Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale
(CEMAC)
(ISSEA)
Organisation Internationale
BP : 294 Yaoundé (Rép. Du Cameroun)
Tél : (237) 222 0134 E-mail :
issea@cenadi.cm
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REPUBLIQUE DU CAMEROUN
Paix-Travail-Patrie
Ministère de l'Economie et des
Finances
Caisse Autonome d'Amortissement
(CAA)
Yaoundé - Cameroun
|
MÉMOIRE
Soutenabilité Fiscale au Cameroun :
Une évaluation de la règle de politique
fiscale.
Mémoire Présenté et Soutenu
Publiquement En Vue De L'obtention Du Diplôme d'Ingénieur
Statisticien Economiste.
PAR
NGWA EDIELLE THIERRY HERVÉ JACKSON
Elève Ingénieur Statisticien
Economiste
Superviseur
Bruno Iboklene
Directeur des Opérations de la
Dette
Economètre
issea_caa, Décembre 2006
L'Institut
Sous-Régional de Statistique et d'économie Appliquée
(ISSEA) et la Caisse Autonome d'Amortissement (CAA) n'entendent donner aucune
approbation, ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire
professionnel. Ces opinions doivent être considérées comme
propres à leur auteur.
Je dédie ce mémoire à ma chère
maman.
REMERCIEMENTS
Mes sincères remerciements vont à mon encadreur
monsieur Iboklene Bruno. sa disponibilité et son sens pousse de
l'objectivité m'ont guide et pousser en permanence vers la quête
d'une démarche fondée sur des préceptes scientifiques. Sa
lucidité m'a toujours permit de ne pas m'éloigner des faits que
j'ai eu à analyser. Je lui dois l'accomplissement de ce travail.
J'ai toujours senti au cours de ce travail le support
scientifique et administratif de l'équipe technique de la direction des
opérations de la dette. Je citerai madame Enanga Line, la charge
d'étude de la CAA, monsieur Kamdem Pierre
Sommaire ou tables des matières ;
Liste des tableaux et des graphiques ;
Avant-propos ;
INTRODUCTION
GÉNÉRALE.
Le problème des déficits publics et de
l'endettement massif de l'Etat est apparu dans les économies modernes
depuis les années 70 (Semmler et al., 2005). La crise de l'endettement
à partir du milieu des années 70 a gagné les pays en
développement, notamment les pays d'Amérique latine. L'un des cas
les plus cités est celui du Mexique qui annonçait en Août
1982 qu'il suspendait le paiement des intérêts qu'il devait au
compte du service de sa dette1(*). La crise va ainsi se propager aux pays Africains vers
le début des années 80. On la considère souvent comme le
résultat d'une politique d'endettement irresponsable aussi bien de la
part des gouvernements des pays créanciers que de la part de ceux des
pays débiteurs2(*).
La conséquence pour les pays pauvres est que le service de la dette les
prive de ressources importantes nécessaires au financement de leur
développement.
Il faut remarquer que c'est à partir du début
des années 70, et surtout à la suite du premier choc
pétrolier de 1974 qu'un double laxisme est intervenu. Du
côté des créanciers tout d'abord qui, ayant à faire
face au recyclage des eurodollars, puis des
pétrodollars, ont développé une activité
de prêt aux pays pauvres. L'objectif était d'octroyer des
crédits pour rémunérer les placements des pays
exportateurs de pétrole. Du côté des pays en
développement (PED), les crédits obtenus n'ont pas toujours
été productifs. Au lieu de financer des investissements
productifs, seuls susceptibles de renforcer la capacité exportatrice du
débiteur et de générer les flux de devises
nécessaires au remboursement de la dette, certains dirigeants du Sud ont
détourné à leur profit, bien souvent avec la
complicité des créanciers, des sommes
considérables3(*).
Une cause exogène de l'endettement fut la politique
anti-inflationniste rigoureuse menée par les Etats-Unis en 1979. Cette
politique contribua à orienter l'économie mondiale vers la
récession en 1981. La baisse de la demande globale dans les pays
industriels exerça évidemment un impact négatif direct sur
les pays en développement. Trois autres mécanismes
jouèrent un rôle important. Comme les pays en développement
avaient une dette importante libellée en Dollars, cela se traduisit par
une hausse immédiate et spectaculaire de la charge
d'intérêt que les pays débiteurs devaient honorer. Ce
problème fut accentué par la forte appréciation du Dollar
sur le marché du change, appréciation qui augmenta
substantiellement la valeur réelle de la charge de la dette en dollars.
Enfin, les prix des matières premières s'effondrèrent,
déprimant les termes d'échange de beaucoup de pays pauvres
(Krugman, 2001).
La Banque Mondiale estime à environ 2450 milliards de
dollars la dette des PED en 2001 contre seulement 560 milliards de dollars en
1980. Pour les analystes de la banque mondiale, le service de la dette depuis
les années 90 est devenu un véritable fardeau sur les PED
remettant même en cause leur développement.
Au delà des pays en développement, il faut noter
que les pays riches n'ont pas été épargnés par
cette situation. Les Etats-Unis ont ainsi connu entre 1981 et 1983 des
déficits publics de 1 à 4,1% du PNB. Et malgré la fin de
la récession en 1984, le déficit reste persistant autour de 2,9%
du PNB4(*).
Plusieurs approches ont été
développées pour résoudre ce problème autant par
les pays endettés que par les bailleurs de fonds regroupés pour
la plupart autour du FMI.
Les Etats-Unis ont engagé depuis 1985, une restriction
du secteur public ramenant le déficit public en dessous de 2% du PNB.
Seulement, à partir de 1990, les recettes fiscales tombèrent et
le déficit gouvernemental s'enfla de nouveau5(*). Sous l'impulsion du FMI et de
la Banque Mondiale qui cherchaient à persuader les banques de continuer
leurs prêts, les pays d'Amérique latine ont entrepris des
ajustements structurels de leurs économies et les flux de capitaux
privés vers les pays en développement reprirent au début
des années 1990. Seulement dès le milieu des années 90, de
l'Argentine en 1994-1995 au Brésil en 1994, en passant par le Mexique et
le Chili, la crise se répéta. Même l'Asie du Sud Est que
l'on croyait, grâce à la très forte croissance, à
l'abri du problème entra en crise dès 1997. La Malaisie qui
n'avait jamais appliqué les prescriptions du FMI rompit les rangs en
1998 (Krugman, 2001).
L'Europe quand à elle a inscrit au Traité de
Maastricht de 1991 des dispositions limitant l'endettement de ses pays membres.
Ainsi, le pays membre ne peut pas avoir un déficit public
supérieur à 3% de son PIB (sauf circonstance exceptionnelles et
temporaires) et sa dette publique ne peut excéder 60% de son PIB.
Cependant, des pays européens comme la Belgique et la France se trouvent
depuis la fin des années 90 dans des problèmes assez
sérieux d'endettement. En France par exemple, la dette publique en 2005
est évaluée à 65,8% du PIB (Duhamel, 2006). D'après
le rapport de la commission des finances publiques présidée par
Michel Pébereau, la dynamique de l'endettement de la France n'est pas
soutenable.
Le problème de l'endettement en Afrique subsaharienne
est un peu particulier du fait de la faiblesse du revenu par habitant dans ces
pays. Ces pays en fait sont caractérisés par de très
faible niveau de croissance et en proie à de nombreuses guerres. C'est
dans les années 80 avec la chute du cours des matières
premières, principale ressource du continent que les pays Africains vont
connaître de graves problèmes d'endettement. La thérapie
d'ajustement mis en oeuvre dans ces pays a contribuée pour beaucoup dans
l'augmentation du niveau de la pauvreté. La nouvelle approche
développée par le FMI et la Banque Mondiale depuis 1996 est
l'allègement de la dette des pays à faible revenu à
travers le mécanisme de l'initiative pays pauvres très
endettés (IPPTE).
Dans le cas particulier du Cameroun, c'est vers le milieu des
années 80 avec le ralentissement de la croissance économique que
le problème d'endettement deviendra très sérieux. Ce n'est
qu'en fin d'année 1988 que le gouvernement Camerounais va pour la
première fois se présenter au club de Paris et accepter
l'assistance du FMI. L'approche préconisée dès cette date
sera le rééchelonnement de la dette du Cameroun au prix d'un
ralentissement considérable du train de vie de l'Etat. Cette compression
des dépenses de l'Etat va se traduire en 1993 par une double baisse des
salaires à la fonction publique. Comme dans la majorité des pays
de la zone franc, la dévaluation du Franc CFA va venir exacerber le
problème d'endettement entraînant les ratios de dette publique au
delà des 100% du PIB. En bénéficiant de l'initiative PPTE
développée en 1996 et reformée en 1999 par le FMI et la
Banque Mondiale, certains pays Africains vont voir leur dette publique
considérablement allégée au prix de reforme parfois rudes.
C'est en 1999, après la révision des critères d'admission
que le Cameroun va être admis à l'IPPTE renforcée et
atteindre le point d'achèvement en Avril 2006.
On observe malheureusement que des années plus tard,
certains pays ayant atteint le point d'achèvement n'arrivent pas
toujours à émerger et à dégager une bonne
santé des finances publiques. L'une des principales raisons de ces
défaillances est que de part leur taille et leur structure, ces
économies sont vulnérables aux chocs externes, notamment la
volatilité des prix mondiaux de leurs exportations et la chute continue
des prix des produits agricoles. Une autre raison est l'absence de
diversification de ces économies, l'accès limitée aux
marchés des pays industrialisés, le niveau faible des
investissements étrangers privés et à la qualité
des infrastructures6(*).
De façon générale, que ce soit pour des
pays industrialisés ou pour des pays à faible revenu,
malgré les multiples tentatives, le problème de la dette publique
demeure un problème sérieux dans le développement des
économies contemporaines. La question que nous posons est donc celle de
savoir comment dans ce contexte de l'évolution de
l'économie mondiale un pays à revenu faible comme le Cameroun
pourrait assurer la soutenabilité fiscale.
La question de solvabilité de l'Etat peut
paraître curieuse car l'Etat peut toujours recourir à de nouveau
emprunts pour assurer le service de sa dette. On parle habituellement dans la
littérature d'une situation de jeu Ponzi7(*). De plus l'Etat dispose en théorie d'un pouvoir
illimité de taxation. Mais dans la pratique, ce principe trouve des
limites, notamment du fait de l'existence d'un seuil de pression fiscale
tolérable, de la désincitation des créanciers, de la
fraude fiscale ou du refus des agents de contribuer continuellement au payement
des intérêt de la dette. On parlera ainsi de soutenabilité
fiscale si la politique d'endettement publique (dette intérieure et
dette extérieure) remet en cause la capacité de l'Etat à
assurer à moyen et long le service de sa dette. La politique fiscale
telle que définie par l'Etat doit assurer à terme la
solvabilité de l'Etat, c'est-à-dire garantir que la dette
publique ne croîtra pas dans des conditions excessives telles que l'Etat
ne puisse plus assurer son remboursement (Semedo, 2001, P.276). Evaluée
la soutenabilité fiscale dans un pays n'a rien d'évident et
repose la plus part de temps sur de nombreuses hypothèses concernant les
paramètres exogènes de l'économie (Raffinot, 1998).
OBJECTIFS DE RECHERCHE.
L'objectif principal de ce travail est d'analyser la
soutenabilité fiscale au Cameroun à travers le respect d'une
règle de politique fiscale qui garantie la solvabilité de l'Etat.
L'idée centrale ici est de montrer que l'analyse de la
soutenabilité va bien au delà de la simple observation des ratios
d'endettement, mais qu'elle intègre les interrelations entre les
agrégats macroéconomiques et les variables d'endettement.
Pour atteindre cet objectif principal, trois objectifs
spécifiques sont définis :
§ Le premier objectif spécifique est
d'évaluer à travers des simulations la possibilité pour le
gouvernement de définir une règle de politique fiscale
garantissant la solvabilité à moyen et long terme de l'Etat.
L'idée ici est d'analyser sur un plan purement théorique
l'existence d'une telle règle et d'en déterminer les instruments
de mise en oeuvre.
§ Le second objectif spécifique est
d'évaluer la soutenabilité fiscale au Cameroun selon le nouveau
cadre d'analyse développée par le FMI (Debt Sustainability
Analysis, DSA). Dans cette approche, nous considérons qu'un certain
nombre de règles sont imposées à l'Etat par une
institution supra nationale, notamment la Banque Mondiale et le FMI dans notre
cas.
§ Le troisième objectif spécifique est
d'évaluer la soutenabilité fiscale au Cameroun avec une approche
alternative à celle du FMI. Dans cette approche, nous allons
considérer que le gouvernement de façon volontariste s'est
défini des règles. L'objectif est donc d'évaluer
l'adéquation de cette règle en matière de
soutenabilité.
HYPOTHÈSES DE
RECHERCHE.
Deux hypothèses de recherches sont formulées
pour servir de fil conducteur à toute notre analyse.
§ H1 : Il existe une règle fiscale qui assure
la solvabilité de l'Etat.
§ H2 : La politique fiscale au Cameroun est
soutenable.
MÉTHODOLOGIE.
Deux approches permettent d'analyser le concept de
soutenabilité fiscale : la première, considère qu'un
pays peut rembourser sa dette lorsqu'il dispose des ressources suffisantes pour
le faire et la seconde considère que les pays qui ont la capacité
de rembourser ne le feront que s'ils y trouvent leur
intérêt8(*).
Dans la première approche, il est important de faire la
différence entre solvabilité et soutenabilité. Le
critère de solvabilité est que la dette finisse par s'annuler.
Par contre la soutenabilité fait référence à la
situation dans laquelle un pays continue à recevoir des financements
extérieurs parce qu'il paye régulièrement les
intérêts sur l'encours de ses dettes. La soutenabilité
diffère de la solvabilité dans la mesure où la condition
de soutenabilité est compatible avec le fait que l'encours de la dette
progresse régulièrement alors que la solvabilité
suggère une convergence vers 0 de l'encours. Sur le plan quantitatif, on
parle de soutenabilité lorsqu'un qu'un ratio d'endettement
déterminé (en général encours de la dette sur le
PIB) tend vers une limite finie. Le fait que les ratios d'endettement ne
connaissent pas de tendance explosive suffirait à assurer la
possibilité de continuer à s'endetter.
Le concept de soutenabilité a été
défini formellement par les économistes tels que Greiner et al.
(2005), Blanchard (1990), Hamilton et Flavin (1986). D'après eux
l'objectif de toute politique fiscale est de stabiliser les cycles, soutenir la
croissance et de réduire ou stabiliser la dette publique. Ainsi, une
politique fiscale qui ne stabilise pas la dette ou freine à moyen terme
la croissance n'est pas souhaitable. A la base, une situation fiscale est
considérée comme insoutenable si elle débouche dans le
futur sur une situation d'insolvabilité de l'Etat. Pour parler de
soutenabilité, il faut que la valeur actualisée du surplus
primaire (le surplus avant le paiement des intérêts et
l'amortissement du principal aux échéances convenues) soit au
moins égale à la dette publique existante :
(0.01)
étant la valeur actualisé du surplus primaire, la dette publique existante et r le taux d'escompte. La politique
fiscale est alors considérée comme soutenable si elle suit une
règle qui augmente le surplus primaire chaque fois que la dette publique
augmente :
,
est le paramètre de réactivité de la politique
fiscale (Greiner et al. 2005). Il est possible qu'une économie face
à certains chocs s'éloigne temporairement de cette règle
sans remettre en cause la soutenabilité de sa dette. D'où la
nécessité de prendre en compte l'existence de chocs (Hamilton et
Flavin, 1986). Le gouvernement peut s'assurer d'un surplus primaire
élevé à travers une politique d'imposition expansive. Or
une politique d'imposition excessive à un effet négatif sur
l'économie, donc sur les recettes futures (Barro, 1974 ; 1979).
Blanchard (1993) définit ainsi le taux d'imposition soutenable comme
celui qui permet de garantir une valeur actualisée du surplus primaire
suffisamment grande pour rembourser la dette publique. Si le taux d'imposition
est trop élevé, il réduit les recettes futures et n'assure
plus le remboursement de la dette. Par contre, s'il est très faible, il
n'est pas suffisant pour assurer le service de la dette. La différence
entre le taux d'imposition soutenable et le taux d'imposition effectif mesure
alors le degré de soutenabilité fiscale. Le grand débat
depuis des années sur la soutenabilité repose sur son
évaluation empirique.
Notre démarche méthodologique se résume
ainsi en deux étapes :
§ La première étape est purement
théorique. Elle consiste en l'élaboration d'un modèle
théorique qui justifie l'existence et la praticabilité d'une
règle fiscale qui assure la soutenabilité des finances publique
(Equation 0.01) sans remettre en cause les objectifs de
croissance ;
§ La seconde étape est empirique et consiste
à évaluer si le Cameroun aurait respecté ou respecte une
telle règle permettant d'assurer la soutenabilité fiscale.
APPROCHE THÉORIQUE.
Dans cette approche théorique, nous allons
élaborer un modèle macroéconomique de croissance
endogène qui permet de mettre en exergue l'impact de la politique
fiscale sur la dynamique de la dette. Les premières analyses
développées dans ce sens sont ceux de Allais (1947), Samuelson
(1958), Diamond (1965). Ces auteurs ont développé des
modèles macroéconomiques à générations
imbriquées comportant trois agents : les ménages, les
entreprises et l'Etat. Trois faiblesses majeures caractérisent ces
modèles : l'altruisme intergénérationnel qui impose
l'équivalence Ricardienne, l'absence d'un concept clair de soutenabilite
(règle sur l'évolution du surplus primaire) et l'absence d'un
mécanisme endogène de la croissance économique. De la
Croix et Michel (2002) et Rankin et Roffia (2003) redéfinissent ces
modèles en introduisant un concept de soutenabilité. Seulement ce
concept ne se définit pas en terme de règle de l'évolution
du surplus primaire. Une telle règle est théoriquement
définie par Marin (2002) qui en établit les mécanismes
d'implémentation. Dans cette étude, nous allons reprendre les
analyses de Fernandez-Huertas Moraga et Vidal (2004) qui en prenant en compte
la règle de Marin (2002) introduisent l'endogénéité
de la croissance économique par le capital humain. A la
différence de Fernandez-Huertas Moraga et Vidal (2004), nous allons
considérer comme Annicchiarico et Giammarioli (2004) que
l'endogénéité de la croissance est due à
l'accumulation du savoir et qu'il n'existe pas forcement d'altruisme
intergénérationnel. Cette dernière approche est plus
intéressante parce qu'elle nous permettra de procéder à
des exercices de simulation. Trois éléments importants doivent
pouvoir ressortir d'une telle analyse théorique : la dynamique de
la dette, la dynamique des ajustement à la règle et la dynamique
de la croissance économique.
APPROCHE EMPIRIQUE.
L'objectif de l'évaluation empirique est de voir si
l'économie Camerounaise a respecté ou respecte une règle
fiscale qui assure la soutenabilité fiscale [relation (0.01)].
Nous nous intéressons particulièrement à deux états
possibles : le premier considère qu'une règle est
imposé à l'Etat par les institutions de Breton Wood et le second
que le gouvernement de façon volontariste peut lui-même se
définir et s'imposer le respect d'une règle. Deux approches sont
pour cela retenues : l'approche développée par le FMI et
celle de Bohn (1998).
L'approche du FMI analyse la soutenabilité fiscale sur
la base d'une dynamique prospective des ratios d'endettement par rapport
à certains seuils (FMI, 2002a ; FMI, 2003a). La méthode de
Bohn (1998) est plus historique et estime sur les périodes
passées la fonction de réaction de la politique fiscale.
APPROCHE DU FMI.
Une première approche empirique de la
soutenabilité de la dette est fondée sur la recherche de seuils
de référence9(*). Cependant aucune théorie ne permet de
définir un seuil unique pour déterminer la soutenabilité
de la dette (Bachellerie et Couillault, 2005). Reinhar, Rogoff et Savastano
(2003) à partir de l'importance historique des défauts de
paiement montrent que les pays ayant une dette extérieure
supérieure à 15 ou 20 % du PIB ne peuvent soutenir durablement
une dette extérieure. Le FMI définit une zone à risque
qui, suivant les méthodes utilisées peut commencer à 25%
du PIB (FMI, 2003b). Seulement, cette approche montre des limites avec
l'émergence des crises du compte de capital (Bachellerie et Couillault,
2005).
Une seconde approche consiste en l'analyse de la tendance.
Lorsque la dette d'un pays augmente sur plusieurs années, la
stabilité du niveau de la dette peut être un indicateur de
Soutenabilité de la dette. Selon Blanchard (1990), il est possible de
calculer l'excédent primaire nécessaire pour stabiliser le ratio
Dette/PIB. La différence avec l'excédent primaire correspond
à l'écart sur l'ajustement budgétaire. Si la
différence est positive, la dette est considérée comme
insoutenable. De même, le taux d'imposition requis pour assurer la
stabilisation du ratio Dette/PIB peut être calculé. Ces
indicateurs présentent l'avantage d'être aisément produit
mais sont d'interprétation délicate.
Pour établir un diagnostic ponctuel, ajustable en
fonction des changements anticipés dans le potentiel de croissance et
des variations de la politique fiscale, le FMI à adopté
l'observation de certains ratios sur une moyenne de trois ans. Cette approche
à été utilisée comme critère
d'admissibilité à l'IPPTE. Seulement, dans un souci
d'évaluation dynamique de la soutenabilité, elle à
élaboré depuis 2003-2004, un nouveau cadre d'analyse de la
soutenabilité de la dette basée sur la dynamique prospective des
ratios d'endettement. Contrairement au document du point d'achèvement du
Cameroun qui s'est focalisé uniquement sur la soutenabilité de la
dette extérieure, notre analyse portera sur la soutenabilité
fiscale.
APPROCHE DE BOHN (1998).
Bohn (1998) presente une nouvelle approche
économétrique pour estimer la soutenabilité de la dette
publique. Les analyses et tests empiriques tels que défini par Blanchard
(1990) et d'autres auteurs qui lui sont contemporains sont limités car
elles se limitent à une évaluation exogène de la
contrainte budgétaire intertemporelle de l'Etat (Greiner et al. 2005).
Bohn (1998) trouve que les tests conventionnels10(*) sont restrictifs dans la mesure où ils
concluent trop rapidement à l'insoutenabilité d'une politique.
Comme alternative, il suggère d'évaluer comment le surplus
primaire réagit à l'augmentation du ratio de la dette. Si le
ratio du surplus primaire sur le PIB augmente de façon linéaire
ou quasi linéaire avec le ratio de la dette, la dette publique est
soutenable. L'idée derrière ce test est la suivante : si le
gouvernement peut faire évoluer le surplus primaire dans le même
sens que l'évolution du ratio de la dette, alors les mesures correctives
montrent que le gouvernement reste solvable. L'avantage de cette approche est
qu'elle est fondée sur une définition formelle et testable de la
soutenabilité.
La particularité de ce travail est l'utilisation d'une
méthode d'estimation non paramétrique qui ne présuppose
pas la forme fonctionnelle de la relation surplus primaire - ratio de la dette
publique. Les méthodes non paramétriques nous permettrons de
dériver la forme de la relation fonctionnelle au Cameroun. Pour ce
faire, nous allons utiliser les développements récents en analyse
statistique tels que développé Hastie et Tibshirani (1990, 1993)
qui élaborent une nouvelle classe de modèle flexible
appelée modèle GAM (Generalized Additive Model). Ces
développements sont aujourd'hui rendus pratiques grâce au
développement de nouveaux logiciels tels que S plus et R for
Windows11(*).
L'idée de base derrière cette classe de modèle est que
l'on ne spécifie aucune fonction paramétrique, mais on admet une
flexibilité de la relation en supposant que l'effet est lisse au sens de
la différentielle. La forme fonctionnelle est dérivée des
données soit en utilisant des estimations locales (méthode de
Kernel) ou les « spline smoothing »12(*).
Ce mémoire se présente comme suit :
§ Dans le chapitre 1, nous allons présenter un
modèle macroéconomique théorique d'analyse de la
soutenabilité fiscale contrainte par une règle fiscale. Cette
analyse théorique sera placée dans le cadre d'un modèle de
croissance endogène pour prendre en compte les perspectives de long
terme de l'analyse. Nous allons présenter dans ce chapitre quelques
exercices de simulations fondées sur le Calibrage du modèle par
les paramètres proches autant que possible de l'économie
Camerounaise.
§ Dans le chapitre 2, nous allons présenter
l'analyse de la soutenabilité fiscale au Cameroun selon l'approche
développée par le FMI. Plusieurs scénarios de gestion de
la dette publique au Cameroun après le point d'achèvement seront
développés dans le cadre de cette analyse.
§ Dans le chapitre 3, nous allons présenter
l'analyse de la soutenabilité fiscale au Cameroun selon l'approche
développée par Bohn (1998). Nous allons estimer la fonction de
réaction de la politique fiscale à partir des méthodes
d'estimations non paramétriques.
CHAPITRE 1. SOUTENABILITÉ FISCALE ET RÈGLES
FISCALES : UN MODÈLE DE SIMULATION.
INTRODUCTION.
La Soutenabilité des finances publiques et les
problèmes de politiques fiscales ont pris de l'ampleur dans les pays de
l'OCDE au milieu des années 1970 avec l'accroissement de ratio dette sur
PIB (Greiner et al , 2005). C'est à partir du milieu des années
1980 que ces problèmes deviennent importants dans les pays en
développement (La Chapelle Bizot, 2001). Au Cameroun, le problème
devient sérieux à partir du milieu des années 80.
Plusieurs mesures vont ainsi être prises par le gouvernement pour
subjuguer le problème. Parmi ces mesures figure en bonne place la
politique fiscale caractérisée par la compression des
dépenses publiques et une fiscalité plus austère. Avant
toute évaluation empirique de la politique fiscale, il est important
d'en faire une analyse purement théorique.
L'objectif de ce chapitre est d'évaluer de
façon théorique la capacité d'une règle fiscale
à assurer la soutenabilité des finances publiques dans un pays
à revenu faible comme le Cameroun tout en maintenant la tendance de
l'activité vers un niveau souhaitable. Cette soutenabilité est
guidée par la fonction de réaction de la politique fiscale
(règle fiscale) qui met en relation la balance primaire et les
écarts entre les valeurs courantes et des niveaux cible des ratios de
dette publique et de surplus primaire sur le PIB. L'idée ici est de
montrer que le gouvernement peut définir une règle de politique
fiscale13(*) qui
permettent à moyen terme de stabiliser les ratios dette et surplus
primaire quelles que soient les conditions initiales de l'économie.
Il existe une abondante littérature sur l'importance
des règles de politique fiscale et leurs propriétés en
matière de stabilisation et de Soutenabilité14(*). Les règles de
politique fiscales sont généralement considérées
comme un moyen pour les gouvernements d'éviter des niveaux de
fiscalité ou de dépenses gouvernementales qui ne maximise pas le
bien être social (Alesina et Perotti, 1995 ; Miseli-Feretti, 2004).
L'absence de règle introduit souvent des biais dans l'économie
conduisant à une explosion du ratio de dette. Le cadre d'analyse que
nous retiendrons doit permettre de mettre en exergue les possibles interactions
entre la dynamique de la dette publique et le taux de croissance de
l'économie. Les analyses de base dans le domaine sont dues à
Samuelson (1956) et Diamond (1965). Il s'agit de modèles à
générations imbriquées non efficients dans lesquels on
suppose qu'il existe l'altruisme intergénérationnel et que le
gouvernement peut emprunter pour assurer le service de sa dette
(mécanisme de jeu Ponzi). Or cette possibilité n'existe
pas lorsque l'économie est efficiente. Sidrauski (1967) considère
pour cela un modèle d'équilibre concurrentiel. Sur cette base,
Bohn (1995) montre que dans une économie d'échange dans laquelle
les agents ont une durée de vie infinie, le gouvernement ne peut
recourir au mécanisme de jeu Ponzi. La difficulté dans
ce cas est que les modèles d'équilibre générale
sont complexes et d'interprétation difficile. Par souci de
simplification, notre analyse sera basée sur un modèle à
générations imbriquées dans lequel ont suppose qu'il
n'existe pas d'altruisme intergénérationnel. En
considérant que la principale source de croissance économique est
l'accumulation du capital physique, De la Croix et Michel (2002) et Rankin et
Roffia (2003) analysent la Soutenabilité fiscale dans un tel
modèle. Fernandez-Huertas Moraga et Vidal (2004) introduisent dans
l'analyse l'endogénéité de la croissance
caractérisée par la formation du capital humain. Pour
éviter de traiter particulièrement des problèmes
d'investissement en capital humain, nous reprendront les analyses de
Annicchiarico et Giammarioli (2004) qui considère que
l'endogénéité de la croissance est plutôt
caractérisée par l'accumulation du savoir faire, ce qui ne change
rien au résultats.
Ce chapitre est organisé comme suit. La
première partie développera le modèle théorique et
présentera les conditions d'équilibre des marchés ;
la deuxième analysera les dynamiques qui régulent le taux de
croissance de l'économie et la règle de politique fiscale ;
enfin la troisième définira les paramètres du calibrage et
procédera à quelques exercices de simulation.
I. MODÈLE D'ANALYSE
THÉORIQUE : "OVERLAPPING GENERATION MODEL".
Le modèle de générations
imbriquées développé par Allais (1947), Samuelson (1965),
Diamond (1965) considère que les parents ont de l'altruisme
vis-à-vis des jeunes générations et choisissent des
dépenses d'éducation qui maximisent le revenu net futur
espéré du travail. En même temps ils sont conscients que le
rendement de l'éducation affecte les taxes sur le revenu. Les jeunes
générations ici payent les taxes et le gouvernement assure un
transfert aux vieilles générations. Un cadre enrichi pour cette
analyse est celui d'un modèle caractérisé par une
croissance endogène prenant en compte l'équilibre intertemporel
de l'Etat. Nous allons plutôt supposer qu'il n'existe pas de
solidarité intergénérationnelle et admettre que toute
politique fiscale affecte les transferts entre les générations
d'une part et peut générer un effet d'éviction sur
l'accumulation du capital physique d'autre part. Reprenons les analyses de
Annicchiarico et Giammarioli (2004) qui retiennent comme source de la
croissance économique l'accumulation du capital physique et de la
connaissance15(*).
L'idée de base est que l'accumulation des facteurs de production
à un niveau agrégé est indexée à la
connaissance et affecte positivement la production des entreprises.
Le modèle sera caractérisé par trois
agents économiques : les entreprises, côté offre du
marché, sont caractérisées par un accroissement
endogène de la production ; les ménages font un arbitrage
intemporel entre détention d'actifs privés et titres
publics ; le secteur public est caractérisé par un objectif
de convergence entre la dette publique et du surplus primaire.
I.1. ENTREPRISE
REPRÉSENTATIVE.
Nous considérons une économie constituée
d'un continuum d'entreprises identiques utilisant le capital physique et le
travail dans le processus de production. La fonction de production de la firme
i à la période t est donnée par la
fonction :
(1.01)
est le niveau du capital physique de la firme i au
début de la période t, est l'efficience technique qui prend en compte la qualité
technique du travailleur et l'efficience dans l'utilisation des
machines16(*) et
F(.) est une fonction croissante de ses deux arguments
présentant des rendements d'échelles constants. Le raisonnement
dans ce paragraphe est de considérer que le processus de production
génère des externalités positives. Ainsi la variable
d'efficience est une fonction croissante de l'intensité capitalistique
moyenne de l'économie. On peut redéfinir la production comme une
fonction du capital par unité efficiente de travail :
(1.02)
f (.) est une fonction strictement concave et .
Si on admet que les marchés sont parfaitement
compétitifs, la condition de maximisation du profit des entreprises
assure que le capital est rémunéré à sa
productivité marginale :
(1.03)
Par application du théorème de
l'épuisement du produit17(*), l'équation de Euler donne :
(1.04)
est le taux d'intérêt réel et est le salaire par unité de travail efficace. La variable
d'efficience étant une fonction croissante de l'intensité
capitalistique, le salaire primaire est :
(1.05)
la quantité de travail. En supposant les entreprises identiques,
la fonction production agrégée est égale à la somme
des fonctions de production individuelle. On obtient ainsi :
(1.06)
soit une fonction linéaire du capital à
rendements d'échelles constants. A représente la
productivité social marginal du capital. De façon similaire,
r sera la productivité privée marginale du
capital :
(1.07)
et le salaire primaire,
(1.08)
En appliquant une fois de plus le théorème de
l'épuisement du produit, on a :
(1.09)
I.2. MÉNAGES.
Le coté demande est décrit par les
ménages. D'une façon générale, on considère
que les ménages disposent d'un revenu salarial et maximisent l'utilité escomptée à temps :
(1.10)
p est le taux de mortalité, la consommation, U la fonction d'utilité et la préférence pour le présent. Le ménage
est contraint par sa fonction d'accumulation de richesse qu'on suppose
constituée de titres publics et de titres privés . Ces titres donnent droit à des annuités au taux
équitable d'un point de vue actuariel, soit . En nous ramenant au taux de natalité net (), le problème est formulé comme suit (Greiner et Semmler,
2000) :
les transferts que les vieilles générations
reçoivent des jeunes générations et l'épargne ou richesse.
Pontryagin et al (1962) montrent qu'on peut appliquer le
principe du maximum à des problèmes de contrôle optimal en
temps discret. Les conditions nécessaires (Principe du maximum)
appliquées à l'Hamiltonien en valeur courante donne le
système Hamiltonien suivant :
(1.11)
Si on suppose les préférences concaves, alors
cette condition est suffisante18(*). Pour des préférences logarithmique on
a :
(Règle de Keynes-Ramsey) (1.12)
En limitant le modèle à génération
imbriqué à deux périodes, on supposera que la jeune
génération j travaille et paye des taxes pendant que la vieille génération v
reçoit uniquement un transfert , rémunération de leurs titres publics et privés,
et n'épargnent pas. En appliquant la contrainte de chaque type d'agent
à la règle de Keynes-Ramsey, on obtient :
(1.13)
En supposant que les taxes et les rendements des actifs sont
proportionnels au salaire, on peut écrire :
(1.14)
est le taux de taxe inférieur à 1 et le rendement des actifs supposé strictement positif. Ainsi les
jeunes consommateurs accumulent leur richesse sous forme de titres publics et privés. Il n'y aura pas d'arbitrage donc pas d'éviction si les deux
taux sont les mêmes.
I.3. SECTEUR PUBLIC.
Le secteur public est caractérisé par l'Etat
qui a une durée de vie infinie et soumis à une contrainte
budgétaire intertemporelle (règle de jeu Ponzi). Ainsi :
(1.15)
est le surplus primaire donné par la différence entre les
taxes payées par les jeunes générations et les
bénéfices payés aux vieilles générations
) (1.16)
En limitant la contrainte à deux périodes on
obtient :
(1.17)
Il n'est pas possible d'appliquer le théorème de
l'équivalence Ricardienne (Barro, 1976) dans la mesure où nous
avons supposé qu'il n'existe pas de solidarité
intergénérationnelle. Ainsi, le régime de politique fiscal
caractérisé par la suite est l'unique de toutes les séquences que l'on puisse choisir de
façon indépendante étant donné que le
théorème de l'équivalence Ricardienne n'est pas
vérifié. En considérant toujours que les taxes et les
rendements des titres sont proportionnels au salaire, le gouvernement
possède deux instruments pour contrôler le surplus primaire, donc
sa dette : le taux d'imposition et le rendement des titres publics, .
I.4. EQUILIBRE DU
MARCHÉ.
D'après l'équilibre comptable
macroéconomique en économie fermée, la production se
repartie entre la consommation et l'investissement. La consommation totale en
temps t est la somme des consommations de la jeune et de la vieille
génération :
(1.18)
L'équilibre comptable peut être défini tel
qu'il suit :
(1.19)
La vieille génération détient tous les
titres publics et privés. En absence de solidarité
intergénérationnelle, la vieille génération
consomme toute sa richesse avant sa mort. Ainsi, sa consommation est
égale au montant de ses titres et des intérêts y
afférant reçus des entreprises et de l'Etat. En substituant
l'équation de la production globale (1.09) dans
l'équation (1.19) et en combinant avec la contrainte
budgétaire de l'Etat (1.17), on obtient :
(1.20)
L'équilibre global à partir de l'équation
comptable donne la relation qui existe entre l'épargne de la
première période et la valeur des titres à la
période suivante. L'épargne de la première période
devient de la richesse accessible à la seconde période tout en
assurant l'équilibre du marché des capitaux
(1.21)
En reprenant la valeur de l'épargne accumulée
par la jeune génération la condition (1.21)
devient :
(1.22)
On obtient que toute la richesse que détient la vieille
génération sous forme de titre est payée par la jeune
génération. Ainsi tout stock positif de la dette publique aura
tendance à évincer le capital physique. Cette
propriété du modèle est la base du
« résultat de l'équivalence » illustré
par Buiter et Kletzer (1992a, 1992b) .
PROPOSITION 1.1. Principe
d'équivalence de Buiter et Kletzer.
Quelque soit la suite de dette, il est toujours possible à partir d'un choix
approprié de la suite de retrouver la suite qui assure la contrainte budgétaire intertemporelle du
gouvernement.
II. POLITIQUE FISCAL ET
CONTRÔLE DE LA BALANCE PRIMAIRE.
L'objet de cette section est d'analyser la possibilité
pour le gouvernement de définir une règle de politique fiscale
qui assure la convergence vers la famille définie à la proposition 1. Le gouvernement peut le faire
de Trois façons :
§ agir uniquement sur le taux d'imposition, le rendement
des titres public inchangé ;
§ agir sur le rendement des actifs, le taux d'imposition
inchangé ;
§ agir simultanément sur les deux instruments.
L'économie telle que spécifiée est
décrite par les équations (1.16), (1.17) et
(1.22). En ramenant toutes ces équations en proportion de la
production, on obtient les relations suivantes :
, (1.23)
(1.24)
(1.25)
Où est la croissance de l'output, et , sont respectivement les ratios dette publique et surplus primaire sur
le PIB.
Marin (2002) considère que les finances publiques sont
soutenable lorsque sous une règle de politique fiscal, l'état
stationnaire est stable. Ainsi pour fermer le modèle il propose la
fonction de réaction de la politique fiscale suivante :
(1.26)
et sont les objectifs de long terme pour les ratios dette publique et
surplus primaire avec . Un seul des deux objectifs peut être identifié de
façon indépendante. Nous retiendrons et chercherons à déterminer . La règle fiscal de Marin (2002) implique la convergence des
deux paramètres et . Annicchiarico et Giammarioli (2004) appelé cette règle
fiscale la "règle". Les instruments et nous permettrons de l'implémenter.
II.1. TAUX D'IMPOSITION ET
RÈGLE FISCALE.
Dans ce premier cas, pour appliquer la règle fiscale
, nous allons considérer que le taux d'imposition
est déterminé de façon endogène, pendant que le
rendement des titres publics est fixé et constant, . Cette approche s'apparente à celle adoptée par le
gouvernement Camerounais pour faire face à son problème de
surendettement. Seulement, comme dans la plupart des pays en
développement, il ne s'agit pas d'une règle mais d'une politique
discrétionnaire.
En tirant le taux de taxe de l'équation
(1.23) et substituant dans l'équation (1.25) on
obtient une équation aux différences finies non linéaire
en caractérisant la dynamique de la croissance de
l'output :
(1.27)
Cette équation donne la valeur d'équilibre correspondant au surplus primaire pour donné. D'après la règle de Cauchy, , cette équation admet un équilibre stationnaire. Cet
état stationnaire est stable si le rendement des titres publics est
suffisamment inférieur au taux de croissance. Il est donc toujours
possible de déterminer les familles convergentes pour toute combinaison de paramètres avec l'instrument d'ajustement à la règle fiscale et les conditions initiales.
II.2. RENDEMENT DES TITRES PUBLICS
ET RÈGLE FISCALE.
Ici nous considérons le cas dans lequel le taux de
rendement des titres publics est l'instrument d'ajustement de la règle
, le taux d'imposition étant fixé et
constant. En reconsidérant l'équation (1.23)
avancée d'une période dans laquelle on tire le taux de rendement
et en substituant dans l'équation (1.25) on obtient une
équation aux différences finies en :
(1.28)
L'équation dynamique (1.28) admet un
équilibre stationnaire et d'après la règle de Cauchy, cet
équilibre est stable. Il est donc toujours possible de déterminer
les familles de récurrence convergentes pour toute combinaison de paramètres avec l'instrument d'ajustement à la règle fiscale et les conditions initiales.
II.3. APPROCHE MIXTE.
Cette dernière approche n'est pas très
réaliste dans la mesure où la croissance n'est pas un
phénomène exogène, mais endogène au système
économique. Dans ce cas on suppose que le gouvernement peut
contrôler simultanément le taux d'imposition et le taux de
rendement des titres pour ajuster la règle fiscale , et maintenir le taux de croissance de l'output constant
à son niveau de long terme . En substituant l'équation (1.23) dans
l'équation (1.25) on obtient
(1.29)
L'équation (1.29) décrit la dynamique
de la croissance, les deux instruments de politique fiscale étant les
paramètres de la dynamique. Ainsi, le gouvernement peut choisir les
suites de façon à obtenir un équilibre stationnaire
stable satisfaisant l'équilibre intertemporel des finances publiques.
L'équilibre macroéconomique est défini par les familles
convergentes pour tout donné avec pour conditions initiales . Les dynamiques des taxes et des rendements sont les
suivantes :
(1.30)
(1.31)
la dynamique de étant régit par la règle fiscale .
III. ANALYSES DES SIMULATIONS.
Dans cette section il est question, à partir de
quelques scénarios, de déterminer, sous la base de notre
modèle théorique, le nombre de période nécessaire
pour ramener le ratio dette sur PIB en dessous du niveau seuil19(*). Les exercices de simulation
nous permettrons de voir comment à partir de la règle fiscale
, l'on peut à moyen et long terme ramener la dette à un
niveau viable compatible avec la croissance des facteurs. Apres avoir
procéder au calibrage macroéconomique, nous allons analyser les
dynamiques de la dette publique, de la balance primaire.
III.1. CALIBRAGE
MACROÉCONOMIQUE.
Afin de calibrer nous allons considérer que chacune
des deux périodes est constituée de 30 années20(*). Contrairement à
l'approche classique, nous n'allons pas considérer que les deux
trentaines sont parfaitement séparées, mais plutôt qu'il
existe une imbrication entre les 60 années. En fait, un agent n'attend
pas forcement 30 années pour être considérée comme
faisant partie de la vieille génération. Cette hypothèse
assez forte montre la difficulté analytique que pose de façon
générale les modèle à deux périodes
(Annicchiarico et Giammarioli, 2004).
III.1.1. VARIABLE ENDOGÈNE
AU SYSTÈME.
Le taux d'intérêt de l'économie va
être fixé au niveau moyen de la rémunération des
dépôts auprès des banques secondaires au cours des 15
dernières années, soit . Nous allons considérer que les agents économiques sont
assez patients et ont une préférence pour le présent
faible, soit. Le taux de rémunération des titres publics va être
maintenu au niveau défini par le gouvernement Camerounais pendant le
processus de titrisation de sa dette intérieure. On retiendra donc . Le taux d'imposition sera fixé au niveau moyen des 10
dernières années du ratio des recettes fiscale hors commerce
international sur le PIB, soit 21(*).
III.1.2. VARIABLES OBJECTIF.
Il s'agira ici de fixer les objectifs de long terme en
matière de croissance de l'économie et des ratios dette et
surplus primaire sur PIB. Les exercices de simulation vont être
exécutés sur la base de deux cibles en matière de ratio
dette sur PIB. Dans un premier temps, nous allons déterminer le nombre
de période nécessaire pour ramener le ratio dette sur PIB
à 70% tel que défini par les accords CEMAC. Dans un
second temps, nous procéderons aux simulations pour un niveau de ratio
40% tel que défini par les AVD-PPTE22(*) (IMF, 2006). Ces niveaux de
ratio représentent annuellement 2,33% et 1,33%
respectivement. Le niveau cible du surplus primaire peut être choisi de
façon arbitraire. Le plus important est que le surplus puisse soutenir
le service de la dette et respecter la règle fiscale. Marin (2002) fixe
ce niveau à 0. le niveau de croissance cible est le taux de long terme
compatible avec le développement et l'équilibre intertemporel de
l'Etat. Comme IMF (2006) nous retiendrons le niveau cible . Les travaux spécifiques à l'Afrique subsaharienne en
matière de comptabilité de la croissance montrent que le
rendement social du capital efficient est très faible et parfois
négatif (Collins et Bosworth, 1996 ; Kobou, 2002). Nous retiendrons
donc .
III.1.3. PARAMÈTRE DE LA
RÈGLE .
Pour définir les paramètres qui assurent la stabilité de l'état
stationnaire, nous allons supposer que le taux de croissance est constant et
reprendre le système formé des équations (1.24)
et (1.26). Apres substitution de (1.26) dans (1.24)
le système peut être réécrit sous la forme
matricielle suivante23(*) :
Soit .
L'équilibre stationnaire de la dynamique de la dette
et de celle du surplus primaire est globalement stable si les valeurs propres
de la matrice A sont en module inférieures à l'unité
(Dameron, 2001). De ce système on obtient les valeurs propres
suivantes :
,
avec .
La condition de stabilité s'écrira 24(*). En
appliquant les paramètres tels que définis dans le calibrage, on
obtient et pouvant prendre des valeurs assez grandes. Ainsi si et que est suffisamment grand, on observera un convergence cyclique qui va
aller au delà de la cible au cours de la dynamique. Par contre si , quelque soit , on observera une convergence régulière.
III.2. SIMULATION DES DYNAMIQUES
DE DETTE ET DE BALANCE PRIMAIRE.
Dans cette partie, nous allons étudier les dynamiques
des ratios de la dette publique et du surplus primaire sur le PIB sous trois
alternatives qui permettent d'implémenter la règle fiscale
telle que présentée à la
deuxième section. L'analyse sera développée telle qu'il
suit. Nous allons identifier les combinaisons de paramètre de l'équation de réaction de la politique fiscale
(1.26) qui assure la convergence des ratios vers les objectifs du
gouvernement en un nombre minimal de périodes. Ainsi, nous allons
simuler le modèle en prenant en compte la combinaison de
paramètres qui garanti la convergence à temps minimum pour
différent niveau de ratio dette initial . Nous supposerons que la règle commence à être opérationnelle
à partir de la période . Nous allons supposer que le niveau de croissance initial est à
son niveau de long terme et le niveau du surplus primaire égale à zéro,
. Nous allons présenter les simulations dans trois cas de figure
: le premier considère le taux d'imposition comme l'instrument fiscal,
le second la rémunération des titres publics comme instrument et
finalement l'approche mixte que consiste à conjuguer les deux
instruments.
III.2.1. TAUX D'IMPOSITION COMME
INSTRUMENT DE LA RÈGLE FISCALE.
Une fois que l'espace des paramètres qui assure la
convergence est déterminé, nous retenons pour les simulations les
valeurs des paramètres qui maximisent la vitesse de convergence vers le
niveau objectif du gouvernement en matière de ratio dette (70% du PIB).
Pour cela nous retiendrons25(*) : et . Pour une dynamique de fluctuations impropres et et pour une dynamique régulière.
Les figures 1 à 3 montre les résultats
des simulations avec les paramètres calibrés à : et . On constate que allant d'un niveau de ratio de dette publique de 115%
il est nécessaire d'élever le surplus primaire pendant la
première période à 6,05% et 7,25% pour les objectifs de
70% et 40% respectivement. L'impact du taux d'imposition et du mécanisme
de la règle fiscale entraînent des fluctuations de l'activité
économique au point où pour certaines périodes, l'objectif
du gouvernement est dépassé. Les figures indiquent une longue
dynamique autours du niveau objectif du ratio entraînée
principalement par les fluctuations de l'output autour de l'état
stationnaire.
De façon plus précise, si on considère
la première dynamique (figure 1), dans les deux périodes
suivantes, le ratio de la dette va au delà de l'objectif du
gouvernement, nécessitant ainsi une baisse du surplus. La
réduction du ratio du surplus primaire entraîne une augmentation
du ratio de la dette dans la troisième période. Le processus
continu jusqu'à ce que le ratio de la dette atteigne le niveau objectif.
Lorsque l'objectif est 40%, il faut dès le départ deux
augmentations successives du surplus avant une baisse à la
troisième période. En bref, l'application du mécanisme de
la règle peut entraîner une dynamique cyclique de la dette publique et du
surplus primaire et être la source de fluctuations endogènes du
taux de croissance de l'économie.
Le tableau 1.1 montre que la règle fonctionne relativement bien pour des paramètres
intermédiaires de et de grande valeur de. On observe qu'il n'existe pas une relation monotone entre les
paramètres de la règle fiscale et la vitesse de convergence. Mais
toutefois, l'amplitude des oscillations diminue avec la valeur de jusqu'à un niveau et diminue par la suite. De la Croix et Michel
(2002) montrent que de telles fluctuations peuvent apparaîtrent lorsque
le gouvernement maintien le déficit constant.
Les figures 4 à 6 montrent les résultats des
simulations avec les calibrages et . Les résultats ne changent pas pour la première
période. Par contre, la dynamique n'est plus cyclique. Etant
donné que la politique a été agressive, dans la seconde
période le mécanisme de la règle fiscale nécessite
une baisse du ratio de surplus primaire. La baisse, à quelques
variations prêtes baisse jusqu'à ce que le ratio de dette atteigne
la cible fixée.
En observant la figure 6 on constate que pour
atteindre la cible, le taux d'imposition doit être
considérablement augmenté de façon à garantir un
surplus suffisant pour réduire l'encours de la dette. L'augmentation
initiale sera d'autant plus élevée que la cible est
éloignée. Ensuite la taxe va diminuer entraînant ainsi une
baisse progressive du surplus primaire sans conséquence néfaste
pour le processus d'ajustement. La figure 5 indique que l'ajustement
va entraîner dans une première période une récession
qui va se rétablir et conduire l'économie vers un nouvel
état stationnaire légèrement plus faible.
III.2.2. RENDEMENT DES TITRES
PUBLICS COMME INSTRUMENT DE LA RÈGLE FISCALE.
Lorsque l'instrument d'ajustement utilisé par les
autorités fiscales est le rendement des titres publics, il existe pour
les paramètres fixés dans la section précédente une
politique fiscale convergente. De façon spécifique, le
paramètre qui gouverne l'ajustement de la balance primaire doit être compris entre 0,0046 et 1 pour fixé. Comme précédemment nous observons deux types
de dynamiques.
Les figures 7 à 9 montrent le résultats des
simulations pour les paramètres et . La figure 7 qui représente la dynamique des ratios de dette et
de surplus primaire indique un mouvement cyclique convergent vers la cible
défini par le gouvernement. Dans la figure 9, on observe que le
rendement des titres publics dans un premier temps diminue entraînant une
croissance de l'output (figure 8). Pendant le processus de l'ajustement, les
fluctuations endogènes de l'activité se réduisent et
l'économie fini par converger vers un état stationnaire
légèrement plus faible. L'amplitude des fluctuations sera
d'autant élevée que la cible est éloignée de la
position initiale et la vitesse de convergence d'autant faible.
Les figures 10 à 12 montrent les résultats des
simulations pour les paramètres et . La figure 10 indique que le ratio dette suit un sentier
décroissant vers la cible. Le gouvernement peut faire une titrisation de
sa dette en émettant de nouveaux titres à des taux très
faibles. Cette situation va relancer l'activité économique
à la première période, améliorant ainsi le surplus
primaire. A mesure que l'échéance de la dette va approcher, son
rendement va augmenter réduisant l'activité. Le processus
d'ajustement va continuer jusqu'à convergence vers les niveaux de long
terme du rendement des titres publics et de la croissance de
l'activité.
Le tableau 1.2 montre que la vitesse de convergence dans le
cas cyclique est moins élevée pour un l'ajustement par le
rendement des titres que pour l'ajustement par le taux d'imposition. Par contre
elle semble identique dans le cas d'une convergence régulière.
D'une façon générale on peut penser que lorsque le
rendement des titres est utilisé comme instrument d'ajustement de la
règle fiscale, la convergence vers la cible quelque soit la cible se
réalise en moins de période que si le taux d'imposition est mis
en oeuvre de façon endogène.
III.2.3. APPROCHE MIXTE DE LA
RÈGLE FISCALE.
Nous allons maintenant analyser le régime fiscal sous
lequel le gouvernement est supposé mettre en oeuvre un taux d'imposition
et un rendement qui assure les mécanismes de la règle fiscale
et maintenir l'activité économique à son
état stationnaire. Dans ce cas de figure, l'espace des valeurs et qui assure la convergence est plus large.
Les figures 13 à 15 présentent les dynamiques
de l'économie pour les paramètres et . Dans cette dynamique, le rendement des titres publics doit baisser
à la première période pendant que le taux d'imposition
augmente de façon à observer la règle fiscale et maintenir
fixe le taux de l'activité économique.
Les figures 14 et 15 montrent la dynamique de la
fiscalité à travers le sentier d'ajustement du ratio de dette.
Nous observons des fluctuations endogènes des taux d'imposition et des
rendements des titres publics autour de leur niveau de long terme. Les
fluctuations dans ce cas ne sont pas dû à la valeur de , mais à l'utilisation combinée des deux instruments
fiscaux qui s'ajustent continuellement de façon à assurer en tout
temps la règle fiscale et la fixité de l'activité.
Contrairement à la figure 13 qui indique une
convergence régulière, la figure 16 dans laquelle les
paramètres sont et , on observe une convergence cyclique.
Le tableau 1.3 indique le nombre de période
nécessaire pour que l'économie atteigne la cible fixée par
les décideurs de politique économique. On observe que la
combinaison des deux politiques fiscales donne un meilleur ajustement pour des
paramètre élevés de . En comparant le tableau 3 avec les tableaux 1 et 2 on constate qu'avec
l'approche mixte l'économie converge plus rapidement pour un grand
nombre de combinaison des paramètres.
CONCLUSION.
L'objectif de ce chapitre était de montrer
théoriquement qu'il est possible d'assurer la soutenabilité
fiscale à moyen et long terme grâce à la mise en oeuvre
d'une règle de politique fiscale. Nous avons repris les analyses de
Annicchiarico et Giammarioli (2004) dans le cadre macroéconomique du
Cameroun. Pour cela nous avons développé un modèle
à générations imbriquées réduit à
deux périodes dans lequel la croissance est endogène et
générée par l'accumulation du savoir faire. La
règle de politique fiscale dans cette analyse mettait en relation la
balance primaire courante et les écarts des ratios dette et surplus aux
valeurs cibles définies par les autorités publiques. A la
différence de Annicchiarico et Giammarioli (2004), nous avons
présenté les exercices de simulation pour plusieurs cibles
objectif.
Pour assurer le respect de la règle fiscale, les
autorités ont deux instruments fiscaux : le taux d'imposition et le
rendement des titres. Pour stabiliser le niveau de l'activité, les
autorités peuvent utiliser conjointement les deux instruments. Les
exercices de simulation nous ont permit d'explorer un certains nombres de
sentiers de convergences en fonction des objectifs et des paramètres
caractérisant la règle fiscale qui régit le secteur
public.
Nos exercices de simulation basés sur les
paramètres macroéconomiques du Cameroun ont montré que la
mise en oeuvre d'une règle de politique fiscale conduit à des
fluctuations de l'activité économique autour de l'état
stationnaire et assure la convergence cyclique des ratios de dette sur PIB
autour de la cible de politique économique de long terme. Il est
important de noter qu'en faisant varier les paramètres de la
règle fiscale, l'évolution des processus d'ajustement n'est pas
monotone. Donc il n'est pas toujours évident de définir ex-ante
les paramètres de la règle qui assure la vitesse maximale de
convergence. Toutefois, nous avons obtenu que les amplitudes des fluctuations
sont d'autant plus élevées que la cible est
éloignée de l'état initial.
Le résultat le plus important dans nos exercices de
simulation est que la vitesse de convergence dépend fortement de
l'instrument fiscal utilisé par les autorités. La plus grande
vitesse de convergence a ainsi été observée lorsque les
autorités utilisent conjointement le taux d'imposition et le rendement
des titres publics. Réduire le rendement des titres publics au lieu
d'augmenter la taxe a moins d'effets pervers sur l'activité et sur la
vitesse d'ajustement de la dette publique. Pour stabiliser le niveau de
l'activité économique tout en assurant la convergence de la
règle fiscale, il est souhaitable pour les autorités d'utiliser
conjointement les deux instruments.
ANNEXE DU CHAPITRE 1 : Tableaux et
figures
CHAPITRE 2. SOUTENABILITÉ FISCALE AU CAMEROUN :
APPROCHE DU FMI.
INTRODUCTION.
Dans le chapitre 1, nous avons montré que assurer la
soutenabilité fiscale revient théoriquement à respecter la
règle de politique fiscale développée par Marin (2002). La
difficulté que pose cette approche purement théorique est qu'elle
n'est pas développée en fonction des agrégats réels
de l'économie. Les résultats des simulations du chapitre 1 sont
fondés uniquement sur des hypothèses fortes de l'économie.
Il est pour cela important de se ramener à une méthode
d'évaluation plus réaliste de la soutenabilité qui prendra
en compte non seulement des observations actuelles de l'économie mais
aussi son évolution historique.
L'objectif de ce chapitre est d'évaluer la
soutenabilité fiscale au Cameroun selon l'approche du FMI. Cette
approche est fondée sur l'observation de certains ratios
d'endettement.
L'une mission principale du FMI tel que inscrit à
l'Article IV du statut du FMI est la surveillance des économies dans le
monde. Le FMI est ainsi tenu de faire un recueil des données sur
l'évolution des économies dans le monde. Le principe du
« Use of Fund resources » conduit l'institut à faire
des analyses sur la santé financière des économies en
programme ou pas avec lui. Le FMI a développé un cadre d'analyse
de la soutenabilité pour les économies de marché
significatif couvrant les pays industrialisés et les pays
émergents (FMI, 2002b ; 2002ce). Vu la
défaillance observée dans les marchés des pays à
faible revenu, FMI (2004) a redéfini le cadre permettant de faire
l'analyse de la soutenabilité dans ces pays et d'en déduire des
implications en matière de politique économique.
Plusieurs cadres d'analyse de la viabilité de la dette
(AVD)26(*) ont ainsi
été élaborés pour analyser la viabilité
fiscale dans les pays à faible revenu. Tous ces cadres sont
fondés sur la notion d'ajustement ordonné (Daumont et
al. 1999). L'ajustement ordonné est une correction des
déséquilibres économiques par la mise en oeuvre de mesure
d'ajustement cohérentes, qui assurent à la fois la stabilisation
à court terme et la croissance à moyen terme. Le premier cadre
dit du « Prêt par prêt » avait pour objectif de
déterminer à travers l'observation de certains ratios si un pays
était ou non éligible à l'initiative PPTE. On calculait
ainsi le montant de réduction de dette nécessaire pour ramener le
pays en dessous des niveaux seuils. Le second cadre appelé
« nouveau cadre d'analyse de la viabilité » est plus
un modèle de surveillance destiné au pays PPTE comme au pays non
PPTE. Il permet d'observer au file des périodes les déviations
des ratios cible des niveaux seuil de façon à prendre des mesures
correctives. L'idée sous-jacente à ce cadre d'analyse est de
maintenir la politique fiscale sur la règle fiscale de Marin (2002).
Nous allons donc appliquer le nouveau cadre d'analyse pour
évaluer la soutenabilité fiscale au Cameroun après
l'atteinte du point d'achèvement. Une telle évaluation est
centrée sur les stratégies d'emprunt souhaitable qui limitent les
risques de surendettement.
Ce chapitre est organisé comme suit : La
première section, rappellera les fondements théoriques de
l'approche du Fond Monétaire International et les mécanismes
d'implémentation de cette approche ; la deuxième,
présentera les principaux résultats des analyses de
viabilité fiscale selon l'approche du FMI.
I. ANALYSE THÉORIQUE :
UNE APPROCHE PAR LA BALANCE DES PAIEMENTS27(*).
Depuis sa création, le Fond Monétaire
International a pour mission d'évaluer la position extérieure de
ses Etats membres, tant aux fins de la surveillance multilatérale des
politiques économiques que dans le cadre particulier du suivi de
l'utilisation des ressources empruntées au FMI Dans cette
première partie, nous allons présenter le cadre conceptuel
théorique de l'approche de la balance des paiements et le nouveau cadre
des analyses de viabilité fiscale du FMI.
I.1. CADRE CONCEPTUEL DE LA
BALANCE DES PAIEMENTS.
Dans le manuel de la balance des paiements publié par
le FMI, la balance des paiements est un état statistique où sont
systématiquement résumées, pour une période
donnée, les transactions d'une économie avec le reste du monde.
Du point de vu statistique, il importe de faire une présentation de la
balance des paiements et l'interrelation existant entre les comptes nationaux
et la balance des paiements.
I.1.1. PRÉSENTATION DE LA
BALANCE DES PAIEMENTS.
Il convient pour des raisons statistiques d'ordonner les
transactions de la balance des paiements selon une structure comptable
cohérente, la présentation type. Or du point de vue de
l'économiste, une présentation différente facilite
l'utilisation de la balance des paiements aux fins de l'analyse des tendances
récentes et l'établissement de projections. En raison de son
utilisation dans la prise de décision, nous allons faire une
présentation analytique.
La présentation analytique est un condensé de
la version intégrale de la balance des paiements type et tend à
faire ressortir les soldes significatifs en termes de politique
économique. Cette présentation est celle
généralement adoptée dans les publications des pays. L'un
des principaux objectifs de la balance des paiements est de mettre en
évidence un déséquilibre extérieur qu'il y a lieu
de corriger. Les soldes les plus pertinents sont ceux de la balance
commerciale, de la balance des transactions courantes et de
la balance globale.
La balance globale est égale au solde des transactions
courantes plus le solde des transactions en capital et des transactions
financières. Les déficits de la balance des paiements sont
généralement financés par une baisse des avoirs
extérieurs nets sauf dans des cas exceptionnels. Pour faire face aux
déséquilibres de la balance des paiements, les pays peuvent
recourir non seulement aux avoirs de réserve, aux ressources du FMI, aux
engagements constituant des réserves pour les autorités
étrangères et aux dispositions de financements exceptionnels. Le
financement exceptionnel suppose que les autorités nationales des pays
endettés engagent des négociations en vue d'un tel concours
financier. Le financement exceptionnel peut se présenter sous plusieurs
formes28(*) :
§ Le rééchelonnement des
obligations au titre de la dette extérieure consiste à remplacer
un contrat existant par un autre contrat qui retarde l'échéance
des paiements du titre du service de la dette.
§ La remise de dette est l'annulation volontaire, de la
part d'un créancier, d'une partie ou de la totalité d'une dette
ou du service de la dette.
§ Les conversions de dettes en titres de
participation sont des opérations par lesquelles l'investisseur non
résident échange, généralement avec une
décote, des créances d'un pays contre des participations au
capital d'entreprise de ce pays.
§ L'accumulation des arriérés de paiements
au titre du service de la dette représentent une absence de paiement du
montant des intérêts et/ou du principal échu.
La balance des paiements est constituée de deux grands
comptes, le compte des transactions courantes et le compte de capital et
d'opérations financières et les réserves.
Ø Le solde de la balance courante est
un indicateur utilisé pour juger de la position extérieure d'une
économie. L'appréciation de son caractère soutenable
à moyen terme doit s'appuyer sur l'analyse des flux de capitaux
extérieurs. Il est constitué de deux grands postes, la
balance commerciale et la balance des services, revenus et
transferts courants. La balance commerciale est la
différence entre les exportations et les importations des biens. Elle
est simple à élaborer grâce aux statistiques
douanières. Un élément important dans l'analyse de la
balance commerciale est « les termes de l'échange ».
Les termes de l'échange constituent un indicateur du pouvoir d'achat des
exportations, lequel influe à son tour sur la production et le revenu
intérieur. Les transactions des services sont formées
essentiellement des transports, des assurances, des services financiers et des
services de conseil. Les revenus englobent à la fois le revenu
du travail et les revenus financiers et son remboursement fait partie du
service de la dette. Les transferts courants se décomposent en
transferts des administrations publiques, qui relèvent de la
décision des pays donateurs et des transferts du secteur
privé.
Ø Le compte de capital et d'opérations
financières est celui qui s'est considérablement
détérioré au cours des années de crise. Il
représente ainsi le compte le plus suivi dans l'analyse de la
viabilité fiscale. Ce compte enregistre d'une part le financement non
monétaire, les opérations de capital, les investissements directs
étrangers (IDE) et les emprunts extérieurs nets
(EEN) ; et d'autre part le financement monétaire
(variation des réserves ou ). La somme doit être égale à la balance des
transactions courantes. Ainsi, les sources de financement des transactions
courantes (CA) peuvent être résumées comme suit :
..... (2.01)
.Ainsi, en cas de déficit du compte des transactions
courante, si le pays ne bénéficie pas d'entrées
suffisantes de capitaux, il devra mettre en place une politique propre pour
attirer les capitaux étranger ou recourir à l'emprunt
extérieur. Ce compte fait ressortir : l'encours de la dette et les
opérations financières connexes, les réserves brutes et
nettes, le niveau approprié des réserves.
§ La dette publique extérieure est la somme des
engagements contractuels des résidents vis-à-vis des
non-résidents. Ces engagements sont à la charge de l'Etat. Par
encours de la dette on entend le montant restant à rembourser du
principal effectivement décaissé. Il faut noter que l'acquisition
de titre de participation par un investisseur étranger ne constitue pas
une obligation contractuelle, dont n'ajoute rien à la dette
extérieure. Il y'a un rapport entre le stock de la dette brute et les
flux enregistré au compte de capital et d'opérations
financières.
(2.02)
avec et l'encours de la dette extérieure décaissée
à la fin de période t et t-1
respectivement ; décaissements des nouveaux emprunts extérieurs pendant la
période t ; l'amortissement de la dette extérieure pendant la période
t ; la réévaluation du stock de la dette extérieure
existant à la fin de la période t.
§ Pour classer les réserves, on tient compte des
avoirs détenus par les autorités monétaires et les
transactions du système bancaire intérieur. Dans une telle
approche, les banques commerciales sont d'ordinaire libres de décider de
la structure de leurs avoirs et engagements. Mais pour être classé
parmi les avoirs extérieurs, un actif doit être placé sous
le contrôle effectif des autorités monétaires qui doivent
pouvoir en disposer immédiatement pour financer les
déséquilibres extérieurs. Mais dans le cas du Cameroun qui
a renoncé à la politique monétaire au profit d'une
institution supranationale, le financement des déficits de fait en
partie par l'endettement extérieur.
I.1.2. RELATION ENTRE LES COMPTES
NATIONAUX ET LA BALANCE DES PAIEMENTS.
Nous allons nous limiter à l'approche fiscale de la
balance des paiements ou approche épargne-investissement de la balance
des paiements qui permet de prendre en compte le secteur privé national.
Nous partons de l'égalité comptable
macroéconomique :
(2.03)
avec le produit intérieur brut, les importations des biens et services, la consommation finale, l'investissement brut et les exportations de biens et services.
En soustrayant les dépenses de consommation finale du
PIB on obtient l'épargne intérieure. La différence entre
l'épargne intérieure et l'investissement est égale au
solde entre exportations et importations
. (2.04)
En ajoutant le revenu net des facteurs (RNF) et les transferts
courants nets avec le reste du monde (TRN) des deux côtés de
l'équation (2.04), on obtient que le solde courant de la
balance des paiements (CA) est égale à l'écart
épargne nationale et investissement
Donc
(2.05)
S l'épargne nationale brute. En décomposant
l'épargne et l'investissement entre le secteur des administrations
publiques (g) et le secteur privé (p), on obtient l'équation de
l'approche fiscale de la balance des paiements
(2.06)
Si pour un pays à une période donnée, on
observe un déficit du compte courant de la balance des paiements, il
peut être interprété soit comme une insuffisance de
l'épargne par rapport à un niveau d'investissement donné,
soit comme un excès d'investissement pour un niveau d'épargne
donné. La ventilation entre le secteur des administrations publiques et
le secteur privé permet d'identifier l'origine de l'écart. Si on
admet un lien entre épargne-investissement et solde du compte courant
extérieur, la politique économique appropriée pour
résorber l'éventuel solde déficitaire est d'augmenter
l'épargne et/ou réduire l'investissement. On peut
différencier plusieurs situations que l'on peut schématiser en
deux cas :
(i) Dans le premier cas, le déficit du compte courant
reflète essentiellement le déficit public. La coexistence d'un
déficit du compte courant extérieur et d'un déficit public
est parfois qualifiée de « déficit jumeaux ».
la politique à mener pour réduire le déficit
extérieur est de réduire le déficit public. Ceci doit
être vu comme une relation comptable et non une relation causale. En
effet un accroissement du déficit budgétaire peut par effet
d'éviction conduire à une amélioration du solde des
transactions courantes. Si les agents privés anticipent un
déficit budgétaire comme un alourdissement futur de la charge
fiscale face au surcroît de service de la dette à assurer du fait
de la détérioration du solde budgétaire, ils peuvent
décider d'accroître leur épargne (Equivalence
Ricardienne).
(ii) Dans le deuxième cas, le déficit du compte
courant reflète essentiellement un déficit du secteur
privé. Cette situation n'est pas généralement observable
dans les pays sur de longues périodes car les agents qui opèrent
sur les marchés financiers cessent rapidement de prêter à
des agents déficitaires. Elle caractérise les pays en
développement dans lesquels les investissements et parfois la
consommation sont financés par des entrées de capitaux.
I.2. NOUVEAU CADRE
D'ÉLABORATION DES ANALYSES DE VIABILITÉ.
Il existe deux cadres d'analyse de la viabilité de la
dette. Le premier cadre permet uniquement de définir et tester
l'éligibilité d'un pays à l'initiative PPTE en observant
le niveau de des ratios clefs définis par le FMI. Le nouveau cadre, tout
en maintenant les niveaux seuil des ratios défini pour le test
d'éligibilité, est plus focalisé sur une analyse
prospective. Ce cadre est adapté pour les pays qui ont soit
déjà été admis à l'initiative ou alors
déjà atteint le point d'achèvement. Nous allons ici
présenter les piliers sur lesquels reposent cette analyse et indiquer le
mode d'implémentation machine du module AVD. Notre analyse ne se
limitera pas comme la plupart des études à la viabilité de
la dette extérieure, mais à la viabilité fiscale qui
intègre la dette intérieure.
I.2.1. PILIERS DE L'ANALYSE DE LA
VIABILITÉ.
Le nouveau cadre d'analyse de la viabilité de la dette
(AVD) des pays à faible revenu (PFR) repose sur trois piliers
principaux :
§ Une analyse prospective normalisée de la
dynamique de la dette et du service de la dette selon un scénario de
référence et face à des chocs plausibles ;
§ Une évaluation de la viabilité de la
dette par rapport à des seuils d'endettement indicatifs propres à
chaque pays, qui dépendent de la qualité des politiques et des
institutions ;
§ Une stratégie d'emprunt souhaitable qui limite
les risques de surendettement.
Ce nouveau cadre à été normalisé
pour simuler les dynamiques de la dette publique des PFR sur une vingtaine
d'années. Les taux d'intérêt utilisés pour
évaluer la valeur actualisée nette (VAN) sont fixes et uniforme
sur la période et Les taux de change sont définis selon les
perspectives mondiales. L'objectif de ce pilier est de tester la
vulnérabilité du pays à des écarts
systématiques par rapport au scénario de référence
et à divers chocs exogènes.
La viabilité de la dette est évaluée
selon la dette et le service de la dette par rapport aux capacités de
remboursement. Les indicateurs du service de la dette permettent de mesurer le
poids que cette dette exerce sur le pays en évinçant les autres
utilisations des ressources déjà rares. Dans le nouveau cadre
d'analyse on utilise trois ratios VAN de la dette (sur le PIB, sur les
exportations et les recettes) et deux ratios du service de la dette (sur les
exportations et sur les recettes). Sous la base de l'expérience et de
l'observation empirique, le FMI atteste que le niveau d'endettement soutenable
pour un PFR dépend de la qualité de ses politiques et de ses
institutions. La qualité des politiques d'un pays est mesurée par
l'indice EPIN (Evaluation de la politique et des institutions nationale)
développé par la Banque Mondiale. Cet indice est classé en
trois catégories, bonne moyenne et médiocre. Le Cameroun en 2004
avait un indice classé en catégorie moyenne. On lui appliquera
donc un seuil de 40% pour le ratio VAN dette publique/PIB, un seuil de 250%
pour le ratio VAN dette publique/recettes budgétaires et un seuil de 25%
pour le ratio service de la dette/recettes publiques. Ces seuils ne doivent pas
être considéré comme des plafonds rigides mais comme des
repères visant à guider l'évaluation.
Le dernier élément est le risque de
surendettement. Il est classé en quatre catégories :
§ Le risque faible : Tous les indicateurs sont de
loin inférieurs aux seuils pertinents d'endettement propre à
chaque pays.
§ Le risque modéré : Le
scénario de référence n'indique certes pas le non-respect
des seuils, mais les tests de résistance font état d'une forte
hausse des ratios du service de la dette par rapport à la période
de projection.
§ Le risque élevé : le scénario
de référence indique le non respect des niveaux seuil sur la
période de projection.
§ Situation de surendettement : les ratios actuels
de la dette et du service de la dette s'écartent sensiblement et/ou
systématiquement des seuils.
I.2.2.
IMPLÉMENTATION DU MODULE AVD
L'analyse de viabilité fiscale est proposée par
les services du FMI dans un module EXCEL automatisé
dénommé Fiscal Template. Ce module comporte plusieurs
feuilles regroupées en cinq catégories : une feuille
d'entrée de données, deux tables de sortie de résultats,
une sortie graphique de résultat, un ensemble de feuilles permettant les
différents calculs et une feuille sur les instructions.
§ La feuille d'entrée (Input_fiscal)
nécessite les informations les agrégats macroéconomiques
clef défini comme le scénario de base et les hypothèses
sur le traitement des emprunts.
§ Le premier tableau (Table_baseline) de résultat
présente l'évolution du ratio dette publique sur PIB sous les
hypothèses du scénario de base. Il présente aussi la
décomposition de cette évolution selon les postes clefs. D'autres
indicateurs sont présentés sur ce tableau, notamment la le ratio
VAN de la dette/PIB, le besoin de financement, le ratio VAN de la dette sur
recettes budgétaires, le ratio service de la dette sur recette
budgétaire et le déficit primaire qui stabiliserait le ratio
dette sur PIB.
§ Le second tableau (Table_tests) montre une image de la
charge de la dette et la capacité du pays à l'assurer. Il
présente les analyses de sensibilité et de robustesse des
indicateurs de soutenabilité aux changements des hypothèses et
des paramètres de base. Cette analyse distingue trois scénarios
alternatifs et cinq tests de restriction.
§ La feuille des graphiques présente la dynamique
des principaux ratios suivant les différents scénario. Ces
graphiques permettent l'interprétation et les conclusions des analyses
de viabilité de la dette.
§ Toutes les autres feuilles représentent des
feuilles de calcul qui permette de mettre en relation le cadre
macroéconomique dans son ensemble.
II. EVALUATION ET
INTERPRÉTATION DE LA VIABILITÉ FISCALE AU CAMEROUN.
L'analyse de viabilité de la dette d'un ayant
déjà atteint le point d'achèvement diffère
considérablement de l'analyse classique. Ceci dans la mesure où
les hypothèses sur l'atteinte ou non du point d'achèvement et les
assistances deviennent des données et ne font plus partie des
alternatives d'analyse. Pour cela notre analyse de viabilité est
focalisée sur l'approche prospective.
Nous allons dans un premier temps, évaluer la
viabilité fiscale au Cameroun après point d'achèvement
selon un scénario de base et un scénario alternatif. Dans un
second temps, nous allons analyser l'effet des chocs et des nouvelles
perspectives d'endettement sur la dynamique de la dette.
II.1. VIABILITÉ FISCALE AU
CAMEROUN APRES LE POINT D'ACHÈVEMENT.
Dans cette analyse, nous allons considérer que le
gouvernement après 2008, va maintenir une politique prudente
d'endettement tel que préconisée par le FMI. Ceci notamment en se
limitant aux emprunts fortement concessionnels, c'est à dire qui
comporte un élément-don d'au moins 35%29(*). Ainsi la période de
maturité des nouveaux prêts doit être d'au moins 14 ans dont
huit ans de période de grâce. Le taux d'intérêt
applicable est le TICR30(*) diminué de 2,30 point pour les
maturités comprises entre 20 et 30 ans et 2,5 point pour les
maturités de 30 ans. Cette diminution est divisée par deux pour
des taux est inférieur à 7%.
Sous réserve des dernières mises à jour
de la base de donnée de la CAA31(*) et de la signature des différents accords
bilatéraux, nous allons d'une part évaluer la viabilité
fiscale au sens classique du terme au troisième trimestre 2006 et
d'autres part procéder à une analyse prospective de la
viabilité fiscale.
II.1.1. VIABILITÉ FISCALE
AU TROISIÈME TRIMESTRE 2006.
Apres l'atteinte du point d'achèvement et la
réévaluation du stock de la dette publique au Cameroun en fin du
deuxième trimestre 2006, il apparaît, sous réserve des
dernières mises à jour, que la VAN de la dette publique est
d'environ 2 635 milliards de Fcfa. Soit 1 063 milliards de Fcfa
représentant la dette intérieure et 1 572 milliards de Fcfa
représentant la dette extérieure. Pour notre analyse de la
viabilité fiscale nous limitons à trois ratios. Le Tableau 2.01
donne ces différents ratios de la dette publique au troisième
trimestre de l'année 2006. On obtient un ratio VAN de la dette publique
sur PIB de 29% en 2006 contre 43.5% en
Tableau 2.01 : Ratios d'endettement au
Cameroun en 2005 et 2006.
Ratios
|
Seuils
|
Périodes
|
2005
|
2006
|
VAN stock de la dette sur le PIB
|
40%
|
43,5%
|
29%
|
VAN stock de la dette sur recettes budgétaires
|
250%
|
257%
|
154,6%
|
Service de la dette sur recettes fiscale
|
25%
|
19,5%
|
7,6%
|
2005. Le ratio VAN de la dette publique sur recette
budgétaire est égal à 154,6%, contre 257% en 2005. Enfin,
le ratio service de la dette publique sur recette budgétaire est
égale à 7,6% contre 19,5% en 2005. Il est claire que si l'on se
limité au critère d'admission à l'initiative PPTE, la
dette publique du Cameroun en 2006 est soutenable au sens strict du FMI. Ce
critère strict de la soutenabilité du FMI ne tient pas compte de
la volatilité de ces ratios qui peuvent varie considérablement en
cas de choc exogène sur les grandeurs macroéconomiques. Il est
donc important de procéder à une analyse prospective de
viabilité fiscale à moyen et long terme.
II.1.2 PERSPECTIVE DE
VIABILITÉ FISCALE, 2006-2020.
Le cadre macroéconomique qui sous-tend les
perspectives de viabilité de la dette à moyen et long terme tient
compte des évolutions récentes. A moyen terme, le cadre
macroéconomique est conforme au programme à moyen terme
appuyé par l'accord en cours avec le FMI. A long terme, on suppose que
la croissance réelle du PIB devrait accélérer pour
atteindre 6% en 2011. A long terme, la croissance de l'économie hors
pétrole va se stabiliser à environ 5,5% un peu au dessus de la
valeur moyenne 1995-2005. L'investissement devrait se maintenir autour de 20%
du PIB. On supposera que l'inflation sera stabilisée autour de 2%
à long terme. Enfin la politique budgétaire sera
considérée propice à la croissance et à la
réduction de la pauvreté, bien qu'à moyen terme on
s'attende à ce que le solde budgétaire primaire hors
pétrole se détériore, en raison des considérables
besoins de dépenses sociales et d'infrastructure. On supposera enfin que
les emprunts extérieurs augmenteront progressivement pour atteindre 1,8%
du PIB en 2015 pour retomber à 1% environ en 2025. les emprunts IDA avec
l'élément don à 40% entre 2006 et 2010 et 25% devraient
représenter 47% des nouveaux emprunts. Ce cadrage macroéconomique
va représenter notre scénario de base.
Nous allons considérer comme alternative au
scénario de base une augmentation entre 2006 et 2007 des nouveaux
emprunts de l'ordre de 10% du PIB.
Les Figures 2.01, 2.02 et 2.03 montrent
l'évolution prospective des ratios clés entre 2005 et 2020.
Scénario de base.
Observe à la Figure 2.01 qu'après
l'atteinte du point d'achèvement, le ratio VAN de la dette publique sur
PIB est passé en dessous de 40%, le niveau seuil. Cette baisse rapide va
se poursuivre jusqu'à 2008 avant d'amorcer une baisse
régulière et modérée vers 15% à l'horizon
2020. La Figure 2.02 indique que le ratio VAN de la dette publique sur
les recettes
budgétaires va suivre une dynamique similaire à
la précédente et converger vers 100%, valeur très en
dessous du niveau seuil défini à 250%. A la Figure 2.03,
on constate que le ratio service de la dette sur les recettes diminue
jusqu'à 7,5% en 2006 avant de se stabiliser autour de 6%.
L'analyse montre que si le Cameroun maintien au delà
de 2008, une politique d'endettement prudente basée sur les prêts
concessionnels et maintien les perspective de croissance des cinq
dernière années, alors assure une viabilité fiscale
jusqu'à la fin de la période de projection.
Scénario alternatif.
On observe toujours sur les Figures 2.01, 2.02 et
2.03 que même en augmentant son endettement à raison de
10% du PIB, si le gouvernement Camerounais respecte les règle de
concessionnalité de ses emprunts, alors il assure la viabilité
fiscale jusqu'à la fin de la période de projection.
Tous les indicateurs de viabilité indique confirme que
le Cameroun est dans la catégorie des pays à faible revenu
à faible risque de surendettement. Ceci du fait que les ratios demeure
confortablement inférieurs à long terme aux seuils. Toute cette
assurance repose à long terme sur le maintien des résultats
macroéconomiques et la poursuite de politiques saines. Seulement la
relance de l'investissement et du développement industriel du pays ne
peut pas reposer sur des prêts concessionnels qui sont limités
dans leur quantité en flux. D'où la nécessité d'une
analyse sur les nouvelles perspectives d'endettement.
II.2. ANALYSE DES CHOCS ET
PERSPECTIVE D'ENDETTEMENT.
Dans cette partie de notre analyse, nous allons
évaluer les conséquences de modifications de politique
d'endettement et d'investissement au Cameroun sur la viabilité fiscale.
Dans un premier temps nous allons analyser l'effet d'une politique
d'endettement constituée de prêts non concessionnels. Nous verrons
ensuite les effets d'une bonne adéquation entre concessionnalité
des nouveaux emprunts et rentabilité des nouveaux projets de
développement
II.2.1. POLITIQUE D'ENDETTEMENT
NON CONCESSIONNEL.
L'initiative PPTE qui a permit à un grand nombre de
pays de bénéficier d'allègements considérables du
stock de leur dette et d'assainir leur finance publique a vu naître un
certain nombre de bailleurs de fond dit « créanciers
opportunistes ». Il s'agit en fait de certains pays ou bailleurs de
fond qui n'ont pas consenti aux allégements de dette dans le cadre de
l'initiative, mais qui veulent profiter de la nouvelle santé de la
financière pour faire des prêts aux pays à faible revenu,
et parfois à des conditions très sévères. Vu la
pression de ces pays sur le Cameroun, il est nécessité
d'évaluer la conséquence de tels emprunts sur la viabilité
fiscale au Cameroun. Nous allons considérer ici que le Cameroun
décide de s'endetter à des conditions non concessionnelles,
notamment en souscrivant aux prêts dont l'élément don est
inférieur à 25%, les taux variables et supérieurs à
7%, les maturités de moins de 10 ans avec des délais de
grâce d'un an. Nous allons appeler un tel scénario le
"scénario A". La conséquence directe
d'un tel endettement est qu'en moins de cinq ans, le stock de la dette va
s'élever très rapidement. La Figure 2.04 montre que dans
ces conditions le ratio dette publique sur PIB va très rapidement se
détériorer traversant le niveau de 100% à partir de
2012.
La détérioration très rapide du ratio
VAN de la dette publique sur le PIB matérialise la fragilité des
finances publiques face à un comportement irresponsable du gouvernement.
La Figure 2.05 montre qu'en moins de deux ans seulement, le ratio VAN
de la dette publique sur les recettes publiques va aller au delà du
niveau seuil de 250% pour exploser avant l'horizon 2012. Il faut toutefois
noter que dans cette évaluation nous avons ignoré les effets
possibles des nouveaux emprunts sur la croissance réelle de
l'économie et les recettes publiques. Il serait intéressant de
refaire cette analyse en prenant en considération la rentabilité
des investissements que vont financer des nouveaux emprunts.
II.2.2. ADÉQUATION
CONCESSIONNALITÉ - RENDEMENT DES PROJETS.
L'explosion très rapide de l'endettement du Cameroun
face à une politique d'emprunt non concessionnel peut être
maîtrisée si l'on s'assure une bonne évaluation du
rendement interne des projets d'investissement avant tout accord de prêt.
Nous allons appeler Scénario B une situation
dans laquelle le gouvernement consent à contracter des prêts non
concessionnels tout en s'assurant que les fonds sont orientés vers des
investissements générateur de croissance rapide, assurant ainsi
un niveau de croissance annuel moyen de 7%. Les Figures 2.06 et 2.07
montrent que les ratios Van dette sur PIB et VAN dette sur recettes vont dans
un premier temps se détériorer considérablement en allant
au delà du niveau large défini par les intervalles de confiance.
Ceci ne traduit pas une situation de non viabilité fiscale dans la
mesure où l'accroissement rapide des ressources progressivement
réduire atteignant le niveau seuil en 2013. Au delà de 2013, les
ratios vont décroître progressivement vers 30% et 200% pour la VAN
dette sur PIB et la VAN dette sur Recettes respectivement.
Cette nouvelle évaluation de la viabilité
montre que le Cameroun est capable de souscrire aux prêts non
concessionnels tout en assurant la viabilité fiscale. Tout ceci doit se
faire au prix d'une bonne gestion des ressources mises à disposition et
d'études préalable de la rentabilité des projets devant
bénéficier de ces nouveaux crédits. Il est aussi important
que les délais d'exécution des projets soient
considérablement réduits de façon à permettre que
l'accroissement des ressources soit plus rapide que l'accroissement des
intérêts de la dette.
La priorité à notre avis doit être
portée sur les projets de grandes envergures générateurs
d'externalités positives sur l'économie toute entière. Il
s'agit notamment des programmes énergétiques qui favoriseraient
l'épanouissement d'industries lourdes comme la métallurgie. Il
s'agira d'infrastructure de communication permettant l'acheminement rapide de
la production à travers le pays et au delà des
frontières.
Assurer la viabilité fiscale tout en maintenant
prioritaire les objectifs de développement nécessite plus un
endettement orienté qui stimulerait la croissance qu'une politique trop
prudente qui limiterait les nouveaux emprunts.
CONCLUSION.
L'objectif de ce chapitre était d'évaluer la
soutenabilité fiscale au Cameroun à l'aide de la l'approche du
FMI. Il s'est agit d'aller au delà de la viabilité de la dette
extérieure présentée dans FMI (2006) pour simuler une
analyse de la viabilité fiscale qui prend en compte la dette
intérieure.
Nous avons pour cela utilisé le nouveau cadre
d'analyse de la viabilité de la dette des pays à faible revenu
fondé comme toutes les analyses du FMI sur l'approche de la balance des
paiements. Les principaux seuils retenus comme critère sont ceux
élaborés par le FMI dans le cadre de l'initiative PPTE.
Nos analyses nous ont montré qu'au sens strict du FMI,
la dette publique du Cameroun en 2006 après l'atteinte du point
d'achèvement est soutenable et présente un risque faible de
surendettement. Nous avons obtenu que si le Cameroun maintien ses performances
macroéconomiques au niveau historique et se restreint à des
nouveaux prêts concessionnels il assure une viabilité fiscale
jusqu'à l'horizon 2020.
Les analyses sur les perspectives d'endettements futures nous
ont permis de voir que si le gouvernement Camerounais contracte de nouveaux
emprunts non concessionnels sans s'assurer de la bonne gestion de ces fonds et
de la rentabilité des projets bénéficiaires, il se
retrouvera en moins de 10 ans dans des problèmes d'endettement avec un
ratio dette publique sur PIB supérieure à 100%. Par contre si les
nouveaux emprunts permettent au pays de relancer l'investissement garantissant
ainsi une croissance réelle annuelle moyenne de 7%, les ratios vont
d'abord s'accroître au delà des niveaux seuil avant de se
stabiliser à des niveaux très inférieur au niveau seuil
à l'horizon 2020.
Cette analyse bien qu'utilisant le cadre
macroéconomique réel pour faire des projections sur la situation
de soutenabilité de la dette demeure comme le calibrage du chapitre 1
limité par un très grand nombre d'hypothèses et de
scénario plus ou moins vraisemblable les uns que les autres. De plus,
cette approche ne tient pas compte du caractère aléatoire de la
survenue des évènements économiques. Nous allons dans le
chapitre 3 nous intéresser à une approche beaucoup plus
probabiliste.
CHAPITRE 3. TESTER ÉCONOMETRIQUEMENT LA
SOUTENABILITÉ FISCALE AU CAMEROUN : APPROCHE DE BOHN (1998).
INTRODUCTION
L'objectif de ce Chapitre est d'évaluer empiriquement
la Soutenabilité fiscale dans un PRF notamment le Cameroun à
l'aide d'une méthode alternative à celle proposée par le
FMI. L'idée principale de montrer qu'au lieu de l'observation de
l'évolution des ratios telle que développée au chapitre 2,
il est possible d'adopter une approche probabiliste permettant de tester la
Soutenabilité fiscale dans un PFR.
Plusieurs auteurs ont défini un certain nombre
d'indicateurs et de test de Soutenabilité.
Les indicateurs de soutenabilité ont tendance à
se fonder sur une intuition qui fait la différence entre
soutenabilité et non soutenabilité (Chalk et Hemming, 2000).
Buiter (1985) développe un indicateur sous la base que la
soutenabilité fiscale est assurée lorsque le ratio de la valeur
nette du secteur public sur le PIB est maintenu à son niveau courant.
Face à la difficulté qu'il y a de mesurer la valeur nette du
secteur public, Blanchard (1990) propose trois indicateurs de
soutenabilité de la politique fiscale : le premier est le gap
primaire 32(*), le second
est le gap de moyen terme (année courante et deux années
suivante) et enfin le gap sur de long terme (sur 50 ans).
La littérature sur les tests s'est
développée séparément de celle sur les indicateurs.
Le test classique de base est développé par Hamilton et Flavin
(1986) et appliqué au USA. Ils considèrent qu'une condition
nécessaire de soutenabilité est la stationnarité de la
dette. La soutenabilité ici est assimilée à la valeur
actualisée de la contrainte budgétaire de l'Etat. Trehan et Walsh
(1988) étendent cette analyse en montrant qu'une condition
nécessaire et suffisante de soutenabilité est l'existence d'une
relation de cointégration entre la dette et le surplus primaire. Bohn
(1998) remarque que la condition de Trehan et Walsh (1988) est
nécessaire et suffisante seulement si le coût du financement de la
dette est constant. En introduisant l'incertitude dans le coût du
financement de la dette, il obtient que la condition nécessaire et
suffisante de soutenabilité est une réponse positive du surplus
primaire.
La principale limite opposée à l'analyse
classique est qu'elle ne donne pas une définition de la
soutenabilité fondée sur le respect de la contrainte
budgétaire intertemporelle (CBI) de l'Etat. Ce qui conduit trop
rapidement au rejet de l'hypothèse de soutenabilité (Greiner et
al., 2005). Bohn (2006) montre que les tests de stationnarité et de
cointégration sont incapables de rejeter l'hypothèse de
soutenabilité. Une nouvelle approche est proposée par Bohn (1998,
2005) pour tester économétriquement la soutenabilité
fiscale. Ce test est fondé sur la forme de la relation fonctionnelle
décrite par la fonction de réaction de la politique fiscale. Dans
ce Chapitre, nous allons étendre cette approche au cas des pays à
faible revenu comme le Cameroun. Les procédures
économétriques seront celles des modèles additifs
généralisés (GAM) introduits par Hastie et Tibshirani
(1990).
Cette approche économétrique sera
développée en deux étapes. Nous allons d'abord
procéder aux estimations non paramétriques afin de
déterminer la forme fonctionnelle de la fonction de réaction et
ensuite procéder aux estimations de la fonction de réaction en
considérant les coefficients variables dans le temps.
Ce Chapitre est organisé comme suit. La
première partie rappellera les fondements théoriques de la
fonction de réaction de la politique fiscale ignorée dans le
chapitre 1 ; la seconde présentera les principes de base des
méthodes d'estimations non paramétriques ; enfin la
dernière présentera les résultats de nos estimations sur
l'économie Camerounaise.
I.
FONDEMENTS THÉORIQUES DE LA FONCTION DE RÉACTION DE LA POLITIQUE
FISCALE
Il est important pour analyser la soutenabilité
fiscale de se poser deux questions : quelle politique fiscale est
soutenable ? Et que peut on dire de la soutenabilité d'une
politique qui a été mise en oeuvre ? La plupart des analyses
ont négligé la première question pour se concentrer sur
les conséquences empiriques d'une définition ad hoc de la
soutenabilité (bohn, 2005). Habituellement, on postule que le
gouvernement doit respecter une contrainte budgétaire intertemporelle.
Dans cette section, nous allons présenter une revue critique de la
littérature sur la définition et le test de la
soutenabilité fiscale avant de présenter la proposition de Bohn
(1998).
I.1.
SOUTENABILITÉ FISCALE : DÉFINITION ET TEST.
Nous allons dans ce paragraphe discuter d'une
définition de la soutenabilité fiscale qui donne lieu à un
test empirique.
DÉFINITION. [Soutenabilité Ad
Hoc] : Une politique fiscale satisfait à la
soutenabilité ad hoc si elle est sur la trajectoire qui assure que
l'espérance mathématique de la valeur actualisée des
surplus primaires futures est égale au stock initial de la
dette.
Pour se référer à la condition
donnée dans cette définition on parle souvent de condition de
jeu non-Ponzi. La définition de la soutenabilité ad hoc
peut donc s'écrire :
[ad hoc CBI] (3.01)
r le taux d'intérêt supposé
constant, B(0) la dette publique à la période initiale
et S le surplus primaire. Une condition équivalente à
l'équation (3.01) est :
[ad hoc CT] (3.02)
L'équation (3.01) est souvent appelée
contrainte budgétaire intertemporelle (ad hoc CBI) et l'équation
(3.02) la condition de transversalité (ad hoc CT). En fait la
littérature ne donne pas d'arguments économiques qui garantissent
que les agents privés prêtent attention aux conditions (ad hoc
CBI) et (ad hoc CT) [Bohn, 2005].
Dans la littérature économique, plusieurs
auteurs ont essayé de tester directement la condition (ad hoc
CBI) en examinant les propriétés de racine unitaire et de
cointégration des données sur la fiscalité. Hamilton et
Flavin (1986) testent la présence d'une bulle spéculative dans la
série temporelle de la dette publique aux Etats Unis. Ils montrent ainsi
qu'il n'y a eu aucune bulle spéculative de la dette publique des E.U
entre 1960 et 1984. Wilcox (1989) propose de tester si la série
temporelle non actualisée de la dette est d'espérance
mathématique nulle parce que la CBI nécessite que la dette
actualisée converge vers zéro. Trehan et Walsh (1988) propose de
tester l'existence d'une racine unitaire pour les séries revenu,
dépense et dette publique. Trehan et Walsh (1991)
généralisent cette approche dans deux directions : Pour un
taux d'intérêt variable, la CBI est vérifiée si la
dette est une série DS (difference stationary) et le taux
d'intérêt est strictement positif et borné ;
Alternativement, dans le cas où la série n'est pas DS, la CBI est
vérifiée si la quasi-différence de la dette est stationnaire, avec .
Un aspect de ces tests sujet à des critiques est que
l'approche fondée sur la soutenabilité ad hoc semble
déconnectée de la pratique en matière de politique
économique. Alors que les débats de politique économique
sur la soutenabilité sont plus focalisés sur les niveaux seuils
des ratios dette/PIB et surplus/PIB, la majeure partie de la littérature
académique traite des séries fiscales réelles et
néglige les ratios (Bohn, 2005). De plus l'utilisation des ratios
évite les hypothèses fortes formulées sur le taux
d'intérêt (Greiner et al. 2005). Ainsi, si le ratio dette/PIB est
constant, la CBI est toujours vérifiée pour une économie
efficiente. Considérons avec Y le PIB, la condition (ad hoc CT) devient , avec Y0 le PIB initial. Bohn (2005) fait une
analyse comparée entre les séries brutes et les séries
ramenées en ratios du PIB aux Etats Unis. Il obtient les
résultats suivants : Les séries ramenées en ratios du
PIB présentent des informations plus crédibles que les
données brutes ; Il n'y a aucune évidence sur les
données américaines que la relation entre la dette et les
déficits entraîne une racine unitaire.
I.2.
APPROCHE DE BOHN : DÉFINITION ET TEST.
Revenons à la première question conceptuelle
que nous avons posé dès le départ : quelles
politiques fiscales sont soutenable ? Un principe de base de
l'économie est que la possibilité pour un agent d'emprunter est
limitée par la volonté des autres agents de prêter. Cette
question revient donc à un problème d'équilibre
général tel que développé dans le chapitre 1. Quels
sont donc les bailleurs du gouvernement et qu'est ce qui détermine leur
comportement. Selon les hypothèses que l'on se fixera, plusieurs
conclusions sur la soutenabilité fiscale peuvent être
tirées.
Si nous supposons que les prêteurs potentiels du
gouvernement sont des agents rationnels dont la durée de vie est
infinie33(*) et que les
marchés financiers sont complets34(*), on obtient :
(Condition générale de jeu Non-Ponzi) (3.03)
Où u(t,n) est le prix d'équilibre pour
la demande contingente de la période t+n (Bohn, 1995). Si cette
condition n'est pas vérifiée, aucun agent rationnel
n'achèterait une telle dette. Pour limiter l'étendue de notre
analyse, nous supposerons que la dette est non négative. Ainsi
(3.03) devient :
(Condition simple de jeu Non-Ponzi) (3.04)
On peut donc reformuler la CBI et obtenir la relation
suivante :
(CBI) (3.05)
La différence avec (ad hoc CBI) est que le taux
d'escompte des surplus futurs dépend de la distribution des surplus
primaires futur à travers l'état de la nature35(*) et du comportement
optimisateur des prêteurs.
Nous allons maintenant chercher savoir comment tester si une
politique fiscale observée est sur une trajectoire vérifiant
(3.04) et (3.05). Tester une hypothèse nécessite la
maîtrise d'une alternative adéquate. Ainsi la question est de
savoir comment identifier une politique qui ne vérifie pas (3.04)
et/ou (3.05). Trois interprétations sont possibles.
Premièrement une politique fiscale peut fonctionner dans une
économie où (3.04) n'est pas vérifiée.
C'est le cas des économies à générations
imbriquées dans lesquels les prêteurs ont un horizon de
planification fini, et n'impose donc pas la condition de transversalité.
Cette condition n'est pas applicable lorsque les marchés sont incomplets
avec l'influence de la liquidité sur le prix des titres (Bohn, 1999).
Deuxièmement, la politique fiscale peut vérifier (3.04),
mais les mesures observées sur toutes les périodes ne
vérifient pas (3.05) du fait des surplus trop faible. C'est ce
que Bohn (2005) appelle une politique non soutenable. Si les investisseurs
rationnels achètent les titres publics, ils doivent s'attendrent
à observer des changements dans la politique qui supporte la
dette36(*).
Troisièmement, une violation empirique de (3.04) et (3.05) due
à un niveau de surplus primaire très faible peut être un
signal que le gouvernement va avoir un défaut de paiement de sa dette.
Si dans ce cas les titres publics sont vendus alors, il se pose un
problème de rationalité des agents privés. Or si la dette
publique est mesurée à sa valeur faciale, ceci n'est pas
plausible. En résumé, il faut dire que la violation de la
soutenabilité empirique est mieux interprétée comme un
indicateur d'un mouvement futur de la politique fiscale ou de l'environnement
économique dans lequel la politique fiscale est contrainte par la
condition Non-Ponzi. Pour toutes ces raisons, nous pouvons énoncer la
proposition suivante.
PROPOSITION 3.1. [Bohn (1995,
1998)] : Supposons que le ratio surplus-primaire /PIB soit une fonction
linéaire croissante du niveau initial du ratio dette
publique/PIB
37(*)
(3.06)
Pour tout t, où est constant et la composante des autres déterminants. Si est ramené à une proportion du PIB et si la valeur
présente du PIB est finie, alors la politique fiscale satisfait les
conditions (3.04) et (3.05)38(*).
L'intuition derrière cette proposition est que si le
gouvernement élève le surplus primaire à mesure que le
ratio dette s'élève, il prend des mesures correctives qui
permettent de stabiliser le ratio dette et de rendre la dette publique viable.
On parle de politique fiscale soutenable. Il est donc possible de tester la
soutenabilité fiscale en estimant la règle de politique fiscale
ou fonction de réaction de la politique fiscale. La faiblesse de cette
proposition est qu'elle ne dit rien dans le cas de la non
linéarité. Dans le cas de la non linéarité, si pour
une fonction de réaction on a f convexe, alors la politique fiscale est soutenable
(Bohn, 1999). On peut ainsi étendre cette proposition à un
coefficient de réaction variable. Pour une fonction de réaction
linéaire à coefficient variable si on a alors la politique fiscale est soutenable (Canzoneri et al., 2001).
II.
PROCÉDURES ÉCONOMÉTRIQUES : ESTIMATIONS DES COURBES
LISSES.
Deux éléments importants doivent rester
à esprit lorsqu'on veut appliquer économétriquement la
méthode de Bohn (1998) : rechercher la forme fonctionnelle de la
fonction de réaction de la politique fiscale et la dynamique du
coefficient de réaction dans le cas hypothétique de la non
linéarité. Contrairement à Bohn (1998), nous n'allons pas
procéder à des estimations paramétriques linéaires
mais plutôt supposer que la forme fonctionnelle de la relation est
inconnue. Nous procéderons donc à des estimations non
paramétriques et semi-paramétriques39(*). Dans cette partie, nous
allons dans un premier temps présenter les deux principales
méthodes d'estimation qui vont être utilisées :
estimations non paramétriques et estimations semi-paramétriques.
Ensuite nous analyserons les données que nous allons utiliser dans le
cadre du Cameroun.
II.1.
MÉTHODES D'ESTIMATION DES MODÈLES NON PARAMÉTRIQUES ET
SEMI-PARAMÉTRIQUES.
Nous allons faire une présentation sommaire des
méthodes d'estimation non paramétriques et des méthodes
semi-paramétriques. Les modèles non paramétrique ont
été introduit par Hastie et Tibshirani (1990)40(*). Cette idée de
modèle flexible a été étendue dans les estimations
des modèles à coefficient variant dans le temps par Hastie et
Tibshirani (1993).
II.1.1. ESTIMATIONS NON
PARAMETRIQUES.
Les méthodes retenues ici sont celles des
modèles GAM41(*)
qui supposent que les relations non linéaires qui existent entre la
variable expliquée et chacune des variables explicatives sont sous forme
additionnelle.
(3.07)
Où est la variable endogène, les variables exogènes et des fonctions lisses inconnues. On supposera que le terme d'erreur et non corrélé42(*). On veut estimer les fonctions f(x) pour
chaque point x. La pente, est le gradient de f dans le cas multidimensionnel. est la pente de la tangente de f en x et varie en
fonction de la valeur de x. Les estimations des noyaux de
densité de sont obtenues en utilisant la méthode des moindres carrés
ordinaires local (MCOL). On l'obtient en minimisant sous la contrainte que
chaque point est borné, la somme carrée des erreurs43(*) :
(3.08)
Henderson et Ullah (2004) montrent que dans le cas où
les erreurs sont autocorrélées, il est possible de tenir compte
de l'information contenue dans la matrice de variance covariance des erreurs en
appliquant les moindres carrés ordinaires local pondérés
(MCOLP). Pour simplifier on peut supposer que les variables sont
ordonnées et écrire les contraintes de la façon suivante
. le multiplicateur de Lagrange est le paramètre de lissage et son
choix joue un rôle très important44(*). Une petite valeur pour réduit la variance de l'ajustement mais élève le
biais. On parle de substitution biais-variance (Hasti et Tibshirani, 1990). Une
façon de déterminer le paramètre de lissage est de recourir au critère GCV45(*) (Hasti et Tibshirani, 1990, chapitre 3).
D'après ce critère, est choisi de façon à ce que
(3.09)
soit minimal. S est une matrice appelée le lisseur et
est l'ajustement au point . Ce critère fonctionne comme le critère Ordinary Cross
Validation (OCV) : le model est ajusté aux données avec une
observation en moins. Ensuite, on mesure la différence carrée
entre la valeur du point ignorée et la prévision de ce point par
le modèle. Le processus est répété pour chacune des
observations. On calcule la différence moyenne entre le modèle
(ajuster pour toutes les observations à l'exception d'une observation)
et les points ignorées. Enfin on cherche à minimiser cette
différence moyenne. L'idée est que si le modèle est un peu
trop lissé ou très peu lissé, il ne pourra pas faire une
bonne prédiction de l'observation ignorée dans le processus
d'ajustement. La différence entre OCV et GCV est que le critère
GCV remplace les éléments de la diagonale du lisseur par leur
valeur moyenne, qui est plus facile à calculer (Greiner et al., 2005).
Il faut enfin noter que pour un grand nombre d'observations,
les estimateurs MCOLP sont asymptotiquement sans biais et de variance minimale
(Lin et Carroll, 2000).
II.1.2. ESTIMATIONS
SEMI-PARAMÉTRIQUES.
Les modèles GAM développés au paragraphe
précédent ont été étendus aux estimations
des modèles à coefficients variant dans le temps46(*). La différence ici est
que se sont les coefficients qui deviennent une fonction du temps. De
façon générale on peut réécrire
(3.07) en considérant k coefficients variant dans le
temps.
(3.10)
la variable endogène, respectivement les variables explicatives, les coefficients variables
et les variables temps. L'ajustement de ce modèle se fait en minimisant
la somme carrée des erreurs. Soit ainsi :
(3.11)
Toujours par simplification on supposera que et est le paramètre de lissage qui peut être choisi comme au
paragraphe précédent par le critère GCV. Cette
méthode permet d'estimer une valeur moyenne pour chaque paramètre
et de donner la relation fonctionnelle qui exprime la déviation
de chaque coefficient par rapport à la moyenne à travers le
temps.
II.2.
DONNÉES ET VARIABLES DU MODÈLE.
Pour mettre en oeuvre le test de soutenabilité fiscale
au Cameroun tel que développé à la première
section, nous allons estimer selon les deux approches présentées
l'équation suivante :
(3.12)
et sont respectivement les ratios surplus primaire et de dette publique
sur PIB, est une matrice de toutes les autres variables qui ont une influence
considérable sur le surplus primaire et le terme d'erreur iid selon une loi normale .
Les variables que nous retiendrons pour la matrice , et qui sont supposées influencer considérablement le
surplus primaire sont : qui représente le cycle des affaire et les dépenses publiques. Il aurait été souhaitable
de considérer comme Greiner et al. (2005) le surplus social qui
permettrait de percevoir l'effet du système de sécurité
sociale sur la santé financière de l'Etat. Malheureusement ces
informations ne sont pas disponibles. En fait, le surplus étant la
différence entre recettes et dépenses, comme Bohn (1998) et
Greiner et Kauermann (2005) les variables et sont les principales composantes de Xt. Pour un
niveau inchangé du taux d'imposition les recettes fiscales varient avec
et pour un niveau fixé des recettes, le surplus varie avec .
Le ratio surplus primaire/PIB :
Nous avons reconstitué cette série à
partir des tableaux des opérations financières de l'Etat (TOFE)
disponibles au MINEFI47(*). Une structure stable de ces tableaux mois par mois
existe depuis 1989. Il est donc facile pour cette période de ramener les
années budgétaires Juillet-Juin aux années civiles
Janvier-Decembre. Pour la période 1980-1988, les informations sur le
TOFE sont annuelles et en année budgétaire Juillet-Juin. Pour les
ramener en année civile Janvier-Decembre, nous avons
évalué les proportions moyennes sur la période 1989-2005
que nous avons appliqué à la période 1980-1988. De plus,
26 points d'observation sont insuffisants pour procéder aux spline
regressions du fait de la matrice S, le lisseur. Pour cela nous avons
projeté, en intégrant l'effet choc pétrolier des
années 70, la série sur la période 1975-1979. La
Figure 3.01.montre l'évolution du ratio surplus primaire entre
1975 et 2005.
Le surplus primaire est resté négatif entre
1985 et 1993. Cette période est marquée par la chute des cours
des matières premières suite à la
dépréciation du Dollar Américain qui va
considérablement réduit les ressources de l'Etat Camerounais. La
chute de ce ratio depuis 1975 va prendre fin en 1987. On va observer un
retournement du mouvement dès 1988 qui correspond au premier passage du
Cameroun au Club de Paris. Le retour à une valeur non
négative va être observé à partir de 1994. Ceci peut
être apprécié par la décision audacieuse que l'Etat
camerounais a pris en réduisant deux fois de suite les salaires à
la fonction publique en 1993 et la dévaluation de Fcfa de Janvier 1994.
A partit de 1997, ce ratio va se stabiliser autour de 5% du PIB.
Le ratio dette publique/PIB :
Les données sur le ratio dette publique ont
été calculées sur la base des données disponibles
à la Caisse Autonome d'Amortissement (CAA) sur la période
1984-2005. Les observations sur la période 1975-1983 ont
été obtenues en réconciliant les données du
IMF-IFS-CDROM et de l'INS-Cameroun.
La Figure 3.02 montre l'évolution de ce ratio
entre 1975 et 2005. La courbe en interrompu long indique l'évolution
brute de ce ratio au Cameroun tandis celle en continu représente
l'évolution du ratio corrigé de l'effet dévaluation de
1994. On observe que le ratio dette est resté faible et très
stable entre 1975 et 1986. Entre 1987 et 1994, ce ratio s'est fortement et
rapidement accru du fait du financement extérieur de l'Etat camerounais
en proie à des difficultés de sa finance publique. On peut voir
sur les deux courbe de la Figure 3.02 que le ratio dette diminue
jusqu'à atteindre environ 35% en 2005.
Le ratio dépenses publiques/PIB :
La Figure 3.03 montrent que les dépenses
publiques de l'Etat représentent une très forte proportion du PIB
entre 1975 et 1985, sans doute à cause de la politique interventionniste
qu'elle a mené pendant cette période en participant au
système de production marchand. On observe toute fois une
décroissance du ratio dépenses publiques au cours de cette
période. Cette baisse ne peut pour autant pas être
attribuée à une politique volontariste de désengagement de
l'Etat, ceci du fait que les dépenses publiques en valeur courante (CFA
courant) ont augmenté en moyenne de 0,5% contre une augmentation de la
production en valeur nominale (CFA courant) de plus de 10%. Entre 1986 et 1994
les dépenses publiques baissent plus rapidement que la production, soit
-5,6% et -1,16% respectivement. Entre 1995 et 2005, les dépenses
publiques augmentent moins rapidement que la production, soit 8,2% contre 9%
respectivement. On peut donc en général penser que la baisse
observée depuis la fin des années 80 décrit mieux une
politique volontariste de désengagement du gouvernement camerounais.
Le Cycle des affaires :
Bien que important pour analyser les effets marginaux de la
dette publique, déterminer un indicateur du cycle des affaires n'est pas
toujours évident (Bohn, 1998). On peut toute fois se dire que les agents
économiques sont capables de distinguer les tendances des cycles dans la
production et se faire ainsi une idée sur le climat des affaires (Bohn,
2005). On peut donc considérer le cycle des affaires comme la composante
cyclique de la série PIB. L'importance du cycle des affaires pour la
politique économique a été mise en exergue par Lucas
(1977) qui développe le concept de cycle des affaires international.
C'est un concept d'un grand intérêt pour la politique
économique notamment la politique monétaire et fiscale (Marcet et
Ravn, 2003). Nous avons déterminé cet indicateur en utilisant le
filtre de Hodrick-Prescott48(*). Supposons que la série originelle est composée d'une tendance et d'un cycle , c'est-à-dire : avec t = 1...T. Hodrick et Prescott (1997) propose un moyen
d'isoler ces deux composantes en résolvant le problème de
minimisation suivant :
le multiplicateur de Lagrange est le paramètre de lissage.
Hodrick et Prescott (1997) suggèrent pour des données annuelles. Nous avons dans cette analyse
appliquer deux fois le filtre HP et déduit la série
YVAR.
La Figure 3.04 montre l'évolution de cette
série entre 1975 et 2005. On observe un cycle des
affaires stable au cours des périodes 1975-1980, 1995-2001
et un effet de relance après le point de décision atteint en
2000. A partir de 1982, on observe une amélioration considérable
du cycle des affaires, permettant à la production nationale de passer au
dessus du niveau du PIB potentiel. Cette amélioration va se poursuivre
jusqu'en 1987 avant de subir une détérioration qui va prendre fin
uniquement en 1994.
La relation ratio surplus primaire/PIB - ratio
dette publique/PIB.
Les Figures 3.05 et 3.05* mettent en
relation les ratios surplus primaire et dette publique. On peut constater qu'en
corrigeant le ratio dette de l'effet dévaluation de 1994, on ne
modifie pas la forme fonctionnelle du nuage de points.
III.
ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS DES ESTIMATIONS AU
CAMEROUN.
Dans cette section, nous allons présenter les
principaux résultats de nos estimations. Dans un premier temps, nous
allons tester la non linéarité de relation existante entre les
ratios surplus primaire et dette publique au Cameroun. Ensuite nous allons
estimer des fonctions semi paramétrique en considérant des
relations linéaires dans lesquelles les coefficients sont des fonctions
non linéaires du temps.
III.1.
MODÈLE NON PARAMETRIQUE.
L'équation à estimer dans cette approche
est :
(3.13)
Dans un premier temps, nous avons estimé
l'équation (3.13) avec le ratio dette non corrigé. On
obtient ainsi une valeur 49(*) pour la
variable GVAR indiquant une relation linéaire entre les ratios
surplus primaire et dépenses publiques (voir Tableau 3.04 en
annexe). Sans aucune perte sur la qualité des résultats, nous
avons retenu l'estimation de (3.13) en considérant
GVAR linéaire. Les résultats obtenus sont
reportés au Tableau 3.01. Ils indiquent que la réaction
du ratio surplus primaire sur PIB au Cameroun suite à l'accroissement du
ratio dette publique sur PIB est statistiquement non linéaire et
croissante. Les Figures 3.06 et 3.07 indiquent les relations
fonctionnelles entre les ratios surplus primaire et dette sur PIB d'une part et
le cycle des affaires d'autre part.
Tableau 3.0150(*) : Estimation de l'équation
(3.13),
ratio dette non corrigé
On constate sur la Figure 3.06 que la fonction de
réaction de la politique fiscale est croissante et concave. La
croissance du ratio surplus primaire sur PIB ralenti à mesure que le
ratio dette publique sur PIB s'élève. A partir d'un niveau
supérieur à 50% du PIB, la réaction du ratio surplus
primaire devient très faible.
La Figure 3.07 montre que le surplus primaire est
une fonction croissante du cycle des affaires. Un climat des affaires favorable
améliore la situation financière de l'Etat.
Dans un second temps, nous avons estimé
l'équation (3.13) avec la variable ratio dette publique
corrigée de l'effet dévaluation de 1994. On obtient des
résultats presque identiques au cas précédent à la
différence que le R2 est plus petit et le GCV est
plus élevé (voir Tableau 3.02).
Tableau 3.02 : Estimation de
l'équation (3.13), ratio dette
Corrigé de l'effet dévaluation 1994
Les Figures 3.08, 3.09 et 3.10
montrent les relations fonctionnelles de l'équation (3.13) avec
le ratio dette corrigé. Dans ce cas le surplus primaire demeure une
fonction croissante concave du ratio dette publique mais une fonction non
linéaire du ratio dépenses publiques.
A la lumière des résultats ainsi
présentés, il n'est pas possible de conclure que la politique
fiscale au Cameroun entre 1975 et 2005 est soutenable au sens de Bohn (1998).
Ceci est dû à l'absence de linéarité entre les
ratios surplus primaire et dette publique sur PIB. Toutefois on constate que
l'Etat réagit positivement à l'accroissement du ratio dette
publique sur PIB avec une vitesse de réaction faible pour des ratios
dette élevés. Si on considère uniquement les niveau de
ratio dette publique sur PIB inférieur à la zone [40%, 50%], on
constate que l'hypothèse de linéarité est
vérifiée (voir Figure 3.06). On peut ainsi garantir que
la politique fiscale au Cameroun était soutenable au cours des
périodes où le ratio dette publique sur PIB était
inférieur à 50%. Ainsi, si l'on fixe l'évolution de
l'économie Camerounaise telle que observée entre 1975 et 2005,
alors pour des niveaux de ratio dette publique sur PIB inférieur
à 50%, le gouvernement respecte sa contrainte budgétaire
intertemporelle, donc la soutenabilité fiscale au sens de Bohn
(1998).
Contrairement au résultats de Greiner et al. (2005)
qui montre dans le cas de l'Allemagne que le gouvernement réagit
négativement pour des ratios faibles et positivement pour des ratios
élevés, le gouvernement Camerounais a toujours réagit
positivement mais très faiblement pour des ratios élevés.
Nous allons essayer de vérifier ces résultats en vérifiant
la stabilité du coefficient de réaction entre 1975 et
2005.
III.2.
VARIATION DU COEFFICIENT DE RÉACTION DANS LE TEMPS.
Soit le coefficient de réaction de la politique fiscale, si alors la politique fiscale est soutenable au sens de Bohn (1998). Pour
le vérifier, nous allons estimer la relation suivante :
(3.14)
, le coefficient de réaction est une fonction du temps. Il est en
principe possible d'admettre la variation de tous les coefficients de la
relation. Mais dans ce cas, les résultats des estimations ne sont pas
significatif (Voir Tableau 3.05 en annexe).
L'estimation de l'équation (3.14) avec la
variable ratio dette publique sur PIB non corrigé de l'effet
dévaluation de 1994 donne les résultats suivants.
Tableau 3.03 : Estimation de
l'équation (3.14),
ratio dette non corrigé
Le coefficient de réaction de l'équation
(3.14) est avec la valeur moyenne du coefficient de réaction sur la
période 1975-2005, et la déviation dans le temps du coefficient de réaction de
sa valeur moyenne.
Le Tableau 3.03 montre que la valeur moyenne du
coefficient de réaction est positive et très fortement significative. La
déviation dans le temps du coefficient de réaction de sa valeur
moyenne est elle aussi très significative. La Figure 3.11
montre l'évolution de la fonction au cours des différentes périodes. On constate que le
coefficient de réaction est caractérisé par une tendance
négative, soit une baisse de la réaction du surplus primaire dans
le temps. Toutefois, le coefficient de réaction est resté positif tout au long de la période
1975-2005 avec pour valeur minimale 0,022 en 1993.
Ceci indique de façon grossière que la politique fiscale au
Cameroun a été soutenable entre 1975-2005.
Ce résultat moyen ne reflète malheureusement
pas la réalité de la dette publique au cours des
différentes sous périodes. Avant 1985, on observe une
déviation du coefficient de réaction par rapport à la
moyenne positive, indiquant une bonne réaction de la politique fiscale
au Cameroun. Il faut ainsi noter qu'il s'agit de la période au cours de
laquelle le ratio dette était inférieur à 40%. Ceci
confirme le résultat précédent sur la croissance et la
linéarité de la fonction de réaction pour des niveaux de
ratio dette inférieur à la zone [40% 50%]. Entre 1985 et 1994 on
observe un détérioration de la politique fiscale,
caractérisée par une déviation négative du
coefficient de réaction par rapport à sa valeur moyenne. Notons
qu'au cours des années 1992-1994, ce coefficient est resté
très proche de zéro. Si on se réfère à la
borne inférieure de l'intervalle de confiance, on peut dire il y a un
risque que ce coefficient ait été négatif. Bien qu'on
observe depuis 1995 une croissance de la déviation, soit une croissance
du coefficient, il faut noter que cette croissance demeure très faible.
Ce résultat indique que des efforts ont été fait depuis
1995, pour améliorer la soutenabilité de la dette publique au
Cameroun. Ces efforts ont sans doute été appuyés par le
retour de la croissance depuis les années 1997. Toutefois des mesures
restent à envisager si on veut améliorer le coefficient de
réaction de la politique fiscale. En fait son niveau en 2005 demeure
proche zéro et tout choc sur l'économie peut faire basculer la
finance publique dans une situation insoutenable. Mais si la tendance que suit
le coefficient de réaction depuis 1993 est maintenue et
renforcée, au cours des années à venir, on peut dire que
la politique fiscale du Cameroun sera soutenable de long terme.
En estimant l'équation 3.14 en
considérant la variable ratio dette publique corrigée de l'effet
dévaluation de 1994, on obtient de façon générale
les mêmes résultats. Le coefficient de réaction est une
fonction décroissante convexe avec la valeur minimale en 1993 (Voir
figure (3.12)
CONCLUSION.
L'objectif de ce Chapitre était de tester
empiriquement la soutenabilité fiscale au Cameroun à l'aide d'une
méthode alternative à celle du FMI. Nous avons pour cela
adopté l'approche de Bohn (1998) qui analyse la linéarité
de la fonction de réaction de la politique fiscale. Notre analyse s'est
fondée sur les observations macroéconomiques de la période
1975-2005. Les estimations non paramétriques de la fonction de
réaction de la politique fiscale ont montré que le ratio surplus
primaire sur PIB est une fonction croissante concave du ratio dette publique
sur PIB. Cette relation ne garantie pas la soutenabilité fiscale au sens
de Bohn (1998). Par contre les estimations semi paramétriques de la
fonction de réaction montre que le coefficient de réaction de la
politique fiscale est une fonction décroissante convexe admettant un
minimum en 1993. Nous avons ainsi observé que ce coefficient est
resté strictement positif entre 1975 et 2005, exprimant une
soutenabilité fiscale moyenne au Cameroun pendant cette
période.
De nos résultats, nous avons pu dégager que la
politique fiscale au Cameroun réagit fortement à des niveaux
faibles du ratio dette et moins bien à des niveaux très
élevés (au delà de l'intervalle [40% 50%]). D'une
façon générale, on a montré que la politique
fiscale au Cameroun a été soutenable entre 1975-2005 du fait de
la valeur positive du coefficient de réaction tout au long de cette
période. Mais il faut noter que malgré l'amélioration
observée depuis 1994, cette soutenabilité reste très
fragile et susceptible de basculer au moindre choc sur l'économie.
Au delà de ces estimations, quelques questions se
dégagent. La croissance du coefficient de réaction au delà
de la période 1994 est-elle une conséquence des reformes
économiques que le Cameroun mène depuis le début des
années 90 ou de l'initiative PPTE ? il faut plutôt dire qu'il
s'agit de la combinaison de plusieurs facteurs, notamment la prise de
conscience par les autorités des problèmes de la finance
publique, l'assistance considérable des bailleurs de fond à
travers plusieurs programmes de désendettement et de la croissance
économique observée au Cameroun depuis près de 10 ans.
Il serait peut être important pour répondre de
façon rigoureuse à cette question d'évaluer
statistiquement les effets des reformes de l'économiques sur le
coefficient de réaction de la politique fiscale. Juger de la
soutenabilité fiscale au Cameroun au delà de l'horizon 2008 va
dépendre fortement de la manière avec la quelle le gouvernement
va orienter sa politique de nouveau emprunt et la résistance de
l'économie aux chocs exogènes.
ANNEXE DU CHAPITRE 3
Tableau 3.04 : Estimation de
l'équation (3.13)
toutes les variables non paramétriques.
Tableau 3.05 : Estimation de
l'équation (3.14)
avec tous les coefficients variables
CONCLUSION
GÉNÉRALE.
D'après Raffinot (1998), évaluer la
soutenabilité d'un pays n'a rien d'évident. La véritable
difficulté est de pouvoir fondée cette évaluation sur une
approche qui ne requiert pas beaucoup d'hypothèses sur le fonctionnement
de l'économie. De plus pour s'assurer d'une bonne évaluation de
la soutenabilité, il faut s'accorder sur une définition formelle
du concept de soutenabilité.
L'objectif de ce mémoire était d'analyser la
soutenabilité fiscale au Cameroun fondée sur le respect d'une
règle de politique fiscale garantissant la solvabilité de l'Etat.
L'idée était de matérialiser les interrelations existantes
entre les agrégats macroéconomiques et les variables
d'endettement afin d'expliquer les mécanismes par lesquels l'Etat
pourrait faire face aux problèmes de solvabilité. Nous nous somme
défini trois objectifs spécifiques qui ont contribué
à analyser la soutenabilité fiscale au Cameroun. Le premier
objectif spécifique était de monter de façon
théorique qu'il est possible pour un pays d'assurer la
soutenabilité de ses finances publiques en se fixant des règles
de politique fiscale. Le second objectif spécifique était
d'évaluer la soutenabilité fiscale au Cameroun selon le nouveau
cadre d'analyse de soutenabilité de la dette développé par
le FMI. Le troisième objectif spécifique était
d'évaluer la soutenabilité fiscale au Cameroun selon une approche
alternative à celle du FMI. L'approche retenue dans cette alternative
était celle développée par Bohn (1998).
Sur le plan méthodologique, nous avons opter pour une
démarche en deux étape : une analyse théorique et une
analyse empirique.
Sur le plan théorique, nous avons repris le
modèle de Fernandez-Huertas Moraga et Vidal (2004) qui analyse la
soutenabilité de la politique fiscale dans un modèle de
croissance endogène à générations
imbriquées. Nous avons considéré dans ce modèle que
l'endogénéité de la croissance provient de l'accumulation
du savoir et qu'il n'existe pas forcement l'altruisme
intergénérationnel. La soutenabilité fiscale a
été définie dans ce modèle comme étant
régie par la règle fiscale de Marin (2002) ou
règle. D'après cet auteur, la politique fiscale est
soutenable si la relation indiquant la réaction de l apolitique fiscale
admet un état stationnaire convergent. De ces analyses, nous avons
dégagé que trois approches principales peuvent être mises
en oeuvre pour respecter la règle fiscale de Marin.
Dans un premier temps, il est possible d'utiliser le taux
d'imposition comme instrument d'ajustement à la règle fiscale.
Nos exercices de simulation indiquent qu'en partant d'un ratio dette publique
sur PIB élevé, il est nécessaire d'augmenter le taux
d'imposition pour garantir un surplus primaire suffisant pour réduire
l'encours de la dette. L'augmentation sera d'autant élevée que
l'objectif en terme de ratio cible est éloigné. On observera
ensuite, soit une décroissance régulière, soit une
fluctuation convergente vers un niveau stable. De la même façon,
on va observer dans un premier temps une récession qui va
progressivement se rétablir et conduire l'économie vers un nouvel
état stationnaire.
Dans un second temps, il est possible d'utiliser le rendement
des titres publics comme instrument d'ajustement à la règle
fiscale. Dans un troisième temps, il est possible d'utiliser une
approche mixte en combinant le taux d'imposition et le rendement des titres
publics. Dans ces deux derniers cas, on observe aussi une dynamique convergente
semblable au premier cas. Le principal résultat de nos simulations est
que le délai d'ajustement à la règle fiscale dépend
de l'instrument d'ajustement. Ce délai est le plus court lorsque le
gouvernement s'ajuste au travers de l'approche mixte.
Sur le plan empirique, nous avons utilisé deux
approches d'évaluation de la soutenabilité fiscale au Cameroun.
La première approche a été développée selon
le nouveau cadre d'analyse (AVD) développé par le FMI. La seconde
a été développée selon l'approche définie
par Bohn (1998).
La première approche empirique
développée au chapitre 2 de ce travail est fondée sur
l'approche fiscale de la balance des paiements. D'après cette approche,
si pour un pays à une période donnée, on observe un
déficit du compte courant de la balance des paiements, il peut
être interprété soit comme une insuffisance de
l'épargne par rapport à un niveau d'investissement donné,
soit comme un excès d'investissement pour un niveau d'épargne
donné. L'idée est de rechercher la part de ce déficit
dû au secteur public. Dans cette partie de l'analyse, nous avons
considéré que le respect de la règle fiscale était
imposé au Cameroun par les bailleurs de fonds regroupés autour du
FMI et de la Banque Mondiale. Ces règles sont principalement
focalisées sur la politique d'endettement, la politique des
dépenses publiques et la politique de prélèvements
fiscaux. D'après l'approche du FMI, telle que analysée dans ce
travail, si le Cameroun respecte les règles en matière de
concessionnalité de nouveaux emprunts, en prenant au moins 47% de ces
nouveaux emprunts auprès de l'IDA, en maintenant le niveau de
l'élément don en moyenne à 40%, en limitant la proportion
de ces nouveaux endettement, si le Cameroun respecte les règles en
matière de gestion et contrôle des dépenses publiques, si
le Cameroun élargit son assiette fiscale en améliorant les
mécanismes de prélèvement fiscaux, alors sa politique
fiscale sera soutenable à moyen et long terme. La limites majeure d'une
telle approche au delà des recommandations importantes qu'elle apporte
est qu'elle pourrait déboucher sur des effets pervers en matière
de croissance économique. Nous avons montré dans cette analyse
que le gouvernement Camerounais pourrait se départir d'une des
conditionnalités afin de garantir une croissance forte et soutenue. En
fait, d'après nos évaluations, si le Cameroun s'endettait de
nouveau à des conditions non concessionnelles, tout en s'assurant que
les nouveaux emprunts sont investis dans des secteurs porteurs
d'externalités positives de production, il assurerait une politique
fiscale soutenable à moyen et long terme et compatible avec une
croissance forte.
La seconde approche empirique développée au
chapitre 3 de ce mémoire est fondée sur l'idée de Bohn
(1998). Cette approche consiste en l'estimation empirique de la fonction de
réaction de la politique fiscale qui s'ajuste à la règle
fiscale si la politique est soutenable. D'après Bohn (1998), la
politique fiscale est soutenable si la fonction de réaction est
croissante et linéaire ou quasi linéaire par rapport au ratio
dette publique sur le PIB. Dans le cas de la non linéarité, nous
avons vu que la politique fiscale est soutenable si le coefficient de
réaction de la politique fiscale est une fonction strictement positive
par rapport au temps. Nos analyses nous ont montré que la fonction de
réaction de la politique fiscale au Cameroun entre 1975 et 2005 est une
fonction croissante concave par rapport au ratio dette publique sur PIB. Il a
été noté que la fonction de réaction est presque
linéaire pour des ratios inférieurs à 50% du PIB. Les
estimations indiquent que le coefficient de réaction de la politique
fiscale est caractérisé par une tendance négative dans le
temps. Cette tendance connaît un point de retournement en 1993, date
à partir de laquelle on observe une tendance croissante du coefficient
de réaction. Le résultat marquant de cette estimation est que le
coefficient de réaction de la politique fiscale est resté en
moyenne positive au cours de la période 1975 - 2005, indiquant de
façon grossière que la politique fiscale au Cameroun était
soutenable au cours de cette période. Malgré ce résultat
un peu en contradiction avec les analyses du FMI sur la soutenabilité de
la dette au Cameroun au cours des années 90, cette approche
présente l'avantage de matérialiser la plupart des
difficultés des finances publiques qu'ont connu le Cameroun et les
différents temps forts de la politique fiscale au Cameroun. On peut
noter à titre d'exemple les dates comme 1984, le choc de
l'économie américaine sur la dynamique économique
mondiale, 1993 l'ajustement des salaires dans la fonction publique suivie en
1994 par la dévaluation du F CFA et 2000, le point de décision de
l'initiative PPTE.
On peut dire de façon générale que si
depuis 2000, le Cameroun se trouve sur une bonne dynamique en matière de
soutenabilité fiscale, cette dynamique reste encore très faible
et tout choc sur l'économie risquerait de faire basculer le pays dans
une situation critique. D'après la figure 3.11, la
déviation du coefficient de réaction est restée jusqu'en
2005 négative et le coefficient de réaction très proche du
niveau seuil tolérable.
Trois principales recommandations découlent de toute
notre analyse :
§ Le Cameroun doit se doter de véritables
instruments d'ajustement de sa politique à la règle fiscale. Si
l'instrument de taux d'imposition est déjà
développé, la politique de titrisation reste encore très
embryonnaire et doit être développé de concert avec le
développement de la place boursière de Douala.
§ Si le Cameroun dispose d'une institution chargée
de gérer sa dette lui donnant ainsi une vision permanente de sa
situation d'endettement, il est impératif de se doter d'un organe un peu
plus puissant qui se chargera de la gestion du porte feuille complet de l'Etat
de façon à lui donnée une vision permanente de la
situation de ses finances en terme d'actifs et de passifs.
§ Enfin la gestion des dépenses publiques doit
être plus illuminée et bien orientée si le gouvernement
veut se prémunir d'une situation soutenable compatible avec les
objectifs de croissance et de développement.
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TABLE DES
MATIÈRES.
INTRODUCTION GÉNÉRALE.
8
CHAPITRE 1. SOUTENABILITÉ FISCALE ET
RÈGLES FISCALES : UN MODÈLE DE SIMULATION.
18
INTRODUCTION.
18
I. MODÈLE D'ANALYSE THÉORIQUE :
"OVERLAPPING GENERATION MODEL".
19
I.1. ENTREPRISE REPRÉSENTATIVE.
20
I.2. MÉNAGES.
21
I.3. SECTEUR PUBLIC.
23
I.4. EQUILIBRE DU MARCHÉ.
24
II. POLITIQUE FISCAL ET CONTRÔLE DE LA
BALANCE PRIMAIRE.
25
II.1. TAUX D'IMPOSITION ET RÈGLE
FISCALE.
26
II.2. RENDEMENT DES TITRES PUBLICS ET RÈGLE
FISCALE.
26
II.3. APPROCHE MIXTE.
27
III. ANALYSES DES SIMULATIONS.
27
III.1. CALIBRAGE MACROÉCONOMIQUE.
28
III.2. SIMULATION DES DYNAMIQUES DE DETTE ET DE
BALANCE PRIMAIRE.
30
CONCLUSION.
33
CHAPITRE 2. SOUTENABILITÉ FISCALE AU
CAMEROUN : APPROCHE DU FMI.
41
INTRODUCTION.
41
I. ANALYSE THÉORIQUE : UNE APPROCHE PAR
LA BALANCE DES PAIEMENTS.
42
I.1. CADRE CONCEPTUEL DE LA BALANCE DES
PAIEMENTS.
42
I.2. NOUVEAU CADRE D'ÉLABORATION DES
ANALYSES DE VIABILITÉ.
47
II. EVALUATION ET INTERPRÉTATION DE LA
VIABILITÉ FISCALE AU CAMEROUN.
49
II.1. VIABILITÉ FISCALE AU CAMEROUN APRES LE
POINT D'ACHÈVEMENT.
49
II.2. ANALYSE DES CHOCS ET PERSPECTIVE
D'ENDETTEMENT.
53
CONCLUSION.
56
CHAPITRE 3. TESTER ÉCONOMETRIQUEMENT
LA SOUTENABILITÉ FISCALE AU CAMEROUN : APPROCHE DE BOHN (1998).
58
INTRODUCTION
58
I. FONDEMENTS THÉORIQUES DE LA FONCTION DE
RÉACTION DE LA POLITIQUE FISCALE
59
I.1. SOUTENABILITÉ FISCALE :
DÉFINITION ET TEST.
60
I.2. APPROCHE DE BOHN : DÉFINITION ET
TEST.
61
II. PROCÉDURES
ÉCONOMÉTRIQUES : ESTIMATIONS DES COURBES LISSES.
63
II.1. MÉTHODES D'ESTIMATION DES
MODÈLES NON PARAMÉTRIQUES ET SEMI-PARAMÉTRIQUES.
64
II.2. DONNÉES ET VARIABLES DU
MODÈLE.
66
III. ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES
RÉSULTATS DES ESTIMATIONS AU CAMEROUN.
70
III.1. MODÈLE NON PARAMETRIQUE.
70
III.2. VARIATION DU COEFFICIENT DE RÉACTION
DANS LE TEMPS.
73
CONCLUSION.
75
CONCLUSION GÉNÉRALE.
78
BIBLIOGRAPHIE.
82
TABLE DES MATIÈRES.
88
* 1 Voir pour un historique
des crises d'endettement Toussaint (2001), Millet et Toussaint (2002).
* 2 Extrait de Coalition 2005
: plus d'excuses !, Objectifs du Millénaire pour le
Développement : plus d'excuses -Recommandations des organisations de la
société civile française pour 2005, mars 2005.
* 3 A ce propos, on estime
qu'en moyenne 30% des dollars empruntés par les huit principaux
débiteurs ont refranchi la frontière entre 1974 et 1982
(Raffinot, 1998)
* 4 Economic Report of the
President, Février 1995, et U.S. Department of commerce, Survey of
current Business, Avril 1995.
* 5 Op Cite.
* 6 Voir Razzaque (2003)
* 7 Charles Ponzi
était un escroc qui en 1919 s'est enrichi en remboursant ses emprunts
avec de nouveau emprunts. Le 26 juillet 1920 il fit un crash et retrouva
très fortement endetté.
* 8 Voir Raffinot (1998) pour
une présentation.
* 9 Voir Manasse et al.
(2003).
* 10 Pour les tests classiques
voir Hamilthon et Flavin (1986), Kremers (1988), Trehan et Walsh (1991),
Greiner et Semmler (1999)
* 11 Voir Venables et Ripley,
2003 pour les détails sur les méthodes « Smoothing
spline regressions ».
* 12 Voir aussi Venables et
Ripley, 2003
* 13 Il est important dans
ce travail de faire la distinction qui existe entre règle de politique
fiscale et politique fiscale de règle. On parle de politique
économique de règle lorsque les responsables politiques annoncent
à l'avance la manière dont leurs politiques réagiront
à diverses situations et lorsqu'ils s'engagent à respecter quoi
qu'il advienne, la teneur de cette annonces (Mankiw 2001) tandis que la
règle de politique défini les règle que doit respecter la
réaction des politique du gouvernement.
* 14 Marin (2002), Ardagna
et al (2004), Annicchiarico et Giammarioli (2004), etc...
* 15 Cette approche de la
croissance économique est initiée dans les années 60 par
Arrow (1962) Sheshinsky (1967) et développées plus tard par Romer
(1986, 1990), Aghion et Howitt (1992), Grossman et Yanagawa (1967).
* 16 On parle d'unité de
travail efficace.
* 17 Ce théorème
indique pour toute fonction de production à rendement constant, à
l'équilibre global la production est égale la
rémunération du travail et du capital. Il n'existe pas de profit
net.
* 18 La condition du second
ordre est donnée par Mangassarian (1966). Nous allons dans la suite,
sans nuire à la généralité, considérer des
préférences logarithmiques. Ceci implique l'accumulation des
richesses à travers l'épargne est indépendant du taux
d'intérêt en absence de mécanismes de transfert
(Annicchiarico et Giammarioli, 2004)
* 19 Il s'agit de 40% pour
l'initiative PPTE renforcée (IMF, 2006) ou 70% pour les critères
de convergence CEMAC.
* 20 Ce choix est standard dans
la littérature sur le calibrage des modèles à deux
périodes (Feldstein, 1985 ; Barro et Sala-i-Martin, 1992 ; De
la Croix et Michel, 2002).
* 21 Les estimations sont
faites sous la base des données de la Direction de la
prévision.
* 22 Analyse de
Viabilité de la Dette pour les PPTE.
* 23 Cette transformation est
due à Marin (2002).
* 24 Ces relations sont
déduites des conditions de stabilité d'une équation de
récurrence d'ordre 2 : voir Archinard et Guerrien (1992).
* 25 Voir tableau 1.1
* 26 Le terme viabilité
a été retenu par le FMI comme traduction officielle du terme
anglais « sustainability ». Dans ce chapitre, nous nous
alignerons sur cette appellation.
* 27 Voir Daumont et al 1999
pour cette présentation.
* 28 Voir FMI (1993)
* 29 Le niveau de
concessionnalité des emprunts dépend des pays. Le niveau 35%
à été élaboré pour le Cameroun.
* 30 Taux
d'intérêt commercial de référence. Ce taux est
rattaché à la monnaie du prêt.
* 31 La Caisse autonome
d'amortissement est l'institution chargée de gérer la dette
publique au Cameroun.
* 32 Surplus primaire moins
dette multipliée par la différence taux d'intérêt -
taux de croissance de l'économie.
* 33 Le comportement de tels
agents vérifie la condition de transversalité.
* 34 Les agents appliquent le
prix de marché pour déterminer la valeur de leur portefeuille.
* 35
* 36 Ces changements peuvent
être une augmentation des taxes, une baisse des dépenses ou une
augmentation de la dépendance au seigneuriage.
* 37
* 38 Cette proposition est
énoncée dans Bohn (1998) et la preuve disponible à
l'adresse suivante :
http://econ.ucsb.edu/~bohn. Une
première version avec preuve est publiée dans Bohn (1995).
Canzoneri et al. (2001) présente une proposition équivalente avec
le coefficient de réaction variable dans le temps.
* 39 Grâce aux
développements des logiciels statistiques, Plusieurs auteurs ont
adopté de façon satisfaisante des approches non
paramétriques et semi-paramétriques : Greiner (2004) ;
Greiner et Kauermann (2005) ; Greiner et al. (2005) etc.
* 40 Leur implémentation
a été rendue possible grâce aux développements de
logiciels tels Splus, R ou Gauss...
* 41 General Additive Models
* 42 iid est
l'abréviation d'indépendantes et identiquement
distribuées.
* 43 Voir Ryan (1997).
* 44Voir Fan et Gijbels (1992)
et Pagan et Ullah (1999) pour des détails.
* 45 Generalized cross
validation.
* 46 Voir Kauermann (2005).
* 47 Ministère de
l'économie et des finances.
* 48 Filtre HP
* 49 La valeur edf
indique la trace de la matrice de lissage pour chaque fonction et donne le
niveau de complexité de chaque terme. Si cette valeur est proche de un
alors la relation est linéaire et si elle est assez élevée
par rapport à 1 la relation est statistiquement non linéaire.
* 50 ***, **, * indiquent la
significativité à 0%, 0.1%, et 1% respectivement.
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