Institut Sous régional de Statistique et d'Economie
Appliquée
(ISSEA)
GROUPE DE TRAVAIL
ISE3
EFFICIENCE DES BANQUES DANS LA
CEMAC : Approche Data Envelopment
Analysis
PAR: Ngwa Edielle T.H. Jackson DEA en
Economie Elève Ingenieur Statisticien Economiste
Hevi Kodzo Dodzi Maîtrise en
Economie Elève Ingenieur Statisticien Economiste
Sous la supervision de:
Kamgna Séverin Yves Ingenieur Statisticien
Economiste
Coordonateur de la Cellule de Recherche de la B.E.A.
C
Chef du Service des Prévisions
Macroéconomiques
EFFICIENCE DES BANQUES DANS LA CEMAC: APPROCHE
Data envelopment Analysis
par Ngwa Edielle T.H. J et Hevi Kodzo D.
Résumé
Entre la fin des années 80 et le début des
années 2000, les banques de la CEMAC sont passées d' une
situation d' illiquidité a une situation d' excès de
liquidité. Cette nouvelle situation d' après la BEAC pose le
problème de l'incapacité des banques a transformer dans les
meilleurs délais les dépôts du public en crédits. L'
objectif de ce travail est d' évaluer l' efficacité technique de
transformation des dépôts en crédits des banques dans la
zone CEMAC. Nous avons montré que la réaction des crédits
par rapport aux dépôts est positive mais reste faible par rapport
au niveau de réserve obligatoire moyen, traduisant une
surliquidité du système bancaire. L'inefficience observée
dans la zone traduit l'incapacité des banques a transformer les
dépôts a court et moyen terme en crédits a terme. Il
apparaIt ainsi que cette inefficience est négativement
corrélée au nombre de banques du pays de localisation et
présente une relation en U renversé avec la taille des banques
mesurée par le niveau d'actif net.
Mots dles : Data envelopment analysis, frontiere d'ef~cience,
surliquidité, banque, GAM
1 Introduction
Le système bancaire de la CEMAC a été
marqué a la fin des années 80 par une grande crise.
D'après le secrétaire général de la
COBAC1, sur 40 banques que comptait le système, 9 avaient
cessé leur activité au début des années 90. Sur les
31 restantes, une seule respectait les normes réglementaires en vigueur,
20 avaient des équilibres précaires et 10 étaient
insolvables. Trois facteurs sont souvent considérés comme les
causes de la crise : l' environnement international, la mauvaise gestion des
banques et les politiques de crédit.
La baisse des cours des matières premières du
milieu des années 80 a créé une chute des ressources des
Etats et entramné les banques dans une situation d'illiquidité.
Cette illiquidité était due d'une part a la baisse des
dépôts des institutions publiques et a la baisse des
dépôts privés suite a l' accumulation de la dette
intérieure(Adam, 1997)2. Il faut noter qu' avant cette
période de récession mondiale, les banques étaient
caractérisées par une mauvaise gestion. Les dirigeants des
banques prenaient des risques inconsidérés avec des
crédits aux investissements pas souvent rentables. Ce comportement des
banques était favorisé par la politique monétaire de la
BEAC fondé sur le refinancement des banques a travers les taux
préférentiels et côtes globales de crédit (Bekolo,
2001). De plus, il n' existait pas a cette période une véritable
politique de contrôle prudentiel des banques.
Le renouvellement de la politique monétaire et
financière de la BEAC avait pour objectif de redresser le niveau
élevé d'instabilité du système bancaire. La mise
sur pied de la COBAC et la définition des nouvelles règles de
gestion prudentielle des banques a permis de réduire le risque
d'illiquidité des banques. Les indicateurs de liquidité de la
CEMAC dès 1994 sont positifs (Wanda, 2007). Au 31 décembre 2005,
la norme prudentielle de la COBAC relative au rapport de liquidité est
celle la plus respectée par les banques de la CEMAC, soit 31 sur 33
banques (COBAC, 2006). Les rapports de la CEMAC depuis les années 2000
indiquent un fort excèdent de liquidité des banques.
Les excès de liquidité observés ces
dernières années posent le problème de l'
efficacité des banques a transformer les dépôts a court et
moyen terme en crédits, étant donné que le rôle
principal d'une banque secondaire est l'intermédiation
financière.
1Adam Madji, Point sur la restructuration bancaire en
Afrique centrale, Note d'étude :Communication seminaire sur la
mobilisation de l'epargne longue et le financement des investissements en
Afrique Centrale, tenu a
Libreville du 24 au 26 mars 1997. 2op cite
L' objectif principal de ce travail est d' évaluer l'
efficience technique des banques dans la zone CEMAC. L'idée est de voir
si l'excès de liquidité observé dans les banques
représente une forme d'inefcience technique.
Dans ce travail, nous allons exploiter les
développements récents de la statistique non paramétrique
pour, dans un premier temps évaluer la surliquidité des banques
et dans un second temps évaluer le niveau efficience technique des
banques de la CEMAC. Pour évaluer la surliquidité des banques de
la CEMAC, nous allons adopter les modèles GAM développés
par Hasti et Tibshirani (1990). Cette approche a l'avantage de faire
l'évaluation sur la base d'une définition formelle de la
surliquidité. Pour évaluer l'efcience des banques de la CEMAC,
nous allons utiliser la méthode Data Envelopment Analysis (DEA).
L'avantage de cette méthode est qu'elle permet d' estimer la
frontière d' efcacité du secteur bancaire sans hypothèses
sur la forme structurelle de la fonction de production et la structure des
marchés. Contrairement a la plupart des travaux qui utilise l'estimateur
statique DEA, nous nous proposons de développer un estimateur dynamique
permettant aux unités de production de conserver la mémoire de
leurs propres techniques de production. Nous nous limiterons ici a l'efcience
technique de transformation des dépôts en crédits. La
limite d'une telle approche est que comme toutes les méthodes non
paramétriques, cette approche est sensible aux erreurs de mesure.
Le travail sera présenté tel qu'il suit. Dans la
première section nous allons faire une présentation sommaire du
système bancaire de la CEMAC de façon a mieux appréhender
les résultats de l'analyse. A la section deux, nous allons
présenter la méthodologie de toute notre analyse. A la section
trois, nous allons présenter les résultats de l' analyse et
terminer par une conclusion sommaire sur l' analyse.
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