De Laurent Désiré Kabila à Joseph Kabila. La désillusion d'un régime révolutionnaire en République Démocratique du Congo( Télécharger le fichier original )par Eder Kitapandi Luzau Université de Kinshasa, RDC - Licence en Sociologie 2006 |
CHAPITRE I :LES MECANISMES DE DOMINATION ET D'EXPLOITATIONIMPERIALISTES EN AFRIQUE ET EN RDCIntroduction Dans ce chapitre, nous allons commencer par décrire les mécanismes de domination et d'exploitation capitalistes ou impérialistes. Nous montrerons par la suite comment ils se produisent au niveau de la RDC. Nous devons avant tout préciser le sens que nous donnons aux concepts domination et exploitation. Nous utilisons ces deux concepts dans le même sens que Matthieu Kalele ka Bila. D'après cet auteur, la domination signifie que ce sont les pays sous développés qui dans leurs propres intérêts orientent et dirigent l'activité économique dans les pays sous développés. Par exploitation, il faut entendre que ce qui est ainsi produit dans les pays sous développés, sert à satisfaire plutôt les besoins des habitants de ces derniers pays que ceux de premiers. L'auteur montre que les habitants des pays sous développés sont amenés à produire pour le compte des habitants des pays développés, ceux-ci mettent sur pied un appareil politique qui les y contraint.14(*) A la suite de Charles Bettelheim, M. Kalele ka Bila note que les concepts domination et exploitation économiques ont pour corollaire une domination politique et culturelle. Cette façon de concevoir le conduit à définir les pays sous développés comme étant ceux qui subissent de la part des pays développés, une domination et une exploitation économique engendrant une domination politico - culturelle.15(*) D'une manière générale les pays sous développés sont des pays exploités et dominés économiquement, politiquement et culturellement. Section 1. Nature du néo-colonialisme« Le néo-colonialisme d'aujourd'hui représente l'impérialisme dans sa phase finale, peut-être la plus dangereuse [...] Une fois qu'un territoire est devenu indépendant, il n'est plus possible, comme cela a été le cas au XIXème siècle, de revenir au stade précédent. On peut encore trouver des colonies où il est toujours en vigueur, mais il ne s'en créera plus de nouvelles. A la place du colonialisme. Nous avons aujourd'hui le néo-colonialisme.»16(*) L'essence du néo - colonialisme comme le démontre Nkwame NKrumah, c'est que l'Etat qui y est assujetti est théoriquement indépendant, possède tous les insignes de la souveraineté sur le plan international. Mais en réalité, son économie, et par conséquent sa politique sont manipulées de l'extérieur. Cette manipulation peut revêtir des aspects divers. Par exemple, dans un cas extrême, les troupes de la puissance impériale peuvent être stationnées sur le territoire de l'Etat néo-colonial et contrôler le gouvernement. C'est le cas en 1960 de la présence de l'armée belge au Katanga après la proclamation de l'indépendance du Congo ou des Forces de l'Union Européenne (EUFOR) stationnées à Kinshasa pour contenir toute velléité insurrectionnelle pouvant retarder le processus électoral en RDC enclenché en décembre 2006 avec l'organisation du référendum constitutionnel. A certains moments, les forces armées des Etats-Patrons sont invitées par les « appareils de contraintes » dans les Etats dominés pour assurer leur survie face aux forces de subversion. Au Zaïre (la RDC actuelle), le président Mobutu avait sollicité l'intervention de l'armée française pour contrer l'avancée des ex gendarmes katangais lors de la guerre de quatre-vingts jours déclenchée le 8 mars 1977. En 1986, le gouvernement tchadien avait invité l'armée française pour le secourir face à l'agression libyenne. Il peut s'agir aussi de la mise en place des gouvernements valets de l'impérialisme. Ces « appareils de contrainte » d'un type nouveau sont administrés par les mercenaires, hommes et femmes formés, dans les centres du capital financier hégémonique. Ces mercenaires accèdent au pouvoir par des coups d'Etat organisés, financés par les sociétés multinationales ou de services étatiques. Ce sont des appareils dont la principale, sinon l'unique fonction est des garantir la sécurité nationale du travail de l'homme, des sociétés multinationales et le capital financier du centre. Ils gouvernent par l'extermination physique, par l'assassinat, la torture et la disparition.17(*) Le régime Mobutu a pleinement joué ce rôle sous la deuxième République. Il a été mis en place par les américains, les français et les belges afin de garantir leurs intérêts sur le sol congolais. Actuellement, ces « appareils de contrainte » se reproduisent à travers les élections truquées, financées et soutenues par les Etats puissants. C'est le cas au Togo avec l'élection truquée du Président Faure Gnassingbé Eyadema, au Gabon où le président Omar El Hadji Bongo se fait élire et réélire en violation de la constitution gabonaise et au Congo Brazzaville où le président Sassou N'gouesso a été porté au pouvoir par le biais des élections trop peu démocratiques et transparentes. Mais tous ont bénéficié du soutien et de la reconnaissance de leur ancienne métropole, la France. Cependant, le plus souvent, le contrôle néo-colonialiste est exercé au travers de l'économie ou des moyens monétaires. L'Etat néo-colonial peut être forcé d'acheter des produits manufacturés ou de vendre ses matières premières au pouvoir impérialiste à l'exclusion de tout autre produit d'autre provenance. En ce qui concerne la RDC, cette situation se manifeste par l'obligation faite jadis à la Gécamines de vendre son cuivre exclusivement à la métallurgie Hoboken Overpelt de Belgique. Le contrôle de la politique gouvernementale peut être assuré en versant à l'Etat colonial des fonds destinés à sa gestion, ceci par le truchement de fonctionnaires bien placés à qui l'on peut dicter une politique, par le contrôle monétaire sur le commerce avec l'étranger et l'imposition du système bancaire contrôlé par le pouvoir impérialiste. Nous en voudrons comme exemple le financement des élections de 2006 par la Communauté internationale qui a en dicté l'issue. * 14 M. Kalele ka Bila, Capitalisme et sous développement à Kabinda. Une étude des mécanismes de domination et d'exploitation capitalistes, Lubumbashi, Labossa, 19884, p.9 * 15 C. Bettelheim cité par M. Kalele, idem. * 16 K. NKrumah cité par J. Ziegler, Main basse sur l'Afrique, Paris éd. du Seuil, 1978, p.42 * 17 J. Ziegler, Op-cit. p.42 |
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