4.3 Limites de l'étude
Cette étude aurait bien pu examiner, dans la relation
entre l'accès à la microfinance et la pauvreté, l'aspect
accès au microcrédit. Cependant, la base de données
utilisée n'avait pas d'informations relatives au microcrédit et
il n'a pas été possible de trouver une information
complémentaire dans les délais prévus pour
l'étude.
Par ailleurs, pour cerner les interrelations entre la
pauvreté et l'accès au microcrédit, plusieurs auteurs ont
souvent recommandé de faire également une mesure d'impact (Impact
Assessment ou IA) pour pouvoir éclairer davantage les résultats.
Cet aspect n'a pas été abordé dans notre étude.
Il convient de noter ici la distinction entre la performance
d'un programme et son impact sur la pauvreté. La performance du
programme se mesure par le développement d'une SFD, nombre de clients
pauvres, volume de crédits, qualité du porte-feuille, etc. La
mesure d'impact d'un programme, par contre, doit informer dans quelle mesure
les programmes des SFD contribuent au soulagement de la pauvreté.
CHAPITRE V : DESCRIPTION DES POPULATIONS
ÉTUDIÉES
5.1 L'accès au système financier ivoirien :
un bref aperçu
En Côte d'Ivoire en 2000, La banque était
l'instrument financier auquel les ménages avaient le plus accès
et cette situation devrait certainement être la même en 2004. En
effet, l'étude révèle que dans l'ensemble, 57% de chefs de
ménage de la population enquêtée effectuent des
transactions avec le système bancaire. En revanche, le système
financier décentralisé est encore l'instrument financier le moins
familier aux ménages : seuls 14% de chefs de ménage y ont
accès alors que 29% de la population n'ont accès à aucun
instrument financier.
Figure 1 :
Répartition des chefs de ménage selon l'instrument financier
utilisé
Source : CIRES, Enquête
socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en
2000 (nos calculs).
Une projection sur le plan factoriel principal a permis
d'avoir une vue globale des caractéristiques des ménages
accédant à chacun des instruments financiers.
Sur le graphique ci-dessous, on note globalement une
opposition, par rapport à l'accès au système financier,
entre les chefs de ménage pauvres et ceux qui sont non pauvres. Cette
opposition est traduite par le facteur 1. Sur cet axe, les chefs de
ménage n'ayant accès à aucun instrument financier semblent
avoir des caractéristiques des ménages pauvres.
Deux groupes paraissent assez éloignés des SFD.
Il s'agit d'une part, des membres des associations syndicales, des travailleurs
du secteur public et des cadres du privé. D'autre part, les chefs de
ménages à très faible niveau d'instruction
(analphabètes et ceux dont le niveau d'instruction est primaire), les
ouvriers, les pauvres et les retraités.
Figure 2 : Une vue
globale de l'accès des chefs de ménage au système
financier
Source : CIRES, Enquête
socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en
2000 (notre exploitaion des donnee).
En se restreignant à la classification selon le seuil
de pauvreté, on s'aperçoit que, parmi ceux qui ont accès
à l'un des instruments financiers, moins de 25% sont pauvres. Il y a
lieu de se demander si les besoins des pauvres sont pris en ligne de compte
dans les programmes de microfinance ou alors la cible est autre.
Peut-être aussi que ces programmes n'ont pas intégré les
plus démunis dans la planification dès le début.
Figure 3 :
Répartition des chefs de ménages ayant accès à un
instrument financier selon le seuil de pauvreté
Source : CIRES, Enquête
socio-économique des ménages ivoiriens réalisée en
2000 (nos calculs).
La volonté des responsables des institutions de
microfinance d'aider les pauvres à accéder à leurs
services ne pourrait en elle seule suffire, les différentes
catégories de personnes démunies ont besoin de services
différents en fonction de leurs besoins et de leur faculté
d'utilisation des différents services.
Les plus pauvres parmi les pauvres ne sont pas parfois en
mesure de se servir de certains types de crédit. Dans leur cas, une
stratégie de protection et non de promotion du bien-être est
peut-être préférable. Les programmes de santé et de
développement social sont utiles a cet égard et pourront
peut-être permettre aux ménages particulièrement pauvres
d'être en un second temps en mesure d'utiliser les services de
microfinance.
Cette exploration qui vient d'être faite suscite
l'examen de près, pour chacun des instruments financiers, des
caractéristiques des chefs de ménage qui y ont accès.
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