UNIVERSITE DE KINSHASA
Faculté des Sciences Sociales, Administratives
et Politiques
Département de Sociologie et
Anthropologie
De Laurent-Désiré Kabila à Joseph
Kabila
La désillusion d'un régime
révolutionnaire en République Démocratique du
Congo
Par
Eder KITAPANDI LUZAU
Mémoire présenté et
défendu en vue
de l'obtention du grade de licencié
en
sociologie
Dir. : André Lubanza
Mukendi
Professeur Associé
Rap. : J.P. Mpiana Tshitenge wa
Masengu
Chef de Travaux
Année académique 2006-2007
EPIGRAPHE
« A tous ceux qui nous combattent. Car, plus que nos
amis, ils nous aident à ne rien affirmer au hasard ainsi qu'à
travailler sans relâche. Plus qu'ils nous compliqueront la vie, plus ils
nous rendront savant. »
Matthieu Kalele ka Bila
Et
« La vie ne vaut que les efforts qu'elle vous a
coûtés. Il faut toujours la considérer comme un combat,
une lutte acharnée où le désir de vaincre doit sans cesse
pointer à l'horizon quel qu'en soit le prix. C'est ça être
homme. On lutte, on s'affirme et on s'impose. »
Eder Kitapandi Luzau
DEDICACE
A Jéhovah Dieu, le maître de temps et de
circonstances qui m'a aidé d'arriver à la fin de mes
études. Sans toi, rien ne peut se réaliser ; que ton nom
soit glorieux.
A mon défunt père Bernard Kitapandi et à
ma mère Philomène Madiata pepe, pour m'avoir donné la vie
et m'ouvert les yeux aux prodiges de la terre, trouvez à travers ce
mémoire, combien je vous suis reconnaissant, car sans vous, je ne serai
rien dans ce monde.
A toi Freddy Kwanza « Le Jocker », pour
tant de privations et de sacrifices consentis pour ma formation et l'affection
que tu as toujours témoignée à mon égard. Je te
dédie ce modeste travail, puisse-t-il être un signe d'amour et un
souvenir de temps parfois durs.
A mon grand frère Fraizer Kwanza Chango et à son
épouse Mère Ngita, pour votre hospitalité, vos conseils,
encouragements et votre assistance tant matérielle que morale.
A toi mon cher ami bien aimé Dr Serge Kimolo, pour ton
amitié combien dévouée a été pour moi un
grand réconfort, me relevant chaque fois que j'allais sombrer dans le
désespoir, le relâchement. A travers mes écrits, fruit de
pénibles efforts et de longues nuits d'insomnie trouve ici ma
reconnaissance.
A mes neveux et nièces Trésor, Junior, Neville,
Chaïda ; Hans, Freddy, Beni, Keffi, Ruben, Fred, Magloire, Armando,
Degoline et Exaucée.
A mes frères, soeurs, cousins et cousines, que ce
travail soit pour vous un modèle de courage, de
persévérance, d'abnégation et de discipline. C'est
après avoir enduré des peines que nous sommes arrivé
à ce résultat. Entrez donc à l'école de
caméléon.
A Marcelline Ngunga notre cadette, que ce travail te serve de
modèle et d'exemple.
Je dédie ce mémoire
AVANT-PROPOS
Au seuil de ce mémoire qui marque la fin de notre
deuxième cycle d'études universitaires en sciences sociales,
administratives et politiques, au Département de sociologie et
anthropologie, il nous est un agréable devoir de remercier tous ceux
qui, de près ou de loin, d'une manière directe ou indirecte, ont
contribué à son aboutissement.
L'honneur revient en premier lieu au Professeur André
Lubanza Mukendi, notre directeur, qui a volontiers accepté d'assurer la
direction de ce mémoire. C'est grâce à ses
compétences scientifiques, ses observations, ses remarques pertinentes
et qualités humaines que nous sommes parvenu à élaborer le
présent travail.
En second lieu, notre gratitude s'adresse au Chef de Travaux
Jean Pierre Mpiana Tshitenge wa Masengu, notre encadreur, qui, malgré
ses occupations scientifiques et familiales, a accepté d'être
notre encadreur. Nous lui devons vive et sincère reconnaissance.
A travers notre directeur et notre encadreur, nous remercions
également tous nos professeurs, Chefs de Travaux et Assistants de la
faculté des Sciences sociales, administratives et politiques en
général, et ceux du département de sociologie et
anthropologie en particulier qui se sont dépensés jour et nuit
pour notre formation précieuse tant intellectuelle que morale à
l'Université de Kinshasa.
Que l'éloge soit adressé aux familles Kwanza,
Bala-Bala, Mpiana, Bakomba, Temene, Ngiama, Kifunga. Nous avons demeuré
dans le sanctuaire de leur assistance. Ce qui nous a permis de figurer ou de
nous classer en ordre utile dans les registres et listes de la mère
nourricière. Qu'elles trouvent à travers ces lignes nos
remerciements et le sceau de notre profonde gratitude.
Nous dirons également nos sincères et profonds
remerciements à nos partenaires Léon Mbu, Géorges Kizefu,
Seba Temene, Bopaul Amanako, Bula Kaarp, Mireille Mbombo Mpiana, Odile
Mukonkole, Thaman Pika, Dieudonné Musa, Zing Kwanza, Kamanda
Espé, Pitshou Mungul et les autres qui nous ont été utiles
dans les moments les plus difficiles de notre vie estudiantine par leurs
conseils et soutiens matériels. Qu'ils trouvent ici la marque de notre
profonde affection.
A nos amis et amies avec qui nous avons partagé la
joie et les peines de la vie, nous disons notre profonde gratitude :
Gauthier Kahungu, Mbuta rené Temene, Franck Ngiama, Mado Ngalula, Zhe
Muangu, Pitshou Abongi, Justine Ngalula, Moïse Mushongo, Chouchou Kifunga,
Massaro Mutelesi, JD Ngunza, Djo Kas Kasiama, Espe Mukundi Kabasele.
Que tous ceux qui ne sont pas cités dans ce travail, ne
puissent pas nous en tenir rigueur , car cela n'exprime aucunement une
ingratitude, au seuil d'un travail si limité.
Eder Kitapandi Luzau
INTRODUCTION GENERALE
1. Etat de la
question
Tout chercheur hérite d'une littérature de ses
prédécesseurs dans son domaine. Il en fait lecture pour situer
l'objet de sa recherche par rapport au niveau du débat. Cette revue
critique de la littérature existante appelée l'état de la
question, aide le chercheur à se démarquer en montrant son
originalité.
Nous conformant à cette exigence de la recherche
scientifique, nous revisitons un ensemble des travaux qui ont des accointances
avec notre étude.
Nyamoblema dans son travail de fin de cycle en sciences
politiques s'est préoccupé de savoir si la lutte armée
menée par l'Alliance des Forces Démocratiques pour la
Libération du Congo (AFDL), a contribué à
accélérer ou à ralentir le processus démocratique
en RDC.1(*)
Pour cet auteur, la lutte menée par l'AFDL a ralentie
le processus démocratique. Il en veut pour preuve la remise en cause des
acquis de la CNS, la suspension des activités des partis politiques et
la traque des opposants politiques.
Préoccupé par la même question, celle de
savoir si l'AFDL a effectivement mis une croix sur le processus
démocratique au Congo, Lumpungu Bakadi pense que l'AFDL avait
plutôt accéléré ce processus, car elle avait
publié et commencé à exécuter un calendrier
politique reprenant toutes les étapes à franchir pour
l'instauration d'une véritable démocratie dans notre pays ;
avec quelques erreurs certes.2(*)
Mais, en voulant justifier l'action politique exclusive de
l'AFDL comme moyen de lutte contre les ingérences
étrangères et particulièrement contre
l'impérialisme occidental, l'auteur semble ignorer que l'AFDL,
elle-même, devait son succès au soutien massif et
déterminant de certaines puissances occidentales en complicité
avec quelques pays africains notamment le Rwanda, l'Ouganda, le Burundi,
l'Angola, la Zambie et le Zimbabwe.
Donc, l'AFDL a été aussi le fruit de ces
ingérences étrangères et de cet impérialisme
occidental qu'elle prétend vouloir remettre en question. En outre,
l'option militaire pour la conquête du pouvoir, l'auto proclamation de
l'AFDL comme la seule et l'unique autorité de transition et la
suspension de toutes les activités politiques au pays pour une
durée de deux ans par l'AFDL, avaient mis en péril le processus
démocratique en gestation depuis le 24 avril 1990.
Ali Kikana M. dans son étude sur les gouvernements de
transitions sous l'AFDL3(*), stigmatise
la déviance de l'AFDL face à sa mission d'instaurer un Etat
démocratique. Selon cet auteur, ce déviationnisme est la cause
fondamentale de l'échec de tous les gouvernements AFDL et de la guerre
qui a sévi à l'Est du pays d'août 1998 à 2003.
Pour sa part, Mangaya Mutokenda4(*) a soutenu que le Président LD. Kabila avait
instauré un régime de confusion des pouvoirs en RDC en
concentrant tous les pouvoirs entre ses mains. Et pour rester le seul
maître du jeu politique, comme le constate Kanyinda Tshamala5(*), le Président LD. Kabila, sous
prétexte de préserver le pays de l'instabilité et de
l'imbroglio politiques constatés depuis le 24 avril 1990, a exclu toutes
les forces qui ne partageaient pas ses options politiques sur la gestion de la
chose publique en suspendant les activités des partis politiques.
Dans sa récente publication, Modeste Mutinga6(*) montre comment l'AFDL arrivée
au pouvoir a offert au peuple congolais la démocrature en lieu et place
de la démocratie. En effet, l'entrée à Kinshasa des
troupes de l'AFDL a été vécue par la très grande
majorité des congolais de Kinshasa comme un grand jour pour sa
libération d'un régime vermoulu qui a déçu les
espoirs placés en lui. Cette joie de la liberté retrouvée
a été de très courte durée. Les
« libérateurs» se sont très rapidement
illustrés par des méthodes totalitaires et des exactions qui
rappelaient l'époque coloniale léopoldienne : coups de fouet
publics par-ci, bastonnade pour un oui ou un non par-là, occupation
illégale de propriétés privées sous divers
prétextes. Moins d'un an après sa prise de pouvoir, AFDL
n'avaient plus la côte d'amour dans les coeurs des Kinois épris
de liberté. Devant cette nouvelle dictature, certains parmi eux en
étaient même venus à regretter le président
Mobutu.
Contrairement à ces études, nous nous proposons,
à travers notre travail, d'analyser les fortunes et les misères
du régimes AFDL qui s'est assigné le rôle historique
d'affranchir le Congo de la tutelle impérialiste aux lendemains de sa
victoire militaire sur le régime Mobutu considéré comme
allié local de l'impérialisme. Aussi, de démontrer que
contrairement à son engagement exprimé lors de sa prise des
fonctions présidentielles de continuer et de parachever l'oeuvre
politique de son prédécesseur assassiné, Joseph Kabila a
bifurqué vers l'impérialisme occidental combattu par le
régime AFDL dont il est l'émanation. Il s'agit, en fait, pour
sortir du discours militant (impérialisme, révolution,
anti-impérialisme, lutte de libération nationale) d'examiner
comment ces deux figures de la « révolution du 17
mai » (LD Kabila et J. Kabila) ont négocié les
défis de la mondialisation en RDC. Tant il est vrai que ce processus
de mondialisation bouscule frontière et souveraineté et se
réalise au seul profit des Etats puissants au détriment des
nations faibles, telle la RDC.
2. Problématique
L'émancipation des Etats dominés de la tutelle
des puissances euro-américaines a été, depuis de lustre,
au centre de préoccupation des scientifiques, des politiques et des
agents de développement. Elle a forgé tout un courant des
pensées, mieux toute une tradition en sociologie dénommée
« sociologie de l'impérialisme.» « Celle-ci se
réalise comme un courant théorique de la sociologie du
développement qui s'attache à étudier la dialectique de
l'impérialisme et les mouvements nationaux. Elle se préoccupe
fondamentalement de l'élaboration des réflexions critiques sur la
vie sociale dans les ensembles économico - politiques et
idéologiques de domination et d'exploitation des peuples en liaison avec
la formation historique concrète de ces ensembles.»7(*)
En clair, la sociologie de l'impérialisme analyse les
mécanismes de domination et d'exploitation mis en place par le
capitalisme à l'échelle mondiale. Par ces mécanismes, le
capitalisme devenu impérialisme et se constituant en centre, subjugue,
par les bourgeoisies locales interposées, les peuples entiers de la
périphérie pour assurer sa propre survie.
Ce courant de pensée a été
marqué par les travaux des sociologues de renommée mondiale tels
que Samir Amin, Abdel Malik, Peter Sweezy, André Gunder Frank, Jean
Ziegler, et au niveau national par des sociologues tels que Edouard
Dominique Longandjo O., Matthieu Kalele ka Bila, Clément Mwabila
Malela, Emile Bongeli Yeikelo a Yato, Kankwenda Mbaya, Mabika Kalanda, etc.
Pour ces sociologues, l'impérialisme a soumis à
sa logique les Etats du sud et impose dans ces Etats ses représentants
comme le montre Jean Ziegler dans son ouvrage intitulé « Main
basse sur l'Afrique ». La seule arme que les peuples dominés
d'Afrique disposent pour se libérer de l'humiliation, de
l'asservissement que leur inflige le dominateur impérialiste est la
lutte de libération nationale.
Ainsi donc, la thèse fondamentale de la sociologie de
l'impérialisme est que pour se libérer, le peuple dominé
n'a qu'une seule possibilité, la révolution.
Cette thèse a trouvé une audience
particulière dans les milieux politiques des nouvelles
sociétés issues de la décolonisation avec notamment
Nkwame Nkrumah, Sekou Toure et Patrice Emery Lumumba à ce qui concerne
la RDC.
Ce dernier constatant au lendemain de l'indépendance
que la tutelle belge continuait à peser sur le nouveau Etat dont il
était premier ministre, avança quatre idées
maîtresses pour libérer le Congo de ladite tutelle :
1. il n'y a pas de compromis possible avec
l'impérialisme, la lutte entre le nationalisme authentique et
l'impérialisme est une lutte à mort ;
2. seule la mobilisation des masses populaires permet de
constituer une force capable de l'emporter sur l'impérialisme ;
3. la domination de l'impérialisme étant
basée sur l'emploi des armes, la libération passe
nécessairement par la victoire de la résistance
armée ;
4. la lutte contre l'impérialisme ne peut aboutir
qu'à condition d'être liée à la lutte contre les
collaborateurs de l'impérialisme.8(*)
De par ses idées, P.E. Lumumba rêvait de
construire un Congo dont la dynamique devait contrarier, par son
indépendance et sa souveraineté, les intérêts du
capitalisme mondial. La logique de la domination internationale a rendu
impossible l'apparition d'un tel Etat en organisant l'assassinat de P.E.
LUMUMBA dans les conditions aujourd'hui connues.
Au lendemain de sa prise de pouvoir, après avoir
démantelé le régime Mobutu considéré comme
allié de l'impérialisme à la suite d'une
« guerre de libération », le Président L.D.
Kabila reprit pour son compte ce catéchisme révolutionnaire
légué par P.E. Lumumba.
Il dit en substance le 29/05/1997 à l'occasion de sa
prestation de serment comme président de la nouvelle RDC, que la
« troisième République », inaugurée
par son avènement au pouvoir, était l'anti-thèse de la
deuxième République. Cela signifie qu'un changement profond
devait se faire. Il déclarait également que le Congo ne pouvait
recevoir aucun dictat fut-il de soit disantes puissances du monde ou de la
communauté internationale.
Pour joindre l'acte à la parole, M'zee L.D. Kabila
avait entrepris, d'une part, de défaire toutes les forces
sociopolitiques supposées être alliées locales de
l'impérialisme afin que, selon lui, s'instaurasse la véritable
démocratie et, d'autre part, de contrer la logique de la domination
internationale pour que la RDC devienne véritablement un Etat souverain
dans le concert des nations. C'est dans cette perspective que les partis
politiques ont étaient suspendus, que les CPP ont été
créés comme creuset de la démocratie directe et que les
relations avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux
traditionnels de la RDC (France, Belgique, USA, FMI, BM) ont été
dénoncées et revisitées.
Suite à cette prise de position politique, constate
Colette Braeckmann, « les puissances qui avaient porté
à bout de bras la révolution de L.D. Kabila depuis les montagnes
du Kivu jusqu' à Kinshasa n'ont pas tardé à se rendre
compte qu'elles avaient misé sur un mauvais cheval.»9(*) Un tel pouvoir aussi peu
orthodoxe que celui de LD.Kabila, poursuit Colette Braeckmann, ne pouvait que
susciter la méfiance des occidentaux. Les pays voisins, quant à
eux, constatent rapidement que le nouveau maître du Congo n'est pas un
allié docile qui pouvait garantir leurs intérêts. Profitant
du fait que le nouveau régime n'a pas encore eu le temps de créer
une armée nationale, ils décident de revoir la
copie. »10(*)
C'est pourquoi, il n'a suffit qu'une année et deux mois
au régime de LD.Kabila pour déboucher sur un nouveau conflit
militaire qui a occasionné l'occupation des territoires de l'Est par des
forces armées rwandaises, ougandaises et burundaises et plusieurs
mouvements rebelles congolais.
Devenu l'homme à battre, L.D. Kabila fait l'objet
d'enquêtes sur les violations massives des droits de l'homme
perpétrées par ses troupes pendant la campagne militaire
menée contre le Président Mobutu. Le président LD. Kabila
est désormais un homme seul et il sera assassiné le 16 janvier
2001.
A son arrivée aux affaires de l'Etat, le
président Joseph Kabila, son fils et son successeur, avait pris
l'engagement de poursuivre et de parachever l'oeuvre
« salvatrice » de son père. Mais ses actions
politiques ont suffisamment montré qu'il a pris une distance
vis-à-vis de la politique de son prédécesseur. En effet,
il a réchauffé les relations difficiles que LD Kabila avait avec
la communauté internationale et petit à petit, il s'est
débarrassé des anciens collaborateurs de son père et a
sabordé les « acquis » de la révolution du 17
mai.
Ce sont ces contradictions qui s'observent entre ces deux
figures du mouvement politico-militaire AFDL qui ont attiré notre
attention.
De tout ce qui précède, trois questions
principales constituent l'essentiel de notre étude à
savoir :
- le président L.D. Kabila et son régime
« révolutionnaire » du 17 mai avaient-ils
réussi à libérer le Congo de la tutelle
impérialiste ?
- pourquoi Joseph Kabila n'a pas poursuivi le schéma
« révolutionnaire » de son père ?
- s'agit-il d'une stratégie pour la survie du
régime ou d'un réalisme politique à cette période
de mondialisation ou encore d'une reddition mettant fin aux illusions
d'un régime qui s'est voulu révolutionnaire?
3. Hypothèses de
travail
Au regard de la problématique, les hypothèses
suivantes semblent mieux se prêter à sa saisie. Nous pensons que
le Président L.D. Kabila et le régime AFDL, en dépit de
leur détermination, n'auraient pas réussi à
libérer le Congo de l'impérialisme. L.D. Kabila et l'AFDL
auraient été désillusionnés par le contexte de la
mondialisation qui ne se prête pas à l'autarcie dans laquelle ils
ont voulu enfermer la R.D.Congo. Aussi, l'anachronisme des orientations
politico-idéologiques de L.D. Kabila se portait en faux aux aspirations
démocratiques du peuple congolais telles que formulées par la
Conférence Nationale Souveraine. Néanmoins, sa philosophie
d' « autoprise en charge » est une valeur cardinale
pour l'émancipation du Congo.
Par ailleurs, nous pensons que le président Joseph
Kabila n'a pas poursuivi l'oeuvre de son prédécesseur parce qu'il
serait soumis aux pressions de la guerre et de la communauté
internationale ; il voudrait aussi s'affirmer en tant que nouveau leader
avec sa propre vision sur le Congo et, probablement, il ne s'estimerait pas
gestionnaire de l'encombrante idéologie de LD Kabila.
Donc, le président Joseph Kabila n'aurait pas eu de
choix pour assurer sa survie politique. Dans le monde interconnecté et
interdépendant d'aujourd'hui, il serait suicidaire de se replier sur
soi-même alors qu'on n'a pas les moyens de sa politique comme l'avait
fait son père.
4. Choix et
intérêt du sujet
Ce travail porte un double intérêt à
savoir : l'intérêt scientifique et l'intérêt
pratique.
Du point de vue scientifique, la présente étude
est un essai de validation, par la confrontation aux faits de l'histoire
récente de la R.D. Congo, de la théorie de la dépendance
ou la sociologie de l'impérialisme en vue d'en dégager les atouts
et les limites dans le contexte actuel de mondialisation.
Sur le plan pratique ou politique, cette étude
esquisse quelques réflexions pour l'édification au Congo d'un
Etat souverain dans le contexte de la mondialisation. Dans cette perspective,
elle s'inscrit dans le prolongement des travaux consacrés à la
recherche des pistes de solutions aux différentes crises que traverse
notre pays. Comme le font remarquer Arsène Mwaka, Colby Ngoy et Jean
Pierre Mpiana, la résolution de la crise congolaise passe par la
recherche d'un consensus national minimum dégagé du dialogue
entre congolais et d'un autre consensus négocié avec les
multinationales et les maîtres du monde pour bâtir la paix, la
démocratie et le développement.11(*)
5. Démarche
méthodologique
Tout travail scientifique doit suivre une démarche
méthodologique ; en effet, il n' y a pas d'observation de la
réalité sociale sans un minimum des théories au
départ. On ne regarde pas ce qui se passe dans la société
sans avoir quelques idées préconçues ou quelques
hypothèses de bon sens issus d'autres recherches sociologiques.12(*)
5.1. Méthode de
recherche
Comme totalité en mouvement, les régimes
politiques renferment en leur sein des aspects contradictoires à
l'origine de leur développement ou de leur déclin. Telles les
contradictions du régime issu de la « révolution »
du 17 mai 1997 aussi bien sous le règne de M'zee L.D. Kabila que sous
celui de Joseph Kabila avant le dialogue intercongolais. L'analyse de ces
contradictions suggère le recours à la méthode
dialectique qui nous paraît la mieux adaptée.
Selon Loubet Del BAYLE. J.C, la méthode dialectique
« est d'abord associée au concept de
totalité » en niant l'isolement entre les ensembles et leurs
parties » et en soulignant que la réalité sociale est
faite de l'ensemble des interactions entre ses différents
éléments. Elle tend en suite à privilégier
l'analyse des contradictions au sein de cette réalité en mettant
en relief l'apparente unité du réel, les tensions, les
oppositions, les conflits, les luttes des contraires et les contradictions13(*). Ce principe dialectique a
été coulé sous forme de 4 lois.
Les phénomènes ou les faits qui constituent la
réalité sociale sont en connexion et agissent les uns sur les
autres et ne peuvent être étudiées de manière
isolée, mais comme un processus en chaîne. Il s'agit là de
la première loi de la dialectique. Partant, nous considérons que
les péripéties de L.D.Kabila et de son régime
« révolutionnaire » ne peuvent être
appréhendées sociologiquement que si elles sont inscrites dans
les contradictions aussi bien internes qu'externes dans lesquelles ce
régime a fonctionné.
En suite, vient la loi de la contradiction qui soutient que
les faits de la nature y compris les faits sociaux, évoluent par
contradiction. En effet, les phénomènes naturels et sociaux se
développent sous le poids de leurs propres contradictions. En rapport
avec cette deuxième loi, nous mettons en lumière les
contradictions qui ont caractérisé le régime de LD Kabila.
En effet, au lieu d'instaurer la démocratie au nom de laquelle avait
menée la lutte armée contre le régime Mobutu, le
Président LD Kabila avait plutôt mis en place un pouvoir
autocratique. Aussi, en lieu et place de rompre avec les puissances
occidentales (impérialistes) comme l'avait préconisé L.D.
Kabila, Joseph Kabila qui avait pourtant prétendu poursuivre et
parachever l' « oeuvre salvatrice » de son père
lors de sa prise de pouvoir, a plutôt mis son règne sous le signe
de « consolidation » des liens avec lesdites puissances.
La troisième loi celle du changement dialectique ou de
la négation de la négation, elle prône le changement comme
principe première de tout ce qui existe. Cela veut dire qu'il n'y a rien
dans cet univers qui soit immuable et absolu. Elle souligne le fait que
toute société recherche toujours à dépasser les
situations présentes par des nouvelles. Ce n'est pas la destruction
totale des aspects négatifs et la conservation des côtés
positifs. Cette loi s'illustre dans ce travail par le changement d'optique
opéré par le Président Joseph Kabila en vue d'assurer sa
survie politique en abandonnant les options politico-idéologiques de son
défunt père L.D. Kabila.
La loi du changement qualitatif, postule que « tant
dans la nature que dans la société, d'une manière
général et dans chaque cas concret, les changements qualitatifs
ne peuvent se produire qu'à travers les changements quantitatifs par
addition ou soustraction.» Le changement de perspective
opéré par le Président Joseph Kabila a eu des
répercussions sur le « régime du 17 mai. »
L'action menée par le président Joseph Kabila depuis sa prise de
pouvoir a vidé le régime du 17 mai de sa substance
révolutionnaire dont il se targuait.
5.2. Techniques de
recherche
La méthode seule ne suffit pas pour réaliser un
travail scientifique. Elle doit mobiliser des techniques de collecte de
données qui seront soumises à son crible. Les techniques se
définissent alors comme des moyens au service de méthode afin de
faciliter la récolte et le traitement des donnes.
Ainsi pour élaborer ce travail, nous avons fait recours
à la technique documentaire étant donné que nous ne sommes
pas le premier à traiter ce sujet. Nous avons consulté divers
documents que nous avons soumis à une analyse critique.
Nous avons également recouru à la technique
d'entretien grâce à laquelle nous avons eu des discussions avec
quelques acteurs et analystes politiques.
6. Délimitation du
sujet
Notons que tout chercheur doit savoir circonscrire son sujet
aussi bien dans le temps que dans l'espace. Ce faisant, dans le temps, cette
étude couvre la période allant du 17 mai 1997 au 30 juin 2003.
Cette période est celle au cours de laquelle les deux Kabila ont
exercé le pouvoir en tant que leaders du régime issu de la
« révolution » du 17 mai. Dans l'espace, nous
limitons notre étude à la République Démocratique
du Congo, Etat dans lequel les deux présidents ont exercé leur
pouvoir.
7. Difficultés
rencontrées
Aucun travail scientifique ne peut se réaliser sans
difficultés, notre étude ne fait pas exception. Ainsi, tout au
long de notre recherche nous avons relevé les difficultés
ci-après :
- nos enquêtés affichaient une certaine
méfiance au regard de notre sujet d'étude ;
- sur le plan financier, nos enquêtes nous ont
exigé des moyens financiers énormes pour obtenir les informations
utiles à la réalisation de ce travail.
8. Subdivision du
travail
Hormis l'introduction et la conclusion, notre travail s'articule
autour de trois chapitres à savoir :
-le premier porte sur les mécanismes de domination et
d'exploitation impérialistes en Afrique et en RDC ;
-le deuxième, quant à lui, étudie le
régime politique de LD. Kabila ;
-le troisième chapitre porte sur la succession de
Joseph Kabila au pouvoir et sa rupture avec les options
politico-idéologiques de son prédécesseur.
CHAPITRE I :
LES MECANISMES DE
DOMINATION ET D'EXPLOITATION
IMPERIALISTES EN AFRIQUE ET
EN RDC
Introduction
Dans ce chapitre, nous allons commencer par décrire les
mécanismes de domination et d'exploitation capitalistes ou
impérialistes. Nous montrerons par la suite comment ils se produisent au
niveau de la RDC.
Nous devons avant tout préciser le sens que nous
donnons aux concepts domination et exploitation. Nous utilisons ces deux
concepts dans le même sens que Matthieu Kalele ka Bila. D'après
cet auteur, la domination signifie que ce sont les pays sous
développés qui dans leurs propres intérêts orientent
et dirigent l'activité économique dans les pays sous
développés. Par exploitation, il faut entendre que ce qui est
ainsi produit dans les pays sous développés, sert à
satisfaire plutôt les besoins des habitants de ces derniers pays que ceux
de premiers. L'auteur montre que les habitants des pays sous
développés sont amenés à produire pour le compte
des habitants des pays développés, ceux-ci mettent sur pied un
appareil politique qui les y contraint.14(*)
A la suite de Charles Bettelheim, M. Kalele ka Bila note que
les concepts domination et exploitation économiques ont pour corollaire
une domination politique et culturelle. Cette façon de concevoir le
conduit à définir les pays sous développés comme
étant ceux qui subissent de la part des pays développés,
une domination et une exploitation économique engendrant une domination
politico - culturelle.15(*) D'une
manière générale les pays sous développés
sont des pays exploités et dominés économiquement,
politiquement et culturellement.
Section 1. Nature du
néo-colonialisme
« Le néo-colonialisme d'aujourd'hui
représente l'impérialisme dans sa phase finale, peut-être
la plus dangereuse [...] Une fois qu'un territoire est devenu
indépendant, il n'est plus possible, comme cela a été le
cas au XIXème siècle, de revenir au stade
précédent. On peut encore trouver des colonies où il est
toujours en vigueur, mais il ne s'en créera plus de nouvelles. A la
place du colonialisme. Nous avons aujourd'hui le
néo-colonialisme.»16(*)
L'essence du néo - colonialisme comme le
démontre Nkwame NKrumah, c'est que l'Etat qui y est assujetti est
théoriquement indépendant, possède tous les insignes de la
souveraineté sur le plan international. Mais en réalité,
son économie, et par conséquent sa politique sont
manipulées de l'extérieur.
Cette manipulation peut revêtir des aspects divers. Par
exemple, dans un cas extrême, les troupes de la puissance
impériale peuvent être stationnées sur le territoire de
l'Etat néo-colonial et contrôler le gouvernement. C'est le cas
en 1960 de la présence de l'armée belge au Katanga après
la proclamation de l'indépendance du Congo ou des Forces de l'Union
Européenne (EUFOR) stationnées à Kinshasa pour contenir
toute velléité insurrectionnelle pouvant retarder le processus
électoral en RDC enclenché en décembre 2006 avec
l'organisation du référendum constitutionnel. A certains
moments, les forces armées des Etats-Patrons sont invitées par
les « appareils de contraintes » dans les Etats
dominés pour assurer leur survie face aux forces de subversion. Au
Zaïre (la RDC actuelle), le président Mobutu avait sollicité
l'intervention de l'armée française pour contrer l'avancée
des ex gendarmes katangais lors de la guerre de quatre-vingts jours
déclenchée le 8 mars 1977. En 1986, le gouvernement tchadien
avait invité l'armée française pour le secourir face
à l'agression libyenne.
Il peut s'agir aussi de la mise en place des gouvernements
valets de l'impérialisme. Ces « appareils de
contrainte » d'un type nouveau sont administrés par les
mercenaires, hommes et femmes formés, dans les centres du capital
financier hégémonique. Ces mercenaires accèdent au pouvoir
par des coups d'Etat organisés, financés par les
sociétés multinationales ou de services étatiques. Ce sont
des appareils dont la principale, sinon l'unique fonction est des garantir la
sécurité nationale du travail de l'homme, des
sociétés multinationales et le capital financier du centre. Ils
gouvernent par l'extermination physique, par l'assassinat, la torture et la
disparition.17(*) Le régime
Mobutu a pleinement joué ce rôle sous la deuxième
République. Il a été mis en place par les
américains, les français et les belges afin de garantir leurs
intérêts sur le sol congolais. Actuellement, ces
« appareils de contrainte » se reproduisent à
travers les élections truquées, financées et soutenues par
les Etats puissants. C'est le cas au Togo avec l'élection truquée
du Président Faure Gnassingbé Eyadema, au Gabon où le
président Omar El Hadji Bongo se fait élire et
réélire en violation de la constitution gabonaise et au Congo
Brazzaville où le président Sassou N'gouesso a été
porté au pouvoir par le biais des élections trop peu
démocratiques et transparentes. Mais tous ont
bénéficié du soutien et de la reconnaissance de leur
ancienne métropole, la France.
Cependant, le plus souvent, le contrôle
néo-colonialiste est exercé au travers de l'économie ou
des moyens monétaires. L'Etat néo-colonial peut être
forcé d'acheter des produits manufacturés ou de vendre ses
matières premières au pouvoir impérialiste à
l'exclusion de tout autre produit d'autre provenance. En ce qui concerne la
RDC, cette situation se manifeste par l'obligation faite jadis à la
Gécamines de vendre son cuivre exclusivement à la
métallurgie Hoboken Overpelt de Belgique.
Le contrôle de la politique gouvernementale peut
être assuré en versant à l'Etat colonial des fonds
destinés à sa gestion, ceci par le truchement de fonctionnaires
bien placés à qui l'on peut dicter une politique, par le
contrôle monétaire sur le commerce avec l'étranger et
l'imposition du système bancaire contrôlé par le pouvoir
impérialiste. Nous en voudrons comme exemple le financement des
élections de 2006 par la Communauté internationale qui a en
dicté l'issue.
Section 2. Les
mécanismes de domination impérialiste
Comme le fait remarquer Bertrand Badie, ces mécanismes
sont mieux perceptibles à travers les relations entre les Etats, patrons
et les Etats- clients ou dominés, ainsi que dans les captations de la
souveraineté de ces derniers.18(*)
La dépendance suppose un échange des
faveurs : l'Etat - patrons alloue à l'Etat - client des biens
indispensables à sa survie. Ce dernier apporte les faveurs les plus
diverses notamment : l'usage de son territoire, l'usage de son pouvoir
symbolique sur la scène internationale ainsi que le mimétisme
institutionnel.
1. L'usage du territoire
Il s'agit pour l'Etat-client :
- de faciliter principalement le pillage des matières
précieuses diverses et variées dont regorge son
sous-sol ;
- d'assouvir les visées géopolitiques de l'Etat
patron, octroi des bases militaires, faciliter la traversée du
territoire de l'Etat client, servir de base arrière pour la
sécurisation ou l'insécurisation des autres Etats - poubelles
qui conduit le client à rétribuer son patron en lui laissant la
libre disposition de son sol ou de son espace maritime pour y stocker les
déchets de la société industrielle. Nous nous rappellerons
de la société OTRAG (Orbital Transport und
Racketen-Aktiengesllschaft dont le siège est basé à
Stuttgard en Allemagne), qui opérait dans le Nord Katanga et dont
l'activité principale était d'enfouir dans le sol congolais les
déchets toxiques qu'elle produisait à partir de l'Allemagne.19(*) Nous citerons également la
situation qui a défrayé la chronique dans le dernier trimestre de
l'année 2006 en Côte d'Ivoire sur les déchets toxiques.
580 tonnes de déchets toxiques déversés sur une douzaine
de sites d'Abidjan et ses environs, ont entraîné 08 morts
officiellement connus avec plus de 56000 personnes intoxiquées de ces
émanations à l'odeur d'oeuf pourri qui prend à la gorge,
provoque irritations cutanées, malaises, diarrhées, maux de
tête, vomissements et saignement de nez.
2. L'usage du pouvoir
symbolique de l'Etat client sur la scène internationale
Dans ce cas précis, il s'agit pour l'Etat-client
d'aliéner sa souveraineté en faveur de l'Etat patron lors des
assises internationales. La belle illustration concerne le vote des pays
d'Afrique francophone au côté de la France dans les institutions
internationales.
Le cas le plus frappant est leur refus d'approuver les
résolutions présentées devant l'assemblée
générale des nations unies, en 1986 et 1987, condamnant la
politique française en Nouvelle Calédonie. Il en est de
même du soutien apporté à la France par les Etats
francophones de l'Afrique au Conseil de Sécurité de l'ONU qui
s'opposait à l'envoi par cette dernière des troupes en Irak.
3. Le mimétisme
institutionnel
L'Etat - client se voit obligé d'imiter l'Etat - patron
sur tous les plans : financier, économiques, militaire,
technologique, politique.
En termes de mimétisme institutionnel, l'Etat-client
est obligé de conformer ses institutions politiques à celle de
l'Etat-patron : les Etats africains progressistes aux partis uniques se
sont conformés au modèle des pays de l'Est alors que
récemment les patrons occidentaux ont invité leurs Etats clients
à se conformer à leur propre histoire de démocratisation
(conditionnalité politique). En 1989, lors du sommet de la Baule, la
France avait conditionné l'octroi de son aide aux Etats africains par la
démocratisation de leurs institutions politiques. Cette
démocratisation piégée, pour singer la formule de
Ngbanda, a néanmoins fait échos des aspirations à la
démocratie déjà présentes au sein des forces
sociopolitiques internes aux Etats africains.
En définitive, ces rapports inégalitaires
mettent l'Etat-patron dans l'obligation morale de veiller à la survie de
l'Etat - client alors que le dernier est face à une inconditionnelle
obligation de respecter ses engagements avec le premier.
Le fait pour l'Etat-client de changer l'Etat patron lui
crée des ennuis car il peut occasionner l'asphyxie interne et la mise au
ban de la communauté internationale. Le cas de LD Kabila qui s'est
attiré le courroux de la France en boycottant le sommet de la
francophonie et qui manifestait l'intention de coopérer
désormais avec les pays asiatiques.
Au de là des obligations, les deux Etats ont des
droits. Si les droits de l'Etat -patron ont été largement
décrits ci-haut, il reste à préciser ceux de
l'Etat-client. En effet :
- au plan diplomatique : l'Etat-patron peut lui obtenir
des avantages d'un autre Etat-patron ou d'un de ses Etats-clients.
- au plan socio-économique : l'Etat-client
bénéficie du soutien économico-financier de son
patron ;
- au plan politique : l'Etat-patron veille à ce
que l'Etat-client soit protégé face à tout ce qui pourrait
menacer les acteurs politiques valets ;
- au plan financier, l'instrumentalisation des institutions de
Bretton Woods en sa faveur ;
- au plan militaire : l'Etat-patron renforce les
dispositifs militaires de l'Etat- client ;
- au plan technologique : le transfert technologique en
faveur de l'Etat- client.
Comme on peut s'en rendre compte, ce ne sont pas des facteurs
mais des mécanismes d'insertion dans la logique de la domination
impérialiste.
Section 3. Les captations
de souveraineté
Les captations de souveraineté se font dans les trois
secteurs essentiels d'accomplissement de la souveraineté :
diplomatique, économique et politique.
Les lignes qui suivent permettront de faire voir comment la
République Démocratique du Congo a une souveraineté de
façade que le nouvel ordre institutionnel tente de rendre effective.
1. Sur le plan diplomatique
Elle remonte à la période de signature des
traités inégaux et aux capitulations qui visaient
d'empêcher l'Etat dominé d'exprimer sa souveraineté sur la
scène internationale.
Le traité de 1960 entre la Belgique et la
République Démocratique du Congo est le cas le plus flagrant.
L'ouvrage de Pierre Joye et Rosine Lewin sur les trusts au Congo,
présente une image très nette des événements qui
ont précédé et suivi l'indépendance. D'après
les auteurs de cet ouvrage, l'Etat Indépendant du Congo, sous
Léopold II possédait une part importante des
sociétés initiales, ainsi que des « compagnies à
charte » créées à cette époque et des
entreprises privées. Après l'indépendance 1960, les trusts
ont accéléré leurs manoeuvres pour empêcher les
congolais de prendre possession de leur patrimoine.20(*)
Actuellement, la captation de cette fonction ne se fait plus
par la signature des traités inégaux ou par les capitulations.
Elle s'opère au travers des mécanismes plus informels qui
ménagent à l'Etat dominé une souveraineté de
façade. Pour donner l'impression de ne pas s'ingérer dans les
affaires intérieures des Etats dominés, les Etats dominants
passent dorénavant par leurs Etats gendarmes et par leurs valets
nationaux.
La captation de la fonction diplomatique a pour
conséquence de faire primer le conformisme que la remise en cause. Ce
qui permet de perpétuer un ordre international décrié,
mais qu'aucun Etat ne peut individuellement dénoncer sans que cela ne
lui coûte cher.
2. Sur le plan
économique
Elle surmonte et contourne les indépendances formelles
des Etats dominés. Ces derniers sont invités par les Etats
dominants à aménager leur environnement socio - économique
conformément aux règles de l'économie de marché et
celles du néo - libéralisme, malgré les faits que ces deux
modèles économiques ont une histoire et un fondement culturel
particulier et que la plupart des sociétés extra - occidentales
sont caractérisées par un réseau complexe
d'économie informelle et communautaire difficilement réductibles
à la logique du marché.
La tutelle économique des Etats dominés est
ainsi confiée à la Banque mondiale et au Fonds Monétaire
International qui ont imposé des programmes d'ajustement structurel
comme conditionnalité économique.
L'octroi de ce qui est faussement appelé aide est
conditionné par l'obligation faite à l'Etat dominé de
faire preuve d'un conformisme économico-financier au lieu de toute
innovation qui pourrait asphyxier le capitalisme mondial.
Ainsi le bilatéralisme et le multilatéralisme
(ce dernier offre l'alibi de l'anonymat), accroissent les possibilités
de captation de la fonction économique des Etats dominés. Les
politiques de restructuration et celles d'ajustement structurel ont pour
effet :
- de maintenir la dépendance économique des pays du
sud en les soumettant à des conditions inégales de traitement de
la crise internationale ;
- d'organiser un certain type de régulation du
système économique international ;
- de favoriser l'économie de marché comme le
modèle unique de conception de l'économie. C'est dans ce cadre
que Joseph Kabila, nouveau Président de la R.D.Congo, était
appelé à promulguer un nouveau code minier et un nouveau code des
investissements en remplacement de ceux laissés par LD Kabila.
3. Sur le plan politique
L'Etat-client se voit empêché de mettre en place
des institutions politiques qui échappent au contrôle de
l'Etat-patron. Celui-ci s'arroge le droit de mettre en place ou de
déchoir un régime, de déterminer ses animateurs, de lui
confier une mission précise. C'est donc de cette façon que se
présente la logique de la domination impérialiste.
Comme le note Bertrand Badie, « La logique de la
domination internationale rend dysfonctionnelle l'apparition, à la
périphérie d'un Etat dont la dynamique pourrait contrarier, par
son indépendance et sa souveraineté, les intérêts du
capitalisme mondial. »21(*)
Conclusion partielle
Nous avons passé en revue, à travers ce
chapitre, les différents mécanismes par lesquels les puissances
euro-américaines subjuguent les sociétés de la
périphérie du système capitaliste, particulièrement
les sociétés africaines. Sans se soumettre à merci ni
capituler, nombre d'Etats, à travers leurs leaders, se sont battus pour
s'émanciper de cette domination, de cette exploitation, de cette
humiliation que leur imposent les Etats puissants. L'histoire retient des
célébrités comme Nkwame Nkrumah, Patrice Emery Lumumba,
Mahatma Gandhi, Fidel Catro, Che Guevara, Mao Tse Toung, Kim Il Sung, Anouar
El Sadate, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, etc.
Dans son maquis et dans l'exercice du pouvoir, LD Kabila
s'était investi de la mission de briser tous ces mécanismes qui
font ployer la RDC sous l'exploitation et la domination capitalistes. Il
rêvait ainsi bâtir au Congo un Etat véritablement
« souverain », « démocratique »
et « défenseur » des intérêts du peuple
congolais. Cet Etat centré sur lui-même et fondé sur la
philosophie d'autoprise en charge, devait produire la richesse à
redistribuer équitablement à toutes les composantes de la
société congolaise. Comment cette lutte devait-elle se mener dans
le contexte actuel de mondialisation qui bouscule frontières et
souverainetés ? Sans tenir compte de ce nouveau contexte, LD Kabila
s'est engagé, comme aux années 60, dans une offensive contre les
puissances du monde. Ces actions que nous qualifions d'illusions d'un
régime révolutionnaire se sont avérées fatales
pour lui. Il a laissé la RDC sans avoir réaliser ses
principales ambitions.
CHAPITRE II :
LE REGIME DE L.D.
KABILA
Introduction
Le but de ce chapitre est d'analyser ce qu'a
été le régime politique de L.D. Kabila issu de la
« révolution» du 17 mai 1997. En effet, le
Président L.D. Kabila et son AFDL s'étaient donnés
l'objectif de libérer le peuple congolais de la dictature mobutiste, de
redémocratiser la société congolaise en redonnant le
pouvoir au peuple et de reconstruire le Congo détruit par la gestion
prédatrice des mobutistes qu'ils considéraient comme des laquais
locaux de l'impérialisme occidental. La réalisation de ces
objectifs a conduit L.D. Kabila à mener des actions aussi bien sur le
plan politique, économique que diplomatique. Inspiré de
l'idéologie maoïste, mais aussi du marxisme-leninisme, l'ensemble
de ces actions ont mis L.D. Kabila en déphasage tant avec les forces
socio-politiques internes qu'avec les intérêts des puissances
régionales et internationales.
Au vu de ces actions, certains Analystes, à l'instar de
Colette Braeckmann, ont soutenu que « Kabila était prisonnier
de lui - même de son idéologie forgée dans les
années 1960, des réflexes de maquisard qui inspire une
méfiance instinctive à l'égard de tout ce qu'il ignore ou
ne contrôle pas. Prisonnier des zones d'ombre de son passé et des
secrets de la guerre. Celui qui se prévaut d'avoir libéré
son peuple doit aussi se libérer lui - même»22(*)
C'est ainsi que tout au long de son court règne, son
régime avait fait face aux mécontentements de la population et de
la classe politique et à une résistance politique interne ;
à des difficultés économiques découlant de
l'embargo économique et financière lui imposé par la
communauté internationale dont il a déçu les
intérêts et à l'agression de ses anciens alliés (le
Rwanda, le Burundi et l'Ouganda). La conséquence en sera un règne
écourté et le démantèlement de son régime.
Mais, reconnaissons que L.D.Kabila n'avait pas bénéficié
de répit pour réaliser ses ambitions. Aurait-il mieux fait si le
contexte tant national qu'international ne lui était pas
hostile ?
Dans la première section, nous ferons le point sur la
« révolution du 17 mai 1997 », dans la
deuxième section nous examinerons la gestion de la République par
le président LD Kabila.
Section 1: LD. KABILA
et la Révolution de 17 mai 19972323(*)
1. Laurent Désiré
Kabila et le maquis de Fizi- Baraka
Il s'agit dans cette section de tracer un bref aperçu
historique sur la vie politique de LD .Kabila, son parcours, ainsi que la
manière dont il a organisé le maquis.
Laurent Désiré Kabila a été un des
anciens de la guerre d'indépendance, une des vieilles connaissances de
Patrice Emery Lumumba, de pierre Mulele, de Léonard Mitudidi, de Jean
Ziegler, de Janson Sendwe, de Christophe Gbenye, de Gaston Soumialot et de
Ernesto Che Guevara.
Membre de la Balubakat, parti allié au MNC/Lumumba
dirigé par Jason Sendwe, L.D.Kabila est en février 1962 Directeur
de cabinet du Ministre de l'information dans le gouvernement provincial du
Nord Katanga. En octobre de la même année, il est devenu Directeur
de cabinet au Ministère de travaux publics, puis en novembre, il est
coopté députe à l'Assemblée provinciale du Nord
Katanga à Monono.
Cofondateur du conseil national de libération, CNL en
octobre 1963, il y a assumé plusieurs responsabilités.
Après la dislocation du MNC-L, plusieurs tentatives de sa
réunification vont se solder par un échec. C'est alors qu'il va
se résoudre de créer, lors d'un congrès extraordinaire, en
décembre 1967, le Parti de la Révolution Populaire (PRP) qui
tiendra son maquis dans l'axe Fizi-Baraka au Sud-Kivu, jusqu'en 1986,
année au cours de laquelle ce maquis a été
dispersé.
Ses nombreux voyages à l'étranger notamment en
Yougoslavie, en chine, en France, en Tanzanie, en Ouganda, au Rwanda, au
Soudan, au Burundi, au Kenya, etc., élargiront son champ d'action dans
sa lutte contre l'impérialisme occidental. Il sera signalé dans
le maquis soudanais du général John Garang, dans ceux qui ont
conduit Yoweri Kaguta Museveni, et Paul Kagame au pouvoir, avant de
déclenche la guerre de «libération» du Congo.
2. Ses idées
maîtresses
A ce niveau, nous revenons sur ses reproches au gouvernement
de Mobutu ainsi que sur la formulation de son idéologie et de son projet
politique.
1°. Ses reproches au gouvernement de
Mobutu
Lors d'un congrès politique tenu à Sungwe dans
le territoire de Fizi du 9 au 13 Août 1968, ses reproches au gouvernement
de Kinshasa ont été définis.
LD. Kabila avait montrée à la population que le
pouvoir appartient au peuple. Ainsi, seul le peuple a le droit de l'accorder
à l'homme qu'il se choisit pour décider de sa destinée.
Lorsque le peuple trouve que son élu ne répond plus à sa
volonté et à ses intérêts, il a le pouvoir et le
droit de le remplacer par quelqu'un d'autre qui répondra à ses
intérêts.
Il avait reproché au gouvernement de Mobutu
d'être dictatorial, de ne pas émaner de la volonté du
peuple et de ne pas répondre aux intérêts du peuple. C'est
un gouvernement vassal. Même les trois principes primaires d'une
démocratie y sont foulés aux pieds : l'élection du
gouvernement du peuple, l'établissement d'un gouvernement du peuple,
pour le peuple, c'est-à-dire pour l'intérêt du peuple. Le
gouvernement de Mobutu était à la solde des américains et
des belges qui l'ont mis en place et qui assurent sa survie. Il entretient
l'exploitation du pays et du peuple sous toutes les formes possibles par les
capitalistes.
Il avait aussi souligné dans ses reproches l'absence de
liberté politique, de liberté d'expression, de liberté de
presse. Les prétendus commissaires du peuple dans ce régime ne
transmettent jamais les voeux de la population. La classe politique au pouvoir
vulgarisait et favorisait le tribalisme, en avantageant certaine tribus au
détriment des autres dans l'exercice du pouvoir.
2°. Son idéologie et son projet
politique
L'idéologie et le projet politique de LD. Kabila sont
d'inspiration maoïste. Il se proposait de faire du Congo une
société démocratique et socialiste. Le maoïsme, selon
L.D. Kabila, repose sur trois principes :
1. la connaissance des différents courants de
pensée (matérialisme, idéalisme),
2. la maîtrise d'une science qui conduit à
l'autosuffisance (économie politique) ;
3. La conviction que toutes les richesses
(potentialités) agricoles industrielles et minérales
appartiennent à l'Etat socialiste.24(*)
Il préconisait faire du Congo un pays où toutes
les richesses devraient être au profit de la population. Dans cet Etat
démocratique, seul le peuple devait détenir le pouvoir de
décider de la destinée du pays. Le Gouvernement
démocratique et l'Etat socialiste auraient mission de garantir à
la population l'égalité de tous, l'élimination de toute
forme de discrimination, la justice pour tous, la répartition
équitable des revenus, et l'élimination du chômage.
Trois décennies plus tard, la lutte armée,
menée cette fois-ci avec le soutien des grandes puissances et des pays
des Grands Lacs africains, va porter LD Kabila au pouvoir, lui donnant ainsi
l'opportunité de matérialiser ses idées longtemps
caressées pour bâtir au coeur de l'Afrique un Etat du peuple,
véritablement démocratique. Sa gestion de la chose publique
s'est-elle rapprochée de cet idéal ? Nous pouvons noter que
les idées de LD Kabila au maquis et sa gestion du pouvoir n'ont pas fait
bon ménage. Il y a eu des contradictions et des écarts entre le
dire et le faire. Nous y reviendrons plus loin.
3. Création de
l'AFDL
Pour trouver des solutions à la crise politique qui a
secoué la RDC au cours de la décennie 1990 ; et qui fut
provoquée par la dictature de Mobutu contre laquelle aucune solution
pacifique n'avait triomphé, certains compatriotes, vivants à
l'intérieur comme extérieur et soutenus par les puissances
étrangères et les pays de la région des Grands Lacs
africains, prirent la décision de mener la lutte armée contre
la dictature mobutienne.
C'est ainsi que l'AFDL sera créée et regroupera
en son sein les partis ci-après :
1. le parti pour la révolution populaire (PRP) dont le
chef était L.D. Kabila ;
2. le conseil national de résistance (C.N.R) dont le
leader était Ngandu Kisase ;
3. le mouvement national pour la résistance et la
démocratie du Masasu Nindanga ; enfin ;
4. l'Alliance Démocratique du Peuple (ADP) avec comme
leaders Déogracias Bugera.
Ces partis avaient, à travers leurs leaders
précités, créé en date du 18 octobre 1996 à
Lemera dans le territoire d'Uvira dans la province du Sud-Kivu, un mouvement
politico-militaire dénommé Alliance des Forces
Démocratiques pour la Libération du Congo, en sigle AFDL.
Cette Alliance avait pour objectifs, le renversement par la
force de la dictature mobutiste, l'instauration de la démocratie par
l'organisation des élections démocratiques et transparentes.
Pour atteindre ses objectifs, l'AFDL avait, en octobre 1996,
déclenché la guerre dite de libération avec l'appui des
Rwanda, Burundi, Ouganda, Angola. Cette guerre qui a commencé au
Sud-Kivu en 1996, s'étendra à d'autres provinces de la
République. Petit à petit, les villes tombaient une à une
sans résistance des forces armées zaïroises. La population
qui en avait marre de la dictature prêtera mains fortes à
l'AFDL.
Le 17 mai 1997, les troupes de l'AFDL marchent sur Kinshasa
qu'elles ont conquis presque sans combat. De Lubumbashi où il
était, le président de l'AFDL LD. Kabila s'autoproclamera
président de la République Démocratique du Congo.
Arrivé au pouvoir, LD Kabila est resté
fidèle à ses options politiques développées depuis
les années 60 et réaffirmées dans le maquis de Fizi.
Ainsi, il disait lors de son discours de prestation de serment comme
président de la République, la victoire de l'AFDL et son
accession au pouvoir marquent la fin d'un régime corrompu, autocratique,
de la régression économique et annonçait la naissance
d'une nouvelle société. Le Président LD. Kabila a
dénoncé les méfaits du régime déchu, un
régime qui n'était qu'un instrument de domination, d'exploitation
du peuple et un protecteur des étrangers dont la mission consistait
à piller les richesses du pays et assujettir la population. La
2ème république ayant échoué, le nouveau
régime s'était fixé les objectifs de la
démocratisation et de la reconstruction nationale. Et pour
réaliser ces deux objectifs, L.D.Kabila se devait de se défaire
de l'encombrante tutelle de la « Communauté
internationale », mieux des grandes puissances.
Section 2. LD. KABILA et la
démocratisation de la R.D. CONGO
En vue de mettre un terme au refus du président Mobutu
d'ouvrir le pays à une démocratie véritable, L.D. Kabila
prendra le pouvoir à la faveur d'une lutte armée, largement
soutenue, appuyée par le peuple qui attendait de ce dernier des
changements politiques conformes à sa nouvelle aspiration
démocratique. Mais, il sied de noter que L.D. Kabila avait une
conception maoïste ou socialiste de la démocratie différente
de la démocratie représentative qu'il avait trouvé en
cours et qu'il qualifiait de « démocratie
bourgeoise ». Dans la perspective maoïste, il y a
démocratie véritable lorsqu'on en vient à la suppression
du pouvoir d'Etat et des partis politiques qui sont des instruments dont se
sert la bourgeoisie pour opprimer le peuple. Et Mao Tse Toung précise
que la véritable démocratie, qu'il qualifie de la dictature
démocratique populaire, consiste à « exercer une
dictature sur les valets de l`impérialisme, sans tolérer de leur
part aucun propos ou acte contre le pouvoir établi. Tout propos ou acte
de ce genre sera aussitôt réprimé et puni. C'est au sein du
peuple que la démocratie est pratiquée, le peuple jouit de la
liberté de parole, de réunion, d'association, etc. Le droit de
vote n'appartient qu'au peuple, il n'est point accordé aux
réactionnaires.25(*) Il est
donc clair que pour M'Zee L.D. Kabila, inspiré par ce précepte,
la « démocratie bourgeoise à l'occidental »
qu'il avait trouvée en cours de consolidation devait céder la
place à la démocratie populaire. Comme le fait remarquer Lobho
lwa Djugu Djugu, « le nouveau président tenta d'organiser le
pays à sa manière avec un décret-loi constitutionnel
élaboré à la hâte et qui portait tous les germes des
turpitudes. Du processus de démocratisation qu'il trouva sur place, il
n'en fit qu'une vague allusion. De toute les façons, personne dans son
entourage, ni les rwandais, ni les ougandais et moins encore les alliés
banyamulenge, n'avaient besoin de poursuivre un processus qui les
laisseraient au bord de la chaussée politique. »26(*)
Ainsi, l'ensemble des textes qui ont régi l'exercice du
pouvoir, les activités des partis politiques comme celles des
associations montre bien la volonté du président L.D. Kabila de
restructurer le champ politique congolais à l'aulne des principes
maoïstes.
Nous examinerons, pour étayer notre affirmation, le
décret-loi constitutionnel 003, la loi sur les partis politiques, la loi
sur les manifestations publiques et la loi sur les Asbl.
1. Décret-loi
n°003 du 27 mai 1997
Sous le régime AFDL dirigé par M'zee LD Kabila,
l'organisation et l'exercice du pouvoir sont consacrés par le
décret-loi constitutionnel n°003 du 27 mai 1997. Ce texte
instaurait une véritable autocratie.
Le nouveau texte constitutionnel comprend quatre chapitres
subdivisés en quinze articles qui semblent manquer, de toute
évidence, toute cohérence entre eux. A la place d'une analyse
formelle conséquente que nous ne saurons faire adéquatement
à cause de la brièveté du texte, il est utile seulement
d'analyser quelques dispositions en rapport avec la compétence et
l'articulation des institutions de la République, les unes par rapport
aux autres.
Ce décret, bien qu'un texte provisoire, pour
régir le pouvoir conformément à son article 1er la
période transitoire jusqu'à l'adoption de la nouvelle
constitution, se référait uniquement à la
déclaration de prise du pouvoir par le Président de l'AFDL du 17
mai 1997.
Politiquement, outre ce qui a été
évoqué précédemment concernant le texte, les
institutions de la République sont au nombre de trois : le
président de la République, le gouvernement et les cours et
tribunaux. Contrairement à la déclaration de prise de pouvoir par
L.D. Kabila, l'AFDL n'apparaît pas dans le chapitre II, article 3
consacrés aux institutions comme l'autorité qui assume
réellement le pouvoir d'Etat pendant la transition. Car si cela
était vrai, c'est bien un organe collectif de l'AFDL qui aurait pu
apparaître comme organe suprême détenteur du pouvoir
d'Etat.
L'article 3 ne fait aucune place à une institution
législative, ce qui ouvre la voie à la confusion des pouvoirs au
profit du Président de la République qui est le chef de l'Etat,
représente la nation ; il exerce le pouvoir législatif par
décrets-lois délibérés en conseil des
ministres ; il est le chef de l'exécutif et commandant
suprême de forces armées congolaises.
Concernant le fonctionnement des institutions politiques, ce
décret-loi constitutionnel était loin de rencontrer les
préoccupations démocratiques notamment la séparation des
pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Cela
apparaît dans le rôle prépondérant du chef de
l'Etat sur les autres institutions. Dans son article 8, il est stipulé
que « le gouvernement conduit la politique de la nation, telle que
définie par le président de la République ; il
exécute les lois de la République et les décrets du Chef
de l'Etat. Il dispose de l'administration et des forces armées ; il
négocie les accords internationaux sous son autorité »
ce qui dénote la tendance d'une certaine concentration du pouvoir entre
les mains du Chef de l'Etat. Le gouvernement est réduit à simple
organe d'exécution des décisions du président de la
République. Ce que confirme l'article 10 du décret, qui
stipule : « les ministres sont responsable de la gestion de
leurs ministères devant le président de la
République. » C'est qui est fréquent dans les
régimes présidentiels.
En outre, à son article 5, il a précisé
que le chef de l'Etat exerce le pouvoir réglementaire par voie de
décret, il a le droit de battre la monnaie et d'émettre de
papier-monnaie en exécution de la loi. C'est lui qui nomme et
révoque discrétionnairement les grands cadres de l'Etat et du
secteur paraétatique.
Les cours et tribunaux ont la mission de dire les droits. La
magistrature par ailleurs, est indépendante dans l'exercice de cette
mission. Ainsi, l'ensemble des cours et tribunaux forme le pouvoir judiciaire,
et celui-ci est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir
exécutif, donc du président de la République.
C'est autant dire que le décret-loi constitutionnel 003
ne mentionne aucun mécanisme de contrôle légal, ni a
priori, ni a posteriori. Ce manque préjudicie la meilleure gestion des
affaires de l'Etat.
Dans une telle situation comme il est difficile d'avoir
totalement confiance en son entourage (sauf bien sur quelques exceptions), LD.
Kabila n'a pas tardé à mettre de coté chaque fois qu'il
trouvait nécessaire, certains membres de son gouvernement ainsi que des
responsables militaires. Il aura retouché à plusieurs reprises
son gouvernement et nommé à plusieurs reprises les chefs d'Etat
major de l'armée sans compter d'autres services.
A cet effet, Colette Braeckmann souligne que la
« première année de pouvoir est erratique, difficile,
la greffe ne parvient pas à s'implanter, car l'organisation manque des
cadres, des moyens, de bases populaires ; elle se juxtapose aux partis
existants, et bien rodés. En outre, soucieux de conquérir son
autonomie, LD Kabila rompt avec les partenaire qui avaient cosigné avec
lui l'acte de base de L'AFDL : Kisase Ngandu est mort, Anselme Masasu
était arrêté, Bugera lui - même est peu à peu
marginalisé et un an après la prise du pouvoir, il est
écarté de la direction de L'AFDL au profit de Vincent Mutomb
Tshibal, un neveu du président »27(*)
La concentration du pouvoir entre les mains du
président de la République a eu un impact majeur sur le paysage
politique national. De l'espace libéral et pluraliste qu'il
était, l'espace politique congolais était devenu monolithique et
autoritaire.
2. Suppression des
activités des partis politiques
L'on se souviendra que lors de sa prise du pouvoir, LD Kabila
avait institué l'AFDL comme la seule autorité de transition. Dans
un contexte marqué par un pluralisme intégral et où
s'étaient déjà implantés des grands partis
politiques (UDPS, PDSC, MPR, UDI, UFERI,...), l'AFDL devait ménager son
espace pour asseoir son autorité. Sans ménagement, l'AFDL,
après s'être frottée notamment à l'UDPS qui lui
reprochait ses velléités dictatoriales, avait suspendu les
activités des partis politiques (qui lui portaient certainement ombre)
pour une durée de deux ans sur toute l'étendue de la
République. L'obligation était ainsi faite à toutes les
formations politiques de retirer de l'espace public leurs emblèmes,
d'effacer leurs dénominations des murs de leurs sièges
respectifs, de ne plus organiser les manifestations publiques ni de tenir des
réunions politiques et d'exprimer des opinions en tant que partis
politiques.
Cette suspension des activités des partis politiques
avait suscité des polémiques et des contradictions au sein de la
classe politique congolaise qui s'était battue pour la levée de
cette mesure.
Le président LD. Kabila n'hésite pas de traquer
les opposants non armées qui l'ont d'ailleurs soutenu. Les exemples sont
légions :
1. le 26 mai 1997, Etienne Tshisekedi wa Mulumba est
arrêté, puis relâche, on lui reproche d'avoir tenu une
conférence à l'université de Kinshasa, par la suite, il
sera relégué dans son village natal (Mupompa dans le territoire
de Kabeya Kamuanga, Province du Kasaï oriental).
2. Arthur Zahidi Ngoma, Olenga Nkoy et le professeur Matthieu
Kalele seront à leur tour arrêtés et condamnés
à plusieurs années de prison.
Mais sous la pression des événements, notamment
la guerre et la nécessité de décrisper l'espace politique
pour couper l'herbe sous le pied des « rebelles », LD
Kabila prit quelques décrets-lois réorganisant les
activités des partis politiques et des mouvements associatifs en RDC.
01. Decret-loi n°194 du 09 janvier 1999 relatif
aux partis politiques
La liberté d'association et regroupement politique ou
social est l'une des conditions majeures de la démocratie.
Rappelons que le nouveau régime avait suspendu les
activités des partis politiques, mais sans procéder à leur
dissolution. Le décret-loi 194 du 09 janvier 1999 leur dénis
implicitement toute existence juridique à la date de sa promulgation,
puisqu'il conditionnait la création d'un parti politique à son
agrément par le pouvoir. De plus, son application pouvait conduire
à refuser cet agrément à nombre des formations politiques
dont les activités ont été suspendues. Toutes celles
qui, s'étant plus ou moins vigoureusement opposées à la
prise du pouvoir par l'AFDL, pouvaient se voir reprocher une attitude
« contraire aux intérêts de la nation »
« (...) il est fait défense, stipule l'article 5, à
tout parti ou regroupement politique de se doter des dénominations,
sigle et autres signes distinctifs ayant appartenu à un parti, à
une association ou à une organisation dont l'attitude ou l'action ont
été contraires aux intérêts de la nation, aux
principes et aux idéaux de l'émancipation intégrale du
peuple congolais »28(*)
Si la nécessité de conformer le fonctionnement
des partis politiques aux dispositions de la nouvelle loi était
avérée, il est évident que celle-ci limitait l'expression
démocratique quant à leur constitution et à l'exercice de
leurs activités. C'est pourquoi, ce décret-loi a
été qualifié de liberticide par les partis d'opposition.
Mais, il faut noter que quelques partis politiques proches au président
LD Kabila ont été créés et ont fonctionné
sous cette loi. C'est le cas de l'Union de la Gauche congolaise (UGC) de Banza
Hangankolwa, du Mouvement pour la démocratie et le développement
(MDD) de Kisombe Kia Kumwisi et de l'Union pour le renouveau du Congo (URC) de
Ntumba Luaba. André Lubanza Mukendi fait remarquer que ces partis
constituent moins une expression du pluralisme qu'un argument de faire valoir
d'une législation contestée. L'UGC est créée par
Monsieur Banza Hangankolwa qui est un cousin propre du président LD
KABila ; il était même membre de la commission
constitutionnelle et de la commission des réformes institutionnelles. Il
en va de même du fondateur de l'URC, Ntumba Luaba. A propos de Kisombe
Kia Kumwisi, président du MDD, c'est un ancien mobutiste,
président fédéral (provincial) du MPR/ Kinshasa qui, de
son retour d'exil, avait dit, répondant à la question d'un
journaliste, qu'il était auparavant mobutiste et que maintenant est
kabiliste. Ce qui montre que ces formations politiques étaient des
partis-alibi pour conforter le décret-loi 194.29(*)
02. Décret-loi du 29 janvier 1999 portant
réglementation des manifestations et réunions
publiques
Ce texte soumet les manifestations et réunions
publiques à un régime de déclaration préalable
auprès des autorités politico-administratives compétentes,
ou si elles sont « organisées sur le domaine
public » à un régime d'autorisation préalable.
Relevons la manière dont le législateur définit ce qu'il
faut entendre par une « réunion ». Tous
rassemblement d'au moins deux personnes et ne comportant aucun mouvement
continu de déplacement d'un lieu à un autre.
03. Décret-loi du 29 janvier 1999 portant
réglementation des associations sans but lucratif et des
établissements d'utilité publique.
Nous allons nous limiter à quelques observations
concernant le régime des associations sans but lucratif définit
par ce texte. Le décret-loi distingue trois catégories ; les
associations à caractère culturel social ou
éducatif ; les organisations non gouvernementales de
développement (ONG-D) : les associations des droits de l'homme
entrent dans la première catégorie.
Les associations concernées ne sont désormais
autorisées à fonctionner que si elles bénéficient
de la personnalité civile, ce qui exige une intervention du chef de
l'Etat lui-même : « le président de la
République, lit-on à l'article 3, peut accorder la
personnalité par décret délibéré en conseil
des ministres ».
Les ONG de développement font l'objet de disposition
particulière, visant à assurer qu'elles « participent
à la conception et à la mise en oeuvre de la politique de
développement dans leurs interventions aux orientations du
gouvernement... ».
Les mesures concernant les associations confessionnelles
visent à contrecarrer le phénomène de prolifération
des sectes religieuses. Il est difficile de ne pas juger excessif certain de
garde fous introduits à cette fin. Le fondateur d'une association
confessionnelle doit notamment : jouir de la nationalité
congolaise, être âgé d'au moins quarante ans,
posséder une licence ou un doctorat en théologie d'une
université congolaise ou étrangère (dont
l'équivalence dans ce dernier cas aura été
établie), n'avoir jamais exercé dans une autre association
confessionnelle les fonctions de pasteur ou de prêtre et n'en être
pas sorti dissident, avoir au départ un capital de deux millions de
francs congolais, soit environ 830.000 $ indexables sur compte de
dépôt dans une des banque congolaises.
Comme nous pouvons le constater, la loi sur le fonctionnement
des asbl, traduit la volonté du pouvoir d'avoir un contrôle sur
les activités des associations soupçonnées être en
connivence avec les puissances étrangères.
3. Dissolution de l'AFDL,
création des CPP et FAP.
1. De la nécessité de dissoudre
l'AFDL
Le déclenchement de la guerre et la
nécessité de mobiliser les masses populaires laissaient
déjà profiler la mutation que l'AFDL devait subir pour s'adapter
au nouveau contexte socio-politique. « Ne pas le faire, ne pas se
transformer, comme l'indiquait M'zee LD Kabila lui-même, c'est aller
à contre-courant de l'histoire, (...), l'AFDL deviendra
réactionnaire, elle va disparaître, (...). L'AFDL ce n'est pas la
recherche de positionnement individuel, c'est une cause et celle-ci est que le
peuple gouverne. La lutte est encore très âpre, on doit
entreprendre sa propre transformation, sinon on est dépassé par
les événements »30(*)
Dans l'esprit de ses collaborateurs, nombreux d'entr'eux
pensaient à la mutation de l'AFDL en un parti politique. Ainsi, en
décembre 1998, le secrétaire général, Vincent
Mutomb Tshibal, annonce que dans le cadre de la libéralisation des
activités politiques, l'alliance va se transformer en un parti, tout en
précisant que cela ne changera que la forme ; l'idéologie du
mouvement restera inchangée et ses membres demeureront unis.31(*)
En lieu et place d'un parti politique, M'zee pensait
plutôt à un vaste mouvement pour mobiliser les masses populaires
autour de lui en vue de contrer l'avancée des troupes rebelles et
d'agression et les partis politiques qui devaient reprendre leurs
activités dans les prochains jours. Dans cette perspective, le
président LD Kabila annonce le 20 avril « la disparition de
l'AFDL en tant qu'organisation politique qui était destinée
à se transformer en un parti politique ». Il faut
renoncer ; dit-il, à faire de l'AFDL un parti parce que celui-ci ne
pouvait être qu' « un foyer de médiocrité
et un conglomérat d'opportunisme ». Pour justifier ce
sévère jugement, M'zee LD Kabila se livre à une
intéressante et déroutante relecture critique de la courte
aventure de l'Alliance des forces démocratiques pour la
libération du Congo.
Il rappelle que le mouvement s'est constitué à
partir de l'union de quatre formations politiques, et il relève que
trois de celles-ci, excepté bien entendu sa propre formation, le Parti
de la Révolution Populaire, se sont révélées sans
expérience révolutionnaire ni orientation idéologique. De
ce fait, il n'hésite pas à affirmer, l'Alliance n'était
qu' « un Conglomérat d'opportunistes et
d'aventuriers. »
Soulignons que l'AFDL, dit le président LD. Kabila
avait accompli sa première mission, qui était de libérer
le pays de l'oppression exercée par un « Etat anti -
peuple » il dit « (....) a l'origine, lorsque nous avons
crée l'AFDL comme mouvement, c'était pour la libération de
notre pays, alors dirigé par un « Etat anti -
peuple », un Etat dont la mission essentielle était de
défendre les intérêts étrangers et de contenir le
courroux des populations congolaises exploitées afin de permettre
à ces intérêts étrangers de saigner à blanc
la RDC. Le résultat : c'est la création de la misère
un peu partout ; c'est l'économie dite ravagée, extravertie.
Toutes les critiques ont convergé pour dire que l'Etat mobutiste
d'alors n'était pas autre chose qu'une sorte de chien de garde, un Etat
qui avait une seule mission : que les intérêts de grands pays
et de petits pays priment sur l'intérêt national. »
Plus loin, le président explique que c'est pour avoir
débarrassé le pays d'un Etat « compradore »
que le nouveau régime est en butte à une propagande
internationale hostile ».
La deuxième raison d'être de l'AFDL était
de « créer un Etat populaire, un Etat du peuple, qui n'a plus
(pour) mission de protéger uniquement les intérêts
d'autrui, les intérêts des pays étrangers. »
Il ajoute, « ...maintenant que l'AFDL a
assumé le pouvoir, il faut, parce que c'est dans le cadre des objectifs
fondamentaux, organiser le peuple, le conscientiser (et non pas le
sensibiliser), afin qu'il prenne son destin en mains. Organiser le peuple
suppose le mettre en mobilisation permanente et lui confier des pouvoirs qui
dans des administrations et à des gouvernements qui se disent
représenter les intérêts du peuple ». La
création de comités du pouvoir populaire sera le moyen de
réaliser cette auto organisation du peuple. (« Dans notre cas,
organiser le peuple c'est le prédisposer à
s'assumer »). L'alliance doit dès lors accomplir une
« mutation ». « L'AFDL, martèle le
président, doit accepter la mutation, c'est-à-dire se transformer
en comités du pouvoir populaire. C'est la finalité de ceux qui
ont crée l'AFDL.
Ces changements paraissent signifier une volonté de
reprise en mains de l'espace politique par le président dans la
perspective de libéralisation des activités politiques. Ils
dévoilent également l'influence qu'avait commencé à
exercer du leader Libyen Mouammar El Kadhafi sur les idées de LD
Kabila, notamment en ce qui concerne l'organisation de l'espace politique
à travers les CPP.
2. Création des CPP et FAP
La création des Comités du Pouvoir Populaire
traduit la conception de M'Zee L.D. Kabila de l'organisation du champ politique
conformément à son idéologie maoïste.
L'idée est exprimée pour la première fois
par le chef de l'Etat Le 21 janvier 1999 dans un long discours prononcé
au palais du peuple, discours qu'il adresse à ceux qu'il appelle ses
camarades de l'AFDL et, en procédant par anticipation, ses amis des
Comités du Pouvoir Populaire (CPP). Mais la thématique de la
démocratie directe était déjà présente dans
des interventions antérieures du président.
Le 08 décembre, il a tenu une conférence de
presse à la cité de l'OUA, à Kinshasa. Interpellé
sur la présence illégale d'étrangers (libanais et
pakistanais surtout) dans les zones minières, il aurait
préconisé la création des comités populaires afin
de défendre les intérêts du pays, non seulement dans le
secteur minier mais aussi dans tous les domaines de la vie nationale.
Trois mois plus tard, la promesse présidentielle se
concrétise avec le premier congrès des CPP au palais du peuple.
« Nous remettrons le pouvoir au peuple et faire participer le peuple
à l'exercice du pouvoir » disaient les slogans. Ce
congrès était tenu du 20 au 23 avril 1999. « Les CPP
fixent la politique, assurent son exécution et son contrôle sur
tous les aspects de la vie nationale et l'Etat assure le fonctionnement des
CPP ». « Une assemblée populaire de base »
organisera le peuple dans les cités, les groupements, secteurs, les
chefferies, les cités, districts. « Les partis politiques ne
peuvent avoir de représentants au seins des organes des CPP l'unique
source de légitimité est le peuple »32(*)
Un tel discours en rappelle bien d'autres, prononcés au
début des indépendances, par des leaders de défense de la
révolution (CDR), Mouammar Kadhafi les « comités
populaires », Julius Nyerere le « socialisme
Africain ». Tous visaient comme LD Kabila, à instaurer une
démocratie directe. »
01. Nature et rôle des Comites du Pouvoir
Populaire
Le président LD Kabila entreprend de définir la
nature du régime politique qu'institueront les CPP. Les CPP, dit-il,
c'est la vraie démocratie, cette démocratie qui n'a jamais
été réalisée. « Pouvoir du peuple, pour
le peuple, par le peuple, mais ça n'a jamais été comme
ça. C'est avec les comités du pouvoir populaire que la
possibilité matérielle de ce que représentes la
démocratie, va se réaliser ». « C'est le
pouvoir dans les mains du peuple congolais, ce pouvoir à partir de la
rue, du village qui doit être un pouvoir effectif et qui doit
débattre de la vie de la communauté, soit de la rue, soit du
village, soit du quartier, etc. ça doit être un pouvoir
effectif ».
Abordant la question du rôle des CPP, le
président LD Kabila met résolument l'accent sur
l'économie. Le régime, adaptant des mesures de contrôle de
la circulation monétaire et de l'activité économique,
s'engage dans la mise en oeuvre d'une « économie de
guerre ».
Plus concrètement, et plus modestement, le
président assigne aux CPP le rôle d'une police économique,
en les chargeant : de défendre la monnaie nationale (les CPP, qui
« sont des gouvernement de rue », doivent « en
découdre avec ceux qui, dans les rues, vont essayer de s'adonner au
petit commerce frauduleux des cambistes »33(*)
02. Les CPP et les partis politiques
Le président annonce la promulgation d'une
« loi légalisant les activités politiques des
groupements ». Les propos qu'il tient le 21 janvier montrent ou
plutôt confirment que le chef de l'Etat est en fait profondément
hostile au système des partis politiques, générateur de
division. L'institution des CPP apparaît alors comme un moyen de
combattre l'influence néfaste que pourraient exercer les partis
politiques si d'aventure ils remontaient sur la scène publique, en
même temps que de leur couper l'herbe sous le pied en faisant d'un autre
type d'organisation l'instrument de la vie politique. Donnons un extrait
significatif du discours présidentiel ; « nous sommes
à la veille de la promulgation de la loi légalisant les
activités politiques de groupements. Chaque groupement politique va
vendre ce qu'il pense être son projet de société, son
programme, et tous vont s'adresser au peuple. (...) ils vont, vous en avez
l'habitude, suggérer au peuple qui n'est pas organisé, mais
éparpillé de, voter pour tel ou tel, voter pour ceci ou cela, tel
parti. Et on lui donnera tout le miracle du monde, etc. »
03. Les CPP et pouvoir d'Etat
Le CPP est le détenteur du pouvoir, les organes du
pouvoir d'Etat populaire, ils assument le pouvoir politique donc la direction.
Vous êtes à la direction des affaires ».
« c'est ça le pouvoir ».mais il précise en
quel sens il faut entendre que les CPP « ont un pouvoir
gouvernement », dit-il encore le reste, ils « ont
l'obligation d'appliquer et de faire appliquer les décisions du
gouvernement, les lois, les décret-loi, les arrêtés
ministériels ou des gouvernorats ». Même si ses
détracteurs dénonçaient la confusion entre les organes des
CPP et ceux de l'administration publique, pour LD Kabila, il n' y avait pas de
télescopage entre les deux, d'ailleurs les premiers devaient remplacer
les seconds. Les CPP étaient donc une institution publique
émargeant du budget de l'Etat.
04. Les CPP et les ONG
Alors que dans son discours de janvier le président LD
Kabila, tout en annonçant leur retour sur la scène politique,
disqualifiait les partis politiques au profit des CPP. Cette fois il entend
remettre à leur place les ONG en leur rappelant que par
définition elles ne participent pas au gouvernement de la
société, donc n'ont pas de pouvoir politique, ce qui les
différencie radicalement des CPP.
Il se livre à une sévère critique des ONG
congolaises, les accusant d'avoir, en laissant politiser et corrompre le
société civile, pris la relève des politiciens de la
deuxième République : il dit : « les CPP sont
venus mettre fin à la politisation et au pourrissement de la
société civile entrepris par ceux qui, à l'époque,
avaient fait pourrir la classe politique de la deuxième
République s'étant rendu compte, ce sont eux-mêmes qui les
disent, que les politiciens zaïrois sont pourris, corrompus, incapables,
et tous les mots ont été déversés pendant la
conférence nationale souveraine ».
Lors de la tentative de prise de la ville de Kinshasa, les
Kinois, en soutien aux Forces armées congolaises et alliées,
avaient repoussé les rebelles. C'est alors que le président LD
Kabila eut l'idée de créer les FAP (forces d'autodéfense
populaires) pour que le peuple se prenne en charge pour défendre le
territoire national. Christophe Muzungu, vice gouverneur de la ville de
Kinshasa sera chargé de recrutement.
Pour clore cette section consacrée aux CPP, nous
constatons que pour M'zee LD Kabila les CPP constituaient l'instrument par
lequel il comptait créer en RDC, une « société
nouvelle ». Il en a montré l'importance à travers les
moyens financiers mis à la disposition de cette institution.
En somme, la redémocratisation inspirée du
maoïsme initiée par LD.Kabila s'est inscrite en faux au processus
démocratique enclenchée en 1990 qui se déroulait dans le
cadre d'un multipartisme intégral, de la liberté d'expression et
d'association. En cherchant à contrôler le champ politique
congolais pour le soustraire de l'influence des grandes puissances,
L.D.kabila était conduit à entreprendre certaines actions qui
rappelaient malheureusement la deuxième République de triste
mémoire : suspension des activités des partis politiques,
traque des opposants, arrestation et emprisonnement des journalistes, etc. ceci
a contribué à le fragiliser sur le plan interne en lui privant du
consensus politique avec les forces socio-politiques dont il avait pourtant
besoin pour lutter efficacement contre l'impérialisme occidental. Il a
ainsi trahi un des principes indispensables à la réussite de la
lutte contre l'impérialisme, à savoir : la constitution d'un
front uni anti-impérialiste que Edouard Dominique Longandjo appelle Bloc
historique nouveau. En effet, la révolution anti-impérialiste ne
peut aboutir, postule Mao Tse Toung, que si « à
l'intérieur du pays, on éveille les masses populaires. Cela
signifie unir la classe ouvrière, la paysannerie, la petite bourgeoisie
urbaine et la bourgeoisie nationale en vue de former un front uni placé
sous la direction de la classe ouvrière et, à partir de
là, édifier un Etat de dictature démocratique populaire
dirigé par la classe ouvrière et basé sur l'alliance des
ouvriers et des paysans. »34(*)
Ainsi, M'Zee L.D. Kabila, avec une telle conception de
l'organisation du champ politique et de la démocratie que certains ont
considérée comme surannée, ne pouvait
bénéficier du soutien ni des forces politiques internes ni de la
communauté internationale qui ne reconnaissent que la démocratie
représentative.
Section 3 : LD KABILA
et la reconstruction nationale
Le deuxième point de mire de LD Kabila a
été la reconstruction nationale. Il s'agissait de reconstruire le
tissu économique du pays détruit par la gestion prédatrice
du régime mobutiste. Cette reconstruction était inspirée
par les principes d'autosuffisance alimentaire et d'autoprise en charge pour
amener le peuple congolais à créer lui-même sa richesse,
d'une part, et, d'autre part, par la coopération sud-sud. Pour y
parvenir le gouvernement de l'AFDL, sous la houlette de M'zee L.D. Kabila,
avait mis en place un plan triennal qui avait fait suite à
l'échec de la conférence des amis du Congo à Bruxelles.
Dans le cadre de réalisation de ce plan, Lobho lwa
Djugudjugu note que « jusqu'avant l'agression
ougando-rwando-burundaise, il y a lieu de relever au plan
socio-économique la stabilisation de la monnaie, du taux de change, des
prix des produits manufacturés, des denrées alimentaires et du
carburant ; la réhabilitation de certaines routes dans la capitale
et à l'intérieur du pays ; la réforme mettant en
circulation le Franc Congolais permettant ainsi l'uniformiser les nombreuses
zones monétaires ; la stabilité des prix de transport en
taxi, taxi-bus, fula-fula, kimalu-malu... »35(*)
Mais ces quelques performances s'avérèrent
éphémères. Le déclenchement de la guerre et les
mesures économiques qui s'en ont suivi ont eu pour conséquence la
perturbation des activités économiques. Le président LD
Kabila entreprit quelques actions pour consolider sa politique
économique qualifiée de l' « économie
sociale du marché ».
Pour réaliser sa politique d'autosuffisance
alimentaire, il mit en place le Service national. Celui-ci assurer
l'encadrement des « bâtisseurs » recrutés dans
tous les coins de la république et regroupés dans quelques
centres de production agricole dont le plus célèbre a
été le centre de Kanyama Kasese dans le Katanga. A l'image de
Kibboutz, sovkhoz et de kolkhoz, le service national avait reçu la
mission d'accroître la production agricole en vue de garantir
l'indépendance alimentaire de la République Démocratique
du Congo. Bref, faire sortir le pays du recours aux importations des produits
alimentaires de base.
Et face à la montée des prix des
denrées alimentaires LD Kabila créa les cantines populaires. La
création des cantines populaires à Kinshasa répondait de
la nécessité d'éliminer les intermédiaires et
autres spéculateurs qui sont à l'origine de la flambée des
prix des produits alimentaires de base. Ces cantines étaient
disséminées à travers les communes populaires de la
plupart des villes congolaises. Elles étaient approvisionnées par
les pouvoirs publics et vendaient à un prix relativement bas les
denrées alimentaires. Les difficultés de gestion ont conduit
à la faillite de ces cantines populaires.
Après une reprise de l'inflation en août 1998, le
gouvernement commença à essayer de réguler les prix par
des lois. Dans la foulée de ces mesures, LD Kabila s'employa, sans
succès, à la dédollarisation de l'économie
nationale, en bannissant des transactions commerciales l'utilisation du dollar
américain.
Il a institué un monopole d'achat des matières
précieuses, et notamment de l'or et du diamant. Il avait
également repris le contrôle des exportations. C'est dans ce
cadre qu'il était notamment interdit d'importer le bois brut.
Ensemble, ces mesures affectèrent grandement la
continuation des activités liées au commerce extérieur,
accroissant encore un peu plus les difficultés de l'économie
congolaise. A ces difficultés, il lieu d'ajouter la rupture de relations
avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.
Section 4 : LD KABILA
et la diplomatie
Comme il fallait refuser d'être un autre
président d'un Etat compradore, LD. Kabila avait mis sur pied dans un
premier temps, une diplomatie qui avait en réalité des relations
difficiles avec la communauté internationale. Il en donna le ton lors de
ses premières sorties à l'étranger en tant que
Président de la « troisième
République ». En effet, au lieu d'aller se faire
« bénir » en Occident comme le font tous les
présidents africains lorsqu'ils arrivent au pouvoir, L.D. Kabila avait
effectué son premier voyage en Chine et est passé par la Libye
sur son chemin de retour. Il a nouait des relations privilégiées
avec le Cuba, la Libye, la Corée du Nord, etc. des pays qualifiés
d'axe du mal par les puissances occidentales. Il a soutenu son homologue
soudanais le Président Omar El Bechir et condamné le bombardement
de l'usine pharmaceutique d'Al Shiphar de Khartoum par l'aviation
américaine. Dans la quête de son indépendance
vis-à-vis des grandes puissances, L.D. Kabila avait boycotté le
sommet de la francophonie qui se tenait à Hanoï au Vietnam. Mais
plus tard, LD Kabila s'était employé ( grâce à la
médiation du président gabonais Omar Bongo) à normaliser
les relations avec la France dont il attendait le soutien face à
l'agression dont le Congo était victime. C'est à ce titre qu'il
avait personnellement participé au sommet France-Afrique tenu à
Paris en 2000.
Les systèmes des nations unies étaient aussi
tombés dans le bourbier de ladite diplomatie à propos du massacre
de réfugies Rwandais qui fuyaient l'avancée de l'offensive de
l'AFDL. En effet, le gouvernement congolais arguait implicitement ou
explicitement du principe de la souveraineté nationale et de la non
ingérence dans ses affaires intérieures, et estimait de
surcroît que la mission d'investigation des Nations-Unies rentrait dans
le cadre d'un complot international de « forces intérieures et
extérieures » contre le peule congolais, et il n'avait jamais
été disposé à ce que la lumière soit faite
sur les « massacres ».
Le gouvernement de l'AFDL avait accablé la France dont
l'ambassadeur à Kinshasa aurait constitué un quartier
général de la subversion et de la propagande contre la RDC et
menaçait de retirer l'Etat congolais de la francophonie si la France ne
soutenait pas sa politique de développement.
La consolidation de cette diplomatie avait atteint son
paroxysme lorsque LD. Kabila avait refusé de recevoir le pasteur Jesse
Jackson; l'envoyé spécial du président Bill Clinton. La
secrétaire d'Etat américaine Madeleine ALBRIGTH s'était
également butée à la rigueur de la diplomatie du
président LD Kabila. Elle a dû attendre plusieurs heures dans
l'antichambre avant être reçue par le président LD Kabila
le 11 décembre 1997. LD Kabila a maintenu en détention pendant
plusieurs mois le PDG Belge de la société SIZARAIL.
Il ne cessait de reprocher à ses ministres le fait
qu'ils adoptaient un profil bas vis-à-vis des ambassadeurs des pays
considérés comme des grandes puissances.
La conséquence de cette diplomatie a été
l'isolement total du régime AFDL et sa mise au ban par la
communauté internationale.
Section 5 : LD KABILA
et le dialogue intercongolais
Le volte face de LD Kabila vis-à-vis de ses anciens
alliés et des puissances étrangères dont il n'a pas
garanti les intérêts, d'une part, la déception d'une
fraction de l'AFDL et d'autres composantes des forces sociopolitiques internes,
d'autre part, ont débouché sur le déclenchement de la
guerre « d'agression-rebellion » le 02 août 1998.
Sous la pression de la communauté internationale, les
belligérants, après moult tergiversations, se sont
retrouvés à Lusaka où ils avaient signé un accord
de cessez-le-feu, connu désormais sous l'appellation de l'Accord de
Lusaka. Cet accord, outre les modalités de désengagement des
troupes qu'il avait fixées, prévoyait dans son chapitre 5 la
tenue du dialogue entre congolais. Le dialogue devait déboucher sur la
mise en place des institutions devant conduire la période de transition.
C'est dans ce contexte que l'ancien président botswanais, Ketumire
Masire, avait été désigné comme facilitateur.
L'ancien Président botswanais, Ketumire Masire, aura
été l'homme de l'année 2000 vu sous l'angle de la crise
congolaise. Il a inscrit son nom sur longue lignée de ceux qui,
périodiquement et depuis quatre décennies, interviennent dans les
affaires de la RDC. Bien avant lui, des personnalités comme le
suédois dag Hammarskjöld, le birman Sithu Uthant, le
sénégalais Abdoulaye Wade, le sud - africain Nelson Mandela et
l'américain Bill Richardson, ont eu à s'impliquer dans la
résolution des conflits ayant émaillé l'histoire de ce
pays. L'itinéraire du botswanais Masire a connu des moments à la
fois intenses en activité et très tumultueux, déprimants
à la limite. Désigné facilitateur conformément
à l'accord de Lusaka, Masire a reçu la gestion d'un dossier
complexe en tout point de vue.
Malgré les réticences constatées au
départ, il a été finalement accepté par toutes les
parties. Les contacts avec le pouvoir en place à Kinshasa, l'opposition
non armée et la société civile seront ponctués de
quelques malentendus et incompréhension. Ceux-ci vont se
révéler avec le temps, très néfastes envers lui.
Son plan de travail divulgué en Avril 2000 va diviser la classe
politique congolaise.
L'opposition non armée (avec E. Tshisekedi wa Mulumba
notamment) semble adopter son approche. Il n'en a pas été le cas
de L D Kabila et de son gouvernement. Intervenant sur RFI le 23 avril 2000, A.
Yerodia Ndombasi, alors ministre des affaires étrangères donnera
la position du gouvernement : refus de voir les consultations
préparatoires au dialogue intercongolais se dérouler en
présence de quelques chefs de missions diplomatiques ; rejet de la
proposition d'organiser ces assises hors de Kinshasa (1). Loin de baisser les
bras, Masire rencontre la classe politique le 14 mai 2000 au grand hôtel
de kinshasa. A l'occasion, la pomme de discorde réside dans la
constitution du comité organisateur de 16 à 20 membres. Cette
proposition du facilitateur sème zizanie dans la classe politique.
L'UDPS menace même de désavouer Ketumire Masire pour qui le
dialogue intercongolais n'était l'affaire que des belligérants.
Emaillé de diverses incompréhensions, le
séjour kinois du facilitateur se terminera en queue de poisson. Non
seulement LD Kabila refuse de le recevoir, mais encore il se fait
tancer par Abdoulaye Yerodia Ndombasi. Cette mauvaise humeur du
gouvernement de L.D Kabila aurait été provoquée par les
déclarations du facilitateur qui a trouvé la création de
L' ACLPT comme une initiative susceptible de bloquer la tenue du dialogue
intercongolais. Masire quitte Kinshasa le 23 mai 2000. Pendant que Kinshasa
boude Masire, celui - ci s'efforce d'organiser une réunion du
comité à Cotonou (Bénin).
Cette rencontre n'aura pas lieu faute des composantes de
l'intérieur (pouvoir et opposition non armée). Le facilitateur
prend acte de cette défection et fixe un nouveau rendez - vous à
Gaborone en juillet 2000. Il n'aura pas le temps de réaliser ce projet.
Car, dès le 9 juin 2000, une sérieuse brouille se crée
entre lui et le gouvernement de LD Kabila. La déclaration officielle lue
le même jour par M. Didier Mumengi, ministre de l'information et porte
parole du gouvernement à l'époque, est explicite. Le
désaveu infligé à Masire repose sur trois raison :
son silence sur les affrontements entre rwandais et ougandais à
Kisangani, son obstination à organiser des rencontres pendant que
« le peuple congolais est préoccupé à compter
ses morts et à les enterrer », et son manque d'expertise sur
le dossier de la RDC et sur les réalité de la sous région
des Grands lacs.
Pour le gouvernement de LD Kabila, il faut que L'OUA
désigne un autre facilitateur en lieu et place de Masire dont la
crédibilité et la neutralité ont été mises
en cause. Le 20 juin 2000, son bureau est scellé.
La récusation du Botswanais Masire a soulevé
indignations et réactions tant à l'intérieur qu'a
l'extérieur. Les Etats-Unis et la grande Bretagne n'avaient guerre
apprécié ce désaveu. Le Département d' Etat
américain l'a précisé dans sa déclaration du 21
juin 2000. Celui - ci a réaffirmé son soutien à M. Masire.
A l'instar d'une réponse du berger à la bergère, le
gouvernement congolais par la bouche de M. Mwenze Kongolo, ministre de la
justice et garde des sceaux, réagit vigoureusement deux jours plus tard.
Outre les récriminations contre les deux grandes puissances et
l'explication de la décision prise, la déclaration de Kinshasa
spécifie que «la fermeture du bureau de M. Masire est un acte de
souveraineté posé par le gouvernement de la RDC. Celui - ci se
réserve le droit de lever cette mesure à n'importe quel moment de
son choix, sans contrainte»36(*)
C'est dans cette confusion autour de la tenue du Dialogue
Intercongolais que succombera M'Zee LD Kabila.
Conclusion partielle
A tout prendre, le Président L. D. Kabila avait inscrit
son action politique, économique et diplomatique dans la perspective
d'une autonomie politique et économique. Il est resté
attaché à son idéologie révolutionnaire
forgée dans les années 60 à l'époque de la guerre
froide où les deux grandes puissances mondiales (USA et URSS)
cherchaient à étendre leurs influences respectives dans certaines
régions en s'appuyant sur des régimes politiques qu'elles
soutenaient. Mais le contexte dans lequel L.D. Kabila a exercé son
pouvoir ne se prêtait pas à une telle idéologie. Avec le
capitalisme triomphant qui a universalisé ses valeurs depuis la chute du
mur de Berlin, il s'avère utopique de croire édifier une
société qui serait entièrement hors de son emprise.
C'est ainsi que, sur le plan interne, L.D. Kabila n'a pas
obtenu le consensus des forces sociopolitiques autour des modalités
d'aménagement du champ politique congolais. Aussi, pris au
dépourvu par les contradictions internes à son propre
régime, il n'a pas pu restaurer l'Etat démocratique et de droit
souhaité par tout le peuple congolais. Honoré Ngbanda souligne
quelques faits relatifs au régime Kabila, notamment « la
corruption, le tribalisme, la misère, l'injustice, le
détournement des fonds publics, le favoritisme, le trafic d'influence,
la pratique de la politique d'exclusion, la non démocratisation du
régime Kabila... »37(*)
Sur le plan externe, ses relations tumultueuses avec la
France, la Belgique, les USA, les autres pays occidentaux et les institutions
de Breton Wood lui ont privé leur soutien dont il avait pourtant besoin
pour la reconstruction nationale.
Toutefois, son rêve d'un Congo grand, indépendant
et souverain reste un projet à inscrire dans les ambitions de tous les
dirigeants, actuels et futurs, si l'on tient à ce que ce pays soit
respecté dans le concert des nations. Nous devons, nous tous, comme nous
recommande notre hymne national, assurer la grandeur de la mère patrie,
prêter serment de liberté à léguer pour toujours
à notre postérité. M'zee LD Kabila, quelles que soient ses
incohérences, l'avait compris et réaffirmé dans l'hymne
dédié aux opprimés : « Il n' y a point
de doute d'abattre l'exploitation et de créer une juste
société... Tenons bien nos armes dans nos mains...Quoi qu'il en
coûte, jamais de servitude. »
CHAPITRE III :
JOSEPH KABILA ET LA FIN DE
LA REVOLUTION
DU 17 MAI
Introduction
L'avènement au pouvoir du Général-Major
Joseph Kabila à la suite de l'assassinat du feu président LD
Kabila, avait laissé penser aux ténors de la révolution du
17 mai qui avaient planifié cette succession aux allures monarchiques,
à la continuité dans le changement. En effet, la remise du
pouvoir à Joseph Kabila par les compagnons de LD Kabila, s'il faut s'en
tenir aux déclarations officielles, était perçue comme une
capacité autorégulatrice du régime après la
disparition inopinée de son concepteur à l'effet de
préserver les acquis de la « révolution du 17 mai
1997 ».
Mais, force est de constater que de sa prise du pouvoir
jusqu'à l'installation des institutions de la transition postdialogue
(30 juin 2003), Joseph Kabila, sous la pression des événements et
de la communauté internationale, a mené des actions marquant sa
prise de distance vis -à--vis de l'orientation
idéologico-politique de son prédécesseur. Sa gestion du
processus de paix, de l'économie et de la diplomatie démontre
bien cette rupture.
Dans ce chapitre, nous rassemblons différents faits qui
marquent cette rupture, mieux la fin de la révolution du 17 mai. C'est
pourquoi, dans la première section, nous esquissons les défis
auxquels Joseph Kabila devait relever au moment de son accession à la
magistrature suprême. Dans le deuxième point, nous
démontrons comment Joseph Kabila, de par sa gestion desdits
défis, avait remis en question la politique de son
prédécesseur. Et dans la troisième section, nous
dégageons les perspectives pour une paix et un développement
durables en RDC.
Section 1. : J.
KABILA et les défis de l'heure
1. Une succession non
codifié
Le 16 janvier 2001, le Congo se prépare à
célébrer (le lendemain) le 40e anniversaire de l'assassinat de
P.E. Lumumba. Le président LD Kabila est dans son bureau du palais de
Marbre à Kinshasa. Un homme tire à coups de revolver sur le
président. Mort ou mourant, celui-ci est transporté par
hélicoptère à la clinique Ngaliema. La nuit, un avion le
conduit au Zimbabwe. Le 18 janvier à 20 heures le ministre de la
communication et presse revient à la charge pour enfin annoncer la mort
du Président de la République LD. Kabila.
Le 17, le gouvernement se réunit. Il diffuse un
communiqué annonçant que le chef de l'Etat, sorti blessé
d'un attentat, a été transféré à
l'extérieur du pays, et qu'il a pris la décision de confier la
direction de l'action gouvernementale et le haut commandement militaire au
général major Joseph Kabila.
Quand la mort du chef de l'Etat aura été
reconnue, c'est le parlement qui, en l'absence de toute disposition
constitutionnelle concernant la succession, sera charge de l'investiture du
nouveau président Joseph Kabila. Réuni en session extraordinaire,
il adopte le 24 cette résolution : « Monsieur Joseph
Kabila, général - major des forces armées congolaise, est
investi des pouvoirs constitutionnels dévolus au président de la
République, chef de l'Etat. »
Et le 26 Joseph Kabila prête serment devant la cour
suprême de justice. Comme il l'avait fait le 29 mai 1997, lors de la
prestation de serment de LD. Kabila, le procureur général de la
République invoque, pour justifier la procédure suivie, une
ordonnance du 14 mai 1886 (ordonnance qui impose aux cours et tribunaux de
recourir notamment aux principes généraux du droit et aux
coutumes, pour résoudre une contestation en l'absence d'un texte).
La cour a entendu le procureur général de la
République Luhonge Kibinda Ngoy qui a établi dans ses
réquisitions qu'aucune cause d'empêchement ne faisait obstacle
à l'investiture de Joseph Kabila. Celui-ci, en effet, n'a
« aucun antécédent juridique », est
« sain de corps et d'esprit », et (point plus crucial, une
rumeur persistante attribuant à Joseph Kabila une mère tutsi
Rwandais) est de père et de mère congolais :
« attendu, renchérit à ce propos le procureur, que
l'examen par l'organe de la loi du dossier personnel de M. Joseph Kabila
général major, révèle que ce dernier est congolais
d'origine de père et de mère, qu'il est né le 04 juin 1971
à Hewa-Bora II (dans le maquis de son père, donc !),
collectivité de Lulenge en territoire de Fizi, province du Sud Kivu,
République Démocratique du Congo, qu'il est originaire de la
localité Ankoro, chef-lieu de la collectivité de Kamalondo en
territoire de Manono, district de Tanganyika, province du Katanga, en
RDC ; que sa mère, maman Sifa Mahanya, qui est en vie est fille de
Assumani Bwanu et de Habamuyali, tous deux originaires du village Mupapayi,
collectivité de Babangubangu Baombo, en territoire de Kabambare,
province du Maniema en RDC »38(*)
Cette déclaration confirme officiellement la succession
intervenue au sommet de l'Etat. Joseph Kabila, qui est ainsi investi de tous
les pouvoirs, accède à la magistrature suprême, en dehors
d'un quelconque texte constitutionnel, par la seule volonté d'un groupe
d'individu, membres du proche entourage de M'Zée LD. Kabila.
Lors de cette cérémonie d'investiture, Joseph
Kabila avait prononcé son premier discours en tant que nouveau chef de
l'Etat au cours duquel il avait épinglé trois défis
auxquels le Congo était confronté et qu'il devait, avec le
soutien de toutes les forces socio-politiques, relever dans les prochains
jours.
2. Les trois défis de
l'heure
Joseph Kabila accède au pouvoir et hérite de son
prédécesseur (son défunt père) d'une situation
aussi difficile que complexe. Le Congo traverse une grave crise multiforme
subséquente à une accumulation des effets pervers
provoqués par une gestion inconséquente et prédatrice du
pays. Dans son diagnostic de la situation, Joseph Kabila a stigmatisé
trois défis auxquels il devait s'attaquer illico pour sortir le Congo de
la crise.
1°. Le défi de l'instauration de la paix
et de la consolidation de la « communion
nationale ».
Joseph Kabila entendait ainsi, en premier lieu, instaurer la
paix et consolider la « communion nationale » (unité
nationale sous entendu) eu égard à une nation
déchirée par plus de deux ans de guerre d'agression inacceptable.
En effet, au moment où Joseph Kabila accède au pouvoir, la RDC se
trouve en proie à une guerre (d'agression selon les uns, de
libération selon les autres) qui a embrasé toute la partie
orientale du pays. Les provinces du nord et du sud Kivu, du Maniema, la
province orientale et certaines parties des provinces de deux Kasai, du Katanga
et de l'Equateur étaient sous le contrôle des rébellions
qui bénéficiaient officiellement du soutien militaire du Rwanda,
du Burundi et de l'Ouganda. Cette guerre déclenchée le 02
août 1998 suite aux dissensions intervenues au sein de l'AFDL (mouvement
politico-militaire qui a porté LD Kabila au pouvoir) et à la
rupture de la coopération militaire avec ses anciens alliés
militaires (Rwanda, Ouganda et Burundi) produit quatre rébellions39(*) et menaçait le pays de
partition. Et le Gouvernement de la République n'a pu faire face
à cette guerre que grâce à l'intervention militaire de ses
alliés l'Angola, la Namibie, le Tchad et le Zimbabwe dont les
armées ont fait échec la tentative de prise de Kinshasa (27,
28,29 août 1998) par les rebelles et leurs alliés ruandais,
ougandais et burundais. L'implication de toutes ces armées dans la
guerre congolaise conduit certains analystes à la qualifier de la
première guerre mondiale africaine.
Si les voisins orientaux de la RDC, c'est-à-dire le
Rwanda, l'Ouganda et le Burundi faisaient prévaloir les motifs
sécuritaires pour justifier la présence de leurs armées
sur le territoire congolais, les insurgés congolais reprochaient au
Gouvernement de Kinshasa ses « dérives
dictatoriales ». Face à la rupture de la paix et à la
violation de l'intégrité du territoire national induites par
cette guerre, le nouveau chef de l'Etat a proposé une
thérapeutique en tenant compte de la double dimension de la crise.
Ainsi, sur le plan extérieur ou régional, il a requis le
retrait immédiat et sans condition des Etats agresseurs, en
l'occurrence, le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda. Il a invité par
ailleurs ces voisins du Congo à revenir aux meilleurs sentiments de bon
voisinage, de règlement pacifique des différends, de
coopération fructueuse et de l'unité pour assurer le
progrès de l'Afrique centrale. Joseph Kabila avait également
résolu de consulter les alliés du Gouvernement de Kinshasa pour
examiner les voies et moyens pour relancer l'Accord de Lusaka afin qu'il
puisse, non seulement arriver à un cessez-le-feu effectif, mais aussi,
ramener la paix dans la région des Grands Lacs, en prenant en
considération toutes les résolutions du Conseil de
sécurité des Nations Unies tout en veillant à
préserver les attributs fondamentaux de la République à
savoir l'indépendance, la souveraineté, l'intégrité
territoriale et l'unité du pays.
Sur le plan interne, Joseph Kabila s'est engagé
à consolider la « communion nationale » en
normalisant la vie démocratique mise en mal par son
prédécesseur.
Concrètement sur le plan politique, KABILA joseph
comptait donner un coup d'accélérateur aux négociations
politiques qui semblaient être bloquées du règne de son
prédécesseur.
Cependant, les problèmes politiques d'importance
majeur, avait- il noté devraient trouver leurs solutions dans le cadre
du dialogue inter congolais.
Aussi, a-t-il promis d'oeuvrer au renforcement de l'Etat de
droit, de promouvoir la bonne gouvernance et la démocratie par
l'organisation des élections libres et transparentes sur toute
l'étendue de la République Démocratique du Congo.
Sur le plan des droits de l'homme, Joseph Kabila s'est
engagé à garantir les droits de l'homme et la justice afin que
toute congolaise, tout congolais tout étranger accueilli sur le sol
congolais jouisse, dans le respect de la loi, de la liberté, de
l'égalité, de la dignité, de la protection de sa personne
et de ses biens.
Au niveau juridique et judiciaire, le nouveau chef de l'Etat
prenait l'engagement de voir les organes et services de l'Etat à oeuvrer
dans le respect de lois, afin que la sécurité juridique et
judiciaire devienne une réalité, avec comme conséquence la
sécurité des biens et des personnes sur toute l'étendue du
territoire congolais. Dans le même ordre, la reforme de la justice
militaire devrait être minée à terme et la
compétence de la cour d'ordre militaire limité aux seuls
infractions relatives aux codes et règlements de la justice
militaire.
Pour y parvenir, il déclarera qu'il se rendra partout
où l'on parlera de paix. Ce qu'il fit en rendant successivement aux
Usa, en France puis en Belgique. Dès le 15 février 2001, il
prendra part au sommet de Lusaka sur le processus de paix en RDC...
2°. Le défi de la reconstruction nationale
La guerre d'agression a eu des conséquences
néfastes sur l'économie nationale, déjà en ruine
sous la deuxième République. Ce qui a non seulement
détruit toute l'infrastructure économique nationale mais aussi et
surtout accru la misère du peuple congolais.
Pour sortir de cette situation Joseph Kabila entendait
mobilier toute les forces vives de la nation dans la production, à fin
d'améliorer, par le travail, les conditions de vie des ses concitoyens
et de pourvoir à une éducation et à des soins
médicaux qualitatifs et accessibles à tous. L'économie
congolaise étant caractérisée par une baisse des affaires,
et dans le but de créer des richesses et combattre aussi la
pauvreté, joseph Kabila avait opté pour la libéralisation
des activités économiques. Concrètement, Joseph Kabila a
décidé de : libéraliser les marchés des
biens et services, du diamant et du change ; d'autoriser la libre
circulation concomitante des devises étrangères et du Franc
Congolais et de promulguer un nouveau code minier et celui des investissements.
En outre, tout promettant de ménager un cadre de concertation et de
dialogue avec les opérateurs économiques en vue d'assainir
l'environnement économique, Joseph Kabila a sollicité l'appui de
la communauté financière internationale à l'effet de
mobiliser les ressources humaines, techniques et financières utiles
à l'accélération du programme de reconstruction
nationale.
3. Le défi
diplomatique.
La RDC se trouve pratiquement dans l'isolement diplomatique
à l'accession de Joseph Kabila au pouvoir. Outre la SADC dont les Etats
membres étaient d'ailleurs partagés quant à la position
à prendre sur la situation au Congo, les autres organisations (Union
européenne, FMI, BM, notamment) et les partenaires traditionnels
(France, Belgique et Etats-Unis) avaient cessé de fréquenter la
RDC sous le régime de LD Kabila. Cet isolement a contribué
à l'enlisement de la crise congolaise en privant le Congo du soutien
diplomatique dont il avait besoin pour faire entendre sa voie sur la
scène internationale. Aussi, l'a-t-il privé des moyens financiers
et logistiques indispensables pour la relance de l'économie et la
reconstruction nationale.
C'est ainsi que Joseph Kabila s'était résolu
d'améliorer les rapports de coopérations avec les principaux
partenaires de la RDC, à savoir l'Union européenne, les
Etats-Unis, la France et la Belgique, en pansant, disait-il, les plaies
causées par certaines incompréhensions qui ont prévalu
entre ces partenaires et le régime de son défunt père.
Car, estime-t-il, ces partenaires avaient un rôle important à
jouer dans le développement du Congo. Il a pensé aussi renforcer
les relations fraternelles qui existaient déjà entre la RDC la
Chine, la Russie et les autres Etats d'Asie.
Au niveau africain, tout en appelant à la
redynamisation de l'Union africaine dans l'esprit des pères fondateurs,
Joseph Kabila avait plaidé pour une grande intégration dans le
cadre de la SADC et du COMESA. C'est dans cette perspective qu'il promettait de
s'impliquer personnellement pour la réussite de processus de paix au
Burundi.
Ainsi, Joseph Kabila s'était fait fort de voir la RDC
jouer un rôle plus actif dans les affaires internationales et de
contribuer aux cotés des autres pays à des solutions
adéquates devant la prolifération des guerres, l'aggravation de
la pauvreté et de la mondialisation.
En définitive, et comme nous pouvons le constater, les
propositions de solutions faite par Joseph Kabila pour relever les défis
de l'heure suscitent des interrogations quant à son engagement
d'inscrire son action dans « l'esprit et l'orientation
politique » de LD Kabila, comme il n'a cessé de le rappeler
dans ce discours d'investiture. Ces propositions de solutions, pour tout
analyste averti, montrent plutôt sa volonté de rompre avec la
ligne politique et idéologique de LD Kabila. Car, face à la
gravité de la crise, Joseph Kabila a souligné qu'il n'avait plus
droit à l'erreur (sous-entendues les erreurs commises par son
père dans la conduite de la République). C'est ainsi que dans ce
même discours, en acceptant la magistrature suprême lui
confiée par les Institutions de la République, il affirmait qu'il
s'emploiera à réaliser des changements profonds et ce, dans tous
les secteurs de la vie nationale. Ces changements profonds sous-entendaient une
nouvelle manière de conduire les affaires publiques différente de
celle de l'ordre ancien. La rupture avec son père se
concrétisera à travers les actions qu'il a pu menées
pendant les trois ans de survie du régime AFDL (2001-2003). Ainsi, nous
semble-t-il l'assassinat de LD Kabila et l'avènement de Joseph Kabila
avaient mis fin aux illusions d'un régime qui se voulait
révolutionnaire.
Section2 : Joseph
KABILA ou la remise en question de LD KABILA
Les changements profonds annoncés par le nouveau
président de la République Joseph Kabila lors de son investiture,
et ce dans tous les secteurs, même s'ils n'ont pas introduit des
mutations profondes dans les champ politique, diplomatique et économique
congolais, ils ont néanmoins marqué un moment de
discontinuité, de rupture avec les rêves
d'autodétermination que caressait LD Kabila. Ses actions dans les
différents secteurs de la vie nationale montrent bien ce changement de
perspective.
1. De l'arrêt de guerre
au processus de désengagement et de retrait des troupes.
Contre l'option de la guerre longue et populaire chère
à M'zee LD Kabila, Joseph Kabila engage la RDC dans les
négociations avec les pays agresseurs afin d'obtenir le retrait de leurs
armées sur le territoire congolais.
Puisque le processus de paix est arrangé par l'accord
de Lusaka, c'est donc à la réactivation de celui - ci que Joseph
Kabila s'est attelé. Tout a commencé par le sommet
régional de Lusaka du 15 février 2001, premier sommet du genre
auquel Joseph Kabila a participé. La rencontre au sommet a
été préparée par les ministres de la défense
des six pays belligérants et les délégués des
mouvements rebelles qui, après deux jours de travail, accordent leurs
violons sur le désengagement. Un plan et un calendrier précis qui
mèneraient à l'achèvement du retrait total et en bon ordre
des toutes les troupes étrangères se trouvant en RDC ont
été adoptés.
Le 15 mars 2001, date du début du désengagement
sur 15 kilomètres, comme objectif final : retrait total des troupes
étrangères au 15 mai 2001. Entre temps (29 mars 2001) la MONUC
avait déployé son premier contingent dans l'est, en territoire
rebelle, et le 4 avril 2001 en zone gouvernementale conformément au
voeux exprimé par le président Joseph Kabila dans son discours
d'investiture. A ce sujet, il avait fait savoir qu'il réitérait
« l'engagement de la RDC de collaborer étroitement avec la
mission d'observation des nations unies au Congo de manière à lui
permettre de remplir avec efficacité son mandat, notamment en ce qui
concerne le déploiement urgent de ses forces sur le territoire congolais
en vue de ramener la paix ».
C'est dans cette lancée que le 30 juillet 2002 le
président Joseph Kabila et le président rwandais Paul Kagame
signent un accord bilatéral à Pretoria (Afrique du Sud) assorti
d'un calendrier de 90 jours prévoyant le désarmement et le
démantèlement des ex-Forces armées rwandaises (Far) et des
miliciens interhahamwe rwandais qui opèrent au Congo depuis 1994. Le
président Joseph Kabila s'est également engagé à
désarmer ces rebelles rwandais, utilisés par l'armée
gouvernementale depuis 1998, en vue de leur rapatriement. En échange, le
président rwandais Paul Kagame s'engage à retirer ses
troupes du Congo. La supervision de cet Accord de Pretoria est
confiée à un «mécanisme de vérification de la
Tierce partie» composé de représentants de la Monuc et du
gouvernement sud-africain. Au final, 23 400 soldats rwandais quitteront le
Congo. Pour autant, le démantèlement des forces de l'ancien
régime rwandais présentes en RDC n'était toujours pas
achevé en juillet 2006.
Le 6 septembre 2002 le président Joseph Kabila
et le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni signent à
Luanda un accord bilatéral qui programme le retrait des troupes
ougandaises du Nord-Est, la création d'une Commission de pacification de
l'Ituri et la mise en place d'une administration intérimaire en Ituri.
Il était aussi convenu qu'après le départ des troupes
ougandaises, une force de police congolaise devait assurer la
sécurité en Ituri. L'Accord autorisait l'Ouganda à
maintenir un contingent dans les montagnes du Rwenzori. Pendant ce temps le MLC
de Jean-Pierre Bemba tentait d'occuper les territoires abandonnés par
les Ougandais en jouant la carte du Rassemblement congolais pour la
démocratie-National, le RCD-N de Roger Lumbala qui se disputait en
vain, mais au prix d'exactions sanglantes, la ville de Beni avec Rassemblement
congolais pour la démocratie-Mouvement de libération (RCD-ML, une
autre scission du RCD-Goma) de Mbusa Nyamwisi.
Pour le gouvernement de Kinshasa, l'application harmonieuse
des Accords de Pretoria et de Luanda en ce qui concerne spécialement le
retrait des troupes rwandaises et ougandaises aura une incidence certaine sur
la conclusion d'un accord global et inclusif dans le cadre du processus
politique interne pour la réconciliation nationale et la
réunification du territoire de la RDC en vue de l'organisation rapide
des élections libres, démocratiques et transparentes à
tous les niveaux.
A la suite de ces deux accords, et sans attendre leur mise
en exécution par les deux pays agresseurs, le gouvernement congolais,
sous la direction du président Joseph Kabila, avait demandé
à ses alliés de retirer leurs troupes du territoire congolais.
C'est ainsi que le 5 septembre 2001 le gouvernement namibien avait
retiré ses troupes du Congo, il sera suivi par le gouvernement
zimbabwéen et plus tard par le gouvernement angolais. Et pour montrer
« sa bonne foi », le gouvernement de Kinshasa avec l'aide
de la Monuc avait rapatrié à Kigali 64 rebelles rwandais,
cantonnés à Kamina dans le cadre du DDRRR volontaire : cela
a porté à 677 les personnes rapatriées depuis le
début du processus le 30 septembre 2002, parmi lesquelles 375
ex-combattants et 302 personnes dépendantes. Il a fallu attendre une
année plus tard, c'est-à-dire le 17 septembre 2002 pour
que le Rwanda annonce le début du retrait de ses troupes de la RDC. La
fin de cette opération de retrait de troupes rwandaises a
été confirmée par la Monuc le 5 octobre de la même
année.
S'il vrai que le retrait officiel de toutes ces troupes
armées du territoire congolais a contribué à la
réduction du nombre des foyers de tensions (zones
opérationnelles), il n'a pas permis la pacification totale du pays.
Hormis le Burundi et les alliés du Gouvernement de Kinshasa qui ont
effectivement retiré leurs troupes du Congo, le Rwanda et l'Ouganda ont
continué à maintenir leur présence militaire sur le sol
congolais soit en intervenant directement, soit à travers les groupes
armés congolais acquis à leur cause. C'est le cas notamment de
Mai-Mai et de Kunda Batware (avec le soutien occulte du Rwanda) dans les deux
Kivu et des plusieurs bandes armées opérant dans l'Ituri
(instrumentalisés par l'Ouganda). L'incapacité du gouvernement de
Joseph Kabila à mater ces insurgés et l'option politique
(négociation) qu'il a privilégiée pour résorber
cette crise de l'Est conduisent certains analystes à conclure à
la complicité du pouvoir dans l'enlisement de la belligérance.
2. La restauration de la
« communion nationale »
Dans la perspective de restaurer la communion nationale,
Joseph Kabila entreprit la relance du Dialogue intercongolais qui aboutit
à la conclusion de l'Accord global et inclusif qui a
aménagé le cadre juridique, politique et institutionnel de la
transition et, d'autre part, ce qu'il a appelé l'ouverture politique en
prenant un ensemble des décrets-lois dans le but de normaliser la vie
démocratique.
1°. La relance du Dialogue
intercongolais
Nonobstant tout ce qui a été dit sur l'Accord
de Lusaka, celui-ci mit en place un cadre juridique et politique pour permettre
au congolais de se parler en vue de se réconcilier avec eux-mêmes
dans le but de doter le pays des institutions démocratiques pour
l'avènement d'un Etat de droit en passant par les institutions de la
transition40(*). Mais, il sied de
rappeler ici que cet Accord a été récusé par le
défunt président M'zee LD Kabila estimant qu'il avait failli
à ses objectifs. C'est ainsi qu'il avait même fermé le
bureau du facilitateur Ketumile Masire.
Après sa prise du pouvoir, et évidemment sous la
pression des événements ainsi que de la communauté
internationale et après avoir reçu les garanties de la
préservation de son pouvoir et de sa fonction présidentielle
après le dialogue, le président joseph KABILA créa des
conditions favorables à la tenue du Dialogue intercongolais,
notamment :
*Le repêchage de Ketumile Masire
Réagissant à une question de collette Braeckman
du journal belge « le soir » joseph KABILA dit :
« mon père avait déjà accepté qu'il
revienne, mais accompagné d'un co-facilitateur, de quelqu'un qui
connaisse bien la situation géographique de notre pays (...) mais
puisque les autre exigent un facilitateur, nous l'acceptons, il peut
venir ».
Joseph Kabila ayant ainsi permis le retour du facilitateur du
Dialogue intercongolais désigné par l'ONU et UA, l'ancien
président botswanais Ketumile Masire, celui-ci entreprit des contacts
avec les mouvements rebelles, les partis politiques et les organisations de la
société civile qui abouti à la tenue du Dialogue
intercongolais à Sun City en Afrique du sud.
*La participation au Dialogue
Il y a lieu de noter également que contrairement
à son défunt père opposé à l'idée de
négociations directes avec les rebelles, Joseph Kabila avait
accepté de négocier avec les rebelles dans le cadre du Dialogue
intercongolais après avoir obtenu les assurances du facilitateur qu'il
s'y présenterait comme chef de l'Etat et qu'il allait conduire la
transition qui devait suivre la tenu dudit dialogue.
2°. La normalisation de la « vie
démocratique »
Sur le plan politique, institutionnel et des droits de
l'homme, les avancés ne sont pas notables. Notons d'abord que Joseph
Kabila a continué administré le pays sous le régime du
décret-loi constitutionnel 003 qui pratiquement abolissait la
séparation des pouvoirs exécutif, judiciaire et
législatif.
Certes la loi N° 001 du 17 mai 2001 est venue abroger la
très controversée décret loi N° 194 pris en son temps
par LD KABILA ; lequel interdisait pratiquement les activités
politiques. Bien que cette nouvelle loi reconnaît les partis politiques
ayant existé avant l'avènement de L'AFDL au pouvoir,
l'interprétation de celle - ci par le gouvernement ne permettait pas aux
anciens partis politiques de fonctionner normalement avant le dialogue inter -
congolais.
Mais, le signale le plus important dans la perspective de
normalisation de la vie démocratique a été la dissolution
des Comités du pouvoir populaire, CPP en sigle, juste à la veille
des travaux de Sun city II, part voie du décret N° 33 / 2003 du 28
mars 2003, qui, au fait, étaient incompatibles avec un système
démocratique pluraliste. Cette dissolution a marqué la rupture
totale d'avec la philosophie politique de son père et un
affranchissement du cercle constitué par les compagnons de ce dernier.
Quant à la situation des droits de l'homme, elle est
restée trop préoccupante. Dans le bulletin N° 042 de la
MONUC, M.Gurane NDIAYE de la section droit de l'homme note que les arrestations
des dirigeants politiques se poursuivent jusqu'à présent. Mais un
fait est vrai la fréquence a diminué par rapport au temps de LD
Kabila. Sur le plan de la sécurité juridique et judiciaire, les
arrestations arbitraires continuent et l'administration de la justice se fait
à la tête du client sauf, la cour d'ordre militaire qui a
été instruite de dessaisir des dossiers relevant des juridictions
du droits commun et de ne s'occuper que des infractions relatives aux code et
aux règlements militaires, aujourd'hui des moins en moins des civiles
comme justiciables.
3. La reconstruction nationale
Au plan socio - économique, le gouvernement est loin de
mobiliser toutes les forces vives dans la production afin d'améliorer
par le travail, les conditions des vie des populations, les soins
médicaux et l'éducation restent aléatoire.
Néanmoins, des mesures ont été prises pour stabiliser
l'économie en vue de sa relance.
La libéralisation des activités
économiques a été effective, autant que la circulation
concomitante des devises étrangères et des francs congolais. Le
commerce de diamant et d'autres matières précieuses a
été libéralisé. L'exécution des
dépenses s'est fait sur base de caisse et le non recours à la
planche à billets ont conduits à la stabilité relative des
prix intérieurs et du taux de change. Ce qui a cassé la spirale
de l'hyper inflation et amener le FMI, dans le cadre du programme
intermédiaire renforcé (PIR), à donner son satisfecit.
Dans la foulée de cette libéralisation, et sous
la pression des bailleurs des fonds, le président Joseph Kabila a
promulgué un nouveau code minier (11 juillet 2002) et un nouveau code
des investissements (21 février 2002) à l'origine des contrats
léonins et du bradage du patrimoine national tant déplorés
à ce jour.
4. La remise du Congo sur la
« scène internationale »
C'est, en effet, dans le domaine de la diplomatique que le
président Joseph Kabila a véritablement pris le contre-pied de la
politique de son père. Contrairement à ce dernier qui avait
choisi l'axe socialiste, Joseph Kabila a fait sa première sortie
internationale par le truchement d'une tournée euro-américaine
qui l'a successivement conduit en France, aux Usa et en Belgique. Cette
tournée qui s'était inscrite dans le cadre de la quête de
la bénédiction des grandes puissances annonçait
l'ouverture tout azimuts que Joseph Kabila comptait opérer pour obtenir
de la communauté internationale le soutien aussi bien diplomatique
qu'économico-financier. Ce, pour mettre fin à la guerre et
reconstruire le pays.
L'ouverture sur le plan international lui avoué un
soutien quasi unanime, au point de constituer un engouement particulier dans le
monde occidental. La conséquence a été que la voix de la
RD Congo à été entendue, au point que la condamnation du
Rwanda et Ouganda n'a pas tardé d'être faite. Et la mobilisation
de la communauté internationale au sein du conseil de
sécurité quant à l'autorisation pour l'envoi d'une force
multinationale d'imposition, en vue de sécuriser l'est du pays.
Nous avons également observé la reprise de la
coopération structurelle entre l'union européenne et la RDC,
particulièrement avec la France, la Belgique, la Grande Bretagne et
l'Allemagne. Les USA ne sont pas restés en marge de cette relance de la
diplomatie. Tous ces partenaires ont pesé pour l'arrêt des
hostilités et la tenue du dialogue intercongolais.
La présence des experts de la Banque mondiale et du
Fonds monétaire international, le rôle déterminant des
nation unies ces derniers temps par le truchement de la MONUC, le
réchauffement des relations avec la troïka occidentale ( Belgique ,
France, états unis) ; sans négliger l'appui attendu de
l'Allemagne en coopération bilatérale, l'engagement de la grande
Bretagne, mais aussi des pays africains dont l'Afrique du sud, le
Sénégal, le Maroc avec la présence de leurs troupes pour
la paix en République Démocratique du Congo constituent des
signes non trompeurs du retour de la République Démocratique du
Congo sur la scène internationale après sa mise au ban sous le
régime du défunt président LD Kabila.
5. Le sabordage des
« acquis » de la révolution du 17 mai
Nombre d'observateurs et d'analystes ont salué le style
de gouvernance du président Joseph Kabila. Pour les uns et les autres,
Joseph Kabila a réussi à restaurer la paix, à unifier le
pays déchiré par une guerre de cinq ans, à remettre le
Congo sur la scène internationale. Ce qui a sauvé la RDC de la
partition à laquelle l'exposait la belligérance qui a
prévalu depuis 1996.
Dans la foulée de la recherche des voies et moyens pour
restaurer la paix en RDC, le Président Joseph Kabila avait
sabordé ce que l'on peut qualifier
d' « acquis » de la révolution du 17 mai que
les compagnons de son défunt père et prédécesseur
pensaient qu'il préserverait. Nous pouvons noter au passage la
suppression des CPP, des FAP, de BNPS ; l'abandon jusqu'à la
faillite totale des Cantines populaires, de la Réserve
stratégique et de Service national. Il s'agit là des instruments
mis en place par M'zee LD Kabila dans la perspective de la mobilisation des
masses populaires, de l'autodéfense populaire et de l'autoprise en
charge collective. Leur suppression symbolise la fin de la révolution du
17 mai.
Si de manière générale, la
majorité des compagnons de LD Kabila se sont simplement rangés
dans la nouvelle dynamique insufflée par le nouveau Président,
espérant évidemment que cette position les mettrait en situation
favorable dans la course aux privilèges, quelques uns ont cependant
réagi ou même dénoncé ouvertement le sabordage des
acquis de la révolution du 17. C'est ainsi que Mwenze Kongolo, ancien
ministre de l'Intérieur et de la Justice sous LD Kabila avait, au cours
d'un point de presse tenu à l'occasion de l'inauguration du mouvement
(ou parti) politique qu'il venait de créer, l'abandon de
l'héritage de M'zee par le nouveau pouvoir. Il assignait à son
mouvement (ou parti), « Patriotes Kabilistes » (PK), la
lourde mission de pérenniser la pensée du soldat du peuple
qu'était LD Kabila. Et au cours d'une interview qu'il avait
accordée au quotidien le potentiel dans sa publication du 19 septembre
2005, il stigmatisait le fait que l'actuel président, donc Joseph
Kabila, ne faisait pas de la souveraineté nationale son cheval de
bataille comme c'est fut le cas avec M'zee LD Kabila. A la question de savoir
ce qui le (Mwenze Kongolo) différenciait avec Joseph Kabila, il
répondit en substance : «Je ne veux pas, une nouvelle une
fois, engager une polémique avec le président de la
République. Mon seul souci est de voir le pays dirigé comme il
faut. J'ai apprécié comment M'zee dirigeait le pays : il tenait
à ce que le peuple se l'approprie pour le sortir d'une crise de
plusieurs décennies. Moi je ne m'en tiens qu'à cette vision. Je
constate tout simplement que le président J. Kabila ne tient pas
à la même valeur. C'est cela qui nous différencie. Tant
qu'il maintiendra ce cap, nous marcherons toujours sur des voies
parallèles.»
De leur part, en réaction à la suppression des
CPP, Edouard Dominique Longandjo et Vincent Mutomb Tshibal, respectivement
ancien Secrétaire général Adjoint des CPP et ancien
Secrétaire général de l'AFDL, avec quelques uns de leurs
« camarades » ont créé leur parti politique
dénommée Mouvement des Comités du Pouvoir Populaire (MCPP)
dans le but de continuer la lutte amorcée par M'zee LD Kabila. On
connaît également un autre parti politique dénommé
Mouvement du 17 Mai (M17) créé par Victor Mpoyo (proche de LD
Kabila) et dirigé par Augustin Kikukama qui ne cesse de dénoncer
le déviationnisme de l'actuel Président et son parti le PPRD.
Dans une interview donnée au quotidien Laconscience dans sa parution du
3 décembre 2005, Augustin Kikukama faisait remarquer que «
notre organisation ne nourrit aucune haine contre la personne de Joseph Kabila.
En revanche, les kabilistes sont désabusés par la politique qu'il
conduit. Une politique qui ne cadre plus avec les idéaux qui animaient
ceux qui avaient chassé Mobutu du pouvoir. La majorité de la
population congolaise paraît déçue par la mauvaise
gouvernance qui règne au sommet de l'Etat. »
Tous ces partis et mouvements qui se réclament du
Kabilisme authentique, n'ont jamais bénéficié du soutien
du Président Joseph Kabila ni de son entourage. C'est qui présage
un divorce entre ces deux groupes.
La question principale est celle de savoir pourquoi Joseph
Kabila a-t-il pris une telle distance vis-à-vis de l'orientation
politique de son père ? Au-delà des contraintes de
l'environnement dans lequel il avait pris le pouvoir, il y a lieu d'affirmer
que Joseph Kabila devait s'affranchir du cercle et de la philosophie de L.D.
Kabila pour s'affirmer en tant que nouveau leader avec qui il fallait
désormais compter. Il devait ainsi procéder symboliquement au
« meurtre du père » pour éviter que l'ombre
de ce denier entrave l'action qu'il projetait de mener en tant que chef d'Etat.
Ensuite, il sied de reconnaître que Joseph Kabila n'est pas aussi
imprégné de l'idéologie maoïste qui a
éclairé depuis des années entières son
prédécesseur. A ce titre, il ne se sent probablement pas
héritier politique et idéologique de son défunt
père. Surpris par l'assassinat de son père, Joseph Kabila n'a pas
eu le temps de se forger sa propre ligne politico-idéologique pouvant le
singulariser dans le champ politique. Par conséquent, il ne pouvait que
s'abriter sous le parapluie des maîtres du monde pour préserver
son pouvoir.
Nous pensons que s'il est vrai que la gouvernance de Joseph
Kabila a, dans une certaine mesure, ramené la paix, la
réunification et le retour du Congo sur la scène internationale.
Elle a néanmoins mis en péril la souveraineté de notre
pays à telle enseigne que la R.D. Congo est devenue un « Etat
bébé », selon la formule du professeur Emile
Bongeli.41(*)
Section 3 : Des
perspectives : le dialogue avec les maîtres du monde
Le tableau comparatif que nous venons de dresser au sujet de
style de gouvernance de deux leaders du régime révolutionnaire
du 17 mai, à savoir L.D. Kabila et Joseph Kabila, reflète le
mieux la délicate situation dans laquelle se trouvent les Etats sous
développés dans le contexte de la mondialisation. Il s'agit du
choix à faire entre l'indépendance qui requiert des sacrifices
énormes et l'alignement sur les diktats des grandes puissances pour
préserver les ordres établis. Cette situation a été
brillamment décrite par Mabika Kalanda en ces termes :
« L'homme noir en général et l'homme congolais en
particulier sont à la croisée des chemins. Ils doivent choisir
d'être eux-mêmes ou se fondre et disparaître dans les autres.
Le choix doit porter sur la liberté ou sur l'esclavage.»42(*)
La liberté choisie par L.D. Kabila, dans une optique
socialiste et dans le contexte de la mondialisation, a conduit au
déchaînement de la colère de la communauté
internationale ayant abouti à son assassinat. La refonte totale dans
les autres choisie par Joseph Kabila nous conduit à l'aliénation
incapacitant la RDC d'entreprendre toute action s'inscrivant dans la logique de
l'indépendance.
Mais parce que personne ne peut choisir l'esclavage pour
garantir sa survie et que la liberté reste la seule condition humaine
acceptable, nous pensons que la RDC doit opter pour la liberté. Mais
comment ?
Une fois de plus, Mabika kalanda nous propose ses recettes
pour parvenir à cette liberté. En effet, pour être
soi-même, mieux, libre, indique Mabika Kalanda, il faut :
Ø S'accepter comme une valeur ;
Ø S'attacher à son sol ;
Ø S'organiser politiquement et
Ø Créer soi-même ses moyens de penser et
d'agir. Ces moyens sont entre autres la langue, la culture, le bien-être
économique et moral. Pour parvenir à cet état de choses,
il faut se désaliener sur les plans religieux, culturel et
économique43(*), et nous
ajoutons sur le plan politique.
Nous pensons que cette voie est la seule susceptible de
conduire le Congo à s'autodéterminer. Mais la question qui se
pose est celle de savoir si la RD.Congo dans la situation actuelle est en
mesure de s'engager dans cette voie qui semble être à la fois
audacieuse, sinueuse et périlleuse. Dans l'immédiat, une telle
entreprise parait illusoire et dangereuse. Les cas de Lumumba et L.D. Kabila
sont illustratifs. C'est une entreprise qui doit s'inscrire dans la
durée, c'est-à-dire un projet qui doit être mûri et
projeté à long terme. Car comme le stigmatisait Mudimbe Vumbi
Yoka, « pour l'Afrique, échapper réellement à
l'Occident suppose d'apprécier exactement ce qu'il en coûte de se
détacher de lui ; cela suppose de savoir jusqu'où
l'Occident, insidieusement peut-être, s'est approché de nous, cela
suppose de savoir dans ce qui nous permet de penser contre l'Occident, ce qui
est encore occidental, et de mesurer en quoi notre recours contre lui est
encore peut-être une ruse qu'il nous oppose et au terme de laquelle il
nous attend, immobile et ailleurs.»44(*)
Tenant compte de cette prudence que nous recommande Mudimbe
V. Y. et en attendant de consolider l'entreprise d'émancipation
nationale, une entreprise de longue haleine, nous pensons que entre le
radicalisme et le l'alignement, il y a une voie médiane : la
RDCongo doit négocier avec les maîtres du monde pour bâtir
la paix, la démocratie et le développement.
1. Négocier la paix.
Le cycle de violence armée dans lequel se trouve
enfermée la RDCongo depuis une décennie a comme fondement la
convoitise des richesses congolaises par les puissances
étrangères et les velléités
hégémoniques de certains Etats de la région des Grands
Lacs africains face à un Congo incapable de se défendre
militairement et de s'organiser politiquement. En effet, selon Pierre
Baracyetse, les maîtres de deux guerres au Congo sont les
sociétés minières. Entre autres sociétés, il
cite la Consolidated eurocan ventures du lundin group, Barrick gold
corporation (BGC), aujourd'hui en deuxième position pour la production
mondiale de l'or, l'Anglo american corporation (AAC) d'Afrique du sud, la plus
importante compagnie minière du monde, abstraction faite des
pétrolières. Il y en a aussi de « petites »,
moins connues mais qui osent en pleine crise : c'est le cas de
l'American mineral fields Inc (AMFI) et de son associé l'American
diamond buyes, et d'autres encore des Usa, du Canada, d'Afrique du sud,
d'Ouganda, de Belgique, d'Israël, etc. »45(*) A côté de ces
multinationales, Colette Braeckman cite Kenrow international of gaither burg
des Usa, Littlerock Ltd, Tienfields Holdings Ltd, Collier ventures Ltd, Sapora
Mining Ltd... qui se sont installées au Rwanda et exploitent et
commercialisent le niobium, le tantale et le colombium provenant du Congo.46(*)
Face à la pression de ces multinationales et autres
Etats puissants , La RDC ne peut opposer une politique de protectionnisme
pour protéger ses richesses ou ses ressources naturelles comme l'a fait
M'zee L.D Kabila. Une telle politique va continuer à alimenter les
guerres. Pour restaurer la paix, la RDC doit créer un environnement qui
puisse permettre l'exploitation de ces ressources à l'avantage aussi
bien des congolais que des multinationales, la mondialisation oblige. Dans
cette perspective, La RDC doit faire prévaloir l'idée qu'une
bonne exploitation de ses ressources naturelles, c'est-à-dire qui soit
profitable à tous ne peut se réaliser que dans un environnement
pacifié susceptible de garantir et de sécuriser les
investissements étrangers. En d'autres termes, c'est dans le cadre
d'une paix durable que les investisseurs étrangers peuvent tirer profit
de leurs fonds placés au Congo.
2. Négocier la
démocratie
Cette perspective résulte de la nécessité
de passer de la démocratie imposée par l'Occident dans le cadre
des politiques de conditionnalité pour en arriver à la
démocratie souhaitée et désirée par le peuple
congolais. Cette dernière perspective suggère ainsi que le fait
remarquer Hilary Rodman Clinton, qu'il faut civiliser la démocratie pour
« garantir l'autonomie de la société civile, des
associations et de la démocratie participative non seulement par
rapport à l'Etat, mais surtout vis-à-vis des marchés et
de leur prétention à occuper tous les espaces de nos
sociétés », éviter le danger que nous
courons : « que les « clients » prennent la
place du citoyen. »
Cela suppose que la RDC doit lutter pour obtenir que
désormais, en dépit des liens historiques avec l'Occident, que
les dirigeants congolais soient véritablement issus de la
volonté populaire et donc représentent réellement leurs
intérêts, et non imposés par l'Occident à travers
des élections de façade.
3. Négocier le
développement
Une fois la paix retrouvée et la démocratie
restaurée, il est possible de négocier le développement.
Dans cette perspective, il est question de promouvoir une coopération
bilatérale et multilatérale dans le respect mutuel des
intérêts respectifs.
Par ailleurs, nous savons à la suite de la dialectique
que les causes externes agissent par l'intermédiaire des causes
internes. Au clair, les puissances étrangères ont la main mise
sur le Congo parce que les congolais eux-mêmes leur prêtent le
flanc. C'est pourquoi, nous pensons que les négociations avec les
« maîtres du monde » ne peuvent avoir un sens et un
impact sur le devenir de notre nation que si au niveau national un consensus
est dégagé entre les forces sociopolitiques. Ce consensus devra
porter sur les modalités d'aménagement de l'espace politique, sur
la gouvernance de la chose publique, le respect des droits de l'homme ainsi que
sur certaines valeurs qui devront désormais guider toute action
politique. C'est autour de ces préoccupations que l'unité
nationale peut se constituer, qu'il est possible de rêver de former plus
tard un « front uni » ou un « bloc historique
nouveau » anti-impérialisme afin que le Congo devienne un
véritable Etat dans le concert des nations.
Conclusion partielle
A travers ce chapitre, notre effort était de
démonter que par son action politique, le Président Joseph Kabila
avait pris distance vis-à-vis de l'orientation
politico-idéologique de son défunt père et
prédécesseur. Son avènement au pouvoir, contrairement
à ce qu'avaient pensé les compagnons de M'zee L. D. Kabila,
sonné le glas de la révolution du 17 mai 1997. Le
démantèlement des « acquis » de la
révolution, notamment la suppression des CPP, des FAP, des BNPS, la
faillite de Réserve stratégique, des cantines populaires et de
Service national, a été le signe évident de cette fin
d'une révolution. Les ambitions personnelles du Président Joseph
Kabila, les contraintes de l'environnement interne et externe ont
été retenues comme variables explicatives de ce volte-face du
nouveau président de la RDC. Tenant compte des faiblesses actuelles
qu'accusent la RDC, nous avons pensé qu'il était intelligent de
négocier la paix, la démocratie et le développement avec
les « maîtres du monde », tout en nous
préparant à leur opposer une résistance dans le futur.
Ceci n'est possible que si au niveau national, les principales forces
sociopolitiques se liguent comme un seul homme pour défendre
l'intérêt de la nation. C'est à ce prix que le Congo
survivra comme une véritable Nation.
CONCLUSION GENERALE
Nous voici arriver à la fin de notre dissertation qui a
porté sur « De Laurent Désiré Kabila à
Joseph Kabila. La désillusion d'un régime révolutionnaire
en RD.Congo »
Notre objectif principal était d'analyser les fortunes
et les misères du régime AFDL qui s'était assigné
le rôle historique d'affranchir le Congo de l'encombrante tutelle
impérialiste au lendemain de sa victoire militaire sur le régime
Mobutu considéré comme allié local de
l'impérialisme occidental. Aussi, de démontrer que contrairement
à son engagement exprimé lors de sa prise des fonctions
présidentielles de poursuivre et de parachever l'oeuvre salvatrice de
son prédécesseur assassiné, Joseph Kabila a
bifurqué à 180° vers l'impérialisme occidental
combattu par le régime AFDL dont il est issu.
Nous avons, à la lumière de cette contradiction,
poser les questions de savoir :
- si le président L.D. Kabila et son régime
« révolutionnaire » AFDL avaient-ils réussi
à libérer le Congo de la tutelle impérialiste ?
- pourquoi Joseph KABILA n'a pas suivi le schéma
« révolutionnaire » de son père ?
- s'agit-il d'une stratégie pour la survie du
régime ou d'une reddition mettant fin aux illusions d'un régime
qui s'est voulu révolutionnaire ou encore d'un réalisme politique
à cette période de mondialisation ?
Au regard de ces questions, nous avons postulé que le
Président L.D. Kabila et le régime AFDL, en dépit de leur
détermination, n'ont pas réussi à libérer le Congo
de l'impérialisme. L.D. Kabila et l'AFDL avaient été
désillusionnés par le contexte de la mondialisation qui ne se
prête pas à l'autarcie dans laquelle ils ont voulu enfermer la
R.D. Congo.
Les contradictions observées entre les deux
présidents du régime AFDL seraient dues au fait que Joseph
KABILA n'avait pas de choix pour assurer sa survie politique. Dans le monde
interconnecté et interdépendant d'aujourd'hui, il serait
suicidaire de se replier sur soi-même alors qu'on n'a pas les moyens de
sa politique comme l'avait fait son père.
Pour vérifier cette hypothèse, nous avons fait
recours à la méthode dialectique par le biais de ses quatre lois.
Les techniques documentaire et d'entretien ont été
mobilisées pour rassembler les données soumises au crible de la
méthode dialectique pour en tirer la quintessence.
L'argumentation pour étayer notre hypothèse a
été déployée à travers trois chapitres. Le
premier chapitre a exposé les mécanismes de domination et
d'exploitation capitalistes ainsi que leur opérationnalité en
Afrique et au Congo. Dans le deuxième chapitre, nous avons
analysé la gouvernance révolutionnaire de L.D Kabila et ses
conséquences tant au niveau interne qu'au niveau international. En
cherchant à contrôler le champ politique interne et à
s'émanciper vis-à-vis de ses anciens alliés et des
puissances euro-américaines, LD. Kabila s'est mis en faux par rapport
aux aspirations démocratiques du peuple congolais et par rapport aux
intérêts du capitalisme mondial. C'est pourquoi, son règne
a été écourté et a débouché sur son
assassinat. Dans le troisième chapitre, nous avons montré
comment le président Joseph Kabila depuis sa prise de pouvoir
jusqu'à l'installation des institutions de la transition post-dialogue,
avait progressivement pris distance vis-à-vis des options
politico-idéologiques de son prédécesseur. Après
avoir sabordé les « acquis » de révolution du
17 mai (suppression des CPP, des FAP, des BNPS, des cantines populaires, de la
réserve stratégie, du service national), le président a
renoué les relations avec les puissances euro-américaines
considérées par son père et prédécesseur LD
Kabila comme défenseurs de l'ordre international. Sa gestion du
processus de paix, de l'économie et de la diplomatie démontre
bien la rupture entre Joseph Kabila et L.D. Kabila. Ce qui a marqué la
fin de la « révolution » dont se targuer ce
dernier.
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Pour une approche dialectique de leurs solutions », in
Analyses sociales, vol.1, n°2, Mars-avril,
Kinshasa-Lask, 1984
21. Wilungula C., Fizi 1967-1986. Le maquis de
Kabila, 'Harmattan, Paris, 1997
22. Ziegler J., Main basse sur
l'Afrique, Paris éd. du Seuil, 1978.
II. TFC, Mémoires et
thèse
1. Ali- Kikana M., Les gouvernements de transition
sous l'AFDL, TFC en sociologie, FSSAP, UNIKIN, 1999.
2. Kanyinda T., La suspension des activités
des partis politiques par le pouvoir AFDL en RDC, TFC en SPA,
UNIKIN, 2000.
3. Lubanza A. M., Construction,
déconstruction et reconstruction de la classe politique de transition.
Crise d'identité et permanence d'assimilation par fusion,
Thèse de doctorat en Sociologie, Unikin, 2004.
4. Lupungu B., L'AFDL et la transition vers la
3ème République en RDC : Essai d'analyse
sociologique, Mémoire de licence en sociologie, FSSAP,
UNIKIN, 1999.
5. Mangaya M., Les incidences sociopolitiques du
régime LD Kabila en RDC, TFC en sociologie, FSSAP, UNIKIN,
2003
6. Mpiana T. J.P., Discriminations et conflits.
Contribution à l'étude de la « conscience de
condition » de la population de Ngaba, Mémoire
de D.E.S en sociologie, UNIKIN, 2004.
7. Nyabolema, L'impact de la lutte de l'AFDL sur
le processus démocratique au Congo, TFC en SPA, FSSAP,
UNIKIN, 1997.
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE
I
DEDICACE
II
AVANT-PROPOS
III
INTRODUCTION GENERALE
1
1. ETAT DE LA QUESTION
1
2. PROBLÉMATIQUE
4
3. HYPOTHÈSES DE TRAVAIL
7
4. CHOIX ET INTÉRÊT DU
SUJET
8
5. DÉMARCHE
MÉTHODOLOGIQUE
9
5.1. Méthode de recherche
9
5.2. Techniques de recherche
11
6. DÉLIMITATION DU SUJET
11
7. DIFFICULTÉS
RENCONTRÉES
11
8. SUBDIVISION DU TRAVAIL
12
CHAPITRE I :
LES MECANISMES DE DOMINATION ET
D'EXPLOITATION
IMPERIALISTES EN AFRIQUE ET EN RDC
13
SECTION 1. NATURE DU
NÉO-COLONIALISME
14
SECTION 2. LES MÉCANISMES DE DOMINATION
IMPÉRIALISTE
16
1. L'usage du territoire
16
2. L'usage du pouvoir symbolique de l'Etat
client sur la scène internationale
17
3. Le mimétisme institutionnel
17
SECTION 3. LES CAPTATIONS DE
SOUVERAINETÉ
19
1. Sur le plan diplomatique
19
2. Sur le plan économique
20
3. Sur le plan politique
21
CHAPITRE II :
LE REGIME DE L.D. KABILA
23
SECTION 1: LD. KABILA ET LA
RÉVOLUTION DE 17 MAI 199723
24
1. Laurent Désiré Kabila et le
maquis de Fizi- Baraka
24
2. Ses idées maîtresses
25
3. Création de l'AFDL
27
SECTION 2. LD. KABILA ET LA
DÉMOCRATISATION DE LA R.D. CONGO
28
1. Décret-loi n°003 du 27 mai
1997
30
2. Suppression des activités des partis
politiques
32
3. Dissolution de l'AFDL, création des
CPP et FAP.
35
SECTION 3 : LD KABILA ET LA RECONSTRUCTION
NATIONALE
42
SECTION 4 : LD KABILA ET LA
DIPLOMATIE
44
SECTION 5 : LD KABILA ET LE DIALOGUE
INTERCONGOLAIS
45
CHAPITRE III :
JOSEPH KABILA ET LA FIN DE LA REVOLUTION
DU 17 MAI
50
SECTION 1. : J. KABILA ET LES
DÉFIS DE L'HEURE
51
1. Une succession non codifié
51
2. Les trois défis de l'heure
52
3. Le défi diplomatique.
56
SECTION2 : JOSEPH KABILA OU LA REMISE EN
QUESTION DE LD KABILA
57
1. De l'arrêt de guerre au processus de
désengagement et de retrait des troupes.
58
2. La restauration de la « communion
nationale »
61
3. La reconstruction nationale
63
4. La remise du Congo sur la
« scène internationale »
64
5. Le sabordage des
« acquis » de la révolution du 17 mai
65
SECTION 3 : DES PERSPECTIVES : LE
DIALOGUE AVEC LES MAÎTRES DU MONDE
67
1. Négocier la paix.
69
2. Négocier la démocratie
70
3. Négocier le développement
71
CONCLUSION GENERALE
73
BIBLIOGRAPHIE
75
TABLE DES MATIERES
77
* 1 Nyabolema,
L'impact de la lutte de l'AFDL sur le processus démocratique
au Congo, TFC en SPA, FSSAP, UNIKIN, 1997.
* 2 Lupungu B.,
L'AFDL et la transition vers la 3ème
République en RDC : Essai d'analyse sociologique,
Mémoire de licence en sociologie, FSSAP, UNIKIN, 1999
* 3 Ali- Kikana M.,
Les gouvernements de transition sous l'AFDL, TFC en
sociologie, FSSAP, UNIKIN, 1999
* 4 Mangaya M., Les
incidences sociopolitiques du régime LD Kabila en RDC, TFC
en sociologie, FSSAP, UNIKIN, 2003
* 5 Kanyinda T., La
suspension des activités des partis politiques par le pouvoir AFDL en
RDC, TFC en SPA, UNIKIN, 2000
* 6 M. Mutinga M.,
La RDC à l'aube de la troisième République.
Démocratie ou démocrature, éd. Espace
Afrique, Bruxelles, 2005
* 7 J.P. Mpiana T.,
Discriminations et conflits. Contribution à l'étude
de la « conscience de condition » de la population de
Ngaba, Mémoire de D.E.S en sociologie, UNIKIN, 2004.
* 8 Ludo M. cité par A.
Mwaka, C. Ngoy et J.P., « R.D.Congo : Dialoguer avec les
maîtres du monde », in M.E.S.,
n°10, mars-avril 2003, p.42
* 9 C. Braeckmann,
L'enjeu congolais : l'Afrique centrale après
Mobutu, éd. Fayard, Paris, 1999, p.331
* 10 Idem
* 11 A. Mwaka, C. Ngoy et J.P.
Mpiana, Art.-cit p.44
* 12 R.K. Merton,
Eléments de théorie et méthode
sociologique, Paris, Plon, 1965, p.156
* 13 J.C. Loubet Del Bayle,
cité par S. Shomba K.. et G. Kuyunsa B. ,
Op-cit, p.123
* 14 M. Kalele ka Bila,
Capitalisme et sous développement à Kabinda. Une
étude des mécanismes de domination et d'exploitation
capitalistes, Lubumbashi, Labossa, 19884, p.9
* 15 C. Bettelheim cité
par M. Kalele, idem.
* 16 K. NKrumah cité par
J. Ziegler, Main basse sur l'Afrique, Paris
éd. du Seuil, 1978, p.42
* 17 J. Ziegler,
Op-cit. p.42
* 18 B. Badie,
L'Etat importé. L'occidentalisation de l'ordre
politique, Fayard, Paris, 1992.
* 19 Pour plus d'amples
informations lire M. Kalele ka Bila, Analyse sociologique des
infrastructures économiques de la RDC, cours
inédit, L1 et L2 Sociologie, Unikin, 2004.
* 20 P. Joye et R. Lewin,
Op-cit, p.29
* 21 B. Badie,
Op-cit, p.31
* 22 C.
Braeckmann, Op-cit, p.297.
* 23 Pour cette section, nous
nous référons essentiellement à l'ouvrage de Cosma
Wilungula intitulé : Fizi 1967-1986. Le maquis de Kabila,
publié aux éditions L'Harmattan, à Paris en 1997
* 24 M. Ludo,
Solidarité, Hebdomadaire du parti du travail de Belgique, n° 45 du
25 Novembre 1998, pp 217-218
* 25 Mao Tse Toung,
Textes choisis, éditions des langues
étrangères, Pékin, 1972, p. 413
* 26 Lobho Lwa Djugu Djugu,
Le Congo à l'épreuve de la démocratie. Essai
d'histoire politique, PUK, Kinshasa, 2006, p.254
* 27 C.
Braeckmann. Op.-cit, pp .319 - 329
* 28 G. De Villers, J. Omasombo
et E. Kennes, RDC. Guerre et politique,
les 30 derniers mois de LD. KABILA, L'harmattan,
Paris, 2201, P173
* 29 A. Lubanza M.,
Construction, déconstruction et reconstruction de la classe
politique de transition. Crise d'identité et permanence d'assimilation
par fusion., Thèse de doctorat en Sociologie, Unikin,
2004, p.97
* 30 Discours prononcé
au Palais du Peuple le 21 janvier 1999
* 31 Le Potentiel du 21
décembre 1998
* 32 C. Christian
« La démocratie directe s'installe », in
Jeune Afrique économique, n°286 du 03 au
16 mai 1999, p.32
* 33 Discours prononcé
le 21 janvier 1999
* 34 Mao Tse Toung,
Op-Cit, p.409
* 35 J.P. Lobho L.,
Op-Cit, p. 230
* 36 La Référence
Magazine n° 38, p.37
* 37 H. Ngbanda, cité
par Mbepongo, Op-cit, p.36
* 38 LePotentiel du 29 janvier
2001
* 39 Le RCD/ Goma occupait le
nord et le sud Kivu, le Maniema, une partie du Katanga, de deux Kasaï et
de la province orientale. Le RCD/KML occupait une partie du Nord Kivu, le RDC/N
occupait une partie de la Province orientale et le MLC occupait une partie de
l'Equateur.
* 40 J.P. Lobho lwa Djugu
Djugu, Le Congo à l'épreuve de la démocratie.
Essai d'histoire politique, PUK ; Kinshasa, 2006, p.260
* 41 E. Bongeli Y.A,
« L'Etat bébé. Lutte contre la pauvreté :
nouveau mythe onusien », in Analyses
sociales, Volume X, numéro unique, janvier -
décembre 2004
* 42 Mabika Kalanda,
cité par H. Ntumba Lukunga, La remise en question. Profil
d'une approche, sociological papers, n°3-4, Unikin, Mai-juin
2005, p.9
* 43 idem
* 44 Mudimbe V.Y.,
L'odeur du père. Essai sur les limites de la science et de
la vie en Afrique noire, Présence africaine, Paris, 1982,
pp. 12-13
* 45 P. Baracyetse, L'enjeu
géopolitique des transnationales minières au Congo. Un dossier de
VZW S.O.S Rwanda-Burundi Asbl, Buzet, 1999,p.9
* 46 C. Braeckman cité
par Kibanda Matungila, La convoitise des multinationales minières et
pétrolières occidentales sur les ressources naturelles du Congo
comme véritable enjeu de la guerre en RDC, symposium internationale de
Kinshasa, 2000,p.12