4.2 LE CHOIX DES DIPLÔMÉS RETENUS DANS
L'ENQUÊTE
Sous ce point, nous développons les critères
ayant déterminé le choix des diplômés retenus lors
de l'enquête. Ensuite, nous procédons à l'évaluation
de la qualité des données collectées.
Pour permettre à l'influence de certaines variables de
s'exercer, nous avons choisi de contrôler l'influence d'autres variables
en les maintenant constantes. C'est ainsi que les diplômés retenus
diffèrent quant aux options ou filières faites à
l'université de Conakry mais ont aussi des caractéristiques
communes à plusieurs autres égards. Ils sont tous sortis il y a
un an ou deux ans, diplômés, ils résident dans la capitale
Conakry et sont âgés de 23 à 30 ans.
Le recrutement des diplômés retenus dans
l'enquête s'est fait par deux moyens : premièrement à
l'aide des listes des résultats de fin de cycle afin de
déterminer tous les admis ; deuxièmement le registre des
soutenances des mémoires afin de s'assurer que l'étudiant
possède son diplôme d'études supérieures (D.E.S). Ce
qui nous a permis de cibler en tout cinquante diplômés sortis au
cours des deux dernières années dont vingt cinq en FLSH et vingt
cinq en FS que nous avons pu interviewer effectivement. Cependant,
conformément à nos objectifs de départ, nous avons retenu
quarante3 interviews qui ont servi à bâtir le corpus de
notre recherche.
4.3 L'ENTRETIEN
L'entretien est généralement
considéré comme «une voie d'accès
privilégiée pour appréhender le point de vue et
l'expérience des acteurs» (Poupart, 1997: 205). Les propos
recueillis dans cette voie permettent de mettre au jour les
représentations
3 Nous avons retenu 40 parce que nous avons constaté
après audition des cassettes, il y en avait dont les informations
n'étaient pas pertinentes.
recherchées telles qu'elles apparaissent dans
l'expérience des acteurs, laquelle trahit leurs attributs sociaux. Selon
Poupart: <<l'interviewé est vu comme un informateur susceptible
précisément <<d'informer>> non seulement sur ses
propos pratiques et ses propres façons de penser, mais aussi, dans la
mesure où il est <<représentatif>> de son groupe ou
d'une fraction de son groupe, sur les diverses composantes de la
société et sur ses divers milieux d'appartenance>>
(Ibid: 181).
Dans la panoplie des types d'entrevues possibles en
sociologie, l'entrevue semi-directive a été retenue dans la
mesure où elle est << la mieux adaptée aux travaux de
terrain en sciences sociales >> (Guibert et Jumel, 1997: 120). L'entrevue
semi-directive s'amorce en fonction d'un canevas constitué des
différents thèmes à aborder et qui servent de guide. Ce
canevas est toutefois ouvert aux thèmes (formations
complémentaires, réseau de relation) qui surgissent au fil de
l'entrevue. L'entrevue semi-directive donne donc droit à
l'interviewé de formuler l'information recherchée sous forme de
récit. Les représentations recherchées en fonction des
thèmes mis de l'avant par l'étude transparaissent ainsi à
travers le récit de son expérience. Voilà la ligne de
force de l'entrevue.
En effet, selon Poupart, il existe une opinion largement
répandue dans la plupart des traditions sociologiques selon laquelle le
recours aux entretiens demeure l'un des meilleurs moyens pour saisir le sens
que les acteurs donnent à leurs conduites, la façon dont ils se
représentent le monde et la façon dont ils vivent leur situation,
les acteurs étant vus comme les mieux placés pour en parler
(Poupart, 1997: 175).
L'entrevue a ainsi l'avantage de permettre de saisir en
profondeur l'expérience des acteurs sociaux et les
représentations qui s'y rattachent d'emblée. Ces dernières
sont la clef de voûte pour bien comprendre les informations recueillies
au moyen de l'entrevue.
Elle comporte toutefois des limites. Seul un nombre restreint
d'individus peut être atteint. Cela pose le problème de la
représentativité. Dans le cadre d'une recherche qualitative,
l'accent est mis sur les caractéristiques sociologiques des individus
selon le thème étudié. <<L'échantillon est
donc élaboré en fonction des qualités sociologiques de la
population étudiée, ce qui donne lieu à un
échantillon représentatif et qui permet, tout
comme pour un échantillon d'ordre quantitatif,
d'extrapoler les conclusions d'une étude effectuée dans cette
voie à une population plus large» (Poupart, 1997: 176).
Par ailleurs, l'entretien repose sur la relation entre le
chercheur et l'interviewé, laquelle est sujette à diverses
interférences. En effet, l'attitude du chercheur, selon Poupart (1997),
ses interventions et sa personnalité peuvent altérer la
qualité des informations recueillies. Sans entrer dans les
détails, la formulation rigoureuse et explicite du canevas d'entrevue au
départ permet de juguler les influences que peut produire la relation
chercheur-interviewé, tout au moins permet de mieux les contrôler.
Mais, en définitive, rappellent Guibert et Jumel, tout instrument
possède des avantages et des inconvénients, ce qui importe
d'abord et avant tout, c'est l'utilisation qui en est faite (Guibert et Jumel,
1997: 121).
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