Institut Sous régional de Statistique et d'Economie
Appliquée
(ISSEA)
GROUPE DE TRAVAIL
ISE3
EFFICIENCE DES BANQUES DANS LA
CEMAC : Approche Data Envelopment
Analysis
PAR: Ngwa Edielle T.H. Jackson DEA en
Economie Elève Ingenieur Statisticien Economiste
Hevi Kodzo Dodzi Maîtrise en
Economie Elève Ingenieur Statisticien Economiste
Sous la supervision de:
Kamgna Séverin Yves Ingenieur Statisticien
Economiste
Coordonateur de la Cellule de Recherche de la B.E.A.
C
Chef du Service des Prévisions
Macroéconomiques
EFFICIENCE DES BANQUES DANS LA CEMAC: APPROCHE
Data envelopment Analysis
par Ngwa Edielle T.H. J et Hevi Kodzo D.
Résumé
Entre la fin des années 80 et le début des
années 2000, les banques de la CEMAC sont passées d' une
situation d' illiquidité a une situation d' excès de
liquidité. Cette nouvelle situation d' après la BEAC pose le
problème de l'incapacité des banques a transformer dans les
meilleurs délais les dépôts du public en crédits. L'
objectif de ce travail est d' évaluer l' efficacité technique de
transformation des dépôts en crédits des banques dans la
zone CEMAC. Nous avons montré que la réaction des crédits
par rapport aux dépôts est positive mais reste faible par rapport
au niveau de réserve obligatoire moyen, traduisant une
surliquidité du système bancaire. L'inefficience observée
dans la zone traduit l'incapacité des banques a transformer les
dépôts a court et moyen terme en crédits a terme. Il
apparaIt ainsi que cette inefficience est négativement
corrélée au nombre de banques du pays de localisation et
présente une relation en U renversé avec la taille des banques
mesurée par le niveau d'actif net.
Mots dles : Data envelopment analysis, frontiere d'ef~cience,
surliquidité, banque, GAM
1 Introduction
Le système bancaire de la CEMAC a été
marqué a la fin des années 80 par une grande crise.
D'après le secrétaire général de la
COBAC1, sur 40 banques que comptait le système, 9 avaient
cessé leur activité au début des années 90. Sur les
31 restantes, une seule respectait les normes réglementaires en vigueur,
20 avaient des équilibres précaires et 10 étaient
insolvables. Trois facteurs sont souvent considérés comme les
causes de la crise : l' environnement international, la mauvaise gestion des
banques et les politiques de crédit.
La baisse des cours des matières premières du
milieu des années 80 a créé une chute des ressources des
Etats et entramné les banques dans une situation d'illiquidité.
Cette illiquidité était due d'une part a la baisse des
dépôts des institutions publiques et a la baisse des
dépôts privés suite a l' accumulation de la dette
intérieure(Adam, 1997)2. Il faut noter qu' avant cette
période de récession mondiale, les banques étaient
caractérisées par une mauvaise gestion. Les dirigeants des
banques prenaient des risques inconsidérés avec des
crédits aux investissements pas souvent rentables. Ce comportement des
banques était favorisé par la politique monétaire de la
BEAC fondé sur le refinancement des banques a travers les taux
préférentiels et côtes globales de crédit (Bekolo,
2001). De plus, il n' existait pas a cette période une véritable
politique de contrôle prudentiel des banques.
Le renouvellement de la politique monétaire et
financière de la BEAC avait pour objectif de redresser le niveau
élevé d'instabilité du système bancaire. La mise
sur pied de la COBAC et la définition des nouvelles règles de
gestion prudentielle des banques a permis de réduire le risque
d'illiquidité des banques. Les indicateurs de liquidité de la
CEMAC dès 1994 sont positifs (Wanda, 2007). Au 31 décembre 2005,
la norme prudentielle de la COBAC relative au rapport de liquidité est
celle la plus respectée par les banques de la CEMAC, soit 31 sur 33
banques (COBAC, 2006). Les rapports de la CEMAC depuis les années 2000
indiquent un fort excèdent de liquidité des banques.
Les excès de liquidité observés ces
dernières années posent le problème de l'
efficacité des banques a transformer les dépôts a court et
moyen terme en crédits, étant donné que le rôle
principal d'une banque secondaire est l'intermédiation
financière.
1Adam Madji, Point sur la restructuration bancaire en
Afrique centrale, Note d'étude :Communication seminaire sur la
mobilisation de l'epargne longue et le financement des investissements en
Afrique Centrale, tenu a
Libreville du 24 au 26 mars 1997. 2op cite
L' objectif principal de ce travail est d' évaluer l'
efficience technique des banques dans la zone CEMAC. L'idée est de voir
si l'excès de liquidité observé dans les banques
représente une forme d'inefcience technique.
Dans ce travail, nous allons exploiter les
développements récents de la statistique non paramétrique
pour, dans un premier temps évaluer la surliquidité des banques
et dans un second temps évaluer le niveau efficience technique des
banques de la CEMAC. Pour évaluer la surliquidité des banques de
la CEMAC, nous allons adopter les modèles GAM développés
par Hasti et Tibshirani (1990). Cette approche a l'avantage de faire
l'évaluation sur la base d'une définition formelle de la
surliquidité. Pour évaluer l'efcience des banques de la CEMAC,
nous allons utiliser la méthode Data Envelopment Analysis (DEA).
L'avantage de cette méthode est qu'elle permet d' estimer la
frontière d' efcacité du secteur bancaire sans hypothèses
sur la forme structurelle de la fonction de production et la structure des
marchés. Contrairement a la plupart des travaux qui utilise l'estimateur
statique DEA, nous nous proposons de développer un estimateur dynamique
permettant aux unités de production de conserver la mémoire de
leurs propres techniques de production. Nous nous limiterons ici a l'efcience
technique de transformation des dépôts en crédits. La
limite d'une telle approche est que comme toutes les méthodes non
paramétriques, cette approche est sensible aux erreurs de mesure.
Le travail sera présenté tel qu'il suit. Dans la
première section nous allons faire une présentation sommaire du
système bancaire de la CEMAC de façon a mieux appréhender
les résultats de l'analyse. A la section deux, nous allons
présenter la méthodologie de toute notre analyse. A la section
trois, nous allons présenter les résultats de l' analyse et
terminer par une conclusion sommaire sur l' analyse.
2 Système bancaire dans la zone CEMAC
2.1 Cadre macro-financier de la CEMAC durant la
période 2000-2005
2.1.1 Cadre juridique
Le secteur bancaire dans la CEMAC est l'un des secteurs les
plus réglementés. Il s'agit notamment de protéger ce
secteur des risques tels que le risque de marché, le risque de
liquidité... définis par le comité de Bale. Les banques
sont, dans ce cadre, soumises a l' autorité de plusieurs organes de
tutelle et de régulation.
Réglementation bancaire
La réglementation bancaire fixe les normes et
règles en matière d' accès a la profession bancaire et
d'ouverture d'établissement de crédits. Ainsi tous les
établissements bancaires doivent obtenir un agrément de
l'autorité monétaire et financière qui est le
ministère en charge des finances de chaque pays avec l' accord
préalable de la COBAC. Ils doivent avant leur ouverture faire preuve de
fonds propres suffisants disponible en permanence. Enfin les dits
établissements devront se soumettre a la surveillance de la COBAC.
Les banques, une fois en exercice, doivent respecter un certain
nombre de règles prudentielles définies par l'autorité
monétaire. Il s'agit de normes fixées sur deux points:
· Les normes de solvabilité (Ratio de couverture
de risque, ratio de division des risques, ratio de couverture des
immobilisation, limitation de participation au capital des établissement
de credit et les limitation des engagements sur apparentés)
· Les norme de liquidité (Ratio de
liqidité et ratio de transformation)
Les banques doivent aussi s'assurer d'un niveau de protection
minimale de la clientèle en assurant une garantie des
dépôts et des conditions de crédits.
Organismes de réglementation
Depuis la crise du système bancaire de la zone CEMAC,
la surveillance bancaire a été renforcée et mise sous la
tutelle d'une autorité suprême. L' autorité suprême
avant 1990 était le comité ministériel des Etats membres.
A partir d'octobre 1990, la COBAC est devenu l'autorité chargée
du contrôle et de la surveillance des banques bien que l'agrément
reste toujours du ressort du ministère en charge des finances de chaque
Etat membre. La COBAC a ainsi défini en 1992 la convention portant
harmonisation de la réglementation bancaire. La COBAC a ainsi
défini les critères suivants:
· le ratio de couverture des risques doit être au
minimum 5% des engagements de la banque;
· le ratio de division des risques doit être au
maximum 45% en faveur des clients.
· le ratio de couverture de risque indique que 100% des
immobilisations doivent être financées par les ressources
permanentes;
· le ratio de liquidité doit correspondre a 100% de
dettes a échoir dans un délai d'un mois;
· 50% des engagements de long terme doivent être
couvert par les ressources de long terme.
2.1.2 Analyse des Règles prudentielles
Le premier enseignement qui ressort de l'analyse des
régles prudentielles est que de façon générale,
plus de 70% des banques de la sous région sont en conformité avec
les normes prudentielles. Mais cette statistique cache quelques
différences.
De 2001 à 2005, on observe au tableau 1 que la norme
prudentielle relative au plafond des risques sur un individu et celle relative
à l' adéquation des fonds propres constituent celles qui causent
plus de difficultés aux banques. En effet, la proportion des banques qui
respectent le critère d'adéquation des fonds propres a
augmenté entre 2001 et 2004 passant de 33,33% à 50%. Cette
proportion a régressé en 2005. La même évolution est
observée au niveau du critère relatif au plafond des risques
individuels. Les autres critères sont par contre assez bien
respectés par les établissements bancaire de la sous
région. Les proportion varient en moyenne entre 63%(couverture des
immobilisations en 2001) et 91%(Rapport de liquidité en 2005).
Norme prudentielle
|
30/09/0 1
|
30/09/02
|
3 0/09/03
|
30/09/04
|
31/03/05
|
Capital minimum
|
85.19
|
90.00
|
86.67
|
87.50
|
84.85
|
Couverture des risques
|
85.19
|
76.67
|
83.33
|
81.25
|
66.67
|
Plafond global des risques
|
81.48
|
80.00
|
80.00
|
81.25
|
81.82
|
Plafond individuel des risques
|
37.04
|
40.00
|
40.00
|
50.00
|
39.39
|
Couverture des immobiisations
|
62.96
|
56.67
|
70.00
|
78.13
|
72.73
|
Rapport de liquidité
|
85.19
|
83.33
|
90.00
|
90.63
|
90.91
|
Coefficient de transformation
|
74.07
|
76.67
|
76.67
|
75.00
|
72.73
|
Engagements sur les apparentés
|
66.67
|
76.67
|
80.00
|
78.13
|
72.73
|
Adéquation des fonds propres
|
33.33
|
33.33
|
36.67
|
50.00
|
36.36
|
|
Tableau 1: Evolution de la proportion des banques en
conformité avec les normes prudentielles. Source: BEAC
· en ce qui concerne le respect des règles
prudentielles, le nombre d'établissements bancaires qui respectent les
dispositions relatives au capital minimum est passé de 23 à 28
sur la période 2001-2005, soit une augmentation de 22%. Au cours de
certaines périodes cette proportion a baissé en dessous du niveau
moyen;
· en matière de solvabilité, 79% des banques
extériorisent un ratio de couverture des risques pondérés
par les fonds propres nets supérieur ou égal au minimum de 8%;
· dans le cadre des normes de division des risques, en
moyenne 81% des banques de la sous
région parviennent à respecter la limite
globale en maintenant en dessous de l'octuple des fonds propres nets la somme
des risques pondérés supérieurs à 15% desdits fonds
propres mais seulement 41,21% des banques se conforment à la limite
individuelle en n'entretenant pas de risques pondérés encourus
sur un même bénéficiaire excédant 45% des fonds
propres nets;
· s'agissant de la couverture des immobilisations par les
ressources permanentes, 68% des banques réalisent un ratio
supérieur ou égal au minimum de 100%;
· en ce qui concerne le rapport de liquidité, les
disponibilités à vue ou à moins d'un mois sont
supérieures ou égales au minimum réglementaire de 100% des
exigibilités de même terme pour plus de 88% des banques;
· quant au respect du coefficient de transformation
à long terme, 75% des banques parviennent à financer à
hauteur de 50% au moins (minimum réglementaire) leurs emplois à
plus de cinq ans de durée résiduelle par des ressources
permanentes;
· enfin, 75% des banques maintiennent la somme des
engagements sur les actionnaires, administrateurs et dirigeants ainsi que sur
le personnel en dessous du plafond réglementaire de 15% des fonds
propres nets.
2.1.3 Statistique macro-financière
Les opérations de caisse ont augmenté de
73,29%, les opérations à vue de 78,74% alors que les
opérations à terme n'ont bougé que de 18,41%. On pourrait
déduire que les banques en moyenne privilégient les
opérations de court terme (Voir Tableau 2).
Sur la période de l' étude, les
opérations de trésorerie ont connu une évolution
remarquable. De Septembre 2002 à Septembre 2005, les ressources de
trésorerie ont augmenté de 23% tandis que les emplois ont
évolué de plus de 61%. Les diverses opérations
effectuées par les banques ont débouché sur un
excédent de trésorerie qui a augmenté de plus de 75%.
L'évolution des autres postes du compte de trésorerie s'est faite
de façon identique avec une forte augmentation pour les postes de
Créances en souffrance nettes (2771%), de Créances
rattachées (255%) et de Dettes rattachées (136%).
Les opérations des banques secondaires avec la BEAC
ont fortement évolué en volume entre 2001 et 2005. Elles se sont
caractérisées par une situation excédentaire passant d'un
solde de
|
30/09/02
|
30/09/03
|
30/09/04
|
3 1/03/05
|
Caisse
|
48.95
|
1.10
|
21.07
|
2.17
|
Opérations à vue
|
37.67
|
22.68
|
7.72
|
10.67
|
Opérations aujourlejouretàterme
|
15.88
|
-9.35
|
9.91
|
1.97
|
Titres de placement et de transaction
|
-22.31
|
-12.25
|
16.37
|
11.03
|
Créancesensouffrancenettes
|
2613.33
|
53.35
|
125.64
|
-21.52
|
Créances rattachées
|
128.57
|
-13.68
|
41.55
|
99.04
|
Emplois de trésorerie
|
27.99
|
7.20
|
10.38
|
6.63
|
Opérations àvue
|
21.87
|
35.25
|
-48.86
|
8.09
|
Opérations au jour le jour età terme
|
-8.97
|
19.89
|
12.30
|
28.96
|
Dettes rattachées
|
75.80
|
50.13
|
-7.09
|
17.32
|
Ressources de trésorerie
|
7.37
|
29.13
|
-26.03
|
19.89
|
Excédent/Déficit de trésorerie
|
35.49
|
0.89
|
23.82
|
3.71
|
|
Tableau 2: Evolution des opérations de
trésorerie.Source: BEAC
266,251 milliards de CFA en 2001 à 415,127 milliards de
CFA en 2005 (Voir tableau 3) soit une augmentation de 55,61%.
|
30/09/2001
|
31/03/05
|
Dépôt courant àla BEAC
|
130 703
|
287 784
|
Dépôts obligatoire à la BEAC
|
147 900
|
146 793
|
Découvert courant à la BEAC
|
1 623
|
4 637
|
Refinancement BEAC
|
10729
|
14 813
|
Solde des opérations avec la BEAC
|
266 251
|
415 127
|
|
Tableau 3: Evolution des opérations avec la BEAC (en
millions de FCFA).Source: BEAC
2.2 Marché bancaire de la CEMAC
2.2.1 Répartition des banques dans la CEMAC
Au 31 décembre 2005, le système bancaire de la
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC)
compte 33 banques en activité. Elles sont réparties au Cameroun
(10 banques), en Centrafrique (3 banques), au Congo (4 banques), au Gabon (6
banques), en Guinée Equatoriale (3 banques) et au Tchad (7 banques). Il
est important de noter que la majorité de ces banques ne sont que des
banques commerciales. Il n' existe presque plus de banque d' investissement
dans la zone.
2.2.2 Résultats des banques entre 2000 et 2005
Les dépôts de la clientèle ont connue une
très forte augmentation (17,87%) en 2002 par rapport àla
situation de 2001. Cette augmentation a continué jusqu'en 2005
atteignant 2 347 milliards de FCFA. Les crédits bruts à la
clientèle s'élève à 1 734 milliards de FCFA en 2005
soit une augmentation de 26% par rapport àla situation de 2001. Ils sont
en augmentation de 4,7% par rapport à septembre 2002. Les provisions
pour dépréciation des comptes de la clientèle se sont
accrues de 44% de 2001 à 2005 passant de plus 136 milliards à
plus de 196 milliards. Les crédits nets ont donc connue aussi une
augmentation durant la période étudiée allant de 1 234
milliards à 1 538 milliards, soit une augmentation de près de
24%.
|
30/09/2001
|
30/09/2002
|
30/09/2003
|
30/09/2004
|
3 1/03/2005
|
Dépotsdelacientèle
|
1761964
|
2076824
|
2135051
|
2285247
|
2347210
|
Créditsbruts
|
1379817
|
1551478
|
1624993
|
1670203
|
1734416
|
Créances en souffrance
|
176 709
|
215 502
|
237 122
|
264 843
|
258 532
|
Provisions dépréciation comptes
clientèle
|
136 556
|
166 151
|
187 107
|
203 531
|
196 283
|
Crédits nets
|
1 243 261
|
1 385 327
|
1 437 886
|
1 466 672
|
1 538 133
|
Capitaux permanents
|
289788
|
326726
|
336466
|
368489
|
388097
|
Valeurs immobiisées
|
323 324
|
347 432
|
345 730
|
344 395
|
342 848
|
Autrespostesnets
|
9860
|
1512
|
-11751
|
4605
|
24352
|
Excédent/Déficit de trésorerie
|
500 623
|
678 287
|
684 295
|
847 274
|
878 678
|
Totalbilan
|
2079265
|
2443040
|
2497964
|
2658341
|
2759659
|
|
Tableau 4: Evolution de la situation bilancielle (en millions de
francs CFA).Source: BEAC
Situation financière des banques
En général, les banques de la sous
région ont une bonne situation financière, au regard de la
cotation sur la période d'étude. La figure 1 montre
l'évolution de la classification des banques selon leur situation
financière.
La situation financière des banques dans la zone CEMAC
est en moyenne acceptable (bonne situation financière : cote 2). Elles
représente en moyenne près de 57% des banques de la sous
région. Les banques en très bonne situation financière
(cote 1) représentent un peu plus de 4,5%. Les banques en situation
financière fragile (cote 3) représente 20% et celles dont la
situation financière est critique (cote 4), 10%.
Figure 1: Cotation des banques en terme de santé
financière
3 Méthodologie : Une approche non
paramétrique
Dans cette section nous nous intéressons aux
méthodes statistiques utilisées dans toute notre analyse. Deux
étapes principales définissent toute notre analyse. Dans un
premier temps il s'agira d'évaluer empiriquement la surliquidité
bancaire dans la zone CEMAC. Pour cela nous allons procéder a des
régressions non paramétriques. Les méthodes que nous
présenterons sont celles développées par Hasti et
Tibshirani (1990). Le concept de surliquidité bancaire sera clairement
précisé. Dans un second temps, il s'agira d'évaluer
l'efficience technique des banques dans la zone CEMAC. Nous limiterons l'
analyse a l'efficience de transformation technique des dépôts en
crédits du fait des données dont on dispose.
Précisément, cette évaluation consistera en l' estimation
non paramétrique de la frontière technique afin de
déterminer les différents ratios d' efficience des banques. Cette
méthode d' estimation est fondée sur les travaux de Debreu (1951)
et Koopmans (1951) qui ont développé les concepts mesurables d'
efficience (Efficience technique et Efficience allocative). Il sera important a
la fin de ces estimations de procéder aux tests d'hypothèses par
la méthode Bootstrap afin d'inférer les différents
résultats de notre analyse.
3.1 Mesurer la surliquidité bancaire
Il est important avant de mesurer l'efcience des banques dans la
CEMAC de s'assurer que le problème de surliquidité peut
être considéré comme une évidence statistique.
3.1.1 Définir la surliquidité bancaire
Pour évaluer la surliquidité bancaire, on part
la plupart de temps du concept d' excédent de liquidité des
banques (bank excess liquidity). Mais il ne suffit pas d'observer l'existence
de l'excès de liquidité dans une banque pour conclure a la
surliquidité. D'après KIM (2002) la liquidité d'une banque
est sa capacité a faire face a ses engagements. Les banques conservent
ainsi les ressources liquides sous forme d'encaisse de précaution. La
surliquidité n'apparaIt que lorsque les réserves des banques
s'écartent fondamentalement de niveau optimal requis. DIAMOND et DYBVIG
(1983) formalisent cette idée en montrant qu'au delà du niveau
optimal, l'excès de liquidité explose. En d'autres termes, toute
variation permanente et en sens contraire des dépôts par rapport
aux crédits se traduira dans le temps par la surliquidité du
système bancaire. En fait, dans son calcul d'optimisation, les banques
saisissent toutes les nouvelles opportunités de dépôts pour
faire de nouveaux crédits suivant leur propre coefcient de
transformation. Ainsi, toute augmentation des dépôts devrait
être suivie par une hausse des crédits. S'il n'existe pas de
réaction a la hausse des crédits on pourrait croire a un
rationnement de crédit (BATTACHARYA et THAKOR, 1993) et dont a une
surliquidité du système.
Définition 1
On parle de surliquidité du système bancaire
lorsque le niveau de crédit, pour un niveau de transformation, n
'augmente pas dans une proportion près au niveau des
dépôts.
Pour tester la surliquidité du système bancaire
dans la CEMAC, nous allons tester la fonction de réaction des
crédits bancaires. Il est possible que les excès de
liquidité s' accroissent du fait du niveau très
élevé du risque des projets. Par contre, si pour un niveau de
risque donné, l'excès de liquidité augmente a taux
croissant, alors on peut conclure a la surliquidité.
Proposition 1
Supposons que l'offre de crédit C(t) des
banques soit unefonction linéaire des dépôts des clients
D(t) tel qu'il suit:
Ct = ñDt + u (1)
u la composante des autres déterminants et p
est le coefficient de réaction. Si pour tout t, p < 1 - r
(r le taux de réserve obligatoire) alors il y a
surliquidité du système bancaire.
3.1.2 Evaluer la surliquidité du système
bancaire
Pour évaluer la surliquidité du système
bancaire, nous allons estimer le modèle de régression suivant:
Ct=f(Dt)+Et (2)
et évaluer la dérivée première
f'(t) de la fonction de réaction. Si la dérivée
est positive et inférieur a 1 moins le taux de réserve
obligatoire, on pourra admettre l'hypothèse de surliquidité. La
proposition 1 ne donne aucune information dans le cas ott la fonction de
réaction n'est pas linéaire. Il est dans ce cas possible de
considérer que le coefficient de réaction p est variable et
d'admettre la surliquidité si le coefficient de réaction passe
significativement en dessous de 1 - r. On retiendra ainsi la
spécification suivante:
Ct = â(t)Dt + Et (3)
Nous n'allons pas procéder dans cette analyse a des
estimations paramétriques linéaires mais plutôt supposer
que la forme fonctionnelle de la relation est inconnue. Nous procéderons
donc a des estimations non paramétriques et semi paramétriques.
Les modèles non paramétriques ont été introduits
par Hasti et Tibshirani (1990). Cette idée de modèle flexible a
été étendue dans les estimations des modèles a
coefficient variant dans le temps par Hasti et Tibshirani (1993).
3.1.3 Estimations non paramétriques
Ces méthodes sont celles des modèles GAM qui
supposent que les relations entre la variable expliquée et chacune des
variables explicatives sont sous forme additionnelle et ne sont pas
forcément linéaires. 0n spécifie ainsi le modèle
suivant:
yi = a0 + f1(x1i) + f2(x2i) + ... + fk(xik) + Ei (4)
Ott yi est la variable endogène, xli l = 1. .k
les variables exogènes et f(l) des fonctions lisses
iid
inconnues. On supposera que le terme d'erreur Ei? N(0, 1). On
cherche a estimer les fonctions f(x) pour chaque point x. Les estimations des
noyaux de densité de fl() sont obtenues en utilisant la méthode
des moindres carrés ordinaires local (MCOL). On l'obtient en
minimisant
sous la contrainte que chaque point est borné, la somme
carrée des erreurs3:
(5)
(
n k (d2fl(xl))
k ) 2 Zb
yi-fl(xli)+Aldxl
dx2
a
i=1 l=1 j=1 l
Henderson et Ullah (2004) montrent que dans le cas ou les
erreurs sont autocorrélées, il est possible de tenir compte de
l'information contenue dans la matrice de variance covariance des erreurs en
appliquant les moindres carres ordinaires local pondérés (MCOLP).
Pour simplifier on peut supposer que les variables sont ordonnées et
écrire les contraintes de la façon suivante a < xl1 < ...
< xln < b. A le multiplicateur de Lagrange est le paramètre de
lissage et son choix joue un rôle très important4. Une
petite valeur de A réduit la variance de l'ajustement mais
élève le biais. On parle de substitution biais-variance (Hasti et
Tibshirani, 1990). Une façon de déterminer le paramètre de
lissage A est de recourir au critère GCV5 (Hasti et
Tibshirani, 1990, Chap 3). D'après ce critère, A est choisi de
façon à ce que
n GCV(A) =
1
|
n
l=1
|
!
yi - àâë(xi)
(6)
1 - tr(S)/n
|
|
soit minimal. S est une matrice appelée le lisseur et
àâë(xi) est l' ajustement au point xi. Ce
critère fonctionne comme le critère Ordinary Cross Validation
(OCV) : le model est ajuste aux données avec une observation en moins.
Ensuite, on mesure la différence carrée entre la valeur du point
ignoré et la prévision de ce point par le modèle. Le
processus est répété pour chacune des observations. On
calcule la différence moyenne entre le modèle (ajuster pour
toutes les observations à l'exception d'une observation) et les points
ignorés. Enfin, on cherche à minimiser cette différence
moyenne. L'idée est que si le modèle est un peu trop lisse ou
très peu lisse, il ne pourra pas faire une bonne prédiction de l'
observation ignorée dans le processus d'ajustement. La différence
entre OCV et GCV est que le critère GCV remplace les
éléments de la diagonale du lisseur par leur valeur moyenne,
tr(S)/n qui est plus facile à calculer. Il faut enfin noter que pour un
grand nombre d'observations, les estimateurs MCOLP sont asymptotiquement sans
biais et de variance minimale (Lin et R. J. Carroll, 2000).
3.2 Frontière technique et efficiences
techniques
La méthode DEA est utilisée pour analyser les
efficiences relatives et les performances managériales des unités
de production utilisant les mêmes facteurs de production. Cette
méthode nous
3Voir Ryan (1997)
4Voir Fan et Gijbels (1992) et Pagan et Ullah (1999)
pour des détails 5Generalized Cross Validation
permet de comparer les efficiences relatives de l'industrie
bancaire en mesurant une frontière d' efficacité et en
déterminant les inefficiences techniques des banques par rapport a cette
frontière. Depuis les années 80, plusieurs analyses de
l'efficience de l'industrie bancaire ont adopté cette
approche6
3.2.1 Pertinence de l'approche
Pour développer une approche déterministe
d'estimation de la frontière d'efficience, on part du fait qu'il existe
une unique frontière de production du système bancaire a chaque
date. De plus, on admettra que toutes les banques contribuent a la
définition de la frontière et leur système de production
est contraint par cette unique fonction de production. Considérons Yi,t
= Ft(Xi,t) la fonction de production avec l'indice banque i = 1, ...m et
l'indice temporel t = 1, ...T. La matrice d'inputsXi,tindique le
panier de facteurs de production utilisé par la banque i a la date t. Il
est ainsi possible pour chaque banque de définir un indice d'efficience
technique. On notera ainsi:
La méthode DEA permet ainsi pour un ensemble de
production donné d'estimer les indices d'efficience de chaque
banqueAi,tE [0 1] pour tout (i, t) E {1, ..., m} x {0, ..., T}.
L'efficience telle que spécifiée a l'équation 7 est neutre
car la distance a la frontière technologique est orthogonale
àl'espace engendré par les inputs. Avec l'approche DEA, il est
possible de spécifier plusieurs types de distance a la
frontière.
Les pionniers dans l'approche DEA sont Farrell (1957) et
Afriat (1972). Deux principales tendances dominent cette méthode: le
modèle de Charnes et al. (1978) (CCR) qui consiste a maximiser le ratio
output pondéré sur input pondéré, et le
modèle de Banker et al. (1984) qui, contrairement au modèle CCR,
admet des rendements d'échelle variables. Le second modèle permet
d' estimer les coefficients d' efficience technique purs. L' approche
générale consiste a déterminer la borne supérieure
du plus petit ensemble convexe regroupant les données.
Le premier indice d' efficience développé par
Debreu (1951) est en fait un coefficient d'utilisation optimale des ressources.
Cet indice est inférieur a 1 si l'utilisation des ressources n' est pas
optimal et se décompose en:
6On peut citer a titre d'exemple Sherman et Gold
(1985), Rangan et al. (1988), Ferrier et Lovell (1990), Alyet al. (1990),
Elayasiani et Mehdian (1990), Berg et al. (1993), Brockett et al. , et
plusieurs autres publications...
· la sous utilisation des ressources physiques;
· l'inefficience technique des unités de
production;
· l'inefficience de l'organisation économique.
Debreu (1951) pour calculer cet indice multiplie la distance
entre les ressources optimales et les ressources disponibles par le prix pour
chaque bien, ensuite divise la somme sur tous les biens par l'indice
général des prix. On parle d'efficience allocative de
production.OR
OQ tel que
représenté a la figure 2 représente
l'efficience allocative telle que définie par Debreu (1951). Cet indice
ne respecte pas la caractéristique "homothétie" du fait que la
quantité disponible peut être inférieure ou
supérieure a la quantité optimale. Une autre mesure d' efficience
technique est celle de Farrell (1957) que l'on considère comme
l'efficience technique de production, soit la production maximale que l'on peut
obtenir d'un processus fixe a partir d'inputs donnés.
OQ
OP représente sur la figure 2 l'efficience technique
de production. La difficulté ici est qu'il est important pour cette
mesure de connaltre la fonction de production efficiente. D'oü
l'intérêt de rechercher dans un premier temps la fonction de
production efficiente a partir des observations avant de calculer l'efficience
de chaque unité de production. En supposant que la courbe d'isoproduit
est convexe par rapport a l'origine et que les rendements sont constants, la
courbe 88* toujours sur la figure 2 représente l'estimation
de l'isoproduit efficient.
Figure 2: Frontière d'efficience sur un ensemble
convexe: Efficience Allocative et Efficience Technique. Cette
présentation graphique est inspirée de deux graphiques de Farrell
(1957). Les unités Q et C sont efficientes dans ce système de
production hypothétique.
3.2.2 DEA : un estimateur statique
Considérons pour chaque banque i = 1, ..., N, à
chaque date t = 1, ..., T, un vecteur d'inputs Xi,t un vecteur d'outputs Yi,t E
p +. On supposera que chaque banque est soumise à une date
donnée à un unique niveau efficace de production
tel que Y*
i,t = Ft(Xi,t).Ft : X ? <+ est la
borne supérieure de l' ensemble de production à la
date t
Définition 2
Le niveau ef~cace de production est le maximum de produit
qu'une banque peut obtenir pour un panier d'inputs donné.
On appelle de façon alternative cette efficacité,
la capacité de mise en oeuvre par une banque de la technologie de
transformation disponible dans le système à la date t ou distance
à la
frontière technologique du système. On
note:ei,t= Y *
i,t- Yi,t.
De façon formelle, l' estimateur DEA de la
frontière technologique est donnée par le programme
linéaire suivant:
àFt(X)=max{YE <+/Y=
|
XN
i=1
|
ëi,tYi,t etXi,t~
|
XN
i=1
|
ëi,tUi,t} (8)
|
|
avec U les différents facteurs.
Dans cette optimisation, on a X = ?Xi,t et Y = ?Yi, t. Les
paramètres de lissage {ëi,t}N i=1 sont tels
queëi,t~ 0 etPN i=1 ëi,t= 1. Deux cas de figure
sont couramment envisagés:
· Si on n'impose aucune condition sur laPn j=1
ëj alors il s'agit d'un modèle DEA avec rendements d'
échelle constants tel que développé par Charnes et al.
(1978).
· Si par contre on considère quePn j=1
ëj= 1 on est dans le cadre d'un modèle DEA avec des
rendements d' échelle variables tel que développé par
Banker et al. (1984).
Banker (1993) formule les hypothèses suivantes pour
caractériser les ensembles de production:
· L' ensemble d' inputs est convexe et compacte
· La fonction de production Ft est croissante
monotone et concave
· La fonction de production Ft enveloppe chaque
output Yi,t à la date t
· A la date t, si une fonction satisfait aux
hypothèses de monotonicité, concavité et enveloppement,
alors elle est inférieure à Ft
De l' estimation de la frontière, l' on peut
déduire l'indice d' efcience définit au sens de Farrell (1957)
selon la minimisation suivante:
E( Yi,t, Xi, t) =
min{ë/(Yi,t/ë, Xi,t)E
Ft} (9)
Cet indice de Farrell-Debreu est l'inverse de la proportion
dans laquelle l'output peut être amélioré étant
donnés la technologie et les quantités. Cet indice sera ainsi
calculé en résolvant le problème pour chaque banque de
l'échantillon. Cet indice est égal a 1 pour les unités
efcientes et inférieur a 1 pour celles sous efficientes.
Les propriétés statistiques de l'estimateur
DEA ne sont pas faciles a mettre en évidence du fait qu'il
s'agit d'un estimateur non paramétrique (l'estimation d'un ensemble de
points). Banker (1993) montre que l'estimateur DEA est un estimateur
convergent dont la vitesse de convergence dépend du paramètre de
lissage de la fonction de production. Par contre, cet estimateur est purement
statique et sous estime énormément la vraie frontière
technologique. De plus il laisse la possibilité d'une implosion de la
technologie du fait que l'inefcience des unités les plus performantes
réduit la frontière estimée d'une période a une
autre. Pour éviter ce problème d' implosion, on considère
qu' il existe une suite croissante d' ensembles de production (R())i avec {t =
0, ..., T}7. Ainsi, pour estimer la frontière
technologique a la date T, il est important de considérer la
réunion des ensembles de production entre t = 0 et t = T, d'oü
l'intérêt de définir un estimateur dynamique.
3.2.3 Estimateur Dynamique
Si nous admettons que les ensembles de production
représentent une suite croissante, alors les banques sont touj ours
capables de définir une combinaison convexe entre les technologies
présentes et celles passées. Sous cette base, il est donc
possible a partir de l' estimateur statique de construire un estimateur
dynamique qui enveloppe toutes les technologies passées. L'algorithme
suivant nous a permit d'estimer la frontière d'efcacité technique
dynamique entre une date 0 etT.
Algorithme 1
1. Pour t = 0 estimer la frontiere technologique
F0 en utilisant l 'estimateur statique defini
par l'équation 8 et determiner les banques sur lafrontiere.
7Voir Diewert (1980) pour le développement
d'une procédure similaire
2. Sélectionner toutes les observations a la date
t = 0 avec un nouvel identi~ant et les rajouter dans
l'échantillon observé a la date t = 1.
3. Construire lafrontiere F1 sur la base
du nouvel échantillon toujours en utilisant l'équation 8.
4. Sélectionner toutes les observations a la date
t = 1 avec un nouvel identi~ant et les rajouter dans
l'échantillon observé a la date t = 2 puis reprendre
l'étape 3.
5. Continuer ainsijusqu'à la date T
De cet algorithme on obtient une suite de frontière
efficace croissante qui préserve les caractéristiques de l'
estimateur statique. En fait, les ensembles de production étant une
suite croissante, si chaque ensemble est convexe, alors leur réunion est
convexe. L'estimateur dynamique comme l'estimateur statique converge vers la
vraie frontière technologique. Bien qu'il ait plus d'information que
l'estimateur statique, il sous estime toujours la vraie frontière
d'efficacité.
3.3 Tests d'hypothèse: approche Bootstrap
Dans cette analyse, nous allons procéder aux tests d'
hypothèses du modèle en terme de spécification et de
validation. Dans un premier temps, nous allons vérifier
l'hypothèse de convexité de l'ensemble de production du
système bancaire. En fait l'approche DEA est fondée sur la
convexité de l'ensemble de production. Il est important de
vérifier la convexité de l'ensemble de production du
système pour s'assurer de la qualité des scores d'efficience.
Dans un second temps, nous allons tester la signification des scores moyens d'
efficience dans le système bancaire de la CEMAC. La véritable
difficulté de ces tests est que les scores sont des valeurs
déterministes et non stochastiques. Il est dans ce cas impossible de
procéder aux tests classiques. Pour cela nous proposons
d'élaborer les tests d'hypothèses a partir des procédures
Bootstrap.
3.3.1 Tester la convexité de l'ensemble de
production
Dans la littérature des estimations non
paramétriques, il est possible d' estimer la frontière
technologique sans faire recours a l'hypothèse de convexité de
l'ensemble de production. Si le couple (X, Y) appartient a l'ensemble de
production alors (X, A1Y) et (A2X, Y) appartiennent aussi a l' ensemble de
production avec A1 ? [0 1] et A2 > 1. On parle dans ce cas de Free
Disposal Hull (FDH). Deprins et al. (1984) définissent un
estimateur pour le plus petit estimateur
enveloppant les données. Cet ensemble est contenu ou
égale à l'enveloppe convexe. Tester de la convexité de l'
ensemble de production revient à voir si ces deux ensembles sont
sensiblement les mêmes, soit l' égalité entre la
frontière DEA et la frontière FDH.
Estimateur FDH
Définition 3
Soient (Xi, Yi)i=1
N l'ensemble de production du système observe a une
période, l'estimateur FDH de lafrontière de production du
système est defini comme suit:
èà={(X,y) |? i/X~xi ety = yi} (10)
Par construction, l'ensemble de production défini par
FDH est inclut dans l'ensemble de production DEA. Ainsi, il est possible de
déduire la frontière FDH à partir de la frontière
DEA. Mais dans ce cas, nous allons reprendre le programme pour déduire
l'estimateur FDH. Les analyses sont similaires à l'approche DEA. Si
l'indice d'efficience est égal à 1 alors la banque se situe sur
la frontière technologique, sinon elle est inefficiente. Pour estimer la
frontière FDH, on résout le programme linéaire suivant:
Soit àDFDH
i la distance à la frontière FDH,
i=1...N
[àDFDH(x i, yi)]-1
= max
è,{Ai}
Sous les contraintes suivantes:
èyi = XN )kyk
k=1
xi,l ~ XN )kxk,l k=1
XN )i =1 et )i ?[01].
i=1
Park et al. (2000) analyse les propriétés de
l'estimateur et montre que comme DEA, cet estimateur converge vers la vraie
frontière mais à une vitesse plus faible. Il montre ainsi que la
distribution asymptotique de la distance normalisée par la taille est
une loi de weibull. Avec l' estimateur FDH, Park et al. (2000) dérivent
des intervalles de confiance et teste si une unité est inefficace.
Formulation du test de distance
Nous allons développé un test de distance entre
deux fonctions : Fdea : N --* [0 1] et Ffdh : N --* [0
1]. Les hypothèses du test sont:
H0 Fdea = Ffdh (Ensemble
convexe)
H1 F dea > Ffdh (Ensemble non convexe)
On peut comme Adjemian (2002) ramener ce test à un test de
ratio des distances. On considère la statistique suivante:
àDDEA
i ,(11)
àDFDH
i
R = m-1 Xn
i=1
on teste R = 1(comvexit'e) contre R < 1(mom comvexit'e).
Btant donné qu'on ignore la distribution de R sous l'hypothèse
nulle, nous allons utiliser les procédures de
rééchantillonnage bootstrap developpées par Bfron (1979).
La difficulté de la procédure bootstrap est que
l'échantillon à partir duquel on fait le
rééchantillonnage est bornée par0 et 1. Or pour des
variables aléatoires continues, la probabilité d'observer une
banque sur la frontière est 0. Il n'est donc pas possible de reproduire
la distribution des distances sous l'hypothèse nulle en
échantillonnant directement. Simar et Wilson (1998) a mis en oeuvre la
procédure Smooth Bootstrap pour résoudre la
difficulté. Btant donné m efficiences estimées et
bornées soit par 0 ou par 1, on estime dans un premier temps la
densité bornée de l' efficience par l' estimateur de noyau et on
rééchantillonne à partir des probabilités
homogènes estimées.
3.3.2 Score d'efcience et intervalles de confiance
Nous allons toujours par des procédures bootstrap faire
de l'inférence statistique sur les différents scores d'
efficience pour analyser leur significativité. La procédure
smooth bootstrap per-met de rééchantillonner les données
et d' estimer pour chaque cas les coefficients d' efficience. La
réplication permet de déterminer la distribution des
différents scores et d' en déduire un intervalle de confiance.
Cette procédure nous permettra de montrer que l'estimateur dynamique
sous estime la vraie frontière technologique. Nous allons calculer le
biais engendré par l' estimateur et dériver l'intervalle de
confiance de la distance à la frontière technologique. On peut
considérer que le biais sur les indices d' efficience sont tel qu' il
suit:
biais = E( àeff) -- eff
.
3.4 Spécification des Données de
l'analyse
Les données de cette analyse proviennent de la
déclaration de bilan des banques auprès de la COBAC. La
confidentialité des données ne nous a pas permis pas d'
accéder a toute l' information sur ces déclarations. Pour cela,
notre analyse va se limiter a certaines variables du bilan, ignorant ici les
caractéristiques telles que l'état du personnel, les
investissements des banques, le portefeuille ou l'origine du capital...
3.4.1 Variables de la fonction de réaction
L'analyse de la surliquidité des banques va se limiter a
une évaluation entre les dépôts des clients :
· DEP dépôts du public
· DTER dépôts a terme
· DVU dépôts a court terme et les
crédits :
· CRENET credits nets
· CRELG crédits a long terme
· CREMY crédits a moyen terme
· CRECR crédits de court terme
les différentes variables de contrôle seront:
· EXTRE excédents ou déficits de
trésorerie
· FPA Fond propre net
· CREDOU créances douteuses
· ACT total actifs (Taille de la banque)
3.4.2 Variables de la frontière d'efficacité
Pour l' estimation de la frontière d' efficacité
du système bancaire, nous allons considérer deux groupes de
variables, les inputs et les outputs.
Les Inputs
Nous retiendrons comme intrant dans la fonction de production
des banques:
· Les dépôts du secteur publique DPU
· Les dépôts du secteur privé DPRI
· Les fonds propres nets FPA
· Les provisions pour dépréciation des
comptes PROV
Il aurait été intéressant dans cette
analyse de disposer des informations sur les dépenses en salaire et la
proportion des managers dans la main d'oeuvre.
Les Outputs
Les outputs de la fonction de production sont:
· Le taux de transformation des dépôts en
crédits RATIODC8
· Crédits au secteur publique CREPU
· Crédits au secteur privé CREPRI
4 Analyse des résultats
En utilisant la méthode d'estimation non
paramétrique, nous allons dans un premier temps évaluer la
surliquidité bancaire dans la CEMAC. L'objectif est de déterminer
les sources de l'excès de liquidité des banques de la CEMAC. Dans
un second temps, nous allons estimer par l'approche DEA appliquée au
bootstrap les scores d'efficience. Deux éléments principaux vont
déterminer cette analyse : le niveau moyen d'efficience des banques et
l'évolution de l' efcience.
4.1 Excès de liquidité des banques :
inefficience ou optimalité
Nous avons spéciflé dans cette analyse
l'équation de réaction suivante:
CRENET = f1(DEP) + f2(EXTRE) + f3(CREDOU) + f4(FPA1) + f5(ACT)
(12)
8On rappelle que RATIODC = CRENET/DEP.
140000 160000 180000 200000 220000
CREDOU_1
La figure 3 montre les courbes lisses de la fonction de
réaction. On constate qu'il existe une relation linéaire entre
les crédits nets et les dépôts dans les banques de la CEMAC
entre 2001 et 2005. La linéarité de la relation est
indiquée par le critère GCV qui est égale à 1.1
pour f19
FPA_1
ACT_1
1600000 2000000 2400000
DEP_1
100000 150000 200000 250000
EXTRE_1
400000 600000 800000 1200000
114 116 118 120 122 124
Figure 3: Evolution comparée des dépôts et
des crédits dans la CEMAC entre 2001 et 2005
On peut donc conclure que les crédits offerts par les
banques dans la zone CEMAC augmente proportionnellement aux
dépôts. On peut entre autre noter que les crédits diminuent
avec les excédents de trésorerie indiquant que les banques dans
le souci de faire des excédents de trésorerie compriment les
crédits. Les créances douteuses ne présentent pas une
influence importante sur les crédits, de même pour les fonds
propres nets. Par contre les crédits offerts augmentent avec la taille
des banques notamment pour les banques relativement importantes.
Etant donné que la réaction des crédits
aux dépôts des clients est linéaire on peut estimer le
coefficient de réaction afin de tester la surliquidité des
banques. Le tableau 5 indique l' estimation du coefficient de réaction
des crédits aux dépôts entre 2001 et 2005. On peut observer
que le coefficient de réaction est statistiquement
significatif10 à 0,1% et p = 0, 86. Si on admet un niveau
moyen de réserves obligatoires de 12%11, on aura p < 1 -
ô = 0,88. Sur la base de notre estimation, on peut conclure que le
système bancaire entre 2001 et 2005 est sur-
9Lorsque le critère GCV est proche de 1, on
pense à une relation linéaire. Dans le cas contraire, la relation
est
non linéaire.
10 * * *, **, * indiquent respectivement la
significativité à 0,1%, 1% et 5%.
11Le taux de réserve obligatoire
depuis quelques années est variable autour de 12%
|
Variable endogène =
|
CRENET
|
|
Estimate
|
Ecart type
|
t student
|
P.value
|
Constant
|
-2.73496
|
5.56911
|
-0.491
|
0.625349
|
DEP
|
0.86346
|
0.05803
|
14.880
|
2.00E_16***
|
EXTRE
|
-0.75268
|
0.05850
|
-12.866
|
2.00E_16***
|
CREDOU
|
0.68727
|
0.19065
|
3.605
|
0.000682***
|
FPA
|
0.07337
|
0.12851
|
0.571
|
0.570444
|
ACT
|
-255.37216
|
520.00539
|
-0.491
|
0.625349
|
R_adj
|
0.973
|
variation expliquée
|
97.5%
|
|
GCVscore=
|
0.000205 14
|
n
|
59
|
|
Tableau 5: Estimation paramétrique de la fonction de
réaction
liquide. Ce résultat corrobore le fait que la
proportion des crédits dans les dépôts est passée de
0,70 en 2001 à 0,55 en 2005(COBAC, 2006). Pour mieux comprendre cette
surliquidité, nous avons estimé la fonction de réaction
pour les différents types de dépôts.
La figure 8 en annexe montre que les crédits de long
terme ne sont pas financés par les dépôts à long
terme (réaction quasi nulle) mais il existe une relation positive entre
crédits à terme et les fonds propres nets des banques. On peut
donc comprendre comme l'indique le graphique que les créances douteuses
n' aient aucune influence sur les crédits de long terme. En fait ce
comportement des banques matérialise le fait que la plupart des banques
sont des structures d' associé qui servent à financer les
activités des propriétaires. Les crédits à moyen
terme sont financés dans une faible proportion par les
dépôts à terme et le reste positivement
corrélés aux fonds propres des banques (Voir figure 9 en
annexe).
La grande proportion des crédits de court terme est
financée par les dépôts de long terme (Voir figure 10 en
annexe). Ce type de crédits est fortement influencé à la
baisse par le niveau des créances douteuses et évoluent fortement
avec la taille des banques. La figure 11 indique que la grande proportion des
crédits de court terme est financée sur les dépôts
de court terme, mais cette relation est presque inexistante pour les banques de
petite taille.
La figure 12 en annexe montre que la fonction de
réaction des crédits à terme par rapport aux
dépôts à terme est non linéaire et
décroissante. On peut conclure que les banques de la CEMAC ne
transforment pas les dépôts à court terme en crédits
à terme. Il existe toutefois une relation linéaire et positive
entre les crédits à moyen terme et les dépôts
à court terme(Voir figure 13).
Seulement le coefficient réaction estimé des
crédits de moyen terme par rapport aux dépôts de court
terme est faible et très inférieur 1 moins le taux moyen de
réserve obligatoire (6). Ces
|
Variable endogène =
|
CREMY
|
|
|
estimation
|
Ecart type
|
t.student
|
p.valeur
|
Constante
|
-1.150e+01
|
4.719e+00
|
-2.437
|
0.0181*
|
DVU
|
3.439e-01
|
7.998e-02
|
4.300
|
7.20e-05***
|
EXTRE
|
-1.831e-01
|
7.315e-02
|
-2.504
|
0.0153*
|
CREDOU
|
-1.937e-01
|
2.009e-01
|
-0.964
|
0.3392
|
FPA
|
1.122
|
1.414e-01
|
7.935
|
1.26e-10***
|
ACT
|
-1.141e+03
|
4.680e+02
|
-2.437
|
0.0181*
|
Tableau 6: Estimation paramétrique de la réaction
des crédits à moyen terme par rapport aux dépôts
à vue
deux dernières estimations montre que les banques entre
2001 et 2005 ne jouent pas leur rôle de transformation des
dépôts à court terme en crédits à moyen et
long terme.
De façon générale on remarque que les
banques de la CEMAC ne prennent presque pas de risque en matière de
crédits. En fait elles ont tendance à limiter leurs risques en
finançant les crédits à court et moyen terme par les
dépôts à terme et en rationnant les crédits à
terme. Contrairement aux estimations, on se serait attendu à ce qu'
elles financent les crédits à moyen et longs termes par les
dépôts à court terme. Dans la majorité des cas elles
financent essentiellement les activités de court terme. Les
résultats de cette analyse confirment l' appréhension selon
laquelle les activités des banques sont tournées vers le court
terme (Voir sous section 2.1.3 de la page 6) rendant inexistant dans la zone le
financement des activité de long terme tels que les projets d'
investissement.
4.2 Estimation dynamique de la frontière
d'ef~cacité
Contrairement à la majorité des analyses qui ne
vérifient pas l'hypothèse de convexité de l' ensemble de
production avant d'interpréter les coefficients d' efficience, nous
testons dans cette analyse la convexité de l' ensemble de production
nécessaire à l' application de la méthode DEA. Nous
présentons ensuite l' évolution des scores d' efficience des
banques de façon générale, par pays et selon la taille. Il
est important de noter que l'approche étant déterministe, il est
important d' estimer un intervalle de confiance par
rééchantillonnage.
4.2.1 Convexité de l'ensemble de production
Nous avons appliqué le test spécifié a la
page 19 pour l'année 2005 en considérant la mémoire de
chaque banque sur les cinq années. Il n'est pas possible de
procéder a ce test au cours des premières années dans la
mesure ott on ne dispose pas suffisamment d'information sur le passé des
banques. En appliquant 1000 ré échantillonnages par le
procédure smooth bootstrap, on obtient la distribution de la
statistique de test R par l'estimation des densités de noyau (Voir
figure 4). La statistique calculée sur l'échantillon est R
=0.564. On constate sur la figure 4 que
?
????
?? ?? ???
? ?
? ?
? ? ?
? ? ?
??
? ? ? ?
?
? 0.564302183597292
??
?
?
? ? ? ? ? ? ? ? ?
???? ?
???????
??? ????????
0.0 0.5 1.0 Rcalculé
Figure 4: Distribution de la statistique R
la probabilité calculée de la statistique est
élevée. On ne peut donc pas rejeter l'hypothèse de
convexité de l' ensemble de convexité nécessaire a l'
ensemble de production.
4.2.2 Efficience des banques : Role
d'intermédiation
Un résultat intéressant de notre analyse est que
l' efficience technique des banques dans la zone CEMAC dépend fortement
du pays de localisation de la banque et de sa taille. Nous présentons
ici les résultats de ce que nous pouvons considérer comme
l'efficience en terme de transformation des dépôts en
crédits. Notons toutefois que dans cette approche, le processus de
production est une boIte noire dans laquelle l'efficience est
évaluée a partir du niveau d'output produit a partir d'input
donnés. Il est possible qu'une banque efficiente dans notre analyse soit
totalement incapable de gérer les crédits déjà
offerts.
Efficience des banques : résultat
général
L' estimation des coefficients d' efficience des banques a
partir de l' estimateur dynamique nous a permis d'évaluer les niveaux
moyens d'efficience comparables d'une année a une autre. Les
études telles que Igor et Boris (2002), Elayasiani et Mehdian (1990) ou
Sherman et Gold (1985) concluent a des niveaux moyen d'efficience
élevés parce qu'ils se limitent a un estimateur statique. Et dans
le cadre des banques, l'estimateur statique indique juste la meilleure
pratique a un moment t et non fondamentalement l'efficience. Le tableau 7
indique les niveaux moyens d'efficience technique des banques dans le CEMAC. On
constate aisément que le ni-
Périodes
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Nbre de banques
|
24
|
24
|
24
|
24
|
24
|
Nbre de banques efficientes
|
2
|
2
|
2
|
5
|
4
|
Efficience moyenne
|
0,18 1
|
0,197
|
0,275
|
0,390
|
0,305
|
Inefficience moyenne
|
4,512
|
4,074
|
2,636
|
1,567
|
2,274
|
Tableau 7: Efficience technique moyenne des banques de la
CEMAC
veau moyen d'efficience de la zone au cours de la
période 200 1-2005 est très faible et largement inférieur
a 0,4. Le nombre de banque se trouvant sur la frontière d' efficience
est assez faible. Sur les 24 banques de notre échantillon, 2 a 5 banques
sont situées sur la frontière. Cette forte inefficience des
banques peut être attribuée a l'incapacité des banques de
la zone a transformer les dépôts a terme en crédits a terme
comme nous l'avons indiqué a la page 23.
D'autre part on peut constater sur la figure 5 que la
dynamique de l'efficience moyenne est croissante avec une chute après
2004. Cette chute résulte de la chute d' efficience de la seule banque
Congolaise de notre échantillon après 2004 (Voir figure 6 On peut
dire que l'efficacité des banques de la zone CEMAC s'est
améliorée au cours de la période 200 1-2005 avec une
légère baisse en 2005.
Nous avons pu a partir des procédures de
rééchantillonnage déterminer la variance des estimateurs
d' efficience et déduire des intervalles de confiance des scores. La
figure 8 montre qu' a l' exception de 2001, les coefficients d' efficience
estimés sont hors de l' intervalle de confiance. Ceci traduit le fait
que l' estimateur DEA a surévaluer l' efficience des banques de la zone.
Les intervalles de confiance ainsi calculés nous donnent une meilleure
appréciation de l'inefficience des banques.
Figure 5: Evolution de l'efficience moyenne des banques de la
CEMAC
Intervalle de confiance
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Efficience Moyenne Inefficience Moyenne
|
[0,152 [5,579
|
0,104] 8,643]
|
[0,152 [5,593
|
0,109] 8,195]
|
[0,234 [3,268
|
0,166] 5,029]
|
[0,3 19 [2,140
|
0,229] 3,358]
|
[0,244 [3,103
|
0,175] 4,701]
|
Tableau 8: Intervalle de confiance des efficiences moyennes par
procédures bootstrap
Efficience des banques : résultat par pays
Les coefficients moyens d'efficience évalués par
pays indiquent que le niveau d'efficience dépend fortement du pays dans
lequel est localisée la banque. Le tableau 9 indique les
différents niveaux d'efficience par pays entre 200 1-2005. Le cas du
Congo est extrême du fait qu'il n'y a qu'une seule banque Congolaise dans
notre échantillon. Si on ignore le Congo, on voit sur le
Périodes
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Cameroun
|
0,25 1
|
0,234
|
0,362
|
0,464
|
0,33 1
|
Congo
|
0,015
|
0,390
|
0,553
|
1,000
|
0,050
|
Tchad
|
0,244
|
0,262
|
0,29 1
|
0,350
|
0,290
|
Centrafrique
|
0,051
|
0,053
|
0,145
|
0,120
|
0,133
|
Guinée équatoriale
|
0,171
|
0,060
|
0,165
|
0,550
|
0,525
|
Gabon
|
0,124
|
0,176
|
0,186
|
0,286
|
0,346
|
Tableau 9: Efficience technique moyenne des banques
groupées par pays
tableau 9 que les niveaux moyen d'efficience les plus
élevés se trouve dans les banques camerounaise. La figure 6
montre la dynamique d'efficience par pays. A partir de cette dynamique
on peut classer les pays de la CEMAC en terme d'efficience
technique de leur banques. Cette
Figure 6: Evolution de l'efficience moyenne par pays
classification montre une forte corrélation entre le
niveau d'efficience du pays et le nombre de banque dans le pays. On obtient
ainsi le classement suivant:
1ier Congo : 4 banques;
2ieme Cameroun: 10 banques;
3ieme Tchad: 7 banques
4ieme Guinée Equatoriale : 3 banques
5ieme Gabon: 6 banques
6ieme Centrafrique: 3 banques
Les pays ayant un grand nombre de banques et présentant
une forte concurrence entre les banques semblent ceux ayant les niveaux
d'efficience moyen les plus élevés.
Efficience des banques : résultat suivant la taille
Nous avons ici classifié les banques de la zone CEMAC
en trois groupes selon leur taille. Nous avons retenu trois classes : Grande
taille (4-4,5), Moyenne taille (4,5-5) et Petite taille (5-5,5). Il faut
toutefois noter que les banques au cours du temps sont passées d'un
groupe a un autre changeant la composition de chaque groupe. Le tableau 10
indique les niveaux moyens d'efficience technique par groupe entre 2001 et
2005. On constate que sur toute la période, les
Périodes 2001 2002 2003 2004 2005
[4-4,5] 0,208 0,256 0,4 17 0,484 0,455
[4,5-5] 0,113 0,117 0,235 0,343 0,160
[5 - et plus] 0,199 0,212 0,241 0,356 0,353
Tableau 10: Efficience technique des banques selon la taille
(Actif en logarithme)
banques de petite taille sont techniquement les plus
efficientes. De façon générale, le niveau d'efficience par
groupe de banque respecte la distribution en forme de U sur les 5 ans (Voir
figure 7). Ceci traduit le fait que les banques de petite et de grande taille
sont les plus efficientes en terme de transformation de leurs
dépôts en crédits. Les grandes banques dans ce contexte
sont beaucoup plus orientées vers les activités a terme alors que
les petites banques le sont dans les activités a très court
terme. Les banques de taille moyenne sont pour la plupart relativement
inefficientes (Voir 7). Ce résultat sur la forme en U de la distribution
est conforme a celui de
Figure 7: Evolution de l'efficience technique selon la taille des
banques
Igor et Boris (2002) trouvé dans le cas de la croatie.
5 Conclusion
L' objectif de ce travail était d' évaluer l'
efficience technique des banques de la CEMAC en relation avec les
excédents de liquidité observés dans leur
trésorerie ces dernières années. Il s' est agit dans un
premier temps d'évaluer la surliquidité des banques sur la base
d'une définition formelle et dans un second temps d' évaluer l'
efficience technique des banques.
Nous avons pu montrer à partir des estimations non
paramétriques que de façon globale, entre 2001 et 2005 les
crédits ont réagit positivement, mais faiblement (à un
taux inférieur à 1 moins le taux de réserve obligatoire)
face à l' augmentation des dépôts des clients confirmant
l'idée de surliquidité des banques. En procédant à
des estimations à des niveaux plus désagrégés, nous
avons montré que les banques ne financent pas les crédits
à moyen et long terme par les dépôts à court terme.
Au contraire elles utilisent les dépôts à terme pour
financer les crédits à moyen et court terme. Ceci crée un
niveau élevé de besoin en crédit de long terme dans la
zone. L' inefficience observée dans cette l' analyse relève est
l' incapacité des banques de la zone CEMAC à transformer les
dépôts à vue et à terme en crédit à
moyen et long terme.
Nous avons ensuite estimé les frontières
dynamiques d'efficacité entre 2001 et 2005. Les scores d' efficience
ainsi estimés ont montré que le niveau d' efficience des banques
dans la zone est resté assez faible malgré un accroissement de
l'efficience moyenne. Il a été observé une relation
positive entre le nombre de banques dans un pays et l'efficience moyenne de ce
pays. Enfin nous avons montré que les banques de grandes et petites
tailles sont en majorité plus efficientes que les banques de taille
moyenne.
De façon générale, il est apparu que dans
la zone CEMAC, les banques sont en moyenne inefficiente. Leur inefficience
indique leur incapacité à financer les crédits à
terme. Il est donc important que la politique financière de la BEAC vise
à améliorer la visibilité qui existerait entre les
potentiels demandeurs de crédit à terme et les banques. Il serait
aussi important de favoriser la création ou la réhabilitation des
banques d'investissement qui financeraient les projets de long terme.
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Annexe
140000 160000 180000 200000 220000
CREDOU_1
300000 340000 380000
400000 600000 800000 1200000
DTER_1EXTRE_1
114 116 118 120 122 124
100000 150000 200000 250000
FPA_1 ACT_1
Figure 8: Fonction de réaction des credits de long terme
sur les depots de long terme.
140000 160000 180000 200000 220000
400000 600000 800000 1200000
300000 340000 380000
CREDOU_1
DTER_1 EXTRE_1
114 116 118 120 122 124
100000 150000 200000 250000 FPA_1
ACT_1
Figure 9: Fonction de réaction des crédits de moyen
terme sur les dépôts de long terme
|
|
|
300000 340000 380000
DTER_1
|
400000 600000 800000 1200000
EXTRE_1
|
140000 160000 180000 200000 220000
CREDOU_1
|
|
|
|
100000 150000 200000 250000 FPA_1
|
114 116 118 120 122 124
ACT_1
|
|
1200000 1400000 1600000 1800000 2000000 DVU_1
|
400000 600000 800000 1200000
EXTRE_1
|
|
|
100000 150000 200000 250000 FPA_1
|
114 116 118 120 122 124
ACT_1
|
Figure 10: Fonction de réaction des crédits de
court terme sur les dépôts de long terme
140000 160000 180000 200000 220000
CREDOU_1
Figure 11: Fonction de réaction des credits de court terme
sur les depôts de court terme
140000 160000 180000 200000 220000
CREDOU_1
1200000 1400000 1600000 1800000 2000000 400000 600000 800000
1200000
DVU_1 EXTRE_1
100000 150000 200000 250000
114 116 118 120 122 124
FPA_1
ACT_1
Figure 12: Fonction de réaction des credits de long terme
sur les dépôts à court terme
140000 160000 180000 200000 220000
CREDOU_1
1200000 1400000 1600000 1800000 2000000 400000 600000 800000
1200000
DVU_1 EXTRE_1
100000 150000 200000 250000
114 116 118 120 122 124
FPA_1
ACT_1
Figure 13: Fonction de réaction des credits à moyen
terme sur les dépôts de court terme
|