. Cette table décrirait très fidèlement la
loi de mortalité de la population étudiée mais elle ne
serait d'une grande utiité pour les assureurs : seuls les
démographes, les chercheurs ou les historiens pourraient en avoir
l'usage.
L'approche transversale de la
mortalité
La construction de la mortalité selon l'analyse
transversale est réalisée sur une assez courte période. Au
niveau de l'INSEE, des observations statistiques sont réalisées
sur une période d'environ 3 à 5 ans. Elles portent sur des
individus regroupés par âge. Concernant l'INS en Côte
d'Ivoire, la table est construite à partir du recensement de 1998, avec
des ajustements dus à la qualité des données
collectées.
Au sein de chaque groupe, on mesure le taux annuel de
mortalité. Puis à partir de l'ensemble des taux ainsi
observés, on reconstitue la table de mortalité, après
avoir effectué au préalable un lissage des données. Les
tables produites par cette méthode sont le reflet de la mortalité
à un instant donné. Elles sont statiques en ce sens qu'elles
n'intègrent pas l'évolution de la mortalité dans le
temps.
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Source : INS et INSEE
Figure 1 : exemple de quotients de
mortalité transversaux et longitudinaux sur un diagramme de Lexis
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